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Title: La "noire idole" - Étude sur la Morphinomanie
Author: Tailhade, Laurent
Language: French
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La «Noire Idole»



  LAURENT TAILHADE

  La «Noire Idole»

  Étude sur la Morphinomanie

  «_... capa que cobre todos los humanos
  pensamientos, manjar que quita la
  hambre, agua que ahuyenta la sed, fuego
  que caliente el frio, frio que templa el
  ardor, y finalmente moneda general con
  que todas las cosas se compran, balanza
  y peso que iguala al pastor con el rey,
  y al simple con el discreto_».

  Don Quijote, Part. II, Cap 68.

  PARIS

  ALBERT MESSEIN, ÉDITEUR

  Successeur de LÉON VANIER

  19, Quai Saint-Michel, 19

  1914



  _Il a été tiré vingt exemplaires sur Hollande Van Gelder
  numérotés de 1 à 20._


Les personnes étrangères aux études médicales: hommes de lettres
ou du monde, romanciers, chroniqueurs, simples gobe-mouches qui
parlent, écrivent, discourent sur le propos de la morphine et de
la morphinomanie, ignorent, la plupart du temps, le premier mot
de leur sujet. Ils préconisent avec un aplomb qui déconcerte, des
lieux-communs aussi vagues qu'erronés. Bon nombre de docteurs
ne sont guères plus instruits que le public sur les arcanes du
voluptueux et sinistre poison. Les plus avisés décernent leur
clientèle au spécialiste; d'autres, moins éclairés ou moins
délicats, proposent des traitements infructueux et chimériques.
Optimistes à l'excès, d'aucuns, regardent la morphinomanie comme
une «mauvaise habitude», comparable à celle des cartes ou du
tabac. Ils prétendent la guérir par des procédés aimables ou de
spécieuses diversions: promenades, théâtre, injections d'eau
claire et tout ce qui s'en suit. D'autres enfin, cyniques faiseurs
de dupes, exploitent, sous couleur de la traiter, cette «maladie
expérimentale» qui, à moins d'une cure efficace et rationnelle,
permise aux thérapeutes seuls outillés pour cet objet, n'a d'autre
aboutissant que le désespoir, la vésanie ou la mort.

       *       *       *       *       *

Opium de l'Occident, la morphine est à peu près au suc de pavot,
ingéré en pastilles ou fumé dans des pipes, ce que les brûlants
alcools de grains ou de fruits: gin, hasselt, kirsch, genièvre
ou schiedam, sont à la bière, au vin non frelatés. L'ivresse
immédiate, foudroyante ne permet pas à l'adepte un moment de
répit. De prime abord, la possession est complète, comme chez ces
démonopathes dont les juges ecclésiastiques ou civils: Boguet,
Remigius, Lancre, del Rio ont, à leur insu, étudié la névrose.
Une force inconnue et despotique s'empare de la victime, agit à
sa place, dédouble en quelque manière sa personnalité. Au MOI
raisonnant et social, un autre MOI se substitue en qui toute idée,
en qui tout sentiment est aboli par l'appétit égoïste de la piqûre
béatifiante.

Comment les peuples indo-européens, à qui leur activité permet
de conquérir le monde et d'exproprier «les races incompétentes»,
se laissent-ils envoûter par ce morne sortilège, destructeur de
la force et de la volonté, au moment précis où l'universelle
concurrence impose à l'homme de vouloir et d'entreprendre, sans
une minute d'hésitation ni de repos? Les nations les plus actives
semblent renchérir sur ce goût. A Londres, le samedi au soir,
les apothicaires débitent de l'extrait thébaïque et des pilules
d'opium brut, tout comme les bars versent du gin ou du wisky.

On entre dans la morphine par deux chemins inégalement semés
de fleurs. Les uns, dans le but légitime d'accoiter leurs
souffrances, ont recours aux vertus du terrible stupéfiant:
d'autres y cherchent impudemment une sensation de plaisir,
un bien-être que le docteur Ball a qualifié, le premier,
d'_euphorie_. Mais, quelle que soit la porte ouverte sur cet
enfer, par la thérapeutique ou l'appétit des sensations nouvelles,
pareille est la damnation. «La Noire Idole», comme Quincey
appelait sa carafe de laudanum, ne lâche pas sans d'incroyables
efforts les dévots qu'elle a conquis.

       *       *       *       *       *

Quel est donc ce philtre magique, cet élixir de mort qui vend
si cher ses prétendus bienfaits? Sans remonter à Dioscoride, au
médecin Andromachus, calmant les crises épileptiques de Néron à
grand renfort de thériaque, à Galien qui soignait les maladies
nerveuses de Julia Mæsa, de Julia Domna et de leurs courtisans,
les propriétés soporatives de l'opium furent connues et largement
utilisées par les morticoles d'autrefois.

