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Title: Histoire Médicale de l'Armée d'Orient - Volume 2
Author: Desgenettes, R. (René), 1762-1837
Language: French
As this book started as an ASCII text book there are no pictures available.


*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Histoire Médicale de l'Armée d'Orient - Volume 2" ***


generously made available by the Bibliothèque nationale
de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)



[Notes au lecteur de ce ficher digital: Les corrections de l'errata ont
été intégrées dans le texte. L'orthographe a été modernisée.]



                    HISTOIRE MÉDICALE

                       DE L'ARMÉE

                        D'ORIENT,


                           PAR


             LE MÉDECIN EN CHEF R. DESGENETTES.


                     SECONDE PARTIE.



     Cherchons à tirer des malheurs de la guerre quelque avantage pour
     le genre humain.

                              PRINGLE, _Maladies des armées._



                         À PARIS,

Chez CROULLEBOIS, libraire de la Société de médecine, rue des Mathurins,
nº 398,

Et chez BOSSANGE, MASSON, et BESSON, rue de Tournon.

                     An X.--M.DCCCII.



HISTOIRE MÉDICALE

DE L'ARMÉE

D'ORIENT.



THE FRENCH REVOLUTION RESEARCH COLLECTION

LES ARCHIVES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE



MAXWELL Headington Hill Hall, Oxford OX3 0BW, UK



ERRATA.

On est invité avant de lire cet ouvrage à faire les corrections
suivantes:


PREMIÈRE PARTIE.

Page 75, Lig. 17, _Au lieu de_ avec avantage sur des jeunes gens,
_lisez_ avec avantage des jeunes gens.

Page 139, Lig. 12, _Au lieu de_ officiers en chef, _lisez_ officiers
de santé en chef.

Page 170, Lig. 4, _Au lieu de_ sevices, _lisez_ services.

Page 174, Lig. 23, _Au lieu de_ eoutenant, _lisez_ soutenant.

Page 175, Lig. 19, _Au lieu de<_ fructidor fructidor, _lisez_
fructidor.

Page 220, Lig. 21, _Au lieu de_ 388, _lisez_ 380.


SECONDE PARTIE.

Page 6, Lig. 11, _Au lieu de_ allèguent, _lisez_ allègent.

Page 8, Lig. 3, _Au lieu de_ esimable, _lisez_ estimable.

Page 17, Lig. 4, _Au lieu de_ de Ménoufyéz, _lisez_ du Ménoufyèh.

Page 19, Lig. 24, _Au lieu de_ enchnatements, _lisez_ enchantements.

Page 90, Lig. 3, _Au lieu de_ révulsif, _lisez_ révulsifs.

Page 105, Lig. 1, _Au lieu de_ comprimées, _lisez_ comprimés.



TABLE DES MATIÈRES.


PREMIÈRE PARTIE.

_RAPPORT adressé au conseil de santé des armées, par le citoyen_
DESGENETTES.


SECONDE PARTIE.

_Lettre circulaire du citoyen_ DESGENETTES _aux médecins de l'armée
d'Orient sur la rédaction de la topographie physique et médicale de
l'Égypte._

_Notice sur l'ophtalmie régnante, par le citoyen_ BRUANT, _médecin
ordinaire de l'armée._

_Notice sur la topographie de Ménoùf, dans le Delta, par le citoyen_
CARRIÉ, _médecin ordinaire de l'armée._

_Observations sur les maladies, et en particulier la dysenterie, qui
ont régné en fructidor an VI dans l'armée d'Orient, par le citoyen_
BRUANT, _médecin ordinaire de l'armée._

_Notice sur l'emploi de l'huile dans la peste, par le citoyen_
DESGENETTES.

_Extrait des observations du citoyen_ CÉRÉSOLE, _médecin ordinaire de
l'armée, dans un voyage, sur la rive occidentale du Nil, du Kaire à
Syouth._

_Notes sur les maladies qui ont régné en frimaire an VII, recueillies
dans l'hôpital militaire du vieux Kaire, par le citoyen_ BARBÈS,
_médecin ordinaire de l'armée._

_Topographie physique et médicale du vieux Kaire, par le citoyen_
RENATI, _médecin ordinaire de l'armée._

_Essai sur la topographie physique et médicale de Damiette, suivi
d'observations sur les maladies qui ont régné dans cette place pendant
le premier semestre de l'an VII, par le citoyen_ SAVARESI, _médecin
ordinaire de l'armée._

_Description et traitement de l'ophtalmie d'Égypte, par le citoyen_
SAVARESI, _médecin ordinaire de l'armée._

_Notice sur la topographie physique et médicale de Ssalehhyéh, par le
citoyen_ SAVARESI, _médecin ordinaire de l'armée._

_Notice sur la topographie physique et médicale de Belbeys, par le
citoyen_ VAUTIER, _médecin ordinaire de l'armée._

_Notice sur la topographie physique et médicale de Rosette, par le
citoyen L._ FRANK, _médecin ordinaire de l'armée._

_Notes pour servir à la topographie physique et médicale d'Alexandrie,
par le citoyen_ SALZE, _médecin ordinaire de l'armée_.

_Observations météorologiques communiquées par le citoyen_ NOUET,
_membre de l'institut d'Égypte_.

_Observations sur la pesanteur de l'air, la direction des vents, et
l'état du ciel, communiquées par le citoyen_ COUTELLE, _membre de la
commission des arts_.

_Tables nécrologiques du Kaire, les années VII, VIII, et IX, publiées
par le citoyen_ DESGENETTES.

_Procès-verbal d'une réunion des officiers de santé, à Rosette, le 4
thermidor an IX_.



LETTRE CIRCULAIRE

du citoyen DESGENETTES

_Aux médecins de l'armée d'Orient_


                  Au quartier général du Kaire, le 25 thermidor an VI.

L'armée, citoyens, après plusieurs batailles, plusieurs combats, et
les marches les plus pénibles à travers les déserts, commence enfin à
goûter quelques moments de repos depuis son arrivée en Égypte. Sa
prodigieuse activité a comprimé jusqu'ici le germe des maladies qui
vont se développer, et du traitement desquelles il faut nous occuper.

La saison où nous sommes a, comme toutes les autres, sa constitution
propre et ses maladies; ce sont les diarrhées et la dysenterie que
nous avons le plus à redouter; l'ophtalmie, endémique en Égypte,
commence à s'y joindre avec une progression rapide.

Cette dernière maladie est quelquefois simple ou idiopathique; elle
rentre alors dans la classe des inflammations ordinaires et locales,
et elle se traite de même.

D'autres fois elle est concomitante ou symptomatique des diarrhées et
des dysenteries, et elle survient surtout dans le cas de suppression
de ces flux, qu'il faut alors rappeler par des minoratifs.

Peut-être aussi dans quelques circonstances l'ophtalmie
deviendra-t-elle une crise des diarrhées et de la dysenterie.

Au reste l'æthiologie des diverses espèces d'ophthalmies est simple;
elle s'explique par cet axiome de la théorie des fluxions: «partout où
il existe un point d'irritation, là les humeurs affluent.»

En m'entretenant avec vous, citoyens sur nos devoirs, et les moyens de
nous rendre le plus utiles possible à l'armée, je ne puis trop vous
recommander la lecture de Prosper Alpin (_De medicinâ AEgyptiorum_).>

Cet estimable ouvrage peut devenir pour chacun de nous le sujet d'un
beau travail; il consisterait à en faire des extraits, où, en mettant
de côté une diction trop verbeuse et des théories surannées, on
conserverait seulement tout ce qui tient à l'observation et aux grands
aperçus pratiques; ces extraits deviendraient en quelque sorte le
texte d'un commentaire où nous consignerions les choses intéressantes
que nous serons à même d'observer journellement.

Le même auteur a encore écrit un bel ouvrage (_Rerum AEgyptiarum Libri
IV_), qui renferme une foule de détails intéressants sur l'histoire
naturelle et civile, les moeurs, les arts, et qui pourrait devenir
l'objet d'un travail semblable à celui que je vous ai conseillé de
faire sur sa médecine.

Nos fonctions aux armées ne se bornent point à traiter les maladies;
nous devons constamment surveiller tout ce qui peut assurer la santé
des militaires; et nos devoirs sur ce point sont suffisamment
détaillés par les lois et les règlements qui en sont explicatifs.

Mais, pour appliquer convenablement les principes de l'hygiène, et
pour trouver des médicaments efficaces dans un pays nouveau pour nous,
il est indispensable d'en rédiger soigneusement la topographie. C'est
ce qui m'engage à vous offrir ici un plan uniforme qui vous sera utile
pour classer vos observations: vous reconnaîtrez facilement qu'aux
localités près, ce plan est emprunté de celui que des mains plus
habiles tracèrent pour étudier la France physique et médicale.

1°. Indiquer la nature du sol du pays qu'on veut faire connaître.

2°. La longitude et la latitude, l'exposition en général.

3°. Quels sont les vents dominants.

4°. Quelles sont les principales qualités physiques des eaux du Nil,
des puits, et des citernes; leur influence sur la végétation, et sur
la santé des hommes et des animaux.

5°. Quels sont les arbres, les arbustes, et les autres plantes,
particulièrement potagères, ou médicinales qui croissent dans les
lieux décrits.

6°. Quels sont les grains que l'on cultive; comment les cultive-t-on;
quelles sont leurs maladies.

7°. Examiner soigneusement et indiquer les nombreuses substances
médicamenteuses que le commerce de l'Asie verse dans l'Afrique, et en
particulier dans l'Égypte.

8°. Quels sont les animaux de toutes les classes qui sont particuliers
à l'Égypte et étrangers à l'Europe; réunir le plus de notions
possibles sur les maladies de ceux des animaux domestiques qui
allègent et partagent les travaux de l'homme.

9°. Enfin faire connaître le tempérament général des habitants, leurs
aliments, leurs boissons, leurs vêtements, la construction de leurs
maisons, leurs occupations, leurs habitudes, et leurs moeurs; les
maladies les plus ordinaires aux enfants, aux hommes, aux filles et
aux femmes; leurs méthodes habituelles de traitement; à quelle époque
finit et commence la menstruation; la fécondité est-elle considérable?
quel est le terme ordinaire de la vie?

L'Égypte passe pour avoir été le berceau de la médecine comme celui du
reste des connaissances humaines; mais, il faut l'avouer, l'histoire
de l'origine de notre art est assez incertaine, et toujours obscure.
Chez les Égyptiens elle est environnée d'une foule de superstitions
ridicules, et la raison ne peut s'arrêter que sur l'établissement des
corporations de médecins dont les règlements assez connus supposent
un corps de doctrine qui avait dû être sanctionné par des succès. Mais
l'époque à laquelle on a pu avoir en Égypte des connaissances étendues
en médecine est celle où, après l'incendie de la bibliothèque
d'Alexandrie, les khalyfes rallumèrent à Antioche, à Hharrân, à
Baghdâd, le flambeau des lettres, en leur accordant une protection
signalée. Hhonaïn traduisit alors en arabe les versions syriaques des
médecins grecs; et c'est en marchant depuis sur ses traces, que, dans
des temps postérieurs et en d'autres lieux, Rhazès, Aboul-Kasis,
Avicenne, A'ly-A'bbâs, Mesuéh, Aven-Zoar, et Averroès, tous médecins
arabes, consacrèrent la même doctrine dans de nombreux écrits qui sont
encore révérés de l'Orient. Une grande connaissance de leurs modèles,
et le progrès des lumières ne permettent plus de placer ces écrivains
parmi nos législateurs; mais nous leur avons l'obligation d'avoir
conservé la médecine des Grecs: et c'est en cela que consiste leur
vraie gloire, quoiqu'ils aient aussi celle d'avoir perfectionné la
chirurgie, et créé en quelque sorte la pharmacie par l'application de
la chimie qu'ils cultivèrent avec succès. On ne leur fera plus un
mérite, à la fin du dix-huitième siècle, d'avoir introduit une foule
de médicaments dont le luxe est encore plus dangereux qu'il n'est
vain.

Il doit exister, et j'ai déjà entrevu en Égypte des traces de cette
ancienne science. Étudiez donc soigneusement la pratique du pays,
quelque peu estimable que cet empirisme puisse vous paraître d'abord:
il faut le connaître pour avoir droit de le juger. Soyons aussi bien
convaincus que, dans un climat nouveau, et même partout, les moins
instruits peuvent nous apprendre des choses utiles.

Notre profession vous fournira d'ailleurs, citoyens, de fréquentes
occasions d'observer qui ne se présentent point aux autres hommes. Les
Orientaux, malgré leurs préjugés, ont toujours témoigné aux médecins
de l'Europe une grande confiance; c'est ce qui a souvent engagé des
voyageurs étrangers à notre art, mais dont l'esprit était cultivé par
les sciences, à se servir près d'eux de ce titre comme d'une utile
recommandation. Les services que vous leurs rendrez seront beaucoup
plus marquants; ils vous procureront sûrement en échange les
renseignements que nous sommes avides de recueillir: car il faut
croire, pour l'honneur du coeur humain, que les bienfaits excitent
quelquefois la reconnaissance.

  _Le médecin en chef de l'armée_,

                                   R. DESGENETTES.



NOTICE

_Sur l'ophtalmie régnante_,

Par le citoyen BRUANT, médecin ordinaire de l'armée.


                 Au quartier-général du Kaire, le 15 fructidor an VI.

Tous les voyageurs médecins qui ont écrit sur l'Égypte ont parlé de
l'ophtalmie d'une manière vague et incomplète: cependant cette
maladie, toujours incommode a souvent des suites fâcheuses, et la
plupart des cécités si fréquentes en Égypte ne reconnaissent pas
d'autre cause.

Dans l'ophtalmie qui afflige actuellement l'armée nous n'avons pu
puiser dans aucune source des connaissances capables de régler notre
conduite. L'état actuel du malade, les circonstances antécédentes,
quelquefois même seulement les indications (_a juvantibus et
loedentibus_) ont jusqu'ici déterminé le traitement que nous avons
employé.

La plupart des malades attaqués d'ophtalmie nous viennent des postes
avancés et des camps; tous ont été plus ou moins exposés à l'action
réunie de la chaleur et d'une trop grande clarté, qu'on peut regarder
ici comme une des principales causes de cette maladie. À celle-ci
viennent s'en joindre d'autres non moins puissantes, parmi lesquelles
on doit principalement ranger, d'après Prosper Alpin, cette poussière
brûlante, nitreuse, que le vent soulève sans cesse dans l'atmosphère.
Toutes ces causes agissent en établissant vers le globe de l'oeil un
centre d'irritation, et par conséquent de fluxion. Comme leur action
n'éprouve guère d'interruption, la maladie qui en est le résultat
règne dans tous les temps de l'année, et principalement pendant les
trois mois qui précèdent le débordement du Nil, époque où les travaux
de la campagne occupent davantage le peuple, et l'exposent plus
directement à l'influence des causes dont j'ai déjà parlé. Voilà
pourquoi l'ophtalmie est maintenant assez rare parmi les habitants du
pays, tandis qu'elle attaque un grand nombre de nos militaires qui
soutiennent des marches pénibles, ou qui vivent dans des camps plus ou
moins désavantageusement placés.

Le plus grand nombre des ophtalmies que nous avons à traiter tient à
des causes locales de ce genre: il en est pourtant qui en
reconnaissent de plus générales, et, par exemple, nous en avons
observé qui dépendaient bien évidemment d'un amas de saburres
bilieuses dans les premières voies. Cette espèce n'est pas toujours
facile à reconnaître; souvent les signes qui indiquent la gastricité
sont très obscurs, et ne se développent librement qu'après
l'application du premier émétique: ce qui la distingue néanmoins d'une
manière assez sûre, c'est un mal de tête plus ou moins vague, une soif
plus ou moins prononcée, la teinte jaunâtre de la langue et de la
partie enflammée.

Enfin, parmi les ophtalmies qui se sont présentées à nous, il en est
une troisième espèce qui ne peut pas se ranger dans les deux premières
classes: celle-ci attaque surtout les personnes délicates, celles qui
sont affaiblies par de longues maladies, les convalescents, qu'elle
retient souvent très longtemps dans nos hôpitaux; dans cette espèce
les symptômes inflammatoires sont peu prononcés, l'engorgement est
presque nul; mais on y remarque beaucoup de phénomènes nerveux; tel
est un spasme violent de la paupière, du globe de l'oeil, et de ses
annexes, qui cause la sécrétion et l'excrétion d'une quantité
considérable de larmes; l'oeil est très impressionnable à la lumière,
et les paupières sont fortement rapprochées l'une contre l'autre.

Ces différences, comme on le sent, modifient beaucoup le diagnostic de
cette maladie; cependant, en général, elle survient tout-à-coup et
dans l'état de la plus parfaite santé; elle commence par une douleur
vive à l'oeil, accompagnée de larmoiements; le malade supporte
difficilement la lumière; bientôt après les vaisseaux qui tapissent
la conjonctive s'engorgent, et rendent les mouvements de la paupière
sur l'oeil difficiles et douloureux: la maladie faisant des progrès,
la conjonctive se boursoufle; elle s'élève au-dessus de la cornée
transparente, qui paraît comme dans une espèce d'enfoncement: les deux
paupières ne tardent pas à participer au gonflement et à
l'inflammation, et leurs mouvements sont interrompus. Enfin les
symptômes diminuent peu à peu d'intensité, le gonflement de la
paupière se dissipe, et l'oeil s'ouvre: il paraît alors recouvert
d'une matière blanchâtre, parfaitement semblable au pus, qui se
ramasse continuellement vers le grand angle, surtout pendant la nuit,
ce qui fait que le matin les yeux ne s'ouvrent qu'avec difficulté; peu
à peu l'oeil prend une teinte pourprée, et revient à sa couleur
naturelle.

Dans le fort de la maladie le malade éprouve souvent dans toute la
tête des douleurs violentes qui quelquefois se bornent à l'arcade
sourcilière. Le pouls est un peu élevé, l'oeil est toujours d'une
sensibilité plus ou moins grande; les rayons du soleil font sur lui
une impression douloureuse, et la faculté de voir est augmentée, comme
il arrive dans la plupart des états pathologiques de cet organe qui
tiennent à une irritation vive: mais vers le déclin le malade ne voit
les objets que d'une manière confuse et comme à travers un nuage; il
éprouve en outre plusieurs des symptômes qui accompagnent l'amaurosis
commençant.

La durée de l'ophtalmie varie depuis huit jusqu'à trente jours, et
même plus; ce qui dépend des complications qu'elle subit, et des
accidents qui peuvent en être la suite. Les plus ordinaires sont la
faiblesse et le trouble de la vue, et quelquefois de petits ulcères
sur toute l'étendue de la cornée opaque.

L'objet peut-être le plus important dans l'étude de cette maladie
serait la recherche des moyens capables de la prévenir; mais il est
presque impossible de soustraire le corps à l'action des causes
extérieures sous l'influence desquelles il est obligé de vivre
continuellement; on peut seulement en modérer l'impression d'une
manière avantageuse. Quels que soient les moyens qu'on propose pour
remplir cet objet, il importe que le soldat soit tenu de les mettre en
usage d'après un ordre exprès; et pour cela il faut que ces moyens
soient simples, faciles, et tellement liés avec son service, qu'il ne
lui soit pas possible d'en négliger ou d'en oublier l'emploi. Parmi
les remèdes prophylactiques utiles on peut ranger les lotions
fréquentes faites avec l'eau froide: j'en ai obtenu les plus heureux
effets dans l'ophtalmie commençante; et je ne doute pas qu'elles ne
réussissent à plus forte raison pour prévenir cette maladie. La
facilité dans l'exécution que ce moyen présente doit le faire
préférer à la plupart des autres, à qui d'ailleurs il ne cède en rien
par son efficacité.

La maladie dont nous parlons se guérit assez souvent par les seules
forces de la nature et sans le secours de l'art; on peut même dire
avec vérité que rien ne s'oppose plus à sa guérison que le trop grand
nombre de remèdes, principalement d'applications externes. Quelques
malades ont été soulagés par une éruption survenue vers les tempes;
d'autres, et c'est le plus grand nombre, par un léger flux
diarrhoïque: c'est pour me conformer à ces vues de la nature, que je
tâche d'entretenir la liberté du ventre pendant tout le cours de la
maladie, en administrant quelques tisanes laxatives, par exemple celle
de tamarins, ou autre semblable.

Le traitement a varié suivant les différentes espèces d'ophtalmies que
nous avons observées: je vais le tracer en peu de mots. Lorsque la
maladie est locale et que l'inflammation n'est qu'imminente, nous
employons avec succès les lotions froides dont j'ai parlé, et les
révulsifs de toute espèce. La saignée générale devrait être sous ce
rapport de la plus grande utilité; mais le caractère bilieux prononcé
de la plupart des maladies qui se présentent à nous nous empêche de la
mettre en usage: elle est d'ailleurs fortement contre-indiquée chez
nos militaires affaiblis par les travaux d'une longue guerre.

Les saignées locales, que nous n'avons pu administrer jusqu'ici,
pourraient l'être d'une manière plus sûre et non moins avantageuse; du
moins avons-nous en notre faveur l'exemple des habitants du pays qui
les pratiquent avec succès au grand angle de l'oeil: dans cette
maladie elles modéreraient du moins la violence des symptômes, lorsque
l'inflammation est pleinement établie, et qu'elle doit nécessairement
parcourir toutes ses périodes. Jusqu'ici nous nous sommes bornés à
éloigner de l'oeil toutes causes irritantes, et surtout la lumière.
Lorsque les douleurs sont très vives, nous appliquons quelques
substances émollientes, mais avec ménagement, parce que le relâchement
qu'elles introduisent rend l'engorgement très opiniâtre, et retarde
beaucoup la guérison. L'application d'un vésicatoire derrière la nuque
est d'ailleurs plus avantageuse dans ce cas, surtout lorsque la
douleur n'est pas bornée à l'oeil, et qu'elle occupe la plus grande
partie de la tête. Dès que l'inflammation commence à diminuer
d'intensité, nous en venons à l'usage des collyres résolutifs que nous
rendons de plus en plus forts, et avec lesquels nous achevons la cure.

Lorsqu'on a reconnu par les signes ordinaires que l'ophtalmie est
gastrique, il faut en venir le plus tôt possible aux évacuants. J'ai
déjà observé que le premier émétique n'avait souvent d'autre effet
que de rendre la gastricité plus manifeste: il est donc nécessaire,
pour obtenir le succès qu'on en attend, d'en administrer un second;
souvent même on est obligé d'évacuer par le bas; et alors je fais
ajouter avec avantage aux purgatifs que je prescris quelques grains de
jalap. Cette observation se renouvelle chaque jour dans les maladies
gastriques avec affection d'un organe particulier; elles exigent les
évacuants les plus énergiques, à moins que la nature de l'organe ne
les contre-indique. Dans l'ophtalmie dont il est ici question la
gastricité n'est quelquefois qu'un symptôme qui complique la maladie
principale, et celle-ci suit son cours ordinaire après la destruction
de la première: on doit alors employer le traitement indiqué plus
haut.

Dans la troisième espèce d'ophtalmie que j'ai décrite, à l'usage des
fortifiants à l'intérieur je mêle celui des antispasmodiques externes:
je n'en ai pas employé de plus puissants que les vésicatoires, qui
doivent donc jouer dans ce cas le principal rôle, tandis que dans
l'ophtalmie, essentiellement inflammatoire, leur utilité n'est
qu'indirecte. Leur succès est plus complet lorsqu'on les applique
derrière les deux oreilles: c'est aussi cet endroit que choisissent
les Égyptiens lorsqu'ils ont recours au feu dans les ophtalmies
anciennes et les autres maux d'yeux invétérés.



NOTICE.

_Sur la topographie de Ménoùf, dans le Delta._

Par le citoyen CARRIÉ, médecin ordinaire de l'armée.


Ménoùf, capitale de Ménoùfyéz, est situé sur le bord d'un canal
autrefois navigable, mais qui a cessé de l'être, parce que l'on a été
obligé de faire une forte digue à trois lieues de distance de cette
ville, pour retenir les eaux qui s'y jetaient en trop grande
abondance, et qui nuisaient par là à l'arrosement des terres sur la
branche de Damiette. Ce canal baigne les murs de Ménoùf du midi à
l'ouest.

Ménoùf est mal bâti: on n'y voit que de très petites maisons: les rues
sont mal percées, comme dans toute l'Égypte; il y a comparativement
peu de ruines.

Autour des murs de la ville, il y a en quelque sorte une autre
enceinte de monticules formés de débris et de terres transportées, et
qui limitent tellement la vue, qu'à l'est et à l'ouest on n'aperçoit
rien au-delà avant de les avoir dépassés.

En arrivant par la porte du Midi, on trouve un canal où l'eau
croupit, et qui n'est distant de celui dont j'ai parlé ci-dessus que
de deux ou trois toises; cet intervalle sert de chemin pour se rendre
dans la plaine. Vient ensuite un santon situé sur une élévation au bas
de laquelle, et tout près du grand canal, il y a une vieille mosquée.
À la droite de ladite porte, en gagnant l'est, il y a plusieurs
bassins destinés à faire rouir le lin, et dont le voisinage est aussi
désagréable qu'il est peu sûr.

Au sud-quart-est, est un cimetière, et à sa droite des bassins
destinés à l'usage ci-dessus énoncé. À l'est on trouve encore de
semblables bassins totalement dégradés et abandonnés, et remplis en
partie d'eau stagnante.

Le nord n'offre rien de remarquable; on y aperçoit seulement, à côté
d'un mauvais puits un petit bois de palmiers, qui paraît par sa
position avoir fait partie d'un jardin dont les autres arbres ont
disparu depuis notre arrivée, pour servir de combustible.

Le long de l'ouest à quelque distance de la ville, coule le canal de
Ménoùf, qui s'en écarte toujours à mesure qu'il se rapproche du nord:
on y remarque encore un cimetière et les ruines d'une vieille mosquée
qui renferme dans son enceinte des santons épars, environnés de
quelques arbres.

Au sud-quart-ouest, est un autre bois de palmiers; il a aussi quelques
santons.

On ne voit point de jardins dans Ménoùf et aux environs, tandis qu'il
y en a dans tous les villages circonvoisins: ainsi tous les fruits qui
s'y vendent, excepté les dattes et quelques herbes potagères, viennent
de l'extérieur.

Les grains qui se récoltent dans la campagne voisine sont le froment,
l'orge, le maïs, qu'ils nomment _dourah_, les fèves, les lentilles, et
les lupins: je n'en ai point observé d'autres. Le maïs, qui est la
seule récolte que j'y aie vue, vient dans l'espace de soixante-dix à
quatre-vingt jours.

On y sème des pastèques, des concombres et des melons, mais en petite
quantité.

Les animaux qui servent à la culture sont les boeufs, les buffles, les
chameaux, les chevaux, et les ânes. Les chevaux sont les moins
employés à cet usage.

Ménoùf est environné d'eau pendant l'inondation du Nil; mais elle y
séjourne peu de temps, si ce n'est dans les lieux que j'ai indiqués.
C'est sans doute pour cela que cette ville est assez saine, surtout
dans la partie du nord. Il faut aussi remarquer qu'elle se trouve à
l'abri des vents méridionaux, et qu'elle est rafraîchie par ceux du
nord et du nord-ouest.

La population n'est que de quatre à cinq mille habitants, quoiqu'on la
porte communément à plus du double.

Les maladies régnantes sont en général les mêmes que celles qui
affligent le reste de l'Égypte. La peste, suivant ce que m'ont
rapporté plusieurs habitants, n'exerce pas de grands ravages; elle
enlève peu de monde, et on ne compta que quarante morts l'année
dernière: souvent le nombre est moins considérable.

Les moeurs, les usages, la manière de vivre des habitants de Ménoùf,
ne m'ont présenté aucunes particularités, ou bien je n'ai pas été à
même de les observer.

L'eau du Nil est la boisson ordinaire.

Les hommes qui cultivent la terre sont secs et robustes, les hommes
qui exercent des métiers sédentaires, les tisserands surtout, qui sont
très nombreux, sont gras. On fait, mal à propos, dans ces contrées,
beaucoup de cas de l'embonpoint même excessif.

Les enfants, jusqu'à l'âge de cinq à six ans, sont maigres et
languissants; ils ont le teint pâle ou jaunâtre, la figure quelquefois
bouffie, le ventre tuméfié; ce qui provient de l'engorgement des
glandes mésentériques. On doit attribuer cet état à la nourriture
indigeste que les mères leur donnent pendant leur allaitement, et
après qu'elles les ont sevrés. Ce mauvais régime est une des causes
remarquables de la grande mortalité des enfants, qui serait vraiment
effrayante, et menacerait d'affaiblissement et d'extinction la
population entière, sans l'extrême fécondité des mères, d'où il
résulte une balance encore prépondérante en faveur de la vie. Ceux qui
répandraient en Égypte des principes sages sur l'éducation physique
des enfants, et qui parviendraient à pouvoir les faire adopter et
réduire en pratique, rendraient un grand service à l'espèce humaine.

Je ne parlerai point de la constitution physique et morale des femmes
et des filles: ce sont les êtres qu'on peut et que l'on permet le
moins d'observer dans ce pays.



OBSERVATIONS

_Sur les maladies, et en particulier la Dysenterie, qui ont régné en
fructidor an 6 dans l'armée d'Orient, par le citoyen BRUANT, médecin
ordinaire de l'armée._


                  Au quartier-général du Kaire, le 9 vendémiaire an 7.

La température de fructidor a été très uniforme, chaude et sèche
pendant le jour, humide et fraîche pendant la nuit, il s'élevait à
midi un vent frais, qui modérait un peu la chaleur du jour; ce vent
augmentait insensiblement aux approches de la nuit, diminuait vers le
matin, et cessait entièrement sur les dix heures, époque de la
journée la plus insupportable. La chaleur ne s'est guère élevée
au-delà du vingt-huitième degré du thermomètre de Réaumur, et elle est
descendue au-dessous du vingtième: des brouillards obscurcissaient
quelquefois le soleil à son lever, mais ils se dissipaient bientôt
après.

Les maladies du mois précédent étaient les ophtalmies, les diarrhées,
et la dysenterie: cette dernière a paru plutôt qu'elle n'a coutume de
le faire en Europe; elle a continué durant la plus grande partie de
fructidor, et ce n'est que vers la fin de ce mois qu'elle a commencé à
faire place aux fièvres rémittentes et intermittentes d'automne: ainsi
les maladies de cette saison se sont en général montrées de très bonne
heure.

La dysenterie étant la maladie qui a le plus fixé notre attention par
la rapidité de ses progrès, c'est sur elle que doivent rouler
principalement ces observations.

Cette maladie, sans produire de grands ravages, a pourtant régné dans
la plupart des corps armés. La division qui nous a fourni le plus de
malades est celle qui, sous les ordres du général Dugua, était aux
environs de Manssourah, et qui a beaucoup souffert des intempéries du
climat, et de la saison. Elle a poursuivi l'ennemi jusqu'à l'entrée du
désert, et, dans les marches forcées qu'elle a faites sur un sol
brûlant, elle a souvent manqué des choses nécessaires à la vie:
obligée ensuite de revenir sur ses pas, et de traverser des lieux déjà
inondés par le Nil, elle a été exposée fréquemment à l'action de la
chaleur et de l'humidité, que l'on regarde avec raison comme l'une des
principales causes éloignées de la dysenterie.

Les militaires qui ont été casernés de bonne heure se sont peu
ressentis de la maladie régnante; elle n'a guère attaqué que ceux qui
se sont exposés sans précaution à l'humidité de l'air pendant la nuit,
ou à d'autres causes capables de supprimer la transpiration: les mêmes
causes l'ont produite chez des convalescents de fièvres
intermittentes. Ces deux maladies se succédaient néanmoins quelquefois
chez le même individu sans cause apparente.

La dysenterie n'a pas été maligne et contagieuse dans l'hôpital n° 1
du Kaire, établi dans la vaste et belle maison d'Ibrahim-bey, sur la
place Berket-êl-Fyl, dont j'ai partagé le service avec mes collègues
Garros, Barbès, et Claris, quoique cet établissement eût été longtemps
encombré de malades privés de beaucoup de choses utiles dans leur
situation.

La maladie dont nous parlons était ordinairement accompagnée d'une
fièvre gastrique, bilieuse, qui reparaissait sous toutes les formes
dans les diverses affections que l'on remarquait dans le même temps.
La dysenterie, sur le rapport des malades, était ordinairement
précédée d'une diarrhée légère; quelquefois elle s'annonçait par un
frisson suivi de chaleur, et, à l'époque où la sueur doit paraître,
cette excrétion était remplacée par des selles abondantes. Le malade
ne tardait pas à éprouver des tranchées plus ou moins vives, et le
jour suivant, lorsqu'il se présentait à la selle, il rendait avec
douleur une petite quantité de matières, tantôt visqueuses, tantôt
aqueuses; mais comme elles étaient rarement sanguinolentes dès le
premier abord, il restait dans l'inaction, et ne cherchait du
soulagement que lorsque le sang paraissait dans les excrétions
alvines. Outre ce symptôme, pour l'ordinaire très opiniâtre, le malade
se plaignait encore d'une douleur plus ou moins vive, selon que son
siège était plus ou moins bas. Cette douleur, sans occuper la même
place chez tous les individus, était néanmoins presque toujours fixée
à une partie du colon. Les selles, toujours fréquentes et peu
abondantes, ne soulageaient point; sujettes à présenter des variations
infinies dans leur couleur et dans leur consistance, le plus souvent
elles ne se moulaient qu'après la guérison parfaite. Lorsque le malade
entrait dans l'hôpital, il était plus ou moins affaibli; la peau était
aride, le pouls ordinairement petit et débile, la respiration
quelquefois gênée, et la bouche constamment mauvaise: nul appétit; un
sédiment jaunâtre couvrait la langue, et semblait en quelque sorte se
séparer de cet organe lorsque la turgescence était prononcée. Tous ces
symptômes diminuaient d'intensité après les premières évacuations;
mais la faiblesse persistait le plus souvent, même après la
disparition des phénomènes caractéristiques de la maladie, et rendait
les rechutes très fréquentes par le désordre qu'elle apportait dans
l'exercice des fonctions, et surtout de la digestion.

