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Title: Les poésies de Sapho de Lesbos
Author: Sappho
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Les poésies de Sapho de Lesbos" ***


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LES POÉSIES DE SAPHO DE LESBOS.


Paris--Typographie de Firmin Didot frères, rue Jacob, 56.



LES POÉSIES DE SAPHO DE LESBOS,

PAR M. REDAREZ-SAINT-REMY, MEMBRE DE LA LÉGION D'HONNEUR.


[Illustration]

  PARIS,
  LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C^IE,
  RUE PIERRE SARRAZIN, 14;
  ET CHEZ L'AUTEUR, RUE RICHER, 45.

1852.



A MADAME A. DE SAINT-REMY.


  A la muse de Mitylène
  Qui ne sourirait en ce jour?
  C'est une adorable sirène,
    Digne de votre amour.

  Sapho n'est plus cette insensée
  Qui, sans espoir, fuyant Lesbos,
  Pour guérir son âme blessée
    Se jette dans les flots.

  Et son portrait, indigne fable,
  Est l'œuvre d'un esprit jaloux;
  Cœur sans fard, elle était aimable
    Et belle comme vous.

  Sur elle en vain la calomnie
  Verse ses poisons odieux;
  C'est une femme de génie,
    Et la fille des dieux!

  Fier, un grand peuple, dans l'ivresse,
  L'élève au rang des immortels,
  Et l'encens, dans toute la Grèce,
    Brûle sur ses autels.

  Elle aima d'un amour sublime,
  Elle aima comme un noble cœur;
  Aimer ainsi, loin d'être un crime,
    Pour elle est un honneur.

  Seule, l'amitié vive et tendre
  Exalta son âme de feu...
  Faut-il, hélas! pour la comprendre,
    Être inspiré d'un dieu?

  Ah! si Sapho, brisant sa chaîne,
  Revenait du séjour des morts,
  Sa lyre, pour vous, de la Seine
    Viendrait charmer les bords.

  Mais, changeant la corde amoureuse
  Qui vibrait jadis pour Vénus,
  Combien elle serait heureuse
    De chanter vos vertus!

  Sapho, la gloire de la Grèce,
  A vos pieds dépose ces fleurs...
  Des divinités du Permesse
    Les Grâces sont les sœurs.



PRÉFACE.


Je dirai peu de mots sur la vie de Sapho. Elle naquit à Mitylène,
dans l'île de Lesbos, et vécut dans le sixième siècle avant l'ère
vulgaire. Je ne rechercherai point quels furent ses parents. A toutes
les destinées des grands noms de l'antiquité, il se mêle toujours
quelque événement merveilleux, le plus souvent absurde ou ridicule;
nous sommes dans un siècle un peu plus positif.

Sapho n'a point échappé à la loi fatale. Comme si ce n'était pas
assez d'être un grand poëte, un génie sublime, certains esprits
semblent avoir pris à tâche de rapetisser une si belle gloire en
faisant des suppositions fantastiques, qui n'ont pas même la
vraisemblance pour excuse.

Nous sommes en droit de repousser toutes ces anecdotes d'une vie
ignorée, comme autant de récits controuvés; ce que l'un affirme,
l'autre le dément. Ce qu'il y a de certain, c'est que les écrivains
contemporains de Sapho ne nous ont transmis, sur les circonstances de
sa vie, rien de positif qui puisse nous servir de guide.

Tout ce qui a été recueilli de ce génie nous vient d'auteurs bien
postérieurs, qui n'indiquent nullement les sources où ils ont puisé.
Nous pouvons donc ne pas ajouter une foi aveugle à tout ce que disent
sur Sapho Horace et Ovide, qui peuvent faire autorité assurément en
fait de goût, mais dont il est permis de contester les allégations un
peu hasardées.

Ainsi je passerai sous silence l'opinion d'une passion monstrueuse
qui lui a été calomnieusement imputée par des esprits assez mal faits
pour ne pas comprendre toute l'exaltation d'un cœur aimant. L'amitié,
dans ses transports, peut aussi devenir une passion, surtout dans une
âme de poëte.

Comment accorder cette passion désordonnée avec l'amour insensé pour
Phaon? Il faut être conséquent: l'âme ne peut brûler à la fois de
deux feux qui s'excluent.

Cette pensée seule condamne les détracteurs de Sapho.

Quant à son amour pour Phaon, il est bien prouvé aujourd'hui que
c'est par erreur que quelques auteurs l'ont attribué à Sapho de
Mitylène, au lieu d'une autre Sapho d'Érèse, qui éprouva un violent
amour pour Phaon. Nous devons ces éclaircissements au savant
Visconti, qui, dans son _Iconographie grecque_, l'a victorieusement
démontré.

Ainsi disparaît le désespoir de notre Sapho, qui, ne pouvant
supporter les mépris de Phaon, se serait précipitée dans la mer du
haut du rocher de Leucade, afin de guérir de son amour.

Parce que Sapho était une femme aimable, on s'est imaginé qu'elle
devait avoir les défauts d'une femme galante. Sapho était au
contraire sévère sur les mœurs: nous en avons une preuve
incontestable; Hérodote nous la fournit. Elle avait un frère qui
était devenu éperdument amoureux d'une courtisane nommée Rhodope.
Sapho combattit cette passion avec toutes les armes dont elle pouvait
disposer. Elle employa les conseils, les supplications pour lui faire
abandonner cette maîtresse qui portait le déshonneur dans sa famille;
enfin, elle fit des vers contre lui, dans lesquels elle le couvrait
de honte.

Aurait-elle jamais poussé l'audace et l'effronterie à ce point, si
elle-même, par sa conduite et ses sentiments, eût mérité le moindre
reproche?