Contrairement à la doctrine du _Malade Imaginaire_, l'opium ne
fait pas dormir, ou, du moins, ne fait dormir qu'à très longue
échéance. Il provoque tout d'abord une chaude ébriété; il confère
au patient l'oubli momentané des plus cruelles douleurs. C'est un
«remède désangoissant», ainsi que l'appelle à bon droit le docteur
Dubuisson.

       *       *       *       *       *

Dans les premières années du XIXe siècle, le chimiste Sertüner
isola, parmi d'autres alcalis organiques, un alcoloïde à la fois
sédatif et convulsivant, que l'opium de Smyrne, de l'Inde ou
d'Egypte renferme dans la proportion moyenne de 10%.

L'empoisonneur Castaing utilisa, peu après (1823), la découverte
du chimiste. Il «réalisa» son ami Ballet comme Lapommerais
devait «réaliser», quarante et un ans plus tard, Mme de Paw,
sa maîtresse, au moyen de la digitaline récemment acquise à la
pharmacopée par Homolle et Quévenne. Hippolyte Ballet et Mme de
Paw avaient commis l'erreur de souscrire une assurance sur la
vie à leurs vénéneux compagnons. Castaing, après avoir attiré
sa victime à Saint-Cloud (qui paraissait alors une villégiature
suffisamment rustique), lui donna le boucon à l'auberge de la
_Tête Noire_. C'était, dans du vin chaud, une solution fortement
chargée d'acétate de morphine. Ballet trouva le vin si amer qu'il
n'en but qu'une gorgée, attribuant ce mauvais goût au zeste
du citron. La nuit fut mauvaise. Castaing, le jour suivant,
administra une potion au malade qui rendit superflue toute
médication ultérieure. Le pauvre garçon en mourut après quelques
instants.

       *       *       *       *       *

A vrai dire, ce n'est pas la morphine elle-même, peu soluble
dans l'eau, qu'utilisent les médecins et toxicomanes, mais un
sel de morphine, le chlorhydrate, qui merveilleusement se prête
à cet emploi. Dissous filtré, bouilli, décanté, mis à l'abri des
poussières dans un flacon élégant de cristal, voici le philtre
irrésistible qui permet au premier butor venu de cambrioler
aisément la forteresse du Bonheur! Ajoutez l'instrument bien
en main auquel un orthopédiste lyonnais servit de parrain vers
1860 et que, pendant la guerre de 1870, importèrent en France
les praticiens de l'armée allemande: l'outillage sera complet.
Le postulant des paradis artificiels peut consommer d'emblée ses
fiançailles avec la Mort.

Une piqûre légère, point méchante, cuisante à peine pour les
maladroits. Et soudain le charme opère. Une onde vous enveloppe,
«un océan de délices», comme d'un sang plus vif et rajeuni.
C'est «la lune de miel», ainsi que veut bien (après nous) dire
le professeur Brouardel (_Opium, Morphine et Cocaïne_, J.-B.
Ballière, éditeur). Dans cette période élévatoire, dans la crise
initiale que provoque l'usage du terrible excitant, les idées
affluent, les œuvres s'ébauchent, la parole surabonde, l'ivresse
emporte l'hésitation et la timidité. La mémoire se colore et
s'amplifie. Une eurythmie clairvoyante harmonise la pensée. Les
chagrins sont en fuite et les sens abolis. Dans la plénitude
heureuse de sa force et de sa joie, l'homme se sent devenir dieu.

Cette béatitude n'a rien de turbulent. La joie un peu vulgaire
et communicative que déchaîne, après boire, l'usage des liqueurs
fermentées ne ressemble en aucune façon au recueillement
voluptueux suggéré par la morphine. Elle exalte au plus haut
point l'opinion favorable que le sujet a de lui-même. Exempt des
servitudes physiques, réduit à l'état de pur esprit, il contemple
avec une dédaigneuse indulgence les espèces qui l'environnent. Il
plane au-dessus des réalités quotidiennes. Il n'éprouve nul besoin
de communiquer avec le troupeau congrégé à ses pieds. L'orgueil
est le moins bavard de tous nos sentiments.

