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Title: Un frère de Nicolas Foucquet: François, Archevêque de Narbonne; Exilé à Alençon
Author: Duval, Louis
Language: French
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Un frère de Nicolas Foucquet

FRANÇOIS

ARCHEVÊQUE DE NARBONNE

EXILÉ À ALENÇON

PAR

Louis DUVAL

Archiviste de l'Orne

MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS
ET BELLES-LETTRES DE CAEN

CAEN

HENRI DELESQUES, IMPRIMEUR-LIBRAIRE

RUE FROIDE, 2 ET 4

1894

_Extrait des Mémoires de l'Académie nationale des Sciences,
Arts et Belles-Lettres de Caen._



UN FRÈRE DE NICOLAS FOUCQUET

FRANÇOIS

Archevêque de Narbonne, exilé à Alençon.


L'histoire de la chute de Nicolas Foucquet n'est plus à faire, après le
travail impartial et complet de M. Jules Lair. Mais le surintendant,
coupable ou non, ne fut pas seul atteint, et la colère du roi n'épargna
aucun des membres de sa famille, pas même sa mère, femme d'une foi
antique, qui, apprenant son arrestation, ne laissa échapper que ces
paroles: «C'est maintenant, ô mon Dieu, que j'espère du salut de mon
fils!» Madame Foucquet la mère fut, comme sa bru, comme tous ses fils,
soumise au bannissement. Toute la famille fut dispersée. Le frère aîné
du surintendant, l'archevêque de Narbonne, fut exilé à Alençon. Son
séjour y fut marqué par des bienfaits; il y a laissé des souvenirs que
le temps n'a pas complètement effacés, et il s'y est acquis, en quelque
sorte, des droits de cité.

François Foucquet avait été le premier fruit d'une union qui devait
produire douze enfants. Il naquit à Paris, rue de Jouy, le 26 juillet
1611.

Fidèle aux anciennes traditions de sa famille, et préoccupé d'assurer
l'avenir de ses enfants, dont le dernier garçon, Gilles, né en 1635, se
trouvait de vingt-quatre ans plus jeune que son aîné, Foucquet le père,
après avoir rempli avec succès des missions administratives pleines de
difficultés, s'était appliqué à des entreprises commerciales et
maritimes qui faisaient le plus grand honneur à son esprit d'initiative
et qui montrent en lui un précurseur de Colbert. La grande œuvre de sa
vie fut «l'organisation de la marine marchande et la colonisation des
Antilles.»

Dans l'acte de société du mois de mai 1635, on trouve des stipulations
en faveur des sauvages convertis et des gentilshommes qui iront
s'établir dans cette colonie, sans rien diminuer de leur noblesse. Il
s'employa également pour obtenir l'envoi de missionnaires à la
Guadeloupe, à la Martinique, à la Guyane, au Canada. Il associait ses
fils aînés à cette œuvre de colonisation. Nicolas Foucquet, son fils
cadet, appelé à une fortune si brillante et si tragique, l'aidait pour
la partie administrative et commerciale de ces grandes entreprises[1],
François s'était réservé les missions, et nous en avons la preuve dans
sa bibliothèque, qui renfermait un _Dictionnaire caraïbe_.

[Note 1: Toute la famille s'intéressait aux questions coloniales. En
1656, Sanson, d'Abbeville, avait dédié son livre sur l'Afrique à Nicolas
Foucquet. En 1657, le même géographe dédia l'_Amérique_ à Gilles
Foucquet, son plus jeune frère, chevalier des ordres de Sa Majesté.]

«Un souffle religieux traversait la maison», dit M. Jules Lair[2]. Trois
des filles avaient renoncé aux joies de la famille pour entrer au
couvent de la Visitation. «L'aîné, François Foucquet, devant qui
s'ouvraient toutes les carrières mondaines, successivement conseiller au
Grand-Conseil (1er septembre 1632), puis au Parlement de Paris, était
entré dans les ordres. En 1637, à peine âgé de vingt-sept ans, il fut
nommé par le roi évêque de Bayonne. Le jeune prêtre lui-même refusait
cet honneur, et ne se laissa vaincre qu'à de vives sollicitations. Le 25
mars 1639, il fut sacré dans l'église du Grand-Jésus de la rue
Saint-Antoine, par Claude de Rueil, évêque d'Angers, avec l'assistance
d'un grand nombre de prélats, des archevêques de Tours et de Bourges, et
du nonce du pape.

[Note 2: Jules Lair, _Nicolas Foucquet_, t. I, p. 72.--Du Tertre, t.
I, p. 109.]

Ce fut le point culminant de la fortune de Foucquet le père, qui mourut
l'année suivante. Dans son testament, il n'oublie pas de recommander à
l'évêque de Bayonne, son fils aîné, «d'avoir soin que ses frères et
sœurs vivent dans la crainte de Dieu et en union», et de prier Dieu pour
lui toutes les fois qu'il célébrerait la sainte messe, ce qu'il espérait
de sa piété. Cependant c'est à Nicolas Foucquet, son second fils, devenu
en quelque sorte l'aîné de la famille, qu'il légua sa précieuse
bibliothèque et ses collections artistiques, afin qu'elles ne fussent
pas partagées[3].

[Note 3: V. article du P. Chérot sur Foucquet, dans les _Études
religieuses_, janvier 1891 (Le surintendant Foucquet ami des
livres).--Bonaffé, _Les Amateurs de l'ancienne France_, Librairie de
l'Art, 1892, in-4°.]

François Foucquet, dit M. Lair, «s'était donné de tout cœur à son
diocèse, où, grâce à son zèle, il avait obtenu de grandes
améliorations[4]. Appelée par lui, une de ses sœurs y fondait, avec son
concours, un couvent de ces Visitandines, chères à la famille Foucquet.»
Il y rappela aussi les religieuses de Sainte-Claire.

[Note 4: Parmi les abus que l'évêque de Bayonne travailla à
extirper, on cite l'usage qui s'était établi dans le pays d'autoriser la
cohabitation des hommes et des femmes après la solennité des fiançailles
(_Gallia Christiana_, t. X, col. 1322).]

Comblé des faveurs de la fortune, sans les chercher, François Foucquet
avait été pourvu, après la mort (21 juin 1641) d'Étienne de Virazel,
évêque de Saint-Brieuc, de la commende de l'abbaye de Saint-Sever, près
Vire, au diocèse de Coutances, qu'il posséda jusqu'en 1656, époque où il
résigna en faveur de François de Rebé. Il avait également été nommé
prieur commendataire de Chassignolles, au diocèse de Bourges.

