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Title: Chroniques de J. Froissart, tome 10
Author: Froissart, Jean
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Chroniques de J. Froissart, tome 10" ***
TOME 10 ***



  Note sur la transcription:

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  Les notes de bas de page ont été renumérotées et placées directement
  après le paragraphe concerné.

  Le texte imprimé en gras ou en italiques dans l'original est
  représenté =en gras= ou _en italiques_.

  XIIc (avec le c en exposant dans l'original) se lit douze cents,
  VIIIm se lit huit mille. IIIIxx se lit quatre-vingts.



    CHRONIQUES

    DE

    J. FROISSART



    IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
    A NOGENT-LE-ROTROU.



    CHRONIQUES

    DE

    J. FROISSART

    DEUXIÈME LIVRE

    PUBLIÉ POUR LA SOCIÉTÉ DE L’HISTOIRE DE FRANCE
    PAR GASTON RAYNAUD

    TOME DIXIÈME

    1380-1382

    (DEPUIS L’AVÈNEMENT DE CHARLES VI JUSQU’AU COMMENCEMENT
    DE LA CAMPAGNE DE FLANDRE)

    [Logo: SOCIÉTÉ DE L’HISTOIRE DE FRANCE]

    A PARIS
    LIBRAIRIE RENOUARD
    H. LAURENS, SUCCESSEUR
    LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L’HISTOIRE DE FRANCE
    RUE DE TOURNON, Nº 6

    M DCCC XCVII



EXTRAIT DU RÈGLEMENT.

ART. 14.--Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit les
personnes les plus capables d’en préparer et d’en suivre la publication.

Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire responsable,
chargé d’en surveiller l’exécution.

Le nom de l’éditeur sera placé en tête de chaque volume.

Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société sans
l’autorisation du Conseil, et s’il n’est accompagné d’une déclaration
du Commissaire responsable, portant que le travail lui a paru mériter
d’être publié.


_Le Commissaire responsable soussigné déclare que le tome X de
l’édition des_ CHRONIQUES DE J. FROISSART, _préparé par_ M. Gaston
RAYNAUD, _lui a paru digne d’être publié par la_ SOCIÉTÉ DE L’HISTOIRE
DE FRANCE.

    _Fait à Paris, le_ 1er _août_ 1896.

    _Signé_: L. DELISLE.

    _Certifié_:

    Le Secrétaire de la Société de l’Histoire de France,

    A. DE BOISLISLE.



SOMMAIRE.



CHAPITRE XI.

  _1380, septembre._ ENTRÉE EN BRETAGNE DE L’ARMÉE DU COMTE DE
  BUCKINGHAM.--_4 novembre._ COURONNEMENT DU ROI CHARLES VI A
  REIMS.--_Du commencement de novembre au 2 janvier 1381._ SIÈGE DE
  NANTES PAR LES ANGLAIS.--HIVERNAGE DES ANGLAIS EN BRETAGNE.--_15
  janvier et 4 avril._ TRAITÉ DE PAIX ENTRE LE ROI DE FRANCE ET LE
  DUC DE BRETAGNE.--_11 avril._ LES ANGLAIS ÉVACUENT LA BRETAGNE;
  BUCKINGHAM RENTRE EN ANGLETERRE (§§ 169 à 192).


La nouvelle de la mort du roi Charles V arrive à Buckingham au
moment où, après avoir traversé la Sarthe à Noyen, il fait reposer
ses gens à Poillé[1]; elle parvient en même temps au Mans[2], au
quartier général de l’armée française, dont les chefs se dispersent
pour courir aux informations. Les Anglais poursuivent leur route par
Saint-Pierre-sur-Erve[3] et par Argentré[4], passent la Mayenne au
milieu de marécages dangereux et s’arrêtent à Cossé[5], pour attendre
les instructions du duc de Bretagne[6].

  [1] Sarthe, arr. de la Flèche.

  [2] Le duc de Bourgogne commandait l’armée royale au Mans; ce ne fut
  que le 13 octobre 1380 que les troupes furent licenciées par le duc
  d’Anjou, régent, qui retint seulement les hommes d’armes de Clisson,
  de Jean de Beuil et de Pierre de la Rocherousse (_Bibl. nat., Clair._
  vol. 23, nº 1665).

  [3] Mayenne, arr. de Laval.

  [4] Mayenne, arr. de Laval.

  [5] Cossé-le-Vivien, Mayenne, arr. de Château-Gontier. C’est à tort
  que Kervyn a identifié cette ville avec Changé (arr. de Laval).

  [6] Dès le mois de septembre, on préparait en Angleterre l’envoi
  de renforts à l’armée de Buckingham, et Thomas Credy était chargé
  d’arrêter des navires pour le passage des troupes en Bretagne (_Rec.
  Off., Queen’s Rem., Misc., Navy_ 610/11).


Le duc, qui se trouve à Hennebont, mécontent de l’hostilité continue
de ses villes et particulièrement de Nantes, à l’approche des
Anglais, députe vers Buckingham ses conseillers habituels: Bertrand
de Montbouchier, Étienne Guyon, Guillaume Tannegui, Eustache de la
Houssaie, Geoffroi de Kerimel et l’élu de Léon[7], pour lui demander de
venir à Rennes conférer ensemble.

  [7] La chronologie des évêques de Saint-Pol-de-Léon est assez
  indécise à cette date, d’autant que les archives du Finistère,
  comme a bien voulu nous le dire notre confrère, M. J. Lemoine, ne
  renferment aucun acte ni aucune mention d’évêque de ce diocèse entre
  1364 et 1390. A en croire Fr.-Alb. Le Grand (_Vie, gestes, mort et
  miracles des saincts de la Bretaigne..._, 1637, p. 484), il s’agirait
  ici de Pierre Ouvroin, élu évêque en 1370 et mort en 1385, prélat
  qui «n’estoit pas encore sacré en 1380.» Malheureusement, pour cette
  partie de sa notice, l’auteur ne paraît pas avoir eu d’autre source
  que le texte même de Froissart, dans lequel il identifie «l’esleu de
  Lion» avec Pierre Ouvroin; et, quelque vraisemblable que soit son
  hypothèse, il ne saurait être cru sans preuves.

Cette ambassade rejoint à Châteaubourg[8] l’armée anglaise, qui de
Cossé, à travers la forêt de la Gravelle[9], avait gagné Vitré[10],
puis Châteaubourg, sûre désormais de ne plus être poursuivie par les
Français. P. 1 à 3, 297, 298.

  [8] Ille-et-Vilaine, arr. de Vitré.

  [9] Mayenne, arr. de Laval.

  [10] Ille-et-Vilaine, ch.-l. d’arr.

Après de longs pourparlers au cours desquels Buckingham se plaint de
ne pas être accueilli en Bretagne comme il s’y attendait d’après les
conventions passées, rendez-vous est pris pour Rennes, où les Anglais
arrivent au bout de quelques jours. Mais ils n’y peuvent entrer et
les portes de la ville ne s’entr’ouvrent que pour loger le comte et
quelques barons avec lui. Ils attendent ainsi plus de quinze jours
la venue du duc de Bretagne, qui multiplie ses excuses plus ou moins
sincères.

Les Nantais profitent de ce répit pour obtenir des quatre oncles du
roi, ayant alors le gouvernement du royaume, six cents lances de
renfort, qui les mettent en état de soutenir un siège[11]. P. 4 à 6,
298, 299.

  [11] Ce fut seulement après le sacre du roi que les ducs, apprenant
  la marche de 7,000 Anglais sur Nantes, «ordonnèrent que Chastelmorand
  «et le Barrois, qui avoient quatre cens hommes d’armes en la
  frontière de Pouencé, près d’Angers, menassent leurs gens dedans
  Nantes et qu’ils se hastassent avant que les Anglois y parvenissent
  et qu’ils chevauchassent jour et nuit. Ainsi le firent, et furent à
  Nantes premiers que les Anglois quelques trois heures» (_Chronique du
  bon duc Loys_ p. 120). Ils eurent facilement accès à la Tour neuve,
  commandée par Guillaume Leet, mais n’obtinrent que par force les
  clefs de la ville, gardées par un chanoine, ami des Anglais, comme
  beaucoup des habitants. Ils furent bientôt renforcés par Pierre de
  Beuil et 200 hommes d’armes (_Ibid._, p. 123).

Las d’attendre, le comte de Buckingham envoie vers le duc de Bretagne
comme messagers: Robert Knolles, Thomas de Persi et Thomas Trivet,
accompagnés de cinq cents lances, tandis que lui-même, avec le restant
de ses hommes, s’achemine vers Combourg[12] par Saint-Sulpice[13]. Le
duc, qui s’était décidé à quitter Vannes, où il était allé en partant
de Hennebont, rencontre les trois chevaliers et se dirige avec eux
sur Rennes. Entrevue à Hédé[14] du duc et de Buckingham; dîner à la
Mézière[15]; longues conférences à Rennes entre le duc et les envoyés
du comte. P. 6 à 8, 299, 300.

  [12] Ille-et-Vilaine, arr. de Saint-Malo.

  [13] Saint-Sulpice-la-Forêt, Ille-et-Vilaine, arr. de Rennes.

  [14] Ille-et-Vilaine, arr. de Rennes.

  [15] Ille-et-Vilaine, arr. de Rennes.

Finalement le duc de Bretagne s’engage à venir mettre le siège devant
Nantes, quinze jours au plus tard après l’arrivée des forces anglaises
sous les murs de cette ville, et à fournir les barques nécessaires. Le
comte revient de Hédé prendre acte de cette convention à Rennes, et le
duc retourne à Hennebont, tandis que les Anglais mettent quinze jours
encore à faire leurs préparatifs[16].

  [16] Les désertions commençaient a décimer l’armée anglaise, et
  un mandement, daté de Northampton le 10 novembre 1380, ordonne
  l’arrestation d’hommes d’armes revenus de France et de Bretagne avant
  l’expiration de leur service (_Rec. Off., Close Rolls_ 227, m. 27
  vº).

De leur côté, les Nantais, ayant à leur tête Jean le Barrois des
Barres[17], Jean de Châteaumorand[18], le sire de Tournemine[19] et
autres, s’apprêtent à la défense. P. 8, 9, 300.

  [17] Jean des Barres, dit le Barrois, que nous avons déjà vu à
  Troyes en 1380 dans l’armée du duc de Bourgogne (t. IX, p. CVII,
  note 3), appartenait à la maison du duc de Bourbon. Avant cette
  date, il avait, en 1375, assisté à la chevauchée d’Auvergne;
  nous le retrouvons ici, aux côtés de son cousin germain Jean de
  Châteaumorand, à Nantes et à Vannes. La _Chronique du bon duc Loys_
  nous le montre successivement à la bataille de Rosebecque (1382), à
  l’Écluse (1386), puis en Espagne, en Bordelais, en Bretagne (1387),
  enfin en Barbarie (1390) et à Gênes auprès de Boucicaut.

  [18] Jean de Châteaumorand, l’inspirateur, peut-être le véritable
  auteur de la _Chronique_ de Cabaret d’Orville, était en 1370 écuyer
  de la maison du duc de Bourbon, dont il portait «continuellement»
  le pennon. Après avoir fait, en 1375, la chevauchée d’Auvergne et
  accompagné B. du Guesclin à son passage en Bourbonnais, en 1380, nous
  le retrouvons à Nantes et à Vannes. Il prend dès lors part à toutes
  les expéditions où figure le duc de Bourbon, qui l’envoie souvent
  en ambassade, et la _Chronique du bon duc Loys_ s’étend longuement
  sur ses exploits. Elle ne mentionne cependant pas son rôle en Orient
  (voy. Delaville Le Roulx, _la France en Orient_, p. 302, 360, etc.).
  Jean de Châteaumorand, qui fut sans doute fait chevalier à l’occasion
  du couronnement de Charles VI (Chazaud, _Chr. du bon duc Loys_, p.
  XIII-XIV), figure, en 1385, comme chambellan du duc de Bourbon, et,
  en 1388, comme chambellan du roi; en 1389, il est au service du duc
  de Touraine (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol. 699).

  [19] Un _Jean_ de Tournemine, écuyer de Charles d’Orléans, est, en
  1410, au service du roi sous les ordres de Richemont (_Bibl. nat.,
  Pièces orig._ vol. 2867).

Pendant ce temps, à Reims, le dimanche 4 novembre 1380, a lieu le
couronnement du jeune roi Charles, entouré de ses quatre oncles, les
ducs d’Anjou, de Berry, de Bourgogne et de Bourbon[20], des ducs de
Brabant, de Bar, de Lorraine, etc. Le comte de Flandre[21] et le
comte de Blois s’étaient excusés. La veille, le samedi, le jeune roi
avait fait son entrée solennelle, au milieu d’un concours immense de
seigneurs et de jeunes écuyers, comme ses cousins de Navarre, d’Albret,
de Bar et d’Harcourt, qu’il devait le lendemain armer chevaliers; il
avait veillé une grande partie de la nuit dans l’église Notre-Dame. Le
dimanche, le roi est sacré par l’archevêque de Reims, en présence de
tous les seigneurs et d’Olivier de Clisson, le nouveau connétable[22].
Pour célébrer son avènement, il ordonne que toutes impositions, aides,
gabelles, fouages, subsides et autres impôts grevant le peuple seront
abolis[23].

  [20] Ne pouvant s’entendre sur l’interprétation de l’ordonnance
  de Charles V (août 1374) qui avait fixé la succession royale, les
  quatre oncles du roi convoquèrent au Parlement, le 2 octobre 1380,
  un conseil où figurèrent, à leur côté, la reine Blanche, la duchesse
  d’Orléans, les comtes d’Eu, d’Artois, de Tancarville, d’Harcourt, de
  Sancerre, de Brene, Charles de Navarre, les archevêques de Rouen,
  de Reims et de Sens, les évêques de Laon, Beauvais, Agen, Paris,
  Langres, Bayeux, Thérouanne, Évreux, Meaux et Chartres, et autres
  prélats et barons (_Arch. nat._, X1a 1471, fol. 382 vº). Ce conseil
  décida, après avoir donné le titre de régent au duc d’Anjou et confié
  la garde du roi aux ducs de Bourgogne et de Bourbon, de couronner au
  plus tôt le jeune Charles VI (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p.
  16). Une violente dispute eut lieu entre le duc d’Anjou et le duc de
  Bourgogne, le jour même du couronnement, à propos de la préséance
  (_Ibid._, p. 30 et 32).

  [21] Le comte de Flandre était occupé par le siège de Gand, qu’il
  voulut quitter, dit la _Chronique des Quatre Valois_ (p. 290), pour
  aller assister au sacre du roi, «mais les Flamens ne vouldrent
  souffrir qu’il laissast leur host durant ledit siege devant Gant».

  [22] Olivier de Clisson ne fut officiellement nommé connétable de
  France que par lettres patentes du 28 novembre 1380 (Dom Lobineau,
  _Preuves de l’hist. de Bretagne_, t. II, p. 610); mais il avait prêté
  serment au roi dès le 21 octobre (_Bibl. nat., Brienne_ vol. 259, p.
  27), «en especial contre le roy d’Angleterre». Nous trouvons, à la
  date du 8 novembre, une quittance donnée au service du connétable de
  France (_Bibl. nat., Clair._ vol. 36, nº 2725).

  [23] Le roi promit à Reims de supprimer les aides, mais il ne tint
  cette promesse qu’à son retour à Paris, sous la menace d’une émeute
  (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 44; _Grandes Chroniques_, t.
  VI, p. 472; _Ordonn._, t. VI, p. 527): «Le juedi après la Saint
  Martin d’hiver» (15 novembre), «le roi nostre sire abati les aydes
  ayans cours en son royaume, par le conseil de nos seigneurs de son
  sang» (_Arch. nat._, X1a 1471, fol. 443; voy. aussi _Petit Thalamus_,
  p. 401, la _Chr. des Quatre Valois_, p. 291). Cette suppression des
  aides fut suivie à Paris (_Arch. nat._, JJ 147, fol. 108) et au
  dehors (_Ibid._, JJ 148, fol. 55) d’excès de tous genres contre les
  Juifs, qui venaient, en octobre, d’obtenir du roi la confirmation des
  lettres que Charles V avait données en leur faveur (_Arch. nat._,
  JJ 118, fol. 11 et 22). Ces excès n’avaient pas encore pris fin en
  décembre 1380, puisqu’à la date du 19 de ce mois on voit un Jean
  Beaudouin arrêtant un Juif «pour avoir de lui une ou deux pintes de
  vin, ainsi que compagnons ont acoustumé de demander aux Juifs, quant
  ilz sont trouvez sanz rouelle ou sauf conduit» (_Arch. nat._, JJ 118,
  fol. 93 vº). Une nouvelle émeute contre les Juifs avait lieu à Paris
  en janvier 1381 (_Ibid._, fol. 139).

Après la messe, le roi dîne au palais, sous une tente, avec ses oncles
et les prélats; il est servi par des hauts barons montés sur des
destriers caparaçonnés d’or: les sires de Couci, de Clisson, Gui de la
Trémoïlle, l’amiral de France[24], et autres.

  [24] M. Terrier de Loray (_Jean de Vienne_, p. 158, note 2) cite une
  quittance donnée par l’amiral, à la date du 4 novembre, «estant à la
  poursuite des Anglais», ce qui rend sa présence au sacre de Reims
  assez douteuse.

Le lundi, le roi se rend pour dîner à l’abbaye de Saint-Thierri[25],
près de Reims; il retourne ensuite à Paris où il est bien accueilli par
les habitants[26].

  [25] Marne, arr. de Reims.

  [26] C’est le dimanche 11 novembre que le roi rentra à Paris «à grant
  solempnité... et fu la ville encourtinée, et furent joustes faites
  au palais, le lundi et le mardi, des chevaliers et escuiers qui y
  estoient» (_Grandes Chroniques_, t. VI, p. 472).

Après ces fêtes, les oncles du roi se partagent le gouvernement: le
duc de Berri a le Languedoc; le duc de Bourgogne la Picardie et la
Normandie; le duc d’Anjou reste auprès de son neveu, pour diriger en
son nom le royaume[27]. Sur la demande des ducs de Brabant et d’Anjou,
le comte de Saint-Pol peut rentrer en France[28], où il s’établit dans
son château de Bohain[29]. P. 9 à 13, 300, 301[30].

  [27] A la date du 19 novembre 1380, le duc de Berri est nommé
  lieutenant général du roi en Guyenne, Toulousain, Languedoc, Berri,
  Poitou et Auvergne, avec faculté de disposer dans ces pays des
  finances du roi (_Bibl. nat., Brienne_ vol. 259, fol. 219-222 vº).
  Le duc d’Anjou, qui s’était déjà fait attribuer la majeure partie
  du trésor royal, reçoit en don (25 décembre 1380) les restes des
  forfaitures des Navarrais (_Arch. nat._, JJ 121, fol. 120). L’accord
  définitif pour le gouvernement du royaume eut lieu le 28 janvier
  1381: un conseil de régence de douze personnes était nommé; la garde
  du roi et de Mr de Valois était confiée aux ducs de Bourgogne et de
  Bourbon; le duc d’Anjou avait la présidence du conseil (_Bibl. nat._,
  ms. fr. 6537, fol. 45, _orig._).

  [28] Le comte de Saint-Pol vint à Paris demander grâce au roi, et,
  soutenu par de puissants amis, entre autres le sire de Couci, obtint
  la restitution de ses biens (_Chronographia regum francorum_, p. p.
  H. Moranvillé, t. III, p. 2). Il ne put, malgré ses efforts, arriver
  à perdre Bureau de la Rivière, auquel il reprochait sa disgrâce
  (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 36 et 38).

  [29] Aisne, arr. de Saint-Quentin.

  [30] Ici se placent, dans l’édition de Johnes, deux chapitres
  nouveaux, dont nous reparlerons à propos des §§ 210 et 216.

Le duc de Bretagne, comme nous l’avons dit, avait quitté Rennes et se
dirigeait, avec les seigneurs de Montbouchier, de Montraulieu et tous
ses conseillers, vers Hennebont et Vannes. Le comte de Buckingham,
passant par Châtillon[31], Bain[32] et Nozay[33], arrive en quatre
jours aux faubourgs de Nantes où il se loge à la porte Sauvetout;
Guillaume de Latimer, connétable de l’armée, Gautier Fitz-Walter et
Raoul Basset se logent à la porte Saint-Pierre; Robert Knolles et
Thomas de Persi à la porte Saint-Nicolas; Guillaume de Windsor et
Hugues de Calverley à la poterne de Richebourg.

  [31] Châtillon-sur-Seiche, Ille-et-Vilaine, arr. de Rennes.

  [32] Ille-et-Vilaine, arr. de Redon.

  [33] Loire-Inférieure, arr. de Châteaubriant.

Ils sont aussitôt inquiétés par les défenseurs de la ville, Jean le
Barrois des Barres en tête[34], qui, la veille de la Saint-Martin (10
novembre), les surprennent à la porte Saint-Pierre. P. 13 à 15, 301,
302.

  [34] Aux défenseurs de la ville était venu se joindre, avec ses
  hommes d’armes, Pierre de Beuil, dont le père, Jean de Beuil, était
  engagé, le 12 décembre 1380, par le connétable de Clisson pour la
  guerre de Bretagne (_Bibl. nat., Clair._ vol. 23, nº 1665).

Le surlendemain (12 novembre), nouvelle escarmouche du côté de la
Loire, que soutiennent Jean de Harleston, Guillaume de Windsor et
Robert Knolles. P. 15, 16, 302.

Le 18 novembre, les Français font une sortie par la porte Sauvetout;
mais les Anglais, gardés par les troupes allemandes, se défendent bien:
ils n’en perdent pas moins un de leurs chefs, Thomas de Rhodes, et se
laissent faire six prisonniers. P. 16, 17, 302.

Le siège dure toujours, et le comte de Buckingham reste sans nouvelles
du duc de Bretagne, malgré les messagers qu’on lui envoie et que
guettent sur les chemins les gens du pays. Le duc, en effet, ne peut
décider ses hommes à venir avec lui assiéger Nantes: ils refusent de
faire guerre et dommage sur la terre de Bretagne, pour le service des
Anglais, alors que la cour de France, qu’on voulait effrayer tout
d’abord, semble disposée à respecter leurs anciennes coutumes.

D’autre part, les hauts barons, les seigneurs de Clisson, de Dinan, de
Laval, de Rochefort, le vicomte de Rohan, menacent le duc de lui faire
eux-mêmes la guerre, s’il vient assiéger Nantes; ils lui conseillent,
au contraire, de se soumettre au jeune roi de France, qu’il ne peut
haïr comme son père[35]. P. 17 à 19, 302, 303.

  [35] D’après le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 58 et 60), c’est
  surtout à l’intervention du sire de Beaumanoir qu’est due la reprise
  des négociations, commencées du vivant même de Charles V (_Grandes
  Chroniques_, t. VI, p. 473).

Sous les murs de Nantes les escarmouches continuent; le soir de la
Notre-Dame des Avents (8 décembre), dans une sortie contre Guillaume de
Cosyngton[36] et les hommes de guet, le seigneur d’Amboise[37] est fait
chevalier par Amauri de Clisson[38], cousin-germain du connétable. P.
19, 20, 303.

  [36] Ce _Cosyngton_, qui ne peut être le Guillaume figurant en 1313
  dans Rymer (t. III, p. 406), doit être identifié avec _Étienne_ de
  Cosyngton, bien connu déjà, qui, d’après la _Chronique du bon duc
  Loys de Bourbon_ (p. 124), fut fait prisonnier dans cette sortie.

  [37] Pierre II, seigneur d’Amboise, vicomte de Thouars en 1397, mort
  en 1422.

  [38] Amauri de Clisson, qui prend part plus tard à l’expédition
  de Gueldre, figure comme chevalier bachelier, avec deux autres
  chevaliers et six écuyers, dans une revue reçue à Corenzich le 1er
  octobre 1388. Une quittance à son nom, de 129 francs, porte la date
  du 27 septembre de la même année (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol.
  789).

Le jeudi d’avant la Noël (20 décembre)[39], les Anglais sont encore
attaqués par le Barrois des Barres et le seigneur de Cholet[40]; ils
perdent un de leurs chevaliers, Hugues Tyrel[41], mais, malgré leur
désir, ils n’osent dégarnir leurs postes pour envoyer, sous bonne
escorte, de nouveaux messagers rappeler au duc ses engagements. P. 20 à
22, 303, 304.

  [39] A la date du 18 décembre 1380, le roi Richard appointe John
  Orewell pour arrêter vingt vaisseaux destinés à aller porter secours
  _par la Loire_ à l’armée de Buckingham (_Rec. Off., Lord Treas. Rem.,
  For. Rolls_ nº 2).

  [40] Yves de Cholet mourait en 1390 sous les murs de Carthage pendant
  l’expédition de Barbarie (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 668).

  [41] Rymer cite au moins deux Anglais de ce nom. Il faut sans doute
  identifier celui dont il s’agit ici avec Hugh Tyrrel, capitaine,
  en 1374, du château d’Auray en Bretagne et garde du château de
  Carisbrooke dans l’île de Wight en 1377 (Rymer, t. VII, p. 51 et
  147).

La veille de Noël (24 décembre), grande escarmouche, où se distinguent
du côté anglais Yves Fitz-Warin et Guillaume Drayton[42]; le chevalier
français, Tristan de la Jaille, est fait prisonnier par un écuyer de
Hainaut, Thierri de Sommaing[43]. P. 22, 23, 304.

  [42] Nous retrouvons ce personnage en Flandre en 1385 au service du
  roi d’Angleterre (Rymer, t. VII, p. 488).

  [43] Les Nantais surprirent l’ennemi et détruisirent la mine qu’il
  faisait depuis plusieurs jours. Tristan de la Jaille, prisonnier, fut
  sans doute échangé, car il figure plus loin aux joutes de Vannes. Au
  dire de la _Chronique du bon duc Loys_, Thierri de Sommaing fut tué
  dans cette escarmouche (p. 125).

Pendant les fêtes de Noël, les hostilités cessent. P. 23, 24, 304.

Depuis plus de deux mois, les Anglais sont sous les murs de Nantes.
Le comte de Buckingham décide alors de lever le siège et d’aller avec
toutes ses troupes trouver le duc à Vannes. L’armée anglaise part donc
le 2 janvier[44], passe par Nort[45], Moisdon[46], Teillais[47], Bain,
traverse la Vilaine et arrive à Lohéac[48] un samedi (12 janvier); de
là par Guer[49], Mauron[50], la Trinité[51], elle vient traverser
l’Oust à Brehan[52], et campe sur la rive droite de la rivière.

  [44] Malgré les pillages nombreux auxquels ils se livraient
  (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 62), les Anglais avaient
  grand’peine à se ravitailler; aussi la disette de vivres, jointe à
  «une maladie de cours de ventre qui fort les acoura» (_Chr. du bon
  duc Loys de Bourbon_, p. 127), fut la véritable cause de la levée du
  siège de Nantes.

  [45] Loire-Inférieure, arr. de Châteaubriant.

  [46] Loire-Inférieure, arr. de Châteaubriant.

  [47] Ille-et-Vilaine, arr. de Redon.

  [48] Ille-et-Vilaine, arr. de Redon.

  [49] Morbihan, arr. de Ploërmel.

  [50] Morbihan, arr. de Ploërmel.

  [51] La Trinité-Porhoët, Morbihan, arr. de Ploërmel.

  [52] Morbihan, arr. de Ploërmel.

Effrayés de l’approche des Anglais, les habitants de Vannes demandent
conseil au duc de Bretagne qui les rassure et les engage à ouvrir leurs
portes au comte, sous la condition qu’il ne logera que quinze jours
dans leur ville. Lui-même, le lendemain, il sort de Vannes au-devant
de Buckingham qui, après un arrêt à Brehan, avait, la nuit précédente,
couché à Saint-Jean[53].

  [53] Saint-Jean-Brevelay, Morbihan, arr. de Ploërmel.

Le duc s’excuse auprès du comte de son manque de parole: il invoque
les résistances qu’il a rencontrées chez ses vassaux et les menaces
des seigneurs de Clisson, de Laval et autres hauts barons. La saison,
du reste, est avancée; mieux vaut attendre l’été pour recommencer la
campagne. Le comte, bien accueilli par les habitants de Vannes, jure de
n’y séjourner que quinze jours et est logé au château de la Motte[54],
tandis que le duc s’en va à son château de Sucinio[55], d’où il échange
des visites avec le comte.

  [54] Ce château ducal, à Vannes, fut rebâti au XIIIe, puis au XVIIe
  siècle pour devenir le palais épiscopal, et servit de préfecture
  après la révolution; il a été presque complètement démoli en 1866.

  [55] Château situé à Sarzeau, Morbihan, arr. de Vannes.

Les lieutenants de Buckingham devaient, d’après les conventions, être
logés avec leurs hommes à Hennebont[56], à Quimper-Corentin[57] et à
Quimperlé[58]; mais ils ne peuvent réussir à se faire ouvrir les portes
de ces villes et sont forcés de se cantonner dans les faubourgs, où ils
souffrent du froid et du manque de vivres[59].

  [56] Morbihan, arr. de Lorient.

  [57] Quimper, Finistère, ch.-l. de dép.

  [58] Finistère, ch.-l. d’arr.

  [59] Les barons bretons n’avaient pas consenti à laisser entrer les
  Anglais dans les villes; ils ne leur avaient laissé que la campagne
  et les faubourgs et les avaient obligés à s’approvisionner à prix
  d’argent auprès des habitants (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p.
  58).

Harcelées sans cesse par les garnisons des châteaux de Kaer[60] et de
Guéméné-Guingamp[61], appartenant au vicomte de Rohan, et par celles
des châteaux de Josselin[62], de Montaigu[63] et de Moncontour[64],
appartenant au seigneur de Clisson, menacées par les forces du
connétable qui occupe le pays[65], n’osant ni s’en aller ni se porter
mutuellement secours, les troupes anglaises en sont réduites à se
contenter de l’intervention douteuse du duc de Bretagne. P. 24 à 30,
304 à 306.

  [60] Château situé à Locmariaquer, Morbihan, arr. d’Aurai.

  [61] Aujourd’hui Guéméné-sur-Scorf, Morbihan, arr. de Pontivi.

  [62] Morbihan, arr. de Ploërmel.

  [63] Vendée, arr. de la Roche-sur-Yon.

  [64] Côtes-du-Nord, arr. de Saint-Brieuc.

  [65] Les troupes qu’avait rassemblées Olivier de Clisson étaient
  importantes; à la date du 1er août 1380, nous voyons figurer dans
  une montre passée à Château-Josselin deux chevaliers bannerets,
  trente-deux chevaliers bacheliers et cent soixante-cinq écuyers (Dom
  Morice, _Mémoires_, t. II, col. 254-255).

Le duc, en effet, durant ce temps, négocie la paix à Paris avec le roi
de France, par l’entremise du vicomte de Rohan, de Charles de Dinan, de
Gui de Laval et de Gui de Rochefort, aux conseils desquels il se rend,
craignant qu’une fois établis en Bretagne, les Anglais n’en veuillent
plus sortir. P. 30 à 32, 306, 307.

Les Anglais ignorent[66] tout cela et passent leur temps en joutes. On
se rappelle le combat de Gauvain Michaille et de Janekin Cator dans
la forêt de Marchenoir[67]. A cette occasion, plusieurs défis avaient
été échangés entre chevaliers anglais et français, mais le comte de
Buckingham avait ajourné ces joutes, qui, une fois encore, sous les
murs de Nantes, n’avaient pu avoir lieu.

  [66] Malgré l’opinion du _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 56),
  les Anglais ignorèrent si bien les négociations de paix entreprises
  par les barons bretons, qu’à la date des 21 et 24 décembre 1380,
  Thomas Credy et Walter Leicester étaient chargés de réunir des
  navires destinés à transporter des troupes en Bretagne en même temps
  qu’en Portugal (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 13; _Queen’s Rem.,
  Misc., Nuncii_ 632/12). Dès le mois de février 1381, Thomas de Felton
  s’apprêtait à partir pour la Bretagne avec 900 hommes d’armes et
  900 archers, «pro fortificatione Thome, comitis Buk. et exercitus
  regis...» (_Ibid., Issue Rolls_ 303, m. 12). L’insurrection des
  communes empêcha son départ ainsi que celui de Jean des Roches, de
  Pierre Veel et de Robert Passelewe, qui, de Dartmouth, devaient aller
  au-devant de Buckingham (_Rec. Off., Lord Treas., Rem., For. Acc._ 5,
  m. 11 rº et m. 20 vº).

  [67] Voy. t. IX, p. 272-274 et 278-279.

Quand les Anglais sont cantonnés à Vannes et aux environs, les
chevaliers français veulent à tout prix tenir leurs engagements, et,
grâce à un sauf-conduit donné par le connétable de France, des passes
d’armes mettent en présence à Château-Josselin des chevaliers des deux
nations, entre autres le Galois d’Aunoi[68] et Guillaume Clynton[69],
Lionnel d’Airaines[70] et Guillaume Frank[71]. P. 32 à 34, 307, 308.

  [68] Voy. sur Robert d’Aunoi, dit le Galois, que Kervyn confond avec
  son père Philippe, la notice détaillée de M. H. Moranvillé dans le
  _Songe véritable_, p. 93-96 (Extrait des _Mémoires de la Soc. de
  l’Hist. de Paris_, t. XVII).

  [69] La _Chronique du bon duc Loys_ fait mourir ce «banneret» anglais
  sous les murs de Nantes. Il est probable qu’elle commet une erreur,
  car en avril 1399, nous voyons un Guillaume Clynton accompagnant le
  roi Richard en Irlande et intervenant, en 1406, à l’acte réglant la
  succession du roi Henri IV (Rymer, t. VIII, p. 78 et 463).

  [70] Peu de temps auparavant, le 1er octobre 1380, Lionnel d’Airaines
  assistait à une revue à Ardres (_Bibl. nat., Clair._ vol. 5, nº 238).

  [71] Ce chevalier anglais est sans doute le même que _Jean_ Franc,
  que la _Chronique du bon duc Loys_ fait mourir à tort dans une
  escarmouche du siège de Nantes, puisque nous le retrouvons plus tard
  en Barbarie en 1390. Le témoignage de Cabaret est du reste ici comme
  ailleurs assez sujet à caution, car parmi les chevaliers anglais
  tués en même temps que Franc, il cite Thomas Trivet, qui ne mourut
  qu’en 1388 d’une chute de cheval (Froissart, éd. Kervyn, t. XII, p.
  251-252).

Les joutes se continuent à Vannes, en présence du comte de Buckingham
et des principaux chefs anglais[72]. P. 34, 35, 308.

  [72] La _Chronique du bon duc Loys_ parle longuement de ces joutes
  de Vannes, où devaient primitivement figurer quinze hommes d’armes
  de l’hôtel du duc de Bourbon contre quinze Anglais (p. 127-128) et
  combattre à outrance. Les champions, réduits à cinq de chaque côté,
  par suite de la fatigue des chevaliers anglais (p. 130), ne portent
  pas tout à fait les mêmes noms que dans Froissart. Ce sont, du
  parti anglais: Wautier Cloppeton, Édouard de Beauchamp, Thomas de
  Hennefort, Brisselai et Jean de Traro; du parti français: Jean de
  Châteaumorand, le Barrois, le bâtard de Glarains, le vicomte d’Aunai
  et Tristan de la Jaille.

Joute des seigneurs de Pouzauges et de Vertaing; le seigneur de
Pouzauges est blessé. Joute de Jean d’Aubrecicourt et de Tristan de la
Jaille. Joute du bâtard de Clarens[73] et d’Édouard de Beauchamp[74],
remplacé par Janekin Stonckel. P. 35 à 37, 308, 309.

  [73] De la maison du duc de Bourbon, le bâtard de Clarens se trouvait
  en Bretagne, après avoir fait la campagne d’Auvergne, en 1375,
  et accompagné B. du Guesclin en Bourbonnais en 1380. En 1382, il
  assiste à la bataille de Rosebecque et, en 1386, il fait partie des
  chevaliers partant porter secours à l’évêque de Metz, Pierre de
  Luxembourg.

  [74] D’après la _Chronique du bon duc Loys_ (p. 131), Éd. de
  Beauchamp était ivre, ce qui l’empêcha de fournir sa joute. Cet
  écuyer fit, en 1386, la campagne d’Espagne au service du roi de
  Castille (Rymer, t. VII, p. 490).

Joute de Janekin Cloton[75] et de Jean de Châteaumorand. Janekin
Cloton est jugé trop faible pour lutter. P. 37, 38, 309.

  [75] Le même sans doute que le _Gautier_ Clopton de la _Chronique du
  bon duc Loys_, que Rymer cite à la date de 1397 (t. VIII, p. 10).

Il est remplacé par Guillaume de Faringdon[76], qui blesse à la cuisse
Jean de Châteaumorand. P. 38, 39, 309, 310.

  [76] La joute de Jean de Châteaumorand et de Guillaume de Faringdon
  eut lieu le lendemain de celle où avait figuré Janekin Cloton.

Tandis que les Anglais, logés à Vannes et aux environs, sans autre
ravitaillement que ce qui leur vient des îles de la Manche et de
Cornouailles, attendent la fin de l’hiver pour recommencer la guerre
avec de nouveaux renforts, les barons bretons continuent à Paris leurs
négociations en vue de la paix, désirée surtout par le duc d’Anjou qui
prépare son expédition d’Italie[77].

  [77] Grâce aussi au duc de Bourgogne, allié par sa femme au duc de
  Bretagne (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 60).

On arrive enfin à une entente: le duc de Bretagne s’engage à faire
évacuer son duché par les Anglais, auxquels il fournira des navires.
Ceux d’entre eux qui appartiennent à la garnison de Cherbourg seront
libres de retourner par terre avec un sauf-conduit. Le duc viendra en
France faire hommage au roi[78]. P. 39 à 42, 310, 311.

  [78] Le traité de paix, par lequel le duc de Bretagne fait sa
  soumission au roi, est signé le 15 janvier 1381 à Vincennes. Par
  cet acte, le duc de Bretagne demande pardon au roi et s’engage à
  lui faire hommage; il promet son concours contre les ennemis du roi
  de France et particulièrement les Anglais; il paie une indemnité
  de 200,000 francs (Dom Lobineau, _Hist. de Bretagne_, t. II, col.
  610 et suiv.). Olivier de Clisson ratifie ce traité le 23 février,
  remettant aux mains du roi son différend avec le duc de Bretagne,
  qui, le 4 avril, à Guérande, appose son sceau au traité en présence
  des commissaires royaux: Jean le Fèvre, évêque de Chartres, Arnaud
  de Corbie, premier président au Parlement, Pierre de Chevreuse, Jean
  le Mercier et Jean Tabary, secrétaire du roi (H. Moranvillé, _Étude
  sur Jean le Mercier_, p. 85). Ce n’est que le 27 septembre, à Paris,
  que le duc de Bretagne prête hommage au roi (Dom Morice, _Hist. de
  Bretagne_, t. I, p. 384). Charles VI n’avait pas attendu cette date
  pour accorder une rémission générale aux partisans du duc de Bretagne
  à Saint-Denis, le 2 mars 1381 (_Arch. nat._, JJ 118, fol. 187).

Quand les Anglais apprennent que la paix est conclue entre le roi de
France et le duc de Bretagne, ils s’en montrent fort mécontents. Après
de longues explications et excuses de la part du duc[79], le comte de
Buckingham quitte Vannes le 11 avril 1381[80] et s’embarque aussitôt:
il part le soir même pour l’Angleterre, refusant une dernière entrevue
que lui demande le duc. P. 42 à 44, 311.

  [79] Pour apaiser Buckingham, le duc avait, le 11 avril, fait dresser
  un acte par lequel ses barons s’engageaient à refuser de combattre
  les Anglais, si le roi de France voulait y forcer le duc. Buckingham
  feignit de se contenter de cet acte et partit (Dom Morice, _Hist. de
  Bret._, t. I, p. 384).

  [80] Walsingham (_Hist. angl._, t. I, p. 444) prétend que le
  duc de Bretagne donna de l’argent aux Anglais pour obtenir leur
  départ. L’armée anglaise était alors bien diminuée par les maladies
  (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 66): de 6,000 hommes qu’elle
  comptait devant Nantes, elle n’en avait guère plus de 3,000 (_Chr. du
  bon duc Loys_, p. 35), et avait perdu tous ses chevaux (Walsingham,
  t. I, p. 444). Le paiement des gages de Buckingham (9,000 livres)
  et celui de ses chevaliers est daté de Brest, 30 avril 1381 (_Rec.
  Off., Lord Treas. Rem., For. Acc._ 4, m. 40 vº et 50 vº). Le 2 mai,
  le comte de Buckingham arrive à Falmouth avec 1,069 hommes; le reste
  de ses gens débarque dans d’autres ports de Cornouailles (_Rec. Off.,
  Lord Treas. Rem., For. Acc._ 4, m. 40 vº).

Le connétable fait donner des sauf-conduits aux Anglais qui retournent
à Cherbourg; parmi eux se trouvent les chevaliers Jean Burley, Yves
Fitz-Warin, Guillaume Clynton et l’écuyer Nicolas Clifford[81]. Ce
dernier rencontre à Château-Josselin un écuyer du comte de la Marche,
Jean Boucinel, qui l’avait défié autrefois à Valognes. Un nouveau défi
a lieu, et, malgré les résistances de Clifford, le connétable, pris
comme arbitre, décide que le lendemain le combat se fera. P. 44 à 47,
311, 312.

  [81] A ces noms, il faut ajouter ceux de Guillaume de Windsor, qui
  part pour Cherbourg le 5 mars, de Guillaume de Faringdon et de Massy
  de Podyngton, qui s’apprêtent à le rejoindre, le 30 mai (_Rec. Off.,
  Early Chancery Rolls_ 325, m. 13 et 2).

Jean Boucinel est tué par Clifford. Les Anglais, sous la conduite du
Barrois des Barres, s’acheminent vers Cherbourg. P. 47 à 51, 312, 313.



CHAPITRE XII.

  _1380, juin._ CONCLUSION DE LA PAIX ENTRE LE COMTE DE FLANDRE ET
  LES GANTOIS.--_8 août._ REPRISE DES HOSTILITÉS.--_27 août._ DÉFAITE
  DES GANTOIS.--_Septembre._ LE COMTE FAIT LE SIÈGE DE GAND.--_5
  novembre._ VICTOIRE DES GANTOIS A LONGPONT.--_10 novembre._ PAIX
  MARTINIENNE.--_1381, février._ NOUVEAUX DIFFÉRENDS.--_13 mai._
  DÉFAITE DES GANTOIS A NEVELE; LEUR DÉSUNION (§§ 193 à 208).


En Flandre, les Gantois sont toujours en hostilités avec le comte, qui
profite d’une émeute populaire à Bruges pour intervenir et mettre la
main sur la ville, où il fait de nombreuses exécutions; ce qui entraîne
la soumission du Franc de Bruges[82].

  [82] Après l’exécution de Jean Pruneel et l’appel fait par le comte
  aux bannis de Flandre (voy. t. IX, p. XCIV-XCV), le 18 juin 1380,
  les Brugeois avaient arraché à Louis de Male certains privilèges
  relatifs, entre autres, à la bière et aux vins. Revenu à Lille, le
  comte s’était hâté de révoquer ces concessions (_Arch. du Nord_,
  citées dans Le Glay, _Chronique rimée_, p. 88, note 1) et avait
  imposé son alliance aux habitants de Bruges et du Franc (J. Meyer,
  _Ann. flandr._, fol. 174). Malgré ces alliés, malgré ses mercenaires
  anglais (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 110), le comte
  assistait aux nouveaux succès des Gantois, qui s’étaient emparés de
  plusieurs villes (Kervyn, _Ist. et chr. de Flandre_, t. II, p. 191 et
  236); il se résolut à la paix, qui fut «criée» au mois de juin 1380.
  Elle fut bientôt rompue, le 8 août, à l’occasion d’une querelle de
  tisserands (Meyer, fol. 174), et les hostilités recommencèrent.

Enhardi par ce succès, le comte décide d’aller assiéger Ypres, que
viennent secourir 3,000 Gantois, conduits par Jean Boele[83] et Arnould
de Clerk[84]. De Bruges, le comte se dirige sur Thourout, puis sur
Poperinghe, où il réunit une armée de 20,000 hommes. P. 51 à 53, 313,
314.

  [83] C’est par erreur que, dans le volume précédent (t. IX, p.
  LXXXII), ce personnage a été appelé _Guillaume_. Jean Boele, qui
  figure à différentes reprises dans les comptes de la ville de Gand,
  était échevin en février 1381 (J. Vuylsteke, _Rekeningen der Stad
  Gent_, 1893, p. 185).

  [84] Arnould de Clerk (en flamand Arent de Cleerc) est mentionné en
  1380 avec Simon Colpaert dans les comptes de Gand (_Rekeningen_, p.
  192) à propos d’une expédition à Dixmude.

Les Gantois envoient alors à Ypres un nouveau renfort de 9,000
hommes, sous les ordres de Rasse d’Herzeele, Pierre du Bois, Pierre
de Wintere[85] et Jean de Launoit[86], qui, après être passés par
Courtrai, décidés à livrer bataille au comte, attendent à Roulers[87]
d’être rejoints par les troupes d’Ypres, déjà renforcées par celles de
Jean Boele et d’Arnould de Clerk.

  [85] Un Pierre de Wint paraît en mai 1378 dans les comptes de Gand
  (_Rekeningen_, p. 104).

  [86] Jean de Launoit (Jan vander Elst) appartient à la corporation
  des marchands en 1376 et 1377 (_Rekeningen_, p. 24, 35, 83, 97,
  etc.). Est-ce le même que Jan vander Helst, échevin entre 1377 et
  1380 (_Ibid._, p. 151)? D’après Meyer (fol. 177 rº), c’était un
  banni.

  [87] Belgique, prov. de Flandre occidentale.

Surprises dans une embuscade, ces dernières troupes sont taillées en
pièces par les gens du comte[88] et perdent près de 3,000 hommes[89].
Les Yprois rentrent dans leur ville et les Gantois se réfugient à
Courtrai. P. 53 à 56, 314.

  [88] La défaite des Gantois eut lieu le 27 août 1380 (Meyer, fol. 175
  rº), au moment où, d’après une rédaction des _Chroniques de Flandre_,
  ils se disposaient à marcher sur Dixmude (_Ist. et chr._, t. II, p.
  539). C’est peut-être ici qu’il faut placer l’expédition d’Arnould de
  Clerk, voy. p. XIV, note 84.

  [89] Meyer n’estime qu’à 1,200 le nombre des Gantois morts.

Mais, dans leur fureur d’avoir été vaincus, ils accusent Jean Boele de
trahison et le tuent; ils retournent ensuite à Gand, pendant que Jean
de Launoit va s’emparer du château de Gavre sur l’Escaut. P. 56, 57,
315.

Le comte marche alors sur Ypres, qui lui ouvre ses portes et se rend à
merci[90]; il fait mettre à mort plus de 700[91] partisans des Gantois,
envoie à Bruges 300 otages, et, cela fait, se dispose à assiéger
Courtrai. P. 57, 58, 315.

  [90] Ypres ouvrit ses portes au comte le 28 août, bien qu’une
  rédaction des _Chroniques de Flandre_ (_Ist. et chr._, t. II, p. 257)
  place cet événement après le 9 septembre.

  [91] Le comte «fist decoler bien .IIIIC. de ceuls de ladicte ville»
  (_Ist. et chr._, t. II, p. 174).

N’espérant plus de secours de la part des Gantois, la ville se rend
au comte[92], qui prend 200 otages et, peu de temps après, rentre à
Bruges en passant par Deynse[93]. Au bout d’une quinzaine de jours,
aux environs de la fête de la Décollation de saint Jean-Baptiste (29
août)[94], le comte convoque de nouveau ses gens et vient s’établir à
la Biete[95] pour faire le siège de Gand. Robert de Namur a répondu à
son appel, mais non Guillaume, qui alors est en France, auprès du roi.
Gautier d’Enghien est maréchal de l’armée. Les Gantois, encouragés dans
leur défense par les Liégeois, les gens de Bruxelles et du Brabant,
supportent vaillamment le siège, qui ne peut être complet, et sont
ravitaillés du côté de Bruxelles et des Quatre-Métiers[96]. P. 58 à 60,
315.

  [92] Le 29 août 1380.

  [93] Voy. _Ist. et chr._, t. II, p. 174.

  [94] D’après Meyer (fol. 175), ce fut le 1er septembre, immédiatement
  après la prise de Deynse, que commença le siège de Gand, qui devait
  être long et durer près de dix semaines. Le comte avait avec lui
  100,000 hommes (_Ist. et chr._, t. II, p. 193).

  [95] Ter Boote, plateau situé au nord de Gand, au delà de Longpont
  (Langerbrugge).

  [96] Région située au nord de Gand et comprenant les métiers
  d’Assenede, de Bouchaute, de Hulst et d’Axel.

Tandis que le seigneur d’Enghien, que le Hase de Flandre et le jeune
sénéchal de Hainaut, Jacques de Werchin, se distinguent dans des
escarmouches, les gens de Bruges, de Poperinghe et d’Ypres, envoyés par
le comte à Longpont[97], se font battre par les Gantois[98]. P. 60 à
62, 316.

  [97] Langerbrugge, au nord de Gand.

  [98] Ce combat eut lieu à la fin du siège, le 5 novembre 1380. Il fut
  fort meurtrier; c’est là que mourut Josse de Hallwin (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 174). Voy. les comptes relatifs à Longpont (_Rekeningen_,
  p. 218).

Fiers de ce succès, les Gantois, au nombre de 6,000, vont prendre,
brûler et piller Alost[99], dont les seigneurs, Louis de Marbais,
Geoffroi de la Tour[100] et Philippe de Jonghe, n’ont que le temps
de fuir; ils se rendent maîtres ensuite de la ville de Termonde[101]
(Philippe de Masmines est tué dans cette affaire), mais ne peuvent
s’emparer du château, défendu par le seigneur de Widescot; enfin ils
entrent par force dans Grammont[102], puis retournent à Gand avec leur
butin. P. 62, 63, 316.

  [99] Le 6 octobre 1380 (Meyer, fol. 176).

  [100] Godefroy de la Tour, rentier de Brabant, donne quittance le 15
  décembre 1374 de 125 francs d’or, pour terme d’une rente à lui due
  par le trésor royal (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol. 2859).

  [101] C’est le jour de la Saint-Denis, 9 octobre, que les Gantois
  partent pour Termonde, qu’ils prennent le 11 (Meyer, fol. 176 rº).

  [102] La prise de Grammont par les Gantois eut lieu en novembre 1380;
  le seigneur d’Enghien y fut fait prisonnier (_Ist. et chr._, t. II,
  p. 193). Elle avait été précédée en octobre de l’attaque contre
  Audenarde, de la prise d’Eenaeme et de la défaite et mort d’Arnould
  de Clerk, que Froissart, d’accord avec une des rédactions des
  _Chroniques de Flandre_ (t. II, p. 198-199), place en carême 1381; ce
  dernier combat est daté par Meyer (fol. 176 rº) du 25 octobre. Dix
  jours après (le 5 novembre) se passait la bataille de Longpont, dont
  Froissart a parlé plus haut.

L’hiver s’approche; le comte se retire alors à Bruges[103] et envoie à
Audenarde tenir garnison les seigneurs d’Enghien et de Montigni, pour
inquiéter les Gantois.

  [103] Avant de retourner à Bruges, le comte signa la paix que
  demandaient les Gantois; lui-même «tot fessus malis et ære exhaustus,
  videns plus se damni quam lucri facere» (Meyer, fol. 176 vº), y
  consentit volontiers. Cette paix, signée «au camp devant Gand» le
  11 novembre 1380, jour de la Saint-Martin, prit le nom de paix
  Martinienne; elle est ignorée de certaines _Chroniques_, qui disent
  que «demoura la cose ainsy toute la saison _sans pais_, sans trieues
  et sans nul accord» (_Ist. et chr._, t. II, p. 193; cf. p. 238).
  Par cette paix, dit Wielant, dans ses _Antiquités de Flandres_ (Dom
  Smet, _Rec. des chr. de Fl._, t. IV, p. 307), «le comte pardonne tous
  meffaictz sans jamais rien pouoir demander; _item_, que tous ceulx
  qui sont banniz par ceuls de Gand demoureront banniz et obeyront au
  ban et que desormais l’on fera justice selonc les coustumes de la
  ville». De plus, toute personne qui violera cette paix sera punie
  comme si elle avait violé une réconciliation légale (Van Duyse et
  de Busscher, _Inventaire... des chartes... de Gand_, p. 158, et J.
  Vuylsteke, _Rekeningen der Stad Gent_, p. 448-450). A cette époque,
  le comte cherche aussi à s’assurer le concours de l’Angleterre, où il
  envoie des ambassadeurs, en décembre 1380 (_Rec. Off., Early Chanc.
  Rolls_ 325, m. 20). Le 20 février suivant, Jean Elyot est envoyé à
  Calais, porteur de lettres pour le comte, les échevins et bourgeois
  de Bruges, Ypres et Gand (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20).

En mars suivant, au printemps, le comte rassemble une nouvelle armée,
dont il fait chef le seigneur d’Enghien. Les contingents de Deynse et
d’Audenarde sont attaqués et maltraités par Rasse d’Herzeele et Jean de
Launoit, qui revenaient à Gand d’une expédition contre Deynse[104].

  [104] La paix ne dure guère. De nouvelles contestations s’élèvent
  entre les Gantois et les Brugeois, ces derniers voulant garder ce qui
  avait été pris par les autres durant les hostilités. Le 24 février
  1381, les Gantois renouvellent leur alliance avec Ypres et créent un
  tribun du peuple, Rasse Mulaert; par une nouvelle loi, ils décident
  que quiconque fera prisonnier un chevalier recevra deux livres; pour
  un écuyer le prix ne sera que d’une livre. Au commencement de mai,
  les Gantois prennent Termonde, Courtrai, Grammont, etc., sans pour
  cela que le calme règne dans la ville. Pendant une émeute, Simon Rym
  est tué (Meyer, fol. 176 vº-177 rº).

Le lendemain, les Gantois vont brûler les faubourgs de Courtrai et
rencontrent les troupes du comte à Nevele[105]. Rasse d’Herzeele et
Jean de Launoit s’apprêtent à livrer bataille, sans attendre Pierre du
Bois et Arnould de Clerk. P. 63 à 66, 316, 317.

  [105] Village près de Gand. La bataille eut lieu le lundi 13 mai
  1381, jour de la Saint-Servais. On trouve des comptes se rapportant
  aux expéditions de Courtrai (voy. la note précédente) et de Nevele
  dans le livre de M. J. Vuylsteke (_Rekeningen_, p. 220-223).

L’armée du comte est forte de 20,000 hommes, de 1,500 lances, tant
chevaliers qu’écuyers; ce sont: de Hainaut, le seigneur d’Enghien,
maréchal de l’armée, Michel de la Hamaide, le bâtard d’Enghien[106],
le seigneur de Montigni, Gille de Risoit, Hustin du Lai, le seigneur
de Lens et Jean de Berlaimont[107]; de Flandre, Jean et Gui[108]
de Ghistelles, le seigneur d’Escornai, le seigneur de Hulluc, le
seigneur et Daniel d’Halewin, le seigneur d’Estaimbourg, Thierri de
Dixmude[109], et d’autres, en y comptant le jeune sénéchal de Hainaut,
Jacques de Werchin, qui mourut à Obies. Le seigneur de Leeuwerghem[110]
porte la bannière du comte. Le choc a lieu, et mal fût avenu aux gens
du comte, si Pierre du Bois, qui était arrivé sur le lieu du combat,
eût pu secourir les siens; mais il en est empêché par un marais. P. 66
à 68, 317, 318.