Il est évident que la jalousie et la calomnie ont tâché de la
noircir.

Je ne m'étendrai pas davantage sur sa prétendue liaison avec
Anacréon, qui vécut un demi-siècle après elle, ni même sur son
contemporain Alcée, qui était âgé de cinquante ans de plus qu'elle.
Je ne dirai rien de la conspiration dans laquelle elle entra contre
Pittacus, et qui, dit-on, lui valut l'exil. Un poëte peut ne pas se
rencontrer dans les mêmes idées avec un tyran, mais il ne conspire
pas. Un grand poëte a toujours sa place marquée sous tous les
gouvernements, en dépit même des carrières d'Hiéron. Il n'y a que les
gouvernements de terreur qui les déciment, parce qu'il est passé le
temps où les bêtes féroces s'apprivoisaient au son de la lyre.

Il est un point délicat qui mérite d'être éclairci; je veux parler
des avantages de la figure. On ne sait sur quelles preuves Sapho a
été dépeinte comme peu favorisée de la nature; sous le rapport des
dons physiques, elle était, dit-on, petite et brune. Rien n'est plus
vague que ce portrait. Quoi qu'il en soit, pour la première
qualification, il est facile de démontrer qu'elle est hasardée, par
la présomption fondée sur la nature non équivoque de certains faits:
quant à la seconde qualification, le teint n'est pas une cause
exclusive de la beauté. Il y a des blondes charmantes; il y a de
belles brunes, des brunes piquantes.

On veut bien nous accorder qu'elle avait de beaux yeux. Quant à sa
taille, les statues qui la représentent nous la montrent sous des
formes qui font juger qu'elle était élégante. Est-ce flatterie de
l'artiste? Pourquoi ne pas ajouter foi à son œuvre? Cette qualité ne
se rencontre guère que chez les femmes d'une stature avantageuse.

Il me semble qu'en réunissant tous ces dons, on peut se représenter
une assez jolie femme. Pourquoi d'ailleurs ne serions-nous pas de
l'avis de Socrate qui la qualifie de belle? Son jugement en vaut bien
un autre.

Chez les Grecs, la beauté était une qualité à laquelle on attachait
un grand prix; elle exerçait sur les poëtes et sur les artistes un
empire absolu et enflammait leur imagination. Voyez ces statues de
femmes que le temps a respectées: toutes sont dignes du ciseau des
artistes qui nous ont transmis leurs traits; elles sont toutes
belles. Je me plais à me la représenter ainsi et par ses grâces et
par son élégance. Mais laissons le domaine des puérilités, pour celui
des considérations plus sérieuses.

Si je m'abuse sur sa beauté, je ne me trompe point sur son génie, en
le proclamant un des plus beaux de la Grèce.

L'admiration que son génie inspira lui fit donner le surnom de
_dixième Muse_. La postérité a confirmé ce jugement.

Sapho était une femme spirituelle et aimable.

A ces titres, sa maison devait être, de son temps, le rendez-vous de
tout ce qu'il y avait de distingué dans les lettres et dans les arts;
par l'élégance de son esprit, par ses succès en poésie, ses arrêts,
sous le rapport du goût, étaient des lois. Elle contribua en grande
partie à la gloire de sa patrie par ses écrits, car elle n'avait
point de rivaux en son genre. Quoique Homère eût paru trois cents ans
avant elle, dans l'intervalle qui les sépare il y eut disette de
poëtes, et elle se présente la première comme un astre
resplendissant. Arion s'était éteint, et Alcée pâlissait.

A sa société sans doute furent admis les sages qui, à cette époque,
formaient cette pléiade si célèbre dans laquelle on voyait briller
les Thalès, les Cléobule, les Anacharsis, etc., et peut-être Thespis,
l'inventeur de la tragédie à ses premiers essais.

C'est ainsi que tous ces philosophes, tous ces génies qui se
réunissaient chez Sapho, en compagnie des femmes célèbres, ses
contemporaines, la plupart ses élèves, les Mégara, les Cydno, les
Erynne, etc., préludaient au fameux siècle de Périclès, et en
préparaient merveilleusement la splendeur.

Telle était Sapho, femme adorable, dépouillée du romanesque dont on a
voulu l'entourer. Je réhabilite Sapho; je ne la dépoétise pas.
Perdrait-elle de son prestige? Faut-il penser encore, comme au siècle
où la dépravation avait son culte, que la folie et le désordre des
passions puissent seuls poétiser un nom glorieux? Elle n'a point de
rivale dans l'antiquité; elle n'en a point dans nos temps modernes,
quoiqu'il ait paru, parmi nous, beaucoup de femmes d'un grand mérite,
et qui ont exercé une grande influence autour d'elles. Rien ne peut
être comparé à Sapho.

Ses concitoyens, jaloux d'un mérite aussi éminent et fiers d'une
gloire aussi grande, la comblèrent de distinctions, et lui rendirent
des honneurs presque divins. On lui éleva des temples, et on frappa
des monnaies à son effigie.

Pour mériter de pareils honneurs, il faut bien que ses écrits lui
eussent acquis une gloire immense. Si l'on doit s'en rapporter à
certains écrivains de l'antiquité, il paraîtrait qu'elle s'était
livrée à tous les genres de poésie; mais son plus beau titre de
gloire, c'est le recueil de ses odes. Elle en avait composé neuf
livres, qu'elle avait consacrés à chacune des neuf Muses.

Je m'applaudis d'avoir pu faire renaître, à son exemple, cette
classification, qui était pour Sapho un titre si glorieux et qui
devait flatter son cœur.