Tels sont à peu près les principaux symptômes qui se présentaient dans
le cours de cette maladie, avec différents degrés d'intensité dans ses
diverses périodes. Sa durée était très incertaine, et dépendait d'une
infinité de circonstances inutiles à détailler. Lorsqu'elle était
traitée à temps, elle guérissait beaucoup plus promptement; la
négligence des moyens curatifs amenait un état de langueur, dans
lequel il était peu permis de compter sur les mouvements critiques:
aussi les crises qui en étaient le résultat ne produisaient presque
jamais la solution complète de la maladie; il fallait des crises
répétées à des intervalles plus ou moins éloignés, et dirigées, tantôt
vers le même organe, tantôt vers un organe différent. L'ophtalmie
apportait toujours un soulagement marqué, lorsqu'elle survenait dans
les dysenteries de long cours: les douleurs des yeux, et celles du
bas-ventre, se remplaçaient mutuellement; mais les dernières
reparaissaient pour l'ordinaire après la cessation des premières, à
moins que l'on ne parvînt à seconder avantageusement ces mouvements
salutaires; et les moyens les plus efficaces pour cela étaient, comme
dans toutes les maladies bilieuses, ceux qui favorisent l'excrétion
cutanée. Au défaut des sueurs, les urines pouvaient devenir critiques;
et je n'ai jamais vu leur évacuation augmenter sans qu'elle n'apportât
un changement heureux dans l'état du malade: mais cette crise n'était
ni plus sûre ni plus complète que les autres.

Les signes d'une terminaison heureuse et prompte étaient la
disparition, ou au moins une diminution notable des principaux
symptômes, après l'application des premiers remèdes. Les symptômes qui
dépendent de la gastricité cédaient ordinairement les premiers; le
malade reprenait peu à peu l'appétit et les forces; les selles
devenaient rares, mais abondantes; et ce signe, joint à la cessation
des douleurs du bas-ventre, annonçait une santé prochaine. En effet,
le malade, n'étant plus fatigué par ces étreintes continuelles, par
ces envies fréquentes et inutiles d'aller à la selle, passait les
nuits dans le repos, et se réparait de jour en jour: l'action seule
des intestins suffisait pour expulser les restes impurs qui altéraient
encore la consistance et la couleur des matières rendues par les
selles.

Lorsqu'après les premières évacuations on n'apercevait aucun
changement dans l'état du malade, on devait augurer que la maladie
serait longue: alors quelle série de chances on avait à courir! que
d'obstacles à surmonter! que d'incommodités à éprouver pour parvenir à
la guérison! D'ailleurs, cette maladie, sans être bien dangereuse par
elle-même, pouvait le devenir à raison de cet affaiblissement général,
qui augmentait quelquefois dans une progression rapide, et laissait le
corps ouvert à toutes les impressions. Les intestins, après des
efforts trop longtemps continués, perdaient enfin leur ton naturel; le
mucus qui les revêt d'ordinaire n'existait plus, et la membrane
veloutée, altérée en différents endroits, les exposait sans défense à
l'action d'une cause irritante qui n'était pas encore détruite. Alors
se manifestaient, quoiqu'heureusement les exemples en aient été fort
rares, tous les signes d'une inflammation gangréneuse, et avec eux une
série de phénomènes alarmants, dont la réunion faisait toujours
désespérer du salut du malade. L'abattement et la maigreur devenaient
extrêmes; la peau était sèche et rude, le pouls petit, quoiqu'un peu
dur, la voix grêle et coupée; la langue était aride et raboteuse; de
profonds sillons régnaient dans toute son étendue, et quelquefois elle
adhérait aux parties voisines. À tous ces symptômes venaient se
joindre une soif inextinguible, des ardeurs d'entrailles, un ténesme
violent, des selles écumeuses et fluides; et l'on pouvait prédire une
mort prochaine lorsque le malade était pris d'un léger délire, que le
pouls devenait intermittent, qu'il survenait des aphtes dans
l'intérieur de la bouche, et surtout lorsque le ventre s'affaissait,
que les excrétions alvines sortaient involontairement, et rendaient
une odeur cadavéreuse. J'ai vu tous ces symptômes se présenter pendant
ce mois chez deux hommes, dont la maladie fut mortelle; l'un d'eux fut
de plus attaqué, deux jours avant de mourir, d'un hoquet convulsif, et
rendit par le vomissement un nombre assez considérable de vers.

Ce petit nombre de cas excepté, le pronostic de la dysenterie n'était
pas pour l'ordinaire fâcheux; aussi elle a fait peu de ravages. On
peut l'attribuer à plusieurs causes; une des principales est cette
diarrhée salutaire qui, dans le principe, régnait en même temps que la
dysenterie. Au premier coup d'oeil on serait porté à croire que la
diarrhée pouvait elle-même produire la dysenterie, parce qu'en effet
on la voyait survenir souvent quelques jours avant son apparition;
mais elle pouvait tout au plus en devenir la cause occasionnelle, et
le plus souvent au contraire elle la prévenait. Parmi les
circonstances heureuses qui ont contribué à diminuer le danger de la
dysenterie, on ne doit pas oublier l'impuissance dans laquelle se
trouvaient en général les malades d'abuser des spiritueux. Les
auteurs sont remplis d'observations sur les funestes effets de ces
boissons, et nous en avons nous-mêmes tous les jours des exemples. Mon
collègue et ami Carrié me rapportait encore dernièrement que deux
hommes robustes étaient morts sous ses yeux le troisième jour d'une
dysenterie bénigne, pour s'être gorgés d'eau-de-vie.

Dans toutes les maladies, l'indication principale à remplir est de
combattre la cause matérielle à laquelle elle doit son existence. La
dysenterie dont je viens de parler était, ainsi qu'on l'a vu,
entretenue par un état gastrique; et comme cet état se montrait
constamment, quoiqu'avec des modifications, à différentes époques, on
ne pouvait en aucun temps se dispenser d'employer les moyens propres à
évacuer les premières voies: seulement on devait apporter quelque
attention dans le choix de ces remèdes. Il n'était pas indifférent
d'employer dans le commencement les vomitifs ou les purgatifs: ces
derniers rendaient toujours la maladie longue, et difficile à guérir,
lorsque l'on n'avait pas soin de faire précéder l'usage des premiers.
L'ipécacuanha administré seul était alors suivi du plus heureux
succès: vers le milieu de la maladie, il fallait lui joindre quelque
substance capable de mener par le bas; et sur la fin les purgatifs
suffisaient quelquefois pour compléter la guérison, surtout lorsque le
malade était entré à l'hôpital peu de jours après l'invasion de la
maladie. La nature nous a elle-même indiqué cette marche en dirigeant
suivant ses fins des remèdes opposés, à tel point que j'ai vu nombre
de fois les vomitifs ne produire que des selles, lorsque la saison
était avancée.

Les variations étonnantes que l'on remarquait dans l'action des
évacuants venaient en partie du lieu où la maladie avait son siège:
comme dans le plus grand nombre de cas elle attaquait en même temps
l'estomac et les intestins, je vais rappeler en peu de mots le
traitement que j'employais alors.

Le jour de son arrivée à l'hôpital, le malade prenait un vomitif, pour
peu que la turgescence fût marquée. Je ne m'inquiétais pas du temps
qui s'était écoulé depuis l'invasion de la maladie, et j'ai donné des
vomitifs avec avantage au dix-huitième ou vingtième jour après
l'invasion: il suffisait que la faiblesse ne fût pas considérable;
encore ai-je eu lieu de me convaincre que l'on ne devait pas se
laisser arrêter par cette contre-indication, et que ce remède, loin
d'abattre les forces, les relevait au contraire. Lorsque l'effet du
premier vomitif n'était pas complet, j'en ai administré un second; et
quoique je fusse convaincu que les remèdes héroïques ne doivent être
administrés qu'avec la plus grande réserve, je ne craignais pas les
suites de l'affaiblissement général qu'ils produisent. Le lendemain,
je purgeais le malade, et je mesurais les effets de cette médecine sur
le soulagement qu'elle procurait. Rarement mes espérances étaient
trompées: non seulement tous les symptômes de gastricité
disparaissaient, mais encore les douleurs du bas-ventre diminuaient
notablement. Après un jour de repos, pendant lequel le malade était à
l'usage d'une tisane délayante, je prescrivais un minoratif, composé
avec la rhubarbe et le tartrite acidule de potasse, ou bien avec le
sulfate de magnésie, qui, répété deux ou trois fois, terminait la
maladie: pour l'accélérer encore, je faisais prendre quelque léger
tonique; celui qui m'a le mieux réussi est l'ipécacuanha administré
seul comme altérant, ou combiné avec la rhubarbe.

Lorsque, malgré ce traitement simple, que je variais de mille
manières, et que je répétais quelquefois en entier, suivant l'exigence
des cas, les principaux symptômes de la dysenterie persistaient, il
fallait en venir à l'usage des opiates. Si je les ai souvent trouvés
fort au-dessous de mes espérances, je dois avancer aussi qu'ils ont
rendu des services dans les anciennes dysenteries, réduites à l'état
nerveux. Je ne tardai pas cependant à m'apercevoir qu'aussitôt après
leur usage le ventre se resserrait, et que le malade éprouvait des
malaises, de la chaleur, et des anxiétés précordiales, qui duraient
jusqu'à ce que la liberté du ventre fût rétablie. Pour éviter ces
inconvénients qui retardaient la guérison, je joignis à l'emploi des
narcotiques les délayants, et les légers eccoprotiques. Administrés de
cette manière, les opiates apaisaient souvent les douleurs des
intestins, sans s'opposer jamais à l'utile évacuation des matières
fécales.

On voit que les évacuants jouaient le principal rôle dans le
traitement de la dysenterie, et qu'ils trouvaient leur application
dans tous les temps de la maladie. Aucun remède ne combattait plus
efficacement les épiphénomènes qui se montraient quelquefois pendant
sa durée, et ceux même qui paraissaient le plus les contre-indiquer.
Les ardeurs d'urine, occasionnées par la constriction plus ou moins
forte des intestins, cédaient pour l'ordinaire à l'usage des
minoratifs.

Un malade entra à l'hôpital; il se plaignait, outre la dysenterie,
d'une oppression considérable avec crachement de sang: la couleur de
ce fluide et les circonstances qui accompagnaient son évacuation
faisaient assez voir qu'il venait de l'estomac; plusieurs signes
évidents, et la gastricité, indiquaient aussi que l'oppression avait
la même origine. Le malade ne prit le premier jour qu'une légère
tisane; le lendemain j'ordonnai un vomitif, et cette fois je crus
utile de faire prendre un parégorique après l'action de ce remède: il
éprouva des évacuations abondantes par haut et par bas, et fut très
soulagé; l'oppression et le crachement de sang diminuèrent; une
médecine les fit cesser entièrement, et la maladie guérit plutôt que
je ne l'aurais pensé.

Il s'est pourtant présenté des cas où les évacuants donnés dans le
principe auraient produit le plus grand mal: ces cas étaient ceux où
la dysenterie était jointe à une fièvre bilieuse, générale, ou
putride; ils ne se sont montrés que rarement. J'observai dans l'un
d'eux des signes de malignité: le malade était dans un délire sourd et
tranquille; l'abattement était extrême, la peau brûlante; un enduit
noirâtre revêtait les dents, et la langue et les déjections étaient
très fétides, et de couleur brune. Pour relever un peu les forces, et
donner prise aux remèdes que je voulais mettre en usage, je fis
appliquer les vésicatoires aux jambes; j'en vins ensuite au quinquina,
que je donnai à petites doses souvent répétées, car c'est la meilleure
manière de l'administrer dans les fièvres continues qui exigent son
emploi; je lui joignis un peu de tartrite acidule de potasse, et le
malade prit pour boisson ordinaire la limonade affaiblie. Le troisième
jour le délire cessa, la langue commença à se nettoyer de son enduit
noirâtre, et les signes de saburre à se montrer: je prescrivis alors
un minoratif, et j'achevai la cure en mêlant l'usage des évacuants à
celui des acides et du quinquina, que je ne discontinuai qu'après que
la convalescence fut très avancée. Il ne fallait pas encore perdre de
vue le malade, à cause du danger des rechutes; ainsi il fallait encore
éviter les variations de température, les excès dans le régime, et les
passions violentes de l'âme: on devait aussi avoir attention de ne
faire reprendre aux convalescents leur service que lorsqu'ils étaient
parfaitement en état de le supporter.

Le traitement le mieux entendu n'était pas toujours suivi de succès.
La dysenterie résistait quelquefois à tous les remèdes, soit que le
malade fût entré trop tard à l'hôpital, ou pour toute autre cause. Les
symptômes qui se montraient alors étaient une fièvre lente, des
douleurs au bas ventre plus vives la nuit que le jour, des selles
tantôt glaireuses ou aqueuses, tantôt tout à fait sanguines, une
débilité et une maigreur considérables.

Ce serait empiéter sur l'histoire des maladies du mois suivant, que
d'entrer dans de grands détails sur les avantages qui sont résultés
des diverses méthodes dont on s'est servi pour combattre ces
dysenteries opiniâtres: jusqu'ici nulle n'a eu de succès complet; ce
n'est qu'en les variant à l'infini, en les combinant les unes avec les
autres, qu'on a pu en retirer quelque utilité. Celle pourtant qui a le
mieux réussi, et à laquelle on a presque toujours été forcé de
revenir, est un mélange de toniques et de doux évacuants. Lorsque la
douleur et l'irritation étaient considérables, on pouvait en même
temps mettre en usage les narcotiques et les tisanes mucilagineuses:
les lavements adoucissants convenaient aussi sous ce rapport, car ils
n'ont jamais mérité de constituer une partie essentielle du
traitement: nul moyen n'était peut-être plus infidèle; les symptômes
qu'ils calmaient pour le moment ne tardaient pas à reparaître avec
plus d'intensité. Un remède qui m'a réussi quelquefois, et qui est
conforme à l'esprit de la méthode dont je viens de parler, c'est un
mélange d'opium et d'ipécacuanha. Lorsque la dysenterie dégénérait en
quelque sorte en habitude, et n'offrait plus qu'un état nerveux, les
vésicatoires appliqués aux jambes réussissaient souvent à détourner
les mouvements vicieusement dirigés sur les intestins.

Il a paru différentes maladies dans le même temps que la dysenterie,
mais elles participaient toutes plus ou moins de son caractère: les
fièvres intermittentes, qui ont été les plus communes, avaient surtout
avec elle la plus grande analogie; le traitement qu'elles exigeaient
était le même. En effet, le type nerveux était si peu prononcé, qu'il
cédait la plupart du temps à quelques légers antispasmodiques, sans
qu'il fût nécessaire d'en venir au quinquina. Il s'est aussi présenté
quelques cas de scorbut: ils avaient quelques-uns des caractères de la
dysenterie putride, et les remèdes que j'ai employés dans cette
dernière maladie m'ont été d'un grand secours dans l'autre, en les
combinant de diverses manières avec les spécifiques appropriés.

Je ne terminerai point ces observations, que j'ai rédigées pour me
conformer en même temps aux règlements des hôpitaux militaires, et aux
ordres particuliers du médecin en chef de l'armée, sans rappeler à
ceux qui sont placés à peu près dans les mêmes circonstances que moi
que j'ai tiré le plus grand parti de la lecture et de la méditation
des ouvrages de Sydenham, de Pringle, et de Zimmermann, et que si j'ai
eu la consolation d'obtenir quelques succès, c'est principalement aux
savantes leçons de ces grands médecins que je les dois.



NOTICE

_Sur l'emploi de l'huile dans la peste._

PAR LE CITOYEN DESGENETTES.


Une suite d'observations et de raisonnements avait porté M. George
Baldwin, consul général d'Angleterre à Alexandrie, à croire que les
frictions faites avec de l'huile d'olive tiède sur le corps des
pestiférés étaient un préservatif et un moyen efficace de guérison.
Pour s'en assurer davantage il fit part de son opinion au P. Louis de
Pavie, directeur depuis vingt-sept ans de l'hôpital de Smyrne, en le
priant de faire l'épreuve de ce remède: ce religieux a observé que de
tous les moyens employés sous ses yeux contre la peste, celui-ci était
le plus avantageux.

Il est résulté des essais faits sur ce remède une suite de préceptes
sur la manière de l'administrer, et le régime qu'il convient
d'observer pendant ce temps. La publication de cette méthode est due à
un philanthrope célèbre de l'Allemagne, M. le comte Léopold de
Berchtold.

Il ne suffit pas d'oindre le corps entier avec de l'huile, il faut
encore le frotter fortement; et c'est ce qui a fait préférer la
dénomination de friction à celle d'onction.

La friction doit se faire avec une éponge propre, et assez vite pour
ne pas durer plus de trois minutes; elle doit être faite une fois
seulement, le jour où la maladie se déclare.

Si les sueurs ne sont pas abondantes, il faut recommencer la friction
jusqu'à ce que le malade soit dans un état tel qu'il nage, pour ainsi
dire, dans les sueurs, et alors on ne doit le changer de chemise et de
lit que lorsque la transpiration a cessé. Cette opération doit se
faire dans une chambre bien fermée, et dans laquelle on doit tenir un
brasier de feu sur lequel on jette de temps à autre du sucre ou des
baies de genièvre.

On ne peut déterminer le temps qui doit s'écouler d'une friction à
l'autre parce que l'on ne peut commencer la seconde friction que
lorsque les sueurs ont entièrement cessé; et cette circonstance tient
à la constitution particulière du malade. Avant de répéter la friction
avec de l'huile il faut essuyer avec un morceau d'étoffe chaude la
sueur qui couvre le malade. Ces frictions peuvent être continuées
plusieurs jours de suite, jusqu'à ce que l'on aperçoive un changement
favorable, et alors on frotte plus légèrement. Il est difficile de
fixer précisément la quantité d'huile nécessaire pour chaque friction;
mais une livre par chaque fois suffit certainement. L'huile la plus
fraîche et la plus pure est préférable; il faut qu'elle soit plus
tiède que chaude. La poitrine et les parties sexuelles doivent être
légèrement frottées: les parties qui ne sont pas frottées doivent être
soigneusement couvertes, pour éviter le froid. S'il y a des tumeurs ou
des bubons, il faut les oindre avec légèreté, jusqu'à ce qu'ils soient
disposés à recevoir les cataplasmes émollients qui doivent en procurer
la suppuration.

Celui qui fera les frictions doit auparavant s'oindre le corps
d'huile; il est inutile qu'il se frotte, et il est indifférent qu'il
s'oigne plus ou moins promptement; et il est d'ailleurs prudent qu'il
prenne les précautions reçues pour les vêtements de toile cirée, les
chaussures de bois, etc., qu'il évite le souffle des malades, et
surtout qu'il conserve beaucoup de courage et de sang-froid.

On ne peut trop recommander de ne pas différer les frictions dès que
la maladie se prononce. On facilite les sueurs avec beaucoup de succès
en donnant une infusion de fleurs de sureau sans admission de sucre.

Quant au régime, on donne pendant les quatre à cinq premiers jours une
soupe de vermicelli bien cuit à l'eau seulement et sans sel; dans la
suite on ajoute six à sept fois le jour une petite cuillerée de
confiture de cerises faites avec le sucre, car on craint que le miel
ne favorise la diarrhée.

Lorsque l'on a l'espoir de la guérison, c'est-à-dire lorsqu'au bout de
cinq à six jours la santé est meilleure, on peut donner le matin une
tasse de bon café moka, avec un biscuit fait au sucre, et on augmente
les biscuits à mesure que les forces renaissent.

Le dîner et le souper des malades doivent consister, pendant quinze ou
vingt jours, en riz, un vermicelli cuit simplement à l'eau, un peu de
pain, des raisins secs, et des confitures de cerises, plus abondamment
que par le passé; ensuite on augmente la dose du pain, qui doit être
le meilleur possible. On donne des soupes de petites courges en été,
et d'herbes potagères l'hiver, sans autre assaisonnement qu'un peu
d'huile d'amandes douces. Dans le courant du jour, suivant l'état du
convalescent, on lui donne une orange ou une poire bien mûre ou cuite,
ou bien quelques biscuits, de manière qu'en digérant facilement les
aliments il lui reste encore de l'appétit. Au bout de trente, et même
trente-cinq jours, on donne le matin et le soir une soupe faite avec
du bouillon de poulet ou de collet de mouton, et on ne permet l'usage
de la viande qu'au bout de quarante jours, pour éviter les
indigestions, qui sont dangereuses et souvent accompagnées de
récidives de bubons.

Passé quarante jours, on permet le veau rôti ou bouilli, le vin pris
modérément, et on prescrit d'éviter tout ce qui est de difficile
digestion.

Voici maintenant quelques preuves réunies sur l'efficacité de l'huile.

Dans une année où la peste enleva dans la haute et basse Égypte un
million d'hommes, il n'y eut pas d'exemple qu'un porteur d'huile fût
attaqué de cette maladie: on a observé la même chose à Tunis, et c'est
ce qui a suggéré la première idée d'employer l'huile comme préservatif
et comme remède.

En 1793, vingt-deux matelots vénitiens habitèrent, pendant vingt-cinq
jours entiers, une pièce humide au rez-de-chaussée avec trois
pestiférés qui moururent; l'onction faite avec l'huile sauva tous les
autres.

Dans la même années trois familles d'Arméniens, l'une de treize
personnes, l'autre de onze, la troisième de neuf, se servirent du même
moyen, traitèrent leurs parents pestiférés, et ne contractèrent pas la
contagion, quoiqu'ils couchassent sur les mêmes lits, et qu'ils
tinssent pour ainsi dire continuellement ces malheureux entre leurs
bras.

En 1794 une pauvre femme resta enfermée dans la même chambre de treize
pestiférés; elle leur donna des soins, et, par le moyen des onctions,
elle se garantit de la contagion.

Une famille de Ragusais eut la même année deux pestiférés; elle se
plongea, pour ainsi dire, dans l'huile, et fut exempte de tout mal.

Enfin c'est aujourd'hui un usage approuvé et généralement suivi à
Smyrne.

On trouve encore à la suite de ces observations quelques avis qui
portent particulièrement sur la nécessité d'administrer promptement
aux pestiférés les frictions: cinq à six jours de retard rendent ce
moyen tout à fait inutile.

La diarrhée est regardée comme un symptôme mortel; il ne faut
cependant pas pour cela abandonner les frictions; quatre malades
arrivés à ce point funeste ont été guéris.

L'hôpital de Smyrne a reçu en cinq ans deux cent cinquante
pestiférés; et l'on peut dire que tous ceux qui ont été dociles au
traitement, ou l'ont reçu à temps, sont guéris.

Le nombre de ceux qui ont été préservés de la peste par les onctions,
quand ils n'ont pas fait d'excès, est immense.

L'opuscule dont nous rendons compte est terminé par les attestations
favorables des consuls de l'empire, et d'Angleterre à Smyrne, et
l'énumération des autorités publiques et de plusieurs hommes
recommandables, qui ont cherché à étendre cette méthode dans tous les
pays qui peuvent y prendre intérêt.

Nous n'avons rien oublié d'essentiel; nous nous sommes contentés
d'écarter toute théorie, pour ne présenter que des faits nombreux,
déjà garantis par de nombreux témoignages, et que nous soumettons de
nouveau à l'expérience.

       *       *       *       *       *

(Cette notice a été répandue dans l'armée, signée seulement des
initiales R. D. G.)



EXTRAIT

_Des observations du citoyen CÉRÉSOLE, médecin ordinaire de l'armée,
dans un voyage, sur la rive occidentale du Nil, du Kaire à Syouth._


L'habitant du Saïd a le teint bronzé ou brun, les traits du visage
bien prononcés, les yeux noirs, petits, enfoncés, la prunelle
rétrécie, le regard fier; les muscles bien prononcés, dessinent
fortement les extrémités. Les traits de la femme sont plus adoucis,
les formes plus arrondies; mais elle n'a ni cet éclat de beauté, ni la
grâce européenne; un sein flasque et allongé, un ventre proéminent,
gâtent de bonne heure ce que leur taille pourrait avoir d'avantageux;
leurs yeux cependant sont expressifs, et leurs dents très blanches. À
mesure que l'on avance vers Syouth on découvre, dans la forme du nez
et des lèvres, la trace des liaisons contractées avec les habitants de
l'intérieur de l'Afrique.

Les tempéraments diffèrent selon l'âge et le sexe: les enfants sont en
général pituiteux, et par conséquent faibles, tandis que les adultes
de l'un et l'autre sexe, les hommes surtout sont sanguins et robustes.
Les facultés intellectuelles répondent à la souplesse et à l'activité
des organes; elles sont encore évidemment modifiées, ainsi que les
forces physiques, par la vie plus ou moins oisive, par les habitudes,
le voisinage ou l'éloignement du Nil, l'air plus ou moins pur qu'on
respire, enseveli avec les bestiaux dans les étables, ou errant en
liberté dans les campagnes.

On trouve ici la sobriété même au sein de l'abondance; les gens aisés
couvrent leur table de bon pain, de viandes, de poissons, d'oeufs, et
de légumes: les pauvres mangent des bouillies de farine du maïs, ou
des légumes. Le terme de la vie paraît être à peu près le même chez
les uns et les autres, quoiqu'ils mènent une vie bien différente: les
hommes commencent à perdre leurs forces vers cinquante ans, et sont
très vieux à soixante, à quelques exceptions près; les femmes
vieillissent, comme partout, beaucoup plus tôt.

La menstruation et la fécondité commencent de dix à douze ans, et
elles se terminent de trente-cinq à quarante, et jusqu'à quarante-cinq
ans. Les garçons de douze à quinze ans sont déjà très lascifs; ils
s'excitent même par des stimulants, et trouvent assez aisément dans la
complaisance de l'autre sexe de quoi satisfaire leurs besoins. C'est
peut-être pour cela que la masturbation, qui fait parmi nous tant de
ravages, leur paraît peu familière.

L'eau du Nil simple, clarifiée ou filtrée, est la boissons ordinaire;
mais les Égyptiens ne boivent pas toujours lorsqu'ils en éprouvent
l'envie; ils préfèrent de passer de l'eau dans leur bouche à plusieurs
reprises sans l'avaler: ils prétendent que cette eau, si salutaire
quand elle est prise avec modération, devient nuisible lorsqu'on en
boit excessivement, qu'elle cause des sueurs ou des urines trop
abondantes, qu'elle donne des cours de ventre, et affaiblit
considérablement. Ils font leurs délices de leurs sorbets, de l'eau de
réglisse, des pilules de chanvre, et de quelques confitures qui ne
trouveraient pas chez nous le même accueil.

Les enfants des deux sexes sont communément nus, de dix à douze ans,
dans les campagnes de Minyéh et de Syouth, et l'on s'aperçoit que,
dans les uns et les autres, les organes de la génération sont bien
développés; un habillement léger, de laine ou de coton, recouvre
ensuite leur peau endurcie et basanée: ils conservent d'ailleurs dans
leurs vêtements et leurs turbans les formes reçues dans la basse
Égypte.

Les hommes logent pêle-mêle, au rez-de-chaussée, avec les animaux
domestiques, et couchent seulement sur des nattes, quelquefois même
sur la terre, enveloppés dans leurs vêtements.

Le premier et seul étage, ou, pour mieux s'expliquer, le haut de leurs
habitations, est consacré aux pigeons et aux tourterelles, qui
abondent dans le Saïd.

Dans les villes il y a quelques maisons bien bâties; les riches ont
des harems, et se procurent les autres agréments de la vie: les
marchés sont remplis de boutiques étroites et obscures. En jetant les
yeux sur les outils et les travaux des artisans on les trouve
imparfaits et grossiers, quoique ceux qui s'en servent ou les
exécutent ne manquent pas d'adresse.

Les enfants dont les parents sont aisés apprennent à lire: les
négociants cophtes savent les premières opérations de l'arithmétique;
et ces connaissances bornées leur donnent toute leur influence.

Il y a des almées qui courent les rues accompagnées de musiciens.

On voit aussi beaucoup de santons, qui inspirent au peuple une grande
vénération.

Les cultivateurs, beaucoup plus respectables, et surtout plus utiles
que ces mystiques contemplatifs, sèment, labourent, arrosent les
plaines sablonneuses avec les eaux du Nil. La végétation y est belle
et rapide, et elle a de l'analogie avec la manière d'être des animaux.

Les vices des peuples policés sont répandus dans le Saïd; ils y sont
exaltés de manière à faire ressortir les maux que sèment partout et
l'ignorance et l'esclavage.

Il y a des femmes publiques qui arrêtent les passants aux portes de
Syouth; et on y connaît ce genre honteux de prostitution qui contrarie
le but de la nature et les admirables lois de la reproduction des
êtres.

Malgré la résignation au destin, qui fait regarder les maladies comme
un inévitable châtiment, les vieillards, et surtout les vieilles
femmes, distribuent des amulettes et des talismans pour tous les maux,
et surtout pour écarter la magie et les magiciens, qui, selon leur
opinion, causent tout ce qui n'est pas bien dans l'univers.

Leur médecine, si l'on peut appeler de ce nom un empirisme brut et
sans raisonnement, est composée d'une suite d'observations peu exactes
et sans aucune liaison entre elles. Les malades sont exposés dans les
rues, ou à la porte des mosquées; ils y étalent surtout le spectacle
dégoûtant et affligeant des maladies qui attaquent le système
absorbant et la peau, et forme cette classe nombreuse que les auteurs
de nosologie appellent cachexies. Soit que les maladies soient
invétérées, soit qu'elles soient aiguës ou récentes, on manifeste à
peu près la même indifférence sur leur terminaison.

Cependant les médecins étrangers inspirent aux habitants du Saïd
beaucoup de confiance; ils leur exposent volontiers leurs maux. C'est
ainsi que l'on apprend d'eux que, pour chasser les vers, on donne aux
enfants une décoction de graine de ricin; et pour calmer les
convulsions, une boisson d'huile de lin; que les nourrices (et ce fait
est intéressant) boivent souvent elles-mêmes le médicament qui doit
agir sur leurs nourrissons; que la consomption survient assez
communément à la suite des obstructions du bas-ventre; que la petite
vérole est dangereuse, et laisse beaucoup de faiblesse d'yeux et des
cécités. Le traitement de cette dernière maladie est diamétralement
opposé à ce que l'expérience nous a enseigné de salutaire; on enferme
soigneusement les malades, on les accable de couvertures, et on les
tient à un régime très échauffant. Puissent les habitants de ces
contrées adopter un jour la méthode plus naturelle qui a tellement
adouci dans l'Europe ce fléau naguère si redouté!

Les vices de conformation sont rares; peut-être cela tient-il à la
liberté dans laquelle on élève les enfants qu'on n'entoure jamais
d'aucuns liens.

À Minyéh je fus consulté pour une fille de quinze ans, chlorotique. Sa
mère et de vieilles femmes avaient mis vainement en usage, pour faire
paraître les règles, l'irritation mécanique, quelques drogues, et des
amulettes: je leur conseillai de l'eau chalibée; mais la répugnance
qu'ils témoignent quelquefois pour les médicaments tirés du règne
minéral, détournèrent la famille de l'employer.

J'eus presque toujours pour compagnon et pour aide dans mes recherches
un vieil empirique de Syouth, borgne et bavard, qui se vantait aux
yeux des siens de posséder des secrets merveilleux contre tous les
maux, qu'il dit avoir puisés dans le Coran, où ils ne sont
certainement pas, ou dans les inspirations du prophète, avec lequel il
est aussi fort douteux qu'il ait des relations.

La grossesse est accompagnée d'envie de vomir, et de désirs assez
déréglés. Les femmes avortent facilement l'été; elles souffrent plus
dans les dernières que dans les premières couches; elles souffriraient
plutôt la mort que de se laisser assister dans leurs couches par un
homme.

Si peu de temps après leur mariage les jeunes femmes ne sont pas
enceintes, elles implorent l'assistance des vieilles, qui leur
frottent l'intérieur des parties sexuelles qui peuvent être facilement
atteintes avec des liniments; elles leur donnent des poudres, dont
nous ne connaissons pas plus la nature, que la vertu des enchantements
qu'elles mettent aussi en usage. La stérilité est flétrie d'opprobre
dans la loi de Mahomet.

Dans les accidents hystériques des femmes on leur fait sentir la
fiente des chameaux, ou l'on en forme un cataplasme avec le lait
aigri, que l'on met sur les tempes, le creux de l'estomac, ou le
bas-ventre. Les femmes portent souvent au tombeau des chutes de vagin
et du rectum.

Dans la plupart des maladies internes les habitants du Saïd se
tiennent en repos, et se mettent à une diète végétale assez
scrupuleuse. Ils connaissent la faculté purgative de l'aloès, de la
casse, et des tamarins; mais ils ne savent pas le temps où il faut
administrer ces médicaments. Quelques uns mangent des tranches de
coing saupoudrées de poivre, pour arrêter le cours de ventre; d'autres
boivent du suc de citron pur. Les cachexies sont réputées incurables.
On couvre les cancers avec de la chaux en poudre. On applique des
animaux récemment tués et ouverts, sur la tête, le côté, et d'autres
parties, dans les douleurs récentes: les frictions, les bains chauds
et froids, sont fort en usage.

Dans les maladies des yeux, plusieurs se font raser la tête, et la
frottent ensuite avec du vinaigre; d'autres se colorent les paupières,
et appliquent sur la conjonctive un enduit noirâtre. On fait des
scarifications aux angles des yeux, on jette sur le globe de l'oeil
des poudres; mais l'eau simple, ou comme véhicule de quelque
médicament, est rejetée: on regarde tous les topiques liquides comme
dangereux.