Deux ans plus tard, au mois de juillet 1643, son frère Nicolas Foucquet
déjà tout puissant, obtint pour lui l'évêché d'Agde, siège suffragant de
l'archevêché de Narbonne, valant 30,000 livres de revenu, avec
vingt-deux paroisses seulement à desservir. Mais peu sensible à ces
avantages, François Foucquet ne quitta pas sans regret son siège de
Bayonne, pour être transféré à celui d'Agde, d'où son frère comptait
sans doute avoir occasion de l'attirer souvent à la cour, quoique Retz,
le coadjuteur de Paris, prétende que ce même siège lui avait été désigné
à lui-même dans le but de l'en éloigner. Il n'est pas douteux, en
effet, que Nicolas Foucquet, dont l'ambition se haussait au niveau de la
devise de sa famille: _Quo non ascendam_? comptait étayer l'édifice de
sa propre fortune sur la grande situation qu'il préparait à son aîné.
Nommé récemment intendant du Dauphiné, Nicolas Foucquet crut pouvoir
assister à la cérémonie de l'entrée solennelle du nouvel évêque d'Agde.
Ce jour-là, un grand concours de peuple anima cette noire ville d'Agde
et sa sombre cathédrale. Mais ce jour de fête eut un triste lendemain.

En l'absence de l'intendant, une émeute éclata dans le Dauphiné, et
quoiqu'il ait réussi par sa prudence et son esprit de justice à apaiser
la sédition, il se vit en butte, pendant quelque temps, aux
dénonciations perfides des jaloux, ce qui ne l'empêcha pas d'être nommé
surintendant des finances en 1653.

En 1656, François Foucquet dut se prêter à une autre combinaison. Avec
le consentement de Claude de Rebé, archevêque de Narbonne, il fut pourvu
de la coadjutorerie de ce siège, estimée 30,000 livres de rente, et
quitta celui d'Agde, qui fut donné à son jeune frère, Louis Foucquet,
conseiller-clerc au Parlement.

En même temps, François Foucquet servait utilement les intérêts de
Nicolas en portant la parole, au nom du gouvernement, dans l'Assemblée
du clergé (mars 1656).

Quant à Louis, trop jeune encore pour être sacré (il était né en 1633 et
avait par conséquent 23 ans en 1656), il continua à résider à Rome, où
il remplissait une mission confidentielle «occupant ses loisirs à
visiter les ateliers des peintres et des sculpteurs, les collections qui
constituaient les musées de ce temps, et s'il découvrait quelque pièce
intéressante, il la signalait au surintendant.»

Le nouvel évêque ne fut même promu aux ordres que le 2 février 1659, par
François de Harlay, archevêque de Rouen, depuis archevêque de Paris. Il
reçut également de ses mains la consécration épiscopale, le 2 mars
suivant, dans l'église Saint-Louis, à Paris, en présence du nonce, des
évêques d'Evreux et de Césarée, du prince et de la princesse de
Conti.[5]

[Note 5: Cf. Privilèges accordés par les rois aux archevêques et à
l'église de Narbonne, confirmés par Louis le Grand. Narbonne, Besse,
in-4º, 84 p.]

Cette cérémonie coïncida avec l'intronisation de François Foucquet,
comme archevêque de Narbonne. Claude de Rebé étant mort précisément à
cette époque, il prêta serment au roi le 26 mars et fit son entrée
solennelle le 2 mai. On sait que ce siège était un des plus
considérables de l'ancienne France. L'archevêque prenait les titres de
primat des Gaules, duc de Narbonne et président-né des états de
Languedoc.[6] C'est en cette qualité qu'il accepta la dédicace de
l'_Histoire des ducs de Narbonne_ que lui offrit Guillaume Besse, en
1660. À la même époque, il tint le synode de son nouveau diocèse, qui
fut alors visité deux fois par Louis XIV, le 8 et le 13 avril 1660,
durant son voyage en Provence[7]. Au mois d'août de l'année suivante,
il présida l'Assemblée du Clergé et harangua le roi aux applaudissements
de toute la cour.

[Note 6: Les présidents-nés des États de la province de Languedoc,
par J.-B. l'Hermite de Soliers, dit Tristan. Arles, 1659, in-4º.]

[Note 7: _Mémoires de Montglat_, année 1661.--_Mémoires de Daniel
Cosnac_, id.]

Un avenir glorieux semblait donc s'ouvrir devant lui, lorsque survint le
coup de théâtre du 6 septembre 1661, l'arrestation du surintendant dans
la ville de Nantes. Se trouvant alors à Paris, il dut assister à
l'apposition des scellés sur les papiers et les meubles de son frère.
Mais comme on pouvait redouter son influence, on eut soin de l'éloigner
avant même la fin de cette opération. Peut-être fut-il alors transféré
dans le Bourbonnais, où Mme Foucquet la mère obtint la permission de
se retirer avec une partie de sa famille. On possède une lettre de
l'archevêque de Narbonne à Séguier, datée de Montluçon, le 17 décembre
1666, relative à un refus de communication d'un arrêt du Conseil le
concernant. D'autre part, une lettre de l'évêque de Sées à Colbert, du
13 septembre de la même année, annonce l'arrivée de l'archevêque à
Alençon. S'il n'y a pas erreur dans les dates, ces deux lettres
présentent une contradiction qu'il est difficile d'expliquer.

Les motifs qui purent déterminer Colbert à imposer Alençon comme
résidence à François Foucquet nous sont inconnus. Au commencement de
1666, un vieil intendant, Favier du Boulay, qui depuis 1643 administrait
la généralité, avait été remplacé à Alençon par M. de Marle, homme très
actif, qui a laissé dans ce pays deux grands travaux: _la Recherche de
la noblesse et la Réforme des eaux et forêts_. Il céda ce poste, à la
fin de 1671, à Michel Colbert qui l'occupa pendant cinq ans, mais qui
paraît avoir été d'un caractère infiniment plus rude que ses
prédécesseurs. Élie Benoît, dans son _Histoire de l'édit de Nantes_, l'a
peint des couleurs les plus odieuses. «Homme né pour mal faire à tout le
monde et qui avait pour cela beaucoup de dons et de génie, mais qui en
toute autre chose tenait plus de la bête brute que de l'animal
raisonnable.» Quoique ce portrait soit évidemment outré, il est heureux
pour François Foucquet de n'avoir connu ce rude et tout puissant
fonctionnaire que dans les derniers temps de son séjour à Alençon.

À côté de l'intendant figurait le bailli, gouverneur de la ville et du
château d'Alençon. Cette double charge judiciaire et militaire, réunie
alors dans les mêmes mains, fut possédée successivement, de 1654 à 1678,
par deux membres de la famille d'Argouges dont le second, Nicolas
d'Argouges, marquis de Rânes, donna à l'archevêque des marques
particulières de bienveillance. Au-dessous du bailli se plaçait le
lieutenant général au bailliage et siège présidial d'Alençon, Jacques de
Boullemer, sieur de Larré, dont la famille a occupé ce poste de 1637 à
1773, et que l'on peut compter également au nombre des amis de
l'archevêque.