Elle avait aussi inventé un instrument de musique, nommé _pectis_,
dont la forme et l'usage nous sont restés inconnus.

Anacréon s'en est servi. Elle a inventé le vers saphique et le vers
éolique, ainsi qu'une espèce d'harmonie pour le chant.

De tous ses ouvrages, il n'est parvenu jusqu'à nous que deux odes
importantes. La première, l'hymne à Vénus, nous a été transmise par
Denys d'Halicarnasse, illustre rhéteur qui, dans un commentaire, en
fait ressortir toutes les beautés. La seconde, adressée à une amie,
nous a été révélée par Longin, qui s'en est servi comme exemple dans
son _Traité du sublime_.

Outre ces deux odes, il nous reste encore d'elle une quantité de
fragments qui ont été recueillis dans les œuvres de plusieurs auteurs
et dans l'_Anthologie_, où ils se trouvaient épars.

Ces fragments n'ont eu jusqu'ici qu'un seul mérite, celui de piquer
la curiosité des amateurs et des admirateurs de Sapho.

Depuis deux mille ans, ces fragments n'ont point autrement captivé
l'attention des commentateurs, des scoliastes, qui se sont occupés
spécialement de recueillir jusqu'aux plus petites phrases des grands
écrivains qui ont brillé à cette époque éloignée.

Obscur écrivain, m'était-il réservé de découvrir ce qui avait échappé
à tant d'esprits éminents et à tant de siècles? M'était-il réservé de
révéler les trésors qui se trouvaient ainsi enfouis, et d'extraire
l'or caché dans cette mine non exploitée? Ces perles, ces diamants
attendaient-ils la main d'un artisan inconnu qui les enchâssât pour
en faire mieux ressortir l'éclat?

C'est ainsi qu'en combinant divers fragments, je suis parvenu à
former sept odes, sans faire subir à ces fragments la moindre
modification, sans ajouter ni retrancher un mot. En réunissant ceux
qui, par le sens naturel, se liaient parfaitement, j'ai obtenu des
sujets complets, et il en est résulté des odes remarquables par leur
cohésion et leur justesse.

C'est ainsi que je suis arrivé à ressusciter Sapho en partie. Je
laisse aux juges compétents à apprécier ce service rendu à la
littérature tant ancienne que moderne.

Pour qu'on puisse se rendre compte de mon travail et le juger selon
sa valeur, je donne à la fin de ma traduction toute la série des
fragments que j'ai employés, dans l'ordre incorrect adopté, soit dans
l'_Anthologie_, soit dans d'autres recueils; à chacun j'assigne un
numéro, qui se reproduit dans l'ode à laquelle il appartient.

Je ne sais si cette hardiesse sera bien accueillie par les savants.
Ce n'est point ici un caprice, ce n'est point un jeu d'esprit; c'est
le fruit d'un travail consciencieux, d'une étude approfondie de mon
modèle. Quand on aura réfléchi sur chacun des fragments qui composent
telle ode, on sera convaincu que leur rapprochement était tout
naturel.

Je suppose qu'un philologue, dans ses recherches, trouve quelque
part, cette citation, par exemple:

  Vixi puellis nuper idoneus,
  Et militavi non sine gloria:
    Nunc arma, defunctumque bello
      Barbiton hic paries habebit,
  Lævum marinæ qui Veneris latus
  Custodit.

Que, dans un autre auteur, il trouve aussi la citation suivante:

      Hic, hic ponite lucida
  Funalia, et vectes, et arcus
    Oppositis foribus minaces.

Et enfin, dans un autre auteur, cette citation:

  O quæ beatam, diva, tenes Cyprum, et
  Memphin carentem Sithonia nive,
    Regina, sublimi flagello
      Tange Chloen semel arrogantem.

Que, frappé du rapport, de la connexité d'idées que ces divers
fragments peuvent avoir ensemble, il lui vienne tout à coup à
l'esprit de les combiner, de les lier et d'en composer un tout, il
obtiendra le résultat suivant:


AD VENEREM.

  Vixi puellis nuper idoneus,
  Et militavi non sine gloria;
    Nunc arma, defunctumque bello
      Barbiton hic paries habebit,

  Lævum marinæ qui Veneris latus
  Custodit. Hic, hic ponite lucida
    Funalia, et vectes, et arcus
      Oppositis foribus minaces.

  O quæ beatam, diva, tenes Cyprum, et
  Memphin carentem Sithonia nive,
    Regina, sublimi flagello
      Tange Chloen semel arrogantem.

Il aura ajouté une ode aux œuvres d'Horace.

Je ferai une comparaison pour bien faire apprécier mon travail.

Je compare les fragments épars de Sapho aux débris d'une statue
mutilée gisants çà et là sur le sol. Chacun de ces débris excite
notre admiration, mais il fait naître aussi dans notre esprit un vif
sentiment de regret; la valeur de ces débris serait bien plus
précieuse si un art habile pouvait les réunir. Enfin un artiste
hardi, et heureusement inspiré, se met à l'œuvre; il recueille, il
rassemble tous ces débris séparés; des doigts rompus il forme une
main; il ajoute cette main à un bras, il attache ce bras au corps;
ainsi des autres membres; et peu à peu il voit, comme par
enchantement, surgir un chef-d'œuvre: il a donné la vie à une statue,
il a créé la Vénus de Praxitèle.

     *     *     *     *     *

Quant au texte, j'ai mis à contribution tous les commentateurs, Wolf,
Brunck, Schneider, Van Reenen et le savant Boissonade, qu'on ne peut
se dispenser de consulter quand il s'agit des lyriques grecs.



LES POÉSIES DE SAPHO DE LESBOS.



