Home
  By Author [ A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z |  Other Symbols ]
  By Title [ A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z |  Other Symbols ]
  By Language
all Classics books content using ISYS

Download this book: [ ASCII | HTML | PDF ]

Look for this book on Amazon


We have new books nearly every day.
If you would like a news letter once a week or once a month
fill out this form and we will give you a summary of the books for that week or month by email.

Title: Le Tour du Monde; Sicile - Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860
Author: Charton, Édouard, 1807-1890
Language: French
As this book started as an ASCII text book there are no pictures available.


*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Le Tour du Monde; Sicile - Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860" ***


(This file was produced from images generously made
available by the Bibliothèque nationale de France
(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)



[Note au lecteur de ce fichier digital:

Seules les erreurs clairement introduites par le typographe ont été
corrigées.

Ce fichier est un extrait du recueil du journal "Le Tour du monde:
Journal des voyages et des voyageurs" (2ème semestre 1860).

Les articles ont été regroupés dans des fichiers correspondant
aux différentes zones géographiques, ce fichier contient les articles sur
la Sicile.

Chaque fichier contient l'index complet du recueil dont ces
articles sont originaires.]



                    LE TOUR DU MONDE



            IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE
               Rue de Fleurus, 9, à Paris



                    LE TOUR DU MONDE

               NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES

                PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION

                 DE M. ÉDOUARD CHARTON

        ET ILLUSTRÉ PAR NOS PLUS CÉLÈBRES ARTISTES



                         1860
                   DEUXIÈME SEMESTRE

            LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie
         PARIS, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, No 77
          LONDRES, KING WILLIAM STREET, STRAND
              LEIPZIG, 15, POST-STRASSE

                         1860



TABLE DES MATIÈRES.


UN MOIS EN SICILE (1843.--Inédit.), par M. Félix BOURQUELOT.

  Arrivée en Sicile. -- Palerme et ses habitants. -- Les monuments
    de Palerme. -- La cathédrale de Monreale. -- De Palerme à
    Trapani. -- Partenico. -- Alcamo. -- Calatafimi. -- Ruines de
    Ségeste. -- Trapani. -- La sépulture du couvent des capucins. --
    Le mont Éryx. -- De Trapani à Girgenti. -- La Lettica. --
    Castelvetrano. -- Ruines de Sélinonte. -- Sciacca. -- Girgenti
    (Agrigente). -- De Girgenti à Castrogiovanni. -- Caltanizzetta.
    -- Castrogiovanni. -- Le lac Pergusa et l'enlèvement de
    Proserpine. -- De Castrogiovanni à Syracuse. -- Calatagirone. --
    Vezzini. -- Syracuse. -- De Syracuse à Catane. -- Lentini. --
    Catane. -- Ascension de l'Etna. -- Taormine. -- Messine. --
    Retour à Naples.                                                 1


VOYAGE EN PERSE, fragments par M. le comte A. de GOBINEAU (1855-1858),
dessins inédits de M. Jules LAURENS.

  Arrivée à Ispahan. -- Le gouverneur. -- Aspect de la ville. -- Le
    Tchéhar-Bâgh. -- Le collége de la Mère du roi. -- La mosquée du
    roi. -- Les quarante colonnes. -- Présentations. -- Le pont du
    Zend-è-Roub. -- Un dîner à Ispahan. -- La danse et la comédie. --
    Les habitants d'Ispahan. -- D'Ispahan à Kaschan. -- Kaschan. --
    Ses fabriques. -- Son imprimerie lithographique. -- Ses
    scorpions. -- Une légende. -- Les bazars. -- Le collége. -- De
    Kaschan à la plaine de Téhéran. -- Koum. -- Feux d'artifice. --
    Le pont du Barbier. -- Le désert de Khavèr. -- Houzé-Sultan. --
    La plaine de Téhéran. -- Téhéran. -- Notre entrée dans la ville.
    -- Notre habitation.                                            16

  Une audience du roi de Perse. -- Nouvelles constructions à
    Téhéran. -- Température. -- Longévité. -- Les nomades. -- Deux
    pèlerins. -- Le culte du feu. -- La police. -- Les ponts. -- Le
    laisser aller administratif. -- Les amusements d'un bazar persan.
    -- Les fiançailles. -- Le divorce. -- La journée d'une Persane.
    -- La journée d'un Persan. -- Les visites. -- Formules de
    politesses. -- La peinture et la calligraphie persanes. -- Les
    chansons royales. -- Les conteurs d'histoires. -- Les spectacles:
    drames historiques. -- Épilogue. -- Le Démavend. -- L'enfant qui
    cherche un trésor.                                              34


VOYAGES AUX INDES OCCIDENTALES, par M. Anthony TROLLOPE
(1858-1859); dessins inédits de M. A. de BÉRARD.

  L'île Saint-Thomas. -- La Jamaïque: Kingston; Spanish-Town; les
    _réserves_; la végétation. -- Les planteurs et les nègres. --
    Plaintes d'une Ariane noire. -- La toilette des négresses. --
    Avenir des mulâtres. -- Les petites Antilles. -- La Martinique.
    -- La Guadeloupe. -- Grenada. -- La Guyane anglaise. -- Une
    sucrerie. -- Barbados. -- La Trinidad. -- La Nouvelle-Grenade. --
    Sainte-Marthe. -- Carthagène. -- Le chemin de fer de Panama. --
    Costa Rica: San José; le Mont-Blanco. -- Le Serapiqui. --
    Greytown.                                                       49


VOYAGE DANS LES ÉTATS SCANDINAVES, par M. Paul RIANT. (Le
Télémark et l'évêché de Bergen.) (1858.--Inédit.)

  LE TÉLÉMARK. -- Christiania. -- Départ pour le Télémark. -- Mode
    de voyager. -- Paysage. -- La vallée et la ville de Drammen. --
    De Drammen à Kongsberg. -- Le cheval norvégien. -- Kongsberg et
    ses gisements métallifères. -- Les montagnes du Télémark. --
    Leurs habitants. -- Hospitalité des _gaards_ et des _sæters_. --
    Une sorcière. -- Les lacs Tinn et Mjös. -- Le Westfjord. -- La
    chute du Rjukan. -- Légende de la belle Marie. -- Dal. -- Le
    livre des étrangers. -- L'église d'Hitterdal. -- L'ivresse en
    Norvège. -- Le châtelain aubergiste. -- Les lacs Sillegjord et
    Bandak. -- Le ravin des Corbeaux.                               65

  --_Le Saint-Olaf_ et ses pareils. -- Navigation intérieure. --
    Retour à Christiania par Skien.                                 82

  L'ÉVÊCHÉ DE BERGEN. -- La presqu'île de Bergen. -- Lærdal. -- Le
    Sognefjord. -- Vosse-Vangen. -- Le Vöringfoss. -- Le
    Hardangerfjord. -- De Vikoër à Sammanger et à Bergen.           85


VOYAGE DE M. GUILLAUME LEJEAN DANS L'AFRIQUE ORIENTALE
(1860.--Texte et dessins inédits.)--Lettre au Directeur du _Tour
du monde_ (Khartoum, 10 mai 1860).

  D'ALEXANDRIE À SOUAKIN. -- L'Égypte. -- Le désert. -- Le simoun.
    -- Suez. -- Un danger. -- Le mirage. -- Tor. -- Qosséir. --
    Djambo. -- Djeddah.                                             97


VOYAGE AU MONT ATHOS, par M. A. PROUST (1858.--Inédit.)

  Salonique. -- Juifs, Grecs et Bulgares. -- Les mosquées. --
    L'Albanais Rabottas. -- Préparatifs de départ. -- Vasilika. --
    Galatz. -- Nedgesalar. -- L'Athos. -- Saint-Nicolas. -- Le P.
    Gédéon. -- Le couvent russe. -- La messe chez les Grecs. --
    Kariès et la république de l'Athos. -- Le voïvode turc. -- Le
    peintre Anthimès et le pappas Manuel. -- M. de Sévastiannoff.  103

  Ermites indépendants. -- Le monastère de Koutloumousis. -- Les
    bibliothèques. -- La peinture. -- Manuel Panselinos et les
    peintres modernes. -- Le monastère d'Iveron. -- Les carêmes. --
    Peintres et peintures. -- Stavronikitas. -- Miracles. -- Un
    Vroukolakas. -- Les bibliothèques. -- Les mulets. -- Philotheos.
    -- Les moines et la guerre de l'Indépendance. -- Karacallos. --
    L'union des deux Églises. -- Les pénitences et les fautes.     114

  La légende d'Arcadius. -- Le pappas de Smyrne. -- Esphigmenou. --
    Théodose le Jeune. -- L'ex-patriarche Anthymos et l'Église
    grecque. -- L'isthme de l'Athos et Xerxès. -- Les monastères
    bulgares: Kiliandari et Zographos. -- La légende du peintre. --
    Beauté du paysage. -- Castamoniti. -- Une femme au mont Athos. --
    Dokiarios. -- La secte des Palamites. -- Saint-Xénophon. -- La
    pêche aux éponges. -- Retour à Kariès. -- Xiropotamos, le couvent
    du Fleuve Sec. -- Départ de Daphné. -- Marino le chanteur.     130


VOYAGE D'UN NATURALISTE (Charles DARWIN).--L'archipel Galapagos
et les attoles ou îles de coraux.--(1838).

  L'ARCHIPEL GALAPAGOS. -- Groupe volcanique. -- Innombrables
    cratères. -- Aspect bizarre de la végétation. -- L'île Chatam. --
    Colonie de l'île Charles. -- L'île James. -- Lac salé dans un
    cratère. -- Histoire naturelle de ce groupe d'îles. --
    Mammifères; souris indigène. -- Ornithologie; familiarité des
    oiseaux; terreur de l'homme; instinct acquis. -- Reptiles;
    tortues de terre; leurs habitudes.                             139

  Encore les tortues de terre; lézard aquatique se nourrissant de
    plantes marines; lézard terrestre herbivore, se creusant un
    terrier. -- Importance des reptiles dans cet archipel où ils
    remplacent les mammifères. -- Différences entre les espèces qui
    habitent les diverses îles. -- Aspect général américain.       146

  LES ATTOLES OU ÎLES DE CORAUX. -- Île Keeling. -- Aspect
    merveilleux. -- Flore exiguë. -- Voyage des graines. -- Oiseaux.
    -- Insectes. -- Sources à flux et reflux. -- Chasse aux tortues.
    -- Champs de coraux morts. -- Pierres transportées par les
    racines des arbres. -- Grand crabe. -- Corail piquant. --
    Poissons se nourrissant de coraux. -- Formation des attoles. --
    Profondeur à laquelle le corail peut vivre. -- Vastes espaces
    parsemés d'îles de corail. -- Abaissement de leurs fondations. --
    Barrières. -- Franges de récifs. -- Changement des franges en
    barrières et des barrières en attoles.                         151


BIOGRAPHIE.--Brun-Rollet.                                          159


VOYAGE AU PAYS DES YAKOUTES (Russie asiatique), par OUVAROVSKI
(1830-1839).

  Djigansk. -- Mes premiers souvenirs. -- Brigandages. -- Le
    paysage de Djigansk. -- Les habitants. -- La pêche. -- Si les
    poissons morts sont bons à manger. -- La sorcière Agrippine. --
    Mon premier voyage. -- Killæm et ses environs. -- Malheurs. --
    Les Yakoutes. -- La chasse et la pêche. -- Yakoutsk. -- Mon
    premier emploi. -- J'avance. -- Dernières recommandations de ma
    mère. -- Irkoutsk. -- Voyage. -- Oudskoï. -- Mes bagages. --
    Campement. -- Le froid. -- La rivière Outchour. -- L'Aldan. --
    Voyage dans la neige et dans la glace. -- L'Ægnæ. -- Un Tongouse
    qui pleure son chien. -- Obstacles et fatigues. -- Les guides. --
    Ascension du Diougdjour. -- Stratagème pour prendre un oiseau. --
    La ville d'Oudskoï. -- La pêche à l'embouchure du fleuve Ut. --
    Navigation pénible. -- Boroukan. -- Une halte dans la neige. --
    Les rennes. -- Le mont Byraya. -- Retour à Oudskoï et à
    Yakoutsk.                                                      161

  Viliouisk. -- Sel tricolore. -- Bois pétrifié. -- Le Sountar. --
    Nouveau voyage. -- Description du pays des Yakoutes. -- Climat.
    -- Population. -- Caractères. -- Aptitudes. -- Les femmes
    yakoutes.                                                      177


DE SYDNEY À ADÉLAÏDE (Australie du Sud), notes extraites d'une
correspondance particulière (1860).

  Les Alpes australiennes. -- Le bassin du Murray. -- Ce qui reste
    des anciens maîtres du sol. -- Navigation sur le Murray. --
    Frontières de l'Australie du Sud. -- Le lac Alexandrina. -- Le
    Kanguroo rouge. -- La colonie de l'Australie du Sud. -- Adélaïde.
    -- Culture et mines.                                           182


VOYAGES ET DÉCOUVERTES AU CENTRE DE L'AFRIQUE, journal du docteur
BARTH (1849-1855).