À la tête du diocèse de Sées, dont Alençon fait partie, était François
Rouxel de Médavy de Grancey, brouillé à mort avec son ancien théologal,
Jean Le Noir, à propos d'une autorisation donnée par l'évêque à des
comédiens de dresser un théâtre en face de la cathédrale, et à la suite
de l'enlèvement de Mlle Le Conte de Nonant par un Grancey, contre
lequel le théologal avait cru devoir fulminer. Celui-ci, janséniste
outré, va jusqu'à dire, dans les libelles diffamatoires qu'il fit
pleuvoir contre M. de Médavy, que cet évêque ne savait même pas le
catéchisme, ce qui ne l'empêcha pas d'être promu, en 1670, au siège de
Langres, et peu après, en 1671, à l'archevêché de Rouen. Il faut ajouter
qu'on lui doit la fondation d'un séminaire à Falaise pour les clercs du
diocèse de Sées. Son successeur sur ce siège, Jean Forcoal, d'une
famille originaire des Cévennes, qui avait abjuré le calvinisme, ne fut
sacré que le 24 août 1672 et prit possession le 13 mars 1673.
L'archevêque de Narbonne eut donc à peine le temps de le connaître.

L'arrivée de cet illustre exilé dans le diocèse de Sées paraît avoir été
pour M. de Médavy un véritable embarras. Le 13 septembre 1666, il en
référa à Colbert pour savoir de lui la conduits qu'il avait à tenir
vis-à-vis de l'archevêque. Voici cette lettre dont le ton fait vraiment
peu d'honneur à la dignité épiscopale:

     «Monsieur, je viens d'apprendre que l'équipage de l'archevêque de
     Narbonne est arrivé à Alençon, où il doit être dans peu de jours.
     Il y a quelques civilités à rendre par un diocésain à son
     caractère; mais comme je sais que tout le monde est persuadé que le
     plus ou le moins de ce qui lui sera rendu de ma part sera mesuré
     sur ce que j'aurai cru devoir vous plaire, je vous supplie très
     humblement, Monsieur, de trouver bon que Madame de Colbert en dise
     un mot à la maréchale de Grancey qui s'en retourne à Paris, s'il
     est à propos que j'en sois informé.

     «Je ne doute pas, Monsieur, que vous ne soyez bien averti par M. de
     Marle de tout ce qui regarde sa conduite; toujours, vous savez que
     votre bien, à vous, est la première condition que je demande pour
     lier amitié et que c'est un effet légitime de tant d'obligations
     reçues de vous»[8].

[Note 8: Ravaisson, _Archives de la Bastille_, t. III, p. 36.]

Quant à la ville même d'Alençon, elle avait alors pour curé un
personnage singulier, Julien Pasquier, deuxième du nom, surnommé la
_Grande-Barbe_, dont la conduite était loin d'être édifiante. Vicaire de
Saint-Léonard d'Alençon, il s'était fait déposer par l'évêque de Sées.
Devenu curé de Notre-Dame, le scandale de ses mœurs ne fit qu'augmenter,
et la France entière en retentit.

Vivement attaqué par le théologal Jean Le Noir, auquel la cure d'Alençon
fut quelque temps dévolutée, il avait été mis en prison par sentence de
l'official de Sées, le 6 août 1650 et n'en était sorti qu'en 1653.
Malgré tout, ce curé était aimé, dit son successeur, l'abbé Belard,
«parce qu'il était populaire, d'une humeur fort facétieuse, amateur de
la compagnie, diseur de bons mots, qu'il portait jusqu'en la chaire de
vérité.» Suivant Fléchier, il montait en chaire le jour de l'an pour
publier le nombre des c... de sa paroisse, et il ne manquait pas de
noter si l'année avait été bonne ou mauvaise. Lorsqu'il présidait aux
processions, il faisait des causes aux marguilliers, etc. Julien
Pasquier mourut le 3 juillet 1671.

Julien Pasquier, troisième du nom, son neveu, qui lui succéda, était
d'un caractère très différent. Voici le portrait qu'en fait l'abbé
Belard, auteur de curieux mémoires sur Alençon, dont la _Société
historique de l'Orne_ a entrepris la publication: «Il avoit de beaux
talents pour la chaire; il avoit du monde et de la politesse, mais il
étoit trop rempli de lui-même et de sa place, ce qui lui attira beaucoup
d'affaires. Il se brouilla avec Monseigneur l'archevêque de Narbonne,
dont il ne ménagea pas l'amitié et les aumônes, avec Mme de Guise et
S. A. R. la grande duchesse, sa sœur, dont on dit qu'il blâma
indiscrètement les habillements en chaire, avec l'évêque Forcoal
(successeur de Rouxel de Médavy), par l'appel comme d'abus qu'il
interjeta de ses mandements, avec les frères de la Charité, etc.» Il
finit par se faire envoyer en exil et mourut à Gerseaux, près d'Orléans,
en 1678.

Mme de Guise, dont il est ici question, est Isabelle, fille de
Gaston, duc d'Orléans, et de Marguerite de Lorraine, qui, à la mort de
sa mère, avait hérité du duché d'Alençon et en avait porté le nom
jusqu'à l'époque de son mariage avec Louis-Joseph de Lorraine, duc de
Guise, en 1667. Mais cette princesse n'étant venue habiter Alençon que
plusieurs années après la mort de son mari, décédé le 30 juillet 1671,
l'archevêque de Narbonne se trouvait alors le personnage le plus élevé
en dignité de la ville d'Alençon. Sans compter sa fortune personnelle et
ses autres bénéfices, il avait comme archevêque de Narbonne, un revenu
de 160,000 livres. Son séjour à Alençon se trouve donc lié à l'histoire
de cette ville.

Nous pensons que c'est principalement dans le clergé régulier, alors
brillamment représenté dans le diocèse de Sées, que l'archevêque exilé
put rencontrer les sympathies et les consolations dont il avait besoin.
Peut-être cependant ne lui fut-il pas permis de nouer des relations avec
le vénérable et savant réformateur de la Trappe, l'abbé de Rancé, digne
ami de Bossuet. Car nous voyons que, lorsqu'il désira aller aux eaux de
Bourbon, afin de rétablir sa santé ébranlée, il dût solliciter une
lettre de cachet du roi.

À son arrivée à Alençon, François Foucquet était du moins certain de
trouver des amis chez les Jésuites, qui y possédaient un collège. Les
Jésuites avaient été les protégés et les auxiliaires de son père dans
les colonies, et lui-même, lorsqu'il s'occupait de l'œuvre des missions,
il avait eu avec eux de fréquents rapports.

Le collège royal d'Alençon a eu, au XVIIe siècle, une véritable
importance. Bourdaloue y à professé, et l'on conserve à la Bibliothèque
d'Alençon un _Traité de rhétorique_, composé par lui. Plus tard, le père
Charles de La Rue commença à s'y faire connaître (en 1667) par la
publication d'un poème latin sur les conquêtes de Louis XIV, qui fut
traduit par Pierre Corneille.

Parmi les recteurs, de 1661 à 1673, nous trouvons les PP. Jean Pomereul,
Jean Ragaine, Jean Dudoy, Pierre Osenne et Pierre Caullier.