A SAPHO.


  Quel doux parfum de poésie,
  Sapho, s'exhale de ton sein!
  As-tu dérobé l'ambroisie
      Dans le banquet divin?

  Aux traits brillants de ton génie
  Tu sais unir, avec bonheur,
  La voluptueuse harmonie
      De ton luth enchanteur!

  L'amour qui t'enivre et t'enflamme,
  Qui te transporte dans les cieux,
  C'est le tendre soupir d'une âme
      Qui monte vers les dieux.

  Dans tes accents quelle puissance,
  Sapho! les Grâces sont tes sœurs;
  On dirait que tu pris naissance
      Dans un bouquet de fleurs.

  Que de fois, dans son sein qui gronde,
  La mer a vu changer ses flots,
  Depuis que dans la nuit profonde
      Tu goûtes le repos!

  Toi, Sapho, jeune et belle encore,
  Malgré le temps et sa rigueur,
  Toi, tu brilles comme l'aurore,
      Dans toute ta fraîcheur!

  Par l'éclat qu'on admire en elle,
  La rose règne sur les fleurs;
  Et toi, par ta grâce immortelle,
      Tu règnes sur les cœurs.

  La palme a couronné ta lyre,
  Sans rivale, aux jeux solennels,
  Et la Grèce, dans son délire,
      T'éleva des autels.

  Et de Lesbos à Syracuse,
  Une voix, à travers les cieux,
  A dit: Sois la dixième Muse...
      C'était la voix des dieux!



POLYMNIE.



ODE PREMIÈRE.

A VÉNUS.


  Vénus, ô vous qu'en tous lieux on adore,
  Vous qui savez les intrigues d'amour,
  Venez calmer le mal qui me dévore;
      Ma voix vous invoque en ce jour!

  Venez! Jadis, sensible à ma prière,
  De votre cœur j'éprouvai les bienfaits;
  Soudain, pour moi, de votre divin père
      Vous quittiez le brillant palais.

  Votre char d'or, ô déesse de Gnide,
  Était traîné, dans l'espace des cieux,
  Par des moineaux qui, d'une aile rapide,
      Vous offraient bientôt à mes yeux.

  Seules alors, et d'une bouche amie,
  Vous me disiez, d'un air doux et riant:
  «Que me veux-tu? qui peut troubler ta vie?
      Ouvre-moi ton cœur suppliant.

  «Dans les transports où s'égare ton âme,
  Désires-tu former de nouveaux nœuds?...
  Ah! quel mortel, insensible à ta flamme,
      Sapho, dédaignerait tes feux?

  «L'ingrat te fuit! Il reprendra sa chaîne;
  Par des faveurs il paiera tes faveurs;
  Il t'aimera, quelle que soit sa haine,
      Et même malgré tes rigueurs.»

  Dans mon malheur, hélas! je vous implore!
  Il en est temps, ne m'abandonnez pas!
  Venez, Cypris, me secourir encore!
      Secondez-moi dans mes combats!



MELPOMÈNE.



ODE II.

A LA BIEN-AIMÉE.


  Il me semble l'égal des dieux
  Celui qui de ta voix s'enivre,
  Qui lit son bonheur dans tes yeux,
  Et qui près de toi se sent vivre!

  Ce doux souris, quand je te vois,
  Me trouble!... Interdite, oppressée,
  Sur ma lèvre expire ma voix,
  Et ma langue reste glacée!...

  Je brûle!... Des feux inconnus
  En moi courent de veine en veine...
  Je n'entends rien... je ne vois plus...
  Je suis tremblante et sans haleine...

  J'éprouve une froide sueur...
  Plus pâle que l'herbe flétrie,
  Je ne sens plus battre mon cœur;
  Je n'ai plus qu'un souffle de vie!



THALIE.



ODE III.

L'AMANT VOLAGE.


  Le monde est soumis à l'amour,
  Oiseau, modèle d'inconstance;
  Cruel et tendre tour à tour,
  Rien ne résiste à sa puissance.

  Athis, ah! je te fais horreur;
  A tes yeux, ingrat, je suis laide;
  Et tu ne penses, dans ton cœur,
  Qu'à plaire à la vaine Andromède.

  Quel charme t'enchaîne à son char?
  Sans grâce, elle n'a rien d'attique;
  En ses plis, arrangés sans art,
  Vois flotter sa longue tunique!



URANIE.



ODE IV.

L'AMANTE DÉLAISSÉE.


  La lune, au milieu de la nuit,
  A cessé d'éclairer la terre;
  Et moi, quand déjà l'heure fuit,
  Je vois ma couche solitaire!

  O ma mère! dans sa douleur,
  Ayez pitié de votre fille!
  Rien ne peut distraire son cœur,
  Ni la navette, ni l'aiguille.

  Et tout m'échappe de la main!
  Dans l'amour mon âme se noie;
  J'aime ce jeune homme sans frein
  A Vénus je suis tout en proie!



EUTERPE.



ODE V.

VERTU ET VOLUPTÉ.


  La colère, dans ses tempêtes,
  Est loin de gronder dans mon cœur;
  Si mon esprit fait des conquêtes,
  C'est par son aimable douceur.

  J'aime, il est vrai, loin de l'envie,
  J'aime à couler nonchalamment
  Une voluptueuse vie,
  Avec tout son enchantement!

  Aux plaisirs si je m'abandonne,
  Rien ne m'est plus cher que l'honneur;
  Comme le soleil il rayonne,
  Et la vertu plaît à mon cœur!



CLIO.



ODE VI.

L'HEUREUX ÉPOUX.