  [106] _Jean_, bâtard d’Enghien, figure déjà en 1379 au siège
  d’Audenarde, pendant lequel il fut fait chevalier (_Ist. et chr._, t.
  II, p. 230).

  [107] Kervyn a consacré aux Berlaimont une assez longue notice (t.
  XX, p. 310-311) où ne figure pas celui dont il est ici question.

  [108] Sur Gui de Ghistelles, voy. t. IX, p. LXXXIV, note 4.

  [109] Thierri de Dixmude, chevalier, donne quittance le 1er mars 1376
  de ses gages et de ceux de deux chevaliers et neuf écuyers de sa
  compagnie, au service de Louis de Sancerre. On le retrouve en 1380
  figurant dans une revue à Hesdin, le 19 juillet, et à Corbeil, le
  1er septembre; il est sous les ordres du seigneur de Couci (_Bibl.
  nat., Clair._ vol. 40, nos 192, 193 et 195). En différend depuis
  quelque temps déjà avec les bourgeois de Valenciennes, au sujet de la
  mort de son écuyer tué dans cette ville, il soumet son cas au comte
  de Blois et au seigneur de Couci à la fin de 1382 (_Arch. du Nord_,
  série B, t. I, p. 184). Le 13 septembre 1386, nous le retrouvons au
  service du duc de Bourgogne, comte de Flandre, dans une montre passée
  à Thérouanne, où il figure avec huit chevaliers et soixante et un
  écuyers (_Bibl. nat., Clair._ vol. 40, nº 199).

  [110] Un _heer_ van Leewerghem paraît dans les comptes de la ville de
  Gand en 1380 (_Rekeningen_, p. 177).

Rasse d’Herzeele et Jean de Launoit, assaillis par une armée quadruple
de la leur, se replient en désordre sur la ville. Rasse d’Herzeele se
fait tuer en défendant l’église où Jean de Launoit[111] est brûlé vif
avec tous ceux qui s’y sont réfugiés. P. 68 à 70, 318, 319.

  [111] D’après Meyer (fol. 178 rº), Jean de Launoit ne meurt pas à
  Nevele, mais est banni après le combat.

Des 6,000 hommes de Jean de Launoit et de Rasse d’Herzeele, à peine
en survit-il 300[112]. Pierre du Bois, qui a assisté au combat, sans
pouvoir y prendre part, s’achemine vers Gand, où les fuyards ont déjà
annoncé la mauvaise nouvelle, se plaignant de l’inaction de Pierre du
Bois.

  [112] Les Gantois perdirent 6,000 hommes (_Ist. et chr._, t. II, p.
  174). Une quinzaine de jours après l’affaire de Nevele, le comte
  «envoya le baniere des Gantois, qui avoit esté gaingnie, à le
  comtesse d’Artois, se mere» (_Ist. et chr._, t. II, p. 199).

Aussi, quand ce dernier, bien que poursuivi par le seigneur d’Enghien,
arrive à Gand, est-il assez mal accueilli et a grand’peine à se
disculper. De là cette haine, dont Gilbert de Grutere et Simon Bette
sentirent bientôt les effets. P. 70 à 74, 319, 320.

Le comte retourne à Bruges et licencie son armée; il renvoie le
seigneur d’Enghien à Audenarde[113].

  [113] Le combat de Nevele fut suivi d’une accalmie qui ne se
  prolongea guère. Le comte de Hainaut s’interposa pour arriver à
  conclure la paix; mais les Gantois s’y refusaient (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 243), et le comte exigeait des conditions trop onéreuses
  (Meyer, fol. 178 rº).

Les Gantois, au nombre de 15,000, au moment de la fête de Bruges (mai
1381), vont brûler les faubourgs de Courtrai[114], que le comte se
contente de munir d’hommes d’armes.

  [114] Cette attaque des Gantois, qui doit être placée avant le combat
  de Nevele, eut lieu le 2 mai 1381. Quant aux événements qui suivent,
  relatifs à Audenarde et à Eenaeme, on a déjà vu qu’ils sont de
  beaucoup antérieurs. Voy. plus haut, p. XVI, note 102.

Sous les murs d’Audenarde, les attaques de Pierre du Bois et de ses
gens sont repoussées par les chevaliers.

Trois jours après, Arnould de Clerk et 1,200 _chaperons blancs_
viennent tenir garnison à Gavre, pour faire échec aux gens d’Audenarde;
ils en sortent bientôt pour surprendre une route conduite par le
seigneur d’Escornai, Blanchard de Calonne[115] et autres, leur font
perdre plus de 60 hommes et s’emparent de la ville et de l’abbaye
d’Eenaeme[116]; Pierre de Steenhuyse est tué. P. 74 à 77, 320, 321.

  [115] Nous retrouvons plus tard, après la campagne de Flandre de
  1383, ce _Blanchard_ de Calonne, chargé par le roi, ainsi que Jacques
  de Calonne, dit Riflart, «de pranre et recevoir les biens des Flamans
  et de ceux qui tenoient leur partie et aussi des Urbanistes» (_Arch.
  nat._, X1a 1472, fol. 62, X2a 10, fol. 163 et 11, fol. 49).

  [116] Belgique, prov. de Flandre orientale.

Le lendemain, les chevaliers d’Audenarde marchent sur Eenaeme,
surprennent les Gantois, les tuent presque tous, et, parmi eux, Arnould
de Clerk; ils retournent ensuite à Audenarde. Ces nouvelles comblent le
comte de joie. P. 77 à 79, 321, 322.

Désespérés de ces échecs, les Gantois songent à faire leur soumission,
mais ils n’osent, par crainte de Pierre du Bois et de ses partisans,
qui les imposent et les obligent à continuer la lutte, sous prétexte
de défendre leurs franchises. Les honnêtes gens sont ainsi victimes
de leur faiblesse, témoin Jean de la Faucille[117], qui, pour éviter
d’être compromis, s’exile, mais n’en est pas moins accusé par Simon
Rym[118], qui le tue en duel à Lille. P. 79 à 81, 322, 323.

  [117] Sur Jean de la Faucille, voy. t. IX, p. LXIV, note 1, et le
  _Cartulaire des comtes de Hainaut_, t. II, p. 311-331. Il était
  accusé par Simon Rym d’avoir été la cause de la mort de son oncle.
  Voy. plus haut, p. XVII, note 104.

  [118] Le Simon Rym qui paraît en 1360 comme caution d’un hôtelier (J.
  Huyttens, _Recherches sur les corporations gantoises_, p. 54) est
  sans doute l’oncle de celui-ci. Voy. la note précédente.

Voyant que les notables de Gand sont fatigués de la guerre, et que,
d’autre part, il ne peut traiter avec le comte sans risquer sa vie,
Pierre du Bois imagine de s’adjoindre un autre chef capable de
gouverner la ville de Gand avec lui[119]. Il propose à la nomination
des Gantois Philippe d’Artevelde, fils de Jacques d’Artevelde, si
populaire autrefois. P. 81 à 85, 323 à 325.

  [119] Après Nevele, Pierre du Bois et François Ackerman avaient été
  nommés capitaines de Gand (_Ist. et chr._, t. II, p. 243). Ce dernier
  fut même rewaert de Gand du 30 juillet au 6 août 1381 (_Rekeningen_,
  p. 202 et 211). Il eut pour successeur Gilles le Foulon jusqu’en
  janvier 1382.

Après bien des hésitations voulues, Philippe se rend aux instances de
Pierre du Bois, de Pierre de Wintere et de Sohier d’Herzeele[120]; il
accepte et fait donner au seigneur d’Herzeele, ruiné par la guerre, une
partie des revenus que le comte possédait dans la ville de Gand. P. 85,
86, 325.

  [120] C’est à tort que le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 172)
  prétend que Sohier d’Herzeele aida Philippe d’Artevelde seulement à
  partir du siège d’Audenarde, au courant de 1382.



CHAPITRE XIII.

  _1381, 14 mai._ TRAITÉ D’ALLIANCE ENTRE LE PORTUGAL ET
  L’ANGLETERRE.--HOSTILITÉS ENTRE LE PORTUGAL ET LA CASTILLE.--_10
  juin._ INSURRECTION EN ANGLETERRE; LES BANDES INSURGÉES MARCHENT
  SUR LONDRES.--_13 juin._ PILLAGE, MEURTRES ET INCENDIES DANS LA
  VILLE.--_15 juin._ MORT DE WAT TYLER.--_18 juin._ NOUVELLE TRÊVE
  CONCLUE AVEC L’ÉCOSSE PAR LE DUC DE LANCASTRE.--RÉPRESSION DE
  L’INSURRECTION DANS LES COMTÉS.--_Août._ ARRIVÉE DU COMTE DE
  CAMBRIDGE ET DE SON ARMÉE A LISBONNE (§§ 209 à 227).


La mort du roi Henri de Castille ne met pas fin à la guerre entre la
Castille et le Portugal. Aussitôt couronné, lui et sa femme[121],
Jean est attaqué par Ferdinand, qui soutient les droits au trône
de Castille de ses deux cousines, Constance et Isabelle, filles de
Pèdre le Cruel, et mariées, l’une au duc de Lancastre, l’autre au
comte de Cambridge. Le roi Jean se défend avec l’aide des chevaliers
français[122], qui sont venus se mettre à son service depuis l’entrée
des Anglais en Bretagne: le Bègue de Villaines, Pierre[123], son fils,
Jean de Berguettes, Guillaume de Nailhac[124], Gauthier de Passac[125],
Bertrand de Terride[126], Jean et Tristan de Roye, d’autres encore.
Le roi de Portugal songe alors à envoyer en ambassade en Angleterre
Jean-Fernandez[127], pour demander au duc de Lancastre de venir à son
secours avec une nombreuse armée. Jean-Fernandez s’embarque à Lisbonne
et arrive à Plymouth, alors que les troupes du comte de Buckingham,
venant de Bretagne, débarquaient en Angleterre après avoir essuyé une
violente tempête. Buckingham et l’ambassadeur de Portugal font route
ensemble jusqu’à Londres, où est le roi. P. 86 à 89, 326, 327.

  [121] Éléonore d’Aragon.

  [122] Depuis son avènement au trône de Castille (30 mai 1379), Jean
  était resté l’allié du roi de France, avec lequel il avait renouvelé
  les traités conclus par son père. Une première fois, en 1379, il
  envoie une flotte en aide à Charles V; une seconde fois, en 1380,
  ses vaisseaux entrent dans la Tamise. La guerre semble cependant
  suspendue pour quelque temps, et des fiançailles sont même décidées
  entre Henri, infant de Castille, et Béatrice de Portugal. Mais, tout
  à coup, le roi Jean, retenu à Salamanque par les obsèques de sa mère,
  morte le 27 mars 1381, apprend que le roi de Portugal s’apprête à
  une nouvelle lutte pour laquelle il attend d’Angleterre des troupes
  commandées par le comte de Cambridge. Jean renouvelle alors à
  Vincennes, le 22 avril 1381, par ses ambassadeurs Lopez de Ayala et
  Fernando Alfonso de Algana, les traités antérieurs conclus avec le
  roi de France (Rymer, t. VII, p. 285). Il décide de s’opposer tout
  d’abord à l’arrivée des renforts anglais, ce qu’il ne peut cependant
  faire, malgré la victoire navale que remporte son amiral, Fernao
  Sanchez de Toar, sur la flotte portugaise commandée par Juan Alfonso
  Tello, le 17 juillet 1381. Sur terre, les Portugais ne sont pas plus
  heureux: ils voient leurs villes ruinées par Fernando Osorez et leurs
  châteaux pris par le roi Jean lui-même, qui manque mourir sous les
  murs d’Almeida (Lopez de Ayala, _Cronicas_, t. II, p. 125-153; Duarte
  Nuñez, _Cronicas_, t. II, p. 308-317).

  [123] Pierre de Villaines figure en 1388 comme écuyer dans une montre
  de son père, le Bègue de Villaines, avant de partir pour l’expédition
  de Gueldre (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol. 3001); en 1386, il est
  envoyé par Charles VI au secours du roi de Castille (_Religieux de
  Saint-Denis_, t. I, p. 440).

  [124] Guillaume, seigneur de Naillac, du Blanc et de Châteaubrun,
  vicomte de Bridiers, conseiller et chambellan du roi et du duc de
  Berri, surnommé le Preux, paraît comme chevalier en 1376 (_Bibl.
  nat., Clair._ vol. 80, nº 153), prend part en 1382 à la campagne
  de Flandre (_Chr. du bon duc Loys_, p. 170), est créé sénéchal de
  Saintonge et gouverneur de la Rochelle le 16 avril 1383 (Guérin,
  _Arch. hist. du Poitou_, t. XXIV, p. 201, note 1), et nommé garde
  du château de Taillebourg en 1385 (_Chr. du bon duc Loys_, p. 140);
  le 5 février 1387, il s’engage avec Gauthier de Passac, moyennant
  100,000 fr., à mener en Castille 2,000 hommes d’armes contre le duc
  de Lancastre (Douët d’Arcq, _Choix de pièces inédites_, t. I, p.
  76-78); en mars 1396, il reçoit du duc de Bourgogne, à la maison
  duquel il appartenait aussi, une livrée pour assister à une réception
  d’ambassadeurs (E. Petit, _Itinéraires_, p. 552).

  [125] Gauthier de Passac, que nous trouvons chevalier bachelier
  en 1372 (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol. 2209), assiste, avec le
  duc de Bourbon, à la prise de Brive-la-Gaillarde en 1374 et de la
  Roche-Senadoire en 1375 (_Chr. du bon duc Loys_, p. 58 et 102); il
  est sénéchal de Limousin en 1376 (_Bibl. nat., Clair._ vol. 83, nº
  217) et conseiller du roi en 1381 (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol.
  2209); en 1382, il fait la campagne de Flandre, assiste à la bataille
  de Rosebecque (_Chr. du bon duc Loys_, p. 169 et 172), fait partie de
  l’armée de l’Écluse (p. 185) et part avec Guillaume de Naillac (voy.
  la note précédente) pour l’Espagne en 1387. Il était chambellan du
  roi (_Bibl. nat., Clair._ vol. 84, nº 3) et vivait encore en 1405
  (_Ibid._, nº 6).

  [126] Bertrand de Terride, fils de Bertrand de Terride, seigneur de
  Penneville et sénéchal de Bigorre (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol.
  2809), était chambellan du duc d’Orléans en 1403 et chambellan du roi
  en 1410 (_Bibl. nat., Ibid._).

  [127] Juan Fernandez d’Andeiro, qui devait jouer un peu plus tard un
  rôle considérable comme favori de la reine Éléonore, avait été exilé
  en Angleterre par suite du traité intervenu entre la Castille et le
  Portugal. Ayant reçu du roi les pouvoirs nécessaires pour traiter
  avec le Portugal (Rymer, t. VII, p. 253), il était revenu secrètement
  auprès de Ferdinand, qui s’engageait, le 15 juillet 1380, à payer
  un prix raisonnable pour trois mois les 1,000 hommes d’armes et les
  1,000 archers que lui amènerait le comte de Cambridge; il promettait
  de plus de marier sa fille Béatrice au fils du comte (Rymer, t.
  VII, p. 263), qui devait succéder à son beau-père sur le trône de
  Portugal. Le 14 mai 1381 a lieu à Westminster le renouvellement de
  l’alliance entre l’Angleterre et le Portugal (Rymer, t. VII, p. 307).

Jean-Fernandez est bien accueilli par le roi et ses oncles; il assiste
aux fêtes de Saint-Georges (23 avril) à Windsor, en même temps que
Robert de Namur, venu auprès du roi _relever_ ses fiefs anglais[128].
Le parlement s’assemble à Westminster et décide que le comte de
Cambridge ira en Portugal avec 500 lances et 500 archers, tandis que
le duc de Lancastre partira pour l’Écosse et tâchera d’obtenir pour
trois ans une prolongation de la trêve qui prend fin au 1er juin; cela
fait, il pourra, en août ou en septembre, aller retrouver en Portugal
son frère le comte de Cambridge[129]. Sa présence en Angleterre est, du
reste, rendue nécessaire par les négociations du mariage du roi avec la
sœur du roi des Romains[130]. P. 89 à 91, 327.

  [128] En 1346, lors du siège de Calais, Robert de Namur avait reçu
  du roi d’Angleterre «trois cens livres à l’estrelin, qui valent dix
  huit cent frans de Franche... Adonc fist hommaige le dit conte au roy
  d’Engleterre» (Froissart, t. IV, p. 260). Le 12 mai 1376, il reçut du
  roi, pour _hommage_, la confirmation d’une pension annuelle de 1,200
  florins (Rymer, t. VII, p. 102-103).

  [129] Le 6 septembre 1380, le duc de Lancastre avait déjà reçu un
  pouvoir général pour aller en Écosse réformer les attentats aux
  trêves antérieures (Rymer, t. VII, p. 268). Les attentats avaient
  été réparés le 1er novembre, les trêves confirmées le 1er décembre
  (_Ibid._, p. 276 et 278) et le comte de Northumberland avait reçu
  l’ordre de payer comme réparations au comte de Douglas la somme de 59
  livres, qui lui étaient remboursées le 8 février 1381 (_Rec. Off.,
  Close Rolls_ 227, m. 21).

  [130] Simon Burley s’était occupé, depuis le 18 juin 1379, avec
  Richard de Braybroke, des négociations de ce mariage (_Rec. Off.,
  Lord Treas. Rem., For. Rolls_, nº 2), pour lequel il fit de nombreux
  voyages. Nous l’avons vu, à la fin de juillet 1380, revenir
  d’Allemagne (t. IX, p. CI, note 7) avec les ambassadeurs de Wenceslas
  et traverser la France; il était accompagné de Robert de Braybroke,
  plus tard évêque de Londres (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 13).
  Un passage d’un ms. connu de Johnes seul nous apprend que l’envoyé
  de Wenceslas, qu’il nomme duc de Saxe, se rendait en Angleterre «to
  observe the State of England and to make inquiries concerning the
  dower, and how it was to be settled on the Queen» (_Chronicles_,
  translated... by Thomas Johnes, 1862, t. I, p. 622-624). Le duc
  de Tesschen repart bientôt pour l’Allemagne, accompagné, nous dit
  Froissart, de Pileo de Prata, archevêque de Ravenne; Simon Burley,
  qui a reçu ses pouvoirs le 26 décembre (Rymer, t. VII, p. 280),
  part avec lui, emmenant Adam Houghton, évêque de Saint-David. Le
  23 janvier 1381, Anne de Bohême nomme les trois plénipotentiaires
  chargés de négocier son mariage: Przenislas, duc de Tesschen, Conrad
  Kreyger et Pierre de Wartenberg (Rymer, t. VII, p. 282). L’acte par
  lequel le roi d’Angleterre s’engage à épouser Anne de Bohême et à
  verser à Wenceslas la somme de 80,000 florins, payables à Bruges, est
  signé à Nuremberg le 1er février 1381 (Rymer, t. VII, p. 290). Les
  plénipotentiaires repartent alors pour aller faire ratifier à Londres
  (2 mai 1381) (_Ibid._, p. 294) cet acte, dans lequel intervient le
  comte de Cambridge. Des pensions viagères sont accordées par le roi
  d’Angleterre aux ambassadeurs de Wenceslas (Rymer, t. VII, p. 288,
  et _Rec. Off., Patent Rolls_, nº 311, m. 17); et, vers le milieu de
  mai 1381, Simon Burley et les envoyés de Wenceslas retournent «versus
  partes Alemannie ad regem Romanorum» en compagnie de Walter Skirlawe
  (_Rec. Off., Lord Treas. Rem., For. Rolls_, nº 2), pour aller
  chercher la jeune reine, qui doit être conduite à Calais.

Le duc de Lancastre part; quinze jours plus tard, le comte de
Northumberland le suit, pour se rendre à son poste de gouverneur
du pays de Northumberland et de l’évêché de Durham, jusqu’à la
Severn[131]. De son côté, le comte de Cambridge fait à Plymouth[132]
tous ses préparatifs de départ pour le Portugal[133]. Il emmène
avec lui sa femme, la princesse Isabelle, et son fils Jean[134].
Les chevaliers qui doivent l’accompagner sont nombreux; ce sont
Matthieu de Gournai[135], connétable de l’armée, le Chanoine de
Robersart[136], Raimond de Castelnau[137], Guillaume de Beauchamp[138],
maréchal de l’armée, le syndic de Latrau[139], Jean de la Barthe,
Richard Talbot[140], Guillaume Elmham, Thomas Simond[141], Miles de
Windsor[142], Jean de Sandwich[143] et d’autres encore[144]; parmi
eux, Jean-Fernandez[145], le chevalier portugais. L’expédition compte
500 hommes d’armes et 500 archers[146]. Ils attendent plus de trois
semaines à Plymouth un vent favorable.

  [131] Fleuve qui, prenant sa source dans le nord du pays de Galles,
  se jette dans le canal de Bristol.

  [132] Froissart place à tort Plymouth dans le Berkshire, alors qu’il
  est dans le Devonshire. De Dartmouth devaient aussi partir un certain
  nombre de bateaux (_Rec. Off., Issue Rolls_ 303, m. 12).

  [133] Depuis la fin de décembre 1380, grâce aux soins de Thomas
  Seyville, Walter Leicester, Thomas Credy et Will. Lokyngton, de
  nombreux bateaux avaient été retenus pour le passage des troupes en
  Portugal (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 13; 303, m. 1; _Early
  Chanc. Rolls_ 325, m. 16; _Queen’s Rem., Misc., Nuncii_ 632/12).
  Jean Cokefeld, dès le 6 avril 1381, avait été chargé de préparer, à
  Plymouth et à Dartmouth, les logements de l’armée (_Rec. Off., Issue
  Rolls_ 302, m. 25; _Early Chanc._ Rolls 325, m. 12); Robert Crull et
  Will. Lokyngton étaient préposés au paiement des gages (_Ibid., Issue
  Rolls_ 303, m. 4, et _Accounts Queen’s Rem._ 39/17).

  [134] Le comte de Cambridge emmenait avec lui, outre 4 chevaliers
  bannerets et 16 bacheliers, 500 hommes d’armes et 500 archers (_Rec.
  Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24). S’étant endetté pour faire
  ses préparatifs, il obtenait, le 4 mai, que ses pensions, en cas de
  décès, fussent payées pendant un an à ses héritiers (_Ibid._, 303,
  m. 2); le 10, il chargeait de le représenter, pendant son absence,
  son frère le duc de Lancastre et le comte Richard d’Arundell (_Early
  Chanc._ Rolls 325, m. 7).

  [135] Matthieu de Gournai commandait à 250 hommes d’armes et à 250
  archers (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24). Le 1er mars
  1381, il recevait son sauf-conduit (_Early Chanc._ Rolls 325, m. 13);
  ses compagnons le 4. Le 8 mai, il obtenait la remise d’un procès
  (_Privy Seals_ 470, nº 1770) et, le 9, la confirmation du don de
  Tortas (_Ibid._, nº 1794).

  [136] Thierri, dit le Chanoine de Robersart, était à la tête de 100
  hommes d’armes et de 100 archers (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20
  et 24).

  [137] Il s’agit bien ici de Raimond et non de Jean de Castelnau,
  comme l’indiquent certains mss., ce personnage étant désigné dans la
  suite par le titre de _seigneur_ de Castelnau, qui convient seul à
  Raimond, l’aîné.

  [138] Guillaume de Beauchamp, dernier fils du comte de Warwick,
  recevait une pension de 200 marcs les 3 décembre 1380 et 20 février
  1381 (_Rec. Off., Privy Seals_ 467, nº 1485, et 469, nº 1606); il
  emmenait en Portugal 250 hommes d’armes et 250 archers (_Ibid., Issue
  Rolls_ 302, m. 20 et 24).

  [139] Le syndic de Latrau commandait à 100 hommes d’armes et à 100
  archers (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24). Le 4 mai 1381,
  on lui faisait une avance de 200 livres sur sa solde (_Ibid._, 303,
  m. 2); le 18 mai, le roi d’Angleterre lui confirmait une rente de
  200 écus à Bordeaux, dont il donnait quittance le 23 (_Ibid., Privy
  Seals_ 470, nº 1794, et _Close Rolls_, 227, m. 6 vº).

  [140] Richard Talbot, qui était allé en France en 1359 (Rymer, t. VI,
  p. 137) et avait accompagné en Italie Lionnel, duc de Clarence, lors
  de son mariage avec Yolande Visconti (_Ibid._, p. 587), participe, en
  1385, aux expéditions de Portugal et d’Écosse (_Ibid._, t. VII, p.
  454 et 475).

  [141] Thomas Simond avait avec lui 20 hommes d’armes et 20 archers
  (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24). Il fit plus tard, en
  1386, partie de l’expédition de Castille (Rymer, t. VII, p. 491).

  [142] Miles de Windsor, fils de Guillaume de Windsor, devait, en
  1386, suivre le duc de Lancastre en Castille (Kervyn, t. XI, p. 455).

  [143] Peut-être faut-il lire ici, comme plus loin (p. 159), Jean de
  Cavendisch.

  [144] Aux noms donnés par Froissart, il faut ajouter les suivants:
  l’évêque de Dax (Jean Guitier), avec 70 hommes d’armes et 70 archers,
  Thomas Fichet, avec 40 hommes d’armes et 40 archers, et les barons
  espagnols Fernand Rodrigues et Jean Alphonse, avec 50 hommes d’armes
  et 50 archers (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24, et _Early
  Chanc. Rolls_ 325, m. 12).

  [145] Jean-Fernandez avait avec lui 120 hommes d’armes et 120 archers
  (_Rec. Off., Issue Rolls_ 302, m. 20 et 24).

  [146] Ce chiffre est tout à fait au-dessous de la réalité et ne doit
  s’appliquer qu’aux troupes que le comte de Cambridge commandait
  personnellement. L’expédition comptait 1,500 hommes d’armes et 1,500
  archers, réduits, au moment du départ, à 1,379 hommes d’armes et
  1,483 archers, sans compter les chefs, 4 chevaliers bannerets et 37
  bacheliers (_Rec. Off., Accounts Queen’s Rem._ 39/17).

Pendant ce temps, le duc de Lancastre arrive à Berwick[147], obtient un
sauf-conduit du roi Robert et s’achemine par Roxburgh vers l’abbaye de
Melrose, où il attend que les Écossais soient réunis au Lammerlaw, pour
entamer les négociations, qui durent plus de quinze jours. P. 91 à 94,
327, 328.

  [147] Les nouveaux pouvoirs du duc de Lancastre, pour réformer les
  attentats commis contre les trêves d’Écosse, datent du 1er mai 1381
  (Rymer, t. VII, p. 288). Parmi les chevaliers qu’il emmenait figure
  Robert Rous, ancien capitaine de Cherbourg, aux gages d’une livre
  par jour (_Rec. Off., Lord Treas. Rem., For. Rolls_, nº 2); avec lui
  étaient aussi l’évêque de Hereford, Jean Gilbert, et maître Jean
  Waltham (_Ibid., Warr. for issues_, bundle 5).

Une révolution éclate en Angleterre, qui met le royaume bien près de sa
perte. Les serfs des comtés de Kent, d’Essex, de Sussex et de Bedford
se soulèvent et prétendent être payés de leur travail[148].

  [148] La cause déterminante de l’insurrection fut la perception de
  l’impôt personnel, qui, fixé à 4 deniers par personne en 1380 et
  modifié en 1381, n’avait pas donné ce qu’on espérait. Jean Leg,
  chargé de la perception, avait exaspéré par ses abus les populations
  déjà épuisées par les impositions des années précédentes (Knyghton,
  dans _Hist. angl. script. ant._, t. II, col. 2632-33).

Ils sont poussés à cet esprit de révolte par un prêtre de Kent, Jean
Ball[149], puni, à plusieurs reprises, par l’archevêque de Cantorbéry,
qui prêche l’égalité de tous les hommes[150], excite le peuple à la
haine des riches et des nobles et engage ses auditeurs à aller à
Londres demander justice au roi. Les habitants de Londres murmurent de
leur côté et appellent à eux les gens des provinces. P. 94 à 97, 328,
329.

  [149] Déjà soumis à la justice ecclésiastique à la fin du règne
  d’Édouard III, Jean Ball, chanoine excommunié, fut poursuivi de
  nouveau en décembre 1380 par l’archevêque de Cantorbéry (_Ordonn.
  royale_, citée par Kervyn, t. IX, p. 561), qui dirigea contre lui
  un mandement, à la date du 26 avril 1381. Jean Ball était en prison
  à Maidstone, quand il fut délivré par les bandes de Wat Tyler
  (Knyghton, col. 2634), sans doute le 11 juin 1381, comme il le
  prédisait lui-même (Walsingham, t. II, p. 32).

  [150] Partisan des doctrines de Wiclef, Jean Ball prêchait contre la
  dîme: personne, selon lui, ne pouvait espérer gagner le ciel s’il
  était né hors mariage (Walsingham, t. II, 32).

Cet appel est entendu; les gens de Kent, d’Essex, de Sussex, de Bedford
et des pays environnants, au nombre de 60,000, se dirigent sur Londres.
Ils ont pour chefs Jean Ball, Jack Straw[151] et Wat Tyler[152], un
couvreur en tuiles, le plus populaire des trois. A leur approche, les
habitants de Londres, sauf ceux qui partagent ces idées, ont peur
et songent à fermer leurs portes; mais, craignant l’incendie des
faubourgs, ils laissent pénétrer dans leur ville ces bandes de paysans,
qui, venues parfois de cent lieues, ne savent guère ce qu’ils
veulent et ne demandent qu’à voir le roi. Effrayés, les nobles
s’apprêtent à la lutte.

  [151] Jack Straw, qui était à la tête des insurgés de l’Essex, a été
  confondu par plusieurs historiens, entre autres par Knyghton (col.
  2636), avec Wat Tyler; mais un acte de Rymer (t. VII, p. 311) les
  distingue positivement.

  [152] Les historiens ne sont pas d’accord sur l’origine de Wat Tyler,
  les uns le faisant venir d’Essex, les autres de Kent: en réalité, il
  y eut, parmi les insurgés, deux personnages de ce nom (voy. Bémont,
  dans _Histoire générale_ de MM. Lavisse et Rambaud, t. III, p.
  388, note 1). Un Wat Tyler est signalé comme «manens in Ketleston,
  from which we may perhaps infer that he was not a resident in the
  district» (Powell, _The Rising in East Anglia in 1381_, p. 34-35).

Le jour de leur arrivée à Londres, les gens de Kent rencontrent en
chemin la mère du roi[153], qui revenait de Cantorbéry. Molestée par
eux, elle se hâte de se rendre auprès de son fils. Elle le trouve
entouré de son conseil, du comte de Salisbury, de l’archevêque de
Cantorbéry[154], de Robert de Namur, de Jean de Gommegnies et d’autres
qui, depuis longtemps déjà, avaient connaissance de ce mouvement
populaire et auraient dû y pourvoir[155]. P. 97 à 99, 329 à 331.

  [153] Jeanne de Kent, princesse de Galles, malgré un premier mariage
  contracté avec Thomas Holand, avait été forcée, pendant l’absence
  de son mari, à épouser le comte de Salisbury. Ce second mariage fut
  déclaré nul par le pape. Veuve de Thomas Holand, en décembre 1381,
  elle avait été recherchée et épousée par le prince de Galles, père de
  Richard II.

  [154] Simond de Sudbury, archevêque de Cantorbéry depuis le mois de
  mai 1375.

  [155] C’est à tort que Froissart reproche au roi de ne pas avoir pris
  de précautions contre l’émeute menaçante. Les mesures prises à cet
  égard furent même en partie causes de l’échec du comte de Buckingham
  en Bretagne, car les renforts qu’il attendait durent rester en
  Angleterre et furent rappelés à Londres dès le commencement des
  troubles. C’est ainsi que Thomas Felton et autres chevaliers, engagés
  dès le 1er mars 1381, retournent auprès du roi (_Rec. Off., Lord
  Treas. Rem., For. Acc._ 5, m. 11 rº et 20 vº; _Issue Rolls, 4 Rich._
  II, m. 20).

C’est le lundi 10 juin 1381 que les bandes commandées par Jean Ball,
Wat Tyler et Jack Straw entrent à Cantorbéry et envoient des émissaires
dans les autres comtés pour leur donner rendez-vous le jour de la
Fête-Dieu (13 juin) ou le lendemain, sous les murs de Londres; elles
pillent les abbayes de Saint-Thomas et de Saint-Vincent[156], et, le
lendemain, prennent le chemin de Rochester, abattant les maisons des
gens de loi et entraînant à leur suite les habitants des villages.

  [156] Kervyn (t. XXIV, p. 164) estime que Froissart, ici comme
  ailleurs, désigne ainsi à tort l’abbaye de Saint-Augustin.

Arrivés à Rochester, les insurgés, bien accueillis par la population,
s’emparent de Jean Newton[157], capitaine de la ville, et l’emmènent
avec eux sous menace de mort.

  [157] Walsingham (t. II, p. 464) fait jouer à Jean Newton un certain
  rôle le jour de la mort de Wat Tyler. Insulté et menacé par le chef
  des insurgés, il va être frappé, quand s’interpose le maire de
  Londres, Guillaume Walworth.

Dans toutes les autres parties de l’Angleterre, jusqu’à Lynn[158]
et à Yarmouth[159], les mêmes violences se produisent, et des
chevaliers tels que Thomas de Morley[160], Étienne de Hales[161] et
Étienne de Cosyngton sont contraints de marcher avec les révoltés. P.
100 à 102, 331, 332.

  [158] King’s Lynn, port du Norfolkshire sur la mer du Nord.

  [159] Port du Norfolkshire sur la mer du Nord.--D’après une note
  communiquée par notre confrère Petit-Dutaillis, note qu’il a bien
  voulu extraire pour nous de la thèse manuscrite du regretté André
  Réville, qu’il doit bientôt publier, _sur le soulèvement des paysans
  d’Angleterre... dans les comtés de Hertford, Suffolk et Norfolk en
  1381_, la révolte s’étendit plus au nord encore que la ligne de
  démarcation que lui assigne Froissart. Les positions de la thèse
  d’André Réville ont été publiées en 1390 (_Positions des thèses
  soutenues par les élèves de la promotion de 1890, pour obtenir le
  diplôme d’archiviste-paléographe_, p. 139-148).

  [160] Ce chevalier, que Walsingham nomme _Guillaume_ de Morlee, fut
  envoyé avec Jean Brewes à Londres, par les insurgés de Norfolk, pour
  demander au roi les lettres d’affranchissement (t. II, p. 6). En
  1405, il fait partie d’une expédition contre la France (Rymer, t.
  VIII, p. 403); en 1406, il intervient dans l’acte par lequel le roi
  règle sa succession (_Ibid._, p. 463).

  [161] Ce personnage figure aussi dans Walsingham (t. II, p. 5) parmi
  les chevaliers «qui eos sequi compulsi sunt,» à côté de Jean Brewes
  et Robert de Salle. Le fait ne semble pas prouvé pour ce dernier
  (Powell, _The Rising in East Anglia in 1381_, p. 31).

Les insurgés partent de Rochester et s’acheminent vers Londres;
ils passent la rivière à Brentford[162], puis s’établissent sur la
montagne de Blackheath[163], à quatre lieues de Londres. Le maire,
Jean Walworth[164], et les notables font fermer et garder la porte du
pont de la Tamise. Plus de 30,000 habitants partagent les idées des
émeutiers.

  [162] Froissart a évidemment confondu ici Brentford sur la Tamise
  avec Dartford sur la Darent, où la tradition place la première
  explosion de colère des paysans à propos des vexations des
  collecteurs de la _poll-tax_. Pour aller de Rochester à Blackheath,
  on passe en effet par Dartford et non par Brentford.

  [163] Ce nom est porté aujourd’hui par une petite localité des
  environs de Greenwich, dont le parc est encore borné de bruyères au
  sud et au sud-est.

  [164] Le prénom du maire de Londres était _Guillaume_ et non pas
  Jean, comme en témoignent les documents officiels du _Record
  Office_ (_Patent Rolls_ 311, nos 4 vº et 5) et un procès-verbal des
  _Guildhall Records_ (_Letter Book_ H, fol. 133).

Ces derniers députent Jean Newton vers le roi, pour lui demander de
venir les trouver et pour se plaindre du mauvais gouvernement du
royaume. Le roi leur promet de venir les voir le lendemain jeudi 13
juin. P. 102 à 104, 332, 333.

Le comte de Buckingham ne quitte pas, durant tout ce temps, le pays
de Galles, où sa femme[165], fille du comte de Northampton, possède
des terres[166]. Le bruit court cependant à Londres qu’il accompagne
les émeutiers, et cela à cause d’un certain Thomas, de Kent, qui lui
ressemble.

  [165] Éléonore de Bohun, fille du comte de Hereford et Northampton,
  avait épousé Buckingham en 1374.

  [166] A son retour de Bretagne, le comte de Buckingham avait appris
  le mariage de son neveu Henri de Lancastre avec sa belle-sœur, Marie
  de Bohun, qu’il espérait voir entrer en religion, pour être maître de
  toute la fortune revenant à sa femme. Il en fut fort mécontent «and
  never after loved the ducke of Lancaster as he had hitherto done».
  C’est ainsi que Johnes s’exprime dans un passage qu’il est seul à
  reproduire (t. I, p. 623-624). Dans ce passage, Froissart donne aux
  deux sœurs, filles du comte de Northampton, les noms fautifs de
  Blanche et d’Isabelle, au lieu d’Éléonore et de Marie.

Le comte de Cambridge et ses barons, craignant de voir arrêter leur
expédition par cette révolution, mettent à la voile malgré le vent et
sont obligés de jeter l’ancre devant Plymouth.

Le duc de Lancastre, malgré les craintes qu’il ressent pour lui-même
du mauvais état des choses, car il se sait peu aimé, n’en continue pas
moins à traiter avec les barons écossais, les comtes de Douglas, de
Moray, de Sutherland, Thomas d’Erskine[167] et autres, qui se montrent
d’autant plus difficiles qu’ils sont au courant de ce qui se passe. P.
104 à 106, 333.

  [167] Thomas d’Erskine, que nous voyons en 1357 prisonnier des
  Anglais (Rymer, t. VI, p. 35), intervient au traité de la rançon du
  roi David, le 3 octobre 1357 (_Ibid._, p. 48). Il va en Angleterre en
  1366 et 1367 (_Ibid._, p. 534 et 576) avec 12 chevaliers et a un duel
  retentissant avec Jean de Douglas en 1367 (_Ibid._, p. 582, 583);
  en 1369, il se rend en France et en Angleterre (_Ibid._, p. 614) et
  intervient aux trêves qui sont signées pour quatorze ans (_Ibid._, p.
  632). Nous le retrouvons ici négociant de nouvelles trêves, de même
  qu’en 1384 et 1390 (Rymer, t. VII, p. 434 et 683).

Le jour de la Fête-Dieu arrive (13 juin); le roi entend la messe et,
accompagné des comtes de Salisbury, de Warwick, d’Oxford et de quelques
chevaliers, il se dirige en bateau vers la rive droite du fleuve,
du côté de son château de Rotherhithe[168]. Plus de 10,000 hommes
l’accueillent par des cris; très effrayé, il n’aborde pas, et rentre au
château de Londres.

  [168] Cette ancienne résidence royale a donné son nom à un quartier
  du Londres actuel.

Furieux de leur déconvenue, les émeutiers envahissent les faubourgs de
Londres, saccagent les maisons des gens d’église et de cour, abattent
la prison des Maréchaussées[169], délivrent les prisonniers et se
présentent aux portes de la ville.

  [169] La prison de Marshalsea, qui est démolie aujourd’hui, était
  située dans le quartier de Southwark, près de l’emplacement où fut
  bâtie au XVIe siècle l’église actuelle de Saint-George. Elle existait
  encore en 1826; Dickens y a placé le lieu d’action de son roman
  _Little Dorrit_.

Le peuple leur ouvre les portes[170]; et ces gens affamés se jettent
sans mesure sur les vivres et sur les boissons qu’on leur donne pour
les apaiser.

  [170] Les insurgés entrèrent du côté d’Aldgate et de Southwark
  (_Guildhall Records, Letter Book_ H, fol. 133).

Jean Ball, Jack Straw et Wat Tyler, avec une troupe de plus de 30,000
compagnons, brûlent l’hôtel de Savoie[171], propriété du duc de
Lancastre, la maison des Hospitaliers connue sous le nom de Saint-Jean
de Clerkenwell[172]; puis parcourent les rues, tuent les Flamands[173]
qu’ils aperçoivent, forcent et pillent les habitations des Lombards;
enfin, rencontrant un riche homme, Richard Lyons[174], qui avait
autrefois, pendant les guerres de France, battu Wat Tyler, son valet
alors, ils lui coupent la tête, qu’ils promènent en trophée par toute
la ville. P. 106 à 108, 333, 334.

  [171] L’hôtel de Savoie, construit au milieu du XIIIe siècle, sous le
  règne de Henri III, par Pierre de Savoie, oncle de la reine, était
  bientôt devenu la propriété de la maison de Lancastre. Longtemps
  après l’incendie de 1381 (1505-1511), on bâtit sur son emplacement la
  Savoy-Chapel, restaurée en 1864.

  [172] Ce quartier de Londres possède encore la crypte de l’église
  Saint-John. D’après Walsingham (t. I, p. 457) l’incendie dura sept
  jours.

  [173] Cette haine du peuple anglais pour les étrangers, et surtout
  pour les Flamands, a été tout particulièrement signalée par A.
  Réville (_Positions... de la promotion de 1890_, p. 144, 145 et 146).
  Les Flamands, massacrés le vendredi 14 _et non le jeudi_, étaient au
  nombre de 40 (_Guildhall Records, Letter Book_ H, fol. 133).

  [174] Impliqué en 1376, en même temps que Latymer, dans une affaire
  de concussion, Richard Lyons, après avoir vainement essayé de se
  faire bienvenir du prince de Galles en lui envoyant un baril plein
  d’or, avait été condamné à la prison perpétuelle, en la Tour de
  Londres, «pur certaines mesprisons par lui faitz dont il est convict»
  (Rymer, t. VII, p. 113-114), puis gracié (Knyghton, col. 2636; cf.
  aussi un passage d’une chronique anonyme publié par Kervyn, t. VIII,
  p. 469). C’est sans doute en suivant Latymer en France, lors de
  l’expédition de Buckingham (1380-1381), qu’il avait eu pour valet un
  Wat Tyler. Richard Lyons fut décapité le jour suivant, vendredi 14.
  Son château d’Overhall avait été détruit par les insurgés de Suffolk
  (Powell, _The Rising in East Anglia in 1381_, p. 10).

Le soir, les insurgés campent sur la place Sainte-Catherine[175],
devant la Tour et le château de Londres; ils veulent, disent-ils, que
le roi écoute leurs doléances et que le chancelier rende compte de tout
l’argent qui, depuis cinq ans, a été levé dans le pays.

  [175] En aval de la Tour de Londres; le nom est resté aux Saint
  Katherine’s Docks.

Le roi et son conseil, se tenant dans la Tour de Londres, sont prêts
à écouter l’avis de Walworth, qui veut à minuit tomber sur tout ce
monde et le massacrer. Robert Knolles a plus de 120 compagnons sous ses
ordres; de même Perducat d’Albret. Avec ses chevaliers, les notables
de la ville et leurs valets, le roi peut opposer au moins 7 ou 8,000
hommes aux 60,000 émeutiers. Mais le peuple de Londres n’est pas sûr;
mieux vaut, comme le conseillent le comte de Salisbury et d’autres,
accorder ce que demandent ces gens. On n’attaque donc point. P. 108 à
110, 334, 335.

Le vendredi matin, le peuple demande à parler au roi; il menace
d’assiéger le château. Le roi leur fait dire par le maire d’aller hors
de Londres, à Mile-End[176], où il ira les trouver et leur accordera ce
qu’ils réclament.

  [176] Ce nom, donné alors à une grande plaine, a été conservé à une
  rue située à l’extrémité est de Londres.

Les émeutiers quittent donc peu à peu la ville, mais non pas tous.
Aussitôt que le roi, ses deux frères et les barons de sa suite sont
sortis, 400 bandits, conduits par Jean Ball, Jack Straw et Wat Tyler,
pénètrent dans les chambres du château[177] et massacrent l’archevêque
de Cantorbéry, Simond de Sudbury, chancelier d’Angleterre; de même sont
tués le grand prieur des Hospitaliers[178], un frère mineur, médecin du
duc de Lancastre[179], et Jean Leg[180], sergent d’armes du roi; les
quatre têtes sont placées sur le pont de Londres[181].

  [177] Walsingham dit que le roi avait permis aux insurgés d’entrer
  dans la Tour (t. I, p. 458).

  [178] Robert de Hales, trésorier du roi, dont le palais de Hybery,
  situé à deux lieues de Londres, fut détruit complètement (Knyghton,
  col. 2636).

  [179] Ce frère mineur se nommait Guillaume Appelton (_Guildhall
  Records, Letter Book_ H, fol. 133).

  [180] Jean Leg, chargé, en 1380, de lever l’impôt de la _poll-tax_,
  était, en 1370, sergent d’armes du roi; il avait dû, à cette époque,
  s’occuper de rassembler des bateaux pour l’expédition de Robert
  Knolles en France (Rymer, t. VI, p. 659). En 1373, on lui avait
  confié la garde des deux fils de Charles de Blois (_Ibid._, t. VII,
  p. 26).

  [181] A ces noms, il faut ajouter un certain Richard Somenour, qui,
  avec les autres, fut décapité sur le Tower hill, où avaient lieu les
  exécutions pour crime de haute trahison (_Guildhall Records, Letter
  Book_ H, fol. 133).

Les misérables entrent aussi dans la chambre de la mère du roi, dont
ils mettent le lit en pièces; la malheureuse femme, à demi morte de
peur, est transportée en bateau à la Tour royale, à la Garde-robe de la
reine[182], où elle reste toute la journée et la nuit suivante[183]. P.
110 à 112, 335, 336.

  [182] La Tour royale, où était la Garde-robe de la reine, était
  située sur la rive gauche de la Tamise, non loin du pont actuel des
  Blackfriars.

  [183] Le procès-verbal des _Guildhall Records_, qui semble ici
  incomplet intentionnellement (il ne parle pas des chartes octroyées
  par le roi à Mile-End), reste muet aussi sur les outrages faits à la
  reine mère, qui se serait rendue de la Tour à la Garde-robe non pas
  en bateau, mais en suivant le roi en char.

Le roi s’avance avec une faible escorte sur la place de Mile-End, où
l’abandonnent ses deux frères et Jean de Gommegnies. Il s’adresse alors
au peuple, et, après des pourparlers, il promet l’abolition du servage;
chaque village aura sa charte d’affranchissement et sa bannière; tout
est pardonné. L’apaisement se fait, les insurgés rentrent à Londres,
et, à mesure que sont écrites les chartes[184], ils les emportent et
rentrent dans leurs pays. Tous cependant ne partent pas; près de 30,000
restent à Londres avec Wat Tyler, Jack Straw et Jean Ball, attendant
une occasion de pillage[185].

  [184] Ces lettres, dont la teneur est donnée par Walsingham (t. I, p.
  467), sont datées du 15 juin: non seulement elles affranchissent les
  serfs, mais encore leur pardonnent tous leurs crimes et délits.

  [185] Sous le prétexte de discuter les termes des chartes
  d’affranchissement (Walsingham, t. I, p. 463).

Le roi, voyant la rébellion un moment apaisée, se rend à la Tour royale
pour rassurer sa mère: il y passe la nuit du vendredi. P. 112 à 114,
336.

Les mêmes scènes de désordre se présentent ailleurs, à Norwich[186],
entre autres, où les bandes de Lynn, de Cambridge et de Yarmouth,
conduites par Guillaume Lister[187], ne pouvant persuader au capitaine
de la ville, Robert Sall[188], de venir avec elles, le tuent lâchement,
le jour même de la Fête-Dieu, alors qu’à Londres on brûle l’hôtel de
Savoie et qu’on brise les portes de la prison de Newgate[189]. P. 114 à
116, 336, 337.

  [186] D’après A. Réville, c’est le 17 juin que la bande de _Geoffrey_
  Listere, «recrutée dans la région de Holt et de North Walsham,»
  marcha sur Norwich (_Positions de thèses..._, p. 145). Au dire de
  Walsingham (t. II, p. 5), le nombre des chevaliers entraînés par les
  insurgés fut considérable en Norfolk.

  [187] _Geoffroy_ Listere, un teinturier de Norwich, qui «apud North
  Walsham et nomen et potestatem regiam exercebat» (_Chr. a monacho
  Sancti Albani_, p. 310), était réellement de Felmingham (Powell, _The
  Rising in East Anglia in 1381_, p. 27).

  [188] C’est en refusant de suivre les insurgés que Robert Sall fut
  tué (_Chr. a monacho Sancti Albani_, p. 305). Frappé tout d’abord
  par Henry Rise, il fut achevé par Adam Blak, William Broom, etc.
  (_Communication de M. Petit-Dutaillis, d’après les papiers d’André
  Réville_). Les rôles municipaux de Norwich consultés par A. Réville
  ne disent nullement que Robert Sall fût _capitaine_ de la ville. Fait
  chevalier par Édouard III, Robert Sall représentait au Parlement le
  comté de Norfolk (Powell, _The Rising in East Anglia in 1381_, p.
  29).

  [189] La principale prison de Londres porte encore aujourd’hui ce
  nom.

Le samedi matin, 15 juin, le roi quitte la Tour royale, va à
Westminster faire ses dévotions, mais n’ose entrer à Londres; arrivé
près de l’abbaye de Saint-Barthélemi[190], il tombe, à Smithfield[191],
au milieu des partisans de Wat Tyler, qui, au nombre de 20,000, munis
de leurs nouvelles bannières, s’apprêtent à piller la ville, avant que
les autres bandes, conduites par Guillaume Lister et Thomas Baker[192],
ne soient arrivées des autres comtés.

  [190] Il ne reste aujourd’hui du prieuré de Saint-Barthélemi que
  l’église, bien modifiée au XVIe siècle.

  [191] Sur la place de Smithfield se donnaient autrefois les tournois
  et se tenait la foire de Saint-Barthélemi; on y faisait aussi les
  exécutions capitales.

  [192] Ce Thomas Baker n’est autre sans doute que Roger Bacon,
  lieutenant de G. Listere, qui «déchire la charte des privilèges
  de Yarmouth, vide la prison, massacre trois prisonniers, pille
  les collecteurs des coutumes royales» (A. Réville, _Positions des
  thèses... de 1890_, p. 145). Ce Bacon était chevalier (Powell, _The
  Rising in East Anglia in 1381_, p. 26).

Wat Tyler s’avance au-devant du roi, se prend de querelle avec un
des écuyers et est frappé par le maire de Londres, Jean Walworth: un
écuyer, Jean Standish[193], descend de cheval et l’achève. La foule se
montre hostile et va faire un mauvais parti au roi, quand des renforts
lui arrivent, 7 à 8,000 hommes, amenés par Robert Knolles, Perducat
d’Albret, les neuf échevins fidèles et Nicolas Brembre. Fort de cet
appui, le roi crée trois nouveaux chevaliers[194]: Jean Walworth, Jean
Standish et Nicolas Brembre[195], et fait redemander aux insurgés, par
ces trois chevaliers, les bannières qui leur avaient été distribuées.
Les bannières sont rendues, déchirées sur place, et la foule rentre
sans résistance dans Londres, au grand déplaisir de Robert Knolles,
qui eût voulu tuer tout ce monde[196]. Le roi rentre à la Tour royale
pour revoir sa mère. Défense est faite à quiconque n’est pas natif de
Londres ou n’y demeure pas depuis un an d’y séjourner plus tard que le
dimanche suivant, sous peine de mort. Chacun s’en retourne donc dans
son pays[197]. Jean Ball[198] et Jack Straw[199], découverts dans leur
cachette, sont décapités, ainsi que Wat Tyler[200]. Ces exécutions
arrêtent la marche des bandes qui, appelées par les gens du Kent, se
disposaient à venir à Londres. P. 116 à 124, 337 à 340.

  [193] Ce jeune écuyer du roi ne peut sans doute pas être le même que
  le Jean Standisch, qui était chargé, en 1346, de conduire à la Tour
  de Londres un prisonnier écossais (Rymer, t. V, p. 534), d’autant que
  son vrai prénom est _Raoul_ et non _Jean_ (voy. la note suivante).

  [194] Les noms ne sont pas les mêmes dans le procès-verbal, où il
  est dit que le roi «dictum majorem et dominum Nicholaum Brembre et
  dominum Johannem Phelipot, pridem majores dictæ civitatis, dominum
  Robertum Launde ordine militari suis propriis manibus decoravit»
  (_Guildhall Records, Letter Book_ H, fol. 133). On lit dans Knyghton
  (col. 2637): «Tunc rex dicto Johanni de Walworth et Radulpho de
  Standiche vicem rependens, ipsos cum aliis .IIII. burgensibus de
  civitate militari cingulo sublimavit, scilicet dominos Johannem
  Philipote, Nicholaum de Brembre, et Johannem Lande, Nicholaum
  Twyford.»

  [195] Nous voyons Nicolas Brembre prêter de l’argent au roi «in
  magnis et urgentibus necessitatibus,» probablement en 1381 (Rymer, t.
  VII, p. 459); il est membre du conseil du roi en 1388 (_Ibid._, p.
  566).

  [196] Dans la compagnie du roi se trouvait encore un jeune chevalier
  de Hainaut, compagnon de Robert de Namur, Henri de Sansselles, que
  Johnes cite dans une addition à notre texte (t. I, p. 663, en note).
  Froissart l’a nommé plus haut p. 103.

  [197] Le roi, qui avait, le jour même du 15 juin, ajourné le
  Parlement (Rymer, t. VII, p. 311), donne la garde de la cité de
  Londres à Guill. Walworth, le maire, Robert Knolles, Jean Philipot,
  Nicolas Brembre et Robert Launde (_Rec. Off., Patent Rolls_ 311, m.
  5), auxquels il adjoint, le 20 juin, Robert Bealknapp et Guillaume
  Cheyne (_Ibid._, m. 4 vº). A cette date, de nombreuses arrestations
  sont faites à Londres et ordre est donné à Robert d’Asheton,
  capitaine de Douvres et garde des Cinq-Ports, à Jean de Clynton, à
  Thomas Trivet et à Ét. de Valence de s’armer contre les rebelles
  (_Ibid._).

  [198] Arrêté, non pas à Londres, le 15 juin, mais plus tard à
  Coventry, Jean Ball fut jugé à Saint-Albans, vers le 15 juillet,
  par Robert Tresilian et condamné à être écartelé, puis pendu; son
  corps, coupé en quatre morceaux, fut exposé en différents quartiers
  de la ville (Walsingham, t. II, p. 34; Knyghton, col. 2644). Il avait
  avoué qu’il avait été poussé à la rébellion par des personnes «of the
  highest rank and power» (Johnes, t. I, p. 664, en note).

  [199] Jack Straw fut pris à Londres: amené devant le maire, il fit
  sa confession, où il indiqua que son projet était de supprimer le
  roi, les nobles et les ordres religieux, sauf les frères mendiants,
  et de s’emparer du pouvoir en nommant un roi à la tête de chaque
  comté (Walsingham, t. I, p. 9-10; _Chr. a monacho Sancti Albani_, p.
  308-310). Il fut décapité.

  [200] Wat Tyler avait été tué à Smithfield, par Guillaume Walworth,
  le 15 juin.

En Écosse, le duc de Lancastre a conclu une trêve de trois ans[201];
muni d’un sauf-conduit donné par les barons écossais, il veut entrer à
Berwick, mais l’entrée de la ville lui est interdite par le capitaine
Matthieu Redman[202], au nom du duc de Northumberland, qui a donné
ordre de ne laisser pénétrer qui que ce fût dans les villes[203].