Parmi les laïques, on comptait aussi quelques lettrés, par exemple
Pierre La Hayer, sieur du Perron, d'une famille protestante, qui avait
débuté en 1633 par une tragi-comédie en trois actes et en vers intitulée
_Les Heureuses aventures_. Il avait fait imprimer, en 1635, les _Palmes
du Juste_, poème qu'il avait présenté à Louis XIII, à l'occasion de son
passage à Alençon. Il avait obtenu, en récompense, des lettres de
réhabilitation de noblesse et une commission pour commander dans l'armée
du roi et y conduire deux régiments. Il avait été fait chevalier de
l'ordre de Saint-Michel en 1638. Il avait alors repris la toge à la
place de l'épée et avait été nommé procureur du roi au bailliage, charge
qu'il avait cédée à son fils Pierre en 1663. Quelque temps auparavant,
Louis XIV lui avait accordé un brevet de conseiller d'État. Il faisait
partie de l'Académie de Caen, depuis son origine. Moysant de Brieux,
dans une lettre à Turgot, dit qu'il avait composé un poème en l'honneur
du duc de Montausier. En 1660, il fit paraître des _Poésies morales et
chrétiennes_, et un ouvrage de piété intitulé: _De la connaissance de la
bonté et miséricorde de Dieu, de notre misère et de notre faiblesse_,
traduit de Jean de Palafox, qu'il dédia à la reine et dont il donna une
nouvelle édition en 1678.

Il publia, en 1663, une autre traduction de deux autres ouvrages
espagnols, l'_Année spirituelle_ et le _Manuel des États_, avec un poème
sur la Naissance de l'homme. En 1673, l'année même de la mort de
l'archevêque de Narbonne, parut sa traduction de l'_Histoire de Charles
V_, d'Antoine de Vera, et, en 1678, son poème de la _Visitation
d'Alençon_, adressé à toutes les illustres filles qui sont consacrées à
Dieu dans la sainte religion. Alençon, 1678, in-8°.

La littérature espagnole était alors à la mode. Un autre Alençonnais,
Truel de Cohon, sieur de Beauvais, qui avait été employé comme ingénieur
au service du Portugal, écrivit en langue castillane des remarques sur
les additions à l'_Histoire d'Espagne_, de Mariana, et les publia
ensuite en français en 1676[9].

[Note 9: Pierre Le Hayer, syndic des religieuses de Sainte-Claire
d'Alençon et conservateur de leurs privilèges, fut inhumé dans leur
couvent en 1687. Mais peut-être s'agit-il du fils de l'auteur des
_Palmes du Juste_.]

On peut placer encore au nombre des personnes avec lesquelles l'exilé de
Narbonne put avoir des relations, Hervé Fierabras, sieur de Motté, qui
publia en 1683 une _Méthode de Chirurgie_. Mais on ne peut ajouter à
cette liste Mlle Desjardins de Villedieu, qui de bonne heure avait
pris son envolée vers Paris et qui ne revint se fixer aux environs
d'Alençon que vers la fin de sa vie.

Corneille Blessebois, à bien plus juste titre que Mlle Desjardins,
était alors un autre sujet de scandale pour les moins scrupuleux. Au
retour du premier des voyages lointains auxquels il fut obligé, pour se
soustraire aux conséquences des méfaits de toute sorte, qui forment le
tissu de sa vie privée, sans compter ses écrits, Blessebois composa,
pour se mettre en crédit auprès des libertins de sa ville natale, _Les
Aventures du parc d'Alençon_, recueil satirique, en prose et en vers,
d'histoires scandaleuses qu'il prête aux dames d'Alençon et aux
personnes les plus respectables de cette ville. Cet ouvrage est resté
manuscrit, mais nous devons à M. L. de La Sicotière, qui en possède une
copie et qui a préparé une notice complète sur Blessebois, la
communication d'un passage des _Aventures du parc d'Alençon_, dans
lequel on a cru reconnaître l'archevêque de Narbonne:

      Le patron des climats nobles d'antiquité,
         Que Thétis baigne et que le soleil brûle,
      Passe sur les genoux d'une fière beauté
           Les ardeurs de la canicule;
           Et, dans ce lieu de volupté,
      Par de saintes leçons, avec moins de scrupule,
           Il lui prêche la charité,
      Pour attendre en repos l'arrêt des destinées
      Sur les tristes succès qui, depuis tant d'années,
            Accompagnent ses actions.
            Il voit ses occupations;
            On lui fait, en d'autres journées,
            De tendres exhortations;
            On punit son impatience
            Par d'amoureuses pénitences.
            Mais pour ne s'abandonner pas
            Au malin soupçon du vulgaire,
            Il fait souvent suivre leurs pas
            Par une roulante bergère.

Ces vers amphigouriques ne valent évidemment pas la peine qu'on s'y
arrête. Il est des imaginations perverties qui salissent naturellement
tous les objets auxquels elles s'attachant. Cette peinture de
convention aurait pu, tout aussi bien, être adaptée par Blessebois à
n'importe quel ecclésiastique, quel qu'il fût.

L'archevêque de Narbonne fut, toute sa vie, irréprochable dans ses
mœurs; il aurait été le modèle des prélats de son temps si sa carrière
n'avait pas été brisée par la catastrophe de son frère. Ces traits
grossiers s'adressant à un personnage élevé en dignité à un proscrit,
pouvaient tout au plus égayer un instant quelques mauvais sujets de la
société d'Alençon attachés, au moins en apparence, comme Blessebois
lui-même, à la religion protestante. Les honnêtes gens qui purent avoir
connaissance des _Aventures du parc d'Alençon_, qu'on colportait sous le
manteau, ne purent y voir qu'une lâcheté et une infamie de plus.

Les protestants, qui jadis composaient près de la moitié de la
population aisée d'Alençon, y étaient, dès lors, en minorité. Les
querelles théologiques y avaient mis la division parmi eux, et le synode
national, ouvert à Alençon le 27 mai 1637, par Louis Hérault, pasteur de
cette église, en contient la preuve. Pierre Allix, autre ministre de
l'église protestante d'Alençon, eut à ce sujet avec Hérault, des
querelles fort vives qui obligèrent ce dernier à passer en Angleterre,
où il fut placé à la tête de l'église Wallonne. Pierre Allix mourut à
Alençon en 1665. Il avait publié, en 1658, un livre de controverse dédié
à son troupeau.

Un autre pasteur d'Alençon, Mathieu Bochard, frère du savant hebraïsant
Samuel Bochard, pasteur à Caen, s'était attiré une affaire désagréable
par la publication d'un _Traité sur l'invocation des saints, le culte
des images et des reliques_, et avait été condamné à une amende de 50
livres qui fut confirmée par la Chambre de l'Édit, en 1667. En 1662, il
fit paraître un projet de réunion des Calvinistes et des Luthériens qui
n'eut pas de succès. Il mourut à Alençon, le 20 février de la même
année.

L'année 1664 avait été marquée par la démolition de l'ancien temple
d'Alençon, situé rue du Temple, au centre de la ville, et remplacé par
un autre édifice destiné au culte, construit à l'extrémité du faubourg
de Lancrel.