  D'une femme que rien n'égale
  Tu jouis avec volupté;
  Jamais la couche nuptiale
  Ne reçut pareille beauté!

  L'hymen a satisfait ton âme,
  En couronnant tes vœux si doux:
  Sois fier d'une si belle femme;
  Lève la tête, heureux époux!

  Mars est moins beau! Que l'encens brûle!
  Dans ce palais que tout soit grand!
  Élevez donc ce vestibule
  Pour laisser passer ce géant!

  Et vous que le bonheur rassemble,
  Amis, aux plaisirs livrez-vous;
  Et videz vos coupes ensemble
  Au bonheur du nouvel époux!



CALLIOPE.



ODE VII.

A UNE FEMME IGNORANTE.


  Oui, de ton obscure existence
  Un jour s'éteindra le flambeau;
  A ta mort, le morne silence
  Viendra s'asseoir sur ton tombeau.

  Sur les bords que le Styx arrose
  Descends entière avec ton nom...
  As-tu jamais cueilli la rose
  Qui fleurit au mont Hélicon?

  Résonne, ô ma lyre fidèle!
  Éclate en sons harmonieux!
  Redis mon nom! sois immortelle!
  Calliope a quitté les cieux!



ÉRATO.



ODE VIII.

VIRGINITÉ PERDUE.


  Étoile du soir, qu'on adore,
  Tu ramènes, au bruit des chants,
  Ceux que les rayons de l'aurore
  Avaient dispersés dans les champs.

  C'est l'heure où vers la bergerie
  S'acheminent tous les troupeaux;
  Où près d'une mère chérie
  La fille cherche le repos.

  Et moi, tout me fuit, m'abandonne!...
  J'ai perdu ma virginité!...
  Où retrouver cette couronne,
  Le seul éclat de la beauté?

  O chastes Muses, mes délices!
  O Grâces, pleines de candeur!
  Accourez, soyez-moi propices;
  Filles du ciel, calmez mon cœur!



TERPSICHORE.



ODE IX.

LA ROSE.


  Parmi les fleurs, si d'une reine
  L'Olympe voulait faire un choix,
  La rose, comme souveraine,
  Seule aux fleurs dicterait des lois.

  La rose est l'émail des prairies;
  L'œil des fleurs, plein de volupté;
  Entre toutes les fleurs chéries,
  Elle brille par sa beauté.

  De la terre elle est la parure;
  Elle est l'ornement de Cypris;
  Au doux réveil de la nature
  Elle a notre premier souris.

  De sa beauté qui n'est l'esclave?
  Les Grâces composent sa cour;
  Son parfum aimable et suave
  Est le pur parfum de l'amour.

  Quoi de plus charmant que sa feuille,
  Si vive et si tendre à la fois?
  Heureux le mortel qui la cueille,
  Quand l'Amour y porte les doigts!

  Son bouton qui s'entr'ouvre à peine,
  Plein de grâce, charme nos yeux,
  Et sourit à la douce haleine
  Des zéphyrs les plus amoureux.



FRAGMENTS.



LA TOMBE DE TIMAS.


  Timas ici repose, et, vierge, elle succombe!
      L'hymen n'a point reçu ses vœux!
  Ses compagnes en deuil consacrent sur sa tombe
      Les tresses de leurs longs cheveux.



LE POËTE.


  La gaîté, le plaisir sied au fils d'Apollon;
  Le deuil ne doit jamais attrister sa maison.



LE BONHEUR DANS LA RICHESSE.


  Rien comme l'or ne nous chatouille;
  L'or, qui rend l'homme ingénieux,
  Ne craint ni les vers ni la rouille;
  L'or est un don du roi des cieux.

  Oui, sans la vertu, la richesse
  N'est souvent que le déshonneur;
  Mais être riche avec noblesse,
  Voilà le comble du bonheur!



A PÉLAGON.


  Du pêcheur Pélagon, là, Ménisque, son père,
  Appendit les filets, la rame que tu vois;
      Tristes témoins d'une existence amère,
  Mais noble souvenir de ses humbles exploits!



  FRAGMENTS
  DE SAPHO
  RECUEILLIS
  DANS LES OUVRAGES DE DIVERS AUTEURS
  DE L'ANTIQUITÉ.



1. αʹ.

  Γλυκεια ματερ, οὐ τι δυναμαι κρεκειν τον ἰστον
  ποθω δαμεισα παϊδος, βραδιναν δι' Ἀφροδιταν.


2. βʹ.

  Δεδυκε μεν ἁ Σελανα
  και Πληϊαδες, μεσαι δε
  νυκτες, παρα δ'ἐρχετ' ὠρα·
  ἐγω δε μονα καθευδω.


3. γʹ.

  Ἐρως δ'αὐτε μ' ὁ λυσιμελης δονει,
  γλυκυπικρον ἀμαχανον ὀρπετον.
  Ἀτθις, σοι δ'ἐμεθεν μεν ἀπηχθετο,
  Φροντις δ'ἠν ἐπι τ' Ἀνδρομεδαν ποτε.


4. δʹ.

  Τις δ'ἀγριωτιν ἐπεμμενα στολην
  Σοι θελγει νοον, οὐκ ἐπισταμενα
  Τα βρακε' ἐλκην ἐπι των σφυρων;


5. εʹ.

  Ὀλβιε γαμβρε, σοι μεν δη γαμος, ὡς ἀραο,
  ἐκτετελεστ', ἐχεις δε παρθενον, ἀν ἀραο.


6. ϛʹ.

  Ὑψι δη το μελαθρον
  ἀειρατε τεκτονες ἀνδρες
  γαμβρος ἐρχεται ἰσος Ἀρηι,
  ἀνδρος μεγαλω πολλῳ μειζων.


