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Title: Traité élémentaire de chimie, tome 2 - Présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes - modernes; avec Figures
Author: Lavoisier, Antoine de
Language: French
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  Au lecteur,

  Ce _Traité élémentaire de chimie_ d'Antoine de Lavoisier se compose
  de deux tomes. Une version complète de cette publication accompagne la
  publication individuelle de chacun de ces deux tomes.

  La version électronique html restitue le mieux la présentation du
  livre papier.

  L'errata de cette édition a été pris en compte.

  Nous avons utilisé une typographie plus moderne que celle de la version
  papier en remplaçant les ſ par des s.

  La ponctuation n'a pas été modifiée hormis quelques corrections
  mineures.

  L'orthographe a été conservée. Seuls quelques mots ont été modifiés.
  La liste des modifications se trouve à la fin du texte.



  TRAITÉ
  ÉLÉMENTAIRE
  DE CHIMIE.

  _TOME SECOND._



  TRAITÉ
  ÉLÉMENTAIRE
  DE CHIMIE,

  PRÉSENTÉ DANS UN ORDRE NOUVEAU
  ET D'APRÈS LES DÉCOUVERTES MODERNES;

  Avec Figures:

  _Par M. LAVOISIER, de l'Académie des Sciences, de la Société Royale
    de Médecine, des Sociétés d'Agriculture de Paris & d'Orléans, de la
    Société Royale de Londres, de l'Institut de Bologne, de la Société
    Helvétique de Basle, de celles de Philadelphie, Harlem, Manchester,
    Padoue, &c._

  TOME SECOND.

  [Illustration]

  _A PARIS_,

  Chez CUCHET, Libraire, rue & hôtel Serpente.

  M. DCC. LXXXIX.

  _Sous le Privilège de l'Académie des Sciences & de la Société Royale
  de Médecine._



  TABLE
  DES CHAPITRES
  DU TOME SECOND.


  TROISIEME PARTIE.

  _Description des Appareils & des Opérations manuelles de la Chimie._

  _INTRODUCTION_,                                                    323

  CHAP. I. _Des instrumens propres à déterminer le poids
    absolu & la pesanteur spécifique des corps solides &
    liquides,_                                                       327

  CHAP. II. _De la Gazométrie, ou de la mesure du poids
    & du volume des substances aériformes,_                          342

    §. I. _Description des Appareils pneumato-chimiques,_          ibid.

    §. II. _Du Gazomètre,_                                           346

    §. III. _De quelques autres manières de mesurer le volume
      des Gaz,_                                                      360

    §. IV. _De la manière de séparer les unes des autres les
      différentes espèces de Gaz,_                                   365

    §. V. _Des corrections à faire au volume des Gaz obtenus
      dans les expériences, relativement à la pression de
      l'atmosphère,_                                                 370

    §. VI. _Des corrections relatives aux différens degrés
      du Thermomètre,_                                               378

    §. VII. _Modèle de calcul pour les corrections relatives
      au degré de pression & de température,_                        380

    §. VIII. _De la manière de déterminer le poids absolu des
      différens Gaz,_                                                384

  CHAP. III. _Des Appareils relatifs à la mesure du Calorique,_      387

    _Description du Calorimètre,_                                  ibid.

  CHAP. IV. _Des opérations purement mécaniques qui ont
    pour objet de diviser les corps,_                                403

    §. I. _De la Trituration, de la Porphirisation, & de la
      Pulvérisation,_                                              ibid.

    §. II. _Du Tamisage & du Lavage,_                                409

    §. III. _De la Filtration,_                                      412

    §. IV. _De la Décantation,_                                      419

  CHAP. V. _Des moyens que la Chimie emploie pour écarter
    les  unes des autres les molécules des corps sans les
    décomposer, & réciproquement pour les réunir,_                   422

    §. I. _De la Solution des Sels,_                                 423

    §. II. _De la Lixiviation,_                                      428

    §. III. _De l'Evaporation,_                                      431

    §. IV. _De la Cristallisation,_                                  436

    §. V. _De la Distillation simple,_                               442

    §. VI. _De la Sublimation,_                                      448

  CHAP. VI. _Des Distillations pneumato-chimiques, des
    Dissolutions métalliques, & de quelques autres
    opérations qui exigent des Appareils très-compliqués,_           449

    §. I. _Des Distillations composées, & des Distillations
      pneumato-chimiques,_                                           449

    §. II. _Des dissolutions métalliques,_                           458

    §. III. _Des Appareils relatifs aux fermentations vineuse
      & putride,_                                                    461

    §. IV. _Appareil particulier pour la décomposition
      de l'eau,_                                                     465

    §. V. _De la préparation & de l'emploi des Luts,_                468

  CHAP. VII. _Des Opérations relatives à la combustion
    proprement dite & à la détonation,_                              478

    §. I. _De la Combustion du Phosphore & du Charbon,_              482

    §. II. _De la Combustion des Huiles,_                            493

    §. III. _De la Combustion de l'Esprit-de-vin ou Alkool,_         501

    §. IV. _De la Combustion de l'Ether,_                            503

    §. V. _De la Combustion du Gaz hydrogène, & de la
      Formation de l'Eau,_                                           506

    §. VI. _De l'Oxidation des Métaux,_                              513

    §. VII. _De la Détonation,_                                      524

  CHAP. VIII. _Des Instrumens nécessaires pour opérer sur les
    corps à de très-hautes températures,_                            534

    §. I. _De la Fusion,_                                          ibid.

    §. II. _Des Fourneaux,_                                          537

    §. III. _Des moyens d'augmenter considérablement l'action
      du feu, en substituant le gaz oxygène à l'air de
      l'atmosphère,_                                                 552

  TABLES A L'USAGE DES CHIMISTES. 	                             559

  TABLE DES MATIERES. 	                                             592

  EXTRAIT _des Registres de l'Académie Royale des Sciences_.
    Du 4 Février 1789. 	                                             620

  EXTRAIT _des Registres de la Société Royale de Médecine_.
    Du 6 Février 1789. 	                                             629

  EXTRAIT _des Registres de la Société Royale d'Agriculture_.
    Du 5 Février 1789. 	                                             650

  ERRATA                                                             654

  _Planches._                                                        656



[Illustration]

TROISIÈME PARTIE.

_Description des appareils & des opérations manuelles de la Chimie._


INTRODUCTION.

Ce n'est pas sans dessein que je ne me suis pas étendu davantage dans
les deux premières parties de cet Ouvrage, sur les opérations manuelles
de la Chimie. J'ai reconnu, d'après ma propre expérience, que des
descriptions minutieuses, des détails de procédés & des explications
de planches, figuroient mal dans un ouvrage de raisonnement; qu'elles
interrompoient la marche des idées, & qu'elles rendoient la lecture de
l'ouvrage fastidieuse & difficile.

D'un autre côté, si je m'en fusse tenu aux simples descriptions
sommaires que j'ai données jusqu'ici, les commençans n'auroient
pu prendre dans cet Ouvrage que des idées très-vagues de la
Chimie-pratique. Des opérations qu'il leur auroit été impossible
de répéter, ne leur auroient inspiré ni confiance ni intérêt: ils
n'auroient pas même eu la ressource de chercher dans d'autres ouvrages
de quoi suppléer à ce qui auroit manqué à celui-ci. Indépendamment de
ce qu'il n'en existe aucun où les expériences modernes se trouvent
décrites avec assez d'étendue, il leur auroit été impossible de
recourir à des traités où les idées n'auroient point été présentées
dans le même ordre, où l'on n'auroit pas parlé le même langage; en
sorte que le but d'utilité que je me suis proposé n'auroit pas été
rempli.

J'ai pris, d'après ces réflexions, la résolution de réserver pour
une troisième partie la description sommaire de tous les appareils
& de toutes les opérations manuelles qui ont rapport à la Chimie
élémentaire. J'ai préféré de placer ce traité particulier à la fin
plutôt qu'au commencement de cet Ouvrage, parce qu'il m'auroit été
impossible de n'y pas supposer des connoissances que les commençans
ne peuvent avoir, & qu'ils ne peuvent acquérir que par la lecture de
l'Ouvrage même. Toute cette troisième partie doit être en quelque
façon considérée comme l'explication des figures qu'on a coutume de
rejetter à la fin des Mémoires, pour ne point en couper le texte par
des descriptions trop étendues.

Quelque soin que j'aye pris pour mettre de la clarté & de la méthode
dans cette partie de mon travail, & pour n'omettre la description
d'aucun appareil essentiel, je suis loin de prétendre que ceux qui
veulent prendre des connoissances exactes en Chimie, puissent se
dispenser de suivre des cours, de fréquenter les laboratoires & de
se familiariser avec les instrumens qu'on y emploie. _Nihil est in
intellectu quod non prius fuerit in sensu_: grande & importante
vérité que ne doivent jamais oublier ceux qui apprennent comme ceux
qui enseignent, & que le célèbre Rouelle avoit fait tracer en gros
caractères dans le lieu le plus apparent de son laboratoire.

Les opérations chimiques se divisent naturellement en plusieurs
classes, suivant l'objet qu'elles se proposent de remplir: les
unes peuvent être regardées comme purement mécaniques; telle est
la détermination du poids des corps, la mesure de leur volume, la
trituration, la porphyrisation, le tamisage, le lavage, la filtration:
les autres sont des opérations véritablement chimiques, parce qu'elles
emploient des forces & des agens chimiques, telles que la dissolution,
la fusion, &c. Enfin les unes ont pour objet de séparer les principes
des corps, les autres de les réunir; souvent même elles ont ce
double but, & il n'est pas rare que dans une même opération, comme
dans la combustion, par exemple, il y ait à la fois décomposition &
recomposition.

Sans adopter particulièrement aucune de ces divisions, auxquelles il
seroit difficile de s'astreindre, du moins d'une manière rigoureuse,
je vais présenter le détail des opérations chimiques, dans l'ordre qui
m'a paru le plus propre à en faciliter l'intelligence. J'insisterai
particulièrement sur les appareils relatifs à la Chimie moderne,
parce qu'ils sont encore peu connus, même de ceux qui font une étude
particulière de cette science, je pourrois presque dire, d'une partie
de ceux qui la professent.



CHAPITRE PREMIER.

_Des instrumens propres à déterminer le poids absolu & la pesanteur
spécifique des corps solides & liquides._


On ne connoît jusqu'à présent aucun meilleur moyen pour déterminer les
quantités de matières qu'on emploie dans les opérations chimiques,
& celles qu'on obtient par le résultat des expériences, que de les
mettre en équilibre avec d'autres corps qu'on est convenu de prendre
pour terme de comparaison. Lors, par exemple, que nous voulons allier
ensemble douze livres de plomb & six livres d'étain, nous nous
procurons un levier de fer assez fort pour qu'il ne fléchisse pas; nous
le suspendons dans son milieu & de manière que ses deux bras soient
parfaitement égaux; nous attachons à l'une de ses extrêmités un poids
de douze livres; nous attachons à l'autre du plomb, & nous en ajoutons
jusqu'à ce qu'il y ait équilibre, c'est-à-dire jusqu'à ce que le levier
demeure parfaitement horisontal. Après avoir ainsi opéré sur le plomb,
on opère sur l'étain; & on en use de la même manière pour toutes les
autres matières dont on veut déterminer la quantité. Cette opération
se nomme _peser_; l'instrument dont on se sert se nomme _balance_: il
est principalement composé, comme tout le monde le sait, d'un fléau, de
deux bassins & d'une aiguille.

Quant au choix des poids & à la quantité de matière qui doit composer
une unité, une livre, par exemple, c'est une chose absolument
arbitraire; aussi voyons-nous que la livre differe d'un royaume à un
autre, d'une province & souvent même d'une ville à une autre. Les
sociétés n'ont même d'autre moyen de conserver l'unité qu'elles se sont
choisie, & d'empêcher qu'elle ne varie & ne s'altère par la révolution
des tems, qu'en formant ce qu'on nomme des étalons, qui sont déposés &
soigneusement conservés dans les greffes des jurisdictions.

Il n'est point indifférent sans doute dans le commerce & pour les
usages de la société, de se servir d'une livre ou d'une autre, puisque
la quantité absolue de matière n'est pas la même, & que les différences
même sont très-considérables. Mais il n'en est pas de même pour les
Physiciens & pour les Chimistes. Peu importe dans la plupart des
expériences, qu'ils ayent employé une quantité A ou une quantité B de
matière, pourvu qu'ils expriment clairement les produits qu'ils ont
obtenus de l'une ou de l'autre de ces quantités, en fractions d'un
usage commode, & qui réunies toutes ensemble fassent un produit égal
au tout. Ces considérations m'ont fait penser qu'en attendant que les
hommes, réunis en société, se soient déterminés à n'adopter qu'un seul
poids & qu'une seule mesure, les Chimistes, de toutes les parties du
monde, pourroient sans inconvénient se servir de la livre de leur
pays, quelle qu'elle fût, pourvu qu'au lieu de la diviser, comme on
l'a fait jusqu'ici, en fractions arbitraires, on se déterminât par
une convention générale à la diviser en dixièmes, en centièmes, en
millièmes, en dix-millièmes, &c. c'est-à-dire, en fractions décimales
de livres. On s'entendroit alors dans tous les pays, comme dans
toutes les langues: on ne seroit pas sûr, il est vrai, de la quantité
absolue de matière qu'on auroit employée dans une expérience; mais
on connoîtroit sans difficulté, sans calcul, le rapport des produits
entr'eux; ces rapports seroient les mêmes pour les savans du monde
entier, & l'on auroit véritablement pour cet objet un langage universel.

Frappé de ces considérations, j'ai toujours eu le projet de faire
diviser la livre poids de marc en fractions décimales, & ce n'est que
depuis peu que j'y suis parvenu. M. Fourché, Balancier, successeur
de M. Chemin, rue de la Ferronnerie, a rempli cet objet avec beaucoup
d'intelligence & d'exactitude, & j'invite tous ceux qui s'occupent
d'expériences, à se procurer de semblables divisions de la livre: pour
peu qu'ils ayent d'usage du calcul des décimales, ils seront étonnés de
la simplicité & de la facilité que cette division apportera dans toutes
leurs opérations. Je détaillerai dans un Mémoire particulier destiné
pour l'Académie, les précautions & les attentions que cette division de
la livre exige.

En attendant que cette méthode soit adoptée par les savans de tous les
pays, il est un moyen simple, sinon d'atteindre au même but, au moins
d'en approcher & de simplifier les calculs. Il consiste à convertir à
chaque pesée les onces, gros & grains qu'on a obtenus, en fractions
décimales de livre; & pour diminuer la peine que ce calcul pourroit
présenter, j'ai formé une table où ces calculs se trouvent tous faits
ou au moins réduits à de simples additions. Elle se trouve à la fin de
cette troisième partie: voici la manière de s'en servir.

Je suppose qu'on ait employé dans une expérience 4 livres de matières,
& que par le résultat de l'opération on ait obtenu quatre produits
différens A, B, C, D, pesant savoir,

                 liv.  onc.  gros  grains.
  Produit A       2     5     3      63
  Produit B       1     2     7      15
  Produit C       »     3     1      37
  Produit D       »     4     3      29
                 -----------------------
      Total       4     »     »       »
                 -----------------------

On transformera, au moyen de la table, ces fractions vulgaires en
décimales, comme il suit:

  Pour le produit A.

                                   Fractions décimales
         Fractions vulgaires.      correspondantes.

         liv.  onc.  gros  gr.     liv.
          2     »     »     »   =  2,0000000
                5     »     »   =  0,3125000
                      3     »   =  0,0234375
                           63   =  0,0068359
         ---------------------     ---------
  Total   2     5     3    63   =  2,3427734
         ---------------------     ---------


  Pour le produit B.

         liv.  onc.  gros  gr.     liv.
          1     »     »     »   =  1,0000000
                2     »     »   =  0,1250000
                      7     »   =  0,0546875
                           15   =  0,0016276
         ---------------------     ---------
  Total   1     2     7    15   =  1,1813151
         ---------------------      ---------


  Pour le produit C.


         Fractions           Fractions décimales
         vulgaires.          correspondantes.

         onc.  gros  gr.     liv.
          3     »     »   =  0,1875000
                1     »   =  0,0078125
                     37   =  0,0040148
         ---------------     ----------
  Total   3     1    37   =  0,1993273
         ---------------     ----------


  Pour le produit D.

         onc.  gros  gr.     liv.
          4     »     »   =  0,2500000
                3     »   =  0,0234375
                     29   =  0,0031467
         ---------------     ----------
  Total   4     3    29   =  0,2765842
         ----------------    ----------

En récapitulant ces résultats, on aura en fractions décimales:

  Pour le produit A     2,3427734
  Pour le produit B     1,1813151
  Pour le produit C     0,1993273
  Pour le produit D     0,2765842
                        ----------
              Total     4,0000000
                        ----------

Les produits ainsi exprimés en fractions décimales, sont ensuite
susceptibles de toute espèce de réduction & de calcul, & on n'est plus
obligé de réduire continuellement en grains les nombres sur lesquels on
veut opérer, & de reformer ensuite avec ces mêmes nombres des livres,
onces & gros.

La détermination du poids des matières & des produits, avant & après
les expériences, étant la base de tout ce qu'on peut faire d'utile
& d'exact en Chimie, on ne sauroit y apporter trop d'exactitude.
La première chose, pour remplir cet objet, est de se munir de bons
instrumens. On ne peut se dispenser d'avoir, pour opérer commodément,
trois excellentes balances. La première doit peser jusqu'à 15 & 20
livres, sans fatiguer le fléau. Il n'est pas rare d'être obligé
dans des expériences chimiques de déterminer à un demi-grain près
ou un grain tout au plus la tarre & le poids de très-grands vases &
d'appareils très-pesans. Il faut, pour arriver à ce degré de précision,
des balances faites par un artiste habile & avec des précautions
particulières; il faut sur-tout se faire une loi de ne jamais s'en
servir dans un laboratoire où elles seroient immanquablement rouillées
& gâtées: elles doivent être conservées dans un cabinet séparé, où il
n'entre jamais d'acides. Celles dont je me sers ont été construites par
M. Fortin; leur fléau a trois pieds de long, & elles réunissent toutes
les sûretés & les commodités qu'on peut desirer. Je ne crois pas que, à
l'exception de celles de Ramsden, il en existe qui puissent leur être
comparées pour la justesse & pour la précision. Indépendamment de cette
forte balance, j'en ai deux autres qui sont bannies, comme la première,
du laboratoire; l'une pèse jusqu'à 18 ou 20 onces, à la précision du
dixième de grain; la troisième ne pèse que jusqu'à un gros, & les
512es de grain y sont très-sensibles.

Je donnerai à l'Académie, dans un Mémoire particulier, une description
de ces trois balances, avec des détails sur le degré de précision qu'on
en obtient.

Ces instrumens au surplus dont on ne doit se servir que pour les
expériences de recherche, ne dispensent pas d'en avoir d'autres moins
précieux pour les usages courans du laboratoire. On y a continuellement
besoin d'une grosse balance à fléau de fer peint en noir, qui puisse
peser des terrines entières pleines de liquide, & des quantités
d'eau de 40 à 50 livres, à un demi-gros près; d'une seconde balance
susceptible de peser jusqu'à 8 à 10 livres, à 12 ou 15 grains près;
enfin d'une petite balance à la main, pesant environ une livre, à la
précision du grain.

Mais ce n'est pas encore assez d'avoir d'excellentes balances; il faut
les connoître, les avoir étudiées, savoir s'en servir, & l'on n'y
parvient que par un long usage & avec beaucoup d'attention. Il est
sur-tout important de vérifier souvent les poids dont on se sert: ceux
fournis chez les balanciers ayant été ajustés avec des balances qui
ne sont pas extrêmement sensibles, ne se trouvent plus rigoureusement
exacts quand on les éprouve avec des balances aussi parfaites que
celles que je viens d'annoncer.

Ce seroit une excellente manière, pour éviter les erreurs dans les
pesées, que de les répéter deux fois, en employant pour les unes des
fractions vulgaires de livre, & pour les autres des fractions décimales.

Tels sont les moyens qui ont paru jusqu'ici les plus propres à
déterminer les quantités de matières employées dans les expériences,
c'est-à-dire, pour me servir de l'expression ordinaire, à déterminer le
poids absolu des corps. Mais en adoptant cette expression, je ne puis
me dispenser d'observer que, prise dans un sens strict, elle n'est pas
absolument exacte. Il est certain qu'à la rigueur nous ne connoissons
& nous ne pouvons connoître que des pesanteurs relatives; que nous ne
pouvons les exprimer qu'en partant d'une unité conventionnelle: il
seroit donc plus vrai de dire que nous n'avons aucune mesure du poids
absolu des corps.

Passons maintenant à ce qui concerne la pesanteur spécifique. On a
désigné sous ce nom le poids absolu des corps divisé par leur volume,
ou ce qui revient au même, le poids que pèse un volume déterminé d'un
corps. C'est la pesanteur de l'eau qu'on a choisie, en général, pour
l'unité qui exprime ce genre de pesanteur. Ainsi quand on parle de la
pesanteur spécifique de l'or, on dit qu'il est dix-neuf fois aussi
pesant que l'eau; que l'acide sulfurique concentré est deux fois aussi
pesant que l'eau, & ainsi des autres corps.

Il est d'autant plus commode de prendre ainsi la pesanteur de l'eau
pour unité, que c'est presque toujours dans l'eau que l'on pèse les
corps dont on veut déterminer la pesanteur spécifique. Si, par exemple,
on se propose de reconnoître la pesanteur spécifique d'un morceau d'or
pur écroui à coups de marteau, & si ce morceau d'or pèse dans l'air 8
onces 4 gros 2 grains & demi, comme celui que M. Brisson a éprouvé,
page 5 de son Traité de la Pesanteur spécifique, on suspend cet or
à un fil métallique très-fin & assez fort cependant pour pouvoir le
supporter sans se rompre; on attache ce fil sous le bassin d'une
balance hydrostatique, & on pèse l'or entièrement plongé dans un vase
rempli d'eau. Le morceau d'or dont il est ici question, a perdu dans
l'expérience de M. Brisson 3 gros 37 grains. Or, il est évident que
le poids que perd un corps quand on l'a pesé dans l'eau, n'est autre
que le poids du volume d'eau qu'il déplace, ou, ce qui est la même
chose, qu'un poids d'eau égal à son volume; d'où l'on peut conclure
qu'à volume égal l'or pèse 4898 grains & demi, & l'eau 253: ce qui
donne 193617 pour la pesanteur spécifique de l'or, celle de l'eau étant
supposée 10000. On peut opérer de la même manière pour toutes les
substances solides.

Il est au surplus assez rare qu'on ait besoin en Chimie de déterminer
la pesanteur spécifique des corps solides, à moins qu'on ne travaille
sur les alliages ou sur les verres métalliques: on a au contraire
besoin presqu'à chaque instant de connoître la pesanteur spécifique des
fluides, parce que c'est souvent le seul moyen qu'on ait de juger de
leur degré de pureté & de concentration.

On peut également remplir ce dernier objet avec un très-grand degré
de précision, au moyen de la balance hydrostatique, & en pesant
successivement un corps solide, tel, par exemple, qu'une boule de
cristal de roche suspendue à un fil d'or très-fin, dans l'air & dans le
fluide dont on veut déterminer la pesanteur spécifique. Le poids que
perd la boule plongée dans le fluide, est celui d'un volume égal de ce
fluide. En répétant successivement cette opération dans l'eau & dans
différens fluides, on peut par un calcul très-simple en conclure leur
rapport de pesanteur spécifique, soit entr'eux, soit avec l'eau: mais
ce moyen ne seroit pas encore suffisamment exact, ou au moins il seroit
très-embarrassant à l'égard des liqueurs dont la pesanteur spécifique
differe très-peu de celle de l'eau, par exemple, à l'égard des eaux
minérales & de toutes celles en général qui sont très-peu chargées de
sels.

Dans quelques travaux que j'ai entrepris sur cet objet & qui ne sont
point encore publics, je me suis servi avec beaucoup d'avantages de
pèse-liqueurs très-sensibles & dont je vais donner une idée. Ils
consistent dans un cylindre creux A_bcf_, _planche VII, fig. 6_, de
cuivre jaune, ou mieux encore d'argent, & lesté par le bas en _bcf_
avec de l'étain. Ce pèse-liqueur est ici représenté nageant dans un
bocal _lmno_ rempli d'eau. A la partie supérieure du cylindre est
adaptée une tige faite d'un fil d'argent de 3/4 de ligne de diamètre
tout au plus, & surmonté d'un petit bassin _d_ destiné à recevoir des
poids. On fait sur cette tige une marque en _g_, dont on va expliquer
l'usage. On peut faire cet instrument de différentes dimensions; mais
il n'est suffisamment exact qu'autant qu'il déplace au moins quatre
livres d'eau.

Le poids de l'étain dont cet instrument est lesté, doit être tel qu'il
soit presqu'en équilibre dans de l'eau distillée, & qu'il ne faille
plus y ajouter pour le faire entrer jusqu'à la marque _g_, qu'un
demi-gros ou un gros tout au plus.

On commence par déterminer une première fois avec beaucoup d'exactitude
le poids de cet instrument & le nombre de gros ou de grains dont il
faut le charger dans de l'eau distillée, à une température donnée
pour le faire entrer jusqu'à la marque _g_. On fait la même opération
dans toutes les eaux dont on veut connoître la pesanteur spécifique,
& on rapporte ensuite par le calcul les différences au pied cube, à
la pinte ou à la livre, ou bien on les réduit en fractions décimales.
Cette méthode, jointe à quelques expériences faites avec les réactifs,
est une des plus sûres pour déterminer la qualité des eaux, & on y
apperçoit des différences qui auroient échappé aux analyses chimiques
les plus exactes. Je donnerai un jour le détail d'un grand travail que
j'ai fait sur cet objet.

Les pèse-liqueurs métalliques ne peuvent servir que pour déterminer la
pesanteur spécifique des eaux qui ne contiennent que des sels neutres
ou des substances alkalines: on peut aussi en faire construire de
particuliers lestés pour l'esprit-de-vin & les liqueurs spiritueuses.
Mais toutes les fois qu'il est question de déterminer la pesanteur
spécifique des acides, on ne peut employer que du verre. On prend alors
un cylindre creux de verre _abc_, _planche VII, figure 14_, qu'on
ferme hermétiquement à la lampe en _bcf_; on y soude dans sa partie
supérieure un tube capillaire _ad_ surmonté par un petit bassin _d_. On
leste cet instrument avec du mercure, & on en introduit plus ou moins,
suivant la pesanteur des liqueurs qu'on se propose d'examiner. On peut
introduire dans le tube _ad_, qui forme le col de cet instrument, une
petite bande de papier qui porte des divisions; & quoique ces divisions
ne répondent pas aux mêmes fractions de grains dans des liqueurs dont
la pesanteur spécifique est différente, elles sont cependant commodes
pour les évaluations.

Je ne m'étendrai pas davantage sur les moyens qui servent pour
déterminer, soit le poids absolu, soit la pesanteur spécifique des
solides & des liquides; les instrumens qu'on emploie à ce genre
d'expériences, sont entre les mains de tout le monde, on peut se les
procurer aisément, & de plus grands détails seroient inutiles. Il
n'en sera pas de même de la mesure des gaz: la plupart des instrumens
dont je me sers ne se trouvant nulle part & n'ayant été décrits dans
aucun ouvrage, il m'a paru nécessaire d'en donner une connoissance
plus détaillée: c'est l'objet que je me suis proposé dans le Chapitre
suivant.



CHAPITRE II.

_De la Gazométrie, ou de la mesure du poids & du volume des substances
aériformes._


§. I.

_Description des Appareils pneumato-chimiques._

Les Chimistes françois ont donné dans ces derniers tems le nom
de _pneumato-chimique_ à un appareil à la fois très-ingénieux &
très-simple, imaginé par M. Priestley, & qui est devenu absolument
indispensable dans tous les laboratoires. Il consiste en une caisse
ou cuve de bois plus ou moins grande, _planche V, figures 1 & 2_,
doublée de plomb laminé ou de feuilles de cuivre étamé. La _figure 1_
représente cette cuve vue en perspective; on en a supposé le devant &
un des côtés enlevés dans la _figure 2_, afin de faire mieux sentir la
manière dont elle est construite dans son intérieur.

On distingue dans tout appareil de cette espèce, la tablette de la
cuve ABCD, _figures 1 & 2_, & le fond de la cuve FGHI, _fig. 2_.
L'intervalle qui se trouve entre ces deux plans est la cuve proprement
dite, ou la fosse de la cuve. C'est dans cette partie creuse qu'on
emplit les cloches: on les retourne ensuite & on les pose sur la
tablette ABCD, _voyez_ la cloche F, _planche X_. On peut encore
distinguer les bords de la cuve, & l'on donne ce nom à tout ce qui
excède le niveau de la tablette.

La cuve doit être suffisamment remplie, pour que la tablette soit
toujours recouverte d'un pouce ou d'un pouce & demi d'eau; elle doit
avoir assez de largeur & de profondeur, pour qu'il y en ait alors au
moins un pied en tout sens dans la fosse de la cuve. Cette quantité
suffit pour les expériences ordinaires; mais il est un grand nombre
de circonstances où il est commode, où il est même indispensable de
se donner encore plus d'espace. Je conseille donc à ceux qui veulent
s'occuper utilement & habituellement d'expériences de Chimie, de
construire très en grand ces appareils, si le local le leur permet.
La fosse de ma cuve principale contient quatre pieds cubes d'eau, &
la surface de sa tablette est de quatorze pieds quarrés. Malgré cette
grandeur qui me paroissoit d'abord démésurée, il m'arrive encore
souvent de manquer de place.

Il ne suffit pas encore dans un laboratoire où l'on est livré à un
courant habituel d'expériences, d'avoir un seul de ces appareils,
quelque grand qu'il soit: il faut, indépendamment du magasin général,
en avoir de plus petits & de portatifs même, qu'on place où le besoin
l'exige & près du fourneau où l'on opère. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut
faire marcher plusieurs expériences à la fois. Il y a d'ailleurs des
opérations qui salissent l'eau de l'appareil, & qu'il est nécessaire de
faire dans une cuve particulière.

Il est sans doute beaucoup plus économique de se servir de cuves de
bois, ou de baquets cerclés de fer & faits tout simplement avec des
douves, plutôt que d'employer des caisses de bois doublées de cuivre ou
de plomb. Je m'en suis moi-même servi dans mes premières expériences;
mais j'ai bientôt reconnu les inconvéniens qui y sont attachés. Si
l'eau n'y est pas toujours entretenue au même niveau, les douves qui se
trouvent à sec prennent de la retraite; elles se disjoignent, & quand
on vient ensuite à mettre plus d'eau, elle s'échappe par les jointures,
& les planchers sont inondés.

Les vaisseaux dont on se sert pour recevoir & pour contenir les gaz
dans cet appareil, sont des cloches de cristal A, _figure 9_. Pour
les transporter d'un appareil à un autre, ou même pour les mettre en
réserve quand la cuve est trop embarrassée, on se sert de plateaux
BC, _même figure_, garnis d'un rebord & de deux anses DE, pour les
transporter.

A l'égard de l'appareil pneumato-chimique au mercure, après avoir
essayé d'en construire de différentes matières, je me suis arrêté
définitivement au marbre. Cette substance est absolument imperméable au
mercure; on n'a pas à craindre, comme avec le bois, que les assemblages
se déjoignent, ou que le mercure s'échappe par des gerçures; on n'a
point non plus l'inquiétude de la cassure, comme avec le verre, la
fayence & la porcelaine.

On choisit donc un bloc de marbre BCDE, _planche V, figures 3 & 4_,
de deux pieds de long, de 15 à 18 pouces de large, & de 10 pouces
d'épaisseur; on le fait creuser jusqu'à une profondeur _mn_, _figure
5_, d'environ quatre pouces, pour former la fosse qui doit contenir le
mercure: & pour qu'on puisse y remplir plus commodément les cloches ou
jarres, on y fait creuser en outre une profonde rigole TV, _figures 3,
4 & 5_, de quatre autres pouces au moins de profondeur: enfin, comme
cette rigole pourroit être embarrassante dans quelques expériences,
il est bon qu'on puisse la boucher & la condamner à volonté, & l'on
remplit cet objet au moyen de petites planches qui entrent dans une
rainure _xy_, _figure 5_. Je me suis déterminé à faire construire deux
cuves de marbre semblables à celle que je viens de décrire, mais de
grandeurs différentes; j'en ai toujours par ce moyen une des deux qui
me sert de réservoir pour conserver le mercure, & c'est de tous les
réservoirs le plus sûr & le moins sujet aux accidens.

On peut opérer dans le mercure avec cet appareil, exactement comme dans
l'eau: il faut seulement employer des cloches très-fortes & d'un petit
diamètre, ou des tubes de cristal qui ont un empâtement par le bas,
comme celui représenté _fig. 7_; les fayenciers qui les tiennent, les
nomment eudiomètres. On voit une de ces cloches en place A, _fig. 5_, &
ce qu'on nomme une jarre, _fig. 6_.

L'appareil pneumato-chimique au mercure est nécessaire pour toutes les
opérations où il se dégage des gaz susceptibles d'être absorbés par
l'eau, & ce cas n'est pas rare, puisqu'il a lieu généralement dans
toutes les combustions, à l'exception de celle des métaux.


§. II. _Du Gazomètre._

Je donne le nom de gazomètre à un instrument dont j'ai eu la première
idée, & que j'avois fait exécuter dans la vue de former un soufflet qui
pût fournir continuellement & uniformément un courant de gaz oxygène
pour des expériences de fusion. Depuis, nous avons fait, M. Meusnier &
moi, des corrections & des additions considérables à ce premier essai,
& nous l'avons transformé en un instrument pour ainsi dire universel,
dont il sera difficile de se passer toutes les fois qu'on voudra faire
des expériences exactes.

Le nom seul de cet instrument indique assez qu'il est destiné à mesurer
le volume des gaz. Il consiste en un grand fléau de balance, de trois
pieds de longueur DE, _planche VIII, fig. 1_, construit en fer &
très-fort. A chacune de ses extrêmités DE, est solidement fixée une
portion d'arc de cercle également en fer.

Ce fléau ne repose pas, comme dans les balances ordinaires, sur un
couteau; on y a substitué un tourillon cylindrique d'acier F, _fig. 9_,
qui porte sur des rouleaux mobiles: on est parvenu ainsi à diminuer
considérablement la résistance qui pouvoit mettre obstacle au libre
mouvement de la machine, puisque le frottement de la première espèce se
trouve converti en un de la seconde. Ces rouleaux sont en cuivre jaune
& d'un grand diamètre: on a pris de plus la précaution de garnir les
points qui supportent l'axe ou tourillon du fléau, avec des bandes de
cristal de roche. Toute cette suspension est établie sur une colonne
solide, de bois BC, _fig. 1_.

A l'extrêmité D de l'un des bras du fléau, est suspendu un plateau
de balance P, destiné à recevoir des poids. La chaîne qui est plate
s'applique contre la circonférence de l'arc _n_D_o_, dans une rainure
pratiquée à cet effet. A l'extrêmité E de l'autre bras du levier, est
attachée une chaîne également plate _ikm_, qui par sa construction
n'est pas susceptible de s'allonger ni de se raccourcir, lorsqu'elle
est plus ou moins chargée. A cette chaîne est adapté solidement en _i_
un étrier de fer à trois branches _ai_, _ci_, _hi_, qui supporte une
grande cloche A de cuivre battu, de 18 pouces de diamètre sur environ
20 pouces de hauteur.

On a représenté toute cette machine en perspective dans la _planche
VIII, fig. 1_; on l'a supposée au contraire, _planche IX, fig.
2 & 4_, partagée en deux par un plan vertical, pour laisser voir
l'intérieur. Tout autour de la cloche dans le bas, _planche IX,
fig. 2_, est un rebord relevé en-dehors & qui forme une capacité
partagée en différentes cases 1, 2, 3, 4, &c. Ces cases sont destinées
à recevoir des poids de plomb représentés séparément 1, 2, 3. Ils
servent à augmenter la pesanteur de la cloche dans les cas où l'on a
besoin d'une pression considérable, comme on le verra dans la suite;
ces cas au surplus sont extrêmement rares. La cloche cylindrique A est
entièrement ouverte par son fond _de_, _planc. IX, fig. 4_; elle est
fermée par le haut au moyen d'une calotte de cuivre _abc_, ouverte en
_bf_, & fermée par le moyen d'un robinet _g_. Cette calotte, comme on
le voit par l'inspection des figures, n'est pas placée tout-à-fait à la
partie supérieure du cylindre; elle est rentrée en-dedans de quelques
pouces, afin que la cloche ne soit jamais plongée en entier sous l'eau,
& qu'elle n'en soit pas recouverte. Si j'étois dans le cas de faire
reconstruire un jour cette machine, je desirerois que la calotte fût
beaucoup plus surbaissée, de manière qu'elle ne formât presque qu'un
plan.

Cette cloche ou réservoir à air est reçue dans un vase cylindrique
LMNO, _planche VIII, figure 1_, également de cuivre & qui est plein
d'eau.

Au milieu de ce vase cylindrique LMNO, _planche IX, fig. 4_,
s'élèvent perpendiculairement deux tuyaux _st_, _xy_, qui se
rapprochent un peu l'un de l'autre par leur extrêmité supérieure _ty_.
Ces tuyaux se prolongent jusqu'un peu au-dessus du niveau du bord
supérieur LM du vase LMNO. Quand la cloche _abcde_ touche le fond NO,
ils entrent d'un demi-pouce environ dans la capacité conique _b_, qui
conduit au robinet _g_.

La _figure 3, pl. IX_, représente le fond du vase LMNO. On voit au
milieu une petite calotte sphérique creuse en-dessous, assujettie &
soudée par ses bords au fond du vase. On peut la considérer comme le
pavillon d'un petit entonnoir renversé, auquel s'adaptent en _s_ &
en _x_ les tuyaux _st_, _xy_, _fig. 4_. Ces tuyaux se trouvent par
ce moyen en communication avec ceux _mm_, _nn_, _oo_, _pp_, qui sont
placés horisontalement sur le fond de la machine, _fig. 3_, & qui, tous
quatre, se réunissent dans la calotte sphérique _sx_.

De ces quatre tuyaux, trois sortent en-dehors du vase LMNO, & on peut
les suivre _planche VIII, fig 1_. L'un désigné par les chiffres
arabes 1, 2, 3, s'ajuste en 3 avec la partie supérieure d'une cloche V,
& par l'intermède du robinet 4. Cette cloche est posée sur la tablette
d'une petite cuve GHIK, doublée de plomb & dont l'intérieur se voit
_pl. IX, fig. 1_.

Le second tuyau est appliqué contre le vase LMNO, de 6 en 7: il se
continue ensuite en 7, 8, 9 & 10, & vient s'engager en 11 sous la
cloche V. Le premier de ces deux tuyaux est destiné à introduire le
gaz dans la machine; le second à en faire passer des essais sous des
cloches. On détermine le gaz à entrer ou à sortir, suivant le degré de
pression qu'on donne, & on parvient à faire varier cette pression en
chargeant plus ou moins le bassin P. Lors donc qu'on veut introduire
de l'air, on donne une pression nulle & quelquefois même négative.
Lorsqu'au contraire on veut en faire sortir, on augmente la pression
jusqu'au degré où on le juge à propos.

Le troisième tuyau 12, 13, 14, 15 est destiné à conduire l'air ou le
gaz à telle distance qu'on le juge à propos pour les combustions,
combinaisons ou autres opérations de ce genre.

Pour entendre l'usage du quatrième tuyau, il est nécessaire que j'entre
dans quelques explications. Je suppose que le vase LMNO, _fig. 1_,
soit rempli d'eau, & que la cloche A soit en partie pleine d'air & en
partie pleine d'eau: il est évident qu'on peut proportionner tellement
les poids placés dans le bassin P, qu'il y ait un juste équilibre &
que l'air ne tende ni à rentrer dans la cloche A, ni à en sortir;
l'eau dans cette supposition sera au même niveau en-dedans & au-dehors
de la cloche. Il n'en sera plus de même, sitôt qu'on aura diminué le
poids placé dans le bassin P, & qu'il y aura pression du côté de la
cloche: alors le niveau de l'eau sera plus bas dans l'intérieur qu'à
l'extérieur de la cloche, & l'air de l'intérieur se trouvera plus
chargé que celui du dehors, d'une quantité qui sera mesurée exactement
par le poids d'une colonne d'eau d'une hauteur égale à la différence
des deux niveaux.

M. Meusnier, en partant de cette observation, a imaginé d'en déduire
un moyen de reconnoître dans tous les instans le degré de pression
qu'éprouveroit l'air contenu dans la capacité de la cloche A, _planche
VIII, fig. 1_. Il s'est servi à cet effet d'un siphon de verre à
deux branches 19, 20, 21, 22 & 23, solidement mastiqué en 19 & en
23. L'extrêmité 19 de ce siphon communique librement avec l'eau de
la cuve ou vase extérieur. L'extrêmité 23 au contraire communique
avec le quatrième tuyau dont je me suis réservé il n'y a qu'un moment
d'expliquer l'usage, & par conséquent avec l'air de l'intérieur de la
cloche, par le tuyau _st_, _pl. IX, fig. 4_. Enfin M. Meusnier a
mastiqué en 16, _planche VIII, fig. 1_, un autre tube droit de verre
16, 17, 18, qui communique par son extrêmité 16 avec l'eau du vase
extérieur: il est ouvert à l'air libre par son extrêmité supérieure 18.

Il est clair, d'après ces dispositions, que l'eau doit se tenir dans
le tube 16, 17 & 18, constamment au niveau de celle de la cuve ou
vase extérieur; que l'eau au contraire dans la branche 19, 20 & 21,
doit se tenir plus haut ou plus bas, suivant que l'air de l'intérieur
de la cloche est plus ou moins pressé que l'air extérieur, & que la
différence de hauteur entre ces deux colonnes, observée dans le tube
16, 17 & 18, & dans celui 19, 20 & 21, doit donner exactement la mesure
de la différence de pression. On a fait placer en conséquence entre ces
deux tubes une règle de cuivre graduée & divisée en pouces & lignes,
pour mesurer ces différences.

On conçoit que l'air & en général tous les fluides élastiques
aériformes étant d'autant plus lourds qu'ils sont plus comprimés, il
étoit nécessaire pour en évaluer les quantités & pour convertir les
volumes en poids, d'en connoître l'état de compression: c'est l'objet
qu'on s'est proposé de remplir par le méchanisme qu'on vient d'exposer.

Mais ce n'est pas encore assez pour connoître la pesanteur spécifique
de l'air ou des gaz & pour déterminer leur poids sous un volume connu,
que de savoir quel est le degré de compression qu'ils éprouvent, il
faut encore en connoître la température, & c'est à quoi nous sommes
parvenus à l'aide d'un petit thermomètre dont la boule plonge dans la
cloche A, & dont la graduation s'élève en-dehors: il est solidement
mastiqué dans une virole de cuivre qui se visse à la calote supérieure
de la cloche A. _Voyez_ 24 & 25, _planche VIII, fig. 1_, & _pl. IX,
fig. 4_. Ce même thermomètre est représenté séparément, _pl. VIII,
fig. 10_.

L'usage du gazomètre auroit encore présenté de grands embarras &
de grandes difficultés, si nous nous fussions bornés à ces seules
précautions. La cloche, en s'enfonçant dans l'eau du vase extérieur
LMNO, perd de son poids, & cette perte de poids est égale à celui de
l'eau qu'elle déplace. Il en résulte que la pression qu'éprouve l'air
ou le gaz contenu dans la cloche, diminue continuellement à mesure
qu'elle s'enfonce; que le gaz qu'elle a fourni dans le premier instant,
n'est pas de la même densité que celui qu'elle fournit à la fin; que
sa pesanteur spécifique va continuellement en décroissant; &, quoiqu'à
la rigueur ces différences puissent être déterminées par le calcul, on
auroit été obligé à des recherches mathématiques qui auroient rendu
l'usage de cet appareil embarrassant & difficile. Pour remédier à cet
inconvénient, M. Meusnier a imaginé d'élever perpendiculairement au
milieu du fléau une tige quarrée de fer 26 & 27, _pl. VIII, fig. 1_,
qui traverse une lentille creuse de cuivre 28, qu'on ouvre & qu'on
peut remplir de plomb. Cette lentille glisse le long de la tige 26 &
27; elle se meut par le moyen d'un pignon denté qui engraîne dans une
crémaillère, & elle se fixe à l'endroit qu'on juge à propos.

Il est clair que quand le levier DE est horisontal, la lentille 28 ne
pèse ni d'un côté ni d'un autre; elle n'augmente donc ni ne diminue
la pression. Il n'en est plus de même quand la cloche A s'enfonce
davantage & que le levier s'incline d'un côté, comme on le voit _fig.
1_. Alors le poids 28 qui n'est plus dans la ligne verticale qui passe
par le centre de suspension, pèse du côté de la cloche & augmente sa
pression. Cet effet est d'autant plus grand, que la lentille 28 est
plus élevée vers 27, parce que le même poids exerce une action d'autant
plus forte, qu'il est appliqué à l'extrêmité d'un levier plus long.
On voit donc qu'en promenant le poids 28 le long de la tige 26 & 27,
suivant laquelle il est mobile, on peut augmenter ou diminuer l'effet
de la correction qu'il opère; & le calcul comme l'expérience, prouvent
qu'on peut arriver au point de compenser fort exactement la perte de
poids que la cloche éprouve à tous les degrés de pression.

Je n'ai encore rien dit de la manière d'évaluer les quantités d'air
ou de gaz fournies par la machine, & cet article est de tous le plus
important. Pour déterminer avec une rigoureuse exactitude ce qui s'est
dépensé dans le cours d'une expérience, & réciproquement pour savoir ce
qui en a été fourni, nous avons établi sur l'arc de cercle qui termine
le levier DE, _fig. 1_, un limbe de cuivre _lm_ divisé en degrés &
demi-degrés; cet arc est fixé au levier DE, & il est emporté par un
mouvement commun. On mesure les quantités dont il s'abaisse, au moyen
d'un index fixe 29, 30, qui se termine en 30 par un _nonnius_ qui donne
les centièmes de degré.

On voit, _planche VIII_, les détails des différentes parties que nous
venons de décrire.

1º. _Figure 2_, la chaîne plate qui soutient le bassin de balance
P; c'est celle de M. Vaucanson: mais comme elle a l'inconvénient de
s'allonger ou de se raccourcir suivant qu'elle est plus ou moins
chargée, il y auroit eu de l'inconvénient à l'employer à la suspension
de la cloche A.

2º. _Figure 5_, la chaîne _ikm_, qui, dans la _figure 1_ porte la
cloche A: elle est toute formée de plaques de fer limées, enchevêtrées
les unes dans les autres, & maintenues par des chevilles de fer.
Quelque fardeau qu'on fasse supporter à ce genre de chaîne, elle ne
s'alonge pas sensiblement.

3º. _Figure 6_, l'étrier à trois branches, par le moyen duquel est
suspendue la cloche A avec des vis de rappel, pour la fixer dans une
position bien verticale.

4º. _Figure 3_, la tige 26, 27, qui s'élève perpendiculairement au
milieu du fléau, & qui porte la lentille 28.

5º. _Figures 7 & 8_, les rouleaux avec la bande z de cristal de roche,
sur laquelle portent les contacts, pour diminuer encore le frottement.

6º. _Figure 4_, la pièce qui porte l'axe des rouleaux.

7º. _Figure 9_, le milieu du fléau avec le tourillon sur lequel il est
mobile.

8º. _Figure 10_, le thermomètre qui donne le degré de l'air contenu
dans la cloche.

Quand on veut se servir du gazomètre qu'on vient de décrire, il faut
commencer par remplir d'eau le vase extérieur LMNO, _planche VIII,
fig. 1_, jusqu'à une hauteur déterminée, qui doit toujours être la
même dans toutes les expériences. Le niveau de l'eau doit être pris
quand le fléau de la machine est horisontal. Ce niveau, quand la cloche
est à fond, se trouve augmenté de toute la quantité d'eau qu'elle a
déplacée; il diminue au contraire à mesure que la cloche approche de
son plus haut point d'élévation. On cherche ensuite par tâtonnemens
quelle est l'élévation à laquelle doit être fixée la lentille 28,
pour que la pression soit égale dans toutes les positions du fléau.
Je dis à peu près, parce que la correction n'est pas rigoureuse, &
que des différences d'un quart de ligne & même d'une demi-ligne ne
sont d'aucune conséquence. Cette hauteur à laquelle il faut élever la
lentille, n'est pas la même pour tous les degrés de pression; elle
varie suivant que cette pression est de 1 pouce, 2 pouces, 3 pouces,
&c. Toutes ces déterminations doivent être écrites à mesure sur un
registre avec beaucoup d'ordre.

Ces premières dispositions faites, on prend une bouteille de huit à
dix pintes, dont on détermine bien la capacité en pesant exactement
la quantité d'eau qu'elle peut contenir. On renverse cette bouteille
ainsi pleine dans la cuve GHIK, _fig. 1_. On en pose le gouleau sur
la tablette à la place de la cloche V, en engageant l'extrêmité 11 du
tuyau 7, 8, 9, 10, 11 dans son gouleau. On établit la machine à zéro de
pression, & on observe bien exactement le degré marqué par l'index sur
le limbe: puis ouvrant le robinet 8 & appuyant un peu sur la cloche A,
on fait passer autant d'air qu'il en faut pour remplir entièrement la
bouteille. Alors on observe de nouveau le limbe, & on est en état de
calculer le nombre de pouces cubes qui répondent à chaque degré.

Après cette première bouteille on en remplit une seconde, une
troisième, &c. on recommence même plusieurs fois cette opération, &
même avec des bouteilles de différentes capacités; & avec du tems & une
scrupuleuse attention on parvient à jauger la cloche A dans toutes ses
parties. Le mieux est de faire en sorte qu'elle soit bien tournée &
bien cylindrique, afin d'éviter les évaluations & les calculs.

L'instrument que je viens de décrire & que j'ai nommé gazomètre,
a été construit par M. Meignié le jeune, ingénieur, constructeur
d'instrumens de physique, bréveté du Roi. Il y a apporté un soin, une
exactitude & une intelligence rares. C'est un instrument précieux
par le grand nombre des applications qu'on en peut faire, & parce
qu'il est des expériences à peu près impossibles sans lui. Ce qui le
renchérit, c'est qu'un seul ne suffit pas, il le faut double dans un
grand nombre de cas, comme dans la formation de l'eau, dans celle de
l'acide nitreux, &c. C'est un effet inévitable de l'état de perfection
dont la Chimie commence à s'approcher, que d'exiger des instrumens &
des appareils dispendieux & compliqués: il faut s'attacher sans doute
à les simplifier, mais il ne faut pas que ce soit aux dépens de leur
commodité & sur-tout de leur exactitude.


§. III.

_De quelques autres manières de mesurer le volume des Gaz._

Le gazomètre dont je viens de donner la description dans le paragraphe
précédent, est un instrument trop compliqué & trop cher, pour qu'on
puisse l'employer habituellement à la mesure des gaz dans les
laboratoires; il s'en faut même beaucoup qu'il soit applicable à toutes
les circonstances. Il faut pour une multitude d'expériences courantes,
des moyens plus simples & qui soient, si l'on peut se permettre cette
expression, plus à la main. Je vais détailler ici ceux dont je me suis
servi jusqu'au moment où j'ai eu un gazomètre à ma disposition, & dont
je me sers encore aujourd'hui de préférence dans le cours ordinaire de
mes expériences.

J'ai décrit dans le paragraphe premier de ce chapitre les appareils
pneumato-chimiques à l'eau & au mercure. Ils consistent, comme on l'a
vu, en cuves plus ou moins grandes sur la tablette desquelles se posent
les cloches destinées à recevoir les gaz. Je suppose qu'à la suite
d'une expérience quelconque, on ait dans un appareil de cette espèce
un résidu de gaz qui n'est absorbable ni par l'alkali ni par l'eau,
qui est contenu dans le haut d'une cloche AEF, _planche IV, fig. 3_,
& dont on veut connoître le volume. On commence par marquer avec une
grande exactitude par le moyen de bandes de papier la hauteur EF de
l'eau ou du mercure. Il ne faut pas se contenter d'appliquer une seule
marque d'un des côtés de la cloche, parce qu'il pourroit rester de
l'incertitude sur le niveau du liquide: il en faut au moins trois ou
même quatre en opposition les unes aux autres.

On doit ensuite, si c'est sur du mercure qu'on opère, faire passer
sous la cloche de l'eau pour déplacer le mercure. Cette opération se
fait facilement avec une bouteille qu'on emplit d'eau à rase: on en
bouche l'orifice avec le doigt, on la renverse & on engage son col sous
la cloche; puis retournant la bouteille, on en fait sortir l'eau qui
s'élève au-dessus de la colonne de mercure & qui la déplace. Lorsque
tout le mercure est ainsi déplacé, on verse de l'eau sur la cuve ABCD,
de manière que le mercure en soit couvert d'un pouce environ. On passe
une assiète ou un vase quelconque très-plat sous la cloche, & on
l'enlève pour la transporter sur une cuve à eau, _planc. V, figures
1 & 2_. Alors on transvase l'air dans une cloche qui a été graduée de
la manière dont je vais l'expliquer, & on juge de la quantité du gaz
par les graduations de la cloche.

A cette première manière de déterminer le volume du gaz, on peut
en substituer une autre qu'il est bon d'employer comme moyen de
vérification. L'air ou le gaz une fois transvasé, on retourne la cloche
qui le contenoit, & on y verse de l'eau jusqu'aux marques EF; on pèse
cette eau, & de son poids on en conclut le volume, d'après cette donnée
qu'un pied cube ou 1728 pouces d'eau pèsent 70 liv. On trouvera à la
fin de cette troisième partie une Table où ces réductions se trouvent
toutes faites.

La manière de graduer les cloches est extrêmement facile, & je vais
en donner le procédé afin que chacun puisse s'en procurer. Il est bon
d'en avoir de plusieurs grandeurs, & même un certain nombre de chaque
grandeur, pour y avoir recours en cas d'accident.

On prend une cloche de cristal un peu forte, longue & étroite; on
l'emplit d'eau dans la cuve représentée _planche V, fig. 1_, & on la
pose sur la tablette ABCD. On doit avoir une place déterminée qui serve
constamment à ce genre d'opération, afin que le niveau de la tablette
sur laquelle on pose la cloche soit toujours le même; on évite par-là
presque la seule erreur dont ce genre d'opération soit susceptible.

D'un autre côté, on choisit une bouteille à gouleau étroit qui, pleine
à rase, contienne juste 6 onces 3 gros 61 grains d'eau, ce qui répond
à un volume de 10 pouces cubiques. Si on ne trouvoit pas de bouteille
qui eût précisément cette capacité, on en prendroit une un peu plus
grande, & on y couleroit un peu de cire fondue avec de la résine, pour
en diminuer la capacité: cette bouteille sert d'étalon pour jauger
la cloche, & voici comme on y procède. On fait passer l'air contenu
dans cette bouteille dans la cloche qu'on se propose de graduer,
puis on fait une marque à la hauteur jusqu'à laquelle est descendue
l'eau. On ajoute une seconde mesure d'air & on fait une nouvelle
marque; on continue ainsi jusqu'à ce que toute l'eau de la cloche ait
été déplacée. Il est important pendant le cours de cette opération,
que la bouteille & la cloche soient maintenues constamment à la même
température, & que cette température differe peu de celle de l'eau de
la cuve. On doit donc éviter d'appliquer les mains sur la cloche, ou
au moins de les y tenir long-tems, pour ne la pas échauffer: si même
on craignoit qu'elle ne l'eût été, il faudroit verser dessus de l'eau
de la cuve pour la rafraîchir. La hauteur du baromètre & du thermomètre
est indifférente pour cette opération, pourvu qu'elle ne varie pas
pendant qu'elle dure.

Lorsque les marques ont été ainsi placées de 10 pouces en 10 pouces
sur la cloche, on y trace une graduation avec une pointe de diamant
emmanchée dans une petite tige de fer. On trouve des diamans ainsi
montés pour un prix modique au Louvre, chez le successeur de Passement.
On peut graduer de la même manière des tubes de cristal pour le
mercure: on les divise alors de pouce en pouce & même de dixièmes
de pouce en dixièmes de pouce. La bouteille qui sert de jauge doit
contenir juste 8 onces 6 gros 25 grains de mercure; c'est le poids
équivalent à un pouce cubique.

Cette manière de déterminer les volumes d'air, au moyen d'une cloche
graduée, comme on vient de l'exposer, a l'avantage de n'exiger aucune
correction pour la différence de hauteur qui existe entre le niveau
de l'eau dans l'intérieur de la cloche, & celui de l'eau de la cuve:
mais il ne dispense pas des corrections relatives à la hauteur du
baromètre & du thermomètre. Lorsqu'on détermine au contraire le volume
de l'air par le poids de l'eau contenue jusqu'aux marques EF, on a une
correction de plus à faire pour la différence des niveaux du fluide
en-dedans & en-dehors de la cloche, comme je l'expliquerai dans le §. V
de ce chapitre.


§. IV.

_De la manière de séparer les unes des autres les différentes espèces
de Gaz._

On n'a présenté dans le paragraphe précédent qu'un cas des plus
simples, celui où l'on se propose de déterminer le volume d'un gaz pur
non absorbable par l'eau: les expériences conduisent ordinairement à
des résultats plus compliqués, & il n'est pas rare d'obtenir à la fois
trois ou quatre espèces de gaz différentes. Je vais essayer de donner
une idée de la manière dont on parvient à les séparer.

Je suppose que j'aye sous la cloche A, _pl. IV, fig. 3_, une quantité
AEF de différens gaz, mêlés ensemble & contenus par du mercure: on
doit commencer par marquer exactement avec des bandes de papier, comme
je l'ai prescrit dans le paragraphe précédent, la hauteur du mercure:
on fait ensuite passer sous la cloche une très-petite quantité d'eau,
d'un pouce cubique, par exemple: si le mêlange de gaz contient du gaz
acide muriatique ou du gaz acide sulfureux, il y aura sur-le-champ
une absorption très-considérable, parce que c'est une propriété de
ces gaz d'être absorbés en grande quantité par l'eau, sur-tout le
gaz acide muriatique. Si le pouce cube d'eau qui a été introduit ne
produit qu'une très-légère absorption & à peine égale à son volume, on
en conclura que le mêlange ne contient ni gaz acide muriatique, ni gaz
acide sulfureux, ni même de gaz ammoniaque; mais on commencera dès-lors
à soupçonner qu'il est mêlangé de gaz acide carbonique, parce qu'en
effet l'eau n'absorbe de ce gaz qu'un volume à peu près égal au sien.
Pour vérifier ce soupçon, on introduira sous la cloche de l'alkali
caustique en liqueur: s'il y a du gaz acide carbonique, on observera
une absorption lente & qui durera plusieurs heures; l'acide carbonique
se combinera avec l'alkali caustique ou potasse, & ce qui restera
ensuite n'en contiendra pas sensiblement.

On n'oubliera pas à la suite de chaque expérience de coller des marques
de papier sur la cloche, à l'endroit où répondra la surface du mercure,
& de les vernir dès qu'elles seront sèches, afin qu'on puisse plonger
la cloche dans l'eau sans risquer de les décoller. Il sera également
nécessaire de tenir note de la différence de niveau entre le mercure de
la cloche & celui de la cuve, ainsi que de la hauteur du baromètre & du
degré du thermomètre.

Lorsqu'on aura ainsi absorbé par l'eau & par la potasse tous les gaz
qui en sont susceptibles, on fera passer de l'eau sous la cloche pour
en déplacer tout le mercure; on couvrira, comme je l'ai prescrit dans
le paragraphe précédent, le mercure de la cuve d'environ deux pouces
d'eau; puis passant par-dessous la cloche une assiète plate, on la
transportera sur la cuve pneumato-chimique à l'eau: là on déterminera
la quantité d'air ou de gaz restant, en la faisant passer dans une
cloche graduée. Cela fait, on en prendra différens essais dans de
petites jarres, & par des expériences préliminaires on cherchera à
reconnoître quels sont à peu près les gaz auxquels on a affaire. On
introduira par exemple dans une des petites jarres remplie de ce gaz
une bougie allumée, comme on le voit représenté _planche V, fig. 8_.
Si la bougie ne s'y éteint pas, on en conclura qu'il contient du gaz
oxygène, & même, suivant que la flamme de la bougie sera plus ou moins
éclatante, on pourra juger s'il en contient plus ou moins que l'air de
l'atmosphère. Dans le cas au contraire où la bougie s'y éteindroit,
on auroit une forte raison de présumer que ce résidu est, pour la
plus grande partie, du gaz azote. Si à l'approche de la bougie le gaz
s'enflamme & brûle paisiblement à la surface avec une flamme de couleur
blanche, on en conclura que c'est du gaz hydrogène pur; si elle est
bleue, on aura lieu d'en conclure que ce gaz est carboné: enfin s'il
brûle avec bruit & détonation, c'est un mêlange de gaz oxygène & de gaz
hydrogène.

On peut encore mêler une portion du même gaz avec du gaz oxygène; s'il
y a vapeurs rouges & absorption, on en conclura qu'il contient du gaz
nitreux.

Ces connoissances préliminaires donnent bien une idée de la qualité
du gaz & de la nature du mêlange; mais elles ne suffisent pas pour
déterminer les proportions & les quantités. Il faut alors avoir recours
à toutes les ressources de l'analyse, & c'est beaucoup que de savoir
à peu près dans quel sens il faut diriger ses efforts. Je suppose que
l'on ait reconnu que le résidu sur lequel on opère soit un mêlange de
gaz azote & de gaz oxygène: pour en reconnoître la proportion, on en
fait passer une quantité déterminée, 100 parties par exemple, dans un
tube gradué de 10 à 12 lignes de diamètre: on y introduit du sulfure
de potasse dissous dans l'eau, & on laisse le gaz en contact avec cette
liqueur; elle absorbe tout le gaz oxygène, & au bout de quelques jours
il ne reste que du gaz azote.