  Henry Barth. -- But de l'expédition de Richardson. -- Départ. --
    Le Fezzan. -- Mourzouk. -- Le désert. -- Le palais des démons. --
    Barth s'égare; torture et agonie. -- Oasis. -- Les Touaregs. --
    Dunes. -- Afalesselez. -- Bubales et moufflons. -- Ouragan. --
    Frontières de l'Asben. -- Extorsions. -- Déluge à une latitude où
    il ne doit pas pleuvoir. -- La Suisse du désert. -- Sombre vallée
    de Taghist. -- Riante vallée d'Auderas. -- Agadez. -- Sa
    décadence. -- Entrevue de Barth et du sultan. -- Pouvoir
    despotique. -- Coup d'oeil sur les moeurs. -- Habitat de la
    girafe. -- Le Soudan; le Damergou. -- Architecture. -- Katchéna;
    Barth est prisonnier. -- Pénurie d'argent. -- Kano. -- Son
    aspect, son industrie, sa population. -- De Kano à Kouka. -- Mort
    de Richardson. -- Arrivée à Kouka. -- Difficultés croissantes. --
    L'énergie du voyageur en triomphe. -- Ses visiteurs. -- Un vieux
    courtisan. -- Le vizir et ses quatre cents femmes. -- Description
    de la ville, son marché, ses habitants. -- Le Dendal. --
    Excursion. -- Angornou. -- Le lac Tchad.                       193

  Départ. -- Aspect désolé du pays. -- Les Ghouas. -- Mabani. -- Le
    mont Délabéda. -- Forgeron en plein vent. -- Dévastation. --
    Orage. -- Baobab. -- Le Mendif. -- Les Marghis. -- L'Adamaoua. --
    Mboutoudi. -- Proposition de mariage. -- Installation de vive
    force chez le fils du gouverneur de Soulleri. -- Le Bénoué. --
    Yola. -- Mauvais accueil. -- Renvoi subit. -- Les Ouélad-Sliman.
    -- Situation politique du Bornou. -- La ville de Yo. -- Ngégimi
    ou Ingégimi. -- Chute dans un bourbier. -- Territoire ennemi. --
    Razzia. -- Nouvelle expédition. -- Troisième départ de Kouka. --
    Le chef de la police. -- Aspect de l'armée. -- Dikoua. -- Marche
    de l'armée. -- Le Mosgou. -- Adishen et son escorte. -- Beauté du
    pays. -- Chasse à l'homme. -- Erreur des Européens sur le centre
    de l'Afrique. -- Incendies. -- Baga. -- Partage du butin. --
    Entrée dans le Baghirmi. -- Refus de passage. -- Traversée du
    Chari. -- À travers champs. -- Défense d'aller plus loin. --
    Hospitalité de Bou-Bakr-Sadik. -- Barth est arrêté. -- On lui met
    les fers aux pieds. -- Délivré par Sadik. -- Maséna. -- Un
    savant. -- Les femmes de Baghirmi. -- Combat avec des fourmis. --
    Cortége du sultan. -- Dépêches de Londres.                     209

  De Katchéna au Niger. -- Le district de Mouniyo. -- Lacs
    remarquables. -- Aspect curieux de Zinder. -- Route périlleuse.
    -- Activité des fourmis. -- Le Ghaladina de Sokoto. -- Marche
    forcée de trente heures. -- L'émir Aliyou. -- Vourno. --
    Situation du pays. -- Cortége nuptial. -- Sokoto. -- Caprice
    d'une boîte à musique. -- Gando. -- Khalilou. -- Un chevalier
    d'industrie. -- Exactions. -- Pluie. -- Désolation et fécondité.
    -- Zogirma. -- La vallée de Foga. -- Le Niger. -- La ville de
    Say. -- Région mystérieuse. -- Orage. -- Passage de la Sirba. --
    Fin du rhamadan à Sebba. -- Bijoux en cuivre. -- De l'eau
    partout. -- Barth déguisé en schérif. -- Horreur des chiens. --
    Montagnes du Hombori. -- Protection des Touaregs. -- Bambara. --
    Prières pour la pluie. -- Sur l'eau. -- Kabara. -- Visites
    importunes. -- Dangereux passage. -- Tinboctoue, Tomboctou ou
    Tembouctou. -- El Bakay. -- Menaces. -- Le camp du cheik. --
    Irritation croissante. -- Sus au chrétien! -- Les Foullanes
    veulent assiéger la ville. -- Départ. -- Un preux chez les
    Touaregs. -- Zone rocheuse. -- Lenteurs désespérantes. -- Gogo.
    -- Gando. -- Kano. -- Retour.                                  226


VOYAGES ET AVENTURES DU BARON DE WOGAN EN CALIFORNIE
(1850-1852.--Inédit).

  Arrivée à San-Francisco. -- Description de cette ville. -- Départ
    pour les placers. -- Le claim. -- Première déception. -- La
    solitude. -- Mineur et chasseur. -- Départ pour l'intérieur. --
    L'ours gris. -- Reconnaissance des sauvages. -- Captivité. --
    Jugement. -- Le poteau de la guerre. -- L'Anglais chef de tribu.
    -- Délivrance.                                                 242


VOYAGE DANS LE ROYAUME D'AVA (empire des Birmans), par le
capitaine Henri YULE, du corps du génie bengalais (1855).

  Départ de Rangoun. -- Frontières anglaises et birmanes. -- Aspect
    du fleuve et de ses bords. -- La ville de Magwé. -- Musique,
    concert et drames birmans. -- Sources de naphte; leur
    exploitation. -- Un monastère et ses habitants. -- La ville de
    Pagán. -- Myeen-Kyan. -- Amarapoura. -- Paysage. -- Arrivée à
    Amarapoura.                                                    258

  Amarapoura; ses palais, ses temples. -- L'éléphant blanc. --
    Population de la ville. -- Recensement suspect. -- Audience du
    roi. -- Présents offerts et reçus. -- Le prince héritier
    présomptif et la princesse royale. -- Incident diplomatique. --
    Religion bouddhique. -- Visites aux grands fonctionnaires. -- Les
    dames birmanes.                                                273

  Comment on dompte les éléphants en Birmanie. -- Excursions autour
    d'Amarapoura. -- Géologie de la vallée de l'Irawady. -- Les
    poissons familiers. -- Le serpent hamadryade. -- Les Shans et
    autres peuples indigènes du royaume d'Ava. -- Les femmes chez les
    Birmans et chez les Karens. -- Fêtes birmanes. -- Audience de
    congé. -- Refus de signer un traité. -- Lettre royale. -- Départ
    d'Amarapoura et retour à Rangoun. -- Coup d'oeil rétrospectif sur
    la Birmanie.                                                   280


VOYAGE AUX GRANDS LACS DE L'AFRIQUE ORIENTALE, par le capitaine
BURTON (1857-1859).

  But de l'expédition. -- Le capitaine Burton. -- Zanzibar. --
    Aspect de la côte. -- Un village. -- Les Béloutchis. -- Ouamrima.
    -- Fertilité du sol. -- Dégoût inspiré par le pantalon. -- Vallée
    de la mort. -- Supplice de M. Maizan. -- Hallucination de
    l'assassin. -- Horreur du paysage. -- Humidité. -- Zoungoméro. --
    Effets de la traite. -- Personnel de la caravane. -- Métis
    arabes, Hindous, jeunes gens mis en gage par leurs familles. --
    Ânes de selle et de bât. -- Chaîne de l'Ousagara. --
    Transformation du climat. -- Nouvelles plaines insalubres. --
    Contraste. -- Ruine d'un village. -- Fourmis noires. -- Troisième
    rampe de l'Ousagara. -- La Passe terrible. -- L'Ougogo. --
    L'Ougogi. -- Épines. -- Le Zihoua. -- Caravanes. -- Curiosité des
    indigènes. -- Faune. -- Un despote. -- La plaine embrasée. --
    Coup d'oeil sur la vallée d'Ougogo. -- Aridité. -- Kraals. --
    Absence de combustible. -- Géologie. -- Climat. -- Printemps. --
    Indigènes. -- District de Toula. -- Le chef Maoula. -- Forêt
    dangereuse.                                                    305

  Arrivée à Kazeh. -- Accueil hospitalier. -- Snay ben Amir. --
    Établissements des Arabes. -- Leur manière de vivre. -- Le Tembé.
    -- Chemins de l'Afrique orientale. -- Caravanes. -- Porteurs. --
    Une journée de marche. -- Costume du guide. -- Le Mganga. --
    Coiffures. -- Halte. -- Danse. -- Séjour à Kazeh. -- Avidité des
    Béloutchis. -- Saison pluvieuse. -- Yombo. -- Coucher du soleil.
    -- Jolies fumeuses. -- Le Mséné. -- Orgies. -- Kajjanjéri. --
    Maladie. -- Passage du Malagarazi. -- Tradition. -- Beauté de la
    Terre de la Lune. -- Soirée de printemps. -- Orage. -- Faune. --
    Cynocéphales, chiens sauvages, oiseaux d'eau. -- Ouakimbou. --
    Ouanyamouézi. -- Toilette. -- Naissances. -- Éducation. --
    Funérailles. -- Mobilier. -- Lieu public. -- Gouvernement. --
    Ordalie. -- Région insalubre et féconde. -- Aspect du Tanganyika.
    -- Ravissements. -- Kaouélé.                                   321

    Tatouage. -- Cosmétiques. -- Manière originale de priser. --
    Caractère des Ouajiji; leur cérémonial. -- Autres riverains du
    lac. -- Ouatata, vie nomade, conquêtes, manière de se battre,
    hospitalité. -- Installation à Kaouélé. -- Visite de Kannéna. --
    Tribulations. -- Maladies. -- Sur le lac. -- Bourgades de
    pêcheurs. -- Ouafanya. -- Le chef Kanoni. -- Côte inhospitalière.
    -- L'île d'Oubouari. -- Anthropophages. -- Accueil flatteur des
    Ouavira. -- Pas d'issue au Tanganyika. -- Tempête. -- Retour.  337


FRAGMENT D'UN VOYAGE AU SAUBAT (affluent du Nil Blanc), par M.
Andrea DEBONO (1855)                                               348


VOYAGE À L'ÎLE DE CUBA, par M. Richard DANA (1859).

  Départ de New-York. -- Une nuit en mer. -- Première vue de Cuba.
    -- Le Morro. -- Aspect de la Havane. -- Les rues. -- La volante.
    -- La place d'Armes. -- La promenade d'Isabelle II. -- L'hôtel Le
    Grand. -- Bains dans les rochers. -- Coolies chinois. -- Quartier
    pauvre à la Havane. -- La promenade de Tacon. -- Les surnoms à la
    Havane. -- Matanzas. -- La Plaza. -- Limossar. -- L'intérieur de
    l'île. -- La végétation. -- Les champs de canne à sucre. -- Une
    plantation. -- Le café. -- La vie dans une plantation de sucre.
    -- Le Cumbre. -- Le passage. -- Retour à la Havane. -- La
    population de Cuba. -- Les noirs libres. -- Les mystères de
    l'esclavage. -- Les productions naturelles. -- Le climat.      353


EXCURSIONS DANS LE DAUPHINÉ, par M. Adolphe JOANNE (1850-1860).

  Le pic de Belledon. -- Le Dauphiné. -- Les Goulets.              369

  Les gorges d'Omblèze. -- Die. -- La vallée de Roumeyer. -- La
    forêt de Saou. -- Le col de la Cochette.                       385


EXCURSIONS DANS LE DAUPHINÉ, par M. Élisée RECLUS (1850-1860).

  La Grave. -- L'Aiguille du midi. -- Le clapier de
    Saint-Christophe. -- Le pont du Diable. -- La Bérarde. -- Le col
    de la Tempe. -- La Vallouise. -- Le Pertuis-Rostan. -- Le village
    des Claux. -- Le mont Pelvoux. -- La Balme-Chapelu. -- Moeurs des
    habitants.                                                     402


LISTE DES GRAVURES.                                                417

LISTE DES CARTES.                                                  422

ERRATA.                                                            427



LE TOUR DU MONDE

NOUVEAU JOURNAL DES VOYAGES.



[Illustration: Chapelle de Sainte-Rosalie, près Palerme (voy. p.
5).--Dessin de Rouargue.]



UN MOIS EN SICILE[1],

1843.--INÉDIT.

PAR M. FÉLIX BOURQUELOT.

         [Note 1: La Sicile, la plus grande île de la Méditerranée
         (720 kilomètres de tour), paraît avoir été primitivement
         réunie au continent; un cataclysme soudain l'aurait, suivant
         d'anciennes traditions conformes aux indications de la
         science géologique, séparée du continent italien, et aurait
         donné passage à la mer qui coule entre la côte de Messine et
         les montagnes de la Calabre. La forme de l'île est à peu près
         celle d'un triangle allongé, dont les trois angles ont pour
         sommets le cap _Faro_ (l'ancien pelorus) au nord-est, le cap
         _Boco_ ou de Marsala (Lilybæum) a l'ouest, le cap _Passera_
         (Pachinum) au sud-est. Diverses chaînes de montagnes, dont
         les principales sont les Pélores et les Nébrodes,
         continuation, à ce qu'il semble, des Apennins, traversent la
         Sicile de l'est au sud-ouest et descendent du centre au
         sud-est, tandis que l'Etna y forme un groupe indépendant.
         Elle est arrosée par plusieurs cours d'eau dont les plus
         importants, la Giarretta, le Platani, le Salso, le Cantara,
         le Belici, etc., sont plutôt des torrents que de véritables
         rivières.]