7. ζʹ.

  Κοινη δ' ἀρα παντες καρχησι' εἰχον, και ἐλειβον,
  ἀρασαντο δε παμπαν ἐσθλα τῳ γαμβρῳ.


8. ηʹ.

  Οὐ γαρ ἑτερα ἠν παις, ὠ γαμβρε, τοιαυτα.


9. θʹ.

  Ἑσπερε παντα φερεις,
  φερεις οἰνον[1], φερεις αἰγα,
  φερεις ματερι παιδα.

1: Lego, οἰν.


10. ιʹ.

  Ἑσπερε παντα φερων, ὁσα φαινολις ἐσκεδασ' αὐως.


11. ιαʹ.

  Κατθανοισα δε κεισεαι,
  οὐδετι μναμοσυνα σεθεν
  ἐσσεται, οὐδε ποκ' ὑστερον·
  οὐ γαρ πεδεχεις βροδων
  των ἐκ Πιεριας. ἀλλ' ἀφανης
  κην Ἀϊδα δομοις φοιτασεις.
  οὐδεις δε σε βλεψει πεδαυρον
  νεκυων ἐκπεποταμεναν.


12. ιβʹ.

  Παρθενια, παρθενια, ποι με λιπουσα οἰχῃ;
    οὐκετι ἡξω προς σε, οὐκετι ἡξω.


13. ιγʹ.

  Πλουτος ἀνευ ἀρετης οὐκ ἀσινης παροικος·
  ἡ δ' ἀμφοτερων κρασις εὐδαιμονιας ἐχει τ' ἀκρον.


14. ιδʹ.

  Ὁτι Διος παις ὁ χρυσος,
  κεινον οὐ σης οὐδε κις δαπτει,
  βροτεαν φρενα κρατιστον φρενων.


15. ιεʹ.

  Ἀλλα τις οὐκ ἐμμι παλιγκοτος ὀργαν,
    ἀλλ' ἀβαχη ταν φρενα ἐχω.


16. ιϛʹ.

  Ἐγω δε φιλημι ἁβροσυναν
  και μοι το λαμπρον ἐρος ἀελιω
    και το καλον λελογχε.


17. ιζʹ.

Εἰ τοις ἀνθεσιν ὁ Ζευς ἠθελε ἐπιθειναι βασιλεα, το ῥοδον ἀν των
ἀνθεων ἐβασιλευσεν· γης ἐστι κοσμος, φυτων ἀγλαϊσμα, ὀφθαλμος ἀνθεων,
λειμωνος ἐρυθημα, καλλος ἀστραπτον, ἐρωτος πνεει, Ἀφροδιτην προξενει,
εὐωδεσι φυλλοις κωμᾳ, εὐκινητοις πεταλοις τρυφᾳ, το πεταλον τῳ Ζεφυρῳ
γελᾳ.


18. ιηʹ.

  Τιμαδος ἁδε κονις, ταν δη προ γαμοιο θανουσαν
    δεξατο Φερσεφονας κυανεος θαλαμος·
  ἁς και ἀποφθιμενας πασαι νεοθαγι σιδαρῳ
    ἁλικες ἱμερταν κρατος ἐθεντο κομαν.


19. ιθʹ.

  Δευρο δευτε Μοισαι, χρυσεον λιποισαι.


20. κʹ.

  Δευτε νυν ἁβραι Χαριτες,
  ἁγναι Χαριτες, δευτε, Διος κοραι.


21. καʹ.

  Οὐ γαρ θεμις ἐν μουσουπολων
    οἰκιᾳ θρηνον εἰναι,
  οὐκ ἀμμι πρεπει ταδε.


22. κβʹ.

  Ἀγε, χελυ, δια μοι λεγε, φωναεσσα δε γινεο.
      Αὐτα δε συ Καλλιοπα....


23. κγʹ.

  Τῳ γριπει Πελαγωνι πατηρ ἀνεθηκε Μενισκος
      Κυρτον και κωπαν, μναμα κακοζωϊας.



ΣΑΠΦΟΥΣ

ΤΗΣ ΛΕΣΒΙΑΣ ΜΕΛΗ.



ΠΟΛΥΜΝΙΑ.



Αʹ. I.

Εἰς ΑΦΡΟΔΙΤΗΝ.


  Ποικιλοθρον', ἀθανατ' Ἀφροδιτα,
  παι Διος, δολοπλοκε, λισσομαι σε,
  μη μ' ἀσαισι, μηδ' ἀνιαισι δαμνα,
        ποτνια, θυμον.
  ἀλλα τυϊδ' ἐλθ', αἰποκα κατερωτα
  τας ἐμας αὐδας ἀϊοισα πολλυ
  ἐκλυες, πατρος δε δομον λιποισα,
        χρυσεον ἠλθες
  ἁρμ' ὑποζευξασα, καλοι δε τ' ἀγον
  ὠκεες στρουθοι, περι γας μελαινας
  πυκνα δινυντες πτερ' ἀπ' ὠρανω αἰθε-
        ρος δια μεσσω·
  αἰψ' ἀλλ' ἐξικοντο· τυ δ', ὠ μακαιρα,
  μειδιασασ' ἀθανατω προσωπω,
  ἠρε' ὀττι γ' ἠν το πεπονθα, κ' ὀττι
        δη σε καλημι.
  κ' ὀττι γ' ἐμω μαλιστ' ἐθελω γενεσθαι
  μαινολα θυμω, τινα δ' αὐτε πειθη-
  μι σαγηνεσσαν φιλοτατα· τις σ', ὠ
        Σαπφοι, ἀδικη;
  και γαρ αἰ φευγει, ταχεως διωξει·
  αἰ δε δωρα μη δεκετ', ἀλλα δωσει·
  αἰ δε μη φιλει, ταχεως φιλασει,
        Κοὐκ ἐθελοισαν.
  ἐλθ' ἐμοι και νυν, χαλεπαν δε λυσον
  ἐκ μεριμναν, ὁσσα δ' ἐμοι τελεσσαι
  θυμος ἰμερῥει, τελεσον· τυ δ' αὐτα
        συμμαχος ἐσσο.