En 1665, Pierre Allix, le père, fut remplacé par Elie Benoist, alors
ministre à Sainte-Escobille (Seine-et-Oise), qui céda ce poste à Pierre
Allix, le fils, depuis ministre à Charenton. Elie Benoist resta à
Alençon jusqu'à la révocation de l'Édit de Nantes, dont il a écrit
l'histoire. On lui donna pour troisième collègue, en 1669, Pierre
Mehérent de la Conseillère, gentilhomme de race normande, prédicateur
tempétueux qui eut, comme lui, maille à partir avec le P. de La Rue.

À l'occasion de la présentation de ce ministre, on vit se produire un
fait qui montre combien le zèle des protestants d'Alençon s'était
refroidi. Cette église, au synode de Normandie, tenu au mois de mai de
cette année, fut notée comme n'ayant pas acquitté sa contribution à la
caisse synodale, et pour ce fait, la nomination définitive de la
Conseillère au poste de troisième ministre à Alençon fut suspendue
jusqu'à ce que la contribution en souffrance fût payée[10].

[Note 10: Paul Pascal, _Elie Benoist et l'Église réformée d'Alençon,
d'après des documents inédits, avec portrait, vues et autographes_.
Paris, Fischbacher, 1892, in-8º, p. 40-41.]

On ne doit pas s'étonner que, dans ces circonstances, le mouvement des
abjurations soit devenu de plus en plus actif. Quelques-unes, plus ou
moins intéressées, donnèrent même lieu, dès cette époque, à plus d'un
abus. Il ne paraît pas que l'archevêque de Narbonne ait été mêlé à
aucune affaire de ce genre et que, par là, il ait donné occasion aux
attaques calomnieuses de Blessebois. Occupé des affaires de son frère,
accablé par le coup de foudre qui avait atteint toute sa famille, il ne
chercha pas des diversions à ses chagrins dans l'activité extérieure. Il
se renferma dans l'accomplissement, de ses devoirs d'archevêque, qu'il
ne cessa pas de remplir avec le zèle le plus méritoire. Il fit
promulguer, en 1671, les statuts du synode du diocèse de Narbonne qu'il
avait présidé en 1661, et qui témoignent de sa sagesse.

Il fonda à Narbonne un hospice pour les incurables, une maison des sœurs
de la Croix, pour l'instruction des jeunes filles, un séminaire pour les
clercs et des missions pour l'instruction des fidèles.

Quoique menant une vie très retirée, il avait à Alençon un train de
maison assez complet.

Il avait conservé leurs gages à ses officiers; il avait plusieurs
aumôniers, et l'un d'eux, l'abbé Desvignes, pouvait célébrer la messe
dans ses appartements. Son maître d'hôtel, Louis Leblanc, au moment où
l'on fit l'inventaire, fit des réserves sur l'argenterie et sur les
meubles précieux dont il avait la charge. Il avait deux valets de
chambre, six harnois de carrosse et une selle, six chevaux noirs et un
gris. Dans les remises et écuries, deux carrosses, dont un grand, à
portière de velours rouge, un petit, de velours gris plein et un
charriot, une litière et deux harnois pour les mulets, sans compter une
chaise à porteurs, peinte avec ses armes et son chiffre, et garnie de
damas.

Il avait hérité de son père d'un certain goût pour les arts et les
collections. Il avait dans ses appartements une cinquantaine de
tableaux, dont trois portraits d'évêques inconnus, un de saint François
de Salles et un du père Vincent, plusieurs tableaux en miniatures, la
Vierge, une toile représentant Tobie avec quatre figures, un saint Jean
prêchant au désert, un saint Pierre, le Ravissement de saint Paul, un
paysage représentant une ville et plusieurs navires, probablement le
port de Narbonne, plusieurs statuettes en argent doré, une tapisserie de
la Savonnerie, contenant un paysage.

La bibliothèque était riche en Bibles, en ouvrages de piété et de
théologie, mais renfermait aussi des livres sur la littérature, les
voyages, notamment trente petits volumes contenant les Relations de la
Chine, un Dictionnaire caraïbe, l'_Hydrographie_ de Fournier, une carte
du Canal des Deux-Mers, l'_Histoire des ducs de Narbonne_, trois
exemplaires des ordonnances épiscopales de l'archevêché de Narbonne, les
Défenses de Foucquet, une liasse de requêtes de Jean Le Noir, théologal
de Sées, un volume sur l'abbaye de la Trappe, un recueil des pièces
relatives à la canonisation de saint François de Sales, les bulles de
l'évêque de Nîmes[11] qui lui avaient été adressées comme archevêque
métropolitain, quatre liasses de lettres relatives à l'administration du
diocèse de Narbonne, une autre concernant le collège de la même ville,
une liasse d'acquêts faits par le sieur Ballot, ci-devant intendant de
sa maison, quatre manuscrits reliés et plusieurs liasses de sermons,
etc.

[Note 11: Peut-être J.-J. Séguier de La Verrière, nommé au siège
épiscopal de Nîmes en 1671.]

Les objets de luxe et d'agrément ne faisaient pas défaut. Dans le salon,
un billard garni de drap vert avec un petit molet d'argent, une montre
sonnante à miroir, enchâssée d'ébène, un petit miroir représentant les
visages en plusieurs façons, un parasol de damas violet, à manche
d'ébène, deux écrans de taffetas de la Chine, garnis de galons d'or et
d'argent, etc.

       *       *       *       *       *

L'acte le plus important qui ait marqué le séjour de l'archevêque de
Narbonne à Alençon, est l'acquisition d'une maison destinée aux Jésuites
et dans laquelle il passa les derniers temps de sa vie.

Les Jésuites s'étaient d'abord établis provisoirement rue des Étaux, en
1625. Ils n'avaient pas tardé à reconnaître la nécessité d'un autre
emplacement pour donner à leur collège, de plus en plus prospère, les
agrandissements qu'il réclamait. Dans ce but, ils avaient obtenu, en
1637, de la reine Marie de Médicis, la concession du Petit-Parc,
comprenant tout le terrain qui s'étend entré la Briante et le faubourg
de Lancrel.

François Foucquet leur vint en aide, en achetant pour eux, sous son nom,
le 23 mai 1672, un vaste hôtel situé précisément derrière le Petit-Parc,
adossé aux murs de la ville et ayant façade, sur la rue appelée alors
la rue du Marché-aux-Porcs, tendant de la porte de Lancrel au château et
à la rue de la Chaussée. Cette maison, possédée en 1613 par M. Nicolas
Le Hayer, avait été vendue, en novembre 1631, par le sieur de Cerceaux,
à Noël Ferault, sieur de Giberville, procureur du roi aux eaux et forêts
du bailliage d'Alençon, et avait été adjugée par décret, après sa mort,
à Isaac Génu, sieur de Livaye, qui l'avait revendue, le 4 juin 1670, à
Nicolas Le Pelletier, sieur de Bellegarde, avocat. Ce dernier, depuis
quelque temps en pourparlers avec l'archevêque de Narbonne au sujet de
cette maison, à laquelle il lui avait même promis de faire pour 4,000
livres de réparations et augmentations, la lui vendit pour la somme de
14,340 livres et 700 livres de vin de marché, dont 7,000 comptées en
acquit de pareille somme, que ledit sieur de Bellegarde lui devait, à
savoir 3,000 livres pour le principal de 150 livres de rente, constituée
le 9 octobre 1670, et 4,000 livres pour la promesse dont on vient de
parler, et 7,000 livres payables en argent dans un an.