  [201] C’est le 18 juin 1381 que la nouvelle trêve fut signée entre le
  duc de Lancastre et Jean, comte de Carrick, fils aîné du roi; elle
  devait prendre fin le jour de la Purification (2 février 1383), et
  fut proclamée le 10 février 1382 (Rymer, t. VII, p. 312 et 344).

  [202] En 1373, Matthieu Redman intervenait au traité d’alliance entre
  l’Angleterre et le Portugal, et, en 1375, négociait une trêve en
  Bretagne (Rymer, t. VII, p. 19 et 78).

  [203] D’après Knyghton (col. 2641), qui est très sensiblement partial
  en sa faveur, le duc de Lancastre reçut du duc de Northumberland
  un envoyé par lequel il lui fit dire qu’il ne pouvait le recevoir
  dans le château de _Bamborough_, avant de savoir si le roi était
  bien disposé pour lui. Le duc de Northumberland avait du reste été
  chargé de la garde des frontières d’Écosse, au sujet desquelles
  Thomas Seyvill lui était envoyé en juillet 1381 (_Rec. Off., Lord
  Treas. Rem., For. Rolls_, nº 2). Une addition de Johnes (t. I, p.
  664, en note) montre que cette interdiction était spéciale au duc
  de Lancastre, compromis par les révélations de Jean Ball et de ses
  complices.

Le duc dissimule la colère qu’il ressent de cet affront et se retire à
Roxburgh, dont le châtelain lui appartient. P. 124 à 127, 340, 341.

Ignorant de ce qui se passe exactement en Angleterre, le duc demande
alors aux barons d’Écosse de le recevoir dans leur pays; ils viennent
le chercher avec 500 lances et l’accompagnent à Édimbourg, où, logé au
château, il attend de meilleures nouvelles d’Angleterre.

Le bruit court cependant que le duc a trahi le roi et a embrassé
le parti écossais; propos haineux et mensongers propagés par les
mêmes hommes qui, à Londres, brûlent l’hôtel de Savoie, propriété du
duc[204]. P. 127 à 129, 341, 342.

  [204] Les châteaux du duc à Leicester et à Tutbury avaient été
  saccagés; sa femme, la duchesse Constance, fuyant l’émeute, s’était
  vu refuser l’entrée de son château de Pontefract et avait été
  contrainte de se réfugier à Knaresborough. Knyghton prétend (col.
  2642) qu’ému par tous ces désastres, où il voyait un châtiment
  de Dieu, le duc aurait à ce moment fait vœu de renoncer à sa vie
  de désordre et d’éloigner sa maîtresse Catherine de Swinford. Il
  l’épousait néanmoins en 1396, deux ans après la mort de la duchesse
  Constance.

Quand le calme est rétabli, que Baker à Saint-Albans[205], Lister à
Stafford[206], Tyler, Ball et Straw à Londres ont payé de leurs vies
leur rébellion, le roi décide qu’il parcourra son royaume pour punir
les coupables et reprendre les lettres d’affranchissement qu’il n’avait
accordées que contraint et forcé. Il part pour le comté de Kent avec
500 lances[207], et arrive à Ospringe[208]: sept des coupables sont
pendus, les lettres sont déchirées. Les mêmes exécutions (plus de
1,500) ont lieu à Cantorbéry, à Sandwich, à Yarmouth, à Orwell[209] et
ailleurs[210].

  [205] Froissart parle à peine de la révolte de Saint-Albans, où la
  lutte fut vive entre les rebelles commandés par William Grindecob
  et l’abbé Thomas de la Mare (Walsingham, t. I, p. 467-479). Roger
  Bacon, qui fut un des chefs de l’insurrection en Norfolk, fut jugé
  et emprisonné à la Tour de Londres; finalement, il fut amnistié à
  l’occasion du mariage du roi (Powell, _The Rising in East Anglia in
  1381_, p. 39).

  [206] Fait prisonnier par l’évêque de Norwich, Henri Spencer, qui
  s’était mis à la tête des chevaliers de son comté, Lister fut pendu
  (Walsingham, t. II, p. 8) avec douze complices (Johnes, t. I, p. 664,
  en note).

  [207] Dans cette armée figurait Thomas Trivet «et certains hommes
  d’armes et archiers chivalchant en sa compaignie» (_Rec. Off., Issue
  Rolls 304_, m. 2; _Warr. for issues_, bundle 5).

  [208] Village du comté de Kent.

  [209] Village du comté de Cambridge.

  [210] Aussitôt l’émeute apaisée à Londres, le roi était parti pour
  le Kent, sous prétexte d’un pèlerinage à Cantorbéry, accompagné
  des comtes de Salisbury, de Suffolk et de Devonshire. Il passe par
  Rochester où, après enquête faite par J. Newton, de nombreux rebelles
  sont exécutés; de même à Ospringe et à Cantorbéry (Johnes, t. II,
  p. 667-668). Le roi se rend alors en Essex, d’où, en date du 23
  juin et jours suivants, il envoie à tous les comtés d’Angleterre
  une proclamation déclarant que les rebelles n’ont point agi par son
  ordre, comme ils veulent le faire croire, et doivent être poursuivis
  partout où on les trouvera (_Rec. Off., Patent Rolls 312_, m. 39 vº);
  des commissaires sont nommés pour chaque comté; le duc de Lancastre
  est un de ceux du comté d’York; le comte de Buckingham un de ceux
  du comté d’Essex. De Waltham-Abbey, le roi va à Havering-at-Bower,
  où de nombreux ordres d’arrestations sont donnés (_Ibid._, m. 33
  vº) à partir du 28 juin; le 2 juillet, de Chelmsford, il révoque
  ses lettres d’affranchissement (Rymer, t. VII, p. 317) et continue
  ses enquêtes (_Rec. Off., Patent Rolls 312_, m. 33 vº). Revenu à
  Londres pour quelques jours, le 8 juillet, il s’occupe d’organiser
  la résistance contre les rebelles dans les différents comtés (_Issue
  Rolls 303_, m. 9). Le 15, il est à Saint-Albans, où il ordonne
  plusieurs enquêtes (_Patent Rolls 312_, m. 29 vº), et assiste
  au supplice de Jean Ball; le 16, il convoque, pour le lundi 16
  septembre, le Parlement (_Close Rolls 228_, m. 40 vº; _Issue Rolls
  303_, m. 10), que, plus tard, il proroge aux premiers jours de
  novembre (_Close Rolls 228_, m. 39 vº; _Issue Rolls 303_, m. 14);
  le 20, étant toujours à Saint-Albans, il reçoit, avant de se rendre
  à son château de Berkhampstead, le serment de fidélité des gens du
  Hertford (Walsingham, t. II, p. 39). Il s’occupe enfin, d’accord avec
  les évêques de Norwich et d’Ely et le comte de Suffolk, des enquêtes
  et des poursuites à faire dans le Norfolk et le Suffolk (_Rec. Off.,
  Issue Rolls 303_, m. 11; _Lord Treas. Rem., For. Rolls_, nº 2).

Le roi envoie alors un de ses chevaliers, Nicolas Carnefelle, vers le
duc de Lancastre, pour lui donner ordre de revenir[211]. Le duc obéit,
quitte Édimbourg et va à Roxburgh remercier de leur bon accueil les
barons écossais, qui l’accompagnent jusqu’à Melrose; puis il s’achemine
vers Londres par Newcastle, Durham et York[212].

  [211] Dès le commencement de l’insurrection, le roi avait envoyé au
  duc de Lancastre Jean Orewell, porteur d’une «quadam billa facta per
  communes qui insurrexerunt contra pacem» (_Rec. Off., Lord Treas.
  Rem., For. Rolls_, nº 2). Se sentant soupçonné de pactiser avec les
  rebelles (Johnes, t. I, p. 664, en note), ou tout au moins avec les
  barons écossais, qui lui avaient offert des troupes pour marcher
  contre les révoltés (Walsingham, t. II, p. 42), le duc écrit au
  roi pour lui expliquer sa «migrationem in Scotiam.» Richard, sur
  les conseils du comte de Warwick (Johnes, t. I, p. 668), invite à
  revenir son oncle, qu’il déclare lui être toujours resté fidèle,
  contrairement aux bruits qui ont couru (3 juillet 1381.--Rymer,
  t. VII, p. 318), lui donne un sauf-conduit (_Rec. Off., Patent
  Rolls 312_, m. 35) et, à la date du 5 juillet, ordonne au duc de
  Northumberland de lui faire escorte (Rymer, t. VII, p. 319).

  [212] D’après la rédaction de Johnes (t. II, p. 668), c’est
  à Newcastle que le duc de Lancastre rencontra le comte de
  Northumberland, avec lequel il se réconcilia. D’York, en passant par
  Rothingham et Leicester, le duc arriva à Reading, où il trouva le roi
  (Knyghton, col. 2641).

A cette époque, meurt Guichard d’Angle, comte de Huntingdon, aux
obsèques duquel assistent le roi et toute la cour[213]. P. 129 à 132,
342, 343.

  [213] Froissart revient ici avec des détails complémentaires sur la
  mort de Guichard d’Angle, dont il a déjà parlé (t. IX, p. 236; voy.
  la note 2 de la p. XCVIII).

De retour en Angleterre, le duc de Lancastre expose au roi ce qu’il a
fait au sujet des trêves d’Écosse, mais garde en son cœur rancune au
comte de Northumberland, qui lui a fermé les portes de Berwick. Les
fêtes de l’Ascension (15 août) arrivent; le roi tient cour plénière à
Westminster. Désireux d’aller à Reading[214], à Oxford et à Coventry
châtier les rebelles, comme en Sussex et en Kent, il crée de nouveaux
chevaliers: le jeune comte Jean de Pembroke[215], Robert Brembre[216],
Nicolas Twyford[217] et Adam Fraunceys[218]. A cette solennité
assistent de nombreux barons. En leur présence, le duc de Lancastre
reproche son action au comte de Northumberland et le défie. Le roi
s’interpose et justifie le comte, qui n’a agi que par ses ordres. Ses
ordres étaient formels; on a seulement oublié de faire une exception en
faveur du duc, la faute en est à un scribe négligent. Ces explications
et les supplications des barons décident le duc à faire la paix avec le
comte[219]. Le roi part le surlendemain avec 500 lances et 500 archers,
pour de nouvelles exécutions[220]. P. 132 à 135, 343, 344.

  [214] Capitale du comté de Berks.

  [215] Jean de Pembroke, que nous retrouvons en 1386, dans Froissart
  (Kervyn, t. XXII, p. 341-342), chargé de la défense d’Orwell et de
  Sandwich, mourut très jeune encore en 1386, à Woodstock, mortellement
  blessé dans un tournoi.

  [216] Il s’agit ici non pas de Robert _Brembre_, mais de Robert
  _Launde_, qui figure plus haut (p. XXXIV, note 197), et que Knyghton
  nomme à tort _Jean_ Launde.

  [217] Nicolas Twiford, orfèvre de Londres, est chargé, en 1370, d’un
  essai d’or (Rymer, t. VI, p. 611); en 1389, il était maire de Londres
  et un des collecteurs du roi en cette ville (_Ibid._, VII, p. 634 et
  646).

  [218] Adam Fraunceys, marchand de Londres, fut chargé de l’essai de
  l’or de la rançon du roi Jean, en janvier 1361 (Rymer, t. VI, p.
  307); le 22 juin 1372, il est un de ceux qui prêtent de l’argent à la
  reine Marguerite d’Écosse (_Ibid._, p. 727). En 1405, mentionné comme
  chevalier, il est collecteur pour le Middlesex (_Ibid._, t. VIII, p.
  413); il devint plus tard maire de Londres (_Ibid._, t. XI, p. 29).

  [219] D’après Walsingham (t. II, p. 44-45), le duc et le comte
  comparurent devant le roi à Berkhampstead. Le comte fut d’abord
  arrêté, puis relâché sous caution des comtes de Warwick et de
  Suffolk, à condition de se présenter devant le Parlement au
  commencement de novembre. Le duc de Lancastre, craignant un
  mauvais accueil à Londres, différa toujours sa comparution, et,
  l’affaire n’aboutissant pas, le roi força les deux adversaires à se
  réconcilier.

  [220] Le 18 août 1381, le roi avait donné pouvoir au duc de Lancastre
  pour faire les enquêtes sur l’insurrection (Rymer, t. VII, p. 323;
  _Rec. Off., Pat. Rolls 312_, m. 26 vº). La répression continua. Le
  20, on arrêta un drapier de Londres, Stephen Hull, accusé d’avoir
  participé à l’incendie de l’hôtel de Savoie (_Rec. Off., Close
  Rolls 228_, m. 40); le 30, le roi demande le rôle des sentences
  prononcées dans les divers comtés contre les insurgés (_Ibid._); le
  14 septembre, on instruit le procès des gens d’Essex accusés d’avoir
  pillé et brûlé les domaines de la reine mère (_Id., Pat. Rolls 312_,
  m. 23 vº). Enfin, le Parlement s’ouvre à la Toussaint (_Rotuli
  Parliamentorum_, t. III, p. 98). Les lettres d’affranchissement sont
  révoquées et une amnistie, à laquelle de nombreuses exceptions sont
  faites, est accordée aux communes rebelles, en échange d’une taxe sur
  les «leynes, peaulx, lanutz et quirs,» votée difficilement pour cinq
  ans par le Parlement (_Id._, p. 103) dans les commencements de 1382.
  A cette date, on peut considérer l’insurrection comme finie.

Le vent se montre enfin favorable, et le comte de Cambridge cingle
vers Lisbonne. Sa flotte est assaillie le troisième jour par une
tempête terrible, qui sépare les navires. Le comte de Cambridge et la
majeure partie de son expédition entrent dans le port de Lisbonne[221],
ignorant ce que sont devenus les chevaliers gascons Castelnau, la
Barthe, le syndic de Latrau et quarante hommes d’armes.

  [221] Le comte de Cambridge n’arriva à Plymouth qu’après le 12
  mai 1381, date où fut faite la montre des troupes partant pour le
  Portugal (Rymer, t. VII, p. 305). D. Nuñez (t. I, p. 319) dit qu’il
  arriva à Lisbonne le 19 juillet 1381; nous avons cependant un état de
  solde daté du 2 août, où il est parlé du départ prochain des Anglais
  (_Rec. Off., Issue Rolls 303_, m. 12). Les bateaux qui emportaient
  les 3,000 hommes de l’expédition étaient au nombre de quarante et
  provenaient: sept de Bristol, quatre de Plymouth, un de Lynn, onze
  de Dartmouth, deux de Bayonne, treize de Lisbonne et deux d’Oporto,
  comptant en plus près de 1,200 marins (_Rec. Off., Accounts, Queen’s
  Rem._ 39/17).

Le roi Ferdinand, qui caresse le projet de marier sa fille[222] avec
le jeune fils du comte de Cambridge[223], accueille avec joie les
chevaliers anglais, qui, au milieu de toutes les réjouissances qu’on
leur prodigue[224], songent à leurs compagnons perdus, jetés peut-être
par la mer sur les côtes mauresques. Les chevaliers gascons, en effet,
ballottés sur les côtes du Maroc et du royaume de Tlemcen, risquent,
pendant quarante jours, d’être pris par les Sarrasins. Le vent les
ramène enfin dans la mer d’Espagne. Ils se dirigent d’abord sur
Séville, où, sur la foi de marchands rencontrés en mer, ils croient que
le roi de Castille est assiégé par le roi de Portugal et les Anglais.
Détrompés par la vue tranquille de la ville, ils arrivent à Lisbonne
et entrent au port, juste au moment où, les croyant morts, leurs
compagnons célèbrent un service funèbre en leur honneur dans l’église
Sainte-Catherine[225]. La joie est grande de leur retour. P. 135 à 139,
344, 345.

  [222] Béatrice de Portugal (voy. la note suivante).

  [223] _Édouard_ et non _Jean_, comme le nomme Froissart, n’eut jamais
  pour femme que Philippine de Mohun. Ses fiançailles, décidées depuis
  longtemps avec Béatrice de Portugal (voy. plus haut, p. XXII, note
  127), furent rompues en 1383 (voy. p. LVIII, note 369) par le mariage
  de cette princesse avec le roi Jean de Castille.

  [224] Le comte de Cambridge fut logé à San Domingo. Les Anglais
  n’ayant pas amené de chevaux avec eux, le roi Ferdinand s’occupa de
  leur en procurer et fit don au comte de Cambridge de douze chevaux,
  et à la comtesse de douze mules richement garnies (D. Nuñez, t. II,
  p. 319-320).

  [225] L’église actuelle de Sainte-Catherine, bâtie sur la colline de
  même nom, domine le côté ouest du port.



CHAPITRE XIV.

  _1381, juillet_. LE COMTE DE FLANDRE ASSIÈGE DE NOUVEAU GAND.--MORT
  DE GAUTHIER D’ENGHIEN.--_Octobre_. CONFÉRENCES D’HAERLEBEKE.--_1382,
  janvier._ MEURTRES DE SIMON BETTE ET DE GILBERT DE GRUTERE; PUISSANCE
  DE PHILIPPE D’ARTEVELDE. (§§ 228 à 234[226]).


Philippe d’Artevelde, une fois maître du pouvoir à Gand[227], suit
les conseils de Pierre du Bois, qui le pousse à la cruauté, et fait
tuer douze des meurtriers de son père; il consolide sa puissance en
s’appuyant surtout sur les gens sans aveu. Du reste, tous les partis
sont d’accord dans la ville et se soutiennent mutuellement.

  [226] Nous nous sommes arrêté dans ce paragraphe à la fin de la l. 12
  de la p. 152.

  [227] Ce n’est que plus tard, le 24 janvier 1382, d’après Meyer (fol.
  180 rº), que Philippe d’Artevelde fut nommé _rewaert_ de Gand, après
  le meurtre de Gilles le Foulon. C’est à cette date que nous trouvons
  la mention de sommes touchées par Philippe d’Artevelde (_Rekeningen_,
  p. 278 et 310).

Tandis que le doyen des tisserands, chez qui on trouve de la poudre
de mine toute mouillée, est accusé de trahison et mis à mort[228],
le comte de Flandre s’apprête à faire de nouveau le siège de Gand
et convoque ses vassaux. Sa mère, la comtesse d’Artois, vient de
mourir[229]. P. 139 à 141, 345.

  [228] Ce doyen des tisserands, accusé de trahison, se nommait Liévin
  Walrave (Meyer, fol. 179 rº).

  [229] Marguerite, comtesse de Flandre, fille du roi Philippe le Long,
  avait toujours exercé sur son fils une influence utile à la France.
  Elle ne mourut que l’année suivante, en 1382. Son corps fut transféré
  à Saint-Denis le 9 mai 1382 (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p.
  158); les obsèques, auxquelles le roi Charles VI assista, eurent lieu
  le 18 mai (_Chronographia_, t. III, p. 36). Les diverses chroniques
  ne parlent que plus tard de la présence d’Artésiens dans l’armée du
  comte.

Gauthier d’Enghien se garde de manquer à l’appel et, durant le
siège de Gand, il se distingue dans maintes escarmouches, lui et ses
chevaliers de Hainaut. C’est ainsi qu’un dimanche de juin, il prend et
brûle la ville de Grammont, y tue plus de 500 hommes, et vient recevoir
les félicitations du comte sous les murs de Gand[230]. P. 141, 142, 346.

  [230] Ce nouveau siège de Gand commença dans les premiers jours de
  juillet 1381 et le sac de Grammont, qui le précède, doit sans doute
  être daté du 30 juin, dimanche suivant la Saint-Jean (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 245). D’après certaines chroniques le siège ne dura guère
  que trois semaines; d’après d’autres, le comte le leva vers le 1er
  octobre.

Un mois après, un jeudi, accompagné de plusieurs chevaliers, il est
surpris par une embuscade de Gantois et massacré[231]. Avec lui
sont tués le seigneur de Montigni, son fidèle compagnon, le bâtard
d’Enghien, son frère, et Gilles du Trisson. Blessé grièvement, Michel
de la Hamaide, cousin de Gauthier d’Enghien, n’est sauvé que grâce à
Hustin du Lai. Le corps du seigneur d’Enghien est rendu par les Gantois
contre paiement de 1,000 francs: on l’enterre à Enghien[232]. P. 142 à
145, 346, 347.

  [231] La date de la mort de Gauthier d’Enghien, qui varie suivant les
  chroniques, est fixée vraisemblablement par Meyer au jeudi 18 juillet
  1381.

  [232] Gauthier d’Enghien fut enterré, non pas à Enghien, mais dans
  une chartreuse près de Bruges, en octobre 1381. Il fut payé pour ses
  obsèques à «sire François, l’aumônier et capellain Monseigneur,» la
  somme de 60 livres (_Arch. du Nord_, pièce citée par Le Glay, _Chr.
  rimée_, p. 102).

Désespéré de la mort de Gauthier d’Enghien, le comte lève le siège de
Gand et s’en retourne à Bruges, après avoir établi des garnisons dans
les villes voisines. Il ne peut obtenir des Liégeois qu’ils renoncent à
ravitailler les Gantois; il est plus heureux auprès du duc de Brabant.
Le duc Aubert transmet ses ordres à son bailli de Hainaut, Simon de
Lalaing[233], qui les fait exécuter en Hainaut, mais non en Hollande et
en Zélande[234].

  [233] Voy. une généalogie de la maison de Lalaing dans les _Pièces
  originales_ de la _Bibl. nat._, vol. 1622.

  [234] La levée du siège de Gand fut pour les habitants de cette
  ville le commencement d’une période de troubles et d’anarchie. Pour
  bien accentuer leur séparation complète du reste de la Flandre,
  les Gantois se déclarèrent urbanistes et nommèrent un évêque de
  cette opinion (voy. plus loin, p. LXXII; _Ist. et chr._, t. II, p.
  175); et, sous la conduite de Gilles le Foulon, ils se livrèrent au
  pillage de la campagne environnante; mais, harcelés sans cesse par
  les garnisons voisines, ravitaillés imparfaitement par leurs amis de
  Hollande et du Liégeois, pressés par le duc Aubert de faire la paix,
  ils s’y seraient résolus dès septembre 1381, si les exigences du
  comte, qui ne cherchait qu’à différer, n’avaient pas été si grandes
  (Meyer, fol. 179 vº). Après de nouvelles hostilités et malgré les
  résistances du parti révolutionnaire, les conférences de Haerlebeke
  eurent lieu du 30 septembre au 2 octobre et du 5 au 7 octobre 1381
  (_Rekeningen_, p. 272-273). Elles avaient été précédées d’autres
  conférences tenues à Oedelem, près de Bruges, le 8 juin, et du 13 au
  20 août (_Ibid._, p. 186 et 271).

Cependant, des conférences s’ouvrent à Haerlebeke, où le comte et
les villes de Flandre envoient des représentants[235], comme aussi
les pays de Brabant, de Hainaut et de Liège. Les Gantois sont au
nombre de douze, parmi eux Gilbert de Grutere[236] et Simon Bette. La
paix, désirée par tous les gens paisibles, est décidée sous certaines
conditions; et les Gantois rentrent dans leur ville. Gilbert de Grutere
et Simon Bette annoncent à leurs amis que bientôt la paix sera signée,
joyeuse pour les honnêtes gens, mais funeste pour les mauvais citoyens.
P. 145 à 147, 347, 348.

  [235] Les représentants du comte aux conférences de Haerlebeke furent
  messire de la Gruthuse, Josse de Halewin, messire Jean de Halewin,
  maître Pierre de la Zeppe, le receveur et Gilles le Souton, «envoyés
  par deux fois ou mois d’octobre l’an IIIIxx et I à Haerlebeke pour
  tenir journée contre chiaus de Gand.» Les frais de cette ambassade
  montèrent à 142 livres, 13 sous, d’après un compte des archives de
  Lille, cité par Le Glay (_Chr. rimée_, p. 102).

  [236] Gilbert de Grutere n’assista qu’aux dernières conférences, du 5
  au 7 octobre (_Rekeningen_, p. 272).

Informé de ce qui se passe et voyant dans les paroles de Gilbert de
Grutere et de Simon Bette une menace pour lui, Pierre du Bois, d’accord
avec Philippe d’Artevelde, convoque ses gens pour le jour où le traité
doit être rendu public dans la halle de Gand. P. 147 à 149, 348, 349.

Le jour dit, à neuf heures du matin, les échevins et les notables de
la ville se réunissent pour entendre ceux d’entre eux qui sont allés
à Haerlebeke. Gilbert de Grutere et Simon Bette prennent la parole et
expliquent comment, grâce à l’intervention des ducs de Brabant et de
Bavière, le comte consent à la paix, sous la condition que dans les
quinze jours on lui livre 200 otages, qu’il désignera lui-même, pour
aller à Lille se mettre à sa merci. Pierre du Bois se montre alors et
reproche à Gilbert Grutere d’avoir trahi la ville en disposant ainsi de
la vie de 200 de ses concitoyens: tirant sa dague, il le frappe à mort;
Philippe d’Artevelde poignarde de son côté Simon Bette. Une émeute
semble poindre; elle se calme bientôt, tandis que le comte, apprenant
à Bruges ces deux meurtres, jure de se venger[237]. P. 149 à 151, 349,
350.

  [237] D’après le _Memorie Boek_ de Gand, cité par Kervyn (t. IX, p.
  566), un mouvement populaire se produisit le 26 janvier 1382. Simon
  Bette, premier échevin de la Keure, ne périt que le jeudi 30.

Les Gantois pleurent tout bas ces deux victimes, mais ils sont
terrorisés[238] et continuent à souffrir de la guerre, exposés à être
faits prisonniers par les garnisons qui les guettent, et ne recevant
plus de vivres ni du Brabant ni du Hainaut. P. 151, 152, 350.

  [238] Maître de la ville, Philippe d’Artevelde édicte de nouvelles
  lois et fait nommer quatre tribuns: Pierre du Bois, Jacques le Riche,
  doyen des tisserands, Jean de Heyst et Rasse Vande Voorde (Meyer,
  fol. 180 vº). Voy. Kervyn, t. IX, p. 566-567.



CHAPITRE XV.

  _1382, 24 février._ RÉVOLTE A ROUEN.--_1er mars._ ÉMEUTE DES
  MAILLOTINS.--_14 janvier._ MARIAGE DU ROI RICHARD II ET D’ANNE
  DE BOHÊME.--_22 février._ LE DUC D’ANJOU ARRIVE A AVIGNON.--_13
  juin._ IL PART POUR L’ITALIE.--_14 octobre._ IL PÉNÈTRE SUR LE
  TERRITOIRE NAPOLITAIN.--_Mai-juin._ CHEVAUCHÉE DES ANGLAIS EN
  ESTRAMADURE.--_Août._ COMMENCEMENT DES POURPARLERS DE PAIX ENTRE LE
  PORTUGAL ET LA CASTILLE.--_Octobre._ DÉPART DU COMTE DE CAMBRIDGE
  (§§ 234[239] à 262).


Les Parisiens, eux aussi, s’insurgent à la même époque contre le roi,
qui veut rétablir les aides et autres impôts dont la suppression,
accordée par feu Charles V, avait été confirmée lors du couronnement à
Reims[240].

  [239] Ce paragraphe ne commence dans ce chapitre qu’à la ligne 13 de
  la page 152.

  [240] La suppression des aides accordée à Paris le 15 novembre 1380
  (voy. plus haut, p. V, note 23) avait été accueillie avec joie. La
  fin du règne de Charles V fut en effet marquée par une augmentation
  sensible des impôts, dont on souffrit vivement: «Dyablement y ait
  part,» disait en parlant du feu roi un homme du peuple, «quant il
  a vescu si longuement, car il nous feust mieulx, s’il feust mort
  passé a.X. ans!» (_Arch. nat._, JJ 136, fol. 13 vº). «Maudite soit
  l’heure que il fu onques nez ne sacrez!» disait un autre (_Ibid._,
  JJ 144, fol. 169 vº). Aussi, quand le 4 mars 1381 «ont esté mandé à
  Paris les gens des trois estas de la Languedouyl et a esté assemblée
  à Paris pour avoir ayde pour le fait de la guerre» (_Ibid._, X1a
  1471, fol. 443), les États refusèrent l’aide. De même à Compiègne et
  à Senlis. Le roi dut se contenter d’une taille accordée à Paris et
  dans le diocèse de Sens et de subsides du clergé obtenus par le pape
  en septembre 1381. Après un accord fait avec le prévôt des marchands
  et les bourgeois de Paris en janvier, il est décidé qu’au 1er mars
  prochain un impôt sera perçu sur le vin et sur le sel et 8 deniers
  (12, d’après d’autres chroniques) par livre de toute marchandise
  (_Chronographia_, t. III, p. 3-8). L’ordonnance est publiée au mois
  de janvier à huis-clos au Châtelet; on afferme les impôts, et le
  dernier jour de février on a recours à une ruse pour l’annoncer au
  peuple (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 134).

Le roi et son conseil sont forcés de se réfugier à Meaux[241]; le
peuple de Paris prend les armes[242], massacre les collecteurs, ouvre
les portes des prisons[243], pille les maisons[244] et délivre Hugues
Aubriot[245], ancien prévôt du Châtelet, condamné à la prison pour ses
méfaits dignes du feu: il se hâte de fuir en Bourgogne.

  [241] Les détails donnés par Froissart sur la révolte des Maillotins
  sont assez confus et incomplets; ils doivent être rectifiés
  et complétés par d’autres chroniques, principalement par la
  _Chronographia regum francorum_, p. p. M. H. Moranvillé. Lorsque, le
  1er mars 1382, la révolte éclata au sujet du recouvrement de l’impôt,
  la cour, forcée de fuir à la hâte, se réfugia non pas à Meaux, mais
  à Vincennes (_Œuvres d’Eustache Deschamps_, t. III, p. 139), où
  était le roi, qui n’alla à Meaux qu’en avril, après la répression de
  l’émeute de Rouen (Petit, _Séjours de Charles VI_, p. 13).

  [242] Le peuple s’empare à l’hôtel de ville de douze mille maillets
  de plomb, que Hugues Aubriot avait autrefois fait faire en prévision
  d’une guerre (_Chronographia_, t. III, p. 23); les insurgés, au
  nombre de 4,000, se rassemblent sur la place de Grève.

  [243] L’émeute avait des partisans, même parmi les sergents du guet:
  l’un d’eux, Jean Évrart, «fut un des principaulx rompeurs et briseurs
  de noz prisons du Chastellet» (_Arch. nat._, JJ 138, p. 123).

  [244] Les Maillotins tuent plusieurs gens de justice
  (_Chronographia_, t. III, p. 23-24), portent le pillage «à
  Montmartre, à Sainte Katherine, à Saint Éloy et en l’ostel» du
  duc d’Anjou (_Arch. nat._, JJ 136, fol. 1 vº). Le peuple profite
  du désordre pour tuer et piller de nouveau. Les Juifs ne sont pas
  épargnés à Paris (_Ibid._, JJ 122, fol. 55, et JJ 136, fol. 114),
  non plus qu’à Mantes (_Ibid._, JJ 122, fol. 96 vº) «et en aucunes
  autres villes» (_Ibid._, JJ 136, fol. 113): on les tue, on les robe
  «de toutes leurs chevances tant d’or, d’argent, de joyaux et autres
  meubles, comme de leurs lettres et obligations en quoy leurs debteurs
  estoient tenuz à eux» (_Ibid._).

  [245] Bourguignon d’origine, Hugues Aubriot intervient en 1360
  (Froissart, t. V, p. LXVII, note 2) avec six autres bourgeois au
  traité par lequel le roi d’Angleterre s’engage à respecter la
  Bourgogne, moyennant une somme garantie par les dits bourgeois.
  Bailli de Dijon en 1362 (Moranvillé, _Étude sur Jean le Mercier_,
  p. 85, note 2), il l’est encore en 1366 (Petit, _Itinéraires_, p.
  469). Charles V le fait alors venir auprès de lui. Prévôt de Paris
  en 1367, il embellit et assainit la ville, mais indispose contre
  lui les clercs de l’Université par ses règlements de police. Il est
  créé chevalier par le roi et devient maître des comptes en 1378
  (_Arch. nat._, P 2295, fol. 529). Aux obsèques de Charles V, il
  entre en lutte ouverte avec l’Université (_Chr. des Quatre Valois_,
  p. 288); accusé d’hérésie, de liaison avec des Juives et d’autres
  crimes encore (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 102-104), il est
  arrêté, obligé de désavouer ses erreurs (_Chronographia_, t. III, p.
  5) le 17 mai 1381 et condamné à la prison perpétuelle. Délivré le
  1er mars 1382 par les Maillotins, qui veulent en faire leur chef,
  il s’enfuit d’abord en Bourgogne, puis à Sommières en Languedoc, où
  le pape lui assigne résidence (voy. la notice de Le Roux de Lincy,
  _Bibl. de l’Éc. des chartes_, t. XXIII, p. 173-213, et _Ist. et chr.
  de Flandre_, t. II, p. 255-256). D’après les _Grandes Chroniques_
  (t. VI, p. 475), il «demoura toujours prevost de Paris» jusqu’à sa
  condamnation. Une quittance (_Bibl. nat., Clair._ vol. 7, nº 139)
  en date du 9 novembre 1375 nous apprend quels étaient les gages
  d’Aubriot, qui, pour le terme de la Toussaint, reçoit 150 livres,
  2 sols et 7 deniers.

Effrayé de cette émeute, le roi se décide à envoyer aux Parisiens le
sire de Couci[246], pour traiter avec eux. P. 152, 153, 350.

  [246] L’intervention d’Enguerran de Couci eut lieu deux fois: d’abord
  le 1er mars 1382, et plus tard au mois d’avril, après la répression
  de l’émeute de Rouen. Froissart supprime tous les faits qui se sont
  passés entre ces deux dates. Le 1er mars 1382, à la première nouvelle
  de la révolte, le roi envoie le duc de Bourgogne et le sire de Couci
  pour apaiser le peuple. Sur le refus du roi de supprimer les impôts,
  les troubles continuent: on ouvre les prisons du Châtelet, dont
  on incendie les papiers, de Sainte-Geneviève et de Saint-Germain.
  L’émeute dure jusqu’au 4 mars. Après des pourparlers assez longs, le
  roi finit par obtenir des bourgeois, terrorisés par le peuple et les
  troupes menaçantes du duc d’Anjou, la punition des coupables. Dans
  la nuit du 10 au 11, on arrête un grand nombre de Maillotins qui, du
  12 au 15, sont décollés ou pendus, à l’indignation croissante des
  Parisiens. La paix semble rétablie, sans que le roi ait obtenu de
  subsides: il part pour Rouen (_Chronographia_, t. III, p. 24-30).

Sans autre suite que sa domesticité ordinaire, le sire de Couci se
rend à Paris, descend à son hôtel et entre en négociations avec les
chefs des émeutiers. En échange de la suppression des aides, ceux-ci
s’engagent à payer chaque semaine à un receveur spécial du roi la somme
de 10,000 francs, destinée uniquement à la solde des gens d’armes. Le
roi, espérant mieux de l’avenir, accepte ce marché, mais reste éloigné
de Paris[247]. P. 153 à 155, 350, 351.

  [247] Après son départ de Rouen, le roi s’arrête à Compiègne, où il
  convoque vers le milieu d’avril (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p.
  148) les trois États de la province de Reims, qui ne lui accordent
  pas entièrement ce qu’il désire (_Chronographia_, t. III, p. 32).
  Il demande alors aux Parisiens sur quelle aide il peut compter
  de leur part. Le sire de Couci part de Meaux, où est le roi (20
  avril), pour chercher une réponse. Paris offre 12,000 francs pour
  les besoins personnels du roi. Le 18 mai, une conférence a lieu à
  Saint-Denis entre les représentants du roi, à la tête desquels se
  trouve le président au Parlement Arnaud de Corbie, et ceux de la
  ville, dirigés par l’avocat Jean Desmarès. Moyennant une amnistie
  générale remontant au 1er mars et la renonciation à toute aide, la
  ville accorde au roi une taille de 80,000 francs (le _Religieux de
  Saint-Denis_ dit 100,000), dont 12,000 pour le roi et 8,000 pour les
  réparations de la ville; les 60,000 autres, destinés à la solde des
  gens de guerre, doivent rester entre les mains d’un receveur spécial
  (_Chronographia_, t. III, p. 36-37). «Et par ce furent pour lors paix
  et accort entre le roi et eulx» (_Chr. des Quatre Valois_, p. 302).
  Le roi, mécontent de cette solution, ne fit son entrée à Paris que le
  1er juin et se hâta d’aller ensuite à Maubuisson (p. 303).

Même insurrection à Rouen au sujet des aides; meurtres du châtelain et
des collecteurs. Craignant que l’exemple ne soit contagieux pour les
autres villes, le roi arrive à Rouen, apaise la révolte et obtient pour
chaque semaine une somme qui sera payée à un receveur spécial[248].
P. 155, 156, 351.

  [248] L’émeute de Rouen précéda celle de Paris et commença le lundi
  24 février, jour de la Saint-Mathias, «pour ce que le roy et son
  conseil revoudrent avoir toutes les aides comme devant» (_Chronique
  de Pierre Cochon_, p. 163), et dura trois jours, pendant lesquels
  il y eut «infractions de prisons, maisons rompues, murtres,
  larrecins, monopoles, conspiracions, assemblées, sons de cloches,
  portes fermées, pors d’armes, crimes de lese majesté, infractions
  de sauvegarde, sacrileges et infractions d’eglises et lieux saints,
  et autres maulx et inconveniens» (_Arch. nat._, JJ 122, fol. 56
  vº). Les Rouennais, ayant à leur tête un drapier du nom de Jean le
  Cras (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 130), obtiennent par
  la force du chapitre de Notre-Dame et des religieux de Saint-Ouen
  le renoncement à leurs droits (_Ibid._, p. 164-165; _Chr. des
  Quatre Valois_, p. 298), puis envoient demander au roi des lettres
  de rémission. Le roi part de Vincennes le 17 mars et séjourne à
  Pont-de-l’Arche du 23 au 27 (Petit, _Séjours de Ch. VI_, p. 13).
  Avant de faire une entrée triomphale à Rouen, il fait mettre à
  mort les plus compromis des émeutiers et déposer toutes les armes
  au château, puis, proclamant son pardon, il entre dans la ville le
  samedi 29, veille des Rameaux, et y reste jusqu’au 6 avril, jour de
  Pâques. Le maire de la ville est suspendu et sa mairie mise entre les
  mains du bailli de Rouen (_Chr. de Pierre Cochon_, p. 166). «Le roy
  estant à Rouen, fut par les barons et prelas et bourgois de Normendie
  acordée l’imposicion eu cas que les autres provinces du royaume de
  France l’acorderoient» (_Chr. des Quatre Valois_, p. 301).

Désireux de conquérir le royaume, dont le pape Clément l’a déclaré
héritier, le duc d’Anjou prépare sa campagne d’Italie[249]. Ne
négligeant rien pour se faire bienvenir des Parisiens, dont il espère
obtenir des subsides, il s’entend avec le duc de Savoie[250], qui,
moyennant 500,000 florins, lui fournira mille lances pour un an. Le
duc, de son côté, engage à sa solde 9,000 hommes d’armes[251] et
s’occupe de tous les préparatifs nécessaires à un long voyage. P. 156,
157, 351, 352.

  [249] Les hésitations du duc d’Anjou furent grandes avant de se
  décider à aller en Italie. Malgré la prise d’Arezzo par Charles de
  la Paix, que le pape Urbain avait reconnu roi de Sicile, malgré les
  appels de la reine Jeanne (4 juin 1381), qui lui promettait de le
  faire couronner roi dès son arrivée en Italie (_Bibl. nat., coll.
  Dupuy 845_, 2e partie, fol. 26), malgré l’entrée à Rome (8 juin) de
  Charles, qui se fait couronner par Urbain et s’empare de Naples (16
  juillet), le duc attend toujours, «illam guerram arripere trepidans»
  (_Chronographia_, t. III, p. 15 et 20). Dans un conseil du roi tenu
  à Créci les 26-28 juillet (_Journal de Jean le Fèvre_, p. p. H.
  Moranvillé, t. I, p. 8), il avait été alloué au duc 60,000 francs
  sur les aides; le roi lui donnait de plus 50,000 francs en pièces
  d’argenterie, «subsides auxquels il convient de joindre 32,000 francs
  que Louis s’était appropriés à la mort de son frère» (Valois, _La
  France et le grand schisme d’Occident_, t. II, p. 14-15). Décidé
  pour le moment à envoyer des secours pécuniaires à la reine Jeanne
  (_Journal de Jean le Fèvre_, t. I, p. 9-10), il apprend le 25
  septembre qu’assiégée dans Castel Nuovo, elle s’est rendue à Charles
  de la Paix après la défaite de son mari, Othon de Brunswick; tout
  le pays, devenu urbaniste, s’est soumis au nouveau roi (Valois, _La
  France et le grand schisme_, t. II, p. 11-12). Le duc semble renoncer
  à ses projets définitivement; mais, à la fin d’octobre, il cherche
  à se renseigner auprès du pape sur les dispositions des Provençaux
  à son égard; enfin, le 8 janvier 1383, il s’engage à risquer
  l’entreprise malgré tout et envoie à Avignon son chancelier Jean le
  Fèvre (_Journal de Jean le Fèvre_, t. I, p. 11-14).

  [250] Avant de partir pour l’Italie, le duc d’Anjou avait essayé,
  mais en vain, de contracter une alliance avec les Bolonais, les
  Florentins et les Génois. Ses ambassadeurs avaient été plus heureux
  avec les Visconti de Milan. Un projet de mariage avait été ébauché
  entre Louis, fils aîné du duc d’Anjou, et une des filles de Bernabo.
  Ce dernier s’engageait à payer pendant six mois la solde de 2,000
  lances, commandées par un de ses fils. Même réussite auprès d’Amédée,
  comte de Savoie, auquel le duc abandonnait sur son futur royaume le
  Piémont et quelques villes. Le comte, en échange, suivait le duc en
  Italie avec 1,200 lances (Valois, _La France et le grand schisme_, t.
  II, p. 29-35).

  [251] La majeure partie des troupes recrutées par le duc d’Anjou se
  composait des «gens d’armes de Bertram du Guesclin, qui encore se
  tenoyent ensemble» (_Ist. et ch. de Flandre_, t. II, p. 173).

Pendant que le comte de Cambridge et ses gens se reposent à Lisbonne,
on célèbre le mariage de Jean[252], fils du comte de Cambridge, et de
Béatrice, fille du roi de Portugal, tous deux âgés de dix ans ou à peu
près. Les enfants sont couchés nus dans le même lit.

  [252] Les fiançailles d’_Édouard_, et non de _Jean_, fils du comte
  de Cambridge, avec la princesse Béatrice, furent solennellement
  célébrées. Couchés dans le même lit, _suivant la coutume anglaise_,
  ils furent bénis par l’évêque de Lisbonne et reçurent le serment de
  fidélité des nobles de Portugal (D. Nuñez, _Cronicas_, t. II, p.
  321).

Après les fêtes du mariage[253], le roi assigne comme garnison au comte
de Cambridge et à ses gens la ville d’Estremoz[254]; aux chevaliers
anglais et gascons Villa Viçosa[255], leur recommandant de ne faire
aucune chevauchée sans sa permission. Pendant ce temps, le roi de
Castille[256], séjournant à Séville, fait venir des renforts de France.
P. 157 à 159, 352.

  [253] Les troupes anglaises se livrèrent à Lisbonne à des excès et à
  des désordres sans nombre; se conduisant en hommes qui viendraient,
  non pas défendre le pays, mais le ruiner, ils pillaient les villes
  et violaient les femmes (F. Lopes, dans la _Collecâo de libros
  ineditos_ de José Correa de Serra, t. IV, p. 413). Le roi de Portugal
  chercha alors à les éloigner; il aurait voulu les voir s’établir sur
  les rives de la Guadiana, à la frontière même; mais ils restèrent à
  Villa Viçosa, où ils continuèrent à exaspérer les populations, qui
  ne pouvaient se venger d’eux qu’en cachette (D. Nuñez, t. II, p.
  323-324).

  [254] Portugal, prov. d’Alentejo.

  [255] Portugal, prov. d’Alentejo, près de la frontière d’Espagne.

  [256] Après la prise d’Almeida, le roi de Castille était venu à Coca.
  Le 9 décembre 1381, il est à Madrigal; le 31 à Avila (Ayala, t. II,
  p. 155).

Désireux de ne pas rester inactifs dans leur garnison de Villa
Viçosa, le Chanoine de Robersart et les autres chevaliers gascons et
anglais[257] envoient un des leurs, Jean de Sandwich, demander au roi
l’autorisation de faire une chevauchée en pays ennemi. Refus du roi.
Les chevaliers décident d’agir quand même, et, avec 400 hommes d’armes
et 400 archers, ils partent un jour, sous les ordres du Chanoine, pour
aller assiéger le château de Higuera[258], défendu par les frères
Pierre et Barthélemi Gouse[259]. P. 159 à 161, 352, 353.

  [257] Les chevaliers qui accompagnent le Chanoine de Robersart ont
  déjà été énumérés plus haut, p. XXIV-XXV. Froissart ajoute seulement
  ici les noms de Raymonnet de Marsan et de Jean Soustrée, que
  Johnes appelle Sounder. Ce chevalier, que les historiens désignent
  simplement comme un bâtard d’Angleterre (F. Lopes, t. IV, p. 448;
  D. Nuñez, t. II, p. 319), devait être un bâtard de Thomas de Holand
  (cf. Kervyn, t. XI, p. 389, et t. XII, p. 96). Ce n’est donc que par
  extension qu’il pouvait être considéré comme frère bâtard du roi, ce
  dernier ayant pour mère Jeanne de Kent, qui avait précédemment épousé
  Thomas de Holand.--C’est par erreur que Froissart donne ici le prénom
  d’_Adam_ à _Thomas_ Simond.

  [258] Higuera-la-Real, bourg d’Espagne, prov. de Badajoz.

  [259] Ces deux frères ne figurent pas dans les chroniques espagnoles
  et portugaises.

L’assaut est donné, où se distingue tout particulièrement un jeune
écuyer de Hainaut nommé Froissart Meulier[260]. Les Espagnols,
ayant perdu un de leurs chefs, Barthélemi Gouse, parlementent[261]
et livrent le château, où ils laissent leurs armes et bagages. Ils
se dirigent vers Xérès[262], espérant y trouver le grand maître de
Saint-Jacques[263], qui, de son côté, à la tête de 400 hommes d’armes,
cherche les Anglais pour les combattre. P. 161 à 163, 353, 354.

  [260] Un Froissart _le_ Meulier est cité dans un document de 1517
  comme ancien propriétaire d’un pré (_Monuments pour servir à
  l’histoire des provinces de Namur, de Hainaut et de Luxembourg_, t.
  III, p. 626).

  [261] D’après Froissart, ce fut à Matthieu de Gournai, connétable de
  l’armée, et à Guillaume de _Windsor_, maréchal de l’armée, que se
  rendit ce château. Il faut évidemment lire _Beauchamp_ au lieu de
  _Windsor_, Guillaume de Beauchamp étant alors maréchal de l’armée
  (voy. p. XXIV), et Guillaume de Windsor se trouvant à cette époque en
  Angleterre (cf. plus loin, p. L, note 273).

  [262] Jerez de los Caballeros, ville d’Espagne, prov. de Badajoz.

  [263] Don Fernando Osorès, d’après F. Lopes.

Les Anglais laissent une garnison à Higuera et retournent en trois
routes à Villa Viçosa. La route commandée par le Chanoine de Robersart
aperçoit en chemin, entre Olivenza[264] et Alconchel[265], les gens
du grand maître de Saint-Jacques, qui, malgré leur nombre, n’osent
attaquer. P. 163, 164, 354, 355.

  [264] Ville forte d’Espagne, prov. de Badajoz.

  [265] Bourg d’Espagne, prov. de Badajoz.

Tout l’hiver se passe sans nouvelle chevauchée[266]. Le roi Jean de
Castille demande alors secours au roi de France, qui lui envoie Olivier
du Guesclin et autres chevaliers[267] de toutes les provinces de
France. Ces nouvelles troupes traversent l’Aragon pour se rendre auprès
du roi Jean. P. 164, 165, 355.

  [266] Durant cet hiver, nous trouvons la mention de l’envoi en
  Angleterre de deux messagers, Guillaume Bettenham, écuyer de
  Guillaume de Beauchamp, et Alph. Seyns, espagnol, «ad prosequendum
  versus dominum regem et consilium suum quedam negocia tangencia moram
  dicti Willelmi et aliorum militum de comitiva sua in guerra regis
  ibidem» (_Rec. Off., Issue Rolls 304_, m. 14; _Warr. for issues_,
  bundle 5). Ils reviennent en Portugal avec des lettres pour le comte
  de Cambridge. Vers le milieu de l’année 1382, une autre ambassade, où
  figure le chancelier de Portugal, se rend auprès du duc de Lancastre
  (_Ibid., Issue Rolls 305_, m. 14).

  [267] Froissart nomme plus loin (p. 198-199) quelques-uns des
  chevaliers qui accompagnèrent Olivier du Guesclin en Castille.--En
  automne 1381, le roi de Castille avait reçu la visite de Charles de
  Navarre, autorisé par le roi de France (_Arch. nat._, PP 109, p. 522)
  à se rendre en Castille et en Navarre avec tous ses gens. En passant
  par Montpellier (24 à 27 octobre), Charles avait reçu de nouveau
  du duc de Berri la seigneurie de la terre de Montpellier (_Petit
  Thalamus_, p. 402-403).

Grâce aux négociations de Simon Burley[268], le mariage du roi
d’Angleterre et d’Anne de Bohême est décidé. La sœur du roi des
Romains[269], accompagnée du duc de Tesschen[270] et de nombreux
chevaliers, s’achemine vers Bruxelles, où elle est reçue avec joie par
le duc et la duchesse de Brabant[271] et séjourne plus d’un mois par
crainte des bateaux normands qui croisent en vue des côtes.

  [268] Les gages de Simon Burley pour ses voyages en Flandre et en
  Bohême sont ordonnancés à la date du 28 février 1382 (_Rec. Off.,
  Warr. for issues_, bundle 5).

  [269] Froissart donne à tort au roi des Romains le nom de _Charles_,
  au lieu de _Wenceslas_.

  [270] A côté du duc de Teschen et de ses deux compagnons Conrad de
  Kreyg et Pierre de Vaterbery, qui devaient remporter l’argent octroyé
  à Wenceslas à l’occasion du mariage (_Rec. Off., Issue Rolls 304_,
  m. 12), il faut citer Here Poto, chevalier banneret de Bohême, qui
  accompagna la reine en Angleterre (_Ibid. 305_, m. 14).

  [271] Wenceslas de Bohême et Jeanne de Brabant, sa femme.

Le duc envoie alors à la cour de France deux messagers[272] chargés
d’obtenir un sauf-conduit, ce qui est facilement accordé. La jeune
princesse, escortée par 100 lances brabançonnes, se rend à Gand,
puis à Bruges, où le comte de Flandre lui fait bon accueil; de là à
Gravelines, puis à Calais, où elle entre en compagnie des 500 lances et
des 500 archers[273] que les comtes de Salisbury et de Devonshire lui
ont amenés entre Gravelines et Calais[274]. P. 165 à 168, 355, 356.

  [272] L’un de ces messagers, Jean de Rotselaer, appartient à une
  famille bien connue de Brabant.

  [273] Parmi les chevaliers qui vinrent à Calais au-devant de la reine
  était Guillaume de Windsor, auquel l’ordre avait été donné de se
  préparer à cette mission dès le 20 septembre 1381 (_Rec. Off., Issue
  Rolls 303_, m. 15).

  [274] Les ambassadeurs anglais chargés de recevoir à Calais la reine
  Anne étaient Jean de Montaigu, Simon Burley et Jean de Holland, frère
  du roi (Rymer, t. VII, p. 236). Ils étaient porteurs d’une certaine
  somme, empruntée à Nicolas Brembre et destinée «à diverses chivalers,
  esquiers et autres officiers venantz en la compaignie de Anne, la
  soere du roy des Romayns et de Boeme, nostre compaigne future, de
  son paiis tant que à Calais et retournantz d’illueques à leur paiis
  susditz» (_Rec. Off., Issue Rolls 304_, m. 12 et 15; _Warr. for
  issues_, bundle 5).

Anne de Bohême quitte bientôt Calais[275] grâce à un vent favorable
et débarque à Douvres[276]. De là elle se rend à Cantorbéry, où elle
est reçue par le comte de Buckingham, enfin à Londres[277]. (Depuis
Maestricht, la nouvelle reine est escortée par Robert de Namur.) Le
roi l’épouse à Westminster le 14 janvier 1382, au milieu de grandes
réjouissances[278], et l’emmène auprès de sa mère à Windsor, où se
trouve aussi la duchesse de Bretagne, Marie, qu’on ne veut pas laisser
retourner auprès de son mari, accusé de pactiser avec le roi de France.
On propose alors aux deux fils de Charles de Blois, Jean et Gui,
prisonniers en Angleterre sous la garde de Jean d’Aubrecicourt, de leur
rendre l’héritage paternel sous condition d’en faire hommage au roi
d’Angleterre; l’aîné épouserait Philippine, fille du duc de Lancastre
et de la duchesse Blanche[279]. Les deux princes refusent, préférant
mourir en prison que d’abandonner leur qualité de bons Français. P.
168, 169, 356, 357.

  [275] La reine emmenait avec elle en Angleterre 55 chevaux de selle
  et de trait, qui nécessitèrent pour leur passage l’affrètement de
  trois bateaux de Dunkerque (_Rec. Off., Issue Rolls 305_, m. 8).

  [276] Anne fut reçue à Douvres par le «connétable» du château, Robert
  d’Asheton, qui s’occupait déjà depuis quelque temps des préparatifs
  de cette réception (_Rec. Off., Issue Rolls 304_, m. 14 et 15; _Ibid.
  305_, m. 6). L’arrivée de la reine en Angleterre fut accompagnée
  d’un tremblement de terre, dont on ne manqua pas de tirer présage
  (Walsingham, t. II, p. 46).

  [277] Arrivée à Londres, la reine demande, le 13 décembre 1381,
  une amnistie générale, qui est accordée aux rebelles des communes
  (Rymer, t. VII, p. 337). Convocation est envoyée «diversis episcopis,
  prelatis et certis magnatibus de essendo apud Westm. in diebus
  maritagii et coronacionis domine regine» (_Rec. Off., Issue Rolls
  304_, m. 16).

  [278] Walsingham (t. II, p. 47) ne précise pas la date des noces
  royales qui furent faites, dit-il, après l’Épiphanie de 1382. Ce fut
  l’archevêque de Cantorbéry qui célébra le mariage et couronna la
  reine.

  [279] Cette princesse épousa en 1386 Jean, roi de Portugal.

Ayant besoin d’argent pour la solde des gens d’armes qu’il envoie au
secours du roi de Castille, le roi demande au receveur de Paris, à qui
chaque semaine, comme cela est convenu, est payée une certaine somme
de florins, de lui avancer 100,000 francs. Celui-ci refuse de le faire
sans le consentement de la commune de Paris. Mécontent, le roi demande
l’argent à ses bonnes villes de Picardie[280].

  [280] Froissart fait sans doute ici allusion à la convocation des
  Trois États, qui eut lieu à Compiègne vers le milieu d’avril 1381, où
  «aucuns des bonnes villes», à l’exception de Reims, Châlons, Laon,
  Soissons et Tournai (_Chronographia_, t. III, p. 32), «acorderent
  l’imposicion» (_Chr. des Quatre Valois_, p. 301); voy. plus haut, p.
  XLV, note 247.