Souvent on pratique la saignée avec une flamme semblable à celle des
maréchaux: on adapte à la surface de la peau la base d'un cône formé
par une corne de jeune taureau, percée également au sommet. En opérant
un mouvement de succion on produit l'effet des ventouses, et on
scarifie plus aisément les parties.

Le lait et le miel sont employés dans les maladies de poitrine. Le
tabac et le café sont regardés comme des apéritifs qui facilitent la
digestion.

J'ai vu un grand nombre de hernies de toutes les formes, et d'un
volume considérable, sans qu'on ait jamais songé à les contenir ou à
les soutenir.

J'administrai à Syouth, à un jeune homme, un vomitif indiqué. Pendant
son action l'alarme s'empara de tous les siens: on le croyait
empoisonné; mais le soulagement qui en fut la suite les réconcilia
avec ce moyen.

Dans les plaies d'armes à feu, on fait couler dans la blessure de
l'huile ou du beurre fondu; on applique ensuite sur les lèvres
quelques portions de chair récente d'un animal, qu'on a soin de
renouveler; on recouvre le tout de la peau d'un jeune animal, et on
abandonne le mal au repos et aux ressources de la nature.

On essaie de remettre les luxations, en employant des distensions très
violentes.

On abandonne à leur progrès les maladies vénériennes, la lèpre et
l'éléphantiasis.

Je n'ai pu réunir sur la peste les connaissances que j'aurais désiré
acquérir; cependant, d'après un grand nombre de relations, j'ai cru
pouvoir conclure que le mot peste, ou _koubéh_ en arabe, est une
dénomination générique appliquée aux maladies aiguës et très malignes.
On assure dans le Saïd que cette maladie y a toujours été apportée de
la basse Égypte.

La résignation des Musulmans au destin les a empêchés de se prémunir
contre ce cruel fléau. Les dogmes des anciens Égyptiens, qui voulaient
que la vie ne fût qu'un passage à une longue existence future, un
sommeil qui menait à un éternel réveil, paraissent s'être conservés
chez leurs descendants; et l'on en est presque convaincu, lorsque,
comparant les maisons et les tombeaux, on voit les morts constamment
mieux logés que les vivants.



NOTES

_Sur les maladies qui ont régné en frimaire an 7, recueillies dans
l'hôpital militaire du vieux Kaire; par le citoyen BARBÈS, médecin
ordinaire de l'armée d'Orient._


                                   AU VIEUX KAIRE, LE 3 NIVÔSE AN VII.

Durant les deux premières décades de frimaire, même température dans
la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits que pendant le mois de
brumaire. Nous avons eu occasion de vérifier, jusqu'à un certain
point, l'observation faite avant nous que dans le mois de novembre et
le commencement de décembre on se brûle en Égypte le jour, tandis
qu'on s'y gèle la nuit: c'est après dix heures du matin jusqu'à deux
heures après midi que le soleil est réellement chaud, et le
refroidissement se fait sentir à une heure après minuit. Alors ceux
qui bivouaquent sont éveillés; ils se trouvent contraints de prendre
tous les moyens possibles pour se réchauffer: on dirait que de tous
côtés on s'est donné le mot pour recueillir des combustibles, et faire
des feux.

Peu à peu se forme un brouillard épais qu'on ne reconnaît qu'avec le
jour, qui procure un froid humide et pénétrant, et qui n'est
entièrement dissipé que deux heures après le lever du soleil.

Cependant, avant de parvenir à la fin du mois, nous avons eu quelques
jours un peu nébuleux; le brouillard s'est dissipé plus tard, et
l'humidité froide de la nuit s'est prolongée dans la matinée.

Nous en avons eu d'autres où quoique le brouillard fût à peine
sensible, le froid ne l'était pas moins; ils étaient le prélude du
changement de température qui a eu lieu la dernière décade du même
mois.

En effet, le vent du nord soufflait avec assez de constance, l'ardeur
du soleil diminuait progressivement, et l'humidité froide des nuits
prenait de plus en plus de l'empire.

Le 27, le vent sud-ouest amena quelques gouttes de pluie durant
plusieurs minutes.

C'était le même vent qui élevait des nuages de poussière le 30.

Nous manquions de tous les instruments de physique, et néanmoins nous
nous donnions bien de garde de nous livrer au découragement dans le
cours de nos observations journalières sur les qualités sensibles de
l'atmosphère, sachant que le père de la médecine ne les connaissait
pas, et que nous serions trop heureux s'il nous était possible de
marcher sur ses traces, malgré le progrès des sciences.

Qu'y a-t-il en effet des plus beau que les premiers aphorismes de la
section troisième? et les expériences des modernes ont-elles donné des
résultats plus utiles relativement à l'influence des saisons et aux
changements de température sur toutes les maladies, et principalement
sur les épidémies?

Nous ne nous sommes permis d'insérer cette remarque qu'en nous
proposant de restreindre celles sur les maladies que nous avons
traitées; elle atteste d'ailleurs d'une manière trop évidente la
correspondance des maladies régnantes avec la température de la
saison, pour que nous ayons pu la retrancher.

Tant que les chaleurs ont été fortes, les diverses fièvres, les
rhumatismes, ainsi que les nombreuses dysenteries, ont été gastriques
bilieuses; mais lorsque la fraîcheur des nuits l'a peu à peu emporté
sur la chaleur des jours, le caractère catarrhal s'est montré: enfin
le froid qui s'est, pour ainsi dire, fait sentir la dernière décade de
frimaire, a commencé à faire tomber les dysenteries qui paraissaient
devoir se perpétuer; et les maladies n'ont plus été purement
gastriques et catarrhales, mais déjà compliquées de phlogose, surtout
chez les jeunes gens.

La cure des maladies gastriques bilieuses consistait en un ou deux
vomitifs et les minoratifs anti-bilieux répétés; cette méthode était
le fruit d'une observation sans cesse confirmée; quelques gouttes de
laudanum, seulement intercalées dans le traitement de la dysenterie,
suffisaient pour tout déranger.

Nous avons vu que les dysenteries qui ont paru récemment cédaient,
comme par enchantement, toutes les fois que l'émétique était
uniquement suivi de parégoriques.

Cette découverte du caractères catarrhal avec lequel la malignité
semble s'identifier, quoique nous convenions qu'elle se marie avec les
autres diathèses, nous a procuré des succès à l'égard d'un grand
nombre de malades qui eussent couru de grands dangers, si nous ne nous
fussions tenus sur nos gardes.

Nous nous sommes décidés à faire appliquer un large vésicatoire sur
l'abdomen de plusieurs dysentériques, du salut desquels il fallait
désespérer, et tout-à-coup ils ont éprouvé du soulagement: en peu de
jours ils ont été sauvés.

Nous recommandions de saupoudrer les emplâtres vésicatoires avec du
camphre, et nous prescrivions une émulsion nitrée et camphrée. La
première et quelquefois les deux précautions ont été supprimées, sans
qu'il en soit résulté le plus léger inconvénient.

À la suite de cette application sur un jeune militaire qui ressemblait
presque à un cadavre étique, il se fit par le nombril où avait donné
le vésicatoire une suppuration si effrayante que nous appelâmes une
consultation: il fut sagement décidé de ne rien faire. Cette
suppuration s'arrêta graduellement sept à huit jours après, et le
malade quitta l'hôpital bien guéri.

Une fièvre violente, après l'exhibition de l'émétique, au lieu de
l'amendement que nous attendions, fut l'exacerbation de la maladie
chez les malades auxquels, en suivant la marche ordinaire, nous
croyions devoir administrer les toniques: les hémorragies nasales qui
seules jugeaient complètement ces exacerbations, au moins chez les
jeunes gens, nous ont convaincu de l'existence de la complication
phlogistique.

Nous supprimons le journal d'une foule de cas intéressants, où, en
suivant scrupuleusement l'effet des remèdes, nous n'avons pas négligé
de peser sur nos fautes qui heureusement n'ont pas été meurtrières, et
ont servi à nous redresser.

Nous ne croyons pas néanmoins pouvoir nous dispenser de mentionner
deux malades chez lesquels l'application du vésicatoire sur le bas
ventre n'a eu aucune bonne suite.

Le premier exemple est celui d'un jeune homme apporté fort tard: il
n'avait reçu aucun secours, il éprouvait des douleurs intestinales
cruelles; il était sans forces: dans cet état il montrait tous les
signes d'une affection gastrique.

Combien de fois n'avions-nous pas donné avec succès un émétique
secondé par les cordiaux dans les situations extrêmes; mais, dans
cette circonstance, notre audace ordinaire fut arrêtée: les contre
indications étaient trop évidentes. Nous nous déterminâmes donc à
ordonner l'application d'un vésicatoire sur le bas ventre, quoique
l'état gastrique nous contrariât, et que nous fussions bien éloignés
de nous dissimuler que cette application était difficile, qu'elle
exigeait la réunion de toutes les indications: le souvenir de son
effet héroïque était peut-être trop présent à notre mémoire; notre
espoir, qui consistait à calmer les douleurs, à relever un peu les
forces, afin de pouvoir administrer ensuite un éméto-cathartique ou
bien quelques minoratifs, fut entièrement déçu. Les douleurs ne
perdirent rien de leur intensité, la chaleur et la sécheresse de la
peau redoublèrent, le pouls fut très fébrile, les forces misérables:
les bols nitrés, camphrés, tous les opiatiques ne furent que des
palliatifs momentanés; le malade périt deux jours après l'application
des vésicatoires, ayant essuyé de grandes souffrances.

Le second malade était un de ceux auxquels tous les astringents de
notre pharmacie étaient inutiles pour arrêter un flux colliquatif
bourbeux, sanguinolent, et qui périssait nécessairement. Nous eûmes
recours au vésicatoire, comme rubéfiant, comme tonique: mais si ce
moyen, ainsi que l'a observé Stoll, et comme nous l'avons vu
nous-mêmes, est déplorable dans les maladies gastriques, il ne rend
pas non plus les forces éteintes; il peut seulement, à titre de
puissant antispasmodique, les développer, les disséminer, les rappeler
du centre à la périphérie.

Nous avons constamment observé qu'il ne faut pas craindre de répéter
l'administration des vomitifs envers tous ceux qui par la nature de
leurs fonctions approchent journellement les malades, vivent au milieu
d'eux, ou les servent. Il faut suivre les préceptes de Stoll. Les
infirmiers âgés, sur lesquels on ne peut faire usage de cette méthode,
trouvent presque tous dans leur service, des maladies et une mort
assurée. C'est peut-être ainsi que l'on perd, sans pouvoir la
remplacer, cette classe d'hommes très précieux, quand ils sont, ce qui
est bien rare, pénétrés de leurs devoirs.

Quoique l'émétique trouve certainement beaucoup moins de contre
indications que ne le prétendent les Boherraaviens, il ne laisse pas
que d'en rencontrer assez fréquemment chez nos militaires; un très
grand nombre portent des obstructions considérables qui sont la suite
des fièvres qu'ils ont éprouvées en Italie: cette contre indication
est d'autant plus digne de remarque que les médecins dans les
hôpitaux, à cause de la grande quantité de malades, n'explorent pas
toujours le bas ventre, et se contentent de saisir une ou deux
indications frappantes, sans s'astreindre à les réunir toutes.

Outre quelques jaunisses avec fièvre qu'on pourrait rapprocher de la
fièvre jaune d'Amérique, il s'est présenté plusieurs ictériques sans
fièvre: ces derniers ont été rappelés à leur couleur naturelle à
l'aide de quelques gouttes de liqueur anodine et minérale d'Hoffmann,
d'une moindre quantité de celles d'essence de térébenthine, dans un
jaune d'oeuf auquel on ajoute un peu de safran et de sucre qu'on leur
faisait prendre pendant trois ou quatre matins. Ce remède, qu'on
regarde comme empirique, peut fort bien être soumis à la médecine
rationnelle, en pensant que ces ictères proviennent souvent des
mouvements spasmodiques dans les organes sécrétoires de la bile.

Dans les dysenteries gastriques anciennes, lorsqu'il y a douleur avec
des selles fréquentes, nous nous sommes très bien trouvés de l'usage
d'une petite quantité de rhubarbe associée à la gomme arabique et
quelques gouttes de la teinture anodine de Sydenham dans un verre de
petit lait. Cette formule appartient presque entièrement à Monro,
médecin des armées britanniques, dont le traité de médecine militaire
traduit dans notre langue, et considérablement augmenté par Le Begue
de Presle, est entre les mains de tout le monde.

Nous abrégeons, et nous finirons en nous pénétrant de l'avantage
inappréciable qu'on goûte à connaître la constitution régnante. Une
foule de toux qu'on aurait cru être pectorales n'ont cédé qu'aux
minoratifs répétés, composés avec la manne et l'oxyde d'antimoine
sulfuré rouge.

Nous avons la satisfaction de pouvoir assurer que le nombre des
malades que nous avons perdus n'a été si considérable que parce que
plusieurs ont été commis à nos soins lorsque les secours de l'art ne
pouvaient plus leur être d'aucune utilité. Il est aussi utile
d'observer que notre hôpital a été précédemment encombré par des
maladies extrêmement graves, circonstance qui l'a rendu évidemment
suspect à habiter; c'est ce qui a déterminé le médecin en chef à faire
ordonner que le nombre des fiévreux fût réduit d'un tiers, en évacuant
cent malades sur le grand hôpital placé au milieu d'un camp retranché,
et connu jusqu'ici sous le nom de ferme d'Ibrahim-bey.

Nous avons encore à nous plaindre de n'avoir pu obtenir de nos malades
la plus petite modération dans le régime: à peine étaient-ils sortis
d'un état pitoyable, qu'ils se livraient à l'intempérance, buvaient de
mauvaise eau-de-vie et en quantité, et commettaient d'autres excès;
aussi en ont-ils été les tristes victimes. «Il faut non seulement que
le médecin fasse son devoir, dit le premier aphorisme d'Hippocrate,
mais il faut encore que le malade fasse ce qui convient, aussi bien
que les assistants, et qu'il fasse cadrer à ses vues les choses
extérieures[1].»

    [Note 1: Opportet autem non modo se ipsum exhibere quæ opportet
    facientem, sed etiam ægrum, et presentes, et externa.

    _Hipp. Aph. I, sect. I, ex versione Jansonii ab Almeboveen._]



TOPOGRAPHIE

_Physique et médicale du vieux Kaire; par le citoyen RENATI, médecin
ordinaire de l'armée d'Orient._


Le vieux Kaire diffère peu dans sa bâtisse du reste des grandes villes
de l'Égypte: on y rencontre partout de vastes édifices ruinés, de
petites maisons sans jour, et des huttes très basses, malpropres,
presque souterraines, extérieurement emplâtrées de fumier, qu'on y
attache pour le faire sécher, et dont on se sert ensuite pour
remplacer dans le chauffage le bois qui est très rare. Les rues sont
étroites, mal percées, et sans pavé: la ville est baignée à l'est par
le Nil, et à l'ouest elle est entourée de monticules poudreux,
produits de décombres, cernés eux-mêmes par un désert de sables. À un
demi-quart de lieue s'élève le Moqattam, aride, brûlé, et sur lequel
on peut à peine arrêter les yeux quand il est éclairé par le soleil.
Dans l'espace intermédiaire on observe des ruines, que quelques-uns
croient être celles de l'ancienne Babylone, remarquables, au reste,
par une assez forte muraille, des édifices en partie démolis, mais qui
ont eu de la magnificence, un reste d'aqueduc, un couvent dit de
Saint-George, siège du patriarche grec, et les églises de
Saint-Macaire et de Saint-Sergius, où l'on montre une petite chambre
souterraine dans laquelle on dit que la sainte famille se retira en
fuyant de Gaza: c'est un objet de vénération pour les chrétiens.

Le vieux Kaire, situé sur la rive orientale du Nil, à une demi-lieue
du grand Kaire, a dû nécessairement devenir l'entrepôt du commerce de
la haute Égypte: un nombre prodigieux de barques chargées de blé,
d'orge, de fèves, montent et descendent sans cesse pour remplir les
magasins du vieux Kaire ou en couvrir le rivage. Dans l'été, ces
barques transportent une grande quantité de dattes, de sucre, de
volailles et de troupeaux; un nombre considérable d'ânes est
continuellement employé au transport des marchandises, et soulève une
poussière qui étouffe les passants. Il y a quelques jardins et des
plantations agréables de sycomores et d'acacias.

On ne peut pas fixer exactement la population du vieux Kaire à cause
de la grande quantité de personnes que le commerce y attire
journellement du grand Kaire et des environs.

L'hôpital militaire est un des mieux placés de l'armée; c'est un
bâtiment vaste et commode, presque isolé, et suffisamment élevé, qui
se trouve à l'entrée de l'ancien Fostad, à deux cents pas de l'aqueduc
qui autrefois menait l'eau à la citadelle; il s'étend le long du Nil:
on ne voit dans ses alentours ni décombres ni montagnes poudreuses.
Environné d'agréables vergers, ouvert à tous les vents, il est
singulièrement dominé par les vents du nord et nord-est, très
salutaires dans ces contrées. À l'avantage de voir couler sous ses
murs une branche assez considérable du Nil qui fournit facilement à
ses besoins, il unit la charmante perspective de l'île de Raoudah,
toujours verdoyante, et renommée par sa fertilité et par le méqyas,
situé à l'extrémité sud, et faisant face au courant de la grande
branche qui se partage pour former l'île.

Ce méqyas ou nilomètre tant vanté, que la politique ignorante et
ténébreuse des Turks enveloppait d'un voile mystérieux, cet objet
enfin de la curiosité de tous les voyageurs, est une simple colonne
octogone de marbre commun, élevée au milieu d'un bassin carré, dont le
fond se trouve de niveau avec le lit du Nil; elle est partagée en
coudées égyptiennes, et les coudées en doigts. Les ingénieurs des
ponts et chaussées à la suite de l'armée donneront une histoire très
exacte de ce monument. L'eau est montée cette année au chapiteau de la
colonne, mais elle n'a point touché la poutre qui la surmonte.

L'île de Raoudah n'a pas été inondée. Selon l'expérience des naturels
du pays, la crue des eaux est regardée comme bonne, et l'on s'attend
déjà à une récolte abondante. C'est dans cette île vraiment délicieuse
que j'ai vu les plus beaux sycomores de l'Égypte; il y en a une belle
ligne sur la côte occidentale, qui forme une arcade majestueuse et
impénétrable aux rayons du soleil. Les dattiers, les orangers, les
citronniers, les tamaris, les grenadiers, les acacias, les bananiers,
et les arbres qui donnent la casse, sont les arbres que l'on observe
le plus communément en Égypte: ils sont tous réunis dans cette île, et
plantés sans ordre et sans distribution; ils forment ces forêts et ces
vergers que les gens du pays appellent improprement jardins. On y
cultive la canne à sucre, le coton, et l'indigo avec assez de succès:
cette terre infatigable ne se refuse à rien.

Le Nil coule sous mes fenêtres, et il m'invite à la méditation. On en
a tant parlé et depuis si longtemps, qu'il me reste peu de choses à
ajouter: cependant on ne peut voir sans une surprise mêlée d'un
certain sentiment de respect, un fleuve qui, dans ses débordements,
pourrait submerger à la fois et anéantir une immense population,
augmenter sans dangers, par un phénomène unique, annuel et constant,
le volume de ses eaux, charrier un limon qui fertilise des sables
arides, et devenir une source d'existence et de bonheur. En
réfléchissant sur cet objet, on excuse volontiers les alarmes et les
inquiétudes de ce peuple à demi sauvage sur la crue du Nil; et on lui
pardonne aisément les transports bruyants auxquels il se livre, et
l'ivresse de sa joie dans les eaux abondantes, lorsqu'on voit que sans
elles l'Égypte ne présenterait qu'un océan de sable stérile,
impénétrable à tout être animé.

Les écrivains de tous les temps et de toutes les nations ont
constamment vanté et célébré la fertilité du sol de l'Égypte, qu'ils
ont tous attribuée au limon que le Nil transporte de l'Éthiopie et de
l'Abyssinie; mais cet état, emprunté et étranger au sol, ne
pourrait-il pas venir à cesser pour plusieurs motifs, sans parler des
révolutions physiques auxquelles le globe est fréquemment sujet.
Combien de fois l'explosion violente des volcans et les tremblements
de terre n'ont-ils pas desséché ou détourné le cours des fleuves, et
aplani ou fait sortir des montagnes du sein de la terre! Ces grands
mouvements de la nature, isolés ou combinés, ne pourraient-ils pas
agir un jour avec une grande énergie sur le Nil, qui conserve toujours
ses eaux troubles et bourbeuses, et qui court libre sans que son lit
soit retenu et encaissé par des digues?

C'est une vérité hydrostatique démontrée, que les fleuves abandonnés
aux seules lois régulières de la nature prolongent leur ligne, en
déposant à leur embouchure une grande partie de ce qu'ils charrient
des montagnes dont ils descendent, et des terres sur lesquelles ils
passent; par ce moyen ils forment ces nouveaux continents qu'on
appelle de nouvelle alluvion: en déposant continuellement au fond du
canal qu'ils parcourent, ils élèvent les lits des canaux jusqu'à
l'horizon des campagnes; alors les eaux, ne pouvant plus y être
contenues, cherchent un plan incliné pour couler, et ne manquent pas
de préférer le plus court qui est le plus droit; alors, par la gravité
de leur masse et la rapidité accélérée, elles franchissent tout
obstacle, entraînent tout ce qui s'oppose à leur marche, et se rendent
à la mer. Les déluges d'Ogygès et de Deucalion ne furent probablement
que des rivières qui avaient changé de direction, inondé des terres
basses, et submergé des villes et des villages qu'elles rencontrèrent
sur leur route.

Il paraît que cette importante vérité cosmogonique n'a pas échappé aux
mages de l'Égypte: ils en faisaient un mystère au peuple, qui n'était
pas plus éclairé sur ses intérêts qu'il ne l'est aujourd'hui; ils
l'obligeaient à des travaux immenses et pénibles, soit en creusant le
lit du Nil, soit en ouvrant de nouveaux canaux, pour conserver au
fleuve une profondeur constante, et pour élever en même temps
l'horizon des terres avec ce qu'ils en retiraient du fond: c'était
toujours en célébrant quelque fête, ou pour plaire à quelque divinité
que cela se faisait. La science mystérieuse des hiéroglyphes, leur
polythéisme, aussi bizarre à nos yeux, ne tenait peut-être qu'à cette
grande vérité, et n'avait pour but que de diriger le peuple vers son
bonheur sans l'effrayer.

Le dépérissement de tant de villes, jadis très célèbres et très
florissantes, et dont les restes misérables et ignorés sont épais dans
les déserts, n'est que l'effet de la cessation des travaux des
anciens. Le Delta, qui est un de ces nouveaux continents formés par
des atterrissements systématiques des rivières, ne nous dédommage pas
des pertes que nous avons faites par cette négligence. Il resterait à
voir à quoi nous sommes exposés en abandonnant le Nil à soi-même. Je
n'entrerai point dans le détail d'une matière si vaste, qui n'est pas
de mon ressort, et qui demande tant de connaissances et
d'observations; il me suffit de faire part d'une idée qui m'est passée
par la tête en regardant le Nil.

J'aurais voulu donner des observations météorologiques; elles seraient
de beaucoup d'utilité à la médecine; mais, faute d'instruments
nécessaires, je n'en puis rien dire: je puis seulement assurer que les
changements qui se sont tour-à-tour succédés dans l'atmosphère ont eu
une influence marquée sur la constitution des maladies. Les vents
septentrionaux soufflent avec assez de constance et de force pendant
environ neuf mois de l'année; la pluie est tombée plusieurs fois cet
hiver, toujours accompagnée d'orage; j'ai entendu le tonnerre gronder
souvent, mais seulement dans le jour; j'ai observé l'air s'embraser
fréquemment par quelque météore; et à la retraite des eaux il y a des
brouillards très épais, comme en Europe, et les rosées tombent avec
une grande abondance.

L'Égyptien, enveloppé dans sa longue robe bleue ou noire, la barbe
longue, la tête entourée d'un gros turban, tantôt rouge, tantôt vert,
et plus souvent blanc, a généralement un aspect fier et imposant; sa
physionomie est prononcée, sa taille avantageuse, le corps musculeux
et bien dessiné; il a les yeux noirs et vifs, les dents blanches, une
voix forte et sonore; il semble annoncer qu'il vit dans un pays sain,
mais qui n'est pas libre: il est rampant, astucieux, menteur, et sans
courage. Les femmes ont les traits du visage plus adoucis, mais sans
délicatesse et sans expression; leur corps est souple et pliant; les
bras et les mains sont bien arrondis et potelés; leur démarche est
agréable, mais leur sein est flasque et pendant: elles sont bien loin
d'avoir les grâces et les charmes de nos Européennes.

L'habitant de l'Égypte est laborieux sans être actif; il ne manque pas
d'adresse et d'imitation: ses facultés intellectuelles ne sont pas
exercées, et portent l'empreinte d'un gouvernement oppressif, et d'une
religion superstitieuse et intolérante.

Le peuple, sain, robuste, borné dans ses besoins, vivant sous un ciel
constamment serein, s'abandonne facilement à la gaieté; mais le riche,
sybarite, fainéant, tourmenté souvent par l'ambition, conserve un
maintien grave et imposant: il est extrêmement soupçonneux et curieux.

Les hommes sont libidineux et jaloux au plus haut point: ils
deviennent souvent impuissants à l'âge de quarante ans. Les femmes
sont très fécondes; la stérilité est rare. L'onanisme est peu connu;
mais le vice qui contrarie les vues de la nature est très usité,
singulièrement parmi les grands: les chrétiens ne sont pas à l'abri de
ce reproche.

La menstruation commence de dix à douze ans, et finit de trente-cinq à
quarante. Les pâles couleurs et toutes les indispositions qu'elles
entraînent à leur suite sont fréquentes chez les Turques, très
ordinaires chez les chrétiennes, qui mènent les unes et les autres une
vie fort peu active, et restent toujours enfermées dans leurs maisons.

Le terme de la vie est comme en Europe; cependant on voit beaucoup
plus de vieillards et mieux portants: les hommes de cent ans sont
fréquents; et on en voit jusqu'à l'âge de cent vingt ans marcher dans
les rues sans soutien et sans bâtons. Les femmes ne conservent pas
longtemps leur fraîcheur, et à trente ans elles ont les marques de la
vieillesse sur la figure. Peut-être commencent-elles trop tôt leur
carrière; mais la meilleure raison sont les fatigues qu'elles
éprouvent, et leur mauvaise nourriture.

Il est impossible d'être plus sobre que l'est l'Égyptien; en général,
un peu de pain, des dattes et du fromage salé, des fèves, quelques
racines dans l'été, les pastèques, forment toute sa nourriture. Le
riche met sur sa table du mouton, des poulets, du riz, et quelques
friandises, et mange fort peu. Leurs mets sont apprêtés avec beaucoup
d'aromates, et presque sur tout ils pressent des limons. Riche ou
pauvre, tout le monde fume la pipe et boit le café avec beaucoup de
volupté; ils en font un véritable abus: la boisson ordinaire est la
bonne eau du Nil.

Malgré tant de sobriété, malgré la fécondité des femmes, et la
salubrité du climat, il est de fait que l'Égypte, et singulièrement le
Kaire, dévore la population. Il y en a deux causes principales, la
peste, et le rachitis. La première de ces maladies enlève quelquefois
le tiers de la population du Kaire. L'ignorance et l'insouciance n'ont
cherché à lui opposer aucune digue, pas même l'isolement pratiqué par
les Francs avec succès. Au moment où j'écris, cette maladie s'est déjà
développée à Alexandrie dans différents militaires; et nous aurons en
conséquence sur cet objet des observations qui répandront beaucoup de
jour sur cette matière peu connue; car on doit tout attendre du
courage et de l'instruction des médecins mes collègues. La seconde
maladie, que je regarde comme un grand agent de destruction, le
rachitis, enlève une grande quantité d'enfants depuis un an jusqu'à
trois ans. Comme il n'est ici question que de réunir des observations,
je n'examinerai pas s'il est plus probable que cette maladie soit
ancienne que nouvelle, non plus que les rapports qu'elle peut avoir
avec les maladies vénériennes: sans vouloir de même assigner les
causes, peut-être encore fort cachées, du rachitis, j'observerai
cependant que les enfants sont très mal nourris, que les femmes les
font téter tout le jour et au-delà de deux ans, et que c'est toujours
vers cette époque que la maladie se déclare. On la regarde avec
superstition; c'est l'effet d'un sortilège, des regards jaloux ou
empoisonnés de quelque ennemi. On est surpris, d'après ce que je
viens de dire sur la manière dont cette maladie est généralement
répandue, de voir que les vices de conformation qui en sont les suites
ordinaires ne sont pas très communs dans l'Égypte: cela doit sûrement
tenir à la liberté dans laquelle on élève les enfants, que l'on
n'entoure jamais de liens, qu'on laisse agir et se développer à leur
gré, et qui passent leur vie à jouer en plein air.

La petite vérole fait aussi de temps en temps de grands ravages. On ne
peut ici s'empêcher de faire quelques réflexions. L'histoire nous
porte à croire que la petite vérole a passé d'Asie en Europe dans le
temps des croisades, et de celle-ci dans l'Amérique dans le temps que
Ferdinand Cortès conquit le Pérou. Rhazès est un auteur classique sur
cette maladie, et le traitement reçu dans les lieux où il aurait pu
germer des souvenirs de ses leçons est absurde et meurtrier. À quelles
ténèbres le monde se trouve-t-il livré! L'Europe seule est éclairée
sur cet objet, et elle ne l'est complètement que depuis l'époque peu
reculée de l'introduction de l'inoculation, dont l'idée lui est venue
de la Géorgie. Au Brésil, la petite vérole est mortelle pour le plus
grand nombre; dans l'Amérique méridionale, elle fait les plus grands
ravages; en Barbarie et dans le Levant, on a calculé que sur cent
malades il en meurt communément plus de trente. Quand y aura-t-il au
moins une hygiène publique et liée aux constitutions politiques, s'il
n'est pas encore permis d'espérer une thérapeutique ou un corps de
principes et d'axiomes curatifs du même genre?

La cécité est commune en Égypte: elle est l'effet des ophtalmies
répétées, et souvent mal traitées; la trop grande vivacité de la
lumière, le sable brûlant qui voltige dans l'air, et qui se porte aux
yeux, forment dans cette partie délicate et sensible de notre corps un
point d'irritation, et deviennent les bases principales de ces
fréquentes ophtalmies. Quelquefois la maladie est compliquée, et plus
difficile à traiter; quelquefois encore elle est symptomatique de la
gastricité ou de la suppression de la dysenterie; je l'ai vue
quelquefois enfin se soutenir sans autre cause que l'atonie de
l'estomac. Cette maladie attaque également les gens de la ville, de la
campagne, et du désert; elle ne respecte ni âge ni sexe: cependant
elle n'a rien d'extraordinaire. Il faut faire beaucoup d'attention
pour la bien traiter: un préservatif reconnu, c'est de se coucher la
nuit bien couvert, les yeux bandés, et la tête chaude.

Les maux de dents ne sont pas ordinaires: la surdité est presque
inconnue. Une maladie très fréquente est l'asthme, qui tient, à ce que
je pense, à la poussière qu'on avale en respirant, et à l'abus de la
pipe: elle est difficile ou impossible à guérir, et finit toujours
par une mort subite, comme j'ai eu occasion de l'observer bien des
fois.

On voit beaucoup de hernies de toute espèce, singulièrement
ombilicales, qu'on abandonne à la nature. Les Égyptiens vivent
longtemps avec de telles incommodités, sans se montrer trop gênés, et
sans croire qu'il existe des moyens qui pourraient les soulager: quand
on leur en parle, ils répondent _Ma cha Allah_, (la volonté de Dieu),
et les voilà tranquilles et patients!

Quoique le peuple boive l'eau du Nil trouble, sans qu'elle soit
auparavant reposée, il ne connaît point ou peu la gravelle ou la
pierre. Les hydrocèles sont communes.

On ne voit guère les paralysies que dans les extrémités inférieures,
jamais à la suite de l'apoplexie: l'épilepsie est plus fréquente,
singulièrement parmi les femmes, qui sont, comme en Europe, souvent
tourmentées par des convulsions: c'est toujours le diable qu'elles
croient avoir dans le corps. Les prêtres se gardent bien de les
désabuser; la plupart d'entre eux sont assez ignorants pour y ajouter
foi eux-mêmes: ainsi les amulettes et les exorcismes sont les remèdes
les plus recherchés; il y a des sortes de chapelets d'amulettes dont
chaque grain a une vertu spécifique.

La médecine, cette science si difficile, qui demande la réunion de
tant de connaissances, et qui suppose dans ceux qui la pratiquent une
éducation si soignée, n'est en Égypte qu'un empirisme aveugle et
brutal, confié à des barbiers ignorants, et, par conséquent,
présomptueux; tout ce que savent et ce qu'ont retenu ces médecins
bâtards de la science des Avicenne, des Rhazès, des Aly-A'bbas, et de
tant d'autres illustres médecins, se réduit à quelques opérations
chirurgicales, telles que des saignées locales, dont ils abusent
souvent, et presque toutes les fois qu'il faut du discernement pour
les employer. Ils font un grand usage du feu, qu'ils appliquent sur la
tête et sur toutes les parties du corps, souvent avec avantage; ils
emploient aussi avec succès un bouton de feu entre le doigt indicateur
et celui du milieu dans des fièvres, que je crois doubles, tierces et
subcontinues; ce qui rentre dans les méthodes perturbatrices.

Je me suis livré à des réflexions et à des observations qui pourront
paraître et qui sont à la vérité un peu éloignées du titre d'une
topographie particulière placé à la tête de cet écrit; mais j'ai cru
pouvoir et même devoir le faire pour rentrer dans l'esprit et le but
du travail physico-médical sur l'Égypte, recommandé aux médecins de
l'armée d'Orient par la circulaire du médecin en chef, du 25 thermidor
an 6.