     Arrivée en Sicile. -- Palerme et ses habitants.


Parti la veille (4 septembre 1843) de Naples, notre bateau à vapeur,
_l'Etna_, s'approche rapidement des côtes de la Sicile. Palerme est
devant nous. À travers la pure transparence de l'atmosphère, nous
contemplons la capitale de la Sicile se déroulant avec grâce au fond
de son golfe arrondi. Les rayons du soleil levant glissent au-dessus
de la masse confuse des maisons et dorent les clochers des églises et
les pavillons des palais. Dans un bleuâtre lointain apparaissent des
montagnes indécises, tandis qu'à l'ouest le mont Pellegrino, aux
arêtes roides et tranchées, aux flancs nus et sévères, contraste
vigoureusement avec la richesse verdoyante de la vallée qu'il domine.

Les douaniers viennent se jeter désagréablement à travers ces
premières impressions. Dès qu'ils ont achevé leur fastidieuse besogne,
je descends dans une barque et elle me conduit vers la partie de la
ville que termine une porte monumentale, la _porta Felice_, nom
d'heureux augure! De là je me rends à pied à l'hôtel de France. (Les
affaires avant les plaisirs!) Je vais au consulat, puis je porte çà
et là mes lettres de recommandation. Il est trois heures après midi.
La table d'hôte est servie. Ni les mets ni les convives ne
m'intéressent. J'ai hâte de parcourir la ville, et, avant la fin du
dîner, je pars.

L'aspect général de Palerme est plutôt d'une ville espagnole que d'une
ville italienne. Sa forme est un carré légèrement allongé, dont un des
petits côtés, au nord-est, est adossé à la mer. Son port est abrité
par un môle qui s'avance d'environ 1400 mètres au sud et 800 à
l'ouest. Elle se compose de quatre quartiers, séparés par deux grandes
voies: celle du _Cassaro_ ou _rue de Tolède_ ou _Corso_, qui descend
en ligne droite vers la mer, la Strada _Macqueda_ ou _Nuova_, qui
coupe le Cassaro à angle droit. Au point d'intersection, est la place
appelée des _Quattro Cantoni_, encadrée de palais symétriques et
décorée de fontaines et de statues.

Les rues del Cassaro et Macqueda sont, sinon aussi animées, au moins
plus propres et plus régulières que la fameuse rue de Tolède à Naples.
Comme dans beaucoup de villes de l'Italie, ce sont les galériens qui
les balayent et qui les nettoient. On rencontre de distance en
distance des fontaines, dont quelques-unes ont des proportions
colossales. Des balcons en fer font saillie à toutes les fenêtres;
dans la rue de Tolède et sur la place prétorienne, on en voit qui sont
grillés et occupent toute la largeur des maisons à l'étage le plus
élevé. Il paraît que des religieuses cloîtrées, dont les couvents sont
à peu de distance, arrivent par des passages souterrains jusqu'à ces
balcons et y jouissent du spectacle des fêtes et des processions
solennelles. On m'a même raconté (faut-il le croire?) que de là
maintes nonnes, pour la plupart filles de bonne maison enlevées de gré
ou de force aux douceurs de la vie mondaine, échangent des regards et
des signes avec de jeunes galants qui se logent aux environs, et qui
épient avec patience pendant des jours entiers le moment favorable.

La vie des Palermitains se passe presque toute en plein air; les
affaires, le travail, les plaisirs, tout a lieu dans la rue; on
pourrait presque dire qu'on y dort, à voir tant de groupes d'hommes
couchés la nuit sur les trottoirs, sur les marches des palais et aux
portes des églises. Des artisans de divers métiers travaillent sur les
balcons, ou le soir, devant leurs ateliers, à la lueur de petites
lampes. Les maisons sont en communication aussi complète que possible
avec l'air extérieur; l'oeil pénètre sans obstacle dans les
boutiques et dans les cabinets d'affaires; il n'est pas jusqu'au
notaire qu'on ne puisse se donner le plaisir d'observer, de la rue,
attablé au milieu de ses dossiers, dictant des actes à son unique
clerc et causant avec ses rares clients.

On n'a point exagéré la sobriété des Siciliens; du pain et de l'eau
pour les plus misérables, des figues d'Inde ou d'autres fruits communs
pour les autres, du macaroni pour les mieux partagés, cela suffit. Le
ciel est si splendide, la brise du soir si rafraîchissante, la
campagne si belle! C'est aux peuples du Nord, enveloppés dans leurs
tristes brumes, à aimer les longs et succulents festins.

Les Palermitains sont d'une nature facile et enjouée: ils ont beaucoup
de vivacité dans le geste; ils paraissent fiers, querelleurs et
méfiants. Toutes les portes ont des judas, à travers lesquels on
examine attentivement les visiteurs avant d'ouvrir. La physionomie de
presque tous les habitants est spirituelle; les femmes se distinguent
par une certaine élégance naturelle très-agréable.

La principale distraction des Palermitains est la promenade du soir
sur le quai appelé la _Marina_, qui s'étend au loin à droite en
sortant par la porta Felice, et qui est véritablement un endroit
délicieux. On y fait de la musique pendant trois mois de l'année.
D'autres promeneurs préfèrent la rue de Tolède et la route de
Monreale.

Les cafés sont de fort chétive apparence. Le café au lait y est servi
dans l'état de préparation le plus avancé; les deux liquides sont
mélangés d'avance dans des verres à boire, le sucre est râpé, le pain
divisé en petites bouchées. On a des glaces d'espèces très-variées et
de bonne qualité, non-seulement dans les cafés, mais dans de petites
boutiques d'_aquaioli_, qui, à la différence de ceux de Naples, sont
sédentaires.

Les cercles formés par souscription, où l'on trouve quelques journaux,
où l'on joue, où les négociants viennent causer de leurs affaires,
sont au rez-de-chaussée et ouverts comme les cafés.

Les théâtres, Carolino, di Santa Cecilia, San Ferdinando, sont assez
fréquentés. Les prix y sont peu élevés. On y entre sans «faire queue,»
on y circule à l'aise, sans se heurter des coudes et des genoux: Paris
est la seule capitale de l'Europe où l'on s'obstine à mêler beaucoup
de petits supplices au plaisir du spectacle.


     Les monuments de Palerme.

Palerme a été tour à tour grecque, carthaginoise, romaine, arabe,
normande, espagnole, etc. On peut lire sur ses monuments ses diverses
aventures historiques.

Elle a conservé de l'antiquité grecque et romaine: les restes d'un
bain, sous l'église de _Santa Maria la Guadagna_; les ruines d'un
théâtre, sous le palais du sénat; des bases de murailles, quelques
statues, des inscriptions et des médailles.

[Illustration: Carte de la Sicilie.]

Trois palais encore debout: _la Ziza_, _la Cuba_, et _Favara_,
édifices quadrilatéraux bâtis en grandes pierres régulières et ornés
de panneaux en ogives, rappellent la période sarrasine. Le plus joli
des trois, Ziza (ce qui veut dire _fleur naissante_ en arabe), est
situé au nord-ouest de la ville. Une grande porte flanquée de colonnes
donne sur un vestibule, où sont gravées des inscriptions cufiques et
espagnoles; à la suite s'ouvre une salle carrée, voûtée en forme de
rayon de miel et revêtue de mosaïques. Au fond une source verse sur
des gradins de marbre blanc son eau limpide, qui passe gracieusement
dans un canal et dans des bassins de même blancheur. Le toit aplati
est environné d'un parapet dont les pierres portent une inscription en
caractères cufiques.

Les principaux monuments de la domination normande sont: le pont de
l'Amiral jeté sur l'Oreto par l'amiral Georges d'Antioche, l'église de
la Maggione, construite par le chancelier Matteo de Salerne, l'église
de _San Giovanni degli Eremiti_, fondée par le comte Roger, celles de
_San Cataldo_, de _San Salvadore_, de _San Giovanni dei Leprosi_, la
cathédrale, le palais royal et l'église de la Martorana.

[Illustration: Types et costumes siciliens.--Dessin de Rouargue.]

Le palais royal doit à Robert Guiscard, à Roger, aux deux Guillaume, à
Frédéric II et à son fils Mainfroi, sa fondation et ses premiers
accroissements. Peu de restes de la construction primitive sont
aujourd'hui debout; les plus remarquables sont: la tour de _Santa
Nimfa_, l'une des quatre dont les angles du palais étaient flanqués,
et la chapelle dite chapelle _Palatine_. Ce dernier édifice se compose
de trois nefs, dont les voûtes sont portées par des colonnes de granit
à chapiteaux dorés. Les murailles, la coupole qui s'élève au-dessus de
l'intersection des bras de la croix, les voûtes et les plafonds des
nefs, sont ornés, dans toute leur étendue, de plaques de marbre blanc
et de porphyre, de pierres dures, de mosaïques à fond doré, de
caissons, de pendentifs, de peintures en couleurs brillantes, dont
l'ensemble produit l'effet le plus éblouissant. On remarque dans la
chapelle Palatine une très-belle chaire en marbre blanc, en porphyre
et en mosaïque, soutenue par des' colonnes historiées, un grand
candélabre en marbre blanc porté par des lions, et une estrade pour le
siège royal.

Les appartements du _palazzo reale_ renferment des portraits en pied
des vice-rois et des gouverneurs de la Sicile, des fresques exécutées
par Vélasquez, et deux béliers en bronze d'un très-beau travail, qui
viennent de l'antique Syracuse, et qui, dit-on, placés jadis sur une
tour élevée, rendaient au souffle du vent des sons indiquant aux
navigateurs l'état de l'atmosphère. L'observatoire construit en 1791
par l'abbé Piazzi, et où cet astronome découvrit la planète Cérès, est
une des curiosités du palais royal.

La cathédrale est peu distante de ce palais avec lequel elle
communiquait primitivement par un chemin couvert. Construite par
l'archevêque Gauthier Offamilit et consacrée en 1185, elle a été
refaite dans la plupart de ses parties à des époques postérieures. La
façade principale et les grandes portes, avec des arceaux en ogive,
des arabesques, des colonnes, et des inscriptions latines et arabes,
donnent sur une place qui s'étend jusqu'à la rue du Cassaro. Une tour
et une coupole surmontent l'édifice, que couronne dans toute sa
largeur un feston dentelé. Deux larges arceaux à ogive unissent la
cathédrale au beffroi. L'intérieur est à trois nefs; on y remarque les
colonnes de granit égyptien qui décorent les piliers, des statues en
marbre blanc d'Antonio Gagini, le plus célèbre sculpteur sicilien, né
à Palerme en 1480, mort en 1573, de jolis bas-reliefs, des tableaux de
Vélasquez et d'un autre artiste sicilien, Pietro Novelli, dit le
Morrealese; j'y ai lu aussi le texte latin, écrit en caractères dorés
sur marbre noir, d'une lettre que, suivant une tradition populaire, la
mère du Christ aurait adressée aux habitants de Messine en réponse à
une députation que ceux-ci lui avaient envoyée.

[Illustration: Ruines à Girgenti (Agrigente) (voy. p. 14).--Dessin de
Rouargue.]

En général une dévotion très-vive, mais très-peu éclairée, est le
trait caractéristique des Palermitains et des autres Siciliens. Ils
ont des notions assez vagues sur Dieu et sur Jésus-Christ, mais ils
savent les noms des saints les plus puissants, le détail des miracles
et des vertus curatives de chacun d'eux, et c'est avec pompe et avec
bruit qu'ils les honorent. À toutes les fêtes, et les fêtes sont fort
souvent répétées, on tend les églises de draperies rouges et ornées
d'or et d'argent, on les illumine de myriades de cierges, on expose
dans les rues des images sacrées, on allume des lampions, on tire des
fusées et des pièces d'artifice, et la musique, fort aimée des
Siciliens fait entendre ses joyeuses fanfares. La foule accourt, et
promène à travers la ville, en chantant et en criant vivat, des
reliques et des figures peintes ou sculptées.

Chaque ville de Sicile a adopté un saint qu'elle regarde comme son
protecteur, qu'elle invoque dans le danger, dans les calamités, et
qu'elle paye de ses bienfaits en amour, en honneurs et en présents.
Palerme a choisi sainte Rosalie. C'était, dit la légende, une nièce du
roi normand Guillaume le Bon, qui, renonçant à la vie mondaine, se
retira dans une grotte solitaire du mont Pellegrino, et s'y voua à la
contemplation et à la prière. Son corps, découvert en 1624, ayant été
transporté à Palerme pendant qu'une peste terrible affligeait la
ville, la peste cessa soudain. La grotte où elle a vécu et que la
piété populaire a transformée en chapelle, est l'objet d'un pèlerinage
très-célèbre (voy. p. 1). Sa fête annuelle, qui commence vers le 10
juillet, et qui dure cinq jours, est une suite de cérémonies, de
processions, de triomphes, de courses de chevaux libres,
d'illuminations, de feux d'artifice, qui font le bonheur des habitants
et attirent une multitude d'étrangers. La statue de la sainte traverse
la rue du Cassaro sur un char colossal de plus de vingt-trois mètres
de haut et de vingt-six mètres de long, traîné par des boeufs ou par
des mules, orné de figures diverses et même de divinités païennes, et
renfermant dans son sein des musiciens qui exécutent des morceaux de
circonstance.