Si au contraire on a reconnu qu'on avoit affaire à du gaz hydrogène, on
en fait passer une quantité déterminée dans un eudiomètre de Volta; on
y joint une première portion de gaz oxygène, qu'on fait détoner avec
lui par l'étincelle électrique: on ajoute une seconde portion du même
gaz oxygène, & on fait détoner de nouveau, & ainsi jusqu'à ce qu'on ait
obtenu la plus grande diminution possible de volume. Il se forme, comme
on sait, dans cette détonation, de l'eau qui est absorbée sur-le-champ;
mais si le gaz hydrogène contenoit du carbone, il se forme en même
tems de l'acide carbonique qui ne s'absorbe pas aussi promptement, &
dont on peut reconnoître la quantité en facilitant son absorption par
l'agitation de l'eau.

Enfin si on a du gaz nitreux, on peut encore en déterminer la quantité,
du moins à peu près, par une addition de gaz oxygène, & d'après la
diminution du volume qui en résulte.

Je m'en tiendrai à ces exemples généraux qui suffisent pour donner une
idée de ce genre d'opérations. Un volume entier ne suffiroit pas,
si l'on vouloit prévoir tous les cas. L'analyse des gaz est un art
avec lequel il faut se familiariser; mais comme ils ont la plupart de
l'affinité les uns avec les autres, il faut avouer qu'on n'est pas
toujours sûr de les avoir complètement séparés. C'est alors qu'il faut
changer de marche & de route, refaire d'autres expériences sous une
autre forme, introduire quelque nouvel agent dans la combinaison, en
écarter d'autres, jusqu'à ce qu'on soit sûr d'avoir saisi la vérité.


§. V.

_Des corrections à faire au volume des Gaz obtenus dans les
expériences, relativement à la pression de l'atmosphère._

C'est une vérité donnée par l'expérience, que les fluides élastiques en
général sont compressibles en raison des poids dont ils sont chargés.
Il est possible que cette loi souffre quelqu'altération aux approches
du degré de compression qui seroit suffisant pour les réduire à l'état
liquide, & de même à un degré de dilatation ou de compression extrême:
mais nous ne sommes pas près de ces limites pour la plupart des gaz que
nous soumettons à des expériences.

Quand je dis que les fluides élastiques sont compressibles en raison
des poids dont ils sont chargés, voici comme il faut entendre cette
proposition.

Tout le monde sait ce que c'est qu'un baromètre. C'est, à proprement
parler, un siphon ABCD, _pl. XII, fig. 16_, plein de mercure dans
la branche AB, plein d'air dans la branche BCD. Si l'on suppose
mentalement cette branche BCD prolongée indéfiniment jusqu'au haut de
notre atmosphère, on verra clairement que le baromètre n'est autre
chose qu'une sorte de balance, un instrument dans lequel on met une
colonne de mercure en équilibre avec une colonne d'air. Mais il est
facile de s'appercevoir que, pour que cet effet ait lieu, il est
parfaitement inutile de prolonger la branche BCD à une aussi grande
hauteur, & que comme le baromètre est plongé dans l'air, la colonne
AB de mercure sera également en équilibre avec une colonne de même
diamètre d'air de l'atmosphère, quoique la branche du siphon BCD soit
coupée en C & qu'on en retranche la partie CD.

La hauteur moyenne d'une colonne de mercure capable de faire équilibre
avec le poids d'une colonne d'air prise depuis le haut de l'atmosphère
jusqu'à la surface de la terre, est de 28 pouces de mercure, du moins
à Paris & même dans les quartiers bas de la ville: ce qui signifie
en d'autres termes que l'air à la surface de la terre à Paris, est
communément pressé par un poids égal à celui d'une colonne de mercure
de 28 pouces de hauteur. C'est ce que j'ai voulu exprimer dans cet
Ouvrage, lorsque j'ai dit en parlant des différens gaz, par exemple du
gaz oxygène, qu'il pesoit 1 once 4 gros le pied cube, sous une pression
de 28 pouces. La hauteur de cette colonne de mercure diminue à mesure
que l'on s'élève & qu'on s'éloigne de la surface de la terre, ou,
pour parler plus rigoureusement, de la ligne de niveau formée par la
surface de la mer; parce qu'il n'y a que la colonne d'air supérieure
au baromètre qui fasse équilibre avec le mercure, & que la pression de
toute la quantité d'air qui est au-dessous du niveau où il est placé,
est nulle par rapport à lui.

Mais, suivant quelle loi le baromètre baisse-t-il à mesure que l'on
s'élève; ou, ce qui revient au même, quelle est la loi suivant laquelle
les différentes couches de l'atmosphère décroissent de densité? C'est
ce qui a beaucoup exercé la sagacité des Physiciens du dernier siècle.
L'expérience suivante a d'abord jetté beaucoup de lumière sur cet objet.

Si l'on prend un siphon de verre ABCDE, _planche XII, fig. 17_,
fermé en E & ouvert en A, & qu'on y introduise quelques gouttes de
mercure pour intercepter la communication entre la branche AB & la
branche BE, il est clair que l'air contenu dans la branche BCDE sera
pressé, comme tout l'air environnant par une colonne égale au poids
de 28 pouces de mercure. Mais si on verse du mercure dans la branche
AB, jusqu'à 28 pouces de hauteur, il est clair que l'air de la branche
BCDE sera pressé par un poids égal à deux fois 28 pouces de mercure;
or l'expérience a démontré qu'alors au lieu d'occuper le volume total
BE, il n'occupera plus que celui CE qui en est précisément la moitié.
Si à cette première colonne de 28 pouces de mercure, on en ajoute deux
autres également de 28 pouces dans la branche AC, l'air de la branche
BCDE sera comprimé par quatre colonnes chacune égale au poids de 28
pouces de mercure, & il n'occupera plus que l'espace DE, c'est-à-dire,
le quart du volume qu'il occupoit au commencement de l'expérience.
De ces résultats qu'on peut varier d'une infinité de manières, on en
a déduit cette loi générale qui paroît applicable à tous les fluides
élastiques, que leur volume décroît proportionnellement aux poids dont
ils sont chargés; ce qui peut aussi s'énoncer en ces termes, que _le
volume de tout fluide élastique est en raison inverse des poids dont
il est comprimé_. Les expériences faites pour la mesure des hautes
montagnes ont pleinement confirmé l'exactitude de ces résultats, &
en supposant qu'ils s'écartent de la vérité, les différences sont
si excessivement petites qu'elles peuvent être regardées comme
rigoureusement nulles dans les expériences chimiques.

Cette loi de la compression des fluides élastiques une fois bien
entendue, il est aisé d'en faire l'application aux corrections
qu'il est indispensable de faire au volume des airs ou gaz dans les
expériences pneumato-chimiques. Ces corrections sont de deux genres;
les unes relatives à la variation du baromètre, les autres relatives à
la colonne d'eau ou de mercure contenus dans les cloches. Je vais faire
en sorte de me rendre intelligible par des exemples: je commencerai par
le cas le plus simple.

Je suppose qu'on ait obtenu 100 pouces de gaz oxygène à 10 degrés
de température, le baromètre marquant 28 pouces 6 lignes. On peut
demander deux choses; la première quel est le volume que les 100 pouces
occuperoient sous une pression de 28 pouces, au lieu de 28 pouces 6
lignes; la seconde quel est le poids des 100 pouces de gaz obtenus?

Pour répondre à ces deux questions, on nommera _x_ le nombre de
pouces cubiques qu'occuperoient les 100 pouces de gaz oxygène, à la
pression de 28 pouces; & puisque les volumes sont en raison inverse
des poids comprimans, on aura 100, pouces : x :: 1/285 : 1/280; d'où
l'on déduit aisément x = 101,786 pouces. C'est-à-dire, que le même air
qui n'occupoit qu'un espace de 100 pouces cubiques, sous une pression
de 28 pouces 6 lignes de mercure, en occuperoit un de 101,786 pouces,
à la pression de 28. Il n'est pas plus difficile de conclure le poids
des mêmes 100 pouces d'air, sous une pression de 28 pouces 6 lignes.
Car puisqu'ils répondent à 101,786 pouces, à la pression de 28 pouces,
& qu'à cette pression & à 10 degrés du thermomètre, le pouce cube
de gaz oxygène pèse un demi-grain; il s'en suit évidemment que les
100 pouces, sous une pression de 28 pouces 6 lignes, pèsent 50,893
grains. On auroit pu arriver directement à cette conséquence par le
raisonnement qui suit: puisque les volumes de l'air, & en général
d'un fluide élastique quelconque, sont en raison inverse des poids
qui le compriment, il en résulte par une conséquence nécessaire que
la pesanteur de ce même air doit croître proportionnellement au poids
comprimant. Si donc, 100 pouces cubiques de gaz oxygène pèsent 50
grains, à la pression de 28 pouces, combien peseront-ils à la pression
de 28,5 pouces, on aura alors cette proportion, 28 : 50 :: 28,5 : x;
d'où l'on conclura également x = 50,893 grains.

Je passe à un cas un peu plus compliqué. Je suppose que la cloche A,
_planche XII, fig. 18_, contienne un gaz quelconque dans sa partie
supérieure ACD; que le reste de cette même cloche soit rempli de
mercure au-dessous de CD, & que le tout soit plongé dans un bassin
GHIK contenant du mercure jusqu'en EF. Enfin, je suppose encore que
la différence CE de la hauteur du mercure dans la cloche & dans le
bassin soit de 6 pouces, & que la hauteur du baromètre soit de 27
pouces 6 lignes. Il est clair que d'après ces données, l'air contenu
dans la capacité ACD est pressé par le poids de l'atmosphère, diminué
du poids de la colonne de mercure CE. La force qui le presse est donc
égale à 27,5 pouces - 6, pouces = 21,5 pouces. Cet air est donc moins
pressé que ne l'est l'air de l'atmosphère à la hauteur moyenne du
baromètre: il occupe donc plus d'espace qu'il n'en devroit occuper,
& la différence est précisément proportionnelle à la différence des
poids qui le compriment. Si donc après avoir mesuré l'espace ABC,
on l'a trouvé, par exemple, de 120 pouces cubiques, il faudra pour
ramener le volume du gaz à celui qu'il occuperoit, à une pression de 28
pouces, faire la proportion suivante: 120 pouces est au volume cherché
que j'appellerai _x_, comme 1/21,5 est à 1/28; d'où l'on déduira x =
(120×21,5)/28 = 92,143 pouces.

On a le choix dans ces sortes de calculs, ou de réduire en lignes la
hauteur du baromètre, ainsi que la différence du niveau du mercure
en-dedans & en-dehors de la cloche, ou de l'exprimer en fractions
décimales de pouces. Je préfère ce dernier parti, qui rend le calcul
plus court & plus facile. On ne doit point négliger les méthodes
d'abréviations pour les opérations qui se répètent souvent: j'ai joint
en conséquence à la suite de cette troisième partie, sous le Nº. IV,
une table qui exprime les fractions décimales de pouces correspondantes
aux lignes & fractions de lignes. Rien ne sera plus aisé, d'après cette
table, que de réduire en fractions décimales de pouces les hauteurs du
mercure qu'on aura observées en lignes.

On a des corrections semblables à faire lorsqu'on opère dans l'appareil
pneumato-chimique à l'eau. Il faut également, pour obtenir des
résultats rigoureux, tenir compte de la différence de hauteur de
l'eau en-dehors & en-dedans de la cloche. Mais, comme c'est en pouces
& lignes du baromètre, & par conséquent en pouces & lignes de mercure,
que s'exprime la pression de l'atmosphère, & qu'on ne peut additionner
ensemble que des quantités homogènes, on est obligé de réduire les
différences de niveau exprimées en pouces & lignes d'eau, en une
hauteur équivalente de mercure. On part, pour cette conversion, de
cette donnée, que le mercure est 13,5681 fois aussi pesant que l'eau.
On trouve à la fin de cet Ouvrage sous le Nº. V, une table à l'aide de
laquelle on peut faire promptement et facilement cette réduction.


§. VI.

_Des Corrections relatives aux différens degrés du Thermomètre._

De même que pour avoir le poids de l'air & des gaz il est nécessaire
de les réduire à une pression constante, telle que celle de 28
pouces de mercure; de même aussi il est nécessaire de les réduire à
une température déterminée: car puisque les fluides élastiques sont
susceptibles de se dilater par la chaleur & de se condenser par le
froid, il en résulte nécessairement qu'ils changent de densité, & que
leur pesanteur n'est plus la même sous un volume donné. La température
de 10 degrés étant moyenne entre les chaleurs de l'été & les froids de
l'hiver, cette température étant celle des souterrains, & celle en même
tems dont il est le plus facile de se rapprocher dans presque toutes
les saisons de l'année, c'est celle que j'ai choisie pour y ramener les
airs ou gaz.

M. de Luc a trouvé que l'air de l'atmosphère augmentoit de 1/215 de
son volume par chaque degré du thermomètre à mercure divisé en 81
degrés de la glace à l'eau bouillante; ce qui donne pour un degré du
thermomètre à mercure divisé en 80 parties, 1/211. Les expériences de
M. Monge sembleroient annoncer que le gaz hydrogène est susceptible
d'une dilatation un peu plus forte; il l'a trouvée de 1/180. A l'égard
de la dilatation des autres gaz, nous n'avons pas encore d'expériences
très-exactes; celles du moins qui existent n'ont pas été publiées. Il
paroît cependant, à en juger par les tentatives que l'on connoît, que
leur dilatabilité s'éloigne peu de celle de l'air commun. Je crois
donc pouvoir supposer que l'air de l'atmosphère se dilate de 1/210 par
chaque degré du thermomètre, & le gaz hydrogène de 1/190: mais comme
il reste quelque incertitude sur ces déterminations, il faut, autant
qu'il est possible, n'opérer qu'à une température peu éloignée de 10
degrés. Les erreurs qu'on peut alors commettre dans des corrections
relatives au degré du thermomètre, ne sont d'aucune conséquence.

Le calcul à faire pour ces corrections est extrêmement facile; il
consiste à diviser le volume de l'air obtenu par 210, & à multiplier
le nombre trouvé par celui des degrés du thermomètre supérieur ou
inférieur à 10 degrés. Cette correction est négative au-dessus de dix
degrés, & additive au-dessous. Le résultat qu'on obtient est le volume
réel de l'air à la température de 10 degrés.

On abrège & on facilite beaucoup tous ces calculs, en employant des
tables de logarithmes.


§. VII.

_Modèle de calcul pour les Corrections relatives au degré de pression &
de température._

Maintenant que j'ai indiqué la manière de déterminer le volume des
airs ou gaz & de faire à ce volume les corrections relatives à la
pression & à la température, il me reste à donner un exemple pris dans
un cas compliqué, afin de mieux faire sentir l'usage des tables qui se
trouvent à la fin de cet Ouvrage.

_Exemple._

On a renfermé dans une cloche A, _pl. IV, fig. 3_, une quantité d'air
AEF, qui s'est trouvée occuper un volume de 353 pouces cubiques. Cet
air étoit contenu par de l'eau, & la hauteur EL de la colonne d'eau
dans l'intérieur de la cloche étoit de 4 pouces & demi au-dessus du
niveau de celle de la cuve; enfin le baromètre étoit à 27 pouces 9
lignes & demie, & le thermomètre à 15 degrés.

On a brûlé dans cet air une substance quelconque, telle que du
phosphore, dont le résultat est l'acide phosphorique qui, loin d'être
dans l'état de gaz, est au contraire dans l'état concret. L'air restant
après la combustion occupoit un volume de 295 pouces; la hauteur
de l'eau dans l'intérieur de la cloche étoit de 7 pouces au-dessus
de celle de la cuve, le baromètre à 27 pouces 9 lignes 1/4, & le
thermomètre à 16 degrés.

Il est question, d'après ces données, de déterminer quel est le volume
de l'air avant & après la combustion, & d'en conclure le volume de la
partie qui a été absorbée.

_Calcul avant la combustion._

L'air contenu dans la cloche occupoit un volume de 353 pouces.

  Mais il n'étoit pressé que par une colonne                      pouces
  de 27 pouces 9 lignes 1/2, ou en fractions décimales
  de pouces (_voyez_ table, Nº. IV.) de                        27,79167

  Sur quoi il y a encore à déduire la différence de
  niveau de 4 pouces 1/2 d'eau; ce qui répond
  en mercure (_voyez_ la table, Nº. V.) à                       0,33166
                                                                --------
  La pression réelle dont cet air  étoit chargé,
  n'étoit donc que de                                           27,46001
                                                                --------

Le volume des fluides élastiques diminuant en général en raison inverse
des poids qui les compriment, il est clair, d'après ce que nous avons
dit plus haut, que pour avoir le volume des 353 pouces sous une
pression de 28 pouces, il faudra dire:

  353 pouces : x :: 1/27,46001 : 1/28

D'où l'on conclura:

x = (353 x 27,46001)/28 = 346,192 pouces. C'est le volume qu'auroit
occupé ce même air sous une pression de vingt-huit pouces. Le 210e de
ce volume égale 1,650 pouce; ce qui donné pour les 5 degrés supérieurs
au dixième degré du thermomètre, 8,255 pouces; & comme cette correction
est soustractive, on en conclura que le volume de l'air, toute
correction faite, étoit avant la combustion de 337,942 pouces.

_Calcul après la combustion._

En faisant le même calcul sur le volume de l'air après la combustion,
on trouvera que la pression étoit alors de 27,77083 pouces - 0,51593
pouces = 27,25490 pouces. Ainsi, pour avoir le volume de l'air à 28
pouces de pression, il faudra multiplier 295 pouces, volume trouvé
après la combustion, par 27,25490 pouces, & le diviser par 28; ce qui
donnera pour le volume corrigé, 287,150 pouces.

Le 210e de ce volume est 1,368 pouce, qui, multiplié par six degrés,
donne pour correction négative de la température, 8,208 pouces.

D'où il résulte que le volume de l'air, toutes corrections faites,
étoit après la combustion de 278,942 pouces.

_Résultat._

                                                                  pouces
  Le volume, toutes corrections faites, avant
  la combustion étoit de                                         337,942

  Il étoit après la combustion de                                278,942
                                                                 -------
  Donc quantité d'air absorbée par la combustion
  du phosphore                                                    59,000
                                                                 -------


§. VIII.

_De la manière de déterminer le poids absolu des différens Gaz._

Dans tout ce que je viens d'exposer sur la manière de mesurer le volume
des gaz & d'y faire les corrections relatives au degré de pression & de
température, j'ai supposé qu'on en connoissoit la pesanteur spécifique,
& qu'on pouvoit en conclure leur poids absolu: il me reste à donner une
idée des moyens par lesquels on peut parvenir à cette connoissance.

On a un grand ballon A, _planc. V, fig. 10_, dont la capacité doit être
d'un demi-pied cube, c'est-à-dire, de 17 à 18 pintes au moins; on y
mastique une virole de cuivre _bcde_ à laquelle s'adapte à vis en _de_,
une platine à laquelle tient un robinet _fg_. Enfin le tout se visse,
au moyen d'un double écrou représenté, _figure 12_, sur une cloche BCD
dont la capacité doit être de quelques pintes plus grande que celle du
ballon. Cette cloche est ouverte par le haut, & la tubulure est garnie
d'une virole de cuivre _hi_, & d'un robinet _lm_; un de ces robinets
est représenté séparément, _figure 11_.

La première opération à faire est de déterminer la capacité de ce
ballon; on y parvient en l'emplissant d'eau, & en le pesant pour en
connoître la quantité. Ensuite on vuide l'eau, & on sèche le ballon en
y introduisant un linge par l'ouverture _de_; les derniers vestiges
d'humidité disparoissent d'ailleurs, lorsqu'on a fait une ou deux fois
le vuide dans le ballon.

Quand on veut déterminer la pesanteur d'un gaz, on visse le ballon
A sur la platine de la machine pneumatique, au-dessous du robinet
_fg_. On ouvre ce même robinet, & on fait le vuide du mieux qu'il est
possible ayant grand soin d'observer la hauteur à laquelle descend le
baromètre d'épreuve. Le vuide fait, on referme le robinet, on pèse le
ballon avec une scrupuleuse exactitude, après quoi on le revisse sur la
cloche BCD, qu'on suppose placée sur la tablette de la cuve ABCD, _même
planche, fig. 1_. On fait passer dans cette cloche le gaz qu'on veut
peser; puis ouvrant le robinet _fg_ & le robinet _lm_, le gaz contenu
dans la cloche passe dans le ballon A: en même tems l'eau remonte dans
la cloche BCD. Il est nécessaire, si l'on veut éviter une correction
embarrassante, d'enfoncer la cloche dans la cuve jusqu'à ce que le
niveau de l'eau extérieure concoure avec celui de l'eau contenue dans
l'intérieur de la cloche. Alors on ferme les robinets, on dévisse le
ballon & on le repèse. Le poids, déduction faite de celui du ballon
vuide, donne la pesanteur du volume d'air ou de gaz qu'il contient.
En multipliant ce poids par 1728 pouces, & divisant le produit par un
nombre de pouces cubes égal à la capacité du ballon, on a le poids du
pied cube du gaz mis en expérience.

Il est nécessaire de tenir compte dans ces déterminations de la hauteur
du baromètre & du degré du thermomètre; après quoi rien n'est plus aisé
que de ramener le poids du pied cube qu'on a trouvé à celui qu'auroit
eu le même gaz à 28 pouces de pression & à 10 degrés du thermomètre.
J'ai donné dans le paragraphe précédent le détail des calculs qu'exige
cette opération.

Il ne faut pas négliger non plus de tenir compte de la petite portion
d'air restée dans le ballon, quand on a fait le vuide; portion qu'il
est facile d'évaluer, d'après la hauteur à laquelle s'est soutenu le
baromètre d'épreuve. Si cette hauteur étoit, par exemple, d'un centième
de la hauteur totale du baromètre, il en faudroit conclure qu'il est
resté un centième d'air dans le ballon, & le volume du gaz qui y avoit
été introduit ne seroit plus que des 99/100 du volume total du ballon.



CHAPITRE III.

_Des Appareils relatifs à la mesure du Calorique._

_Description du Calorimètre._


L'Appareil dont je vais essayer de donner une idée a été décrit dans un
mémoire que nous avons publié M. de la Place & moi dans le recueil de
l'Académie, année 1780, page 355. C'est de ce mémoire que sera extrait
tout ce que contient cet article.

Si après avoir refroidi un corps quelconque à zéro du thermomètre, on
l'expose dans une atmosphère, dont la température soit de 25 degrés
au-dessus du terme de la congélation, il s'échauffera insensiblement
depuis sa surface jusqu'à son centre, & se rapprochera peu-à-peu de la
température de 25 degrés qui est celle du fluide environnant.

Il n'en sera pas de même d'une masse de glace qu'on auroit placée dans
la même atmosphère: elle ne se rapprochera nullement de la température
de l'air ambiant, mais elle restera constamment à zéro de température,
c'est-à-dire, à la glace fondante, & ce, jusqu'à ce que le dernier
atôme de glace soit fondu.

La raison de ce phénomène est facile à concevoir: il faut pour fondre
de la glace, & pour la convertir en eau, qu'il s'y combine une certaine
proportion de calorique. En conséquence, tout le calorique des corps
environnans s'arrête à la surface de la glace où il est employé à la
fondre: cette première couche fondue, la nouvelle quantité de calorique
qui survient en fond une seconde, & elle se combine également avec
elle pour la convertir en eau, & ainsi successivement de surfaces en
surfaces, jusqu'au dernier atôme de glace qui sera encore à zéro du
thermomètre, parce que le calorique n'aura pas encore pu y pénétrer.

Que l'on imagine d'après cela une sphère de glace creuse, à la
température de zéro degré du thermomètre; que l'on place cette sphère
de glace dans une atmosphère, dont la température soit, par exemple,
de 10 degrés au-dessus de la congélation, & qu'on place dans son
intérieur un corps échauffé d'un nombre de degrés quelconques: il suit
de ce qu'on vient d'exposer deux conséquences; 1º. que la chaleur
extérieure ne pénétrera pas dans l'intérieur de la sphère; 2º. que
la chaleur d'un corps placé dans son intérieur ne se perdra pas non
plus au-dehors; mais qu'elle s'arrêtera à la surface intérieure de la
cavité, où elle sera continuellement employée à fondre de nouvelles
couches de glace, jusqu'à ce que la température du corps soit parvenue
à zéro du thermomètre.

Si on recueille avec soin l'eau qui se sera formée dans l'intérieur
de la sphère de glace, lorsque la température du corps placé dans
son intérieur sera parvenue à zéro du thermomètre, son poids sera
exactement proportionnel à la quantité de calorique que ce corps aura
perdue, en passant de sa température primitive à celle de la glace
fondante; car il est clair qu'une quantité double de calorique doit
fondre une quantité double de glace; en sorte que la quantité de glace
fondue est une mesure très-précise de la quantité de calorique employée
à produire cet effet.

On n'a considéré ce qui se passoit dans une sphère de glace que pour
mieux faire entendre la méthode que nous avons employée dans ce genre
d'expériences, dont la première idée appartient à M. de la Place. Il
seroit difficile de se procurer de semblables sphères, & elles auroient
beaucoup d'inconvéniens dans la pratique; mais nous y avons suppléé au
moyen de l'appareil suivant, auquel je donnerai le nom de calorimètre.
Je conviens que c'est s'exposer à une critique, jusqu'à un certain
point fondée, que de réunir ainsi deux dénominations, l'une dérivée du
latin, l'autre dérivée du grec; mais j'ai cru qu'en matière de science
on pouvoit se permettre moins de pureté dans le langage, pour obtenir
plus de clarté dans les idées; & en effet je n'aurois pu employer un
mot composé entièrement tiré du grec, sans trop me rapprocher du nom
d'autres instrumens connus, & qui ont un usage & un but tout différent.

La figure première de la planche VI représente le calorimètre vu
en perspective. La figure 2 de la même planche représente sa coupe
horisontale, & la figure 3 une coupe verticale qui laisse voir tout
son intérieur. Sa capacité est divisée en trois parties; pour mieux
me faire entendre, je les distinguerai par les noms de _capacité
intérieure, capacité moyenne, & capacité extérieure_. La capacité
intérieure _ffff_, _fig. 3, pl. VI_, est formée d'un grillage de
fil de fer, soutenu par quelques montans du même métal; c'est dans
cette capacité que l'on place les corps soumis à l'expérience: sa
partie supérieure LM se ferme au moyen d'un couvercle GH représenté
séparément, _figure 4_. Il est entièrement ouvert par-dessus, & le
dessous est formé d'un grillage de fil de fer.

La capacité moyenne _bbbbb_, _figures 2 & 3_, est destinée à contenir
la glace qui doit environner la capacité intérieure, & que doit fondre
le calorique du corps mis en expérience: cette glace est supportée &
retenue par une grille _mm_ sous laquelle est un tamis _nn_; l'un &
l'autre sont représentés séparément, _figures 5 & 6_. A mesure que la
glace est fondue par le calorique qui se dégage du corps placé dans
la capacité intérieure, l'eau coule à travers la grille & le tamis;
elle tombe ensuite le long du cône _ccd_, _figure 3_, & du tuyau _xy_,
& se rassemble dans le vase F, _figure 1_, placé au-dessous de la
machine; _u_ est un robinet au moyen duquel on peut arrêter à volonté
l'écoulement de l'eau intérieure. Enfin la capacité extérieure _aaaaa_,
_fig. 2 & 3_ est destinée à recevoir la glace qui doit arrêter l'effet
de la chaleur de l'air extérieur & des corps environnans: l'eau que
produit la fonte de cette glace, coule le long du tuyau _s_T que l'on
peut ouvrir ou fermer au moyen du robinet _r_. Toute la machine est
recouverte par le couvercle FF, _fig. 7_, entièrement ouvert
dans sa partie supérieure, & fermé dans sa partie inférieure; elle est
composée de fer-blanc peint à l'huile pour le garantir de la rouille.

Pour mettre le calorimètre en expérience, on remplit de glace pilée la
capacité moyenne _bbbbb_, & le couvercle GH de la capacité intérieure,
la capacité extérieure _aaaa_, & le couvercle FF, _figure 7_, de toute
la machine. On la presse fortement pour qu'il ne reste point de parties
vuides, puis on laisse égouter la glace intérieure; après quoi on ouvre
la machine pour y placer le corps que l'on veut mettre en expérience,
& on la referme sur le champ. On attend que le corps soit entièrement
refroidi, & que la glace qui a fondu soit suffisamment égoutée; ensuite
on pèse l'eau qui s'est rassemblée dans le vase F, _fig. 1_: son poids
est une mesure exacte de la quantité de calorique dégagée du corps,
pendant qu'il s'est refroidi; car il est visible que ce corps est
dans la même position qu'au centre de la sphère dont nous venons de
parler, puisque tout le calorique qui s'en dégage est arrêté par la
glace intérieure, & que cette glace est garantie de l'impression de
toute autre chaleur, par la glace renfermée dans le couvercle & dans la
capacité extérieure.

Les expériences de ce genre durent quinze, dix-huit & vingt heures;
quelquefois pour les accélérer, on place de la glace bien égoutée
dans la capacité intérieure, & on en couvre les corps que l'on veut
refroidir.

La figure 8 représente un seau de tôle destiné à recevoir les corps sur
lesquels on veut opérer; il est garni d'un couvercle percé dans son
milieu, & fermé avec un bouchon de liége, traversé par le tube d'un
petit thermomètre.

La figure 9 de la même planche représente un matras de verre dont le
bouchon est également traversé par le tube d'un petit thermomètre, dont
la boule & une partie du tube plonge dans la liqueur; il faut se servir
de semblables matras toutes les fois que l'on opère sur les acides, &
en général sur les substances qui peuvent avoir quelque action sur les
métaux.

_RS_, _figure 10_, est un petit cylindre creux que l'on place au fond de
la capacité intérieure pour soutenir les matras.

Il est essentiel que dans cette machine, il n'y ait aucune
communication entre la capacité moyenne & la capacité extérieure;
ce que l'on éprouvera facilement en remplissant d'eau la capacité
extérieure. S'il existoit une communication entre ces capacités, la
glace fondue par l'atmosphère dont la chaleur agit sur l'enveloppe de
la capacité extérieure, pourroit passer dans la capacité moyenne, &
alors l'eau qui s'écouleroit de cette dernière capacité, ne seroit plus
la mesure du calorique perdu par le corps mis en expérience.

Lorsque la température de l'atmosphère n'est que de quelques degrés
au-dessus de zéro, sa chaleur ne peut parvenir que très-difficilement
jusque dans la capacité moyenne, puisqu'elle est arrêtée par la glace
du couvercle & de la capacité extérieure; mais si la température
extérieure étoit au-dessous de zéro, l'atmosphère pourroit refroidir la
glace intérieure; il est donc essentiel d'opérer dans une atmosphère
dont la température ne soit pas au-dessous de zéro: ainsi dans un tems
de gelée, il faudra renfermer la machine dans un appartement dont on
aura soin d'échauffer l'intérieur. Il est encore nécessaire que la
glace dont on fait usage, ne soit pas au-dessous de zéro; si elle étoit
dans ce cas, il faudroit la piler, l'étendre par couches fort minces,
& la tenir ainsi pendant quelque tems dans un lieu dont la température
fût au-dessus de zéro.

La glace intérieure retient toujours une petite quantité d'eau qui
adhère à sa surface, & l'on pourroit croire que cette eau doit
entrer dans le résultat des expériences: mais il faut observer qu'au
commencement de chaque expérience, la glace est déjà imbibée de
toute la quantité d'eau qu'elle peut ainsi retenir; en sorte que si
une petite partie de la glace fondue par le corps, reste adhérente
à la glace intérieure, la même quantité, à très-peu près, d'eau
primitivement adhérente à la surface de la glace, doit s'en détacher
& couler dans le vase: car la surface de la glace intérieure change
extrêmement peu dans l'expérience.

Quelques précautions que nous ayons prises, il nous a été impossible
d'empêcher l'air extérieur de pénétrer dans la capacité intérieure,
lorsque la température étoit à 9 ou 10 degrés, au-dessus de la
congélation. L'air renfermé dans cette capacité étant alors
spécifiquement plus pesant que l'air extérieur, il s'écoule par le
tuyau _xy_, _fig. 3_, & il est remplacé par l'air extérieur qui entre
dans le calorimètre, & qui dépose une partie de son calorique sur la
glace intérieure: il s'établit ainsi dans la machine un courant d'air
d'autant plus rapide, que la température extérieure est plus élevée, ce
qui fond continuellement une portion de la glace intérieure; on peut
arrêter en grande partie l'effet de ce courant, en fermant le robinet;
mais il vaut beaucoup mieux n'opérer que lorsque la température
extérieure ne surpasse pas 3 ou 4 degrés; car nous avons observé
qu'alors la fonte de la glace intérieure, occasionnée par l'atmosphère,
est insensible, en sorte que nous pouvons à cette température, répondre
de l'exactitude de nos expériences sur les chaleurs spécifiques des
corps, à un quarantième près.

Nous avons fait construire deux machines pareilles à celle que je viens
de décrire; l'une d'elles est destinée aux expériences dans lesquelles
il n'est pas nécessaire de renouveller l'air intérieur; l'autre machine
sert aux expériences dans lesquelles le renouvellement de l'air est
indispensable, telles que celles de la combustion & de la respiration:
cette seconde machine ne differe de la première, qu'en ce que les deux
couvercles sont percés de deux trous à travers lesquels passent deux
petits tuyaux qui servent de communication entre l'air intérieur &
l'air extérieur; on peut par leur moyen souffler de l'air atmosphérique
dans l'intérieur du calorimètre pour y entretenir des combustions.

Rien n'est plus simple avec cet instrument que de déterminer les
phénomènes qui ont lieu dans les opérations où il y a dégagement,
ou même absorption de calorique. Veut-on, par exemple, connoître ce
qui se dégage de calorique d'un corps solide, lorsqu'il se refroidit
d'un certain nombre de degrés? On élève sa température à 80 degrés,
par exemple, puis on le place dans la capacité intérieure _ffff_
du calorimètre, _figures 2 & 3, planche VI_, & on l'y laisse assez
long-tems pour être assuré que sa température est revenue à zéro du
thermomètre: on recueille l'eau qui a été produite par la fonte de la
glace, pendant son refroidissement; cette quantité d'eau divisée par le
produit de la masse du corps & du nombre de degrés dont sa température
primitive étoit au-dessus de zéro, sera proportionnelle à ce que les
physiciens anglois ont nommé _chaleur spécifique_.

Quant aux fluides on les renferme dans des vases de matière quelconque,
dont on a préalablement déterminé la chaleur spécifique: on opère
ensuite de la même manière que pour les solides, en observant seulement
de déduire de la quantité totale d'eau qui a coulé, celle due au
refroidissement du vase qui contenoit le fluide.

Veut-on connoître la quantité de calorique qui se dégage de la
combinaison de plusieurs substances? on les amenera toutes à la
température zéro, en les tenant un tems suffisant dans de la glace
pilée; ensuite on en fera le mélange dans l'intérieur du calorimètre,
dans un vase également à zéro, & on aura soin de les y conserver
jusqu'à ce qu'elles soient revenues à la température zéro; la quantité
d'eau recueillie sera la mesure du calorique qui se sera dégagé par
l'effet de la combinaison.

La détermination des quantités de calorique qui se dégagent dans les
combustions & dans la respiration des animaux, n'offre pas plus de
difficulté: on brûle les corps combustibles dans la capacité intérieure
du calorimètre; on y laisse respirer des animaux tels que des cochons
d'inde qui résistent assez bien au froid, & on recueille l'eau qui
coule: mais comme le renouvellement de l'air est indispensable dans ce
genre d'opérations, il est nécessaire de faire arriver continuellement
de nouvel air dans l'intérieur du calorimètre par un petit tuyau
destiné à cet objet, & de le faire ressortir par un autre tuyau: mais
pour que l'introduction de cet air ne cause aucune erreur dans les
résultats, on fait passer le tuyau qui doit l'amener à travers de la
glace pilée, afin qu'il arrive dans le calorimètre, à la température
zéro. Le tuyau de sortie de l'air doit également traverser de la
glace pilée, mais cette dernière portion de glace doit être comprise
dans l'intérieur de la capacité _ffff_ du calorimètre, & l'eau qui en
découle doit faire partie de celle que l'on recueille, parce que le
calorique que contenoit l'air avant de sortir fait partie du produit de
l'expérience.

La recherche de la quantité de calorique spécifique contenue dans
les différens gaz, est un peu plus difficile à cause de leur peu de
densité; car si on se contentoit de les renfermer dans des vases
comme les autres fluides, la quantité de glace fondue seroit si
peu considérable que le résultat de l'expérience seroit au moins
très-incertain. Nous avons employé pour ce genre d'expériences deux
espèces de serpentins ou tuyaux métalliques roulés en spirales.
Le premier contenu dans un vase rempli d'eau bouillante servoit à
échauffer l'air avant qu'il parvînt au calorimètre; le second étoit
renfermé dans la capacité intérieure _ffff_ de cet instrument. Un
thermomètre adapté à une des extrémités de ce dernier serpentin,
indiquoit la chaleur de l'air ou du gaz qui entroit dans la machine;
un thermomètre adapté à l'autre extrémité du même serpentin indiquoit
la chaleur du gaz ou de l'air à sa sortie. Nous avons été ainsi à
portée de déterminer ce qu'une masse quelconque de différens airs ou
gaz fondoit de glace en se refroidissant d'un certain nombre de degrés,
& d'en déterminer le calorique spécifique. Le même procédé, avec
quelques précautions particulières peut être employé pour connoître la
quantité de calorique qui se dégage dans la condensation des vapeurs de
différens liquides.

Les différentes expériences que l'on peut faire avec le calorimètre,
ne conduisent point à des résultats absolus; elles ne donnent que
des quantités relatives: il étoit donc question de choisir une unité
qui pût former le premier degré d'une échelle avec laquelle on pût
exprimer tous les autres résultats. La quantité de calorique nécessaire
pour fondre une livre de glace, nous a fourni cette unité: or pour
fondre une livre de glace, il faut une livre d'eau élevée à 60 degrés
du thermomètre à mercure divisé en 80 parties, de la glace à l'eau
bouillante; la quantité de calorique qu'exprime notre unité, est donc
celle nécessaire pour élever l'eau de zéro à 60 degrés.

Cette unité déterminée, il n'est plus question que d'exprimer en
valeurs analogues les quantités de calorique qui se dégagent des
différens corps, en se refroidissant, d'un certain nombre de degrés, &
voici le calcul simple par le moyen duquel on y parvient: je l'applique
à une de nos premières expériences.

Nous avons pris des morceaux de tôle coupés par bandes & roulés, qui
pesoient ensemble 7 livres 11 onces 2 gros 36 grains, c'est-à-dire en
fractions décimales de livres, 7,7070319 livres. Nous avons échauffé
cette masse dans un bain d'eau bouillante, dans laquelle elle a pris
environ 78 degrés de chaleur; & l'ayant tirée de l'eau prestement, nous
l'avons introduite dans la capacité intérieure du calorimètre. Au
bout de onze heures, lorsque l'eau produite par la fonte de la glace
intérieure a été suffisamment égoutée, la quantité s'en est trouvée de
1 livre 1 once 5 gros 4 grains = 1,109795 livre. Maintenant je puis
dire si le calorique dégagé de la tôle par un refroidissement de 78
degrés, a fondu 1,109795 livre de glace, combien un refroidissement
de 60 degrés auroit-il produit; ce qui donne 78 : 1,109795 : : 60 :
x = 0,85369 livre. Enfin divisant cette quantité par le nombre de
livres de tôle employée, c'est-à-dire par 7,7070319 livres, on aura
pour la quantité de glace que pourra faire fondre une livre de tôle en
se refroidissant de 60 degrés à zéro, 0,110770 livre. Le même calcul
s'applique à tous les corps solides.

A l'égard des fluides, tels que l'acide sulfurique, l'acide nitrique,
&c. on les renferme dans un matras représenté _planche VI, fig. 9_. Il
est bouché avec un bouchon de liège traversé par un thermomètre dont la
boule plonge dans la liqueur. On place ce vaisseau dans un bain d'eau
bouillante; & lorsque d'après le thermomètre on juge que la liqueur
est élevée à un degré de chaleur convenable, on retire le matras & on
le place dans le calorimètre. On fait le calcul comme ci-dessus, en
ayant soin cependant de déduire de la quantité d'eau obtenue, celle
que le vase de verre auroit seul produite, & qu'il est en conséquence
nécessaire d'avoir déterminé par une expérience préalable. Je ne donne
point ici le tableau des résultats que nous avons obtenus, parce qu'il
n'est pas encore assez complet, & que différentes circonstances ont
suspendu la suite de ce travail. Nous ne le perdons cependant pas de
vue, & il n'y a point d'hiver que nous ne nous en soyons plus ou moins
occupés.



CHAPITRE IV.

_Des opérations purement mécaniques qui ont pour objet de diviser les
corps._


§. PREMIER.

_De la Trituration, de la Porphirisation, & de la Pulvérisation._

La trituration, la porphirisation & la pulvérisation ne sont, à
proprement parler, que des opérations mécaniques préliminaires, dont
l'objet est de diviser, de séparer les molécules des corps, & de les
réduire en particules très-fines. Mais quelque loin qu'on puisse
porter ces opérations, elles ne peuvent jamais résoudre un corps en
ses molécules primitives & élémentaires: elles ne rompent pas même, à
proprement parler, son aggrégation; en sorte que chaque molécule après
la trituration & la porphirisation, forme encore un tout semblable
à la masse originaire qu'on avoit eu pour objet de diviser, à la
différence des opérations vraiment chimiques, telles, par exemple, que
la dissolution qui détruit l'aggrégation du corps, & écarte les unes
des autres les molécules constitutives & intégrantes qui le composent.

Toutes les fois qu'il est question de diviser des corps fragiles &
cassans, on se sert pour cette opération de mortiers & de pilons,
_figures 1, 2, 3, 4 & 5, planche I_. Ces mortiers sont ou de fonte de
cuivre & de fer comme celui représenté, _figure 1_; ou de marbre & de
granit, comme celui représenté, _figure 2_; ou de bois de gayac, comme
celui représenté, _figure 3_; ou de verre, comme celui représenté,
_figure 4_; ou d'agathe, comme celui représenté, _figure 5_: enfin
on en fait aussi de porcelaine, comme celui représenté, _figure 6_.
Les pilons dont on se sert pour triturer les corps sont aussi de
différentes matières. Ils sont de fer ou de cuivre forgé, comme dans la
figure première, de bois, comme dans les figures 2 & 3; enfin de verre,
de porcelaine ou d'agathe, suivant la nature des objets qu'on veut
triturer. Il est nécessaire d'avoir dans un laboratoire, un assortiment
de ces instrumens de différente grandeur. Les mortiers de porcelaine, &
sur-tout ceux de verre, ne peuvent pas être employés à la trituration
proprement dite, & ils seroient bientôt en pièces si on frappoit
dedans, sans précaution, à coups redoublés. C'est en tournant le pilon
dans le mortier, en froissant avec adresse & dextérité les molécules
entre le pilon & les parois du mortier qu'on parvient à opérer la
division.

La forme des mortiers n'est point indifférente; le fond en doit être
arrondi, & l'inclinaison des parois latérales doit être telle que les
matières en poudre retombent d'elles-mêmes quand on relève le pilon:
un mortier trop plat seroit donc défectueux, la matière ne retomberoit
& ne se retourneroit pas. Des parois trop inclinées présenteroient un
autre inconvénient, elles rameneroient une trop grande quantité de la
matière à pulvériser sous le pilon, elle ne seroit plus alors froissée
& serrée entre deux corps durs, & la trop grande épaisseur interposée
nuiroit à la pulvérisation.

Par une suite du même principe, il ne faut pas mettre dans le mortier
une trop grande quantité de matière; il faut sur-tout, autant qu'on
le peut, se débarrasser de tems en tems des molécules qui sont déjà
pulvérisées, & c'est ce qu'on opère par le tamisage, autre opération
dont il va être bientôt question. Sans cette précaution on employeroit
une force inutile, & on perdroit du tems à diviser davantage ce qui
l'étoit suffisamment, tandis qu'on n'acheveroit pas de pulvériser ce
qui ne l'est pas assez. En effet, la portion de matière divisée nuit à
la trituration de celle qui ne l'est pas; elle s'interpose entre le
pilon & le mortier, & amortit l'effet du coup.

La porphirisation a reçu sa dénomination du nom de la matière sur
laquelle elle s'opère. Le plus communément on a une table plate de
porphire ou d'une autre pierre du même degré de dureté ABCD, _planche
I, fig. 7_, sur laquelle on étend la matière qu'on se propose de
diviser; on la froisse ensuite & on la broye en promenant sur le
porphire une molette M, d'une pierre du même degré de dureté. La partie
de la molette qui porte sur le porphire, ne doit pas être parfaitement
plane: sa surface doit être une portion de sphère d'un très-grand
rayon; autrement quand on promeneroit la molette sur le porphire, la
matière se rangeroit tout autour du cercle qu'elle auroit décrit,
sans qu'aucune portion s'engageât entre deux, & il n'y auroit pas de
porphirisation. On est par la même raison obligé de faire retailler de
tems en tems les molettes, qui tendent à devenir planes, à mesure qu'on
s'en sert. L'effet de la molette étant d'écarter continuellement la
matière & de la porter vers les extrêmités de la table de porphire, on
est obligé de la ramener souvent & de l'accumuler au centre: on se sert
à cet effet d'un couteau de fer, de corne ou d'ivoire, dont la lame
doit être très-mince.

Dans les travaux en grand on préfère, pour opérer le broyement, l'usage
de grandes meules de pierres dures qui tournent l'une sur l'autre, ou
bien d'une meule verticale qui roule sur une meule horisontale. Dans
tous ces cas, on est souvent obligé d'humecter légèrement la matière,
dans la crainte qu'elle ne s'élève en poussière.

Ces trois manières de réduire les corps en poudre, ne conviennent pas
à toutes les matières: il en est qu'on ne peut parvenir à diviser,
ni au pilon, ni au porphire, ni à la meule; telles sont les matières
très-fibreuses, comme le bois; telles sont celles qui ont une sorte
de ténacité & d'élasticité, comme la corne des animaux, la gomme
élastique, &c. tels sont enfin les métaux ductiles & malléables, qui
s'applatissent sous le pilon au lieu de s'y réduire en poudre.

On se sert pour les bois de grosses limes connues sous le nom de rapes
à bois, _pl. I, fig. 8_. On se sert pour la corne de limes un peu
plus fines; enfin on emploie pour les métaux des limes encore plus
fines, telles sont celles représentées _figures 9 & 10_.

Il est quelques substances métalliques qui ne sont ni assez cassantes
pour être mises en poudre par trituration, ni assez dures pour pouvoir
être limées commodément. Le zinc est dans ce cas; sa demi-malléabilité
empêche qu'on ne puisse le pulvériser au mortier: si on le lime il
empâte la lime, il en remplit les interstices, & bientôt elle n'a
presque plus d'action. Il y a une manière simple pour réduire le zinc
en poudre, c'est de le piler chaud dans un mortier de fonte de fer
également chaud; il s'y triture alors aisément. On peut encore le
rendre cassant, en le fondant avec un peu de mercure. Les artificiers
qui employent le zinc pour faire des feux bleus, ont recours à l'un de
ces deux moyens. Quand on n'a pas pour objet de mettre les métaux dans
un très-grand état de division, on peut les réduire en grenailles en
les coulant dans de l'eau.

Enfin il y a un dernier moyen de diviser, qu'on emploie pour les
matières à la fois pulpeuses & fibreuses, telles que les fruits, les
pommes de terre, les racines, &c. On les promène sur une rape, _planche
I, fig. 11_, en donnant un certain degré de pression, & on parvient
ainsi à les réduire en pulpe. Tout le monde connoît la rape, & il
seroit superflu d'en donner une description plus étendue.

On conçoit que le choix des matières avec lesquelles on opère la
trituration, n'est point indifférent: on doit bannir le cuivre de
tout ce qui a rapport aux alimens, à la pharmacie, &c. Les mortiers
de marbre ou ceux de matières métalliques ne peuvent être employés
pour triturer les matières acides; c'est ce qui fait que les mortiers
de bois très-dur, tel que le gayac & ceux de verre de porcelaine & de
granit, sont d'une grande commodité dans un laboratoire.


§. II.

_Du Tamisage & du Lavage._

De quelque moyen mécanique qu'on se serve pour diviser les corps, on
ne peut parvenir à donner le même degré de finesse à toutes leurs
parties. La poudre qu'on obtient de la plus longue & de la plus exacte
trituration, est toujours un assemblage & un mêlange de molécules
de différentes grosseurs. On parvient à se débarrasser des plus
grossières, & à n'avoir qu'une poudre beaucoup plus homogène, en
employant des tamis, _figures 12, 13, 14 & 15, planche I_, dont la
grandeur de la maille soit proportionnée à la grosseur des molécules
qu'on se propose d'obtenir: tout ce qui est supérieur en grosseur aux
dimensions de la maille, reste sur le tamis, & on le repasse au pilon.

On voit deux de ces tamis représentés _figures 12 & 13_. L'un, _fig.
12_, est de crin ou de soie; l'autre, _fig. 13_, est de peau dans
laquelle on a fait des trous ronds avec un emporte-pièce: ce dernier
est en usage dans l'art de fabriquer la poudre à canon & la poudre de
chasse. Lorsqu'on est obligé de tamiser des matières très-légères,
très-précieuses & qui se dispersent aisément; ou bien lorsque répandues
dans l'air elles peuvent être nuisibles à ceux qui les respirent, on
se sert de tamis composés de trois pièces, _fig. 14 & 15_; savoir d'un
tamis proprement dit ABCD, _fig. 15_, d'un couvercle EF, & d'un fond
GH: on voit ces trois parties assemblées, _fig. 14_.

Il est un autre moyen plus exact que le tamisage, d'obtenir des poudres
de grosseur uniforme, c'est le lavage; mais il n'est praticable
qu'à l'égard des matières qui ne sont point susceptibles d'être
attaquées & altérées par l'eau. On délaye & on agite dans l'eau ou
dans quelqu'autre liqueur les matières broyées qu'on veut obtenir en
poudres de grosseur homogène; on laisse reposer un moment la liqueur,
puis on la décante encore trouble; les parties les plus grossières
restent au fond du vase. On décante une seconde fois, & on a un second
dépôt moins grossier que le premier. On décante une troisième fois
pour obtenir un troisième dépôt, qui est au second pour la finesse ce
que le second est au premier. On continue cette manœuvre jusqu'à ce
que l'eau soit éclaircie; & la poudre grossière & inégale qu'on avoit
originairement, se trouve séparée en une suite de dépôts qui, chacun en
particulier, sont d'un degré de finesse à peu près homogène.

Le même moyen, le lavage, ne s'emploie pas seulement pour séparer les
unes des autres les molécules de matières homogènes, & qui ne différent
que par leur degré plus ou moins grand de division; il fournit une
ressource non moins utile pour séparer des matières du même degré
de finesse, mais dont la pesanteur spécifique est différente: c'est
principalement dans le travail des mines qu'on fait usage de ce moyen.

On se sert pour le lavage dans les laboratoires, de vaisseaux de
différentes formes, de terrines de grès, de bocaux de verre, &c.
quelquefois pour décanter la liqueur sans troubler le dépôt qui s'est
formé, on emploie le siphon. Cet instrument consiste en un tube de
verre ABC, _planche II, fig. 11_, recourbé en B, & dont la branche
BC doit être plus longue de quelques pouces que celle AB. Pour n'être
point obligé de le tenir à la main, ce qui pourroit être fatiguant dans
quelques expériences, on le passe dans un trou pratiqué au milieu d'une
petite planche DE. L'extrémité A du siphon doit être plongée dans la
liqueur du bocal FG, à la profondeur jusqu'à laquelle on se propose de
vuider le vase.

D'après les principes hydrostatiques sur lesquels est fondé l'effet
du siphon, la liqueur ne peut y couler qu'autant qu'on a chassé l'air
contenu dans son intérieur: c'est ce qui se pratique au moyen d'un
petit tube de verre HI, soudé hermétiquement à la branche BC. Lors donc
qu'on veut procurer par le moyen du siphon l'écoulement de la liqueur
du vase FG dans celui LM, on commence par boucher avec le bout du doigt
l'extrémité C de la branche BC du siphon; puis on suce avec la bouche,
jusqu'à ce qu'on ait retiré tout l'air du tube & qu'il ait été remplacé
par de la liqueur: alors on ôte le doigt, la liqueur coule & continue à
passer du vase FG dans celui LM.


§. III.

_De la Filtration._

On vient de voir que le tamisage étoit une opération par laquelle on
séparoit les unes des autres des molécules de différentes grosseurs;
que les plus fines passoient à travers le tamis, tandis que les plus
grossières restoient dessus.

Le filtre n'est autre chose qu'un tamis très-fin & très-serré, à
travers lequel les parties solides, quelque divisées qu'elles soient,
ne peuvent passer, mais qui est cependant perméable pour les fluides;
le filtre est donc, à proprement parler, l'espèce de tamis qu'on
employe pour séparer des molécules solides qui sont très-fines, d'un
fluide dont les molécules sont encore plus fines.

On se sert à cet effet, principalement en pharmacie, d'étoffes épaisses
& d'un tissu très serré: celles de laine à poils sont les plus propres
à remplir cet objet. On leur donne ordinairement la forme d'un cône,
_planche II, fig. 2_: cette espèce de filtre porte le nom de chausse
qui est relatif à sa figure. La forme conique a l'avantage de réunir
toute la liqueur qui coule, en un seul point A, & on peut alors la
recevoir dans un vase d'une ouverture très-petite; ce qui ne pourroit
pas avoir lieu, si la liqueur couloit de plusieurs points. Dans les
grands laboratoires de pharmacie, on a un chassis de bois représenté
_planche II_, _fig. 1_, dans le milieu duquel on attache la chausse.

La filtration à la chausse ne peut être applicable qu'à quelques
opérations de pharmacie; mais comme dans la plupart des opérations
chimiques un même filtre ne peut servir qu'à une même nature
d'expériences, comme il faudroit avoir un nombre de chausses
considérables & les laver avec un grand soin à chaque opération, on y
a substitué une étoffe très-commune, à très-bon marché, qui est à la
vérité très-mince, mais qui, attendu qu'elle est feutrée, compense par
le serré de son tissu ce qui pourroit lui manquer en épaisseur: cette
étoffe est du papier non collé. Il n'est aucun corps solide, quelque
divisé qu'il soit, qui passe à travers les pores des filtres de papier;
les fluides au contraire les traversent avec beaucoup de facilité.

Le seul embarras que présente le papier employé comme filtre, consiste
dans la facilité avec laquelle il se perce & se déchire, sur-tout
quand il est mouillé. On remédie à cet inconvénient, en le soutenant
par le moyen de diverses espèces de doublures. Si on a des quantités
considérables de matières à filtrer, on se sert d'un chassis de bois
ABCD, _planc. II, fig. 3_, auquel sont adaptées des pointes de fer ou
crochets: on pose ce chassis sur deux petits traiteaux, comme on le
voit _fig. 4_. On place sur le quarré une toile grossière, qu'on tend
médiocrement & qu'on accroche aux pointes ou crochets de fer. On étend
ensuite une ou deux feuilles de papier sur la toile, & on verse dessus
le mêlange de matière liquide & de matière solide dont on veut opérer
la séparation. Le fluide coule dans la terrine ou autre vase quelconque
F, qu'on a mis sous le filtre. Les toiles qui ont servi à cet usage,
se lavent, ou bien on les renouvelle, si on a lieu de craindre que les
molécules dont elles peuvent rester imprégnées, ne soient nuisibles
dans des opérations subséquentes.

Dans toutes les opérations ordinaires & lorsqu'on n'a qu'une médiocre
quantité de liqueur à filtrer, on se sert d'entonnoirs de verre,
_planche II_, _fig. 5_, pour contenir & soutenir le papier; on le plie
alors de manière à former un cône de même figure que l'entonnoir.
Mais alors on tombe dans un autre inconvénient; le papier, lorsqu'il
est mouillé, s'applique tellement sur les parois du verre, que la
liqueur ne peut couler & qu'il ne s'opère de filtration que par la
pointe du cône: alors l'opération devient très-longue; les matières
hétérogènes d'ailleurs que contient la liqueur étant communément
plus lourdes que l'eau, elles se rassemblent à la pointe du cône de
papier, elles l'obstruent, & la filtration ou s'arrête, ou devient
excessivement lente. On a imaginé différens procédés pour remédier à
ces inconvéniens, qui sont plus graves qu'on ne le croiroit d'abord,
parce qu'ils se répètent tous les jours dans le cours des opérations
chimiques. Un premier moyen a été de multiplier les plis du papier,
comme on le voit _fig. 6_, afin que la liqueur, en suivant les sillons
que forment les plis, pût arriver à la pointe du cône: d'autres ont
joint à ce premier moyen l'usage de fragmens de paille, qu'on place
& qu'on arrange dans l'entonnoir avant d'y placer le papier. Enfin,
le dernier moyen employé & qui me paroît réunir le plus d'avantages,
consiste à prendre de petites bandes de verre, telles qu'on en trouve
chez tous les vitriers, & qui sont connues sous le nom de rognures
de verre. On les courbe par le bout à la lampe, de manière à former
un crochet qui s'ajuste dans le bord supérieur de l'entonnoir; on en
dispose six à huit de cette manière, avant de placer le papier. Ces
bandes de verre le maintiennent à une distance suffisante des parois de
l'entonnoir, pour que la filtration s'opère. La liqueur coule le long
des bandes de verre, & se rassemble à la pointe du cône.

On voit quelques-unes de ces bandes représentées _fig. 8_: on voit
aussi _fig. 7_ un entonnoir de verre garni de bandes de verre & d'un
papier à filtrer.

Lorsqu'on a un grand nombre de filtrations à faire marcher à la fois,
il est très-commode d'avoir une planche AB, _planche II, fig. 9_,
soutenue par des montans de bois AC, BD, & percée de trous pour y
placer les entonnoirs.

Il y a des matières très-épaisses & très-visqueuses qui ne peuvent
passer à travers le papier, & qui ne peuvent être filtrées qu'après
avoir subi quelques préparations. La plus ordinaire consiste à battre
un blanc d'œuf, à le diviser dans ces liqueurs, & à les faire chauffer
jusqu'à l'ébullition. Le blanc d'œuf se coagule, il se réduit en
écume, qui vient monter à la surface & qui entraîne avec elle la plus
grande partie des matières visqueuses qui s'opposoient à la filtration.
On est obligé de prendre ce parti pour obtenir du petit-lait clair,
autrement il seroit très-difficile de le faire passer par le filtre. On
remplit le même objet à l'égard des liqueurs spiritueuses, avec un peu
de colle de poisson délayée dans de l'eau: cette colle se coagule par
l'action de l'alkool, sans qu'on soit obligé de faire chauffer.

On conçoit qu'une des conditions indispensables de la filtration est
que le filtre ne puisse pas être attaqué & corrodé par la liqueur qui
doit y passer; aussi ne peut-on pas filtrer les acides concentrés
à travers le papier. Il est vrai qu'on est rarement obligé d'avoir
recours à ce moyen, parce que la plupart des acides s'obtiennent par
voie de distillation, & que les produits de la distillation sont
presque toujours clairs. Si cependant dans quelques cas très-rares, on
est forcé de filtrer des acides concentrés, on se sert alors de verre
pilé, ou, ce qui est mieux encore, de morceaux de quartz ou de cristal
de roche grossièrement concassés & en partie réduits en poudre. On
place quelques-uns des plus gros morceaux dans le fond de l'entonnoir,
pour le boucher en partie; on met par dessus des morceaux moins gros,
qui sont maintenus par les premiers; enfin les portions les plus
divisées doivent occuper le dessus: on remplit ensuite l'entonnoir avec
de l'acide.

Dans les usages de la société, on filtre l'eau des rivières pour
l'obtenir limpide & séparée des substances hétérogènes qui la
salissent: on se sert à cet effet de sable de rivière. Le sable réunit
plusieurs avantages qui le rendent propre à cet usage: premièrement, il
est en fragmens arrondis, ou au moins dont les angles sont usés; & les
intervalles que présentent des molécules de cette figure, favorisent
le passage de l'eau. Secondement, ces molécules sont de différentes
grosseurs, & les plus fines se rangent naturellement entre les plus
grosses; elles empêchent donc qu'il ne se rencontre des vuides trop
grands qui laisseroient passer des matières hétérogènes. Troisièmement
enfin, le sable ayant été roulé & lavé par l'eau des rivières pendant
une longue révolution de tems, on est sûr qu'il est dépouillé de
toute substance soluble dans l'eau, & que par conséquent il ne peut
absolument rien communiquer à l'eau qui filtre au travers.

Dans tous les cas, comme dans celui-ci, où le même filtre doit servir
long-tems, il s'engorgeroit & la liqueur cesseroit d'y passer si on ne
le nétoyoit pas. Cette opération est simple à l'égard des filtres de
sable, il ne s'agit que de le laver dans plusieurs eaux successives &
jusqu'à ce qu'elle sorte claire.


§. IV.