ESSAI

_Sur la topographie physique et médicale de Damiette, suivi
d'observations sur les maladies qui ont régné dans cette place,
pendant le premier semestre de l'an VII, par le citoyen SAVARESI,
médecin ordinaire de l'armée._


Damiette est située sur le bord oriental de la branche Phatnitique du
Nil, à deux lieues de la mer, dans une presqu'île, qui est formée par
le fleuve, par la mer, et le lac Menzaléh, qui se trouve à l'est, et à
un quart de lieue de la ville. Elle est plus orientale que le Kaire;
et les chaleurs y sont plus modérées, étant au 31° 25' 53" de latitude
boréale, et au 29° 29' 15" de longitude, méridien de Paris. Un grand
canal baigne ses murs, et un autre partage sa longueur en travers,
laquelle s'étend du nord, où sont les tombeaux, au sud. Son territoire
est couvert de rizières, et arrosé par une infinité de canaux;
conséquemment les fièvres intermittentes y règnent l'automne, comme
dans le Piémont et la Lombardie. Les insectes de toute espèce s'y
multiplient considérablement, surtout les cousins, dont la piqûre
produit une tumeur grosse comme la moitié d'une noisette, semblable à
celle de la fièvre nommée par les nosologistes _pemphigus_. Dans le
Delta, et vis-à-vis Damiette, il y a le village de Sénaniéh, qui est
entouré de marais produits par l'inondation: tout près, il y a des
tombeaux mal bâtis, sur lesquels les chiens vont fouiller, et
déterrent les cadavres. Ces deux inconvénients sont très nuisibles,
parce que les vents occidentaux portent dans la ville les miasmes qui
s'en exhalent, et peuvent être la source de plusieurs maladies. Toutes
les maisons de la ville et des villages environnants ont la surface de
leurs murs enduite de sel marin ou de muriate de soude, et
généralement toutes les plantes sont un peu salées: la raison de cela
est que le terrain contient beaucoup de sel, et en plusieurs endroits
on le voit recouvert de croûtes salines.

Il y a quelques années que l'on appauvrit les eaux de la branche
Phatnitique par l'agrandissement du canal de Ménoùf. Il ne pouvait en
résulter que des malheurs: effectivement, les eaux de la mer
remontèrent jusqu'au village de Farscour, et le terrain de Damiette en
fut inondé. J'attribue à cela cette production abondante de sel, ainsi
qu'aux eaux du lac Menzaléh, qui sont salées, et communiquent avec les
canaux d'eau douce.

Les campagnes de ce pays-ci sont toujours verdoyantes, et la terre ne
se lasse jamais de nourrir les végétaux. La culture du riz attire les
plus grands soins des agriculteurs; on en voit des champs partout: il
faut dire aussi que le riz de Damiette est le plus estimé de l'Égypte,
et qu'il forme le principal objet du commerce de cette ville. On sème
encore du froment, de l'orge, du lin, et du maïs, mais pas en grande
quantité. Les légumes les plus communs, et qui servent de nourriture
ordinaire pour les pauvres, sont les pois chiches et les fèves; les
haricots sont plus rares, et il n'y a que les riches qui en mangent.
Les aubergines, les poivres longs, les concombres, les melons, les
choux, les bettes, les choux-fleurs, la laitue, la roquette, le
pourpier, et autres plantes potagères, se cultivent dans les jardins;
on trouve dans ces mêmes lieux beaucoup d'orangers, de citronniers, de
grenadiers, et de pistachiers, que, suivant Pline, l'empereur
Vitellius transplanta de Syrie en Italie. Le navet, les petites raves,
et la racine de colocasse (_arum colocasia L._) sont des mets
délicieux pour les habitants du pays: cette dernière est un peu aigre,
et quand elle est préparée elle a le goût de la pomme de terre. Il y a
différentes espèces de dattes, et d'une excellente qualité: les cannes
à sucre y sont en abondance; les femmes, et les enfants en font une
grande consommation.

Le lac Menzaléh est d'une étendue immense, et en général il est peu
profond: son eau n'est pas salée dans tous les points; il y a des
endroits dans lesquels elle est potable, et dans d'autres elle est
saumâtre. Pendant l'hiver, lorsque les vents du sud soufflent avec
impétuosité, les eaux coulent dans la mer, découvrant un grand espace
de terre, laissent des marais, et font paraître des islots. Le
territoire de Lesbéh, village à une lieue de Damiette, et à la même
distance de la mer, nous offre toutes ces variations. Ce lac est très
poissonneux, et communique avec la mer par deux embouchures: sur ses
bords on fait la chasse des canards, et de différents oiseaux qui ne
sont pas amphibies.

La formation du sol des environs de Lesbéh mérite l'attention des
géologistes. J'ai réitéré souvent mes recherches sur cet objet, et le
résultat en a été toujours le même: ayant remué la terre, et ensuite
fouillé jusqu'à trois pieds de profondeur, j'ai observé constamment
qu'elle était composée de trois stratifications de différentes
substances terreuses, c'est-à-dire une de petites pierres ponces, que
les Italiens appellent _lapillo_, la seconde de coquillages, et la
troisième de sable, dans lequel on trouve des pétrifications de
crustacés, et de poissons. J'ai ramassé encore des productions
volcaniques, des morceaux de quartz de spath, et de feldspath, et des
scories naturelles qui ressemblent à celles des anciennes éruptions
du Vésuve, et de l'Etna. Je suis persuadé que ce pays-ci a été
volcanisé, comme tous les autres, et que ces observations répétées par
un habile lithologiste peuvent détruire les conjectures de certains
physiciens, et éclaircir la théorie de la création des terres de la
basse Égypte, et surtout de celles qui existent entre Lesbéh et la
mer.

Les principaux vents qui dominent ici sont ceux du nord, de l'ouest,
et du sud. Les vents septentrionaux, que les anciens ont appelés
_etesii_, ont fini de souffler vers la moitié de vendémiaire an 7, et
ont repris vers la fin de ventôse. Les vents méridionaux ont remplacé
les premiers, et ont duré jusqu'à pluviôse; en outre, ils ont soufflé
alternativement avec le vent d'ouest. Les dauphins, nommés _derphin_
par les Arabes, [Greek: delphis] ou [Greek: delphin] par les Grecs,
sautent sur le Nil; et viennent jusqu'à Damiette en poursuivant les
poissons de mer qui s'introduisent dans la rivière quand le vent
manque, ou que le vent du nord est léger. Les sycomores, qui sont les
arbres les plus gros de l'Égypte, et qui résistent fortement aux
vents, sont tous courbés vers le midi. Quelquefois les vents du sud
éclipsent le jour, emmènent le brouillard, ou remplissent l'atmosphère
de poussière, et produisent des ouragans qui durent quatre ou cinq
minutes. Comme les maladies changent selon les vents, les observations
météorologiques sont très nécessaires pour les médecins.

Il y a fort peu de plantes usuelles. On trouve abondamment de la
chicorée sauvage dans les champs de trèfle, et la _cochlearia
armoracia, L._ Les environs de Lesbéh sont riches en _salsosa kali_ et
_soda, L._; en conséquence on pourrait y établir facilement une
fabrique d'alkalis fixes. Les autres plantes les plus communes sont le
_cyperus papyrus, L._, le _solanum nigrum, L._, le _tamarix gallica
L._, le _nymphæa lotus, L._, et le _cærulea_ de Savigni, la _rubia
tinctorum, L._, le _hyoscyamus albus, L._, le _ricin uscommunis, L._,
la _malva ægyptiaca, L._, dont on mange le fruit, quelques _lythrum_,
quelques _rhamnus_, et trois espèces de _mimosa_, savoir,
l'_odoratissima_, la _nilotica_, et la _lebbeck, L._: il y a de la
casse aussi, mais elle n'est pas de la meilleure qualité.

On sale à Damiette une quantité immense de poissons, ce qui forme un
grand objet de commerce: les habitants en mangent beaucoup; et il
paraît qu'ils aiment les aliments salés, car leur fromage est
tellement rempli de sel, que les Européens ne peuvent pas en goûter.
Les empiriques du pays croient que les oeufs sont nuisibles, et ils
défendent à leurs malades d'en manger; cependant j'ai observé qu'ils
sont bons, et qu'ils ne causent aucun mal ni à nos malades, ni aux
hommes bien portants. Les pigeons et les poulets sont plus petits que
ceux d'Europe; ils ne sont pas si exquis, et relâchent le corps
facilement. Le beurre est excellent, mais il a la même propriété
laxative.

La ville est très sale: presque tous les habitants se plaisent à vivre
dans le fumier, et dans les ordures. Les enfants restent
continuellement dans la boue ou dans la poussière, et on les nourrit
avec des choses indigestes; je crois que c'est pour cela qu'ils sont
obstrués et emphysémateux. En général, les vieillards périssent de
dysenterie; les hommes dans leur virilité sont affectés d'hydrocèle ou
de hernies, et les jeunes ont les jambes variqueuses ou ulcérées; les
femmes, à l'âge de trente ans, sont vieilles, asthmatiques, et ont
quelquefois les articulations ankylosées. On compte une infinité
d'aveugles, de borgnes, et d'estropiés: après cela on peut dire avec
raison que dans ce pays-ci l'espèce humaine est presque déformée.

La boisson chérie de ces Musulmans dans leur état de santé est une
décoction de réglisse et de caroube. Les principaux remèdes qu'ils
emploient pour guérir les maladies sont le fer et le feu, et ils ne
prennent rien intérieurement. Dans les ophtalmies ils font usage d'un
collyre tonique, composé avec parties égales de noix de galle et
d'antimoine, pulvérisées et mêlées avec du vinaigre: cela forme une
espèce d'encre que l'on applique sur les paupières; ce remède n'est
pas mauvais pour cette maladie des yeux, et on en fait un grand
secret. Ils font un autre collyre avec parties égales de chisméh en
poudre, de sucre candi, et d'alun ou sulfate d'alumine; on mêle le
tout avec du vinaigre. Le chisméh est une petite semence noire qui
vient du royaume de Dar-Four.

Quant à leur médecine vétérinaire, elle paraît assez raisonnable, et a
opéré beaucoup de guérisons surprenantes; j'ai observé seulement
qu'ils traitent la gale des chameaux avec un onguent qui consiste dans
un mélange de soufre sublimé et d'huile d'olive.

Tout le monde parle de la force des Égyptiens, mais je crois que l'on
exagère sur cet article: ceux d'entre eux que je ne puis cesser
d'admirer sont les psylles ou éducateurs de serpents, qui ont l'art de
les faire sortir de leurs nids, de les prendre, et de les élever.

J'arrivai à Damiette vers la fin de fructidor an 6. Les maladies que
je trouvai dans l'hôpital militaire de cette place, du service duquel
j'ai été chargé pendant six mois, appartenaient alors à quatre
différents genres nosologiques; savoir, la diarrhée, la dysenterie,
l'ophtalmie, et la fièvre tierce.

Tous les Français en général étaient incommodés par la diarrhée, qui
était bilieuse ou lientérique. La dysenterie était moins répandue, et
il y en avait trois espèces bien caractérisées: savoir, la dysenterie
accompagnée de vers; la dysenterie muqueuse ou sans déjections
sanguinolentes, appelée _dyssenteria alba_ par Willis, Sydenham, et
Morgagni; enfin la dysenterie compliquée avec la fièvre tierce.

L'ophtalmie était la maladie la plus commune: je m'en suis occupé dans
un écrit particulier et c'est ce qui m'engage à ne pas m'étendre plus
au long sur cet objet.

La fièvre intermittente existait sous trois types différents, tierce,
double tierce, et tierce soporeuse, nommée par Werlhof, dans son
savant et beau traité des Fièvres, _tertiana carotica_: il y en avait
aussi qui ressemblaient aux fièvres tierces dont parle Torti.

Ces maladies ont régné seules pendant deux mois consécutifs. Aussitôt
que les vent du nord ont cessé tout à fait de souffler, il s'est
manifesté une fièvre épidémique et contagieuse qui faisait des progrès
avec une grande rapidité: ses premiers développements ont paru en
vendémiaire et brumaire, toutes les fois que les vents du sud
troublaient l'atmosphère, et apportaient de la pluie ou du brouillard
fétide. À la fin de frimaire, elle a éclaté avec violence, et a duré
sans diminution jusqu'au commencement de pluviôse: dans le courant de
ce mois elle a perdu un peu de sa force, et est devenue plus
compliquée en ventôse, lorsque les vents du sud changèrent et furent
remplacés par les vents de l'est. J'ai observé constamment que le mal
empirait quand l'atmosphère était chaude et humide, et qu'il diminuait
quand la température était fraîche. Ce qui prédisposait les hommes à
prendre la maladie facilement, c'étaient les excès en tout genre, la
transpiration supprimée, la malpropreté du corps, les habits légers,
la peur de mourir, les extrémités inférieures nues, la mauvaise
nourriture, les logements humides, sales, ou exposés au midi, et l'eau
qui n'était pas purifiée. Les habitants les plus vieux du pays, Coptes
ou Musulmans, m'ont assuré que cette épidémie venait tous les ans,
durait depuis l'automne jusqu'aux premières chaleurs de l'été, et
faisait de grands ravages sur la côte maritime de l'Égypte baignée par
la Méditerranée; ils m'ont dit aussi que pour s'en préserver il
fallait s'habiller pesamment pour suer beaucoup, se laver souvent la
tête avec l'eau froide, et garder un régime exact. D'après cela, on
voit clairement que la maladie est endémique, et qu'elle est causée
par les vents du sud, la pluie, l'humidité, le changement subit des
vents, et le brouillard. Les jeunes gens, les tempéraments sanguins,
nerveux, irritables, et les Français natifs des régions
septentrionales étaient plus susceptibles d'en être attaqués que les
hommes âgés, ou doués d'un tempérament bilieux, pituiteux,
mélancolique, et les originaires du midi de la France. Cette fièvre
endémique est constituée par les symptômes suivants.

La perte de l'appétit et une langueur générale dans tout le corps
précèdent la maladie: le premier jour de l'invasion, la fièvre paraît
très simple; elle se déclare avec une petite douleur de tête ou une
envie de vomir; on observe la langue rouge, le corps ardent, la peau
sèche, et le pouls dur et fréquent; le second ou troisième jour, les
glandes inguinales s'engorgent avec une douleur considérable, et
généralement tout le système lymphatique se trouve affecté; au
quatrième, il y a toujours rémission ou un peu d'apyrexie; et si le
malade ne guérit pas vers le cinquième, il faut douter de sa vie.
Quelquefois la fièvre a une période plus longue, accompagnée avec
l'éruption des miliaires ou de pétéchies; alors la mort est
immanquable, et arrive le septième jour. Souvent la maladie ne suit
pas le cours que je viens de décrire, et tue les hommes en
vingt-quatre ou trente-six heures. Dans les premiers jours, le malade
est inquiet, nostalgique; et vers les derniers il est plongé dans un
état comateux ou d'assoupissement. L'assemblage de tous ces symptômes
m'a fait caractériser cette fièvre pour un _synochus lymphaticus
miliaris_ ou _petechialis_. En pluviôse et ventôse, elle est devenue
un parfait _typhus_, et s'est compliquée avec un vomissement de
matières noires et verdâtres, avec une diarrhée colliquative, et le
délire.

Les anthrax ont accompagné rarement la maladie; il y en a eu seulement
deux cas, et tous les deux mortels, qui se sont terminés par la
gangrène. Le bubon se formait ordinairement aux aines, aux aisselles,
aux parotides, et aux bras: il grossissait après la crise avec une
inflammation des parties musculaires, conservait une dureté
squirreuse, et se terminait au bout d'un mois ou quarante jours par la
suppuration. Lorsque l'engorgement n'avait pas lieu, la maladie était
toujours mortelle. Ayant considéré que cette fièvre avait différents
types, j'en ai établi quatre degrés caractéristiques; savoir, 1°.
pyrexie sans apparence de symptômes ordinaires, durant vingt-quatre ou
trente-six heures, et finissant toujours avec la mort (_synochus_);
2°. pyrexie avec les symptômes manifestes, durant cinq jours,
dangereuse (_synochus lymphaticus_); 3°. pyrexie avec les mêmes
symptômes, pétéchiale ou miliaire, durant sept jours, très dangereuse
(_syn. lymph. petechialis aut miliaris_); 4°. pyrexie avec
vomissement, délire, diarrhée, durant trois jours, et finissant avec
la mort (_typhus gravior_). Le plus grand nombre des malades étaient
dans le cas du second degré.

Les cadavres en général avaient des taches livides sur le corps,
particulièrement aux reins, à la figure, et aux parties génitales; il
y en avait plusieurs parfaitement gangrenés, et d'autres sans signes
extérieurs: j'ai ouvert trois de ces derniers, et j'ai remarqué que
les parois des intestins et de l'estomac étaient couvertes d'un mucus
jaunâtre; les glandes conglobées étaient très dures, et avaient bien
diminué de leur volume.

Les remèdes qui ont le mieux réussi pour la guérison de cette maladie
ont été les laxatifs, les diaphorétiques, et les antiseptiques. Je
commençais le traitement par prescrire les purgatifs; ensuite on
continuait avec les potions sudorifiques camphrées, les tisanes
sudorifiques nitrées, et des lavements jusqu'à ce que la fièvre
passât: cette terminaison avait lieu par les sueurs, et les selles
abondantes; après cela, il restait à faire disparaître le bubon, et on
l'obtenait par la voie des émollients: j'ai tenté de le résoudre, mais
il ne m'a jamais été possible. Il est utile de faire connaître que les
émétiques, les saignées, et les vésicatoires, qui paraissaient être
indiqués, n'ont jamais répondu à mon attente. Je n'ai pas voulu
ordonner l'emploi du fer et du feu pour extirper le bubon, parce que
l'observation m'a appris que ces remèdes locaux n'agissaient pas d'une
manière avantageuse.

Je dois observer que la partie thérapeutique de ces observations qui
est très peu étendue ne se ressent que trop des circonstances au
milieu desquelles je me trouvais, et où tout ne concourait pas à
assurer mes succès. Ainsi il est possible que des moyens d'exécution
énergiques et prompts qui m'ont manqué, aient influé sur le jugement,
que j'ai particulièrement porté sur les révulsifs les plus puissants.



DESCRIPTION et TRAITEMENT

_De l'ophtalmie d'Égypte, par le citoyen SAVARESI, médecin ordinaire
de l'armée d'Orient._[2]

    [Note 2: Cet article est la traduction d'un opuscule italien
    intitulé: _Descrizione dell' oftalmia di Egitto, coll metodo
    curativo della medesima_; imprimé au Kaire l'an VIII.]



HISTOIRE PATHOLOGIQUE DE L'OPHTALMIE.


L'ophtalmie vient frapper au milieu de l'état de santé le plus
parfait; il est donc difficile de la prévenir, et elle est
généralement locale: mais lorsqu'elle vient à prendre un mauvais
caractère, le pouls est agité, et on peut la considérer comme une
inflammation interne. Ses progrès sont rapides et sa terminaison est
longue; si elle ne se termine pas en sept à huit jours, elle dure
souvent un ou deux mois. J'ai attentivement observé dans le cours de
cette maladie que l'oeil gauche est plus affecté que le droit, et la
gravité du mal paraît périodique. La diarrhée, la dysenterie, ou les
fièvres tierces, surviennent quelquefois, et effacent jusqu'aux
moindres traces de l'ophtalmie. La terminaison, quand la guérison ne
s'annonce pas, est suivie de l'amaurosis, de l'obscurcissement de la
vue, ou de la perte entière de l'oeil, après avoir lutté contre les
remèdes les plus forts et les plus actifs.


_Des causes de l'Ophtalmie._

Je crois l'ophtalmie d'Égypte endémique; et voici les raisons sur
lesquelles je fonde cette opinion.

Les campagnes de l'Égypte sont d'immenses plaines où la lumière est
très vive; leur terrain est sec, friable, et brûlant, particulièrement
l'été; il est argileux et crayeux, contenant le nitrate de potasse
tout formé, le natron, et le muriate de soude; les jours sont brûlants
et sereins, et les nuits fraîches, humides, et nébuleuses. Il est
évident que ces circonstances physiques réunies doivent nuire aux yeux
des animaux sur lesquels elles exercent leur action, et doivent agir
en stimulant; ce qui attire le concours des humeurs, rompt
l'équilibre du ton naturel de la partie en l'augmentant ou en le
diminuant, ce qui fait naître l'ophtalmie sthénique ou asthénique. En
effet, ce qui frappe le plus en Égypte un voyageur, c'est de
rencontrer un nombre prodigieux d'aveugles ou de personnes affectées
de maladies des yeux. L'ophtalmie attaque également les riches et les
pauvres, les habitants des villes et ceux des campagnes. L'histoire
nous apprend aussi que plusieurs des Pharaons moururent aveugles. Les
animaux ne sont pas plus exempts que les hommes des maladies des yeux;
la plupart des chiens sont aveugles ou borgnes, et beaucoup d'ânes, de
chevaux, de boeufs, et de chameaux, ont les yeux tachés ou légèrement
affectés. Je conclus de la réunion de tous ces faits, assez faciles à
vérifier, que l'ophtalmie est endémique dans les pays arrosés par le
Nil, et augmente dans les saisons chaudes, c'est-à-dire depuis le
commencement de l'été jusqu'à la fin de l'automne.

Quelques-uns ont prétendu que les peuples qui se nourrissent de riz,
ou qui en font un grand usage, comme les Égyptiens, sont sujets à
cette maladie. S'il en était ainsi, les Italiens, et surtout les
habitants de la Lombardie, qui en mangent deux fois le jour, devraient
être incommodés de la même endémie. Cette opinion se trouvant encore
démentie par l'exemple de plusieurs autres peuples ne demande pas une
plus longue réfutation.

On compte ordinairement parmi les causes de l'ophtalmie une terre ou
poussière nitreuse qui abonde en Égypte. Nous devons entendre par
cette manière de s'exprimer les sels neutres produits par la
combinaison de l'acide nitrique avec un alkali fixe ou une terre
simple, qui, comme ils absorbent l'humidité de l'atmosphère, excepté
le nitrate de potasse, ne peuvent se maintenir dans l'état neutre sous
forme de poussière. Nous savons en outre que l'acide nitrique a plus
d'affinité avec la barite et avec la potasse qu'avec la soude et les
autres terres primitives; c'est par conséquent le nitrate de potasse
qu'on a mal à propos appelé poussière nitreuse: je ferai bientôt voir
que ce sel ne nuit point aux organes de la vue.

L'argile qui a l'alumine pour base, et la craie qui est une
combinaison de l'acide carbonique avec la chaux, sont deux substances
terreuses extrêmement répandues sur le sol de l'Égypte. L'expérience
prouve que ces deux substances et leurs bases occasionnent sûrement
l'ophtalmie. En effet je les ai introduites, après les avoir
pulvérisées, dans les yeux de divers chiens, qui devinrent presque
aveugles le lendemain de l'opération. J'ai éprouvé le nitrate de
potasse sur divers autres chiens, et il n'a occasionné aucun mal. J'ai
vu deux grenadiers se jeter, en plaisantant, de la chaux, qui porta
sur leur visage et entra dans leurs yeux; ils eurent une ophtalmie qui
les obligea de venir à l'hôpital, où je les traitai et les guéris: ces
faits sont convaincants.

Presque tous les maçons de l'Égypte ont mal aux yeux, parce que dans
leur travail mal entendu ils manient continuellement la chaux ou
respirent dans une atmosphère chargée de molécules calcaires,
crayeuses, argileuses. Les maçons d'Europe qui travaillent
différemment sont peu sujets aux mêmes maladies.

On pourrait accumuler les exemples; mais cela contrarierait la
brièveté que je me suis proposée.


_Division nosologique de l'Ophtalmie._

L'ophtalmie est sthénique ou asthénique, c'est-à-dire née de l'excès
ou du défaut de ton. Il n'y a qu'une espèce appartenant au premier
genre, que je nomme _inflammation du bulbe de l'oeil_; il y a deux
espèces appartenant au second genre, que je distingue en _inflammation
des tarses_, et _inflammation de la conjonctive_: chacune de ces trois
espèces est caractérisée par des symptômes qui lui sont particuliers.



PREMIÈRE ESPÈCE.

_Inflammation du bulbe de l'oeil._

Les paupières rouges et enflammées s'ouvrent avec beaucoup de
difficulté; une douleur insupportable du bulbe de l'oeil correspond
dans l'intérieur de la tête; les petits vaisseaux de la conjonctive
sont tellement engorgés de sang, qu'ils forment une pellicule
membraneuse qui entoure l'oeil. La vue est obscurcie, couverte de
nuages, quelquefois éteinte; on ne peut supporter la lumière; une
excrétion purulente remplace les larmes; et les malades se plaignent
souvent de sentir de petites pierres qui picotent leurs yeux, et un
morceau de drap qui les recouvre.


SECONDE ESPÈCE.

_Inflammation des tarses._

Gonflement des paupières supérieures, elles pâlissent et se relâchent;
difficulté de les ouvrir; la lumière produit une sensation
désagréable; le tarse est douloureux et enflammé; larmoiement.


TROISIÈME ESPÈCE.

_Inflammation de la conjonctive._

La lumière est insupportable; la conjonctive est enflammée; douleur
poignante; la vue trouble, épanchement de larmes.


_Traitement de l'Ophtalmie._

J'ai commencé le traitement des trois espèces d'ophtalmie en purgeant
indistinctement les malades avec une once de sulfate de magnésie; et
j'ai ensuite continué d'administrer les remèdes propres à remplir les
indications.

L'ophtalmie sthénique demande l'attention d'un médecin habile et
observateur, parce que la guérison dépend de l'activité des premiers
remèdes. Dans ce cas, un vésicatoire à la nuque, et une saignée locale
à la temporale ou à la jugulaire, sont très utiles, et il ne faut pas
les négliger: une heure après la saignée, on aperçoit un changement
remarquable dans la maladie; le spasme et la douleur grave de la tête
diminuent le lendemain, ou cessent de tourmenter. Quelquefois cet
effet n'est pas si subit, et la maladie continue accompagnée d'une
petite agitation fébrile: pour venir à bout de l'arrêter, il faut la
saignée et les purgatifs. On prescrit un régime modéré; pour boisson,
une décoction d'orge avec le tartrite acidulé de potasse, et un
collyre résolutif et calmant, fait avec l'opium dissous dans l'esprit
de vin, et une décoction de safran. Il faut continuer ce traitement
jusqu'à ce que l'enflure diminue, et que les paupières viennent à se
renverser avec une certaine augmentation de volume; phénomène
constant, dû à l'affaiblissement et au relâchement des vaisseaux.
Quand ce changement est survenu, on ordonne un collyre savonneux, qui
consiste dans une dissolution de savon dans l'esprit de vin, dont
l'usage rend aux paupières leur position naturelle, et elles se
rouvrent librement, de manière à ce que l'on voit facilement la cornée
transparente, légèrement rongée ou tachetée: dans le premier de ces
deux cas, on emploie avec succès l'eau fraîche et le vinaigre, et dans
le second un collyre sec, composé avec le sucre candi, le sulfate
d'alumine, et le nitrate de potasse; ce qui détruit les taches en peu
de jours. En prenant les topiques et les remèdes internes désignés
ci-dessus, on obtient facilement la guérison dans l'espace d'un ou
deux mois; si on vient à outrepasser ce terme, il faut désespérer de
recouvrer l'usage des parties affectées.

Pour ce qui est relatif au traitement de la seconde espèce
d'ophtalmie, j'ai employé un seul collyre tonique, ou une dissolution
de sulfate de zinc dans l'eau mêlée avec du vinaigre et de
l'eau-de-vie: ce remède a été très utile, et a guéri radicalement en
vingt jours ou un mois.

Un autre collyre, fait avec le muriate de soude dissous dans l'eau
mêlée au vinaigre, a servi à guérir la troisième espèce d'inflammation
ophtalmique, qui est la plus simple, mais tenace comme la précédente.
J'ai vu guérir cette indisposition sur les côtes de l'Italie avec de
simples bains d'eau de mer.

Plusieurs louent l'application des cataplasmes émollients et
résolutifs dans les trois espèces d'ophtalmie; mais l'observation
apprend le contraire, et fait voir que ces moyens relâchent les
parties, augmentent la douleur, et produisent d'autres mauvais effets.

Tel est le traitement dont je me suis servi dans les hôpitaux
militaires; et sur environ mille malades que j'ai traités, je n'ai eu
à déplorer le sort que de deux qui sont devenus aveugles, et de deux
autres qui ont perdu un oeil.


_Moyens préservatifs de l'Ophtalmie._

Les moyens que j'ai à indiquer ne peuvent guère servir aux soldats,
que leur profession et leurs exercices continuels privent de pareils
soins; cependant ils peuvent être utiles à ceux qui auront plus
d'aisance et de loisir.

D'abord il faut éviter de s'exposer à la lumière trop vive du soleil
la tête découverte, et à l'humidité de la nuit sans se couvrir; en
second lieu il faut se baigner les yeux deux ou trois fois par jour
avec de l'eau claire, mêlée avec du vinaigre ou du suc de limon; il
faut faire la même chose quand l'organe a été irrité par la poussière,
la fumée, le frottement, une légère percussion; et, quand il a été
affaibli par trop de lumière ou d'humidité, il faut y souffler des
liqueurs spiritueuses ou toniques: enfin il faut s'abstenir
soigneusement d'aliments salés, et en même temps exciter une
transpiration modérée, conserver les cheveux un peu longs, éviter la
fraîcheur quand on est échauffé, et entretenir la liberté du ventre.

Ces préservatifs simples sont appuyés sur l'observation et
l'expérience; et, quand ils sont employés à propos, ils préviennent la
maladie et conservent la vue.



NOTICE

_Sur la topographie physique et médicale de Ssalehhyéh; par le citoyen
SAVARESI, médecin ordinaire de l'armée d'Orient._


Ssalehhyéh, dans la province de Charqyéh, est la réunion, au milieu
d'une immense forêt de palmiers, d'une trentaine de petits hameaux
bâtis avec une boue sablonneuse et séchée au soleil. On y observe
douze à quinze petits lacs, qui restent à sec pendant l'été, et un
grand nombre de fossés où l'eau vient se déposer et séjourner toute
l'année. Il s'élève au milieu de ces hameaux une assez belle mosquée,
en partie ruinée, dont le minaret surmonte la forêt, interrompt
agréablement la régularité du rideau de verdure, et fait un bel effet
dans le paysage. Ce monument, entouré d'une fortification élevée par
les Français, et qui doit être considéré comme le point principal de
tout ce canton, est situé, d'après les observations exactes et
récentes du citoyen Nouet, au 29° 39' 30" de longitude, et au 30° 48'
28" de latitude boréale, méridien de Paris.

Les maisons des paysans, ou plutôt leurs huttes ont six pieds
d'élévation sur quatre pieds de large et cinq pieds de long; il y en a
de plus petites encore: quelques-unes sont blanchies intérieurement
avec du plâtre; elles sont garnies d'un lit et d'une natte de palmier
ou de jonc. Les hommes et les animaux vivent à peu près pêle-mêle. Les
habitants sont Arabes, et de diverses tribus qui autrefois étaient
ennemies et souvent en guerre.

La forêt, qui a trois à quatre lieues de tour, confine à l'est avec le
désert, qui, d'après les modernes, sépare l'Asie de l'Afrique, ou
forme l'isthme de Souès. C'est à environ deux heures de marche dans ce
désert qu'eut lieu le combat de thermidor an VI, lorsque l'armée
poursuivit Ibrahim bey dans sa fuite en Syrie.

Le terrain de cette contrée est composé de sable quartzeux et
d'argile: on peut assurer que la proportion de la première partie avec
la seconde est comme trois à un. Si ce pays était un an sans être
arrosé, il deviendrait très aride: les eaux du Nil, qui y arrivent par
des canaux, déposent dans leur trajet une assez grande quantité du
limon dont elles sont chargées; mais cela ne suffit pas pour
engraisser la terre, et la partie sablonneuse y prédomine toujours.
C'est malgré cela le seul endroit de la basse Égypte où j'ai vu des
prairies naturelles, ornées de fleurs de camomille, de gremil
(_lithospermum augustifolium._ Lin.) de lichens et de narcisses, et
qui offre des points de vue aussi agréables.

Quoique le pays présente peu de ressources, les habitants vivent assez
bien; ils recueillent du blé et de l'orge; ils ont du trèfle, du
tabac, de l'indigo, des radis, des banniers (_hibiscus esculentus._
Lin.), de la mauve, des dattes excellentes, du poisson, des poulets,
des pigeons, des canards, des troupeaux de chèvres et de moutons. J'ai
vu fort peu de buffles et de boeufs, et je crois qu'ils ne leur sont
pas nécessaires, parce qu'ils arrosent à force de bras, et qu'ils
défrichent la terre sans le secours de ces animaux.

Une multitude de hérons et d'oiseaux nageurs passent leur vie sur les
bords des lacs dont j'ai parlé; ils y pêchent de petits poissons, et y
cherchent des vers pour se nourrir. Les insectes sont en général, et
comme dans le reste du désert, de la couleur parfaite du sable; de
sorte qu'il y a trois ou quatre espèces d'orthoptères, qu'on ne peut
distinguer que quand ils sautent. On prend beaucoup de hérissons dans
les bois, et on y chasse le sanglier. Les corbeaux et les milans
purgent promptement la terre des cadavres. Les chiens sont comme ceux
du reste de l'Égypte. Les déserts voisins sont peuplés de gazelles,
d'autruches, de caméléons, et de lézards prodigieux, tels que ceux que
l'on fait voir par curiosité dans les rues du Kaire.

Au nord de la forêt il y a des tamaris, des saules et des nabkhs
(_rhamnus napeca._ Lin.). J'ai trouvé la _salsosa_ et la _suæda_, le
_chenopodium polyspermum._ Lin., la _filago gallica._ Lin., le
_colchicum autumnale._ Lin., le _ranunculus sceleratus._ Lin.,
l'_alisma, plantago_ Lin., la _fumaria officinalis._ Lin., le
_buphtalmum spinosum._ Lin., l'_arthemisia absyntium._ Lin., et la
_medicago marina._ Lin. Les _cyperus_, communs sur les bords du Nil,
sont ici très rares. La chicorée sauvage, la bourrache et la
cynoglosse y croissent en abondance.