Tandis que le roi, ne venant point à Paris, réside soit à Meaux,
soit à Senlis, soit à Compiègne[281], le duc d’Anjou se fait le
défenseur des Parisiens et sait si bien leur parler que, pour sa
campagne d’Italie, il obtient d’eux 100,000 francs sur les sommes
recueillies par le receveur royal, auxquelles ni le roi ni ses autres
oncles ne peuvent toucher[282] (le duc avait, dit-on, rassemblé à
Roquemaure[283], près d’Avignon, deux millions de florins).

  [281] Depuis le 1er juin (voy. plus haut, p. XLV, note 247) jusqu’à
  sa rentrée définitive à Paris, avant la campagne de Flandre, le roi
  séjourna principalement à Melun (11 au 28 juin), à Compiègne (8 à 11
  juillet), à Senlis (13 et 15), à Maubuisson, à Soissons; il était le
  22 août à Meaux (Petit, _Séjours de Charles VI_, p. 14). Le 23, il
  allait coucher au Louvre et, s’apprêtant à continuer en Guyenne la
  guerre contre les Anglais, présentait son frère Louis de Valois comme
  son lieutenant (_Chronographia_, t. III, p. 38-39; cf. _Chr. des
  Quatre Valois_, p. 305).

  [282] Quand éclata l’émeute des Maillotins, le duc d’Anjou était
  déjà, depuis près d’une semaine, à Avignon, où il était arrivé le 22
  février, ce qui rend assez invraisemblable l’assertion de Froissart
  relative à l’octroi des subsides par les Parisiens. Le fait n’est du
  reste pas mentionné par d’autres chroniqueurs.

  [283] Gard, arr. d’Uzès, sur un bras du Rhône.

Ses préparatifs faits, au commencement du printemps, le duc part pour
Avignon[284], où il est bien reçu par le pape[285]; les villes de
Provence, excepté Aix[286], lui font hommage. A Avignon ont lieu les
paiements convenus au comte Amédée de Savoie et aux chevaliers qu’il a
amenés[287].

  [284] Le duc d’Anjou arrive à Avignon le 22 février 1382 (_Journal de
  Jean le Fèvre_, t. I, p. 21). Avant son départ, il avait dû renoncer
  à son titre de régent. Le roi fut «dispensé à age royal au jour de
  Toussains» 1382, sous la garde des ducs de Bourgogne et de Bourbon
  (_Ist. et chr. de Flandre_, t. II, p. 209).

  [285] Aussitôt son arrivée à Avignon, le duc chercha à gagner les
  Provençaux (Valois, _La France et le grand schisme_, t. II, p.
  21-23), auxquels il confirma à diverses reprises les dons faits par
  la reine Jeanne. Le pape l’aida dans ces négociations, et le 20 mai,
  en grand consistoire, donna officiellement le royaume de Naples à la
  reine Jeanne et au duc d’Anjou, auquel il remit la bannière papale
  (_Petit Thalamus_, p. 405).

  [286] Le duc partit sans plus s’occuper de la rébellion d’Aix,
  laissant au duc de Berri, qui était en Provence depuis la Noël et
  auquel il avait donné la principauté de Morée et celle de Tarente
  (_Journal de Jean le Fèvre_, t.1, p. 34 et 41), le soin d’apaiser
  cette révolte.

  [287] C’est du 15 au 19 février, à son passage à Lyon, que le duc
  d’Anjou avait définitivement conclu son traité avec le comte de
  Savoie (Valois, _La France et le grand schisme_, t. II, p. 34).

Le duc, accompagné du comte, fait route par le Dauphiné[288] jusqu’en
Savoie[289] et en Lombardie[290]. A Milan, il reçoit les présents des
seigneurs Galéas et Bernabo[291], et, tenant état de roi, battant
monnaie, il traverse la Toscane et s’approche de Rome[292]. Défendu
par les bandes de Jean Hawkwood[293], le pape Urbain ne craint point
les 9,000 lances du duc d’Anjou, du comte de Savoie et du comte de
Genève[294]. P. 170 à 173, 357, 358.

  [288] Fourni d’argent par le roi de France et le pape (Valois, _loc.
  cit._, t. II, p. 24-29), après avoir passé quelques jours (du 31 mai
  au 6 juin) à Pont-sur-Sorgues, auprès de la duchesse, à laquelle il
  laisse pleins pouvoirs (_Journal de Jean le Fèvre_, t. I, p. 43), le
  duc s’arrête du 7 au 13 à Carpentras et part décidément pour l’Italie
  le 13 juin 1382 (_Ibid._, p. 3 et 44). Il est le 14 à Sault et
  pénètre en Dauphiné, passe par Gap et Briançon et entre en Italie par
  le col du Mont-Genèvre (Valois, _La France et le grand schisme_, t.
  II, p. 38).

  [289] M. Valois (_loc. cit._, p. 38) a montré que le duc d’Anjou
  n’est point allé en Savoie; c’est aux environs de Rivoli (le 23 juin)
  qu’il opère sa jonction avec les troupes du comte de Savoie. Il est
  le 25 à Turin.

  [290] Après s’être attardé en Piémont, le duc entre seulement le 18
  juillet en Lombardie (Valois, _loc. cit._, p. 39-40).

  [291] Le duc ne passe pas à Milan, mais à Broni; il reçoit la
  visite des seigneurs de Milan, qui le ravitaillent. Le mariage de
  la princesse Louise et du fils du duc est décidé. Bernabo fait une
  avance de 40,000 florins sur la dot, somme qu’il s’engage à payer
  chaque année jusqu’à la fin de la guerre (Valois, _loc. cit._, p.
  40-41).

  [292] Le duc ne pouvait traverser la Toscane, contrairement à ce que
  dit Froissart, ayant lui-même promis de prendre un autre chemin. En
  quittant la Lombardie, il traverse les pays de Plaisance et de Parme,
  et parvient le 5 août à Panzano, sur le territoire de Bologne. A
  partir de ce moment, les hostilités commencent aux environs de Forli;
  le seigneur de Ravenne seul est partisan du pape Clément. Arrivé à
  Ancône, le duc se décide à passer les Apennins et à marcher sur Rome.
  Il s’arrête à Leonessa, à vingt-cinq lieues du Vatican (Valois, _loc.
  cit._, p. 40-47).

  [293] Ce ne furent point les routiers de Hawkwood (ils ne
  s’avancèrent sur Rome que plus tard, vers le 22 octobre), mais les
  conseils de ses compagnons, qui décidèrent le duc d’Anjou à s’emparer
  du royaume de Naples, avant de songer à détrôner le pape Urbain (P.
  Durrieu, _Bibl. de l’Éc. des chartes_, t. XLI, p. 167-168; Valois,
  _loc. cit._, p. 36).

  [294] Pierre de Genève, frère du pape d’Avignon.

Le duc évite Rome, côtoyant la marche d’Ancône et le Patrimoine[295].
Pendant ce temps, Charles de la Paix est à Naples, s’apprêtant à
soutenir ses droits au trône: héritier naturel de la reine Jeanne[296],
il n’admet point, avec les Napolitains et les Siciliens, qu’elle ait
pu disposer de son royaume en faveur de l’antipape Clément.

  [295] Le 17 septembre, le duc est à Aquila, dans l’Abruzze, où il est
  reçu avec les honneurs souverains. Il reprend sa marche en avant et
  le 6 octobre pénètre sur les terres de l’abbaye du Mont-Cassin; le
  14, à Maddaloni, l’armée angevine est à six lieues et demie de Naples
  (Valois, _La France et le grand schisme_, t. II, p. 49, 52-53).

  [296] La reine Jeanne était morte très probablement le 27 juillet
  1382. Cette date, nouvellement proposée par M. Jarry (_Bibl. de l’Éc.
  des chartes_, t. LV, p. 236), semble concorder avec celle du service
  solennel que Charles de la Paix fit célébrer le 31 juillet pour le
  repos de son âme (Valois, _La France et le grand schisme_, t. II, p.
  51).

Il se contente de pourvoir d’hommes et de vivres le château de l’Œuf,
imprenable sinon par magie, et compte sur le temps pour rentrer en
possession de ses provinces, sachant bien qu’une armée, fût-elle de
30,000 hommes[297], finit toujours, loin de son pays, à s’épuiser et à
manquer d’argent. P. 173 à 175, 358, 359.

  [297] L’évaluation du nombre des hommes composant l’armée angevine
  varie suivant les chroniqueurs. M. Valois (_loc. cit._, p. 39, note
  1), que nous ne pouvons mieux faire que de suivre pour toute cette
  période, a relevé des différences allant de 15,000 à 100,000.

Le duc arrive en Pouille et en Calabre, pays riches et fertiles, et
reçoit la soumission des villes. Les habitants de Naples laissent leurs
portes ouvertes, sachant bien que les gens du duc n’oseront point
s’aventurer dans leurs rues dangereuses[298].

  [298] Pour des raisons multiples, le duc s’immobilisa devant Naples,
  sans pouvoir empêcher les bandes de Hawkwood de faire leur jonction
  (31 novembre) avec Charles de la Paix, qui l’amusait en le défiant
  à des combats personnels, dont la date était éternellement remise
  (Valois, _loc. cit._, p. 53-57).

Mise à mort de l’enchanteur, qui propose au duc de le rendre maître du
château de l’Œuf[299]. P. 175 à 178, 359, 360.

  [299] L’enchanteur dont parle Froissart était un chevalier nommé
  Garillo Caracciolo et surnommé le _Chevalier sauvage_. Envoyé par
  Charles de la Paix pour défier le duc d’Anjou, il fut accusé de
  pratiques ténébreuses et magiques et brûlé, en dépit de son caractère
  de messager (Valois, _loc. cit._, p. 56).

Au commencement d’avril, les chevaliers qui ont tenu garnison tout
l’hiver à Villa Viçosa envoient à Estremoz le syndic de Latrau, pour
demander au comte de Cambridge l’autorisation de chevaucher. Le comte
leur dit de patienter jusqu’à l’arrivée du duc de Lancastre, qui doit
venir avec une grosse armée. Le roi de Portugal, en même temps, leur
députe Jean Fernandez[300] pour leur défendre toute action.

  [300] Peu de temps auparavant, Jean Fernandez Andeiro avait été fait
  comte d’Ourem (D. Nuñez, t. II, p. 325).

Malgré tout, les chevaliers sont résolus à marcher et décident Jean
Fernandez à les suivre. P. 178 à 181, 360, 361.

Ils partent[301] et arrivent sous les murs de Lobon[302]; la ville
se rend, ainsi que le château. Plus loin, ils assiègent et prennent
Cortijo[303]. P. 181 à 183, 361, 362.

  [301] C’est à Arronches que se réunirent les Anglais pour commencer
  leur chevauchée. L’expédition, forte de 200 chevaliers et de 4,000
  hommes de pied, prit d’abord le chemin d’Ouguella et gîta la première
  nuit à San Salvador da Matança. Ce n’est que le deuxième jour que
  Lobon fut pris (D. Nuñez, t. II, p. 340).

  [302] Ville d’Espagne, prov. de Badajoz.--Après la prise du château,
  où se distingua le bâtard d’Angleterre (F. Lopes, t. IV, p. 448), les
  Anglais y laissèrent une garnison de 70 hommes (D. Nuñez, t. II, p.
  340).

  [303] Cortijo de Cantaelgallo, ville d’Espagne, prov. de Badajoz.--La
  mort d’un des leurs fut le signal pour les Anglais d’un massacre
  général des habitants de la ville, où ils laissèrent 200 hommes de
  pied et 30 écuyers (D. Nuñez, t. II, 341).

Ils continuent leur chevauchée: Zafra[304] est pris et pillé; ils
s’emparent d’une grande quantité de bétail et rentrent à Villa Viçosa.

  [304] Ville d’Espagne, prov. de Badajoz.

De retour à Lisbonne, Jean Fernandez est emprisonné sur l’ordre du roi,
pour avoir, contrairement aux instructions données, fait chevauchée
avec les chevaliers gascons et anglais. P. 183, 184, 362.

Rentrés à Villa Viçosa, les chevaliers envoient à Lisbonne Richard
Talbot demander au roi le paiement de leurs gages, dus depuis près d’un
an. Le roi reçoit fort mal le messager et lui reproche de lui avoir
désobéi en chevauchant.

Le comte de Cambridge, que les chevaliers accusent d’avoir reçu leurs
gages et de ne pas les avoir payés, quitte alors Estremoz pour venir à
Villa Viçosa recevoir leurs plaintes. P. 184, 185, 362, 363.

Réunion orageuse des chevaliers, qui lèvent l’étendard de
Saint-Georges, mettent à leur tête le bâtard Jean Sounder[305] et
veulent guerroyer contre le roi de Portugal. P. 185 à 187, 363.

  [305] Sur ce personnage, voy. plus haut, p. XLVIII, note 257.

Le Chanoine les apaise et leur conseille de parler au comte de
Cambridge. Celui-ci les engage à envoyer trois des leurs réclamer leurs
gages au roi. P. 187 à 189, 363, 364.

Les trois chevaliers sont désignés: Guillaume Elmham par les Anglais,
Thomas Simond par les Allemands et autres étrangers, Castelnau par les
Gascons. Ils partent. Le roi leur promet qu’ils seront payés dans
quinze jours; mais il désire que le comte de Cambridge vienne le voir.
P. 189 à 191, 364.

Le comte de Cambridge se rend donc à Lisbonne auprès du roi, et tous
deux se résolvent à chevaucher. Le roi convoque ses hommes d’armes, qui
devront se trouver le 7 juin au rendez-vous, fixé entre Villa Viçosa et
Olivenza.

Le comte, après avoir obtenu la grâce de Jean Fernandez, qui sort de
prison, retourne à Villa Viçosa. Peu après, les gages des chevaliers
sont payés. P. 191, 364, 365.

Le roi de Castille, apprenant à Séville les intentions du roi
Ferdinand, lui fait demander de désigner, soit en Portugal, soit en
Espagne, le champ de bataille où les deux armées se rencontreront. Le
roi de Portugal choisit un emplacement entre Elvas[306] et Badajoz. P.
191 à 193, 365.

  [306] Ville de Portugal, prov. d’Alentejo.

Il vient camper à la place convenue avec environ 15,000 hommes; de même
le comte de Cambridge, avec 600 hommes d’armes et 600 archers[307]. A
cette nouvelle, le roi d’Espagne prend position à deux petites lieues
de Badajoz avec plus de 30,000 hommes[308]. P. 193, 194, 365, 366.

  [307] Le roi Ferdinand, qui était à Vimieiro, vient à Estremoz,
  puis à Borba, et rejoint le comte de Cambridge à Elvas (D. Nuñez,
  t. II, p. 341). Lopez de Ayala estime l’armée portugaise à 3,000
  hommes d’armes et celle des Anglais à 1,000 hommes d’armes et à 1,000
  archers, forces auxquelles s’ajoutait un grand nombre de gens de pied
  (t. II, p. 157).

  [308] Le roi de Castille quitte Avila, se rend à Oterdesillas, puis
  à Simancas, à Zamora, enfin à Badajoz, où il est à la fin de juillet
  1382. Il a sous ses ordres 5,000 hommes d’armes, 1,500 _geneteurs_ et
  quantité de gens de pied, d’arbalétriers et d’archers (D. Nuñez, t.
  II, p. 342; Lopez de Ayala, t. II, p. 156-157). Le roi de Castille
  «entra oudit royaume de Portugal si fort et si puissant de gens
  d’armes que lesdis roy de Portigal et Anglois furent contrains
  de faire traictié avecques lui, par lequel traictié ledit roy de
  Portigal renonça au traictié et aliances qu’il avoit avecques les
  Anglois» (_Ist. et chr. de Flandre_, t. II, p. 260).

Les deux armées sont séparées par la montagne où est située Badajoz.
Pendant quinze jours, ce ne sont qu’escarmouches, où s’exercent les
jeunes chevaliers. Le roi de Portugal hésite à livrer bataille: il
ne se sent pas assez fort pour s’y risquer et attend toujours les
4,000 hommes d’armes et les 4,000 archers que doit lui amener le duc
de Lancastre. Mais les émeutes d’Angleterre et les événements de
Flandre[309] ont empêché le départ de ces renforts.

  [309] Froissart fait sans doute allusion à la prise de Bruges par les
  Gantois et aux négociations engagées entre Philippe d’Artevelde et le
  roi d’Angleterre.

Des négociations s’engagent alors entre Martin, évêque de
Lisbonne[310], et Pierre Moniz, grand maître de l’ordre de Calatrava,
don Pierre de Mendoça, don Pero Ferrandez de Velasco[311], Fernand
d’Osorès, grand maître de l’ordre de Saint-Jacques, et Jean de Mayorga,
évêque d’Astorga[312]: la paix est signée[313] à l’insu du comte
de Cambridge et des Anglais, qui reprochent au roi de Portugal sa
dissimulation[314]. P. 194 à 196, 366.

  [310] Martin, cardinal, fut évêque de Lisbonne du 5 mai 1379 au 6
  décembre 1383, date à laquelle il fut tué.

  [311] Grand chambellan de Castille. Ce personnage est le seul de
  tous ceux que cite Froissart qui soit officiellement intervenu comme
  plénipotentiaire dans la signature du traité de paix. Il avait pour
  collègue castillan Pero Sarmento. Le roi de Portugal était représenté
  par dom Alvaro Perez de Castro, comte d’Arraiolos, et Gonçalo Vasquez
  de Azeuedo (Lopez de Ayala, t. II, p. 158; F. Lopes, t. IV, p. 459;
  D. Nuñez, t. II, p. 345).

  [312] L’évêque d’Astorga était chancelier de Castille.

  [313] La principale clause du traité de paix fut les fiançailles de
  Ferdinand, deuxième fils du roi de Castille, avec l’infante Béatrice,
  dont le mariage avec le fils du comte de Cambridge était ainsi rompu.
  Le roi Jean s’engageait à rendre sans rançon les vingt galères prises
  à la flotte portugaise et à fournir des bateaux pour rapatrier les
  mercenaires anglais (Lopez de Ayala, t. II, p. 159; D. Nuñez, t. II,
  p. 345).

  [314] Les chroniqueurs portugais mentionnent la colère des Anglais
  de voir signer la paix; ils se disaient trompés (F. Lopes, t. IV, p.
  464; D. Nuñez, t. II, p. 348).

Après une joute brillante entre Tristan de Roye, jeune chevalier
français du roi de Castille, et Miles de Windsor, chevalier anglais,
les deux armées se séparent. P. 196 à 198, 366.

Une partie des chevaliers français, parmi eux Tristan de Roye, Geoffroi
de Charni le jeune, Pierre de Villaines et Robert de Clermont,
prennent congé du roi de Castille pour se mettre au service du roi de
Grenade[315], alors en guerre avec les rois de Barbarie[316] et de
Tlemcen[317]. Quelques Anglais se joignent à eux, mais en petit nombre;
les autres regagnent l’Angleterre avec le comte de Cambridge[318] et le
jeune prince, mari de la princesse de Portugal.

  [315] Mohammed V était monté sur le trône de Grenade en 1354, où il
  resta jusqu’en 1391, après un interrègne entre 1359 et 1360.

  [316] Le roi de Tunis était alors Abou-’l-Abbas-Ahmed (1370-1394).

  [317] Abou-Hammou Mouça II (1359-1386).

  [318] Le comte de Cambridge avait pris le chemin de Rio Maior
  pour venir à Santarem; il était à Almada le 1er septembre 1382, prêt
  à s’embarquer sur les bateaux castillans (D. Nuñez, t. II, p. 349);
  mais il ne partit qu’en octobre, après avoir été ravitaillé par Othe
  de Granson et Jean de Gruyères (_Rec. Off., Early Chanc. Rolls_ 327,
  m. 23; _Issue Rolls_ 305, m. 3).--Un chroniqueur nous apprend que,
  dans l’acte où il s’engageait à renvoyer au roi de Castille ses
  bateaux, le comte de Cambridge avait pris le titre de _fils du roy
  de France et d’Angleterre_. Le roi n’accepta pas cette rédaction,
  à laquelle il fit substituer les mots: _fils du roy d’Angleterre_
  (_Ist. et chr. de Flandre_, t. II, p. 260).

Un an après meurt la reine d’Espagne, Éléonore d’Aragon[319]. Le roi,
devenu veuf, épouse Béatrice de Portugal[320], dont le pape annule le
mariage avec le fils du comte de Cambridge; il en a un fils[321].

  [319] Le 27 octobre 1382, le roi Jean de Castille était à Madrid
  quand il apprit la mort de sa femme, la reine Éléonore d’Aragon
  (Lopez de Ayala, t. II, p. 160). Cette princesse était fille du roi
  Pierre IV d’Aragon et avait épousé Jean Ier en 1375.

  [320] Aussitôt après la mort de la reine de Castille, le roi de
  Portugal propose au roi Jean de lui donner en mariage sa fille
  Béatrice, qui, en vertu du traité de paix, devait épouser son second
  fils Ferdinand. Le roi Jean accepte; l’archevêque de Saint-Jacques
  reçoit pleins pouvoirs (mars 1383) pour faire annuler les fiançailles
  ayant eu lieu avec le fils du comte de Cambridge; les dispenses du
  pape sont obtenues et le mariage, hâté par le roi Ferdinand, qui se
  sent malade à Salvaterra, est célébré par procureur le 30 avril 1383
  (L. de Ayala, t. II, p. 161; F. Lopes, t. II, p. 469; D. Nuñez, t.
  II, p. 350-351). La nouvelle reine arrive à Elvas le 13 mai 1383 (D.
  Nuñez, t. II, 359).

  [321] Ce prince mourut en bas âge.

Le roi Ferdinand de Portugal meurt peu de temps après[322]; mais les
Portugais, ne voulant pas être gouvernés par le roi d’Espagne, nomment
roi le frère bâtard de Ferdinand, Jean, grand maître de l’ordre
d’Avis[323]. De là les nombreuses guerres qui divisèrent l’Espagne et
le Portugal. P. 198 à 200, 366, 367.

  [322] Déjà malade depuis quelque temps, le roi Ferdinand mourut le 22
  octobre 1383, à l’âge de cinquante-trois ans passés.

  [323] Froissart raconte avec plus de détails dans son troisième livre
  la lutte du roi Jean de Castille, soutenu par la reine régente de
  Portugal, Éléonore Tellez, contre le frère bâtard du roi Ferdinand,
  qui devait bientôt porter le nom de Jean Ier de Portugal.

De retour en Angleterre, le comte de Cambridge explique au duc de
Lancastre comment le roi de Portugal, ne voyant pas arriver les
renforts annoncés, a dû se résoudre à la paix sans combattre. Pour lui,
quoi qu’il puisse arriver, il a ramené avec lui son fils, croyant avoir
agi pour le mieux[324]. P. 200, 201, 367, 368.

  [324] Peu de temps avant sa mort, au moment du mariage de sa fille
  avec le roi de Castille, le roi Ferdinand avait envoyé en Angleterre
  un écuyer nommé Ruy Cravo, pour s’excuser d’avoir été forcé de
  renoncer à marier sa fille avec le prince Édouard, fils du comte de
  Cambridge, et pour protester de son amitié (F. Lopes, t. IV, p. 478;
  D. Nuñez, t. II, p. 358).



CHAPITRE XVI.

  _1382, avril._ CONFÉRENCE DE TOURNAI; PROPOSITIONS INACCEPTABLES DU
  COMTE DE FLANDRE.--_3 mai._ BATAILLE DE BEVERHOUTSVELD; VICTOIRE DES
  GANTOIS; PRISE DE BRUGES; FUITE DU COMTE.--_Commencement de juin._
  SIÈGE D’AUDENARDE PAR PHILIPPE D’ARTEVELDE.--_Août._ ASSEMBLÉE A
  COMPIÈGNE DES NOBLES ET DES PRÉLATS.--_Septembre-octobre._ PHILIPPE
  NÉGOCIE AVEC L’ANGLETERRE.--_3 novembre._ LE ROI DE FRANCE ARRIVE À
  ARRAS POUR PRÊTER SECOURS AU COMTE DE FLANDRE ET S’APPRÊTE À ENTRER
  EN FLANDRE AVEC SON ARMÉE (§§ 263 à 312).


La guerre de garnisons continue entre les Flamands fidèles au comte et
les Gantois, qui ne reçoivent de vivres que du comté d’Alost et des
Quatre-Métiers; encore ceux d’Alost, poursuivis et harcelés par les
gens de Termonde, ne peuvent-ils continuer à les secourir.

D’accord avec le duc Aubert et le duc de Brabant, le comte empêche le
blé de pénétrer dans la ville de Gand; la famine est imminente[325] et
Philippe d’Artevelde fait ouvrir les greniers des abbayes et des riches
bourgeois et vendre le blé à un taux fixé[326].

  [325] Les Gantois ne pouvaient se procurer des vivres qu’à
  grand’peine «et furent de si près guettiés toute celle saison d’yver
  et jusques à l’entrée de may que vivres deffailloient en Gand, si que
  plus n’avoient que mengier» (_Ist. et chr._, t. II, p. 245).

  [326] Philippe d’Artevelde avait, en mars 1382, commandé une
  expédition qui était allée chercher des vivres dans les environs
  d’Audenarde et de Courtrai (Kervyn, t. X, p. 455).

Malgré quelques secours venus de Hollande, de Zélande et parfois de
Brabant, la ville manque de tout à l’époque du carême.

Douze mille hommes, poussés par la faim, s’acheminent alors vers
Bruxelles et Louvain, où ils trouvent des vivres[327]. Leur chef,
François Ackerman[328], demande aux Liégeois et à leur évêque, Arnould
de Hornes[329], d’intervenir auprès du comte et de leur laisser faire
de copieuses provisions. P. 201 à 204, 368, 369.

  [327] Ce n’est que le 16 avril que les Gantois purent aller à Liège
  et à Louvain chercher des provisions. Dès le 1er du mois, ils avaient
  envoyé à Louvain des députés qui, accompagnés du bourgmestre et de
  quatre échevins, avaient obtenu de l’évêque des vivres et la promesse
  de s’entremettre pour eux auprès du comte (Kervyn, t. X, p. 455).

  [328] Sur François Ackerman, que nous avons déjà cité comme _rewaert_
  de Gand en 1381 (p. XX, note 119), et que nous retrouvons à la tête
  d’une flotte en 1382 (p. LXXI, note 386), voy. dans Kervyn (t. X, p.
  454-455, et t. XX, p. 2-5) plusieurs actes du _Record Office_. Ce
  personnage, qui joue dans la suite un rôle important comme amiral
  de Flandre, est nommé _Francion_ et qualifié de _dux ignobilis_
  par le _Religieux de Saint-Dénis_ (t. I, p. 370); une rédaction
  des _Chroniques de Flandre_ (_Ist. et chr._, t. II, p. 223-225) le
  confond avec Jean Yoens et lui attribue en 1379 l’incendie du château
  du comte de Flandre.

  [329] Évêque de Liège de 1378 jusqu’à sa mort en 1390. La plupart des
  manuscrits, et d’après eux Meyer, offrent à tort la leçon Arnould
  d’Erclé pour _Jean_ d’Arkel, prédécesseur d’Arnould de Hornes
  (1364-1378) sur le siège épiscopal de Liège. Une longue généalogie
  de la famille Hornes, dans laquelle figure l’évêque de Liège, a
  été imprimée à Paris en 1722; elle est conservée à la Bibliothèque
  nationale (_Pièces orig._, vol. 1533).

La permission est accordée; en deux jours, six cents chars sont remplis
de farine et de blé. François Ackerman songe alors au retour; mais,
en passant par Vilvorde[330], il s’avise d’aller trouver à Bruxelles,
au palais de Caudenberg[331], la duchesse de Brabant. Celle-ci, en
l’absence du duc, promet aux Gantois d’intercéder pour eux auprès du
comte et de provoquer à Tournai la réunion d’une conférence en vue de
la paix. P. 205, 206, 369, 370.

  [330] Belgique, prov. de Brabant.

  [331] Le palais de Caudenberg «dominait de ses créneaux et de ses
  tourelles la ville industrielle placée au-dessous» (Kervyn, _Étude
  littéraire sur le XIVe siècle_, t. I, p. 93). Le nom de l’hôtel
  de la duchesse de Brabant est rappelé aujourd’hui par l’église de
  Saint-Jacques-sur-Caudenberg, située tout près du palais royal.

Ces vivres permettent aux Gantois de prolonger quelques jours la lutte,
mais bientôt ils n’en souffrent pas moins. On était en carême (mars
et avril 1382): le comte décide alors[332] de mettre le siège devant
Gand et de châtier les Quatre-Métiers. Il convoque ses bonnes villes de
Flandre et ses chevaliers de Hainaut, voulant être prêt à partir après
la procession de Bruges (3 mai 1382). P. 206 à 208, 370.

  [332] C’est, d’après Meyer (fol. 182 vº), le 6 avril 1382 que le
  comte résolut d’assiéger la ville de Gand.

Cependant, la conférence de Tournai est fixée au dimanche 13
avril[333]. Le comte de Flandre s’est engagé à s’y rendre. L’évêque
de Liège est représenté par douze notables et le chevalier Lambert
d’Oupey; le Brabant a envoyé ses députés, le Hainaut les siens, avec le
bailli Simon de Lalaing; les Gantois ont choisi douze des leurs, ayant
Philippe d’Artevelde à leur tête. Ils sont résolus à accepter toutes
les conditions du comte, sauf les sentences de mort. P. 208, 209, 370.

  [333] Les _Chroniques_ ne fournissent pas de grands détails sur ces
  conférences de Tournai, où furent «le conseil des bonnes villes de
  Flandres, du Franc et de tout le plat pays;» du côté du comte «y
  furent pluiseurs nobles et gentils hommes dudit pays, et aussi y
  furent l’evesque du Liége et son conseil, pour traiter de l’acord
  dudit comte de Flandres et de ceuls de Gand; mais on n’y peut paix
  trouver» (_Ist. et chr._, t. II, p. 177). Meyer prétend que l’évêque
  de Liège arriva à Tournai le 6 avril (fol. 182 rº), mais cette date
  est démentie par les comptes de Louvain cités par Kervyn (t. X, p.
  455), d’après lesquels l’évêque, se rendant à Tournai, n’était encore
  à Louvain que le 22. Il partit le lendemain pour Bruxelles pour se
  joindre aux députés du Brabant. Les échevins de Louvain ne purent
  obtenir un sauf-conduit du comte pour les accompagner (_Ibid._, p.
  456).

On attend le comte trois jours; puis on lui envoie en députation le
seigneur de Crupelant, Lambert d’Oupey, Guillaume d’Hérimez[334] et six
bourgeois des villes de Flandre. Le comte leur répond qu’il leur fera
bientôt part à Tournai de ses décisions.

  [334] Sur les familles d’Oupey et d’Hérimez, voy. Kervyn, t. XXII, p.
  317-318, et t. XXI, p. 544-547.

Six jours après, en effet, arrivant à Tournai Guillaume de
Reighersvliet, Jean de la Gruthuse, Jean Vilain et le prévôt de
Haerlebeke[335], porteurs des conditions du comte, qui n’entend faire
la paix avec les Gantois que si on lui livre, pour en disposer selon sa
volonté, tous les hommes de la ville de Gand de quinze à soixante ans.
Philippe d’Artevelde et ses compagnons refusent d’accepter un pareil
traité, sans avoir consulté les Gantois; ils retournent à leur ville
en passant par Ath. P. 209 à 211, 370, 371.

  [335] Le prévôt de Haerlebeke, conseiller et chancelier du comte de
  Flandre, plus connu sous le nom de prévôt de Saint-Donat de Bruges,
  se nommait Sohier vander Beke et était un ancien chanoine de Tournai.
  Malgré le rôle conciliateur que lui prête Froissart (t. IX, p. 211),
  il n’en avait pas moins été visé personnellement dans le traité de
  1379 (t. IX, p. LXXXVI, note 6).

La conférence de Tournai est donc terminée, à la grande joie du comte,
qui ne veut à aucun prix faire la paix avec les Gantois avant d’en
avoir tiré un châtiment exemplaire.

Nouvelle émeute des Parisiens, qui, craignant que le roi ne prenne la
ville par surprise et ne fasse des exécutions, mettent les quartiers en
état de défense et multiplient les patrouilles de nuit[336]. P. 211,
212, 371.

  [336] Ce passage de Froissart, relatif à de nouveaux troubles de
  Paris, n’est pas ici à sa place; il se rapporte à la fin d’avril, au
  moment où le sire de Couci, envoyé en ambassade auprès des Parisiens
  (voy. plus haut, p. XLV, note 247), ne put obtenir d’eux qu’une somme
  de 12,000 francs pour les besoins du roi. Poussé par les seigneurs,
  qui désiraient le pillage de la ville et s’y préparaient (_Chr. des
  Quatre Valois_, p. 302), Charles VI voulut à ce moment affamer Paris
  et songea même à donner l’assaut (_Chronographia_, t. III, p. 32-33).
  Les conférences de Saint-Denis amenèrent un accord dont Froissart a
  parlé plus haut (p. 153-155).

Philippe d’Artevelde, revenu à Gand, hésite à annoncer à ses
compatriotes les mauvaises nouvelles qu’il rapporte et ajourne cette
communication au lendemain, 9 heures, sur la place du marché du
Vendredi. Seul, Pierre du Bois est mis au courant des conditions que
veut imposer le comte. C’est une lutte qui se prépare où il faut
réussir ou mourir. P. 212 à 214, 371, 372.

Le jour arrivé, un mercredi, en présence du peuple et des capitaines de
la ville, Philippe rend compte de sa mission et démontre qu’en réponse
aux exigences du comte, ils n’ont d’autre parti à prendre que de
marcher sur Bruges au nombre de 5 ou 6,000, et de livrer bataille. Les
Gantois acclament Philippe. Rendez-vous est pris pour le lendemain: on
choisira les combattants et on partira. P. 214 à 219, 372, 373.

Le jeudi, 1er mai, les 5,000[337] hommes sont choisis; ils partent
accompagnés des vœux de la population et viennent gîter à une heure et
demie de la ville. Le vendredi, ils sont à une lieue de Bruges[338].
Protégés d’un côté par un grand marais, de l’autre par leurs bagages,
ils passent la nuit dans l’attente de la bataille. P. 219, 220, 373.

  [337] D’après une chronique (_Ist. et chr._, t. II, p. 204), les
  Gantois n’étaient que 4,000 «et avoit avec yauls pluiseurs carios qui
  menoient trebus et espingalles.» D’après Olivier de Dixmude, cité par
  Kervyn (t. X, p. 458), l’armée de Philippe d’Artevelde s’élevait à
  8,000 hommes.

  [338] Au point du jour, le vendredi 2 mai 1382, les Gantois arrivent
  à _nonne_ à une lieue de Bruges (_Ist. et chr._, t. II, p. 246), dans
  la plaine de Beverhoutsveld, qui a donné son nom à la bataille.

Le samedi, 3 mai, jour de la fête et procession de Bruges, le comte est
informé de l’arrivée des Gantois. Il fait prendre les armes et envoie
en avant trois de ses hommes pour le renseigner; ce sont Lambert de
Lambres, Damas de Buxeuil[339] et Jean du Béart[340]. De son côté,
Philippe d’Artevelde fait dire la messe dans son camp et prêcher la
guerre par les moines qui ont accompagné les Gantois. P. 220 à 222, 373
à 375.

  [339] Le texte de Froissart porte ici _Buxy_, mais de la comparaison
  d’un autre passage où figure cet écuyer, à l’occasion des obsèques
  du comte de Flandre en 1384 (Kervyn, t. X, p. 282), et d’une pièce
  d’archives publiée par Kervyn (t. XXI, p. 266), il résulte qu’il
  s’appelait _Buxeul_ = _Buxeuil_. C’est du reste ainsi orthographié
  qu’il apparaît de nouveau dans Froissart (t. XV, p. 396, 397 et 423).

  [340] Le nom de ce personnage, qui assiste comme écuyer aux obsèques
  du comte de Flandre (Kervyn, t. X, p. 282), semble altéré; nous le
  retrouvons ailleurs (t. X, p. 542, et t. XXI, p. 266) sous les formes
  _Leombiart_ et _Le Ombearde_, peut-être _Lombard_.

Philippe harangue ses troupes. Le repas a lieu, et les Gantois se
préparent au combat en s’abritant derrière leurs _ribaudeaux_, sortes
de brouettes blindées de fer, garnies de piques et armées de canons,
qu’ils poussent devant eux. P. 222 à 224, 375.

Les trois chevaliers envoyés en éclaireurs reviennent à Bruges. Le
comte fait sonner le départ, et ses gens, au nombre de 40,000[341],
viennent prendre position en face des Gantois. La journée est déjà
assez avancée[342]. Effrayés par les 300 canons des Gantois[343]
et aveuglés par le soleil, qui baisse à l’horizon, les Brugeois se
débandent bientôt et s’enfuient vers la ville, poursuivis par leurs
ennemis. Les morts sont nombreux[344]. P. 224 à 227, 375, 376.

  [341] D’après une chronique (_Ist. et chr._, t. II, p. 204), l’armée
  du comte était forte de 20,000 hommes, sans compter les courtiers,
  bouchers, poissonniers et vairiers qui étaient du parti du comte, les
  tisserands et foulons tenant pour les Gantois (_Ibid._, p. 205). Dans
  Olivier de Dixmude, ce nombre est réduit à 12,000 hommes. Le comte
  devait avoir aussi à son service des gens d’armes anglais, que nous
  voyons _faire montre_ en la ville de Bruges le 6 avril 1382 (_Arch.
  du Nord_, citées par Le Glay, _Chr. rimée_, p. 103).

  [342] La bataille commença à l’heure de vêpres (_Ist. et chr._, t.
  II, p. 204); les Brugeois étaient «plains de viandes et de vins»
  (_Ibid._, p. 247).

  [343] Il y eut deux décharges d’artillerie de la part des Gantois;
  l’une d’elles jeta le comte à bas de son cheval (_Ist. et chr._, t.
  II, p. 247).

  [344] D’après le _Religieux de Saint-Denis_, (t. I, p. 112), l’armée
  du comte perdit 5,000 hommes; 6,000, d’après Olivier de Dixmude.

Voyant la lâcheté des gens de Bruges[345], le comte, avec quelques
chevaliers[346], profite de la nuit qui commence pour rentrer dans
Bruges, dont il ordonne de fermer les portes. Il convoque toute la
population sur la place du marché. P. 227, 228, 376, 377.

  [345] Malgré la panique provoquée dans les rangs de ses auxiliaires,
  le comte voulait quand même assaillir les Gantois, mais «une grant
  partie de ceulx de ladicte ville de Bruges se tournèrent contre lui
  et se mirent avecques ses ennemis et en leur ayde» (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 258).

  [346] Obligé de fuir et de rentrer à Bruges, le comte n’avait pour
  l’accompagner que 40 hommes (Meyer, fol. 184 rº).

Les Gantois brisent les portes et s’emparent de la ville[347]. Le
comte, qui se rend au marché, est forcé de renvoyer son escorte et de
revêtir la houppelande de son valet[348]. P. 228 à 231, 377, 378.

  [347] Un nouveau combat eut lieu dans l’intérieur de la ville, où
  périrent près de 10,000 habitants (_Chronographia_, t. III, p. 33).
  Le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 118) prétend qu’étant entrés
  presque sans résistance dans Bruges, sous prétexte d’assister à la
  procession, les Gantois se ruèrent sur les habitants et en égorgèrent
  une partie avec les armes qu’ils tenaient cachées.

  [348] Le comte perdit son sceau dans la déroute, et trois semaines
  après, à Lille, dut se servir de celui du sire de Ghistelles (_7e
  Cartulaire de Flandre_, cité par Le Glay dans _Chr. rimée_, p. 104).

A minuit, il se fait reconnaître d’une pauvre femme, qui le cache
dans le lit de ses enfants[349]: il échappe ainsi aux recherches des
routiers de Gand, qui veulent le remettre vivant aux mains de Philippe
d’Artevelde. P. 231 à 233, 378, 379.

  [349] Froissart a donné dans sa _Chronique de Flandre_ (_Bibl. nat._,
  ms. fr. 5004, fol. 105 vº-108 rº) une rédaction plus détaillée qui
  nous apprend que ce fut à un bourgeois de Gand, nommé Renier Campion,
  que le comte dut son salut. La vieille femme qui le cacha chez elle
  était la veuve Bruynaert (Kervyn, _Hist. de Flandre_, t. III, p.
  486).

Maîtres de la ville, les Gantois, sur l’ordre de François Ackerman,
épargnent les marchands et les étrangers, mais sont sans pitié pour les
quatre métiers, courtiers, fripiers, bouchers et poissonniers, qui ont
toujours été du parti du comte: on en tue plus de 1,200, leurs maisons
sont pillées[350], leurs femmes violentées.

  [350] Le pillage fut grand (_Ist. et chr._, t. II, p. 178); d’après
  Walsingham (t. II, p. 62), 17,000 hommes furent tués dans Bruges.

Le dimanche matin, 4 mai, à sept heures, les habitants de Gand
apprennent la nouvelle de leur victoire et en ont grande joie. A
Audenarde, la frayeur est extrême[351], car on craint l’arrivée des
Gantois qui, avec 3 ou 4,000 hommes, prendraient facilement la ville.
Mais il n’en est rien, et les gens d’Audenarde, encouragés par trois
chevaliers, Jean de Baronaige[352], Thierri d’Anvaing[353] et Florent
de Heule[354], attendent la venue de Daniel d’Halewyn que le comte va
leur envoyer. P. 233 à 235, 379, 380.

  [351] Un assez grand nombre d’habitants quittèrent alors leur ville
  et se retirèrent à Tournai avec tout ce qu’ils possédaient (_Arch.
  nat._, JJ 122, fol. 37 vº).

  [352] Jean de Baronaige figure déjà, quoique non mentionné par
  Froissart, parmi les défenseurs d’Audenarde en octobre 1379 (_Chr. et
  ist._, t. II, p. 165 et 230).

  [353] Sur la filiation et les alliances de Thierri d’Anvaing, voy.
  Kervyn (t. XX, p. 98).

  [354] Florent de Heule avait été fait chevalier au siège d’Audenarde
  en octobre 1379 (_Ist. et chr._, t. II, p. 166).

Philippe d’Artevelde et les autres chefs des Gantois ne font aucun
mal à ceux des menus métiers, dont ils respectent la vie et la
propriété[355]. Sans se soucier de ce qu’est devenu le comte, ils
songent à ravitailler la ville de Gand. Damme et l’Écluse leur ouvrent
leurs portes et leur fournissent du vin et des farines qu’ils expédient
à Gand. P. 235, 236, 380.

  [355] Un des premiers actes de Philippe d’Artevelde fut de mettre
  de nouveaux fonctionnaires à la tête de la ville (_Ist. et
  chr._, t. II, p. 248). La _Chronique de Flandre_ donne le nom de
  l’épicier-hôtelier, Guillaume le Cat (_Bibl. nat._, ms. fr. 5004,
  fol. 110 rº), chez qui Philippe organisa la nouvelle administration
  de Bruges (voy. aussi Kervyn, t. X, p. 460). Philippe avait fait
  rassembler hors des murs, à l’abbaye de Sainte-Catherine, tous ceux
  de Bruges qui acceptaient le nouvel état de choses et leur avait fait
  jurer fidélité; le reste des habitants avait été tué (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 205), ce qui ne concorde guère avec l’opinion de Walsingham
  (t. II, p. 62), qui prétend que les procédés des Gantois furent si
  humains que, trois jours après la prise de la ville, les marchandises
  recommençaient à affluer à Gand et les marchés à se rouvrir.

C’est le dimanche, pendant la nuit, que le comte sort de Bruges, seul,
à pied, couvert d’une vieille houppelande. Une fois dans la campagne,
il gagne Lille, monté sur un cheval que lui procure Robert le Marescal,
un de ses fidèles chevaliers, mari d’une de ses filles bâtardes. Il
retrouve, le lundi, à Lille la plupart de ses barons, qui ont échappé
au combat[356]. Les autres, comme Gui de Ghistelles, se sont réfugiés
en Zélande et en Hollande. P. 237, 238, 380.

  [356] Le comte resta caché jusqu’à minuit le samedi (et non le
  dimanche) et sortit seul et à pied de Bruges (_Ist. et chr._, t.
  II, p. 247) «par une fausse porte» (_Chr. normande de P. Cochon_,
  p. 170). Il prit aussitôt le chemin de Lille, arriva à Trois-Sœurs,
  y trouva une jument qui le conduisit jusqu’à Roulers; là il se fit
  reconnaître «à son hoste du _Cornet_, qui le monta de bon cheval et
  le mena jusques en Lille, et ses gens siewirent après luy» (_Ist. et
  chr._, t. II, p. 248). D’après la _Chronographia_ (t. III, p. 33), le
  comte avait deux compagnons de fuite.

La nouvelle de la défaite du comte est reçue avec plaisir par les
habitants des bonnes villes, les Liégeois entre autres, par ceux de
Paris et de Rouen, par le pape Clément, qui voit dans cet échec un
châtiment céleste[357], et par les gens de Louvain[358], qui se sentent
d’autant plus forts pour lutter contre leur seigneur le duc Wenceslas
de Brabant. Le comte n’est même pas plaint par les hauts barons, qui
n’aiment pas son grand orgueil. P. 238, 239, 380, 381.

  [357] «A part les châtellenies de Cassel, de Bourbourg et de
  Dunkerque, tenues par la dame de Bar, toute la Flandre était perdue
  pour Clément VII» (Valois, _La France et le grand schisme_, t. I, p.
  261-262).

  [358] La défaite du comte fut une occasion pour les gens de Louvain
  et de Liège de resserrer leur alliance avec les Gantois, et
  d’échanger avec eux des ambassades (Kervyn, t. X, p. 460).

Les Gantois décident d’abattre deux portes[359] de Bruges, avec les
murs qui sont du côté de Gand, et de prendre comme otages 500 bourgeois
notables. Puis ils se font jurer obéissance par toutes les villes du
Franc de Bruges et du littoral du comté de Flandre. La soumission est
reçue à Bruges par Pierre du Bois et Philippe d’Artevelde, qui tient
état de prince. Le château de Male est pillé, toutes ses richesses
volées. Pendant quinze jours, deux cents chariots ne font que
transporter à Gand l’or, l’argent, les vêtements de prix, la vaisselle,
les bijoux que l’on trouve à Bruges[360]. P. 239 à 241, 381.

  [359] Une des rédactions des _Chroniques de Flandre_ (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 205), de même que Meyer (fol. 184 vº), parle de _trois_
  portes de Bruges, qui furent détruites dès le 7 mai.

  [360] Voy. _Ist. et chr._, t. II, p. 178.

Les 500 otages partent pour Gand[361] escortés par François Ackerman,
Pierre de Wintere et 1,000 de leurs hommes. Pierre du Bois reste à
Bruges pour hâter la démolition des murs. Philippe d’Artevelde, avec
4,000 hommes, part pour Ypres, où il reste huit jours pour recevoir
la soumission de Cassel, de Furnes et autres villes[362]. Puis il se
rend à Courtrai[363], mais ne peut obtenir qu’Audenarde fasse acte
d’obéissance. Les trois chevaliers, gardiens de la ville, ne veulent
point trahir le comte et se rient des menaces du fils d’un brasseur
d’hydromel[364]. P. 241, 242, 381.

  [361] _Ibid._, p. 205.

  [362] Ces autres villes étaient Damme, l’Écluse, Berghes «et tout le
  remanant de Flandre» (_Ist. et chr._, t. II, p. 178 et 248).

  [363] Philippe d’Artevelde alla à Courtrai, où il était le 11 mai,
  avant de se rendre à Ypres, où il était le 24. A la fin de mai, il
  mettait le siège devant Audenarde (Meyer, fol. 185 vº).

  [364] Une chronique française de la Bibliothèque nationale (fr.
  17272, fol. 22 vº) qualifie Jacques d’Artevelde de «brasseur de
  miel.» C’est ainsi que Froissart s’exprime dans sa première rédaction
  et dans la rédaction du ms. d’Amiens (t. I, p. 127 et 394); mais,
  dans la rédaction du ms. de Rome (t. I, p. 394), il le nomme
  simplement _bourgeois_. Les _Grandes Chroniques_ (t. V, p. 372)
  disent qu’il «prist à femme une brasseresse de miel;» même leçon dans
  la _Chronographia_ (t. II, p. 46). Voy. à cet égard Kervyn, t. II,
  p. 533-539, et t. IV, p. 464-475. Les travaux de M. de Poter sur les
  Artevelde, dans les publications de l’Académie de Belgique, ont été
  complétés par M. J. Vuylsteke en 1873 (_Eenige Bijzonderheden over de
  Artevelden_).

Furieux de cette résistance, Philippe séjourne cinq ou six jours à
Courtrai, puis retourne à Gand, où il est accueilli avec les plus
grands honneurs. Magnifiquement vêtu, entouré de soldats, menant vie
joyeuse et dépensant largement, le nouveau _rewaert_ de Flandre est au
comble de sa puissance. P. 242, 243, 381, 382.

Le comte est à Lille[365]; il songe à reconquérir son pays rebelle avec
l’aide de son gendre le duc de Bourgogne et du jeune roi de France,
qui, certainement, suivra les avis de son oncle. En attendant, il
envoie comme capitaine à Audenarde Daniel d’Halewyn, accompagné de 150
lances, de 100 arbalétriers et de 200 hommes de pied. P. 243 à 245,
382, 383.

  [365] Pour essayer de paralyser le commerce des villes révoltées,
  le comte signe à Lille, le 15 mai 1382, des lettres par lesquelles
  il déclare ne plus prendre «sous sa protection et sauve-garde les
  marchands étrangers étant en Flandre, à cause de la rebellion des
  habitants de ce pays» (Pièce des _Arch. du Nord_, analysée par Le
  Glay, _Chr. rimée_, p. 103). D’après Walsingham (t. II, p. 62), le
  comte se tint à Saint-Omer pendant le siège d’Audenarde.

Le 17 mai, Daniel d’Halewyn entre dans Audenarde; avec lui sont
Louis et Gilbert de Leeuwerghem[366], Jean[367] et Florent de Heule,
Blanchart de Calonne, Gérard de Rasseghem, Gérard de Marquillies,
Lambert de Lambres, Enguerran Zannequin[368], Morelet d’Halewyn,
Hanghenandin et plusieurs autres chevaliers et écuyers de Flandre et
d’Artois. P. 245, 246, 383.

  [366] Gilbert de Leeuwerghem, écuyer, était capitaine d’Audenarde à
  la date du 8 avril 1382 (Le Glay, _Chr. rimée_, p. 103). Il devint
  plus tard chambellan du duc de Bourgogne.

  [367] Jean de Heule était un des défenseurs d’Audenarde en 1379
  (_Ist. et chr._, t. II, p. 165 et 230).

  [368] Cet écuyer appartenait sans doute à la famille de Nicolas
  Zannequin, capitaine des Flamands, tué à la bataille de Cassel.

Philippe entreprend alors le siège d’Audenarde, il lève une taille de
quatre gros par semaine sur chaque feu et convoque tous les combattants
flamands pour le 9 juin sous les murs d’Audenarde. Personne ne manque à
l’appel et Philippe se trouve à la tête d’une armée de plus de 100,000
hommes[369], bien approvisionnés de tous côtés. Son premier soin est de
planter des pieux dans l’Escaut, pour empêcher les bateaux de Tournai
de descendre à Audenarde. P. 246, 247, 383, 384.

  [369] D’après le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 170), l’armée
  de Philippe d’Artevelde comptait 300 archers anglais, 40,000 Gantois
  et un grand nombre de bannis et de condamnés.

Daniel d’Halewyn s’apprête à soutenir le siège; il distribue les
provisions, couvre de terre les toits des maisons voisines des murs,
exposées plus particulièrement aux coups des nombreux canons des
Gantois, renvoie de la ville les vieillards et les bêtes de somme et
loge dans les églises les femmes et les enfants. Il soutient ainsi le
siège tout l’été, faisant parfois des escarmouches où se distinguent
deux frères, écuyers d’Artois, Lambert et Tristan[370] de Lambres.

  [370] Nous voyons Tristan de Lambres, écuyer, tenir un écu aux
  obsèques du comte de Flandre (Kervyn, t. X, p. 282).

Philippe d’Artevelde, qui ne veut point donner l’assaut pour ménager
son monde, établit sur la montagne qui domine Audenarde un immense
_mouton_ destiné à jeter de grosses pierres sur la ville[371]; il a de
plus à sa disposition d’autres puissants engins, qui ne peuvent réussir
à lasser la patience et le courage des assiégés. P. 247 à 249, 384.

  [371] M. Kervyn veut reconnaître cette grosse pièce de siège «dans
  le canon gigantesque placé aujourd’hui à Gand,» près du marché du
  Vendredi (t. X, p. 461).

Pendant le siège d’Audenarde, 1,200 routiers environ se détachent de
l’armée et s’en vont détruire par toute la Flandre les châteaux des
nobles; ils dévastent une seconde fois le château du comte à Male
et brisent le berceau où il dormait enfant. De là, ils se rendent à
Bruges, où ils sont bien reçus par Pierre du Bois et Pierre de Wintere;
et, après quelques jours de repos, ils passent la Lys à Warneton[372]
et viennent devant Lille abattre les moulins à vent et brûler les
villages.

  [372] Belgique, prov. de Flandre occidentale, sur la rive gauche de
  la Lys.

Attaqués par 4,000 hommes de la garnison de Lille, les routiers entrent
en Tournaisis et, après avoir brûlé Helchin[373] et autres villages,
qui sont du royaume de France, ils retournent au siège d’Audenarde[374].

  [373] Belgique, prov. de Flandre occidentale. La ville d’Helchin
  «estoit enclavée ou royaume de Franche» (_Ist. et chr._, t. II, p.
  178).

  [374] Le _Religieux de Saint-Denis_ parle d’un défi que le seigneur
  d’Heerzele aurait envoyé au comte (t. I, p. 172); il est plus
  probable d’admettre que ce fut entre Daniel de Halluin et le sire
  d’Heerzele qu’eut lieu, sous les murs d’Audenarde, une joute dont
  parle une chronique française (_Bibl. nat._, fr. 17272, fol. 43 vº et
  44 vº).

Le duc de Bourgogne apprend ces nouvelles à Bapaume: il en donne
aussitôt avis à Charles VI, qui est à Compiègne[375]; c’est pour lui
une bonne fortune de voir ainsi mêlé le roi de France à cette affaire,
d’où il ne peut advenir que secours pour le comte de Flandre, son
beau-père. P. 249, 250, 384, 385.

  [375] Le roi se trouve à Compiègne du 8 au 11 juillet 1382 (Petit,
  _Séjours de Charles VI_, p. 14).

Le comte apprend à Hesdin[376] le sac de son château de Male: furieux,
il se rend à Arras, puis à Bapaume[377] auprès du duc de Bourgogne,
son beau-fils, qui lui promet aide contre toute la _ribaudaille_ de
Flandre. Revenu à Arras, il délivre de prison plus de deux cents otages
et retourne à Hesdin. P. 250 à 252, 385.

  [376] Le comte, qui réside à Hesdin au commencement du mois de
  juin, approuve, à la date du 4, la défense faite par le bailli aux
  habitants de Termonde de sortir de la ville (_Chr. rimée_, p. 104).
  Le 26 août, il paie .VI. livres .II. sols «au Grand Coppin pour les
  fraiz des justices fais à Hesdin de .III. conspirateurs de Flandres»
  (_Ibid._, p. 105).

  [377] A Bapaume, le comte fait décoller les otages de la ville de
  Courtrai, qui vient de se rendre aux Gantois; de Douai, il envoie les
  otages d’Ypres à Bapaume, à Hesdin et ailleurs (_Ist. et chr._, t.
  II, p. 206).

Soucieux de tenir sa promesse, le duc de Bourgogne quitte Bapaume avec
Gui de la Trémoïlle et l’amiral Jean de Vienne. Il se rend à Senlis
auprès du roi, dont la jeunesse ardente ne demande qu’à combattre,
d’accord avec les ducs de Berri et de Bourbon. Un conseil de prélats et
de nobles est convoqué à Compiègne pour décider ce qu’il y a lieu de
faire[378]. P. 252 à 256, 385, 386.