_De la Décantation._

La décantation est une opération qui peut suppléer à la filtration
& qui, comme elle, a pour objet de séparer d'avec un liquide les
molécules concrètes qu'il contient. On laisse à cet effet reposer la
liqueur dans des vases ordinairement coniques & qui ont la forme de
verres à boire, comme celui représenté ABCDE, _planche II, fig. 10_.
On fait dans les verreries des vases de cette figure, qui sont
de différentes grandeurs; lorsqu'ils excèdent deux ou trois pintes
de capacité, on supprime le pied CDE, & on y supplée par un pied de
bois dans lequel on les mastique. La matière étrangère se dépose au
fond de ces vases par un repos plus ou moins long, & on obtient la
liqueur claire en la versant doucement par inclinaison. On voit que
cette opération suppose que le corps suspendu dans le liquide est
spécifiquement plus lourd que lui, & susceptible de se rassembler
au fond: mais quelquefois la pesanteur spécifique du dépôt approche
tellement de celle de la liqueur, & l'on est si près de l'équilibre,
que le moindre mouvement suffit pour le remêler; alors au lieu de
transvaser la liqueur & de la séparer par décantation, on se sert du
siphon représenté _fig. II_, & dont j'ai déjà donné la description.

Dans toutes les expériences où l'on veut déterminer avec une précision
rigoureuse le poids de la matière précipitée, la décantation est
préférable à la filtration, pourvu qu'on ait soin de laver à grande
eau & à plusieurs reprises le précipité. On peut bien, il est vrai,
déterminer le poids du précipité qu'on a séparé par filtration,
en pesant le filtre avant & après l'opération; l'augmentation de
poids que le filtre a acquise, donne le poids du précipité qui y est
resté attaché: mais quand les quantités sont peu considérables, la
dessication plus ou moins grande du filtre, les différentes proportions
d'humidité qu'il peut retenir, sont une source d'erreurs qu'il est
important d'éviter.



CHAPITRE V.

_Des moyens que la Chimie emploie pour écarter les unes des autres les
molécules des corps sans les décomposer, & réciproquement pour les
réunir._


J'ai déjà fait observer qu'il existoit deux manières de diviser les
corps: la première qu'on nomme division méchanique, consiste à séparer
une masse solide en un grand nombre d'autres masses beaucoup plus
petites. On emploie pour remplir cet objet la force des hommes, celle
des animaux, la pesanteur de l'eau appliquée aux machines hydrauliques,
la force expansive de l'eau réduite en vapeurs, comme dans les machines
à feu, l'impulsion du vent, &c. Mais toutes ces forces employées
à diviser les corps, sont beaucoup plus bornées qu'on ne le croit
communément. Avec un pilon d'un certain poids, qui tombe d'une certaine
hauteur, on ne peut jamais réduire en poudre une matière donnée au-delà
d'un certain degré de finesse, & la même molécule qui paroît si fine
relativement à nos organes est encore une montagne, si on peut se
servir de cette expression, lorsqu'on la compare avec les molécules
constitutives & élémentaires du corps que l'on divise. C'est en cela
que diffèrent les agens méchaniques des agens chimiques; ces derniers
divisent un corps dans ses molécules primitives. Si, par exemple,
c'est un sel neutre, ils portent la division de ses parties aussi loin
qu'elle le peut être sans que la molécule cesse d'être une molécule de
sel. Je vais donner dans ce chapitre des exemples de cette espèce de
division. J'y joindrai quelques détails sur des opérations qui y sont
relatives.


§. I.

_De la Solution des Sels._

On a long-tems confondu en chimie la solution & la dissolution, & l'on
désignoit par le même nom la division des parties d'un sel dans un
fluide tel que l'eau, & la division d'un métal dans un acide. Quelques
réflexions sur les effets de ces deux opérations feront sentir qu'il
n'est pas possible de les confondre.

Dans la solution des sels, les molécules salines sont simplement
écartées les unes des autres, mais ni le sel, ni l'eau n'éprouvent
aucune décomposition, & on peut les retrouver l'un & l'autre en
même quantité qu'avant l'opération. On peut dire la même chose de
la dissolution des résines dans l'alkool & dans les dissolvans
spiritueux. Dans la dissolution des métaux, au contraire, il y a
toujours ou décomposition de l'acide, ou décomposition de l'eau: le
métal s'oxygène, il passe à l'état d'oxide; une substance gazeuse se
dégage; en sorte, qu'à proprement parler, aucune des substances après
la dissolution n'est dans le même état où elle étoit auparavant. C'est
uniquement de la solution dont il sera question dans cet article.

Pour bien saisir ce qui se passe dans la solution des sels, il
faut savoir qu'il se complique deux effets dans la plupart de ces
opérations: solution par l'eau, & solution par le calorique; & comme
cette distinction donne l'explication de la plupart des phénomènes
relatifs à la solution, je vais insister pour la bien faire entendre.

Le nitrate de potasse, vulgairement appelé salpêtre, contient très-peu
d'eau de cristallisation; une foule d'expériences le prouvent;
peut-être même n'en contient-il pas: cependant il se liquéfie à un
degré de chaleur qui surpasse à peine celui de l'eau bouillante. Ce
n'est donc point à l'aide de son eau de cristallisation qu'il se
liquéfie, mais parce qu'il est très-fusible de sa nature; & qu'il passe
de l'état solide à l'état liquide, un peu au-dessus de la chaleur
de l'eau bouillante. Tous les sels sont de même susceptibles d'être
liquéfiés par le calorique; mais à une température plus ou moins
haute. Les uns, comme les acétites de potasse & de soude, se fondent &
se liquéfient à une chaleur très-médiocre; les autres, au contraire,
comme le sulfate de chaux, le sulfate de potasse, &c. exigent une des
plus fortes chaleurs que nous puissions produire. Cette liquéfaction
des sels par le calorique présente exactement les mêmes phénomènes que
la liquéfaction de la glace. Premièrement elle s'opère de même à un
degré de chaleur déterminé pour chaque sel, & ce degré est constant
pendant tout le tems que dure la liquéfaction du sel. Secondement, il y
a emploi de calorique au moment où le sel se fond, dégagement lorsqu'il
se fige; tous phénomènes généraux, & qui ont lieu lors du passage d'un
corps quelconque de l'état concret à l'état fluide & réciproquement.

Ces phénomènes de la solution par le calorique se compliquent toujours
plus ou moins avec ceux de la solution par l'eau. On en sera convaincu
si l'on considère qu'on ne peut verser de l'eau sur un sel pour le
dissoudre, sans employer réellement un dissolvant mixte, l'eau & le
calorique: or on peut distinguer plusieurs cas différens, suivant la
nature & la manière d'être de chaque sel. Si par exemple un sel est
très-peu soluble par l'eau, & qu'il le soit beaucoup par le calorique,
il est clair que ce sel sera très-peu soluble à l'eau froide, & qu'il
le sera beaucoup, au contraire, à l'eau chaude; tel est le nitrate de
potasse, & sur-tout le muriate oxigéné de potasse. Si un autre sel au
contraire est à la fois peu soluble dans l'eau, & peu soluble dans
le calorique, il sera peu soluble dans l'eau froide comme dans l'eau
chaude, & la différence ne sera pas très-considérable; c'est ce qui
arrive au sulfate de chaux.

On voit donc qu'il y a une relation nécessaire entre ces trois choses;
solubilité d'un sel dans l'eau froide, solubilité du même sel dans
l'eau bouillante, degré auquel ce même sel se liquéfie par le calorique
seul & sans le secours de l'eau; que la solubilité d'un sel à chaud & à
froid est d'autant plus grande qu'il est plus soluble par le calorique,
ou, ce qui revient au même, qu'il est susceptible de se liquéfier à un
degré plus inférieur de l'échelle du thermomètre.

Telle est en général la théorie de la solution des sels. Mais je n'ai
pu me former encore que des apperçus généraux, parce que les faits
particuliers manquent, & qu'il n'existe point assez d'expériences
exactes. La marche à suivre pour completter cette partie de la chimie
est simple; elle consiste à rechercher pour chaque sel ce qui
s'en dissout dans une quantité donnée d'eau à différens degrés du
thermomètre: or comme on sait aujourd'hui avec beaucoup de précision,
d'après les expériences que nous avons publiées M. de la Place &
moi, ce qu'une livre d'eau contient de calorique à chaque degré du
thermomètre, il sera toujours facile de déterminer par des expériences
simples la proportion de calorique & d'eau qu'exige chaque sel pour
être tenu en dissolution, ce qui s'en absorbe au moment où le sel se
liquéfie, ce qui s'en dégage au moment où il cristallise.

On ne doit plus être étonné d'après cela de voir que les sels même qui
sont dissolubles à froid se dissolvent beaucoup plus rapidement dans
l'eau chaude que dans l'eau froide. Il y a toujours emploi de calorique
dans la dissolution des sels; & quand il faut que le calorique soit
fourni de proche en proche par les corps environnans, il en résulte
un déplacement qui ne s'opère que lentement. L'opération au contraire
se trouve tout d'un coup facilitée & accélérée quand le calorique
nécessaire à la solution se trouve déja tout combiné avec l'eau.

Les sels, en général, en se dissolvant dans l'eau, en augmentent la
pesanteur spécifique, mais cette règle n'est pas absolument sans
exception.

Un jour à venir on connoîtra la quantité de radical, d'oxigène & de
base qui constituent chaque sel neutre; on connoîtra la quantité
d'eau & de calorique nécessaire pour le dissoudre, l'augmentation de
pesanteur spécifique qu'il communique à l'eau, la figure des molécules
élémentaires de ses cristaux; on expliquera les circonstances & les
accidens de sa cristallisation, & c'est alors seulement que cette
partie de la chimie sera complette. M. Séguin a formé le prospectus
d'un grand travail en ce genre, qu'il est bien capable d'exécuter.

La solution des sels dans l'eau n'exige aucun appareil particulier.
On se sert avec avantage dans les opérations en petit de phioles à
médecine de différentes grandeurs, _planche II, figures 16 & 17_; de
terrines de grès, _même planche_ A, _fig. 1 & 2_; de matras à col
allongé, _figure 14_; de casseroles ou bassines de cuivre & d'argent,
_figures 13 & 15_.


§. II.

_De la Lexiviation._

La lexiviation est une opération des arts & de la chimie, dont l'objet
est de séparer des substances solubles dans l'eau d'avec d'autres
substances qui sont insolubles. On a coutume de se servir pour cette
opération dans les arts & dans les usages de la vie d'un grand cuvier
ABCD, _planche II, figure 12_, percé en D près de son fond d'un trou
rond dans lequel on introduit une champlure de bois DE ou un robinet de
métal. On met d'abord au fond du cuvier une petite couche de paille,
& ensuite par-dessus la matière qu'on se propose de lessiver; on la
recouvre d'une toile, & on verse de l'eau froide ou chaude, suivant
que la substance est d'une solubilité plus ou moins grande. L'eau
s'imbibe dans la matière, & pour qu'elle la pénètre mieux, on tient
pendant quelque tems fermé le robinet DE. Lorsqu'on juge qu'elle a eu
le tems de dissoudre toutes les parties salines, on la laisse couler
par le robinet DE; mais comme il reste toujours à la matière insoluble
une portion d'eau adhérente qui ne coule pas, comme cette eau est
nécessairement aussi chargée de sel que celle qui a coulé, on perdroit
une quantité considérable de parties salines, si on ne repassoit à
plusieurs reprises de nouvelle eau à la suite de la première. Cette eau
sert à étendre celle qui est restée; la substance saline se partage
& se fractionne, & au troisième ou quatrième relavage, l'eau passe
presque pure; on s'en assure par le moyen du pèse-liqueur dont il a été
parlé, page 338.

Le petit lit de paille qu'on met au fond du vase sert à procurer des
interstices pour l'écoulement de l'eau; on peut l'assimiler aux pailles
ou aux tiges de verre dont on se sert pour filtrer dans l'entonnoir, &
qui empêchent l'application trop immédiate du papier contre le verre.
A l'égard du linge qu'on met par-dessus la matière qu'on se propose de
lessiver, il n'est pas non plus inutile; il a pour objet d'empêcher que
l'eau ne fasse un creux dans la matière à l'endroit où on la verse, &
qu'elle ne s'ouvre des issues particulières qui empêcheroient que toute
la masse ne fût lessivée.

On imite plus ou moins cette opération des arts dans les expériences
chimiques; mais attendu qu'on se propose plus d'exactitude, & que
lorsqu'il est question, par exemple, d'une analyse, il faut être sûr
de ne laisser dans le résidu aucune partie saline ou soluble, on est
obligé de prendre quelques précautions particulières. La première est
d'employer plus d'eau que dans les lessives ordinaires, & d'y délayer
les matières avant de tirer la liqueur à clair; autrement toute la
masse ne seroit pas également lessivée, & il pourroit même arriver que
quelques portions ne le fussent aucunement. Il faut aussi avoir soin
de repasser de très-grandes quantités d'eau, & on ne doit en général
regarder l'opération comme terminée, que quand l'eau passe absolument
dépouillée de sel, & que l'aréomètre indique, qu'elle n'augmente plus
de pesanteur spécifique en traversant la matière contenue dans le
cuvier.

Dans les expériences très en petit, on se contente communément de
mettre dans des bocaux ou des matras de verre la matière qu'on se
propose de lessiver; on verse dessus de l'eau bouillante, & on filtre
au papier dans un entonnoir de verre. Voy. _planche II, figure 7_.
On relave ensuite avec de l'eau bouillante. Quand on opère sur des
quantités un peu plus grandes, on délaie les matières dans un chaudron
d'eau bouillante, & on filtre avec le quarré de bois représenté,
_planche II, figures 3 & 4_ qu'on garnit de toile & d'un papier à
filtrer. Enfin dans les opérations très en grand, on emploie le baquet
ou cuvier que j'ai décrit au commencement de cet article, & qui est
représenté, _figure 12_.


§. III.

_De l'Evaporation._

L'évaporation a pour objet de séparer l'une de l'autre deux matières,
dont l'une au moins est liquide, & qui ont un degré de volatilité
très-différent.

C'est ce qui arrive lorsqu'on veut obtenir dans l'état concret un sel
qui a été dissous dans l'eau: on échauffe l'eau & on la combine avec
le calorique qui la volatilise; les molécules de sel se rapprochent en
même tems, & obéissant aux loix de l'attraction, elles se réunissent
pour reparoître sous leur forme solide.

On a pensé que l'action de l'air influoit beaucoup sur la quantité de
fluide qui s'évapore, & on est tombé à cet égard dans des erreurs qu'il
est bon de faire connoître. Il est sans doute une évaporation lente
qui se fait continuellement d'elle-même à l'air libre, & à la surface
des fluides exposés à la simple action de l'atmosphère. Quoique cette
première espèce d'évaporation puisse être jusqu'à un certain point
considérée comme une dissolution par l'air, il n'en est pas moins vrai
que le calorique y concourt, puisqu'elle est toujours accompagnée
de refroidissement: on doit donc la regarder comme une dissolution
mixte, faite en partie par l'air, & en partie par le calorique. Mais
il est un autre genre d'évaporation, c'est celle qui a lieu à l'égard
d'un fluide entretenu toujours bouillant; l'évaporation qui se fait
alors par l'action de l'air n'est plus que d'un objet très-médiocre en
comparaison de celle qui est occasionnée par l'action du calorique: ce
n'est plus, à proprement parler, l'évaporation qui a lieu, mais la
vaporisation; or cette dernière opération ne s'accélère pas en raison
des surfaces évaporantes, mais en raison des quantités de calorique
qui se combinent avec le liquide. Un trop grand courant d'air froid
nuit quelquefois dans ces occasions à la rapidité de l'évaporation,
par la raison qu'il enlève du calorique à l'eau, & qu'il ralentit par
conséquent sa conversion en vapeurs. Il n'y a donc nul inconvénient
à couvrir jusqu'à un certain point le vase où l'on fait évaporer un
liquide entretenu toujours bouillant, pourvû que le corps qui couvre
soit de nature à dérober peu de calorique, qu'il soit, pour me servir
d'une expression du docteur Francklin, mauvais conducteur de chaleur;
les vapeurs s'échappent alors par l'ouverture qui leur est laissée, &
il s'en évapore au moins autant & souvent plus que quand on laisse un
accès libre à l'air extérieur.

Comme dans l'évaporation, le liquide que le calorique enlève est
absolument perdu, comme on le sacrifie pour conserver la substance fixe
avec laquelle il étoit combiné, on n'évapore jamais que des matières
peu précieuses, telles par exemple que l'eau. Lorsqu'elles ont plus de
valeur, on a recours à la distillation: autre opération dans laquelle
on conserve à la fois & le corps fixe & le corps volatil.

Les vaisseaux dont on se sert pour les évaporations, sont des bassines
de cuivre ou d'argent, quelquefois de plomb, telles que celle
représentée _planche II, fig. 13_, des casseroles également de cuivre
ou d'argent, _fig. 15_.

Des capsules de verre, _pl. III, fig. 3 & 4_.

Des jattes de porcelaine.

Des terrines de grès A, _planche II, fig. 1 & 2_.

Mais les meilleures de toutes les capsules à évaporer, sont des fonds
de cornue & des portions de matras de verre. Leur _minceur_ qui est
égale par-tout, les rend plus propres que tout autre vaisseau à se
prêter, sans se casser, à une chaleur brusque & à des alternatives
subites de chaud & de froid. On peut les faire soi-même dans les
laboratoires, & elles reviennent beaucoup moins cher que les capsules
qu'on achète chez les fayanciers. Cet art de couper le verre ne se
trouve décrit nulle part, & je vais en donner une idée.

On se sert d'anneaux de fer AC, _pl. III, fig. 5_, que l'on soude
à une tige de fer AB, garnie d'un manche de bois D. On fait rougir
l'anneau de fer dans un fourneau, puis on pose dessus le matras G,
_fig. 6_, qu'on se propose de couper: lorsqu'on juge que le verre a été
suffisamment échauffé par l'anneau de fer rouge, on jette quelques
gouttes d'eau dessus, & le matras se casse ordinairement juste dans la
ligne circulaire qui étoit en contact avec l'anneau de fer.

D'autres vaisseaux évaporatoires, d'un excellent usage, sont de petites
fioles de verre, qu'on désigne dans le commerce sous le nom de fioles à
médecine. Ces bouteilles qui sont de verre mince & commun, supportent
le feu avec une merveilleuse facilité, & sont à très-bon marché. Il ne
faut pas craindre que leur figure nuise à l'évaporation de la liqueur.
J'ai déjà fait voir que toutes les fois qu'on évaporoit le liquide au
degré de l'ébullition, la figure du vaisseau contribuoit ou nuisoit peu
à la célérité de l'opération, sur-tout quand les parois supérieures
du vaisseau étoient mauvais conducteurs de chaleur, comme le verre.
On place une ou plusieurs de ces fioles sur une seconde grille de fer
FG, _planche III, fig. 2_, qu'on pose sur la partie supérieure d'un
fourneau, & sous laquelle on entretient un feu doux. On peut suivre de
cette manière un grand nombre d'expériences à la fois.

Un autre appareil évaporatoire assez commode & assez expéditif consiste
dans une cornue de verre qu'on met au bain de sable, comme on le voit
_planche III, fig. 1_, & qu'on recouvre avec un dôme de terre cuite:
mais l'opération est toujours beaucoup plus lente, quand on se sert
du bain de sable; elle n'est pas d'ailleurs exempte de dangers, parce
que le sable s'échauffant inégalement, tandis que le verre ne peut pas
se prêter à des degrés de dilatation locale, le vaisseau est souvent
exposé à casser. Il arrive même quelquefois que le sable chaud fait
exactement l'office des anneaux de fer représentés _planche III, fig.
5 & 6_, sur-tout lorsque le vase contient un fluide qui distille. Une
goutte de fluide qui s'éclabousse & qui vient tomber sur les parois du
vaisseau à l'endroit du contact de l'anneau de sable, le fait casser
circulairement en deux parties terminées par une ligne bien tranchée.

Dans les cas où l'évaporation exige une grande intensité de feu,
on se sert de creusets de terre; mais en général on entend le plus
communément par le mot _évaporation_ une opération qui se fait au degré
de l'eau bouillante, ou très-peu au-dessus.


§. IV.

_De la Cristallisation._

La cristallisation est une opération dans laquelle les parties
intégrantes d'un corps séparées les unes des autres par
l'interposition d'un fluide, sont déterminées par la force d'attraction
qu'elles exercent les unes sur les autres, à se rejoindre pour former
des masses solides.

Lorsque les molécules d'un corps sont simplement écartées par le
calorique, & qu'en vertu de cet écartement ce corps est porté à
l'état de liquide, il ne faut, pour le ramener à l'état de solide,
c'est-à-dire pour opérer sa cristallisation, que supprimer une partie
du calorique logé entre ses molécules, autrement dit le refroidir.
Si le refroidissement est lent & si en même tems il y a repos,
les molécules prennent un arrangement régulier, & alors il y a
cristallisation proprement dite: si au contraire le refroidissement est
rapide, ou si en supposant un refroidissement lent on agite le liquide
au moment où il va passer à l'état concret, il y a cristallisation
confuse.

Les mêmes phénomènes ont lieu dans les solutions par l'eau; ou pour
mieux dire, les solutions par l'eau sont toujours mixtes, comme je
l'ai déjà fait voir dans le paragraphe premier de ce chapitre: elles
s'opèrent en partie par l'action de l'eau, en partie par celle du
calorique. Tant qu'il y a suffisamment d'eau & de calorique pour
écarter les molécules du sel, au point qu'elles soient hors de leur
sphère d'attraction, le sel demeure dans l'état fluide. L'eau & le
calorique viennent-ils à manquer, & l'attraction des molécules salines
les unes par rapport aux autres devient-elle victorieuse, le sel
reprend la forme concrète, & la figure des cristaux est d'autant plus
régulière, que l'évaporation a été plus lente & faite dans un lieu plus
tranquille.

Tous les phénomènes qui ont lieu dans la solution des sels se
retrouvent également dans leur cristallisation, mais dans un sens
inverse. Il y a dégagement de calorique au moment où le sel se réunit &
reparoît sous sa forme concrète & solide, & il en résulte une nouvelle
preuve que les sels sont tenus à la fois en dissolution par l'eau & par
le calorique. C'est par cette raison qu'il ne suffit pas pour faire
cristalliser les sels qui se liquéfient aisément par le calorique, de
leur enlever l'eau qui les tenoit en dissolution; il faut encore leur
enlever le calorique, & le sel ne cristallise qu'autant que ces deux
conditions sont remplies. Le salpêtre, le muriate oxygéné de potasse,
l'alun, le sulfate de soude, &c. en fournissent des exemples. Il n'en
est pas de même des sels qui exigent peu de calorique pour être tenus
en dissolution, & qui par cela même sont à peu près également solubles
dans l'eau chaude & dans l'eau froide; il suffit de leur enlever
l'eau qui les tenoit en dissolution pour les faire cristalliser, & ils
reparoissent sous forme concrète dans l'eau bouillante même, comme on
l'observe relativement au sulfate de chaux, aux muriates de soude & de
potasse, & à beaucoup d'autres.

C'est sur ces propriétés des sels & sur leur différence de solubilité
à chaud & à froid, qu'est fondé le raffinage du salpêtre. Ce sel, tel
qu'il est retiré par une première opération, & tel qu'il est livré
par les salpêtriers, est composé de sels déliquescens qui ne sont pas
susceptibles de cristalliser, tels que le nitrate & le muriate de
chaux; de sels qui sont presqu'également solubles à chaud & à froid,
tels que les muriates de potasse & de soude; enfin de salpêtre, qui est
beaucoup plus soluble à chaud qu'à froid.

On commence par verser sur tous ces sels confondus ensemble une
quantité d'eau suffisante pour tenir en dissolution les moins solubles
de tous, & ce sont les muriates de soude & de potasse. Cette quantité
d'eau tient facilement en dissolution tout le salpêtre, tant qu'elle
est chaude; mais il n'en est plus de même lorsqu'elle se refroidit; la
majeure partie du salpêtre cristallise, il n'en reste qu'environ un
sixième tenu en dissolution, & qui se trouve confondu avec le nitrate
calcaire & avec les muriates.

Le salpêtre qu'on obtient ainsi est un peu imprégné de sels étrangers,
parce qu'il a cristallisé dans une eau qui elle-même en étoit chargée;
mais on l'en dépouille complètement par une nouvelle dissolution à
chaud avec très-peu d'eau & par une nouvelle cristallisation.

A l'égard des eaux surnageantes à la cristallisation du salpêtre, &
qui contiennent un mêlange de salpêtre & de différens sels, on les
fait évaporer pour en tirer du salpêtre brut, qu'on purifie ensuite
également par deux nouvelles dissolutions & cristallisations.

Les sels à base terreuse qui sont incristallisables, sont rejettés
s'ils ne contiennent point de nitrates; si au contraire ils en
contiennent, on les étend avec de l'eau, on précipite la terre par le
moyen de la potasse, on laisse déposer, on décante, on fait évaporer &
on met à cristalliser.

Ce qui s'observe dans le raffinage du salpêtre, peut servir de
règle toutes les fois qu'il est question de séparer par voie de
cristallisation plusieurs sels mêlés ensemble. Il faut alors étudier
la nature de chacun, la proportion qui s'en dissout dans des quantités
données d'eau, leur différence de solubilité à chaud & à froid. Si à
ces propriétés principales on joint celle qu'ont quelques sels de se
dissoudre dans l'alkool ou dans un mêlange d'alkool & d'eau, on verra
qu'on a des ressources très multipliées pour opérer la séparation des
sels par voie de cristallisation. Mais il faut convenir en même tems
qu'il est difficile de rendre cette séparation complète & absolue.

Les vaisseaux qu'on emploie pour la cristallisation des sels, sont des
terrines de grès A, _planc. II, figures 1 & 2_, & de grandes capsules
applaties, _planche III, fig. 7_.

Lorsqu'on abandonne une solution saline à une évaporation lente, à
l'air libre & à la chaleur de l'atmosphère, on doit employer des vases
un peu élevés, tels que celui représenté _pl. III, fig. 3_, afin qu'il
y ait une épaisseur un peu considérable de liqueur; on obtient par ce
moyen des cristaux beaucoup plus gros & aussi réguliers qu'on puisse
l'espérer.

Non-seulement tous les sels cristallisent sous différentes formes, mais
encore la cristallisation de chaque sel varie suivant les circonstances
de la cristallisation. Il ne faut pas en conclure que la figure des
molécules salines ait rien d'indéterminé dans chaque espèce: rien n'est
plus constant au contraire que la figure des molécules primitives des
corps, sur-tout à l'égard des sels. Mais les cristaux qui se forment
sous nos yeux, sont des aggrégations de molécules, & ces molécules,
quoique toutes parfaitement égales en figure & en grosseur, peuvent
prendre des arrangemens différens, qui donnent lieu à une grande
variété de figures toutes régulières, & qui paroissent quelquefois
n'avoir aucun rapport, ni entr'elles, ni avec la figure du cristal
originaire. Cet objet a été savamment traité par M. l'Abbé Haüy, dans
plusieurs Mémoires présentés à l'Académie, & dans un Ouvrage sur la
structure des cristaux. Il ne reste plus même qu'à étendre à la classe
des sels ce qu'il a fait plus particulièrement pour quelques pierres
cristallisées.


§. V.

_De la Distillation simple._

La distillation a deux objets bien déterminés: je distinguerai en
conséquence deux espèces de distillation, la distillation simple &
la distillation composée. C'est uniquement de la première dont je
m'occuperai dans cet article.

Lorsqu'on soumet à la distillation deux corps dont l'un est plus
volatil, c'est-à-dire, a plus d'affinité que l'autre avec le calorique,
le but qu'on se propose est de les séparer: le plus volatil prend la
forme de gaz, & on le condense ensuite par refroidissement dans des
appareils propres à remplir cet objet. La distillation n'est alors,
comme l'évaporation, qu'une opération en quelque façon mécanique
qui sépare l'une de l'autre deux substances, sans les décomposer &
sans en altérer la nature. Dans l'évaporation c'étoit le produit
fixe qu'on cherchoit à conserver, sans s'embarrasser de conserver le
produit volatil; dans la distillation au contraire on s'attache le
plus communément à recueillir le produit volatil, à moins qu'on ne se
propose de les conserver tous deux. Ainsi la distillation simple bien
analysée ne doit être considérée que comme une évaporation en vaisseaux
clos.

Le plus simple de tous les appareils distillatoires est une bouteille
A, _planc. III, fig. 8_, dont on courbe, dans la verrerie même, le col
BC en BD. Cette bouteille ou fiole porte alors le nom de cornue; on la
place ou dans un fourneau de réverbère, comme on le voit _planche XIII,
fig. 2_, ou au bain de sable sous une couverture de terre cuite, comme
on le voit _planche III, fig. 1_. Pour recueillir & pour condenser les
produits, on adapte à la cornue un récipient E, _planche III, fig. 9_,
qu'on lute avec elle: quelquefois, sur-tout dans les opérations de
pharmacie, on se sert d'une cucurbite de verre ou de grès A, _planche
III, fig. 12_, surmontée de son chapiteau B, ou bien d'un alambic
de verre auquel tient un chapiteau d'une seule pièce, _figure 13_.
On ménage à ce dernier une tubulure, c'est-à-dire une ouverture T,
qu'on bouche avec un bouchon de cristal usé à l'émeril. On voit que
le chapiteau B de l'alambic a une rigole _rr_, destinée à recevoir la
liqueur qui se condense, & à la conduire au bec _rS_ par lequel elle
s'écoule.

Mais, comme dans presque toutes les distillations il y a une expansion
de vapeurs qui pourroit faire éclater les vaisseaux, on est obligé
de ménager au ballon ou récipient E, _fig. 9_, un petit trou T, par
lequel on donne issue aux vapeurs. D'où l'on voit qu'on perd dans
cette manière de distiller tous les produits qui sont dans un état
constamment aériforme, & ceux même qui, ne perdant pas facilement
cet état, n'ont pas le tems d'être condensés dans l'intérieur du
ballon. Cet appareil ne peut donc être employé que dans les opérations
courantes des laboratoires & dans la pharmacie, mais il est insuffisant
pour toutes les opérations de recherches. Je détaillerai à l'article de
la distillation composée, les moyens qu'on a imaginés pour recueillir
sans perte la totalité des produits.

Les vaisseaux de verre étant très-fragiles & ne résistant pas toujours
aux alternatives brusques du chaud & du froid, on a imaginé de faire
des appareils distillatoires en métal. Ces instrumens sont nécessaires
pour distiller de l'eau, des liqueurs spiritueuses, pour obtenir les
huiles essentielles des végétaux, &c. On ne peut se dispenser dans un
laboratoire bien monté d'avoir un ou deux alambics de cette espèce & de
différente grandeur.

Cet appareil distillatoire consiste dans une cucurbite de cuivre rouge
étamé A, _pl. III, fig. 15 & 16_, dans laquelle s'ajuste, lorsqu'on
le juge à propos, un bain-marie d'étain D, _figure 17_, & sur lequel
on place le chapiteau F. Ce chapiteau peut également s'ajuster sur la
cucurbite de cuivre, sans bain-marie ou avec le bain-marie, suivant la
nature des opérations. Tout l'intérieur du chapiteau doit être en étain.

Il est nécessaire, sur-tout pour la distillation des liqueurs
spiritueuses, que le chapiteau F de l'alambic soit garni d'un
réfrigérent SS, _fig. 16_, dans lequel on entretient toujours de l'eau
fraîche. On la laisse écouler par le moyen du robinet R, quand on
s'apperçoit qu'elle devient trop chaude, & on la renouvelle avec de
la fraîche. Il est aisé de concevoir quel est l'usage de cette eau;
l'objet de la distillation est de convertir en gaz la matière qu'on
veut distiller & qui est contenue dans la cucurbite, & cette conversion
se fait à l'aide du calorique fourni par le feu du fourneau: mais
il n'y auroit pas de distillation, si ce même gaz ne se condensoit
pas dans le chapiteau, s'il n'y perdoit pas la forme de gaz & ne
redevenoit pas liquide. Il est donc nécessaire que la substance que
l'on distille dépose dans le chapiteau tout le calorique qui s'y
étoit combiné dans la cucurbite, & par conséquent que les parois du
chapiteau soient toujours entretenues à une température plus basse
que celle qui peut maintenir la substance à distiller dans l'état de
gaz. L'eau du réfrigérent est destinée à remplir cet office. On sait
que l'eau se convertit en gaz à 80 degrés du thermomètre françois,
l'esprit-de-vin ou alkool à 67, l'éther à 32; on conçoit donc que ces
substances ne distilleroient pas, ou plutôt qu'elles s'échapperoient en
vapeurs aériformes, si la chaleur du réfrigérent n'étoit pas entretenue
au-dessous de ces degrés respectifs.

Dans la distillation des liqueurs spiritueuses & en général des
liqueurs très-expansives, le réfrigérent ne suffit pas pour condenser
toutes les vapeurs qui s'élèvent de la cucurbite: alors au lieu
de recevoir directement la liqueur du bec TU de l'alambic dans un
récipient, on interpose entre deux un serpentin. On donne ce nom à
un instrument représenté _fig. 18_. Il consiste en un tuyau tourné en
spirale, & qui fait un grand nombre de révolutions dans un seau de
cuivre étamé BCDE. On entretient toujours de l'eau dans ce seau, & on
la renouvelle quand elle s'échauffe. Cet instrument est en usage dans
tous les atteliers de fabrication d'eau-de-vie; on n'y emploie pas même
de chapiteau proprement dit ni de réfrigérent, & toute la condensation
s'opère dans le serpentin. Celui représenté dans la _figure 18_, a un
tuyau double dont l'un est spécialement destiné à la distillation des
matières odorantes.

Quelquefois, même dans la distillation simple, on est obligé d'ajouter
une allonge entre la cornue & le récipient, comme on le voit _fig.
11_. Cette disposition peut avoir deux objets; ou de séparer l'un de
l'autre des produits de différens degrés de volatilité, ou d'éloigner
le récipient du fourneau, afin que la matière qui doit y être contenue
éprouve moins de chaleur. Mais ces appareils & plusieurs autres plus
compliqués qui ont été imaginés par les anciens, sont bien éloignés de
répondre aux vues de la Chimie moderne: on en jugera par les détails
dans lesquels j'entrerai à l'article de la distillation composée.


§. VI.

_De la Sublimation._

On donne le nom de sublimation à la distillation des matières qui
se condensent dans un état concret: ainsi on dit la sublimation du
soufre, la sublimation du sel ammoniac ou muriate ammoniacal, &c. Ces
opérations n'exigent pas d'appareils particuliers; cependant on a
coutume d'employer pour la sublimation du soufre, ce qu'on nomme des
aludels. Ce sont des vaisseaux de terre ou de fayance qui s'ajustent
les uns avec les autres, & qui se placent sur une cucurbite qui
contient le soufre.

Un des meilleurs appareils sublimatoires pour les matières qui ne sont
point très-volatiles, est une fiole à médecine qu'on enfonce aux deux
tiers dans un bain de sable; mais alors on perd une partie du produit.
Toutes les fois qu'on veut les conserver tous, il faut se rapprocher
des appareils pneumato-chimiques, dont je vais donner la description
dans le Chapitre suivant.



CHAPITRE VI.

_Des Distillations pneumato-chimiques, des Dissolutions métalliques,
& de quelques autres opérations qui exigent des Appareils
très-compliqués._


§. PREMIER.

_Des Distillations composées, & des Distillations pneumato-chimiques._

Je n'ai présenté dans le §. 5 du Chapitre précédent, la distillation,
que comme une opération simple, dont l'objet est de séparer l'une de
l'autre deux substances de volatilité différente: mais le plus souvent
la distillation fait plus; elle opère une véritable décomposition du
corps qui y est soumis: elle sort alors de la classe des opérations
simples, & elle rentre dans l'ordre de celles qu'on peut regarder comme
des plus compliquées de la chimie. Il est sans doute de l'essence de
toute distillation, que la substance que l'on distille soit réduite à
l'état de gaz dans la cucurbite par sa combinaison avec le calorique;
mais dans la distillation simple ce même calorique se dépose dans le
réfrigérent ou dans le serpentin, & la même substance reprend son état
de liquidité. Il n'en est pas ainsi dans la distillation composée; il
y a dans cette opération décomposition absolue de la substance soumise
à la distillation: une portion telle que le charbon demeure fixe dans
la cornue, tout le reste se réduit en gaz d'un grand nombre d'espèces.
Les uns sont susceptibles de se condenser par le refroidissement, &
de reparoître sous forme concrète & liquide; les autres demeurent
constamment dans l'état aériforme; ceux-ci sont absorbables par l'eau,
ceux-là le sont par les alkalis; enfin quelques-uns ne sont absorbables
par aucune substance. Un appareil distillatoire ordinaire, & tel que
ceux que j'ai décrits dans le chapitre précédent, ne suffiroit pas pour
retenir & pour séparer des produits aussi variés: on est donc obligé
d'avoir recours à des moyens beaucoup plus compliqués.

Je pourrois placer ici un historique des tentatives qui ont été
successivement faites pour retenir les produits aériformes qui se
dégagent des distillations; ce seroit une occasion de citer Hales,
Rouelle, Woulfe & plusieurs autres chimistes célèbres; mais comme je
me suis fait une loi d'être aussi concis qu'il seroit possible, j'ai
pensé qu'il valoit mieux décrire tout d'un coup l'appareil le plus
parfait, plutôt que de fatiguer le lecteur par le détail de tentatives
infructueuses faites dans un tems où l'on n'avoit encore que des idées
très-imparfaites sur la nature des gaz en général. L'appareil dont je
vais donner la description est destiné à la plus compliquée de toutes
les distillations: on pourra le simplifier ensuite suivant la nature
des opérations.

A, _planche IV, figure 1_, représente une cornue de verre tubulée
en H, dont le col B s'ajuste avec un ballon GC à deux pointes. A la
tubulure supérieure D de ce ballon s'ajuste un tube de verre DE_fg_ qui
vient plonger par son extrêmité _g_ dans la liqueur contenue dans la
bouteille L. A la suite de la bouteille L qui est tubulée en _xxx_ sont
trois autres bouteilles L', L'', L''', qui ont de même trois tubulures
ou gouleaux _x', x', x'; x'', x'', x''; x''', x''', x'''_. Chaque
bouteille est liée par un tube de verre _xyz', x'y'z'', x''y''z'''_;
enfin à la dernière tubulure de la bouteille L''' est adapté un tube
_x'''_RM qui aboutit sous une cloche de verre, laquelle est placée
sur la tablette de l'appareil pneumato-chimique. Communément on met
dans la première bouteille un poids bien connu d'eau distillée, & dans
les trois autres de la potasse caustique étendue d'eau: la tarre de
ces bouteilles & le poids de la liqueur alkaline qu'elles contiennent
doivent être déterminés avec un très-grand soin. Tout étant ainsi
disposé, on lute toutes les jointures, savoir celle B de la cornue au
ballon, & celle D de la tubulure supérieure du ballon avec du lut gras
recouvert de toile imbibée de chaux & de blanc d'œuf, & toutes les
autres avec un lut de térébenthine cuite & de cire fondues ensemble.

On voit d'après ces dispositions que lorsqu'on a mis le feu sous
la cornue A, & que la substance qu'elle contient a commencé à se
décomposer, les produits les moins volatils doivent se condenser & se
sublimer dans le col même de la cornue, & que c'est principalement-là
que doivent se rassembler les substances concrètes: que les matières
plus volatiles telles que les huiles légères, l'ammoniaque & beaucoup
d'autres substances, doivent se condenser dans le matras GC; que les
gaz, au contraire, qui ne peuvent être condensés par le froid, doivent
bouillonner à travers les liqueurs contenues dans les bouteilles
LL'L''L'''; que tout ce qui est absorbable par l'eau doit rester dans
la bouteille L; que tout ce qui est susceptible d'être absorbé par
l'alkali doit rester dans les bouteilles L'L''L''', enfin que les gaz
qui ne sont absorbables ni par l'eau, ni par les alkalis, doivent
s'échapper par le tube RM, à la sortie duquel ils peuvent être reçus
dans des cloches de verre. Enfin ce qu'on appeloit autrefois le _caput
mortuum_, le charbon & la terre comme absolument fixes, doivent rester
dans la cornue.

On a toujours dans cette manière d'opérer une preuve matérielle de
l'exactitude du résultat; car le poids des matières en total doit être
le même avant & après l'opération: si donc on a opéré par exemple sur
8 onces de gomme arabique ou d'amidon, le poids du résidu charbonneux
qui restera dans la cornue A après l'opération, plus celui des
produits rassemblés dans son col & dans le matras GC, plus celui du
gaz rassemblé dans la cloche M, plus enfin l'augmentation de poids
acquise par les bouteilles L, L', L'', L'''; tous ces poids, dis-je,
réunis doivent former un total de 8 onces. S'il y a plus ou moins, il
y a erreur, & il faut recommencer l'expérience jusqu'à ce qu'on ait un
résultat dont on soit satisfait, & qui diffère à peine de 6 ou 8 grains
par livre de matière mise en expérience.

J'ai rencontré long-tems dans ce genre d'expériences des difficultés
presqu'insurmontables, & qui m'auroient obligé d'y renoncer, si je ne
fusse parvenu enfin à les lever par un moyen très-simple, & dont M.
Hassenfratz m'a fourni l'idée. Le moindre ralentissement dans le degré
de feu du fourneau, & beaucoup d'autres circonstances inséparables de
ce genre d'expériences occasionnent souvent des réabsorptions de gaz:
l'eau de la cuve rentre rapidement dans la bouteille L''' par le tube
_x_'''RM: la même chose arrive d'une bouteille à l'autre, & souvent
la liqueur remonte jusques dans le ballon C. On prévient ces accidens
en employant des bouteilles à trois tubulures, & en adaptant à l'une
d'elles un tube capillaire S_t_, _s't'_, _s''t''_, _s'''t'''_, dont le
bout doit plonger dans la liqueur des bouteilles. S'il y a absorption
soit dans la cornue, soit dans quelques-unes des bouteilles, il rentre
par ces tubes de l'air extérieur qui remplace le vuide qui s'est formé,
& on en est quitte pour avoir un petit mêlange d'air commun dans les
produits; mais au moins l'expérience n'est pas entièrement manquée. Ces
tubes peuvent bien admettre de l'air extérieur, mais ils ne peuvent en
laisser échapper, parce qu'ils sont toujours bouchés dans leur partie
inférieure _tt't''t'''_ par le fluide des bouteilles.

On conçoit que pendant le cours de l'expérience, la liqueur des
bouteilles doit remonter dans chacun de ces tubes à une hauteur
relative à la pression qu'éprouve l'air ou le gaz contenu dans la
bouteille; or cette pression est déterminée par la hauteur & par le
poids de la colonne de liquide contenu dans toutes les bouteilles
subséquentes. En supposant donc qu'il y ait trois pouces de liqueur
dans chaque bouteille, que la hauteur de l'eau de la cuve soit
également de trois pouces au-dessus de l'orifice du tuyau RM, enfin
que la pesanteur spécifique des liqueurs contenues dans les bouteilles
ne differe pas sensiblement de celle de l'eau; l'air de la bouteille
L sera comprimé par un poids égal à celui d'une colonne d'eau de 12
pouces. L'eau s'élevera donc de 12 pouces dans le tube S_t_, d'où il
résulte qu'il faut donner à ce tube plus de 12 pouces de longueur
au-dessus du niveau du liquide _ab_. Le tube _s't'_ doit par la même
raison avoir plus de 9 pouces, le tube _s"t"_ plus de six, & le tube
_s'''t'''_ plus de trois. On doit au surplus donner à ces tubes plus
que moins de longueur à cause des oscillations qui ont souvent lieu.
On est obligé dans quelques cas d'introduire un semblable tube entre
la cornue & le ballon; mais comme ce tube ne plonge point dans l'eau,
comme il n'est point bouché par un liquide, au moins jusqu'à ce qu'il
en ait passé par le progrès de la distillation, il faut en boucher
l'ouverture supérieure avec un peu de lut, & ne l'ouvrir qu'au
besoin, ou lorsqu'il y a assez de liquide dans le matras C pour fermer
l'extrêmité du tube.

L'appareil dont je viens de donner la description, ne peut pas
être employé dans des expériences exactes, toutes les fois que les
matières qu'on se propose de traiter ont une action trop rapide l'une
sur l'autre, ou lorsque l'une des deux ne doit être introduite que
successivement & par petites parties, comme il arrive dans les mêlanges
qui font une violente effervescence. On se sert alors d'une cornue
tubulée A, _planche VII, fig. 1_. On y introduit l'une des deux
substances, & de préférence celle qui est concrète, puis on adapte &
on lute à la tubulure un tube recourbé BCDA terminé dans sa partie
supérieure B en entonnoir, & par son extrêmité A en un tube capillaire:
c'est par l'entonnoir B de ce tube qu'on verse la liqueur. Il faut
que la hauteur BC soit assez grande pour que la liqueur qu'on doit
introduire puisse faire équilibre avec la résistance occasionnée par
celle contenue dans les bouteilles LL'L''L''', _planche IV, figure 1_.

Ceux qui n'ont pas l'habitude de se servir de l'appareil distillatoire
que je viens de decrire, ne manqueront pas de s'effrayer de la grande
quantité d'ouvertures qu'on est obligé de luter, & du tems qu'exigent
les préliminaires de semblables expériences; & en effet si on fait
entrer en ligne de compte les pesées qu'il est nécessaire de faire
avant l'expérience & de répéter après, les préparatifs sont beaucoup
plus longs que l'expérience elle-même. Mais aussi on est bien dédommagé
de ses peines quand l'expérience réussit, & on acquiert en une seule
fois plus de connoissances sur la nature de la substance animale ou
végétale qu'on a soumise à la distillation, que par plusieurs semaines
du travail le plus assidu.

A défaut de bouteilles triplement tubulées, on se sert de bouteilles
à deux gouleaux: il est même possible de mettre les trois tubes dans
la même ouverture, & de se servir de bouteilles ordinaires à gouleaux
renversés pourvu que l'ouverture soit suffisamment grande. Il faut
avoir soin d'ajuster sur les bouteilles des bouchons qu'on use avec une
lime très-douce, & qu'on fait bouillir dans un mêlange d'huile, de cire
& de térébenthine. On perce à travers ces bouchons avec une lime nommée
queue de rat, voyez _planche I, fig. 16_, autant de trous qu'il
est nécessaire pour le passage des tubes: on voit un de ces bouchons
représenté, _pl. IV, figure 8_.


§. II.

_Des Dissolutions métalliques._

J'ai déja fait sentir lorsque j'ai parlé de la solution des sels dans
l'eau, combien il existoit de différence entre cette opération & la
dissolution métallique. On a vu que la solution des sels n'exigeoit
aucun appareil particulier, & que tout vase y étoit propre. Il n'en
est pas de même de la dissolution des métaux; pour ne rien perdre
dans cette dernière, & pour obtenir des résultats vraiment concluans,
il faut employer des appareils très-compliqués, & dont l'invention
appartient absolument aux chimistes de notre âge.

Les métaux en général se dissolvent avec effervescence dans les acides;
or l'effet auquel on a donné le nom d'effervescence n'est autre chose
qu'un mouvement excité dans la liqueur dissolvante par le dégagement
d'un grand nombre de bulles d'air ou de fluide aériforme qui partent de
la surface du métal, & qui crèvent en sortant de la liqueur dissolvante.

M. Cavendish & M. Priestley sont les premiers qui aient imaginé des
appareils simples pour recueillir ces fluides élastiques. Celui de
M. Priestley consiste en une bouteille A, _pl. VII, figure 2_,
bouchée en B avec un bouchon de liège troué dans son milieu, & qui
laisse passer un tube de verre recourbé en BC, qui s'engage sous des
cloches remplies d'eau, & renversées dans un bassin plein d'eau: on
commence par introduire le métal dans la bouteille A, on verse l'acide
par-dessus, puis on bouche avec le bouchon garni de son tube BC.

Mais cet appareil n'est pas sans inconvénient, du moins pour
des expériences très-exactes. Premièrement lorsque l'acide est
très-concentré, & que le métal est très-divisé, l'effervescence
commence souvent avant qu'on ait eu le tems de boucher la bouteille;
il y a perte de gaz, & on ne peut plus déterminer les quantités avec
exactitude. Secondement dans toutes les opérations où l'on est obligé
de faire chauffer, il y a une partie de l'acide qui se distille & qui
se mêle avec l'eau de la cuve; en sorte qu'on se trompe dans le calcul
des quantités d'acide décomposées. Troisièmement enfin l'eau de la cuve
absorbe tous les gaz susceptibles de se combiner avec l'eau, & il est
impossible de les recueillir sans perte.

Pour remédier à ces inconvéniens, j'avois d'abord imaginé d'adapter
à une bouteille à deux gouleaux A, _planche VII, figure 3_, un
entonnoir de verre BC qu'on y lute de manière à ne laisser aucune
issue à l'air. Dans cet entonnoir entre une tige de cristal DE usée en
D à l'émeri avec l'entonnoir, de manière à le fermer comme le bouchon
d'un flacon.

Lorsqu'on veut opérer, on commence par introduire dans la bouteille A
la matière à dissoudre: on lute l'entonnoir, on le bouche avec la tige
DE, puis on y verse de l'acide qu'on fait passer dans la bouteille en
aussi petite quantité que l'on veut, en soulevant doucement la tige: on
répète successivement cette opération jusqu'à ce qu'on soit arrivé au
point de saturation.

On a employé depuis un autre moyen qui remplit le même objet, & qui
dans certains cas est préférable: j'en ai déjà donné une idée dans le
paragraphe précédent. Il consiste à adapter à l'une des tubulures de la
bouteille A, _pl. VII, fig. 4_, un tube recourbé DEFG terminé en D par
une couverture capillaire, & en G par un entonnoir soudé au tube; on
le lute soigneusement & solidement dans la tubulure C. Lorsqu'on verse
une petite goutte de liqueur dans le tube par l'entonnoir G, elle tombe
dans la partie F; si on en ajoute davantage, elle parvient à dépasser
la courbure E & à s'introduire dans la bouteille A: l'écoulement dure
tant qu'on fournit de nouvelle liqueur par l'entonnoir G. On conçoit
qu'elle ne peut jamais être chassée en dehors du tube EFG, & qu'il ne
peut jamais sortir d'air ou de gaz de la bouteille; parce que le poids
de la liqueur l'en empêche & fait l'effet d'un véritable bouchon.

Pour remédier au second inconvénient, à celui de la distillation
de l'acide, qui s'opère sur-tout dans les dissolutions qui sont
accompagnées de chaleur, on adapte à la cornue A, _planc. VII, fig. 1_,
un petit matras tubulé M qui reçoit la liqueur qui se condense.

Enfin pour séparer les gaz absorbables par l'eau, tel que le gaz acide
carbonique, on ajoute une bouteille L à deux gouleaux dans laquelle on
met de l'alkali pur étendu d'eau: l'alkali absorbe tout le gaz acide
carbonique, & il ne passe plus, communément, sous la cloche par le tube
NO, qu'une ou deux espèces de gaz tout au plus: on a vu dans le premier
chapitre de cette troisième partie comment on parvenoit à les séparer.
Si une bouteille d'alkali ne suffit pas, on en ajoute jusqu'à trois &
quatre.


§. III.

_Des Appareils relatifs aux fermentations vineuse & putride._

La fermentation vineuse & la fermentation putride exigent des
appareils particuliers, & destinés uniquement à ce genre d'expériences.
Je vais décrire celui que j'ai cru devoir définitivement adopter, après
y avoir fait successivement un grand nombre de corrections.

On prend un grand matras A, _planche X_, d'environ 12 pintes de
capacité: on y adapte une virole de cuivre _ab_ solidement mastiquée,
& dans laquelle se visse un tuyau coudé _cd_ garni d'un robinet _e_.
A ce tuyau s'adapte une espèce de récipient de verre à trois pointes
B, au-dessous duquel est placée une bouteille C avec laquelle il
communique. A la suite du récipient B est un tube de verre _ghi_,
mastiqué en _g_ & en _i_ avec des viroles de cuivre: il est destiné à
recevoir un sel concret très-déliquescent, tel que du nitrate ou du
muriate de chaux, de l'acétite de potasse, &c.

Enfin ce tube est suivi de deux bouteilles D, E, remplies jusqu'en _xy_
d'alkali dissous dans l'eau, & bien dépouillé d'acide carbonique.

Toutes les parties de cet appareil sont réunies les unes avec les
autres par le moyen de vis & d'écrous qui se serrent; les points de
contact sont garnis de cuir gras qui empêche tout passage de l'air:
enfin chaque pièce est garnie de deux robinets, de manière qu'on peut
la fermer par ses deux extrêmités, & peser ainsi chacune séparément à
toutes les époques de l'expérience qu'on le juge à propos.

C'est dans le ballon A qu'on met la matière fermentescible, du sucre
par exemple, & de la levure de bière étendue d'une suffisante quantité
d'eau & dont le poids est bien déterminé. Quelquefois lorsque la
fermentation est trop rapide, il se forme une quantité considérable
d'écume qui non-seulement remplit le col du ballon, mais qui passe dans
le récipient B & coule dans la bouteille C. C'est pour recueillir cette
mousse & empêcher qu'elle ne passe dans le tube déliquescent, qu'on a
donné une capacité considérable au récipient B & à la bouteille C.

Il ne se dégage dans la fermentation du sucre, c'est-à-dire dans la
fermentation vineuse, que de l'acide carbonique qui emporte avec lui
un peu d'eau qu'il tient en dissolution. Il en dépose une grande
partie en passant par le tube _ghi_ qui contient un sel déliquescent
en poudre grossière, & on en connoît la quantité par l'augmentation de
poids acquise par le sel. Ce même acide carbonique bouillonne ensuite
à travers la liqueur alkaline de la bouteille D, dans laquelle il est
conduit par le tube _klm_. La petite portion qui n'a point été absorbée
par l'alkali contenu dans cette première bouteille, n'échappe point
à la seconde E, & ordinairement il ne passe absolument rien sous la
cloche F, si ce n'est l'air commun qui étoit contenu au commencement de
l'expérience dans le vuide des vaisseaux.

Le même appareil peut servir pour les fermentations putrides; mais
alors il passe une quantité considérable de gaz hydrogène par le tube
_qrstu_, lequel est reçu dans la cloche F; & comme le dégagement
est rapide, sur-tout en été, il faut la changer fréquemment. Ces
fermentations exigent en conséquence une surveillance continuelle,
tandis que la fermentation vineuse n'en exige aucune.

On voit qu'au moyen de cet appareil on peut connoître avec une grande
précision le poids des matériaux mis à fermenter, & celui de tous les
produits liquides ou aériformes qui s'en sont dégagés. On peut voir les
détails dans lesquels je suis entré sur le résultat de la fermentation
vineuse, dans le Chapitre XIII de la première partie de cet Ouvrage,
page 139.


§. IV.

_Appareil particulier pour la décomposition de l'eau._

J'ai déjà exposé, dans la première Partie de cet Ouvrage, Chapitre
VIII, page 87, les expériences relatives à la décomposition de l'eau;
j'éviterai donc des répétitions inutiles, & je me bornerai à des
observations très-sommaires. Les matières qui ont la propriété de
décomposer l'eau, sont principalement le fer & le charbon; mais il
faut pour cela qu'ils soient portés à une chaleur rouge: sans cette
condition l'eau se réduit simplement en vapeurs, & elle se condense
ensuite par le refroidissement, sans avoir éprouvé la moindre
altération: à une chaleur rouge au contraire, le fer & le charbon
enlèvent l'oxygène à l'hydrogène; dans le premier cas il se forme
de l'oxide noir de fer, & l'hydrogène se dégage libre & pur sous la
forme de gaz; dans le second il se forme du gaz acide carbonique qui
se dégage mêlé avec le gaz hydrogène, & ce dernier est communément
carbonisé.

On se sert avec avantage, pour décomposer l'eau par le fer, d'un canon
de fusil dont on ôte la culasse. On trouve aisément de ces sortes
de canons chez les marchands de féraille. On doit choisir les plus
longs & les plus forts: lorsqu'ils sont trop courts & qu'on craint
que les luts ne s'échauffent trop, on y fait souder en soudure forte
un bout de tuyau de cuivre. On place ce tuyau de fer dans un fourneau
allongé CDEF, _planche VII, fig. 11_, en lui donnant une inclinaison
de quelques degrés de E en F: cette inclinaison doit être un peu
plus grande qu'elle n'est présentée dans la _fig. 11_. On adapte à
la partie supérieure E de ce tuyau, une cornue de verre qui contient
de l'eau & qui est placée sur un fourneau VVXX. On le lute par son
extrêmité inférieure F avec un serpentin SS', qui s'adapte lui-même
avec un flacon tubulé H, où se rassemble l'eau qui a échappé à la
décomposition. Enfin le gaz qui se dégage est porté à la cuve où il
est reçu sous des cloches par le tube KK adapté à la tubulure K du
flacon H. Au lieu de la cornue A, on peut employer un entonnoir fermé
d'un robinet par le bas, & par lequel on laisse couler l'eau goutte à
goutte. Si-tôt que cette eau est parvenue à la partie où le tube est
échauffé, elle se vaporise, & l'expérience a lieu de la même manière
que si elle étoit fournie en vapeurs par le moyen de la cornue A.

Dans l'expérience que nous avons faite, M. Meusnier & moi, en présence
des Commissaires de l'Académie, nous n'avions rien négligé pour obtenir
la plus grande précision possible dans les résultats; nous avions même
porté le scrupule jusqu'à faire le vuide dans les vaisseaux avant de
commencer l'expérience, afin que le gaz hydrogène que nous obtiendrions
fût exempt de mêlange de gaz azote. Nous rendrons compte à l'Académie,
dans un très-grand détail, des résultats que nous avons obtenus.

Dans un grand nombre de recherches on est obligé de substituer au
canon de fusil des tubes de verre, de porcelaine ou de cuivre. Mais
les premiers ont l'inconvénient d'être faciles à fondre: pour peu
que l'expérience ne soit pas bien ménagée, le tube s'applatit & se
déforme. Les tubes de porcelaine sont la plupart percés d'une infinité
de petits trous imperceptibles par lesquels le gaz s'échappe, surtout
s'il est comprimé par une colonne d'eau. C'est ce qui m'a déterminé à
me procurer un tube de cuivre rouge, que M. de la Briche a bien voulu
faire couler plein & faire forer sous ses yeux à Strasbourg. Ce tube
est très-commode pour opérer la décomposition de l'alkool: on sait
en effet qu'exposé à une chaleur rouge, il se résout en carbone, en
gaz acide carbonique & en gaz hydrogène. Ce même tube peut également
servir à la décomposition de l'eau par le carbone, & à un grand nombre
d'expériences.


§. V.

_De la préparation & de l'emploi des Luts._

Si dans un tems où l'on perdoit une grande partie des produits de la
distillation, où l'on ne tenoit aucun compte de tout ce qui se séparoit
sous forme de gaz, en un mot où l'on ne faisoit aucune expérience
exacte & rigoureuse, on sentoit déjà la nécessité de bien luter les
jointures des appareils distillatoires; combien cette opération
manuelle & mécanique n'est-elle pas devenue plus importante, depuis
qu'on ne se permet plus de rien perdre dans les distillations & dans
les dissolutions, depuis qu'on exige qu'un grand nombre de vaisseaux
réunis ensemble se comportent comme s'ils n'étoient que d'une seule
pièce, & comme s'ils étoient hermétiquement fermés; enfin depuis qu'on
n'est plus satisfait des expériences, qu'autant que la somme du poids
des produits obtenus est égale à celui des matériaux mis en expérience.

La première condition qu'on exige de tout lut destiné à fermer les
jointures des vaisseaux, est d'être aussi imperméable que le verre
lui-même, de manière qu'aucune matière, si subtile qu'elle soit, à
l'exception du calorique, ne puisse le pénétrer. Une livre de cire
fondue avec une once & demie ou deux onces de térébenthine, remplissent
très-bien ce premier objet; il en résulte un lut facile à manier,
qui s'attache fortement au verre & qui ne se laisse pas facilement
pénétrer: on peut lui donner plus de consistance & le rendre plus ou
moins dur, plus ou moins sec, plus ou moins souple, en y ajoutant
différentes résines. Cette classe de luts a l'avantage de pouvoir
se ramollir par la chaleur, ce qui les rend commodes pour fermer
promptement les jointures des vaisseaux: mais, quelque parfaits qu'ils
soient pour contenir les gaz & les vapeurs, il s'en faut bien qu'ils
puissent être d'un usage général. Dans presque toutes les opérations
chimiques, les luts sont exposés à une chaleur considérable & souvent
supérieure au degré de l'eau bouillante: or à ce degré les résines
se ramollissent, elles deviennent presque liquides, & les vapeurs
expansives contenues dans les vaisseaux se font bientôt jour &
bouillonnent à travers.

On a donc été obligé d'avoir recours à des matières plus propres à
résister à la chaleur, & voici le lut auquel les Chimistes se sont
arrêtés après beaucoup de tentatives; non pas qu'il n'ait quelques
inconvéniens, comme je le dirai bientôt, mais parce qu'à tout prendre
c'est encore celui qui réunit le plus d'avantages. Je vais donner
quelques détails sur sa préparation & sur-tout sur son emploi: une
longue expérience en ce genre m'a mis en état d'applanir aux autres un
grand nombre de difficultés.