       *       *       *       *       *

Une erreur fort commune est de croire que la morphine suscite
des rêves, procure des visions, ajoute, en un mot, aux richesses
intellectuelles de ses familiers. Son pouvoir est à la fois
plus grandiose et moins extraordinaire. Elle porte en soi une
énergie révélatrice qui montre à l'homme des coins insoupçonnés
de mémoire et d'imagination, éclaire à ses propres yeux les
dessous, les recoins obscurs de sa personnalité, avive, comme
les caractères d'un palimpseste, tels souvenirs, telles images,
tels émois presque effacés. Elle «interprète» à l'initié les
moindres conjonctures, lui développe ses propres imaginations
en des épilogues savoureux. C'est le flambeau de Psyché qui
s'allume au plus profond de l'être et fait palpiter à sa lumière
le chatoiement des trésors ensevelis.

Bientôt, cependant, les brumes irisées, les flottantes gazes,
les vapeurs de kief épaississent leur rideau. Le brouillard qui
prêtait à l'existence le charme des contours indéterminés devient
un mur impénétrable, un cachot d'où le prisonnier ne s'évadera
qu'au prix d'exécrables douleurs.

En peu de temps le malade perd mémoire, volonté, sommeil, tous
les appétits. Il vit, incapable d'action, dans une somnolence
énervée, il rêvasse à des actes qu'il n'accomplira point. Lorsque
sous l'impulsion d'une dose insolite, il rentre un instant dans
la vie ambiante, c'est pour intégrer des gestes baroques ou
délictueux. Si déchu qu'il soit, le buveur de vin ou d'absinthe
est susceptible encore d'une activité passagère, tandis que le
morphinomane, prisonnier d'un besoin vital, indispensable au
même titre que le besoin de respirer, demeure à jamais exclu de
l'action humaine. Pour tout dire, l'alcoolique est un impulsif, le
morphinomane, un inhibé.

       *       *       *       *       *

Dans la plupart des cas, la morphinomanie est un mal réservé,
comme la goutte, aux heureux du monde. C'est un péché de luxe.
A part les victimes du bistouri, les opérées des gynécologues,
les _unsexeds_ qui traînent leur blessure éternelle; à part les
maniaques professionnels: médecins, apothicaires, sages-femmes,
le principal effectif des toxicomanes se recrute dans le monde
salarié de la galanterie. Les belles-de-nuit, leurs stupides
clients, que ne satisfont plus les vins ruineux, les liqueurs de
flamme, condimentent de poisons leurs mornes caravanes, pratiquent
un régime d'alcaloïdes: morphine, cocaïne, héroïne, plus ou moins
soutenu.

Le docteur Georges Dumas, soupant au café Sylvain, près
d'un morphinomane en «état de besoin», a vu l'une des
péripatéticiennes jouxtantes à ce prostibule se lever après avoir
diagnostiqué d'un œil expert l'état du malade, et lui proposer une
piqûre, avec le même air dont entre fumeurs on s'offre du tabac.

Maurice Talmeyr (_Les Possédés de la morphine_) cite le cas d'une
pierreuse qui, par dégoût des obligations professionnelles,
recourait à la Pravaz. Premier que de subir le client, elle
s'injectait quelques centigrammes, fermait les paupières; la
demi-anesthésie morphinique lui rendait presque tolérable son
esclavage et l'odieux labeur de chaque soir.

Il appartenait aussi au monde ignorant et vaniteux de la race
fashionable, ce fils de banquier mort avec son amie, dans une
hideuse maison meublée du faubourg Saint-Honoré, après huit
jours de morphinisation ininterrompue. Il avait pris goût à ces
redoutables pratiques dans une maison de santé où sa famille
l'avait interné par esprit d'économie!

Elle menait la vie à grandes guides, cette Loris B... qui, de
Naples à Pétersbourg, de Londres à Constantinople, dissipa vingt
fortunes en princières orgies. Ayant épuisé les inventions d'une
débauche capable de satisfaire Julie ou Messaline, elle se tourna
vers les plantes vénéneuses, fut en peu de temps une toxicomane de
la grande portion. A l'état normal, prodigue, payant ses plaisirs
avec une libéralité d'impératrice, elle devenait, sous l'influence
du pavot, une maîtresse de maison économe jusqu'à la pingrerie,
épluchant les factures, grondant ses domestiques pour le plus
minime débours, lésinant sur le blanchissage, attentive à la
desserte, _râleuse_, en un mot, comme la dernière des bourgeoises.
En «état de besoin», sa complexion véritable reprenait le dessus.
Elle gaspillait de plus belle et se donnait à prix d'or les moins
honnêtes distractions.

Il s'en faut de beaucoup, néanmoins, que tous les morphinomanes
soient membres des cercles aristocratiques, habitués des grands
bars, riches demi-mondaines comme cette Loris B... ou bien encore
comme Mlle D..., «la reine du Sahara», dont M. Edgard Bérillon a
publié l'observation (_Revue de l'hypnotisme_, juillet-octobre
1899).