Exstat apud Dion. Hal. περι συνθεσεως ὀνοματων. p. 206.

Wolf. 6.

Boiss. 1.



ΜΕΛΠΟΜΕΝΗ.



Βʹ. II.

ΠΡΟΣ ΓΥΝΑΙΚΑ ΕΡΩΜΕΝΗΝ.


  Φαινεται μοι κηνος ἰσος θεοισιν
  ἐμμεν ὠνηρ, ὁστις ἐναντιος τοι
  ἰσδανει, και πλασιον ἁδυ φωνα-
        σαι σ' ὑπακουει,
  και γελαϊς ἱμεροεν· το μοι μαν
  καρδιαν ἐν στηθεσιν ἐπτοασεν.
  ὡς γαρ εἰδω σε, βροχεως με φωνας
        οὐδεν ἐτ' ἰκει·
  ἀλλα καμμεν γλωσσα εἀγε, λεπτον δ'
  αὐτικα χρω πυρ ὑποδεδρομακεν,
  ὀππατεσσιν δ' οὐδεν ὁρημι, βομβευ-
        σιν δ' ἀκοαι μοι·
  καδδ' ἱδρως ψυχρος χεεται, τρομος δε
  πασαν ἀγρει, χλωροτερα δε ποιας
  ἐμμι· τεθνακην δ' ὀλιγω 'πιδευσα
        φαινομαι ἀπνους.

Exstat apud Long. περι ὑψους. P. 76.

Wolf. 9.

Boiss. 2.



ΘΑΛΙΑ.



ODES

COMPOSÉES AVEC LES FRAGMENTS QUI PRÉCÈDENT.



Γʹ. III.

Ο ΕΡΑΣΤΗΣ ΕΙΚΑΙΟΣ.


  Ἐρως δ' αὐτε μ' ὁ λυσιμελης δονει,
  γλυκυπικρον ἀμαχανον ὀρπετον.
  Ἀτθις, σοι δ' ἐμεθεν μεν ἀπηχθετο,
  φροντις δ' ἠν ἐπι τ' Ἀνδρομεδαν ποτε.
  Τις δ' ἀγριωτιν ἐπεμμενα στολην
  Σοι θελγει νοον, οὐκ ἐπισταμενα
  Τα βρακ' ἐλκην ἐπι των σφυρων;

Cette ode est formée des fragments n^os 3 et 4.

Le 1^er tiré d'Héphestion dans l'_Enchiridion de metris et poemate_,
p. 24.

Le 2^e ibid, p. 40.

Wolf. 12, 41, 55.

Boiss. 29, 33.



ΟΥΡΑΝΙΑ.



Δʹ. IV.

Η ΕΡΑΣΤΡΙΑ ΕΡΗΜΗ.


  Δεδυκε μεν ἁ Σελανα
  και Πληϊαδες, μεσαι δε
  νυκτες, παρα δ' ἐρχετ' ὠρα·
  ἐγω δε μονα καθευδω·
  Γλυκεια ματερ, οὐ τι
  δυναμαι κρεκειν τον ἰστον,
  ποθω δαμεισα παϊδος,
  βραδιναν δι' Ἀφροδιταν.

Cette ode est formée des fragments n^os 2 et 1.

Le 1^er est tiré d'Heph. Ench., p. 38.

Le 2^e d'Heph. idem. p. 34.

Wolf. 11, 10.

Boiss. 26, 22.



ΕΥΤΕΡΠΗ.



Εʹ. V.

ΑΡΕΤΗ ΚΑΙ ΗΔΟΝΗ.


  Ἀλλα τις οὐκ ἐμμι
  παλιγκοτος ὀργαν,
  ἀλλ' ἀβακη ταν φρενα ἐχω.
  ἐγω δε φιλημ' ἁβροσυναν,
  και μοι το λαμπρον ἀελιω
  ἐρος και το καλον λελογχε.

Cette ode est formée des fragments n^os 15 et 16.

Le 1^er tiré d'Etym. M. in ἀβακης.

Le 2^e d'Athen. XV. P. 687.

Wolf. 46, 47.

Boiss., 43.



ΚΛΕΙΩ.



Ϛʹ. VI.

Ο ΟΛΒΙΟΣ ΓΑΜΕΤΗΣ.


  Οὐ γαρ ἑτερα ἠν παις,
  ὠ γαμβρε, τοιαυτα.
  ὀλβιε, σοι μεν δη γαμος,
  ὡς ἀραο, ἐκτετελεστ',
  ἐχεις δε παρθενον, ἀν ἀραο.
  ὑψι δη το μελαθρον
  ἀειρατε τεκτονες ἀνδρες
  γαμβρος ἐρχεται ἰσος Ἀρηι,
  ἀνδρος μεγαλω πολλῳ μειζων.
  κοινη δε ἀρα παντες καρχησι'
  εἰχον, και ἐλειβον, ἀρασαντο
  δε παμπαν ἐσθλα τῳ γαμβρῳ.

Cette ode est formée des fragments n^os 8, 5, 6 et 7.

Le 1^er tiré de Denys d'Hal. περι συνθεσεως. T. 11. P. 29.