On a pour les arbres un respect religieux: cela tient-il à leur grande
utilité, ou bien à l'usage où les habitants de ce pays sont d'enterrer
quelquefois leurs morts au pied des arbres? Je frappais un jour avec
une baguette le tronc d'un beau nabkh; un vieillard s'avança vers moi;
il était ému et ses yeux étaient baignés de larmes: _Cesse_, me dit-il
en suppliant, _cesse de troubler le sommeil d'un cheikh vénérable qui
repose sous les racines de cet arbre_. Je me conformai à l'instant à
ses désirs, et il me combla de bénédictions.

Les lieux incultes sont, comme le reste de l'Égypte, couverts de
muriate de soude. J'ai observé deux citernes ruinées et bâties en
brique, sur lesquelles on trouve une matière saline blanche, qui m'a
paru du natron.

Il y a très peu de minéraux; on rencontre par fois des morceaux de
lave qui sont des débris de meules.

Les habitants de Ssalehhyéh ont peu de maladies, et la mortalité est
limitée chez eux. D'après un calcul que j'ai fait, l'ophtalmie attaque
tous les ans la vingtième partie de la population. Il y a peu
d'aveugles, et beaucoup de borgnes. La perte de la vue est souvent la
suite de la petite vérole, qui fait de fréquents ravages, et se joint
tous les dix ou quinze ans aux fièvres contagieuses qui se propagent
d'ordinaire de Damiette. L'application du feu et les scarifications,
moyens énergiques et par conséquent efficaces, quand l'emploi en est
sagement déterminé, composent à peu près toute la médecine du pays,
qui est d'ailleurs sain, et où il pleut sept ou huit fois par an dans
l'hiver. Les habitants se baignent fréquemment dans les lacs. Ils sont
sobres. Ils ont placé leurs cimetières loin de leurs habitations. Il
est digne d'observation que les hommes et les femmes n'ont pas, comme
dans le reste de l'Égypte, l'usage de se couvrir le corps de marques
bleues, de noircir leurs paupières, et de colorer leurs ongles avec le
henné (_lewsonia inermis._ Lin.), pratique au reste très ancienne chez
les Arabes, même parmi les khalifes, et dont il est fait mention dans
l'Histoire sarrasine d'Elmacin, traduite par Erpenius. J'ai vu à
Ssalehhiéh un grand nombre de vieillards assez robustes, et n'ai pas
observé un seul estropié. Il faut sans doute rapporter en grande
partie cette belle conformation à la grande liberté des mouvements
qui ne sont jamais comprimés dans l'enfance.



NOTICE

_Sur la topographie physique et médicale de Belbeys; par le citoyen
VAUTIER, médecin ordinaire de l'armée d'Orient._


Belbeys est une ville de la Charqyéh, et le chef-lieu du 4e
arrondissement de l'Égypte, dans la division établie par l'ordre du
général en chef Kléber, du 28 fructidor an VII.

Le citoyen Nouet, membre de l'institut, observant au camp un
quart-d'heure en avant de Belbeys, en a déterminé la situation au 29°
13' 36" de longitude, et 30° 25' 36" de latitude, méridien de Paris,
et à 24,687 toises ou 10 lieues 8 toises, à 2,283 toises par lieue,
nord nord-est du grand Kaire, tour des janissaires.

La population actuelle est de deux mille habitants environ, tous
musulmans, à l'exception de quelques familles de chrétiens, qui
n'exercent aucun culte public, et s'y trouvent fixées seulement depuis
l'occupation de l'Égypte par les Français.

On a cru mal-à-propos que Belbeys était bâtie sur les ruines de
l'ancienne Bubaste. Les ruines de cette dernière ville sont à six
lieues ou six heures de marche, nord nord-est de Belbeys.

Il paraît certain, d'après beaucoup de renseignements, que Belbeys est
l'ancienne Pharbætis.

Belbeys était considérable lorsqu'Amauri, roi de Jérusalem, en fit le
siège à la tête des croisés, l'emporta d'assaut, et la livra au
pillage: depuis cette époque cette ville présente un aspect misérable;
les rues sont mal percées et les maisons mal bâties. Il y a seulement
une assez belle mosquée, en partie ruinée, et convertie par les
Français en hôpital militaire. Les fortifications construites pour
notre défense donnent pourtant à cette ville, un aspect et un
caractère qu'elle n'avait pas auparavant.

Les environs de Belbeys sont, les uns déserts et sablonneux, et les
autres susceptibles d'une belle culture. La partie du nord-est, qui
s'étend vers le Mokatam, appartient au premier genre; le reste,
abandonné depuis très peu de temps, et par une suite des circonstances
de la guerre, était très bien cultivé.

Dans quelques fouilles aux environs de la ville j'ai trouvé beaucoup
de terres argileuses, des bois pétrifiés, et une quantité considérable
de briques. On remarque quelques traces de l'ancienne enceinte au nord
et à l'est de la moderne.

Au nord-est et à cinq cents toises de Belbeys on voit les restes d'une
digue appartenant à l'ancien canal de Souès, appelé depuis
Abou-Menedjéd; cette digue était revêtue d'un quai en maçonnerie près
de Belbeys. Le canal abreuvait la ville, arrosait les environs,
servait au commerce, qui consistait principalement en blé et en graine
de lin. Les sables portés par les vents ont comblé presque entièrement
le canal, abandonné au dépérissement par une suite de l'insouciance
des habitants, et de l'inertie coupable du gouvernement, qui n'est
cependant institué partout que pour s'occuper de la prospérité
publique: c'est l'époque à laquelle a commencé une grande stagnation
dans l'activité et dans l'industrie des habitants, et la diminution de
l'aisance qui est la récompense du travail. Il n'y a plus à Belbeys
que quarante cinq tisserands, et onze fabriques ou moulins à huile de
lin, qui se consomme sur les lieux, et s'exporte en Syrie.

On cultive le lupin en assez grande quantité dans les environs, et
l'on en mange les graines après les avoir fait germer, ce qui leur
enlève leur odeur nauséabonde.

On cultive également le henné dans les environs de Belbeys, et autour
des villages de Zéribéh et Géty: on ne permet point à cet arbrisseau
de s'élever à une grande hauteur, comme dans les jardins du Kaire, où
l'on aime ses fleurs blanches et odorantes; on se contente de les
laisser croître jusqu'à six à sept pieds de hauteur: on coupe les
branches deux fois par an, ensuite on les entasse pour les faire
sécher au soleil; après la dessiccation on sépare les feuilles des
branches en les battant avec des massues: cette première opération
faite, on ramasse les feuilles, que l'on passe dans un tamis afin d'en
séparer la terre, ensuite on les pulvérise dans un moulin dont la
meule est de granit, et divise en molécules très déliées. La poudre
qui en est le résultat est encore passée dans un tamis de crin, afin
d'en retirer les parties ligneuses qui ont pu rester dans la
pulvérisation. On met ensuite la poudre dans des sacs de cent-vingt
livres, et c'est ainsi qu'elle est répandue par la voie du commerce
dans l'Égypte, la Syrie, et la Perse, où elle est employée avec
beaucoup de succès dans la teinture des étoffes, particulièrement de
laine. Les citoyens Berthollet et Descotils, membres de l'institut,
ont déjà publié sur les propriétés tinctoriales du henné des
observations qui ne me laissent rien à dire sur cet objet.

Les Égyptiens colorent en rouge orangé leurs ongles, et souvent la
peau de leurs mains, avec une pâte faite de poudre de henné: c'est
ordinairement à l'époque à laquelle ils vont contracter le mariage; et
ce signe de leurs engagements répond en quelque sorte à nos
fiançailles.

Indépendamment des productions dont j'ai parlé, on cultive encore dans
la campagne du blé, des lentilles, des fèves, du tabac, de la
coriandre, etc.

On a sans fondement donné le nom de _Camp des Romains_ à l'enceinte
d'une ancienne ville ou plutôt d'un temple égyptien d'une haute
antiquité, qui se trouve près du village de Mit-Habit. Ces ruines sont
désertes; mais les environs sont bien cultivés, arrosés par les eaux
du Nil; ils sont ornés d'un grand nombre de dattiers.

Les habitants de Belbeys sont généralement secs, maigres, et très
robustes. Il y a parmi eux beaucoup de vieillards; mais on ne peut,
comme dans le reste de l'Égypte, fixer l'âge bien précis d'aucun
d'entre eux.

Le caractère des habitants m'a paru doux, de même qu'ils m'ont paru
attachés aux Français. Cette bienveillance, fruit de la justice de
notre gouvernement, n'a pas même échappé à nos ennemis, quand le
grand-vizir s'avança, l'an VIII, jusqu'aux portes du Kaire pour
exécuter la partie de la convention d'êl-A'rych qui lui était
avantageuse.

Les maladies dont les habitants de Belbeys sont le plus souvent
affectés sont l'ophtalmie, la diarrhée, la dysenterie, les fièvres
gastriques, et les intermittentes, la petite vérole discrète, et
surtout la confluente, qui est, sans en excepter les fièvres
pestilentielles, celle de toutes les maladies qui fait le plus de
ravages en Égypte.

Les habitants sont très sujets aux vomissements, quand, après avoir
mangé, ils boivent l'eau des citernes: les troupes françaises ont
éprouvé la même indisposition. Cela tient à ce que ces eaux, surtout
quand elles sont anciennes, contiennent beaucoup de gaz hydrogène
sulfuré; mais en les exposant à l'air, en les agitant, en les versant
de haut, on leur rend l'oxygène nécessaire pour être très bonnes et
agréables à boire.

Le peuple écoute avec plaisir en Égypte les avis des médecins
européens. En profitant de cette disposition confiante des esprits, on
pourrait répandre des principes d'hygiène énoncés avec clarté et
simplicité; et quand ils seraient réduits en pratique, l'on aurait
beaucoup moins de maladies à craindre et à combattre.



NOTICE

_Sur la topographie physique et médicale de Rosette; par le citoyen L.
FRANK, médecin ordinaire de l'armée d'Orient._


Rosette, située au 31° 54' 2" de latitude boréale, et au 28° 11' 24"
de longitude, méridien de Paris, est l'une des plus belles villes de
l'Égypte; elle est bâtie sur la rive occidentale du Nil, à une lieue
et demie de la mer. En considérant les blocs considérables et les
nombreuses colonnes de granit qui se trouvent fréquemment, on pourrait
croire cette ville très ancienne; mais l'histoire ne fait pas remonter
sa fondation plus haut que le huitième siècle. El-Macin nous apprend
qu'elle fut bâtie sous le règne d'èl-Metouakel, khalife de Bagdad,
vers l'an 870 de l'ère vulgaire, et sous le pontificat de Canna,
patriarche des jacobites à Alexandrie.

Rosette, d'une forme demi-ovalaire, a à-peu-près une lieue de longueur
sur un quart de largeur; les maisons y sont d'une forme élégante,
construites assez solidement, et terminées par des terrasses: les rues
ne sont point régulièrement alignées, et la plupart sont étroites;
mais le quai qui borne le Nil est très beau, la vue en est extrêmement
agréable. Il y règne de la fraîcheur et un grand mouvement qui produit
beaucoup de diversion.

Au nord de la ville on trouve une place assez belle et très spacieuse;
c'est là qu'est établi l'hôpital militaire, propre à recevoir
commodément trois cents malades.

La ville est entourée de jardins, surtout au nord et au sud. La
plupart de ces jardins sont hérissés d'orangers, de citronniers, de
bananiers, de dattiers, etc., plantes sans aucun ordre. L'art de
cultiver les orangers et les citronniers est absolument inconnu. Au
reste l'hiver ne les dépouille point de leur verdure, et ils sont
toujours comme au printemps; dans le temps des fleurs ils embaument au
loin l'air que l'on respire. On cultive avec quelque soin une
prodigieuse quantité d'excellentes plantes potagères, que l'on
transporte à Alexandrie, dont le terrain stérile n'a pas les mêmes
richesses. On trouve encore à Rosette et on en exporte des melons, des
figues, des bananes, des pêches, des abricots, des grenades, des
oranges, etc.

Au sud et au sud-ouest il y a des monticules de sable, et au nord une
plaine à perte de vue très bien cultivée et très agréable.

Rosette est en face du fertile Delta, où l'on cultive entre autres
choses une prodigieuse quantité d'excellent riz. Les rizières ne me
paraissent pas entraîner l'insalubrité dont on se plaint tant et avec
fondement en Europe.

Il est très difficile d'évaluer au juste la population d'aucune ville
de l'Égypte; cependant je crois que celle de Rosette est de douze à
quinze mille habitants. La population était beaucoup plus
considérable, et peut-être double, il y a quelques années; mais une
interruption notable dans le commerce intérieur et extérieur, ainsi
que des épidémies fréquentes ont contribué à cette diminution. La
célèbre peste appelée en Égypte d'Ismael-bey, qui a eu lieu en 1791,
a fait à Rosette des ravages particuliers.

Le plus grand nombre des habitants de Rosette sont musulmans; le reste
est Juif, ou catholique du rite grec ou latin. Le gouvernement des
Mamelouks attachait peu d'importance à la diversité des cultes, et les
tolérait tous.

Les habitants de Rosette sont généralement d'un caractère froid et
tranquille, sans désirs, sans ambition, supportant également la bonne
et la mauvaise fortune, rapportant tout à la volonté de Dieu. Les
hommes passent le jour occupés à fermer, à leurs affaires, ou au
milieu de leur famille; rarement ils se promènent même dans leurs
suaves jardins. Tout ce qu'a raconté Savary sur les fréquents
rendez-vous des jeunes Géorgiennes est une fiction de son imagination;
les femmes ne sortent pas plus de leurs maisons que dans le reste de
l'Égypte: c'est une habitude prise dès l'enfance, et non pas une
contrainte.

Les hommes sont généralement d'une belle taille, robustes, et d'une
physionomie mâle; leur marche est grave et mesurée.

Quant aux femmes, il est difficile de les voir et de les juger. La
coutume de les voiler, qui nous paraît ridicule, n'est pas sans de
grands avantages pour le bonheur individuel des familles. C'est dans
l'Orient que les hommes peuvent se flatter d'avoir une femme qui leur
appartient exclusivement, et des enfants qu'ils ont faits. Les femmes
n'ont qu'une occupation, celle de plaire à leurs époux: il est vrai
qu'elles sont aussi plus jalouses de la toilette, des belles étoffes
et des bijoux, que les Européennes, et que c'est par leurs caresses
qu'elles obtiennent tout ce qu'elles veulent. Quoique les femmes de
ces contrées se croient assez instruites sur les moyens de concevoir
aisément, elles consultent encore avec empressement les médecins sur
cet objet. Un grand caractère de beauté pour les femmes est d'avoir de
l'embonpoint, quelque loin qu'il soit porté; et ce que l'on peut dire
de plus flatteur pour une femme c'est qu'elle est belle comme la lune.

Prosper Alpin a déjà parlé des différents moyens qu'emploient les
femmes pour s'engraisser: mais je me propose de traiter amplement
cette matière dans un ouvrage étendu, que je compte publier dès que
les circonstances me le permettront, et dont l'annonce est déjà connue
par une lettre adressée au citoyen Desgenettes, médecin en chef de
notre armée, en date du 18 pluviôse an VIII, et imprimée le 30 du même
mois dans le n° 59 du courrier d'Égypte.[3]

    [Note 3: Tout mon travail est divisé en neuf articles; savoir:

      1° Topographie physique du grand Kaire;
      2° Son climat, différence des saisons, etc.;
      3° État actuel de la médecine, de la chirurgie, et de la pharmacie.
      4° Recherches sur la manière la plus vraisemblable d'évaluer
      la population du Kaire;
      5° Qualités physiques et morales des habitants;
      6° Leur manière de vivre;
      7° Les bains d'étuves, et leur influence sur la santé;
      8° Les principales maladies qui s'observent;
      9° Exposé de la matière médicale des habitants du Kaire.

    Je compte encore publier différents autres mémoires, parmi
    lesquels il s'en trouve un sur le commerce des nègres au Kaire, et
    sur les maladies auxquelles ils sont sujets en arrivant. Il
    contient, à ce que je crois, des détails assez curieux,
    entièrement négligés par les voyageurs qui ont jusqu'à présent
    visité l'Égypte.]

La manière de vivre des habitants de Rosette est très simple, et
offre un grand exemple de sobriété. L'eau du Nil devient saumâtre
quand ce fleuve décroît, parce que l'eau de la mer vient s'y mêler; et
on boit alors l'eau des citernes, que l'on remplit tous les ans dans
le temps de la crue du fleuve.

Parmi les animaux domestiques celui qui prospère le plus est le
buffle; son lait est très substantiel, mais sa chair est inférieure à
celle du boeuf et des vaches. Plusieurs épizooties ont réduit
considérablement le nombre de ces derniers animaux. Il est remarquable
qu'au plus fort de la maladie les buffles vivaient pêle-mêle avec les
boeufs et les vaches, prenaient la même nourriture sans en prendre la
maladie.

Il y a beaucoup de chameaux à Rosette. L'entretien de cet animal
utile est peu coûteux: mais il exige beaucoup de soins; si on charge
mal un chameau on court risque de le blesser et de le mettre
facilement hors de service. Ceux qui ont mangé du chameau le préfèrent
au cheval. Les chameaux et les chameliers sont très sujets à la gale:
on la traite chez les uns et les autres avec du soufre. Au reste la
gale est très rare dans toute l'Égypte, même parmi les Juifs, qui,
comme on le sait, sont partout ailleurs sujets à cette maladie de la
peau.

Le climat de Rosette est beaucoup plus tempéré que celui du Kaire.
Dans le printemps, l'automne, et l'hiver, l'atmosphère est
sensiblement humide du coucher au lever du soleil. Il pleut en hiver
quelquefois plusieurs jours de suite; et c'est ce qui a déterminé les
habitants à bâtir solidement leurs maisons. Les vents du nord sont
fréquents en été; on s'en aperçoit à la direction de quelques
sycomores. Quand le vent diminue, on est abattu comme dans le reste de
l'Égypte; et c'est le temps des maladies.

La peste, la dysenterie, la petite vérole, et les maux d'yeux sont les
maladies les plus fréquentes et les plus redoutables à Rosette. Les
moins dangereuses sont les affections hémorroïdales, l'asthme, la
faiblesse, et les flatuosités de l'estomac. Le rachitis, la dentition
difficile, et les convulsions enlèvent une quantité considérable
d'enfants dans la première et seconde année de leur vie. On voit assez
fréquemment une tuméfaction monstrueuse des extrémités inférieures.

L'expérience a prouvé qu'il est avantageux d'envoyer les convalescents
du Kaire à Rosette: cette translation guérit souvent des dysenteries
rebelles.

Rosette n'a ni médecins, ni chirurgiens, ni pharmaciens instruits ou
expérimentés. Il est d'usage de traiter les maladies vénériennes avec
la salsepareille et les bains; ce qui réussit. Ce qu'ils savent sur la
peste se réduit à son histoire.

J'aurais désiré donner plus d'extension à cette notice; mais je n'ai
pu me refuser à la rendre publique pour me conformer aux vues énoncées
dans la circulaire du médecin en chef de l'armée, du 25 thermidor an
VI.



NOTES

_Pour servir à la topographie physique et médicale d'Alexandrie,
rédigées par le citoyen SALZE, médecin ordinaire de l'armée d'Orient._

  Oui, ces ruines même ont encore des attraits!
  Là, si le coeur nourrit quelques profonds regrets,
  Si quelque souvenir vient rouvrir sa blessure,
  Il peut mêler son deuil au deuil de la nature.

                       DELILLE, Poème des Jardins.


Alexandrie, à l'ouest et à 95,016 toises de distance du Kaire, ou 41
lieues et 6 toises, en comptant les lieues à 2,283 toises, est située
au 30° 33' 4" longitude, et au 24° 59' 59" de latitude boréale,
méridien de Paris; cette ville est bornée au nord et au couchant par
la mer, à l'est par le Khalish, et au midi par le lac Maréotis: on la
divise en ville vieille et nouvelle; il ne reste de la vieille ville
qu'une vaste enceinte de murailles, flanquées de tours très élevées de
distance en distance, et dont la majeure partie est déjà minée par le
temps. Ce qui est contenu dans cette enceinte n'offre de tous côtés
aux yeux du spectateur affligé qu'un amas confus de décombres et de
ruines, tristes restes de la magnificence d'une ville réputée jadis
une des premières du monde, et qui n'est plus célèbre aujourd'hui que
dans les livres des historiens. Au lieu des palais superbes et des
brillants édifices qui en faisaient autrefois la splendeur, on n'y
trouve plus maintenant que quelques villages ou hameaux, mal bâtis,
assez peuplés, et habités par des Turks: ils sont environnés d'une
quantité de petits jardins, plantés de palmiers, cultivés par ces
mêmes Turks, et un peu fertilisés à force de travail et d'arrosage;
les tapis de verdure qu'ils produisent, et qui contrastent d'une
manière frappante avec la blancheur des sables, et les monceaux de
ruines accumulés de toutes parts, ne laissent pas que de récréer un
moment, et vus d'un certain point d'élévation, leur ensemble forme
vraiment un coup d'oeil pittoresque.

Les édifices peu anciens, qu'on y trouve à quelque distance les uns
des autres, sont, le couvent grec, et son hospice, la mosquée de
_S.-Athanase_, aux trois quarts ruinée, le couvent des capucins,
converti en hôpital militaire, quelques bains turcs, le fort dit
triangulaire, et une autre mosquée très grande, dont on a fait
l'arsenal. Les deux montagnes, dont l'une à l'est, et l'autre au midi
de la ville, ont servi à y établir deux forts redoutables, portant
les noms de _Crétin_ et _Caffarelli_, généraux qui ont commandé l'arme
du génie. Ces deux grandes élévations paraissent n'être que le produit
d'un amas de terres rapportées... Il n'y a, à proprement parler, que
deux monuments très anciens qui soient encore dans leur entier, et
vraiment dignes de nos hommages; ce sont les deux obélisques chargés
d'hiéroglyphes, qu'on trouve sur le bord de la mer, à peu de distance
du couvent grec, dont l'un est encore sur pied, et l'autre renversé,
communément appelés _Aiguilles de Cléopâtre_, et la fameuse colonne
dite de _Pompée_, à quelques centaines de pas hors la porte du même
nom. Il en existait outre cela un troisième dans la mosquée
_S.-Athanase_; c'était un grand vase de porphyre, en forme de
baignoire, orné d'hiéroglyphes tant en dehors qu'en dedans. À cela
près, de quelque côté que l'on porte la vue, elle est continuellement
fatiguée par l'image sans cesse renaissante de la destruction:
vainement s'efforcerait-on de chercher à reconnaître dans quelques
restes d'édifice épars çà et là la place de tel ou tel autre monument
ancien; on ne peut former là-dessus que des conjectures, sans établir
au fond la moindre certitude... Le lithologiste et l'antiquaire seuls
peuvent y trouver à chaque pas sous leurs yeux, ou en faisant quelques
légères fouilles, des morceaux dignes de piquer leur curiosité, et
propres à perfectionner leur goût pour ces deux sciences. Je ne
m'étendrai pas davantage sur ce qui concerne l'emplacement de
l'ancienne ville.

La nouvelle ville, construite par les Turks, est renfermée dans
l'espace que la mer en se retirant a laissé entre les anciens murs, et
son rivage actuel; elle est resserrée dans ses flancs par deux grands
bassins de forme demi-circulaire, qui constituent les deux ports, dont
l'un a son embouchure entre le nord et l'est, nommé _Port neuf_, et
l'autre entre le midi et l'ouest, nommé _Port vieux_: ce dernier est
beaucoup plus vaste, plus commode, et plus sûr que l'autre.

Le grand espace de terre qui sépare les deux ports, et qui ferme la
ville du côté de l'ouest, se termine en une pointe dite, des
_Figuiers_, parce qu'il y a beaucoup de ces arbres plantés dans les
environs. En partant de cette pointe et allant vers le nord, on
découvre une petite île nommée _Pharos_, et plus loin, toujours dans
la même direction, on aperçoit un chemin couvert, long, étroit, et
bâti en avant dans la mer; il conduit à l'endroit où existait jadis
l'ancien phare, _une des sept merveilles du monde_. Que les temps sont
changés!... ce n'est plus aujourd'hui qu'un vieux château, à moitié
délabré, et qui serait bientôt tombé en ruine si les Français ne
l'eussent un peu relevé: on en a fait une forteresse.

Une grande place nue, et qui n'a d'autre ornement que les nouveaux
remparts qu'on vient d'élever tout autour, forme l'entrée de la ville
du côté de l'est; elle sert de promenade journalière; dans le temps
des pluies, cette place est presque toute inondée; et comme elle n'a
aucune pente du côté de la mer, les eaux y séjournent, s'y putréfient,
et chargent l'atmosphère d'une grande quantité de vapeurs méphitiques.
Pour détruire cette cause d'insalubrité, il ne s'agirait que
d'exhausser un peu le terrain de la place, d'y établir une pente douce
du côté de la mer, et d'y pratiquer de petits canaux qui
faciliteraient l'écoulement des eaux. S'il était possible encore d'y
planter des arbres, et d'y faire croître du gazon, l'air n'en
deviendrait que plus salubre.[4]

    [Note 4: Le général en chef Menou, sur le rapport du médecin en
    chef Desgenettes, a ordonné, par son ordre du jour du 12
    vendémiaire an IX, que les mesures proposées dans ces notes, et
    également sollicitées par le citoyen Labat, membre de la
    commission des arts, seraient exécutées; et on s'en occupe avec
    activité sous les yeux du général de division Friant, commandant
    de la ville et de la province.]


_Du climat d'Alexandrie._

Alexandrie, par sa position, et son voisinage de la mer, est soumise
plus qu'aucune autre partie de l'Égypte à l'influence des différents
vents, et les saisons y sont plus distinctement marquées.

Depuis l'équinoxe d'automne jusqu'à l'équinoxe du printemps les vents
soufflent le plus ordinairement de l'est et de l'ouest, mais avec une
variété étonnante. C'est alors la saison des pluies. Elles commencent
à tomber en novembre, et se prolongent jusqu'en décembre et au-delà:
je les ai vues très fréquentes et de très longue durée pendant l'hiver
de l'an VII. L'atmosphère, dans ce temps là surtout, est sujette à des
variations sans nombre, et il faut être bien en garde contre tous ces
changements pour n'en être point offensé.

Depuis l'équinoxe du printemps jusqu'au solstice d'été mêmes vents
à-peu-près, et toujours même variété. On ressent alors de temps en
temps l'impression chaude, pesante, et malsaine, du vent du sud, nommé
en arabe _camsin_, parce qu'il est censé durer cinquante jours. Cette
espèce de vent serait très nuisible à la santé des hommes et des
animaux s'il donnait seulement quatre à cinq jours de suite; sa plus
longue durée ici a été de trente-six heures; je ne l'ai jamais vu
aller au-delà; communément même il ne dépasse pas vingt-quatre heures.
Il est ordinairement remplacé par un vent d'est rafraîchissant;
quelquefois il est suivi d'un ouragan, qui se termine par une légère
pluie, après quoi le temps redevient frais et serein comme
auparavant.

Depuis le solstice d'été jusqu'à l'équinoxe d'automne on est
journellement soumis à l'action des vents du nord ou alisés: ils
sanifient l'air, tempèrent beaucoup les chaleurs de la saison, et
rendent l'été infiniment plus supportable qu'au Kaire et dans tout le
reste de l'Égypte; cependant, comme ces vents sont extrêmement frais,
et même un peu violents dans certains jours, il faut bien se donner de
garde de s'exposer trop tôt à leur contact, au sortir d'un lieu chaud,
ou après une transpiration abondante.


_De la constitution physique des habitants d'Alexandrie._

Les habitants d'Alexandrie sont généralement bien constitués, et
robustes. Il y a parmi eux beaucoup de vieillards, hommes et femmes.
La sobriété, qui est une de leurs principales vertus, est aussi pour
eux le préservatif le plus sûr contre une foule d'infirmités qui
assiègent les Européens: on ne voit presque pas chez eux de
rachitiques, de poitrinaires, et enfin autant de valétudinaires que
chez nous.

La classe la plus maladive est celle des enfants depuis le moment de
leur naissance jusqu'à l'âge de sept à huit ans: ce ne sont que des
êtres faibles, mal constitués, et presque toujours souffrants; ils
ont le ventre tuméfié, la figure maigre et rapetissée; la couleur de
la peau sur toute l'étendue du corps est jaunâtre; les membres
prennent peu d'accroissement; on dirait, en un mot, qu'ils sont tous
voués à une mort prématurée: un grand nombre succombe dans cet espace
de temps. Ce n'est guère que vers l'âge ci-dessus désigné qu'il
s'opère chez les enfants une révolution subite et heureuse; alors
leurs membres se déploient, l'enflure du ventre disparaît, les traits
de la physionomie prennent un caractère plus marqué; tout annonce
qu'ils vont devenir des hommes forts et vigoureux.

L'âge de puberté pour les garçons est de douze à quinze ans, et pour
les filles de onze à quatorze. Les filles et les femmes éprouvent ici
comme ailleurs toutes les maladies particulières à leur sexe;
peut-être cependant moins fréquemment par une suite de leur éducation
physique et morale. L'époque de la cessation du flux menstruel est
pour la plupart de trente-cinq à quarante ans; chez plusieurs il se
prolonge jusqu'à quarante-cinq.

La fécondité est très considérable, ainsi qu'il est aisé de le voir
par le nombre prodigieux d'enfants qui survivent.

Le terme de la vie est généralement assez prolongé; le plus ordinaire
est de soixante-dix à quatre-vingts ans: un grand nombre dépasse cet
âge; il y en a qui à plus de cent ans sont encore en état d'agir.


_Des maladies qui attaquent le plus fréquemment les habitants
d'Alexandrie._

Les maladies internes les plus familières sont la petite vérole et les
fièvres pestilentielles.

La petite vérole fait de très grands ravages parmi les enfants. Si on
connaissait la véritable manière de la traiter, ses effets seraient
beaucoup moins funestes.

Quant aux fièvres pestilentielles, elles n'ont point depuis notre
arrivée en Égypte frappé les habitants dans la même proportion que nos
troupes, surtout dans l'an VII; car l'an VIII il y a eu peu de chose,
et presque rien dans l'an IX. Précédemment à notre arrivée ces fièvres
ont fait de grands ravages: on leur donne peu de soins, et on ne
cherche point à se prémunir contre leur communication. Le fatalisme
fait regarder par les musulmans ce fléau avec indifférence; ils
considèrent même comme privilégiés du ciel ceux qui en sont attaqués
mortellement.

Les maladies externes les plus ordinaires sont l'ophtalmie, l'enflure
oedémateuse des extrémités inférieures, les hernies de toute espèce,
les sarcocèles, la gale, et quelques autres maladies de la peau.

Leur médecine est un composé de superstition, et de remèdes sans
action bien déterminée, ou trop violents.



ANNONCES.

Mémoires du citoyen Pugnet, médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

I. Aperçu physique et médical de la haute Égypte.

II. Examen de ces deux questions: _La peste est-elle endémique en
Égypte? Est-il possible de la bannir de cette contrée?_

III. Observations pratiques sur l'épidémie de Syrie dans l'an VII.

IV. Histoire de la contagion pestilentielle qui s'est développée à
Damiette pendant le cours du premier été de l'an VIII.

V. Notes sur la peste observée au Kaire dans l'an IX.

VI. Essai médical sur le dem-êl-mouia.

       *       *       *       *       *

Topografia di Alessandria di Alessandro Gisleni, medico ordinario
dell' armata francese in Oriente. Anno IX.

       *       *       *       *       *

Mémoire sur la peste observée en Égypte; par le citoyen Gaetan Sotira,
médecin ordinaire de l'armée d'Orient.

     On doit avertir que des observations et des calculs ultérieurs
     ont fait connaître des inexactitudes qui se sont glissées
     relativement à la position de différents points de l'Égypte; ces
     erreurs seront incessamment rectifiées par un tableau de
     corrections qui sera publié dans le quatrième volume des Mémoires
     sur l'Égypte.



OBSERVATIONS météorologiques, communiquées par le citoyen NOUET au
citoyen DESGENETTES, pour servir à l'histoire physique et médicale de
l'armée d'orient.


_Température au thermomètre de mercure, division de Réaumur._

  ====================================================================
  !    À Alexandrie,     !    À Alexandrie,     !     Au Kaire,      !
  !  thermidor an 6.     !   fructidor an 6.    ! vendémiaire an 7.  !
  !                      !                      !                    !
  ! Jours !  Midi !      ! Jours !  Midi !      !Jours! Matin ! Midi !
  !       !   °   !      !       !   °   !      !     !   °   !   °  !
  !----------------------!----------------------!--------------------!
  !   1   ! 23,0 !       !   4   ! 23,5  !      ! 13  ! 16,5  ! 25,5 !
  !   2   ! 23,0 !       !   5   ! 23,5  !      ! 14  ! 18,3  ! 25,0 !
  !   3   ! 22,0 !       !   6   ! 23,5  !      ! 15  ! 17,5  ! 22,0 !
  !   4   ! 23,0 !       !       !       !      ! 16  ! 17,0  ! 21,0 !
  !   7   ! 23,0 !       !       !       !      ! 17  ! 17,5  ! 23,0 !
  !   9   ! 24,0 !       !      Au Kaire,       ! 18  ! 18,5  ! 23,0 !
  !  10   ! 23,7 !       !  vendémiaire an 7.   ! 19  ! 18,0  !      !
  !  12   ! 22,5 !       !                      ! 20  ! 19,3  !      !
  !  14   ! 23,5 !       ! Jours !Matin. ! Midi.! 21  ! 18,3  !      !
  !       !      !       !       !  °    !  °   !     !       !      !
  !  15   ! 23,0 !       !   4   ! 17,0  ! 21,5 ! 22  ! 16,0  !      !
  !  16   ! 23,5 !       !   5   ! 16,5  ! 21,3 ! 23  ! 17,7  ! 23,5 !
  !  19   ! 24,0 !       !   7   ! 17,0  ! 21,5 ! 24  ! 17,0  !      !
  !  21   ! 24,0 !       !   8   ! 17,0  ! 21,7 ! 25  ! 16,0  ! 20,0 !
  !  25   ! 23,5 !       !   9   ! 17,0  ! 21,7 ! 26  ! 15,3  ! 19,3 !
  !  29   ! 23,5 !       !  10   ! 16,5  ! 22,0 ! 27  ! 13,0  ! 20,0 !
  !  30   ! 23,3 !       !  11   ! 17,0  ! 23,5 ! 28  ! 16,0  ! 20,0 !
  ====================================================================


_Température au thermomètre de mercure, division de_ RÉAUMUR.