L'espèce de lut dont je parle dans ce moment, est connue des Chimistes
sous le nom de lut gras. Pour le préparer on prend de l'argile non
cuite, pure & très-sèche; on la réduit en poudre fine, & on la passe au
tamis de soie. On la met ensuite dans un mortier de fonte, & on la bat
pendant plusieurs heures à coups redoublés avec un lourd pilon de fer,
en l'arrosant peu à peu avec de l'huile de lin cuite, c'est-à-dire,
avec de l'huile de lin qu'on a oxygénée & rendue siccative par
l'addition d'un peu de litharge. Ce lut est encore meilleur & plus
tenace, il s'attache mieux au verre quand, au lieu d'huile grasse
ordinaire, on emploie du vernis gras au succin. Ce vernis n'est autre
chose qu'une dissolution de succin ou ambre jaune dans de l'huile de
lin; mais cette dissolution n'a lieu qu'autant que le succin a été
préalablement fondu seul: il perd dans cette opération préalable un
peu d'acide succinique & un peu d'huile. Le lut fait avec le vernis
gras est, comme je l'ai dit, un peu préférable à celui fait avec de
l'huile de lin seul; mais il est beaucoup plus cher, & l'excédent de
qualité qu'on acquiert n'est pas en proportion de l'excédent du prix:
aussi est-il rarement employé.

Le lut gras résiste très-bien à un degré de chaleur même assez violent:
il est imperméable aux acides & aux liqueurs spiritueuses; il prend
bien sur les métaux, sur le grès, sur la porcelaine & sur le verre,
mais pourvu qu'ils ayent été préalablement bien séchés. Si par malheur
dans le cours d'une opération la liqueur en distillation s'est fait
jour & qu'il ait pénétré quelque peu d'humidité, soit entre le verre
& le lut, soit entre différentes couches même du lut, il est d'une
extrême difficulté de reboucher les ouvertures qui se sont formées; &
c'est un des principaux inconvéniens, peut-être le seul, que présente
l'usage du lut gras.

La chaleur ramollit ce lut, & même au point de le faire couler; il
a besoin en conséquence d'être contenu. Le meilleur moyen est de le
recouvrir avec des bandes de vessie, qu'on mouille & qu'on tortille
tout autour. On fait ensuite une ligature avec de gros fil au dessus
& au-dessous du lut, puis on passe par-dessus le lut même & par
conséquent par-dessus la vessie qui le recouvre, un grand nombre de
tours de fil: un lut arrangé avec ces précautions, est à l'abri de tout
accident.

Très-souvent la figure des jointures des vaisseaux ne permet pas d'y
faire une ligature, & c'est ce qui arrive au col des bouteilles à
trois gouleaux: il faut d'ailleurs beaucoup d'adresse pour serrer
suffisamment le fil sans ébranler l'appareil, & dans les expériences où
les luts sont très-multipliés, on en dérangeroit souvent plusieurs pour
en arranger un seul. Alors on substitue à la vessie & à la ligature des
bandes de toile imbibées de blanc d'œuf dans lequel on a délayé de la
chaux. On applique sur le lut gras les bandes de toile encore humides;
en peu de tems elles se sèchent & acquièrent une assez grande dureté.
On peut appliquer ces mêmes bandes sur les luts de cire & de résine. De
la colle forte délayée dans de l'eau, peut suppléer au blanc d'œuf.

La première attention qu'on doit avoir avant d'appliquer un lut
quelconque sur les jointures des vaisseaux, est de les asseoir & de les
assujétir solidement, de manière qu'ils ne puissent se prêter à aucun
mouvement. Si c'est le col d'une cornue qu'on veut luter à celui d'un
récipient, il faut qu'il y entre à peu près juste; s'il y a un peu de
jeu, il faut assujétir les deux vaisseaux en introduisant entre leurs
cols de petits morceaux fort courts d'alumettes ou de bouchon. Si la
disproportion des deux cols est trop grande, on choisit un bouchon qui
entre juste dans le col du matras ou récipient; on fait au milieu de ce
bouchon un trou rond de la grosseur nécessaire pour recevoir le col de
la cornue.

La même précaution est nécessaire à l'égard des tubes recourbés, qui
doivent être lutés à des gouleaux de bouteille, comme dans la _planche
IV, fig. 1_. On commence par choisir un bouchon qui entre juste dans
le gouleau; puis on le perce d'un trou avec une lime d'une espèce
nommée _queue de rat_. _Voyez_ une de ces limes représentée _planc. I,
fig. 16_. Quand un même gouleau est destiné à recevoir deux tubes,
ce qui arrive très-souvent, sur-tout à défaut de bouteilles à deux &
à trois gouleaux, on perce le bouchon de deux & de trois trous, pour
qu'il puisse recevoir deux ou trois tubes. On voit un de ces bouchons
représenté _pl. IV, fig. 8_.

Ce n'est que lorsque l'appareil est ainsi solidement assujetti & de
manière à ce qu'aucune partie n'en puisse jouer, qu'on doit commencer
à luter. On ramollit d'abord à cet effet le lut, en le pêtrissant;
quelquefois même, sur-tout en hiver, on est obligé de le faire
légèrement chauffer: on le roule ensuite entre les doigts, pour le
réduire en petits cylindres qu'on applique sur les vases qu'on veut
luter, en ayant soin de les appuyer & de les applatir sur le verre,
afin qu'ils y contractent de l'adhérence. A un premier petit cylindre
on en ajoute un second, qu'on applatit également, mais de manière que
son bord empiète sur le précédent, & ainsi de suite. Quelque simple
que soit cette opération, il n'est pas donné à tout le monde de la
bien faire, & il n'est pas rare de voir les personnes peu au fait,
recommencer un grand nombre de fois des luts sans succès, tandis que
d'autres y réussissent avec certitude & dès la première fois. Le lut
fait, on le recouvre, comme je l'ai dit, avec de la vessie bien ficelée
& bien serrée, ou avec des bandes de toile imbibées de blanc d'œuf &
de chaux. Je répéterai encore qu'il faut bien prendre garde, en faisant
un lut & sur-tout en le ficelant, d'ébranler tous les autres; autrement
on détruiroit son propre ouvrage, & on ne parviendroit jamais à clôre
les vaisseaux.

On ne doit jamais commencer une expérience, sans avoir essayé
préalablement les luts. Il suffit pour cela, ou de chauffer
très-légèrement la cornue A, _planc. IV, fig. 1_, ou de souffler
de l'air par quelques-uns des tubes _ss's''s'''_; le changement de
pression qui en résulte, doit changer le niveau de la liqueur dans tous
les tubes; mais si l'appareil perd air de quelque part, la liqueur se
remet bientôt à son niveau; elle reste au contraire constamment, soit
au-dessus, soit au-dessous, si l'appareil est bien fermé.

On ne doit pas oublier que c'est de la manière de luter, de la
patience, de l'exactitude qu'on y apporte, que dépendent tous les
succès de la Chimie moderne: il n'est donc point d'opération qui
demande plus de soins & d'attention.

Ce seroit un grand service à rendre aux Chimistes & sur-tout aux
Chimistes pneumatiques, que de les mettre en état de se passer de
luts, ou du moins d'en diminuer considérablement le nombre. J'avois
d'abord pensé à faire construire des appareils dont toutes les parties
fussent bouchées à frottement, comme les flacons bouchés en cristal;
mais l'exécution m'a présenté d'assez grandes difficultés. Il m'a
paru préférable de suppléer aux luts par le moyen de colonnes de
mercure, de quelques lignes de hauteur. Je viens de faire exécuter
dans cette vue un appareil dont je vais donner la description, & dont
l'usage me paroît pouvoir être utile & commode dans un grand nombre de
circonstances.

Il consiste dans une bouteille A, _planche XII, fig. 12_, à double
gouleau; l'un intérieur _bc_, communique avec le dedans de la
bouteille; l'autre extérieur _de_, qui laisse un intervalle entre lui
& le précédent, & qui forme tout autour une profonde rigole _db_,
_ce_, destinée à recevoir du mercure. C'est dans cette rigole qu'entre
& s'ajuste le couvercle de verre B. Il a par le bas des échancrures
pour le passage des tubes de verre destinés au dégagement des gaz. Ces
tubes, au lieu de plonger directement dans la bouteille A, comme dans
les appareils ordinaires, se contournent auparavant, comme on le voit
_fig. 13_, pour s'enfoncer dans la rigole, & pour passer par-dessous
les échancrures du couvercle B: ils remontent ensuite pour entrer dans
la bouteille, en passant par-dessus les bords du gouleau intérieur.

Il est aisé de voir que, lorsque les tubes ont été mis en place, que le
couvercle B a été solidement assujetti, & que la rigole _db_, _ce_ a
été remplie de mercure, la bouteille se trouve fermée & ne communique
plus à l'extérieur que par les tubes.

Un appareil de cette espèce sera très-commode dans un grand nombre
d'expériences; mais on ne pourra le mettre en usage que dans la
distillation des matières qui n'ont point d'action sur le mercure.

M. Séguin, dont les secours actifs & intelligens m'ont été si souvent
utiles, a même déjà commandé dans les verreries des cornues jointes
hermétiquement à des récipiens; en sorte qu'il seroit possible de
parvenir à n'avoir plus aucun lut. On voit, _planche XII, fig. 14_,
un appareil monté d'après les principes que je viens d'exposer.



CHAPITRE VII.

_Des Opérations relatives à la combustion proprement dite & à la
détonation._


La combustion n'est autre chose, d'après ce qui a été exposé dans la
première Partie de cet Ouvrage, que la décomposition du gaz oxygène
opérée par un corps combustible. L'oxygène qui forme la base de ce gaz
est absorbé, le calorique & la lumière deviennent libres & se dégagent.
Toute combustion entraîne donc avec elle l'idée d'oxygénation, tandis
qu'au contraire l'oxygénation n'entraîne pas essentiellement l'idée
de combustion, puisque la combustion proprement dite ne peut avoir
lieu sans un dégagement de lumière & de calorique. Il faut, pour que
la combustion s'opère, que la base du gaz oxygène ait plus d'affinité
avec le corps combustible, qu'elle n'en a avec le calorique: or cette
attraction élective, pour me servir de l'expression de Bergman, n'a
lieu qu'à un certain degré de température, qui même est différent pour
chaque substance combustible; de-là la nécessité de donner le premier
mouvement à la combustion par l'approche d'un corps chaud. Cette
nécessité d'échauffer le corps qu'on se propose de brûler, tient à des
considérations qui n'ont encore fixé l'attention d'aucun Physicien, &
auxquels je demande la permission de m'arrêter quelques instans; on
verra qu'elles ne s'éloignent pas de mon sujet.

L'état actuel où nous voyons la nature est un état d'équilibre auquel
elle n'a pu arriver qu'après que toutes les combustions spontanées
possibles au degré de chaleur dans lequel nous vivons, toutes les
oxygénations possibles ont eu lieu. Il ne peut donc y avoir de
nouvelles combustions ou oxygénations, qu'autant qu'on sort de cet
état d'équilibre & qu'on transporte les substances combustibles dans
une température plus élevée. Eclaircissons par un exemple ce que
cet énoncé peut présenter d'abstrait. Supposons que la température
habituelle de la terre changeât d'une très-petite quantité, & qu'elle
devînt seulement égale à celle de l'eau bouillante: il est évident que
le phosphore étant combustible beaucoup au-dessous de ce degré, cette
substance n'existeroit plus dans la nature dans son état de pureté
& de simplicité, elle se présenteroit toujours dans l'état d'acide,
c'est-à-dire oxygénée, & son radical seroit au nombre des substances
inconnues. Il en seroit successivement de même de tous les corps
combustibles, si la température de la terre devenoit de plus en plus
élevée; & on arriveroit enfin à un point où toutes les combustions
possibles seroient épuisées, où il ne pourroit plus exister de corps
combustibles, où tous seroient oxygénés & par conséquent incombustibles.

Revenons donc à dire qu'il ne peut y avoir pour nous de corps
combustibles, que ceux qui sont incombustibles au degré de température
dans lequel nous vivons; ou ce qui veut dire la même chose en d'autres
termes, qu'il est de l'essence de tout corps combustible de ne pouvoir
jouir de la propriété combustible, qu'autant qu'on l'échauffe & qu'on
le transporte au degré de chaleur où s'opère sa combustion. Ce degré
une fois atteint la combustion commence, & le calorique qui se dégage
par l'effet de la décomposition du gaz oxygène, entretient le degré de
température nécessaire pour la continuer. Lorsqu'il en est autrement,
c'est-à-dire, lorsque le calorique fourni par la décomposition du gaz
oxygène n'est pas suffisant pour que le degré de chaleur nécessaire à
la combustion se continue, elle cesse: c'est ce qu'on exprime lorsqu'on
dit que le corps brûle mal, qu'il est difficilement combustible.

Quoique la combustion ait quelque chose de commun avec la distillation,
sur-tout avec la distillation composée, elle en diffère cependant en
un point essentiel. Il y a bien dans la distillation séparation d'une
partie des principes du corps que l'on y soumet, & combinaison de ces
mêmes principes dans un autre ordre, déterminé par les affinités qui
ont lieu à la température à laquelle s'est opérée la distillation; mais
il y a plus dans la combustion, il y a addition d'un nouveau principe,
l'oxygène, & dissipation d'un autre principe, le calorique.

C'est cette nécessité d'employer l'oxygène dans l'état de gaz & d'en
déterminer rigoureusement les quantités, qui rend si embarrassantes les
expériences relatives à la combustion. Une autre difficulté inséparable
de ces opérations, tient à ce que les produits qu'elles fournissent se
dégagent presque toujours dans l'état de gaz: si donc il est difficile
de retenir & de rassembler les produits de la distillation, il l'est
bien davantage de recueillir ceux de la combustion; aussi aucun des
anciens Chimistes n'en a-t-il eu la prétention, & ce genre d'expérience
appartient-il absolument à la Chimie moderne.

Après avoir rappelé d'une manière générale le but qu'on doit se
proposer dans les différentes expériences relatives à la combustion,
je passe à la description des différens appareils que j'ai imaginés
dans cette vue. Je n'adopterai dans les articles qui composeront ce
Chapitre, aucune division relative à la nature des combustibles; je
les classerai relativement à la nature des appareils qui conviennent à
leur combustion.


§. I.

_De la Combustion du Phosphore & du Charbon._

J'ai déjà décrit, page 57 de cet Ouvrage, les appareils que j'ai
employés pour la combustion du charbon & du phosphore. Cependant,
comme j'avois alors plutôt en vue de donner une idée du résultat de
ces combustions, que d'enseigner le détail des procédés nécessaires
pour les obtenir, je ne me suis peut-être pas assez étendu sur la
manipulation relative à ce genre d'expériences.

On commence, pour opérer la combustion du phosphore ou du charbon,
par remplir de gaz oxygène dans l'appareil pneumato-chimique à l'eau,
_pl. V, fig. 1_, une cloche de six pintes au moins de capacité.
Lorsqu'elle est pleine à rase & que le gaz commence à dégorger
par-dessous, on transporte cette cloche A sur l'appareil au mercure,
_planche IV, fig. 3_, à l'aide d'un vaisseau de verre ou de fayance
très-plat, qu'on passe par-dessous. Cette opération faite, on sèche
bien avec du papier gris la surface du mercure, tant dans l'intérieur
qu'à l'extérieur de la cloche. Cette opération demande quelques
précautions: si on n'avoit pas l'attention de plonger le papier gris
pendant quelque tems entièrement sous le mercure avant de l'introduire
sous la cloche, on y feroit passer de l'air commun qui s'attache avec
beaucoup de ténacité au papier.

On a d'un autre côté une petite capsule D, de fer ou de porcelaine
plate & évasée, sur laquelle on place le corps qu'on veut brûler, après
en avoir très-exactement déterminé le poids à la balance d'essai; on
recouvre ensuite cette capsule d'une autre un peu plus grande P, qui
fait à son égard l'office de la cloche du plongeur, & on fait passer le
tout à travers le mercure: après quoi on retire à travers le mercure
la capsule P qui ne servoit en quelque façon que de couvercle. On
peut éviter l'embarras & la difficulté de faire passer les matières à
travers le mercure, en soulevant un des côtés de la cloche pendant un
instant presqu'indivisible, & en introduisant ainsi, par le passage
qu'on s'est ménagé, la capsule avec le corps combustible. Il se mêle
dans cette seconde manière d'opérer un peu d'air commun avec le gaz
oxygène; mais ce mêlange qui est peu considérable, ne nuit ni au
succès, ni à l'exactitude de l'expérience.

Lorsque la capsule D, _planche IV, fig. 3_, est introduite sous
la cloche, on suce une partie du gaz oxygène qu'elle contient pour
élever le mercure jusqu'en EF. Sans cette précaution, dès que le corps
combustible seroit allumé, la chaleur dilateroit l'air; elle en feroit
passer une portion par-dessous la cloche, & on ne pourroit plus faire
aucun calcul exact sur les quantités. On se sert, pour sucer l'air,
d'un siphon GHI, qu'on passe par-dessous la cloche; & pour qu'il ne
s'emplisse pas de mercure, on tortille à son extrêmité I un petit
morceau de papier.

Il y a un art pour élever ainsi en suçant une colonne de mercure à
une hauteur de plusieurs pouces au-dessous de son niveau: si on se
contentoit d'aspirer l'air avec le poumon, on n'atteindroit qu'à une
très-médiocre élévation, par exemple, d'un pouce ou d'un pouce & demi
tout au plus; encore n'y parviendroit-on qu'avec de grands efforts;
tandis que par l'action des muscles de la bouche on peut élever sans se
fatiguer, ou au moins sans risquer de s'incommoder, le mercure jusqu'à
six à sept pouces. Un moyen plus commode encore est de se servir d'une
petite pompe que l'on adapte au siphon GHI: on élève alors le mercure
à telle hauteur qu'on le juge à propos, pourvu qu'elle n'excède pas 28
pouces.

Si le corps combustible est fort inflammable, comme le phosphore, on
l'allume avec un fer recourbé MN, _planche IV, fig. 16_, qu'on fait
rougir au feu, & qu'on passe brusquement sous la cloche: dès qu'il est
en contact avec le phosphore, ce dernier s'allume. Pour les corps moins
combustibles, tels que le fer, quelques autres métaux, le charbon,
&c. on se sert d'un petit fragment d'amadoue sur lequel on place un
atôme de phosphore: on allume également ce dernier avec un fer rouge
recourbé; l'inflammation se communique à l'amadoue, puis au corps
combustible.

Dans le premier instant de la combustion, l'air se dilate & le mercure
descend; mais lorsqu'il n'y a point de fluide élastique formé, comme
dans la combustion du fer & du phosphore, l'absorption devient bientôt
sensible, & le mercure remonte très-haut dans la cloche. Il faut en
conséquence avoir attention de ne point brûler une trop grande quantité
du corps combustible dans une quantité donnée d'air; autrement la
capsule, vers la fin de la combustion, s'approcheroit trop du dôme de
la cloche, & la grande chaleur pourroit en occasionner la fracture.

J'ai indiqué, Chapitre II, §. V & VI, les opérations relatives à
la mesure du volume des gaz, les corrections qu'il faut faire à
ce volume, relativement à la hauteur du baromètre & au degré du
thermomètre; je n'ajouterai rien de plus à cet égard, l'exemple
sur-tout que j'ai cité, page 381, étant précisément tiré de la
combustion du phosphore.

Le procédé que je viens de décrire peut être employé avec succès
pour la combustion de toutes les substances concrètes, & même pour
celle des huiles fixes. On brûle ces dernières dans des lampes, & on
les allume avec assez de facilité sous la cloche, par le moyen du
phosphore, de l'amadoue & d'un fer chaud; mais ce moyen n'est pas sans
dangers pour les substances qui sont susceptibles de se vaporiser à un
degré de chaleur médiocre, telles que l'éther, l'esprit-de-vin, les
huiles essentielles. Ces substances volatiles se dissolvent en assez
grande quantité dans le gaz oxygène; quand on allume, il se fait une
détonation subite qui enlève la cloche à une grande hauteur & qui la
brise en éclats. J'ai éprouvé deux de ces détonations, dont des membres
de l'Académie ont pensé, ainsi que moi, être les victimes. Cette
manière d'opérer a d'ailleurs un grand inconvénient: elle suffit bien
pour déterminer avec quelque exactitude la quantité de gaz oxygène
absorbé, & celle d'acide carbonique qui s'est formé; mais ces produits
ne sont pas les seuls qui résultent de la combustion: il se forme
de l'eau toutes les fois qu'on opère sur des matières végétales ou
animales, parce qu'elles contiennent toutes de l'hydrogène en excès;
or l'appareil que je viens de décrire, ne permet ni de la rassembler,
ni d'en déterminer la quantité. Enfin, même pour l'acide phosphorique,
l'expérience est incomplète, puisqu'il n'est pas possible de démontrer
dans cette manière d'opérer, que le poids de l'acide est égal à la
somme du poids du phosphore & de celui du gaz oxygène absorbé. Je me
suis donc trouvé obligé de varier, suivant les cas, les appareils
relatifs à la combustion, & d'en employer plusieurs de différentes
espèces, dont je vais donner successivement une idée: je commence par
celui destiné à la combustion du phosphore.

On prend un grand ballon de verre blanc ou de cristal A, _pl. IV,
fig. 4_, dont l'ouverture EF doit avoir deux pouces & demi à trois
pouces de diamètre. Cette ouverture se recouvre avec une plaque de
cuivre jaune ou laiton usée à l'émeri, & qui est percée de deux trous
pour le passage des tuyaux _xxx_, _yyy_.

Avant de fermer le ballon avec sa plaque, on introduit dans son
intérieur un support BC surmonté d'une capsule D de porcelaine, sur
laquelle on place le phosphore. On lute ensuite la plaque de cuivre
au ballon en EF avec du lut gras qu'on recouvre avec des bandes de
linge imbibées de blanc d'œuf & saupoudrées de chaux. On laisse
sécher pendant plusieurs jours, puis on pèse le tout avec une bonne
balance. Ces préparatifs achevés, on adapte une pompe pneumatique au
tuyau _xxx_, & on fait le vuide dans le ballon; après quoi on introduit
du gaz oxygène par le tuyau _yyy_, au moyen du gazomètre représenté
_planche VIII, figure 1_, & dont j'ai donné la description, Chapitre
II, §. II. On allume ensuite le phosphore avec un verre ardent, & on le
laisse brûler jusqu'à ce que le nuage d'acide phosphorique concret qui
se forme arrête la combustion. Alors on délute & on pèse le ballon. Le
poids, déduction faite de la tarre, donne celui de l'acide phosphorique
qu'il contient. Il est bon, pour plus d'exactitude, d'examiner l'air
ou le gaz contenu dans le ballon après la combustion, parce qu'il peut
être plus ou moins pesant que l'air ordinaire, & qu'il faut tenir
compte dans les calculs relatifs à l'expérience, de cette différence de
pesanteur.

Les mêmes motifs qui m'ont engagé à construire un appareil particulier
pour la combustion du phosphore, m'ont déterminé de prendre le même
parti à l'égard du charbon. Cet appareil consiste en un petit fourneau
conique fait en cuivre battu, représenté en perspective, _plan. XII,
figure 9_, & vu intérieurement, _figure 11_. On y distingue le
fourneau proprement dit ABC, où doit se faire la combustion du charbon,
la grille _de_ & le cendrier F. Au milieu du fourneau est un tuyau GH,
par lequel on introduit le charbon & qui sert en même tems de cheminée
pour évacuer l'air qui a servi à la combustion.

C'est par le tuyau _lmn_ qui communique avec le gazomètre, qu'est amené
l'air qui est destiné à entretenir la combustion; cet air se répand
dans la capacité du cendrier F, & la pression qui lui est communiquée
par le gazomètre, l'oblige à passer par la grille _de_, & à souffler
les charbons qui sont posés immédiatement dessus.

Le gaz oxygène qui entre pour les 28/100 dans la composition de l'air
de l'atmosphère, se convertit, comme l'on sait, en gaz acide carbonique
dans la combustion du charbon. Le gaz azote au contraire ne change
point d'état; il doit donc rester, après la combustion, un mêlange de
gaz azote & de gaz acide carbonique. Pour donner issue à ce mêlange, on
a adapté à la cheminée GH un tuyau _op_ qui s'y visse en G, de manière
à ne laisser échapper aucune portion d'air. Le mêlange des deux gaz est
conduit par ce tuyau à des bouteilles remplies de potasse en liqueur &
bien dépouillée d'acide carbonique, à travers laquelle il bouillonne.
Le gaz acide carbonique est absorbé par la potasse, & il ne reste que
du gaz azote qu'on reçoit dans un second gazomètre pour en déterminer
la quantité.

Une des difficultés que présente l'usage de cet appareil, est d'allumer
le charbon & de commencer la combustion: voici le moyen d'y parvenir.
Avant d'emplir de charbon le fourneau ABC, on en détermine le poids
avec une bonne balance & de manière à être sûr de ne point commettre
une erreur de plus d'un ou deux grains; on introduit ensuite dans la
cheminée GH le tuyau RS, _figure 10_, dont le poids doit également
avoir été bien déterminé. Ce tuyau est creux & ouvert par les deux
bouts: son extrémité S doit descendre jusqu'au fond du fourneau;
elle doit porter sur la grille _de_ & l'occuper toute entière. Ce
n'est qu'après que le tuyau RS a été ainsi placé, qu'on introduit le
charbon dans le fourneau. On le pèse alors de nouveau, pour connoître
la quantité de charbon qui y a été introduite. Ces opérations
préliminaires achevées, on met en place le fourneau, on visse le
tuyau _lmn_, _figure 9_, avec celui qui communique avec le gazomètre;
on visse le tuyau _op_ avec celui qui conduit aux bouteilles remplies
de potasse: enfin au moment où l'on veut commencer la combustion, on
ouvre le robinet du gazomètre, & on jette un petit charbon allumé par
l'extrémité R du tuyau RS; ce charbon tombe sur la grille où le courant
d'air le maintient allumé. Alors on retire promptement le tuyau RS;
on visse à la cheminée le tuyau _op_ destiné à évacuer l'air, & on
continue la combustion. Pour être assuré qu'elle est vraiment commencée
& que l'opération a réussi, on a ménagé un tuyau _qrs_ garni à son
extrémité _s_ d'un verre mastiqué, à travers lequel on peut voir si
le charbon est allumé. J'oubliois d'observer que ce fourneau & ses
dépendances sont plongés dans une espèce de baquet allongé TVXY, _fig.
11_, qui est rempli d'eau & même de glace, afin de diminuer autant que
l'on veut la chaleur de la combustion. Cette chaleur au surplus n'est
jamais très-vive, parce qu'il ne peut y avoir de combustion qu'en
proportion de l'air qui est fourni par le gazomètre, & qu'il n'y a
d'ailleurs de charbon qui brûle que celui qui porte immédiatement sur
la grille. A mesure qu'une molécule de charbon est consommée, il en
retombe une autre en vertu de l'inclinaison des parois du fourneau;
elle se présente au courant d'air qui traverse la grille _de_, & elle
brûle comme la première.

Quant à l'air qui a servi à la combustion, il traverse la masse
de charbon qui n'a pas encore brûlé, & la pression exercée par le
gazomètre l'oblige de s'échapper par le tuyau _op_, & de traverser les
bouteilles remplies d'alkali.

On voit que dans cette expérience on a toutes les données nécessaires
pour obtenir une analyse complette de l'air atmosphérique & du
charbon. En effet, on connoît le poids du charbon; on a par le moyen
du gazomètre la mesure de la quantité d'air employée à la combustion;
on peut déterminer la qualité & la quantité de celui qui reste après
la combustion; on a le poids de la cendre qui s'est rassemblée dans le
cendrier: enfin l'augmentation de poids des bouteilles qui contiennent
la potasse en liqueur, donne la quantité d'acide carbonique qui s'est
formé. On peut également connoître avec beaucoup de précision, par
cette opération, la proportion de carbone & d'oxygène dont cet acide
est composé.

Je rendrai compte dans les Mémoires de l'Académie, de la suite
d'expériences que j'ai entreprises avec cet appareil sur tous les
charbons végétaux & animaux. Il n'est pas difficile de voir qu'avec
très-peu de changemens on peut en faire une machine propre à observer
les principaux phénomènes de la respiration.


§. II.

_De la Combustion des Huiles._

Le charbon, au moins quand il est pur, étant une substance simple,
l'appareil destiné à le brûler ne pouvoit pas être très-compliqué. Tout
se réduisoit à lui fournir le gaz oxygène nécessaire à sa combustion,
& à séparer ensuite d'avec le gaz azote le gaz acide carbonique
qui s'étoit formé. Les huiles sont plus composées que le charbon,
puisqu'elles résultent de la combinaison au moins de deux principes,
le carbone & l'hydrogène; il reste en conséquence, après qu'on les a
brûlées dans l'air commun, de l'eau, du gaz acide carbonique & du gaz
azote. L'appareil qu'on emploie pour ce genre d'expériences, doit avoir
pour objet de séparer & de recueillir ces trois espèces de produit.

Je me sers, pour brûler les huiles, d'un grand bocal A représenté
_planche XII, fig 4_, & de son couvercle, _figure 5_. Ce bocal est
garni d'une virole de fer BCDE, qui s'applique exactement sur le bocal
en DE, & qui y est solidement mastiquée. Cette virole prend un plus
grand diamètre en BC, & laisse entr'elle & les parois du bocal un
intervalle ou rigole _xxxx_, qu'on remplit de mercure: le couvercle
représenté _fig. 5_, a de son côté en _fg_ une virole de fer qui
s'ajuste dans la rigole _xxxx_ du bocal, & qui plonge dans le mercure;
Le bocal A peut par ce moyen se fermer en un instant hermétiquement &
sans lut; & comme la rigole peut contenir une hauteur de mercure de
deux pouces, on voit qu'on peut faire éprouver à l'air contenu dans le
bocal une pression de plus de deux pieds d'eau, sans risquer qu'elle
surmonte la résistance du mercure.

Le couvercle, _fig. 5_, est percé de quatre trous destinés au passage
d'un égal nombre de tuyaux. L'ouverture T est d'abord garnie d'une
boëte à cuir à travers laquelle doit passer la tige représentée _fig.
3_. Cette tige est destinée à remonter ou à descendre la mêche de la
lampe, comme je l'expliquerai ci-après; les trois autres trous _h_,
_i_, _k_, sont destinés, savoir, le premier au passage du tuyau qui
doit amener l'huile, le second au passage du tuyau qui doit amener
l'air à la lampe pour entretenir la combustion, le troisième au passage
du tuyau qui doit donner issue à ce même air lorsqu'il a servi à la
combustion.

La lampe destinée à brûler l'huile dans le bocal, est représentée
séparément, _fig. 2_ de la même _planche_; on y voit le réservoir à
huile a avec une espèce d'entonnoir par lequel on le remplit; le siphon
_bcdefgh_, qui fournit l'huile à la lampe; le tuyau 7, 8, 9, 10, qui
amène l'air du gazomètre à la même lampe.

Le tuyau _bc_ est taraudé extérieurement dans sa partie inférieure
_b_, & se visse dans un écrou contenu dans le couvercle du réservoir
A; par ce moyen, en tournant le réservoir, on peut le faire monter ou
descendre & amener l'huile à la lampe, au niveau où on le juge à propos.

Quand on veut remplir le siphon & établir la communication entre
l'huile du réservoir _a_ & celle de la lampe 11, on ferme d'abord le
robinet _c_, on ouvre celui _e_, & on verse de l'huile par l'ouverture
_f_, qui est au haut du siphon. Dès qu'on voit paroître l'huile dans la
lampe 11 à un niveau convenable, c'est-à-dire à trois ou quatre lignes
des bords, on ferme le robinet _k_; on continue à verser de l'huile par
l'ouverture e, pour remplir la branche _bcd_. Quand elle est remplie,
on ferme le robinet _f_, & alors les deux branches du siphon étant
pleines d'huile sans interruption, la communication du réservoir à la
lampe est établie.

La _figure 1_, même _planche XII_, représente la coupe de la lampe
grossie pour rendre les détails plus frappans & plus sensibles. On y
voit le tuyau _ik_, qui apporte l'huile; _aaaa_, la capacité qu'occupe
la mêche; 9 & 10, le tuyau qui apporte l'air à la lampe: cet air se
répand dans la capacité _dddddd_, puis il se distribue par le canal
_cccc_ & par celui _bbbb_, en-dedans & en-dehors de la mêche, à la
manière des lampes d'Argand, Quinquet & Lange.

Pour faire mieux connoître l'ensemble de cet appareil, & pour que sa
description même rende plus facile l'intelligence de tous les autres
de même genre, je l'ai représenté tout entier en perspective, _planche
XI_. On y voit le gazomètre P qui fournit l'air; l'ajutage 1 & 2 par
lequel il sort, & qui est garni d'un robinet 1; 2 & 3, un tuyau qui
communique de ce premier gazomètre à un second, que l'on emplit pendant
que le premier se vuide, afin que l'émission de l'air se fasse sans
interruption pendant tout le tems que doit durer l'opération; 4 & 5,
un tube de verre garni d'un sel déliquescent en morceaux médiocrement
gros, afin que l'air, en se distribuant dans les interstices, y dépose
une grande partie de l'eau qu'il tenoit en dissolution. Comme on
connoît le poids du tube & celui du sel déliquescent qu'il contient,
il est toujours facile de connoître la quantité d'eau qu'il a absorbée.

Du tube 4 & 5 que je nommerai tube déliquescent, l'air est conduit à
la lampe 11 par le tube 5, 6, 7, 8, 9, 10. Là il se divise; une partie
vient alimenter la flamme par-dehors, l'autre par-dedans, à la manière
des lampes d'Argand, Quinquet & Lange. Cet air, dont une partie a ainsi
servi à la combustion de l'huile, forme avec elle en l'oxygénant du
gaz acide carbonique & de l'eau. Une partie de cette eau se condense
sur les parois du bocal A, une autre partie est tenue en dissolution
dans l'air par la chaleur de la combustion: mais cet air qui est poussé
par la pression qu'il reçoit du gazomètre, est obligé de passer par
le tuyau 12, 13, 14 & 15, d'où il est conduit dans la bouteille 16 &
dans le serpentin 17 & 18, où l'eau achève de se condenser à mesure
que l'air se refroidit. Enfin si quelque peu d'eau restoit encore en
dissolution dans l'air, elle seroit absorbée par le sel déliquescent
contenu dans le tube 19 & 20.

Toutes les précautions qu'on vient d'indiquer n'ont d'autre objet que
de recueillir l'eau qui s'est formée, & d'en déterminer la quantité:
il reste ensuite à évaluer l'acide carbonique & le gaz azote. On y
parvient au moyen des bouteilles 22 & 25, qui sont à moitié remplies
de potasse en liqueur & dépouillée d'acide carbonique par la chaux.
L'air qui a servi à la combustion, y est conduit par les tuyaux 20, 21,
23 & 24, & il y dépose le gaz acide carbonique qu'il contient. On n'a
représenté dans cette figure, pour la simplifier, que deux bouteilles
remplies de potasse en liqueur; mais il en faut beaucoup davantage, &
je ne crois pas qu'on puisse en employer moins de neuf. Il est bon de
mettre dans la dernière de l'eau de chaux, qui est le réactif le plus
sûr & le plus sensible pour reconnoître l'acide carbonique: si elle ne
se trouble pas, on peut être assuré qu'il ne reste pas de gaz acide
carbonique dans l'air, du moins en quantité sensible.

Il ne faut pas croire que l'air qui a servi à la combustion, lorsqu'il
a traversé les neuf bouteilles, ne contienne plus que du gaz azote;
il est encore mêlé d'une assez grande quantité de gaz oxigène qui
a échappé à la combustion. On fait passer ce mêlange à travers un
sel déliquescent contenu dans le tube de verre 28 & 29, afin de le
dépouiller des portions d'eau qu'il auroit pu dissoudre en traversant
les bouteilles de potasse & d'eau de chaux. Enfin on conduit le
résidu d'air à un gazomètre par le tuyau 29 & 30: on en détermine la
quantité; on en prend des échantillons qu'on essaye par le sulfure de
potasse, afin de savoir la proportion de gaz oxygène & de gaz azote
qu'il contient.

On sait que dans la combustion des huiles, la mêche se charbonne au
bout d'un certain tems, & qu'elle s'obstrue. Il y a d'ailleurs une
longueur déterminée de mêche qu'il faut atteindre, mais qu'il ne faut
pas outre-passer, sans quoi il monte par les tuyaux capillaires de la
mêche plus d'huile que le courant d'air n'en peut consommer, & la lampe
fume. Il étoit donc nécessaire qu'on pût allonger ou raccourcir la
mêche de dehors & sans ouvrir l'appareil: c'est à quoi on est parvenu,
au moyen de la tige 31, 32, 33 & 34, qui passe à travers une boëte à
cuir & qui répond au porte-mêche. On a donné à cette tige un mouvement
très-doux au moyen d'un pignon qui engraine dans une crémaillère. On
voit cette tige & ses accessoires représentés séparément, _pl. XII,
fig. 3_.

Il m'a semblé encore qu'en enveloppant la flamme de la lampe avec un
petit bocal de verre ouvert par les deux bouts, la combustion en alloit
mieux. Ce bocal est en place dans la _planche XI_.

Je n'entrerai pas dans de plus grands détails sur la construction
de cet appareil, qui est susceptible d'être changé & modifié de
différentes manières. Je me contenterai d'ajouter que, lorsqu'on veut
opérer, on commence par peser la lampe avec son réservoir & l'huile
qu'elle contient; qu'on la met en place; qu'on l'allume; qu'après avoir
donné de l'air en ouvrant le robinet du gazomètre, on place le bocal
A; qu'on l'assujétit au moyen d'une petite planche BC, sur laquelle
il repose, & de deux tiges de fer qui la traversent & qui se vissent
au couvercle. Il y a de cette manière un peu d'huile brûlée pendant
qu'on ajuste le bocal au couvercle & l'on en perd le produit; il y a
également une petite portion d'air qui s'échappe du gazomètre & qu'on
ne peut recueillir; mais ces quantités sont peu considérables dans
des expériences en grand; elles sont d'ailleurs susceptibles d'être
évaluées.

Je rendrai compte dans les Mémoires de l'Académie, des difficultés
particulières attachées à ce genre d'expériences, & des moyens de
les lever. Ces difficultés sont telles, qu'il ne m'a pas encore été
possible d'obtenir des résultats rigoureusement exacts pour les
quantités. J'ai bien la preuve que les huiles fixes se résolvent
entièrement en eau & en gaz acide carbonique, qu'elles sont composées
d'hydrogène & de carbone; mais je n'ai rien d'absolument certain sur
les proportions.


§. III.

_De la Combustion de l'Esprit-de-vin ou Alkool._

La combustion de l'alkool peut à la rigueur se faire dans l'appareil
qui a été décrit ci-dessus pour la combustion du charbon & pour
celle du phosphore. On place sous une cloche A, _planche IV, fig.3_,
une lampe remplie d'alkool; on attache à la mêche un atôme de
phosphore, & on allume avec un fer recourbé qu'on passe par-dessous
la cloche: mais cette manière d'opérer est susceptible de beaucoup
d'inconvéniens. Il seroit d'abord imprudent d'employer du gaz oxygène,
par la crainte de la détonation: on n'est pas même entièrement exempt
de ce risque, lorsque l'on emploie de l'air atmosphérique, & j'en
ai fait, en présence de quelques membres de l'Académie, une épreuve
qui a pensé leur devenir funeste ainsi qu'à moi. Au lieu de préparer
l'expérience comme j'étois dans l'habitude de le faire, au moment
même où je devois opérer, je l'avois disposée dès la veille. L'air
atmosphérique contenu dans la cloche, avoit eu en conséquence le tems
de dissoudre de l'alkool: la vaporisation de l'alkool avoit même été
favorisée par la hauteur de la colonne de mercure que j'avois élevée
en EF, _planche IV, fig. 3_. En conséquence, au moment où je voulus
allumer le petit morceau de phosphore & la lampe avec le fer rouge,
il se fit une détonation violente qui enleva la cloche & qui la brisa
en mille pièces contre le plancher du laboratoire. Il résulte de
l'impossibilité où l'on est d'opérer dans du gaz oxygène, qu'on ne peut
brûler par ce moyen que de très-petites quantités d'alkool, de 10 à
12 grains par exemple, & les erreurs qu'on peut commettre sur d'aussi
petites quantités, ne permettent de prendre aucune confiance dans les
résultats. J'ai essayé dans les expériences dont j'ai rendu compte
à l'Académie (_Voy. Mém. Acad. année 1784, pag. 593_) de prolonger
la durée de la combustion, en allumant la lampe d'alkool dans l'air
ordinaire, & en refournissant ensuite du gaz oxygène sous la cloche à
mesure qu'il s'en étoit consommé; mais le gaz acide carbonique qui se
forme met obstacle à la combustion, d'autant plus que l'alkool est peu
combustible & qu'il brûle difficilement dans de l'air moins bon que
l'air commun; on ne peut donc encore brûler de cette manière que de
très-petites quantités d'alkool.

Peut-être cette combustion réussiroit-elle dans l'appareil représenté
_planche XI_; mais je n'ai pas osé l'y tenter. Le bocal A où se fait
la combustion, a environ 1400 pouces cubiques de capacité; & s'il se
faisoit une détonation dans un aussi grand vaisseau, elle auroit des
suites terribles dont il seroit difficile de se garantir. Je ne renonce
pas cependant à la tenter.

C'est par une suite de ces difficultés que je me suis borné jusqu'ici à
des expériences très en petit sur l'alkool, ou bien à des combustions
faites, dans des vaisseaux ouverts, comme dans l'appareil représenté
_pl. IX, fig. 5_, dont je donnerai la description dans le §. 5 de ce
Chapitre.

Je reprendrai dans d'autres tems la suite de ce travail, si du moins je
puis parvenir à lever les obstacles qu'il m'a présentés jusqu'ici.


§. IV.

_De la Combustion de l'Ether._

La combustion de l'éther en vaisseaux clos, ne comporte pas précisément
les mêmes difficultés que celle de l'alkool; mais elle en présente
d'un autre genre qui ne sont pas moins difficiles à vaincre, & qui
m'arrêtent encore dans ce moment.

J'avois cru pouvoir profiter, pour opérer cette combustion, de la
propriété qu'a l'éther de se dissoudre dans l'air de l'atmosphère,
& de le rendre inflammable sans détonation. J'ai fait construire,
d'après cette idée, un réservoir à éther _abcd_, _pl. XII, fig. 8_,
auquel l'air du gazomètre est amené par un tuyau 1, 2, 3, 4. Cet air
se répand d'abord dans un double fond pratiqué à la partie supérieure
_ac_ du réservoir. Là il se distribue par sept tuyaux descendans _ef_,
_gh_, _ik_, _&c._ & la pression qu'il reçoit de la part du gazomètre,
l'oblige de bouillonner à travers l'éther contenu, dans le vase _abcd_.

On peut, à mesure que l'éther est ainsi dissous & emporté par l'air, en
rendre au réservoir _abcd_, au moyen d'un réservoir supplémentaire E,
porté par un tuyau de cuivre _op_, de 15 à 18 pouces de haut, & qui se
ferme au moyen d'un robinet. J'ai été obligé de donner une assez grande
hauteur à ce tuyau, afin que l'éther qui est contenu dans le flacon E
puisse vaincre la résistance occasionnée par la pression exercée par le
gazomètre.

L'air ainsi chargé de vapeurs d'éther est repris par le tuyau 5, 6, 7,
8, 9, & conduit dans le bocal A où il s'échappe par un ajutoir très-fin
à l'extrêmité duquel on l'allume. Ce même air, après avoir servi à la
combustion, passe par la bouteille 16, _planche XI_, par le serpentin
17 & 18, & par le tube déliquescent où il dépose l'eau dont il s'étoit
chargé; le gaz acide carbonique est ensuite absorbé par l'alkali
contenu dans les bouteilles 22 & 25.

Je supposois, lorsque j'ai fait construire cet appareil, que la
combinaison d'air atmosphérique & d'éther qui s'opère dans le réservoir
_abcd_, _planc. XII, figure 8_, étoit dans la juste proportion qui
convient à la combustion, & c'est en quoi j'étois dans l'erreur: il
y a un excès d'éther très-considérable, & il faut en conséquence une
nouvelle combinaison d'air atmosphérique pour opérer la combustion
totale. Il en résulte qu'une lampe construite de cette manière brûle
dans l'air ordinaire qui fournit la quantité d'oxygène manquante pour
la combustion; mais qu'elle ne peut brûler dans des vaisseaux où l'air
ne se renouvelle pas. Aussi la lampe s'éteignoit-elle peu de tems après
qu'elle étoit enfermée dans le bocal A, _planche XII, figure 8_. Pour
remédier à cet inconvénient, j'ai essayé d'amener à cette lampe de
l'air atmosphérique par un tuyau latéral 9, 10, 11, 12, 13, 14 & 15; &
je l'ai distribué circulairement autour de la mêche: mais quelque léger
que fût le courant d'air, la flamme étoit si mobile, elle tenoit si peu
à la mêche, qu'il suffisoit pour la souffler; en sorte que je n'ai
point encore pu réussir à la combustion de l'éther. Je ne désespère
cependant pas d'y parvenir, au moyen de quelques changemens que je fais
faire à cet appareil.


§. V.

_De la Combustion du Gaz hydrogène, & de la Formation de l'Eau._

La formation de l'eau a cela de particulier, que les deux substances
qui y concourent, l'oxygène & l'hydrogène, sont l'une & l'autre
dans l'état aériforme avant la combustion, & que l'une & l'autre se
transforment par le résultat de cette opération, en une substance
liquide qui est l'eau.

Cette combustion seroit donc fort simple & n'exigeroit pas des
appareils fort compliqués, s'il étoit possible de se procurer des
gaz oxygène & hydrogène parfaitement purs & qui fussent combustibles
sans reste. On pourroit alors opérer dans de très-petits vaisseaux;
& en y refournissant continuellement les deux gaz dans la proportion
convenable, on continueroit indéfiniment la combustion. Mais jusqu'ici
les Chimistes n'ont encore employé que du gaz oxygène mélangé de gaz
azote. Il en a résulté qu'ils n'ont pu entretenir que pendant un tems
limité & très-court la combustion du gaz hydrogène dans des vaisseaux
clos: & en effet, le résidu de gaz azote augmentant continuellement, la
flamme s'affoiblit & elle finit par s'éteindre. Cet inconvénient est
d'autant plus grand, que le gaz oxygène qu'on emploie est moins pur:
il faut alors, ou cesser la combustion & se résoudre à n'opérer que
sur de petites quantités, ou refaire le vuide pour se débarrasser du
gaz azote: mais dans ce dernier cas on vaporise une portion de l'eau
qui s'est formée, & il en résulte une erreur d'autant plus dangereuse,
qu'on n'a pas de moyen sûr de l'apprécier.

Ces réflexions me font désirer de pouvoir répéter un jour les
principales expériences de la Chimie pneumatique avec du gaz oxygène
absolument exempt de mêlange de gaz azote, & le sel muriatique oxygéné
de potasse en fournit les moyens. Le gaz oxygène qu'on en retire ne
paroît contenir de l'azote qu'accidentellement; en sorte qu'avec des
précautions on pourra l'obtenir parfaitement pur. En attendant que
j'aye pu reprendre cette suite d'expériences, voici l'appareil que nous
avons employé, M. Meusnier & moi, pour la combustion du gaz hydrogène.
Il n'y aura rien à y changer, lorsqu'on aura pu se procurer des gaz
purs, si ce n'est qu'on pourra diminuer la capacité du vase où se fait
la combustion.

J'ai pris un matras ou ballon à large ouverture A, _pl. IV, fig. 5_,
& j'y ai adapté une platine BC, à laquelle étoit soudée une douille
creuse de cuivre _g_FD, fermée par le haut & à laquelle venoient
aboutir trois tuyaux. Le premier _d_D_d'_ se terminoit en _d'_ par
une ouverture très-petite & à peine capable de laisser passer une
aiguille fine; il communiquoit avec le gazomètre représenté _pl. VIII,
fig. 1_, lequel étoit rempli de gaz hydrogène. Le tuyau opposé _gg_
communiquoit avec un autre gazomètre tout semblable, qui étoit rempli
de gaz oxygène: un troisième tuyau H_h_ s'adaptoit à une machine
pneumatique, pour qu'on pût faire le vuide dans le ballon A. Enfin la
platine BC étoit en outre percée d'un trou garni d'un tube de verre
à travers lequel passoit un fil de métal _g_L, à l'extrémité duquel
étoit adaptée une petite boule L de cuivre, afin qu'on pût tirer une
étincelle électrique de L en _d'_, & allumer ainsi le gaz hydrogène
amené par le tuyau _d_D_d'_.

Pour que les deux gaz arrivassent aussi secs qu'il étoit possible, on
avoit rempli deux tubes MM, NN, d'un pouce & demi de diamètre environ,
& d'un pied de longueur, avec de la potasse concrète bien dépouillée
d'acide carbonique & concassée en morceaux assez gros pour que les gaz
pussent passer librement entre les interstices. J'ai éprouvé depuis
que du nitrate ou du muriate de chaux bien secs & en poudre grossière,
étoient préférables à la potasse, & qu'ils enlevoient plus d'eau à une
quantité donnée d'air.

Pour opérer avec cet appareil, on commence par faire le vuide dans le
ballon A, au moyen de la pompe pneumatique adaptée au tuyau FH_h_;
après quoi on y introduit du gaz oxygène, en tournant le robinet _r_
du tube _gg_. Le degré du limbe du gazomètre observé avant & après
l'introduction du gaz, indique la quantité qui en est entrée dans le
ballon. On ouvre ensuite le robinet s du tube _d_D_d'_, afin de faire
arriver le gaz hydrogène; & aussitôt, soit avec une machine électrique,
soit avec une bouteille de Leyde, on fait passer une étincelle de la
boule L à l'extrémité _d'_ du tube par lequel se fait l'écoulement du
gaz hydrogène, & il s'allume aussitôt. Il faut, pour que la combustion
ne soit ni trop lente ni trop rapide, que le gaz hydrogène arrive
avec une pression d'un pouce & demi à deux pouces d'eau, & que le gaz
oxygène n'arrive au contraire qu'avec trois lignes au plus de pression.

La combustion ainsi commencée, elle se continue; mais en
s'affoiblissant à mesure que la quantité de gaz azote qui reste de la
combustion des deux gaz augmente. Il arrive enfin un moment où la
portion de gaz azote devient telle, que la combustion ne peut plus
avoir lieu, & alors la flamme s'éteint. Il faut faire en sorte de
prévenir cette extinction spontanée; parce qu'au moyen de ce qu'il y a
pression plus forte dans le réservoir de gaz hydrogène que dans celui
de gaz oxygène, il se feroit un mêlange des deux dans le ballon, & que
ce mêlange passeroit ensuite dans le réservoir de gaz oxygène. Il faut
donc arrêter la combustion en fermant le robinet du tuyau _d_D_d'_, dès
qu'on s'apperçoit que la flamme s'affoiblit à un certain point, & avoir
une grande attention pour ne point se laisser surprendre.

A une première combustion ainsi faite on peut en faire succéder une
seconde, une troisième, &c. On refait alors le vuide comme la première
fois; on remplit le ballon de gaz oxygène, on ouvre le robinet du tuyau
par lequel s'introduit le gaz hydrogène, & on allume par l'étincelle
électrique.

Pendant toutes ces opérations, l'eau qui se forme, se condense sur les
parois du ballon & ruisselle de toutes parts: elle se rassemble au
fond, & il est aisé d'en déterminer le poids quand on connoît celui du
ballon. Nous rendrons compte un jour, M. Meusnier & moi, des détails
de l'expérience que nous avons faite avec cet appareil, dans les mois
de janvier & de février 1785, en présence d'une grande partie des
membres de l'Académie. Nous avons tellement multiplié les précautions,
que nous avons lieu de la croire exacte. D'après le résultat que nous
avons obtenu, 100 parties d'eau en poids sont composées de 85 d'oxygène
& de 15 d'hydrogène.

Il est encore un autre appareil pour la combustion, avec lequel on ne
peut pas faire des expériences aussi exactes qu'avec les précédens,
mais qui présente un résultat très-frappant & très-propre à être
présenté dans un cours de Physique & de Chimie. Il consiste dans un
serpentin EF, _planche IX, figure 5_, renfermé dans un seau de métal
ABCD. A la partie supérieure E du tuyau de ce serpentin, on adapte une
cheminée GH composée d'un double tuyau; savoir, de la continuation du
serpentin & d'un tuyau de fer-blanc qui l'environne. Ces deux tuyaux
laissent entr'eux un intervalle d'un pouce environ, qu'on remplit avec
du sable.

A l'extrémité inférieure du tuyau intérieur K, s'adapte un tube de
verre, & au-dessous une lampe à esprit-de-vin LM, à la Quinquet.

Les choses ainsi préparées, & la quantité d'alkool contenue dans la
lampe ayant été bien déterminée, on allume. L'eau qui se forme pendant
la combustion de l'alkool, s'élève par le tube KE; elle se condense
dans le serpentin contenu dans le seau ABCD, & va ressortir en état
d'eau par l'extrémité F du tube où elle est reçue dans une bouteille P.

La double enveloppe GH est destinée à empêcher que le tube ne se
refroidisse dans sa partie montante, & que l'eau ne s'y condense.
Elle redescendroit le long du tube, sans qu'on pût en déterminer la
quantité; il pourroit d'ailleurs en retomber sur la mêche des gouttes,
qui ne manqueroient pas de l'éteindre. L'objet de cet appareil est
donc d'entretenir toujours chaude toute la partie GH que j'appelle
la cheminée, & toujours froide au contraire la partie qui forme le
serpentin proprement dit; en sorte que l'eau soit toujours dans
l'état de vapeurs dans la partie montante, & qu'elle se condense
sitôt qu'elle est engagée dans la partie descendante. Cet appareil a
été imaginé par M. Meusnier: j'en ai donné la description dans les
Mémoires de l'Académie, année 1784, page 593 & 594. On peut, en opérant
avec précaution, c'est-à-dire en entretenant l'eau qui environne le
serpentin, toujours froide, retirer près de 17 onces d'eau de la
combustion de 16 onces d'esprit-de-vin ou alkool.


§. VI.

_De l'Oxidation des Métaux._

On désigne principalement par le nom de calcination ou oxidation,
une opération dans laquelle les métaux exposés à un certain degré
de chaleur se convertissent en oxides, en absorbant l'oxygène de
l'air. Cette combinaison se fait en raison de ce que l'oxygène a plus
d'affinité, du moins à un certain degré de température, avec les
métaux, qu'il n'en a avec le calorique. En conséquence le calorique
devient libre & se dégage: mais comme l'opération, lorsqu'elle se fait
dans l'air commun, est successive & lente, le dégagement du calorique
est peu sensible. Il n'en est pas de même, lorsque la calcination
s'opère dans le gaz oxygène; elle se fait alors d'une manière beaucoup
plus rapide, elle est souvent accompagnée de chaleur & de lumière; en
sorte qu'on ne peut douter que les substances métalliques ne soient de
véritables corps combustibles.

Les métaux n'ont pas tous le même degré d'affinité pour l'oxygène.
L'or & l'argent, par exemple, & même le platine ne peuvent l'enlever
au calorique, à quelque degré de chaleur que ce soit. Quant aux autres
métaux, ils s'en chargent d'une quantité plus ou moins grande, &, en
général, ils en absorbent jusqu'à ce que ce principe soit en équilibre
entre la force du calorique qui le retient, & celle du métal qui
l'attire. Cet équilibre est une loi générale de la nature dans toutes
les combinaisons.

Dans les opérations de docimasie & dans toutes celles relatives aux
arts, on accélère l'oxidation du métal en donnant un libre accès à
l'air extérieur. Quelquefois même on y joint l'action d'un soufflet
dont le courant est dirigé sur la surface du métal. L'opération
est encore plus rapide, si on souffle du gaz oxygène; ce qui est
très-facile à l'aide du gazomètre dont j'ai donné la description.
(_Voyez_ page 346.) Alors le métal brûle avec flamme, & l'oxidation est
terminée en quelques instans: mais on ne peut employer ce dernier moyen
que pour des expériences très en petit, à cause de la cherté du gaz
oxygène.

Dans l'essai des mines & en général dans toutes les opérations
courantes des laboratoires, on est dans l'usage de calciner ou oxider
les métaux sur un plat ou soucoupe de terre cuite, _pl. IV, fig. 6_,
qu'on place sur un bon fourneau: on nomme ces plats ou soucoupes _têts
à rôtir_. De tems en tems on remue la matière qu'on veut calciner, afin
de renouveller les surfaces.

Toutes les fois qu'on opère sur une substance métallique qui n'est
pas volatile, & qu'il ne se dissipe rien pendant l'opération, il y
a augmentation de poids du métal. Mais des expériences faites ainsi
en plein air, n'auroient jamais conduit à reconnoître la cause de
l'augmentation du poids des métaux pendant leur oxidation. Ce n'est
que du moment où l'on a commencé à opérer dans des vaisseaux fermés
& dans des quantités déterminées d'air, qu'on a été véritablement
sur la voie de la découverte des causes de ce phénomène. Un premier
moyen qu'on doit à M. Priestley, consiste à exposer le métal qu'on se
propose de calciner, sur une capsule N de porcelaine, _planc. IV_,
_fig. 11_, placée sur un support un peu élevé IK; à le recouvrir avec
une cloche de cristal A plongée dans un bassin plein d'eau BCDE, & à
élever l'eau jusqu'en GH, en suçant l'air de la cloche avec un siphon
qu'on passe par-dessous: on fait ensuite tomber sur le métal le foyer
d'un verre ardent. En quelques minutes l'oxidation s'opère; une partie
de l'oxygène contenu dans l'air se combine avec le métal; il y a une
diminution proportionnée dans le volume de l'air, & ce qui reste n'est
plus que du gaz azote, encore mêlé cependant d'une petite quantité de
gaz oxygène. J'ai exposé le détail des expériences que j'ai faites
avec cet appareil dans mes opuscules physiques & chimiques, imprimées
en 1773, pages 283, 284, 285 & 286. On peut substituer le mercure à
l'eau, & l'expérience n'en est que plus concluante.

Un autre procédé dont j'ai exposé le résultat dans les Mémoires de
l'Académie, année 1774, page 351, & dont la première idée appartient à
Boyle, consiste à introduire le métal sur lequel on veut opérer dans
une cornue A, _pl. III_, _fig. 20_, dont on tire à la lampe l'extrémité
du col, & qu'on ferme hermétiquement en C. On oxide ensuite le métal,
en tenant la cornue sur un feu de charbon, & en la chauffant avec
précaution. Le poids du vaisseau & des matières qu'il contient, ne
change pas tant qu'on n'a pas rompu l'extrémité C du bec de la cornue;
mais sitôt qu'on procure à l'air extérieur une issue pour rentrer, il
le fait avec sifflement.

Cette opération ne seroit pas sans quelque danger, si on scelloit
hermétiquement la cornue sans avoir fait sortir auparavant une portion
de l'air qu'elle contenoit; la dilatation occasionnée par la chaleur
pourroit faire éclater le vaisseau, avec risque pour ceux qui le
tiendroient ou qui seroient dans le voisinage. Pour prévenir ce danger,
on doit faire chauffer la cornue avant de la sceller à la lampe & en
faire sortir une portion d'air qu'on reçoit sous une cloche dans
l'appareil pneumato-chimique, afin de pouvoir en déterminer la quantité.

Je n'ai point multiplié, autant que je l'aurois desiré, ces oxidations,
& je n'ai obtenu de résultats satisfaisans qu'avec l'étain: le plomb
ne m'a pas bien réussi. Il seroit à souhaiter que quelqu'un voulût
bien reprendre ce travail & tenter l'oxidation dans différens gaz;
il seroit, je crois, bien dédommagé des peines attachées à ce genre
d'expériences.

Tous les oxides de mercure étant susceptibles de se revivifier sans
addition, & de restituer dans son état de pureté l'oxygène qu'ils
ont absorbé, aucun métal n'étoit plus propre à devenir le sujet
d'expériences très-concluantes sur la calcination & l'oxidation des
métaux. J'avois d'abord tenté, pour opérer l'oxidation du mercure
dans les vaisseaux fermés, de remplir une cornue de gaz oxygène, d'y
introduire une petite portion de mercure & d'adapter à son col une
vessie à moitié remplie de gaz oxygène, comme on le voit représenté
_planche IV, fig. 12_. Je faisois ensuite chauffer le mercure de la
cornue; & en continuant très-long-tems l'opération, j'étois parvenu à
en oxider une petite portion, & à former de l'oxide rouge qui nageoit à
la surface: mais la quantité de mercure que je suis parvenu à oxider
de cette manière, étoit si petite, que la moindre erreur commise
dans la détermination des quantités de gaz oxygène avant & après
l'oxidation, auroit jetté la plus grande incertitude sur mes résultats.
J'étois toujours inquiet d'ailleurs, & non sans de justes raisons,
qu'il ne se fût échappé de l'air à travers des pores de la vessie,
d'autant plus qu'elle se racornit pendant l'opération par la chaleur du
fourneau dans lequel on opère, à moins qu'on ne la recouvre de linges
entretenus toujours humides.

On opère d'une manière plus sûre avec l'appareil représenté _planc. IV,
figure 2_. (_Voyez_ Mém. Acad. année 1775, page 580.) Il consiste
en une cornue A, au bec de laquelle on soude à la lampe d'émailleur
un tuyau de verre recourbé BCDE, de 10 à 12 lignes de diamètre, qui
s'engage sous une cloche FG contenue & retournée dans un bassin plein
d'eau ou de mercure. Cette cornue est soutenue sur les barres d'un
fourneau MMNN: on peut aussi se servir d'un bain de sable. On parvient
avec cet appareil à oxider en plusieurs jours un peu de mercure dans
l'air ordinaire, & à obtenir un peu d'oxide rouge qui nage à la
surface: on peut même le rassembler, le revivifier & comparer les
quantités de gaz obtenu avec l'absorption qui a eu lieu pendant la
calcination; (_voyez_ page 35 les détails que j'ai donnés sur cette
expérience) mais ce genre d'opérations ne pouvant se faire que très en
petit, il reste toujours de l'incertitude sur les quantités.