  [378] C’est au mois d’août que fut convoquée à Compiègne l’assemblée
  des nobles et des prélats (Terrier de Loray, _Jean de Vienne_, p.
  167). Le roi et le duc de Bourgogne s’y trouvaient ensemble le 15
  (Petit, _Séjours de Charles VI_, p. 14, et _Itinéraires_, p. 152).

Songe du roi à Senlis; origine du cerf volant adopté par le roi comme
emblème[379]. P. 256 à 259, 386, 387.

  [379] Le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 70) raconte d’une autre
  façon l’origine de l’emblème adopté par Charles VI, qui aurait pris
  à la chasse un cerf, porteur d’un collier sur lequel étaient gravés
  les mots: _Cæsar hoc mihi donavit_. Le récit de Froissart faisant
  allusion à un cerf _volant_ a au moins le mérite d’expliquer toutes
  les particularités de l’animal cher au roi.

Le siège d’Audenarde traîne en longueur. Craignant l’intervention du
roi de France, Philippe d’Artevelde, qui a déjà dans son armée des
archers anglais, songe à une alliance avec le roi d’Angleterre. P. 259
à 261, 387, 388.

Mais, pour masquer son jeu, il écrit au roi de France une lettre
où il lui demande d’obtenir la paix du comte de Flandre[380]. Le
messager, porteur de la lettre, arrive à Senlis; comme il n’a pas
de sauf-conduit, il est arrêté et mis en prison pour plus de six
semaines[381]. Le roi et son conseil ne font que rire de la lettre
de Philippe. Ne recevant pas de réponse, ce dernier propose alors à
ses capitaines de faire alliance[382] avec le roi d’Angleterre, qu’on
laissera passer par les Flandres pour entrer en France; moyennant quoi
le roi d’Angleterre remboursera les 200,000 vieux écus que le pays
flamand prêta autrefois au roi Édouard III, pour payer ses troupes
devant Tournai[383]. P. 261 à 263, 388.

  [380] La _Chronographia_ (t. III, p. 34-35) fait remonter
  antérieurement (au 24 juin 1382) l’envoi d’une lettre de Philippe
  d’Artevelde, demandant au roi de France, qu’il appelle _son
  seigneur_, de prendre en main le gouvernement des Flandres en lieu
  et place du comte, s’il ne voulait pas voir le roi d’Angleterre
  se substituer à lui. Les Flamands ne demandaient du reste qu’à
  traiter; mais le comte de Flandre et le duc de Bourgogne poussaient
  au contraire le roi à faire la guerre (_Chr. des Quatre Valois_, p.
  305).

  [381] Ce messager, qui se nommait Hennequin et avait appris le
  français à la cour de France, fut accueilli par le duc de Bourgogne
  avec des insultes (_Chronographia_, t. III, p. 34), mais fut laissé
  en liberté, dit le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 172).
  Froissart semble être plus dans la vérité, quand il avance qu’on le
  garda plus de six semaines en prison, car cette arrestation fut un
  des griefs de Philippe d’Artevelde contre le roi (cf. dans notre
  texte p. 261 et 277).

  [382] Peu de temps après sa lettre du 24 juin (voy. plus haut,
  note 380), Philippe d’Artevelde avait entamé des négociations avec
  l’Angleterre, et aux dates des 11 et 15 juillet et du 18 août 1382,
  nous trouvons la mention de paiements faits soit à un envoyé de
  Philippe, soit à Richard Hereford, héraut, à Edmond Halstede, Richard
  Wodehall et George de Ffelbrigg, écuyers, députés vers les Gantois
  (_Rec. Off., Issue Rolls 305_, m. 9, 11 et 13). A la date des 19-24
  août figure aussi dans les comptes de la ville de Gand l’embarquement
  des échevins de Gand Michiel Boene et Jan de Hert, et à la date du 13
  septembre le départ pour l’Angleterre de Laurent de Maech, de Jan de
  Jonghe et de Jan uten Broucke (_Rekeningen_, p. 328-329).

  [383] Voy. le passage relatif à cet emprunt de 200,000 florins ou
  50,000 marcs dans la rédaction du ms. de Rome, t. II, p. 256-257.

Après avoir pris l’avis de Pierre du Bois et de Pierre de Wintere,
capitaines de Bruges[384], et de ceux d’Ypres et de Courtrai, Philippe
organise son ambassade: chaque bonne ville enverra un ou deux
bourgeois, Gand en enverra six[385], à savoir François Ackerman[386],
Rasse vande Voorde[387], Louis de Vos[388], Jean de Scotelaere[389],
Martin vande Water[390] et Jacques de Brauwere[391].

  [384] Philippe d’Artevelde était à Bruges du 4 au 8 septembre 1382;
  nous le trouvons sous les murs d’Audenarde ou à Edelaere du 12
  septembre à la fin de novembre (_Rekeningen_, p. 328-331).

  [385] Le récit de Froissart renferme plus d’une erreur et plus
  d’une confusion dans l’énumération des ambassadeurs flamands. Cette
  ambassade se composait en effet de 12 membres, dont les noms nous
  ont été conservés par les lettres de créance qui leur furent données
  le 14 octobre 1382. C’étaient Willem van Coudenberghe, Willem
  vanden Pitte, Race vander Voerde, Jan van Waes et Michiel Boene,
  représentant Gand; Lodewijc de Vos, Jacop de Scoteleere, Jacop de
  Bruwere et Willem Matten, représentant Bruges; Gillis Tant, Jacop
  Moanin et Lamsin de Borchgrave, représentant Ypres (_Rekeningen_, p.
  457-459; voy. aussi Gachard, _Mémoires de l’Académie de Belgique_, t.
  XXVII, p. 37). Aux cinq envoyés de Gand étaient adjoints Gillis van
  Wijnvelde, Martin van Erpe et Pieter van Beerevelt (_Rekeningen_, p.
  330).

  [386] François Ackerman ne pouvait faire partie de l’ambassade,
  étant à cette époque parti pour la Rochelle à la tête d’une flotte
  (_Rekeningen_, p. 345).

  [387] Mentionné plusieurs fois dans les _Rekeningen der Stad Gent_
  (p. 278, 298 et 310).

  [388] Ce Louis de Vos est peut-être le même que ce bourgeois de Gand,
  qui, en 1383, à la bataille de Dunkerque, fut fait chevalier (Kervyn,
  t. X, p. 225).

  [389] Nous trouvons un _Jean_ de Scotelaere mentionné en 1380 dans
  les _Rekeningen_ (p. 184); mais il est à remarquer que l’envoyé de
  Bruges se nommait _Jacques_ et non _Jean_.

  [390] Martin vande Water fut le successeur, en 1384, de l’évêque
  urbaniste de Gand, Jean de West; il ne faisait pas partie de
  l’ambassade (cf. Kervyn, t. X, p. 463).

  [391] Le nom de Bruwere, qui appartient ici à un bourgeois de Bruges,
  est fréquent à Gand (_Rekeningen_, p. 64, 84 et 97).

A ces envoyés se joint un clerc[392], parent de Philippe d’Artevelde,
qui vient d’être élu évêque urbaniste de Gand en remplacement de Jean
de West[393], ancien doyen de Notre-Dame de Tournai.

  [392] Ce clerc, dont le nom est supprimé dans la plupart des
  manuscrits, est appelé Bande Quintin dans l’un (c’est la leçon que
  nous avons adoptée) et Hewart de Sueskes dans un autre; mais ces
  noms sont tout à fait fantaisistes. Nous avons consulté à ce sujet
  M. Julius Vuylsteke, dont la compétence est grande pour tout ce qui
  regarde l’histoire de Gand. Il nous a gracieusement répondu et sa
  conclusion est que le personnage en question ne peut être que maître
  Willem de Coudenberghe, l’un des ambassadeurs. Malgré la valeur de
  cette autorité, nous croyons qu’il faut plutôt reconnaître dans le
  clerc de Froissart, _parent_ de Philippe d’Artevelde, Martin van
  Erpe, neveu de Philippe et plus tard un de ses héritiers, un de
  ceux qui avaient été adjoints à l’ambassade (voy. p. LXXI, note
  385). En faisant de ce clerc anonyme le successeur prématuré de
  l’évêque urbaniste Jean de West, Froissart l’identifiait avec Martin
  vande Water, qu’il avait déjà mentionné à tort comme accompagnant
  l’ambassade.

  [393] Jean de West, évêque urbaniste de Gand, que Froissart semble
  avoir confondu avec l’échevin Jan van Waes, suivi dans cette erreur
  par Meyer (fol. 186 vº) et par Kervyn de Lettenhove (_Histoire de
  Flandre_, t. III, p. 505), a laissé peu de traces dans l’histoire de
  Gand. Cet ancien doyen de Tournai, nommé par les Gantois, en haine de
  la France clémentine, évêque de Tournai à la place de Pierre d’Auxy,
  avait été pourvu en 1380 de bulles régulières par Urbain VI (Valois,
  _La France et le grand schisme_, t. I, p. 261). C’était un _grand
  clerc_, disent les chroniques du temps (_Ist. et chr._, t. II, p.
  175; dom Smet, _Rec. des chr. de Fl._, t. III, p. 273); il mourut en
  1384 et fut enterré dans l’abbaye de Saint-Victor de Waestmunster
  près de Termonde, revêtu de ses habits pontificaux (_Gallia
  christiana_, t. III, col. 229).

L’ambassade, composée de douze bourgeois, quitte le camp d’Audenarde
au commencement de juillet[394] et arrive à Calais. Le capitaine de
la ville, Jean d’Évreux, leur procure des bateaux pour passer en
Angleterre. Ils débarquent à Douvres et arrivent à Londres, bien
accueillis par la population anglaise.

  [394] Les ambassadeurs qui vinrent recevoir leurs instructions de
  Philippe d’Artevelde étaient à Edelaere du 30 septembre au 2 octobre;
  ils partirent le 17 (_Rekeningen_, p. 329-330).

Le roi venait de donner à Perducat d’Albret, en récompense de ses
services, la terre de Caumont en Gascogne, qui, après le décès de
Jean de Caumont[395] et d’Alexandre, son frère, morts tous deux sans
héritiers, avait été attribuée par le roi à Jean Chandos, puis à
Thomas de Felton. P. 263 à 265, 388, 389.

  [395] Ce _Jean_ de Caumont semble devoir être nommé _Raymond_ (P.
  Anselme, t. IV, p. 481). Par contre, nous trouvons un Jean de
  Caumont, sans doute frère de Nompar de Caumont (_Ibid._, t. IV, p.
  470), écuyer en Flandre et à l’Écluse en 1387 et 1388 (_Bibl. nat.,
  Pièces orig._ vol. 622).

Perducat accepte la terre de Caumont et s’engage, lui et son hoir, à
servir le roi d’Angleterre contre tout ennemi, excepté contre la maison
d’Albret, dont il est issu. Il est mis en possession de sa nouvelle
terre par le sénéchal de Bordeaux, Jean de Neuville[396], mais meurt
bientôt, laissant son héritage à un jeune cousin, Perducet, qui prend
les mêmes engagements vis-à-vis du roi d’Angleterre[397]. P. 265 à 267,
389.

  [396] Perducat d’Albret, que nous voyons le 6 mai 1381 recevoir du
  roi d’Angleterre la confirmation du don de la ville de Bergerac,
  qu’il avait reçue précédemment du roi Charles V, se retrouve à la
  Rochelle, après le 6 mai 1381 (Labroue, _Le livre de vie_, p. 154)
  et à Londres lors de l’insurrection de 1381 (voy. plus haut, p.
  XXXI), reçoit le 6 septembre le don de la baronnie de Caumont et
  autres lieux (_Rec. Off., Privy Seals 472_, nº 1901), après avoir
  reçu le 1er du même mois les terres du seigneur de Langoiran rebelle
  (_Ibid._, 471, nº 1897). Il reçoit le 25 octobre un don d’argent
  (_Rec. Off., Issue Rolls 304_, m. 5), le 6 mai 1382, le château de
  Verteuil-de-Castelmoron (Labroue, p. 159); enfin, le 26 juillet de
  la même année, 50 livres à valoir sur une somme promise par le roi
  Édouard. Cette somme de 50 livres est délivrée à «Bertucato de la
  Brette de dominio Aquitannie, nuper capto de guerra in servicio regis
  per gentes francigenas, inimicos regis, et pro instante prisonario
  existenti» (_Rec. Off., Issue Rolls 305_, m. 12). Sur Perducat
  d’Albret, alors qu’il était au service de la France, voy. une note de
  Siméon Luce (t. VII, p. CIV, note 2).

  [397] La note précédente montre que Perducat d’Albret ne mourut que
  passé le 26 juillet 1382, au moins près d’un an après avoir été mis
  en possession de la baronnie de Caumont.

Les ambassadeurs flamands sont reçus par le conseil du roi; ils
demandent l’alliance de l’Angleterre et offrent au roi 100,000 hommes
pour combattre les Français[398]; mais ils tiennent avant tout à
être remboursés des 200,000 vieux écus prêtés autrefois par Jacques
d’Artevelde[399]. Les seigneurs anglais trouvent les propositions
quelque peu risibles et diffèrent leur réponse. Les choses vont ainsi à
bien pour le roi de France, qui se prépare à entrer en Flandre. P. 267
à 269, 390.

  [398] Les ambassadeurs flamands étaient porteurs d’instructions
  que nous résumons d’après le texte qu’en a donné Kervyn (t. X, p.
  464-466). Ils demandaient la confirmation des privilèges à eux
  accordés par les rois d’Angleterre, l’établissement à perpétuité
  en Flandre de l’estaple de la laine, la protection par une flotte
  anglaise du commerce que la Flandre entretenait avec la Rochelle et
  autres villes du continent, le paiement par termes de la somme de
  140,000 livres sterling octroyées autrefois aux Flandres par le roi
  Édouard, enfin l’expulsion hors du territoire anglais des réfugiés
  flamands. Les ambassadeurs recevaient des présents du roi à la date
  du 25 octobre 1382 (_Rec. Off., Issue Rolls 305_, m. 3) et, le 31,
  Jean Morewell les accompagnait jusqu’à Sandwich (_Ibid._), comme il
  l’avait fait précédemment pour une autre ambassade (_Ibid._ 306, m.
  1), et retenait des bateaux pour leur traversée (_Ibid._ 305, m. 3).

  [399] A la date du 20 décembre 1382, Philippe d’Artevelde recevait
  du roi d’Angleterre une certaine somme à valoir sur les 100 marcs
  représentant jusqu’au 14 novembre les arrérages d’une pension viagère
  de 12 sous par jour à lui accordée autrefois par le roi Édouard III
  (_Rec. Off., Issue Rolls 306_, m. 9).

Charles VI fait relâcher le messager de Philippe d’Artevelde. Échange
de prisonniers entre la ville de Courtrai et la ville de Tournai.
Philippe d’Artevelde, qui s’attend à être attaqué par le roi de France,
défend aux habitants de Tournai de venir s’approvisionner dans les
Flandres. P. 269 à 272, 390, 391.

Philippe continue à assiéger Audenarde, mais ne donne pas l’assaut; il
espère affamer la ville et la prendre sans risquer de faire tuer ses
gens[400]. P. 272, 273, 391.

  [400] Au cours du siège, Philippe manqua de s’emparer de la ville
  sans coup férir, car les chevaliers, se plaignant de ne pas recevoir
  leur solde, étaient décidés à abandonner le service du comte. Les
  bourgeois intervinrent, et grâce à un changeur de Valenciennes,
  Pierre Rasoir, les choses restèrent en l’état. Voy. de longs détails
  sur cette négociation dans la _Chronique de Flandre_ de Froissart
  (_Bibl. nat._, ms. fr. 5004, fol. 138 rº-142 vº). Pendant que les
  Gantois étaient ainsi occupés par le siège, nous trouvons, à la date
  du 28 septembre, la mention d’un paiement fait par le comte à un
  garçon qui aurait mis le feu au logis de Philippe d’Artevelde (_Chr.
  rimée_, p. 106). Cette maison n’est sans doute pas celle que son père
  possédait à Gand place de la Calandre, à côté de l’hôtel de Masmines
  (Kervyn, t. II, p. 537), et que l’on montrait encore au XVe siècle
  (Kervyn, t. IV, p. 473).

Le roi de France se résout à intervenir auprès des Flamands[401];
il envoie à Tournai l’évêque de Beauvais Milon de Dormans, l’évêque
d’Auxerre[402], l’évêque de Laon[403], Gui de Honcourt[404] et
Tristan du Bos. Ces commissaires[405] apprennent à Tournai de
Jean Bonenfant[406] et de Jean Piétart[407], qui se sont occupés de
l’échange des prisonniers avec Courtrai, que Philippe d’Artevelde ne
veut point entendre parler de traiter avant la prise d’Audenarde et de
Termonde; mais, confiant dans le bon sens des Flamands, ils adressent à
chacune des trois villes, Gand, Bruges et Ypres, une lettre portée par
un messager spécial. P. 273, 274, 391.

  [401] Malgré des avis contraires qui se manifestèrent jusqu’au
  dernier moment, le roi, influencé par le duc de Bourgogne, qui
  plaidait la cause de son beau-père (_Chr. du bon duc Loys_, p. 167),
  était décidé à intervenir dès le mois d’août; et le 18 il allait à
  Saint-Denis prendre l’oriflamme qui fut remise à Pierre de Villiers
  (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 176). Pendant ce temps, la
  campagne se préparait secrètement et _sous l’apparence d’un projet
  d’expédition en Angleterre_. C’est ainsi que la compagnie de Jean de
  Vienne, rassemblée à Orléans, ne prit qu’à la fin de septembre le
  chemin du nord (Terrier de Loray, _Jean de Vienne_, p. 167).

  [402] L’évêque d’Auxerre, Guillaume d’Estouteville, fut transféré à
  Lisieux le 18 septembre 1382; son successeur, Ferri Cassinel, fut
  installé sur son siège avant le 22 octobre 1382.

  [403] Pierre Aycelin de Montaigu.

  [404] Gui de Honcourt, chevalier, au service du duc d’Anjou en 1379,
  gouverneur du bailliage d’Amiens en 1385 (_Bibl. nat., Clair._
  vol. 60, nos 14 et 63), était seigneur de Laidain et de Fontaines,
  conseiller du roi (_Bibl. nat., Pièces orig._ vol. 1530) en 1387, et
  plus tard bailli de Vermandois. Nous l’avons déjà mentionné à Béthune
  et à Ham en 1380 (t. IX, p. CII).

  [405] Ces commissaires, auxquels une chronique de Flandre ajoute
  Enguerran de Hedin (_Ist. et chr._, t. II, p. 260), arrivaient en
  octobre à Tournai (_Chronographia_, t. III, p. 40) et demandaient par
  deux fois un sauf-conduit à Philippe d’Artevelde pour aller traiter
  avec lui, mais celui-ci refusa insolemment une première fois de Gand
  à la date du 10 octobre, une seconde fois d’Edelaere à la date du
  14 (_Ist. et chr._, t. II, p. 261-262). Une autre rédaction note
  cependant que quelques-uns des commissaires allèrent à Audenarde
  parlementer avec Philippe (_Ibid._, p. 207).

  [406] Jean Bonenfant, bourgeois de Tournai, premier échevin de
  Saint-Brice en 1379, était marchand de vins (Kervyn, t. XX, p. 357).

  [407] Sur Jean Piétart, bourgeois de Tournai, tanneur, plusieurs
  fois mayeur des échevins de Saint-Brice, voy. Kervyn (t. XXII, p.
  358-359).

Par cette lettre, datée du 16 octobre 1382, les trois bonnes villes
sont informées que le roi de France, désirant voir la paix se rétablir
entre le comte et son peuple, ne saurait tolérer l’alliance que les
villes de Flandre pourraient contracter avec le roi d’Angleterre. En
conséquence, les commissaires demandent un sauf-conduit leur permettant
de mener à bien les négociations de paix. P. 274, 391, 392.

Les trois messagers arrivent et sont retenus prisonniers. Philippe, qui
a lu la lettre à Gand, va la communiquer au seigneur d’Herzeele sous
les murs d’Audenarde. P. 274, 275, 392.

Réponse de Philippe, datée d’Audenarde, 20 octobre 1382[408]:
il s’étonne que son souverain seigneur, le roi de France,
veuille aujourd’hui s’interposer en faveur de la paix, alors qu’il
ne lui a pas répondu naguères sur le même sujet. Aucun traité n’aura
lieu tant que toutes les villes et forteresses de Flandre ne seront
pas ouvertes au peuple flamand; jusque-là, tous les messagers seront
emprisonnés. P. 275 à 278, 392, 393.

  [408] Cette lettre du 20 octobre a été publiée par M. J. Vuylsteke
  dans les _Rekeningen der Stad Gent_ (p. 461-463) d’après un ms. de
  Gand qui offre quelques variantes avec notre texte et modifie même
  le sens de toute une phrase; c’est ainsi qu’à la p. 276, l. 19-22,
  au lieu de _mais il... entre nous_ (leçon qui se retrouve à peu près
  semblable dans tous les mss., même ceux de la _Chronique de Flandre_,
  cf. _Bibl. nat._, fr. 5004, fol. 145 rº), on lit dans le ms. de
  Gand: _mais il vous samble que, selonc nostre response à vous sur ce
  envoiée que nous n’avons volenté de entendre à la voye du traitié;
  sur quoy fermement sachiés que nul traitié n’enquerrés entre vous_.

Cette lettre est confiée à un écuyer d’Artois qui avait été fait
prisonnier. Il la remet, à Tournai, à l’évêque de Laon et aux autres
commissaires royaux, qui la communiquent au prévôt et aux jurés de la
ville. P. 278 à 280, 393.

Voulant ne pas trop s’aliéner les gens de Tournai, Philippe leur écrit
quelques jours après (23 octobre), pour leur dire qu’il désire vivre
toujours en bonne amitié avec eux, qu’il regrette de ne pouvoir encore
mettre en liberté les messagers, mais qu’il accorde toute facilité aux
marchands pour trafiquer et passer par les Flandres. P. 280 à 282, 393,
394.

Cette lettre est apportée à Tournai par un valet de Douai; elle est
lue en présence des commissaires royaux, qui conseillent aux gens de
Tournai de ne pas répondre aux avances des Gantois, de crainte de
mécontenter le roi de France et le duc de Bourgogne. Trois jours après,
les commissaires retournent à Péronne[409] auprès du roi et de ses
oncles. P. 282, 283, 394.

  [409] Nous ne trouvons ni dans les _Séjours de Charles VI_ ni dans
  les _Itinéraires_ de M. Petit la mention à cette date du séjour à
  Péronne du roi ou du duc de Bourgogne.

La veille, le comte de Flandre était arrivé pour plaider sa cause et
faire hommage du comté d’Artois, qu’il venait d’hériter de sa mère.
L’orgueil des Flamands et leur désir de s’allier aux Anglais décident
le roi à soutenir les droits de son nouveau vassal[410].

  [410] «Pluiseur noble du conseil du roi ne consillèrent mie que li
  rois entreprinst le fait, pour ce que li Flamenc estoient fort et
  douté, et pour ce qu’il sambloit à aucuns que li contes n’avoit mie
  en temps passé obey à la couronne de Franche dont il devoit le conté
  de Flandres tenir en pairie.» Ce qui décida l’intervention royale
  fut la promesse que le comte ferait hommage de son comté au roi
  (_Ist. et chr._, t. II, p. 207). On feignait du reste de ne prendre
  aucune décision ferme, et il fut convenu que le roi irait d’abord à
  Arras «et là se prendroit la conclusion de ce qu’il devroit faire»
  (_Ibid._, p. 262).

Le comte retourne à Hesdin, et le roi appelle à Arras tous les gens
d’armes du royaume[411]. P. 283 à 285, 394, 395.

  [411] C’est vers la mi-octobre, à Arras, que devaient se réunir
  les gens d’armes (_Religieux de Saint-Denis_, t. I, p. 174). La
  _Chronographia_ fixe le rendez-vous à Corbie et à Péronne pour le 20
  octobre (t. III, p. 39).

Le comte s’occupe des vivres nécessaires à l’armée royale[412]. Le
roi arrive à Arras[413], où le comte le rejoint; en recevant son
hommage[414], il lui promet de le secourir en Flandre. P. 285, 286, 395.

  [412] Quoi qu’en dise Froissart, la distribution des vivres fut moins
  qu’assurée et l’armée royale, ne recevant pas de solde, pilla la
  province d’Artois, abandonnée aux hommes et aux chevaux (_Ist. et
  chr._, t. II, p. 210; cf. _Chronographia_, t. III, p. 41).

  [413] C’est de Compiègne que Charles VI partit pour la Flandre; et
  avant son départ, le 28 octobre, il écrivait une lettre au bailli de
  Rouen pour presser l’envoi d’une troupe de 100 arbalétriers (_Bibl.
  nat., Portefeuilles Fontanieu_, vol. 99-100, fol. 152-156). Les
  diverses chroniques fournissent des dates différentes pour l’arrivée
  de Charles VI à Arras. D’après les _Séjours de Charles VI_, le roi
  était les 30 et 31 octobre à Nesle, le 1er novembre à l’abbaye de
  Saint-Nicolas d’Arrouaise et le 3 à Arras. Le prince Louis, frère
  du roi, vint aussi à Arras, mais le conseil décida son éloignement,
  voulant assurer la succession au trône, au cas où il arriverait
  malheur au roi (_Ist. et chr._, t. II, p. 210-211). L’armée royale
  était forte de 10,000 hommes, sans compter les arbalétriers, les gens
  de pied, les troupes légères et les valets d’armée (_Religieux de
  Saint-Denis_, t. I, p. 188).

  [414] C’est à l’abbaye de Saint-Nicolas d’Arrouaise, le 1er ou le
  2 novembre, que le comte de Flandre «fist hommage au roy de toutes
  les terres qu’il devait tenir du roy et du royaume» (_Ist. et chr._,
  t. II, p. 210). Le comte était du reste arrivé à Arras bien avant
  Charles VI, puisqu’à la date du 26 octobre il donnait quittance
  en cette ville à Gilles Basin, son panetier, d’une certaine somme
  empruntée pour lui (_Chr. rimée_, p. 106).

Bien qu’il affecte de se moquer des entreprises du jeune roi de
France, Philippe d’Artevelde n’en appelle pas moins à Audenarde le
seigneur d’Herzeele pour le remplacer, tandis qu’il part pour Bruges et
Ypres[415]. Craignant que les Français ne traversent la Lys, il charge
Pierre du Bois de garder le passage de la rivière à Commines[416] et
Pierre de Wintere de défendre le pont de Warneton, avec ordre de
rompre les ponts d’Estaires[417], de la Gorgue[418], de Merville[419]
et autres jusqu’à Courtrai. Philippe pense ainsi empêcher le roi de
France de pénétrer en Flandre, jusqu’à l’arrivée des troupes anglaises,
qui ne saurait tarder. P. 286 à 288, 395, 396.

  [415] D’après le _Religieux de Saint-Denis_ (t. I, p. 190), le roi,
  avant de commencer la campagne, fit sommation de déposer les armes et
  de rentrer dans le devoir à Philippe d’Artevelde, qui refusa. C’est
  sans doute une allusion à l’échange de correspondances qui eut lieu
  précédemment entre Philippe et les commissaires royaux.

  [416] Nord, arr. de Lille, sur la rive droite de la Lys; la partie
  belge de la ville est sur la rive gauche.

  [417] Nord, arr. d’Hazebrouck, sur la Lys.

  [418] Nord, arr. d’Hazebrouck, au confluent de la Lys et de la Lawe.

  [419] Nord, arr. d’Hazebrouck, sur la Lys.--Les escarmouches furent
  nombreuses sur les bords de la Lys (_Arch. nat._, JJ 126, fol. 144).

Un certain nombre de chevaliers et écuyers de la garnison de Lille,
120 hommes environ, tentent, sous la direction du Hase de Flandre, de
faire une chevauchée. Ils passent la Lys à Menin[420] et dévastent la
ville, tuant et chassant tout devant eux; mais au retour, assaillis
par les paysans, ne pouvant se servir du pont qui s’est brisé, ils
perdent, tant tués que noyés, plus de 60 des leurs, sans parler des
blessés[421], parmi lesquels il faut compter Jean de Jeumont. Le
châtelain de Bouillon et Bouchard de Saint-Hilaire[422] sont tués;
Henri de Duffle[423] se noie. P. 288 à 291, 396, 397.

  [420] Belgique, prov. de Flandre occidentale, sur la Lys.

  [421] Cette escarmouche doit se placer au moment où le roi avait
  déjà quitté Arras. D’après une chronique française (_Bibl. nat._,
  fr. 17272, fol. 43 rº), le Hase de Flandre était accompagné de Henri
  d’Antoing, maréchal du comte, du seigneur de Brugdam et de Guillaume,
  bâtard de Poitiers, ayant avec eux 120 hommes d’armes. Ils passèrent
  la Lys et mirent en fuite les Gantois, qui gardaient le pont de
  Commines; mais, surpris dans leur sommeil par 8,000 Yprois, ils
  perdirent 56 hommes d’armes et durent se réfugier à Lille auprès du
  comte.

  [422] Sur ce personnage qui, en 1380, devant Péronne, fut fait
  prisonnier par les Anglais (t. IX, p. CII), voy. Kervyn, t. XXIII, p.
  69.

  [423] Henri de Duffle était fils de Gauthier de Duffle et d’Élisabeth
  d’Oosterhout (Kervyn, t. XXI, p. 118).

Tandis que Pierre du Bois démolit le pont de Commines, Philippe apprend
à Ypres la défaite des Français et s’en réjouit. Pendant cinq jours,
il harangue le peuple, lui faisant entrevoir l’appui de l’Angleterre,
et, confiant dans la fidélité des habitants, il retourne au siège
d’Audenarde en passant par Courtrai, où il se repose deux jours. P.
291, 292, 397.



CHRONIQUES

DE J. FROISSART.



    [1]  CHRONIQUES
         DE J. FROISSART.

         LIVRE DEUXIÈME.


         § 169. Encores ne savoient riens li Englès, qui
         avoient passet le rivière de Sartre en grant peril, de
         la mort dou roi de France; et estoient logiet à Noiion
         sus Sartre, et là se rafresquirent et reposèrent deus
      5  nuis et un jour. Au second jour, il se deslogièrent et
         s’en vinrent à Poilli, et là se logièrent à deus petites
         lieuwes de Sablé. Et estoit tous li pooirs de France en
         la citté del Man[s] et là environ, mais il ne faissoient
         que costiier les Englès, et dissoient li aucun que on
     10  les combateroit. Quant les nouvelles vinrent as uns
         et as aultres que li rois de France estoit mors, adont
         se desrompi li pourpos des François, car pluiseur
         grant baron, qui estoient en le poursieute des Englès,
         se deslogièrent, et s’en revinrent en France pour
     15  savoir des nouvelles. Et demorèrent li Englès à Poilli
         trois jours; au quatrime jour, il se deslogièrent et
    [2]  s’en vinrent tout souef jusques à Saint Pière d’Arve, et
         là se logièrent. A l’endemain passèrent il la rivière
         d’Arve, et vinrent logier à Argentré, et passa l’ost à
         l’endemain la rivière del Mainne parmi uns marescages,
      5  que il ne pooient aller que deus ou troi de front le
         plus dou chemin, qui bien dura deus lieuwes. Or
         regardés se li François seuissent che convenant et que
         il euissent assailli l’avant garde, li arrière garde ne le
         peuist avoir conforté, ne li avant garde l’arrière garde.
     10  Et se doubtèrent moult li Englès de cel affaire; toutesfois
         il passèrent et vinrent logier à Kossé, et là
         furent quatre jours en iaulx repossant et rafresquissant
         iaulx et leurs chevaulx, et esperoient tous les jours
         à oïr nouvelles de Bretaigne.

     15  Li dus de Bretaigne se tenoit en Hainbon en la
         marce de Vennes, et ooit bien tous les jours nouvelles
         des Englès, comment il aprochoient durement Bretaigne.
         Si ne savoit encores comment il se cheviroit, car,
         quant on li recorda le mort dou roi de France, il l’eut
     20  tantos passé et n’en fist conte, car il ne l’amoit que
         un petit, et dist adont à ceulx qui dalés li estoient:
         «La rancune et haïnne que je avoie au roiaulme de
         France, par le cause de ce roi Charle mort, est bien
         afoiblie la moitié, et tels a haï le père, qui amera le fil,
     25  et tels a guerriiet le père, qui aidera le fil. Or fault que
         je m’aquitte envers les Englès, car voirement les ai ge
         fait venir à ma requeste et ordenance et passer parmi
         le roiaulme de France, et me fault tenir ce que je leur
         ai proumis. Or i a un dur point pour moi et pour
     30  eulx, car j’entens que nos bonnes villes de Bretaigne
         se cloeront ne point dedens ne les laisseront.» Adont
         appella il aucuns de son conseil et chiaulx où il
    [3]  avoit la grignour fiance, le signeur de Montbouchier,
         c’on dist messire Bertram, messire Estiène Guion,
         messire Guillaume de Tannegui, messire Ustasse de la
         Housoie, messire Joffroi de Caresmiel et l’esleu de Lion,
      5  et leur dist: «Vous chevaucherés deviers monsigneur
         de Bouquighem qui aproce durement che païs. Vous
         le trouverés, je le croi assés, à l’entrée de ce païs:
         vous me recommanderés à lui et me saluerés tous les
         barons, et leur dirés de par moi que temprement je
     10  serai à Rennes à l’encontre de eulx, et que il tiennent
         che chemin, et là arons nous ensamble avis et ordenance
         comment nous nous maintenrons. Et leur dites
         bien que je ne treuve pas mon païs ou convenant où
         il estoit quant je envoiai en Engletière, dont il me
     15  desplaist grandement, et par especial de chiaulx de
         Nantes, qui sont plus rebelle que nuls des aultres.»
         Chil chevalier respondirent que volentiers il feroient
         che message. Si se departirent dou duc et de Hainbon,
         et chevauchièrent deviers Rennes, et estoient environ
     20  soissante lances.

         Et li Englès partirent de Kossé, quant il s’i furent
         repossé quatre jours, et entrèrent en la forrest de
         Gravielle et le passèrent au travers, et s’i logièrent
         une nuit et un jour; et à l’endemain il vinrent à
     25  [Vitré] en Bretaigne. Là furent il plus assegur que il
         n’euwissent esté en devant, car bien savoient que il
         ne seroient plus poursieuwi des François, enssi comme
         il avoient esté en devant. De [Vitré] en Bretaigne, où
         il furent trois jours, vinrent il à Chastel [Bourg] en
     30  Bretaigne, et là se logièrent et arrestèrent pour le
         cause des chevaliers dou duc de Bretaigne, qui leur
         vinrent là à l’encontre.


    [4]  § 170. Li contes de Bouquighem et li baron d’Engletière
         requellièrent les chevaliers dessus nommés, messagiers
         dou duc de Bretaigne, moult honnerablement;
         et là eurent grans conssaulx et grans parlemens
      5  ensamble: et missent li Englès en termes que moult
         s’esmervilloient de che que li dus de Bretaigne et li
         païs de Bretaigne n’estoit aultrement apparilliés que
         il ne monstroient de iaulx requellier, car, à leur
         ordenance, requeste et priière, il estoient là trait et
     10  venu, et pris celle painne, et passé parmi le roiaulme
         de France. Li sires de Montbouchier respondi pour
         tous en escussant le duch, et dist: «Mi signeur, vous
         avés cause et raison de mouvoir che que vous dites,
         et est li dus en grant volenté de tenir et acomplir les
     15  ordenances et convenances que il a à vous et vous à
         li, selonc son loial pooir; mais il ne puet pas faire de
         ce païs sa volenté, et par especial chil de Nantes, qui
         est la clef de Bretaigne, [sont] à present [tous rebelles]
         et se ordonne[nt] à requellier gens d’armes de le partie
     20  des François, dont messires est tous esmervilliés, car
         che sont cil qui premiers seellèrent avoecques les autres
         bonnes villes de Bretaigne; et croit messires que cil
         de Nantes soient en nouviel traitiet entre le jone regent,
         lequel on doit à ceste Toussains couronner. Si vous
     25  priie, messires, que vous l’aiiés [pour] escusé de toutes
         ces coses, et oultre il vous mande par nous que vous
         tenés et prendés le chemin de Rennes, car temprement
         ils venra contre vous et a très grant desir de vous
         veoir, et à tout che n’ara nulle deffaute.» Ces parolles
     30  contemptèrent grandement le conte de Bouquighem
         et les Englois; et respondirent liement en dissant enssi
         que li dus de Bretaigne ne pooit miex dire. Si se
    [5]  departirent enssi contempt li un de l’autre, et s’en
         retournèrent li message dou duch deviers Hainbon,
         et trouvèrent le duch à Vennes. Et li Englès se tinrent
         à Chastiel [Bourg] quatre jours, et puis s’en partirent
      5  et vinrent logier ens es fourbours de Rennes. Et
         estoient les portes de la citté de Rennes closes que
         on n’i laissoit nul homme d’armes entrer, mais li
         contes de Bouquighem i fu logiés, et li sires de Latinier,
         messires Robers Canolles et cinc ou sis baron
     10  seullement dou conseil dou duch; et furent là plus de
         quinse jours en attendant tous les jours nouvielles dou
         duc de Bretaigne, qui point ne venoit, dont il estoient
         esmervilliet. Dedens la citté de Rennes estoient li sires
         de Montraulieu, li sires de Montfort en Bretaigne, messires
     15  Joffrois de Karemiel, messires Alains de la Houssoie,
         cappitaine de Rennes, et messires Ustasses, ses
         frères, et escusoient tous les jours ce qu’il pooient le
         duch de Bretaigne, ne sai se c’estoit à bonne cause ou
         non, mais li Englès se commenchièrent mal à contempter
     20  de che que point ne venoit.

         Chil de Nantes qui se tenoient tout clos et n’estoient
         pas bien assegur des Englès qui estoient logiet à
         Rennes, envoiièrent deviers le duch de Ango, qui avoit
         fait tous leurs tretiés et par lequel la grignour partie
     25  dou roiaulme de France se demenoit pour le tamps
         de lors, en remonstrant que il n’estoient mies fort
         assés de eulx meïsmes de iaulx tenir, garder ne deffendre,
         se il avoient siège ou assaut, sans estre pourveu
         de bonnes gens d’armes: si prioient que il en
     30  fuissent rafresqui. A ceste requeste obeïrent tantos li
         quatre duch qui avoient en gouvrenement le roiaulme
         de France, Ango, Berri, Bourgongne et Bourbon, et
    [6]  i envoiièrent plus de sis cens lances de bonnes gens
         d’armes et toutes gens de fait et de grant vaillance.
         Enssi furent cil de Nantes reconforté et rafresqui, et
         ces gens d’armes entendirent à remparer de toutes
      5  pars la ville et de mettre en bon estat pour atendre
         siège ou assaut, se il leur venoit.


         § 171. Li Englès, qui se tenoient à Rennes et là
         environ, se commenchièrent à merancollier sus le duc
         que point ne venoit, et eurent conseil que on envoiieroit
     10  deviers lui. Si furent ordonné de aller messires Robers
         Canolles, messires Thumas de Persi et messires Thumas
         Trivès, et si fort que atout cinc cens lances, pour
         descouvrir et desrompre toutes enbusques qui leur
         poroient de nul costé sourdre ne venir. Chil troi baron
     15  et leurs routes se departirent de Rennes, et se missent
         au chemin en tel bataille que de cinc cens lances et
         otant d’archiers, et partirent un joedi, et li hoos le
         samedi enssieuant. Et vint li contes de Bouquighem
         logier à Saint Souplis en Bretaigne, et là demora trois
     20  jours, et puis vint au quatrime jour à [Combourg] en
         Bretaigne, et là demora quatre jours. Li dus de Bretaigne,
         qui estoit partis de Hainbon et venus à Vennes,
         savoit tous les jours les convenans des Englès, car ses
         gens, qui se tenoient en la citté de Rennes, li senefioient:
     25  si s’avisa, tout consideré, que il venroit parler
         à iaulx, car, à son honneur et selonc les grans
         aliances que il avoient ensamble, ils ne les pooit
         longuement demener. Et entendi que messires Robiers
         Canolles, messires Thumas de Persi et messires Thumas
     30  Trivès venoient deviers li: si se mist au chemin
         pour venir viers Rennes et encontra, che propre jour
    [7]  que il se parti de [Vennes], les chevaliers d’Engletière.
         Si se fissent grans reconnissances sus les camps, et
         demanda li dus de Bretaigne dou conte de Bouquighem.
         Li chevalier respondirent que il l’avoient laissiet à
      5  Rennes tout merancolieus de che que il n’ooient nulles
         nouvelles de li. Li dus s’escusa, et dist par sa foi que
         il ne l’avoit peut amender. Adont chevauchièrent il
         tout ensamble, et fuissent bien venu à Rennes che
         jour, mais il entendirent que li Englès estoient à [Combourg]
     10  pour venir à le Heidé, et là se logièrent et à
         la Maisière, car il tournèrent che chemin. A l’endemain
         vinrent li contes de Bouquighem et ses routes à le
         Heidé, et là se logièrent, car il entendirent que li dus
         de Bretaigne venoit: si ne voldrent aller plus avant.
     15  Là vinrent li dus de Bretaigne et ses consaulx: si
         s’entrecontrèrent li dus et li contes de Bouquighem
         ensamble, et se monstrèrent grant amour, et s’escusa
         li dus de Bretaigne moult bellement au conte et as
         Englès de che que il avoit tant demoret à non venir,
     20  car il ne trouvoit mies voirement tout tel son païs que
         il li avoient proumis au commenchement de l’esté.
         Dont respondi li contes et dist: «Biau frère de Bretaigne,
         pour ce ne demora il mies, se vous volés, que
         nous ne corigons les rebelles, car, avoecques l’aide et
     25  le poissanche que vous avés et que nous avons et qui
         tous les jours nous puet venir d’Engletière, nous
         sousmetterons si vos subgés que il seront tout aisse quant
         il poront venir à merchi.» De tels parolles et de pluiseurs
         autres parlementèrent il longement ensamble,
     30  et puis se traïst cascuns à son hostel. Meïsmement à
         l’endemain il chevauchièrent tout doi ensamble, et
         vinrent à la Massière, et là disnèrent tout doi ensamble
    [8]  en grant joie, et parlèrent apriès disner de leurs
         besongnes moult longement ensamble; et fu adont
         ordonné que li consaulx dou conte s’en iroit à Rennes
         avoecques le duch, et là ordonneroient il et concluiroient
      5  finablement toutes leurs besongnes. Si demora
         che soir li dus de Bretaigne et li consaulx dou conte
         à le Massière, et li contes retourna à ses gens à le
         Heidé, car il estoient tout là logiet [et] environ le Masière,
         et l’endemain li dus de Bretaigne s’en retourna à
     10  Rennes, le signeur Latinier, messires Robers Canolles,
         messires Thumas de Persi, messires Thumas Trivet et
         le conseil dou conte en sa compaignie. Si furent trois
         jours à Rennes, toudis consillans leurs besongnes.


         § 172. A che darrain conseil fu acordet, juret et
     15  fianciet sus saintes evangilles dou duch de Bretaigne,
         que il venroit [devant] Nantes mettre le siège, en le
         compaignie dou conte de Bouquighem, quinse jours
         apriès che que li Englès seroient là venu, et feroit li
         dus de Bretaigne venir et amener par le rivière de
     20  Loire barges et balengiers à plenté, pour mieulx constraindre
         par la rivière ceulx de Nantes, et ne s’en
         partiroit, ils ne ses gens, si seroit Nantes prisse. Pour
         toutes ces coses enteriner et affremer plus plainement
         et que li contes de Bouquighem fust à ces obligations
     25  prendre et faire, ses consaulx le renvoiia
         querre à le Heidé, où il estoit logiés et toute li hoos.
         Si se deslogièrent et s’en vinrent logier ens es fourbours
         de Rennes, enssi que autre fois il avoient esté
         logiés. Si entrèrent li contes et li baron en Rennes,
     30  et là leur donna li dus de Bretaigne à disner moult
         grandement. Là eut li dus de Bretaigne en convenant
    [9]  et jura sur sa foi solempnellement et sus saintes
         evangilles que il venroit à tout son pooir devant Nantes.
         Et sur cel estat il se parti et se retraïst vers Hainbon;
         et li contes de Bouquighem et li Englès demorèrent
      5  à Rennes et furent depuis bien quinse jours en ordenant
         leurs besongnes.

         De toutes ces coses estoient bien enfourmet et
         avisset chiaux de Nantes, que il devoient avoir le
         siège: si se ordonnèrent selonc che, et uns des plus
     10  grans capitainnes qui fust en Nantes, c’estoit messires
         Jehans li Barois des Bares, uns vaillans et appers
         chevaliers. Avoecques li estoient li cappitainne de Cliçon,
         Jehan de Castiel Morant, Morfouace, messires
         Jehans de Malatrait, Tournemine et moult d’autres,
     15  toute fleur de gens d’armes, liquel se pourveïrent
         sagement et biellement de tout ce que il leur convenoit,
         tant à l’encontre de la rivière que des portes,
         des murs et des tours, qui regardent sus les camps
         de celle part où il pensoient à avoir le siège.

     20  Nous meterons ches besongnes ichi un petit en respit,
         et parlerons de l’ordenance dou couronnement
         dou jone roi Charle, qui fu en celle saison couronnés
         à Rains.


         § 173. Vous devés savoir que riens ne fu espargniet
     25  de noblèces et de signouries à faire au couronnement
         dou jone roi Charle de France, qui fu couronnés à
         Rains le jour de un diemence, ou dousime an de son
         eage, en l’an de grace Nostre Signeur mille trois cens
         et quatre vins. A la solempnité de son couronnement
     30  heut grant fuisson de haulx signeurs; si quatre oncle
         i furent, Ango, Berri, Bourgongne et Bourbon, et
   [10]  ossi ses grans oncles, li dus Winchelins de Braibant,
         li dus de Bar, li dus de Lorainne, li contes de Savoie,
         li contes de la Marce, li contes d’Eu, messires Guillaumes
         de Namur; li contes de Flandres et li contes
      5  Jehans de Blois s’escusèrent. Finablement il i ot trop
         grant fuisson de grans seigneurs: jamais je ne les
         aroie tous nommés. Et entra li jones rois en la cité
         de Rains le samedi à heure de vespres, bien acompaigniés,
         che poés vous savoir, de toutes noblèces de
     10  hauls signeurs et de menestraudies; et par especial
         par devant li il i avoit plus de trente trompètes qui
         sonnoient si cler que mervelles. Et descendi li jones
         Charles de France devant l’eglisse de Nostre Dame de
         Rains, si oncle et ses frères en sa compaignie. Là
     15  estoient si cousin, tout jone enffant ossi, de Navare,
         de Labreth, de Bar et de Harcourt, et grant fuisson
         de autres jones escuiers, enffans de haulx barons dou
         roiaulme de France, lesquels li jones rois à l’endemain,
         le diemence, le jour de son couronnement, fist tous
     20  chevaliers. Et oï che samedi li rois les vespres en
         l’eglise Nostre Dame de Rains, et villa en l’eglise, enssi
         que usages est, la grigneur partie de la nuit, et tout
         li enffant qui chevalier voloient estre avoecques lui.
         Quant che vint le diemence, dont le jour de la Tousains
     25  avoit esté le [joedi] devant, li eglise Nostre
         Dame fu parée si très richement que on ne saroit miés
         ordonner ne deviser, et là fu à haute solempnité de la
         haute messe de l’archevesque de Rains sacrés et beneïs,
         ch’est de la sainte ampoule, dont mesires sains Remis
     30  consacra Clovis, le premier roi qui fu en France, et fu
         ceste unction envoïe de Dieu et des chiaux par un
         saint angle, et depuis tousjours li roi de France en
   [11]  ont esté consacré, et point s’amenrist. Or regardés se
         c’est disne cose et noble!

         Avant le consacration, li rois fist là devant l’autel
         tous les jones chevaliers nouviaulx. En apriès, on fist
      5  l’offisse de le messe très solempnellement et très
         reveranment, et le canta li arcevesques de Rains. Et là
         seoit li jones rois en abbit roial en une caiière eslevée
         moult haut, parée et vestie de draps d’or si rices que
         on les pooit avoir, et tous li jone nouviel chevalier
     10  desouls, sus bas escamiaulx couvers de draps d’or,
         à ses piés. Enssi se persevera li offices en grant
         noblaice et disnité; et là estoit li nouviaulx connestables
         de France, messires Oliviers de Cliçon, qui
         avoit esté fais et creés connestables puis un petit, qui
     15  bien faisoit son office et ce qui à lui apartenoit. Là
         estoient li haut baron dou roiaulme de France, vesti
         et paré si ricement que mervelles seroit à recorder,
         et seoit li rois en majesté roial, le couronne très rice
         et oultre mesure presieuse ou chief. Li eglise de Nostre
     20  Dame de Rains fu, à celle heure de le messe et de le
         solempnité, si plaine de nobles que on ne savoit son
         piet où tourner. Et entendi que, adont ou nouviel
         avent dou jone roi et pour resjoïr le peuple parmi le
         roiaulme de France, toutes impositions, aides, gabelles,
     25  fouages, sousides et autres coses mal prisses, dont
         li roiaulmes estoit trop blechiés, furent abatues, quittées,
         ostées et aliennées, et fu grandement à le contemplation
         et plaissance dou peuple.

         Apriès le messe, on vint au pallais, et pour ce que la
     30  salle dou pallais estoit petite pour recepvoir tel peuple,
         on avoit enmi la court dou pallais, où il i a grant
         place, tendu un hault et grant [tref] sus hautes estaces;
   [12]  et là fu li disners fais et ordonnés, et sissent li jones
         rois de France et si cinc oncle, Braibant, Ango, Berri,
         Bourgongne et Bourbon, à sa table et bien en sus de
         li. Et li arcevesques de Rains et aultres prelas seoient
      5  à sa destre, et servoient haut baron: li sires de Couchi,
         li sires de Cliçon, messires Guis de la Tremoulle,
         li amiraulx de France, et enssi des aultres, sus haulx
         destriers couvers et parés de draps d’or. Enssi se
         continua en toutes honneurs la journée, et à l’endemain,
     10  le lundi, moult de haulx signeurs prissent congiet
         au roi et à ses oncles, et s’en retournèrent en
         leurs païs. Si vint li rois che jour disner en l’abbeïe de
         Saint Teri à deus lieuwes de Rains, car chil de laiens
         li doivent ce pas, et cil de la citté de Rains le sacre
     15  dou roi. Enssi se departi ceste noble et haute feste de
         la consacration dou jone roi Charlle de France, et s’en
         vint li rois à Paris, où il fu des Parisiiens de rechief, à son
         retour et à l’entrer en Paris, très grandement festiiés.

         Apriès toutes ces festes, ces solempnités et ces honneurs,
     20  il eut grans consaulx en France sus l’estat et
         gouvrenement dou roiaulme, et fu ordonné que li dus
         de Berri aroit en gouvrenement toute le Langhedock,
         li dus de Bourgongne toute Pikardie et Normendie, et
         li dus d’Ango demoroit dallés le roi son nepveut, et
     25  aroit principaument et roiaulment l’aministration et
         gouvrenement dou roiaulme. Adont fu li contes de
         Saint Pol rappellés, qui en devant avoit esté eslongiés
         de la grace dou roi Charle mort, et li fist à Rains li
         dus de Braibant sa besongne et li dus d’Ango, en
     30  laquelle grace et amour li contes de Saint Pol estoit
         grandement. Si se departi de Han sus Heure seant en
         l’evesquiet de Liège, où il s’estoit tenus un grant
   [13]  tamps, et s’en revint en France, et amena sa femme
         ens ou castiel de Bohain; et se deportèrent toutes les
         mains misses de ses terres et retournèrent toutes en
         son pourfit.

      5  Nous nous cesserons un petit à parler des besongnes
         dessus dites, et retournerons as incidensses de
         Bretaigne et au conte de Bouquighem.


         § 174. Vous savés comment les convenances et
         ordenances furent prisses et jurées entre le duc de
     10  Bretaigne et le conte de Bouquighem de venir asseoir
         Nantes. Quant li dus de Bretaigne fu partis de Rennes,
         le signeur de Montbouchier, messire Estièvene Guion,
         le signeur de Montraulieu, le signeur de la Houssoie
         et son conseil en sa compaignie, il se retraïssent vers
     15  Vennes et vers Hainbon, et li contes de Bouquighem
         et ses gens s’ordonnèrent pour venir devant Nantes,
         et se departirent des fourbours de Rennes et des villages
         là environ où il estoient logiet, et se vinrent che
         jour logier à Castillon, et à l’endemain à Bain, et le
     20  tierch jour che fu à Nasçay, et au quart logeïs il vinrent
         logier ens es fourbours de Nantes, et fu li contes
         de Bouquighem logiés à le porte de Sauvetout, et li
         sires de Lattinier, connestables de l’oost, et li sires de
         Fil Watier et li sires de Basset furent logiet à le porte
     25  de Saint Pière, et messires Robers Canolles et messires
         Thumas de Persi logiet à le porte de Saint
         Nicollai, tout sus la rivière, et messires Guillaumes de
         Windesore et messires Hues de Cavrelée à le posterne
         de Ricebourc. Enssi estoient cil baron logiet entre
     30  leurs gens et moult honnerablement, car c’estoit au
         plus priès par raison comme il pooient.

   [14]  Dedens la ville avoit grant fuisson de bons chevaliers
         et escuiers de Bretaigne, de Biausse, d’Ango et
         [du Mainne], qui songnoient de la ville et le gardoient
         très bien, et en avoient dou tout le fais et la carge,
      5  ne cil de la ville ne s’en ensonnioient en riens. Et
         avint que le nuit Saint Martin, messires Jehans li
         Barois des Bares esmeut aucuns de ses compaignons
         qui là dedens estoient, et leur dist: «Biau signeur,
         nous sentons nos ennemis priès de chi, et encores ne
     10  les avons nous resvilliés. Je conseille que en la bonne
         nuit nous les alons veoir et escarmuchier.»--«Par
         ma foi, respondirent cil à qui il en parla, vous parlés
         loiaument; et [est] ce que nous devons faire, et
         nous le vollons.» Adont se quellièrent il sus le soir,
     15  et armèrent iaulx sis vins, toutes gens de fait; si fissent
         ouvrir le porte de Saint Pière, et li connestables
         et li sires de Basset et li sires de Fil Watier [i] estoient
         logiet, et missent bonnes gardes à le porte pour le
         retraite. Si estoient cappitainne et meneur de ces gens
     20  d’armes li Barois des Bares, Jehans de Castel Morant
         et li cappitainne de Cliçon, et vinrent si a point au
         logeïs des dessus dis que il seoient au souper, et
         avoient leur cri: «Les Bares!» Si entrèrent en ces
         logeïs, et commencièrent à ferir et à abatre et à
     25  mehaignier gens. Tantos li Englès furent sailli sus et
         pourveu de leur fait, et se rengièrent devant leurs
         logeïs. Quant li François en veïrent le manière, il se
         retraïssent et tinrent tout ensamble moult sagement,
         et retournèrent vers leur ville; et Englès de toutes
     30  pars commenchent à venir à l’escarmuce. Là en i
         ot de boutés et reboutés et abatus de une part et
         d’autre, et furent mis li François en leurs barrières.
   [15]  Si en i ot des mors et des blechiés de une part et
         d’autre; mais li Barrois des Bares et ses gens rentrèrent
         en la ville à petit de damage, et tint on dedens
         et dehors ceste escarmuche à bonne et belle.