L'église du monastère de Santa Maria di Martorana fut fondée vers 1143
par l'amiral Georges d'Antioche. On y voit une mosaïque représentant
le roi Roger, prosterné devant la Vierge, à laquelle il vient de
remettre une charte qu'elle tient à la main; une autre mosaïque
représente le même roi, en costume byzantin, vêtu de la dalmatique,
recevant du Christ la couronne royale.

N'oublions pas que Palerme possède un musée de sculpture contenant des
restes précieux d'antiquités, une collection géologique et plusieurs
bibliothèques.


     La cathédrale de Monreale.

Monreale est située à quatre milles au sud-ouest de Palerme. Qui n'a
entendu parler de sa cathédrale? Je partis un matin par la porta
Nuova, dans un _calesso_ de louage. La route qui mène à Monreale par
des pentes douces ménagées dans le versant des montagnes, est
charmante: on l'a ornée de bancs, de fontaines et d'une allée de
lauriers-roses; d'un côté se dressent des rochers qu'embellissent les
eaux tombantes des sources et la verdure des aloès et des cactus, de
l'autre s'étend un vallon, couvert à profusion d'oliviers, de
figuiers, d'orangers, de citronniers, avec Palerme et la mer dans le
lointain.

La ville de Monreale a une population de plus de 13 000 habitants; on
leur attribue une origine sarrasine; leurs moeurs sont différentes
de celles des Palermitains.

Le couvent des bénédictins m'attira tout d'abord. L'escalier renferme
des toiles de Vélasquez et de Pietro Novelli. Le cloître est d'une
incomparable beauté. Des galeries, disposées en carré, s'ouvrant sur
un jardin verdoyant, offrent à l'oeil une série d'arceaux en ogives
d'une courbure orientale, que soutiennent 216 colonnes accouplées, de
formes variées à l'infini et ornées de deux en deux de mosaïques. Dans
le jardin intérieur, des fontaines jaillissent du milieu des arbres et
des fleurs et retombent dans des vasques de marbre. Avec le ciel et le
soleil de la Sicile, l'effet est féerique; grandeur de l'ensemble,
élégance du détail, harmonie de la nature et de l'oeuvre humaine,
tout se trouve réuni dans ce cloître, dû à la piété de Guillaume le
Bon (vers 1174).

La vue de l'église de Monreale ne refroidit pas mon enthousiasme. Je
ne parlerai pas de l'extérieur; une seule tour, au lieu de deux, orne
aujourd'hui la façade, qui se distingue surtout par de belles portes
en bronze du célèbre Bonanno de Pise. Mais l'intérieur est d'une
magnificence merveilleuse. Seize colonnes de granit oriental divisent
le temple en trois nefs; elles s'appuient sur des bases de marbre
blanc et sur des socles carrés de marbre noir; leurs chapiteaux, en
marbre blanc et très-ouvragés, revêtus de mosaïques à la partie
supérieure, soutiennent des arceaux disposés en ogives rentrantes. Le
pavé est formé de cercles de porphyre et de serpentin, d'arabesques en
mosaïque et d'encadrements en marbre blanc. Des demi-coupoles
terminent les trois nefs. Il n'y a point de voûtes, et des plafonds
modernes en bois ont remplacé ceux qui existaient avant l'incendie de
1811. Tout le reste de l'édifice est couvert de mosaïques à fonds
d'or, offrant des représentations très-variées, la figure colossale du
Christ, celles d'une multitude de saints, des figures symboliques ou
allégoriques, des inscriptions, et, au-dessus des sièges du roi et de
l'archevêque, le roi Guillaume II recevant la couronne des mains du
Christ, et le même prince offrant à la Vierge assise le plan du temple
qu'il lui consacre. Les personnages portent le costume grec, et la
plupart des inscriptions sont en langue et en écriture grecques. Il
est probable que la décoration intérieure est due à des artistes
byzantins. L'église de Monreale possède un autel d'argent richement
sculpté, et, parmi ses monuments funéraires, une urne renfermant une
partie des restes de notre grand roi saint Louis.

Je sortis enchanté et les yeux éblouis de l'église de Monreale, l'un
des plus beaux spécimens d'un genre de décoration dont l'éclat n'a pas
été aussi étranger qu'on le croyait naguère à nos contrées
septentrionales. Une fête s'y préparait pour le soir; on couvrait les
murailles de tentures d'or et d'argent, on suspendait aux voûtes une
multitude de petits lustres. Malgré ces séductions, il fallut partir;
j'avais à m'occuper des mesures nécessaires pour continuer ma route
sur les côtes et dans l'intérieur de la Sicile.


     De Palerme à Trapani. -- Partenico. -- Alcamo. -- Calatafimi. --
     Ruines de Ségeste.

La plupart des voyageurs prennent la mer et se font débarquer dans les
villes principales du littoral, à Trapani, à Girgenti, à Syracuse, à
Catane, etc. Mais alors ils ne voient point les campagnes et leurs
habitants. Je préférai voyager par terre, malgré l'absence ou le
mauvais état des routes, malgré les difficultés de l'alimentation et
la nécessité de se faire accompagner par des mercenaires. Par
l'intermédiaire du chancelier du consulat de France, je conclus avec
un Sicilien, nommé Luigi Randesi, un traité qu'il signa d'une croix,
et qui le constituait chef de la petite caravane organisée pour le
voyage. Luigi s'engageait à m'accompagner dans ma tournée, à
entretenir, pendant qu'elle durerait, trois mulets, un pour moi, un
pour lui, un pour les bagages et pour le muletier chargé des bêtes; à
me faire coucher dans les meilleures auberges, à me donner à déjeuner
le matin, à goûter dans la journée, si je le désirais, et à dîner le
soir; le tout moyennant trois piastres et huit carlins par jour (près
de 20 francs).

Le 11 septembre, en me levant, je trouvai à la porte de mon hôtel le
guide Luigi, le muletier et les trois mules. On chargea, outre mon
bagage, les provisions de bouche, les assiettes, les gobelets, les
cuillers et les fourchettes. Luigi embrassa sa femme, son enfant, et
nous nous mîmes en campagne, dans la direction de Trapani. Une peau de
mouton me servait de selle, et je n'avais pour diriger ma monture
qu'une corde assez rude; heureusement la route de Palerme à Trapani
est _carrossable_, chose rare en Sicile.

Nous traversâmes de nouveau Monreale. Après cette ville, le pays,
devenu montueux et aride, n'offre guère que des rochers gris ou
rouges, bizarrement découpés, de sombres ravins, des arbres amaigris;
ces lieux désolés, presque dépourvus d'habitants, ont de plus une
réputation fort peu rassurante pour les voyageurs qui tiennent à leur
vie ou à leur bourse.

Aussi, quand les montagnes s'entr'ouvrirent et nous laissèrent voir le
golfe de Castellamare et la belle vallée dans laquelle il est creusé,
mon guide Luigi, inquiet et tremblant depuis que nous avions rencontré
plusieurs escopettes à l'entrée de l'auberge d'Urbani, commença à
respirer.

«Nous sommes sauvés! s'écria-t-il, et maintenant que nous avons
franchi ce pas difficile, nous pouvons compter sur un heureux voyage.»

Ces terreurs, qui se renouvelèrent souvent, étaient-elles sincères et
fondées? Je n'en savais rien encore; mais elles s'accordaient avec les
bruits que j'avais recueillis à Palerme. En traversant le village de
Borghetto, je vis des voyageurs prudents qui s'étaient fait
accompagner par des gendarmes, et à Partenico, où nous nous arrêtâmes
pour passer la nuit, un brave capitaine de gendarmerie, qui logeait
dans le même hôtel que moi, m'engagea de la façon la plus pressante à
prendre la même précaution.

Partenico ou Paternico, quoiqu'elle renferme une assez nombreuse
population, est une ville de l'apparence la plus misérable, où les
cochons se promènent librement à travers les rues.

Le lendemain, malgré les instances du capitaine, notre caravane partit
sans escorte.

La vallée de Castellamare me fit agréablement oublier les sombres
paysages de la veille; la végétation y est d'une variété et d'une
puissance prodigieuses. De temps à autre on aperçoit la mer, et l'on
peut distinguer dans le lointain le petit cap appelé _Muro di Carini_,
où s'élevait jadis la ville d'Icari détruite par Nicias, la patrie de
la belle Laïs. Ce n'est pas, du reste, le type grec que cette contrée
a conservé, mais le type arabe. Les environs d'Alcamo et Alcamo même,
ville de 16 000 âmes, rappellent tout à fait l'Afrique par la
disposition des habitations, par les traits, le teint, les allures des
hommes, des femmes et des enfants. Cette petite cité n'est qu'une
grande rue bordée d'églises et de couvents qu'entourent de vieilles
fortifications. Ses habitants ont à tort ou à raison la réputation de
coupeurs de bourse.

J'ai trouvé au delà d'Alcamo la route fermée par une chaîne et gardée
par un agent du gouvernement, qui perçoit l'impôt du passage. Il en
est de même pour tous les grands chemins de la Sicile, qui, sous le
rapport des moyens de communication, en est restée au moyen âge.

On voyage pendant quelque temps dans une allée bordée d'amandiers, de
caroubiers et d'oliviers, rafraîchie de place en place par des sources
dont on a réuni les eaux dans des abreuvoirs à l'usage des mulets;
puis on rentre dans les montagnes; les arbres disparaissent, une herbe
jaunie ou les cendres noires de pailles incendiées pour servir
d'engrais couvrent le sol, le _fiume Freddo_ est complétement à sec,
et ce n'est qu'en arrivant à Calatafimi qu'on revoit la verdure, les
vignes et les arbres fruitiers.

À peu de distance de Calatafimi, au nord, sur une colline appelée
_Barbara_, s'élevait jadis la ville d'_Egesta_ ou Segesta. La
tradition en attribue la fondation à Énée; il n'en reste plus qu'un
temple, un théâtre et quelques débris informes.

À peine arrivé à Calatafimi, je me fis conduire aux ruines par un
guide indigène. Un étroit sentier, pratiqué à travers un pays
accidenté, souvent envahi par les vignes et les ronces, quelquefois
bordé par une muraille de cactus, mène à une sorte de promontoire
isolé, sur lequel se dresse majestueusement le temple de Ségeste.

Ce temple, d'ordre dorique, a la forme d'un parallélogramme de
soixante mètres de long sur vingt-quatre de large; son enceinte se
compose de trente-six colonnes (six sur chacun des petits côtés),
inégalement espacées; à l'intérieur, l'herbe y pousse sans obstacle,
et les troupeaux viennent brouter à l'ombre des colonnes. Dans cet
état, le temple de Ségeste produit un effet des plus imposants. Cette
ruine colossale, solitaire, silencieuse, ces montagnes nues et sans
arbres qui l'entourent et la dominent, ces colonnes rougeâtres et à
demi rongées par le temps, ce ciel d'un azur profond, ce soleil qui
verse sur toute la nature des flots d'une lumière éblouissante, ont
une harmonie dont la puissance saisit et laisse un éternel souvenir
d'admiration.

Le soir est venu; il faut rentrer à Calatafimi. Cette ville, de plus
de 8 000 habitants, est la seule, avec Sperlinga, où les Français
aient été épargnés lors du massacre des Vêpres siciliennes. À
l'auberge, le brigadier de gendarmerie m'a conté tant de fâcheuses
aventures arrivées récemment aux voyageurs dans les environs, que je
me suis décidé à prendre une escorte.

Aucun brigand du reste n'a paru; nous avons laissé nos gendarmes aux
Canalotti, et nous avons continué paisiblement notre route jusqu'à
Trapani, dont nous avons franchi les ponts-levis par une pluie
battante.


     Trapani. -- La sépulture du couvent des capucins. -- Le mont Éryx.

C'est à Trapani (_Drepanon_, faux, faucille), que Virgile fait mourir
Anchise. La population s'élève actuellement à près de 25 000 âmes. Le
port est commode et assez fréquenté. Des statues ornent les quais. Une
grande rue, pavée, comme toutes les autres, de dalles glissantes,
traverse la ville presque en entier; c'est sur cette rue que donnent
le palais sénatorial, la _quadreria_ ou musée de tableaux, qui
renferme des toiles du Dominiquin, de Luca Giordano, de Carlo Maratta,
etc., les cafés les plus élégants, c'est-à-dire les plus propres et
les moins sombres, elles principales boutiques, celles entre autres où
se vendent de petits ouvrages de nacre, d'ambre et de corail, produits
de l'industrie locale. La population, fort laborieuse, se livre à la
pêche du thon, à la fabrication du sel et au commerce de la soude et
du vin.

[Illustration: Vue de Syracuse (voy. p. 113).--Dessin de Rouargue.]

Trapani possède, comme Palerme, un couvent de capucins où les cadavres
sont conservés à l'air libre. Il est situé hors des murailles; j'y
étais entré, trouvant toutes les portes ouvertes. Un frère, après
m'avoir montré l'église, les ornements des moines et les reliques, me
conduisit dans une salle où je distinguai, aux derniers rayons du
soleil, toute une population immobile et muette d'hommes et de femmes
diversement vêtus, dont les mains crispées, les visages desséchés,
grimaçants, à demi rongés par les vers, portent l'empreinte horrible
de la mort, et inspirent, non pas le respect, mais le dégoût.
Au-dessus de chaque personnage, une inscription en papier indique le
nom qu'il a porté pendant sa vie. Le frère m'expliqua comment on
conservait ces restes humains; il m'apprit que chaque année, le jour
des morts, les parents, les amis étaient admis à les voir, à assister
à la messe et à entendre le sermon dans la chambre sépulcrale.