La combustion du fer dans le gaz oxygène étant une véritable oxidation,
je dois en faire mention ici. L'appareil qu'emploie M. Ingen-Housz pour
cette opération, est représenté _pl. IV, fig. 17_. J'en ai déjà donné
la description, page 41, & je ne puis qu'y renvoyer.

On peut aussi brûler & oxider du fer sous des cloches de verre remplies
de gaz oxygène, de la même manière qu'on brûle du phosphore ou du
charbon. On se sert également pour cette opération de l'appareil
représenté _planche IV, fig. 3_, & dont j'ai donné la description, p.
61. Il faut dans cette expérience, comme dans la combustion, attacher
à l'une des extrémités du fil de fer, ou des copeaux de fer qu'on se
propose de brûler, un petit morceau d'amadoue & un atôme de phosphore:
le fer chaud qu'on passe sous la cloche allume le phosphore; celui-ci
allume l'amadoue, & l'inflammation se communique au fer. M. Ingen-Housz
nous a appris qu'on pouvoit brûler ou oxider de la même manière tous
les métaux, à l'exception de l'or, de l'argent & du mercure. Il ne
s'agit que de se procurer ces métaux en fils très-fins ou en feuilles
minces coupées par bandes; on les tortille avec du fil de fer, & ce
dernier métal communique aux autres la propriété de s'enflammer & de
s'oxider.

Nous venons de voir comment on parvenoit à oxider de très-petites
quantités de mercure dans les vaisseaux fermés & dans des volumes d'air
limités: ce n'est de même qu'avec beaucoup de peine qu'on parvient à
oxider ce métal, même à l'air libre. On se sert ordinairement dans les
laboratoires pour cette opération d'un matras A, _planche IV, fig. 10_,
à cul très-plat, qui a un col BC très-allongé & terminé par une
très-petite ouverture: ce vaisseau porte le nom d'_enfer de Boyle_. On
y introduit assez de mercure pour couvrir son fond, & on le place sur
un bain de sable qu'on entretient à un degré de chaleur fort approchant
du mercure bouillant. En continuant ainsi pendant plusieurs mois,
avec cinq ou six de ces matras, & en renouvellant de tems en tems le
mercure, on parvient à obtenir quelques onces de cet oxide.

Cet appareil a un grand inconvénient, c'est que l'air ne s'y renouvelle
pas assez; mais, d'un autre côté, si on donnoit à l'air extérieur
une circulation trop libre, il emporteroit avec lui du mercure en
dissolution, & au bout de quelques jours on n'en retrouveroit plus
dans le vaisseau. Comme de toutes les expériences que l'on peut faire
sur l'oxidation des métaux, celles sur le mercure sont les plus
concluantes, il seroit à souhaiter qu'on pût imaginer un appareil
simple au moyen duquel on pût démontrer cette oxidation & les résultats
qu'on en obtient dans les cours publics. On y parviendroit, ce me
semble, par des moyens analogues à ceux que j'ai décrits pour la
combustion des huiles ou du charbon; mais je n'ai pu reprendre encore
ce genre d'expériences.

L'oxide de mercure se revivifie, comme je l'ai dit, sans addition;
il suffit de le faire chauffer à un degré de chaleur légèrement
rouge. L'oxygène à ce degré a plus d'affinité avec le calorique
qu'avec le mercure, & il se forme du gaz oxygène; mais ce gaz est
toujours mêlé d'un peu de gaz azote, ce qui indique que le mercure
en absorbe une petite portion pendant son oxidation. Il contient
aussi presque toujours un peu de gaz acide carbonique; ce qu'on doit
sans doute attribuer aux ordures qui s'y mêlent, qui se charbonnent
& qui convertissent ensuite une portion de gaz oxygène en gaz acide
carbonique.

Si les Chimistes étoient réduits à tirer de l'oxide de mercure fait
par voie de calcination, tout le gaz oxygène qu'ils emploient dans
leurs expériences, le prix excessif de cette préparation rendroit
absolument impraticables les expériences un peu en grand. Mais on
peut également oxygéner le mercure par l'acide nitrique, & on obtient
un oxide rouge plus pur que celui même qui a été fait par voie de
calcination. On le trouve tout préparé dans le commerce & à un prix
modéré: il faut choisir de préférence celui qui est en morceaux solides
& formé de lames douces au toucher & qui tiennent ensemble. Celui qui
est en poudre est quelquefois mêlangé d'oxide rouge de plomb: il ne
paroît pas que celui en morceaux solides soit susceptible de la même
altération. J'ai quelquefois essayé de préparer moi-même cet oxide par
l'acide nitrique: la dissolution du métal faite, j'évaporois jusqu'à
siccité, & je calcinois le sel, ou dans des cornues, ou dans des
capsules faites avec des fragmens de matras coupés par la méthode que
j'ai indiquée; mais jamais je n'ai pu parvenir à l'avoir aussi beau que
celui du commerce. On le tire, je crois, de Hollande.

Pour obtenir le gaz oxygène de l'oxide de mercure, j'ai coutume de me
servir d'une cornue de porcelaine à laquelle j'adapte un long tube de
verre qui s'engage sous des cloches dans l'appareil pneumato-chimique à
l'eau. Je place au bout du tube un vase plongé dans l'eau, dans lequel
se rassemble le mercure à mesure qu'il se revivifie. Le gaz oxygène ne
commence à passer que quand la cornue devient rouge. C'est un principe
général que M. Berthollet a bien établi, qu'une chaleur obscure ne
suffit pas pour former du gaz oxygène; il faut de la lumière: ce qui
semble prouver que la lumière est un de ses principes constituans. On
doit dans la revivification de l'oxide rouge de mercure rejeter les
premières portions de gaz qu'on obtient, parce qu'elles sont mêlées
d'air commun en raison de celui contenu dans le vuide des vaisseaux:
mais avec cette précaution même, on ne parvient pas à obtenir du
gaz oxygène parfaitement pur; il contient communément un dixième de
gaz azote, & presque toujours une très-petite portion de gaz acide
carbonique. On se débarrasse de ce dernier, au moyen d'une liqueur
alkaline caustique à travers laquelle on fait passer le gaz qu'on a
obtenu. A l'égard du gaz azote, on ne connoît aucun moyen de l'en
séparer; mais on peut en connoître la quantité, en laissant le gaz
oxygène pendant une quinzaine de jours en contact avec du sulfure de
soude ou de potasse. Le gaz oxygène est absorbé; il forme de l'acide
sulfurique avec le soufre, & il ne reste que le gaz azote seul.

Il y a beaucoup d'autres moyens de se procurer du gaz oxygène: on
peut le tirer de l'oxide noir de manganèse ou du nitrate de potasse
par une chaleur rouge, & l'appareil qu'on emploie est à peu près le
même que celui que j'ai décrit pour l'oxide rouge de mercure. Il faut
seulement un degré de chaleur plus fort & au moins égal à celui qui est
susceptible de ramollir le verre: on ne peut en conséquence employer
que des cornues de grès ou de porcelaine. Mais le meilleur de tous,
c'est-à-dire le plus pur, est celui qu'on dégage du muriate oxygéné
de potasse par la simple chaleur. Cette opération peut se faire dans
une cornue de verre, & le gaz qu'on obtient est absolument pur, pourvû
toutefois que l'on rejette les premières portions qui sont mêlées d'air
des vaisseaux.


§. VII.

_De la Détonation._

J'ai fait voir, Chapitre IX, page 103 & suiv. que l'oxygène, en se
combinant dans les différens corps, ne se dépouilloit pas toujours
de tout le calorique qui le constituoit dans l'état de gaz; qu'il
entroit, par exemple, avec presque tout son calorique dans la
combinaison qui forme l'acide nitrique & dans celle qui forme l'acide
muriatique oxygéné; en sorte que l'oxygène dans le nitre & sur-tout
dans le muriate oxygéné, étoit jusqu'à un certain point dans l'état de
gaz oxygène condensé & réduit au plus petit volume qu'il puisse occuper.

Le calorique dans ces combinaisons exerce un effort continuel sur
l'oxygène, pour le ramener à l'état de gaz: l'oxigène en conséquence
y tient peu; la moindre force suffit pour lui rendre la liberté, & il
reparoît souvent dans un instant presque indivisible dans l'état de
gaz. C'est ce passage brusque de l'état concret à l'état aériforme
qu'on a nommé détonation, parce qu'en effet il est ordinairement
accompagné de bruit & de fracas. Le plus communément ces détonations
s'opèrent par la combinaison du charbon, soit avec le nitre, soit avec
le muriate oxygéné. Quelquefois pour faciliter encore l'inflammation,
on y ajoute du soufre; & c'est ce mêlange fait dans de justes
proportions & avec des manipulations convenables, qui constitue la
poudre à canon.

L'oxygène par la détonation avec le charbon change de nature, & il se
convertit en acide carbonique. Ce n'est donc pas du gaz oxygène qui
se dégage, mais du gaz acide carbonique, du moins quand le mêlange a
été fait dans de justes proportions. Il se dégage en outre du gaz azote
dans la détonation du nitre, parce que l'azote est un des principes
constituans de l'acide nitrique.

Mais l'expansion subite & instantanée de ces gaz ne suffit pas pour
expliquer tous les phénomènes relatifs à la détonation. Si cette cause
y influoit seule, la poudre seroit d'autant plus forte que la quantité
de gaz dégagé dans un tems donné seroit plus considérable; ce qui ne
s'accorde pas toujours avec l'expérience. J'ai eu occasion d'éprouver
des espèces de poudre à tirer qui produisoient un effet presque
double de la poudre ordinaire, quoiqu'elles donnassent un sixième
de gaz de moins par la détonation. Il y a apparence que la quantité
de calorique qui se dégage au moment de la détonation, contribue
beaucoup à en augmenter l'effet, & on peut en concevoir plusieurs
raisons. Premièrement, quoique le calorique pénètre assez librement
à travers les pores de tous les corps, il ne peut cependant y passer
que successivement & en un tems donné: lors donc que la quantité qui
se dégage à la fois est trop considérable, & qu'elle est beaucoup plus
grande que celle qui peut se débiter, s'il est permis de se servir de
cette expression, par les pores des corps, il doit agir à la manière
des fluides élastiques ordinaires & renverser tout ce qui s'oppose à
son passage. Une partie de cet effet doit avoir lieu, lorsqu'on allume
de la poudre dans un canon: quoique le métal qui le compose soit
perméable pour le calorique, la quantité qui s'en dégage à la fois
est tellement grande, qu'elle ne trouve pas une issue assez prompte à
travers les pores du métal; elle fait donc un effort en tous sens, &
c'est cet effort qui est employé à chasser le boulet.

Secondement, le calorique produit nécessairement un second effet qui
dépend également de la force répulsive que ses molécules paroissent
exercer les unes sur les autres: il dilate les gaz qui se dégagent au
moment de l'inflammation de la poudre, & cette dilatation est d'autant
plus grande que la température est plus élevée.

Troisièmement, il est possible qu'il y ait décomposition de l'eau
dans l'inflammation de la poudre, & qu'elle fournisse de l'oxygène au
charbon pour former de l'acide carbonique. Si les choses se passent
ainsi, il doit se dégager rapidement, au moment de la détonation de
la poudre, une grande quantité de gaz hydrogène qui se débande & qui
contribue à augmenter la force de l'explosion. On sentira combien
cette circonstance doit contribuer à augmenter l'effet de la poudre,
si l'on considère que le gaz hydrogène ne pèse qu'un grain deux tiers
par pinte; qu'il n'en faut par conséquent qu'une très-petite quantité
en poids pour occuper un très-grand espace, & qu'il doit exercer une
force expansive prodigieuse, quand il passe de l'état liquide à l'état
aériforme.

Quatrièmement enfin une portion d'eau non décomposée doit se réduire
en vapeurs dans l'inflammation de la poudre, & l'on sait que dans
l'état de gaz elle occupe un volume 17 à 18 cent fois plus grand que
lorsqu'elle est dans l'état liquide.

J'ai déjà fait une assez grande suite d'expériences sur la nature
des fluides élastiques qui se dégagent de la détonation du nitre
avec le charbon & avec le soufre; j'en ai fait aussi quelques-unes
avec le muriate oxygéné de potasse. C'est un moyen qui conduit à des
connoissances assez précises sur les parties constituantes de ces
sels, & j'ai déjà donné, Tome XI du recueil des Mémoires présentés
à l'Académie par des savans étrangers, page 625, quelques résultats
principaux de mes expériences & des conséquences auxquelles elles m'ont
conduit relativement à l'analyse de l'acide nitrique. Maintenant que je
me suis procuré des appareils plus commodes, je me prépare à répéter
les mêmes expériences un peu plus en grand, & j'obtiendrai plus de
précision dans les résultats: en attendant, je vais rendre compte des
procédés que j'ai adoptés & employés jusqu'à présent. Je recommande
avec bien de l'instance à ceux qui voudront répéter quelques-unes de
ces expériences, d'y apporter une extrême prudence; de se méfier de
tout mêlange où il entre du salpêtre, du charbon & du soufre, & plus
encore de ceux dans lesquels il entre du sel muriatique oxygéné de
potasse combiné & mêlangé avec ces deux matières.

Je me suis prémuni de canons de pistolets de six pouces de longueur
environ & de cinq à six lignes de diamètre. J'en ai bouché la lumière
avec une pointe de clou frappée à force, cassée dans le trou même, &
sur laquelle j'ai fait couler un peu de soudure blanche de ferblantier,
afin qu'il ne restât aucune issue à l'air par cette ouverture. On
charge ces canons avec une pâte médiocrement humectée, faite avec des
quantités bien connues de salpêtre & de charbon réduits en poudre
impalpable, ou de tout autre mêlange susceptible de détoner. A chaque
portion de matière qu'on introduit dans le canon, on doit bourer
avec un bâton qui soit du même calibre, à peu près comme on charge
les fusées. La matière ne doit pas emplir le pistolet tout-à-fait
jusqu'à sa bouche; il est bon qu'il reste quatre ou cinq lignes de
vuide à l'extrémité: alors on ajoute un bout de 2 pouces de long
environ de mêche nommée _étoupille_. La seule difficulté de ce genre
d'expériences, sur-tout si l'on ajoute du soufre au mêlange, est de
saisir le point d'humectation convenable: si la matière est trop
humide, elle n'est point susceptible de s'allumer, si elle est trop
sèche, la détonation est trop vive & peut devenir dangereuse.

Quand on n'a pas pour objet de faire une expérience rigoureusement
exacte, on allume la mêche, & quand elle est près de communiquer
l'inflammation à la matière, on plonge le pistolet sous une grande
cloche d'eau dans l'appareil pneumato-chimique. La détonation
commencée, elle se continue sous l'eau, & le gaz se dégage avec plus ou
moins de rapidité, suivant que la matière est plus ou moins sèche. Il
faut, tant que la détonation dure, tenir le bout du pistolet incliné,
afin que l'eau ne rentre pas dans l'intérieur. J'ai quelquefois
recueilli ainsi le gaz produit par la détonation d'une once & demie ou
de deux onces de nitre.

Il n'est pas possible, dans cette manière d'opérer, de connoître
la quantité de gaz acide carbonique qui se dégage, parce qu'une
partie est absorbée par l'eau à mesure qu'il la traverse; mais
l'acide carbonique une fois absorbé, il reste le gaz azote; & si
on a la précaution de l'agiter pendant quelques minutes dans de la
potasse caustique en liqueur, on l'obtient pur, & il est aisé d'en
déterminer le volume & le poids. Il est même possible d'arriver par
cette méthode à une connoissance assez précise de la quantité de gaz
acide carbonique, en répétant l'expérience un grand nombre de fois &
en faisant varier les doses du charbon, jusqu'à ce qu'on soit arrivé
à la juste proportion qui fait détoner la totalité du nitre. Alors,
d'après le poids du charbon employé, on détermine celui d'oxygène qui a
été nécessaire pour le saturer, & on en conclut la quantité d'oxygène
contenu dans une quantité donnée de nitre.

Il est au surplus un autre moyen que j'ai pratiqué & qui conduit à des
résultats plus sûrs; c'est de recevoir dans des cloches remplies de
mercure le gaz qui se dégage. Le bain de mercure que j'ai maintenant,
est assez grand pour qu'on puisse y placer des cloches de douze à
quinze pintes de capacité. De pareilles cloches, comme l'on sent, ne
sont pas très-maniables quand elles sont remplies de mercure; aussi
faut-il employer pour les remplir des moyens particuliers que je
vais indiquer. On place la cloche sur le bain de mercure; on passe
par-dessous un siphon de verre dont on a adapté l'extrémité extérieure
à une petite pompe pneumatique: on fait jouer le piston, & on élève
le mercure jusqu'au haut de la cloche. Lorsqu'elle est ainsi remplie,
on y fait passer le gaz de la détonation de la même manière que dans
une cloche qui seroit remplie d'eau. Mais, je le répète, ce genre
d'expériences exige les plus grandes précautions. J'ai vu quelquefois,
quand le dégagement du gaz étoit trop rapide, des cloches pleines
de mercure pesant plus de 150 livres, s'enlever par la force de
l'explosion: le mercure jaillissoit au loin, & la cloche étoit brisée
en un grand nombre d'éclats.

Lorsque l'expérience a réussi & que le gaz est rassemblé sous la
cloche, on en détermine le volume comme je l'ai indiqué pages 361 &
362. On y introduit ensuite un peu d'eau, puis de la potasse dissoute
dans l'eau & dépouillée d'acide carbonique, & on parvient à en faire
une analyse rigoureuse, comme je l'ai enseigné pages 365 & suivantes.

Il me tarde d'avoir mis la dernière main aux expériences que j'ai
commencées sur les détonations, parce qu'elles ont un rapport
immédiat avec les objets dont je suis chargé, & qu'elles jetteront, à
ce que j'espère, quelques lumières sur les opérations relatives à la
fabrication de la poudre.



CHAPITRE VIII.

_Des Instrumens nécessaires pour opérer sur les corps à de très-hautes
températures._


§. PREMIER.

_De la Fusion._

Lorsqu'on écarte les unes des autres, par le moyen de l'eau, les
molécules d'un sel, cette opération, comme nous l'avons vu plus haut,
se nomme _solution_. Ni le dissolvant, ni le corps tenu en dissolution
ne sont décomposés dans cette opération; aussi dès l'instant que la
cause qui tenoit les molécules écartées cesse, elles se réunissent, &
la substance saline reparoît telle qu'elle étoit ayant la solution.

On opère aussi de véritables solutions par le feu, c'est-à-dire, en
introduisant & en accumulant entre les molécules d'un corps une grande
quantité de calorique. Cette solution des corps par le feu se nomme
_fusion_.

Les fusions en général se font dans des vases que l'on nomme creusets,
& l'une des premières conditions est qu'ils soient moins fusibles
que la substance qu'ils doivent contenir. Les Chimistes de tous les
âges ont en conséquence attaché une grande importance à se procurer
des creusets de matières très-réfractaires, c'est-à-dire, qui eussent
la propriété de résister à un très-grand degré de feu. Les meilleurs
sont ceux qui sont faits avec de l'argile très-pure ou de la terre
à porcelaine. On doit éviter d'employer pour cet usage les argiles
mêlangées de silice ou de terre calcaire, parce qu'elles sont trop
fusibles. Toutes celles qu'on tire aux environs de Paris sont dans ce
cas; aussi les creusets qu'on fabrique dans cette ville fondent-ils
à une chaleur assez médiocre, & ne peuvent-ils servir que dans un
très-petit nombre d'opérations chimiques. Ceux qui viennent de Hesse
sont assez bons, mais on doit préférer ceux de terre de Limoges qui
paroissent être absolument infusibles. Il existe en France un grand
nombre d'argiles propres à faire des creusets; telle est celle,
par exemple, dont on se sert pour les creusets de la glacerie de
Saint-Gobin.

On donne aux creusets différentes formes, suivant les opérations
auxquelles on se propose de les employer. On a représenté celles qui
sont le plus usitées dans les _fig. 7, 8, 9 & 10_ de la _planche VII_.
Ceux représentés _figure 9_, qui sont presque fermés par en haut, se
nomment _tutes_.

Quoique la fusion puisse souvent avoir lieu sans que le corps qui y est
soumis change de nature & se décompose, cette opération est cependant
aussi un des moyens de décomposition & de recomposition que la Chimie
emploie. C'est par la fusion qu'on extrait tous les métaux de leurs
mines, qu'on les revivifie, qu'on les moule, qu'on les allie les uns
aux autres; c'est par elle que l'on combine l'alkali & le sable pour
former du verre, que se fabriquent les pierres colorées, les émaux, &c.

Les anciens Chimistes employoient beaucoup plus fréquemment l'action
d'un feu violent, que nous ne le faisons aujourd'hui. Depuis qu'on a
introduit plus de rigueur dans la manière de faire des expériences, on
préfère la voie humide à la voie sèche, & on n'a recours à la fusion
que lorsqu'on a épuisé tous les autres moyens d'analyse.

Pour appliquer aux corps l'action du feu, on se sert de fourneaux, & il
me reste à décrire ceux qu'on emploie pour les différentes opérations
de la Chimie.


§. II.

_Des Fourneaux._

Les fourneaux sont les instrumens dont on fait le plus d'usage en
Chimie: c'est de leur bonne ou de leur mauvaise construction que
dépend le sort d'un grand nombre d'opérations; en sorte qu'il est
d'une extrême importance de bien monter un laboratoire en ce genre. Un
fourneau est une espèce de tour cylindrique creuse ABCD, quelquefois un
peu évasée par le haut, _planche XIII, fig. 1_. Elle doit avoir au
moins deux ouvertures latérales, une supérieure F qui est la porte du
foyer, une inférieure G qui est la porte du cendrier.

Dans l'intervalle de ces deux portes le fourneau est partagé en
deux par une grille placée horisontalement, qui forme une espèce de
diaphragme & qui est destinée à soutenir le charbon. On a indiqué la
place de cette grille par la ligne HI. La capacité qui est au-dessus
de la grille, c'est-à-dire au-dessus de la ligne HI, se nomme foyer,
parce qu'en effet c'est dans cette partie que l'on entretient le feu;
la capacité qui est au-dessous porte le nom de cendrier, par la raison
que c'est dans cette partie que se rassemblent les cendres à mesure
qu'elles se forment.

Le fourneau représenté _planche XIII, fig. 1_, est le moins
compliqué de tous ceux dont on se sert en Chimie, & il peut être
employé cependant à un grand nombre d'usages. On peut y placer des
creusets, y fondre du plomb, de l'étain, du bismuth, & en général
toutes les matières qui n'exigent pas pour être fondues, un degré de
feu très-considérable. On peut y faire des calcinations métalliques,
placer dessus des bassines, des vaisseaux évaporatoires, des capsules
de fer pour former des bains de sable, comme on le voit représenté
_pl. III, fig. 1 & 2._ C'est pour le rendre applicable à ces
différentes opérations, qu'on a ménagé dans le haut des échancrures
_mmmm_; autrement la bassine qu'on auroit posée sur le fourneau auroit
intercepté tout passage à l'air, & le charbon se seroit éteint. Si
ce fourneau ne produit qu'un degré de chaleur médiocre, c'est que la
quantité de charbon qu'il peut consommer est limitée par la quantité
d'air qui peut passer par l'ouverture G du cendrier. On augmenteroit
beaucoup son effet, en aggrandissant cette ouverture; mais le grand
courant d'air qui conviendroit dans quelques expériences, auroit de
l'inconvénient dans beaucoup d'autres, & c'est ce qui oblige de garnir
un laboratoire de fourneaux de différentes formes & construits sous
différens points de vue. Il en faut sur-tout plusieurs semblables à
celui que je viens de décrire, & de différentes grandeurs.

Une autre espèce de fourneau, peut-être encore plus nécessaire, est le
fourneau de réverbère représenté _planche XIII, figure 2_. Il est
composé, comme le fourneau simple, d'un cendrier HIKL dans sa partie
inférieure, d'un foyer KLMN, d'un laboratoire MNOP, d'un dôme RSRS;
enfin le dôme est surmonté d'un tuyau TTVV, auquel on peut en ajouter
plusieurs autres, suivant le genre des expériences.

C'est dans la partie MNOP nommée le laboratoire, que se place la
cornue A qu'on a indiquée par une ligne ponctuée; elle y est soutenue
sur deux barres de fer qui traversent le fourneau. Son col sort par
une échancrure latérale faite partie dans la pièce qui forme le
laboratoire, partie dans celle qui forme le dôme. A cette cornue
s'adapte un récipient B.

Dans la plupart des fourneaux de réverbère qui se trouvent tout faits
chez les potiers de terre à Paris, les ouvertures tant inférieures que
supérieures sont beaucoup trop petites; elles ne donnent point passage
à un volume d'air assez considérable; & comme la quantité de charbon
consommée, ou, ce qui revient au même, comme la quantité de calorique
dégagée est à peu près proportionnelle à la quantité d'air qui passe
par le fourneau, il en résulte que ces fourneaux ne produisent pas tout
l'effet qu'on pourroit desirer dans un grand nombre d'opérations. Pour
admettre d'abord par le bas un volume d'air suffisant, il faut, au lieu
d'une ouverture G au cendrier, en avoir deux GG: on en condamne une
lorsqu'on le juge à propos, & alors on n'obtient plus qu'un degré de
feu modéré; on les ouvre au contraire l'une & l'autre, quand on veut
donner le plus grand coup de feu que le fourneau puisse produire.

L'ouverture supérieure SS du dôme, ainsi que celle des tuyaux VVXX,
doit être aussi beaucoup plus grande qu'on n'a coutume de la faire.

Il est important de ne point employer des cornues trop grosses
relativement à la grandeur du fourneau. Il faut qu'il y ait toujours un
espace suffisant pour le passage de l'air entre les parois du fourneau
& celles du vaisseau qui y est contenu. La cornue A dans la _figure 2_
est un peu trop petite pour ce fourneau, & je trouve plus facile d'en
avertir que de faire rectifier la figure.

Le dôme a pour objet d'obliger la flamme & la chaleur à environner
de toutes parts la cornue & de la réverbérer; c'est de-là qu'est
venu le nom de fourneau de réverbère. Sans cette réverbération de la
chaleur, la cornue ne seroit échauffée que par son fond; les vapeurs
qui s'en élèveroient se condenseroient dans la partie supérieure,
elles se recohoberoient continuellement sans passer dans le récipient:
mais au moyen du dôme, la cornue se trouve échauffée de toutes parts;
les vapeurs ne peuvent donc se condenser que dans le col & dans le
récipient, & elles sont forcées de sortir de la cornue.

Quelquefois, pour empêcher que le fond de la cornue ne soit échauffé ou
refroidi trop brusquement, & pour éviter que ces alternatives de chaud
& de froid n'en occasionnent la fracture, on place sur les barres une
petite capsule de terre cuite dans laquelle on met un peu de sable, &
on pose sur ce sable le fond de la cornue.

Dans beaucoup d'opérations on enduit les cornues de différens luts.
Quelques-uns de ces luts n'ont pour objet que de les défendre des
alternatives de chaud & de froid; quelquefois ils ont pour objet de
contenir le verre, ou plutôt de former une double cornue qui supplée à
celle de verre dans les opérations où le degré de feu est assez fort
pour le ramollir.

Le premier de ces luts se fait avec de la terre à four à laquelle
on joint un peu de bourre ou poil de vache: on fait une pâte de ces
matières, & on l'étend sur les cornues de verre ou de grès. Si au lieu
de terre à four qui est déjà mêlangée, on n'avoit que de l'argile ou
de la glaise pure, il faudroit y ajouter du sable. A l'égard de la
bourre, elle est utile pour mieux lier ensemble la terre: elle brûle
à la première impression du feu; mais les interstices qu'elle laisse
empêchent que l'eau qui est contenue dans la terre, en se vaporisant,
ne rompe la continuité du lut & qu'il ne tombe en poussière.

Le second lut est composé d'argile & de fragmens de poteries de grès
grossièrement pilés. On en fait une pâte assez ferme, qu'on étend
sur les cornues. Ce lut se dessèche & se durcit par le feu, & forme
lui-même une véritable cornue supplémentaire, qui contient les matières
quand la cornue de verre vient à se ramollir. Mais ce lut n'est
d'aucune utilité dans les expériences où on a pour objet de recueillir
les gaz, parce qu'il est toujours poreux & que les fluides aériformes
passent au travers.

Dans un grand nombre d'opérations, & en général toutes les fois qu'on
n'a pas besoin de donner aux corps qu'on traite un degré de chaleur
très-violent, le fourneau de réverbère peut servir de fourneau de
fusion. On supprime alors le laboratoire MNOP, & on établit à la place
le dôme RSRS, comme on le voit représenté _planche XIII, fig. 3_.

Un fourneau de fusion très-commode est celui représenté _figure 4_. Il
est composé d'un foyer ABCD, d'un cendrier sans porte & d'un dôme ABGH.
Il est troué en E pour recevoir le bout d'un soufflet qu'on y lute
solidement. Il doit être proportionnellement moins haut qu'il n'est
représenté dans la figure. Ce fourneau ne procure pas un degré de feu
très-violent; mais il suffit pour toutes les opérations courantes. Il
a de plus l'avantage d'être transporté commodément, & de pouvoir être
placé dans tel lieu du laboratoire qu'on le juge à propos. Mais ces
fourneaux particuliers ne dispensent pas d'avoir dans un laboratoire
une forge garnie d'un bon soufflet, & ce qui est encore plus important,
un bon fourneau de fusion. Je vais donner la description de celui
dont je me sers, & détailler les principes d'après lesquels je l'ai
construit.

L'air ne circule dans un fourneau que parce qu'il s'échauffe en passant
à travers les charbons: alors il se dilate; devenu plus léger que
l'air environnant, il est forcé de monter par la pression des colonnes
latérales, & il est remplacé par de nouvel air qui arrive de toutes
parts, principalement par-dessous. Cette circulation de l'air a lieu
lorsque l'on brûle du charbon même dans un simple réchaut: mais il est
aisé de concevoir que la masse d'air qui passe par un fourneau ainsi
ouvert de toutes parts, ne peut pas être, toutes choses d'ailleurs
égales, aussi grande que celle qui est contrainte de passer par un
fourneau formé en tour creuse, comme le sont en général les fourneaux
chimiques, & que par conséquent la combustion ne peut pas y être aussi
rapide.

Soit supposé, par exemple, un fourneau ABCDEF, _planche XIII, figure 5_,
ouvert par le haut & rempli de charbons ardens; la force avec
laquelle l'air sera obligé de passer à travers les charbons, sera
mesurée par la différence de pesanteur spécifique de deux colonnes
AC, l'une d'air froid pris en-dehors du fourneau, l'autre d'air chaud
pris en-dedans. Ce n'est pas qu'il n'y ait encore de l'air échauffé
au-dessus de l'ouverture AB du fourneau, & il est certain que son excès
de légèreté doit entrer aussi pour quelque chose dans le calcul; mais
comme cet air chaud est continuellement refroidi & emporté par l'air
extérieur, cette portion ne peut pas faire beaucoup d'effet.

Mais si à ce même fourneau on ajoute un grand tuyau creux de même
diamètre que lui GHAB, qui défende l'air qui a été échauffé par
les charbons ardens, d'être refroidi, dispersé & emporté par l'air
environnant, la différence de pesanteur spécifique en vertu de laquelle
s'opérera la circulation de l'air, ne sera plus celle de deux colonnes
AC, l'une extérieure, l'autre intérieure; ce sera celle de deux
colonnes égales à GC. Or, à chaleur égale, si la colonne GC = 3AC, la
circulation de l'air se fera en raison d'une force triple. Il est vrai
que je suppose ici que l'air contenu dans la capacité GHCD est autant
échauffé que l'étoit l'air contenu dans la capacité ABCD, ce qui n'est
pas rigoureusement vrai; car la chaleur doit décroître de AB à GH: mais
comme il est évident que l'air de la capacité GHAB est beaucoup plus
chaud que l'air extérieur, il en résulte toujours que l'addition de la
tour creuse GHAB augmente la rapidité du courant d'air, qu'il en passe
plus à travers les charbons, & que par conséquent il y aura plus de
combustion.

Conclurons-nous de ces principes qu'il faille augmenter indéfiniment
la longueur du tuyau GHAB? Non sans doute; car puisque la chaleur de
l'air diminue de AB en GH, ne fût-ce que par le refroidissement causé
à cet air par le contact des parois du tuyau, il en résulte que la
pesanteur spécifique de l'air qui le traverse diminue graduellement,
& que si le tuyau étoit prolongé à un certain point, on arriveroit à
un terme où la pesanteur spécifique de l'air seroit égale en-dedans
& en-dehors du tuyau; & il est évident qu'alors cet air froid qui ne
tendroit plus à monter, seroit une masse à déplacer qui apporteroit une
résistance à l'ascension de l'air inférieur. Bien plus, comme cet air
est nécessairement mêlé de gaz acide carbonique, & que ce gaz est plus
lourd que l'air atmosphérique, il arriveroit, si ce tuyau étoit assez
long pour que l'air avant de parvenir à son extrémité pût se rapprocher
de la température extérieure, qu'il tendroit à redescendre; d'où il
faut conclure que la longueur des tuyaux qu'on ajoute sur les fourneaux
est limitée par la nature des choses.

Les conséquences auxquelles nous conduisent ces réflexions, sont 1º.
que le premier pied de tuyau qu'on ajoute sur le dôme d'un fourneau,
fait plus d'effet que le sixième, par exemple; que le sixième en fait
plus que le dixième: mais aucune expérience ne nous a encore fait
connoître à quel terme on doit s'arrêter; 2º. que ce terme est d'autant
plus éloigné que le tuyau est moins bon conducteur de chaleur, puisque
l'air s'y refroidit d'autant moins; en sorte que la terre cuite est
beaucoup préférable à la tôle pour faire des tuyaux de fourneaux, &
que si même on les formoit d'une double enveloppe, si on remplissoit
l'intervalle de charbon pilé, qui est une des substances la moins
propre à transmettre la chaleur, on retarderoit le refroidissement de
l'air, & on augmenteroit par conséquent la rapidité du courant & la
possibilité d'employer un tuyau plus long; 3º. que le foyer du fourneau
étant l'endroit le plus chaud & celui par conséquent où l'air qui le
traverse est le plus dilaté, cette partie du fourneau doit être aussi
la plus volumineuse, & qu'il est nécessaire d'y ménager un renflement
considérable. Il est d'une nécessité d'autant plus indispensable de
donner beaucoup de capacité à cette partie du fourneau, qu'elle n'est
pas seulement destinée au passage de l'air qui doit favoriser, ou pour
mieux dire, opérer la combustion; elle doit encore contenir le charbon
& le creuset; en sorte qu'on ne peut compter pour le passage de l'air
que l'intervalle que laissent entr'eux les charbons.

C'est d'après ces principes que j'ai construit mon fourneau de fusion,
& je ne crois pas qu'il en existe aucun qui produise un effet plus
violent. Cependant je n'ose pas encore me flatter d'être arrivé à
la plus grande intensité de chaleur qu'on puisse produire dans les
fourneaux chimiques. On n'a point encore déterminé par des expériences
exactes l'augmentation de volume que prend l'air en traversant un
fourneau de fusion; en sorte qu'on ne connoît point le rapport qu'on
doit observer entre les ouvertures inférieures & supérieures d'un
fourneau: on connoît encore moins la grandeur absolue qu'il convient de
donner à ces ouvertures. Les données manquent donc, & on ne peut encore
arriver au but que par tâtonnement.

Ce fourneau est représenté _pl. XIII, fig. 6_. Je lui ai donné,
d'après les principes que je viens d'exposer, la forme d'un sphéroïde
elliptique ABCD, dont les deux bouts sont coupés par un plan qui
passeroit par chacun des foyers perpendiculairement au grand axe. Au
moyen du renflement qui résulte de cette figure, le fourneau peut tenir
une masse de charbon considérable, & il reste encore dans l'intervalle
assez d'espace pour le passage du courant d'air.

Pour que rien ne s'oppose au libre accès de l'air extérieur, je l'ai
laissé entièrement ouvert par-dessous, à l'exemple de M. Macquer, qui
avoit déjà pris cette même précaution pour son fourneau de fusion, & je
l'ai posé sur un trépied. La grille dont je me sers est à claire-voie
& en fer méplat; & pour que les barreaux opposent moins d'obstacle au
passage de l'air, je les ai fait poser non sur leur côté plat, mais
sur le côté le plus étroit, comme on le voit _figure 7_. Enfin j'ai
ajouté à la partie supérieure AB un tuyau de 18 pieds de long en terre
cuite, & dont le diamètre intérieur est presque de moitié de celui du
fourneau. Quoique j'obtienne déjà avec ce fourneau un feu supérieur à
celui qu'aucun Chimiste se soit encore procuré jusqu'ici, je le crois
susceptible d'être sensiblement augmenté par les moyens simples que
j'ai indiqués & dont le principal consiste à rendre le tuyau FGAB le
moins bon conducteur de chaleur qu'il soit possible.

Il me reste à dire un mot du fourneau de coupelle ou fourneau d'essai.
Lorsqu'on veut connoître si du plomb contient de l'or ou de l'argent,
on le chauffe à grand feu dans de petites capsules faites avec des
os calcinés, & qui, en termes d'essai, se nomment _coupelles_. Le
plomb s'oxide, il devient susceptible de se vitrifier, il s'imbibe
& s'incorpore avec la coupelle. On conçoit que le plomb ne peut
s'oxider qu'avec le contact de l'air; ce ne peut donc être, ni dans un
creuset où le libre accès de l'air extérieur est interdit, ni même au
milieu d'un fourneau à travers les charbons ardens, puisque l'air de
l'intérieur d'un fourneau altéré par la combustion & réduit pour la
plus grande partie à l'état de gaz azote & de gaz acide carbonique,
n'est plus propre à la calcination & à l'oxidation des métaux. Il a
donc fallu imaginer un appareil particulier où le métal fût en même
tems exposé à la grande violence du feu, & garanti du contact de
l'air devenu incombustible par son passage à travers les charbons.
Le fourneau destiné à remplir ce double objet, a été nommé, dans les
arts, fourneau de coupelle. Il est communément de forme quarrée, ainsi
qu'il est représenté _planche XIII, fig. 8_. Voyez, aussi sa coupe,
_fig. 10_. Comme tous les fourneaux, bien construits, il doit avoir un
cendrier AABB, un foyer BBCC, un laboratoire CCDD, un dôme DDEE.

C'est dans le laboratoire qu'on place ce qu'on nomme la mouffle. C'est
une espèce de petit four GH, _figures 9 & 10_, fait de terre cuite
& fermé par le fond. On le pose sur des barres qui traversent le
fourneau, il s'ajuste avec l'ouverture G de la porte, & on l'y lute
avec de l'argile délayée avec de l'eau. C'est dans cette espèce de four
que se placent les coupelles. On met du charbon dessus & dessous la
mouffle par les portes du dôme & du foyer: l'air qui est entré par les
ouvertures du cendrier, après avoir servi à la combustion, s'échappe
par l'ouverture supérieure EE. A l'égard de la mouffle, l'air extérieur
y pénètre par la porte GG, & il y entretient la calcination métallique.

En réfléchissant sur cette construction, on s'apperçoit aisément
combien elle est vicieuse. Elle a deux inconvéniens principaux: quand
la porte GG est fermée, l'oxidation se fait lentement & difficilement
à défaut d'air pour l'entretenir; lorsqu'elle est ouverte, le courant
d'air froid qui s'introduit fait figer le métal & suspend l'opération.
Il ne seroit pas difficile de remédier à ces inconvéniens, en
construisant la mouffle & le fourneau de manière qu'il y eût un courant
d'air extérieur toujours renouvellé qui rasât la surface du métal. On
feroit passer cet air à travers un tuyau de terre qui seroit entretenu
rouge par le feu même du fourneau, afin que l'intérieur de la mouffle
ne fût jamais refroidi; & on feroit en quelques minutes ce qui demande
souvent un tems considérable.

M. Sage a été conduit par d'autres principes à de semblables
conséquences. Il place la coupelle qui contient le plomb allié de fin
dans un fourneau ordinaire à travers les charbons; il la recouvre avec
une petite mouffle de porcelaine, & quand le tout est suffisamment
chaud, il dirige sur le métal le courant d'air d'un soufflet ordinaire
à main: la coupellation de cette manière se fait avec une grande
facilité, & à ce qu'il paroît, avec beaucoup d'exactitude.


§. III.

_Des moyens d'augmenter considérablement l'action du feu, en
substituant le gaz oxygène à l'air de l'atmosphère._

On a obtenu avec les grands verres ardens qui ont été construits
jusqu'à ce jour, tels que ceux de Tchirnausen & celui de M. de
Trudaine, une intensité de chaleur un peu plus grande que celle qui
a lieu dans les fourneaux chimiques, & même dans les fours où l'on
cuit la porcelaine dure. Mais ces instrumens sont extrêmement chers,
& ils ne vont pas même jusqu'à fondre la platine brute; en sorte que
leur avantage, relativement à l'effet qu'ils produisent, n'est presque
d'aucune considération, & qu'il est plus que compensé par la difficulté
de se les procurer & même d'en faire usage.

Les miroirs concaves à diamètre égal font un peu plus d'effet que les
verres ardens; on en a la preuve par les expériences faites par MM.
Macquer & Baumé, avec le miroir de M. l'Abbé Bouriot: mais comme la
direction des rayons réfléchis est de bas en haut, il faut opérer en
l'air & sans support; ce qui rend absolument impossible le plus grand
nombre des expériences chimiques.

Ces considérations m'avoient déterminé d'abord à essayer de remplir de
grandes vessies de gaz oxygène, à y adapter un tube susceptible d'être
fermé par un robinet, & à m'en servir pour animer avec ce gaz le feu
des charbons allumés. L'intensité de chaleur fut telle, même dans mes
premières tentatives, que je parvins à fondre une petite quantité de
platine brute avec assez de facilité.

C'est à ce premier succès que je dois l'idée du gazomètre dont j'ai
donné la description, page 346 & suivantes. Je l'ai substitué aux
vessies; & comme on peut donner au gaz oxygène le degré de pression
qu'on juge à propos, on peut non-seulement s'en procurer un écoulement
continu, mais lui donner même un grand degré de vitesse.

Le seul appareil dont on ait besoin pour ce genre d'expériences,
consiste en une petite table ABCD, _pl. XII, fig. 15_, percée
d'un trou en F, à travers lequel on fait passer un tube de cuivre
ou d'argent FG, terminé en G par une très-petite ouverture qu'on
peut ouvrir ou fermer par le moyen du robinet H. Ce tube se continue
par dessous la table en _lmno_, & va s'adapter au gazomètre avec
l'intérieur duquel il communique. Lorsqu'on veut opérer, on commence à
faire avec le tourne-vis KI un creux de quelques lignes de profondeur
dans un gros charbon noir. On place dans ce creux le corps que l'on
veut fondre: on allume ensuite le charbon avec un chalumeau de verre,
à la flamme d'une chandelle ou d'une bougie; après quoi on l'expose au
courant de gaz oxygène qui sort avec rapidité par le bec ou extrémité G
du tube FG.

Cette manière d'opérer ne peut être employée que pour les corps qui
peuvent être mis sans inconvénient en contact avec les charbons, tels
que les métaux, les terres simples, &c. A l'égard des corps dont les
principes ont de l'affinité avec le charbon & que cette substance
décompose, comme les sulfates, les phosphates, & en général presque
tous les sels neutres, les verres métalliques, les émaux, &c. on se
sert de la lampe d'émailleur, à travers de laquelle on fait passer un
courant de gaz oxygène. Alors, au lieu de l'ajutage recourbé EG, on se
sert de celui coudé ST, qu'on visse à la place & qui dirige le courant
de gaz oxygène à travers la flamme de la lampe. L'intensité de chaleur
que donne ce second moyen n'est pas aussi forte que celle qu'on obtient
par le premier, & ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on parvient à
fondre la platine.

Les supports dont on se sert dans cette seconde manière d'opérer, sont
ou des coupelles d'os calcinés, ou de petites capsules de porcelaine,
ou même des capsules ou cuillers métalliques. Pourvu que ces dernières
ne soient pas trop petites, elles ne fondent pas, attendu que les
métaux sont bons conducteurs de chaleur, que le calorique se répartit
en conséquence promptement & facilement dans toute la masse, & n'en
échauffe que médiocrement chacune des parties.

On peut voir dans les volumes de l'Académie, année 1782, page 476,
& 1783, page 573, la suite d'expériences que j'ai faites avec cet
appareil. Il en résulte, 1º. que le cristal de roche, c'est-à-dire la
terre siliceuse pure, est infusible; mais qu'elle devient susceptible
de ramollissement & de fusion, dès qu'elle est mélangée.

2º. Que la chaux, la magnésie & la baryte ne sont fusibles ni seules,
ni combinées ensemble; mais qu'elles facilitent, sur-tout la chaux, la
fusion de toutes les autres substances.

3º. Que l'alumine est complètement fusible seule, & qu'il résulte de
sa fusion une substance vitreuse opaque très-dure, qui raye le verre
comme les pierres précieuses.

4º. Que toutes les terres & pierres composées se fondent avec beaucoup
de facilité, & forment un verre brun.

5º. Que toutes les substances salines, même l'alkali fixe, se
volatilisent en peu d'instans.

6º. Que l'or, l'argent, etc. & probablement la platine, se
volatilisent lentement à ce degré de feu, & se dissipent sans aucune
circonstance particulière.

7º. Que toutes les autres substances métalliques, à l'exception du
mercure, s'oxident quoique placées sur un charbon; qu'elles y brûlent
avec une flamme plus ou moins grande & diversement colorée, & finissent
par se dissiper entièrement.

8º. Que les oxides métalliques brûlent également tous avec flamme; ce
qui semble établir un caractère distinctif de ces substances, ce qui me
porte à croire, comme Bergman l'avoit soupçonné, que la baryte est un
oxide métallique, quoiqu'on ne soit pas encore parvenu à en obtenir le
métal dans son état de pureté.

9º. Que parmi les pierres précieuses, les unes, comme le rubis, sont
susceptibles de se ramollir et de se souder, sans que leur couleur &
même que leur poids soient altérés; que d'autres, comme l'hyacinthe
dont la fixité est presque égale à celle du rubis, perdent facilement
leur couleur; que la topase de Saxe, la topase & le rubis du Bresil
non-seulement se décolorent promptement à ce degré de feu, mais qu'ils
perdent même un cinquième de leur poids, & qu'il reste, lorsqu'ils ont
subi cette altération, une terre blanche semblable en apparence à du
quartz blanc ou à du biscuit de porcelaine; enfin que l'émeraude, la
chrysolite & le grenat fondent presque sur-le-champ en un verre opaque
& coloré.

10º. Qu'à l'égard du diamant, il présente une propriété qui lui
est toute particulière, celle de se brûler à la manière des corps
combustibles & de se dissiper entièrement.

Il est un autre moyen dont je n'ai point encore fait usage, pour
augmenter encore davantage l'activité du feu par le moyen du gaz
oxygène; c'est de l'employer à souffler un feu de forge. M. Achard en
a eu la première idée; mais les procédés qu'il a employés & au moyen
desquels il croyoit déphlogistiquer l'air de l'atmosphère, ne l'ont
conduit à rien de satisfaisant. L'appareil que je me propose de faire
construire, sera très-simple: il consistera dans un fourneau ou espèce
de forge d'une terre extrêmement réfractaire; sa figure sera à peu
près semblable à celle du fourneau représenté _planche XIII, figure 4_;
il sera seulement moins élevé & en général construit sur de plus
petites dimensions. Il aura deux ouvertures, l'une en E à laquelle
s'adaptera le bout d'un soufflet, & une seconde toute semblable à
laquelle s'ajustera un tuyau qui communiquera avec le gazomètre. Je
pousserai d'abord le feu aussi loin qu'il sera possible par le vent du
soufflet; & quand je serai parvenu à ce point, je remplirai entièrement
le fourneau de charbons embrasés; puis interceptant tout-à-coup le
vent du soufflet, je donnerai par l'ouverture d'un robinet accès au
gaz oxygène du gazomètre, & je le ferai arriver avec quatre ou cinq
pouces de pression. Je puis réunir ainsi le gaz oxygène de plusieurs
gazomètres, de manière à en faire passer jusqu'à huit à neuf pieds
cubes à travers le fourneau, & je produirai une intensité de chaleur
certainement très-supérieure à tout ce que nous connoissons. J'aurai
soin de tenir l'ouverture supérieure du fourneau très-grande, afin que
le calorique ait une libre issue, & qu'une expansion trop rapide de ce
fluide si éminemment élastique ne produise point une explosion.


_FIN._



  TABLES
  A L'USAGE
  DES CHIMISTES.



TABLES
A L'USAGE DES CHIMISTES.


Nº. I.

_Table pour convertir les onces, gros & grains en fractions décimales
de livre, poids de marc._


                       TABLE POUR LES GRAINS.
  ================================================================
  |  Grains  |Fractions décimales||  Grains  |Fractions décimales|
  |  poids   |     de livre      ||  poids   |     de livre      |
  | de marc. | correspondantes.  || de marc. | correspondantes.  |
  |------------------------------||------------------------------|
  |          |     livre.        ||          |     livre.        |
  |          |                   ||          |                   |
  |     1    |    0,000108507    ||    13    |    0,001410591    |
  |     2    |    0,000217014    ||    14    |    0,001519098    |
  |     3    |    0,000325521    ||    15    |    0,001627605    |
  |     4    |    0,000434028    ||    16    |    0,001736112    |
  |     5    |    0,000542535    ||    17    |    0,001844619    |
  |     6    |    0,000651042    ||    18    |    0,001953125    |
  |     7    |    0,000759549    ||    19    |    0,002061633    |
  |     8    |    0,000868056    ||    20    |    0,002170140    |
  |     9    |    0,000976563    ||    21    |    0,002278647    |
  |    10    |    0,001085070    ||    22    |    0,002387154    |
  |    11    |    0,001193577    ||    23    |    0,002495661    |
  |    12    |    0,001302084    ||    24    |    0,002604168    |
  ================================================================


  ================================================================
  |  Grains  |Fractions décimales||  Grains  |Fractions décimales|
  |  poids   |     de livre      ||  poids   |     de livre      |
  | de marc. | correspondantes.  || de marc. | correspondantes.  |
  |------------------------------||------------------------------|
  |          |     livre.        ||          |     livre.        |
  |          |                   ||          |                   |
  |    25    |    0,002712675    ||    51    |    0,005533857    |
  |    26    |    0,002821182    ||    52    |    0,005642364    |
  |    27    |    0,002929689    ||    53    |    0,005750871    |
  |    28    |    0,003038196    ||    54    |    0,005859378    |
  |    29    |    0,003146703    ||    55    |    0,005967885    |
  |    30    |    0,003255210    ||    56    |    0,006076372    |
  |    31    |    0,003363717    ||    57    |    0,006184899    |
  |    32    |    0,003472224    ||    58    |    0,006293406    |
  |    33    |    0,003580731    ||    59    |    0,006401913    |
  |    34    |    0,003689238    ||    60    |    0,006510420    |
  |    35    |    0,003797745    ||    61    |    0,006618927    |
  |    36    |    0,003906252    ||    62    |    0,006727434    |
  |    37    |    0,004014759    ||    63    |    0,006835941    |
  |    38    |    0,004123266    ||    64    |    0,006944448    |
  |    39    |    0,004231773    ||    65    |    0,007052955    |
  |    40    |    0,004340280    ||    66    |    0,007161462    |
  |    41    |    0,004448787    ||    67    |    0,007269969    |
  |    42    |    0,004557294    ||    68    |    0,007378456    |
  |    43    |    0,004665801    ||    69    |    0,007486983    |
  |    44    |    0,004774308    ||    70    |    0,007595490    |
  |    45    |    0,004882815    ||    71    |    0,007703997    |
  |    46    |    0,004991322    ||    72    |    0,007812504    |
  |    47    |    0,005099829    ||    73    |    0,007921011    |
  |    48    |    0,005208336    ||    74    |    0,008029518    |
  |    49    |    0,005316843    ||    75    |    0,008138025    |
  |    50    |    0,005425350    ||    76    |    0,008246532    |
  ================================================================


  ================================================================
  |  Grains  |Fractions décimales||  Grains  |Fractions décimales|
  |  poids   |     de livre      ||  poids   |     de livre      |
  | de marc. | correspondantes.  || de marc. | correspondantes.  |
  |------------------------------||------------------------------|
  |          |     livre.        ||          |     livre.        |
  |          |                   ||          |                   |
  |    77    |    0,008355039    ||    89    |    0,009657123    |
  |    78    |    0,008463546    ||    90    |    0,009765630    |
  |    79    |    0,008572053    ||    91    |    0,009874137    |
  |    80    |    0,008680560    ||    92    |    0,009982644    |
  |    81    |    0,008789067    ||    93    |    0,010091151    |
  |    82    |    0,008897574    ||    94    |    0,010199658    |
  |    83    |    0,009006081    ||    95    |    0,010308165    |
  |    84    |    0,009114588    ||    96    |    0,010416672    |
  |    85    |    0,009223095    ||    97    |    0,010525179    |
  |    86    |    0,009331602    ||    98    |    0,010633686    |
  |    87    |    0,009440109    ||    99    |    0,010742193    |
  |    88    |    0,009548616    ||   100    |    0,010850700    |
  ================================================================


     POUR LES GROS.           POUR LES ONCES.
  =====================    ======================
  | gros. |   livre.  |    | onces. |   livre.  |
  |       |           |    |        |           |
  |   1   | 0,0078125 |    |    1   | 0,0625000 |
  |   2   | 0,0156250 |    |    2   | 0,1250000 |
  |   3   | 0,0234375 |    |    3   | 0,1875000 |
  |   4   | 0,0312500 |    |    4   | 0,2500000 |
  |   5   | 0,0390625 |    |    5   | 0,3125000 |
  |   6   | 0,0468750 |    |    6   | 0,3750000 |
  |   7   | 0,0546875 |    |    7   | 0,4375000 |
  |   8   | 0,0625000 |    |    8   | 0,5000000 |
  |   9   | 0,0703125 |    |    9   | 0,5625000 |
  |  10   | 0,0781250 |    |   10   | 0,6250000 |
  |  11   | 0,0859375 |    |   11   | 0,6875000 |
  |  12   | 0,0937500 |    |   12   | 0,7500000 |
  |  13   | 0,1015625 |    |   13   | 0,8125000 |
  |  14   | 0,1093750 |    |   14   | 0,8750000 |
  |  15   | 0,1171875 |    |   15   | 0,9375000 |
  |  16   | 0,1250000 |    |   16   | 1,0000000 |
  =====================    ======================



Nº. II.

_TABLE pour convertir les fractions décimales de livre en fractions
vulgaires._


    POUR LES DIXIEMES DE LIVRE.       POUR LES MILLIEMES DE LIVRE.
  ================================  ================================
  |Fractions|Fractions vulgaires |  |Fractions|Fractions vulgaires |
  |décimales|      de livre      |  |décimales|      de livre      |
  |de livre.|  correspondantes.  |  |de livre.|  correspondantes.  |
  |------------------------------|  |------------------------------|
  | livre.  |onces. gros. grains.|  | livre.  |onces. gros. grains.|
  |         |                    |  |         |                    |
  |   0,1   |  1      4    57,60 |  |  0,001  |  »      »    9,22  |
  |   0,2   |  3      1    43,20 |  |  0,002  |  »      »   18,43  |
  |   0,3   |  4      6    28,80 |  |  0,003  |  »      »   27,65  |
  |   0,4   |  6      3    14,40 |  |  0,004  |  »      »   36,86  |
  |   0,5   |  8      8     0    |  |  0,005  |  »      »   46,08  |
  |   0,6   |  9      4    57,60 |  |  0,006  |  »      »   55,30  |
  |   0,7   | 11      1    43,20 |  |  0,007  |  »      »   64,51  |
  |   0,8   | 12      6    28,80 |  |  0,008  |  »      1    1,73  |
  |   0,9   | 14      3    14,40 |  |  0,009  |  »      1   10,94  |
  |   1,    | 16      0     0    |  |  0,010  |  »      1   20,16  |
  ================================  ================================


        POUR LES CENTIEMES         POUR LES DIX MILLIEMES
             DE LIVRE.                   DE LIVRE.
  ===============================  ======================
  | livre. |onces. gros. grains.|  |  livre.  | grains. |
  |        |                    |  |          |         |
  |  0,01  |  »      1    20,16 |  |  0,0001  |  0,92   |
  |  0,02  |  »      2    40,32 |  |  0,0002  |  1,84   |
  |  0,03  |  »      3    60,48 |  |  0,0003  |  2,76   |
  |  0,04  |  »      5     8,64 |  |  0,0004  |  3,69   |
  |  0,05  |  »      6    28,80 |  |  0,0005  |  4,61   |
  |  0,06  |  »      7    48,96 |  |  0,0006  |  5,53   |
  |  0,07  |  1      0    69,12 |  |  0,0007  |  6,45   |
  |  0,08  |  1      2    17,28 |  |  0,0008  |  7,37   |
  |  0,09  |  1      3    37,44 |  |  0,0009  |  8,29   |
  |  0,10  |  1      4    57,60 |  |  0,0010  |  9,22   |
  ===============================  ======================


      POUR LES CENT MILLIEMES             POUR LES MILLIONIEMES
             DE LIVRE.                          DE LIVRE.
  ================================  =================================
  |Fractions|Fractions vulgaires |  |Fractions |Fractions vulgaires |
  |décimales|      de livre      |  |décimales |      de livre      |
  |de livre.|  correspondantes.  |  |de livre. |  correspondantes.  |
  |------------------------------|  |-------------------------------|
  | livre.  |       grains.      |  |  livre.  |      grains.       |
  |         |                    |  |          |                    |
  | 0,00001 |        0,09        |  | 0,000001 |       0,01         |
  | 0,00002 |        0,18        |  | 0,000002 |       0,02         |
  | 0,00003 |        0,28        |  | 0,000003 |       0,03         |
  | 0,00004 |        0,37        |  | 0,000004 |       0,04         |
  | 0,00005 |        0,46        |  | 0,000005 |       0,05         |
  | 0,00006 |        0,55        |  | 0,000006 |       0,06         |
  | 0,00007 |        0,64        |  | 0,000007 |       0,07         |
  | 0,00008 |        0,74        |  | 0,000008 |       0,08         |
  | 0,00009 |        0,83        |  | 0,000009 |       0,09         |
  | 0,00010 |        0,92        |  | 0,000010 |       0,10         |
  ================================  =================================



Nº. III.

_TABLE du nombre de Pouces cubes correspondans à un poids déterminé
d'eau._


                      TABLE POUR LES GRAINS.
  ===============================================================
  |Grains d'eau,|  Nombre  de  |   |Grains d'eau,|  Nombre de   |
  |    poids    | pouces cubes |   |    poids    | pouces cubes |
  |  de marc.   |correspondans.|   |   de marc.  |correspondans.|
  |----------------------------|   |----------------------------|
  |      1      |    0,003     |   |     23      |    0,062     |
  |      2      |    0,005     |   |     24      |    0,065     |
  |      3      |    0,008     |   |     25      |    0,067     |
  |      4      |    0,011     |   |     26      |    0,070     |
  |      5      |    0,013     |   |     27      |    0,073     |
  |      6      |    0,016     |   |     28      |    0,076     |
  |      7      |    0,019     |   |     29      |    0,078     |
  |      8      |    0,022     |   |     30      |    0,081     |
  |      9      |    0,024     |   |     31      |    0,084     |
  |     10      |    0,027     |   |     32      |    0,086     |
  |     11      |    0,030     |   |     33      |    0,089     |
  |     12      |    0,032     |   |     34      |    0,092     |
  |     13      |    0,035     |   |     35      |    0,094     |
  |     14      |    0,038     |   |     36      |    0,097     |
  |     15      |    0,040     |   |     37      |    0,100     |
  |     16      |    0,043     |   |     38      |    0,103     |
  |     17      |    0,046     |   |     39      |    0,105     |
  |     18      |    0,049     |   |     40      |    0,108     |
  |     19      |    0,051     |   |     41      |    0,111     |
  |     20      |    0,054     |   |     42      |    0,113     |
  |     21      |    0,057     |   |     43      |    0,116     |
  |     22      |    0,059     |   |     44      |    0,119     |
  ==============================   ==============================


  ===============================================================
  |Grains d'eau,|  Nombre de   |   |Grains d'eau,|  Nombre de   |
  |    poids    | pouces cubes |   |    poids    | pouces cubes |
  |  de marc.   |correspondans.|   |   de marc.  |correspondans.|
  |----------------------------|   |----------------------------|
  |     45      |    0,121     |   |     59      |    0,159     |
  |     46      |    0,124     |   |     60      |    0,162     |
  |     47      |    0,127     |   |     61      |    0,165     |
  |     48      |    0,130     |   |     62      |    0,167     |
  |     49      |    0,132     |   |     63      |    0,170     |
  |     50      |    0,135     |   |     64      |    0,173     |
  |     51      |    0,138     |   |     65      |    0,175     |
  |     52      |    0,140     |   |     66      |    0,178     |
  |     53      |    0,143     |   |     67      |    0,181     |
  |     54      |    0,146     |   |     68      |    0,184     |
  |     55      |    0,148     |   |     69      |    0,186     |
  |     56      |    0,151     |   |     70      |    0,189     |
  |     57      |    0,154     |   |     71      |    0,192     |
  |     58      |    0,157     |   |     72      |    0,194     |
  ===============================================================


  TABLE POUR LES GROS.   TABLE POUR LES ONCES.
  ===================    =====================
  |      | pou. cub.|    |      |  pou. cub. |
  |      |          |    |      |            |
  |   1  |  0,193   |    |   1  |    1,543   |
  |   2  |  0,386   |    |   2  |    3,086   |
  |   3  |  0,579   |    |   3  |    4,629   |
  |   4  |  0,772   |    |   4  |    6,172   |
  |   5  |  0,965   |    |   5  |    7,715   |
  |   6  |  1,158   |    |   6  |    9,258   |
  |   7  |  1,351   |    |   7  |   10,801   |
  |   8  |  1,543   |    |   8  |   12,344   |
  |      |          |    |   9  |   13,887   |
  |      |          |    |  10  |   15,430   |
  |      |          |    |  11  |   16,973   |
  |      |          |    |  12  |   18,516   |
  |      |          |    |  13  |   20,059   |
  |      |          |    |  14  |   21,602   |
  |      |          |    |  15  |   23,145   |
  |      |          |    |  16  |   24,687   |
  ===================    =====================


                      TABLE POUR LES LIVRES.
  ===============================================================
  |Livres d'eau,|  Nombre de   |   |Livres d'eau,|  Nombre de   |
  |    poids    | pouces cubes |   |    poids    | pouces cubes |
  |  de marc.   |correspondans.|   |   de marc.  |correspondans.|
  |----------------------------|   |----------------------------|
  |             |   pou. cub.  |   |             |   pou. cub.  |
  |             |              |   |             |              |
  |      1      |     24,687   |   |      20     |    493,740   |
  |      2      |     49,374   |   |      21     |    518,427   |
  |      3      |     74,061   |   |      22     |    543,114   |
  |      4      |     98,748   |   |      23     |    567,801   |
  |      5      |    123,420   |   |      24     |    592,448   |
  |      6      |    148,122   |   |      25     |    617,175   |
  |      7      |    172,809   |   |      26     |    641,862   |
  |      8      |    197,496   |   |      27     |    666,549   |
  |      9      |    222,180   |   |      28     |    691,236   |
  |     10      |    246,870   |   |      29     |    715,923   |
  |     11      |    271,557   |   |      30     |    740,610   |
  |     12      |    296,244   |   |      40     |    987,480   |
  |     13      |    320,931   |   |      50     |   1234,200   |
  |     14      |    345,618   |   |      60     |   1481,220   |
  |     15      |    370,305   |   |      70     |   1728,000   |
  |     16      |    394,992   |   |      80     |   1974,960   |
  |     17      |    419,676   |   |      90     |   2221,800   |
  |     18      |    444,360   |   |     100     |   2328,700   |
  |     19      |    469,050   |   |             |              |
  ===============================================================



Nº. IV.