Le docteur Griffon, médecin à la Santé, a, dans le courant de
janvier 1901, traité le peintre en bâtiment Namêche qui, après
avoir communiqué le goût de la morphine à sa compagne, ainsi
qu'aux enfants de la dame, volait aux pharmaciens l'objet de
ses désirs par un procédé original dont il fut, croyons-nous,
l'inventeur.

Quelques instants avant l'heure où les marchands de pilules
mettent leurs volets, s'étant au préalable assuré que la victime
de son choix était bien seule et gardait la boutique, Namêche lui
mandait sa pseudo-belle-fille nantie d'une fausse prescription
ordonnant plusieurs grammes du chlorhydrate impatiemment attendu.
Quand l'homme de l'art, ayant effectué sa préparation, n'avait
plus qu'à boucher la fiole, Namêche, qui le guettait sur le
trottoir, pénétrait dans l'officine en coup de vent. Il demandait,
à la hâte, une bouteille d'eau minérale: Vichy, Contrexéville, ce
qui, dans la plupart des cas, obligeait le pharmacien à quitter
son comptoir pour descendre à la cave. Pendant ce temps, l'homme
transvasait la solution de morphine dans un récipient à large
ouverture qu'il cachait sous sa vareuse et lui substituait de
l'eau claire apportée à cet effet. Puis, sous couleur qu'il avait
oublié sa bourse, il partait sans prendre l'eau minérale. Après
quoi, la fillette ne tardait guère à le suivre, en invoquant le
premier prétexte venu. Ce travail compliqué lui rendait la vie
assez incommode en Belgique,--il était de Namur. Comme tous les
inventeurs plus grands que leur destinée, il vint demander un
refuge à Paris, où, sans la clairvoyance d'un potard inaccessible
à la fantaisie, il cueillerait sans doute encore des pavots dans
chacun des vingt arrondissements.

       *       *       *       *       *

La morphine compte sous ses étendards moins de poètes que
l'alcool. A peine Edouard Dubus et Stanislas de Guaita, lorsque la
«Muse _verte_» s'enorgueillit de Verlaine, de Musset, d'Edgar Poë
et de tant d'illustres envoûtés. D'Anacréon à Litaïpé, d'Horace à
Chaulieu, de Khayyam à Béranger, tous les faiseurs d'odelettes ont
dit le charme de la coupe et les festins couronnés de verveine,
cependant Beaudelaire, en même temps qu'il célébrait l'«âme du
vin», montrait les

  ... hardis amants de la démence,
  Fuyant le grand troupeau parqué par le destin
  Et se réfugiant dans l'opium immense.

Après lui, Guaita dont les poèmes inconnus étincellent de beautés,
a, seul avec Jacques d'Adelsward, chanté, en France, un hymne aux
herbes vénéneuses:

  Salut, flore équivoque!
  L'infortuné t'invoque.
  Dompteuses des douleurs,
        Salut, ô fleurs!

  Soyez bénis, en somme,
  Sucs, qui versez à l'homme
  Au visage pâli
        Le calme oubli[1].

[Note 1: _Rosa mystica_, Lemerre, 1884.]

En revanche, les hommes politiques recourent fréquemment au coup
de fouet de la piqûre. Le docteur Louveau, en 1887, au moment
de l'affaire Schnœbelé, a vu, dans les jardins de l'Elysée, le
général Boulanger se faire une piqûre. Le prince de Bismarck ne
parlait au Reichstag qu'après s'être injecté une assez forte dose.
Vers le soir de sa vie, il usa largement de la drogue favorite.

L'acteur Marais, morphinomane enragé, mourut en pleine démence,
vers la quarantième année. Il se croyait en vérité Michel
Strogoff. Il se prenait de querelle dans les rues avec des
passants inoffensifs, «pour Dieu, pour le tzar, pour la Patrie»!
Le beau Damala ne pouvait jouer _La Dame aux camélias_ sans se
faire donner, à chaque entr'acte, plusieurs grammes de morphine.
Guy de Maupassant, morphino-éthéro-cocaïnomane, combinait les
divagations de la paralysie générale avec les délires toxiques,
dans la maison de santé où finit misérablement une vie à ses
débuts trop heureuse. Enfin, on atteste, chez les gens bien
informés, que le docteur Babinski injectait quelques centigrammes
de morphine, par vingt-quatre heures, à l'illustre Charcot,
atteint, pendant les derniers mois de sa vie, d'un lumbago
chronique. Alphonse Daudet, que les douleurs fulgurantes du tabès
excruciaient nuit et jour, fut obligé de recourir au poison dont
il avait, dans l'_Evangéliste_, analysé avec tant d'élégance et de
précision l'influence endormeuse.