Aucun voyageur ne peut passer à Trapani sans visiter le mont Éryx, qui
s'élève à peu de distance de la ville. Je gravis donc sur une mule les
sentiers sinueux de la montagne. Un temple consacré à Vénus occupait
autrefois le sommet; il était entretenu et gardé aux frais de dix-sept
villes siciliennes, et mille prêtresses y servaient la déesse. Un
grand puits, appelé _Pozzo di Venere_, deux grottes, une muraille de
construction cyclopéenne, sont les seuls restes antiques que le mont
Éryx ait conservés. La petite ville moderne qui y est bâtie s'appelle
_San Giuliano_. Elle se compose de quelques rues étroites, en pente
rapide, bordées de pauvres maisons, où l'on ne rencontre guère que des
prêtres, des moines et quelques femmes cachées dans leur mante, longue
pièce de laine ou de soie noire qui enveloppe la tête et le corps et
forme le vêtement favori des Siciliennes.


     De Trapani à Girgenti. -- La Lettica. -- Castelvetrano. -- Ruines de
     Sélinonte. -- Sciacca.

On se rend à Agrigente par le chemin des côtes ou par Castelvetrano,
ce qui est moins long d'une journée. Deux Siciliens, logés comme moi à
la locanda _dell' Italia_, m'ont engagé à prendre la route de
Castelvetrano, en m'offrant jusqu'à cette ville le bénéfice de leur
compagnie.

[Illustration: Taormine et l'Etna (voy. p. 14 et 15).--Dessin de
Rouargue.]

Notre petite troupe se met en campagne, ayant outre les précédents
moyens de transport et de nouveaux mulets, une _lettica_, c'est-à-dire
une voiture sans roues, portée par deux mules à l'avant et à
l'arrière, et pouvant contenir deux voyageurs en face l'un de l'autre.
Une troisième mule ouvre la marche et porte les bagages et le
conducteur. Un muletier, à pied, armé d'un long bâton, dirige les
bêtes et les anime de ses cris. Cette singulière voiture, dont on
trouve des représentations dans des manuscrits français du quatorzième
siècle, marche, comme on le pense bien, fort lentement; elle a de plus
l'inconvénient de se pencher dans sa longueur suivant les accidents du
terrain, et les sonnettes pendues au cou des bêtes font un bruit
assourdissant.

La route n'a guère d'intérêt jusqu'à Castelvetrano, ville bâtie sur un
rocher, à six kilomètres de la mer, et moins peuplée, mais plus
étendue que Trapani.

Avant d'arriver aux ruines de l'antique Sélinonte, les plus
importantes de la Sicile, avec celles de Ségeste, d'Agrigente, de
Syracuse et de Taormine, je vais visiter en société de M. l'abbé
Viviano, antiquaire instruit et obligeant, la, carrière d'où ont été
tirées les colonnes des temples de Sélinonte. On y trouve de nombreux
tronçons de colonnes; ils ont plus de 3 mètres de diamètre. Les uns
tiennent encore à la roche, dont ils ne sont séparés que dans leur
hauteur, d'autres sont isolés et renversés sur le côté; d'autres,
qu'on avait commencé à rouler vers Sélinonte, située à plus de 8
kilomètres, gisent à quelque distance de la carrière.

Sélinonte, dévastée deux fois par les années de Carthage, ne s'est
point relevée. Sur une colline, qu'occupait jadis l'Acropole, on voit
des restes de murailles, de portes, d'amphithéâtres, d'escaliers
descendant à la mer qui a encombré le port d'un sable mouvant, de
tombeaux et de temples, portant encore la trace d'antiques peintures.
Sur un plateau, séparé de l'Acropole par le fleuve Belici, il y avait
trois temples disposés sur des lignes parallèles à peu de distance
l'un de l'autre; ils sont aujourd'hui écroulés, mais quelques colonnes
restées debout, des métopes retrouvées sur le sol, attestent leur
ancienne magnificence. Le plus grand, long de 111 mètres, large de 49,
avec 17 colonnes de côté et 8-6 de face, est un des plus vastes de
l'antiquité grecque; il mérite bien le nom de _Pilieri dei Giganti_
que les paysans donnent aux temples de Sélinonte. La plage est désolée
par la mal'aria; une tour, connue sous le nom de _Torre de' Pulci_, et
de misérables cabanes, sont les seuls réduits qu'osent occuper
quelques paysans pâles et amaigris.

Mes compagnons me quittèrent au pont du Belici, et je continuai mon
chemin dans la direction de Sciacca, tantôt dans les montagnes, tantôt
sur le bord de la mer, quelquefois à travers des cantons couverts de
vignes, de chênes verts, de sumacs, d'amandiers, d'oliviers, de
pistachiers et de caroubiers.

Sciacca s'élève sur une éminence abondante en sources thermales
sulfureuses qui domine le port, à la place qu'occupaient les _Thermæ
Selinontinæ_, la patrie d'Agathocle. On y fabrique des vases d'une
terre légère et poreuse qui rafraîchissent les liquides, comme les
alcarazas espagnols.

Je franchis en une journée la distance de 42 milles qui sépare Sciacca
de Girgenti, en m'arrêtant seulement pour le repas dans le pauvre
village de Montallegro. On chemine tour à tour sur le sable ou sur les
galets de la plage, et dans des pays déserts, ou des montagnes
gypseuses et arides. Mais la mer, que l'on a souvent sous les yeux,
est toujours belle, le ciel toujours splendide; de temps en temps on
rencontre des rizières à demi inondées, de vastes et verdoyants
pâturages, des ruisseaux bordés de lauriers-roses, ou, comme disent
les Italiens, des _fiumi_, le _Calata-Belotta_, le _Platani_, et un
lac qui porte le nom de _Gurgo di Marco_.

Au coucher du soleil, nous parvînmes au môle de Girgenti, et, une
heure après, nous entrâmes dans la ville même.


     Girgenti (Agrigente).

L'emplacement qu'occupe Girgenti n'est pas tout à fait celui où se
trouvait jadis Agrigente. La ville antique, fondée 582 ans avant
Jésus-Christ, et dont le nom grec _Acragas_ est celui de l'un des deux
cours d'eau qui baignent son territoire, était bâtie sur un point
moins élevé et plus rapproché de la mer. La cité moderne, où l'on
compte 18 000 habitants, est sale, mal bâtie et mal pavée; une rue qui
la traverse irrégulièrement dans toute sa longueur est seule abordable
en voiture; les autres rues ne sont que des chemins étroits et boueux.
Les femmes que l'on rencontre dans les rues (et il faut dire que
l'aristocratie ne sort pas ou ne sort guère qu'en voiture), sont mal
vêtues: aucune ne m'a paru jolie. Elles laissent leurs cheveux en
liberté, après les avoir coupés assez près de la tête, et cette
crinière touffue et inculte n'a rien de charmant. Leur peau brune et
cuivrée se flétrit avant l'âge. Elles portent des mantes comme dans le
reste de la Sicile; le plus souvent ces mantes sont courtes et de
couleur blanche.

La population de Girgenti se compose en grande partie de propriétaires
de terres, de fermiers et de journaliers. Les Agrigentins mènent une
vie retirée, priant beaucoup, dépensant peu et n'apprenant rien. Leur
ignorance est proverbiale.

Girgenti possède 46 églises, 15 monastères et 17 confréries.

La cathédrale, placée sur un sommet, passe pour avoir été construite
avec les pierres d'un temple de Minerve. J'y remarquai deux toiles
attribuées au Guide, un tombeau antique sans inscription ni
sculptures, un éléphant en marbre blanc, haut de soixante-cinq
centimètres, et un très-beau sarcophage servant aujourd'hui de
baptistère, et sur lequel est représenté le drame de la mort
d'Hippolyte.

Les restes de l'antique Agrigente sont épars dans la campagne. Je dus,
pour les visiter, me faire accompagner par un guide pris dans la
ville. Nous descendîmes par un joli chemin bordé d'oliviers et
d'amandiers; nous traversâmes des champs fertiles, et après une
demi-heure de marche, nous étions au milieu des tombeaux et des
temples.

Le temple de Junon Lucine repose sur une roche élevée; des 34 colonnes
cannelées d'ordre dorique qui l'entouraient, quelques-unes seulement
subsistent, plus ou moins complètes. Dans le rocher sont creusées des
chambres sépulcrales dont les habitants se servent pour serrer leurs
récoltes.

À quatre cents pas environ, s'élève le temple dit de la Concorde, un
des mieux conservés que possède la Sicile Au moyen âge, on en avait
fait une chapelle chrétienne et on l'avait dédié à saint Grégoire; ce
n'est qu'à la fin du dernier siècle qu'on l'a rendu sans partage au
culte des arts. C'est un monument admirable par l'élégance et la
noblesse de ses proportions (voy. p. 5).

On rencontre, en allant d'un temple à l'autre, des fragments plus ou
moins considérables des murailles d'Agrigente; des tombeaux ont été
creusés dans leur masse calcaire, à différentes hauteurs, et
ordinairement en forme de bouche de four.

Le temple d'Hercule que l'on voit à la suite de celui de la Concorde
n'est plus qu'un amas de ruines; une seule colonne est restée debout.

À quelques pas s'élevait le temple de Jupiter Olympien, qui, suivant
Diodore, était le plus grand de la Sicile. Il ne fut jamais achevé.
Des pans de murailles, des pierres colossales, des fragments de
colonnes dont les cannelures peuvent contenir le corps d'un homme, des
morceaux de figures dont la hauteur devait être d'au moins 12 mètres,
permettent de juger encore aujourd'hui des dimensions de l'édifice.

Je signalerai enfin le temple de Castor et Pollux, dont il reste trois
colonnes, et, en dehors des murailles, au sud, l'édifice carré à deux
étages, qui a reçu le nom de _Tombeau de Théron_.


     De Girgenti à Castrogiovanni. -- Caltanizzetta. --
     Castrogiovanni. -- Le lac Pergusa et l'enlèvement de Proserpine.

Le 22 septembre, au lever du soleil, je quittai Girgenti, dont les
abords, embellis par la verdure variée des cactus, des grenadiers, des
oliviers, des amandiers, fourmillaient de gens des campagnes qui se
rendaient à la ville, les uns à pied, les autres sur des mulets
portant de volumineux pains de soufre, les autres dans de petites
voitures découvertes et ornées de peintures aux couleurs brillantes.

Au delà du village _delle Grotte_, cette fraîcheur et cette vie
disparaissent; on s'engage dans un pays montueux et aride, dont la
principale industrie est l'exploitation des mines de sel et de soufre.

Après avoir déjeuné dans un _fondaco_ assez malpropre de la petite
ville de Regalmuto, nous traversons sans encombre Canicatti, dont on
m'avait représenté la population comme fort adonnée au brigandage, et
nous arrivons à Serra di Falco, où je reçois un témoignage de ces
vertus hospitalières dont l'antiquité faisait honneur aux Siciliens.

Nous voici à Caltanizzetta. C'est une ville de 17 000 habitants; on
croit qu'elle occupe l'emplacement de l'antique _Niza_. Elle a été en
partie renouvelée à la suite du désastre que les troupes
insurrectionnelles de Palerme lui firent éprouver, en 1820, pour avoir
refusé de prendre part au mouvement tenté en faveur de l'indépendance
de la Sicile. On retrouve dans ses églises les images sanglantes du
Christ et des damnés entourés de flammes que les Siciliens
affectionnent particulièrement. Caltanizzetta possède des eaux
minérales, et ses habitants font un assez grand commerce de sel et de
soufre. Son territoire est abondant en vin, grains, huiles, amandes et
pistaches. Une route carossable de quatorze milles d'étendue part de
Caltanizzetta et va rejoindre celle qui unit Palerme à Messine.

On aperçoit longtemps Castrogiovanni avant de pouvoir y parvenir; il
faut franchir bien des montagnes, traverser de nombreux ruisseaux,
avant de gravir la route en zigzag qui conduit au sommet dans lequel
s'enfonce cette ville, l'antique Enna, le point central, l'ombilic de
la Sicile, comme disaient les anciens. Sa population, qui est de plus
de 13 000 âmes, a un aspect assez misérable. Les cochons et les poules
vaguent à travers les rues. Les mendiants, hommes et femmes, sont à
peine vêtus. Le costume des gens aisés a quelque caractère: les hommes
portent la culotte courte et les chausses attachées avec des courroies
de cuir; les femmes se couvrent, soit de la grande mante noire qui ne
laisse voir que leur visage, soit de la mantille noire ou brune.

La cathédrale, en partie gothique, en partie construite à l'époque de
la Renaissance, est soutenue à l'intérieur par des colonnes d'albâtre
noirâtre très-artistement ornées. On y remarque un candélabre antique
en marbre blanc, venu, dit-on, du temple de Cérès, une inscription
mentionnant le martyr Primus, de très-belles stalles en bois du
seizième siècle, un Christ de Cimabuë, et des tableaux du Fiammingo.