_TABLE pour convertir les lignes & fractions de lignes en fractions
décimales de pouce._


     TABLE POUR LES FRACTIONS           TABLE POUR LES LIGNES.
              DE LIGNE.
  ================================  ================================
  |Douzièmes |Fractions décimales|  |          |Fractions décimales|
  |    de    |     de pouce      |  | lignes.  |     de pouce      |
  | lignes.  | correspondantes.  |  |          | correspondantes.  |
  |------------------------------|  |------------------------------|
  |          |      pouces.      |  |          |      pouces.      |
  |          |                   |  |          |                   |
  |     1    |      0,00694      |  |     1    |      0,08333      |
  |     2    |      0,01389      |  |     2    |      0,16667      |
  |     3    |      0,02083      |  |     3    |      0,25000      |
  |     4    |      0,02778      |  |     4    |      0,33333      |
  |     5    |      0,03472      |  |     5    |      0,41667      |
  |     6    |      0,04167      |  |     6    |      0,50000      |
  |     7    |      0,04861      |  |     7    |      0,58333      |
  |     8    |      0,05556      |  |     8    |      0,66667      |
  |     9    |      0,06250      |  |     9    |      0,75000      |
  |    10    |      0,06944      |  |    10    |      0,83333      |
  |    11    |      0,07639      |  |    11    |      0,91667      |
  |    12    |      0,08333      |  |    12    |      1,00000      |
  ================================  ================================



Nº. V.

_TABLE pour convertir les hauteurs d'eau observées dans les cloches ou
jarres, en hauteurs correspondantes de mercure exprimées en fractions
décimales de pouce._


  ===================================  ===================================
  | Hauteur  |Hauteur correspondante|  | Hauteur  |Hauteur correspondante|
  | de l'eau |     du mercure       |  | de l'eau |     du mercure       |
  | exprimée |exprimée en fractions |  | exprimée |exprimée en fractions |
  |en lignes.| décimales de pouce.  |  |en lignes.| décimales de pouce.  |
  |---------------------------------|  |---------------------------------|
  | lignes.  |       pouces.        |  |pou.  lig.|       pouces.        |
  |          |                      |  |          |                      |
  |     1    |       0,00614        |  |        20|       0,12284        |
  |     2    |       0,01228        |  |        21|       0,12898        |
  |     3    |       0,01843        |  |        22|       0,13512        |
  |     4    |       0,02457        |  |        23|       0,14126        |
  |     5    |       0,03071        |  |   2      |       0,14741        |
  |     6    |       0,03685        |  |   3      |       0,22111        |
  |     7    |       0,04299        |  |   4      |       0,29481        |
  |     8    |       0,04914        |  |   5      |       0,36852        |
  |     9    |       0,05528        |  |   6      |       0,44222        |
  |    10    |       0,06142        |  |   7      |       0,51593        |
  |    11    |       0,06756        |  |   8      |       0,58963        |
  |    12    |       0,07370        |  |   9      |       0,66333        |
  |    13    |       0,07985        |  |  10      |       0,73704        |
  |    14    |       0,08599        |  |  11      |       0,81074        |
  |    15    |       0,09213        |  |  12      |       0,88444        |
  |    16    |       0,09827        |  |  13      |       0,95815        |
  |    17    |       0,10441        |  |  14      |       1,03185        |
  |    18    |       0,11055        |  |  15      |       1,10556        |
  |    19    |       0,11670        |  |  16      |       1,17926        |
  ===================================  ===================================



Nº. VI.

_TABLE des quantités de pouces cubiques françois correspondans à une
once, mesure de M. Priestley._


  ================================================================
  |Onces, mesure|Pouces cubiques|  |Onces, mesure|Pouces cubiques|
  |      de     |   françois    |  |      de     |   françois    |
  |M. Priestley.|correspondans. |  |M. Priestley.|correspondans. |
  |-----------------------------|  |-----------------------------|
  |             |   pou. cub.   |  |             |   pou. cub.   |
  |             |               |  |             |               |
  |      1      |     1,567     |  |      20     |    31,340     |
  |      2      |     3,134     |  |      30     |    47,010     |
  |      3      |     4,701     |  |      40     |    62,680     |
  |      4      |     6,268     |  |      50     |    78,350     |
  |      5      |     7,835     |  |      60     |    94,020     |
  |      6      |     9,402     |  |      70     |   109,690     |
  |      7      |    10,969     |  |      80     |   125,360     |
  |      8      |    12,536     |  |      90     |   141,030     |
  |      9      |    14,103     |  |     100     |   156,700     |
  |     10      |    15,670     |  |     200     |   313,400     |
  |     11      |    17,237     |  |     300     |   470,100     |
  |     12      |    18,804     |  |     400     |   626,800     |
  |     13      |    20,371     |  |     500     |   783,500     |
  |     14      |    21,938     |  |     600     |   940,200     |
  |     15      |    23,505     |  |     700     |  1096,900     |
  |     16      |    25,072     |  |     800     |  1253,600     |
  |     17      |    26,639     |  |     900     |  1410,300     |
  |     18      |    28,206     |  |    1000     |  1567,000     |
  |     19      |    29,773     |  |             |               |
  ================================================================



Nº. VII.

_TABLE des pesanteurs des différens gaz à 28 pouces de pression & à 10
degrés du thermomètre._


  =====================================================================
  |                     | Poids   | Poids du pied  |                  |
  |    Noms des airs    |du pouce |     cube.      |  OBSERVATIONS.   |
  |       ou gaz.       | cube.   |                |                  |
  |-------------------------------------------------------------------|
  |                     | grains. | on. gro.  gra. |                  |
  |                     |         |                |                  |
  |Air atmosphérique.   | 0,46005 |  1   3    3,00 |D'après mes expér.|
  |Gaz azote.           | 0,44444 |  1   2   48,00 |D'après mes expér.|
  |Gaz oxigène.         | 0,50694 |  1   4   12,00 |D'après mes expér.|
  |Gaz hydrogène.       | 0,03539 |  »   »   61,15 |D'après mes expér.|
  |Gaz acide carbonique.| 0,68985 |  2   »   40,00 |D'après mes expér.|
  |Gaz nitreux.         | 0,54690 |  1   5    9,04 |D'après M. Kirwan.|
  |Gaz ammoniaque.      | 0,27488 |  »   6   43,00 |D'après M. Kirwan.|
  |Gaz acide sulfureux. | 1,03820 |  3   »   66,00 |D'après M. Kirwan.|
  =====================================================================



Nº. VIII.

_TABLE des Pesanteurs spécifiques des substances minérales, extraite de
l'ouvrage de M. BRISSON._


                          SUBSTANCES MÉTALLIQUES.
  ========================================================================
  |  Noms des  |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  | substances |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |métalliques.|                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Or.         {Or à 24 karats, fondu |192581| 12  3  62 |1348  1  0  41 |
  |            {& non forgé.          |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu & forgé.|193617| 12  4  28 |1355  5  0  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Or au titre de Paris, |174863| 11  2  48 |1224  0  5  18 |
  |            {ou à 22 karats,       |      |           |               |
  |            {fondu & non forgé.    |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu & forgé.|175894| 11  3  15 |1231  4  1   2 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Or au titre de la     |174022| 11  2  17 |1218  2  3  51 |
  |            {monoie de France, ou à|      |           |               |
  |            {21 22/32 karats, fondu|      |           |               |
  |            {& non forgé.          |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même monoyé.       |176474| 11  3  36 |1235  5  0  51 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Or au titre des       |157090| 10  1  33 |1099 10  0  46 |
  |            {bijoux, ou à 20       |      |           |               |
  |            {karats, fondu & non   |      |           |               |
  |            {forgé.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même, fondu &      |157746| 10  1  57 |1104  3  4  30 |
  |            {forgé.                |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Argent.     {Argent à 12 deniers   |104743|  6  6  22 | 733  3  1  52 |
  |            {fondu & non forgé.    |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu & forgé.|105107|  6  6  36 | 735 11  7  43 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Argent au titre de    |101752|  6  4  55 | 712  4  1  57 |
  |            {Paris, ou à 11 deniers|      |           |               |
  |            {10 grains, fondu & non|      |           |               |
  |            {forgé.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même, fondu &      |103765|  6  5  58 | 726  5  5  32 |
  |            {forgé.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Argent au titre de la |100476|  6  4   7 | 703  5  2  36 |
  |            {monoie de France, ou à|      |           |               |
  |            {10 deniers 21 grains, |      |           |               |
  |            {fondu & non forgé.    |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même monoyé.       |104077|  6  5  70 | 728  8  4  71 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Platine.    {Platine brut en       |156017| 10  0  65 |1092  1  7  17 |
  |            {grenailles.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même décapé, par   |167521| 10  6  62 |1172 10  2  59 |
  |            {l'acide muriatique.   |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Platine purifié fondu.|195000| 12  5   8 |1365  0  0   0 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Platine purifié forgé.|203366| 13  1  32 |1423  8  7  67 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Platine purifié, passé|210417| 13  5   8 |1472 14  5  46 |
  |            {par la filiere.       |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Platine purifié passé |220690| 14  2  31 |1544 13  2  17 |
  |            {au laminoir.          |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Cuivre.     {Cuivre rouge fondu &  | 77880|  5  0  28 | 545  2  4  35 |
  |            {non forgé.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu & passé | 88785|  5  6   3 | 621  7  7  26 |
  |            {à la filiere.         |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cuivre jaune fondu &  | 83958|  5  3  38 | 587 11  2  26 |
  |            {non forgé.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu & passé | 85441|  5  4  22 | 598  1  3  10 |
  |            {à la filiere.         |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Fer.        {Fer fondu.            | 72070|  4  5  27 | 504  7  6  52 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Fer forgé en barre,   | 77880|  5  0  28 | 545  2  4  35 |
  |            {écroui ou non écroui. |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Acier ni trempé, ni   | 78331|  5  0  44 | 548  5  0  41 |
  |            {écroui.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même écroui & non  | 78404|  5  0  47 | 548 13  1  71 |
  |            {trempé.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même écroui &      | 78180|  5  0  39 | 547  4  1  20 |
  |            {ensuite trempé.       |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même trempé & non  | 78163|  5  0  38 | 547  2  2   3 |
  |            {écroui.               |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Etain.      {Etain pur de          | 72914|  4  5  58 | 510  6  2  68 |
  |            {Cornouailles, fondu & |      |           |               |
  |            {non écroui.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu &       | 72994|  4  5  61 | 510 15  2  45 |
  |            {écroui.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Etain de Mélac,       | 72963|  4  5  60 | 510 11  6  61 |
  |            {fondu & non écroui.   |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Le même fondu &       | 73065|  4  5  64 | 511  7  2  17 |
  |            {écroui.               |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Plomb.      |Plomb fondu.          |113523|  7  2  62 | 794 10  4  44 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Zinc.       |Zinc fondu.           | 71908|  4  5  21 | 503  5  5  41 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Bismuth.    |Bismuth fondu.        | 98227|  6  2  67 | 687  9  3  28 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Cobalt.     |Cobalt fondu.         | 78119|  5  0  36 | 546 13  2  45 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Antimoine.  {Antimoine fondu.      | 67021|  4  2  54 | 469  2  2  59 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Antimoine crud.       | 40643|  2  5   5 | 284  8  0   9 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Verre d'antimoine.    | 49464|  3  1  47 | 346  3  7  64 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Arsenic.    |Arsenic fondu.        | 57633|  3  5  64 | 403  6  7  12 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Nickel.     |Nickel fondu.         | 78070|  5  0  35 | 546  7  6  52 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Molybdène.  |. . . . . . . . . . . | 47385|  3  0  41 | 331 11  1  69 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Tungstène.  |. . . . . . . . . . . | 60665|  3  7  33 | 424 10  3  60 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Mercure.    |. . . . . . . . . . . |135681|  8  6  25 | 949 12  2  13 |
  ========================================================================


                             PIERRES PRÉCIEUSES.
  ========================================================================
  |  Noms des  |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  pierres   |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |précieuses. |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Diamant.    {Diamant Oriental      | 35212|  2  2  19 | 246  7  5  69 |
  |            {blanc.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Diamant Oriental      | 35310|  2  2  22 | 247  2  5  55 |
  |            {couleur de rose.      |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Rubis.      {Rubis Oriental.       | 42833|  2  6  15 | 299 13  2  26 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Rubis Spinelle.       | 37600|  2  3  36 | 263  3  1  43 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Rubis Balai.          | 36458|  2  2  65 | 255  3  2  26 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Rubis du Brésil.      | 35311|  2  2  22 | 247  2  6  47 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Topaze.     {Topaze Orientale.     | 40106|  2  4  57 | 280 11  6  70 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Topaze-pistache       | 40615|  2  5   4 | 284  4  7   3 |
  |            {Orientale.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Topaze du Brésil.     | 35365|  2  2  24 | 247  8  7   3 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Topaze de Saxe.       | 35640|  2  2  35 | 249  7  5  32 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Topaze blanche de     | 35535|  2  2  31 | 248 11  7  26 |
  |            {Saxe.                 |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Saphir.     {Saphir Oriental.      | 39941|  2  4  51 | 279  9  3  10 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Saphir Oriental blanc.| 39911|  2  4  50 | 279  6  0  18 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Saphir du Puy.        | 40769|  2  5  10 | 285  6  1   2 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Saphir du Brésil.     | 31307|  2  0  17 | 219  2  3   5 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Girasol.    |. . . . . . . . . . . | 40000|  2  4  53 | 280  0  0   0 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Jargon.     |Jargon de Ceylan.     | 44161|  2  6  65 | 309  2  0  18 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Hyacinthe.  |Hyacinthe commune.    | 36873|  2  3   9 | 258  1  5  22 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Vermeille.  |. . . . . . . . . . . | 42299|  2  5  67 | 296  1  3  65 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Grenat.     {Grenat de Bohême.     | 41888|  2  5  52 | 293  3  3  47 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grenat en cristal     | 40627|  2  5   5 | 284  6  1  57 |
  |            {dodécaèdre.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grenat en cristal à   | 24684|  1  4  58 | 172 12  4  62 |
  |            {24 faces, volcanisé.  |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grenat Syrien.        | 40000|  2  4  53 | 280  0  0   0 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Emeraude.   |Emeraude du Pérou.    | 27755|  1  6  28 | 194  4  4  35 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Chrysolite. {Chrysolite des        | 27821|  1  6  31 | 194 11  7  44 |
  |            {Joailliers.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Chrysolite du Brésil. | 26923|  1  5  69 | 188  7  3   1 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Aigue-      {Aigue marine Orientale| 35489|  2  2  29 | 248  6  6  10 |
  |marine.     {ou Béril.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Aigue-marine          | 27227|  1  6   8 | 190  9  3  28 |
  |            {Occidentale.          |      |           |               |
  ========================================================================


                             PIERRES SILICEUSES.
  ========================================================================
  |  Noms des  |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  pierres   |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |siliceuses. |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Cristal de  {Cristal de Roche      | 26530|  1  5  54 | 185 11  2  64 |
  |Roche.      {limpide de Madagascar.|      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cristal de Roche du   | 26526|  1  5  54 | 185 10  7  21 |
  |            {Brésil.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cristal de Roche      | 26548|  1  5  55 | 185 13  3   1 |
  |            {gélatineux ou         |      |           |               |
  |            {d'Europe.             |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Quartz.     {Quartz cristallisé.   | 26546|  1  5  55 | 185 13  1  16 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Quartz en masse.      | 26471|  1  5  52 | 185  4  6   1 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Grès.       {Grès des Paveurs.     | 24158|  1  4  38 | 169  1  5  41 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grès des Rémouleurs.  | 21429|  1  3   8 | 150  0  0  28 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grès des Couteliers.  | 21113|  1  2  68 | 147 12  5  18 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grès luisant de       | 25616|  1  5  20 | 179  4  7  67 |
  |            {Fontainebleau.        |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre à faux à grain | 25638|  1  5  21 | 179  7  3  47 |
  |            {moyen d'Auvergne.     |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre à faux de      | 25298|  1  5   8 | 177  1  3   1 |
  |            {Lorraine.             |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Agathe.     {Agathe Orientale.     | 25901|  1  5  31 | 181  4  7  21 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Agathe  Onix.         | 26375|  1  5  49 | 184 10  0   0 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Calcédoine. |Calcédoine limpide.   | 26640|  1  5  59 | 186  7  5  32 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Cornaline.  |. . . . . . . . . . . | 26137|  1  5  40 | 182 15  2  54 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Sardoine.   |Sardoine pure.        | 26025|  1  5  36 | 182  2  6  39 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Prase.      |. . . . . . . . . . . | 25805|  1  5  27 | 180 10  1  20 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Pierre à    {Pierre à fusil blonde.| 25941|  1  5  32 | 181  9  3  10 |
  |fusil.      {                      |      |           |               |
  |            {Pierre à fusil        | 25817|  1  5  28 | 180 11  4   2 |
  |            {noirâtre.             |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Caillou.    {Caillou Onix.         | 26644|  1  5  59 | 186  8  1   2 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Caillou de Rennes.    | 26538|  1  5  55 | 185 12  2   3 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Pierre      |. . . . . . . . . . . | 24835|  1  4  63 | 173 13  4  12 |
  |meuliere.   |                      |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Jade.       {Jade blanc.           | 29502|  1  7  21 | 206  8  1  57 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jade verd.            | 29660|  1  7  27 | 207  9  7  26 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jaspe rouge.          | 26612|  1  5  58 | 186  4  4  25 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jaspe brun.           | 26911|  1  5  69 | 188  6  0  18 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jaspe jaune.          | 27101|  1  6   4 | 189 11  2  36 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Jaspe.      {Jaspe violet.         | 27111|  1  6   4 | 189 12  3  33 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jaspe gris.           | 27640|  1  6  24 | 193  7  5  32 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Jaspe Onix ou rubanné.| 28160|  1  6  43 | 197  1  7  26 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Schorl.     {Schorl noir,          | 33636|  2  1  32 | 235  7  1  62 |
  |            {prismatique hexaèdre. |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Schorl noir spathique.| 33852|  2  1  40 | 236 15  3  28 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Schorl noir en masse, | 29225|  1  7  11 | 204  9  1  43 |
  |            {dit Basalte noir      |      |           |               |
  |            {antique.              |      |           |               |
  ========================================================================


                     PIERRES ARGILEUSES OU ALUMINEUSES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Serpentine. |Serpentine opaque     | 24295|  1  4  43 | 170  1  0  23 |
  |            |verte d'Italie, dite  |      |           |               |
  |            |Gabro des Florentins. |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Stéatite.   {Craie de Briançon     | 27274|  1  6  10 | 190 14  5  56 |
  |            {grossiere.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Craie d'Espagne.      | 27902|  1  6  34 | 195  5  0  14 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre ollaire        |      |           |               |
  |            {feuilletée du         | 27687|  1  6  26 | 193 12  7  40 |
  |            {Dauphiné.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre ollaire        | 28531|  1  6  57 | 199 11  3  56 |
  |            {feuilletée de Suéde.  |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Talc.       {Talc de Moscovie.     | 27917|  1  6  34 | 195  6  5  46 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Mica noir.            | 29004|  1  7   3 | 203  0  3  42 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Schiste.    {Schiste commun.       | 26718|  1  5  61 | 187  0  3  24 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ardoise neuve.        | 28535|  1  6  57 | 199 11  7  26 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre à rasoir       | 28763|  1  6  66 | 201  5  3  47 |
  |            {blanche.              |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre à rasoir noire | 31311|  2  0  17 | 219  2  6  47 |
  |            {& blanche.            |      |           |               |
  ========================================================================


                             PIERRES CALCAIRES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Spath       {Spath calcaire        | 27151|  1  6   6 | 190  0  7  21 |
  |calcaire.   {rhomboïdal dit Cristal|      |           |               |
  |            {d'Islande.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Spath calcaire        | 27141|  1  6   5 | 189 15  6  24 |
  |            {pyramidal, dit Dent   |      |           |               |
  |            {de cochon.            |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Albâtre.    |Albâtre Oriental      | 27302|  1  6  11 | 191  2  6  42 |
  |            |blanc antique.        |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Marbre.     {Marbre campan vert.   | 27417|  1  6  16 | 191 14  5  46 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Marbre campan rouge.  | 27242|  1  6   9 | 190 11  0  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Marbre blanc de       | 27168|  1  6   6 | 190  2  6  38 |
  |            {Carare.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Marbre blanc de Paros.| 28376|  1  6  51 | 198 10  0  65 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Pierres     {Pierre de S. Leu,     | 16593|  1  0  43 | 116  2  3  24 |
  |calcaires   {de la carriere de     |      |           |               |
  |à bâtir.    {S. Leu.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de S. Leu, de  | 18094|  1  1  28 | 126 10  4  16 |
  |            {la carriere de Notre  |      |           |               |
  |            {Dame.                 |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de Vergelet,   | 16542|  1  0  42 | 115 12  5  46 |
  |            {du plus gros grain.   |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre d'Arcueil.     | 20605|  1  2  49 | 144  3  6   6 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de Liais du    | 20778|  1  2  56 | 145  7  1   6 |
  |            {fond de Bagneux, de la|      |           |               |
  |            {carriere de Mad.      |      |           |               |
  |            {Ricateau.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de  Liais du   | 23902|  1  4  28 | 167  5  0  14 |
  |            {fond de Bagneux,      |      |           |               |
  |            {de la carriere de     |      |           |               |
  |            {M. Ory.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre des carrieres  | 13864|  0  7  14 |  97  1  6  10 |
  |            {de Bouré.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de Passy près  | 23340|  1  4   7 | 163  6  0  46 |
  |            {Tonnerre.             |      |           |               |
  ========================================================================


                                  SPATHS.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Spath pesant|Spath pesant blanc.   | 44300|     6  70 | 310  1  4  58 |
  |ou Sulfate  |                      |      |           |               |
  |de baryte.  |                      |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Spath fluor,{Spath fluor blanc.    | 31555|  2  0  26 | 220 14  1  20 |
  |ou Fluate   {                      |      |           |               |
  |de chaux.   {Spath fluor rouge.    | 31911|  2  0  39 | 223  6  0  18 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Spath fluor vert.     | 31817|  2  0  36 | 222 11  2  17 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Spath fluor bleu.     | 31688|  2  0  31 | 221 13  0  32 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Spath fluor violet.   | 31757|  2  0  34 | 222  4  6  20 |
  ========================================================================


                                  ZÉOLITE.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Zéolite.    {Zéolite  étincelante  | 24868|  1  4  64 | 174  1  1  52 |
  |            {rouge d'Œdelfors.     |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Zéolite étincelante   | 20739|  1  2  54 | 145  2  6  10 |
  |            {blanche.              |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Zéolite cristallisée. | 20833|  1  2  58 | 145 13  2  26 |
  ========================================================================


                       PEISCHTEIN OU PIERRE DE POIX.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Pierres     {Pierre de poix noire. | 20499|  1  2  45 | 143  7  7   7 |
  |de poix.    {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de poix jaune. | 20860|  1  2  59 | 146  0  2  40 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de poix rouge. | 26695|  1  5  61 | 186 13  6  52 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de poix        | 23191|  1  4   2 | 162  5  3  10 |
  |            {noirâtre.             |      |           |               |
  ========================================================================


                            PIERRES MÉLANGÉES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Porphire.   {Porphire rouge.       | 27651|  1  6  24 | 193  8  7  21 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Porphire rouge du     | 27933|  1  6  35 | 195  8  3  70 |
  |            {Dauphiné.             |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Serpentin.  {Serpentin vert.       | 28960|  1  7   1 | 202 11  4  12 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Serpentin noir dit    | 29339|  1  7  15 | 205  5  7  54 |
  |            {variolite du Dauphiné.|      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Serpentin vert du     | 29883|  1  7  36 | 209  2  7  12 |
  |            {Dauphiné.             |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Ophite.     |. . . . . . . . . . . | 29722|  1  7  30 | 208  0  6  66 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Granitelle. |. . . . . . . . . . . | 30626|  1  7  63 | 214  6  0  65 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Granit.     {Granit rouge d'Egypte.| 26541|  1  5  55 | 185 12  4  53 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Granit d'un beau      | 27609|  1  6  23 | 193  4  1  48 |
  |            {rouge.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Granit de la Vallée   | 27163|  1  6   6 | 190  2  2   3 |
  |            {de Girardmas dans les |      |           |               |
  |            {Vosges.               |      |           |               |
  ========================================================================


                            PIERRES DE VOLCANS.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Pierres     {Pierre-ponce.         |  9145|  »  4  53 |  64  0  1  66 |
  |de          {                      |      |           |               |
  |volcans.    {Lave pleine de        | 23480|  1  4  13 | 164  5  6   6 |
  |            {Volcans, dite _Pierre |      |           |               |
  |            {obsidienne_.          |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pierre de Volvic.     | 23205|  1  4   2 | 162  6  7   49|
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Basalte de la chaussée| 28642|  1  6  61 | 200  7  7   17|
  |            {des Géans.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Basalte prismatique   | 24215|  1  4  40 | 169  8  0   46|
  |            {d'Auvergne.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Basalte, dit _pierre  | 24153|  1  4  38 | 169  1  1    6|
  |            {de touche_.           |      |           |               |
  ========================================================================


                       VITRIFICATIONS ARTIFICIELLES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Verres.     {Laitier des forges.   | 28548|  1  6  58 | 199 13  3   1 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Verre des bouteilles. | 27325|  1  6  12 | 191  4  3  14 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Verre vert ou commun  | 26423|  1  5  50 | 184 15  3   1 |
  |            {des vitres.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Verre blanc ou cristal| 28922|  1  7   0 | 202  7  2   8 |
  |            {de France.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cristal des glaces de | 24882|  1  4  65 | 174  2  6   20|
  |            {S. Gobin.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cristal d'Angleterre, | 33293|  2  1  19 | 233  0  6   38|
  |            { dit _Flint-glass_    |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Verre de borax.       | 26070|  1  5  37 | 182  7  6   52|
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Porcelaine dure du    | 21457|  1  3   9 | 150  3  1   34|
  |            {Roi, ou de Sèves.     |      |           |               |
  |            |                      |      |           |               |
  |Porcelaines.{Porcelaine de Limoges.| 23410|  1  4  10 | 163 13  7   26|
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Porcelaine de la      |      |           |               |
  |            {Chine.                | 23847|  1  4  26 | 166 14  6   66|
  ========================================================================


                           MATIÈRES INFLAMMABLES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  Noms des  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |  pierres.  |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Soufre.     {Soufre natif.         | 20332|  1  2  39 | 142  5  1  34 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Soufre fondu.         | 19907|  1  2  23 | 139  5  3  56 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Bitumes.    {Charbon de terre      | 13292|  0  6  64 |  93  0  5  46 |
  |            {compacte.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ambre gris.           |  9263|  0  4  58 |  64 13  3  47 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ambre jaune ou        | 10780|  0  5  42 |  75  7  2  63 |
  |            {Succin transparent.   |      |           |               |
  ========================================================================



_TABLE des Pesanteurs spécifiques des Fluides._


                                    EAUX.
  ==========================================================================
  |          |                      |Pesan- |    Poids     |     Poids     |
  | ESPECES. |      VARIÉTÉS.       |teur   |   du pouce   |      du       |
  |          |                      |spéci- |    cube.     |  pied cube.   |
  |          |                      |fique. |              |               |
  |------------------------------------------------------------------------|
  |          |                      |       |on. g.  grai. |liv. on. g. gr.|
  |          |                      |       |              |               |
  |Eaux.     {Eau distillée.        |10000  | 0  5  13 1/3 |  70  0  0   0 |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau de pluie.         |10000  | 0  5  13 1/3 |  70  0  0   0 |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau de la Seine       |10001,5| 0  5  13,4   |  70  0  1  25 |
  |          {filtrée.              |       |              |               |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau d'Arcueil.        |10004,6| 0  5  13,5   |  70  0  4   9 |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau de Ville-d'Avray. |10004,3| 0  5  13,5   |  70  0  3  61 |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau de mer.           |10263  | 0  5  23     |  71 13  3  47 |
  |          {                      |       |              |               |
  |          {Eau du lac Asphaltite,|12403  | 0  6  31     |  86 13  1   6 |
  |          {ou de la Mer morte.   |       |              |               |
  ==========================================================================


                           LIQUEURS SPIRITUEUSES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |            |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Vins.       {Vin de Bourgogne.     |  9915|  0  5  10 |  69  6  3  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Vin de Bordeaux.      |  9939|  0  5  11 |  69  9  1  25 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Vin de Malvoisie de   | 10382|  0  5  28 |  72 10  6  20 |
  |            {Madère.               |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Bierre rouge.         | 10338|  0  5  26 |  72  5  6  61 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Bierre blanche.       | 10231|  0  5  22 |  71  9  6  70 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cidre.                | 10181|  0  5  20 |  71  4  2  13 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Esprit-     {Alkool du commerce.   |  8371|  0  4  25 |  58  9  3  30 |
  |de-vin,     {                      |      |           |               |
  |ou alkool.  {Alkool très-rectifié. |  8293|  0  4  22 |  58  0  6  38 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Alkool mêlé d'eau.    |      |           |               |
  |            {   Alkool.   Eau.     |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {  parties.   parties. |      |           |               |
  |            {    15          1     |  8527|  0  4  30 |  59 11  0  14 |
  |            {    14          2     |  8674|  0  4  36 |  60 11  4   3 |
  |            {    13          3     |  8815|  0  4  41 |  61 11  2  17 |
  |            {    12          4     |  8947|  0  4  46 |  62 10  0  37 |
  |            {    11          5     |  9075|  0  4  51 |  63  8  3  14 |
  |            {    10          6     |  9199|  0  4  55 |  64  6  2  22 |
  |            {     9          7     |  9317|  0  4  60 |  65  3  4   2 |
  |            {     8          8     |  9427|  0  4  64 |  65 15  6  43 |
  |            {     7          9     |  9519|  0  4  67 |  66 10  1   2 |
  |            {     6         10     |  9598|  0  4  70 |  67  2  7  58 |
  |            {     5         11     |  9674|  0  5   1 |  67 11  3  66 |
  |            {     4         12     |  9733|  0  5   3 |  68  2  0  55 |
  |            {     3         13     |  9791|  0  5   6 |  68  8  4  53 |
  |            {     2         14     |  9852|  0  5   8 |  68 15  3  28 |
  |            {     1         15     |  9919|  0  5  10 |  69  6  7  31 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Ethers.     {Ether sulfurique.     |  7396|  0  3  60 |  51 12  2  59 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ether nitrique.       |  9088|  0  4  51 |  63  9  6  61 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ether muriatique.     |  7296|  0  3  56 |  51  1  1  16 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Ether acétique.       |  8664|  0  4  35 |  60 10  2  68 |
  ========================================================================


                              LIQUEURS ACIDES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |            |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Acides      {Acide sulfurique.     | 18409|  1  1  39 | 128 13  6  33 |
  |minéraux.   {                      |      |           |               |
  |            {Acide nitrique.       | 12715|  »  6  43 |  89  0  0  46 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Acide muriatique.     | 11940|  »  6  14 |  83  9  2  17 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Acides      {Acide acéteux rouge.  | 10251|  0  5  23 |  71 12  0  65 |
  |végétaux.   {                      |      |           |               |
  |            {Acide acéteux blanc.  | 10135|  0  5  18 |  70 15  0  69 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Acide acéteux         | 10095|  0  5  17 |  70 10  5   9 |
  |            {distillé.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Acide acétique.       | 10626|  0  5  37 |  74  6  0  65 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Acides      |Acide formique.       |  9942|  0  5  11 |  69  9  4   2 |
  |animaux.    |                      |      |           |               |
  ========================================================================


                       ALKALI VOLATIL OU AMMONIAQUE.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |            |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Ammoniaque. |Ammoniaque en liqueur.|  8970|  0  4  47 |  62 12  5   9 |
  ========================================================================


                             LIQUEURS HUILEUSES.
  =========================================================================
  |             |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.   |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |             |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |             |                      |fique.|           |               |
  |-----------------------------------------------------------------------|
  |             |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |             |                      |      |           |               |
  |Huiles       {Huile essentielle de  |  8697|  0  4  37 |  60 14  0  37 |
  |volatiles,   {térébenthine.         |      |           |               |
  |ou           {                      |      |           |               |
  |essentielles.{Térébenthine liquide. |  9910|  0  5  10 |  69  5  7  26 |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile essentielle de  |  8938|  0  4  46 |  62  9  0  32 |
  |             {Lavande.              |      |           |               |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile essentielle de  | 10363|  0  5  27 |  72  8  5  18 |
  |             {Gérofle.              |      |           |               |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile essentielle de  | 10439|  0  5  30 |  73  1  1  25 |
  |             {Canelle.              |      |           |               |
  |             |                      |      |           |               |
  |Huiles       {Huile d'olives.       |  9153|  0  4  54 |  64  1  1   6 |
  |fixes, ou    {                      |      |           |               |
  |grasses.     {Huile d'amande douce. |  9170|  0  4  54 |  64  3  0  23 |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile de lin.         |  9403|  0  4  63 |  65 13  1   6 |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile de pavot.       |  9288|  0  4  57 |  64 10  5  18 |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile de faîne.       |  9176|  0  4  55 |  64  3  5  50 |
  |             {                      |      |           |               |
  |             {Huile de baleine.     |  9233|  0  4  57 |  64 10  0  55 |
  =========================================================================


                             LIQUEURS ANIMALES.
  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |            |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Liqueurs    {Lait de femme.        | 10203|  0  5  21 |  71  6  5  64 |
  |animales.   {                      |      |           |               |
  |            {Lait de jument.       | 10346|  0  5  26 |  72  6  6   1 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Lait d'ânesse.        | 10355|  0  5  27 |  72  7  6   6 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Lait de chèvre.       | 10341|  0  5  26 |  72  6  1  39 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Lait de brebis.       | 10409|  0  5  29 |  72 13  6  33 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Lait  de vache.       | 10324|  0  5  25 |  72  4  2  22 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Petit-lait de vache   | 10193|  0  5  20 |  71  5  4  67 |
  |            {clarifié.             |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Urine humaine.        | 10106|  0  5  17 |  70  1  6  70 |
  ========================================================================



_TABLE des Pesanteurs spécifiques de quelques substances végétales
& animales._


  ========================================================================
  |            |                      |Pesan-|   Poids   |     Poids     |
  |  ESPECES.  |      VARIÉTÉS.       |teur  | du pouce  |      du       |
  |            |                      |spéci-|   cube.   |  pied cube.   |
  |            |                      |fique.|           |               |
  |----------------------------------------------------------------------|
  |            |                      |      |onc. g. gr.|liv. on. g. gr.|
  |            |                      |      |           |               |
  |Résines.    {Résines jaune ou      | 10727|     5  40 |  75  1  3  28 |
  |            {blanche du pin.       |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Arcançon.             | 10857|     5  45 |  75 15  7  63 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Galipot.              | 10819|     5  54 |  75 11  5  59 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Baras.                | 10441|     5  30 |  73  1  3  10 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Sandaraque.           | 10920|     5  48 |  76  7  0  23 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Mastic.               | 10742|     5  41 |  75  3  0  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Storax.               | 11098|     5  54 |  77 10  7  58 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       | 11398|     5  28 |  72 12  4  44 |
  |            {copale opaque.        |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme copale          | 10452|     5  30 |  73  2  4  71 |
  |            {transparente.         |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme copale de       | 10600|     5  36 |  74  3  1  43 |
  |            {Madagascar.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme copale de la    | 10628|     5  37 |  74  6  2  50 |
  |            {Chine.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou Gomme Elémi.| 10182|     5  20 |  71  4  3   5 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       | 10284|     5  24 |  71 15  6  33 |
  |            {animée d'Orient.      |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       | 10426|     5  29 |  72 15  5  50 |
  |            {animée d'Occident.    |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Labdanum.             | 11862|     6  11 |  83  0  4  25 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Labdanum _in tortis_. | 24933|  1  4  67 | 174  8  3  70 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme de    | 12289|     6  27 |  86  0  2  68 |
  |            {gayac.                |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine de jalap.      | 12185|     6  23 |  85  4  5  55 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Sang-dragon.          | 12045|     6  18 |  84  5  0  23 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme-laque.| 11390|     5  65 |  79 11  5  32 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine tacamaque.     | 10463|     5  31 |  73  3  6  61 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Benjoin.              | 10924|     5  48 |  76  7  3  65 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       | 10604|     5  36 |  74  3  5  13 |
  |            {alouchi.              |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       | 11244|     5  60 |  78 11  2  45 |
  |            {caragne.              |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Résine ou gomme       |  9335|     4  61 |  65  5  4  12 |
  |            {élastique.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Camphre.              |  9887|     5   9 |  69  3  2  54 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Gommes-     {Gomme ammoniaque.     | 12071|     6  19 |  84  7  7  44 |
  |résines.    {                      |      |           |               |
  |            {Gomme séraphique.     | 12008|     6  16 |  84  0  7  12 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme de lierre, ou   | 12948|     6  51 |  90 10  1  29 |
  |            {hédérée.              |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme gutte.          | 12216|     6  24 |  85  8  1  39 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Euphorbe.             | 11244|     5  60 |  78 11  2  45 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Oliban ou encens.     | 11732|     6   6 |  82  1  7  63 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Mirrhe.               | 13600|     7   4 |  95  3  1  43 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Bdelium.              | 13717|     5  65 |  79 10  1  57 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Scammonée d'Alep.     | 12354|     6  29 |  86  7  5  13 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Scammonée de Smyrne.  | 12743|     6  44 |  89  3  1  52 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Galbanum.             | 12120|     6  20 |  84 13  3  37 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Assa fœtida.          | 13275|     6  64 |  92 14  6  29 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Sarcocolle.           | 12684|     6  42 |  88 12  4  62 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Opopanax.             | 16226|  1  0  30 | 113  9  2  36 |
  |                                   |      |           |               |
  |Gommes.     {Gomme commune,        | 14817|  0  7  49 | 103 11  4   2 |
  |            {ou de Païs.           |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme arabique.       | 14523|     7  38 | 101 10  4  44 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme adraganthe.     | 13161|     6  59 |  92  2  0  18 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme de Bassora.     | 14346|     7  32 | 100  6  6   1 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme d'Acajou.       | 14456|     7  36 | 101  3  0  41 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gomme monbain.        | 14206|     7  26 |  99  7  0  41 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Sucs        {Suc de réglisse.      | 17228|  1  0  67 | 120  9  4  21 |
  |épaissis.   {                      |      |           |               |
  |            {Suc d'acacia.         | 15153|     7  62 | 106  1  1   6 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Suc d'arec.           | 14573|     7  40 | 102  0  1  29 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cachou.               | 13980|     7  18 |  97 13  6   6 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Aloès hépatique.      | 13586|     7   3 |  95  1  5   4 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Aloès socotrin.       | 13795|     7  11 |  96  9  0  23 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Hypociste.            | 15263|     7  66 | 106 13  3  47 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Opium.                | 13366|     6  67 |  93  8  7   3 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Fécules.    {Indigo.               |  7690|  0  3  71 |  53 13  2  17 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Roucou.               |  5956|  0  3   6 |  41 11  0  41 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Cires       {Cire jaune.           |  9648|     5   0 |  67  8  4  44 |
  |&           {                      |      |           |               |
  |graisses.   {Cire blanche.         |  9686|     5   2 |  67 12  6  47 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cire d'ouarouchi.     |  8970|     4  47 |  62 12  5   9 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Beurre de cacao.      |  8916|     4  45 |  62  6  4  53 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Blanc de  baleine.    |  9433|     4  64 |  66  0  3  70 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Graisse de bœuf.      |  9232|     4  57 |  64  9  7  63 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Graisse de veau.      |  9341|     4  61 |  65  6  1  39 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Graisse de mouton.    |  9235|     4  57 |  64 10 2   40 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Suif.                 |  9419|     4  64 |  65 14  7  31 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Graisse de cochon.    |  9368|     4  62 |  65  9  1  52 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Lard.                 |  9478|     4  66 |  66  5  4  21 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Beurre.               |  9423|     4  64 |  65 15  3   1 |
  |            |                      |      |           |               |
  |Bois.       {Chêne de 60 ans: le   | 11700|     6   5 |  81 14  3  14 |
  |            {cœur.                 |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Liège.                |  2400|     1  18 |  16 12  6  29 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Orme: le tronc.       |  6710|     3  35 |  46 15  4  12 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Fresne: le tronc.     |  8450|     4  27 |  59  2  3  14 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Hêtre.                |  8520|     4  30 |  59 10  1  66 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Aune.                 |  8000|     4  11 |  56  0  0   0 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Erable.               |  7550|     3  66 |  52 13  4  58 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Noyer de France.      |  6710|     3  35 |  46 15  4  12 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Saule.                |  5850|     3   2 |  40 15  1  43 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Tilleul.              |  6040|     3   9 |  42  4  3  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Sapin mâle.           |  5500|     2  61 |  38  8  0   0 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Sapin femelle.        |  4980|     2  42 |  34 13  6   6 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Peuplier.             |  3830|     1  71 |  26 12  7  49 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Peuplier blanc        |  5294|     2  54 |  37  0  7  31 |
  |            {d'Espagne.            |      |           |               |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Pommier.              |  7930|     4   8 |  55  8  1  20 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Poirier.              |  6610|     3  31 |  46  4  2  40 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Coignassier.          |  7050|     3  47 |  49  5  4  58 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Nefflier.             |  9440|     4  64 |  66  1  2  17 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Prunier.              |  7850|     4   5 |  54 15  1  43 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Olivier.              |  9270|     4  58 |  64 14  1  66 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cerisier.             |  7150|     3  51 |  50  0  6  29 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Coudrier ou noisetier.|  6000|     3   8 |  42  0  0   0 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Buis de France.       |  9120|     4  52 |  63 13  3  37 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Buis de Hollande.     | 13280|     6  64 |  92 15  2  63 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {If de Hollande.       |  7880|     4   6 |  55  2  4  35 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {If d'Espagne.         |  8070|     4  13 |  56  7  6  52 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Cyprès d'Espagne.     |  6440|     3  24 |  45  1  2  17 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Thuya.                |  5608|     2  65 |  39  4  0  55 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Grenadier.            | 13540|     7   1 |  94 12  3  60 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Mûrier d'Espagne.     |  8970|     4  47 |  62 12  5   9 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Gayac.                | 13330|     6  66 |  93  4  7  49 |
  |            {                      |      |           |               |
  |            {Oranger.              |  7050|     3  47 |  49  5  4  58 |
  ========================================================================



  TABLE
  DES MATIERES.


  A

  ACIDES. Ils résultent en général d'un premier ordre de combinaisons
    formées par la réunion de deux principes simples, 163.-Savoir,
    d'un radical particulier & d'un principe acidifiant commun à tous,
    l'oxigène, 69.-C'est, en général, le résultat de la combustion ou
    de l'oxigénation d'un corps, 70.-Leurs dénominations générales se
    tirent de celle de leur base acidifiable, 72.-Difficultés de les
    nommer lorsque les bases sont inconnues, 71 & 73. Leurs noms se
    terminent en _eux_ lorsqu'ils contiennent peu d'oxigène, 72.-Ils se
    terminent en _ique_, lorsqu'ils sont plus chargés de ce principe,
    _ibid._-Ils peuvent être regardés comme de véritables principes
    salifians, 163.-Leurs combinaisons avec les bases salifiables,
    189.-Leur nombre s'est beaucoup accru depuis les nouvelles
    découvertes chimiques, 209. Chaque acide nouveau enrichit la Chimie
    de 24 ou de 48 sels, 183.

  ACIDE acéteux, vulgairement appelé vinaigre, 159.-Son radical
    est composé d'une proportion encore indéterminée d'hydrogène
    & de carbone, 159 & 160.-Il est le résultat de l'oxigénation
    du vin, _ibid._-Il absorbe l'oxigène de l'air en se formant,
    _ibid._-Tableau de ses combinaisons, 160.

  ---- Acétique. Tableau de ses combinaisons, 298.-Appelé autrefois
    vinaigre radical. Dernier degré d'oxygénation, que puisse prendre
    le radical hydro-carboneux.-Il n'est pas encore démontré qu'il
    soit plus oxigéné que l'acide acéteux; il pourroit en différer par
    la différence de proportion des principes du radical.-Moyens de
    l'obtenir, 299.

  ---- Animaux. On n'en connoît encore que six, 131.-Il paroît
    qu'ils se rapprochent beaucoup les uns des autres, 131.-Il entre
    ordinairement dans leur composition 4 bases acidifiables, 125.

  ACIDE arsenique. Tableau de ses combinaisons, 269.-Enlève l'oxigène
    à l'acide nitrique, devient un véritable acide, soluble dans
    l'eau.-Se combine avec la potasse & avec un grand nombre de bases
    salifiables, 269, 270 & 271.-Plusieurs moyens de l'obtenir, 269,
    270.

  ---- Benzoïque. Tableau de ses combinaisons, 302.-On l'obtient par
    sublimation & par la voie humide.-Procédé pour l'obtenir.-On le
    recueille sous forme concrète, 303.

  ---- Bombique. Tableau de ses combinaisons, 314.-Se tire de la
    chrysalide du ver à soie.-Moyen de l'obtenir. Ses propriétés & ses
    affinités ne sont pas bien déterminées.-Son radical paroît être
    composé de carbone, d'hydrogène & peut-être de phosphore, 313.

  ---- Boracique. Combinaison du radical boracique avec l'oxigène,
    229.-Tableau de ses combinaisons, 264.-Se tire du borax.-Sel
    sédatif des anciens, 265.-Moyens de l'obtenir du borax, 266. Ses
    propriétés, ses affinités différentes selon qu'on opère par voie
    sèche ou par voie humide.-Son radical est inconnu.-Ce n'est que par
    analogie qu'on croit que l'oxigène fait partie de sa composition,
    267.

  ---- Camphorique. Tableau de ses combinaisons, 304. Moyens de
    l'obtenir.-Il est très-analogue à l'acide oxalique.-Il peut être
    regardé comme un mêlange d'acide oxalique & d'acide malique, 305.

  ---- Carbonique. Très-abondamment répandu dans la nature.-Tout formé
    dans les craies, les marbres, neutralisé par la chaux. Moyens de
    l'obtenir.-Il s'unit à l'eau à-peu-près à volume égal.-Le carbone
    est son radical.-On peut le former artificiellement en oxigénant le
    carbone, 251.-Sa formation dans la combustion des végétaux, 166.-Il
    emporte avec lui une portion de calorique qui le constitue dans
    l'état de gaz, _ibid._-Il est un des produits de la fermentation
    vineuse, 139.-On le convertit en un acide végétal en lui combinant
    de l'hydrogène, 160.-Sa décomposition seroit bien importante
    pour les arts.-On peut y parvenir par les affinités doubles,
    252;-Tableau de ses combinaisons, 251.

  ---- Citrique. Tableau de ses combinaisons, 284.-On le tire du jus
    de citron; on le trouve dans beaucoup d'autres fruits.-Moyens de
    l'obtenir pur, 285.

  ACIDE Fluorique. Combinaison du radical fluorique avec l'oxigène,
    229.-Tableau de ses combinaisons, 261. Il est tout formé dans
    le spath fluor, spath phosphorique.-Moyens de le dégager de ses
    bases.-Il est naturellement sous forme de gaz.-Dissout le verre. On
    pourroit tenter de le décomposer par les affinités doubles, 263.

  ---- Formique. Tableau de ses combinaisons, 312.-Il a été connu dans
    le siècle dernier.-Espèce de fourmi dont on le tire.-Moyens de
    l'obtenir, 313.

  ---- Gallique. Tableau de ses combinaisons, 306.-Se tire de la noix
    de galle.-Moyen de l'obtenir.-Ses propriétés acides sont peu
    marquées. Il se trouve dans beaucoup de végétaux.-Son radical est
    inconnu, 307.

  ---- Lactique. Tableau de ses combinaisons, 308.-Se trouve dans le
    petit lait. Procédés pour l'obtenir. S'unit avec toutes les bases
    salifiables.-Il a beaucoup de rapport avec l'acide acéteux, 309.

  ---- Lithique. Tableau de ses combinaisons, 318.-Moyens de
    l'obtenir.-Ses propriétés sont peu connues.-Il pourroit bien être
    déjà combiné à une base & dans l'état de phosphate de chaux, 319.

  ACIDE malique. Tableau de ses combinaisons, 280.-Se trouve tout
    formé dans le jus de pommes & d'autres fruits.-Moyen de l'obtenir.
    Il est mêlé avec l'acide citrique & tartareux dans beaucoup de
    fruits.-Tient le milieu entre l'acide oxalique & l'acide acéteux.
    Son radical contient du carbone & de l'hydrogène. On le forme
    artificiellement, 282, 283.

  ---- Marin. Est naturellement dans l'état de gaz, au degré de
    pression de l'atmosphère, 94. Voy. _Acide Muriatique_.

  ---- Marin oxigéné. S'obtient en distillant de l'acide marin sur des
    oxides métalliques, 257. Voy. _Acide Muriatique oxigéné_.

  ---- Molybdique. Tableau de ses combinaisons.-Moyens de l'obtenir.-On
    le recueille sous forme pulvérulente de couleur blanche comme de la
    craie.-Il est toujours concret & peu soluble, 273.

  ---- Muriatique. Combinaison du radical muriatique avec l'oxigène,
    229.-Son nom dérivé de celui latin _muria_, 76.-Il est dans
    l'état de gaz au degré de pression & de température ordinaire,
    74.-Se combine facilement avec l'eau, 76.-Il est très-répandu
    dans le règne minéral, uni à différentes bases.-N'a été décomposé
    dans aucune expérience chimique.-Son radical est inconnu, 75
    & 255.-Opinion sur sa nature, 255. Tient foiblement à ses
    bases.-Moyens de l'en séparer. Appareils pour la distillation,
    246. On le surcharge d'oxigène, en le distillant sur des oxides
    métalliques, tels que le manganèse, 247.-Il est susceptible de
    différens genres d'oxigénation, 76.-L'excès d'oxigène le rend
    moins miscible à l'eau, 77; plus volatil, _ibid._-Pourquoi on n'a
    pas donné à son nom la terminaison en eux, _ibid._-Tableau de ses
    combinaisons, 253.

  ACIDE muriatique oxigéné. Il est plus volatil que l'acide muriatique
    ordinaire, 77. Il ne peut exister que sous forme gazeuse.-N'est
    absorbable par l'eau qu'en petite quantité.-Se combine avec un
    grand nombre de bases salifiables.-Les sels qu'il forme détonnent
    avec le carbone.-Ces détonations sont dangereuses, par l'expansion
    du calorique, 257.-Il dissout les substances métalliques sans
    effervescence, 178.-Il perd son excès d'oxigène dans la dissolution
    des métaux & devient acide muriatique ordinaire, 178.-Tableau de
    ses combinaisons, 254.

  ACIDE nitreux. Raisons de lui conserver ce nom; celui d'_azotique_
    lui conviendroit mieux, 79.-Se tire ordinairement du salpêtre,
    77 & 233.-Moyens de l'obtenir, 234.-Il est le résultat de la
    combinaison de l'oxigène & de l'azote, 78 & 214.-C'est l'acide du
    nitre surchargé d'azote ou de gaz nitreux, 81.-Et par conséquent
    un véritable acide azoteux, 78.-Il est le premier dans lequel
    l'existence de l'oxigène ait été bien démontrée, _ibid._ Les
    principes qui le constituent tiennent peu ensemble, _ibid._ Il est
    rouge & fumant, 81.-Il laisse échapper son excès de gaz nitreux &
    une légère chaleur, _ibid._ Il est formé par la réunion de trois
    parties d'oxigène & d'une d'azote, 80.-Tableau de ses combinaisons,
    233.

  ---- Nitrique. Le gaz azote est son radical, 56.-C'est l'acide
    nitreux surchargé d'oxigène, 81.-Il est composé de 4 parties
    d'oxigène & une d'azote, _ibid._-Il est blanc, sans couleur, plus
    fixe au feu que l'acide nitreux, _ibid._-Se tire ordinairement
    du salpêtre, 233.-Moyens de l'obtenir, 234 & _suiv._-Retient une
    grande partie du calorique de l'oxigène qui est entré dans sa
    composition, 110. Le calorique s'en dégage avec fracas lors de sa
    décomposition, 112.-Peut servir à oxigéner beaucoup de substances
    par la voie humide, 207.-Il est uni très-souvent à la chaux & à
    la magnésie, 233.-Moyens de l'obtenir pur, 236.-Il a une grande
    tendance à la combinaison & se décompose lui-même aisément, 237.
    Tableau de ses combinaisons, 233.

  ACIDE nitro-muriatique. Anciennement appelé _eau régale_.-C'est un
    acide à deux bases, 259, 260.-Il a des propriétés particulières
    qui dépendent de l'action combinée de ses deux bases acidifiables,
    124 & 259. Les métaux s'oxident dans cet acide avant de s'y
    dissoudre.-Gaz qui se dégagent pendant la dissolution, 259.-Tableau
    de ses combinaisons, 259.

  ---- Oxalique. Tableau de ses combinaisons, 292.-Il se retire du suc
    de l'oseille; il se trouve dans cette plante uni à la potasse, &
    dans l'état d'un sel neutre avec excès d'acide.-Moyen de le dégager
    de sa base.-Il cristallise lorsqu'il est pur. Uni à sa base peut
    entrer tout entier dans un grand nombre de combinaisons; il en
    résulte des sels à deux bases, 293, 294.

  ACIDE phosphoreux. Combinaison du phosphore avec l'oxigène par une
    combustion lente, 248.-Se convertit en acide phosphorique par une
    longue exposition à l'air, 249.-Tableau de ses combinaisons, 246.

  ---- Phosphorique. Produit par la combustion du phosphore dans le
    gaz oxigène, 59. Il est naturellement dans l'état concret après la
    combustion, 61, 104 & 248. Moyen de l'obtenir pur, 248.-Quantité
    d'oxigène qu'absorbe le phosphore dans sa conversion en acide,
    _ibid._-Ne peut pas être regardé comme un acide animal, parce qu'il
    appartient aux trois règnes, 131. Tableau de ses combinaisons, 246.

  ---- Prussique. Tableau de ses combinaisons, 320.-Uni au fer il le
    colore en bleu. Son radical est inconnu. C'est un acide à base
    double ou triple, dont l'azote est un des principes constituans,
    320, 321, 322 & 415.-Il ne jouit même que d'une partie des
    propriétés acides, 321, 322.

  ---- Pyro-ligneux. Tableau de ses combinaisons, 286.-Se retire du
    bois.-Moyens de l'obtenir pur.-Son radical est formé d'hydrogène
    & de carbone.-Il est le même de quelque nature de bois qu'on le
    retire, 287.

  ACIDE pyro-muqueux. Tableau de ses combinaisons, 290. On le retire
    de tous les corps sucrés par la distillation à feu nud.-Accidens
    à éviter.-Procédé pour le concentrer.-On le convertit en acide
    malique & en acide oxalique en l'oxigénant, 291.

  ---- Pyro-tartareux. On le retire du tartre par distillation à feu
    nud.-Moyens pour l'obtenir.-Il se dégage pendant la distillation
    une grande quantité d'acide carbonique.-Explosion dans la
    rectification, 289.-Tableau de ses combinaisons, 288.

  ---- Saccho-lactique. Tableau de ses combinaisons, 310. Extrait du
    sucre de petit-lait.-Son action sur les métaux peu connue.-Les sels
    qui résultent de sa combinaison avec les bases salifiables sont peu
    solubles, 311.

  ---- Sébacique. Tableau de ses combinaisons, 316.-C'est la graisse
    animale oxigénée. Moyen de l'obtenir, 317.

  ---- Succinique. Tableau de ses combinaisons, 300.-On le retire du
    succin.-Moyens de l'obtenir.-Il n'a pas dans un degré très-éminent
    les qualités acides, 301.

  ---- Sulfureux. Premier degré d'oxigénation du soufre, 71 & 244.-Les
    métaux lorsqu'ils sont oxidés sont dissolubles dans cet acide, 244,
    245.-On l'obtient par différens procédés, 244.-Il est dans l'état
    de gaz à la pression ordinaire de l'atmosphère.-Il se condense par
    le froid, 244. Tableau de ses combinaisons, 243.

  ACIDE sulfurique. Il est formé par la combinaison du soufre & de
    l'oxigène, 66, 72 & 240.-Proportion d'oxigène qui entre dans sa
    combinaison, 241, 242.-Il est incombustible, 66.-Son poids est égal
    à celui du soufre qu'on a brûlé pour le former, & de l'oxigène
    qu'il a absorbé pendant la combustion, _ibid._ Difficulté de le
    condenser, _ibid._-Il se combine avec l'eau en toutes proportions,
    67.-On le trouve tout formé dans les argiles, les gypses.-Moyens
    de le ramener à l'état de soufre par voie de décomposition &
    d'affinité, 221.-Décompose le nitre, 78.-Les métaux le décomposent
    & le réduisent à l'état d'acide sulfureux, 242.-Tableau de ses
    combinaisons avec les bases salifiables, 238 & 239.

  ---- Tartareux. Tableau de ses combinaisons.-Moyens de l'obtenir
    pur.-Son radical est en excès.-C'est par cette raison qu'on a
    donné à son nom la terminaison en _eux_. Sa base est le radical
    carbone-hydreux.-L'azote entre dans sa composition.-En l'oxigénant
    on le change en acides malique, oxalique & acéteux, 278, 279 &
    280.-On observe deux degrés de saturation dans ses combinaisons
    avec les alkalis.-Le premier degré avec excès d'acide; _tartrite
    acidule de potasse_.-Le second degré, sel parfaitement neutre;
    _tartrite de potasse_, 279, 280.

  ACIDE tunstique. Tableau de ses combinaisons.-Se retire de la mine de
    tunstene, dans laquelle il est déjà sous forme d'acide.-Moyens de
    l'obtenir.-Ses affinités avec les acides métalliques ne sont pas
    déterminées, 275, 276.

  ---- Végétaux. -On en connoît 13 jusqu'à présent, 129.-Leur
    composition est connue, mais la proportion des principes qui les
    constituent ne l'est pas encore, 127 & 161.-Ils ont tous pour base
    l'hydrogène, le carbone & quelquefois le phosphore, 124, 197,
    198.-Ils ne diffèrent entr'eux que par la proportion d'hydrogène &
    de carbone, & par leur degré d'oxigénation, 126.-Quoique composés
    d'hydrogène & de carbone, ne contiennent cependant ni eau, ni acide
    carbonique; mais les principes propres à les former, 130.-Peuvent
    se convertir les uns dans les autres, en changeant la proportion de
    leurs principes constituans, 210.

  AFFINITÉS. Les données manquent encore pour entreprendre un traité
    complet sur cet objet, _Discours préliminaire_, xiij & xiv.-Il s'en
    exerce de doubles & triples dans la décomposition des végétaux,
    135.-Elles sont très-compliquées dans la putréfaction, 153.

  AGENS chimiques. Ce que c'est, 422.

  AIR atmosphérique composé de deux fluides élastiques, l'un respirable
    & l'autre qui ne l'est pas, 39 & 54.-Observations sur les
    expériences analytiques, relatives à l'air atmosphérique, 48 _&
    suiv._-Sa décomposition par le mercure, 34 _& suiv._ N'est plus
    respirable après la calcination du mercure, 37.-Est décomposé par
    le fer, 40.-Diminue d'une quantité en poids égale à l'augmentation
    que le fer acquiert dans sa calcination, 47.-Est décomposé par le
    gaz nitreux, 80.-Par la combustion du soufre, 66. Voy. _Atmosphère_.