      5  § 175. Quant che vint le jour Saint Martin au soir,
         li Barrois des Bares parla as compaignons et leur
         dist: «Che seroit bon que demain, au point dou
         jour, nous [eussions] pourveu sis ou set gros batiaux,
         et deus cens hommes et cent arbalestriers, et par la
     10  rivière nous alissons visseter nos ennemis; il ne se
         donnent de nous à garde de che costé.» Tout furent
         de son accord, et se quellièrent celle propre nuit le
         somme de gens que li Barois avoit nommés, et eurent
         pourveu siis gros batiaux. Devant le jour il entrèrent
     15  ens et, sans faire friente, il naviièrent contreval la
         rivière, et prissent tière au desoulx des logeïs. Messires
         Jehan de Harleston et ses gens estoient logiet
         assés priès de là en un grant hostel; là vinrent droit
         sus le point dou jour li François, qui l’environnèrent
     20  et commenchièrent à asaillir. Messires Jehans de Harleston
         fu tantos aparilliés et armés, et ossi furent ses
         gens; si se missent à deffense moult vaillanment, et
         archier à traire contre ces arbalestriers. Là eut escarmuce
         forte et dure et des navrés et bleciés, et vous di
     25  que li hostels euist esté prins et conquis, mais messires
         Robers Canolles, qui estoit logiés assés priès de
         là, le sceut; si s’arma et fist armer ses gens et desvoleper
         sa banière, et se traïst moult coiteussement
         celle part. D’autre part, messires Guillaumes de Windesore,
     30  qui en fu segnefiiés, i vint et ses gens ossi
         tout le cours, et toudis venoient Englès et sourdoient
   [16]  de tous costés. Adont se retraïssent li François sus le
         rivage et vers leurs batiaulx, quant il veïrent que faire
         leur convenoit ou rechepvoir grant damage. Là ot sus
         le rivage, au rentrer ens es batiaulx, grant escarmuce,
      5  et moult vaillanment se portèrent les cappitainnes et
         i fissent des grans apertisses d’armes, et furent auques
         des darrains rentrans. Toutesfois il en i ot au rentrer
         des François pris, mors et noiiés, et retournèrent à
         Nantes. Encores tinrent ceste emprise tout cil qui en
     10  oïrent parler de une part et d’autre, à grant hardement
         et grant vaillance.


         § 176. Quant li Englès se perchurent que cil de
         dedens les resvilloient si souvent, si eurent conseil
         entre iaulx que il seroient mieulx sus leur garde que
     15  [il] n’avoient esté et feroient bon gais. Dont il avint
         une nuit, le setime jour apriès que messires li Barois
         avoit escarmuchiet sus la rivière, ils issi de rechief
         sus la nuit à le porte où li contes de Bouquighem estoit
         logiés, et avoit li Barois en se compaignie environ
     20  deus cens hommes d’armes et cent arbalestriers.
         Celle nuit faissoient le ghait li Allemant, et estoient
         leurs cappitainnes messires Alghars et messires Thumas
         de Rodes; si s’en vinrent ferir les gens le Barrois
         et ils meïsmes tout devant et Jehans de Castiel
     25  Morant et la cappitainne de Cliçon sus ce gait entre
         ces Allemans. Là eut grant escarmuce et dure et des
         abatus à tière; dont se levèrent cil qui couchiet estoient
         ou logeïs dou conte, et s’armèrent et se traïssent tout
         de celle part où li escarmuce estoit. Quant li Barois
     30  des Bares et cil qui avoecques lui estoient issu, perchurent
         que force leur sourdoit trop grande, si se
   [17]  retraïssent deviers le porte en combatant, en traiant
         et en escarmuchant; si en i ot pluiseurs dou trait blechiés
         et navrés de une part et d’autre, et par especial messires
         [Thumas] de Rodes, uns chevaliers de Allemaigne,
      5  fu trais d’un vireton et perchiés tout oultre le
         bachinet parmi la teste, douquel cop il morut trois
         jours apriès, dont che fu damages, car il estoit moult
         appers chevaliers. Si rentrèrent li François et li Breton
         en Nantes à point de damage, et eurent sis prisonniers.
     10  Et demora la cose en cel estat, et tousjours li
         Englès sus leur garde, car toutes les nuis il n’attendoient
         autre cose que de estre resvilliet.


         § 177. Enssi se tenoient là devant Nantes à siège li
         contes de Bouquighem et ses gens, et attendoient tous
     15  les jours le duck de Bretaigne, que point ne venoit ne
         de ce que juret et proumis leur avoit, riens ils n’en
         tenoit; dont il estoient tout esmervilliet à quoi il pensoit,
         car de li il n’ooient nulles nouvelles. Bien envoiièrent
         par devers li aucuns messages et lettres, qui
     20  remonstroient que il faissoit mal, quant il ne tenoit
         les convenances telles que il avoit jurées par sa foi
         à tenir et acomplir en la citté de Rennes, mais de
         toutes les lettres que li contes de Bouquighem i
         envoiia, onques n’en eut response, et suposoient li
     25  Englès que leur messagier estoient mort sus le chemin,
         car nuls n’en retournoit. Et voirement aloient il
         en trop grant peril et toutes gens ossi, se il n’estoient
         dou païs et bien acompaigniet, entre Nantes et Hainbon,
         car li chemin estoient si priès guettié des gens
     30  dou païs que nuls ne pooit passer que ils ne fust pris
         et que on ne seuist quel cose il querroit et voloit; et,
   [18]  se il portoit lettres des Englès au duc et dou duc as
         Englès, il estoit mors. Avoecq tout ce li fourrageur de
         l’oost n’osoient chevauchier sus le païs en allant à fourage
         fors en grant route, car li chevalier et li escuier
      5  dou païs estoient quelliet ensamble et ne volloient
         nullement que leurs terres fuissent foullées ne courues,
         siques, quant il trouvoient dis ou vint ou trente
         varlès, il les ochioient ou leur tolloient le leur et lors
         chevaulx, et les batoient et navroient, ne on n’en pooit
     10  avoir autre cose; dont cil de l’oost estoient moult
         courouchiet et n’en savoient sur qui prendre l’amendement.
         Au voir dire, li dus de Bretaigne tiroit trop
         fort que il peuist avoir ses gens d’accord pour venir
         aidier à mettre le siège devant Nantes par le tière et
     15  par le rivière, enssi que ordenance se portoit et que
         en convent il l’avoit eu à Rennes au conte de Bouquighem,
         mais il n’en pooit venir à chief, et dissoient
         baron, chevalier et escuier que ja il n’aideroient à
         destruire leur tère pour le guerre des Englès, ne, tant
     20  que li Englès fuissent en Bretaigne, il ne s’armeroient
         avoecques lui. Et li dus leur remonstroit pourquoi
         dont avoient il consenti et ordonné de commenchement
         au mander les Englès. Il respondoient que
         ce avoit esté plus pour donner cremeur au roi de
     25  France et à son conseil, affin que il ne fuissent mené
         fors as anciiens usages, que pour autre cose, et, ou
         cas que li rois de France ne leur voelt que tout bien,
         il ne li voellent point de guere. Autre cose ne autre
         response n’en pooit li dus avoir.

     30  D’autre part, li sires de Cliçon, connestables de
         France, li sires de Dignant, li sires de Laval, li
         viscontes de Roem, li sires de Rocefort et tout [li]
   [19]  grant baron et haut et poissant ou païs de Bretaigne
         se tenoient tout ensamble, leurs villes et leurs castiaulx
         clos et bien gardés, et dissoient au duck ou faissoient
         dire par leurs messages, que bien s’avisast, car
      5  il avoit esté simplement consilliés d’avoir mandé les
         Englès et de [les] avoir mis ou païs pour guerriier et
         destruire sa terre, et que nuls confort il n’aroit d’euls;
         mais, se il aloit devant Nantes à siège, enssi que on
         avoit entendu que il le devoit faire, il li destruiroient
     10  sa terre à tous lés, et li donroient tant d’empechement
         que il ne saroit auquel lés entendre; mais se
         vosist recongnoistre et remettre en l’obbeïssance dou
         roi de France, enssi que faire le devoit et que tenus
         i estoit, et il se faissoient fort, et porteroient oultre,
     15  que il li feroient sa pais envers le jone roi de France.
         Et li remonstroient encores tels parolles, en dissant enssi
         que tels avoit en contrecorage le roi Charle mort, qui
         venroit et demorroit grandement en l’amour dou jone
         roi son fil. De toutes tels coses des plus haus barons
     20  de Bretaigne estoit li dus servis; si ne savoit au voir
         dire auquel pour le mieulx entendre, car il ne le trouvoit
         nul segur estat en ses gens; [si] le convenoit disimuller,
         vosist ou non. Et toudis se tenoit li sièges
         devant Nantes.


     25  § 178. Le jour Nostre Dame des Avens au soir,
         eurent conseil li François, qui en Nantes se tenoient,
         que il venroient resvillier l’oost, car trop avoient
         reposé. Si issirent environ deus cens hommes d’armes,
         desquels messires Amauris de Cliçon, cousins germains
     30  au signeur de Cliçon, et li sires d’Amboise
         estoient meneur et gouvreneur, et s’en vinrent ferir
   [20]  sus les logeïs messire Guillaume [de] Windesore, et
         issirent par le posterne de Ricebourc sus la rivière; et
         faissoient le gait che soir les gens messire Hue de
         Cavrelée. A ceste heure là fu fais chevaliers li sires
      5  d’Amboisse, et le fist chevalier messires Amauris de
         Cliçon. Ces gens d’armes bretons et françois se boutèrent
         de grant vollenté ou gait, et gaaignièrent de
         venues la bare dou gait et le chevalier dou gait, qui
         s’appelloit messire Guillaume de Quisenton. Là eut
     10  forte escarmuce et dure, et maint homme reversé.
         Messires Guillaumes de Wi[n]desore et messires Hues
         de Cavrelée, qui estoient en leur retrait, entendirent
         le hustin: si saillirent tantost sus, si s’armèrent et
         apparillièrent, et vinrent celle part où li plus fors hustins
     15  estoit. Là eut trait, ferut et lanciet et escarmuciet,
         et si portèrent toutes les parties vaillanment, et rentrèrent
         tout en combatant et escarmuchant li François
         et li Breton en le posterne de Richebourc, par laquelle
         il estoient issut, et sans damage, car il eurent un chevalier
     20  prisonnier et siis hommes d’armes, et il en i ot
         pris des leurs trois. Enssi se porta ceste nuittie.


         § 179. Le joedi devant la vegille dou Noël, issirent
         de Nantes sus le soir par la porte de Sauvetout messires
         li Barois des Bares et li sires de [Colet] à sis vint
     25  hommes d’armes, et s’en vinrent ferir ou logeïs dou
         conte de Bouquighem, et faissoit le gait che soir li
         contes de Douvesière. Là ot grant escarmuce et forte,
         et maint homme reversé et bouté jus à terre des
         glaves, mais li Englès furent là plus fort que cil de le
     30  ville ne furent; si furent recullé et rebouté ens es
         barrières et en le porte à force. Si en i ot des leurs,
         que mors que pris, environ sèse, et là fu trais à
   [21]           l’escarmuce
         d’un quarel uns chevaliers englès, qui s’appelloit
         messires Huges Tiriel, et ferus tout parmi son
         bacinet, de laquelle navrure il morut. Adont se retraïssent
      5  toutes gens à leurs logeïs, et n’i eut plus nulle cose
         fait celle nuit, mais toutes les cappitainnes de Nantes
         furent en conseil ensamble que le nuit dou Noël à toutes
         leurs puissances il isteroient de la ville et venroient
         faire en l’oost une grande escarmuce, et tinrent tout
     10  chela entre iaulx en secré.

         Li contes de Bouquighem et li Englès estoient enssi
         resvilliet moult souvent des François et des Bretons
         qui en Nantes se tenoient; et d’autre part sus les
         camps leurs fourageurs avoient moult de painne en
     15  querant vivres et fourages pour les chevaulx, et
         n’osoient chevauchier fors en grans routes. Et estoient
         li contes de Bouquighem et ses consaulx trop esmervilliet
         dou duc de Bretaigne, qui point ne venoit ne
         dont il n’ooi[en]t nulles nouvelles, et s’en contentoient
     20  mal, car de tout en tout il trouvoient et avoient
         trouvé en li foible convenant, et ne s’en savoient à
         qui plaindre qui droit leur en fesist. Et eurent en
         conseil environ le Noël que il envoiieroient de rechief
         messire Robert Canolle et messire Thumas de Persi et
     25  messire Thumas Trivet devers li à Vennes ou à Hainbon,
         et cil li remonsteroient de par le conte que il
         faissoit trop mal, quant autrement il ne s’acquitoit
         enviers iaulx. Et puis fu cils pourpos rompus et brissiés,
         et dissent, quant il eurent entre iaulx tout consideré
     30  et imaginé, que il ne pooient bonnement che
         faire ne afoiblir leur siège, et que on ne pooit aler
         deviers le duck fors tout ensamble, car, se il i aloient
   [22]  cinc cens ou sis cens lances et il en trovaissent sus le
         païs mille ou quinse cens de leurs ennemis, che leur
         seroit uns trop grans contraires; si poroient bien estre
         ruet jus, et li allant deviers le duck et li demorant au
      5  siège. Pour celle doubte, tant c’à celle fois, ne se
         departi nuls de l’oost, mais se tinrent encores tout
         ensamble.


         § 180. Quant che vint à le vegille dou Noël au soir,
         li Barrois des Barres, messires Amauris de Cliçon, li
     10  sires d’Amboise, li sires de Collet, li castelains de
         Cliçon, Jehans de Castiel Morant, Morfouace et toutes
         les cappitainnes de Nantes issirent par le porte Saint
         Pière en grant vollenté que de bien faire le besongne, et
         avoient en leurs routes bien sis cens hommes d’armes;
     15  et se partirent, quant il furent hors de la porte, en
         deus parties: li une des pars s’en vinrent parmi la rue,
         et li autre pars parmi les camps, au logeïs le signeur
         Latinier et dou signeur de Fil Watier; et faissoient le
         gait messires Yon Fil Warin et messires Guillaume
     20  [T]raiton; et de venues il gaaignièrent toutes les bailles
         dou gait, et ruèrent jus et recullèrent le gait tout oultre
         jusques au logeïs le connestable, le signeur de Lattinier,
         et s’arrestèrent devant l’ostel le signeur de Vertaing;
         et là fu li escarmuce et li grans assaulx, car li François
     25  avoient jetté leur avis dou prendre, et fu sus le
         point de estre pris, et li sires de Vertaing dedens. Là
         eurent cil dou gait moult à souffrir avant que li secours
         venist, et i furent messires Yon Fil Warin, li sires de
         Vertaing et messires Guillaumes Traiton, bon chevalier,
     30  et i fissent plusieurs grans appertisses d’armes.

         A ces cops s’effreèrent cil dou logeïs dou connestable
   [23]  et dou mareschal, et sonnèrent les trompettes;
         si s’armèrent partout communaulment. Messires Guillaume
         de Windesorre [et] messires Hues de Cavrelée
         entendirent la friente et le son des trompettes; si conneurent
      5  tantos que li avant garde avoit à faire; si fissent
         sonner leurs trompettes et alumer grant fuisson
         de fallos et desvoleper leurs banières. Si vinrent celle
         part où li grignour escarmuce estoit, en leur compaignie
         cent hommes d’armes et cent archiers. D’autre part,
     10  messires Thumas Trivès, messires Thumas de Persi et
         li sires de Basset, cascuns sa banière devant lui, vinrent
         à l’escarmuce, et bien besongnoit à l’avant garde
         que il fuissent hastéement conforté, car il furent sus
         le point de perdre tous leurs logeïs; mais, quant cil
     15  baron et leurs routes furent venu, se recullèrent li
         François et li Breton, et se remissent tout ensamble
         moult sagement, et se retraïssent vers la ville, lanchant,
         traiant et escarmuchant. Là eut fait tamainte
         grant apertise d’armes, et s’abandonnoient aucun jone
     20  chevalier et escuier dou costé des François pour iaulx
         monstrer et agraciier de renommée moult avant, et
         tant que messires Tristans de la Galle i fu pris par sa
         folle emprisse, et le prist uns escuiers de Hainnau, que
         on dist Thieris de Sonmaing.


     25  § 181. Enssi se continua ceste escarmuce, et rentrèrent
         en Nantes tout cil ou en partie, qui issut en
         estoient, car il convient que en tels fais d’armes il en
         i ait des mors et des navrés et des pris et des bleciés,
         car, très dont que on s’arme et que on ist à l’escarmuce,
     30  on n’en puet autre cose attendre. Toutesfois il
         rentrèrent ens à petit de damage, car il eurent bien
   [24]  otant de prisonniers que li Englès avoient des leurs.
         Si se retraïssent à leurs hostels, quant la porte fu
         refremée, et entendirent à mettre à point les blechiés.
         Enssi se retraïssent cil de l’oost, et s’en ralla cascuns
      5  en son logeïs, mès pour ce ne rompirent il mies leur
         gait, anchois gaitièrent il plus fort que devant.

         Le jour dou Noël n’i ot riens fait ne toutes les festes;
         si n’atendoient li Englès autre cose tous les soirs [fors]
         à estre resvilliet, et, ce qui plus leur touchoit et faisoit
     10  d’anois, c’estoit ce que il n’ooient nulles nouvelles
         dou duck de Bretaigne, et leur estoient vivres et fourages
         si destroit que à painnes en pooient il recouvrer;
         mais cil de dedens en avoient assés, qui leur
         venoient d’autre part la rivière de Loire, de ces bons
     15  païs de Poito, de Saintonge et de la Rocelle.


         § 182. Quant li contes de Bouquighem et li Englès
         eurent esté à siège devant la citté de Nantes deus mois
         et quatre jours, et il veïrent que il n’en aroient autre
         cose et que li dus de Bretaigne ne tenoit nulles de ses
     20  convenances, car il ne venoit ne n’envoioit deviers
         eulx, si eurent conseil que il se deslogeroient de là,
         car riens n’i faissoient, et se trairoient deviers Vennes,
         et s’en iroient tout ensamble parler au duck, et voldroient
         à celle fois savoir son entente. Adont fu sceu
     25  et nonchiet parmi l’ost au deslogier; si se deslogièrent
         à l’endemain de l’an renoef, et chevauchièrent en
         bataille et en ordenance, tout enssi que il avoient fait
         parmi le roiaulme de France, et vinrent à leur departement
         de Nantes che jour logier à Nord, et furent là
     30  pour eulx rafresquir trois jours. Au quatrime jour, il
         se departirent et vinrent à Maide, et à l’endemain à
   [25]  Tillay, et à l’autre jour apriès à Bain; et là demorèrent
         trois jours pour le pont qui estoit rompus. Si eurent
         moult de mal au refaire, pour passer oultre et leur
         carroy; toutesfois li pons fu refais bons et fors, et
      5  passa l’oost la rivière de Vollain, et fu par un samedi,
         et vint logier à Lohiac, et là demora l’oost deus jours.
         Et l’endemain, quant il se departirent de Lohiac, il
         vinrent logier à Gors, et là demora l’oost deus jours,
         et l’endemain au Maron, et là demora l’oost deus
     10  [jours], et à l’endemain à la Trenitté. Au departement
         de la Trenitté, il passèrent la rivière d’Aust au pont de
         Brehaing, et là demora oultre l’aige sus les plains li
         host ce jour que il eurent passet la rivière.

         Cil de la citté de Vennes estoient tout enfourmé par
     15  ceulx dou païs, que li contes de Bouquighem et li
         Englès venoient celle part, et estoit leur entention que
         de logier en la ville; si ne savoient comment il s’en
         cheviroient dou laissier en leur citté ou non, et vinrent
         deviers le duch qui estoit en Hainbon; mais ce jour
     20  que il venoient vers li, il encontrèrent le duch sus les
         camps, enssi que à deus petites lieuwes de Vennes,
         qui venoit celle part. Quant li dus de Bretaigne veï
         ses bonnes gens de Vennes, il les conjoï et leur
         demanda des nouvelles et où il alloient. [Il respondirent:]
     25  «Monsigneur, des nouvelles vous dirons
         assés. Vechi le conte de Bouquighem et toute l’oost
         des Englès, qui viennent celle part, et est leur entencion,
         sicomme nous sommes enfourmé, que de logier
         en vostre ville de Vennes. Si regardés que vous en
     30  vollés faire, car sans vostre mandement nous n’en
         ferons noient; et ja ont il refait le pont à Brehain, que
         on avoit romput sus la rivière de Aust.» Quant li
   [26]  dus oï ces parolles, il penssa un petit, et puis respondi:
         «Dieux i ait part! Ne vous effraés ne soussiés
         de riens. Les coses venront à bien: che sont gens qui
         ne vous voellent nul mal. Je sui en aucunes coses tenus
      5  envers iaulx, et ai tretiés à eulx, lesquels il fault que
         je porte oultre et que je m’en acquite. [Si] m’en vois
         à Vennes, et demain je croi bien que il venront. Je
         isterai contre le conte, mon frère, et li ferai toute
         l’onneur que je porrai, car voir je i sui tenus. Dou
     10  sourplus vous ferés enssi que je vous consillerai: vous
         li offerés et presenterés les clefs de la ville, et li dirés
         que vous et la ville iestes tout rebrachiet et aparilliet
         de l’i rechepvoir, sauf tant que vous li ferés jurer
         que, quinse jours après ce que il en sera requis dou
     15  partir, il partira et vous rendera les clefs de la ville;
         c’est tous li consaulx que je vous donne.» Li bourgois
         de Vennes, qui chevauchoient dallés le duc, respondirent
         enssi et dissent: «Monsigneur, nous ferons à
         vostre ordenance.» Depuis chevauchièrent il tout
     20  ensamble jusqu’à Vennes, et là se loga li dus celle
         nuit, et li Englès s’en vinrent logier à Saint Jehan, un
         village seant à deus petites lieues de Vennes.

         Che soir rechut lettres li contes de Bouquighem
         dou duch qui li escripsoit comme à son chier frère,
     25  et li mandoit que ils estoit li bien venus en la
         marce de Vennes. A l’endemain, quant li contes
         eut oï messe et beu un cop, il monta à cheval,
         et tout montèrent ses gens, et chevauchièrent moult
         ordonnéement deviers la citté de Vennes, l’avant
     30  garde premiers, le conte de Bouquighem apriès en sa
         bataille, et l’arierre garde ensieuant la bataille dou
         conte. Enssi les encontra li dus de Bretaigne qui issi
   [27]  de Vennes à l’encontre de eulx bien une grant lieue;
         et, quant ils et li contes s’encontrèrent, il se fissent
         grant honneur. Apriès ces requelloites, qui furent
         moult honnerables, et en chevauchant l’un dallés
      5  l’autre, le conte à destre et le duch à senestre, li
         contes de Bouquighem entra en parolles, et dist:
         «Sainte Marie! Biaux frère de Bretaigne, que nous
         vous avons tant attendu devant Nantes, là estant au
         siège, enssi que ordenance se portoit entre moi et vous,
     10  et [si] n’i estes point venus!»--«Par ma foi, respondi
         li dus, monsigneur, je n’en ai peult autre cose
         faire, et vous di que j’en ai esté trop durement courouchiés;
         mais amender ne le pooie, car mes gens de
         ce païs, pour cose que je aie sceu monstrer ne quels
     15  aliances que à leurs requestes [je aie] fait à vous, il
         ne se sont volut traire avant pour aler au siège avoecques
         vous devant Nantes; et se tiennent tout pourveu
         sus les frontières li sires de Cliçon, li sires de Dignant,
         li sires de Laval, li viscontes de Rohem et li sires de
     20  Rochefort, pour garder les entrées et issues de Bretaigne,
         et tout cil qui s’estoient ahers et conjoint
         avoecques moi, tant des chevaliers comme des prelas
         et des bonnes villes, sont maintenant tout rebelle,
         dont je sui trop grandement courouchiés, quant vous
     25  me trouvés, et par leur coupe, en bourde. [Si] vous
         dirai, monsigneur, que vous ferés. Il est à present ou
         plain de l’ivier, que il fait froit et mauvais ostoiier:
         vous venrés à Vennes, et là tous tenrés tant c’à l’avril
         ou au mai, et vous i rafresquirés; et je ordonnerai
     30  ossi de vos gens, et passeront le tamps au mieulx que
         il poront, et de toutes ces coses nous nos revengerons
         à l’esté.» Li contes respondi: «Dieux i ait part!»
   [28]  qui bien veï que il n’en pooit avoir autre cose. Si
         l’amena li dus de Bretaigne en Vennes, et, à l’entrer
         dedens, les gens de la ville furent aparilliet, qui se
         misent en la presensse dou conte, et li dissent moult
      5  douchement et à nus chiés: «Monsigneur, pour la
         reverence de vostre haute signourie et l’onneur de
         vous, nous ne vous mettons nul contredit à entrer en
         nostre ville, mais nous vollons, pour apaissier le peuple,
         autrement vous ne seriés pas bien asegur, que vous
     10  nous jurés sus saintes evangilles, que, quinse jours
         apriès ce que vous en serés requis, vous vos partirés
         de ceste ville et ferés partir les vostres, et ne nous
         ferés ne consentirés damage ne moleste.»--«Par
         ma foi, dist li contes de Bouquighem, je vous le jure
     15  enssi, et le vous tenrai.» En apriès, les signeurs fissent
         il ossi jurer sus leurs fois et sus saintes evangilles
         de tenir le sierement que li contes avoit fait, et il s’i
         acordèrent legierement, et faire leur convenoit, se il
         ne voloient dormir as camps.

     20  Enssi fu li contes de Bouquighem logiés en la citté
         de Vennes, et ses corps en l’ostel dou duch, un bien
         plaissant castiel qui siet dedans la ville et est nommet
         La Motte; et tout cil de sa bataille furent logiet en la
         ville et ens es fourbours. Et li dus de Bretaigne s’en
     25  vint au Suseniot, et là se tint, mais à le fois il venoit
         à Vennes veoir le conte, et avoient parlement ensamble,
         et puis s’en retournoit [là d’]où il estoit partis. Li sires
         de Lattiniers, li sires de Fil Watier, messires Thumas
         de Persi, messires Thumas de Trivès et li avant garde
     30  devoient estre logiet en le ville de Hainbon; mais
         onques on ne leur vault ouvrir les portes, et les convint
         logier as camps et ens es fourbours. Messires
   [29]  Robers Canolles, messires Hues de Cavrelée, li sires
         de Fil Warin et plusieur autre devoient ossi estre logiet
         en la ville de Campercorentin; mais onques on ne
         leur volt ouvrir les portes, et les convint logier ens es
      5  fourbours et as camps. [Messires Guillaume de Windesore
         et chil de l’arière garde devoient ossi estre
         logiet en la ville de Camperlé; mais onques on ne
         leur volt ouvrir les portes, mais furent logiet ens
         es fourbours et as camps]: si souffrirent et endurèrent,
     10  le terme qu’il furent là, moult de povretés et
         de malaise, car, ce qui ne valloit que trois deniers, on
         leur vendoit douse, encores n’en pooient il recouvrer.
         Si moroient leurs chevaulx de froit et de povreté, et
         ne savoient où aller en fourage, et, quant il i aloient,
     15  c’estoit en grant peril, car les tierres voisines leur
         estoient toutes ennemies.

         Li viscontes de Rohem a en le marce de Vennes de
         fors castiaulx et grans: l’un appell’ on le Kaire, et
         l’autre Commelin Guighant. En ces deus castiaulx
     20  avoit grant garnisson de par le visconte, qui portoient
         trop de contraires as fourageurs englès, et en ruèrent
         tamaint jus et ocirent, avoecques trois autres garnissons
         au signeur de Cliçon, qui sont ossi en celle frontière:
         Chastel Josselin, Montagut et Mont Contour. Et tout
     25  ce souffroit li dus de Bretaigne, et dissoit que il ne
         le pooit amender, car voirement li connestables de
         France, li sires de Cliçon, faissoit guerre pour le roi
         de France et se tenoit sus le païs à grant gens d’armes,
         de quoi li Englès ne s’ossoient ouvrir ne partir l’un de
     30  l’autre; et encores, tout consideret et regardet comment
         il estoient logiet as camps à nulle deffensse, merveilles
         fu que il ne rechurent plus de damages, car cil
   [30]  de Vennes soudainnement ne peuissent avoir conforté
         chiaulx de Hainbon, ne cil de Hainbon [chiaulx] de
         Camperlé, ne cil de Camperlé chiaulx de Campercorentin,
         mais, au voir dire, li dus aloit au devant, et
      5  les deffendoit et gardoit de tout son pooir de estre
         envaï ne asailli, et bien dissoit en son requoi et à son
         conseil que foiblement et povrement, selonc che que
         il leur avoit proumis, ils s’estoit acquittés envers le
         conte et ses gens.


     10  § 183. En che tamps estoient à Paris par deviers
         le roi de France de par [le duch] envoiiet quatre
         hault baron de Bretaigne qui li pourcaçoient sa pais,
         c’est assavoir li viscontes de Rohem, messires Charles
         de Dignant, messires Guis, sires de Laval et messires
     15  Guis de Rocefort; et l’avoient cil quatre baron de Bretaigne
         en conseil, le conte de Bouquighem estant à
         siège devant Nantes, enssi que efforciet et li avoient
         remonstré par plusieurs fois moult sagement, en dissant
         tels parolles: «Monsigneur, vous monstrés à tout
     20  le monde que vous avés le corage tout englois: vous
         avés mis et amenés les Englès en che païs, qui vous
         toldront vostre hiretage et toldroient, se il en estoient
         au dessus. Quel pourfit ne plaisance prendés vous à
         eulx tant amer? Regardés comment li rois de Navare
     25  se confioit en eulx, et les mist ens ou castiel et en le
         ville de Chierebourc; onques depuis il ne s’en vorrent
         partir ne ne partiront, mais le tenront comme leur
         bon hiretage. Ossi, se vous les euissiés ja mis et
         semés en vos villes fremées en Bretaigne, il ne s’en
     30  partesissent jamais, car tous les jours fuissent il rafresqui
         de leurs gens. Regardés comment il tiennent
   [31]  Brest: il n’ont nulle volenté de [le] vous rendre, qui
         est de vostre droit demainne et hiretage, [et n’est pas
         dus de Bretaigne, qui n’est sires de Breth. Pensés ad
         che que vous avez ung des biaux heritages] de crestienneté
      5  sans couronne, mais que vous soiiés amés de
         vos gens. La duceé de Bretaigne et les gens d’icelli
         païs ne relenquiroient jamais le roi de France pour
         servir et estre au roi d’Engletière. Se vostre moullier
         est d’Engleterre, que de ce? Vollés pour chou perdre
     10  vostre hiretage, qui tant vous a cousté de painne et
         de traveil à l’avoir, et tousjours demorer en guerre?
         Vous ne poés c’un homme, ou cas que li païs se voelt
         clore contre vous. Laiiez vous consillier. Li rois de
         France, espoir, que vous n’aviés pas bien à grasce,
     15  ne ils vous, est mors: il i a à present un jone roi de
         bel et bon esperit, et tels haï le père, qui servira le
         fil: nous vous ferons vostre pais envers li et metterons
         à acord. Si demorrés sires et dux de Bretaigne et en
         grant poissance, et li Englès s’en retourneront bellement
     20  en leur païx.» Tels parolles et pluiseurs [autres]
         toutes coulourées avoient cil baron dessus nommet
         par moult de fois remonstret au duch, et tant que il
         l’avoient enssi que demi conquis à faire leur volenté;
         mais encores se faindoit il et dissimulloit contre le roi
     25  de France et son conseil et contre les Englès, tant que
         il verroit à quel fin il en poroit venir. Et de tous ces
         tretiés secrés et convers que cil quatre baron de Bretaigne
         qui estoient à Paris, faissoient deviers le roi et
         ses oncles, ne savoient riens li contes de Bouquighem
     30  et li baron d’Engletière ne ne seurent jusques en fin
         de ordenance. Mais, ansçois que il s’en perchussent
         ne que il ississent hors de Bretaigne, il i eut un fait
   [32]  d’armes et une ahatie devant Vennes, present le conte
         de Bouquighem et les signeurs qui là estoient, de
         laquelle nous vous ferons mention, lesquels coses ne
         font mies à oubliier ne à taire.


      5  § 184. Avenu estoit, très le terme et le jour que
         Gauwains Micaille et Janekins Kator fissent fait d’armes
         devant le conte de Bouquighem et les signeurs, que,
         avoec le dit Gauwain et en son sauf conduit et pour
         veoir les armes, aucun chevalier et escuier de France
     10  estoient venu à Marceaunoi en la conté de Blois, et tant
         que messires Renauls de Touars, sires de Poissances,
         un baron de Poito, en prist parolles au signeur de
         Vertaing, et dist que volentiers il feroit fait d’armes à
         lui de trois pouls de lances, de trois cops d’espées et
     15  de trois cops de haces. Li sires de Vertaing ne le volt
         mies refuser, mais li acorda, et les volt tantos faire
         et delivrer le chevalier, à quel damage ne pourfit que
         ce fust; mais li contes de Bouquighem ne le volt pas
         consentir que adont il en fesissent riens. Nonpourquant
     20  les parolles des emprisses d’armes demorèrent
         en pourpos des deus chevaliers; et tels parolles samblables
         eurent là à ce jour à Marceaunoi uns escuiers
         de Savoie, qui s’appelloit li bastars [de] Clarins, à
         Edouwart de Biaucamp, fil à messire Rogier (mais
     25  tout se passèrent adont enssi li un comme li autre), et
         li Gallois d’Aunai à monsigneur Guillaume Clinton, et
         messires Lionnaulx d’Arrainnes à messire Guillaume
         Franc.

         Quant li contes de Bouquighem et li Englès furent
     30  logiet ens es fourbours de Nantes, sicomme chi dessus
         est dit, cil chevalier et escuier dou costé des François
   [33]  estoient dedens Nantes. Si requissent li sires de Vertaing
         et li autre de son lés et fissent requerre à cheulx
         qui les avoient aparlé d’armes, que devant Nantes il
         les vosissent delivrer. Les cappitainnes de Nantes
      5  n’eurent mies conseil de chela faire ne acorder, et
         escusèrent leurs gens, et dissent que il estoient en
         Nantes comme saudoiier et gagiet et ordonné pour
         garder la ville. Ces parolles se passèrent tant que li
         contes de Bouquighem fu venus et arrestés à Vennes,
     10  et li autre signeur à Hainbon, à Camperlé et à
         Campercorentin, enssi que vous savés. Quant il furent là
         asserissiet, messires Renauls de Touwars, messires li
         Barrois des Barres, messires Lionniaulx d’Arrainnes
         et grant fuisson de chevaliers et d’escuiers s’en vinrent
     15  au Castiau Josselin à set lieuwes de Vennes, où li
         connestables de France se tenoit, et li contes de le Marce
         et grant fuisson de chevaliers de France, qui volentiers
         les veïrent et bellement les requellièrent. Adont s’esmurent
         les parolles devant le connestable en remonstrant
     20  comment il avoient emprins tels et tels à faire
         fait d’armes as Englès. Li connestables oï volentiers
         ces parolles et dist: «Envoiiés deviers eulx, et nous
         leur donrons sauf conduit de faire fait d’armes, se il
         voellent venir.» Si envoiièrent premierement li Gallois
     25  d’Aunai et messires Lionniaux d’Arrainnes à ceulx
         où il s’estoient ahati de faire fait d’armes et de assir
         trois cops de glaves à chevalx. Quant messires Guillaumes
         Clinton et messires Guillaumes Franc entendirent
         que il estoient semons et requis des François à
     30  faire fait d’armes, si en furent resjoï, et emprissent
         congiet au conte de Bouquighem et as barons d’Engletière
         de là aler, et i alèrent, et aucun chevalier et
   [34]  escuier en leur compaignie, et joustèrent moult vaillanment
         li Englès et li François, et fissent fait d’armes,
         enssi que ordenance se portoit. Là furent requis de
         messire Renault de [Touwars], de Jehan de Castiel
      5  Morant et dou bastart de Clarins, cescuns son chevalier
         et son escuier, c’est à entendre li sires de Vertaing,
         messires Jehans d’Aubrecicourt et Edouwars de Biaucamp.
         Li troi Englès en estoient en grant volenté, et
         voloient sus le sauf conduit dou connestable aler au
     10  Castiau Josselin.


         § 185. Quant li contes de Bouquighem [qui se tenoit]
         à Vennes, entendi les requestes des François, si respondi
         pour les siens et dist enssi au hiraut qui portoit
         la parolle: «Vous dirés au connestable de France que
     15  li contes de Bouquighem li mande que il est bien ossi
         poissans de donner et de tenir son sauf conduit as
         François, comme il est de donner as Englès, et que
         cil qui demandent à faire fait d’armes à ses gens,
         viengnent à Vennes, et il leur donra, et qui que il
     20  voldront en leur compaignie, pour l’amour de euls,
         venant et retournant, sauf conduit.» Quant li connestables
         oï ceste response, il imagina tantos que li
         contes de Bouquighem avoit droit, et que il voloit veoir
         le fait d’armes, et che estoit raisons que otant bien il
     25  en euist à Vennes en sa presence comme il en avoit
         eu à Castiel Josselin en le presensse de la sienne. Si
         respondi, quant il parla, et dist: «Li contes de Bouquighem
         parolle comme vaillans homs et fils de roi,
         et je voel que il en soit à sa parolle. Or s’escripsent
     30  tout cil qui aler i voldront avoec les faissans d’armes,
         et nous envoiierons querir le sauf conduit.» Tantost
   [35]  s’escripsirent chevalier et escuier jusques à trente:
         si vint uns hiraus à Vennes querre le sauf conduit, et
         on leur donna et seela de par le conte de Bouquighem.
         Adont se departirent de Castiel Josselin li troi qui faire
      5  fait d’armes devoient, et tout li autre en leur compaignie,
         et vinrent à Vennes et se logièrent, le jour
         que il i vinrent, ens es fourbours, et leur fissent li
         Englès bonne chière. A l’endemain, il s’ordonnèrent
         pour combatre enssi que faire devoient, et vinrent en
     10  une belle place toute ample et toute ounie au dehors
         de la ville. Assés tost apriès vinrent li contes de
         Bouquighem, li contes d’Askesuffort, li contes de Douvesciere
         et li baron qui là estoient, en sa compaignie, et
         cil qui faire devoient fait d’armes: premierement li
     15  sires de Vertaing contre Renault de Touwars, signeur
         de Poussances; apriès, messires Jehans d’Aubrecicourt
         contre messire Tristran de le Galle, et Edouwars de
         Biaucamp contre le bastart de Clarins. Là se missent
         sus le place li François tout d’un lés, et li Englès
     20  d’autre; et cil qui devoient jouster estoient à piet et
         armet de toutes pièces, de bacinès à visière et de
         glaves à bon fiers de Bourdiaulx, et d’espées de Bourdiaulx
         tous pourveus. Or s’ensieuent li fait d’armes.


         § 186. Premierement li sires de Poussances, de
     25  Poito, et li sires de Vertaing, de Hainnau, doi baron
         de haute emprisse et de grant hardement, s’en vinrent
         l’un sus l’autre et tout à piet, tenant les glaves acerées,
         et passèrent le bon pas, et noient ne s’espargnèrent,
         mais assissent les glaves l’un sus l’autre en poussant.
     30  Li sires de Vertaing fu ferus sans estre blechiés en
         char, [mès il feri par tele manière le sire de Poussances
   [36]  que il] trespercha les mailles et le poitrine d’achier
         et tout ce qui desouls estoit, et traïst sanc de sa char:
         che fu grant mervelles que il ne le navra plus parfont.
         Apriès recouvrèrent il les autres cops et fissent toutes
      5  leurs armes sans damage, et puis allèrent reposer, et
         laissièrent faire les autres et les regardèrent. Apriès
         vinrent messires Jehans d’Aubrecicourt, de Hainnau,
         et messires Tristans de la Galle, poitevin, et fissent
         les armes moult vaillanment sans point de damage;
     10  et, quant il eurent fait, il passèrent oultre. Et adont
         vinrent li autre, Edouwars de Biaucamp et li bastars
         de Clarins, de Savoie. Cils bastars estoit uns escuiers
         durs et appers et trop mieulx fourmés de tous membres
         que li Englès ne fust: si vinrent l’un sus l’autre de
     15  grant volenté, et assissent les glaves en leurs poitrines
         en poussant et tant que Edouwars fu boutés jus et
         reversés, dont li Englès furent moult courouchiet.
         Quant il fu relevés, il reprist son glave et s’en vint sus
         Clarin, et Clarins sur lui. Encores de rechief le bouta
     20  li Savoiiens jus à la terre, dont furent li Englès moult
         courouchiet, et dissent: «Edouwars est trop foibles
         contre cel escuier; li diable le font bien ensonniier de
         jouster.» Adont fu il pris entre iaulx, et fu dit que il
         n’en feroit plus. Quant Clarins en veï le manière, qui
     25  desiroit à parfaire ses armes, si dist: «Signeur, vous
         me faites tort, et puisque vous vollés que Edouwars
         n’en face plus, si m’en bailliés un autre, auquel je
         puisse parfurnir mes armes.» Li contes de Bouquighem
         volt savoir que Clarins dissoit; on li dist.
     30  Dont respondi li contes, et dist que li François parloit
         bien et vaillanment. Adont sailli tantost avant uns
         escuiers englès, qui fu depuis chevaliers, qui s’appelloit
         Janekins Setincelée, et vint devant le conte et
   [37]           s’engenoulla
         et li pria que il peuist parfaire les armes. Li
         contes li accorda. Lors se mist Jankins en arroi et
         s’arma en la place de toutes pièces, enssi comme à lui
      5  appartenoit, et prist son glave, et li bastars de Clarins
         la sienne; et vinrent en poussant l’un sus l’autre moult
         asprement, et se poussèrent che premier cop de tel
         façon que les deus glaves vollèrent en tronchons par
         dessus leurs testes. Adont [recouvrèrent] il le second
     10  cop, et enssi en avant et enssi dou tierch. Toutes leurs
         siis lances furent rompues, dont li signeur de une part
         et d’autre, qui les veoient, tenoient che fait à biel.
         Adont prisent il les espées qui estoient fortes, et en
         siis cops il en rompirent quatre, et voloient ferir des
     15  haces, mais li contes de Bouquighem leur osta, et dist
         que ils ne les voloit pas veoir en oultrance et que
         assés en avoient fait. Si se traïssent arrière, et lors
         vinrent li autre, Jehans de Castiel Morant, françois, et
         Janekins [Clinton], englois: si se apparillièrent pour
     20  faire fait d’armes.


         § 187. Chils Janekins [Clinton] estoit escuiers d’onneur
         au conte de Bouquighem et le plus prochain que il
         euist pour son corps, mais il estoit deliés et menus de
         membres: si desplaissoit au conte de ce que il avoit
     25  à faire à un si fort et renommé homme d’armes comme
         Jehan de Castiel Morant estoit. Nonobstant il furent
         mis en l’assai, et vinrent l’un sus l’autre moult asprement;
         mais li Englès n’eut point de durée au François,
         anchois fu en poussant jettés à tière moult durement.
     30  Si dist li contes: «Il ne sont pas parel ensamble.»
         Adont vinrent à Janekin [Clinton] aucun chevalier dou
   [38]  conte, et li dissent: «Janekin, vous n’estes pas tailliés
         de porter oultre ces fais d’armes, et messires de
         Bouquighem est courouchiés de vostre emprise: alés
         vous reposer.» Adont se retraïst de une part li Englès,
      5  et quant Jehans de Castiel Morant en veï le manière,
         si dist as Englès: «Signeur, se il vous samble que li
         escuiers vostres soit trop menus contre moi, si m’en
         bailliés un autre à vostre plaisir, et je vous em priie,
         par quoi je parface ce que j’ai empris, car on me feroit
     10  tort et villonnie, se je me partoie de chi sans faire
         fait d’armes.» Dont respondirent li connestables et li
         mareschaulx de l’oost: «Vous dites bien et vous
         l’arés.» Adont allèrent il au tour as chevaliers et as
         escuiers de leur costé, qui là estoient, et leur dissent:
     15  «Qui s’avance de delivrer Jehan de Castiel Morant?»
         A ces parolles respondi tantos messires Guillaumes de
         Ferrinton, et dist: «Dittes li que il ne se puet partir
         de chi sans faire fait d’armes; il s’en voist reposser un
         petit en sa caiière, et tantost sera delivrés, car je
     20  m’armerai contre li.» Ceste response plaissi grandement
         à Jehan de Castiel Morant, et s’en ala seoir et
         un petit reposer. Tantost fu armés li chevaliers englès
         et vint en place.

         § 188. Or furent l’un devant l’autre messires Guillaumes
     25  de Ferrinton et Jehans de Castiel Morant, pour
         faire fait d’armes. Cescuns prist son glave et apuigna
         moult roidement, et devoient de courses venir de piet
         l’un contre l’autre et assir les glaves entre les quatre
         menbres: autrement à prendre li afaires estoit villains.
     30  Adont s’en vinrent il de grant volenté, armé au vrai
         de toutes pièces et le carne dou bacinet abatu et
   [39]  arresté. Jehans de Castiel Morant assegna le chevalier
         moult gentement et li donna grant horion enmi le poitrine
         tant que messires Guillaumes de Ferrinton fleca
         et, à ce qu’il fist et que li piés li falli un petit, il tenoit
      5  son glave roit devant li à deus mains, si l’abaissa, car
         amender ne le peut, et consieuwi Jehan [de] Castiel
         Morant bas en es quisseus et li percha dou glave les
         pans tout oultre et les quisieus, [et] li bouta le fier
         dou glave tout parmi le quisse tant que il apparoit
     10  oultre d’aultre part bien une puignie. Jehans de Castiel
         Morant pour le cop canchela, mais point ne cheï. Adont
         furent li signeur englès et chevalier et escuier de une
         part et d’autre moult durement courouchiet, et fu dit
         que c’estoit villainement poussé. Li chevaliers s’escusa
     15  et dist que che li desplaisoit très grandement, [et], se
         il cuidast, au commenchement des armes, avoir ainssi
         ouvré, il n’euist encores commenchié, et, que, se Dieux
         li aidast, il ne l’avoit peut amender, car il glicha dou
         piet pour le grant pous que Jehans de Castiel Morant
     20  li avoit donné. Si demora la cose enssi. Li François se
         departirent et prissent congiet au conte de Bouquighem
         et as signeurs, et en remenèrent en une litière Jehan
         de Castiel Morant jusques au Castiel Josselin, dont il
         estoit parti, liquels fu de che cop et de la navrure
     25  en grant peril de mort. Enssi se departirent cil fait
         d’armes, et se retraïst cascuns en son lieu, li Englès
         à Vennes, et li François au Castel Josselin.


         § 189. Apriès ces fais d’armes qui furent fait en che
         jour que li contes de Bouquighem sejournoit à Vennes,
     30  n’i eut riens fait cose que à recorder face, et se tenoient
         li Englès, enssi comme jou ai chi dessus dit, à Vennes,
   [40]  à Hainbon, à Camperlé et à Campercorentin, et passoient
         l’ivier au mieux que il pooient. Si i eurent li
         pluiseur moult de damages, de dangiers et moult de
         malaisses de vivres pour eulx et pour leurs chevaulx,
      5  car li fourageur ne trouvoient riens sus le païs, et ossi
         en che tamps là les grangnes sont vuides, li fain sont
         alet, avoecques che que li François i avoient rendu
         grant painne, affin que leur ennemi n’euissent aisse; et
         furent li Englès en che dangier moult longuement, car
     10  li François estoient en es garnissons sus les frontières
         trop poissanment, par quoi li fourageur englès n’osoient
         chevauchier. [Si] vinrent as Englès aucuns vivres de
         mer des illes de Cornuaille et de Gernesée et de Wisque,
         et chela les reconforta moult: autrement eulx et leurs
     15  chevaulx fuissent tout mort de famine.

         Entrues estoient à Paris, de par le duch de Bretaigne,
         li viscontes de Rohem, li sires de Laval, messires
         Charles de Dignant et messires Guis de Rocefort,
         qui li procuroient sa pais envers le roi. Il les laissoit
     20  convenir, car il veoit bien que il ne pooit tenir son
         convenant as Englès [de] che que il leur avoit proumis,
         se il ne voloit perdre son païs. Che estoit le intention
         dou conte de Bouquighem et de ses gens que il
         passeroient là l’ivier en la marche de Vennes au plus
     25  bel que il poroient, et à l’esté il retourneroient en
         France et i feroient guerre; et avoient mandet et
         escript tout leur estat au roi d’Engletière et au duc de
         Lancastre: si estoit li intention dou duc et dou conseil
         dou roi que li imaginations dou conte de Bouquighem
     30  et de leurs gens estoit bonne, et leur avoient rescript
         que il fesissent enssi et que à le saisson uns passages
         des Englès se feroit de rechief en Normendie, et
   [41]  prenderoient tière à Chierebourc, et se trouveroient ces
         deus os en Normendie, pour quoi, quant il seroient
         tout ensamble, il poroient faire un très grant fait en
         France. Li rois de France, si oncle et li consaulx
      5  imaginoient bien tous ces poins, et en estoient aucunement
         avisset et enfourmet, et dissoient bien entre
         iaulx en secré conseil que, se li dus de Bretaigne et
         aucunes de ses villes et ses gens estoient contraire au
         roiaulme de France avoecques le poissance d’Engletière,
     10  li roiaulmes de France aroit pour une saison à
         porter trop dur fais. Pour quoi cil quatre baron de
         Bretaigne, qui representoient le duc et qui concevoient
         bien tous ces affaires, avoient mis ces doubtes avant,
         et especiaulment il s’en estoient descouvert au duc
     15  d’Ango qui avoit le souverain gouvrenement pour le
         tamps dou roiaulme de France; et li dus d’Ango qui
         tendoit à faire un grant voiage et de aller au plus tart
         dedens deus ans en Puille et en Callabre, ne voloit
         mies que li roiaulmes de France fust si ensongniés
     20  que ses voiages en fust rompus ne retardés: si s’enclinoit
         grandement à che que li dus de Bretaigne venist
         à paix, affin que il demorast bons François et loiaulx
         et homs de foi et d’omage dou roi de France.

         Tant fu parlementé et tretiet par les quatre barons
     25  dessus nommés que li dus de Bretaigne vint à acort,
         et pooit, et sans fourfait, adrechier les Englès de navire
         pour raler en Engletière. Encores mist li dus de Bretaigne
         en ses ordenances que, se chil de le garnisson
         de Chierebourc, qui estoient en che voiage venu servir
     30  le conte de Bouquighem, s’en voloient par tière
         raler en leur garnison, il aroient bon sauf conduit dou
         roi et dou connestable de France, pour faire leur
   [42]  chemin parmi le roiaulme de France, voires à chevauchier
         sans armeures, et aucun chevalier et escuier
         d’Engletière, se il se voloient mettre en leur compaignie;
         et, les Englès partis de Bretaigne, li dus de
      5  Bretaigne devoit venir en France deviers le roi et ses
         oncles et recongnoistre foi et homage dou roi, enssi
         que uns dus de Bretaigne doit faire à son naturel
         signeur le roi de France. Toutes ces coses furent
         escriptes et seellées bien et souffissanment, et aportées
     10  deviers le duch de Bretaigne, qui pour le tamps
         se tenoit au Suseniot en la marce de Vennes: si s’acorda,
         mais che fu à dur, à che que ses gens en avoient fait,
         car bien [savoit] que il ne pooit che faire sans avoir
         grant mautallent as Englès.


     15  § 190. Quant li connissance vint au conte de Bouquighem
         et as Englès que li dus de Bretaigne s’estoit
         accordés au roi de France, si en furent moult courouchiet
         et se contemptèrent moult mal de li, et dissent
         que il les avoit [deceus], car de commenchement il les
     20  avoit mandés et fait venir en Bretaigne, et onques,
         enssi que il deuist avoir fait, il n[e s’]estoit acquités
         envers eulx: pour quoi il en tenoient mains de bien
         et de loiauté. Assés tost apriès, li dus de Bretaigne
         vint à Vennes deviers le conte et les barons, et leur
     25  remonstra couvertement coment ses gens avoient
         tretiet et pourcaciet à Paris deviers le roi et ses oncles
         tretiés, lesquels il convenoit que il fesist et tenist, se
         il ne voloit perdre son païs. Adont eut grandes parolles
     30  entre le conte de Bouquighem et les barons d’Engletière
         d’une part, et le duc de Bretaigne d’autre, mais
         li dus s’umelioit et escusoit ce qu’il pooit, car bien
   [43]  veoit et sentoit que il avoit en aucunes manières tort.
         Toutefois faire le convenoit que li Englès partesissent
         hors de Bretaigne. Adont fist li contes de Bouquighem
         asavoir parmi la citté de Vennes que, se ses gens
      5  avoient riens acrut, on se traïsist avant, on seroit
         paiiet, et rendi as bourgois de Vennes les clés de la
         ville, et les remercia de ce que il avoient fait. On
         delivra au conte et à ses gens pour leurs deniers
         navire à Vennes, à Hainbon et à Camperlé, là où il
     10  estoient logiet, et se parti de Vennes li contes de
         Bouquighem le onsime jour dou mois d’apvril, et toutes
         ses [gens], banières desploïes en ordenance de bataille.
         Et vinrent enssi sus le havene où leurs nefs estoient;
         si entrèrent dedens ordenéement et furent là ou havene
     15  tout le jour à l’ancre. Et là vint li dus de Bretaigne,
         messires Alains de la Houssoie, li sires de Montbouchier,
         messires Estièvenes Guion, messires Guillaumes
         de Tannegui, messires Joffrois de Karemiel et pluiseurs
         aultres de son conseil, et envoiièrent deviers le
     20  conte qui estoit en sa nef, dire que li dus volloit parler
         à lui. Li contes n’i volt mies venir, mais i envoiia
         le signeur de Latinier et messire Thumas de Persi.
         Chil doi vinrent parler au duc de Bretaigne, et furent
         ensamble en parlement bien trois heures, et fu ordonné
     25  des Englès à leur departement que il feroient tant
         deviers le conte que à l’autre jour ils et li dus aroient
         plus de parlement ensamble, et revinrent sus cel estat
         en leur nef, et remonstrèrent tout ce au conte et quel
         cose il avoient trouvé ou duc de Bretaigne. Quant che
     30  vint apriès mienuit et li flos revint, li maronnier
         eurent vent à volenté: si demandèrent au conte quel
         cose il voloit faire. Li contes, qui ne voloit plus avoir
   [44]  de parlement au duc de Bretaigne, dist: «Tirés les
         ancres amont, avallés le cable, et partons nous.» Tantos
         fu fait et desancré. Adont se departirent li Englès
         dou havene de Vennes, et singlèrent vers Engletière.
      5  Ossi fissent chil des autres havenes et pors: tout se
         remissent sus le mer ensamble.

         Or parlerons nous d’aucuns chevaliers et escuiers
         qui retournèrent par tière à Chierebourc, et recorderons
         quel cose leur avint sur leur chemin par tière.