C'est aux environs d'Enna, sur les rives du lac _Pergus_, aujourd'hui
_Pergusa_, que le dieu des enfers enleva la fille de Cérès. Les
paysans montrent une grotte qui, disent-ils, est l'ouverture
infernale, d'où Pluton s'élança sur la terre pour surprendre la jeune
déesse.


     De Castrogiovanni à Syracuse. -- Calatagirone. -- Vezzini.

Après avoir fait le tour du lac Pergusa, je repris le chemin qui, par
Piazza et Calatagirone, devait me conduire à Syracuse.

Piazza était appelée dans l'antiquité _Plutea_ ou _Plutia_, à raison
de la richesse de son terroir. Ses habitants passent pour les
descendants des Français qui y séjournèrent lors de la domination
angevine. Ses campagnes, surtout du côté de Calatagirone, méritent
encore aujourd'hui l'épithète d'_opulentissimes_ qu'elles avaient
reçue des anciens. Les monts et les vallons que l'on traverse sont
tapissés d'herbe verdoyante, garnis de vignes, de roseaux, d'arbres du
nord et du midi; la route, bordée par de grands chênes qui forment
au-dessus d'elle une voûte ombreuse, rafraîchie par de petits
ruisseaux qui, de place en place, descendent des sommets, est une des
plus délicieuses que j'aie vues. Au delà du village de _Maccare_, où
j'ai eu grand'peine à trouver à déjeuner dans la salle d'un fondaco
formant à la fois chambre à coucher, salle à manger, cave, etc., j'ai
retrouvé les grottes sépulcrales creusées dans les rochers.

[Illustration: La Marine à Messine (voy. p. 15).--Dessin de Rouargue.]

Calatagirone, située sur une hauteur conique, est peuplée de 22 000
habitants. J'ai vu dans ses églises des tableaux du Sicilien Nebrone,
des fresques et des toiles de Paladino, une belle vierge de Gagini,
etc.

Les vignes, fort abondantes jusqu'à _Ramecchiere_, disparaissent; on
traverse un pays volcanique, au milieu duquel se dresse, sur un rocher
escarpé, la ville de Vizzini, qui n'est accessible que par des
sentiers étroits, péniblement pratiqués auprès des ravins, et où le
voyageur se procure difficilement un gîte. Cependant elle renferme
12 000 habitants, et j'ai remarqué dans ses églises de beaux tableaux,
entre autres quelques-uns du Tintoret et de Paladino.

Au delà, en cheminant vers Sortino, par Bocchieri, l'aspect du pays
devient de plus en plus sombre.

Un petit bois, poussé, je ne sais comment, sur les crêtes et les
rochers, annonce l'approche de Sortino, bourg misérable, élevé
lui-même sur un sommet qui semble inaccessible. J'y parvins cependant,
après avoir guidé de mon mieux ma mule dans un chemin glissant, taillé
en forme d'escalier et contourné de mille manières.

[Illustration: Rocher de Scylla (voy. p. 16).--Dessin de Rouargue.]

Lorsque je fus installé dans une pauvre locanda, il me fallut subir la
curiosité qui m'avait accueilli dans toutes les petites localités de
la Sicile; la porte et la fenêtre de ma chambre ne faisaient qu'une
seule et même chose; je me vis obligé de m'emprisonner pour échapper
aux regards de la foule indiscrète. Mais je n'en fus point encore
quitte, et un petit guichet, pratiqué à plus de six pieds au-dessus du
sol, servit d'observatoire aux enfants, montés les uns sur les autres
pour contempler ma rare personne.

Les rives de l'Anapo, que nous suivîmes en allant à Syracuse, sont
délicieuses de verdure et de fraîcheur.


     Syracuse.

Mais voici que la mer se montre dans le lointain, et on aperçoit
assise sur une langue de terre qui s'avance dans les flots, une ville
que le guide appelle Syracuse.--Eh! quoi, se demande-t-on en pénétrant
par plusieurs ponts-levis dans une petite place de guerre isolée du
continent et entourée de fortifications à la moderne, est-ce bien la
Syracuse? Qu'est devenu cette cité puissante qui s'étendait jadis sur
un espace de sept lieues de tour, que Cicéron vante comme la plus
grande des villes grecques et la plus belle de toutes les villes?
Hélas! la majeure partie de la Syracuse antique n'est plus qu'un sol
désert et couvert de débris; le reste, resserré dans l'île d'Otygie,
est un modeste chef-lieu de sous-intendance, où une population de
17 000 habitants semble se complaire dans un état de misère apathique.

La piété ignorante et grossière des modernes Syracusains ne mérite que
le nom d'idolâtrie. Ils ont des madones d'argent qu'ils couvrent de
pierres précieuses et de diamants, et qu'ils mènent en grande pompe et
au milieu d'un bruit étourdissant, visiter d'autres madones. Leurs
passions, quand elles sont éveillées et quand la terreur les met en
jeu, deviennent, comme on l'a vu en 1837, furieuses et sanguinaires.

Les femmes de la classe aisée ont peu de liberté; elles sortent
rarement, et ne paraissent point dans les rues sans cacher, sous les
plis de leurs mantes noires, des visages où l'on retrouve quelques
traces de la beauté grecque. Quant aux femmes du peuple, qu'on voit
occupées à laver le linge dans les eaux de la fontaine Aréthuse, leur
teint hâlé et flétri, leurs corps à demi couverts de vêtements en
guenilles, ne font naître et ne rappellent aucun sentiment poétique.

La cathédrale, située au point culminant de l'île, a pris la place du
temple de Minerve, qu'ornaient jadis des peintures de batailles et des
portraits de rois syracusains, et dont le fronton était surmonté d'un
bouclier doré. Parmi les colonnes antiques que l'on a conservées, onze
sont restées en partie engagées dans les murs latéraux du nouvel
édifice, les autres coupent en deux la troisième nef. La façade est
bien ordonnée; on remarque à l'intérieur quelques tableaux précieux,
et un beau vase antique en marbre blanc qui sert de fonts baptismaux.

Deux colonnes cannelées, engagées dans le mur d'une maison près de la
cathédrale, ont fait partie d'un temple de Diane, où Archimède traça
la ligne des Équinoxes.

Le musée renferme des poteries antiques, des vases et instruments de
bronze, quelques inscriptions, une tête de Jupiter olympien, une
statue d'Esculape et une figure, malheureusement mutilée de Vénus, qui
passe avec raison pour une des bonnes productions du ciseau grec.

Le sol de Syracuse a été beaucoup moins favorisé que celui
d'Agrigente, quant à la conservation des monuments de l'antiquité.
Cependant de précieux et imposants débris s'y offrent encore à la
vénération du voyageur: il faudrait un long espace pour les décrire.


     De Syracuse à Catane. -- Lentini. -- Catane.

De Syracuse à Catane, on rencontre les ruines d'Hybla-Mégara, les
monts Hybléens, jadis célèbres par l'excellente qualité de leur miel,
la presqu'île de Magnisi, la ville d'Agosta, celle de Mellili, où l'on
cultivait autrefois avec succès la canne à sucre, et Carlentini,
petite ville d'où l'on voit le lac de Lentini, le plus étendu de toute
l'île.

La ville de Lentini (_Leontium_), située sur des escarpements, passe
pour la plus ancienne de la Sicile. Sa population est d'environ 7 000
habitants. Les grottes sépulcrales y sont très-communes. On récolte à
Lentini du blé, de la soude, du réglisse, et l'on y fait d'excellent
vin.

Après le passage du _fiume della Giarretta_, l'ancien Simèthe, dont le
lit, à l'embouchure, abonde en ambre jaune, on se trouve dans une
plaine immense que la mer borde d'un côté, et que dominent de l'autre
les cônes des monti Rossi et de l'Etna.

C'est entre le volcan et les flots que s'élève Catane.

Le voisinage de l'Etna a été plusieurs fois funeste à cette ville. Le
tremblement de terre de 1693 a fait périr 18 000 individus; ceux de
1783 et de 1828 ont ruiné les habitations et les édifices publics.
Aussi Catane est-elle d'une régularité parfaite. Elle est coupée en
quatre parties égales par des rues disposées en croix et pavées de
grandes dalles de lave; ses places sont spacieuses, ses maisons bien
bâties, et, dans les principales voies, sur des plans uniformes.

La population est de 56 000 âmes. Le port est peu étendu; une petite
rivière, l'Amenano, venant de l'Etna, et passant sous la ville par des
conduits de lave, s'y jette dans la mer. On fabrique à Catane des
étoffes de soie estimées, de petits objets en ambre jaune, et de
jolies figurines en argile cuite et peinte; les habitants font un
assez grand commerce de laine, de cuir, de blé, de soufre, de vin, qui
est excellent, et de neige de l'Etna, dont ils approvisionnent Naples
et même l'Italie.

À Catane, comme dans la plupart des villes de la Sicile, la vie est
généralement retirée; on se visite peu, et l'on ne se réunit guère.
Les grandes distractions sont la promenade du soir, la _passegiata_,
qui se fait sur le quai deux fois la semaine, vers neuf heures, et
dure quelquefois jusqu'à minuit; les prises d'habits, pour lesquelles
on prodigue le luxe et les collations, et les processions, surtout
celle de sainte Agathe, patronne de la ville, qui sont encore plus
bruyantes qu'à Palerme.

Les femmes portent de grands voiles blancs et brodés, rouges ou
ponceau, et parfois relevés par un galon d'or. La mante des paysannes
des environs, en laine ou en drap bleu, est assez courte, et leur sert
de coussin, étant pliée, pour porter les fardeaux sur la tête. Les
marins, contrairement à ce qu'on voit d'ordinaire, ont des ceintures
et des bonnets bleu azur.

La cathédrale de Catane, dédiée à sainte Agathe, est surmontée de
trois coupoles. Sur la place, dont elle borne un des côtés, on
remarque une fontaine de marbre, que couronne un antique éléphant de
lave portant sur son dos un obélisque en granit rouge d'Égypte.

Le musée du prince de Biscari renferme de nombreux objets d'antiquité,
des statues, des poids, des lampes, des mosaïques, des vases
gréco-siciliens, des armures du moyen âge, des costumes siciliens de
différentes époques, etc.


     Ascension de l'Etna.

Quand je partis pour monter l'Etna, le temps, quoique l'on fût au 5
octobre, était encore très-chaud. La belle rue _Stesicorea ou Etnea_
conduit de suite à la _regione piemontana_ dont les pentes modérées
forment la première des trois régions de la montagne; c'est un
véritable jardin. Après avoir traversé plusieurs villages, je parvins
à Nicolosi, bourg de près de 3 000 âmes de population, élevé sur le
versant de l'Etna, à près de quatre lieues de Catane, et qui touche le
pied des _monti Rossi_, cônes formés par l'éruption de 1669. J'y
installai pour la nuit Luigi, le muletier et les mulets. Puis, muni de
vêtements chauds, vers huit heures du soir je me mis en route,
accompagné du guide Salvatore.

Nous suivîmes d'abord un chemin pratiqué sur le courant d'un fleuve de
laves scoriacées, et nous arrivâmes bientôt à la seconde région,
_regione selvosa_, ou région des bois. Sauf aux endroits que des
coulées modernes ont recouverts, le sol, formé d'une terre poudreuse
et grisâtre, est peuplé de chênes, de hêtres, de figuiers noirs, de
pruniers sauvages, et dans les parties les plus élevées, de sapins, de
pins et de bouleaux; des touffes de mousses, des fougères, des mauves,
des orchys, des fraxinelles, croissent dans cette poussière féconde.

Nous prîmes un peu de repos dans une cabane où s'arrêtent les gens de
Catane qui vont chercher la glace.

Le froid commençait à me pénétrer; Salvatore fit un peu de feu, je me
couvris d'un second manteau, et nous repartîmes pour finir la
traversée de la région des bois.

Tout à coup la végétation cessa, et je me trouvai au milieu d'un
désert silencieux et sombre, où l'on n'entendait que le pas mesuré de
nos mulets, où l'on ne distinguait, à la lueur de la lune, que les
flancs pelés et les rudes arêtes de la montagne. Il fallut gravir
alors un dôme de scories, appelé la _Montagnuola_, du sommet duquel
partent deux bras ouverts du côté de la mer, et circonscrivant une
vallée de six à sept kilomètres de diamètre qu'on nomme _val del
Bove_. Cette gibbosité se termine par le _piano del Lago_, surface
presque plane, où se trouvent la _torre del Filosofo_ (à 2885 mètres
au-dessus du niveau de la mer) et la _Casa inglese_. La tour du
Philosophe, construction grecque ou romaine, se compose de quelques
assises de laves et de briques.

C'est à la Maison anglaise, construite en 1811 par les officiers
anglais, que nous fîmes notre seconde halte et que nous laissâmes nos
montures, le reste de l'ascension ne pouvant se faire qu'à pied. Un
peu de repos et de nourriture ayant rendu du ressort à mes membres et
de la chaleur à mon sang, nous gagnâmes, sur une coulée de laves
raboteuses et mobiles, le pied du cône supérieur du volcan, annexe
éphémère que chaque éruption modifie, élève ou renverse tour à tour.
De ce point restaient environ cent mètres à gravir, sur une pente
très-rapide; je n'insisterai pas sur les difficultés, les fatigues,
les dangers même de ce trajet, dont je vins à bout à grand'peine;
enfin je pus m'asseoir harassé, les jambes déchirées, mais fier comme
un vainqueur, sur un point du cercle solide qui termine l'Etna. Le
soleil se levait. J'avais à côté de moi la fumée sortant du cratère,
derrière une effroyable profondeur et les flancs noirs de la montagne,
en avant l'horreur du chemin que je venais de parcourir et les
immensités de la mer et du ciel.