  ====================================================================
  !      Au Kaire,       !     Au Kaire,        !     À Damiette,    !
  !  vendémiaire an 7.   !   brumaire an 7.     !   frimaire an 7.   !
  !                      !                      !                    !
  ! Jours.! Matin.! Midi.! Jours.! Matin.! Midi.!Jours.!Matin.!Midi. !
  !       !   °   !  °   !       !   °   !  °   !      !   °  !    ° !
  !----------------------!----------------------!--------------------!
  !   29  ! 12,0  ! 19,0 !  25   ! 19,0  ! 17,5 !  21  !      ! 16,0 !
  !   30  ! 13,0  !      !  26   ! 12,5  ! 18,0 !  22  !      ! 16,0 !
  !     Brumaire. !      !  27   ! 13,3  ! 17,5 !  23  !      ! 16,0 !
  !    1  ! 15,3  !      !  28   ! 13,0  ! 17,7 !  24  !      ! 17,0 !
  !    3  ! 13,5  ! 19,0 !  29   ! 10,0  ! 17,0 !  25  !      ! 15,0 !
  !    4  ! 12,0  ! 19,0 !  30   ! 13,5  ! 17,0 !                    !
  !    5  ! 12,0  ! 19,0 !       Frimaire.      !====================!
  !    6  ! 12,0  ! 18,0 !   1   !  9,5  ! 19,0 !    À Salehhiéh.    !
  !    7  ! 12,0  ! 17,3 !   2   !  9,5  ! 17,7 !  28  !      ! 13,5 !
  !    8  ! 11,5  ! 18,3 !   3   !  8,5  ! 17,0 !  29  !      ! 17,5 !
  !    9  ! 11,5  ! 18,5 !   4   !       ! 16,5 !  30  !      ! 17,0 !
  !   10  ! 13,0  ! 18,0 !                      !                    !
  !   11  ! 10,3  ! 17,5 !======================!====================!
  !   12  ! 11,0  !      !      À Damiette.     !      À Belbeys,    !
  !   13  ! 12,0  !      !   7   !       ! 19,0 !     nivôse an 7.   !
  !   14  ! 12,0  ! 20,0 !   8   !       ! 17,0 !   2  !      ! 21,0 !
  !   15  ! 13,5  !      !   9   !       ! 16,0 !   3  !      ! 17,5 !
  !   16  ! 11,7  !      !  10   !       ! 16,0 !   4  !  5,5 ! 14,5 !
  !   17  ! 11,5  ! 19,0 !  11   !       ! 16,0 !   5  !  4,7 ! 18,5 !
  !   18  ! 11,3  !      !  12   !       ! 17,0 !   6  !  2,0 ! 15,3 !
  !   19  ! 13,5  ! 18,3 !  13   !       ! 18,0 !   7  !  4,0 ! 16,0 !
  !   20  ! 13,0  ! 18,3 !  14   !       ! 18,0 !   9  !  5,0 !      !
  !   21  ! 11,5  ! 18,3 !  17   !       ! 18,0 !  10  !  5,0 ! 17,0 !
  !   22  ! 11,3  ! 18,3 !  18   !       ! 18,0 !  11  !  2,0 ! 16,5 !
  !   23  ! 11,7  ! 17,5 !  19   !       ! 17,0 !  12  !  3,0 ! 17,0 !
  !   24  !  9,5  ! 17,7 !  20   !       ! 17,0 !  13  !  5,0 ! 16,0 !
  ====================================================================


_Température au thermomètre de mercure, division de_ RÉAUMUR.

  ====================================================================
  !     À Belbeys,       !      Au Kaire,       !      Au Kaire,     !
  !   nivôse an 7.       !    pluviôse an 7.    !   germinal an 7.   !
  !                      !                      !                    !
  ! Jours.! Matin.! Midi.! Jours.! Matin.! Midi.!Jours.!Matin.!Midi. !
  !           °      °   !           °       °  !         °      °   !
  !----------------------!----------------------!--------------------!
  !  14   !       ! 14,5 !   20  !   5,5 !      !  16  ! 11,0 !      !
  !  16   !       ! 12,5 !   22  !  12,0 ! 18,0 !  17  ! 11,5 !      !
  !======================!   24  !   5,5 ! 11,5 !       Floréal.     !
  !      Au Kaire.       !   25  !   3,5 !      !   1  ! 13,5 !      !
  !                      !   26  !   7,5 !      !   7  ! 17,0 ! 26,5 !
  !  17   !  7,0  ! 13,0 !   27  !   8,3 !      !   8  ! 15,0 ! 28,0 !
  !  18   !  6,5  ! 12,3 !   28  !   7,3 !      !   9  ! 19,0 ! 25,5 !
  !  19   !  6,0  ! 11,0 !   29  !   6,3 !      !  10  ! 15,5 ! 28,0 !
  !  20   !  5,0  ! 11,5 !   30  !   7,0 !      !  11  ! 15,0 ! 22,0 !
  !  21   !  5,0  ! 12,3 !        Ventôse.      !  12  ! 10,5 ! 22,0 !
  !  22   !  6,0  ! 13,5 !    4  !   5,0 !      !  13  ! 12,0 !      !
  !  23   !  7,0  ! 14,0 !    5  !   6,0 !      !  14  !      ! 22,5 !
  !======================!    7  !   8,5 !      !  15  ! 13,0 !      !
  !       À Souès,       !    8  !   6,5 !      !  16  !  9,5 !      !
  !    pluviôse an 7.    !    9  !   6,0 !      !  18  ! 16,5 !      !
  !                      !   10  !   6,3 !      !  22  ! 14,0 ! 24,0 !
  !   1   !       ! 16,0 !   14  !   6,5 !      !       Prairial.    !
  !   2   !  7,5  ! 15,0 !   16  !   4,0 !      !      !Matin.!À 3 h.!
  !       !       !      !       !       !      !      !  °   !  °   !
  !   3   !  4,0  ! 18,5 !   17  !   8,0 !      !   1  ! 21,5 ! 30,0 !
  !   4   !  5,0  ! 15,0 !   19  !   7,0 !      !   2  ! 21,0 ! 29,5 !
  !   5   !  2,0  ! 13,0 !   20  !  16,0 !      !   3  ! 18,0 ! 28,0 !
  !   6   !  3,0  ! 13,0 !   21  !  11,0 !      !   4  ! 18,0 ! 28,5 !
  !   7   !  4,0  ! 12,0 !   23  !   6,5 !      !   5  ! 16,0 ! 27,0 !
  !   8   !  2,5  ! 13,0 !   27  !   8,0 !      !   6  ! 17,5 ! 27,0 !
  !   9   !  4,5  ! 12,5 !       Germinal.      !   7  ! 15,3 ! 25,5 !
  !  10   !  8,5  ! 15,0 !   15  !  16,0 !      !   8  ! 16,0 ! 23,0 !
  ====================================================================


_Température au thermomètre de mercure, division de_ RÉAUMUR.

  ====================================================================
  !       Au Kaire,      !       Au Kaire,       !      Au Kaire,    !
  !   prairial an 7.     !    messidor an 7.     !   thermidor an 7. !
  !                      !                       !                   !
  ! Jours.!Matin.!À 3 h. ! Jours.! Matin.! À 3 h.!Jours.!Matin!À 3 h.!
  !         °      °     !            °      °   !          °      ° !
  !----------------------!-----------------------!-------------------!
  !   9   ! 17,0 !  26,3 !   3   !  21,0 !  27,0 !   1  ! 19,5! 29,5 !
  !  10   ! 17,0 !  26,3 !   4   !  16,0 !  26,0 !   2  ! 19,0! 29,5 !
  !  11   ! 16,0 !  27,0 !   5   !  15,0 !  27,0 !   3  ! 19,0! 29,7 !
  !  12   ! 16,0 !  26,5 !   6   !  17,5 !  27,0 !   4  ! 17,0! 29,5 !
  !  13   ! 15,0 !  27,0 !   7   !  16,0 !  28,0 !   5  ! 20,0! 29,0 !
  !  14   ! 16,0 !  26,0 !   8   !  19,0 !  28,5 !   6  ! 19,0! 28,5 !
  !  15   ! 15,5 !  26,5 !   9   !  18,0 !  29,0 !   7  ! 20,0! 29,5 !
  !  16   ! 16,7 !  28,0 !  10   !  17,0 !  30,5 !   8  ! 18,5! 29,0 !
  !  17   ! 17,0 !  28,5 !  11   !  19,5 !  28,5 !   9  ! 20,0! 31,0 !
  !  18   ! 17,0 !  28,5 !  12   !  19,0 !  28,0 !  10  ! 20,0! 31,0 !
  !  19   ! 17,3 !  30,5 !  13   !  19,3 !  28,0 !  11  ! 20,0! 30,5 !
  !  20   ! 19,5 !  30,0 !  14   !  20,0 !  28,5 !  12  ! 20,0! 30,5 !
  !  21   ! 19,0 !  30,0 !  15   !  16,5 !  29,5 !  13  ! 20,5! 30,0 !
  !  22   ! 17,5 !  27,5 !  16   !  20,0 !  29,0 !  14  ! 20,0! 29,3 !
  !  23   ! 18,5 !  28,5 !  17   !  17,5 !  28,0 !  15  ! 20,5! 28,0 !
  !  24   ! 19,0 !  28,0 !  18   !  19,0 !  28,0 !  16  ! 20,0! 27,0 !
  !  25   ! 17,5 !  28,3 !  19   !  18,0 !  28,0 !  17  ! 19,0! 27,0 !
  !  26   ! 20,0 !  30,5 !  20   !  19,0 !  30,5 !  18  ! 18,0! 28,0 !
  !  27   ! 20,3 !  31,5 !  21   !  23,0 !  30,5 !  19  ! 21,5! 29,5 !
  !  28   ! 17,5 !  32,7 !  22   !  20,0 !  28,5 !  20  ! 19,5! 29,0 !
  !  29   ! 20,5 !  30,0 !  23   !  20,3 !  28,5 !  21  ! 22,5! 28,0 !
  !  30   ! 17,0 !  26,0 !  24   !  18,0 !  29,5 !  22  ! 22,0! 28,0 !
  !                      !  25   !  18,0 !  28,5 !  23  ! 22,5! 27,5 !
  !     Messidor.        !  26   !  17,5 !       !  24  ! 21,0! 28,5 !
  !   1   ! 17,0 !  27,0 !  29   !  19,0 !  30,0 !  25  ! 20,0! 28,0 !
  !   2   ! 17,0 !  22,0 !  30   !  19,0 !  30,5 !  26  ! 19,3! 28,0 !
  ====================================================================


_Température au thermomètre de mercure, division de_ RÉAUMUR.

  ====================================================================
  !    Au Kaire,         !       Au Kaire,       !      Au Kaire     !
  !  thermidor an 7.     !     frimaire an 8.    !    nivôse an 8.   !
  !                      !                       !                   !
  !Jours.! Matin.! À 3 h.! Jours.! Matin.! À 3 h.!Jours.!Matin!À 3 h.!
  !          °       °   !           °       °   !         °     °   !
  !----------------------!-----------------------!-------------------!
  !  27  ! 20,5  ! 28,5  !   5   !   8,5 !  15,0 !   5  ! 9,5 ! 17,5 !
  !  28  ! 19,5  ! 28,0  !   6   !   9,0 !  15,5 !   6  ! 7,0 ! 18,0 !
  !  29  ! 11,5  ! 28,0  !   7   !   8,0 !  17,0 !   7  ! 7,7 ! 18,3 !
  ![5]                   !       !       !       !      !     !      !
  !                      !   8   !   7,3 !       !   8  !12,0 ! 18,5 !
  !                      !   9   !   7,7 !  14,0 !   9  !10,3 ! 17,5 !
  !                      !  10   !   6,5 !       !  10  ! 7,3 ! 16,5 !
  !                      !  11   !   7,0 !  16,3 !  11  !10,7 ! 14,5 !
  !                      !  12   !   6,5 !  16,5 !  12  ! 5,3 ! 13,0 !
  !                      !  13   !   5,3 !  15,5 !  13  ! 5,0 !      !
  !                      !  14   !   8,0 !       !  14  ! 5,5 ! 13,5 !
  !                      !  15   !   8,0 !  19,0 !  15  ! 4,0 ! 14,0 !
  !                      !  16   !   8,5 !  17,5 !  16  ! 5,3 !      !
  !                      !  17   !   8,5 !  18,5 !  17  ! 5,5 ! 16,5 !
  !                      !  18   !   8,7 !  17,0 !  18  ! 7,0 !      !
  !    Brumaire an 8.    !  19   !   8,3 !  16,7 !  19  ! 7,0 !      !
  !Jours.! Matin.! À 3 h.!  20   !   9,0 !  18,0 !  20  ! 4,0 ! 16,0 !
  !  26  ! 12,0  ! 17,0  !  21   !   8,5 !       !  21  ! 5,0 ! 17,0 !
  !  27  ! 10,3  ! 16,0  !  22   !  10,0 !       !  22  ! 5,5 ! 16,5 !
  !  28  !  9,5  ! 15,7  !  23   !   6,3 !       !  23  ! 7,5 ! 16,3 !
  !  29  !  9,7  ! 17,0  !  29   !   7,3 !  20,0 !  24  ! 6,0 ! 17,3 !
  !  30  !  9,3  ! 19,5  !  30   !   8,5 !  20,0 !  25  ! 7,0 ! 16,0 !
  !    Frimaire.         !         Nivôse.       !  26  ! 8,5 ! 18,5 !
  !   1  !  9,5  ! 18,5  !   1   !   8,7 !  18,3 !  27   10,0 ! 17,5 !
  !   2  ! 10,5  ! 17,0  !   2   !   9,5 !  18,0 !  28  !11,0 ! 19,5 !
  !   3  !  9,3  ! 18,0  !   3   !  12,0 !  16,5 !  29  !10,5 ! 17,0 !
  !   4  !  8,5  ! 16,5  !   4   !  12,0 !  16,0 !  30  !10,5 ! 16,5 !
  ====================================================================

    [Note 5: Pendant le voyage de la haute Égypte, les observations du
    thermomètre ne pouvaient se faire dans la barque. On a cherché le
    terme de la plus grande chaleur. Le 19 fructidor, vis-à-vis les
    ruines de Thèbes, à midi, le thermomètre, dans le sable, a monté à
    54, petit vent N.O. À bord, à la même heure, à l'ombre, on a eu
    30°. Le 28 fructidor, à l'île Philé, au-dessus de Syène, le
    thermomètre, dans le sable, a marqué 54°, et à l'ombre, 34,5.]


_Observations hygrométriques au Kaire._

  ====================================================================
  !    Prairial an 7.    !     Messidor an 7.   !   Thermidor an 7.  !
  !                      !                      !                    !
  ! Jours.! Matin.!À 3 h.! Jours.! Matin.!À 3 h.! Jours.!Matin!À 3 h.!
  !           °      °   !           °      °   !          °     °   !
  !----------------------!----------------------!--------------------!
  !   4   !   39  !  22  !   2   !   50  !  14  !    2  ! 76  !  26  !
  !   5   !   58  !  20  !   3   !   64  !  25  !    3  ! 77  !  24  !
  !   6   !   27  !  20  !   4   !   72  !  29  !    4  ! 77  !  27  !
  !   7   !   66  !  22  !   5   !   75  !  23  !    5  ! 77  !  27  !
  !   8   !   58  !  35  !   6   !   71  !  25  !    6  ! 78  !  19  !
  !   9   !   60  !  32  !   7   !   62  !  32  !    7  ! 77  !  24  !
  !  10   !   61  !  25  !   8   !   62  !  25  !    8  ! 73  !  20  !
  !  11   !   65  !  22  !   9   !   65  !  23  !    9  ! 73  !  20  !
  !  12   !   65  !  23  !  10   !   66  !  26  !   10  ! 68  !  16  !
  !  13   !   68  !  23  !  11   !   74  !  21  !   11  ! 78  !  19  !
  !  14   !   62  !  25  !  12   !   75  !  26  !   12  ! 76  !  26  !
  !  15   !   65  !  26  !  13   !   64  !  31  !   13  ! 78  !  12  !
  !  16   !   61  !  14  !  14   !   71  !  27  !   14  ! 78  !  25  !
  !  17   !   68  !  21  !  15   !   73  !  23  !   15  ! 78  !  24  !
  !  18   !   66  !  20  !  16   !   57  !  33  !   16  ! 72  !  32  !
  !  19   !   68  !  19  !  17   !   76  !  25  !   17  ! 65  !  31  !
  !  20   !   65  !  19  !  18   !   76  !  32  !   18  ! 78  !  26  !
  !  21   !   72  !  16  !  19   !   78  !  25  !   19  ! 76  !  12  !
  !  23   !   71  !  21  !  20   !   60  !  16  !   20  ! 70  !  21  !
  !  24   !   70  !  21  !  22   !   77  !  22  !   21  ! 60  !  31  !
  !  25   !   60  !  20  !  23   !   70  !  25  !   22  ! 63  !  27  !
  !  26   !   59  !  19  !  24   !   78  !  25  !   23  ! 72  !  33  !
  !  27   !   58  !  22  !  25   !   75  !  22  !   24  ! 74  !  19  !
  !  28   !   59  !  15  !  26   !   75  !  23  !   26  ! 79  !  35  !
  !  29   !   44  !  22  !  29   !   76  !  25  !   27  ! 77  !  29  !
  !  30   !   64  !  28  !  30   !   78  !  21  !   28  ! 78  !  28  !
  !      Messidor.       !       Thermidor.     !   29  ! 75  !  31  !
  !   1   !   68  !  29  !   1   !   76  !  20  !   30  ! 77  !  32  !
  ====================================================================


_Observations hygrométriques au Kaire._

  ====================================================================
  !   Brumaire an 8.    !    Frimaire an 8.   !      Nivôse an 8.    !
  !                     !                     !                      !
  !Jours.! Matin.!À 3 h.!Jours.! Matin.!À 3 h.! Jours.! Matin.!À 3 h.!
  !          °      °   !          °      °   !          °       °   !
  !---------------------!---------------------!----------------------!
  !  26  !   80  !  60  !  23  !  79   !      !   25  !   78  !  49  !
  !  27  !   80  !  68  !  29  !  78   !  31  !   26  !   60  !  27  !
  !  28  !   68  !  55  !  30  !  78   !  27  !   27  !   44  !  32  !
  !  29  !   72  !  46  !        Nivôse.      !   28  !   45  !  24  !
  !  30  !   72  !  30  !   1  !  78   !      !   29  !   76  !  54  !
  !       Frimaire.     !   2  !  77   !  55  !   30  !   76  !  57  !
  !   1  !   70  !  31  !   3  !  74   !  67  !----------------------!
  !   2  !   73  !  35  !   4  !  74   !      !                      !
  !   3  !   61  !  37  !   5  !  79   !  57  !  Les 26, 27, et 28,  !
  !   4  !   78  !  45  !   6  !  78   !  47  !      vent sud.       !
  !   5  !   79  !  63  !   7  !  74   !      !                      !
  !   6  !   79  !  60  !   8  !  33   !  29  !                      !
  !   7  !   79  !  42  !   9  !  61   !  35  !                      !
  !   8  !   80  !  43  !  10  !  76   !  44  !                      !
  !   9  !   79  !  47  !  11  !  76   !  58  !                      !
  !  10  !   80  !  45  !  12  !  79   !  48  !                      !
  !  11  !   79  !  45  !  13  !  78   !  48  !                      !
  !  12  !   79  !  39  !  14  !  78   !  50  !                      !
  !  13  !   75  !  34  !  15  !  79   !  53  !                      !
  !  14  !   56  !  34  !  16  !  79   !  55  !                      !
  !  15  !   58  !  32  !  17  !  79   !  59  !                      !
  !  16  !   79  !  41  !  18  !  78   !      !                      !
  !  17  !   79  !  43  !  19  !  78   !      !                      !
  !  18  !   63  !  28  !  20  !  78   !  58  !                      !
  !  19  !   50  !  45  !  21  !  79   !  46  !                      !
  !  20  !   76  !  47  !  22  !  73   !  43  !                      !
  !  21  !   79  !      !  23  !  74   !  55  !                      !
  !  22  !   79  !      !  24  !  78   !  52  !                      !
  ====================================================================


_Observations météorologiques faites au Kaire pendant le premier
trimestre de l'an 9, et communiquées par le citoyen NOUET au citoyen
DESGENETTES_.

(Thermomètre de mercure, division de RÉAUMUR.)

  ========================================================================
  ! Jours !    VENDÉMIAIRE.    !     BRUMAIRE.      !      FRIMAIRE.     !
  !       !--------------------!--------------------!--------------------!
  !  du   !  Au  !   À  !   À  !  Au  !   À  !   À  !  Au  !   À  !   À  !
  !       !lever ! midi.!2h.1/2! lever! midi.!2h.1/2!lever ! midi.!2h.1/2!
  ! mois. !  du  !      !      !  du  !      !      !  du  !      !      !
  !       !soleil.      !      !soleil!      !      !soleil!      !      !
  !-------!------!------!------!------!------!------!------!------!------!
  !    1  ! 17,0 ! 21,0 ! 22,0 ! 13,5 ! 17,5 ! 19,5 !  9,5 ! 16,3 ! 19,3 !
  !    2  ! 18,0 ! 21,0 ! 22,5 ! 13,0 ! 17,5 ! 19,0 ! 10,3 ! 16,0 ! 16,3 !
  !    3  ! 17,5 ! 20,5 ! 21,5 ! 14,0 ! 19,3 ! 21,0 ! 10,0 ! 14,5 ! 16,0 !
  !    4  ! 17,0 ! 21,0 ! 22,0 ! 15,3 ! 18,7 ! 20,0 !  9,0 ! 15,3 ! 16,0 !
  !    5  ! 18,5 ! 21,0 ! 22,5 ! 13,7 ! 18,3 ! 20,0 !  8,0 ! 16,0 ! 17,0 !
  !    6  ! 17,3 ! 20,7 ! 22,0 ! 13,3 ! 17,7 ! 19,0 !  8,0 ! 15,3 ! 17,0 !
  !    7  ! 16,3 ! 21,0 ! 22,0 ! 13,3 ! 19,0 ! 20,5 !  8,0 ! 15,5 ! 18,5 !
  !    8  ! 17,0 ! 20,7 ! 22,0 ! 13,5 ! 18,0 ! 20,0 !  9,5 ! 16,0 ! 16,3 !
  !    9  ! 17,0 ! 21,0 ! 22,5 ! 13,5 ! 17,7 ! 19,0 !  7,7 ! 15,5 ! 15,7 !
  !   10  ! 17,7 ! 21,0 ! 22,0 ! 13,0 ! 17,0 ! 18,0 !  6,0 ! 15,0 ! 17,3 !
  !   11  ! 17,0 ! 20,7 ! 22,0 ! 13,7 ! 17,5 ! 18,0 !  7,0 ! 13,7 ! 16,5 !
  !   12  ! 17,0 ! 21,0 ! 22,0 ! 12,0 ! 16,0 ! 18,5 !  6,3 ! 14,0 ! 17,0 !
  !   13  ! 17,3 ! 20,5 ! 20,5 ! 12,0 ! 16,5 ! 19,0 !  7,0 ! 14,0 ! 16,3 !
  !   14  ! 15,3 ! 19,0 ! 20,0 ! 11,7 ! 17,0 ! 18,5 !  8,3 ! 15,0 ! 15,5 !
  !   15  ! 15,0 ! 19,0 ! 20,0 ! 11,7 ! 16,3 ! 18,0 !  8,0 ! 15,0 ! 16,5 !
  !   16  ! 14,7 ! 19,0 ! 20,5 ! 11,5 ! 16,5 ! 18,5 !  8,5 ! 15,7 ! 16,0 !
  !   17  ! 15,5 ! 19,5 ! 21,0 ! 12,3 ! 17,0 ! 18,3 !  7,5 ! 16,0 ! 15,0 !
  !   18  ! 16,3 ! 19,5 ! 21,0 ! 11,5 ! 16,5 ! 18,5 ! 10,0 ! 14,7 ! 15,3 !
  !   19  ! 16,5 ! 19,5 ! 21,0 ! 11,3 ! 16,0 ! 18,3 ! 10,0 ! 16,0 ! 16,3 !
  !   20  ! 16,5 ! 19,5 ! 21,0 ! 11,3 ! 17,0 ! 17,7 ! 10,0 ! 16,0 ! 17,0 !
  !   21  ! 16,3 ! 20,0 ! 22,0 ! 11,5 ! 17,3 ! 18,3 !  8,5 ! 16,0 ! 17,0 !
  !   22  ! 17,0 ! 20,0 ! 21,5 ! 12,0 ! 17,7 ! 18,0 !  8,0 ! 16,0 ! 16,0 !
  !   23  ! 17,0 ! 19,0 ! 21,0 ! 12,7 ! 18,0 ! 18,5 !  9,0 ! 15,0 ! 17,0 !
  !   24  ! 18,0 ! 20,5 ! 21,5 ! 11,3 ! 18,0 ! 19,3 !  7,7 ! 14,5 ! 17,0 !
  !   25  ! 18,0 ! 20,5 ! 21,0 ! 12,0 ! 19,0 ! 20,0 !  7,0 ! 14,3 ! 16,0 !
  !   26  ! 14,5 ! 20,5 ! 21,0 ! 10,5 ! 16,3 ! 19,0 !  7,7 ! 15,0 ! 16,5 !
  !   27  ! 15,3 ! 20,0 ! 21,5 ! 10,3 ! 17,0 ! 18,0 !  9,7 ! 13,3 ! 16,0 !
  !   28  ! 16,0 ! 19,3 ! 21,0 ! 11,8 ! 16,0 ! 17,0 ! 10,5 ! 14,3 ! 16,0 !
  !   29  ! 14,7 ! 19,7 ! 20,5 !  8,3 ! 17,3 ! 18,7 !  7,0 ! 14,5 ! 15,5 !
  !   30  ! 13,5 ! 18,5 ! 19,5 ! 10,0 ! 16,5 ! 19,0 !  7,0 ! 13,7 ! 14,0 !
  ========================================================================


_Observations météorologiques faites au Kaire pendant le second
trimestre de l'an 9, et communiquées par le citoyen NOUET au citoyen
DESGENETTES._

(Thermomètre de mercure divisé en 80 degrés entre la glace et l'eau
bouillante.)

  ========================================================================
  ! Jours !        NIVÔSE.     !      PLUVIÔSE.     !       VENTÔSE.     !
  !       !--------------------!--------------------!--------------------!
  !  du   !  Au  !   À  ! Plus !  Au  !   À  ! Plus !  Au  !   À  ! Plus !
  !       !lever ! midi.!grande! lever! midi.!grande!lever ! midi.!grande!
  ! mois. !  du  !      !chaleur  du  !      !chaleur  du  !      !chaleur
  !       !soleil.      !      !soleil!      !      !soleil!      !      !
  !-------!------!------!------!------!------!------!------!------!------!
  !       !      !      !      !      !      !      !      !      !      !
  !    1  !  9,3 ! 16,0 ! 16,0 !  6,3 ! 13,0 ! 14,3 !  9,0 ! 16,5 ! 17,0 !
  !    2  !  9,5 ! 13,5 ! 14,3 !  6,0 ! 12,3 ! 13,3 ! 12,0 ! 20,5 ! 22,3 !
  !    3  ! 10,7 ! 13,5 ! 14,5 !  5,0 ! 13,0 ! 14,5 ! 11,5 ! 16,0 ! 16,3 !
  !    4  !  4,7 ! 12,0 ! 13,0 !  5,0 ! 12,5 ! 14,7 !  9,0 ! 15,0 ! 16,0 !
  !    5  !  8,0 ! 13,0 ! 13,7 !  4,3 ! 14,7 ! 14,3 !  6,5 ! 14,0 ! 15,0 !
  !    6  !  4,0 ! 11,7 ! 13,0 !  4,5 ! 14,0 ! 16,3 !  9,0 ! 14,5 ! 15,0 !
  !    7  !  5,3 ! 12,0 ! 13,5 ! 11,0 ! 17,0 ! 17,0 !  8,0 ! 17,0 ! 19,5 !
  !    8  !  5,0 ! 11,3 ! 14,5 ! 12,0 ! 13,0 ! 13,0 !  9,0 ! 15,7 ! 17,5 !
  !    9  !  5,5 ! 12,0 ! 15,0 !  7,0 ! 13,0 ! 15,0 !  9,0 ! 15,7 ! 17,0 !
  !   10  !  8,0 ! 12,3 ! 14,5 !  8,5 ! 13,7 ! 15,0 !  8,0 ! 14,0 ! 16,0 !
  !   11  !  8,0 ! 12,7 ! 15,7 !  9,0 ! 14,5 ! 15,0 !  9,0 ! 14,5 ! 14,5 !
  !   12  !  6,0 ! 12,7 ! 15,0 !  8,0 ! 14,0 ! 15,3 !  7,5 ! 14,0 ! 14,5 !
  !   13  !  6,0 ! 13,3 ! 15,0 !  8,5 ! 14,0 ! 15,0 !  7,3 ! 12,5 ! 13,0 !
  !   14  !  7,5 ! 12,0 ! 13,0 !  7,3 ! 13,5 ! 14,0 !  7,0 ! 14,0 ! 15,3 !
  !   15  !  7,5 ! 13,0 ! 13,5 !  6,0 ! 12,6 ! 15,0 !  7,5 ! 16,0 ! 17,0 !
  !   16  !  8,3 ! 12,0 ! 13,0 !  3,8 ! 13,2 ! 14,5 !  7,5 ! 15,7 ! 17,5 !
  !   17  !  7,0 ! 12,7 ! 13,7 !  4,5 ! 13,0 ! 14,0 !  8,0 ! 18,0 ! 19,7 !
  !   18  !  6,0 ! 11,5 ! 11,0 !  7,3 ! 13,5 ! 14,5 !  9,0 ! 14,5 ! 15,5 !
  !   19  !  6,0 ! 11,5 ! 13,5 !  5,7 ! 13,0 ! 14,5 !  8,0 ! 13,3 ! 15,0 !
  !   20  !  6,0 ! 14,0 ! 14,0 !  7,0 ! 15,0 ! 17,0 !  7,5 ! 15,0 ! 16,0 !
  !   21  !  7,3 ! 13,0 ! 13,3 !  7,5 ! 16,5 ! 17,5 !  8,0 ! 14,7 ! 17,3 !
  !   22  !  5,0 ! 12,0 ! 13,5 !  7,3 ! 15,3 ! 16,8 !  8,0 ! 14,3 ! 16,3 !
  !   23  !  4,7 ! 13,0 ! 14,0 !  7,0 ! 15,0 ! 14,5 !  6,6 ! 14,7 ! 16,5 !
  !   24  !  5,7 ! 13,3 ! 14,5 !  6,0 ! 15,0 ! 16,5 !  8,0 ! 19,0 ! 20,0 !
  !   25  !  6,0 ! 13,3 ! 14,0 !  5,0 ! 13,5 ! 14,3 !  9,5 ! 14,7 ! 15,5 !
  !   26  !  5,0 ! 12,0 ! 12,6 !  9,3 ! 14,0 ! 15,0 !  4,7 ! 15,0 ! 16,5 !
  !   27  ! 10,0 ! 16,0 ! 17,6 !  9,0 ! 15,5 ! 17,3 !  5,0 ! 16,5 ! 16,0 !
  !   28  !  7,0 ! 14,5 ! 16,0 !  7,0 ! 15,5 ! 16,0 ! 10,0 ! 17,0 ! 16,7 !
  !   29  !  6,7 ! 13,0 ! 15,0 !  9,0 ! 15,3 ! 17,0 ! 10,5 ! 16,5 ! 20,0 !
  !   30  !  6,0 ! 13,0 ! 14,0 !  8,0 ! 16,5 ! 17,0 !  8,5 ! 16,0 ! 17,0 !
  ========================================================================


_Observations sur la pesanteur de l'air, la direction des vents, et
l'état du ciel, communiquées par le citoyen COUTELLE au citoyen
DESGENETTES._