       *       *       *       *       *

C'est encore une opinion erronée que d'imputer au morphinomane
des hallucinations. La morphine est, je le répète, impuissante
à donner des rêves. Elle accroît simplement la conscience de
l'individu. Il n'en est pas de même quand elle se complique
d'un autre poison, la cocaïne, par exemple, qui rend fol et
visionnaire, en très peu de temps, le chercheur d'inconnu.
Stanislas de Guaita, qui contrepointait agréablement d'occultisme
sa morphinomanie, tenait la cocaïne en une estime toute
particulière à cause qu'elle agit directement sur le «médiateur
plastique»[2] et sur le «corps astral». Par ésotérisme, il
s'était rendu cocaïnomane. Il apercevait de temps à autre le
spectre d'une femme assassinée dans un placard à l'usage de
porte-manteau. Le fameux Valentin Cabannes, élève apothicaire,
dont Chambard (_Les Morphinomanes_, bibliothèque Charcot-Debove)
a publié les divagations avec un infini détail et qui, depuis
dix-sept ans, traîne de sanatorium en hospices d'aliénés, Valentin
Cabannes avait, quant à lui, des hallucinations plus conformes à
la vulgarité de sa nature. Il apercevait à la terrasse des cafés
de Bordeaux toute sorte de gens qui l'invitaient à «consommer». Il
ne s'en faisait faute, puis, lorsque sonnait le quart d'heure de
Rabelais, n'avait d'autre ressource que d'aller conter au poste le
plus voisin les troubles de sa mentalité.

[Note 2: Les Péruviens considèrent les propriétés de cette
feuille (_Erythroxylon coca_) comme magiques et les sorciers de
l'Amérique du Sud la font entrer dans tous leurs maléfices... _Le_
Coca (_sic_) comme le haschish, mais à d'autres titres, exerce
sur le corps astral une action directe et puissante. Son emploi
coutumier dénoue en l'homme certains liens compressifs de sa
nature hyper-physique--liens dont la persistance est pour le plus
grand nombre une garantie de salut.

_Si je parlais sans réticence_ sur ce point-là, je rencontrerais
des incrédules, même parmi les occultistes.

Je dois me borner à un conseil.--Vous qui tenez à votre vie, à
votre raison, _à la santé de votre âme_, évitez comme la peste les
injections hypodermiques de cocaïne. Sans parler de l'habitude qui
se crée fort vite, plus impérieuse encore, plus tenace et plus
funeste que toute autre du même genre, un état particulier a pris
naissance.

Une porte a été franchie, une barrière s'est écroulée. Brusquement
introduit dans un monde inconnu, l'on se trouve en rapport avec
des êtres dont on ignorait jusqu'à l'existence. Bref, un _pacte
tacite_ a été conclu.

Comment? Par la vertu du sang. Ceci paraîtra clair si l'on
saisit la portée des quelques lignes que voici, traduites de
Porphyre: «_L'âme restant liée au corps, même après la mort
physique, par une tendresse étrange et une affinité d'autant plus
étroite que cette essence a été séparée plus brusquement que son
enveloppe, nous voyons les âmes en grand nombre voltiger, toutes
désorientées, autour de leurs dépouilles terrestres. Bien plus,
nous les voyons rechercher avec diligence les débris de cadavres
étrangers et, sur toute chose_, le sang fraîchement épandu, _dont
la valeur semble leur rendre, pour quelques instants, certaines
facultés de la vie_.»

«Aussi, les sorciers abusent-ils de cette notion, dans
l'expérience de leur art. Nul d'entre eux qui ne sache évoquer de
force ces âmes et les contraindre à paraître _soit en agissant sur
les restes du corps qu'elles ont quitté, soit en les invoquant
dans la vapeur du sang répandu_.» (Porphyre, _De sacrificiis_.)

... Le sang, comme le laisse entendre ce philosophe est un aimant
des puissances spirituelles; car il leur fournit le moyen de
s'objectiver et de ressaisir un instant quelques-unes de leurs
virtualités antérieures... La cocaïne est féconde en prodiges de
cette sorte... La puissance configurative et plastique du sang
peut réagir sur les êtres potentiels qui se dérobent à l'état
d'_essence_ derrière son voile cristallin--et les manifester _au
dehors_. Mais ce mélange théurgique a la valeur d'_un pacte_. Il
sera bon d'y prendre garde.

Stanislas de Guaita, _Le Serpent de la Genèse_. Première Septaine:
_Le Temple de Satan_, cap. VI (_Librairie du Merveilleux_, 1891).