  ---- Fixe. Premier nom de l'acide carbonique, 68. Voy. _Acide
    carbonique_.

  ---- Vital. Voy. _Gaz oxigène_.

  ALKALI de la soude se retire de la lexiviation des cendres des
    plantes qui croissent au bord de la mer, principalement du kali,
    169.-On ne connoît pas ses principes constituans, 170.-On ne
    sait pas si cette substance est toute formée dans les végétaux
    antérieurement à la combustion, _ibid._-Elle est presque toujours
    saturée d'acide carbonique, 169.-Ses cristaux s'effleurissent à
    l'air & y perdent leur eau de cristallisation, _ibid._

  ALKALI fixe, ou Potasse. C'est un résultat de la combustion des
    végétaux, 166.-Moyens de l'obtenir, 167.-On ne connoît pas les
    principes constituans, 170.-L'analogie pourroit porter à croire que
    l'azote est un des principes constituans des alkalis en général,
    _ibid._-Se volatilise très-promptement au feu alimenté par le gaz
    oxigène, 556.

  ALKOOL. Raisons qui ont fait adopter ce nom générique pour toutes
    les liqueurs spiritueuses, 140.-Il est composé de carbone &
    d'hydrogène, 150.-L'hydrogène & le carbone ne sont pas dans l'état
    d'huile dans cette combinaison, _ibid._-Se décompose en passant à
    travers un tube de verre rougi au feu, _ibid._-Appareil pour sa
    combustion, 501.

  ALLIAGES. Combinaison des métaux les uns avec les autres, 116.-Celui
    des mentaux qui prédomine donne le nom à l'alliage.-Les alliages
    ont leur degré de saturation très-marqué, 230.

  ALUMINE. C'est principalement dans les argiles qu'on la rencontre,
    173.-La composition de cette terre est absolument inconnue,
    172.-Elle a moins de tendance à la combinaison que les autres
    terres, 173.-Est parfaitement fusible au feu alimenté par le gaz
    oxigène, 555.-Son état après la combustion, _ibid._

  AMALGAMME. Combinaison du mercure avec les autres métaux, 117.

  AMIDON. Oxide végétal à deux bases, 125.

  AMMONIAQUE. Résultat de la combinaison de l'azote & de l'hydrogène,
    79 & 155.-Sur 1000 parties elle est composée de 807 d'azote &
    de 193 d'hydrogène, 171.-Moyens de l'amener à un grand degré de
    pureté, _ibid._-Lorsqu'elle est très-pure, elle ne peut exister que
    sous forme gazeuse, _ibid._-Dans l'état aériforme elle porte le nom
    de gaz ammoniac, 172.-Dans cet état l'eau en absorbe une grande
    quantité, 171.

  APPAREILS chimiques. Raisons qui ont déterminé à en placer la
    description à la fin de l'ouvrage, 324.

  ---- Pneumato-chimiques à l'eau & au mercure. Leur description, 342
    _& suiv._

  ARGENT se volatilise lentement au feu alimenté par le gaz, oxigène,
    556.

  ARSENIC est susceptible de s'oxigéner.-Dans cet état il a la
    propriété de s'unir aux bases salifiables, 269 _& suiv._

  ATMOSPHERE terrestre. Sa constitution, 17, 28 _& suiv._ Son analyse,
    33.-Composée de tous les fluides susceptibles d'exister dans
    un état de vapeurs & d'élasticité constante au degré habituel
    de chaleur & de pression que nous éprouvons, 31.-Sa pression
    est un obstacle à la vaporisation, 29.-Quelles sont ses parties
    constituantes, 51.-Sa limite, 29. Voy. _Air atmosphérique_, _Gaz
    oxigène_, _Gaz azote_.

  ATTRACTION tend à réunir les molécules des corps, tandis que le
    calorique tend à les écarter, 3.

  AURORES boréales. Conjectures sur les causes qui les produisent, 32.

  AZOTE. C'est la partie non respirable de l'air, 79.-C'est un des
    principes le plus abondamment répandu dans la nature, 213.-Avec le
    calorique il forme le gaz azote qui demeure toujours dans l'état de
    gaz à la pression de l'atmosphère, 213.-Combiné avec l'oxigène, il
    forme les acides nitreux & nitrique, 79, 214 & 235.-Se trouve dans
    les substances végétales & animales, 135 & 198.-Sur-tout dans les
    matieres animales dont il forme un des principes, 213.-Combiné avec
    l'hydrogène, il forme l'ammoniaque, 79, 214.-Dans la décomposition
    des végétaux & des matieres animales, il s'unit à l'hydrogène pour
    former l'ammoniaque, 136, 155.-C'est un des principes constituans
    de l'acide prussique, 215.-Ses combinaisons avec les substances
    simples sont peu connues. Elles portent le nom d'azotures, 214.


  B

  BALANCES. Instrumens dont l'objet est de déterminer le poids absolu
    des corps.-Combien il en faut dans un laboratoire.-De leur
    perfection.-Des précautions pour les conserver, 333 _& suiv._

  ---- Hydrostatique. Moyen de s'en servir.-Ses usages, 336, 337.

  BAROMÈTRE. Corrections barométriques du volume des gaz, relativement
    à la différence de pression de l'atmosphère, 371 _& suiv._-Modèle
    de calcul pour ces corrections, 380 _& suiv._

  BASES salifiables. Il en existe 24; savoir, 3 alkalis, 4 terres, & 17
    substances métalliques, 182.

  BARYTE. La composition de cette terre est encore inconnue, 172.-Il
    est probable que c'est un oxide métallique, 174.-Mais qui n'est pas
    réductible par les moyens que nous employons, _ibid._ Elle est peu
    abondante; on ne la trouve que dans le règne minéral, 173.-Effet
    que produit sur elle le feu le plus violent, alimenté par le gaz
    oxigène.

  BORAX. Sel concret avec excès de base qui est la soude. Son origine
    est inconnue. Sa purification est encore un mystère, 265, 266.

  BOUGIE. Sa combustion, 112.


  C

  CALCUL de la vessie fournit l'acide lithique, 319.

  CALORIMÈTRE. Sa description, 387 & _suiv._-Principes de sa
    construction, _ibid._ Manière de s'en servir, 396 _& suiv._

  CALORIQUE. Cause de la chaleur, 5.-Peut être considéré d'une
    manière abstraite, 6.-Comment il agit sur les corps, 6, 7.-Paroit
    être le plus élastique de la nature, 24.-Tous les corps y sont
    plongés, & il remplit les intervalles que laissent entr'elles
    leurs molécules.-Il se fixe quelquefois de manière à constituer
    leurs parties solides.-C'est de son accumulation que dépend l'état
    aériforme, 200.-Il fait l'office de dissolvant dans toute espèce
    de gaz, 17.-On appelle du nom générique de gaz toute substance
    portée à l'état aériforme par une addition suffisante de calorique,
    200.-Le soufre & le charbon en brûlant lui enlevent l'oxigène,
    66.-Il en est de même du gaz hydrogène, 95.-Moyen de mesurer la
    quantité qui s'en dégage des corps pendant leur combustion, 23,
    103 _& suiv._-Appareil imaginé pour remplir cet objet, 387.-Plan
    d'expériences pour déterminer la quantité que la plupart des corps
    en contiennent, 115.-Son dégagement dans la combustion du fer,
    41.-Dans la combinaison des métaux avec la base du gaz oxigène,
    82.-Dans la combustion du charbon, 66 & 108.-Dans la combustion
    du phosphore, 107.-Dans la combustion de la cire, 113.-Dans la
    combustion de l'huile d'olives, _ibid._-Dans la combustion du gaz
    hydrogène, 109.-Il reste uni à l'oxigène, dans la formation de
    l'acide nitrique, 110.-Il entre dans la composition des nitrates &
    des muriates, en quantité presqu'égale à celle qui est nécessaire
    pour constituer le gaz oxigène, 207.-Il se dégage avec une
    telle abondance dans la combinaison de l'oxigène avec les corps
    combustibles, que rien ne peut résister à son expansion, 207.-Il
    décompose les substances végétales & animales, 132.

  _CALORIQUE combiné._ Tient aux corps par l'attraction & constitue une
    partie de leur substance, 21.

  ---- _Libre._ C'est celui qui n'est engagé dans aucune combinaison,
    21.

  ---- Spécifique des corps. C'est le rapport des quantités de
    calorique, nécessaires pour élever d'un même nombre de degrés, la
    température de plusieurs corps égaux en poids, 21.

  CAMPHRE. Espèce d'huile concrète qu'on retire par sublimation d'un
    laurier du Japon, 305.

  CAPSULES de porcelaine, servent de support aux substances dans la
    fusion par le gaz oxigène, 555.

  CARBONE ou charbon pur. Substance simple combustible, 67 &
    227.-Manière d'opérer sa combustion, 67.-Décompose le gaz oxigène
    à une certaine température, 67,133, 227 & 228;-appareil pour sa
    combustion, 483 _& suiv._-Quantité de calorique qui se dégage
    dans cette opération, 67, 108.-Enlève sa base au calorique,
    67.-Décompose l'eau à une chaleur rouge & enlève l'oxigène à
    l'hydrogène, 91, 218.-Il s'en dissout une portion dans le gaz
    hydrogène, 92 & 118. Il est contenu dans le fer & dans l'acier,
    48.-Il existe dans les végétaux antérieurement à la combustion,
    & forme avec le phosphore, l'hydrogène & l'azote, des radicaux
    composés, 227.-Moyens d'obtenir celui qui est contenu dans les
    matières végétales & animales, 227 & 228.-Ses combinaisons avec
    les substances simples, 224.-Il a très-peu d'affinité avec le
    calorique, 133.-Il forme une des parties constituantes des huiles,
    119.-Et en général de tous les acide végétaux, 124.-Il tient
    très-peu aux huiles volatiles animales, 136.-Il fait partie du
    radical des gommes, du sucre & de l'amidon, 125.-Il est combiné
    dans ces substances avec l'hydrogène, de manière à ne former qu'une
    seule base portée à l'état d'oxide par une portion d'oxigène,
    126.-Quantité qu'en contient le sucre, 142.

  CARBURES, nom donné aux combinaisons du carbone avec les métaux, 118.

  CENDRES, elles forment ordinairement la vingtième portion du poids
    d'un végétal brûlé, 166.-Il paroît qu'elles existent dans les
    végétaux avant leur incinération. C'est la terre qui forme la
    partie osseuse ou la carcasse des végétaux, 168.

  CHALEUR dilate les corps, 1.-Ses causes.-Nécessaire à
    l'oxigénation.-Différente pour l'oxigénation des différens corps,
    203 _& suiv._-Ce qu'on entend par cette expression, 133. Voy.
    _Calorique_.

  CHALEUR sensible. N'est que l'effet produit sur nos organes par le
    dégagement du calorique des corps environnans, 22.

  CHARBON de bois. L'on croit qu'il contient du phosphore, 225.-Sert de
    support aux substances simples fondues au feu alimenté par le gaz
    oxigène, 554.

  CHAUX. C'est de toutes les bases salifiables la plus abondamment
    répandue dans la nature, 172.-Sa composition est absolument
    inconnue, _ibid._-Elle est presque toujours saturée d'acide
    carbonique, & forme alors la craie, les spaths calcaires & une
    partie des marbres, _ibid._-Les anciens ont appelé de ce nom
    générique, toutes les substances long-tems exposées au feu sans
    se fondre, 83.-Effet que produit sur elle le feu le plus violent
    alimenté par le gaz oxigène, 555.

  CHRYSOLYTE. Se fond presque sur le champ au feu alimenté par le gaz
    oxigène, 557.

  CIRE. Quantité de calorique qui se dégage pendant sa combustion, 113.

  CLARIFICATION. Moyen pour mettre une liqueur en état d'être filtrée,
    417.

  CLOCHES. Manière de les graduer, 362, 363.

  COMBUSTION du fer, 41 _& suiv._-Du phosphore, 57 _& suiv._-Du
    soufre.-Du charbon, 67 _& suiv._-Du gaz hydrogène, 97 _& suiv._
    Voyez _ces mots_.-Théorie de la combustion des végétaux, 165.-La
    plus grande portion du végétal est réduite en eau & en acide
    carbonique, 166.-Opérations relatives à la combustion, 478 _&
    suiv._-Conditions nécessaires pour l'opérer, 480 _& suiv._

  CREUSETS, instrumens propres à la fusion, 335.

  CRISTAL de roche. Effet que produit sur lui le feu le plus violent
    alimenté par le gaz oxigène, 555.

  CRISTALLISATION. Opération par laquelle les parties intégrantes d'un
    corps qui étoient séparées par un fluide, sont réunies par la force
    d'attraction, 437.-Calorique qui se dégage pendant cette opération,
    _ibid._-Vaisseaux dans lesquels on l'opère, 441 & 442.


  D

  DÉCANTATION. Peut suppléer à la filtration, 419.-Elle est préférable
    dans les opérations qui exigent une précision rigoureuse, 420.

  DÉTONNATION. Explication de ses phénomènes, 526 _& suiv._-Ils sont
    produits par le passage brusque & instantané d'une substance
    concrète à l'état aériforme, 525.-Expériences sur celle du
    salpêtre, 529 _& suiv._

  DIAMANT, se brûle à la manière des corps combustibles, & s'évapore au
    feu alimenté par le gaz oxigène, 557.

  DISSOLUTIONS métalliques. Appareils pour les opérer, 460 _& suiv._

  DISTILLATION composée. Elle opère une véritable décomposition.-C'est
    une des opérations des plus compliquées de la Chimie.-Appareils
    pour cet objet, 449 _& suiv._

  ---- Simple. N'est autre chose qu'une évaporation en vaisseaux
    clos.-Appareils distillatoires, 443 _& suiv._


  E

  EAU. Ses différens états selon la quantité de calorique qui lui est
    combinée, 4 & 54.-Se transforme en un fluide élastique à un degré
    de chaleur supérieur à celui de l'ébullition, 15.-Se dissout dans
    les gaz, 50.-Regardée par les anciens comme un élément ou substance
    simple, 87.-Preuves qu'elle est composée, 100.-D'un radical qui
    lui est propre & d'oxigène, 94.-Son passage à travers un tube de
    verre incandescent, 89.-Appareil pour sa décomposition, 465 _&
    suiv._-Sa décomposition par le carbone, 87 & 90.-Sa décomposition
    par le fer; il n'y a pas de dégagement d'acide carbonique, 87, 92 &
    98.-Oxide de fer qui en résulte, 93.-Phénomènes de la fermentation
    spiritueuse & de la putréfaction dus à la décomposition de l'eau,
    101.-Cette décomposition s'opère continuellement dans la nature,
    100.-Les principes qui la constituent séparés l'un de l'autre ne
    peuvent exister que sous forme de gaz, _ibid._-Sa recomposition,
    96 _& suiv._ 506 _& suiv._-85 Parties en poids d'oxigène & 15 en
    poids d'hydrogène, composent 100 parties d'eau, 100.-Se combine
    avec le gaz acide carbonique, 67.-Se combine en toutes proportions
    avec l'acide sulfurique, _ibid._-Avec l'acide muriatique
    très-facilement, 75.-N'est pas toute formée dans le sucre, 150.

  EAU régale. Nom ancien donné à un acide composé qui dissout l'or,
    124. Voy. _Acide nitro-muriatique_.

  EBULLITION, n'est autre chose que la vaporisation d'un fluide ou sa
    combinaison avec le calorique, 12.

  EFFERVESCENCE, est produite par le passage rapide d'un corps solide
    ou liquide à l'état gazeux, 177.

  ELASTICITÉ. Comment on doit la concevoir, 25 _& suiv._

  EMERAUDE, fond sur le champ en un verre opaque au feu alimenté par le
    gaz oxigène, 557.

  ETHER, seroit habituellement dans l'état aériforme sans la pression
    de l'atmosphère, 9.-Se vaporise à 33 degrés, 13 _& suiv._-Appareil
    pour sa combustion, 503 _& suiv._

  EVAPORATION. Opération pour séparer deux substances qui ont un degré
    de volatilité différent, 431 _& suiv._-Action du calorique dans
    cette opération, 433.


  F

  FER. Il décompose l'air atmosphérique, 41.-Il augmente de poids dans
    la calcination d'une quantité égale à celle que l'air a perdue,
    47.-Appareil pour son oxidation, 519.-Sa combustion dans le gaz
    oxigène, 41.-Il décompose l'eau & s'oxide à un degré de chaleur
    rouge, 92, 93 & 218.-Il est moins attirable à l'aimant après qu'il
    a décomposé l'eau; c'est de l'oxide noir de fer, 42 & 93.-Ce métal
    contient de la matière charbonneuse, 48.

  FERMENTATION acéteuse. C'est l'acidification du vin à l'air libre par
    l'absorption de l'oxigène, 159.

  ---- Putride, s'opère en raison d'affinités très-compliquées,
    153.-Appareil relatif à cette opération, 461 _& suiv._-L'hydrogène
    se dégage sous la forme de gaz pendant la décomposition des
    substances animales, 154.-Il se forme des combinaisons binaires,
    153.

  ---- Vineuse. Moyens de l'exciter, 139.-Moyen d'analyse des
    substances susceptibles de fermenter, 151.-Description des
    appareils relatifs à cette opération, 461 _& suiv._-Ses résultats
    & ses effets, 150 _& suiv._-Détail de ce qui se passe dans la
    décomposition du sucre, 149.

  FILTRATION. C'est un tamisage qui ne laisse passer que les parties
    liquides, 413.

  FILTRES. De leur choix & des moyens de s'en servir, 412 _& suiv._

  FLUIDES élastiques. Sont une modification des corps, 11.-Il s'absorbe
    du calorique dans leur formation, _ibid._-S'obtiennent à un degré
    de chaleur déterminé, 12.-Leurs noms génériques & particuliers, 54.

  FOURMIS. Espèce qui fournit l'acide formique, 313.

  FOURNEAUX. De leur construction, 537 _& suiv._-Des fourneaux de
    fusion, 543 _& suiv._-Leur objet, _ibid._-Principes de leur
    construction, 547 _& suiv._-Moyen de faire passer à travers un
    courant de gaz oxigène, 577 _& suiv._

  ---- de Coupelle. Sa description, 550 _& suiv._-Son objet 545.-Sa
    construction est vicieuse, 551.-Moyens qu'a employés M. Sage pour y
    suppléer, 551 & 552.

  FUSION. C'est une véritable solution par le feu, 534.-Description de
    l'appareil pour l'opérer à l'aide du gaz oxigène, 552 _& suiv._


  G

  GAZ. Explication de ce mot, 17.-C'est le nom générique par lequel
    on désigne une substance quelconque, assez imprégnée de calorique
    pour passer de l'état liquide à l'état aériforme, 53, 54 & 200.-Ils
    dissolvent l'eau, 50.-Manière d'en mesurer le poids & le volume,
    360 & suiv. 384 _& suiv._-Moyens de les séparer les uns des autres,
    365 _& suiv._-De la correction à faire à leur volume, relativement
    à la pression de l'atmosphère, 370 _& suiv._-Et aux degrés du
    thermomètre, 378.

  ---- Aqueux. Eau combinée avec le calorique, 54.

  GAZ acide carbonique, formé par la combustion du charbon dans le gaz
    oxygène, 67.-Est susceptible d'être absorbé par l'eau, 67.-Ne se
    condense pas au degré de pression de l'atmosphère, _ibid._-De tous
    les gaz c'est celui qui dissout le plus d'eau, 50.-S'unit à toutes
    les bases susceptibles de former des sels neutres, 67.-Provenant de
    la décomposition de l'eau par le charbon, 91.

  ---- Acide muriatique. Moyens de le dégager, 74.

  ---- Azote. Fait partie de l'air atmosphérique, 39 & 203.-Plusieurs
    manières de l'obtenir, 214, 215.-Sa pesanteur, 55.-Ses propriétés
    chimiques ne sont pas encore bien connues, _ibid._-Il prive de
    la vie les animaux qui le respirent, 56.-L'azote entre dans
    la composition de l'acide nitrique, _ibid._-Dans celle de
    l'ammoniaque, _ibid._

  ---- Hépatique. C'est le gaz hydrogène sulfuré, 118.

  ---- Hydrogène est formé par l'union du calorique & de l'hydrogène,
    94 & 217.-C'est le radical constitutif de l'eau, 94.-On l'obtient
    en présentant à l'eau un corps pour lequel l'oxigène ait plus
    d'affinité; l'hydrogène s'unit au calorique pour le former,
    217.-Se dégage dans la décomposition de l'eau par le fer, 93.-Et
    dans celle de l'eau par le charbon, 91.-Moyens de l'obtenir pur,
    98.-Sa pesanteur, 95.-Ne peut se condenser au degré de pression
    de l'atmosphère, 99.-Enleve l'oxigène au calorique & décompose
    l'air dans la combustion, 95.-Sa combustion avec le gaz oxigène
    s'opère instantanément & avec explosion.--Précautions qu'exige
    cette expérience, 96.-Appareil pour sa combustion en grand, 506 _&
    suiv._-Quantité de calorique qui se dégage pendant sa combustion,
    109.-Dans la combustion des végétaux il s'allume par le contact de
    l'air & produit la flamme, 166.-Il n'est pas absorbable par l'eau,
    95.-Il se combine avec tous les corps combustibles, 156.-Il dissout
    le carbone, 118.-Le phosphore, _ibid._-Le soufre, _ibid._-Les
    métaux, _ibid._-Dénomination qu'il prend alors, _ibid._-On en
    obtient d'autant moins qu'on a pris plus de précautions pour
    écarter l'eau dans les expériences sur les métaux, 122.

  GAZ hydrogène carboné. Résultat de la combinaison du gaz hydrogène
    avec le carbone, 156.

  ---- Hydrogène phosphoré. Résultat de la combinaison du gaz hydrogène
    avec le phosphore, 156 & 225.-S'enflamme spontanément lorsqu'il
    a le contact de l'air, 119.-Il a l'odeur du poisson pourri,
    _ibid._-Et il s'exhale vraisemblablement de la chair des poissons
    en putréfaction, _ibid._

  GAZ hydrogène sulfuré. Résultat de la combinaison du gaz hydrogène
    avec le soufre, 156.-C'est à son émanation que les déjections
    animales doivent leur odeur infecte, 119.

  ---- Inflammable. Voy. _Gaz hydrogène._

  ---- Nitro-muriatique. Se dégage pendant la dissolution de l'or dans
    l'acide nitro-muriatique.-N'a pas encore été décrit.-Son odeur est
    désagréable.-Il est funeste aux animaux qui le respirent.-L'eau en
    absorbe une grande quantité, 259.

  ---- Nitreux. Premier degré de combinaison de l'azote avec l'oxigène,
    80.-C'est une espece d'oxide d'azote, 81.-Proportions d'azote &
    d'oxigène qui le constituent, 80.-Surchargé d'oxigène, compose un
    acide très-puissant, l'acide nitrique, _ibid._-Enleve l'oxigène à
    l'air de l'atmosphère, _ibid._-Sert d'eudiomètre pour connoître la
    quantité d'oxigène contenue dans l'air atmosphérique, _ibid._-Il
    est immiscible à l'eau, _ibid._

  ---- Oxigène. Combinaison de l'oxigène avec le calorique, 55.-Moyen
    de s'assurer s'il ne contient point d'acide carbonique, 98.-Le
    calorique & la lumière qui se dégagent dans la combustion sont-ils
    fournis par le corps qui brûle, ou par le gaz oxigène qui se fixe
    dans les opérations? 219.-Est décomposé par le charbon, 67.-Par le
    phosphore, 58 _& suiv._-Perd son calorique dans cette combinaison,
    60.-Sa décomposition par les métaux, 82.-Par le fer 41.-Par le
    soufre, 66.-Entre dans la décomposition de l'air atmosphérique,
    55.-Retiré de l'oxide de mercure, 523.-Retiré de l'oxide de
    manganèse ou du nitrate de potasse, 524.-Change de nature par la
    détonnation avec le charbon, & se convertit en acide carbonique,
    525.-Moyen de s'en servir pour augmenter l'intensité du feu,
    552.-Son emploi dans les fusions, _ibid._

  GAZOMÈTRE. Instrument propre à mesurer le volume des substances
    aériformes, 342.-Sa description, 346 _& suiv._-Sa graduation, 358
    _& suiv._-Expériences qui ont donné l'idée de sa construction,
    553.-On peut avec cet instrument donner un grand degré de vîtesse
    au gaz oxigène, 553;-& l'employer à augmenter l'action du feu, 553
    _& suiv._

  GAZOMÈTRIE. C'est l'art de mesurer le poids & le volume des
    substances aériformes, 342.

  GOMMES. Oxides végétaux à deux bases, 125.-Réunies sous le nom
    générique de muqueux, _ibid._

  GRAISSE animale. Formée par la partie musculaire de cadavres enterrés
    à une certaine profondeur & privés du contact de l'air, 157.-Le
    suif fournit l'acide sébacique, 317.

  GRENAT. Fond presque sur le champ au feu alimenté par le gaz oxigène,
    557.


  H

  HUILES. Elles sont composées de carbone & d'hydrogène, 119.-Ce
    sont de véritables radicaux carbone-hydreux, 198.-Proportion des
    principes qui les constituent, 120.-Sont-elles base ou radical
    des acides végétaux & animaux.-Raisons qui font pencher pour la
    négative, 211.-Appareil pour leur combustion, 493 _& suiv._-Se
    convertissent en brûlant en acide carbonique & en eau, 120.

  ---- _d_'Olives. Quantité de calorique qui s'en dégage, 113.

  ---- Fixes. Contiennent un excès de carbone, 119.-Elles le perdent à
    un degré de chaleur supérieur à l'eau bouillante, 119.

  HUILES volatiles. Elles sont formées par une juste proportion
    d'hydrogène & de carbone, 119.-A un degré supérieur à l'eau
    bouillante, elles se combinent au calorique pour former un gaz;
    c'est dans cet état qu'elles passent dans la distillation, 120.

  ---- Volatiles animales. Le carbone y tient si peu qu'il s'en
    sépare par leur simple exposition à l'air libre, 136 & 137.-Il se
    sépare encore plus promptement quand on les expose dans le gaz
    oxigène, & l'huile devient noire; en même tems il se forme de
    l'eau, 137.-Elles redeviennent blanches par la rectification & le
    charbon s'en sépare, 136.-Elles se décomposent & se convertissent
    entièrement en charbon & en eau par des rectifications répétées,
    136 & 137.

  HYACINTHE. Perd sa couleur au feu alimenté par le gaz oxigène, 556 &
    557.

  HYDROGÈNE. Est un des principes de l'eau, 217.-Son existence & ses
    propriétés ne sont connues que depuis peu de tems.-C'est un des
    principes les plus répandus dans la nature.-Il joue le principal
    rôle dans le règne animal & végétal, 217.-Son affinité avec le
    calorique est telle qu'il est toujours dans l'état de gaz.-Il est
    impossible de l'obtenir seul sous forme concrète, 217 _& suiv._-On
    l'obtient dans l'état de gaz en décomposant l'eau par le fer &
    par le carbone, 218.-Sa combinaison avec le phosphore, 225.-Avec
    l'oxigène, 217.-Est-il susceptible de se combiner avec les corps
    simples dans l'état concret? 121.-Ce ne peut être qu'en très-petite
    quantité, _ibid._-Il est un des principes constitutifs des huiles,
    & du radical de tous les acides végétaux & animaux, 119.-De
    l'amidon, des gommes, du sucre, 125.-Quantité qu'en contient
    le sucre, 142.-Quelques chimistes ont supposé que c'étoit le
    phlogistique de Stahl.-Ils ne le prouvent point.-Ils n'expliquent
    pas les phénomènes de la calcination & de la combustion, 219.


  I

  INSTRUMENS propres à déterminer le poids absolu & la pesanteur
    spécifique des corps, 327 _& suiv._-Description de la machine
    qui sert à les comparer.Elle se nomme balance.L'action se nomme
    pesée.Variation de l'unité d'un pays à l'autre.-De la nécessité de
    n'employer que des poids dont on connoît les rapports entre eux,
    327 _& suiv._


  L

  LAMPE d'émailleur. Sert d'intermédiaire, dans la fusion par le gaz
    oxigène, pour les substances composées qui ont de l'affinité avec
    le charbon, 554.

  LAVAGE. Moyen de diviser les corps en poudres de grosseurs uniformes,
    420.

  LEXIVIATION. Opération dont l'objet est de séparer les substances
    solubles dans l'eau de celles qui ne le sont pas, 428 _& suiv._

  LIMES. Servent à diviser les matières soit malléables, soit
    fibreuses, 408.

  LIMPHE. Oxide animal, 130.

  LUMIÈRE. Qualités qui lui sont communes avec le calorique,
    6.-Nécessaire aux animaux comme aux végétaux.-Il n'existe d'êtres
    organisés que dans les lieux exposés à la lumière, 202.-Son
    dégagement dans la combustion du fer, 41.-Sa manière d'agir sur les
    corps est inconnue.-Elle contribue avec le calorique à constituer
    l'oxigène dans l'état de gaz.-Se combine avec quelques parties des
    plantes; c'est à cette combinaison qu'est due la couleur verte des
    feuilles, 201.

  LUTS, (préparation des) 468.-Résineux.-Gras.-De chaux & de blanc
    d'œufs, 469, 470 _& suiv._-Leur emploi, 475 & suiv.-Moyens d'y
    suppléer, 477.-Pour enduire les cornues, 541.


  M

  MAGNÉSIE. La composition de cette terre est absolument inconnue,
    172.-On la trouve dans l'eau de la mer, 173.-Et dans un grand
    nombre d'eaux minérales, 173.-Effet que produit sur elle le feu le
    plus violent, alimenté par le gaz oxigène, 555.

  MATIÈRES fécales sont composées de carbone & d'hydrogène,
    157.-Produisent de l'huile par la distillation, ibid.

  MERCURE. Appareil pour son oxidation, 35, 507 _& suiv._-Absorbe dans
    cette opération la partie respirable de l'air, 38.-Ne l'absorbe pas
    en entier, 40.

  MÉTAUX. Sont susceptibles de se combiner les uns avec les autres,
    116.-Ne sont pas dissolubles dans les acides; il faut qu'ils ayent
    été portés auparavant à l'état d'oxides, 176.

  MIROIRS concaves. Ont un plus grand degré d'intensité que les verres
    ardens.-La difficulté de s'en servir rend impossibles un grand
    nombre des expériences chimiques, 553.

  MOPHÈTE. Voy. _Azote_ & _Gaz Azote_.

  MOLÉCULES élémentaires des corps ne se touchent point, 3.

  MOLYBDÈNE. Substance métallique qui a la propriété de s'oxigèner & de
    former un véritable acide.-La nature nous le présente dans l'état
    de sulfure de molybdène, 273.

  MORTIERS. Leur description.Leur usage, 404 & 405.

  MURIATES oxigénés. Le calorique entre dans leur composition en
    quantité presqu'égale à celle qui est nécessaire pour constituer le
    gaz oxigène, 207.


  N

  NITRATES. Sels résultans de l'union de l'acide nitrique avec
    différentes bases, 237.-Appareil pour en retirer l'acide,
    78.-Dégagement de gaz oxigène qui l'accompagne, _ibid._

  NITRITES. Sels résultans de l'union de l'acide nitreux avec
    différentes bases, 237.

  NOIX de galle. Elles fournissent le principe astringent ou acide
    gallique par une simple infusion dans l'eau, 307.

  NOMENCLATURE. Systême général d'après lequel elle est
    formée.-Discours préliminaire.-Ses difficultés, 128.-Le point où en
    est la science oblige de conserver au moins pour un tems les noms
    anciens pour les acides & oxides animaux & végétaux, 129.


  O

  ODEUR fétide. Elle est produite par la dissolution des corps
    combustibles dans le gaz hydrogène, 156.

  OPÉRATIONS manuelles de la Chimie.-Se divisent en plusieurs classes,
    325.-Les unes ne sont que méchaniques, elles ne font que diviser
    les corps.-Les autres sont véritablement chimiques, 325 _& suiv._

  OR, se dissout dans l'acide nitro-muriatique.-S'oxide avant sa
    dissolution, 259.-Se volatilise lentement au feu alimenté par le
    gaz oxigène, 556.

  OS des animaux. Ce sont de véritables phosphates de chaux, 224.

  OXIDES. Nom générique pour exprimer le premier degré d'oxigénation de
    toutes les substances, 85.-Le règne végétal & le règne animal ont
    leurs oxides, _ibid._

  ---- A deux bases, moyen d'expliquer sans périphrase le principe qui
    est en excès, 126.

  ---- Animaux. Leur nombre est encore indéterminé, 130.-Il entre
    ordinairement dans leur composition 4 bases oxidables, 125.-Les
    principes qui les constituent se désunissent à un très-léger
    changement de température, 131.

  OXIDES métalliques. Combinaisons de l'oxigène avec les métaux,
    82.-Les anciens Chimistes les confondoient sous le nom de chaux,
    avec un grand nombre de substances de nature très-différente,
    84.-On les spécifie par leur couleur qui varie en raison de la
    quantité plus ou moins grande d'oxigène qu'ils contiennent,
    85.-Brûlent avec flamme au feu alimenté par le gaz oxigène,
    556.-Réflexions sur ce phénomène, _ibid._

  ---- Végétaux. Leur nomenclature, 138 _& suiv._-Se décomposent à un
    degré de chaleur supérieur à l'eau bouillante; le calorique rompt
    l'équilibre qui existoit entre les parties qui les constituoient,
    130.-Comment ils different entr'eux, 210.-Leur décomposition par la
    fermentation vineuse, 139.

  ---- Rouge de mercure. L'oxigène y tient très-peu. Moyens d'oxider
    les corps à une chaleur médiocre, 206.

  OXIGÉNATION. Combinaison d'un corps avec l'oxigène, 66.

  OXIGÈNE, a une grande affinité pour la lumière.-Elle contribue avec
    le calorique à le constituer dans l'état de gaz, 201.-Dans cet
    état il forme la partie respirable de l'air, 54.-Il entre pour un
    tiers dans le poids de notre atmosphère; l'azote constitue les deux
    autres tiers, 203.-Abandonne le calorique pour s'unir à l'hydrogène
    dans la combustion, 95.-C'est le principe acidifiant de tous les
    acides, 69.-Un premier degré de combinaison de ce principe avec
    l'azote forme le gaz nitreux, 80.-Un second degré constitue l'acide
    nitreux, _ibid._-Un troisieme constitue l'acide nitrique, 214.-Ses
    combinaisons avec les substances simples se nomment binaires,
    ternaires, quaternaires, selon le nombre de ces substances,
    207.-Tableau de ses combinaisons binaires avec les substances
    simples métalliques & non métalliques, 203.-Se dégage pendant la
    décomposition du nitre par l'acide sulfurique, 78.-Il tient peu à
    l'acide nitrique, 207.-Condition nécessaire pour sa combinaison,
    203 _& suiv._-Il est le moyen d'union entre les métaux & les
    acides, 179.-Tout porte à croire que les substances qui ont une
    grande affinité avec les acides contiennent de l'oxigène, 179.-Et
    qu'il entre dans la composition des terres regardées comme simples,
    180.-Quantité que le sucre en contient, 142.-Il conserve une grande
    partie de son calorique en se combinant au gaz nitreux, 110.


  P

  PESANTEUR spécifique. On a désigné sous ce nom le poids absolu des
    corps divisé par leur volume.-On détermine cette pesanteur par le
    moyen de la balance hydrostatique, 337.

  PESE-LIQUEURS, servent à déterminer la pesanteur spécifique des
    fluides, 338.-Leur description.-Manière de s'en servir. On les
    construit en verre & en métal, 338 _& suiv._

  PHOSPHORE. Substance inconnue des anciens Chimistes. C'est un
    produit de l'art. Epoque de sa découverte. On le retire à présent
    des os des animaux.-Manière de le préparer, 224.-C'est un corps
    combustible simple.-Il se rencontre, à ce qu'il paroît, dans
    toutes les substances animales & dans quelques plantes, 198, 199,
    225.-Il y est ordinairement combiné avec l'azote, l'hydrogène,
    &c.-Il s'allume à 32 degrés de chaleur, 225.-Décompose le gaz
    oxigène à cette température, 58 _& suiv._-Absorbe une fois & demie
    son poids d'oxigène, 63.-Se convertit en un acide, 66.-Il devient
    incombustible par la combinaison avec l'oxigène, 65.-Appareils
    pour sa combustion, 58, 61, 482 _& suiv_.-Quantité de calorique
    qui se dégage pendant sa combustion, 62 & 107.-Ses combinaisons
    avec les substances simples, 223.-Avec les métaux, 118.-Avec le gaz
    hydrogène, _ibid._-Il paroît qu'il demeure combiné avec le charbon
    dans la distillation des végétaux, 136.-Enleve l'oxigène à l'acide
    nitrique & à l'acide muriatique oxigéné, 249.-C'est une des bases
    des acides animaux, 124.

  PIERRES composées, se fondent au feu alimenté par le gaz oxigène, 556.

  ---- Précieuses. Celles qui sont décolorées par le feu alimenté
    de gaz oxigène, ont l'apparence d'une terre blanche, & de la
    porcelaine, 557.

  PLANTES. La couleur des feuilles & la diversité de celles des fleurs
    tient à la combinaison de la lumière avec elles, 201.-Contiennent
    du phosphore, 225.

  POIDS. Division de la livre en fractions décimales, moyen de
    simplifier les calculs, 333.-Table pour convertir les fractions
    décimales en fractions vulgaires & réciproquement.

  PORPHIRISATION. Instrumens propres à l'opérer, 403.

  POTASSE. Son origine.-Procédés pour l'extraire, 165 _& suiv_.-Il
    n'est pas démontré qu'elle existe dans le charbon avant la
    combustion, 228.-Il ne paroît pas qu'on puisse l'extraire des
    végétaux sans des intermedes qui fournissent de l'azote & de
    l'oxigène, 169.-Presque toujours saturée d'acide carbonique,
    pourquoi, 167.-Elle est soluble dans l'eau, 168.-Elle attire
    l'humidité de l'air avec une grande rapidité.-Elle est en
    conséquence très-propre à opérer la dessication des gaz, 168.-Elle
    est soluble dans l'esprit-de-vin, _ibid._

  POUDRE à canon. Il se dégage de l'azote & du gaz acide carbonique
    dans son inflammation, 525 & 526.

  PRESSION de l'atmosphère. Elle met obstacle à l'écartement des
    molécules des corps, 8.-Sans elle il n'y auroit pas de fluides
    proprement dits, _ibid._-Expériences qui le prouvent, 9 & 10.

  PULVÉRISATION. Instrumens propres à l'opérer, 403.

  PUTRÉFACTION. Ses phénomènes sont dus en partie à la décomposition
    de l'eau, 101.-Est très-lente lorsque le corps qui l'éprouve ne
    contient pas d'azote, 155.-C'est dans le mêlange des substances
    végétales & animales que consiste toute la science des amendemens &
    des fumiers, 155.

  ---- Des végétaux, n'est autre chose que l'analyse des substances
    végétales dans laquelle la totalité de leurs principes se dégage
    sous la forme de gaz, 154.

  PYRITES, nom que les anciens donnoient à la combinaison du soufre &
    des métaux, 117.


  R

  RADICAL acéteux. Tableau de ses combinaisons, 294.-Acide à deux
    bases.-C'est le plus oxigéné des acides végétaux.-Contient un peu
    d'azote.-Moyens de l'obtenir & de l'avoir pur.-Libre de toute
    combinaison, il est dans l'état de gaz au degré de température dans
    lequel nous vivons.-La plupart des sels qu'il forme avec les bases
    salifiables ne sont pas cristallisables, 295 _& suiv_.

  ---- Boracique. Sa nature est inconnue, 229.

  ---- Fluorique. Sa nature est inconnue, 229.-Ses combinaisons avec
    l'oxigène, _ibid._

  RADICAL malique. Tableau de ses combinaisons, 281.

  ---- Muriatique. Sa nature est encore inconnue, 229.

  ---- Tartareux. Tableau de ses combinaisons, 227.

  RADICAUX des acides, leur tableau, 196.-Combinaisons des radicaux
    simples avec l'oxigène, 203 _& suiv._-Combinaison des radicaux
    composés avec l'oxigène, 208 _& suiv._

  ---- Hydro-carboneux & Carbone-hydreux, 198.

  ---- Oxidables & Acidifiables. Sont simples dans le règne
    minéral.-Sont composés dans les deux autres, 209.

  RAPE. Sert à diviser les substances pulpeuses, 405.

  RÉDUCTIONS métalliques. Ne sont autre chose que des oxigénations du
    charbon par l'oxigène contenu dans les oxides métalliques, 206.

  RESPIRATION. Raisons qui ont empêché d'en parler dans cet ouvrage,
    202.

  RUBIS. Se ramollit, se soude & se fond sans altération de sa couleur,
    par l'action du feu alimenté par le gaz oxigène, 556.

  ---- _du_ Brésil. Se décolore & perd un cinquième de son poids au feu
    alimenté par le gaz oxigène, 557.


  S

  SALPÊTRE. Combinaisons de l'acide nitrique & de la potasse,
    233.-Moyens d'obtenir ce sel, _ibid._-Son rafinage fondé sur la
    différente solubilité des sels, 439, 440.

  SANG. La partie rouge est un oxide animal, 130.

  SÉCRÉTIONS animales. Sont de véritables oxides, 130.

  SEL marin. Combinaison de l'acide muriatique & de la soude, 259.

  ---- Muriatique oxigéné de potasse. Fournit un gaz oxigène absolument
    pur, 507.

  ---- Sédatif. Voy. _Acide Boracique_, 265.

  ---- Neutres. Leur formation, 162 & 189.-Ils résultent de la
    réunion d'une substance simple oxigénée avec une base quelconque,
    164.-Ou, ce qui est la même chose, de l'union des acides avec
    les substances métalliques terreuses & alkalines, 162.-Quelles
    sont les bases. salifiables susceptibles de se combiner avec les
    acides, 162, & 164.-Le nombre des sels connus a augmenté en raison
    des acides qui ont été découverts, 209.-Dans l'état actuel de nos
    connoissances, il est de 1152, 182.-Mais il est probable que toutes
    ces combinaisons salines ne sont pas possibles, 183.-Combinaisons
    salines présentées sous la forme de tableaux.-On a suivi pour les
    classer les mêmes principes que pour les substances simples, 183
    _& suiv._-Leur nomenclature, 183.-On les distingue par le nom
    de leur base salifiable, 184 _& suiv._-Plan d'expériences sur
    les sels neutres, 187.-De leur solution, 403.-Par le calorique,
    424 & 438.-On confondoit autrefois la solution & la dissolution,
    423 & 424.-Des différens degrés de solubilité des sels, 426 _&
    suiv._-Travail à faire sur les sels neutres, 428.

  SIPHON. Sa description, 412.

  SOUFRE. Substance combustible qui est dans l'état concret à la
    température de l'atmosphère, & qui se liquéfie, à une chaleur
    supérieure à l'eau bouillante, 221.-Sa combinaison avec les
    substances simples, _ibid._-Avec le gaz hydrogène, 118.-Avec
    différens autres gaz, 66.-Avec le charbon, 67.-Il décompose l'air,
    66.-Enleve l'oxigène au calorique, _ibid._-Il est susceptible de
    plusieurs degrés de saturation en se combinant avec l'oxigène,
    72.-Moyen d'exciter sa combustion pour la formation de l'acide
    sulfurique, 241.

  SUBLIMATION.-Distillation des matières qui se condensent sous forme
    concrète, 448.

  SUBSTANCES animales sont composées d'hydrogène, de carbone, de
    phosphore, d'azote & de soufre, le tout porté à l'état d'oxide
    par une portion d'oxigène, 158.-Leur distillation donne les mêmes
    résultats que les plantes crucifères, 136.-Elles donnent seulement
    plus d'huile & plus d'ammoniaque, en raison de l'azote & de
    l'hydrogène qu'elles contiennent dans une plus grande proportion,
    136.-Elles favorisent la putréfaction, parce qu'elles contiennent
    de l'azote, 155.-Elles peuvent varier en raison de la proportion
    de leurs principes constituans & de leur degré d'oxigénation,
    213.-Sont décomposées par le feu, 132.

  SUBSTANCES combustibles. Ce sont celles qui ont une grande appétence
    pour l'oxigène, 116.-Peuvent s'oxigéner par leur combinaison avec
    les nitrates & les muriates oxigénés, 206 & 207.

  ---- Métalliques. A l'exception de l'or & quelquefois de
    l'argent, elles se présentent rarement dans la nature sous la
    forme métallique, 173.-Celles que nous pouvons réduire sous
    forme métallique sont au nombre de 17, 174.-Celles qui ont
    plus d'affinité avec l'oxigène qu'avec le carbone ne sont pas
    susceptibles d'être amenées à cet état, 174.-Considérées comme
    bases salifiables, 175.-Ne peuvent le dissoudre que lorsqu'elles
    s'oxident, 176 & 177.-L'effervescence qui a lieu pendant leur
    dissolution dans les acides prouve qu'elles s'oxident, _ibid._-Se
    dissolvent sans effervescence dans les acides lorsqu'elles ont
    été préalablement oxidées, 178.-Se dissolvent sans effervescence
    dans l'acide muriatique oxigéné, _ibid._-Dans l'acide sulfureux,
    245.-Celles qui sont trop oxigénées s'y dissolvent & forment des
    sulfates métalliques, _ibid._-Décomposent toutes le gaz oxigène,
    excepté l'or & l'argent, 82, 203 _& suiv._-Elles s'oxident &
    perdent leur éclat métallique, 83.-Pendant cette opération elles
    augmentent de poids à proportion de l'oxigène qu'elles absorbent,
    _ibid._-Les anciens donnoient improprement le nom de chaux
    aux métaux calcinés ou oxides métalliques, 83.-Appareils pour
    accélérer l'oxidation, 514 _& suiv._-N'ont pas toutes le même
    degré d'affinité pour l'oxigène, 513.-Lorsqu'on ne peut en séparer
    l'oxigène, elles demeurent constamment dans l'état d'oxides & se
    confondent pour nous avec les terres, 174.-Décomposent l'acide
    sulfurique en lui enlevant une portion de son oxigène, & alors
    elles s'y dissolvent, 242.-Leurs combinaisons les unes avec les
    autres, 230.-Les alliages qui en résultent sont plus cassans
    que les métaux alliés, 116.-C'est à leurs différens degrés de
    fusibilité que sont dus une partie des phénomènes que présentent
    ces combinaisons, 117.-Brûlent avec flamme colorée & se dissipent
    entiérement au feu alimenté par le gaz oxigène, 556.-Toutes,
    excepté le mercure, s'y oxident sur un charbon, _ibid._

  SUBSTANCES salines se volatilisent au feu alimenté par le gaz
    oxigène, 556.

  ---- Simples. Leur définition. Ce sont celles que la chimie n'a
    pas encore pu parvenir à décomposer, 193 _& suiv_.-Leur tableau,
    192.-Leurs combinaisons avec le soufre, 221.-Avec le phosphore,
    223.-Avec le carbone, 227.-Avec l'hydrogène, 217.-Avec l'azote, 213.

  ---- Végétales. Leurs principes constitutifs sont l'hydrogène & le
    carbone, 132.-Contiennent quelquefois du phosphore & de l'azote,
    136.-Manière d'envisager leur composition & leur décomposition,
    132.-Leur décomposition se fait en vertu d'affinités doubles
    & triples, 135.-Tous les principes qui les composent sont en
    équilibre entr'eux au degré de température dans lequel nous vivons,
    133.-Leur distillation fournit la preuve de cette théorie, 135.-A
    un degré peu supérieur à l'eau bouillante, une partie du carbone
    devient libre, 134.-L'hydrogène & l'oxigène se réunissent pour
    former de l'eau, _ibid._-Une portion d'hydrogène & de carbone
    s'unissent & forment de l'huile volatile, _ibid._-A une chaleur
    rouge l'huile formée seroit décomposée, 135.-L'oxigène alors
    s'unit au carbone avec lequel il a plus d'affinité à ce degré,
    134.-L'hydrogène s'échappe sous la forme de gaz en s'unissant au
    calorique, _ibid._

  SUCRE. Oxide végétal à deux bases, 125.-Son analyse, 142 _& suiv._-En
    l'oxigénant on forme de l'acide oxalique, de l'acide malique,
    de l'acide acéteux, selon la proportion d'oxigène, 294.-Moyens
    de rompre l'équilibre de ses principes par la fermentation,
    142.-Récapitulation des résultats obtenus par la fermentation,
    148.-Contient les substances propres à former de l'eau, mais non de
    l'eau toute formée, 151.

  ---- de lait oxigéné forme l'acide saccholactique, 311.

  SULFATES. Combinaisons de l'acide sulfurique avec les différentes
    bases, 245.

  ---- Métalliques. Combinaisons des métaux avec l'acide sulfurique,
    245.

  SULFITES. Combinaisons de l'acide sulfureux avec les différentes
    bases, 245.

  ---- Métalliques pourroient bien ne pas exister, 245.

  SULFURES. Combinaisons du soufre avec les métaux, 118.


  T

  TABLEAU des acides & de leurs bases salifiables, 180 _& suiv._-Des
    substances simples, 192.-Des radicaux composés, 196.-Des
    combinaisons de l'oxigène, 203, 208.-Des combinaisons de l'azote,
    212.-De l'hydrogène, 216.-Du soufre, 220.-Du phosphore, 222.-Du
    carbone, 226.-De l'acide nitrique, 232.-De l'acide sulfurique,
    238.-De l'acide sulfureux, 243.-De l'acide phosphoreux, 246.-De
    l'acide phosphorique, 247.-De l'acide carbonique, 250.-De l'acide
    muriatique, 253.-De l'acide muriatique oxigéné, 254.-De l'acide
    nitro-muriatique, 258.-De l'acide fluorique, 261.-De l'acide
    boracique, 264.-De l'acide arsenique, 268.-De l'acide molybdique,
    272.-De l'acide tunstique, 274.-De l'acide tartareux, 277.-De
    l'acide malique, 281.-De l'acide citrique, 284.-De l'acide
    pyro-ligneux, 286.-De l'acide pyro-tartareux, 288.-De l'acide
    pyro-muqueux, 290.-De l'acide oxalique, 292.-De l'acide acétique,
    298,-De l'acide succinique, 300.-De l'acide benzoïque, 302.-De
    l'acide camphorique, 304.-De l'acide gallique, 306.-De l'acide
    lactique, 308.-De l'acide saccholactique, 310.-De l'acide formique,
    312.-De l'acide bombique, 314.-De l'acide sébacique, 316.-De
    l'acide lithique, 318.-De l'acide prussique, 320.

  TAMISAGE. Moyen de séparer les corps en molécules de grosseurs
    à-peu-près uniformes, 409.

  TARTRE est composé de l'acide appelé _tartarum_, & de potasse.-Moyen
    de le décomposer pour en obtenir l'acide pur, 378, 379.

  TARTRITE acidule de potasse. Combinaison de la potasse & de l'acide
    tartareux, avec excès d'acide, 280.

  ---- de potasse. Sel parfaitement neutre, résultant de la combinaison
    de l'acide tartareux & de la potasse, 280.

  TERRE ou terreau. Principe fixe qui reste après l'analyse des
    substances végétales fermentées, 154.

  ---- On les regarde comme des êtres simples, 172.-Il y a quelques
    raisons de penser qu'elles contiennent de l'oxigène, 180,
    _ibid._-Et peut-être qu'elles sont des métaux oxidés, _ibid._-Elles
    ont une grande tendance à la combinaison, 172.

  TERRES composées. Se fondent au feu alimenté par le gaz oxigène sous
    la forme d'un verre blanc, 556.

  THERMOMÈTRE. Corrections du volume des gaz relatives aux différens
    degrés du thermomètre.-Modèle de calcul pour ces corrections, 380
    _& suiv._

  TOPAZE de Saxe. Se décolore & perd un cinquième de son poids au feu
    alimenté par le gaz oxigène, 557.

  TRITURATION. Instrumens propres à l'opérer, 403.

  TUNSTÈNE. Métal particulier souvent confondu avec l'étain.-Sa
    cristallisation.-Sa pesanteur spécifique.-Il se trouve
    naturellement dans l'état d'oxide.-Il fait fonction d'acide.-Il y
    est uni à la chaux, 275.


  V

  VAISSEAUX évaporatoires. Leur forme, 434 _& suiv._

  VAPORISATION. Passage d'un fluide liquide à l'état aériforme, 12.

  VERRES ardens. Ne produisent pas d'aussi grands effets qu'on avoit
    lieu de l'attendre 552.

  VERS à soie. Sa crysalide fournit l'acide bombique, 315.


  W

  WOLFRAM. Substance métallique.-Véritable tunstène, 275.


  _Fin de la Table des Matières._



_EXTRAIT des Registres de l'Académie Royale des Sciences._

Du 4 Février 1789.


L'Académie nous a chargés, M. d'Arcet & moi, de lui rendre compte d'un
Traité élémentaire de Chimie, que lui a présenté M. Lavoisier.

Ce Traité est divisé en trois parties: la première a principalement
pour objet, la formation des fluides aëriformes & leur décomposition,
la combustion des corps simples, & la formation des acides.

Les molécules des corps peuvent être considérées comme obéissant à deux
forces, l'une répulsive, l'autre attractive. Pendant que la derniere
de ces forces l'emporte, le corps demeure dans l'état solide; si, au
contraire, l'attraction est plus foible, les parties du corps perdent
l'adhérence qu'elles avoient entr'elles, & il cesse d'être un solide.

La force répulsive est due au fluide très-subtil qui s'insinue à
travers les molécules de tous les corps, & qui les écarte; cette
substance, quelle qu'elle soit, étant la cause de la chaleur, ou,
en d'autres termes, la sensation que nous appelons chaleur, étant
l'effet de l'accumulation de cette substance, on ne peut pas, dans un
langage rigoureux, la désigner par le nom de chaleur, parce que la même
dénomination ne peut pas exprimer la cause & l'effet; c'est ce qui a
déterminé M. Lavoisier, avec les autres Auteurs de la Nomenclature
chimique, à la désigner sous le nom de calorique.

Nous nous contenterons, dans ce rapport, d'employer la nomenclature
adoptée par M. Lavoisier; mais dans le cours de son ouvrage, après
avoir établi, par les expériences les plus exactes, les faits qui
doivent servir de base aux connoissances chimiques, il a toujours
soin de justifier la nomenclature dont il fait usage, & de suivre les
rapports qui doivent se trouver entre les idées & les mots qui les
représentent.

S'il n'existoit que la force attractive des molécules de la matière, &
la force répulsive du calorique, les corps passeroient brusquement de
l'état de solide à celui de fluide aëriforme; mais une troisième force,
la pression de l'atmosphère, met obstacle à cet écartement, & c'est à
cet obstacle qu'est due l'existence des fluides. M. Lavoisier établit,
par plusieurs expériences, quel est le degré de pression qui est
nécessaire pour contenir différentes substances dans l'état liquide, &
quel est le degré de chaleur nécessaire pour vaincre cette résistance.
Mais il y a un certain nombre de substances qui, à la pression de notre
atmosphère & au degré de froid connu, n'abandonnent jamais l'état de
fluide aëriforme; ce sont celles-là qu'on désigne sous le nom de gaz.

Puisque les molécules de tous les corps de la nature sont dans un
état d'équilibre entre l'attraction, qui tend à les rapprocher &
à les réunir, & les efforts du calorique, qui tend à les écarter,
non-seulement le calorique environne de toutes parts les corps,
mais encore il remplit les intervalles que leurs molécules laissent
entr'elles, & comme c'est un fluide extrêmement compressible, il
s'y accumule, il s'y resserre & s'y combine en partie. De ces
considérations, M. Lavoisier déduit l'explication de ce qu'on doit
entendre par le calorique libre, le calorique combiné, la capacité de
calorique, la chaleur absolue, la chaleur latente, la chaleur sensible.
On pourroit lui reprocher d'avoir insisté trop peu sur la propriété
élastique & compressible du calorique, & de-là résulte une différence
entre ses principes & la théorie de M. Black, sur la capacité de
chaleur, mais en écartant cette considération, les idées de M.
Lavoisier ont acquis l'avantage d'avoir plus de clarté.

Après ces principes généraux, M. Lavoisier décrit le moyen qu'a imaginé
M. de la Place pour déterminer par la quantité de glace fondue, celle
du calorique qui s'est dégagé au milieu de cette glace, d'un corps qui
étoit élevé à une certaine température, ou d'une combinaison qui s'y
est formée. Il passe ensuite à des vues générales sur la formation
& la constitution de l'atmosphère de la terre, non-seulement en la
considérant dans l'état où elle se trouve, mais encore dans différens
états hypothétiques.

Notre atmosphère est formée de toutes les substances susceptibles de
demeurer dans l'état aëriforme au degré habituel de température & de
pression que nous éprouvons. Il étoit bien important de déterminer
quel est le nombre & quelle est la nature des fluides élastiques qui
composent cette couche inférieure que nous habitons. On sait que les
connoissances que nous avons acquises sur cet objet, font la gloire
de la Chimie moderne; que non-seulement on a analysé ces fluides,
mais qu'on a encore appris à connoître une foule de combinaisons
qu'ils formoient avec les substances terrestres, & que par-là le vide
immense que les anciens Chimistes cherchoient à déguiser par quelques
suppositions, a été comblé pour la plus grande partie. Il est bien
intéressant de voir celui qui a le plus contribué à nous procurer ces
connoissances nouvelles, en tracer lui-même le tableau, rapprocher
les résultats des expériences qui ont fait l'objet d'un grand nombre
de ses Mémoires, perfectionner ces expériences & tous les appareils
qu'il a fallu imaginer; mais il n'est pas possible de suivre dans un
extrait les descriptions que M. Lavoisier présente avec beaucoup de
concision, sur l'analyse de l'air de l'atmosphère, la décomposition du
gaz oxigène par le soufre, le phosphore & le charbon, sur la formation
des acides en général, la décomposition du gaz oxigène par les métaux,
la formation des oxides métalliques, le principe radical de l'eau, sa
décomposition par le charbon & par le fer, la quantité de calorique
qui se dégage des différentes espèces de combustion, & la formation de
l'acide nitrique.

Après tous ces objets, M. Lavoisier examine la combinaison des
substances combustibles les unes avec les autres.

Le soufre, le phosphore, le charbon ont la propriété de s'unir avec les
métaux, & de-là naissent les combinaisons que M. Lavoisier désigne sous
le nom de sulfures, phosphures & carbures.

L'hydrogène peut aussi se combiner avec un grand nombre de substances
combustibles; dans l'état de gaz, il dissout le carbone ou charbon pur,
le soufre, le phosphore, & de-là viennent les différentes espèces de
gaz inflammable.

Lorsque l'hydrogène & le carbone s'unissent ensemble, sans que
l'hydrogène ait été porté à l'état de gaz par le calorique, il en
résulte, selon M. Lavoisier, cette combinaison particuliere qui est
connue sous le nom d'huile, & cette huile est fixe ou volatile, selon
les proportions de l'hydrogène & du carbone. Il a exposé dans les
Mémoires de 1784, les expériences qui l'ont conduit à cette opinion.

Cependant il nous paroît que cette opinion n'est pas à l'abri des
objections, nous nous contenterons d'en proposer une. Toutes les huiles
donnent un peu d'eau & un peu d'acide lorsqu'on les distille, & en
réitérant les distillations, on peut les réduire entièrement en eau, en
acide, en charbon, en gaz carbonique & en gaz hydrogène carboné. Cet
acide & cette eau qu'on retire dans chaque opération, n'annoncent-ils
pas qu'il entroit de l'oxigène dans la composition de l'huile; car il
est facile de prouver que l'air qui est contenu dans les vaisseaux qui
servent à la distillation, n'a pas pu contribuer d'une manière sensible
à leur production?

Il falloit d'abord examiner les phénomènes que présente l'oxigénation
des quatre substances combustibles simples, le phosphore, le soufre, le
carbone & l'hydrogène; mais ces substances, en se combinant les unes
avec les autres, ont formé des corps combustibles composés, tels que
les huiles, dont l'oxigénation doit présenter d'autres résultats. Selon
M. Lavoisier, il existe des acides & des oxides à base double & triple:
il donne en général le nom d'oxide à toutes les substances qui ne sont
pas assez oxigénées pour prendre le caractère acide. Tous les acides
du règne végétal ont pour base l'hydrogène & le carbone, quelquefois
l'hydrogène, le carbone & le phosphore. Les acides & oxides du règne
animal sont encore plus composés; il entre dans la composition de
la plupart quatre bases acidifiables, l'hydrogène, le carbone, le
phosphore & l'azote. M. Lavoisier tâche de rendre raison par ces
principes très-simples, de la nature & de la différence des acides
végétaux & des autres substances d'une nature végétale & d'une nature
animale; il ne seroit pas juste dans ce moment de juger avec sévérité
ces apperçus ingénieux, parce que l'Auteur se propose de les développer
dans des Mémoires particuliers.

L'hydrogène, l'oxigène & le carbone, sont des principes communs à tous
les végétaux, & pour cette raison, M. Lavoisier les appelle primitifs.
Ces principes, en raison de la quantité de calorique avec lequel ils se
trouvent combinés dans les végétaux, sont tous à-peu-près en équilibre
à la température dans laquelle nous vivons; ainsi les végétaux ne
contiennent ni huile, ni eau, ni acide carbonique, & seulement les
élémens de toutes ces substances; mais un changement léger dans la
température suffit pour renverser cet ordre de combinaison. L'hydrogène
& l'oxigène s'unissent plus intimément & forment de l'eau qui passe
dans la distillation; une portion de l'hydrogène & une portion du
carbone se réunissent ensemble pour former de l'huile volatile, une
autre partie du carbone devient libre & reste dans la cornue. Dans les
substances animales, l'azote, qui est un de leurs principes primitifs,
s'unit à une portion d'hydrogène pour former l'alkali volatil. M.
Lavoisier donne des explications analogues à celles que nous venons
d'indiquer, des phénomènes & des produits de la fermentation vineuse, &
de la putréfaction.