Le panorama de tous côtés n'a de bornes que la portée de la vue; on
estime à plus de 2 000 milles la circonférence de l'horizon que
l'oeil peut embrasser. La mer et ses îles occupent la plus grande
partie de la scène; la Sicile, au centre, présente aux regards sa
surface triangulaire. On distingue le lac de Lentini, le cours du
Simèthe, les montagnes de Madonia, Catane, Messine, Trapani et Palerme
à demi cachée dans le brouillard. L'Etna lui-même paraît comme un
monde; ses pentes verdoyantes, les villages dont il est semé à la
base, ses crêtes arides, ses anfractuosités profondes, sa fumée, tout
est visible; les tons les plus variés, les contrastes les plus
bizarres, excitent à la fois l'intérêt et l'admiration.

J'approchai le plus possible des bords intérieurs du cône renversé au
fond duquel est la bouche du volcan. Mais les vapeurs étaient trop
épaisses pour qu'on aperçût rien.

La descente de l'Etna n'est qu'un jeu, en comparaison de la montée.
Vers midi, j'étais dans l'auberge de Nicolosi, où je retrouvai Luigi
et le muletier. Le soir nous couchâmes au village des Giarre.


     Taormine. -- Messine. -- Retour à Naples.

Au delà des Giarre, le chemin suit constamment le bord de la mer. On
traverse le _fleuve di Calatabiano_; puis on quitte les terrains
volcaniques dont l'Etna est tout entouré, et l'on parvient à
_Giardini_, village moderne situé au pied du mont Taurus, sur le
penchant duquel est assise l'antique Taormine (_Tauromenium_),
détruite par les tremblements de terre, et qui n'a plus qu'une
population misérable de 3 000 habitants. Il lui reste ses ruines: des
aqueducs, des réservoirs, des naumachies, des tombeaux, des temples
même, et les vestiges d'un théâtre, l'un des plus beaux de
l'antiquité. Le théâtre est situé hors des murs fortifiés de la ville
moderne, sur l'extrémité d'une éminence, et creusé en partie dans la
roche vive. Il pouvait contenir 25 000 personnes. Tout dégradé qu'il
est maintenant, il produit un effet saisissant. De ses gradins, on
jouit d'une vue admirable: la mer azurée et les gracieuses découpures
de ses côtes, les plaines verdoyantes et parsemées de villages qui
s'allongent jusqu'aux flots, Giardini et Taormine dressant au pied et
sur les flancs du Taurus leurs maisons, leurs églises et leurs
vieilles tours, et au-dessus, dominant tout, la masse gigantesque de
l'Etna! (voy. p. 9).

De Taormine à Messine, la route traverse des campagnes fertiles où les
villages abondent, et côtoie fréquemment la mer.

À une certaine distance de Messine, la vie d'une grande ville se fait
déjà sentir.

Disposée en amphithéâtre sur la côte qu'un étroit bras de mer sépare
de l'Italie, construite à neuf, peuplée de près de 100 000 habitants,
Messine paraît être un agréable séjour.

Deux grandes rues parallèle au quai, le Corso et la _via Ferdinanda_,
la partagent d'une manière régulière. Le port, vaste, sûr et commode,
est le plus fréquenté de toute la Sicile; une citadelle et plusieurs
autres ouvrages fortifiés sont destinés à le protéger. Le quai, orné
de statues et entre autres d'une figure de Neptune, est bordé
d'édifices d'une construction élégante, mais inachevés.

La façade de la cathédrale, en marbres de diverses couleurs, est
percée de trois portes ogivales, et ornée de bas-reliefs, de
mosaïques, de colonnes très-ouvragées, de pinacles, de statuettes et
de peintures; malheureusement elle est gâtée par un mur moderne qui la
surmonte, et par un clocher de mauvais goût qui l'avoisine à gauche. À
l'intérieur, des colonnes antiques, avec des bases et des chapiteaux
dorés, divisent l'édifice en trois nefs et soutiennent des plafonds en
bois. Les mosaïques qui couvrent les demi-coupoles des absides et qui
datent du quatorzième siècle, une chaire en marbre sculptée avec
beaucoup d'élégance par Antonio Gagini, le maître autel, incrusté de
pierres dures, et plusieurs mausolées intéressants, forment les
principales richesses de la cathédrale de Messine. On y conserve aussi
une boucle de cheveux qu'on dit avoir appartenu à la Vierge Marie, et
une traduction en latin de la fameuse lettre qu'elle passe pour avoir
écrite aux Messinois, et dont j'ai signalé une copie à Palerme (voy.
p. 5).

La place, entourée d'édifices réguliers, est ornée d'une statue
équestre de Charles II en bronze, et d'une fontaine agréablement
disposée et sculptée, en 1547, par fra Giovanni Angelo, de Florence.

[Illustration: Stromboli.--Dessin de Rouargue.]

On célèbre à Messine, au 15 août, la fête de la _Vara_, où les
processions, les chars gigantesques, les représentations mélangées de
la Vierge, des saints, des divinités païennes, des princes sarrasins
et normands, les illuminations, font la joie du peuple. La fête de la
_Sagra Lettera_, le 5 juin, est aussi fort en honneur.

Les Messinois passent pour être en général assez ignorants; la pêche,
et surtout la pêche de l'espadon, est une de leurs industries
favorites. L'ambition de la suprématie, qu'ils contestent à Palerme, a
excité chez eux une haine vivace envers les Palermitains.

Cependant le temps fixé pour mon séjour en Sicile était écoulé. Après
m'être séparé très-amicalement de mon guide et de mon muletier, je
pris place sur un bateau à vapeur qui devait me ramener à Naples.
Notre navire, forcé une première fois par la tempête de rentrer dans
le port de Messine, passa enfin sans accident entre le gouffre
bouillonnant de Charybde et le redoutable rocher de Scylla; nous
laissâmes à gauche les îles Lipari, dont la principale, Stromboli,
s'annonce au loin par les flammes ou les fumées de son volcan, et nous
entrâmes le matin du 13 octobre dans la magnifique rade de Naples.

                                        Félix BOURQUELOT.



GRAVURES.