  =========================================================================
  !  JOURS. !   HEURES.   !   BAROM.  !  VENTS.!       ÉTAT DU CIEL.      !
  !---------!-------------!-----------!--------!--------------------------!
  !Frimaire !Matin.! Soir.! po. lig.  !        !                          !
  ! an 8.   !      !      !           !        !                          !
  !    22   !   5  !      ! 28 3-3/4  ! N.E.   ! Nuages.                  !
  !    10   !  10  !      ! 28 3      ! E.     ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    23   !   7  !      ! 28 3      ! N.N.E. ! Nuages légers.           !
  !         !  12  !      ! 28 2-1/5  ! E.     ! Clair.                   !
  !         !      !  10  ! 28 3      ! S.E.   ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    24   !   6  !      ! 28 2      ! S.     ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    27   !   6  !      ! 28  2-1/4 ! S.     ! Clair.                   !
  !         !   9  !      ! 28  2-1/* ! S.S.O. ! Clair.                   !
  !         !      ! 6    ! 28 2-*/*  ! S.O.   ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    28   !   7  !      ! 28 3-1/2  ! S.S.O. ! Clair.                   !
  !         !  12  !      ! 28 3      ! E.N.E. ! Nuages.                  !
  !         !      !  10  ! 28  3-3/* ! E.     ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    29   !   7  !      ! 28  3-1/4 ! S.     ! Clair.                   !
  !         !      !   2  ! 28  3-1/* ! O.     ! Couvert.                 !
  !         !      !   6  ! 28  3-3/5 ! E.     ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !    30   !   7  !      ! 28  4     ! S.O.   ! Quelques nuages.         !
  !         !  12  !      ! 28 3-*/*  ! N.E.   ! Nuages au nord.          !
  !         !      !   4  ! 28 3      ! E.N.E. ! Clair.                   !
  !         !      !  10  ! 28 3-1/4  !        ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  ! Nivôse. !      !      !           !        !                          !
  !     1   !   7  !      ! 28 3      ! E.     ! Clair.                   !
  !         !      !   3  ! 28 2-2/3  ! N.N.E. ! Clair. Nuag. à l'horizon.!
  !         !      !  12  ! 28 3      !        ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !     2   !   7  !      ! 28 3      ! N.E.   ! Clair.                   !
  !         !  12  !      ! 28 3      ! N.     ! Nuages.                  !
  !         !      !   2  ! 28 2-2/3  ! E.N.E. ! Clair.                   !
  !         !      !   6  ! 28 3      ! N.E.   ! Clair.                   !
  !         !      !   9  ! 28 3      ! E.N.E. ! Clair.                   !
  !---------!------!------!-----------!--------!--------------------------!
  !     5   !   7  !      ! 28  2-3/* ! E.     ! Clair.                   !
  !         !  12  !      ! 28  2-1/5 ! S.S.O. ! Vent.                    !
  !         !      !   7  ! 28  2     !        ! Nuages.                  !
  !         !      !  10  ! 28  2     !        ! Clair.                   !
  =========================================================================


_Observations sur la pesanteur de l'air, etc._

  =============================================================
  |JOURS.|  HEURES.   | BAROM.  |   VENTS.   | ÉTAT DU CIEL.  |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |Nivôse|Matin.|Soir.|po. lig. |            |                |
  | an 8.|      |     |         |            |                |
  |  6   |   7  |     |28 2-1/5 |S.S.O.      | Clair.         |
  |      |      |  4  |28 2-1/6 |O.          | Vent.          |
  |      |      | 10  |28 2-1/2 |            | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |  7   |   7  |     |28 2-1/4 |S.S.E.      | Brouillard.    |
  |      |      |  2  |28 2     |S.          | Clair.         |
  |      |      |  5  |28 1-2/3 |S.          | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |  8   |   7  |     |28 1-1/4 |S.S.O.      | Vent.          |
  |      |  12  |     |28 1-1/4 |S.          | Vent.          |
  |      |      |  3  |28 1-*/* |S.          | Clair.         |
  |      |      | 10  |28 2-*/* |            | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |  9   |   1  |     |28 2-3/4 |S.          | Clair.         |
  |      |   7  |     |28 3-1/2 |S.          | Clair.         |
  |      |  11  |     |28 4     |S.          | Nuages.        |
  |      |      |  1  |28 3-3/4 |N.O.        | Clair.         |
  |      |      |  3  |28 2-1/* |N.O.        | Clair.         |
  |      |      |  6  |28       |S.O.        | Clair.         |
  |      |      | 10  |28 4-1/4 |            | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 10   |   8  |     |28 5     |S.          | Clair.         |
  |      |  12  |     |28 4-1/2 |S.          | Clair.         |
  |      |      |     |         |            |   Variable.    |
  |      |      |     |         |            |   S.S.O.       |
  |      |      |  3  |28 4     |O.          | Nuages.        |
  |      |      |  6  |28 4     |O.S.O.      |                |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 11   |   2  |     |28 4-1/* |            |                |
  |      |   9  |     |28 4-*/4 |O.N.O.      | Nuages.        |
  |      |  12  |     |28 5     |N.N.O.      | Les nuages     |
  |      |      |     |         |            |  augmentent.   |
  |      |      |     |         |            {Couvert de      |
  |      |      |     |         |            {nuages,         |
  |      |      |  3  |28 4     |N.          {quelques        |
  |      |      |     |         |            {gouttes         |
  |      |      |     |         |            {d'eau.          |
  |      |      |  6  |28 4-*/* |N N.E.      | Couvert.       |
  |      |      | 10  |28 5     |N.E.        | Cl. Le ciel    |
  |      |      |     |         |            | rouge av.      |
  |      |      |     |         |            | nua.           |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 12   |   7  |     |28 5     |S.S.O.      | Clair.         |
  |      |  12  |     |28 4-5/6 |N. variable.| Nuages.        |
  |      |      |  3  |28 4-1/5 |N. var. O.  | Nuages. Vent.  |
  |      |      |  6  |28 4-1/2 |N.O.        | Clair.         |
  |      |      | 11  |28 4-1/2 |            | Couvert.       |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 13   |   7  |     |28 5-1/5 |N.O.        | Clair.         |
  |      |  12  |     |28 5     |N.N.O. var. | Nuages. Vent.  |
  |      |      |  3  |28 5     |N.          | Pluvieux.      |
  |      |      |     |         |            | Arc-en-ciel.   |
  |      |      | 10  |28 5-1/2 |O.          | Cl. Calme.     |
  |      |      |     |         |            | Un peu rouge.  |
  =============================================================


_Observations sur la pesanteur de l'air, etc._

  =============================================================
  |JOURS.|  HEURES.   | BAROM.  |   VENTS.   | ÉTAT DU CIEL.  |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |Nivôse|Matin.|Soir.|po. lig. |            |                |
  | an 8.|      |     |         |            |                |
  | 14   |   7  |     |28 6     |S.          | Nuages.        |
  |      |      |  3  |28 5-1/2 |N. O.       | Nuages.        |
  |      |      |  6  |28 5-1/* |N. N. E.    | Clair.         |
  |      |      | 10  |28 5-3/4 |            | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 15   |   7  |     |28 5-1/* |N. O. N.    | Clair.         |
  |      |11-1/*|     |28 5-1/4 |N. N. E.    | Clair.         |
  |      |      |  3  |28 4-1/5 |E. N. E.    | Clair.         |
  |      |      |  6  |28 4-2/5 |N. N. E.    | Clair.         |
  |      |      | 11  |28 4-3/4 |            | Nuages.        |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 16   |   7  |     |28 5     |S. S. O.    | Clair.         |
  |      |  10  |     |28 5-1/4 |N. N. E.    | Clair. Nuag.   |
  |      |      |     |         |            |   à l'horiz. N.|
  |      |      |  6  |28 4-?   |E. N. E.    | Nuages.        |
  |      |      | 10  |28 4-?/3 |E. N. E.    | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 17   |   7  |     |28 4-?   |N.          | Brouillard.    |
  |      |  12  |     |28 4-1/4 |N. E.       | Nuages.        |
  |      |      |  3  |27 4-?/6 |N. E.       | Clair.         |
  |      |      |  6  |28  4    |N. E.       | Nuages.        |
  |      |      |     |         |            |   Brouillard.  |
  |      |      | 10  |28 4-1/4 |N. E.       | Cl. Quelques   |
  |      |      |     |         |            |   nuag. à l'O. |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 18   |   7  |     |28 4     |N. E.       | Clair. Quelques|
  |      |      |     |         |            |   nuages.      |
  |      |  10  |     |28 4     |N. E.       | Clair.         |
  |      |      |  6  |28 3-1/4 |N. E.       | Nuages.        |
  |      |      | 10  |28 3-1/4 |E. N. E.    | Nuages.        |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 19   |   7  |     |28 3-1/4 |O.          | Brouillard.    |
  |      |      |  3  |28 2-3/4 |N. E.       | Clair.         |
  |      |      |  6  |28 2-?   |E.          | Brouillard     |
  |      |      |     |         |            |   sec, épais.  |
  |      |      | 10  |28 2-?   |N. O.       | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 20   |   7  |     |28 2 1/2 |O.          | Brouillard     |
  |      |      |     |         |            |   épais.       |
  |      |      |  3  |28 2     |N.          | Clair.         |
  |      |      | 10  |28 2 1/2 |E.          | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 21   |   7  |     |28 2-1/3 |O.          | Brouillard très|
  |      |      |     |         |            |   épais.       |
  |      |  12  |     |28 1-1/* |E.          | Clair. Nuag.   |
  |      |      |     |         |            |   à l'horizon. |
  |      |      |  4  |28 1     |E. N. E.    | Clair.         |
  |      |      | 12  |28 0-1/2 |S. S. O.    | Clair. Nuag.   |
  |      |      |     |         |            |   à l'horiz. E.|
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 22   |   7  |     |28       |S. S. E.    |Temps couvert.  |
  |      |  10  |     |27 11-3/4|S. S. E.    |Temps plus      |
  |      |      |     |         |            |   clair.       |
  |      |  12  |     |27 11-1/2|S. S. E.    |Clair. Vents    |
  |      |      |     |         |            |   forts.       |
  |      |      |  6  |28       |O.          |Nuages légers.  |
  =============================================================


_Observations sur la pesanteur de l'air, etc._

  =============================================================
  |JOURS.|  HEURES.   | BAROM.  |   VENTS.   | ÉTAT DU CIEL.  |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  |Nivôse|Matin.|Soir.|po. lig. |            |                |
  | an 8.|      |     |         |            |                |
  | 22   |      | 10  |27 0-1/2 |S.          | Nuages.        |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 23   |   7  |     |28 0-1/2 |S. S. E.    | Clair. Nuages  |
  |      |      |     |         |            |   légers.      |
  |      |  12  |     |28 1     |N. N. E.    | Nuages.        |
  |      |      |     |         |            {Temps très conv.|
  |      |      |  2  |28 1-1/4 |N.          {au N. Gouttes   |
  |      |      |     |         |            {d'eau à 3 h.    |
  |      |      |  6  |28 2     |N.          | Clair.         |
  |      |      | 10  |28 2-1/2 |N. N. O.    | Clair.         |
  +------+------+-----+---------+------------+----------------+
  | 24   |   7  |     |28 3-1/3 |S.          | Clair. Nuages  |
  |      |      |     |         |            |   légers.      |
  |      |  10  |     |28 3-1/3 |S. E.       | Clair.         |
  |      |  12  |     |28 3-1/2 |S. O.       |                |
  =============================================================



TABLES NÉCROLOGIQUES

DU KAIRE

(Y COMPRIS LE VIEUX KAIRE ET BOULAK,)

PENDANT LES ANNÉES VII, VIII, ET IX.

publiées par R. DESGENETTES.


Les règlements de police des villes de guerre ont établi de porter
dans les mouvements journaliers de situation, une colonne sous le
titre de _Mutations des habitants_.

Le général de division Dugua, commandant des villes et province du
Kaire, fut le premier à sentir l'importance de cet article, et il
donna des ordres pour qu'il fut fait un dépouillement exact de toutes
les déclarations de mort qui se rangeaient sous la colonne des
mutations. Ce travail commencé par l'état major de la place, le 29
brumaire an 7, fut continué avec soin jusqu'au commencement de
vendémiaire an 8, époque à laquelle la commission extraordinaire de
salubrité fit ouvrir et tint un registre journalier et individuel des
décès, avec indication du nom, du sexe, de l'âge, et du genre de mort.
Ces tables dressées par le citoyen Zink, secrétaire de la commission,
ne furent interrompues que par les événements du siège du Kaire, à la
suite de la Victoire d'Héliopolis.

Ces déclarations, reprises le lendemain du généreux pardon de Kléber,
n'ont éprouvé depuis aucune interruption; je les ai recueillies
jusqu'au jour de l'évacuation, et elles seront un témoignage
authentique et précieux de la confiance, de l'attachement, et des
regrets des habitants.

Pour ne point répéter ce que d'autres ont dit, ou ce qui se trouve
dans d'autres pages de cette histoire, je me borne à remarquer qu'il
résulte de ces tables, relevées d'après environ douze mille mouvements
particuliers:

1° Que le nombre des femmes est plus grand que celui des hommes, et
que les maladies des unes et des autres ont été généralement bien
connues par Prosper Alpin, dont l'expérience se trouve confirmée par
la nôtre.

2° Que la mortalité des enfants a surtout lieu dans les premières six
semaines de leur existence, et en général au-dessous de neuf mois.

3° Qu'indépendamment des accidents de la dentition communs à tous les
pays, la petite vérole est la plus meurtrière de toutes les maladies;
et qu'elle moissonne communément plus d'enfants que la peste: car je
ne parle pas de celle de cette année (IX de la R. F.) qui a enlevé
plus de cent mille personnes dans la Haute-Égypte.

4°. Que les enfants des européens, des juifs, et des nombreux
chrétiens de Syrie, établis au Kaire, se développent très
difficilement.

5°. Que les femmes, dont la menstruation commence et finit de bonne
heure, et qui sont très fécondes, ne parviennent point à un âge aussi
avancé que les hommes.

6°. Que les hommes vivent en général longtemps; que plusieurs
fournissent une carrière de près d'un siècle, car on ne peut
rigoureusement assigner l'âge de personne au-delà de la première
jeunesse.

Je désire que ces tables offrent à la statistique une base qui puisse
servir à déterminer la population; on avait ouvert dans les derniers
temps des registres de naissance qui l'auraient un jour fait connaître
avec exactitude. Au reste ces tables, que j'envisageais sous un autre
point de vue, m'apprenaient journellement ce que j'avais lieu
d'espérer ou de craindre pour la conservation des garnisons du Kaire,
ou pour celle des différents corps d'armée que des opérations
militaires réunirent souvent dans l'enceinte ou dans les environs de
cette grande ville.