Il y a un grand rapport entre ces dernieres idées de M. Lavoisier &
celles que M. Higgins a exposées dans un traité sur l'acide acéteux,
la distillation, la fermentation, &c. qu'il a publié en 1786, & dans
lequel il admet la formation de l'eau & des huiles par l'action de la
chaleur; mais n'ayant pas distingué le gaz hydrogène qu'il appelle
phlogistique (ce qui est tout-à-fait indifférent), du charbon & de leur
combinaison, il n'a pu déterminer les effets de la chaleur & de la
fermentation avec autant d'exactitude que M. Lavoisier.

Les substances acidifiables, en s'unissant avec l'oxigène & en
se convertissant en acides, acquièrent une grande tendance à la
combinaison: elles deviennent propres à s'unir avec des substances
terreuses & métalliques. Mais une circonstance remarquable distingue
ces deux espèces de combinaison; c'est que les métaux ne peuvent
contracter d'union avec les acides que par l'intermède de l'oxigène,
de manière qu'il faut qu'ils soient réduits en oxides, ou qu'ils
décomposent l'eau dont ils dégagent alors le gaz hydrogène, ou qu'ils
trouvent de l'oxigène dans l'acide, & c'est ainsi qu'ils forment du gaz
nitreux avec l'acide nitrique.

La considération des phénomènes qui accompagnent les dissolutions,
conduit M. Lavoisier à celle des bases alkalines, des terres & des
métaux, & à déterminer le nombre des sels qui peuvent résulter de la
combinaison de ces différentes bases avec tous les acides connus.

Dans la seconde partie de son ouvrage, M. Lavoisier présente
successivement le tableau des substances simples, ou plutôt de celles
que l'état actuel de nos connoissances nous oblige à considérer comme
telles, celui des radicaux ou bases oxidables & acidifiables, composées
de la réunion de plusieurs substances simples, ceux des combinaisons de
l'azote, de l'hydrogène, du carbone, du soufre & du phosphore, avec des
substances simples, & enfin ceux des combinaisons de tous les acides
connus, avec les différentes bases. Chaque tableau est accompagné d'une
explication sur la nature & les préparations de la substance qui en est
l'objet, & sur ses principales combinaisons.

M. Lavoisier a réuni, dans la troisième partie de son ouvrage, la
description sommaire de tous les appareils & de toutes les opérations
manuelles qui ont rapport à la Chimie élémentaire. Les détails
indispensables dans lesquels il faut entrer, auroient interrompu la
marche des idées rapides qu'il a présentées dans les deux premières
parties, & en auroient rendu la lecture fatigante.

Cette description est d'autant plus précieuse, que non-seulement elle
est faite avec beaucoup de méthode & de clarté, mais encore qu'elle a
particulièrement pour objet les appareils relatifs à la Chimie moderne,
dont plusieurs sont dûs à M. Lavoisier lui-même, & qui, en général,
sont encore peu connus, même de ceux qui font une étude particulière
de la Chimie; mais il est impossible de tracer une esquisse de ces
descriptions, & nous sommes obligés de nous borner à l'énumération des
chapitres dans lesquels elles sont classées.

Le chapitre premier traite des instrumens propres à déterminer le poids
absolu & la pesanteur spécifique des corps solides & liquides.

Le second est destiné à la gazométrie, ou à la mesure du poids & du
volume des substances aëriformes.

Le chapitre troisième contient la description des opérations purement
mécaniques, qui ont pour objet de diviser les corps, telles que la
trituration, la porphirisation, le tamisage, la filtration, &c.

M. Lavoisier décrit, dans le chapitre cinquième, les moyens que la
Chimie emploie pour écarter les unes des autres les molécules des
corps sans les décomposer, & réciproquement pour les réunir, ce qui
comprend la solution des sels, leur lexiviation, leur évaporation, leur
cristallisation, & les appareils distillatoires.

Les distillations pneumato-chimiques, les dissolutions métalliques, &
quelques autres opérations qui exigent des appareils très-compliqués,
sont l'objet du sixième chapitre.

Le chapitre septième contient la description des opérations relatives à
la combustion & à la détonnation. Les appareils qui sont décrits dans
ce chapitre sont entièrement nouveaux.

Enfin le chapitre huitième est destiné aux instrumens nécessaires pour
opérer sur les corps à de très-hautes températures.

Toutes ces descriptions sont rendues sensibles par un grand nombre de
planches qui présentent tous les détails qu'on peut desirer, & qui sont
gravées avec beaucoup de soin. Nous ne devons pas laisser ignorer à la
reconnoissance des Chimistes, qu'elles ne sont point l'ouvrage d'un
burin mercenaire, mais qu'elles sont dûes au zèle & aux talens variés
du traducteur de l'ouvrage de M. Kirwan sur le phlogistique.

Ces nouveaux élémens sont terminés par quatre tables; la première
donne le nombre des pouces cubiques correspondans à un poids déterminé
d'eau; la seconde est destinée à convertir les fractions vulgaires
en fractions décimales, & réciproquement; la troisième présente le
poids des différens gaz, & la quatrième, la pesanteur spécifique des
différentes substances.

Ainsi M. Lavoisier, en partant des notions les plus simples & des
objets les plus élémentaires, conduit successivement aux combinaisons
plus composées. Ses raisonnemens sont presque toujours fondés sur des
expériences rigoureuses, ou plutôt ils n'en sont que le résultat; &
il finit par donner les élémens de l'art des expériences qui doit
servir de guide aux Chimistes qui, au lieu de se livrer à de vaines
hypothèses, veulent établir leurs opinions la balance à la main.

L'ouvrage est précédé d'un discours dans lequel M. Lavoisier rend
compte des motifs qui l'ont engagé à l'entreprendre, & de la marche
qu'il a suivie dans son exécution.

S'étant imposé la loi de ne rien conclure au-delà de ce que les
expériences présentent & de ne jamais suppléer au silence des faits,
il n'a point compris dans ses élémens la partie de la Chimie la plus
susceptible peut-être de devenir un jour une science exacte, c'est
celle qui traite des affinités ou attractions chimiques; mais les
données principales manquent, ou du moins celles que nous avons ne sont
encore ni assez précises, ni assez certaines pour devenir la base sur
laquelle doit porter une partie aussi importante de la Chimie.

M. Lavoisier a la modestie d'avouer qu'une considération secrète a
peut-être donné du poids aux raisons qu'il pouvoit avoir de se taire
sur les affinités; c'est que M. de Morveau est au moment de publier
l'article _affinité_ de l'Encyclopédie méthodique, & qu'il a redouté
de traiter en concurrence avec lui, un objet qui exige des discussions
très-délicates.

Quoique les Savans s'empressent de toutes parts de rendre justice aux
connoissances profondes de M. de Morveau, il doit néanmoins être flatté
d'un aveu qui honore également celui qui l'a fait.

Si M. Lavoisier ne parle point, dans ce Traité, des parties
constituantes & élémentaires des corps, c'est qu'il regarde comme
hypothétique tout ce qu'on a dit sur les quatre élémens: il est
probable que nous ne connoissons pas les molécules simples &
indivisibles qui composent les corps; mais il est un terme auquel nous
conduisent nos analyses, & ce sont les derniers résultats que nous en
obtenons, qui sont pour nous des substances simples, ou, si l'on veut,
des élémens.

Mais l'objet principal de ce discours est de faire sentir la liaison
qui se trouve entre l'abus des mots & les idées fausses, & entre la
précision du langage & les progrès des sciences.

Nous pensons que ces nouveaux Elémens sont très-dignes d'être imprimés
sous le privilége de l'Académie.


Fait à l'Académie, le 4 Février 1789.

  _Signé_, D'ARCET & BERTHOLET.

Je certifie le présent extrait conforme à l'original, & au jugement de
l'Académie. A Paris, ce 7 Février 1789.

  _Signé_, le Marquis DE CONDORCET.



_EXTRAIT des Registres de la Société Royale de Médecine._

Du 6 Février 1789.


La Société nous a chargés, M. de Horne & moi, d'examiner un Ouvrage
de M. Lavoisier, ayant pour titre, _Traité élémentaire de Chimie_,
_présenté dans un ordre nouveau_, _& d'après les découvertes modernes_.
Comme ce Traité, que nous avons lu avec le plus vif intérêt, offre une
méthode élémentaire différente de toutes celles qu'on a suivies dans
les Ouvrages du même genre, nous avons cru devoir en rendre un compte
très-détaillé à la Compagnie.

Les Physiciens, & tous les hommes, qui s'adonnent à l'étude de la
Philosophie naturelle, savent que c'est aux expériences de M. Lavoisier
qu'est due la révolution que la Chimie a éprouvée depuis quelques
années; à peine M. Black eut-il fait connoître, il y a bientôt vingt
ans, l'être fugace qui adoucit la chaux & les alkalis, & qui avoit
jusques-là échappé aux recherches des Chimistes; à peine M. Priestley
eut-il donné ses premières expériences sur l'air fixe & ce qu'il
appeloit les différentes espèces d'air, que M. Lavoisier, qui ne
s'étoit encore appliqué qu'à mettre dans les opérations de Chimie de
l'exactitude & de la précision, conçut le vaste projet de répéter & de
varier toutes les expériences des deux célèbres Physiciens Anglois,
& de poursuivre avec une ardeur infatigable une carrière nouvelle,
dont il prévoyoit dès-lors l'étendue. Il sentit sur-tout que l'art de
faire des expériences vraiment utiles, & de contribuer aux progrès
de la science de l'analyse, consistoit à ne rien laisser échapper, à
tout recueillir, à tout peser. Cette idée ingénieuse, à laquelle sont
dues toutes les découvertes modernes, l'engagea à imaginer, pour les
effervescences, pour les combustions, pour la calcination des métaux,
&c. des appareils capables de porter la lumière la plus vive sur la
cause & les résultats de ces opérations. On connoît trop généralement
aujourd'hui la plupart des faits & des découvertes que cette route
expérimentale nouvelle a fait naître, pour que nous ayons besoin
d'en suivre ici les détails; nous nous contenterons de rappeler que
c'est à l'aide de ces procédés, à l'aide de ce nouveau sens, ajouté,
pour ainsi dire, à ceux que le Physicien possédoit déjà, que M.
Lavoisier est parvenu à établir des vérités & une doctrine nouvelles
sur la combustion, sur la calcination des métaux, sur la nature de
l'eau, sur la formation des acides, sur la dissolution des métaux,
sur la fermentation & sur les principaux phénomènes de la nature.
Ces instrumens si ingénieux, cette méthode expérimentale si exacte
& si différente des procédés employés autrefois par les Chimistes,
n'ont cessé, depuis 1772, de devenir entre les mains de M. Lavoisier
& des Physiciens qui ont suivi la même route, une source féconde
de découvertes. Les Mémoires de l'Académie des Sciences offrent,
depuis 1772 jusqu'en 1786, une suite non interrompue de travaux,
d'expériences, d'analyses faites par ce Physicien sur le même plan. Ce
qu'il y a de plus frappant pour ceux qui aiment à suivre les progrès
de l'esprit humain dans ce genre de recherches, dont on n'avoit aucune
idée il y a vingt ans, c'est que toutes les découvertes qui se sont
succédées depuis cette époque, n'ont fait que confirmer les premiers
résultats trouvés par M. Lavoisier, & donner plus de force & plus de
solidité à la doctrine qu'il a proposée. Une autre considération, qui
nous paroît également importante, c'est que les expériences de Bergman,
de Schéele, de MM. Cavendish, Priestley, & d'un grand nombre d'autres
Chimistes dans différentes parties de l'Europe, quoique faites sous
des points de vue & avec des moyens différens en apparence, se sont
tellement accordées avec les résultats généraux dont nous parlions
plus haut, que cet accord, bien propre à convaincre les Physiciens qui
cherchent la vérité sans prévention, & avec le courage nécessaire
pour résister aux préjugés, n'a fait que rendre plus solides & plus
inébranlables les fondemens sur lesquels repose la nouvelle doctrine
chimique. C'est dans cet état de la science, c'est à l'époque où
les faits nouveaux, généralement reconnus, n'excitent encore des
discussions entre les Physiciens, que relativement à leur explication,
que M. Lavoisier, auteur de la plus grande partie de ces découvertes,
& de la théorie simple & lumineuse qu'elles ont créée, s'est proposé
d'enchaîner dans un nouvel ordre les vérités nouvelles, & d'offrir
aux Savans, ainsi qu'à ceux qui veulent le devenir, l'ensemble de ses
travaux. Ceux qui ont suivi avec soin les progrès successifs de la
Chimie, ne trouveront dans l'Ouvrage dont nous nous occupons, que les
faits qu'ils connoissent déjà; mais ils se présenteront à eux dans
un ordre qui les frappera par sa clarté & sa précision. Ce sera donc
spécialement sur la marche des faits, des idées & des raisonnemens
tracés par M. Lavoisier, que nous insisterons dans ce rapport.

Ce Traité est divisé en trois parties. Dans la première, M. Lavoisier
expose les élémens de la science & les bases sur lesquelles elle est
fondée. C'est sur les corps les plus simples, & sur le premier ordre
de leurs combinaisons, que roule cette première partie, comme nous le
dirons tout-à-l'heure.

La seconde partie présente les tableaux de toutes les combinaisons de
ces corps simples entr'eux, & des mixtes qu'ils forment les uns avec
les autres. Les composés salins neutres en sont particulièrement le
sujet.

Dans la troisième partie, M. Lavoisier décrit les appareils nouveaux,
dont il a imaginé la plus grande partie, & à l'aide desquels il a
établi les vérités exposées dans la première partie.

Considérons chacune de ces parties plus en détail, & suivons l'Auteur
jusqu'à ses dernières divisions, pour faire connoître l'utilité &
l'importance de son Ouvrage.


Première Partie.

En exposant, dans un Discours préliminaire, les motifs qui l'ont engagé
à écrire son Ouvrage, M. Lavoisier annonce que c'est en s'occupant
de la nomenclature & en développant ses idées sur les avantages & la
nécessité de lier les mots aux faits, qu'il a été entraîné comme malgré
lui à faire un Traité élémentaire de Chimie; que cette nomenclature
méthodique l'ayant conduit du connu à l'inconnu, cette marche qu'il
s'est trouvé forcé de suivre, lui a paru propre à guider les pas
de ceux qui veulent étudier la Chimie; il pense que, quoique cette
science ait encore beaucoup de lacunes & ne soit pas complette comme
la Géométrie élémentaire, les faits qui la composent s'arrangent
cependant d'une manière si heureuse dans la doctrine moderne, qu'il
est permis de la comparer à cette dernière, & qu'on peut espérer de
la voir s'approcher, de nos jours, du degré de perfection qu'elle est
susceptible d'atteindre. Son but a été de ne rien conclure au-delà de
l'expérience, de ne jamais suppléer au silence des faits.

C'est pour cela qu'il n'a point parlé des principes des corps, sur
lesquels on a depuis si long-temps donné des idées vagues, dans
les écoles & dans les Ouvrages élémentaires; qu'il n'a rien dit
des attractions ou affinités chimiques, qui ne sont point encore
connues, suivant lui, avec l'exactitude nécessaire pour en exposer
les généralités dans des élémens. Il termine ce discours en retraçant
les raisons & les motifs qui ont guidé les Chimistes dans le travail
de la nouvelle nomenclature, & en faisant voir quelle influence les
noms exacts proposés dans ce travail, peuvent avoir sur les progrès &
l'étude de la science.

La première partie qui suit immédiatement ce Discours préliminaire,
comprend dix-sept chapitres.

M. Lavoisier annonce qu'il traite, dans cette première Partie, de
la formation des fluides aëriformes & de leur décomposition; de la
combustion des corps simples, & de la formation des acides. Ce titre,
qui n'auroit certainement pas rappelé aux anciens Chimistes l'ensemble
de leur science, le comprend cependant tout entier pour ceux qui la
possèdent, & en effet, l'un de nous en traçant la marche & l'état de
toutes les connoissances chimiques modernes dans quelques séances
sur les fluides élastiques, a fait voir que toute la science est
comprise dans l'histoire de leur développement & de leur fixation.
Il est donc vrai de dire, que quoique le domaine de la Chimie ait
été singulièrement agrandi par le nombre considérable de faits
nouveaux qu'elle a acquis depuis quelques années, le rapprochement,
la liaison & la cohérence de ces faits, peuvent en resserrer les
élémens dans l'esprit de ceux qui les possèdent, & de ceux qu'une
méthode exacte guide dans leurs études; si les expériences semblent
effrayer l'imagination par leur nombre, les résultats simples qu'on
en tire, & les données générales qu'elles fournissent, font évanouir
les difficultés, & rendent le travail de la mémoire plus facile. Cette
vérité sera mise dans tout son jour, par l'exposé des divers objets
compris dans cette première partie de l'ouvrage de M. Lavoisier.

Le premier Chapitre traite de la combinaison des corps avec le
calorique ou la matière de la chaleur, & de la formation des fluides
élastiques. Le calorique dilate tous les corps en écartant leurs
molécules, qui tendent à se rapprocher par la force d'attraction. On
peut donc considérer son effet comme celui d'une force répulsive ou
opposée à l'attraction. Lorsque l'attraction des molécules est plus
forte, que l'écartement ou la force répulsive communiquée par le
calorique, le corps est solide; si la force répulsive l'emporte sur
l'attraction, les molécules s'écartent jusqu'à un certain point, la
fusion, & enfin la fluidité élastique naissent de cet effet. Comme la
diminution ou l'enlèvement du calorique permet le rapprochement des
molécules des corps dont l'attraction agit alors librement, & comme on
peut concevoir un refroidissement toujours croissant, beaucoup plus
fort que celui que nous connoissons, & conséquemment un rapprochement
proportionné dans les molécules des corps, il s'ensuit que ces
molécules ne se touchent pas, qu'il existe des intervalles entr'elles;
ces intervalles sont remplis par le calorique. On peut l'y accumuler;
c'est cette accumulation qui détruit l'attraction de ces molécules,
& qui donne enfin naissance à un fluide élastique. Tous les corps
liquides prendroient, à la surface du globe, cette forme de fluides
élastiques, si la pression de l'air atmosphérique ne s'y opposoit
pas, c'est en raison de cette pression qu'il faut que la température
de l'eau soit élevée à 80 degrés pour qu'elle se réduise en vapeur;
l'éther à 30 ou 33 degrés, l'alkool à 67, Mais les fluides supposés
réduits en vapeurs par la suppression du poids de l'atmosphère, se
formeroient bientôt un obstacle à eux-mêmes par leur pression.

On voit d'après cela qu'un fluide élastique ou un gaz n'est qu'une
combinaison d'un corps quelconque ou d'une base avec le calorique.
On voit encore que, suivant les espaces ou les intervalles compris
entre les molécules des différens corps, il faudra plus ou moins de
calorique pour les dilater au même point; c'est cette différence qu'on
nomme _capacité de chaleur_, & la quantité de calorique nécessaire
pour élever chaque corps à la même température, se nomme chaleur ou
_calorique spécifique_. Comme les corps, en se combinant au calorique,
deviennent des fluides élastiques, l'élasticité paroît être due à
la répulsion des molécules du calorique, ou plutôt à une attraction
plus forte entre ces dernières, qu'entre celles des corps fluides
élastiques, qui sont alors repoussées par l'effet du premier.

Ces idées simples & fondées sur des expériences exactes, conduisent
l'Auteur à donner, dans le second chapitre, des vues sur la formation
& la constitution de l'atmosphère de la terre; elle doit être formée
des substances susceptibles de se volatiliser au degré ordinaire de
chaleur qui existe sur le globe, & à la pression moyenne qui soutient
le mercure à 28 pouces. La terre étant supposée à la place d'une
planète beaucoup plus rapprochée du soleil, comme l'est Mercure, l'eau,
le mercure même entreroient en expansion, & se mêleroient à l'air
jusqu'à ce que cette expansion fût limitée par la pression exercée
par ces nouveaux fluides élastiques. Si le globe étoit, au contraire,
transporté à une distance beaucoup plus éloignée du soleil qu'il ne
l'est, l'eau seroit solide & comme une pierre dure & transparente.
La solidité, la liquidité, la fluidité élastique sont donc des
modifications des corps dues au calorique. Les fluides habituellement
vaporeux qui forment notre atmosphère, doivent, ou se mêler lorsqu'ils
ont de l'affinité, ou se séparer suivant l'ordre de leurs pesanteurs
spécifiques, s'ils ne sont pas susceptibles de s'unir. M. Lavoisier
pense que la couche supérieure de l'atmosphère est surmontée des gaz
inflammables légers qu'il regarde comme la matière & le foyer des
météores lumineux.

Il étoit très-naturel que ces considérations générales sur l'atmosphère
de la terre fussent suivies de l'analyse de l'air qui la compose; cette
analyse fait le sujet du troisième chapitre, dans lequel est consignée
une des plus belles découvertes du siècle & de la Chimie moderne. La
combustion du mercure dans un ballon, la perte de poids d'un sixième de
l'air, l'augmentation correspondante du poids du mercure, la qualité
délétère des cinq sixièmes d'air restant; la séparation de l'air de
la chaux de mercure fortement échauffée, la pureté de celui-ci, la
recomposition de l'air semblable à celui de l'atmosphère par l'addition
de cette partie tirée du mercure à celle restée dans le ballon; la
chaleur vive & la flamme brillante dégagée de l'air par le fer qu'on y
brûle, suffisent à M. Lavoisier pour prouver que l'air atmosphérique
est un composé de deux fluides élastiques différens, l'un respirable,
l'autre non respirable, que le premier forme 0,27, & le second 0,73.

Dans le quatrième chapitre, ce Savant expose les noms donnés à ces deux
gaz qui composent l'air atmosphérique, & les raisons qui les ont fait
proposer; le premier porte, comme on sait, le nom d'_air vital_ & de
_gaz oxigène_, & le second celui de _gaz azote_.

La quantité des deux principes de l'atmosphère étant connue, la nature
du gaz oxigène occupe ensuite M. Lavoisier. Le cinquième chapitre est
destiné à l'examen de la décomposition du gaz oxigène ou air vital par
le soufre, le phosphore, le charbon, & de la formation des acides.
Cent grains de phosphore brûlé dans un ballon bien plein d'air vital,
absorbent 154 grains de cet air ou de sa base, & forment 254 grains
d'acide phosphorique concret. Vingt-huit grains de charbon absorbent 72
grains d'air vital, & forment 100 grains d'acide carbonique. Le soufre
en absorbe plus que son poids & devient acide sulfurique. La base de
cet air a donc la propriété, en se combinant avec ces trois corps
combustibles, de les convertir en acides; de-là le nom d'oxigène donné
à cette base de l'air vital, & celui d'oxigénation donné à l'opération
par laquelle cette base se fixe.

La nomenclature des différens acides forme le sujet du sixième
chapitre; le nom général d'acide désigne la combinaison avec l'oxigène;
les noms particuliers appartiennent aux bases différentes unies à
l'oxigène. Le soufre forme l'acide sulfurique, le phosphore l'acide
phosphorique, le carbone ou charbon pur l'acide carbonique. La
terminaison variée dans ces mots exprime la proportion d'oxigène; ainsi
le soufre combiné avec peu d'oxigène & dans l'état d'un acide foible,
donne l'acide sulfureux, tandis qu'une plus grande proportion de ce
principe acidifiant, forme l'acide sulfurique. Nous n'insisterons pas
davantage sur les principes de cette nomenclature, qui sont déjà bien
connus de la Société. M. Lavoisier donne, à la fin de ce chapitre, les
proportions d'azote & d'oxigène qui constituent l'acide du nitre en
différens états, comme l'a découvert M. Cavendish.

Il parle, dans le septième chapitre, de la décomposition du gaz oxigène
par les métaux. On sait que ces corps combustibles absorbent la base
de l'air vital plus ou moins facilement, & à des températures plus ou
moins élevées; mais comme l'affinité de ces corps pour l'oxigène est en
général rarement plus forte que celle de celui-ci pour le calorique,
les métaux s'y combinent plus ou moins difficilement. Les composés
des métaux & d'oxigène n'étant pas des acides, on a proposé le nom
d'oxides pour les désigner, au lieu de celui de chaux, qui étoit
équivoque, & fondé sur une fausse analogie. M. Lavoisier donne les
détails de cette nomenclature à la fin de ce chapitre.

Il traite, dans le huitième, du principe radical de l'eau, & de la
décomposition de ce fluide par le charbon & le fer. L'eau que l'on
fait passer à travers un tube de verre ou de porcelaine rougi au feu,
se réduit seulement en vapeur, sans éprouver d'altération. En passant
à travers le même tube chargé de vingt-huit grains de charbon, il y a
85 grains d'eau changée de nature, & le charbon disparoît. On obtient
100 grains ou 144 pouces d'acide carbonique, qui contiennent, outre les
28 grains de carbone, 72 grains d'oxigène, provenant nécessairement
de l'eau, puisqu'aucun autre corps n'a pu le lui fournir; ce gaz
acide carbonique est mêlé de 13 grains ou 380 pouces cubes de gaz
inflammable; ces 13 grains ajoutés aux 72 grains d'oxigène enlevé
par le carbone, font les 85 grains d'eau qui manquent; & en effet,
en brûlant dans un appareil fermé 85 grains d'air vital & 15 de gaz
inflammable, on a 100 grains d'eau. L'eau est donc composée de ces deux
principes. L'oxigène est déjà connu par les détails précédens; la base
du gaz inflammable a été nommée _hydrogène_, ou principe radical de
l'eau; M. Lavoisier en décrit les propriétés & sur-tout celles qu'il a
dans l'état de gaz.

Le neuvième chapitre contient des détails absolument neufs sur la
quantité de calorique qui se dégage dans la combustion de différens
corps combustibles, ou, ce qui est la même chose en d'autres termes,
pendant la fixation de l'air vital ou gaz oxigène. Pour bien concevoir
l'objet de cet article important, rappelons que l'air vital est, comme
tous les autres fluides élastiques, une base solidifiable unie à du
calorique; que ce gaz ne peut se fixer, ou sa base devenir solide
dans les combinaisons où elle entre, qu'en perdant le calorique qui
la tenoit écartée & divisée en fluide élastique. Cela posé, il est
clair qu'en partant d'une expérience où l'air vital paroît laisser
déposer sa base la plus solide possible en perdant tout le calorique
qu'il contient, on aura une mesure à peu de chose près exacte de
la quantité absolue de calorique contenu dans une quantité donnée
de gaz oxigène. Mais comment mesurer cette chaleur. M. Lavoisier
s'est servi, pour cela, d'un appareil ingénieux, dont la première
idée est due à M. Wilcke, Physicien Anglois, mais qui a été changé &
bien perfectionné par M. de la Place. Ce sont des enveloppes de tôle
garnies de glace, & laissant un espace vide dans lequel on fait les
expériences de combustion, absolument comme dans une sphère de glace
assez épaisse pour que la température extérieure n'influe en aucune
manière sur sa cavité intérieure. Le calorique se sépare pendant la
fixation de l'oxigène, fond une partie de cette glace, proportionnelle
à la quantité qui s'en dégage. En opérant ainsi la combustion du
phosphore, M. Lavoisier a vu qu'une livre de ce combustible fond 100
livres de glace, en absorbant une livre 8 onces d'air vital; & comme
l'acide phosphorique concret qui résulte de cette combustion paroît
contenir l'oxigène le plus solide & le plus séparé de calorique, il
en conclut que, dans l'état d'air vital, une livre d'oxigène contient
une quantité de calorique suffisante pour fondre 66 livres 10 onces
5 gros 24 grains de glace à zero. En partant de cette expérience, M.
Lavoisier a trouvé qu'une livre de charbon absorbant 2 livres 9 onces
1 gros 10 grains d'oxigène, & ne faisant fondre que 96 livres 8 onces
de glace, tout le calorique contenu dans cette quantité d'air vital
n'est pas dégagé, puisqu'il se seroit fondu 171 livres 6 onces 5 gros
de glace; la différence de cette quantité de calorique, c'est-à-dire,
une quantité capable de fondre 74 livres 14 onces 5 gros de glace, est
employée à tenir sous forme de gaz 3 livres 9 onces 1 gros 10 grains
d'acide carbonique, produit dans cette opération. La combustion du gaz
hydrogène brûlé dans l'appareil de glace, lui a présenté le résultat
suivant relativement au dégagement du calorique. Une livre de ce gaz
absorbe 5 livres 10 onces 5 gros 24 grains d'air vital en brûlant;
il se dégage dans cette combustion une quantité de calorique capable
de faire fondre 295 livres 9 onces 3 gros & demi de glace; or, comme
cette dose d'air vital auroit donné, si on l'avoit fait servir à la
combustion du phosphore, où l'oxigène paroît être le plus solide
possible, une quantité de calorique suffisante pour fondre 377 livres
12 onces 3 gros de glace, il s'ensuit que la différence de ces deux
quantités de calorique, qui est exprimée par celle de 82 livres 9 onces
7 gros & demi de glace fondue, reste dans l'eau à 0 de température,
& que chaque livre de ce liquide à cette température, contient dans
la portion d'oxigène qui fait un de ses principes, une quantité de
calorique capable de fondre 12 livres 5 onces 2 gros 48 grains de
glace. M. Lavoisier a trouvé, par les mêmes expériences, la quantité de
calorique contenu dans l'oxigène de l'acide nitrique, & celle qui se
dégage dans la combustion de la cire & de l'huile; & si ces recherches
avoient été suivies avec un soin égal sur la quantité de calorique que
chaque métal dégage de l'air vital en absorbant l'oxigène, ou en se
calcinant, cette appréciation seroit, comme le dit M. Lavoisier à la
fin de ce chapitre, d'une grande utilité pour l'explication de beaucoup
de phénomènes chimiques.

L'Auteur décrit dans le dixieme chapitre la nature générale des
combinaisons des substances combustibles déjà examinées dans les
chapitres précédens, les unes avec les autres. Les alliages des
métaux, les dissolutions du soufre, du phosphore, du charbon dans le
gaz hydrogène, l'union du carbone & de l'hydrogène qui constitue les
huiles en général, sont indiqués successivement. Dans ce chapitre comme
dans tous les précédens, on trouve des vues neuves sur l'union encore
inconnue de plusieurs substances combustibles entr'elles.

Dans tous les chapitres précédens qui ont pour objet la décomposition
de l'air vital, l'absorption de l'oxigène par les corps combustibles
& les phénomènes de leur combustion & de leurs produits, il n'est
question que des substances combinées, une à une avec l'oxigène. Le
deuxième chapitre présente les combinaisons de ce principe acidifiant
avec plusieurs bases à la fois, conséquemment des oxides & des acides
à plusieurs bases, & de la composition des matieres végétales &
animales. On reconnoît par la lecture de ce chapitre la clarté des
principes de la Chimie moderne, & en même tems la richesse de la nature
dans la variété des composés qu'elle forme avec très-peu d'élémens.
L'analyse la plus exacte prouve que l'hydrogène & le carbone privés
de la plus grande quantité de leur calorique & unis ensemble dans des
proportions différentes, à des quantités diverses d'oxigène constituent
les matieres végétales, M. Lavoisier range ces matieres parmi les
oxides lorsque la quantité d'oxigène est trop peu abondante pour leur
donner le caractère acide, ou parmi les acides lorsque ce principe y
est plus abondant. Le phosphore & l'azote font quelquefois partie de
ces composés; & alors ils se rapprochent des matieres animales. Ainsi
trois ou quatre corps simples unis en différentes proportions & dans
différens états de pression ou de privation de calorique, suffisent
à la Chimie moderne pour rendre raison de la diversité des matieres
végétales, oxides & acides; & en y ajoutant l'azote, le phosphore &
le soufre, les composés plus compliqués qui en résultent, donnent une
idée exacte de la nature des substances animales, oxides ou acides. M.
Lavoisier fait voir qu'on pourroit suivant les regles de la nouvelle
Nomenclature désigner les principales especes des matieres végétales
composées d'hydrogène, de carbone & d'oxigène, soit oxides, soit
acides; mais la nécessité d'associer trop de mots pour désigner ces
composés formeroit un langage barbare, & l'Auteur préfère les noms
des treize acides végétaux & des six acides animaux, adoptés dans la
nouvelle Nomenclature. Il termine ce chapitre par le dénombrement de
ces acides.

Ces principes aussi clairs que simples sur la composition des
substances végétales & animales, conduisent M. Lavoisier à faire
connoître avec une égale clarté dans le douzieme chapitre, la
décomposition de ces matières par le feu. Des trois principes les
plus abondans qui les constituent, l'hydrogène & l'oxigène tendent
à prendre la forme de gaz par leur combinaison avec le calorique;
le troisième ou le carbone n'a pas la même propriété. Une chaleur
au-dessus de celle où ces principes restent en équilibre, doit donc
détruire cet équilibre. A une température supérieure à celle de l'eau
bouillante, l'oxigène s'unit à l'hydrogène & forme de l'eau qui se
dégage; une partie du carbone unie séparément à l'hydrogène forme de
l'huile; une autre se précipite seule. Une chaleur beaucoup plus forte,
comme celle qu'on nomme chaleur rouge, sépare ces principes dans un
autre ordre, décompose même l'huile formee par la premiere chaleur, &
réduit entièrement les matières végétales à de l'acide carbonique, à
de l'eau & à une partie de charbon isolée. L'azote, le phosphore & le
soufre ajoutés à ces premiers principes, dans les matières animales
compliquent cet effet du feu, & donnent naissance à l'ammoniaque que
ces matieres fournissent dans leur distillation. Tous ces phénomènes ne
tiennent qu'à des changemens de proportions dans l'union des principes
& à leur diverse affinité pour le calorique.

Des changemens également simples ont lieu dans les fermentations
vineuse, putride & acéteuse, dont M. Lavoisier expose avec soin les
phénomènes dans les chapitres 13, 14 & 15. Ces opérations naturelles
paroissoient autrefois inexplicables aux Chimistes, & il n'y a pas plus
de quinze ans qu'on désespéroit encore d'en apprécier la cause. M.
Lavoisier par des procédés ingénieux est parvenu à prouver que dans la
fermentation vineuse, la matiere sucrée qu'il regarde comme un oxide
& qui est formée suivant ses recherches, de 8 parties d'hydrogène,
28 de carbone, & 64 d'oxigène, sur cent parties de cette matière,
est séparée en deux portions (par le changement & le partage seul de
l'oxigène entre les deux bases oxidables), une grande partie du carbone
prend plus d'oxigène en se séparant de l'hydrogène, & se convertit en
gaz acide carbonique qui se dégage pendant cette fermentation, tandis
que l'hydrogène, privé de l'oxigène & uni à un peu de carbone, & à
l'eau ajoutée, constitue l'alkool. Ainsi la nature change par cette
fermentation des combinaisons ternaires en combinaisons binaires.
Un effet analogue a lieu dans la putréfaction. Les cinq substances
simples & combustibles qui forment les bases oxidables & acidifiables
des matières animales, l'hydrogène, le carbone, l'azote, le soufre &
le phosphore, & qui sont unies en différentes proportions à l'oxigène,
se dégagent peu-à-peu en gaz hydrogène sulfuré, carboné, phosphoré,
en gaz azote, en gaz acide carbonique, & en gaz ammoniaque. La
fermentation acéteuse ne consiste que dans l'absorption de l'oxigène
qui y porte plus de principe acidifiant. Il semble que l'acide
carbonique n'ait besoin que d'hydrogène pour devenir acide acéteux,
puisqu'en effet, ôtez ce dernier principe au vinaigre, il passe à
l'état d'acide carbonique. Quoique cette théorie de la putréfaction
& de l'acétification paroisse presque aussi simple que celle de la
fermentation vineuse, M. Lavoisier convient que la Chimie n'est pas
aussi avancée dans la connoissance de ces deux phénomènes, que dans
celle du premier.

Dans le seizième chapitre, l'auteur considère la formation des sels
neutres & les bases de ces sels. Les acides dont M. Lavoisier a exposé
la nature dans les premiers chapitres, peuvent se combiner avec quatre
bases terreuses, trois bases alkalines & dix-sept bases métalliques.
Il expose succinctement l'origine, l'extraction & les principales
propriétés de la potasse, de la soude, de l'ammoniaque, de la chaux,
de la magnésie, de la baryte & de l'alumine; ces matières, si l'on
en excepte l'ammoniaque, sont les moins connues de tous les corps
naturels, & quoique, d'après quelques expériences, on pense qu'elles
sont composées, on n'en a point encore séparé les élémens; aussi M.
Lavoisier n'en parle-t-il que très-brièvement. Il termine cet exposé en
annonçant qu'il est possible que les alkalis fixes se forment pendant
la combustion des substances végétales à l'air. L'un de nous a déjà
fait présumer dans plusieurs mémoires & dans ses leçons, que l'azote,
qu'il a considéré comme principe des alkalis ou comme _alkaligène_,
pourroit bien se précipiter de l'atmosphère dans les substances
végétales qu'on brûle dans l'atmosphère. Alors l'air atmosphérique
seroit un réservoir des principes acidifiant & alkalifiant où la nature
puiseroit sans cesse ces principes pour les fixer dans des bases, &
produire les diverses matières salines, acides & alkalines. Mais cette
assertion, loin d'être une vérité démontrée, ne doit être regardée que
comme une hypothèse, jusqu'à ce que les expériences dont on s'occupe en
ce moment dans plusieurs laboratoires, aient permis de prononcer.

Le chapitre dix-septième & dernier de cette première partie de
l'ouvrage de M. Lavoisier, contient une suite de réflexions sur la
formation des sels neutres, & sur leurs bases qu'il nomme salifiables.
Il y fait voir que les terres & les alkalis s'unissent aux acides sans
éprouver d'altération, & qu'il n'en est pas de même des métaux. Aucun
de ces corps ne peut se combiner avec les acides sans s'oxigéner; ils
enlèvent l'oxigène soit à l'eau dont ils séparent l'hydrogène en gaz,
soit aux acides eux-mêmes dont ils volatilisent une portion de la base
unie à une portion d'oxigène. De ce dégagement naît l'effervescence
qui accompagne la dissolution des métaux dans les acides. On pourroit
peut-être désirer dans ce chapitre des détails plus étendus sur
les dissolutions métalliques; mais M. Lavoisier vouloit mettre une
grande précision dans cette partie de son Ouvrage, & celle qu'il y a
mise en effet, en rend la marche plus rapide sans nuire à la clarté
des principes qui y sont exposés. Ce chapitre est terminé par un
dénombrement des quarante-huit substances simples qui peuvent être
oxidées & acidifiées dans différens états, en y comprenant les dix-sept
substances métalliques, qu'il croit devoir aussi considérer comme des
acides, lorsqu'elles sont portées à un grand degré d'oxigénation. Il
résulte de ce dénombrement que quarante-huit acides qui peuvent être
unis à vingt-quatre bases terreuses, alkalines & métalliques, donnent
1152 sels neutres, dont la nature & les propriétés n'auroient jamais
été connues avec précision si, comme l'observe M. Lavoisier, on avoit
continué à leur donner des noms, ou impropres, ou insignifians, comme
on l'avoit fait à l'époque des premières découvertes de Chimie, & qui
cependant peuvent être placés avec ordre dans la mémoire, à l'aide de
la nouvelle nomenclature.

Tels sont les faits, tel est l'ordre qui les lie, telles sont les
conséquences qui en découlent naturellement, consignés dans la première
partie de ce Traité élémentaire. Nous les avons fait connoître assez
en détail, pour que la Société pût apprécier l'ensemble du travail de
M. Lavoisier, & le comparer à ce qu'étoit encore la science chimique
il y a vingt ans. On a pu y voir qu'à l'aide des expériences modernes,
les élémens de cette science sont aujourd'hui beaucoup plus faciles à
saisir qu'ils n'étoient autrefois, parce que tout se réduit à concevoir
les effets généraux du calorique, à distinguer les matières simples,
bases de toutes les combinaisons possibles, à considérer leur union
avec l'oxigène; c'est presque sur ces trois faits généraux que sont
fondés les détails contenus dans la première partie. En y ajoutant les
attractions de l'oxigène pour les différens corps, les décompositions
qui résultent des effets de ces attractions, on auroit l'ensemble
complet de ces Elémens. Mais M. Lavoisier a omis cet objet à dessein, &
nous avons exposé ailleurs les raisons qui l'ont déterminé à prendre ce
parti.


_Seconde Partie._

Après avoir rendu un compte exact de la marche nouvelle que M.
Lavoisier a suivie dans la première partie, qui constitue seule les
élémens de la science, il ne sera pas nécessaire d'entrer dans des
détails aussi étendus pour faire connoître les deux autres parties.

La seconde est entièrement destinée à présenter dans des tableaux les
combinaisons salines neutres, ou les composés de deux mixtes, car on se
rappellera facilement que les acides sont des mixtes formés de bases
unies à l'oxigène, les oxides métalliques également formés de l'oxigène
uni aux métaux, & enfin les terres & les alkalis vraisemblablement
des composés. Mais pour rendre cette seconde partie plus complette,
M. Lavoisier a mis avant les tableaux des sels neutres, dix tableaux
qui offrent les combinaisons simples dont il a été parlé dans la
première partie, & qui sont destinés à servir de résumé à cette
première partie. On trouve dans ces 10 tableaux, 1º. les substances
simples, ou au moins celles que les Chimistes ne sont pas parvenus
à décomposer, au nombre de 33, savoir la lumière, le calorique,
l'oxigène, l'azote, l'hydrogène, le soufre, le phosphore, le carbone,
le radical muriatique, le radical fluorique, le radical boracique, les
dix-sept substances métalliques, la chaux, la magnésie, la baryte,
l'alumine & la silice; 2º. les bases oxidables & acidifiables,
composées au nombre de 20, qui comprennent le radical nitro-muriatique,
les radicaux des douze acides végétaux, & ceux des sept acides animaux;
3º. les combinaisons de l'oxigène avec les substances simples; 4º.
les combinaisons des vingt radicaux composés, avec l'oxigène; ou les
acides nitro-muriatiques, les douze acides végétaux, & les sept acides
animaux; 5º. les combinaisons binaires de l'azote avec les substances
simples: M. Lavoisier nomme celles de ces combinaisons qui ne sont pas
connues, des _azotures_; 6º. les combinaisons binaires de l'hydrogène
avec les mêmes substances simples: M. Lavoisier désigne par le nom
d'_hydrures_ celles de ces combinaisons qui n'ont point été examinées;
7º. les combinaisons binaires du soufre avec les corps simples; excepté
les acides sulfurique & sulfureux, toutes ces combinaisons sont des
sulfures; 8º. celles du phosphore avec les mêmes corps; tels sont
l'oxide de phosphore, les acides phosphoreux & phosphorique, & les
phosphures; 9º. celles du carbone avec les substances simples, savoir
l'oxide de carbone, l'acide carbonique & les carbures; 10º. enfin
celles de quelques autres radicaux avec les substances simples. A ces
tableaux sont jointes des observations dans lesquelles M. Lavoisier
donne l'explication, & retrace sous de nouveaux points de vue, une
partie des faits consignés dans la première partie.

Les tableaux des sels neutres sont au nombre de trente-quatre; on
y trouve successivement les nitrites, les nitrates, les sulfates,
les sulfites, les phosphites, les phosphates, les carbonates, les
muriates, les muriates oxigénés, les nitro-muriates, les fluates, les
borates, les arséniates, les molybdates, les tunstates, les tartrites,
les malates, les citrates, les pyrolignites, les pyrotartrites, les
pyromucites, les oxalates, les acétites, les acétates, les succinates,
les benzoates, les camphorates, les gallates, les lactates, les
saccholates, les formiates, les bombiates, les sebates, les lithiates &
les prussiates. Le nombre de chaque classe de ces sels neutres contenus
dans ces tableaux, est presque dans tous de vingt-quatre. M. Lavoisier
a eu soin de disposer ces sels suivant l'ordre connu des affinités
de leurs bases pour les acides. Comme la plupart de ces acides sont
nouvellement découverts, l'Auteur a joint à chaque tableau des
observations sur la manière de préparer ces sels, sur l'époque de leurs
découvertes, sur les Chimistes à qui elles sont dues, & souvent même
sur la comparaison de leur nature & de leurs propriétés. M. Lavoisier
n'a point eu l'intention d'offrir, dans cette seconde partie, une
histoire des sels neutres; il n'a rien dit de la forme, de la saveur,
de la dissolubilité, de la décomposition des sels neutres, ni de la
proportion & de l'adhérence de leurs principes. Ces détails, que l'on
trouve dans les Elémens de Chimie de l'un de nous, n'entroient point
dans le plan de M. Lavoisier; son but étoit de présenter une esquisse
rapide de ces combinaisons, & il est très-bien rempli par les tableaux
& par les courtes notices qui les accompagnent.


_Troisième Partie._

La troisième partie, qui a pour titre: _Description des appareils &
des opérations manuelles de la Chimie_, montre aussi bien que les deux
premières, combien la science a acquis de moyens, & la différence qui
existe entre les expériences que l'on fait aujourd'hui & celles que
l'on faisoit autrefois. M. Lavoisier a rejetté cette description à la
fin, parce que les détails qu'elle exige, auroient détourné l'attention
& trop occupé l'esprit des Lecteurs, si elle avoit été placée avec la
théorie, & parce que d'ailleurs elle suppose des connoissances qu'on
n'a pu acquérir qu'en lisant les deux premières parties. Quoique M.
Lavoisier l'ait présentée comme une explication des planches qu'on
place ordinairement à la fin d'un ouvrage, nous y avons trouvé une
méthode descriptive très-claire, & des observations intéressantes sur
l'usage des instrumens & sur les phénomènes que présentent les corps
qu'on soumet à leur action. Sans prétendre donner ici un extrait
de cette troisième partie, qui n'en est pas susceptible, nous nous
bornerons à offrir un léger apperçu des principaux objets contenus dans
les huit chapitres qui la composent.

Le premier traite des instrumens nécessaires pour déterminer le poids
absolu & la pesanteur spécifique des corps solides & fluides; telles
sont les balances exactes de différentes sensibilités, depuis celles où
l'on pèse 50 à 60 livres, jusqu'à celles qui trébuchent à des 512e. de
grain (M. Lavoisier y propose des poids en fractions décimales de la
livre, au lieu des divisions de la livre en onces, gros & grains); tels
sont encore la balance hydrostatique, les aréomètres, sur-tout celui
dont se sert M. Lavoisier, & qui lui est particulier.

Dans le chapitre second, sont décrits les instrumens propres à mesurer
les gaz, les cuves pneumato-chimiques à l'eau & au mercure, les
différens récipiens, le ballon à peser les gaz, la machine construite
par les soins de M. Lavoisier, pour mesurer le volume & connoître la
quantité des gaz suivant la pression & la température qu'ils éprouvent.
M. Lavoisier nomme cette ingénieuse machine _gazomètre_.

Le chapitre III est destiné à la description d'un instrument imaginé
par M. de la Place, pour déterminer la chaleur spécifique des corps
& la quantité de calorique qui se dégage dans les combustions, dans
la respiration des animaux & dans toutes les opérations de la Chimie.
Cette utile machine, dont nous avons déjà indiqué les avantages dans
la première partie, est nommée _calorimètre_ par M. Lavoisier.

On trouve exposés, dans le quatrième chapitre, les instrumens dont on
se sert dans les simples opérations mécaniques de la Chimie, telles
que la trituration, la porphyrisation, le tamisage, le lavage, la
filtration & la décantation.

Le cinquième chapitre contient la description des moyens & des
instrumens qu'on emploie pour opérer l'écartement ou le rapprochement
des molécules des corps; tels sont les vases destinés à la solution des
sels, à la lixiviation, à l'évaporation, à la cristallisation, & à la
distillation simple, ou évaporation en vaisseaux clos.

M. Lavoisier décrit, dans le sixième chapitre, les instrumens qui
servent aux distillations composées & pneumato-chimiques, & sur-tout
les appareils de Woulfe, variés de beaucoup de manières; ceux qu'on
emploie dans les dissolutions métalliques; ceux qu'il a imaginés pour
recueillir les produits des fermentations vineuse & putride, pour la
décomposition de l'eau. Il y joint une histoire des différens luts & de
leurs diverses utilités.

Les détails contenus dans le septième chapitre, font connoître les
appareils dont ce Physicien s'est servi avec succès pour connoître
avec exactitude les phénomènes qui ont lieu dans la combustion du
phosphore, du charbon, des huiles, de l'alkool, de l'éther, du gaz
hydrogène, & conséquemment dans la recomposition de l'eau, ainsi que
dans l'oxidation des métaux.

Enfin le huitième & dernier chapitre de l'Ouvrage traite des instrumens
& des procédés propres à exposer les corps à de hautes températures; il
y est question de la fusion, des creusets, des fourneaux, de la théorie
de leur construction, du moyen d'augmenter considérablement l'action du
feu, en substituant à l'air atmosphérique l'air vital ou gaz oxigène.

Quand ces détails ne seroient que des descriptions simples des machines
auxquelles la Chimie doit toutes ses nouvelles connoissances, ils n'en
seroient pas moins utiles, & on n'en auroit pas moins d'obligation à
M. Lavoisier, pour avoir publié des procédés & des appareils trop peu
connus, même d'une partie de ceux qui professent aujourd'hui la Chimie,
comme l'a dit l'Auteur. Mais ce n'est point seulement une description
sèche & aride que présente cette troisième partie; on y décrit l'usage
des diverses machines, on y fait connoître la manière de s'en servir,
& les phénomènes qu'elles offrent à l'observateur; souvent même des
points particuliers de la théorie générale exposée dans tout l'ouvrage,
portent un jour éclatant sur le résultat des opérations auxquelles
servent ces instrumens. On peut considérer cette troisième partie comme
une histoire des principaux appareils nécessaires aux opérations de la
Chimie moderne, & sans lesquels on ne pourroit plus espérer de faire
faire des progrès à cette science.

Les planches placées à la fin de l'ouvrage, ont été gravées avec soin
par la personne qui nous a déjà donné la traduction de Kirwan, & qui
sait allier la culture des Lettres à celle des Arts & des Sciences.

L'ouvrage est terminé par des tables où sont exposées la pesanteur du
pied cube des différens gaz, la pesanteur spécifique d'un grand nombre
de corps naturels, les méthodes pour convertir les fractions vulgaires
en fractions décimales & réciproquement, des moyens de correction
pour la pesanteur des gaz relativement à la hauteur du mercure dans
le baromètre & dans le thermomètre. Ces tables deviennent aujourd'hui
aussi nécessaires aux Chimistes pour obtenir des résultats exacts dans
leurs expériences, que le sont les tables de logarithmes aux Géomètres
& aux Astronomes, pour l'exactitude & la rapidité de leurs calculs.

Nous pensons que l'Ouvrage de M. Lavoisier mérite l'approbation de la
Société, & d'être imprimé sous son privilége.

  Au Louvre, le 6 Février 1789.

  _Signé_, DE HORNE & DE FOURCROY.

La Société Royale de Médecine ayant entendu, dans sa séance tenue au
Louvre le 6 du présent mois, la lecture du Rapport ci-dessus, en a
entièrement adopté le contenu.

  Ce que je certifie véritable. Ce 7 Février 1789.

  _Signé_, VICQ D'AZYR, Secrétaire perpétuel.



_EXTRAIT des Registres de la Société Royale d'Agriculture._

Du 5 Février 1789.


Nous avons été chargés par la Société Royale d'Agriculture, M. de
Fourcroy & moi, de lui rendre compte d'un Traité élémentaire de Chimie,
par M. Lavoisier.

Des Savans de l'Europe, l'un de ceux qui a le plus contribué à
l'heureuse révolution que la Chimie pneumatique a éprouvée de nos
jours, c'est, sans contredit, M. Lavoisier. Les Mémoires importans
qu'il a publiés depuis quinze ans, les faits brillans dont on lui
est spécialement redevable, toutes les expériences connues qu'il a
vérifiées avec un zèle infatigable, l'élégance & la précision des
appareils qu'il a imaginés, la théorie nouvelle enfin sur laquelle
il a singulièrement influé, & qu'on peut vraiment regarder comme lui
étant propre, faisoient desirer que M. Lavoisier réduisît ces nombreux
matériaux en un corps d'ouvrage, & sur-tout qu'il en fît un ouvrage
élémentaire: il étoit difficile de mieux remplir ce vœu.

Ce Traité peut servir à l'étude de la Chimie par la méthode & l'ordre
qui y regnent; quant au Chimiste déjà familiarisé avec la science, il y
trouvera les faits réunis & classés, ainsi que de grandes vues sur le
systême de notre atmosphère, de la végétation, de l'animalisation, &c.
ce qui offre une vaste carrière à ses recherches.

La Chimie recule de jour en jour ses bornes; elle embrasse maintenant
toutes les sciences physiques, & l'Agriculture est peut-être une
de celles qui aura le plus à s'applaudir des succès de la Chimie;
l'analyse étant le seul moyen de conduire sûrement à la connoissance
des terres, des amendemens & des engrais: enfin la Chimie pneumatique
peut seule expliquer les grands phénomènes de la végétation, la
formation des différens principes des végétaux, l'étiolement des
plantes, &c. c'est elle qui nous a fait connoître cette double émission
d'un gaz homicide & d'un gaz vital.

Dans le petit nombre d'ouvrages qui ont été récemment publiés sur la
Chimie, tout étant neuf, la nomenclature, les faits, l'application
de la méthode des Géomètres à ces mêmes faits, & la théorie entière,
l'analyse d'un pareil Traité seroit une tâche longue & difficile à
remplir; nous nous bornerons donc à des réflexions sur ce nouvel ordre
de choses, qui, au milieu de beaucoup de prosélites, a encore quelques
détracteurs.

On peut établir comme vérité qu'il n'y a pas d'art mécanique, le
dernier de tous, dont la nomenclature ne soit moins vicieuse, moins
_insignifiante_, que ne l'étoit celle de l'ancienne Chimie. Pas
un mot dans l'ancienne langue chimique qui n'ait été enfanté par
l'amour du mystère, & quelquefois même par le charlatanisme. Glauber,
Stahl, emportés par le torrent & l'espèce de mode régnante alors,
introduisent, l'un, _son sel admirable_, l'autre, _son double arcane_.
Un mot neuf, mot qui n'a aucune acception, peut en recevoir une, il
n'en est pas de même d'un mot déjà usité.

Il falloit donc une langue nouvelle pour une nouvelle science, des
mots nouveaux pour de nouveaux produits; enfin, il falloit créer des
expressions pour les phénomènes que créoit journellement la Chimie. Il
importoit sur-tout que cette nomenclature fût raisonnée, que le mot
fixât l'idée, & que, semblable à la langue des Grecs & des Latins,
les augmentatifs, les privatifs, & le changement naître des idées
accessoires & précises, & c'est l'objet que remplissent, par exemple,
les mots _soufre_, _sulfate_, _sulfite_, _sulfure_. Tel est le but
qu'ont rempli les Savans qui se sont réunis pour former cette nouvelle
nomenclature, & le Traité de M. Lavoisier la rend très-intelligible.

Rien de plus imposant dans l'ouvrage de M. Lavoisier que ce nombre
d'expériences ingénieuses, dont beaucoup lui appartiennent, toutes
présentées avec cette précision mathématique, inconnue avant cette
époque, que Rouelle avoit devinée, & qui, soumettant l'analyse à la
rigueur du calcul, fait le complément de la science, en rendant la
recomposition des corps aussi facile que leur décomposition.

L'ancienne Chimie parvenoit bien quelquefois à la synthèse: elle
décomposoit & recomposoit l'alun, les vitriols, les sels neutres en
général, elle minéralisoit & révivifioit les métaux; mais l'eau, mais
l'air échappoient à son analyse. Elle les regardoit comme des corps
simples & élémentaires, il étoit réservé à la Chimie pneumatique
de leur faire subir la double loi de la décomposition & de la
recomposition.

Il nous reste à parler de la théorie, puisque nous sommes restreints
à des généralités. Cette théorie pose sur une grande masse de faits,
qui lui forment un rempart solide où elle paroît inattaquable: elle
ne le seroit pas, sans doute, si elle prétendoit tout expliquer, mais
elle sait s'arrêter quand les faits lui manquent, ou qu'ils sont en
trop petit nombre pour consolider de nouveaux points de doctrine. Tel
est le caractère de sagesse qui la distingue de l'ancienne théorie,
qui expliquoit tout de dix manières différentes, parce qu'au défaut de
routes, il faut se pratiquer des sentiers. Dans la théorie actuelle,
les faits s'enchaînent; chaque proposition est étayée d'expériences
qui se pressent, & on paroît réduit à ne pouvoir pas en tirer d'autres
conséquences que celles que présente cette même théorie.

Nous pensons donc que cet Ouvrage, dont plusieurs chapitres sont
immédiatement applicables à la Physique de terminaison devinssent
autant de moyen de faire végétale, mérite l'approbation de la Société
Royale d'Agriculture.

  _Signé_, DE FOURCROY & CADET DE VAUX.

Je certifie cet Extrait conforme à l'original & au jugement de la
Société.

  A Paris, ce 6 Février 1789.

  _Signé_, BROUSSONET, Secrétaire perpétuel.


  De l'Imprimerie de CHARDON, rue de la Harpe. 1789.



_Fautes à corriger, & Additions._


  _PAGE_ 43, _lignes_ 4 & 9, copeaux _lisez_ coupeaux

         44, ligne 9, figure 14 _lis._ figure 16

         75, ligne 14, dans un ballon e _lis._ dans le ballon _cb_.

         77, _pén._ mtreux _lis._ nitreux

         78, ligne 6, à mesure que l'acide passe _ajoutez_ une partie se
             condense dans le ballon, l'autre est absorbée par l'eau.

         94, ligne 21, _ajoutez en note au bas de la page_

             On a critiqué même avec assez d'amertume cette expression
             _hydrogène_, parce qu'on a prétendu qu'elle signifioit
             fils de l'eau, & non pas qui engendre l'eau. Mais
             qu'importe, si l'expression est également juste dans les
             deux sens? les expériences rapportées dans ce Chapitre,
             prouvent que l'eau, en se décomposant, donne naissance à
             l'hydrogène, & sur-tout l'hydrogène donne naissance à
             l'eau en se combinant avec l'oxigène. On peut donc dire
             également que l'eau engendre l'hydrogène, & que
             l'hydrogène engendre l'eau.

         96, _antépénul. Bc lis._ BC

         118, ligne 22 _& suiv._ gaz hydrogène carbonisé, gaz hydrogène
              sulfurisé, gaz hydrogène phosphorisé _lis._ carboné, sulfuré,
              phosphoré. _La même faute a pu échapper dans d'autres endroits._

         133, _pénul. & dern._ ainsi les végétaux ne contiennent ni
              huile, ni eau, ni acide carbonique, _ajoutez la note
              suivante au bas de la page_.

              _Nota._ On conçoit que je suppose ici des végétaux réduits
              à l'état de dessication parfaite, & qu'à l'égard de
              l'huile, je n'entends pas parler des végétaux qui en
              fournissent, soit par expression à froid, soit par une
              chaleur qui n'excède pas celle de l'eau bouillante. Il
              n'est ici question que de l'huile empyreumatique qu'on
              obtient par la distillation à feu nud, à un degré de feu
              supérieur à l'eau bouillante. C'est cette huile seule que
              j'annonce être un produit de l'opération. On peut voir ce
              que j'ai publié à cet égard dans le volume de l'Académie,
              année 1786.

    Page 146, lignes 16 & 17, 397 livres 9 onces 29 grains _lis._
              460 livres 11 onces 6 gros 53 grains

         163, ligne 7, dont _lis._ que

         172, ligne 1, ammoniaque _lis._ ammoniac

         196, ligne 8, tartarique _lis._ tartareux

        Ibid. ligne 11, pyrolignique _lis._ pyroligneux

              ligne 12, pyromucique _lis._ pyromuqueux

              ligne 13, pyrotartarique _lis._ pyrotartareux

              ligne 15, acétique _lis._ acéteux

         254, _Supprimez du Tableau_ muriate oxygéné d'ammoniaque,
              _attendu que cette combinaison n'existe pas_.

         294, lignes 14, 15 & 16, _effacez_ & ce même sel saturé de
              chaux, oxalate acidule de potasse & de chaux

         384, ligne 22, d'un robinet _l lis._ d'un robinet _lm_


[Illustrations: Planche I, Planche II, Planche III, Planche IV, Planche V,
Planche VI, Planche VII, Planche VIII, Planche IX, Planche X, Planche XI
Planche XII, Planche XIII.

_Paulze Lavoisier Sculpsit._]


       *       *       *       *       *


  Liste des modifications:

  Page 385: «un» remplacé par «une» (lorsqu'on a fait une ou deux fois)
  Page 396: «figure» par «figures» (figures 2 & 3)
  Page 416: «sons» remplacé par «sous» (qui sont connues sous le nom de
              rognures de verre.)
  Page 443: «lutte» par «lute» (qu'on lute avec elle)
  Page 532: «de puis» par «puis de» (ensuite un peu d'eau, puis de la
              potasse dissoute)
  Page 541: «évirer» par «éviter» (& pour éviter que ces alternatives)
  Page 588: «Résine» par «Résines» (dans la colonne une de la table)
  Page 596: «posphoreux» par «phosphoreux» (ACIDE phosphoreux)
  Page 600: «excite» par «existe» (Il en existe 24)
  Page 606: «réparer» par «séparer» (Moyens de les séparer)
  Page 616: «SUBTANCES» par «SUBSTANCES» (SUBSTANCES combustibles.)
  Page 648: ajouté «des» (Il y joint une histoire des différens luts)





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