Par acte sous seing privé du même jour, les P.P. Jésuites du collège
d'Alençon, représentés par Pierre Dozenne, recteur, et Jean Davy,
procureur, déclarèrent que, quoique ce contrat de vente fût sous le nom
de l'archevêque de Narbonne, néanmoins celui-ci n'avait fait que leur
prêter son nom, à leur prière et requête; pourquoi ils s'obligeaient à
acquitter en son lieu et place les 7,000 livres restant à payer. Cet
acte fut ratifié par l'archevêque, par acte notarié du 20 août suivant,
mais il fallut pour la purge des hypothèques qui grevaient cet immeuble
procéder à une nouvelle adjudication, qui eut lieu au prix de 15,000
livres, et qui fut confirmée par sentence rendue aux plaids de la
vicomté d'Alençon, le 27 janvier 1673. Moyennant l'accomplissement de
ces formalités, la possession en fut assurée aux Jésuites, qui en eurent
la plus grande obligation à l'archevêque de Narbonne.

Cette maison se composait d'un principal corps de logis, précédé d'une
grande cour du côté de la rue, d'un jardin d'ornement de l'autre côté,
et d'un autre bâtiment construit en appentis contre les murs de la ville
et comprenant: salles, chambres et cabinets, remises et écuries.
L'archevêque, lorsqu'il en fut devenu possesseur, ne tarda pas à y faire
des embellissements. Il y fit établir notamment une volière et, avec la
permission du gouverneur d'Alençon, Nicolas d'Argouges, fit percer
plusieurs ouvertures dans la muraille pour avoir des vues sur le
Petit-Parc.

D'autres communautés d'Alençon, sans doute, par exemple la Visitation,
dont quatre de ses sœurs avaient embrassé la règle, éprouvèrent, ainsi
que l'Hôtel-Dieu de cette ville les effets de sa charité. Mais les
pauvres d'Alençon y eurent la plus large part, suivant le témoignage
d'Odolant Desnos.

Peut-être sentait-il dès cette époque les premières atteintes de la
maladie qui devait bientôt l'emporter. Ce qui est certain, c'est que
dans le cours de l'été, il sollicita du roi une autorisation d'aller aux
eaux de Bourbon. Cette autorisation, qui lui aurait permis en même temps
d'embrasser une dernière fois sa vieille mère, retirée à Moulins, lui
fut accordée par une lettre de cachet datée du 23 août, signée Louis et
plus bas Philippeaux, que l'on retrouva après sa mort dans un «écritoire
de bois de Brésil.» Mais déjà la maladie était trop avancée, et il ne
put en profiter. Il mourut le 19 octobre 1673, à minuit, après avoir
pris, longtemps à l'avance, les précautions que la prudence recommandait
pour assurer l'exécution de ses dernières volontés. Cinq à six mois
avant sa mort, il avait déclaré publiquement, en présence de M. de
Boullemer, lieutenant général au bailliage, «que son intention étoit de
mettre des deniers entre les mains d'une personne pour exécuter sa
dernière volonté, attendu que dans l'exécution des testaments, il se
rencontroit des difficultés qui pouvoient en empescher l'exécution.» Au
reste, sa vénérable mère, retirée à Moulins, avait reçu depuis longtemps
la mission d'accomplir fidèlement, après sa mort, ses plus chères
intentions, qu'il avait sans doute ses raisons pour tenir secrètes.

Il avait cependant disposé de son vivant de certains objets mobiliers en
faveur de quelques amis et familiers. À M. de Saint Pater, il avait
donné un cabinet d'Allemagne, de bois de poirier noirci; à René Le
Pelletier, sieur de Bellegarde, avocat, il avait donné son billard, deux
tables, trois guéridons; à M. Louis Le Blanc, son maître d'hôtel, un lit
garni; à Mlle Farcy, un tableau de la Vierge avec le petit Jésus et
saint Jean; à la demoiselle du Boulet, un bois de lit; à la demoiselle
de Bellegarde, le mobilier d'une chambre, en récompense de quelques
meubles qu'elle lui avait prêtés, et à la veuve du sieur Quillet,
médecin, quelques ustensiles de cuisine.

Après sa mort, on ne trouva donc pas d'argent chez lui, sinon ce qui
était strictement nécessaire pour la dépense courante. Mais son aumônier
et son maître d'hôtel déclarèrent qu'il était à leur connaissance «que
le dit seigneur archevesque s'estoit voulu, dès son vivant, dessaisir de
la somme de dix-huit mille livres qui estoit dans le coffre par luy
destiné pour ses domestiques, ayant souhaité faire exécuter ses
intentions, de crainte qu'il ne se trouvast après sa mort des
empeschemens capables d'en retarder l'exécution, lequel dessain il avoit
desclaré publiquement et notamment à nous juge susdict, comme ils en ont
cognoissance certaine.»

La mort, du reste, dans l'entourage de l'archevêque, était depuis
quelque temps considérée comme imminente. C'est ainsi que le 11 octobre
1673, par devant les notaires de Moulins, Mme Foucquet, la mère,
donna procuration à Gilles Foucquet, son fils, conseiller du roi,
ci-devant écuyer de la grande écurie de Sa Majesté, «en cas qu'il plaise
à Dieu de disposer de la personne de messire François Foucquet, aussy
son fils, archevesque de Narbonne, duquel elle est seule et présomptive
héritière et créancière de sommes considérables.»

Une amie de la famille, Mme Dancourt, s'était rendue à Alençon, pour
procurer au malade les soins délicats qu'une femme seule peut donner, et
elle assista à ses derniers moments, avec une religieuse tourière de
Mamers, à laquelle fut faite donation d'un coffre de bois après la levée
des scellés apposés sur les meubles.

Son aumônier avait fait dresser dans le salon un autel portatif. Par
ses soins, les ornements pontificaux, de couleur violette, avaient été
également mis dans une corbeille, dans le salon, pour servir aux
obsèques de l'archevêque. Gilles Foucquet, son frère, avait annoncé sa
prochaine arrivée et put effectivement assister aux obsèques.

Le jeudi 19 octobre, à deux heures du matin, Pierre Le Hayer, le fils,
procureur du roi au bailliage et siège présidial d'Alençon, se présenta
en l'hôtel du lieutenant général au bailliage et lui remontra «qu'ayant
eu avis que messire François Foucquet, conseiller du Roy en ses
conseils, archevesque de Narbonne et primat des Gaules, estoit décédé en
ceste ville sur l'heure de minuit», il était nécessaire «d'apposer le
scellé pour la conservation des inthérests de qui il appartiendra, à
cause de l'absence des parents et héritiers dudit seigneur archevesque.»
Il n'est pas douteux que le zèle pour le service du roi n'ait déterminé
ces officiers à choisir une heure aussi matinale pour l'accomplissement
de cette formalité.