     10  § 191. Li connestables de France, qui pour che
         tamps se tenoit au Chastiel Josselin à set lieuwes priès
         de Vennes, avoit donné sauf conduit de aller leur chemin
         deboinairement aucuns chevaliers englès et navarois
         de la garnisson de Chierebourc, qui avoient en
     15  che voiage servi le conte de Bouquighem, entre lesquels
         messires Yon Fils Warin, messires Guillaumes
         Clinton et messires Jehans Burlé estoient. Et se partirent
         chil de Vennes, et prissent le chemin de Castiel
         Josselin, car c’estoit leur voie, et vinrent là, et se
     20  logièrent en la ville au dehors dou castiel, et ne quidoient
         ne voloient fors que disner, et tantos partir.
         Quant il furent descendu à leur hostel, enssi que gens
         passans qui se voloient delivrer, li compaignon dou
         castiel, chevalier et escuier, les vinrent veoir, enssi
     25  que gens d’armes s’entrevoient volentiers, especiaulment
         François et Englès. Entre les François avoit un
         escuier, bon homme d’armes et renommé, liquels
         estoit à monsigneur Jehan de Bourbon, le conte de
         le Marce, et le plus prochain que il euist et de ses
     30  escuiers que il amoit le mieulx, et s’appelloit cils
         Jehans Boucinel. Chils escuiers avoit dou tamps passé
   [45]  esté en garnisson en [Valongne] avoecques messire
         Guillaume des Bordes et les Franchois à l’encontre de
         Chierebourc, et avoit eu de ce tamps parolles de fait
         d’armes par pluiseurs fois à un escuier englès qui là
      5  estoit, qui s’apelloit Nicolas Cliffort. Quant cil chevalier
         et escuier françois furent venu au bourc bas à
         l’ostel où cil Englès estoient, et que il eurent parlé
         ensamble et regardé et avissé l’un l’autre, Jehans
         [Boucinel] commencha à parler et dist à Nicollas Cliffort:
     10  «Nicollas, Nicollas, par pluiseurs fois nous sommes
         nous heriiet et devisset à faire fait d’armes, et
         point ne nous sommes nous trouvé en place, où nous
         le puissons faire. Or sommes nous maintenant chi
         dallés monsigneur le connestable et les signeurs: si
     15  les ferons tant seullement, et je vous en requier de
         trois pous de lanche.» Nicollas respondi à celle
         parolle, et dist: «Jehan, vous savés que nous sommes
         enssi que pelerin sus nostre chemin, ou sauf conduit
         de monsigneur le connestable, et que ce que vous me
     20  requerés ne se puet faire maintenant, car je ne sui
         pas chiés dou sauf conduit, mais sui desoulx ces
         chevaliers qui chi sont, et, se je voloie demorer, si
         ne demoroient il pas, se il ne leur venoit bien à
         point.» Respondi li escuiers françois, et dist: «Nicollas,
     25  ne vous escusés point par che parti: laissiés vos
         gens partir, se il voellent, car je vous ai en convenent,
         les armes faittes, [que] je vous ferai remettre en
         la porte de Chierebourc sans damage et sans peril;
         anchois vous i conduiroie que vous n’i fuissiés sauvement
     30  menés, et de tout che je me fai fors de monsigneur
         le connestable.» Dont respondi Nicollas, et si
         dist: «Or prendés que enssi fust, et dou mener je
   [46]  vous croi assés; mais vous veés que nous chevaucons
         parmi che païs tous despourveus d’armeures, et n’en
         avons nulles avoecques nous, ne, se je me volloie
         armer, je n’ai de quoi.»--«Ha! respondi Jehans,
      5  Nicollas, ne vous escussés point par ce parti, car je
         vous dirai que je vous ferai: je ai des armeures assés
         en mon commandement; je vous ferai aporter en le
         plache où nous ferons fait d’armes, deus harnas tous
         ievols, otels les uns comme les autres, et, quant il
     10  seront là mis et couchiés, vous les regarderés et avisserés,
         et lequel que vous vollés, je vous mech à coes,
         vous eslirés et prenderés, et de cheli vous vos armerés,
         et de l’autre je m’armerai.» Quant Nicollas Cliffors
         se veï argués et pointiiés si avant, si fu tous
     15  virgongneus et honteuls pour ceuls d’environ qui escoutoient
         les parolles, et li sambloit bien que chils li offroit
         tant de coses, que il ne le pooit pour son honneur
         refuser, car encores li dissoit Jehans: «Prendés tous
         les partis que vous vollés: je m’i asentirai avant que
     20  nous ne fachons fait d’armes.» Et tant que Nicollas li
         respondi: «J’en arai avis, et, anchois que je me
         parte, je vous en segnefierai aucune cose, et, se il est
         enssi que che ne se puist faire bonnement maintenant
         et que mi signeur qui chi sont, desous qui je sui, ne
     25  le me voellent accorder, moi retourné à Chierebourc,
         traiés vous à [Valongne], segnefiiés moi vostre venue
         tantos, et incontinent je m’en irai vers vous, et vous
         delivrerai.»--«Nenil, nenil, dist Jehans, n’i querés
         nulle eslonge; je vous ai offert tant de honnerables
     30  offres que nullement vous ne vous poés partir à vostre
         honneur, se vous ne faites chi fait d’armes, quant je
         vous en requier.» Encores fu Nicollas de ces parolles
   [47]  plus courouchiés que devant, car il li sambloit, et voirs
         estoit, que chils parloit grandement contre son honneur.
         A ces cops se retraïssent li François ens ou castiel,
         et li Englès se retraïssent à leurs hostels, et se disnèrent.
      5  Quant li compaignon françois, chevaliers et
         escuiers, furent retourné ens ou chastiel, vous poés
         bien croire et savoir que il ne se teurent pas des parchons
         d’armes que Jehans Boucinel avoit faites et
         presentés à Nicollas Cliffort, et tant que li connestables
     10  en ot la connissance. Si penssa sus un petit, et lors li
         priièrent li chevalier et li escuier qui là estoient, que
         il vosist rendre painne à che que chils fais d’armes se
         fesist, et li connestables, quant il les oï, respondi:
         «Volentiers.»


     15  § 192. Quant che vint apriès disner, li chevalier
         d’Engletière, qui là estoient et qui partir se voloient,
         s’en vinrent ou castiel deviers le connestable, pour
         l’i veoir et parler à lui, car il leur devoit baillier dou
         mains un chevalier qui les devoit conduire et mener
     20  tout leur chemin parmi Bretaigne et Normendie jusques
         à Chierebourcq. Quant il furent venu ou castiel, li
         connestables les rechut moult doucement, et puis leur
         dist: «Je vous arreste tous, et vous deffens à non
         partir meshui. Demain au matin, apriès messe, nous
     25  verrons ce fait d’armes de vostre escuier et dou nostre,
         et puis vous vos disnerés avoecques moi. Le disner
         fait, vous vos partirés, et vous baillerai bonnes gides
         qui vous menront tant c’à Chierebourc.» Il li accordèrent
         et burent de son vin, et puis s’en retournèrent
     30  à leurs hostels.

         Or s’avissent li doi escuier Jehans et Nicollas car il
   [48]  convient que au matin il facent fait d’armes: jamais
         n’en [seront] deporté. Quant che vint au matin, tout
         doi furent ensamble à une messe et se confessèrent et
         acumeniièrent; et puis montèrent aus chevaulx li
      5  signeur de France de une part, et li Englès d’aultre,
         et s’en vinrent tout ensamble en une belle place et
         ounie au dehors dou Castiel Josselin, et là s’arrestèrent.
         Jehans [Boucinel] avoit pourveu deus harnois
         d’armes bons et souffissans, enssi que li affaires demandoit
     10  et que promis à l’escuier englès avoit: si les fist
         là tout parellement estendre et mettre sus la terre, et
         puis dist à Nicollas: «Prendés premiers.»--«Par
         [ma] foi, respondi li Englès, non ferai. Vous prenderés
         premiers.» Là convint que Jehans presist premiers,
     15  et s’arma de toutes pièces parmi ce que on li aida,
         enssi que uns homs d’armes se doit armer: ossi fist
         Nicollas. Quant il furent tout armé, il prissent les
         lances à bons fiers de Bourdiaux, qui estoient tout de
         une longueur, et se mist cascuns où il se devoit
     20  mettre pour venir de courses et faire fait d’armes; et
         avoient avalés et clos les carnes de leurs bacinès, et
         puis s’en vinrent pas pour pas l’un contre l’autre.
         Quant il deurent aprochier, il abaissièrent les glaves
         et les missent en point pour adrechier l’un sus l’autre.
     25  Tout dou premier cop, Nicollas Cliffort consieuwi de
         son glave Jehan Boucinel en le poitrine d’achier amont:
         li fiers de glave coulla oultre à l’autre lés et ne se prist
         point à le plate d’achier, mais escippa amont en coullant
         tout oultre le camail qui estoit de bonnes mailles,
     30  et li entra ou col et li coppa la vainne orginal et li
         passa tout oultre à l’autre lés, et rompi li hanste dallés
         le fier, et demora li fiers et li tronçons ens ou hateriel
   [49]  de l’escuier, qui estoit de che cop navrés à mort, che
         poés vous bien croire. Li escuiers englès passa oultre
         et mist sa lance jus, qui estoit brissie, et s’en revint
         viers sa caiière. Li escuiers françois, qui se sentoit
      5  ferus à mort, s’en alla jusques à sa caiière et là s’asist.
         Li signeur de son [costé], qui avoient veut le cop et
         qui li veoient porter le tronçon ou hateriel, vinrent
         celle part: on li osta tantos le bacinet et li osta on le
         tronçon et le fier. Sitretos comme il l’eut hors dou
     10  col, il tourna d’autre part sans riens dire, et ceï là et
         morut, ne onques li escuiers englès qui venoit là le
         cours pour li aidier, car il savoit parolles qui faissoient
         estanchier, n’i peut venir à tamps que il ne le trouvast
         mort. Lors n’eut en Nicollas Cliffort que courouchier,
     15  quant il veï que par telle mesavenue il avoit
         mort un vaillant homme et bon homme d’armes. Qui
         veïst là le conte de la Marce, qui amoit l’escuier mort
         sus toutes riens, courouchier et dementer et regreter,
         il en peuist et deuist avoir grant pité. Li connestables
     20  de France, qui estoit là presentement, le reconfortoit
         et dissoit: «En tels ahaties ne doit on atendre autre
         cose. Il est mesavenu à vostre escuier, mais li Englès
         ne le peut amender.» Adont dist il as chevaliers
         d’Engletière: «Alons, alons disner; il est heure.» Li
     25  connestables, enssi que maugré eulx, les enmena ou
         castiel pour disner avoecques li, car il n’i voloient
         aller, tant estoient il courouchiet de la mort de celli.
         Li contes de la Marce ploroit moult tenrement et regretoit
         son escuier. Nicollas Cliffort s’en vint à son hostel
     30  et ne voloit nullement aler ou castiel disner, tant
         pour le grant courous que il avoit pour le mort de
         celli que pour les amis et proïmes de l’escuier, mais li
   [50]  connestables l’envoiia querre, et le convint venir ou
         quastel; et, quant il fu devant li, il li dist: «Certes,
         Nicollas, je croi assés, et bien le voi, que vous estes
         courouchiés de la mort Jehan Bouchinel, mais je vous
      5  en escuse. Vous ne l’avés peut amender, et, se Dieux
         me vaille, se je euisse esté ou parti où vous estiés,
         vous n’en avés fait cosse que je n’euisse fait, car mieulx
         vault grever son ennemi que ce que on soit grevé de
         li. Telles sont les parechons d’armes.» Adont s’asist
     10  on à table: si disnèrent li signeur tout par loissir.
         Apriès disner et le vin pris, li connestables appella
         monsigneur le Barrois des Bares, et li dist: «Barrois,
         ordonnés vous. Je voel que vous conduissiés ces Englès
         jusques à Chierebourc, et faites partout ouvrir villes
     15  et chastiaulx et eulx amenistrer che qui leur besongne.»
         Li Barrois respondi et dist: «Monsigneur, volentiers.»
         Adont prissent li Englès congiet au connestable
         de France et as chevaliers qui là estoient. Si vinrent à
         leurs hostels: tout estoit tourset et apparilliet; si
     20  montèrent et partirent de Castiel Josselin, et chevauchièrent
         devant eulx pour aler à Pont Ourson et au
         Mont Saint Miciel. Et estoient ou convoi et en le garde
         de che gentil chevalier le Barrois des Barres, qui
         onques ne les laissa, ne en Bretaigne, ne en Normendie,
     25  si furent rentré en Chierebourc. Enssi se departi
         li armée dou conte de Bouquighem par mer et par
         terre.

         Or revenrons nous as besongnes de Flandres et
         conterons quels coses estoient avenues en Flandres en
     30  la saisson que li contes de Bouquighem fist son voiage
         parmi France, et comment cil de Gaind se maintinrent,
         et ossi d[ou c]onte Loeïs de Flandres, leur signeur,
   [51]  comment il persevera sur iaulx et leur fist guerre
         moult forte durement.


         § 193. Bien est verités que li contes de Flandres à
         che commenchement n’amiroit et ne doubtoit les Gantois
      5  que trop petit, et les pensoit bien tous à sousmettre
         par sens et par armes petit à petit, puis que
         Jehans Lions et Jehans Prouniaulx estoient mort; mais
         li Gantois avoient encores des grans cappitainnes
         ens esquels il avoient grant fiance et par lesquels
     10  il ouvroient dou tout. Et estoit Rasses de Harselle
         cappitains de ceulx de le castellerie de Gaind,
         et Jehans de Launoit, cappitaine de la castellerie
         de Courtrai; encores i estoient cappitainne Jehans
         Boulle, Piètres dou Bois, Ernouls Clercq et Piètres le
     15  Wittre.

         En che tamps s’esmut uns contens et uns mautallens
         entre les gros et les menus de Bruges, car li
         menut mestier voloient faire à leur entente, et li gros
         ne le peurent souffrir: si revelèrent, et en i ot de
     20  foulons et de tisserans mors une quantité, et li demorant
         s’apaissièrent. Adont mandèrent chil de Bruges
         le conte qui estoit à Lille, que pour Dieu il venist vers
         eulx, car il le tenoient à signeur, et estoient mestre
         des petis. Li contes de Flandres entendi volentiers ces
     25  nouvelles et se departi de Lille, messire Guillaume de
         Namur en sa compaignie et grant fuisson de chevaliers
         et d’escuiers de Flandres, et s’en vint à Bruges,
         où il fu receus à grant joie parmi le bon conseil que il
         eut adont; et furent pris à Bruges à la venue dou
     30  conte tout cil principaulment qui avoient les cuers
         gantois [et] qui en estoient souppechonné de l’avoir,
   [52]  et en furent mis en le Pière en prison plus de cinc
         cens, lesquels petit à petit on decolloit.

         Quant cil dou Franc de Bruges entendirent que li
         contes estoit paisiulement à Bruges, si se doubtèrent
      5  et se missent tantos en le merci dou conte, liquels les
         prist et en eut grant joie, car ses pooirs encroissoit
         tous les jours, et ossi chil dou Franc ont esté toudis
         plus de la partie dou conte que tous li demorans de
         Flandres.

     10  Quant li contes se veï au dessus de ceuls de Bruges
         et dou [Franc], et que il avoit desouls li chevaliers et
         escuiers dou païs de Hainnau et d’Artois, si se avissa
         que petit à petit il reconquer[r]oit son païs et pugniroit
         les rebelles. Et premierement il ordonna et dist
     15  que il voloit aler veoir cheulx de Ippre, car il les haioit
         trop grandement de che que il ouvrirent les portes si
         legierement as Gantois, et dist bien que cil qui che
         tretiet avoient fait que de mettre ens ses ennemis et
         de occire ses chevaliers, le compa[r]roient crueussement,
     20  mais que il en peuist estre au dessus. Adont
         fist il un mandement parmi le Franc de Bruges que
         tout fuissent apparilliet, car il voloit aler devant Ippre.
         Ces nouvelles vinrent à Ippre que li contes, leurs
         sires, s’ordonnoit pour euls venir veoir et asaillir: si
     25  eurent conseil de segnefiier ces nouvelles à ceuls de
         Gaind, adfin que il leur envoiaissent gens et confort,
         car il n’estoient mies fort assés de euls tenir sans l’aide
         des Gantois, qui leur avoient juret et proumis secours
         toutesfois que il leur besongneroit. Si envoièrent
     30  quoiteusement lettres et mesages à Gaind as cappitainnes,
         et leur segnefiièrent l’estat dou conte, comment il les
         manechoit de les venir assegier et assaillir. Chil de
   [53]  Gaind regardèrent que il estoient tenu par foi et par
         proumesse de iaulx conforter: si avissèrent premierement
         deus cappitainnes, Jehan Boulle et Ernoul Clerc,
         et leur dissent: «Vous prenderés trois mille hommes
      5  des nostres et en irés hastéement à Ippre et reconforterés
         cheulx de Ippre enssi que nos bons amis.» Tantos
         à ceste ordennance se departirent de Gaind tous
         cil qui ordonné i furent; li troi mille s’en vinrent à
         Ippre, dont cil de la ville eurent grant joie. Li contes
     10  de Flandres issi de Bruges à tout grans gens, et s’en
         vint à Tourout et à l’endemain à Popringhe, et là
         sejourna trois jours tant que toutes ses gens furent
         venu, et estoient bien vint mille hommes.


         § 194. Chil de Gaind, qui savoient bien tous ces
     15  convenans et comment li contes voloit poissanment
         aler devant la ville de Ippre, regardèrent que il
         asambleroient leur poissance et s’en iroient par Courtrai
         vers Ippre, et feroient vuidier cheulx de Ippre, et
         combateroient le conte et ses gens, et, se il les pooient
     20  une boine fois ruer jus, jamais ne se relleveroit.
         Adont se departirent de Gaind toutes les cappitaines,
         Rasses de Harselle, Piètres dou Bois, Piètres le Wittre,
         Jehans de Launoit et pluiseurs autres qui estoient centenier
         et chiequantenier, par perroces, et se trouvèrent
     25  as camps plus de noef mille, et cheminèrent tant que
         il vinrent à Courtrai où furent recheu à joie, car
         Jehans de Launoit en estoit cappitains. Li contes de
         Flandres, qui se tenoit à Popringhe et là environ,
         entendi que chil de Gaind venoient vers Ippre et que
     30  ja estoient il à Courtrai: si eut sur che avis et tint
         toutes ses gens ensamble. Chil de Gaind, qui estoient
   [54]  venu à Courtrai, s’en partirent, et s’en vinrent à
         Roullers, et là s’arestèrent et envoiièrent dire à cheulx
         de Ippre que il estoient là venu, et que se il voloient
         issir hors à tous ceuls que il leur avoient envoiiés,
      5  il se trouveroient gens assés pour aler combatre le
         conte. De ces nouvelles furent cil de Ippre tout resjoï
         et en grant vollenté de che faire, enssi que il le
         monstrèrent, et se partirent tantos au matin plus de
         huit mille, et les conduissoient Jehans Boulle et Ernouls
     10  Clerc.

         Li contes de Flandres et ses pooirs qui se tenoit en
         celle marce, ne sai comment che fu ne par quelle incidensse,
         seut que cil de Ippre estoient issu de le ville,
         pour euls venir bouter avoec ceulx de Gaind qui
     15  estoient à Roullers. Si ordonna sus un passage, dont
         il estoit tous certains par où chil de Ippre passeroient
         et non par ailleurs, deus grandes et grosses enbusques
         de son fil le Haze, le bastart de Flandres, dou signeur
         d’Enghien et des chevaliers et escuiers de Flandres et
     20  de Hainnau avoecques ceuls de Bruges et ceuls dou
         Franc, et avoit en cascune enbusque bien dis mille
         hommes. Quant cil de Ippre et li Gantois, qui premiers
         i avoient esté envoiiet avoecques Jehan Boulle et
         Ernoul Clerc, furent sus les camps et il eurent cheminé
     25  environ une lieuwe, il trouvèrent deus chemins: li
         uns aloit vers Roullers, et li autres vers Tourout.
         Si s’arestèrent et dissent: «Lequel chemin tenrons
         nous?» Dist Ernouls Clerc: «Je conseille que nous
         alons vers nos gens qui sont à Roullers.»--«Par ma
     30  foi, dist Jehans Boulle, je les tenroie mieulx logiés sus
         le Mont d’Or que autre part, car soiiés tous certains,
         je congnois bien de tant Piètre dou Bois et Rasse de
   [55]  Harselle, puisque il nous ont mandés que il voellent le
         conte combatre, que il aproceront dou plus priès que
         il poront: si conseille que nous alons ce chemin.»
         Ernouls Clers le debatoit, mais Jehans Boulle le voloit,
      5  et les fist tous tourner che chemin.

         Quant il eurent allet environ deus lieues et que il
         estoient enssi que tous las de cheminer à piet, il
         s’enbatirent en milieu de ces deus enbusques. Quant il se
         trouvèrent là, si crièrent tout: «Nous sommes trahi!»
     10  Onques gens ne se missent à si petite deffense que il
         fissent adont, mais se boutoient à sauveté à leur pooir,
         et retournoient li aucun en Ippre, et li autre prendoient
         les camps et s’enfuioient, qui mieux mieux,
         sans arroi et sans ordenance. Les gens dou conte qui
     15  en avoient grant fuisson enclos, les ocioient à volenté
         sans nullui prendre à merci. Toutesfois Jehans Boulle
         et Ernouls Clers se sauvèrent. Li fuiant qui fuioient
         vers Courtrai, trouvèrent leurs gens qui estoient parti
         de Roullers et s’en venoient leur chemin vers Rosebèque.
     20  Quant Piètres dou Bos et li autre veïrent les
         fuianx, il leur demandèrent que il leur estoit avenu:
         il respondirent que il fuioient comme gens trahis fausement
         et desconfis dou conte de Flandres et de ceulx
         de Bruges. «Et quel quantité de gens sont cil,
     25  demanda Piètres dou Bois, qui ont fait ceste desconfiture?»
         Il respondirent que il ne savoient et que il
         n’avoient mies eu bon losir dou conter, mais tout li
         camp en estoient couvert. Là eut Piètres dou Bois
         pluiseurs imaginations dou traire avant pour retourner
     30  les fuians et combatre leurs ennemis qui les cachoient,
         ou de retraire vers Courtrai: tout consideret, consilliet
         fu que dou retraire pour celle fois ce estoit li plus
   [56]  pourfitables. Si se retraïssent tout en bataille rengie
         sans iaulx desrouter, et s’en retournèrent ce jour à
         Courtrai, et là se retraioient li fuiant. Si se logièrent
         cil de Gaind en Courtrai, et missent garde as portes,
      5  par quoi il ne fuissent souspris. Comptés leurs gens et
         avisés, quant Jehans Boulle et Ernouls Clers furent
         retournet, il congneurent que de la ville de Gaind, de
         ceulx que il avoient envoiiet à Ippre, estoient bien
         mort douse cens, et si en i ot bien de ceulx de Ippre
     10  otant ou plus ocis, et, se les enbusques dou conte
         euissent cachiet en alant vers Ippre et en allant vers
         Courtrai, petit en fuissent demoret que tout n’euissent
         esté rataint, mais ce que point ne cachièrent ne
         n’entendirent à tuer fors ceulx qui cheïrent en leur
     15  enbusque, en sauva trop grant plenté. Si furent cil de
         Ippre moult esbahi, quant il veïrent leurs gens retourner
         desconfit le propre jour que il estoient issut,
         et demandoient comment che avoit esté. Il dissoient
         apriès l’un l’autre que Jehans Boulle les avoit trahis
     20  e[t] menet mourir maisement.


         § 195. Vous avés pluiseurs fois oï recorder que c’est
         dure cose de commun rapaisier, quant il est esmeus;
         je le di pour ceulx de Gaind. Quant il furent che jour
         retrait à Courtrai, li desconfit seurent que Jehans Boulle
     25  estoit en la ville; si se missent plus de mille ensamble,
         et dissent: «Alons au faulx et très mauvais trahiteur
         Jehan Boulle, qui nous a trahi, car par lui, et non
         par autrui, fumes nous mené ou chemin dont nous
         entrasmes en l’enbusque. Se nous euissons creu
     30  Ernoul Clerc, nous n’euissons eu garde, car il nous
         volloit mener droit sus nos gens, et Jehans Boulle,
   [57]  qui nous avoit vendus et trahis, nous mena là où nous
         avons esté desconfit.» Or regardés comment il l’acusoient
         de traïson; je ne quide mies que il i euist
         cause, car, se il fust enssi que il dissoient et que il les
      5  euist vendus ne trahis au conte, il ne fust jamais
         retournés viers euls et fust demorés avoecques le
         conte et ses gens: toutesfois, ce ne le peut escusser,
         puisque il estoit aquelliés, que il ne fust mors; je vous
         dirai comment. Li Gantois l’alèrent querre et prendre
     10  en son hostel, et l’amenèrent sus le rue, et là fu
         depeciés pièce à pièce: cascuns enportoit une pièce.
         Enssi fina Jehans Boulle. A l’endemain li Gantois se
         departirent de Courtrai et s’en retournèrent en Gaind
         et envoiièrent Jehan de Launoit ou castiel de Gavres,
     15  qui est castiaulx dou conte, seant sus la rivière d’Escaut,
         et le prist Jehans en garde et en garnisson.


         § 196. Or parlerons dou conte de Flandres et de ses
         gens. Quant il eurent enssi par leur enbusque rués
         jus les Gantois et bien mors trois [mille] ou environ,
     20  que de ceulx de Gaind, que de ceulx de Ippre, li contes
         eut conseil que il se trairoit devant la ville de Ippre et
         [i] meteroit le siège. Sicom il fu consilliet, il fu fait,
         et se traïst li contes celle part à toutes ses gens et à
         belle compaignie de chevaliers et d’escuiers de Flandres,
     25  de Hainnau et d’Artois, qui l’estoient venu servir.
         Quant cil de Ippre entendirent que li contes, leurs
         sires, venoient là si efforciement, si furent tout effraé,
         et eurent conseil li rice homme de la ville et li notable
         que il ouveroient leurs portes et s’en iroient devers le
     30  conte et se meteroient dou tout en se ordenance et
         obeïssance et li crieroient merchi, car bien savoit que
   [58]  de che que il avoient esté gantois, che avoit esté par
         force et par le commun, foulons et tisserans et tels
         mesceans gens de la ville de Ippre; il le sentoient
         bien si notable et si merciable que il les prenderoit à
      5  merci. Sicom il ordonnèrent, il le fissent, et s’en
         vinrent plus de trois cens, tout de une compaignie,
         au dehors de la ville de Ippre, et avoient les clés des
         portes avoecques eulx, et, quant li contes de Flandres
         fu venus, il se jettèrent tout en genoulx devant li et
     10  li criièrent merchi, et se missent dou tout euls
         personnellement et toute la ville en sa vollenté. Li contes en
         eut pité et les fit lever et les prist à merchi: si entra,
         et toute sa poissance, en le ville de Ippre, et i sejourna
         environ trois sepmainnes et renvoia ceulx dou Franc
     15  et ceulx de Bruges. En che sejour que li contes fist à
         Ippre, il en fist decoller plus de set cens, foulons et
         tisserans, et telles manières de gens qui avoient mis
         premierement Jehan Lion et les Gantois en la ville et
         ochis ses vaillans hommes que il avoit là establis et
     20  envoiés, pour laquel cose il estoit moult irés pour ses
         chevaliers. Et, à le fin que il ne fuissent plus rebelle
         envers li, il en envoia trois cens des plus notables tenir
         prison à Bruges, et, quant il eut tout che fait, il s’en
         retourna à Bruges à belle compaignie de gens d’armes,
     25  mais il prist le chemin de Courtrai et dist que il voloit
         ceuls de Courtrai mettre en se obeïssance.


         § 197. Quant cil de Courtrai entendirent que li
         contes, leurs sires, venoit efforciement sus eulx et
         que cil de Ippre s’estoient mis en se obeïssance, il se
     30  doubtèrent grandement, car il ne veoient point de confort
         apparant en chiaulx de Gaind: si se avissèrent
   [59]  que il se renderoient legierement à leur signeur, et
         trop mieulx leur valloit à estre dallés le conte, quant
         il li devoient foi et loiaulté, que dallés les Gantois.
         Adont s’ordonnèrent il trois cens de la ville, tous des
      5  plus notables, et se missent tout à piet sus les camps
         contre le venue dou conte, les clés de la ville avoecques
         eulx. Quant li contes deubt passer, il se jettèrent
         tous en genous et li prièrent merchi. Li contes en ot
         pité, si les rechut à merchi, et entra en la ville moult
     10  joieusement, et tout et toutes li fissent honneur et
         reverensse. Si prist des bourgois de Courtrai environ deus
         cens des plus notables, et les envoiia à Lille et à Douai
         en ostagerie, affin que cil de Courtrai ne se revellaissent
         plus. Quant il ot esté à Courtrai sis jours, il s’en
     15  ala à Donse et de là à Bruges, et s’i rafresqui environ
         quinse jours. Et adont fist il un grant mandement partout
         pour venir assegier la ville de Gaind, car toute
         Flandres pour che tamps estoit apparillie à son commandement.
         Si se parti li contes de Flandres de Bruges
     20  moult estofféement, et s’en vint mettre le siège devant
         Gaind, et se loga en un lieu que on dist à la Biete.
         Là vint messires Robers de Namur servir le conte à
         une quantité de gens d’armes, enssi que il estoit
         escrips et mandés, mais messires Guillaumes de Namur
     25  n’i estoit adont point, ains estoit en France deviers
         le roi et le duc de Bourgongne. Che fu environ le Saint
         Jehan Decollase que li sièges fu mis à Gaind, et estoit
         marescaulx de toute l’ost de Flandres li sires d’Enghien
         qui s’appelloit Gautiers, qui pour che tamps estoit
     30  jones, hardis et entreprendans, et ne resongnoit painne
         [ne] peril qui li peuist avenir. Quoique li contes de
         Flandres fust logiés devant Gaind à grant poissance,
   [60]  [si] ne pooit il si constraindre ceuls de la ville que il
         n’euwissent trois ou quatre portes ouvertes, par quoi
         tous vivres sans dangier leur venoient; et ossi chil de
         Braibant, et par especial cil de Brousselles, leur estoient
      5  moult favourable. Ossi estoient li Liegois et leur mandoient
         chil dou Liège pour eulx reconforter en leur
         oppinion: «Bonnes gens de Gaind, nous savons bien
         que pour le present vous avés moult à faire et estes
         fort travilliet de vostre signeur le conte et des gentils
     10  hommes et dou demorant dou païs, dont nous sommes
         moult courouchié; et sachiés que, se nous estions à
         quatre ou à sis lieuwes près marchissans à vous, nous
         vous ferions tel confort que on doit faire à ses bons
         frères, amis et voisins, mais vous nous estes trop
     15  loing, et si est Braibans li païs entre vous et nous:
         pour quoi il faut que nous nos souffrons, et pour ce,
         se vous estes maintenant assegié, ne vous desconfortés
         pas, car Dieux scet et toutes bonnes villes que vous
         avés droit en ceste guerre. Si en vauldront vos besongnes
     20  mieux.» Enssi mandoient li Liegois à chiaulx
         de Gaind, pour eulx donner bon confort.


         § 198. Li contes de Flandres avoit asegié la ville
         de Gaind au lés deviers Bruges et deviers Courtrai,
         car par devers Brouselle ne vers les Quatre Mestiers
     25  ne pooit il venir ne mettre le siège pour les grans
         rivières qui i sont, le Lis et l’Escaut; et vous di, tout
         consideré, Gaind est li une des plus fortes villes dou
         monde, et i faudroit plus de deus cens mille hommes,
         qui bien le voldroit assegier et clore tous les pas et les
     30  rivières, et encores fauroit il que leurs hoos fuissent
         separées pour les rivières, ne au besoing il ne poroient
   [61]  conforter l’un l’autre, car il i a trop de peuple dedens
         la ville de Gaind, et toutes gens de fait. Il se trouvoient
         en che tamps, quant il regardoient à leurs besongnes,
         quatre vins mille hommes tous aidables, portans armes
      5  desoulx soissante ans et deseure quinse ans.

         Quant li contes eut esté à siège environ un mois
         devant Gaind, et que ses gens et li sires d’Enghien
         et li Hasses, ses fils, eurent fait pluiseurs escarmuces
         et li jones senescaulx de Hainnau à chiaulx
     10  de Gaind, dont un jour perdoient et l’autre jour
         gaaignoient, enssi que les aventures aportoient, il
         fu conssiilliés que il envoieroit cheulx de Bruges et
         ceulx de Ippre et de Popringhe escarmuchier à un
         pas que on dist au Lonc Pont, et, se on pooit che pas
     15  gaaignier, che leur seroit trop grans pourfis, car il
         enteroient ens es Quatre Mestiers, et si aprocheroient
         Gaind de si priès comme il voldroient. Adont furent
         cil ordonné pour aler à ce Lonc Pont, et en fu cappitains,
         menères et conduissières uns moult entreprendans
     20  et hardis chevaliers, qui s’appelloit messires
         Josses de Haluin: avoec lui i ot encores des chevaliers
         et escuiers, mès messires Josses en estoit li chiés.
         Quant cil de Bruges, d’Ippre et de Popringhe furent
         venu à che pas que on dist au Lonc Pont, il ne le trouvèrent
     25  pas desgarni, mais pourveu de grant fuisson
         de gens de Gaind, et i estoit Piètres dou Bois et Piètre
         le Witre et Rasses de Harselle ou front devant. Là
         commencha li escarmuce moult grande et moult
         grosse, sitretos que les gens dou conte furent venu,
     30  et traioient canons et arbalestres de une part et d’autre
         à effort, dont des quariaulx, tant des canons comme
         des arbalestres, il en i ot pluiseurs mors et blechiés.
   [62]  Et trop bien s’i portèrent là li Gantois, car il i recullèrent
         leurs ennemis et conquisent par force et par
         armes le banière des orfèvres de Bruges, et fu jetté[e]
         en l’aighe et là dedens touellie; et en i ot de ces
      5  orfèvres, et ossi i eult d’autres gens, grant fuisson de
         mors et de blechiés, et par especial messires Josses
         de Haluin i fu ocis, dont che fu damages. Et retournèrent
         cil qui là furent envoiiet sans riens faire. Enssi
         se portèrent li Gantois vaillanment.


     10  § 199. Le siège estant devant Gaind par la manière
         que li contes l’avoit assis, i eut fait pluiseurs escarmuces
         autour de la ville, car li sires d’Enghien et li
         senescaux de Hainau et li Haze de Flandres en trouvoient
         à le fois à descouviert, dont il ne prendoient
     15  nulles raenchons, et à le fois il estoient rebouté si dur
         que il n’avoient mies loissir de regarder derière iaulx.
         Adont se requeillièrent en le ville de Gaind euls siis
         mille de compaignons moult aidables, et eurent Rasse
         de Harselle, Ernoul Clerc et Jehan de Launoit à cappitainnes,
     20  et se partirent de Gaind sans le dangier de
         l’oost, et cheminèrent vers Alos, qui lors estoit une
         ville bonne et bien fremée, et i avoit li contes mis en
         garnisson pluiseurs chevaliers et escuiers. Mais, quant
         cil de Gaind i furent venu, il s’i portèrent si vaillanment
     25  que par assault il le conquissent, et convint
         messires Loeïs de Marbais, messires Godefrois de la
         Tour et messires Phelippre le Jovene et pluiseurs
         autres chevaliers et escuiers partir et vuidier hors par
         la porte de Brouselles: autrement il euissent esté
     30  mort. Et fu adont par les Gantois Alos toute arsse,
         portes et tout, et i conquissent moult grant pillage, et
   [63]  de là il vinrent devant Tenremonde, qui est forte ville;
         mais adont par assaut il le conquissent, et i fu mors
         messires Phelippres de Mamines. Et furent li Gantois
         signeur de la ville et non pas dou castiel, car li sires
      5  de Widescot le tint vaillanment avoecques ses compaignons
         contre eulx. Et de là vinrent li Gantois devant
         Granmont, qui s’estoit nouvellement tournée deviers
         le conte, par l’effort et tretiet dou signeur d’Enghien.
         Ne sçai se il i eut traïsson ou autre cose, mais adont li
     10  Gantois i entrèrent de force, et en i ot de ceulx dedens
         moult de mors, et, quant il eurent fait ces voiages, il
         s’en retournèrent à Gaind à tout grant butinage et
         grant pourfit.


         § 200. Quant li contes de Flandres veï que il perdoit
     15  son tamps à seoir devant Gaind, et, quoi que il
         seïst là à grant frait et à grant painne pour li et pour
         ses gens, cil de Gaind ne laissoient mies à issir ne à
         ardoir le païs, et avoient conquis Alos, Tenremonde
         et Granmont, si eut conseil que il se partiroit de là,
     20  car li iviers aproçoit. Si se departi et si renvoiia ses
         gens en leurs maissons rafresquir, et envoiia le signeur
         d’Enghien et le signeur de Montegni en Audenarde en
         garnisson, et avoient sans les gens d’armes deus cens
         bons archiers d’Engletière, dont on faissoit grant
     25  compte, et li contes s’en vint à Bruges; si fissent cil
         signeur, qui en Audenarde se tenoient, pluiseurs belles
         issues sus les Gantois, et estoient priès toudis sus les
         camps, et ne pooit nuls aler à Gaind ne porter vivres
         ne autres marchandisses, à painnes que il ne fust
     30  raconsieuois.

         Quant li iviers fu passés, et che vint sus le març,
   [64]  li contes de Flandres rasambla toutes ses gens, et
         manda ceuls de Ippre, de Courtrai, de Popringhe, dou
         Dan, de l’Escluse et dou Franc, et se parti de Bruges
         avoecques ceulx de Bruges, et s’en vint à Male; et là
      5  se tint une espasse de tamps, et fist de toutes ces
         gens d’armes, encores avoec ceulx de Lille, de Douai
         et de Audenarde, souverain cappitainne le signeur
         d’Enghien. Les gens le conte, qui estoient bien vint
         mille, sicomme on dissoit, se ordonnèrent pour venir
     10  devant Gauvres, où Jehans de Launoit se tenoit. Quant
         Jehans seut le venue dou conte et des gens d’armes,
         il le segnefia à Gaind à Rasse de Harselle, et li manda
         que il fust confortés et que les gens le conte estoient
         sus le païs. Rasses de Harselle asambla bien siis mille
     15  hommes de ceuls de Gaind, et se mist as camps vers
         Gauvre, et ne trouva là point Jehan de Launoit, mais
         le trouva à Donse, où il pilloit le païs d’autre part le
         rivière. Adont se remissent il ensamble, et cheminèrent
         che jour, et trouvèrent ceulx de Audenarde et de
     20  Donse qui en aloient devers le conte: si les asaillirent
         et en ocirent bien sis cens, et n’estoit point li sires
         d’Enghien en ceste compaignie, mais estoit allés deviers
         le conte qui estoit logiés sus les camps entre Donse
         et Bruges.

     25  Quant les nouvelles vinrent au conte et au signeur
         d’Enghien que cil de Audenarde avoient recheu tel
         damage, si en furent grandement courouchiet, et fu
         adont ordonné que li sires d’Enghien se departiroit
         atout quatre mille hommes, et s’en [venroit] à Gauvres
     30  là où on esperoit que Jehans de Launoit estoit, mès
         estoit retrais à Gaind atout son pillage et son butin et
         ses prisonniers, mais de ce n’avoit il mies grant fuisson.
   [65]  A l’endemain se departirent il, ils et Rasses de
         Herselle, atout siis mille hommes, et eurent en pourpos
         que d’aler à Donse; mais, quant il furent sus les
         camps, [il tournèrent vers] Niewle, car on leur dist
      5  que li sires d’Enghien et bien quatre mille hommes i
         estoient, et que li contes n’i estoit point encores
         venus: si les voloient combatre.

         Che propre jour que Rasses de Herselle issi de
         Gaind, en issi ossi Piètres dou Bois atout siis mille
     10  hommes, et Ernoul Clerc en sa compaignie, et vinrent
         ardoir les fourbours de Courtrai et abattre tous les
         moulins qui estoient au dehors de Courtrai; et puis
         s’en retournèrent vers Donse pour revenir à leurs
         gens, mais che fu trop tart, car, quant Jehans de
     15  Launoit et Rasses de Herselle furent à Niewle, il trouvèrent
         le conte et toute se poissance logiet sus les
         camps, qui n’atendoit autre cose que il fuissent venu.
         Enssi se trouvèrent ces deus hoos dou conte et des
         Gantois sans ce que au matin il seuissent riens l’un de
     20  l’autre. Quant Rasses de Herselles et Jehans de Launoit
         veïrent que combatre les convenoit, si ne s’effrèrent
         point, mais se missent en bon convenant, et se
         rengièrent sus les camps et se missent en trois batailles;
         et en cascune bataille avoit deus mille hommes, tous
     25  hardis et aventureux compaignons des plus ables et
         corrageus de la ville de Gaind, et otant en avoient
         Piettres dou Bois et Ernoulx Clers, qui estoient sus le
         païs, et riens ne savoient encores de ceste avenue que
         leurs gens se deuissent combatre, et au departir de
     30  Gaind, il avoient pris ordenanche et convenant ensamble
         que, se il trouveroient le conte et se poissance, il ne se
         combateroient point l’un sans l’autre, car, cascune
   [66]  bataille à par li, il n’estoient point fort assés, et tout
         ensamble il estoient fort assés pour combatre otant de
         gens trois fois que il estoient. Et tout ce avoient il juret
         et fianchiet ensamble Piètres dou Bois et Rasses; et
      5  au voir dire, Rasses euist bien arresté à non combatre
         sitretos, se il vosist, car, se il se fust tenus en la ville
         en attendant Piètre dou Bois, li contes ne ses gens ne
         les euissent jamais là dedens requis; mais, sitretos
         que Rasses sceut la venue dou conte, par orguel et
     10  par grandeur il se mist sus les camps, et dist en soi
         meïsmes que il combateroit ses ennemis et en aroit
         l’onneur sans attendre Piètre dou Bois ne les autres,
         car il avoit si grant fiance en ses gens et si bonne esperance
         en la fortune de ceulx de Gaind que vis li estoit
     15  que il ne pooit mies perdre, et bien monstra che jour
         la grant volenté que il avoit de combatre, enssi comme
         je vous recorderai presentement.


         § 201. Moult fu li contes de Flandres resjoïs, quant
         il veï que Rasses de Herselle estoit issus de Nieule et
     20  trais sus les camps pour combatre: si fist ordonner
         ses gens et mettre en bonne ordenance. Et estoient
         environ vint mille hommes, toutes gens de fait; et i
         avoit environ quinse cens lances, chevaliers et escuiers
         de Flandres, de Hainau, de Braibant et d’Artois: là
     25  estoient de Hainnau, li sires d’Engien, mareschaulx
         de l’oost, de sa route li sires de Montegni, messires
         Mikieulx de le Hamède, li bastars d’Enghien, Gilles
         dou Ris[oi], Huistin dou Lai et moult d’autres; et de
         Hainnau encores, li sires de Lens et messires Jehans
     30  de [Berlaimont]; et de Flandres, li sires de Gistelles,
         messires Guis de Gistelles, li sires d’Escornai, li sires
   [67]  de Hulut, li sires de Haluin et messires Daniiel de
         Haluin, messires Thieris de Disquemue, messires
         d’Estainnebourc, li sires de Grutus, messires Jehans
         Villains, messires Gerars de Marquillies et pluiseurs
      5  autres; et là i ot fait aucuns chevaliers nouviaulx.
         Et estoit en devant li jovenes senescaulx de Hainnau
         mors sus son lit de la boce [à Obies] dalés Mortaigne,
         car il i euist esté. Si fist li contes de Flandres
         cinc batailles, et en cascune mist quatre mille hommes:
     10  là estoient il en grant vollenté de courir sus les ennemis;
         et porta che jour li sires de Lieureghem la
         banière dou conte de Flandres. Toutes ces batailles
         faittes et ces ordenances, il aprocièrent, les cinc
         batailles contre les trois; mais de commenchement il
     15  n’en i ot que trois de la partie dou conte qui aprochaissent
         ne asamblaissent, car les deus estoient sus
         elle pour reconforter les branllans. Là estoit li contes
         en present, qui les prioit et amonnestoit de bien faire
         et de prendre vengance de ces esragiés de Gaind, qui
     20  leur avoient fait tant de painne, et dissoit bien à ceulx
         des bonnes villes: «Soiiés tout seur, se vous fuiés,
         vous serés mieux mort que devant, car sans merci je
         vous ferai tous trenchier les testes.» Et mist li contes
         ceulx de Bruges en la première bataille, et ceulx dou
     25  Franc en la seconde, et ceulx de Ippre et de Courtrai
         en la tierce, et ceulx de Popringhe, de Berghes, de
         Cassiel et de Bourbourc en la quarte, et il avoit retenu
         dallés li ceulx de Lille, de Douai et de Audenarde.

         Or s’asamblèrent ces batailles, et vinrent l’un contre
     30  l’autre. Rasses de Herselle avoit la première bataille,
         car c’estoit li plus outrageus, hardis et entreprendans
         des aultres, et pour ce voloit il estre des premiers
   [68]  asaillans et avoir ent l’onneur, se point [en] i ceoit,
         et s’en vint asambler à ceuls de Bruges, que li sires
         de Gistelles et si frère menoient. Là eut, je vous dis,
         grant bouteïs et grant poussis de premières venues:
      5  ossi d’autre part les aultres batailles asamblèrent. Là
         en i ot pluiseurs reversés à ce commencement de une
         part et d’autre, et i faissoient li Gantois des grans
         appertisses d’armes; mais cil dou conte estoient trop
         plus grant fuisson: quatre contre un. Là ot bon bouteïs
     10  et qui longuement dura, anchois que on peuist
         veoir ne savoir qui en aroit le milleur, et se missent
         toutes ces batailles ensamble. Là crioit on: «Flandres
         au lion!» en reconfortant les gens le conte; et li
         autre crioient à haute vois: «Gaind! Gaind!» Et fu
     15  tel fois que les gens le conte furent en aventure de
         tout perdre, et, se il euissent perdu terre, il estoient
         desconffi et mort sans recouvrier, car Piètres dou
         Bois et bien sis mille hommes estoient sus les camps,
         qui bien les veoient combatre, mais il ne les pooient
     20  conforter pour un grant plassiet d’aige et de marès,
         qui estoit entre eulx et les combatans; mais, se li
         contes euist perdu ce jour et que ses gens euissent fui
         par cause de desconfiture, Piettres dou Bois leur fust
         saillis au devant et les euist eu à volenté, ne ja piés
     25  n’en fust escappés, ne contes ne autres, que tout
         n’euissent esté mort sus le place ou en cace; dont
         c’euist esté grant damage, car en Flandres n’euist eu
         point de recouvrier.


         § 202. Rasses de Herselle et Jehans de Launoit ne
     30  l’eurent mies d’avantage à asaillir les gens le conte,
         car li contes avoit là grant fuisson de bonne chevalerie
   [69]  et ses commugnes de Bruges, d’Ippre, de Courtrai,
         d’Audenarde, dou Dan, de l’Escluse et dou Franc de
         Bruges, et estoient les gens dou conte quatre contre
         un des Gantois; dont il avint que, quant les batailles
      5  dou conte furent toutes remisses ensamble, il i ot
         grant gent, et ne les peurent souffrir li Gantois, mais
         se ouvrirent et recullèrent viers la ville, et li chevalier
         et li gent dou conte les commenchièrent fort à aprochier
         et à desrompre. Sitos que il les eurent ouviers,
     10  il entrèrent ens; si les abatoient et les tuoient à
         mons.

         Adont se retraïssent li Gantois vers le moustier de
         Nieule, qui estoit fors, et là se rasamblèrent, et i eut
         grant bataille et grant occision des Gantois au rentrer
     15  ou moustier. Jehans de Launoit, comme tous esbahis
         et desconfis, entra ou moustier, et pour li sauver il se
         bouta en une grosse tour dou clocier, et cil qui peurent
         de ses gens avoecques li; et Rasses de Herselle
         demora dehors, qui gardoit l’uis et requelloit ses gens,
     20  et fist à l’uis grant fuisson d’apertisses d’armes, mais
         finablement il fu efforchiés et ferus de une longue
         picque tout oultre le corps, et là abatus et tantos paroccis.
         Enssi fina Rasses de Herselle, qui avoit esté uns
         grans cappitains en Gaind contre le conte, et que li
     25  Gantois amoient moult pour son sens et pour sa
         proèce; mais de ses vaillances il en eut en fin che
         leuwier.

         Quant li contes de Flandres fu venus en la place
         devant le moustier, et il veï que li Gantois se requelloient
     30  là dedens et estoient requelliet, il commanda à
         bouter le feu ou moustier et tout ardoir. Ses commandemens
         fu tantos fais, et li feus aportés et grant fuisson
   [70]  d’estrain et de velourdes que on mist et [apoia] tout
         autour dou moustier, et puis bouta on le feu dedens.
         Chils feus monta tantos amont, qui s’esprist ens es
         couvretures dou moustier: là moroient li Gantois qui
      5  estoient ou moutier à grant martire, car il estoient
         ars, et, se il issoient hors, il estoient esboullé et
         regetté ou feu. Jehans de Launoit, qui estoit ou cloquier,
         se veoit ou point de la mort et estre tous ars,
         car li cloquiers s’esprendoit à ardoir: si crioit à ceulx
     10  qui estoient bas: «Raenchon! Raenchon!» et offroit
         sa taisse, qui estoit toute plaine de florins, mais on
         n’en faissoit que rire et galler, et li dissoit on: «Jehan,
         Jehan, venés cha par ces fenestres parler à nous, et
         nous vous requellerons. Faites le biau saut, enssi que
     15  vous avés euwan fait saillir les nostres; il vous convient
         faire che saut.» Jehans de Launoi[t], qui se
         veoit en tel parti et que ce estoit sans remède et que
         li feus le quoitoit de si priès que il convenoit que il fust
         ars, entra en hideurs et avoit plus chier à estre ocis
     20  que ars; et il fu l’un et l’autre, car il sailli hors par les
         fenestres enmi eulx, et là fu requelliés à glaves et à
         espées, et detrenchiés, et puis jettés ou feu. Enssi fina
         Jehans de Launoit.


         § 203. De bien siis mille hommes que Rasses de
     25  Herselle et Jehans de Launoit, de la ville de Gaind ou
         de environ Gand, qui servoient les Gantois pour leur
         argent, avoient là amenet, il n’en escapèrent point
         trois cens, que tout ne fuissent mort sur les camps
         ou en la ville, ou ars ou moustier; ne onques Piètres
     30  dou Bos, qui avoit une grosse bataille sus les camps,
         ne les peut aidier, car entre sa bataille et les gens de
   [71]  Rasse, qui se combatoient et qui mort estoient, avoit
         un grant plasquier tout plain d’aige et grans marescages,
         par quoi il ne pooient venir jusques à eulx. Si
         se parti de sa place à toutes ses gens bien rengiet et
      5  bien ordonné en une bataille, et dist: «Alons ent tout
         le pas nostre chemin vers Gand. Rasses de Herselle et
         Jehans de Launoit et nos gens ont mal exploitié: il
         sont desconfit; je ne sai que il nous avenra, se nous
         somme[s] poursieuwi ne asailli des gens le conte. Si
     10  nous tenons tout ensamble et nous vendons et combatons
         vaillanment, enssi que bonnes gens qui se combatent
         sur leur droit.» Il respondirent, cil qui l’oïrent:
         «Nous le volons.» Lors se partirent il de là et se
         missent au chemin pour venir vers Gaind en une
     15  belle bataille rengie et serée. Li fuiant aucun, qui
         escappé estoient de la bataille de Nieulle, se retournèrent
         vers Gaind et rentrèrent tout effraé, enssi que
         gens desconfis, en la ville, et recordèrent ceste dure
         aventure comment Rasses de Herselle et Jehans de
     20  Launoit et leurs gens estoient desconfit et mort par
         bataille à Nieulle. Cil de Gand pour ces nouvelles
         furent durement effraé et courouchié pour la mort de
         Rasse, car mout l’amoient et grant fiance en lui ent
         avoient, car il l’avoient trouvé bon cappitaine et loial,
     25  et, pour ce que Rasses estoient gentils homs, fils de
         signeur et de dame, et que ils les avoit servis pour
         leur argent, tant l’avoient il plus amé et honnouré.
         Si demandèrent as fuians qui retournoient: «Dites
         nous et où estoit Piètres dou Bos, entrues que vous
     30  vos combatiés?» Cil, qui point ne l’avoient veut ne
         qui de lui nulles nouvelles ne savoient, respondoient:
         «Nous n’en savons riens, ne point veut ne l’avons.»
   [72]  Lors commenchièrent aucunes gens en Gaind à murmurer
         sur Piètre dou Bos et à dire que mal s’en estoit
         acquités, quant il n’avoit estet à le bataille, qui avoit
         sis ou sept mille homme tous armés; et eurent adont
      5  li Gantois, qui en la ville estoient et qui le gouvrenement
         en avoient, en pourpos que, che Piètre lui revenu,
         il l’ochiroient, et puis au conte leur signeur
         s’apointeroient et accorderoient, et se meteroient dou tout
         en sa merchi. Je croi que, se il euissent enssi fait, il
     10  eussent bien ouvret et fuissent legierement venut à
         pais, mais point ne le fissent, dont il le comparèrent
         depuis, et ossi fist toute Flandres; ne encores n’estoit
         point la cose à che jour là où elle devoit estre ne li
         grans maus de Flandres sanchiés, enssi comme il fu
     15  depuis et sicom je vous recorderai avant en l’istoire.

         [A]près la desconfiture des Gantois, qui furent pour
         che jour mort et desconfit à Nieule, et Rasses de Herselle
         et Jehans de Launoit mort, li contes de Flandres
         entendi que Piètres dou Bos et une bataille de Gantois
     20  estoient sus les camps et s’en raloient à Gaind; adont
         s’arresta li contes et demanda conseil à ses chevaliers
         se on les iroit combatre. On li respondi en conseil que
         pour ce jour on en avoit assés fait et que ses gens
         estoient tout lassé, et les convenoit reposser. «Mais,
     25  sire, che seroit bon que de cinc cens ou sis cens
         hommes d’armes, tous bien monté, vous les fesissiés
         poursieuir, pour savoir leur convenant. Il poroient
         bien che soir gesir en tel lieu que nous seriens à leur
         logement.» Li contes s’enclina à ce conseil et fist
     30  enssi. Tantost furent ordonné cil qui seroient en ceste
         chevauchie, et en fu li sires d’Enghien menères et
         souverains: si montèrent environ cinc cens lances as
   [73]  chevaulx et se departirent de Nieulle et dou conte, et
         prissent les camps, et chevauchièrent à le couverte
         pour veoir les Gantois; et tant alèrent que il les veïrent
         avaler un tierne, et estoient tout serré et en bon
      5  convenant, et cheminoient le bon pas sans iaulx desrouter.
         Li sires d’Enghien et sa route les poursieuoient
         de loing et sour costé. Piètres dou Bos et les Gantois
         les veoient bien, mais nul samblant de iaulx desrouter
         ne faissoient, et dissoit Piètres dou Bos: «Alons toudis
     10  nostre chemin et le bon pas, et point ne nous
         desroutons, et, se il se boutent en nous, nous les
         requellerons; mais je croi bien que il n’en ont nulle
         vollenté.» Enssi cheminèrent il li un et li autre sans
         rien faire jusques à Gaind, que li sires d’Enghien
     15  retourna deviers le conte, et Piètres dou Bos et ses
         gens rentrèrent en Gaind. Adont fu Piètres aquelliés
         de plait et sus le point d’estre là ochis pour la
         cause de che que il n’[avoit] autrement confortet
         Rasse et [ses] gens. Piètres s’escusa, et de voir, et
     20  dist que il avoit bien mandé à Rasse que nullement il
         ne se combatesist sans li, car li contes estoit trop
         poissanment sus les camps, et il fist tout le contraire:
         «Se il l’en est mesavenu, je ne le puis amender,
         et sachiés que je sui ossi dollans de la mort Rasse
     25  que nuls poeut estre, car la ville de Gaind i a perdu
         un très bon et sage cappitainne: si nous en fault
         requerre un aultre, ou nous mettre dou tout en la
         volenté et obeïssance dou conte, qui nous fera tous
         morir de malle mort. Regardés lequel vous vollés
     30  faire: ou perseverer en che que vous avés commenchié,
         ou mettre en la vollenté et merchi de monsigneur.»
         Piètres ne fu adont point respondus, mais
   [74]  tant que de la bataille et avenue de Nieulle et de la
         mort de Rasse il fu excusés et descouppés. Dont ce
         que on ne le respondi point, il se contempta mal,
         et sus aucuns grans bourgois qui là present estoient,
      5  li plus riche et li plus notable de la ville, tels que sire
         Ghisebrest Grute et sire Simon Bete, il n’en fist
         adont nul samblant, mais il leur remonstra durement
         en l’anée, enssi que vous orés recorder avant
         en l’istoire.