Le 2^e et 3^e d'Heph. 58, 2 et 70. 8.

Le 4^e d'Ath. XI. p. 475.

Wolf. 21, 18, 19, 20.

Boiss. 42, 35, 37, 10.



ΚΑΛΛΙΟΠΑ.



Ζʹ. VII.

ΠΡΟΣ ΑΠΑΙΔΕΥΤΟΝ ΓΥΝΑΙΚΑ.


  Κατθανοισα δε κεισεαι
  Οὐδετι μναμοσυνα σεθεν
  Ἐσσεται οὐδε ποκ' ὑστερον·
  Οὐ γαρ πεδεχεις βροδων
  Των ἐκ Πιεριας. Ἀλλ' ἀφανης
  Κην Ἀϊδα δομοις φοιτασεις.
  Οὐδεις δε σε βλεψει πεδαυρον
  Νεκυων ἐκπεποταμεναν.
  Ἀγε, χελυ, δια μοι λεγε,
  Φοναεσσα δε γινεο.
  Αὐτα δε συ Καλλιοπα.

Cette ode est formée des frag. n^os 11 et 22.

Le 1^er tiré de Stobæus, περι Ἀφροσυνης, serm. 14, p. 52.

Le 2^e d'Hermg. p. 403 et d'Eph. p. 49.

Wolf. 27, 4 et 5.

Boiss. 13, 18.



ΕΡΑΤΩ.



Ηʹ. VIII.

Η ΠΑΡΘΕΝΙΑ Η ΛΙΠΟΥΣΑ.


  Ἑσπερε, παντα φερων,
  φαινολις ὁσ' σκεδασ'
  Αὐως. παντα φερεις,
  ἑσπερε, φερεις την οἰν
      φερεις αἰγα,
  φερεις ματερι παιδα.
  Παρθενια, παρθενια,
  Ποι με λιπουσα οἰχῃ;
  οὐκετι ἡξω προς σε,
      οὐκετ' ἡξω.
  Δευρο δευτε Μοισαι,
  Χρυσεον λιποισαι,
  νυν δευτ' ἀβραι Χαριτες,
  ἁγναι Χαριτες, δευτε,
      Διος κοραι.

Cette ode est formée des fragments n^os 10, 9, 12, 19 et 20.

Le 1^er est tiré du Schol. Eurip. in Orest. ad v. 1260.

Le 2^e de Dem. Phal. περι ἑρμηνειας, n^os 141, p. 8, 9.

Le 3^e id. id. id. 140.

Le 4^e d'Héphest. p. 157.

Le 5^e id. p. 30.

Wolf. 23, 22, 24, 1, 2 et 3.

Boiss. 9, 21, 34, 10.



ΤΕΡΨΙΧΟΡΗ.



Θʹ. IX.

ΤΟ ΡΟΔΟΝ.


  Εἰ τοις ἀνθεσιν ὁ Ζευς
  Βασιλε' ἐπιθειναι
  Ἠθελ', ἀν των ἀνθεων
  Ἐβασιλευσεν καλον
      Το Ῥοδον·
  Γης Ῥοδον ἐστι κοσμος,
  Ὀφθαλμος των ἀνθεων,
  Λειμωνος ἐρυθημα,
  Φυτων ἀγλαϊσμα, πνεει
      Ἐρωτος·
  Καλλος ἀστραπτον, προξενει
  Κυπριν, εὐωδεσι φυλλοις,
  Τρυφ' εὐκινητοις πεταλοις,
  Το πεταλον τῳ Ζεφυρῳ
      Ἡ γελᾳ.

Cette ode est formée du fragment n^o 17.

Tiré d'Achilles Tatius. _de Clitophon. et Leucip. Amoribus._ liv. II,
p. 64.

Wolf, 156.



ΑΠΟΣΠΑΣΜΑΤΙΑ.



Αʹ.


  Τιμαδος ἁδε κονις, ταν δη προ γαμοιο θανουσαν
  δεξατο Φερσεφονας κυανεος θαλαμος·
  ἀς και ἀποφθιμενας πασαι νεοθαγι σιδαρῳ
  ἁλικες ἱμερταν κρατος ἐθεντο κομαν.

Fragm. n^o 18.

Tiré de l'Anth. grecque, liv. III, titres 12, 14.

Wolf. 66.



Βʹ.

ΕΥΔΑΙΜΟΝΙΑ ΕΝ ΠΛΟΥΤΟΥ.


  Ὁτι Διος παις ὁ Χρυσος
  κεινον οὐ σης, οὐδε κις δαπτει,
  βροτεαν φρενα κρατιστον φρενων.
      Πλουτος ἀνευ ἀρετης
      οὐκ ἀσινης παροικος·
  ἡ δ' ἀμφοτερων κρασις
  εὐδαιμονιας ἐχει τ' ἀκρον.

Deux frag. réunis n^os 14 et 13.

Le 1^er tiré du Sch. Pind. Pyth. IV. V. 408.

Le 2^e du Sch. Pind. Olymp. II. V. 96.

Wolf. 40, 39.



Γʹ.


  Οὐ γαρ θεμις ἐν μουσοπολων
  οἰκιᾳ θρηνον εἰναι,
  οὐκ ἀμμι πρεπει ταδε.

Fragment n^o 21, tiré de Max. Tyr. Dissert. VIII. P. 96.

Wolf. 48.

Boiss. 62.



Δʹ.


  Τῳ γριπει Πελαγωνι πατηρ ἀνεθηκε Μενισκος
      κυρτον και κωπαν, μναμα κακοζωϊας·

Fragment n^o 23, Anth., livre III, tit. IV.

Wolf. 65.





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