Le sceau de M. de Boullemer, lieutenant général (_d'or au chevron
d'azur, accompagné de trois aiglettes de sable_, avec deux lions pour
support et un casque pour cimier), et celui de Pierre Le Hayer,
procureur du roi au bailliage (_d'or au chevron de gueules, chargé de
trois croissants d'argent montants_), avec un casque pour cimier, furent
apposés sur les meubles.

La levée des scellés en fut faite le lendemain, vendredi 20 octobre, en
vertu d'une ordonnance rendue sur requête, présentée au nom de Mme
Foucquet la mère. Cette opération, qui ne fut terminée que le samedi 21
au soir, eut lieu en présence de Gilles Foucquet, auquel un des amis du
défunt, Joseph de Marcilly, sieur de Lépinay, fit remise de la grosse
d'une constitution d'une rente de 200 livres par lui souscrite au profit
de l'archevêque, le 16 octobre 1670.

La Chronique du couvent de l'_Ave-Maria_ d'Alençon, dans lequel
l'archevêque de Narbonne fut inhumé, nous fournit une relation de ses
obsèques. Il n'est pas inutile de noter, à cette occasion, que c'est
dans l'église de ce monastère que les Jésuites célébrèrent leurs offices
et firent leurs inhumations jusqu'à la construction de leur propre
église:

«L'an 1673, le 19 octobre, Dieu appela de cette vie mortelle Monseigneur
l'illustrissime et révérendissime François Foucquet, archevesque et
primat de Narbonne. C'étoit un prélat accompli en vertus et mérites. Il
ordonna sa sépulture dans l'église des pauvres religieuses de
Sainte-Claire de la ville d'Alençon, où son corps repose proche le grand
autel, du costé de l'évangile. L'inhumation s'en fist avec toute la
pompe possible; le convoy commença le 20 octobre, à trois heures après
midi. M. Pasquier, curé d'Alençon, avec tout le clergé, fut lever le
corps de Monseigneur à son hostel où il étoit décédé, pour le faire
conduire par la rue du Palais, en l'église Notre-Dame d'Alençon, où il
reposa quelque temps pendant les prières qui y furent faites, et ensuite
on acheva le convoy par la rue aux Sieurs, en l'église des religieuses
de Sainte-Claire, où l'office fut chanté par M. le curé et son clergé,
assisté du révérend père François Colin, confesseur dudit monastère, et
les autres religieux de Saint-François du dit couvent. M. le curé et
son clergé, après l'office chanté, laissa le corps en dépost auxdits
religieux pendant la nuit, pour estre le lendemain, 21 du mesme mois,
inhumé en la dite église, après la grande messe qui fut célébrée par le
sieur curé, assisté de son clergé et des susdits religieux[12].»

[Note 12: Archives de l'Orne, série H. Fonds des religieuses de
Sainte-Claire. Document donné par M. le docteur Chambay.--_Bulletin de
la Société historique et archéologique de l'Orne_, t. II, p. 136.]

L'église de l'_Ave-Maria_ d'Alençon était une des plus richement
décorées de la ville. On y voyait différents tombeaux de personnes de
distinction qui avaient désiré être inhumées dans ce monastère. Celui de
l'archevêque de Narbonne était le plus considérable. Il était en marbre
noir et blanc, où on lisait cette épitaphe:

            FRANCISCUS FOUCQUET,
      ARCHIEPISCOPUS ET PRIMAS NARBONENSIS,
       FRATRIS CASU AB ECCLESIA RELEGATUS,
         APOSTOLO PROPIOR QUAM EXULI,
                ABSENS SUIS,
   SEMINARIUM CLERI, NOSOCOMIUM, MISSIONES QUE
        FUNDAVIT LIBERALITER DE SUO,
              EXTERIS PRÆSENS,
    VIRTUTUM OMNIUM EXEMPLUM DE SE PRÆBUIT.
  TANDEM LONGO GREGIS SUI DESIDERIO CONFECTUS
              PASTOR OPTIMUS,
    XII KAL. NOVEMR. AN. SAL. CIƆ IƆ CLXIII,
                EXILII XII,
               HIC SITUS EST.
      VIXIT ANN. LXIII MENS. I DIES XXIII.

Ce tombeau, ainsi que tous ceux que renfermait ce monastère, a été
détruit pendant la Révolution. L'église elle-même a disparu, et l'on a
bâti sur ce terrain la maison Masson. En 1825, on découvrit, sur
l'emplacement du chœur, un cercueil en plomb et un anneau d'or émaillé
en blanc, dont le chaton renfermait une émeraude. On crut que c'était le
cercueil et l'anneau de l'archevêque de Narbonne[13].

[Note 13: L. de La Sicotière, note consignée dans les _Mémoires
historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs_, par Odolant
Desnos, deuxième édition, p. 147.]

Il existe, à ma connaissance, deux portraits de l'archevêque de
Narbonne. Parmi les portraits des membres de cette illustre famille que
possède le Département des Estampes, se trouve celui d'un prélat au
camail de moire, à figure pleine, ronde, noble et bonne, que l'on croit
être son image. L'épreuve de ce portrait, la seule que l'on connaisse,
est avant toutes lettres et sans nom d'auteur.

Le P. Lelong, dans sa _Bibliothèque historique de la France_ (t. IV,
Portraits) cite un portrait du même, gravé par Grégoire Haret.

       *       *       *       *       *

Les Jésuites d'Alençon, grâce à la libéralité de François Foucquet, ne
tardèrent pas à s'établir dans l'hôtel qu'il avait habité. Ils y
joignirent différents terrains voisins, au moyen de concessions ou
d'acquisitions, et leur collège devint ainsi un des plus beaux et des
mieux installés de la province.

Le 7 février 1674, Nicolas d'Argouges, marquis de Rasnes, leur donna,
par brevet daté de Saint-Germain-en-Laye, «permission de conserver, en
la maison de défunct Mgr l'archevesque de Narbonne, les mesmes
ouvertures et les mesmes veues sur le fossé et d'en jouyr, ainsi que du
jardin dressé par luy dans ledict fossé, en la manière qu'il en a
jouy.»[14]

[Note 14: Nicolas d'Argouges s'était démis dès 1673, suivant M. de
Courcilloles (_Chronologie historique des grands baillis d'Alençon_,
publiée dans la _Revue historique et nobiliaire_, t. VIII, 1872), des
fonctions de bailli et de gouverneur d'Alençon. Nommé lieutenant général
le 25 février 1677, il fut tué à l'affaire de Seckensen, le 13 juillet
1678 (Comte Gérard de Contades, _Rasnes, Histoire d'un château Normand_.
Paris, H. Champion, 1884, in-8° carré).]