Cette bizarre croyance à la réincarnation des morts par la
vertu du sang n'appartient pas à Guaita plus qu'à Porphyre.
C'est une des vieilles superstitions en honneur chez les races
indo-européennes (Cf. Aulu-Gelle, _Nuits attiques_, lib IX, cap.
IV et, sur le vampirisme des populations grecques, moldo-valaques,
illyriennes, etc. Mérimée, _La Guzla_.)

Le plus illustre vestige en est conservé dans le chant onzième de
l'_Odyssée_: «Alors je tirai mon épée aiguë de sa gaine, le long
de ma cuisse, et je creusai une fosse d'une coudée dans tous les
sens...; puis, ayant prié les générations des morts, j'égorgeai
les victimes sur la fosse, et le sang noir y coulait. Et les âmes
des morts qui ne sont plus sortaient en foule de l'Erébos... Et
je m'assis, tenant l'épée aiguë, tirée de sa gaine, le long de
ma cuisse; et je ne permettais pas aux têtes vaines des morts de
boire le sang avant que j'eusse entendu Teirésias... Arriva l'âme
de ma mère morte, d'Antikléia fille du magnanime Autolykos, que
j'avais laissée vivante en partant pour la sainte Ilios. Et je
pleurais en la voyant, le cœur plein de pitié; mais malgré ma
tristesse, je ne lui permis pas de boire le sang avant que j'eusse
entendu Teirésias.»

Quand Teirésias a rendu son oracle, Ulysse accorde aux morts de
s'abreuver dans le sang des victimes et, par là même, de reprendre
un instant le cours de leur vie interrompue:

«... Je restai sans bouger jusqu'à ce que ma mère fût venue et eût
bu le sang noir. Et aussitôt elle me reconnut; elle me dit, en
gémissant, des paroles ailées.»

  (_Odyssée_, Rhapsodie XI; traduction Leconte
  de Lisle.)
]

       *       *       *       *       *

Peut-on guérir la morphinomanie? et quel chemin élire dans ce but?

A la suite du professeur Brouardel, des médecins Pichon et
Chambard (morts l'un et l'autre morphinomanes), et de quelques
praticiens moins connus, le professeur J....... préconise la
suppression lente. L'originalité de sa méthode, plagiée, au
demeurant, du docteur Pichon, consiste à laisser ignorer, pendant
une quinzaine de jours, au malade qu'on lui donne de l'eau pure
ou du sérum en guise de morphine. Le professeur J....... tient
extraordinairement à cette «invention» qui lui permet d'exercer,
dans sa clinique, la plus rude contrainte envers les miséreux et
les infirmes dévolus à son traitement.

C'est un mélange de chaouc et de maître d'école que ce psychiâtre,
bête comme un instituteur et mal embouché comme un égout, produit
nauséabond des concours et du travail sans intelligence ni bonté,
lâche, taquin et malfaisant; que cet Astier-Réhu, purgon aux
traits d'oiseau de proie, au regard vide et terne, à l'écriture
balourde et puérile, qui s'exprime en langage de portier et
s'acharne à martyriser avec pédantisme les malheureux tombés entre
ses mains. Le cuistre, envieux de toute supériorité, se mâtine
chez lui d'un pion inquisitorial et despotique, également honni
de ses maniaques, de ses élèves et de ses infirmiers.

La plupart des marchands de soupe qui détiennent un sanatorium
comme ils auraient la gérance d'un casino, d'un cercle ou d'un
café-concert, pratiquent la guérison lente. Ils s'accommodent pour
que l'opération marche avec un laisser-aller profitable. On y
ménage si élégamment les gradations que parfois le malade qui, à
son entrée dans l'_emporium_, prenait une dose minime de poison, a
doublé, triplé, décuplé sa provende, après quelques semaines, pour
le plus grand contentement du tenancier. Ces sortes de maisons,
à l'ordinaire, sont fort agréables. On y rencontre des hommes
sans scrupules et des femmes sans maris. La chère est savoureuse,
les vins potables, la compagnie indulgente, le parc ombreux
et ratissé. On flirte, on danse, et l'on décaméronne à dire
d'experts, chaque malade étant d'ailleurs pourvu d'une solution
vigoureuse et d'un outillage perfectionné. Le médecin en chef
accorde à sa clientèle autant de plein-air et de liberté qu'elle
en désire. Là, point d'infirmiers, de grilles inciviles, de portes
ni de verrous. Certes, chez les docteurs Sollier, chez Comar,
à la clinique du professeur J....... les règles sont étroites
et la claustration plus sévère, à coup sûr, que dans une prison
politique. Inversement, chez les entrepreneurs de guérison à date
imprécise, tout concourt à l'émancipation de la clientèle qui se
garde avec soin de pâtir et d'observer le moindre jeûne.