                                                      Dessinateurs.
  Chapelle de Sainte-Rosalie (près Palerme)              Rouargue      1
  Types et costumes siciliens                            Rouargue      4
  Ruines à Girgenti (Agrigente)                          Rouargue      5
  Vue de Syracuse                                        Rouargue      8
  Taormine et l'Etna                                     Rouargue      9
  La Marine à Messine                                    Rouargue     12
  Rocher de Scylla                                       Rouargue     13
  Stromboli                                              Rouargue     16
  Pigeonnier près d'Ispahan                         Jules Laurens     17
  Pont d'Allah-Verdi-Khan sur le Zend-è-Roud,
    à Ispahan                                       Jules Laurens     21
  Collége de la Mère du roi, à Ispahan              Jules Laurens     24
  Une peinture indienne dans le palais des
    Quarante-Colonnes, à Ispahan                    Jules Laurens     25
  Entrée de Kaschan                                 Jules Laurens     28
  Une caravane persane au repos                     Jules Laurens     29
  Types persans                                     Jules Laurens     32
  Faubourg de Téhéran                               Jules Laurens     33
  La porte de Schah-Abdoulazim                      Jules Laurens     36
  Dans une cour, à Téhéran                          Jules Laurens     37
  Types et portraits persans                        Jules Laurens     40
  Groupe de Persans                                 Jules Laurens     41
  Dans l'Enderoun (appartement intérieur
    -- Costumes d'intérieur et de sortie)           Jules Laurens     44
  Choix d'armes, d'instruments et objets divers
    persans                                         Jules Laurens     45
  Le Démavend                                       Jules Laurens     48
  Vue de l'île Saint-Thomas                             de Bérard     49
  Saint-Pierre, à la Martinique                         de Bérard     52
  Cataracte de Weinachts (Guyane anglaise)              de Bérard     53
  Une sucrerie à la Guadeloupe                          de Bérard     56
  La Pointe-à-Pître, à la Guadeloupe                    de Bérard     57
  Le port d'Espagne, à la Trinidad                      de Bérard     60
  La baie de Panama                                     de Bérard     61
  Vue des Bermudes                                      de Bérard     64
  Costumes norvégiens d'Hitterdal                          Pelcoq     65
  La vallée de Bolkesjö                                      Doré     68
  Costumes du Télémark                                     Pelcoq     69
  La vallée de Vestfjordal                                   Doré     72
  Intérieur d'auberge à Bolkesjö                         Lancelot     73
  Église d'Hitterdal                                      Wormser     75
  Le Rjukandfoss                                             Doré     76
  Un chalet à Bamble                                     Lancelot     77
  Vue du lac Bandak                                          Doré     80
  Le lac Flatdal                                             Doré     81
  Fjord de Gudvangen                                         Doré     84
  Église de Bakke                                            Doré     85
  Route de Stalheim                                          Doré     88
  Le Vöringfoss                                              Doré     89
  Vallée de l'Heimdal                                        Doré     92
  Femme du Sogn                                            Pelcoq     93
  Une noce en Norvége                                      Pelcoq     96
  Le marché aux grains (Suez)                       Karl Girardet     97
  Port de Suez                                      Karl Girardet    100
  Cimetière européen à Suez                         Karl Girardet    100
  Qosséir                                           Karl Girardet    101
  Djeddah                                           Karl Girardet    101
  Port de Souakin                                   Karl Girardet    101
  Mosquée de Salonique                              Karl Girardet    104
  Femmes albanaises, près d'un arabas,
    à Vasilika                                       Villevieille    105
  Un Juif de Salonique                                       Bida    108
  Une Juive de Salonique                                     Bida    109
  Sceau du monastère de Kariès                                       111
  Vue générale de mont Athos                         Villevieille    112
  Le Conseil des Épistates au mont Athos                Boulanger    113
  Saint Georges (fresque de Panselinos dans le
    Catholicon de Kariès)                                  Pelcoq    116
  Monastère d'Iveron                                Karl Girardet    117
  L'higoumène d'Iveron                                     Pelcoq    120
  La Phiale ou le Baptistère du couvent de Lavra         Lancelot    121
  Croix sculptée en bois dans le trésor de Kariès         Thérond    124
  Coffret dans le trésor de Kariès                        Thérond    125
  Peinture de la trapeza de Lavra: les trois patriarches  Thérond    128
  La confession                                              Bida    129
  Bas-relief du couvent de Vatopédi                     A. Proust    130
  Albanais, soldat de la garde des Épistates         Villevieille    132
  Vue du couvent d'Esphigmenou                      Karl Girardet    133
  Intérieur de la cour principale du couvent slave
    de Kiliandari                                        Lancelot    136
  La récolte des noisettes au mont Athos             Villevieille    137
  L'île Chatam, dans l'archipel Galapagos            E. de Bérard    140
  Baie de la Poste, dans l'île Floriana
    (archipel Galapagos)                             E. de Bérard    140
  L'île Charles, dans l'archipel Galapagos           E. de Bérard    141
  Aiguade de l'île Charles (archipel Galapagos)      E. de Bérard    144
  Oiseaux et reptile (archipel Galapagos)                  Rouyer    145
  Côtes de l'île Albermale, dans l'archipel
    Galapagos                                        E. de Bérard    148
  Oeno, dans l'archipel Pomotou (îles à coraux)      E. de Bérard    149
  Village de Vanou, dans l'île de Vanikoro
    (îles à coraux)                                  E. de Bérard    149
  Baie de Manevai, dans l'île de Vanikoro
    (îles à coraux)                                  E. de Bérard    152
  Récifs et piton de l'île de Borabora
    (îles à coraux)                                  E. de Bérard    153
  Rade et pic de l'île de Borabora (îles à coraux)   E. de Bérard    156
  Île de Whitsunday, dans l'archipel Pomotou
    (îles à coraux)                                  E. de Bérard    157
  Brun-Rollet                                                Fath    160
  Traîneau yakoute                                    Victor Adam    161
  Une sorcière tongouse                               Victor Adam    164
  Port d'Okhotsk                                      Victor Adam    165
  Bazar de Nertchinsk                                 Victor Adam    168
  Colonie ou village yakoute                          Victor Adam    169
  Voyageur russe en Sibérie                           Victor Adam    172
  Argali (mouton sauvage)                             Victor Adam    173
  Campement de Tongouses                              Victor Adam    176
  Chamans yakoutes                                    Victor Adam    177
  Femme yakoute                                       Victor Adam    180
  Poteaux des frontières du pays des Yakoutes et
    de la Chine                                       Victor Adam    181
  Types indigènes (Australie du Sud)                      G. Fath    184
  Sépultures australiennes dans les bois                 Lancelot    185
  Sépulture australienne au désert                           Doré    189
  Restes d'un voyageur retrouvés par ses compagnons
    dans les déserts du lac Torrens                          Doré    192
  Oasis d'Éderi (Fezzan)                                 Rouargue    193
  Mourzouk (capitale du Fezzan)                          Rouargue    196
  Gorge d'Agueri                                         Lancelot    197
  Vallée d'Auderaz                                       Rouargue    200
  Vue d'Agadez                                           Lancelot    201
  Vue de Kano (entrepôt du Soudan central)               Lancelot    204
  Dendal ou boulevard de Kouka (capitale du Bornou)      Lancelot    205
  Vue du lac Tchad                                       Rouargue    208
  Village marghi                                         Rouargue    209
  Halte dans une forêt du Marghi                         Rouargue    212
  Village mosgou                                         Rouargue    213
  Chef mosgovien                                         Rouargue    216
  Intérieur d'une habitation mosgovienne                 Rouargue    217
  Chef kanembou                                          Rouargue    220
  Entrée du sultan de Baghirmi dans Maséna
    (sa capitale)                                        Rouargue    221
  Une razzia à Barea (Mosgou)                            Rouargue    224
  Vue du marché de Sokoto                                Hadamard    225
  Bac sur le Niger, à Say                                Rouargue    228
  Vue des monts Homboris                                 Lancelot    229
  Village sonray                                         Lancelot    232
  Vue de Kabra (port de Tembouctou)                      Rouargue    233
  Camp touareg                                           Lancelot    236
  Arrivée à Tembouctou                                   Lancelot    237
  Vue générale de Tembouctou                             Lancelot    240
  Portrait en pied du baron de Wogan en costume
    de voyage                                           J. Pelcoq    241
  Grass-Valley                                          J. Pelcoq    244
  Un claim ou atelier de mineur                         J. Pelcoq    245
  Forêt de _taxodium giganteum_ ou pins géants           Lancelot    248
  Un cañon ou passage de la Sierra-Wah                   Lancelot    249
  La case du jugement                                   J. Pelcoq    252
  Le poteau de la guerre                                J. Pelcoq    253
  Types d'Indiennes du Rio-Colorado                     J. Pelcoq    256
  Grande pagode de Rangoun                               Français    257
  Bateau à voile sur l'Irawady                     Cliché anglais    258
  Canot de parade                                  Cliché anglais    259
  Bateau de commerce                               Cliché anglais    259
  Birmans dans une forêt                                J. Pelcoq    261
  Pattshaing ou tambour-harmonica                  Cliché anglais    262
  Pattshaing à baguettes                           Cliché anglais    262
  Harpe birmane                                    Cliché anglais    263
  Harmonica birman                                 Cliché anglais    263
  Pagode à Pagán                                   Cliché anglais    264
  Représentation théâtrale dans le royaume d'Ava         Hadamard    265
  Dagobah ou pagode en forme de cloche             Cliché anglais    266
  Intérieur d'une pagode                           Cliché anglais    267
  Maison de l'ambassade à Amarapoura               Cliché anglais    268
  Vallée des puits de bitume                        Karl Girardet    269
  Types de grands seigneurs et hauts fonctionnaires
    birmans                                                 Morin    272
  Le palais du roi et l'éléphant blanc                     Navlet    273
  Sculptures comiques dans le monastère royal à
    Amarapoura                                           Lancelot    276
  Vue du Maha-Toolut-Boungyo (monastère royal à
    Amarapoura)                                          Lancelot    277
  Détails intérieurs du Maha-comiye-peima à Amarapoura     Navlet    281
  Une porte à Amarapoura                           Cliché anglais    284
  Canon birman                                     Cliché anglais    284
  Danse des éléphants                              Cliché anglais    284
  Canal d'irrigation dans le royaume d'Ava         Cliché anglais    285
  Jeunes dames birmanes                                     Morin    288
  Le temple du Dragon                                    Lancelot    289
  Rives de l'Irawady (près des mines de rubis)     Cliché anglais    292
  Petite pagode à Mengoun                          Cliché anglais    292
  Grand temple de Mengoun (depuis le tremblement
    de terre de 1839)                               Karl Girardet    293
  Vallée de l'Irawady au confluent du Myit-Nge          Paul Huet    297
  Temple ruiné à Pagán                                   Lancelot    300
  Salces ou volcans de boue à Membo                Cliché anglais    301
  Cônes volcaniques dans la plaine de Membo        Cliché anglais    301
  Paysans birmans en voyage                        Cliché anglais    302
  Statue gigantesque de Bouddha à Amarapoura             Lancelot    304
  Zanzibar vue de la mer                             E. de Bérard    305
  Portrait de feu l'iman de Zanzibar                 E. de Bérard    308
  Pont de la ville de Zanzibar                       E. de Bérard    309
  Un village de la Mrima                                Lavieille    312
  Jihoué la Mkoa ou la roche ronde                 Cliché anglais    313
  La fontaine qui bout (source thermale dans le
    Khoutou)                                       Cliché anglais    313
  Sycomore africain                                Cliché anglais    314
  L'Ougogo                                         Cliché anglais    315
  Burton et ses compagnons en marche                    Lavieille    316
  Chaîne côtière de l'Afrique occidentale               Lavieille    317
  Passe dans l'Ousagara                                 Lavieille    320
  Paysage dans l'Ounyamouézi                            Lavieille    321
  Noirs de l'Ousumboua                               G. Boulanger    324
  Huttes à Mséné                                        Lavieille    325
  Nègres porteurs                                    G. Boulanger    328
  Noir de l'Ouganda                                  G. Boulanger    329
  Habitation de Snay ben Amir à Kazeh                   Lavieille    332
  Jeunes dames à Kazeh                               G. Boulanger    333
  Coiffures des indigènes de l'Ounyanyembé         Cliché anglais    334
  Coiffures des indigènes de l'Oujiji              Cliché anglais    335
  Maison des étrangers à Kaouélé                        Lavieille    336
  Navigation sur le lac Tanganyika                      Lavieille    337
  Le capitaine Burton sur le lac Tanganyika             Lavieille    339
  Habitation au bord du lac Tanganyika                  Lavieille    340
  Le bassin du Maroro                                   Lavieille    341
  Instruments et ustensiles des Ouajiji            Cliché anglais    342
  Riverains du Tanganyika (côté ouest)             Cliché anglais    343
  Riverains du Tanganyika (côté sud)               Cliché anglais    343
  Le bassin du Kisanga                                  Lavieille    344
  Végétation de l'Ougogi                                Lavieille    345
  Passe de l'Ouzagara                              Cliché anglais    346
  Rocher de l'Éléphant près du cap Gardafui        Cliché anglais    347
  Dernier établissement égyptien dans le Fazogl          Lancelot    348
  Contrée des Shelouks sur le Saubat                     Lancelot    349
  Bélénia (village bari sur le fleuve Blanc)             Lancelot    352
  Habitants de la Havane                                    Potin    353
  Coolies chinois à Cuba                                   Pelcoq    356
  Vue générale de la Havane (capitale de Cuba)           Lancelot    357
  Avenue de palmiers devant une habitation de Cuba   E. de Bérard    360
  Cathédrale de la Havane                                  Navlet    361
  La volante (voiture de la Havane)                   Victor Adam    363
  Vue de Matanzas                                        Lancelot    364
  Paysage dans l'île de Cuba: Loma (coteau)
    de Candela                                          Paul Huet    365
  Paysage dans l'île de Cuba (Loma de la Givora)        Paul Huet    368
  Grenoble et les Alpes dauphinoises                Karl Girardet    369
  Les Grands Goulets                                Karl Girardet    372
  Pont-en-Royans                                             Doré    373
  Sainte-Croix et les ruines du château de Quint    Karl Girardet    376
  Die et la vallée de Roumeyer (vue prise des
    hauteurs de Saint-Justin)                            Français    377
  Le Mont-Aiguille (vu de Clelles)                       Daubigny    380
  Pontaix                                           Karl Girardet    381
  Roumeyer et le mont Glandaz                            Français    384
  Entrée de la vallée de Roumeyer                   Karl Girardet    385
  La vallée de Léoncel                              Karl Girardet    388
  La vallée de la Véoure et de la plaine du Rhône
    (vue prise des hauteurs de la Vacherie)         Karl Girardet    389
  Beaufort                                               Français    392
  La forêt de Saou                                       Sabatier    394
  Poët-Cellard                                      Karl Girardet    395
  Bourdeaux                                         Karl Girardet    396
  Le Velan et Plan-de-Baix (vue des sources
    du Ruïdoux)                                     Karl Girardet    397
  Cascade de la Druïse                              Karl Girardet    398
  La gorge de Trente-Pas                            Karl Girardet    400
  Le mont Viso                                           Sabatier    401
  Le pont du Diable                                      Sabatier    405
  Le lac de l'Échauda                                    Sabatier    408
  Le Pelvoux                                             Sabatier    409
  Le mont Aurouze                                        Français    412
  Les montagnes du Devoluy                          Karl Girardet    413
  Ruines de la Chartreuse de Durbon                 Karl Girardet    416



CARTES ET PLANS.


  Carte de la Sicile, par M. A. Vuillemin.                             3
  Carte de la Perse, par M. A. Vuillemin.                             19
  Carte des grandes et petites Antilles, par M. A. Vuillemin.         51
  Carte du haut Télémark (Norvége méridionale), d'après
    M. Paul Riant.                                                    67
  Carte de la presqu'île de Bergen, d'après M. Paul Riant.            83
  Carte de la Chalcidique, par M. A. Vuillemin.                      115
  Partie du gouvernement d'Yakoutsk, par Piadischeff.                167
  Carte de l'Australie, par M. A. Vuillemin.                         187
  Carte des voyages du docteur Henri Barth en Afrique (partie
    orientale) d'après M. de Lanoye.                                 195
  Voyage du docteur Barth (Itinéraire de Sokoto à Tembouctou),
    par M. A. Vuillemin.                                             234
  Carte du cours inférieur de l'Irawady comprenant les possessions
    britanniques et la partie sud du royaume d'Ava, d'après le
    capitaine H. Yule.                                               260
  Plan d'Amarapoura et de sa banlieue, d'après les relevés du
    major Grant Allan.                                               280
  Carte du cours supérieur de l'Irawady et partie nord du royaume
    d'Ava, d'après le cap. Yule.                                     296
  Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique
    orientale (Itinéraire de Zanzibar à Kazeh).                      307
  Carte du voyage de Burton et Speke aux grands lacs de l'Afrique
    orientale (2e partie).                                           338
  Carte de l'île de Cuba, par M. A. Vuillemin.                       355
  Carte du Dauphiné (partie occidentale: Isère et Drôme),
    par M. A. Vuillemin.                                             371
  Carte du Dauphiné (partie orientale: Isère et Hautes-Alpes),
    par M. A. Vuillemin.                                             404



ERRATA.


I. Sous le titre _Voyage d'un naturaliste_, pages 139 et 146, on
a imprimé: (1858.--INÉDIT).--Cette date et cette qualification ne
peuvent s'appliquer qu'à la traduction.

La note qui commence la page 139 donne la date du voyage (1838)
et avertit les lecteurs que le texte a été publié en anglais.


II. Dans un certain nombre d'exemplaires, le voyage du capitaine
Burton AUX GRANDS LACS DE L'AFRIQUE ORIENTALE, 1re partie,
46e livraison, le mot ORIENTALE se trouve remplacé par celui
d'OCCIDENTALE.


III. On a omis, sous les titres de _Juif_ et _Juive de
Salonique_, dessins de Bida, pages 108 et 109, la mention
suivante: d'après M. A. Proust.


IV. On a également omis de donner, à la page 146, la description
des oiseaux et du reptile de l'archipel des Galapagos représentés
sur la page 145. Nous réparons cette omission:

1º _Tanagra Darwinii_, variété du genre des
_Tanagras_ très-nombreux en Amérique. Ces oiseaux ne diffèrent de
nos moineaux, dont ils ont à peu près les habitudes, que par la
brillante diversité des couleurs et par les échancrures de la
mandibule supérieure de leur bec.

2º _Cactornis assimilis:_ Darwin le nomme _Tisseim des
Galapagos_, où l'on peut le voir souvent grimper autour des
fleurs du grand cactus. Il appartient particulièrement à l'île
Saint-Charles. Des treize espèces du genre _pinson_, que le
naturaliste trouva dans cet archipel, chacune semble affectée à
une île en particulier.

3º _Pyrocephalus nanus_, très-joli petit oiseau du
sous-genre _muscicapa_, gobe-mouches, tyrans ou moucherolles. Le
mâle de cette variété a une tête de feu. Il hante à la fois les
bois humides des plus hautes parties des îles _Galapagos_ et les
districts arides et rocailleux.

4º _Sylvicola aureola._ Ce charmant oiseau, d'un jaune
d'or, appartient aux îles Galapagos.

5º Le _Leiocephalus grayii_ est l'une des nombreuses
nouveautés rapportées par les navigateurs du _Beagle_. Dans le
pays on le nomme _holotropis_, et moins curieux peut-être que
l'_amblyrhinchus_, il est cependant remarquable en ce que c'est
un des plus beaux sauriens, sinon le plus beau saurien qui
existe.

Le saurien _amblyrhinchus cristatus_, que nous reproduisons ici,
est décrit dans le texte, page 147.

[Illustration: _Amblyrhinchus cristatus_, iguane des îles Galapagos.]

       *       *       *       *       *

IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE
Rue de Fleurus, 9, à Paris.

       *       *       *       *       *





*** End of this LibraryBlog Digital Book "Le Tour du Monde; Sicile - Journal des voyages et des voyageurs; 2. sem. 1860" ***

Copyright 2023 LibraryBlog. All rights reserved.



Home