Pour obtenir la confirmation de cette concession par l'intendant de la
généralité d'Alençon, qui était alors Michel Colbert, les Jésuites
présentèrent quelque temps après la requête suivante:

«Supplient humblement, etc., et vous remontrent que les habitans
d'Alençon leur auroient cy devant accordé un établissement dans lad.
ville d'Alençon et délivré une maison pour leur habitation, même
quelques autres bâtimens de peu de valeur, pour servir aux trois ou
quatre classes auxquelles les dits supplians s'estoient obligéz, par le
traité fait entre eux et les dits habitans. Et parce que les dits
bastimens n'étoient suffisans pour leur logement et les classes
destinées pour les écoliers, ils avoient été obligés de traiter avec le
sieur de Bellegarde d'une maison située dans la dite ville, joignante
les murailles d'icelle et habitée pour lors par Monseigneur
l'archevesqne de Narbonne, lequel avoit fait ouvrir la muraille en
quelques endroits pour y pratiquer une porte pour avoir communication,
par le moyen d'icelle, d'un herbage à eux appartenant, joignant les
dites murailles. Il auroit aussi fait faire quelque ouverture pour
pratiquer une croisée et, par le moyen d'icelle, une vue sur le dit
herbage, ce qu'il auroit fait du consentement et par la permission qui
lui avoit été accordée par Monsieur de Rasnes, cy devant gouverneur de
la ville et chasteau dudit Alençon.

«À ces causes..., mon dit sieur, le public ne recevant aucune
incommodité ni préjudice des dites ouvertures, il vous plaise autoriser
les dits supplians d'en jouir à l'avenir.»

Restait à régler la question des 7,000 livres avancées par l'archevêque
de Narbonne pour l'acquisition de cette maison. Il y fut pourvu par un
acte fait devant les notaires de Moulins, en date du 29 octobre 1674,
qui contient les stipulations suivantes:

«Dame Marie de Maupeou, veuve de messire François Foucquet, conseiller
d'État ordinaire, héritière par bénéfice d'inventaire de deffunct
messire François Foucquet, son fils, aussy conseiller d'Estat,
archevesque et primat de Narbonne, demeurante au dit Moulins, paroisse
d'Izeure, exécutant le dessein et la volonté que le dict sieur
archevesque a tousjours eu et continué jusques au jour de son déceds, de
son gré, a remis, quitté, cédé et transporté, dès maintenant et à
tousjours, aux révérends Pères Jésuites du collège d'Alençon, province
de Normandie, le révérend Père Claude, de la Mèche, recteur du collège
du dict Moulins, stipulant et acceptant, pour eux et leurs
successeurs...

«Sçavoir la somme de sept mille livres deue au dict deffunct seigneur
archevesque, par les dicts révérends Pères Jésuites du collège
d'Alençon, suivant le soussigné faict entre luy et les révérends Pères
Pierre d'Ozenne et Jean Davy, recteur et procureur du dict collège
d'Alençon, sous la date du 23 may 1672.

«Cette remise et cession ainsy faite par la dite dame de Maupeou,
gratuitement et sans aucune autre charge ni condition, sinon que
l'église du dict collège sera consacrée à l'Immaculée-Conception de la
sainte Vierge et qu'elle en portera le nom et le titre, par cy après.
Comme aussy que le révérend père général des Jésuites sera prié
d'ordonner qu'à l'offerte de la grande messe qui sera dite et célébrée
en l'église des Révérendes mères religieuses de Sainte-Claire,
annuellement, à chacun vingtième octobre dont il sera parlé cy après, il
soit fait un sermon par un des pères de la Compagnie sur le sujet des
peines du Purgatoire et sur l'obligation que les fidèles ont de prier
Dieu pour le repos des défunts; et que tous les mois, il sera dit une
messe dans ledit collège, par l'un des pères d'Alençon, pour le repos de
l'âme dudit seigneur archevesque, et de faire en sorte qu'a l'exécution
et entretenement de la dicte fondation, en la forme et manière que
dessus ne soit jamais contrevenu, pour quelque cause que ce soit, et que
le tout soit exécuté ponctuellement et de bonne foy.

«Voulant de plus la dite dame témoigner combien la mémoire et le repos
dudit seigneur archevesque, son fils luy sont chers, elle a encore donné
et donne, par les mesmes presentes, auxdits révérends Pères Jésuites du
collège d'Alençon, la somme de deux cent quarante livres, prise et
retirée par le dit révérend Père de la Mèche, stipulant et acceptant
pour eux et leurs successeurs, en vertu du mesme pouvoir, le fonds de
laquelle somme de deux cent quarante livres leur demeure en propre pour
en faire une rente annuelle et perpétuelle à raison de douze livres pour
chacun an, laquelle sera par eux payée annuellement, aux dites
religieuses, de Sainte-Claire ou autres ayant charge de faire la recepte
de leurs biens et revenus, sous leurs quittances, pour par les dites
religieuses faire dire et célébrer, par chacun an et à tousjours, dans
leur église, le vingtième du mois d'octobre, auquel jour arriva le
deceds dudit seigneur archevesque, un service des Morts, à son
intention, consistant aux Vigiles qui seront dites la veille dudit jour
et à une grande messe de Requiem, à diacre et sous-diacre, et en huit
messes basses qui seront aussi dites, dans la mesme église, pendant les
huit jours qui suivront ledit jour vingtième octobre de chacune année.
Lequel service et les dites messes qui seront dites pendant la dite
huitaine les dits révérends Pères Jésuites sont pareillement priéz de
vouloir tenir la main qu'elles soient dites et célébrées exactement, et
le tout exécuté suivant l'intention de la dite dame, se persuadant
qu'aucun de ses enfans prétendans droit en la succession dudit feu
seigneur archevesque n'apportera aucun empeschement à l'exécution de la
présente disposition, pour n'avoir esté faite du chef de la dite dame,
mais seulement pour exécuter la volonté du dit deffunt, qui a toujours
esté telle, ainsi qu'il l'a dit et déclaré à plusieurs personnes.»

La condition imposée par la donatrice aux Jésuites de dédier leur
nouvelle église à l'Immaculée Conception est remarquable. C'est en 1661
seulement, en effet, que le pape Alexandre VII, par sa bulle
_Sollicitudo omnium ecclesiarum_, permit de rendre un culte public à
l'Immaculée Conception. L'église du collège d'Alençon devait donc être,
dans la pensée de la pieuse mère de l'archevêque de Narbonne, une des
premières que la France eût consacrée à la glorification de ce dogme,
autorisé, mais non encore proclamé solennellement par le chef de
l'église universelle[1]. Malheureusement cet édifice ne fut terminé que
dans les premières années du XVIIIe siècle, et Louis XIV, par un
brevet du 14 mai 1700, ayant permis aux Pères de se servir des matériaux
de l'ancienne chapelle de Saint-Joseph, bâtie dans le Parc, par la
bienheureuse Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon, et d'en réunir
le titre à leur église, à la charge d'acquitter les fondations, ceux-ci
durent se soumettre aux conditions nouvelles imposées par le monarque,
et c'est ainsi que l'église de leur collège fut dédiée à saint Joseph.

Cette consécration eût paru d'autant plus convenable pour l'église du
collège d'Alençon, que depuis le XIe siècle la Conception de la
Sainte Vierge (8 septembre), est la «Fête aux Normands».

Caen, Imp. H. Delesques.





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