Dans une de ces boîtes, si j'ose m'exprimer ainsi, la plus
heureuse entente régnait entre les morphinomanes et les
pharmaciens de la localité. Ces habiles négociants tenaient
des grammes de morphine tout pesés en petits paquets. Ils ne
demandaient qu'un prix minime, environ douze fois la valeur de
l'objet, mêlant ainsi les charmes de la bienfaisance au plus
extrême désintéressement.

A l'autre extrémité, les docteurs Magnan, Dubuisson, Legrain, les
uns à Sainte-Anne, l'autre, à Ville-Evrard, appliquent la méthode
que pratiquait à Berlin, il y a vingt ans, le docteur Levinstein,
méthode qui se borne à supprimer net la morphine du patient,
inclus pour toute précaution dans une chambre haute, dûment
verrouillée et capitonnée, afin de ne causer point au docteur qui
«l'améliore» le déplaisir de compter un suicide au nombre de ses
clients.

La méthode de la suppression brusque ne va pas sans tels
inconvénients qui donnent à réfléchir aux personnes méticuleuses.
Ainsi, dans la maison de santé même du professeur Levinstein, son
collègue Wesphal eut l'indiscrétion d'en mourir. Comme, au bout
d'un certain temps, il ne criait plus dans sa chambre, on alla
voir ce qu'il faisait. Il avait rendu l'esprit, sans demander
autre chose. A part, d'ailleurs, ce léger incident, la cure avait
réussi parfaitement.

Le docteur Bérillon emploie à désensorceler ses morphinomanes
la suggestion hypnotique. Il montre à ces infortunés une Pravaz
pleine de liquide, non sans l'avoir, au préalable, imbue
d'effluves magnétiques; mais il n'enfonce jamais l'aiguille dans
leur peau. C'est, proprement, le souper de Sancho dans l'Ile de
Barataria, ou, pour mieux dire, l'illusion des va-nu-pieds, qui
grignotent leur croûte au soupirail des cuisines. Le morphinomane
prend goût à ce régime platonique. Guéri pour jamais, à ce que
déclare le taumaturge, il court néanmoins à l'officine la plus
proche, acquérir avec une bonne seringue une solution de luxe,
idoine à le réconforter.

Enfin, les docteurs Alice et Paul Sollier, dans leur sanatorium
de Boulogne-sur-Seine, le docteur Comar, qui, pour les petites
bourses, applique leur méthode villa Montsouris, dans le quartier
de la Glacière, le docteur Noguès, à Toulouse, suivent la
pratique d'Erlenmeyer, non sans l'avoir grandement perfectionnée.
Le malade est sevré, dans la plupart des cas, en moins d'une
semaine, surveillé de nuit et de jour par les deux docteurs et
leurs médecins adjoints. Au lieu de faire traîner le supplice,
d'en diluer en quelque sorte les affres et les tortures dans une
suppression interminable qui soutire la vigueur du sujet et, pour
de longs mois, le laisse anéanti, l'opération brève et rude,
après un choc terrible, une agonie pour vivre, lui permet de
réagir promptement. La chambre de gehenne est, en même temps, une
chambre de résurrection. Reprenez l'espérance, vous qui entrez
ici! Des soins ingénieux et doux atténuent, chez les docteurs
Sollier, cette formidable épreuve. La beauté du site, le charme
du décor concourent, un peu plus tard, à rendre au convalescent
l'amour de l'existence normale que sa morne passion avait oblitéré.

       *       *       *       *       *

La démorphinisation ne commence, en réalité, qu'après le sevrage
et la crise inhérentes aux premières heures d'abstinence. La
dose importe peu. On est aussi bien morphinomane pour quelques
centigrammes que pour plusieurs grammes; l'empoisonnement est le
même, la cure aussi pénible dès que _l'état de besoin_ est créé.
«Ce qui importe n'est pas ce que l'on prend, mais ce que l'on
garde.» (Sollier.)

La morphine agit en paralysant les centres de la vie végétative,
le nerf pneumogastrique, le grand sympathique. Aussi la guérison
ne commence qu'autant que les émonctoires, largement ouverts
par une médication appropriée, la peau, le foie, les glandes
salivaires, l'intestin, ont évacué les éléments histologiques,
dégradés par le poison et la funeste hygiène des morphinomanes.