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |  Vendémiaire   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       2        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       3        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       4        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       6        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       8        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       9        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      10        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      11        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      14        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      15        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      16        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      17        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      18        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      19        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      20        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      21        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      22        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      23        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      24        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      26        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      27        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      28        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      29        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Brumaire.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       2        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       3        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       4        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       6        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       8        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       9        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      10        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      11        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      14        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      15        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      16        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      17        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      18        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      19        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      20        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      21        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      22        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      23        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      24        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      26        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      27        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      28        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      29        |    .   |    4   |     4   |   8  |
  |      30        |    2   |    1   |     6   |   9  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |    2   |    5   |    10   |  17  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Frimaire.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    3   |     2   |  10  |
  |       2        |    1   |    3   |     .   |   4  |
  |       3        |    2   |    7   |     5   |  14  |
  |       4        |    1   |    2   |     4   |   7  |
  |       5        |    7   |    5   |     8   |  20  |
  |       6        |    3   |    2   |     9   |  14  |
  |       7        |    4   |    2   |     2   |   8  |
  |       8        |    1   |    1   |     4   |   6  |
  |       9        |    3   |    2   |     8   |  13  |
  |      10        |    1   |    .   |     6   |   7  |
  |      11        |    1   |    5   |     6   |  12  |
  |      12        |    1   |    2   |    12   |  15  |
  |      13        |    2   |    2   |     5   |   9  |
  |      14        |    2   |    6   |     7   |  15  |
  |      15        |    4   |    2   |     5   |  11  |
  |      16        |    4   |    4   |     3   |  11  |
  |      17        |    3   |    3   |     3   |   9  |
  |      18        |    1   |    4   |     4   |   9  |
  |      19        |    .   |    2   |     1   |   3  |
  |      20        |    3   |    4   |     6   |  13  |
  |      21        |    3   |    .   |     3   |   6  |
  |      22        |    2   |    9   |     2   |  13  |
  |      23        |    .   |    6   |     4   |  10  |
  |      24        |    5   |    2   |     7   |  14  |
  |      25        |    1   |    1   |     6   |   8  |
  |      26        |    3   |    3   |     3   |   9  |
  |      27        |    2   |    4   |     7   |  13  |
  |      28        |    .   |    4   |     2   |   6  |
  |      29        |    2   |    3   |     1   |   6  |
  |      30        |    .   |    3   |     3   |   6  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |   67   |   96   |   138   | 301  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |      Nivôse.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    1   |    5   |     2   |   8  |
  |       2        |    3   |    3   |    10   |  16  |
  |       3        |    1   |    2   |     6   |   9  |
  |       4        |    4   |    .   |     2   |   6  |
  |       5        |    .   |    .   |     5   |   5  |
  |       6        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       8        |    1   |    4   |     9   |  14  |
  |       9        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      10        |    .   |    2   |     5   |   7  |
  |      11        |    1   |    3   |     4   |   8  |
  |      12        |    1   |    5   |     6   |  12  |
  |      13        |    3   |    2   |     5   |  10  |
  |      14        |    1   |    3   |     3   |   7  |
  |      15        |    3   |    4   |    13   |  20  |
  |      16        |    8   |    .   |     5   |  13  |
  |      17        |    1   |    4   |     5   |  10  |
  |      18        |    2   |    7   |     5   |  14  |
  |      19        |    2   |    5   |     3   |  10  |
  |      20        |    2   |    .   |     7   |   9  |
  |      21        |    3   |    3   |     7   |  13  |
  |      22        |    1   |    3   |     5   |   9  |
  |      23        |    2   |    5   |    16   |  23  |
  |      24        |    4   |    5   |    12   |  21  |
  |      25        |    3   |   10   |    17   |  30  |
  |      26        |    4   |    7   |    10   |  21  |
  |      27        |    4   |    5   |     4   |  13  |
  |      28        |    2   |    6   |     8   |  16  |
  |      29        |    2   |    4   |    10   |  16  |
  |      30        |    3   |    4   |    14   |  21  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |   62   |  101   |   198   | 361  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Pluviôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    3   |    4   |    14   |  21  |
  |       2        |    3   |    4   |     4   |  11  |
  |       3        |    2   |    4   |    10   |  16  |
  |       4        |    .   |    .   |     1   |   1  |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       6        |    5   |    3   |     4   |  12  |
  |       7        |    3   |    2   |     7   |  12  |
  |       8        |    5   |    2   |     7   |  14  |
  |       9        |    5   |   11   |    11   |  27  |
  |      10        |    4   |    4   |    10   |  18  |
  |      11        |    3   |    3   |     7   |  13  |
  |      12        |    3   |    4   |    10   |  17  |
  |      13        |    2   |    3   |     4   |   9  |
  |      14        |    1   |    4   |     3   |   8  |
  |      15        |    1   |    4   |     3   |   8  |
  |      16        |    1   |    6   |    12   |  19  |
  |      17        |    4   |    4   |     6   |  14  |
  |      18        |    2   |    3   |     1   |   6  |
  |      19        |    1   |    4   |     6   |  11  |
  |      20        |    1   |    6   |    12   |  19  |
  |      21        |    .   |    1   |    10   |  11  |
  |      22        |    5   |    4   |    11   |  20  |
  |      23        |    1   |    3   |     4   |   8  |
  |      24        |    8   |    4   |    11   |  23  |
  |      25        |    5   |    .   |     1   |   6  |
  |      26        |    5   |    5   |     8   |  18  |
  |      27        |   13   |    .   |     3   |  16  |
  |      28        |    3   |    3   |     3   |   9  |
  |      29        |    2   |    1   |     5   |   8  |
  |      30        |    6   |    6   |     9   |  21  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |   97   |  102   |   197   | 396  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Ventôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    3   |    2   |     6   |   11 |
  |       2        |    .   |    3   |    13   |   16 |
  |       3        |    3   |    2   |     5   |   10 |
  |       4        |    2   |   10   |     8   |   20 |
  |       5        |    5   |    3   |     4   |   12 |
  |       6        |    2   |    3   |     3   |    8 |
  |       7        |    5   |    .   |     9   |   14 |
  |       8        |    4   |    5   |     8   |   17 |
  |       9        |    4   |    1   |     8   |   13 |
  |      10        |    6   |    9   |     7   |   22 |
  |      11        |    6   |    6   |     2   |   14 |
  |      12        |    2   |    5   |     5   |   12 |
  |      13        |    6   |    2   |     3   |   11 |
  |      14        |    2   |    6   |     9   |   17 |
  |      15        |    2   |    2   |     4   |    8 |
  |      16        |    6   |    7   |    17   |   30 |
  |      17        |    5   |    3   |     9   |   17 |
  |      18        |    3   |   10   |    14   |   27 |
  |      19        |    1   |    8   |    10   |   19 |
  |      20        |    4   |    6   |    10   |   20 |
  |      21        |    2   |    2   |     6   |   10 |
  |      22        |    1   |    4   |    10   |   15 |
  |      23        |    7   |    8   |     5   |   20 |
  |      24        |    1   |    4   |    11   |   16 |
  |      25        |    3   |    5   |    20   |   28 |
  |      26        |    5   |    6   |    13   |   24 |
  |      27        |    4   |    5   |     8   |   17 |
  |      28        |    1   |    5   |    15   |   21 |
  |      29        |    3   |    7   |    11   |   21 |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |    . |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   98   |  139   |   253   |  490 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Germinal.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    9   |    10   |  23  |
  |       2        |    5   |    9   |    12   |  26  |
  |       3        |    7   |    9   |    13   |  29  |
  |       4        |    .   |    4   |    11   |  15  |
  |       5        |    4   |    5   |    12   |  21  |
  |       6        |    5   |    4   |    11   |  20  |
  |       7        |    5   |    3   |     6   |  14  |
  |       8        |    6   |    9   |    19   |  34  |
  |       9        |    3   |    8   |    11   |  22  |
  |      10        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      11        |    3   |    7   |     8   |  18  |
  |      12        |    5   |    6   |    10   |  21  |
  |      13        |    5   |    6   |     8   |  19  |
  |      14        |    9   |    5   |     9   |  23  |
  |      15        |    4   |    3   |     7   |  14  |
  |      16        |    4   |    5   |    10   |  19  |
  |      17        |    .   |    4   |     7   |  11  |
  |      18        |    5   |    3   |     4   |  12  |
  |      19        |    2   |    3   |     9   |  14  |
  |      20        |    .   |    5   |    15   |  20  |
  |      21        |    .   |   10   |    11   |  21  |
  |      22        |    5   |    8   |    12   |  25  |
  |      23        |    6   |    1   |     9   |  16  |
  |      24        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |      25        |    4   |    5   |     9   |  18  |
  |      26        |    3   |    2   |     8   |  13  |
  |      27        |    2   |    2   |     9   |  13  |
  |      28        |    2   |   10   |     5   |  17  |
  |      29        |    5   |    7   |     8   |  20  |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |  103   |  152   |   263   | 518  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Floréal.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    2   |    6   |     9   |  17  |
  |       2        |    3   |    8   |     5   |  16  |
  |       3        |    8   |    .   |    14   |  22  |
  |       4        |    6   |    4   |    11   |  21  |
  |       5        |    3   |    2   |     4   |   9  |
  |       6        |    6   |    4   |    12   |  22  |
  |       7        |    5   |    4   |     9   |  18  |
  |       8        |    5   |    1   |    10   |  16  |
  |       9        |    2   |    3   |    18   |  23  |
  |      10        |    4   |    1   |     8   |  13  |
  |      11        |    5   |    5   |    11   |  21  |
  |      12        |    .   |    3   |    10   |  13  |
  |      13        |    3   |    6   |    10   |  19  |
  |      14        |    5   |    5   |     9   |  19  |
  |      15        |    2   |    2   |     7   |  11  |
  |      16        |    3   |    4   |     5   |  12  |
  |      17        |    3   |    8   |    11   |  22  |
  |      18        |    4   |    4   |    12   |  20  |
  |      19        |    5   |    8   |    12   |  25  |
  |      20        |    5   |    8   |    13   |  26  |
  |      21        |    4   |    8   |    15   |  27  |
  |      22        |    5   |    7   |    11   |  23  |
  |      23        |    6   |    4   |    11   |  21  |
  |      24        |    5   |    4   |    15   |  24  |
  |      25        |    2   |    5   |    17   |  24  |
  |      26        |    4   |    3   |    10   |  17  |
  |      27        |    2   |    7   |     7   |  16  |
  |      28        |    4   |    4   |    14   |  22  |
  |      29        |    2   |    4   |    11   |  17  |
  |      30        |    3   |    7   |     9   |  19  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |  116   |  139   |   320   | 575  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Prairial.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    5   |    12   |   21 |
  |       2        |    3   |    8   |    10   |   21 |
  |       3        |    1   |    7   |    19   |   27 |
  |       4        |    3   |    5   |     8   |   16 |
  |       5        |    5   |    4   |    10   |   19 |
  |       6        |    2   |    2   |    16   |   20 |
  |       7        |    .   |    6   |    10   |   16 |
  |       8        |    1   |    3   |    18   |   22 |
  |       9        |    2   |    3   |    12   |   17 |
  |      10        |    .   |    4   |    18   |   22 |
  |      11        |    4   |    3   |     5   |   12 |
  |      12        |    5   |    4   |    10   |   19 |
  |      13        |    .   |    4   |    10   |   14 |
  |      14        |    1   |    6   |    11   |   18 |
  |      15        |    1   |    9   |    10   |   20 |
  |      16        |    3   |    3   |     4   |   10 |
  |      17        |    4   |   12   |     8   |   24 |
  |      18        |    5   |    8   |    11   |   24 |
  |      19        |    7   |    5   |    12   |   24 |
  |      20        |    2   |    7   |    13   |   22 |
  |      21        |    1   |    5   |    14   |   20 |
  |      22        |    2   |    6   |    10   |   18 |
  |      23        |    1   |    3   |    11   |   15 |
  |      24        |    1   |    2   |    20   |   23 |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      26        |    4   |    7   |    16   |   27 |
  |      27        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      28        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      29        |    4   |    5   |    12   |   21 |
  |      30        |    5   |    2   |    20   |   27 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   71   |  138   |   330   |  539 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Messidor.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    2   |    20   |   27 |
  |       2        |    2   |    1   |    12   |   15 |
  |       3        |    2   |    5   |    12   |   19 |
  |       4        |    .   |    3   |    15   |   18 |
  |       5        |    1   |    3   |     7   |   11 |
  |       6        |    3   |    6   |    11   |   20 |
  |       7        |    1   |    3   |    11   |   15 |
  |       8        |    2   |    6   |    11   |   19 |
  |       9        |    5   |    6   |     8   |   19 |
  |      10        |    2   |    8   |    12   |   22 |
  |      11        |    2   |   12   |    13   |   27 |
  |      12        |    2   |    7   |    13   |   22 |
  |      13        |    2   |    7   |    14   |   23 |
  |      14        |    3   |    2   |    16   |   21 |
  |      15        |    2   |    3   |     9   |   14 |
  |      16        |    .   |    5   |    13   |   18 |
  |      17        |   11   |    9   |    11   |   31 |
  |      18        |    3   |    1   |     9   |   13 |
  |      19        |    .   |    7   |    10   |   17 |
  |      20        |    6   |    5   |    22   |   33 |
  |      21        |    2   |    2   |    10   |   14 |
  |      22        |    4   |    5   |    23   |   32 |
  |      23        |    6   |    3   |    23   |   32 |
  |      24        |    6   |    4   |     9   |   19 |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      26        |    2   |    3   |    15   |   20 |
  |      27        |    4   |    2   |     9   |   15 |
  |      28        |    2   |   15   |     .   |   17 |
  |      29        |    4   |    4   |    11   |   19 |
  |      30        |    7   |    9   |    16   |   32 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   91   |  148   |   365   |  604 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Thermidor.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    5   |    18   |   27 |
  |       2        |    3   |    4   |    18   |   25 |
  |       3        |    1   |    4   |    14   |   19 |
  |       4        |    2   |    6   |    12   |   20 |
  |       5        |    4   |    6   |     8   |   18 |
  |       6        |    2   |    2   |    13   |   17 |
  |       7        |    5   |    5   |    19   |   29 |
  |       8        |    7   |    4   |    20   |   31 |
  |       9        |    1   |    1   |    14   |   16 |
  |      10        |    4   |    2   |     8   |   14 |
  |      11        |    2   |    5   |    16   |   23 |
  |      12        |    5   |    2   |    26   |   33 |
  |      13        |    1   |    6   |    24   |   31 |
  |      14        |    3   |    1   |    17   |   21 |
  |      15        |    3   |    5   |    18   |   26 |
  |      16        |    3   |    3   |     9   |   15 |
  |      17        |    4   |    7   |    26   |   37 |
  |      18        |    3   |    1   |    26   |   30 |
  |      19        |    4   |    2   |    21   |   27 |
  |      20        |    4   |    3   |    17   |   24 |
  |      21        |    3   |    3   |    12   |   18 |
  |      22        |    4   |    .   |    22   |   26 |
  |      23        |    .   |    6   |    18   |   24 |
  |      24        |    2   |    3   |    16   |   21 |
  |      25        |    5   |    2   |    11   |   18 |
  |      26        |    6   |    4   |    15   |   25 |
  |      27        |    7   |    4   |    17   |   28 |
  |      28        |    1   |    7   |    22   |   30 |
  |      29        |    2   |    6   |    19   |   27 |
  |      30        |    1   |    4   |    21   |   26 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   96   |  113   |   517   |  726 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Fructidor.  |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    3   |    6   |    22   |  31  |
  |       2        |    6   |    4   |    10   |  20  |
  |       3        |    3   |    3   |    16   |  22  |
  |       4        |    2   |    8   |    13   |  23  |
  |       5        |    3   |    3   |    16   |  22  |
  |       6        |    .   |   10   |    12   |  22  |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |   .  |
  |       8        |    8   |    5   |    31   |  44  |
  |       9        |    1   |    5   |    13   |  19  |
  |      10        |    4   |    6   |    18   |  28  |
  |      11        |    1   |    4   |    14   |  19  |
  |      12        |    3   |    2   |    10   |  15  |
  |      13        |    5   |    6   |    22   |  33  |
  |      14        |    3   |    2   |    10   |  15  |
  |      15        |    .   |    5   |    17   |  22  |
  |      16        |    4   |    3   |    18   |  25  |
  |      17        |    2   |    4   |     8   |  14  |
  |      18        |    2   |    5   |    20   |  27  |
  |      19        |    .   |    3   |     9   |  12  |
  |      20        |    1   |    1   |    13   |  15  |
  |      21        |    1   |    1   |     6   |   8  |
  |      22        |    .   |    4   |    13   |  17  |
  |      23        |    3   |    2   |    12   |  17  |
  |      24        |    3   |    6   |     7   |  16  |
  |      25        |    4   |    2   |     6   |  12  |
  |      26        |    6   |    8   |    14   |  28  |
  |      27        |    1   |    4   |    12   |  17  |
  |      28        |    5   |    4   |    15   |  24  |
  |      29        |    4   |    5   |    16   |  25  |
  |      30        |    3   |   11   |    11   |  25  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |   81   |  132   |   404   | 617  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 7._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  | Jours complém. |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    1   |   10   |    10   |   21 |
  |       2        |    3   |    2   |    16   |   21 |
  |       3        |    2   |    2   |    13   |   17 |
  |       4        |    3   |    7   |    16   |   26 |
  |       5        |    4   |    5   |    13   |   22 |
  |       6        |    1   |    3   |     8   |   12 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   14   |   29   |    76   |  119 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |                                                   |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  | TOTAL GÉNÉRAL. |  898   | 1294   |  3071   | 5263 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |  Vendémiaire.  |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    6   |    3   |     6   |   15 |
  |       2        |    1   |    2   |    13   |   16 |
  |       3        |    5   |    1   |    14   |   20 |
  |       4        |    4   |    6   |    16   |   26 |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       6        |    4   |    8   |    10   |   22 |
  |       7        |    2   |    3   |     3   |    8 |
  |       8        |    4   |    4   |    14   |   22 |
  |       9        |    3   |    3   |     8   |   14 |
  |      10        |    1   |    8   |    16   |   25 |
  |      11        |    3   |    4   |     9   |   16 |
  |      12        |    5   |    4   |    11   |   20 |
  |      13        |    3   |    5   |     9   |   17 |
  |      14        |    2   |    4   |    16   |   22 |
  |      15        |    4   |    2   |     9   |   15 |
  |      16        |    5   |    5   |    15   |   25 |
  |      17        |    1   |    4   |     4   |    9 |
  |      18        |    4   |    1   |    12   |   17 |
  |      19        |    9   |    3   |    17   |   29 |
  |      20        |    6   |    8   |     8   |   22 |
  |      21        |    6   |    3   |    17   |   26 |
  |      22        |    2   |    4   |    13   |   19 |
  |      23        |    4   |    2   |     8   |   14 |
  |      24        |    8   |    3   |    16   |   27 |
  |      25        |    2   |    7   |    10   |   19 |
  |      26        |    6   |    2   |    10   |   18 |
  |      27        |    8   |    3   |    11   |   22 |
  |      28        |    1   |    4   |     8   |   13 |
  |      29        |    2   |    4   |    10   |   16 |
  |      30        |    2   |    2   |    12   |   16 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  113   |  112   |   325   |  550 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Brumaire.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    4   |    10   |   19 |
  |       2        |    2   |    8   |    12   |   22 |
  |       3        |    4   |    3   |    16   |   23 |
  |       4        |    .   |    1   |    12   |   13 |
  |       5        |    3   |    3   |    15   |   21 |
  |       6        |    6   |   11   |    19   |   36 |
  |       7        |    4   |    4   |    13   |   21 |
  |       8        |    3   |    1   |     8   |   12 |
  |       9        |    5   |    3   |     8   |   16 |
  |      10        |    2   |    2   |    19   |   23 |
  |      11        |    1   |    5   |    14   |   20 |
  |      12        |    4   |    1   |    11   |   16 |
  |      13        |    8   |    6   |    14   |   28 |
  |      14        |    2   |    4   |     8   |   14 |
  |      15        |    5   |    3   |    15   |   23 |
  |      16        |    1   |    3   |    20   |   24 |
  |      17        |    1   |    5   |    12   |   18 |
  |      18        |    2   |    8   |     9   |   19 |
  |      19        |    3   |    2   |    17   |   22 |
  |      20        |    5   |    7   |     7   |   19 |
  |      21        |    4   |    .   |    13   |   17 |
  |      22        |    6   |   10   |     6   |   22 |
  |      23        |    4   |    8   |    10   |   22 |
  |      24        |    2   |    2   |     9   |   13 |
  |      25        |    2   |    8   |    14   |   24 |
  |      26        |    1   |    7   |    17   |   25 |
  |      27        |    2   |    4   |    19   |   25 |
  |      28        |    3   |    7   |    16   |   26 |
  |      29        |    4   |    9   |     5   |   18 |
  |      30        |    5   |    8   |    12   |   25 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   99   |  147   |   380   |  626 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Frimaire.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    3   |    7   |     8   |   18 |
  |       2        |    6   |    7   |    16   |   29 |
  |       3        |    1   |    8   |    15   |   24 |
  |       4        |    8   |    4   |    18   |   30 |
  |       5        |    .   |    2   |    19   |   21 |
  |       6        |    1   |    4   |    23   |   28 |
  |       7        |    4   |    5   |    19   |   28 |
  |       8        |    3   |    7   |    12   |   22 |
  |       9        |    8   |    7   |    29   |   44 |
  |      10        |    3   |    7   |    26   |   36 |
  |      11        |    6   |    8   |    14   |   28 |
  |      12        |    4   |    5   |    16   |   25 |
  |      13        |    4   |    .   |    25   |   29 |
  |      14        |    3   |    7   |    10   |   20 |
  |      15        |    5   |   10   |    24   |   39 |
  |      16        |    5   |    4   |    21   |   30 |
  |      17        |   10   |   14   |    19   |   43 |
  |      18        |    6   |    3   |    18   |   27 |
  |      19        |    4   |    9   |    14   |   27 |
  |      20        |    5   |    6   |    25   |   36 |
  |      21        |    5   |    4   |    26   |   35 |
  |      22        |    1   |    2   |    24   |   27 |
  |      23        |    8   |    7   |    18   |   33 |
  |      24        |    7   |    5   |    15   |   27 |
  |      25        |    3   |    6   |    20   |   29 |
  |      26        |    7   |    4   |    24   |   35 |
  |      27        |    2   |    7   |    20   |   29 |
  |      28        |    3   |    7   |    21   |   31 |
  |      29        |    3   |    5   |    25   |   33 |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |    . |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  128   |  171   |   564   |  863 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |     Nivôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    7   |    1   |    24   |   32 |
  |       2        |    2   |    6   |    27   |   35 |
  |       3        |    .   |    8   |    20   |   28 |
  |       4        |    3   |    7   |    13   |   23 |
  |       5        |    5   |    9   |    27   |   41 |
  |       6        |    2   |    6   |    20   |   28 |
  |       7        |    2   |    9   |    35   |   46 |
  |       8        |    4   |    5   |    29   |   38 |
  |       9        |    5   |    5   |    24   |   34 |
  |      10        |    3   |    3   |    18   |   24 |
  |      11        |    5   |   10   |    27   |   42 |
  |      12        |    4   |    6   |    17   |   27 |
  |      13        |    7   |    8   |    32   |   47 |
  |      14        |    4   |    6   |    17   |   27 |
  |      15        |    3   |    6   |    16   |   25 |
  |      16        |    4   |    6   |    36   |   46 |
  |      17        |    5   |    1   |    30   |   36 |
  |      18        |    2   |    8   |    31   |   41 |
  |      19        |    2   |    6   |    29   |   37 |
  |      20        |    2   |    2   |    34   |   38 |
  |      21        |    6   |    3   |    33   |   42 |
  |      22        |    1   |    3   |    39   |   43 |
  |      23        |    .   |    4   |    36   |   40 |
  |      24        |    1   |    5   |    44   |   50 |
  |      25        |    1   |    5   |    17   |   23 |
  |      26        |    5   |    6   |    26   |   37 |
  |      27        |    4   |    4   |    33   |   41 |
  |      28        |    4   |    4   |    31   |   39 |
  |      29        |    5   |    3   |    20   |   28 |
  |      30        |    4   |    5   |    28   |   37 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  102   |  160   |   813   | 1075 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Pluviôse.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    6   |    6   |    21   |   33 |
  |       2        |    2   |    5   |    21   |   28 |
  |       3        |    3   |    2   |    20   |   25 |
  |       4        |    3   |    4   |    28   |   35 |
  |       5        |    6   |    6   |    18   |   30 |
  |       6        |    1   |    7   |    34   |   42 |
  |       7        |    3   |    5   |    29   |   37 |
  |       8        |    2   |   11   |    24   |   37 |
  |       9        |    3   |    3   |    19   |   25 |
  |      10        |    3   |    6   |    34   |   43 |
  |      11        |    3   |    4   |    25   |   32 |
  |      12        |    4   |    6   |    16   |   26 |
  |      13        |    2   |    4   |    27   |   33 |
  |      14        |    4   |    2   |    19   |   25 |
  |      15        |    4   |    5   |    14   |   23 |
  |      16        |    4   |    2   |    20   |   26 |
  |      17        |    5   |    5   |    22   |   32 |
  |      18        |    2   |    1   |    13   |   16 |
  |      19        |    .   |    3   |    25   |    8 |
  |      20        |    2   |    6   |    25   |   33 |
  |      21        |    2   |    4   |     6   |   12 |
  |      22        |    3   |    2   |    17   |   22 |
  |      23        |    2   |    2   |    11   |   15 |
  |      24        |    1   |    3   |     5   |    9 |
  |      25        |    2   |    2   |     6   |   10 |
  |      26        |    .   |    2   |     4   |    6 |
  |      27        |    1   |    1   |     3   |    5 |
  |      28        |    2   |    3   |     4   |    9 |
  |      29        |    .   |    1   |     1   |    2 |
  |      30        |    2   |    4   |     8   |   14 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   77   |  117   |   499   |  693 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Ventôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    2   |    .   |     7   |    9 |
  |       2        |    1   |    .   |     2   |    3 |
  |       3        |    1   |    .   |     1   |    2 |
  |       4        |    .   |    3   |     9   |   12 |
  |       5        |    .   |    2   |     5   |    7 |
  |       6        |    1   |    1   |     8   |   10 |
  |       7        |    1   |    .   |     1   |    2 |
  |       8        |    .   |    1   |     2   |    3 |
  |       9        |    1   |    .   |     .   |    1 |
  |      10        |    .   |    .   |     2   |    2 |
  |      11        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      14        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      15        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      16        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      17        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      18        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      19        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      20        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      21        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      22        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      23        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      24        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      26        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      27        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      28        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      29        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |    . |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |    7   |    7   |    37   |   51 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Germinal.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       2        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       3        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       4        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       6        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       8        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       9        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      10        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      11        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      14        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      15        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      16        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      17        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      18        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      19        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      20        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      21        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      22        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      23        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      24        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      25        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      26        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      27        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      28        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      29        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      30        |    .   |    .   |     .   |    . |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |    .   |    .   |     .   |    . |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Floréal.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       2        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       3        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       4        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       5        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       6        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       7        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       8        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       9        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      11        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      12        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      14        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      15        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      16        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      17        |    6   |    1   |     1   |    8 |
  |      18        |    7   |    6   |    14   |   27 |
  |      19        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      20        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      21        |    5   |    6   |     9   |   20 |
  |      22        |    6   |    6   |    11   |   23 |
  |      23        |    6   |   12   |    17   |   35 |
  |      24        |    7   |    6   |    15   |   28 |
  |      25        |    5   |    9   |     8   |   22 |
  |      26        |    3   |   11   |     8   |   22 |
  |      27        |    6   |    6   |    10   |   22 |
  |      28        |   13   |   10   |     3   |   26 |
  |      29        |    5   |    6   |    12   |   23 |
  |      30        |    2   |    7   |     9   |   18 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   71   |   86   |   117   |  274 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Prairial.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    1   |    14   |   19 |
  |       2        |    4   |    7   |    12   |   23 |
  |       3        |    9   |    8   |     7   |   24 |
  |       4        |    5   |    3   |     6   |   14 |
  |       5        |    6   |    5   |    17   |   28 |
  |       6        |    5   |    4   |     9   |   18 |
  |       7        |    8   |    6   |     7   |   21 |
  |       8        |    7   |    6   |     8   |   21 |
  |       9        |    5   |    7   |    15   |   27 |
  |      10        |    2   |    4   |    11   |   17 |
  |      11        |    3   |    4   |     9   |   16 |
  |      12        |    1   |    3   |    11   |   15 |
  |      13        |    1   |    7   |    10   |   18 |
  |      14        |    1   |    8   |    10   |   20 |
  |      15        |    9   |    1   |     8   |   18 |
  |      16        |    5   |   11   |     5   |   21 |
  |      17        |    4   |    5   |     9   |   18 |
  |      18        |    5   |    3   |    12   |   20 |
  |      19        |    2   |    2   |     5   |    9 |
  |      20        |    1   |    7   |    13   |   21 |
  |      21        |    5   |    8   |    12   |   25 |
  |      22        |    4   |    5   |     8   |   17 |
  |      23        |    1   |    7   |    13   |   21 |
  |      24        |    6   |    5   |     6   |   17 |
  |      25        |    4   |    8   |     3   |   15 |
  |      26        |    3   |    6   |     9   |   18 |
  |      27        |    4   |    6   |     7   |   17 |
  |      28        |    4   |    6   |     8   |   18 |
  |      29        |    2   |    8   |     8   |   18 |
  |      30        |    1   |    6   |    13   |   20 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  122   |  167   |   285   |  574 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Messidor.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    6   |     4   |   14 |
  |       2        |    4   |    6   |     4   |   14 |
  |       3        |    6   |   10   |     9   |   25 |
  |       4        |    5   |    5   |     9   |   19 |
  |       5        |    2   |    6   |     6   |   14 |
  |       6        |    7   |    7   |     5   |   19 |
  |       7        |    1   |    9   |     4   |   14 |
  |       8        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |       9        |    5   |    2   |    15   |   22 |
  |      10        |    3   |    3   |     5   |   11 |
  |      11        |    6   |    7   |     9   |   22 |
  |      12        |    4   |    8   |     3   |   15 |
  |      13        |    2   |    4   |     6   |   12 |
  |      14        |    2   |    6   |     6   |   14 |
  |      15        |    4   |    3   |     1   |    8 |
  |      16        |    2   |    4   |     7   |   13 |
  |      17        |    7   |    9   |     8   |   24 |
  |      18        |    2   |    5   |     4   |   11 |
  |      19        |    5   |    4   |     9   |   18 |
  |      20        |    3   |    4   |     7   |   14 |
  |      21        |    2   |    4   |     5   |   11 |
  |      22        |    5   |    7   |     8   |   20 |
  |      23        |    3   |    5   |     7   |   15 |
  |      24        |    2   |    5   |     5   |   12 |
  |      25        |    2   |    5   |     4   |   11 |
  |      26        |    2   |    5   |     9   |   16 |
  |      27        |    6   |    8   |    19   |   33 |
  |      28        |    3   |    4   |     6   |   13 |
  |      29        |    4   |    8   |    10   |   22 |
  |      30        |    4   |    4   |     3   |   11 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   107  |  163   |   197   |  467 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Thermidor.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    5   |     8   |   17 |
  |       2        |    6   |    3   |     4   |   13 |
  |       3        |    3   |    6   |     4   |   13 |
  |       4        |    4   |    1   |     3   |    8 |
  |       5        |    2   |    9   |     6   |   17 |
  |       6        |    3   |    2   |     3   |    8 |
  |       7        |    2   |    7   |     6   |   15 |
  |       8        |    2   |    4   |     5   |   11 |
  |       9        |    7   |    7   |     7   |   21 |
  |      10        |    .   |    3   |     6   |    9 |
  |      11        |    2   |    3   |     3   |    8 |
  |      12        |    2   |    4   |     5   |   11 |
  |      13        |    3   |    4   |     4   |   11 |
  |      14        |    4   |    3   |     7   |   14 |
  |      15        |    3   |    4   |     3   |   10 |
  |      16        |    2   |    5   |     3   |   10 |
  |      17        |    4   |    9   |     5   |   18 |
  |      18        |    4   |    3   |     6   |   13 |
  |      19        |    1   |    4   |     2   |    7 |
  |      20        |    3   |    6   |     6   |   15 |
  |      21        |    2   |    1   |     3   |    6 |
  |      22        |    2   |    5   |     4   |   11 |
  |      23        |    1   |    6   |     4   |   11 |
  |      24        |    4   |    7   |     2   |   13 |
  |      25        |    1   |    1   |     2   |    4 |
  |      26        |    7   |    6   |     5   |   18 |
  |      27        |    2   |    3   |     2   |    7 |
  |      28        |    1   |    5   |     4   |   10 |
  |      29        |    1   |    5   |     4   |   10 |
  |      30        |    1   |    2   |     2   |    5 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   83   |  133   |   128   |  344 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |   Fructidor.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    6   |   10   |     6   |   22 |
  |       2        |    2   |    5   |     5   |   12 |
  |       3        |    3   |    3   |     6   |   12 |
  |       4        |    .   |    6   |     4   |   10 |
  |       5        |    1   |    1   |     3   |    5 |
  |       6        |    2   |    1   |     6   |    9 |
  |       7        |    3   |    2   |     5   |   10 |
  |       8        |    5   |    4   |     8   |   17 |
  |       9        |    3   |    4   |     8   |   15 |
  |      10        |    2   |    4   |     3   |    9 |
  |      11        |    4   |    6   |     6   |   16 |
  |      12        |    4   |    6   |     5   |   15 |
  |      13        |    2   |    2   |     2   |    6 |
  |      14        |    3   |    3   |     3   |    9 |
  |      15        |    1   |    2   |     .   |    3 |
  |      16        |    2   |    1   |     4   |    7 |
  |      17        |    2   |    3   |     3   |    8 |
  |      18        |    2   |    2   |     3   |    7 |
  |      19        |    .   |    4   |     4   |    8 |
  |      20        |    1   |    1   |     3   |    5 |
  |      21        |    3   |    .   |     5   |    8 |
  |      22        |    2   |    5   |     8   |   15 |
  |      23        |    2   |    .   |     4   |    6 |
  |      24        |    3   |    3   |     3   |    9 |
  |      25        |    3   |    2   |     4   |    9 |
  |      26        |    2   |    2   |     6   |   10 |
  |      27        |    4   |    2   |     8   |   14 |
  |      28        |    4   |    2   |     5   |   11 |
  |      29        |    1   |    4   |     6   |   11 |
  |      30        |    4   |    2   |     7   |   13 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   76   |   92   |   143   |  311 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 8._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  | Jours complém. |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    3   |     3   |   11 |
  |       2        |    6   |    6   |     7   |   19 |
  |       3        |    2   |    3   |     4   |    9 |
  |       4        |    2   |    6   |     8   |   16 |
  |       5        |    3   |    3   |     6   |   12 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   18   |   21   |    28   |   67 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |                                                   |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  | TOTAL GÉNÉRAL. |1,003   |1,376   | 3,516   |5,895 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |  Vendémiaire.  |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    2   |     5   |   12 |
  |       2        |    1   |    4   |     5   |   10 |
  |       3        |    5   |    1   |     4   |   10 |
  |       4        |    1   |    4   |     8   |   13 |
  |       5        |    1   |    5   |     5   |   11 |
  |       6        |    5   |    6   |     5   |   16 |
  |       7        |    3   |    .   |     4   |    7 |
  |       8        |    4   |    4   |     8   |   16 |
  |       9        |    .   |    5   |     6   |   11 |
  |      10        |    3   |    5   |     5   |   13 |
  |      11        |    4   |    7   |     6   |   17 |
  |      12        |    4   |    8   |    16   |   28 |
  |      13        |    1   |    2   |     3   |    6 |
  |      14        |    5   |    1   |     3   |    9 |
  |      15        |    6   |    4   |     7   |   17 |
  |      16        |    1   |    3   |     6   |   10 |
  |      17        |    2   |   10   |     8   |   20 |
  |      18        |    1   |    3   |    10   |   14 |
  |      19        |    1   |    4   |     3   |    8 |
  |      20        |    5   |    6   |    10   |   21 |
  |      21        |    4   |    5   |    15   |   24 |
  |      22        |    3   |    1   |     4   |    8 |
  |      23        |    8   |    2   |     9   |   19 |
  |      24        |    4   |    2   |     9   |   15 |
  |      25        |    5   |    3   |    10   |   18 |
  |      26        |    3   |    3   |     4   |   10 |
  |      27        |    8   |    6   |    14   |   28 |
  |      28        |    2   |    5   |     4   |   11 |
  |      29        |    6   |    4   |    10   |   20 |
  |      30        |    2   |    6   |    17   |   25 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  103   |  121   |   223   |  447 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Brumaire.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    4   |    2   |     4   |  10  |
  |       2        |    3   |    1   |     7   |  11  |
  |       3        |    2   |    7   |     9   |  18  |
  |       4        |    3   |    6   |     9   |  18  |
  |       5        |    3   |    8   |    10   |  21  |
  |       6        |    .   |    8   |    10   |  18  |
  |       7        |    2   |    4   |     4   |  10  |
  |       8        |    4   |    4   |     8   |  16  |
  |       9        |    3   |   11   |    19   |  33  |
  |      10        |    1   |    9   |     8   |  18  |
  |      11        |    4   |    7   |    10   |  21  |
  |      12        |    5   |    7   |     2   |  14  |
  |      13        |    1   |    2   |    12   |  15  |
  |      14        |    3   |    4   |     8   |  15  |
  |      15        |    2   |    7   |     8   |  17  |
  |      16        |    3   |    5   |     5   |  13  |
  |      17        |    6   |    6   |    10   |  22  |
  |      18        |    6   |    4   |    12   |  22  |
  |      19        |    2   |    5   |    10   |  17  |
  |      20        |    9   |    1   |    11   |  21  |
  |      21        |    1   |    7   |     4   |  12  |
  |      22        |    5   |    8   |    12   |  25  |
  |      23        |    1   |    4   |    11   |  16  |
  |      24        |    4   |    4   |    11   |  19  |
  |      25        |    4   |    5   |    14   |  23  |
  |      26        |    3   |    7   |    13   |  23  |
  |      27        |    9   |    5   |     4   |  18  |
  |      28        |    .   |    3   |     6   |   9  |
  |      29        |    3   |    4   |    15   |  22  |
  |      30        |    3   |    5   |    12   |  20  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |   99   |  160   |   278   | 537  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Frimaire.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    3   |    6   |    11   |  20  |
  |       2        |    5   |    6   |     9   |  20  |
  |       3        |    2   |    6   |     6   |  14  |
  |       4        |    1   |    6   |    14   |  21  |
  |       5        |    4   |    5   |     9   |  18  |
  |       6        |    5   |    5   |     7   |  17  |
  |       7        |    7   |   11   |    10   |  28  |
  |       8        |    4   |    5   |    12   |  21  |
  |       9        |    2   |    5   |    10   |  17  |
  |      10        |    7   |    8   |    10   |  25  |
  |      11        |    5   |   11   |     9   |  25  |
  |      12        |    2   |   11   |    13   |  26  |
  |      13        |    1   |    5   |     9   |  15  |
  |      14        |    3   |    4   |    10   |  17  |
  |      15        |    3   |    9   |    11   |  23  |
  |      16        |    5   |    4   |    13   |  22  |
  |      17        |    4   |   12   |    14   |  30  |
  |      18        |    5   |    2   |    14   |  21  |
  |      19        |    7   |    3   |    12   |  22  |
  |      20        |    3   |    6   |    11   |  20  |
  |      21        |    3   |    7   |     7   |  17  |
  |      22        |    8   |    4   |     8   |  20  |
  |      23        |    2   |    4   |     6   |  12  |
  |      24        |    2   |    8   |    11   |  21  |
  |      25        |    3   |    5   |    11   |  19  |
  |      26        |    .   |    7   |     8   |  15  |
  |      27        |    5   |    4   |     9   |  18  |
  |      28        |    3   |    9   |    14   |  26  |
  |      29        |    5   |    4   |    12   |  21  |
  |      30        |    1   |    8   |    15   |  24  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |  110   |  190   |   315   | 615  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |     Nivôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    7   |    5   |    16   |  28  |
  |       2        |    7   |    4   |     6   |  17  |
  |       3        |    4   |    5   |    13   |  22  |
  |       4        |    3   |    8   |     8   |  19  |
  |       5        |    3   |    3   |     2   |   8  |
  |       6        |    7   |    3   |    23   |  33  |
  |       7        |    3   |   10   |    10   |  23  |
  |       8        |    7   |    2   |    10   |  19  |
  |       9        |    6   |    2   |     7   |  15  |
  |      10        |    3   |    5   |    15   |  23  |
  |      11        |    8   |    5   |    21   |  34  |
  |      12        |    6   |    9   |     9   |  24  |
  |      13        |    4   |    3   |    16   |  23  |
  |      14        |    3   |    5   |    10   |  18  |
  |      15        |    4   |    9   |     8   |  21  |
  |      16        |    4   |    6   |     6   |  16  |
  |      17        |    3   |    5   |     9   |  17  |
  |      18        |   10   |    6   |    10   |  26  |
  |      19        |    1   |    2   |     9   |  12  |
  |      20        |    5   |    5   |     7   |  17  |
  |      21        |    6   |    8   |     7   |  21  |
  |      22        |    5   |    4   |    16   |  25  |
  |      23        |    6   |    6   |    13   |  25  |
  |      24        |    3   |    6   |     8   |  17  |
  |      25        |    5   |    6   |    12   |  23  |
  |      26        |    9   |    5   |     6   |  20  |
  |      27        |    4   |    2   |     3   |   9  |
  |      28        |    3   |    2   |    14   |  19  |
  |      29        |    3   |    7   |    10   |  20  |
  |      30        |    4   |    7   |     8   |  19  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |  146   |  158   |   312   | 616  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Pluviôse.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    5   |    2   |    11   |   18 |
  |       2        |    9   |    7   |    12   |   28 |
  |       3        |   10   |    8   |    13   |   31 |
  |       4        |    6   |    1   |     9   |   16 |
  |       5        |    7   |    2   |    11   |   20 |
  |       6        |    6   |    7   |    16   |   29 |
  |       7        |    6   |    6   |     9   |   21 |
  |       8        |    3   |    2   |     9   |   14 |
  |       9        |    4   |    5   |     9   |   18 |
  |      10        |    7   |    4   |    15   |   26 |
  |      11        |    7   |    7   |     5   |   19 |
  |      12        |    9   |   11   |    12   |   32 |
  |      13        |   12   |    4   |    11   |   27 |
  |      14        |    9   |    5   |    16   |   30 |
  |      15        |    7   |    9   |    11   |   27 |
  |      16        |    7   |    6   |    20   |   33 |
  |      17        |    9   |    5   |     6   |   20 |
  |      18        |    5   |    4   |    17   |   26 |
  |      19        |    7   |    8   |    14   |   29 |
  |      20        |    8   |    6   |    12   |   26 |
  |      21        |    9   |    8   |    15   |   32 |
  |      22        |    3   |    2   |    15   |   20 |
  |      23        |    6   |    5   |    14   |   25 |
  |      24        |    9   |    3   |    15   |   27 |
  |      25        |    3   |    6   |    21   |   30 |
  |      26        |    5   |    4   |    14   |   23 |
  |      27        |    5   |    3   |    13   |   21 |
  |      28        |    6   |    3   |    13   |   22 |
  |      29        |    8   |    6   |    10   |   24 |
  |      30        |   11   |    6   |    12   |   29 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  228   |  155   |   380   |  763 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Ventôse.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    9   |   11   |    21   |   41 |
  |       2        |    7   |   12   |    22   |   41 |
  |       3        |    6   |    8   |    31   |   45 |
  |       4        |   11   |    6   |    22   |   39 |
  |       5        |    8   |    9   |    23   |   40 |
  |       6        |   10   |    4   |    20   |   34 |
  |       7        |    8   |   16   |    27   |   51 |
  |       8        |    9   |   13   |    25   |   47 |
  |       9        |   16   |    8   |    24   |   48 |
  |      10        |   14   |   13   |    30   |   57 |
  |      11        |   15   |   12   |    20   |   47 |
  |      12        |   16   |   14   |    25   |   55 |
  |      13        |   11   |   15   |    24   |   50 |
  |      14        |   14   |   12   |    37   |   63 |
  |      15        |   10   |   10   |    33   |   53 |
  |      16        |   16   |    8   |    30   |   54 |
  |      17        |   12   |   10   |    33   |   55 |
  |      18        |    9   |   22   |    24   |   55 |
  |      19        |   11   |   18   |    37   |   66 |
  |      20        |    8   |    8   |    28   |   44 |
  |      21        |   11   |    7   |    43   |   61 |
  |      22        |   10   |   11   |    28   |   49 |
  |      23        |   15   |   14   |    42   |   71 |
  |      24        |   13   |   14   |    39   |   66 |
  |      25        |   12   |   12   |    31   |   55 |
  |      26        |   15   |   12   |    37   |   64 |
  |      27        |   18   |   18   |    40   |   76 |
  |      28        |   11   |   23   |    39   |   73 |
  |      29        |    9   |   15   |    44   |   68 |
  |      30        |   20   |   14   |    48   |   82 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   354  |  369   |   927   | 1650 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Germinal.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |   16   |   14   |    43   |   73 |
  |       2        |   19   |   13   |    52   |   84 |
  |       3        |   22   |   14   |    50   |   86 |
  |       4        |   13   |   19   |    34   |   66 |
  |       5        |   19   |   22   |    37   |   78 |
  |       6        |   17   |   15   |    57   |   89 |
  |       7        |   16   |   16   |    57   |   89 |
  |       8        |   12   |   31   |    49   |   92 |
  |       9        |   27   |   24   |    61   |  112 |
  |      10        |   18   |   16   |    49   |   83 |
  |      11        |   18   |   35   |    61   |  114 |
  |      12        |   26   |   28   |    86   |  140 |
  |      13        |   29   |   24   |    83   |  136 |
  |      14        |   18   |   36   |    72   |  126 |
  |      15        |   25   |   28   |    68   |  121 |
  |      16        |   18   |   24   |    70   |  112 |
  |      17        |   16   |   27   |    62   |  105 |
  |      18        |   28   |   32   |    62   |  122 |
  |      19        |   20   |   28   |    80   |  128 |
  |      20        |   18   |   23   |    63   |  104 |
  |      21        |   17   |   24   |    46   |   87 |
  |      22        |   14   |   27   |    54   |   95 |
  |      23        |   25   |   24   |    39   |   88 |
  |      24        |   15   |   18   |    58   |   91 |
  |      25        |   10   |   21   |    48   |   79 |
  |      26        |   14   |   22   |    54   |   90 |
  |      27        |   21   |   20   |    37   |   78 |
  |      28        |   20   |   22   |    54   |   96 |
  |      29        |   13   |   22   |    47   |   89 |
  |      30        |   19   |   29   |    36   |   84 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |  563   |  705   |  1669   | 2937 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Floréal.    |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |   19   |   27   |    49   |  65  |
  |       2        |   24   |   25   |    37   |  86  |
  |       3        |   16   |   26   |    58   | 100  |
  |       4        |   20   |   30   |    50   | 100  |
  |       5        |   20   |   20   |    39   |  79  |
  |       6        |   10   |   23   |    38   |  71  |
  |       7        |   16   |   22   |    41   |  79  |
  |       8        |   12   |   21   |    31   |  64  |
  |       9        |   24   |   22   |    27   |  73  |
  |      10        |   15   |   15   |    32   |  62  |
  |      11        |   11   |   31   |    36   |  78  |
  |      12        |   12   |   24   |    32   |  68  |
  |      13        |    8   |   15   |    32   |  55  |
  |      14        |    8   |   15   |    37   |  60  |
  |      15        |   14   |   23   |    32   |  69  |
  |      16        |   15   |   23   |    37   |  75  |
  |      17        |    5   |   15   |    39   |  59  |
  |      18        |    8   |   22   |    32   |  62  |
  |      19        |    9   |   23   |    27   |  59  |
  |      20        |    7   |   15   |    33   |  55  |
  |      21        |    5   |   30   |    27   |  62  |
  |      22        |    7   |   15   |    27   |  49  |
  |      23        |   10   |   16   |    20   |  46  |
  |      24        |    8   |   15   |    16   |  39  |
  |      25        |    3   |   15   |    16   |  34  |
  |      26        |    4   |    7   |    16   |  27  |
  |      27        |    1   |   10   |    18   |  29  |
  |      28        |    4   |   10   |    16   |  30  |
  |      29        |    6   |   14   |    10   |  30  |
  |      30        |    3   |    7   |     6   |  16  |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX        |  324   |  576   |   911   |1811  |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Prairial.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    2   |    3   |     6   |   11 |
  |       2        |    2   |   12   |     7   |   21 |
  |       3        |    1   |    5   |    12   |   18 |
  |       4        |    5   |    7   |     6   |   18 |
  |       5        |    6   |   10   |     4   |   20 |
  |       6        |    .   |    5   |     6   |   11 |
  |       7        |    4   |    4   |     6   |   14 |
  |       8        |    3   |   12   |     6   |   21 |
  |       9        |    3   |    5   |     9   |   17 |
  |      10        |    3   |    7   |     3   |   13 |
  |      11        |    2   |    7   |     4   |   13 |
  |      12        |    2   |    6   |     9   |   17 |
  |      13        |    2   |    7   |     4   |   13 |
  |      14        |    3   |    8   |     9   |   20 |
  |      15        |    4   |    7   |    10   |   21 |
  |      16        |    2   |    2   |     6   |   10 |
  |      17        |    2   |    4   |     5   |   11 |
  |      18        |    3   |    4   |     3   |   10 |
  |      19        |    1   |    2   |    12   |   15 |
  |      20        |    3   |    6   |     6   |   15 |
  |      21        |    1   |    2   |     5   |    8 |
  |      22        |    1   |    1   |     3   |    5 |
  |      23        |    1   |    3   |     3   |    7 |
  |      24        |    1   |    2   |     3   |    6 |
  |      25        |    4   |    1   |     9   |   14 |
  |      26        |    .   |    2   |     2   |    4 |
  |      27        |    1   |    4   |     5   |   10 |
  |      28        |    .   |    2   |     4   |    6 |
  |      29        |    2   |    2   |     3   |    7 |
  |      30        |    4   |    1   |     5   |   10 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   68   |  143   |   175   |  386 |
  =====================================================


_Tables nécrologiques du Kaire, an 9._

  =====================================================
  |DATES DES DÉCÈS.| DÉSIGNATION DES PERSONNES.|      |
  +    --------    +   ----------------------  |TOTAL.|
  |    Messidor.   |Hommes. |Femmes. |Enfants. |      |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |       1        |    1   |    1   |     2   |    4 |
  |       2        |    4   |    4   |     5   |   13 |
  |       3        |    2   |    3   |     6   |   11 |
  |       4        |    1   |    3   |     5   |    9 |
  |       5        |    2   |    1   |     3   |    6 |
  |       6        |    3   |    3   |     4   |   10 |
  |       7        |    1   |    1   |     2   |    4 |
  |       8        |    2   |    2   |     2   |    6 |
  |       9        |    3   |    4   |     7   |   14 |
  |      10        |    .   |    .   |     3   |    3 |
  |      11        |    1   |    1   |     1   |    3 |
  |      12        |    .   |    1   |     2   |    3 |
  |      13        |    .   |    .   |     .   |    . |
  |      14        |    1   |    .   |     .   |    1 |
  |      15        |    .   |    .   |     5   |    5 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |  TOTAUX.       |   21   |   24   |    47   |   92 |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  |                                                   |
  +----------------+--------+--------+---------+------+
  | TOTAL GÉNÉRAL. |2,016   |2,601   | 5,237   |9,854 |
  =====================================================



PROCÈS-VERBAL

_D'une réunion des Officiers de santé._


Le 4 thermidor an IX de la République Française, les Officiers de
santé de l'armée d'Orient, qui se trouvaient dans la place de Rosette,
s'étant réunis, le citoyen Desgenettes, médecin en chef, a pris la
parole, et dit:

Citoyens, j'ai eu communication, étant encore au Kaire, de différentes
circulaires du conseil de santé des armées. Les circonstances de la
guerre ne nous ont pas permis de les recevoir plutôt, et par
conséquent de nous conformer à une invitation de nous réunir le 2
germinal, pour payer un témoignage de regret et de respect à la
mémoire du citoyen Joseph-Adam Lorentz, médecin en chef de l'armée de
la république Française, sur le Rhin.

Cet hommage, quoique tardif, n'en est pas moins solennel. Il est rendu
en quittant ces contrées lointaines et célèbres, récemment encore
illustrées par la constante valeur d'une armée à la conservation de
laquelle vous avez tous eu part; et il est rendu en présence de
l'inspecteur général des hôpitaux, et au milieu des autres officiers
de santé de l'armée de S. M. B., le même jour où nous nous concertons
pour assurer pendant la traversée, à notre corps d'invalides, à nos
blessés, et à nos malades, les soins qu'exigent l'humanité, la
reconnaissance de notre patrie, et l'estime de toutes les nations.

Le citoyen Barbès qui veut bien remplir dans cette assemblée les
fonctions de secrétaire, va nous donner lecture des pièces adressées
par le conseil de santé des armées, en date du 13 nivôse dernier.

       *       *       *       *       *

_(La lecture des pièces ci-dessus mentionnées a été faite)._

       *       *       *       *       *

_Signés à l'original_, TH. YOUNG, _écuyer, inspecteur général des
hôpitaux de l'armée de S. M. B.;_ BOUDET, pharmacien en chef, et R.
DESGENETTES, _médecin en chef de l'armée de la République Française._

BARBÈS, _médecin ordinaire de l'armée de la R. F._



FIN DE LA SECONDE PARTIE.





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