Voici dans quel ordre se présentent à peu près les symptômes
caractéristiques de la suppression rapide:

 Quelque temps après la dernière piqûre--écrit un évadé--les douleurs
 se manifestent, sueurs froides, bâillements, inquiétude; bientôt une
 sensation d'arrachement continu dans les poignets et les genoux:
 c'est la question du brodequin. A part cette gêne locale, et tout à
 fait signalétique, nulle souffrance, à prendre ce mot dans sa commune
 acception; mais une angoisse telle que, pour la rompre, ne fût-ce
 qu'un instant, la blessure la plus cuisante, le «choc chirurgical»
 seraient les bienvenus. Supposez un être étouffé sous des oreillers
 ou bien encore plongé dans le vide, et qui, pendant trente-six ou
 quarante heures, ne parviendrait à respirer ni à mourir.

 En même temps, l'esprit s'éveille, la mémoire s'illumine et la
 conscience, plus nette, ressuscite. Le séquestre qui pesait sur le
 cerveau est, à présent, levé. Les images abondent, les idées, les
 comparaisons heureuses, les paroles jaillissent d'elles-mêmes. C'est
 un besoin d'expansion, beaucoup moins turbulent, mais non moins
 impérieux que celui qu'on peut voir chez l'homme pris de vin, un
 état d'excitation véhémente qui se maintient à peu près deux jours
 et une nuit. Bientôt, le calme succède à l'orage. Cette cloison que
 la drogue homicide interpose entre son esclave et le monde gît enfin
 abattue. Les ténèbres de la Morphine font place au grand jour de la
 Vie. Inquiet d'abord, le sommeil reparaît, s'affirme, et l'on peut
 dire que le malade, aussitôt qu'il dort à son accoutumée, est évadé
 enfin des ergastules de l'opium. A la crise aiguë, à l'agonie pour
 vivre, succède un délicieux anéantissement, une lassitude aimable
 d'accouchée, une «paix alcyonienne», un sentiment de force et de
 plénitude inconnu depuis longtemps.

Peut-être convient-il de situer l'_état de désir_ (G. Dumas) à
cette minute crépusculaire. Le besoin a disparu, la morphine a
cessé de faire partie intégrante de la vie organique. Absorber du
poison n'est plus un besoin vital. Mais, dans la dépression qui
le domine, comment l'évadé ne songerait-il point aux décevants
baisers de la fiole coutumière? Il faut, alors, une tension
permanente pour fuir l'appel intérieur et ne _désirer_ plus
l'injection béatifiante. Ce désir, néanmoins, s'efface peu à peu,
quand l'organisme est suffisamment affranchi du poison, régénéré.
D'où, la nécessité de prolonger la cure pendant un assez long
terme. Le «Démon de la perversité» n'a rien à voir à cela; mais
quand la menteuse vigueur de la morphine a disparu, tandis que
la force naturelle se fait encore attendre, comment ne point
évoquer le magistère qui, sans lutte ni retard, donne--il est vrai
pour un formidable escompte--l'alacrité des sens et la jeunesse
de l'esprit? D'ailleurs, nul ne parcourt la Forêt «muette de
lumière», sans qu'il en rapporte quelque nostalgie, et ce n'est
peut-être pas seulement vers Eurydice qu'Orphée a tourné la tête,
avant que de franchir les portes du Hadès.


PARIS.--IMP. N. TRÉCULT, 8, RUE DANTON



  ALBERT MESSEIN, ÉDITEUR, 19, quai saint-michel, paris (5e)

  _Envoi franco contre mandat-poste, timbres, etc._

  Œuvres Complètes de Paul Verlaine

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  sans paroles.--Sagesse.--Jadis et
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  Le TOME II: Amour.--Parallèlement.--Bonheur.--Chansons
  pour elle.--Liturgies
  intimes.--Odes en son
  Honneur (_vers_).


  Le TOME III: Élégies.--Dans les Limbes.--Dédicaces.--Epigrammes.--Chair.
  --Invectives (_vers_).


  Le TOME IV: Les Poètes Maudits.--Louise
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  Portrait à l'eau-forte, d'après Fantin-Latour. Reproduction
  autographique des poèmes publiés, en grande partie,
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  PAUL VERLAINE. Fêtes Galantes. Reproduction en taille-douce
  du manuscrit original. Port. à l'eau-forte, d'après Fantin-Latour     30 »


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  Publié en 1910 à l'occasion de l'érection du monument.--Poèmes
  de: Mallarmé--Moréas--Léon Dierx--Paul Claudel--Henry
  Bataille--E. Blémont--Paul Fort--Rémy de Gourmont--Francis
  Jammes--Ch. Morice--Comtesse de Noailles--Ernest Raynaud--Henri
  de Régnier--Laurent Tailhade--Emile Verhaeren--Vielé Griffin,
  etc. Héliogravure du monument de Niederhausern. 1 fort vol.
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  Posthumes._ Préface de Laurent Tailhade. in-12                        5 75


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  portrait. Préface de Ch. Le Goffic                                    5 75





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