     10  § 204. Quant li sires d’Enghien et li sires de Montegni,
         li Haseles de Flandres et leurs routes furent
         retourné à Nieulle devers le conte, et il eurent recordé
         ce que il avoient veu, li contes se departi de Nieule
         et s’en retourna vers Bruges, et ren[v]oiia ses bonnes
     15  villes et ceulx dou Franc, et le signeur d’Enghien et
         les Hainnuiers en garnison en Audenarde.

         Quant cil de Gaind entendirent que li contes estoit
         retrais en Bruges et que il avoit donnet congiet toutes
         ses gens, si se resmurent par l’esmouvement de Piètre
     20  dou Bos, qui leur dist: «Alons devant Courtrai et
         ne nous refroidons point de faire guerre; monstrons
         que nous sommes gens de fait et d’emprise.» Adont
         se departirent il de Gand plus de quinse mille, et
         s’en vinrent moult estofféement devant Courtrai et i
     25  missent siège, le feste et le pourcession de Bruges seant,
         l’an mil trois cens quatre vint et un; et furent là dis
         jours, et ardirent tous les fourbourgs de Courtrai et
         le païs d’environ. Quant li contes en sot nouvelles, il
         remanda tous ses gentils hommes et ceulx des garnissons
     30  et les communs d’Ippre et dou Franc, et se
         departi de Bruges avoec ceuls de Bruges, et se
   [75]  trouvèrent sour les camps plus de vint et cinc mille. Dont
         se missent il au chemin pour venir vers Courtrai et
         combatre les Gantois et lever le siège.

         Quant Piètres dou Bos et li Gantois entendirent que
      5  li contes venoit vers euls si efforchiement, si n’eurent
         mies conseil que de l’attendre là [à siège], et se
         departirent et s’en allèrent logier à Donse et à Nieulle,
         et dissent que là il atenderoient le conte et segnefieroient
         leur estat à ceulx de Gaind et remanderoient
     10  l’arière ban pour estre plus fort et plus de gens. Si
         se departirent de Gaind bien encores quinse mille
         hommes, et s’en vinrent devers leurs gens à Nieule
         et à Donse, et se logièrent tout sur les camps, en
         attendant le conte. Quant li contes fu venus à Herlebèque,
     15  dallés Courtrai, il entendi que li Gantois estoient
         parti de là et retrait vers Gaind et logiet à Donse et à
         Nieule. Si n’eut mies li contes conseil adont dou poursieuir,
         et donna congiet ses gens d’armes et ses commugnes,
         et en laissa une grant quantité à Courtrai,
     20  et renvoia le signeur d’Enghien et les Hainuiers et son
         fils bastart le Halse en Audenarde en garnisson.

         Quant Piètres dou Bos et li Gantois veïrent que li
         contes ne venoit point vers eulx, si se departirent de
         Donse et de Nieule, et prissent le lonc chemin par
     25  devers Audenarde pour revenir par là à Gand. Si
         envoiièrent, che jour que il passèrent vers Audenarde,
         une quantité de leurs gens, desquels Ernouls Clers
         estoit cappitains, et s’en vinrent cil escarmuchier
         jusques as bailles de la ville. Li chevalier et li escuier,
     30  qui là dedens estoient, ne se peurent astenir que il ne
         venissent escarmuchier à iaulx; et en i ot des mors
         et des bleciés de une part et d’autre. A celle fois cil
   [76]  de Gaind ne conquestèrent point plenté à l’escarmuche,
         et s’en partirent et s’en retournèrent avoecques leurs
         gens à Gand, et se retraït cascuns en sa maison.

         Trois jours apriès, fu ordonnés Ernouls Clerc à
      5  venir à Gauvres atout douse cens des Blans Capprons,
         et li fu li castiaulx et la castelerie de Gauvres baillie
         par manière de garnisson pour faire frontière à ceulx
         d’Audenarde. Si i vint Ernouls Clers à toute sa route
         et se tint là, gaires ne fu che mies. Quant il entendi
     10  que aucun chevalier et escuier qui estoient en Audenarde
         estoient issu hors à l’aventure, adont se departi
         il de Gauvres avoecques ses gens, et estoient bien en
         nombre quinse cens. Si se missent en enbusque sour
         ceuls qui au matin estoient issu hors d’Audenarde, li
     15  sires d’Escornai, li sires de Ramseflies, messires Jehans
         Villains, [li sires de Lieureghen], li Gallois de [Mamines],
         li bastars d’Escornai, messires Blanchart de Calonne
         et pluiseur autre. Enssi que cil chevalier et escuier
         qui avoient pris leur retour, s’en revenoient à Audenarde,
     20  Ernouls Clers et li embusque leur sailli au
         devant: là en i ot des ratains et des rués jus et
         ochis, car il ne prendoient nullui à merchi. Là vinrent
         as chevaliers et as escuiers li cheval bien à point,
         car il brochièrent des esperons et retournèrent vers
     25  Audenarde, et, enssi que il venoient devant les bailles,
         il descendoient et se mettoient à d[eff]ense et atendoient
         leurs gens et leurs vallès, mais il ne peurent
         onques si nettement rentrer en la ville que il n’en i
         eust mors et bleciés plus de soissante. Et, quant il
     30  eurent faite leur empainte, Ernouls Clers retourna che
         soir à une abbeïe priès de là, que on nomme Eham:
         si trouvèrent cil Gantois en la ville d’Eham Pière de
   [77]  [Stinehus] et le Galois de Mamines et environ cent
         compaignons de leur route. Si assallirent l’abbie où
         il estoient trait: à grant dur se sauva li Gallois de
         Mamines, et se parti par derière et entra en un batiel,
      5  et s’en vint celle nuit à Audenarde et compta au signeur
         d’Enghien, au signeur de Montegni, à messire Daniel
         de Haluin et as chevaliers qui là estoient, comment
         ce soir Ernouls Clers et li Blanc Cappron estoient entré
         en l’abbeïe d’Eham et avoient ochis leurs compaignons,
     10  et bien penssoit que Pières de Stinehus estoit mors,
         et voirement le fu il, car Ernouls Clers et ses gens le
         fissent sallir jus de une[s] phenestres enmi le place, et
         le requellièrent à glaves, et le ochirent, dont che fu
         grans damages.


     15  § 205. Quant li chevalier, qui en Audenarde se
         tenoient, entendirent que Ernoulx Clers et li Blanc
         Cappron environ douse cens, que il avoit adont de
         sa carge, estoient aresté à Eham, et mort leurs compaignons
         et pris l’abbeïe, si en furent moult courouchié,
     20  et avissèrent que il envoiieroient celle nuit leurs
         espies celle part, pour savoir se à l’endemain il i seroient
         trouvet. Enssi comme il l’ordonnèrent il le fissent. Leurs
         espies reportèrent au matin que li Blanc Cappron
         s’ordonnoient pour demorer là che jour, dont li signeur
     25  furent resjoï. Adont s’armèrent li sires d’Enghien, li
         sires de Montegni, li sires de Lens, li sires de Brifuel,
         messires Mikieulx de le Hamaide et plus de cent chevaliers
         et escuiers de Hainnau et bien otant de
         Flandres, et se departirent de Audenarde environ trois
     30  cens lanches et plus de mille que arbalestriers que
         gros vallès, et vinrent à Eham. Quant il deurent
   [78]  aprochier Eham, il envoièrent devant messire Daniel de
         Haluin à cent lances, pour commenchier le hustin et
         atraire hors de l’abbeïe Ernoul Clerc, et ossi pour
         attendre les gros varllés et arbalestriers qui venoient
      5  tout de piet, et pour euls mettre en ordenance. Messires
         Daniel et li sires de Disquemue et li Hases de
         Flandres s’en coururent devant esperonnant, et entrèrent
         en la place devant l’abbeïe d’Eham en escriant:
         «Flandres au lion au bastart!» Cil Gantois ne se
     10  donnoient garde de celle enbusque, car il estoit encores
         assés matin; si n’estoient mis tout aparilliet. Nonpourquant
         chil qui [avoient] fait le gait le nuit, se missent
         ensamble et requellièrent et ensonniièrent les chevaliers
         et leurs gens qui là venoient, et entrues s’armoient
     15  li autre. Avant que Ernoulx Clers peust avoir
         remis tous ses gens ensamble, li sires d’Enghien, li
         sires de Lens, li sires de Briffuel, li sires d’Escornai,
         li sires de Montegni et leur bataille entrèrent par
         derière en la ville en escriant: «Enghien au signeur!»
     20  et se boutèrent de grant volenté en ces Gantois et ces
         Blans Capprons, qui noient ne du[rè]rent, mais s’ouvrirent,
         et ne tinrent onques point de conroi ne d’ordonnance.
         Des douse cens en i ot bien mors, que là
         qu’en l’abbeïe que sus les camps, onse cens, et i fu
     25  ochis Ernouls Clers en fuiant et ferus de deus pickes
         tout parmi le cors et là apoiiés contre une haie. Après
         ceste desconfiture retournèrent li sires d’Enghien et
         li chevalier en Audenarde, et tinrent ceste besongne à
         grant proèche. Et sachiés que li contes de Flandres,
     30  qui pour ce tamps se tenoit à Bruges, quant il en
         sceut les nouvelles, en fu grandement resjoïs, et dist
         dou signeur d’Enghien: «Par ma foi, il i a en lui un
   [79]  bon enfant et qui sera encores vaillant homme.» Au
         voir dire dou signeur d’Enghien, c’estoit tous li coers
         dou conte de Flandres, et ne l’appelloit mies li contes
         de Flandres son cousin, mais son biau fil.


      5  § 206. Quant les nouvelles furent venues à Gand
         que Ernous Clers estoit mors et leurs gens desconfis,
         si se commenchièrent li pluiseur à esbahir et à dire
         entre iaulx: «Nos besongnes se portent mal; petit à
         petit, on nous ochist nos capitainnes et nos gens; nous
     10  avons mal exploitié de avoir esmeu guerre contre no
         signeur le conte, car il nous usera tous petit à petit.
         A mal nous retoura les haïnes de Gisebrest Mahieu et
         de Jehan Lion; nous avons trop soustenu et eslevé les
         oppinions de Jehan Lion et de Piètre dou Bos: il nous
     15  ont bouté si avant en ceste guerre et en ceste haïne
         envers le conte, nostre signeur, que nous n’i poons
         ne savons trouver voie de merci ne de pais. Encores
         vauroit il mieux que vint ou trente le comparaissent
         que toute la ville.» Enssi dissoient li pluiseur en requoi
     20  l’un à l’autre, car generaument n’estoi[t] ce mies, pour
         le doubtance des mauvais, qui estoient tout de une
         sexte et qui s’eslevoient en poissance de jour en jour,
         qui en devant estoient povre compaignon et sans nulle
         chavance; ores avoient il or et argent assés, car, quant
     25  il leur en falloit et il s’en complaindoient as leurs
         cappitaines, il estoient oï et tantost conforté, car on
         avissoit aucuns simples hommes et riches en la ville, et
         leur disoit on: «Alés, et [si] dites à tels et à tels que
         il viengnent parler à nous.» On les aloit querre: il
     30  venoient (il n’osaissent contrester); là leur estoit dit:
         «Il fault [à] la bonne ville de Gand à present finance
   [80]  pour paiier nos saudoiiers qui aident à garder et à
         deffendre nos juridicions et nos francisses; il fault
         vivre les compaignons.» Et là metoient avant finance
         toute celle que on leur demandoit, car, se il desissent
      5  dou non, il fuissent tantos mors, et les amesist on
         que il fuissent traïtre à la ville de Gaind et que il ne
         vosissent mies l’onneur et le pourfit de la ville. Enssi
         estoient li garçon et li mauvais maistre et furent tant
         que la guerre dura entre eulx et le conte, leur signeur;
     10  et, au voir dire, se li rice et li noble en la ville de
         Gaind estoient batu de tels verghes, on ne les en
         devoit ou doit point plaindre, ne il ne se poeuent
         excuser par leur record meïsmes que il ne fuissent
         cause de ces fourfais. Raison pour quoi? Quant li
     15  contes de Flandres leur envoia son baillieu, pour
         constraindre et justichier aucuns rebelles et mauvais, ne
         pooient il tout demorer dallés lui et avoir conforté à
         faire justice? Liquel i furent? on en i trueve petit. Il
         avoient ossi chier, à ce que il monstrèrent, que la cose
     20  alast mal que bien et que il eussent guerre à leur
         signeur que pais, et bien pooient sentir et congnoistre
         que, se il faissoient [guerre], povres gens et mescheans
         gens [seroient] signeur de leur ville [et] seroient leur
         maistre, et ne les en osteroient mies quant il vorroient,
     25  enssi comme il en est avenu. Jehans de le Faucille,
         par li dissimuller et partir de la ville de Gaind et venir
         demorer en Hainnau, s’en cuida purgier et oster, et
         que des haïnes de Flandres, tant dou conte son signeur
         que de la ville de Gaind, dont il estoit de nation, il
     30  n’en fust en riens demandés; mais si fu, dont il morut.
         Et vraiement che fu damages, car cils Jehans de le
         Faucille, en son tamps, fu uns sages et très notables
   [81]  homs; mais on ne poeut à present clopiier devant
         [boiteux, c’est à dire devant] les signeurs ne leurs
         consaulx: il i voient trop cler. Il avoit bien sceu
         les aultres aidier et consillier, et de li meïsmes il
      5  ne sceut prendre le milleur chemin: je ne sai de
         verité se des articles, dont il fut amis de messire
         Simon Rin ou chastiel de Lille, il fu coulpables,
         mais li chevalier, avoeecq le perverse fortune de li,
         qui tourna tout à un fais sour li, le menèrent si avant
     10  qu’il en morut. Et ossi ont fait toutes les cappitainnes
         de Gand, ou quoiement ou ouvertement, qui ont tenu
         et soustenu rebellion encontre leur signeur, et ossi
         ont moult d’autres gens de la ville de Gand, meïsmement
         ceulx, espoir, qui couppe n’i avoient, sicom
     15  vous orés recorder de point en point en l’istoire chi
         après.


         § 207. Quant Piètres dou Bos veï que la ville de
         Gaind afoiblissoit de cappitainnes, et se trouvoit enssi
         que tous seux, et que li riche homme se commenchoient
     20  à taner et à lasser de la guerre, si se doubta trop fort
         et imagina que, se par nul moiien dou monde pais se
         faissoit entre le conte et la ville de Gaind, quels traitiés
         ne quels loiens de pais ne d’acord que il i eust,
         il convenoit que il i mesist la vie. [Si] li ala souvenir
     25  et souvenoit souvent de Jehan Lion, qui fu ses maistres,
         et par quel art il avoit ouvret; il veoit bien que ils tous
         seuls ne pooit avoir tant de sens ne de poissance que
         de gouvrener le ville de Gaind, et n’en voloit mies
         avoir le principal fais, mais il volloit bien de toutes les
     30  folles emprisses couvertement avoir le soing. Si se
         avissa adont d’un homme de quoi en la ville de Gaind
   [82]  on ne se donnoit garde, sage jovene homme assés,
         mais ses sens n’estoit point congneus ne on n’en avoit
         eu jusques à che jour que faire. Et celli on appelloit
         Phelippre d’Artevelle, et fu fils anchiennement de
      5  Jaque d’Artevelle, lequel, en son tamps, eut sept ans
         tout le gouvrenement de le conté de Flandres; et avoit
         cils Piètres dou Bos trop de fois oï recorder Jehan
         Lion, son maistre, et les anchiiens de Gaind, que
         onques li païs de Flandres ne fu si cremus, si amés
     10  ne si honnourés que le tams que Jaques d’Artevelle en
         ot le gouvrenement, et encores dissoient li Gantois
         tous les jours: «Se Jaques d’Artevelle vivoit, nos
         cosses seroient en boin estat, nous ariens pais à nostre
         vollenté, et seroit nos sires li contes tous liés, quant il
     15  nous poroit tout pardonner.» Piètres dou Bos s’avisa
         de soi meïsmes sur ces parolles et regarda que Jaques
         d’Artevelle avoit un fil qui s’appelloit Phelippe, assés
         convegnable et gracieux homme, que la roïne d’Engletière
         Phelippe avoit anchienement, dou tamps que
     20  elle reposoit à Gand et que li sièges fu devant Tournai,
         levé sus fons, et contre la roïne il ot à non Phelippes.
         Piètres dou Bos s’en vint un soir chiés ce Phelippe,
         qui demoroit avoecques sa damoiselle de mère,
         et vivoient de leurs rentes tout bellement. Piètres dou
     25  Bos s’aquinta de lui de parolles, et puis li ouvri la
         matère pour quoi il estoit là venus, et li dist enssi:
         «Phelippe, se vous vollés entendre à mes parolles et
         croire mon conseil, je vous ferai le plus grant de toutes
         Flandres.»--«Comment le me ferés vous? dist Phelippes.»--«Je
     30  le vous ferai par telle manière, dist
         Piètres dou Bos, [que] vous arés le gouvrenement et la
         menistration de la ville de Gaind, car nous sommes en
   [83]  present en grant necessité de avoir un souverain cappitainne
         de bon non et de bonne renommée, et vos
         pères, Jaques d’Artevelle, resusite maintenant en
         ceste ville par le bonne memore de li, et dient toutes
      5  gens, et il dient voir, que onques li païs de Flandres
         ne fu si bien gouvrenés, tant amés ne tant cremus ne
         honnourés comme il fu de son vivant. Legierement
         vous meterai en son lieu, se vous volés, et, quant
         vous i serés, vous vous ordonnerés par mon conseil,
     10  tant que vous arés apris la manière et le [stille] dou
         fait, ce que vous arés apris tantos.» Phelippes, qui
         avoit eage de homme et qui par nature desiroit à estre
         avanchiés et honnourés et avoir de la chavance plus
         qu’il n’eust, respondi: «Piètre, vous me offrés grant
     15  cose, et je vous en crerai; et, se je sui en l’estat que
         vous me dites, je vous jur par ma foi que je ne ferai ja
         riens hors de vostre conseil.» Respondi Piètres dou
         Bos: «Sarés vous faire le cruel et le hauster? car
         uns sires, entre communs et par especial à ce que nous
     20  avons à faire, ne vault riens, se il n’est cremus et
         redoubtés et renommés à le fois de cruauté. Enssi
         voellent Flament estre mené, ne on ne doit entre euls
         [tenir] conte de vies d’ommes ne avoir pité nient
         plus que des arondiaulx ou aloettes, c’on prent en leur
     25  saisson pour mengier.»--«Par ma foi! respondi
         Phelippes, je sarai bien tout ce faire.»--«Et c’est
         bien, dist Piètres, et vous serés tels que je pensse,
         souverains de tous les autres.» A ces mos, il prist
         congiet de li, et se parti de son hostel et retourna
     30  [au] sien.

         La nuit passa, li jours vint: Piètres dou Bos s’en
         vint en une place où il avoit plus de trois mille hommes
   [84]  de ceulx de sa sexte et des autres, qui là estoient
         asamblé pour oïr nouvelles et pour savoir comment
         on se ordonneroit et qui on feroit à cappitainne. Et là
         estoit li sires de Hersselles, par lequel en partie des
      5  besongnes dedentrainnes de Gaind on usoit, mais de
         aler au dehors il ne s’en voloit de riens ensongniier ne
         traitiier. Là nommoit on aucuns hommes de la ville,
         et Piètres dou Bos escoutoit tout. Quant il ot assés oï
         parler, il esleva sa vois et dist: «Signeur, je croi
     10  bien que ce que vous dites est par grant afection et
         deliberation de corage que vous avés à garder l’onneur
         et le pourfit de la bonne ville de Gaind, et que cil que
         vous nommés sont bien idone et merite d’avoir une
         partie dou gouvrenement de la ville de Gaind, mais
     15  j’en sai un qui point n’i vise ne ne pensse, que, se il
         s’en voloit ensongniier, il n’i poroit avoir plus propisce
         ne de milleur non.» Dont fu Piètres dou Bos requis
         que il vosist celi nommer; il le nomma et dist: «C’est
         Phelippes d’Artevelle, qui fu tenus as fons en l’eglise
     20  de Saint Pière de Gaind de la noble roïne d’Engletière,
         que on appella Phelippe, et qui fu sa marine, en che
         tamps que ses pères, Jaques d’Artevelle, seoit devant
         Tournai avoecques le roi d’Engletière, le duc de Braibant,
         le duc de Guerlles et le conte de Hainnau, liquels
     25  Jaques d’Artevelle, ses pères, gouvrena en son tamps
         la ville de Gaind et le païs de Flandres si très bien
         que onques puis ne fu si bien gouvrenés, à ce que
         j’en ai [oï] et oc encores recorder tous les jours
         les anchiens qui le connissance en eurent, ne ne fu
     30  onques si bien tenus ne gardés en droit que il fu de
         son tamps, car Flandres estoit un tamps toute perdue,
         quant par son grant sens et l’eur de li il le recouvra.
   [85]  Et sachiés que nous devons mieux amer les branques
         et les membres qui viennent de si vaillant homme qui
         fu que de nul autre.» Sitost que Piètres dou Bos ot
         dist ceste parolle, Phelippes d’Artevelle entra en toutes
      5  manières de gens si en corage que on dist tout de une
         vois: «On le voist, on le voist querre! Nous ne volons
         autre.»--«Nenil, dist Piètres [dou Bos], nous ne
         l’envoierons point querre. Il vault bien que on voist
         vers li; encores ne savons nous comment il se vaura
     10  maintenir ne de nous soi ensonniier.»


         § 208. A ces mos, se missent tout cil, qui là estoient,
         et encores plus assés, qui les sieuoient, au chemin, et
         vinrent vers le maison Phelippe, qui de leur venue
         estoit tous avissés. Li sires de Herselles, Piètres dou
     15  Bos, Piètres le Wintre et environ dis ou douse des
         doiiens des mestiers entrèrent en sa maisson et là [li]
         requesrent et li remonstrèrent comment la bonne ville
         de Gaind estoit en grant dangier d’avoir un souverain
         cappitaine, auquel hors et ens on se peust raloiier, et
     20  que toutes manières de gens demorant en Gaind li
         donnoient leur vois et l’avoient avisset à estre leur
         souverains cappitains, car li recorps de son boin nom,
         et pour l’amour de son bon père, leur ceoit mieux en
         la bouce que de nul autre: pour quoi il li prioient
     25  affectueusement que de bonne volenté il se vausist
         emprendre d’avoir le gouvrenement de la ville et le
         fais des besongnes ens et hors; et il li juroient foi et
         loiaulté [enterinement] comme à leur signeur, et
         feroient toutes gens, com grans qu’il fuissent en la
     30  ville, venir à son obeïssance. Phelippes entendi bien
         toutes leurs requestes et parolles, et puis moult
   [86]  sagement il respondi et dist enssi: «Signeur, vous me
         requerés de grant cose, et, espoir, vous ne penssés
         mie bien le fais tel comme il est, quant vous vollés que
         je aie le gouvrenement de la ville de Gaind. Vous dites
      5  que l’amour que vostre predicesseur eurent à mon père
         vous i atrait: quant il eut fait tous les plus biaus services
         comme il peut, il l’ochirent. Se je emprendoie le
         gouvrenement tel que vous dites, et j’en fuisse enfin
         ochis, j’en aroie petit leuwier et povre guerredon.»
     10  --«Phelippe, dist Piètres dou Bos, qui happa la parolle et
         qui estoit li plus doubtés, ce qui est passé ne poet on
         recouvrer. Vous ouverés par conseil et vous serés
         tousjours si bien consilliés que toutes gens se loeront
         de vous.» Respondi Phelippes: «Je ne le vorroie
     15  mie faire autrement.» Adont fu il là eslevés entre eus
         et amenés ou marchiet et là sermentés; et il sermenta
         ossi les maieurs et les eschievins et tous les doiens de
         Gaind. Enssi fu Phelippes d’Artevelle souverains cappitains
         de Gaind, et aquist en ce commenchement
     20  grant grace, car il parloit à toutes gens, qui [à lui] à
         besoingnier avoient, doucement et sagement, et fist tant
         que tout l’amoient, et, une partie des revenues que li
         contes de Flandres a en le ville de Gaind de sen hiretage,
         il les fist distribuer au signeur de Herselles, pour
     25  cause de gentillèce et pour parmaintenir au chevalier
         son estat, car, tout ce qu’il avoit en Flandres hors de
         la ville de Gaind, il avoit tout perdu.

         Nous nos soufferons un petit à parler des matères
         de Flandres, et parlerons des besongnes d’Engletière
     30  et de Portingal.


         § 209. Vous avés bien chi dessus oï recorder que,
   [87]  quant li rois Henris de Castille fu trespassés de che
         siècle et ses ainsnés fils dans Jehans couronnés à roi
         et sa moullier couronnée à roïne, laquelle estoit fille
         dou roi Piètre d’Aragon, la guerre se resmut entre le
      5  roi Ferrant de Portingal et le roi de Castille sus certainnes
         actions qui estoient entre eux deus, et princhipalment
         pour le fait des deus dames, filles dou roi
         dan Piètre, Constanse et Isabel, mariées en Engletière,
         la première au duc de Lancastre et la seconde au conte
     10  de Cambruge. Et disoit cils rois de Portingal que on
         avoit à tort et sans cause deshireté ses deus cousines
         de Castille, et que ce n’estoit pas cose à consentir que
         deus si nobles et si hautes dames fuissent planées de
         leurs hiretages, et que les coses se poroient bien tant
     15  enviesir et eslongier que on les meteroit en oubli, pour
         quoi les dames ne retourneroient jamais à leur droit,
         laquel cose il ne voloit pas veoir ne consentir, qui
         estoit li uns des plus prochains que elles euissent, tant
         pour l’amour de Dieu que pour aidier à garder raison
     20  et justice, à quoi tout bon crestiien doivent entendre
         et estre enclin. Si deffia le jone roi dam Jehan de Castille,
         que toute Espagne, Galise et Sebille avoient couronnet,
         et li fist guerre sus le title des articles ci dessus
         dis. Li rois dans Jehans se deffendi grandement à
     25  l’encontre de li et envoiia sus frontière en ses garnissons
         grant fuisson de gens d’armes et de geniteurs,
         pour resister contre ses ennemis, tant que à che
         commenchement il ne perdi riens, car il avoit de la sage
         et bonne chevalerie de France avoecques lui, qui le
     30  confortoient en sa guerre et consilloient, tel que le
         Bèghe de Vellainnes et messire Pierre, son fil, messire
         Jehan de Berguettes, messire Guillaume de [Lingnac],
   [88]  messire Gautier de Pasac, le signeur de Taride, messire
         Jehan et messire Tristram de Roie et pluiseurs
         autres qui i estoient alé depuis que li contes de Bouquighem
         fu venus en Bretaigne, car li rois de France,
      5  qui grans aliances et grans confederations avoit au roi
         de Castille, et ont eut longuement ensamble, les i avoit
         envoiés, pour quoi li rois de Portingal s’avisa que il
         envoieroit certains messages en Engletière devers le
         roi et ses oncles, affin que il fust aidiés et confortés de
     10  ses gens, par quoi il fust fors et poissans de faire une
         bonne guerre as Espagnos. Si appella un sien chevalier,
         sage homme et vaillant et grant treteur, qui s’appelloit
         Jehan Frenando, et li dist toute se ent[ent]e:
         «Jehan, vous me porterés ces lettres de creance en
     15  Engletière. Je n’i puis envoiier plus especial de vous
         ne qui mieux sache mes besongnes, et me recommandés
         au roi avoecq les lettres, et li dirés que je soustieng
         le droit de mes cousines, les hiretières d’Espagne
         et de Castille, ses belles antes, et en fac guerre ouverte
     20  à celi qui s’est boutés et mis par le poissance
         de France en leur hiretage, et je ne sui mies fors ne
         poissans de moi pour resister à l’encontre d’euls ne
         conquerre tels hiretages comme Castille et Espagne,
         Galise et Sebille sont, sans sen aide: pour quoi je li
     25  priie que il me voelle envoiier son bel oncle le duc de
         Lancastre, sa femme et sa fille, mes cousines, et une
         quantité de gens d’armes et d’archiers; et nous ferons,
         eux venus par dechà, bonne guerre avoecq le poissance
         nostre, [tant] que nous recouverons, au plaisir de Dieu,
     30  leur hiretage.»--«Monsigneur, dist li chevaliers, à
         vostre plaisir je ferai vostre message.» Depuis ne
         demora il gaires de tamps que il entra en un bon vaissiel
   [89]  et fort, pour faire che voiage, et se parti dou
         havene de la chité de Lusebonne, et chemina tant
         par mer que il vint à Pleumoude.

         En celle propre heure et en che propre jour et de
      5  celle marée i arivèrent li contes de Bouquighem et
         aucuns de ses vaissaulx qui retournoient de Bretaigne,
         et vous di que li Englès avoient eut si grant fortune
         sur mer que il avoient perdu trois de leurs vaissaulx,
         cargiés de gens et de pourveances, et estoient espars
     10  par mauvais vent et arivet en grant peril en trois
         havenes en Engletière. De la venue dou chevalier de
         Portingal fu grandement resjoïs li contes de Bouquighem
         et li fist très bonne chière, et li demanda des
         nouvelles: il l’en dist assés, tant d’Espagne comme de
     15  Portingal. Si chevauchièrent depuis ensamble jusques
         à la bonne citté de Londres, où li rois d’Engletière
         estoit.


         § 210. Quant li contes de Bouquighem fu venus à
         Londres, li Londriien li fissent bonne chière. Si s’en
     20  ala deviers le roi, qui estoit à Westmoustier, et si doi
         oncle dallés li, le duc de Lancastre et le conte de Cambruge,
         et avoit le chevalier de Portingal en sa compaignie,
         pour lequel il parla premierement au roi et à ses
         frères. Quant li rois et li seigneur dessus nommé en
     25  eurent la congnissance, si en fissent grant samblant de
         joie et l’onnourèrent moult. Il presenta ses lettres au
         roi: li rois les lissi, present ses oncles. Or devés vous
         savoir que li rois ne faissoit riens fors par le conseil
         de ses oncles, car pour che tamps il estoit encores
     30  moult jovenes. Si fu li chevaliers demandés et examinés,
         pour tant que il avoit aportés les lettres de creance,
   [90]  sus quel estat il est[oit] issus hors de Portingal et venus
         en Engletière. Il en leur respondi bellement et sagement
         selonc le premisse que vous avés oï chi dessus;
         et, quant li signeur l’eurent bien entendu, si respondirent
      5  liement et dissent: «Grant merchis à mon
         cousin le roi de Portingal, quant si avant il se boute
         en nos besongnes que il en fait guerre à nostre aversaire;
         et ce que il requiert, c’est requeste raisonnable;
         si sera aidiés hastéement, et ara li rois avis comment il
     10  i ordonnera.» Adont n’i eut plus parolle. Li chevaliers
         estraingnes, pour l’amour des nouvelles que il
         avoit aporté plaisans au duc de Lancastre et au conte
         de Cambruge, fu festiiés et disgna dalés le roi, et puis
         demora il là environ quinse jours as octavles de le Saint
     15  Gorge, dont li rois d’Engletière et si oncle avoient
         festiiet la feste ens ou chastiel de Windesore. Et là fu
         messires Robers de Namur, liquels estoit alés veoir le
         roi et relever ce que il tenoit de lui en Engletière, et
         là furent li parlement et li conseil d’Engletière asignet
     20  à estre à Londres, c’est à entendre au palais de
         Westmoustier. Je vous dirai pour quoi: tant pour les
         besongnes de Portingal qui estoient frescement venues
         que pour les Escos, car les trieuwes falloient entre
         euls et les Englès le premier jour de juing. Si eurent
     25  là li prelat et li baron d’Engletière grans conssaus
         ensamble comment il poroient de ces deus coses ordonner,
         et estoient en estat de envoiier le duc de Lancastre
         en Portingal, et disoient que ce estoit uns trop longs
         voiages pour lui et que, se il i aloit, on s’en poroit
     30  bien repentir, car il entendoient que li Escot faissoient
         grant aparant pour entrer en Engletière. Si fu consillié
         determinéement pour le milleur que li dus de Lancastre,
   [91]  qui congnissoit le marce d’Escoce et les Escos,
         iroit sur les frontières d’Escoce et saroit comment li
         Escot se voroient maintenir, car mieux s’en saroit
         ensongniier de traitiier que nuls hauls barons d’Engletière,
      5  et feroient li Escot plus pour li que pour nul
         autre; et li contes de Cambruge, atout cinc cens lances
         et otant d’archiers, feroit le voiage de Portingal, et,
         se li dus de Lancastre pooit tant exploitier as Escos
         que, à l’onneur dou roiaulme d’Engletière, unes
     10  trieuwes fuissent prisses à durer trois ans, il i poroit
         bien aler, se li rois le trouvoit en consel, sour le mois
         d’aoust ou [sour] le septembre en Portingal et renforchier
         l’armée de son frère. Et encore i avoit un
         autre point pour quoi li dus de Lancastre besongnoit
     15  à demorer en Engletière, che estoit pour ce que li rois
         d’Engletière avoit renvoiiet certains messages avoecq
         le duc de Tassem et l’arcevesque de Ravane deviers le
         roi d’Allemaigne, pour avoir sa sereur à moullier ou
         pour savoir comment il en seroit, car on en estoit en
     20  grans tretiés et avoit on estet plus d’un an. Si i estoient
         d’Engletière li evesques de Saint David et messires
         Simons Burlé, pour toutes ces coses confremer au
         mieux que on poroit. A ce conseil s’acordèrent li rois
         et tout li signeur, et se departi li parlemens sour cel
     25  estat, et furent nommet et escript li baron et li chevalier
         qui en Portingal iroient avoecques le conte de
         Cambruge.


         § 211. Li dus de Lancastre ordonna toutes ses
         besongnes et se departi dou roi et de ses frères, et,
     30  au congiet prendre au conte de Cambruge, son frère,
         il li jura par sa foi loiaulment que, li revenu d’Escoce,
   [92]  il ordonneroit tellement ses besongnes que il le sieuroit
         hastéement en Portingal, voire se plus grans
         empechemens, que il ne veoit encores, ne estoient
         apparant en Engletière n’i avenoient. Sus cel estat,
      5  se departi li dus de Lancastre et prist le chemin d’Escoce,
         et chevaucoit tant seullement li et ses hostés.

         Encores en che parlement darrainement fait à Londres,
         fu ordonnés messires Henris de Persi, contes de
         Northombrelande, à estre regars de toute la terre de
     10  Northombrelande et de l’evesquiet de Durames, rentrant
         jusques en Galles et la rivière de Saverne. Si se
         departi de Londres pour aler celle part, mais che fu
         quinse jours apriès chou que li dus de Lancastre fu
         partis. Ossi se departi dou roi et dou conte de Bouquighem,
     15  son frère, li contes de Cambruge, pour aler
         ens ou voiage que il avoit empris. Si fist faire ses
         pourveances à Pleumoude, un port sus mer en la conté de
         Barquesière, et s’en vint là tout premiers et enmena
         avoecques lui sa femme, madame Isabel, et sen fil
     20  Jehan, et estoit li intention de li telle, et il l’acompli,
         que il les menroit en Portingal. Avoec le conte de Cambruge
         estoient de signeurs: premierement messires
         Mahieux de Gournai, connestables de l’ost, messires li
         canonnes de Robersart, messires [Raimons] de Castiel
     25  Noef, messires Guillaume de Biaucamp, mareschaulx
         de l’ost, le soudich de l’Estrade, le signeur de la Barde,
         le signeur de Thaleboz, messires Guillaume Helmen,
         messires Thumas Simon, Milles de Windesore, messires
         Jehans de [Sandevich] et pluiseurs autres; et
     30  estoient le somme de cinc cens hommes et otant d’archiers.
         Si vinrent cil signeur et leurs gens à Pleumoude,
         et là se logièrent ou ens es villages d’environ, pour
   [93]  attendre vent et cargier leurs vaissaux petit à petit; et
         ne devoient passer nuls chevaulx, car li chemins est
         trop loing d’Engletière jusques à Lusebonne en Portingal.
         Et estoit li chevaliers portingallois, messires Jehans
      5  [Frenando] en leur compaignie, qui s’en aloit avoecq
         eulx. Si sejournèrent plus de trois sepmaines sus le
         mer, en faissant leurs pourveances et en attendant
         vent, que il avoient contraire.

         Et entrues s’en aloit li dus de Lancastre vers Escoce,
     10  et fist tant par ses journées que il vint à le chitté de
         Beruich, c’est le darrainne ville à ce lés là de toute
         Engletière; et, quant il fut là venus, il s’i aresta et
         envoia un hirault en Escoce deviers le roi et les barons,
         et leur mandoit que il estoit là venus pour traire sour
     15  marce, enssi que d’usage avoient eu dou tamps passé,
         et, se il se voloient traire avant, il en fust segnefiiés:
         autrement il savoit bien qu’il en avoit à faire. Li hiraus
         dou duc parti de Bervich et chevaucha vers Haindebourcq,
         où li rois Robers d’Escoce, li contes de Douglas,
     20  li contes de le Mare, li contes de Mouret et li
         baron d’Escoce estoient tout asamblé, car il avoient ja
         entendu que li dus de Lancastre venoit celle part pour
         traitier à euls, et pour che s’estoient il mis en la
         souverainne ville d’Escoce, sus les frontières d’Engletière,
     25  tout ensamble, et enssi les trouva li hiraus d’Engletière
         envoiés de par le duc de Lancastre, liquels fist
         son message bien et à point, et fu bien et volentiers
         oïs, et eut responsse de par les signeurs d’Escoce qui
         li dissent enssi que volentiers il oroient le duc parler.
     30  Si rapporta li hiraus sauf conduit pour le duc de Lancastre
         et toutes ses gens, à durer tant comme il seroient
         sur marce et que il parlementeroient ensamble. Et s’en
   [94]  retourna li hiraus confortés et pourveus des asseurances,
         et retourna à Bervich, et monstra au duc tout
         ce que fait avoit. Sur ce, li dus de Lancastre se departi
         de Bervich, mais à son departement il laissa toutes ses
      5  pourveances en la ville, et puis prist le chemin de
         Rosebourc, et là se loga une nuit, et à l’endemain il
         s’en vint logier en l’abbeïe de Mauros sur la [Tuide]
         (c’est une abbeïe qui depart les deus roiaulmes, Escoce
         et Engletière), et là se tint li dus et ses hostels tant
     10  que li Escot furent venu à la [Morlane], à trois petites
         liewes de là; et, quant il furent venu, li dus en fu
         segnefiiés. Si commenchièrent li traitiet et li parlement
         entre les Escos et les Englès, et durèrent plus de quinse
         jours.

     15  En ces tretiés durans et parlemens faissans, avinrent
         en Engletière très grans meschiés de rebellions et de
         esmouvement de menu peuple, par lequel fait Engletière
         en fu sus le point que de estre toute perdue sans
         recouvrier, ne onques roiaulmes ne païs n’en fu [en
     20  si] grant peril ne aventure comme il le fu en celle
         saisson; et, pour la grant aisse et craisse où li menus
         peuples d’Engletière gratoit et vivoit, s’esmut et esleva
         ceste rebellion, enssi que jadis s’esmurent et eslevèrent
         en France li Jaque Bonhomme, qui i fissent moult de
     25  maulx et par quels incidensses li nobles roiaulmes de
         France a esté moult grevés.


         § 212. Che fu une mervilleuse cose et de povre fondacion,
         dont ceste pestillensse commencha en Engletière;
         et, pour donner exemple à toutes manières de
     30  bonnes gens, j’en parlerai et le remonstrerai selonc ce
         que dou fait et de le incidensse j’en fui adont infourmés.
   [95]  Uns usages est en Engletière, et ossi est il en
         pluiseurs païs, que li noble ont grant francisse sus
         leurs hommes et les tiennent en servage, c’est à entendre
         que il doivent de droit et par coustume labourer
      5  les terres des gentils hommes, quellier les grains
         et amener à l’ostel, mettre en la grange, batre et vaner,
         et par servage les fains fener et amener à l’ostel, la
         busce copper et amener à l’ostel, et toutes telles oevres;
         et doient cil homme tout ce faire par servage as
     10  signeurs, et trop plus grant fuisson de tels gens a en
         Engletière que ailleurs, et en sont li gentil homme et
         li prelat ou doient estre servi, et par especial en la
         conté de Kemt, d’Exsexs, de Sousexs et de [Beteforde]
         en i a plus que ens ou demorant de toute Engletière.

     15  Ches meschans gens ens es contrées que j’ai nommées
         se commenchièrent à eslever, pour che que il
         dissoient que on les tenoit en trop grande servitude,
         et que au commenchement dou monde il n’avoit esté
         nuls sers ne nuls n’en pooit estre, se il ne faissoit traïson
     20  envers son signeur, enssi comme Lucifer fist envers
         Dieu; mais il n’avoient pas celle taille, car il ne estoient
         ne engle ne esperit, mais homme fourmet à la samblance
         de leurs signeurs, et on les tenoit comme bestes,
         laquel cose il ne voloient ne pooient plus souffrir, mais
     25  voloient estre tout un, et, se il labouroient ou faissoient
         aucuns labourages pour leurs signeurs, il en
         voloient avoir leur salaire.

         En ces esrederies les avoit dou tamps passet grandement
         mis et boutés uns fols prestres d’Engletière,
     30  de la conté de Kemt, qui s’appelloit Jehans Balle, et,
         pour ses folles parolles, il en avoit jeut en prison
         devers l’arcevesque de Cantorbie par trop de fois, car
   [96]  cils Jehans Balle avoit eut d’usage que, les jours dou
         diemence après messe, quant toutes les gens issoient
         hors dou moustier, il s’en venoit en [l’aitre] et là praiechoit
         et faissoit le peuple assambler autour de li, et
      5  leur dissoit: «Bonnes gens, les coses ne poent bien
         aler en Engletière ne iront jusques à tant que li bien
         iront tout de commun et que il ne sera ne villains ne
         gentils homs, que nous ne soions tout ouni. A quoi
         faire sont cil, que nous nommons signeur, plus grant
     10  maistre de nous? A quoi l’ont il deservi? Pour quoi nous
         tiennent il en servitude? Et, se venons tout d’un père
         et d’une mère, Adam et Eve, en quoi poent il dire ne
         monstrer que il sont mieux signeur que nous, fors
         parce que il nous font gaaignier et labourer ce que il
     15  despendent? Il sont vestu de velours et de camocas
         fourés de vair et de gris, et nous sommes vesti de
         povres draps. Il ont les vins, les espisses et les bons
         pains, et nous avons le soille, le retrait [et] le paille,
         et [buvons] l’aige. Ils ont le sejour et les biaux manoirs,
     20  et nous avons le paine et le travail, et le pleue
         et le vent as camps, et faut que de nous viengne et
         de nostre labeur ce dont il tiennent les estas. Nous
         sommes appelé serf et batu, se nous ne faissons presentement
         leur service; et [si] n’avons souverain à qui nous
     25  nos puissons plaindre ne qui nous en vosist oïr ne droit
         faire. Alons au roi, il est jovenes, et li remonstrons nostre
         servitude, et li dissons que nous vollons qu’il soit autrement,
         ou nous i pourverrons de remède. Se nous i alons
         de fait et tout ensamble, toutes manières de gens qui
     30  sont nonmé serf et tenu en servitude, pour estre afranchi,
         nous sieuront. Et, quant li rois nous vera ou [orra],
         ou bellement ou aultrement, de remède il i pourvera.»
   [97]  Enssi dissoit cils Jehans Balle et parolles semblables
         les diemences par usage, à l’issir hors des messes as
         vilages, de quoi trop de menues gens l’ooient. Li aucun
         qui ne tendoient à nul bien disoient: «Il dist voir!»
      5  et murmuroient et recordoient l’un à l’autre as camps
         ou alans leurs chemins ensamble de village à autre ou
         en leurs maisons: «Tels coses dist Jehans Balle, et [si]
         dist tout voir.» Li archevesques de Cantorbie, qui en
         estoit enfourmés, faissoit prendre che Jehan et le
     10  mettre en prisson, et l’i tenoit deus ou trois mois pour
         li castiier; et mieux vausist que très la première fois
         il l’eust condempné à tousjours en prisson ou fait
         morir que che que il en faissoit, car il le delivroit et
         n’avoit point consience de li faire morir; et, quant
     15  Jehans estoit hors de le prisson de l’arcevesque, il
         rentroit en sa russe comme en devant.

         De sa parolle, de sa vie et de ses oevres furent aviset
         et enfourmet trop grant fuisson de menues gens en
         la citté de Londres, qui avoient envie sur les rices et
     20  sour les nobles, et commenchièrent à dire entre euls
         que li roiaulmes d’Engletière estoit trop mal gouvrenés,
         et que il estoit d’or et d’argent desroeubés par
         ceulx qui se nommoient nobles: si commenchièrent
         ces mescheans gens en Londres à faire le mauvais et à
     25  iaulx reveler et segnefiier à ceulx des contrées dessus
         dites que il venissent hardiement à Londres et amenaissent
         leur peuple, il trouveroient Londres ouverte
         et le commun de leur acord, et feroient tant devers le
         roi que il n’i aroit nul serf en Engletière.


     30  § 213. A ces proumesses s’esmurent chil de la conté
         de Kemt, cil d’Exsexs, de Sousexses, de Beteforde et
   [98]  des païs d’environ, et se missent au chemin et vinrent
         vers Londres; [et se assemblèrent de pluseurs contrées
         et de pluseurs villages au retour de Londres], et estoient
         bien soissante mille, et avoient un souverain cappitain,
      5  qui s’appelloit Wautre Tillier; avoecques li estoient, et
         de sa compaignie, Jaque Strau et Jehan Balle. Cil troi
         estoient li souverain cappitainne de tous, et, le grigneur
         entre eulx, c’estoit Wautre Tillier; et cils Wautres estoit
         uns couvrères de maisons de tieulle: mauvais gars et
     10  envenimés estoit. Quant ces mescheans gens se commenchièrent
         à eslever, sachiés, li Londriien, excepté cil de
         leur sexte, en furent tout effraé, et eurent conseil li
         maires de Londres et li rice homme de la ville, quant
         il les sentirent enssi venir de tous costés, que il leur
     15  fremeroient les portes et n’en lairoient nul entrer en
         la ville, enssi qu’il fissent. Mais, quant il [eurent] tout
         l’afaire bien imaginet, [il dissent] que non feroient et
         que il se metteroient en grant peril de tous leurs fourbours
         ardoir. Si leur ouvrirent leur ville, et il i entrèrent
     20  ens par [fous] d’un village cent ou deus cens ou
         vint ou trente, enssi que les villes estoient peuplées;
         et, enssi que il venoient en Londres, il se logoient. Et
         sachiés en verité que bien les troi pars de ces gens ne
         savoient que il se demandoient ne qu’il queroient, mais
     25  sieuoient l’un l’autre, enssi que bestes et enssi que li
         Pastouriel fissent jadis, qui dissoient que il aloient
         conquerre la Sainte Terre, et puis tout ala à noient.
         Enssi venoient ces povres gens et cil villain à Londres
         de cent lieues, de soissante lieues, de quarante lieues,
     30  de vint lieues et de toutes les contrées environ Londres;
         mais la grigneur plenté en vint des terres dessus
         dittes de la conté de Kemt et d’Exsexs, et demandoient
   [99]  en venant le roi. Li gentil homme dou païs,
         chevalier et escuier, se commenchièrent à doubter,
         quant il sentirent tel peuple reveler, et, se il furent en
         doubte, il i ot bien raison, car pour mains s’effrée on
      5  bien. Si se commenchièrent à mettre ensamble au
         mieux et au plus bel qu’il peurent.

         En che jour que ces meschans gens de la conté de
         Kemt venoient à Londres, retournoit de Cantorbie la
         mère dou roy d’Engletière, la princesse de Galles, et
     10  venoit de pelerignage. Si en fu en trop grant aventure
         de estre perdue par eux, car ces mescans gens saloient
         sur son char en venant et li faissoient moult de desrois,
         de quoi la bonne dame fu en grant esmai de li
         meïsmes que par [aucune] cose il ne li fesissent violensse
     15  ou à ses damoiselles. Toutesfois Dieux l’en garda,
         et vint en un jour de Cantorbie à Londres, ne onques
         ne s’osa anuitier sour le chemin.

         A ce jour estoit li rois Richars, ses fils, ens ou castiel
         de Londres; si vint là le princesse et trouva le roi,
     20  dalés li le conte de Sasleberi, l’arcevesque de Cantorbie,
         messire Robert de Namur, le signeur de Gommegnies
         et pluiseurs autres, qui se tenoient tout dalés li
         pour le doutance de ces gens qui se reveloient enssi,
         et ne savoient que il demandoient. Et cheste rebellion
     25  estoit bien sceue en l’osteil dou roi avant que il le
         monstraissent ne que cils peuples isist hors de leurs
         lieux; et, se n’i metoit point li rois remède ne conseil,
         dont on se poeut moult esmervillier; et, afin que tout
         signeur et bonnes gens qui ne voellent que bien i
     30  prendent exemple pour corigier les mauvais et les
         rebelles, je vous esclarcirai che fait tout plainement,
         enssi qu’il fu demenés.


  [100]  § 214. Le lundi, le premier jour de la sepmainne, à
         bonne estrine, devant le jour dou Sacrement, en l’an
         mille trois cens quatre vins et un, se departirent ces gens
         et issirent hors de leurs lieux pour venir vers Londres
      5  et pour parler au roi et pour estre tout franc, car il
         voloient que il n’i eust nul serf en Engletière. Et s’en
         vinrent à Saint Thomas de Cantorbie, et là estoient Jehans
         Balle, qui quidoit trouver l’arcevesque dou dit leu (mais
         il estoit à Londres avoecques le roi), Wautre Tieullier et
     10  Jaques Strau. Quant il entrèrent en Cantorbie, toutes
         gens leur firent feste, car toute li ville estoit de leur
         sexte, et là eurent conseil et parlement ensamble que
         il venroient à Londres deviers le roi; et envoièrent de
         leurs gens et de leurs compaignons oultre le Tamisse
     15  en Exsexs, en Sousexsexs, en la conté de Stafort et de
         Betefort parler au peuple, que tout venissent de l’autre
         costé à Londres: si encloroient Londres. Enssi ne leur
         poroit li rois escaper, et estoit leur intention que, le
         jour dou Sacrement ou l’endemain, il se trouveroient
     20  tout ensamble.

         Cil qui estoient en Cantorbie entrèrent en l’abbeïe
         de Saint Thomas et i firent moult de desrois, et pillèrent
         et fustèrent le cambre de l’arcevesque, et dissoient, en
         pillant et en portant hors: «Cils canceliers d’Engletière
     25  a eu bon marchié de ce meuble: il nous rendera
         conte temprement des revenues d’Engletière et des
         grans pourfis que il a levés puis le couronnement dou
         roi.» Quant il eurent che lundi fusté l’abbeïe de Saint
         Thomas et l’abeïe de Saint Vinchant, il se partirent
     30  [l’endemain] au matin, et tous li peuples de Cantorbie
         avoecq eulx, et prissent le chemin de Roceste. Et
         enmenoient toutes gens des villages à destre et à
  [101]  senestre, et, en cheminant et allant, il fondefloient et
         abatoient, enssi que uns tempestes, maisons d’avocas
         et de procureurs de le court dou roi et de l’arcevesque,
         et n’en avoient nulle merci.

      5  Quant il furent venu à Rocestre, on leur fist grant
         chière, car les gens de la ville les attendoient, qui
         estoient de leur sexte, et alèrent ou castiel et prissent
         le chevalier qui gardiiens en estoit et cappitainne de la
         ville, et se nommoit messires Jehans Meuton. [Si] li
     10  dissent: «Il faut que vous en venés avec nous et que
         vous soiés nos souverains menères et cappitains, pour
         faire che que nous voldrons.» Li chevaliers s’excusa
         moult bellement, et remonstra pluiseurs raisons d’escusances,
         se elles peussent riens valloir, mais nenil,
     15  car on li dist: «Messire Jehan, messire Jehan, se vous
         ne faites ce que nous vollons, vous estes mors!» Li
         chevaliers veoit che peuple tout foursené et aparilliet
         de li ochire: si doubta le mort, et obeï à eux, et se
         mist oultre son gré en leur route.

     20  Tout en tel manière avoient fait cil des autres contrées
         d’Engletière, d’Exsexes, de Sousexses, de Kemt,
         de Stafort, de Betefort, de l’evesquiet de [Norduich],
         jusques à [Gernemue] et jusques à [Line], et mis les
         chevaliers et les gentils hommes en leur obeïssance, et
     25  tels que le signeur de [Morlais], un grant baron, messire
         Estièvene de Halles et messire [Estienne] de [Cosington],
         et les faissoient venir avoec eux.

         Or, regardés le grant derverie. Se il fuissent venu à
         leur entente, il eussent destruit tous les nobles en
     30  Engletière; et après en autres nations tous menus
         peuples se fust revelés, et prendoient piet et example
         sour cheux de Gaind et de Flandres, qui se rebelloient
  [102]  contre leur signeur. Et en celle propre anée li Parisiien
         le fissent ossi et trouvèrent à faire les maillès de fier,
         dont il fissent plus de vint mille, sicom je vous recorderai
         quant je serai venus jusques à là, mais nous
      5  poursieurons à parler premierement de ceulx d’Engletière.


         § 215. Quant cils peuples, qui estoit logiés à Rocestre,
         eurent fait che pour quoi il estoient là venu, il se
         departirent et passèrent la rivière et vinrent à Brainforde,
     10  et toudis tenant leur oppinion d’abatre à destre et à
         senestre devant eux hostels et mansions d’avocas et
         de procureurs. Ne nul n’en deportoient, et copèrent
         en venant à pluiseurs hommes les testes et cheminèrent
         tant qu’il vinrent à quatre lieues de Londres, et se
     15  logièrent sour une montaigne que on appelle ou païs
         Blaquehède, c’est à dire en françois la Noire Bruière,
         et dissoient en venant que il estoient au roi et au noble
         commun d’Engletière.

         Quant cil de Londres seurent que il estoient si priès
     20  d’eux logiés, il fremèrent le porte dou pont de la
         Tamise et i missent gardes; et ceste ordonnance fist
         faire li maires de Londres, sire Jehans Walourde, et
         pluiseurs rices bourgois de Londres qui n’estoient pas
         de leur sexte, mais il en i avoit en Londres de menues
     25  gens plus de trente mille.

         Adont eurent avis chils peuples, qui estoit logiés sour
         la montaigne de Blaquehède, que il envoieroient leur
         chevalier devers le roi parler à li qui estoit en la Tour,
         et li manderoient que il venist parler à eux, et que
     30  tout ce que il faisoient, c’estoit pour li, car li roiaulmes
         d’Engletière un[e] grant fuison d’ennées avoit esté mal
  [103]  gouvrenés à l’honneur dou roiaulme et au pourfit du
         menu peuple, et par ses oncles et par son clergiet et
         princhipaument par l’arcevesque de Cantorbie, son
         cancelier, dont il voloient ravoir compte.

      5  Li chevaliers n’osa dire ne faire dou contraire, que
         il ne venist sus le Tamisse à l’encontre de la Tour, et
         se fist naviier oultre l’aighe. Li rois et cil qui estoient
         ou castiel de Londres, qui desiroient à oïr des nouvelles,
         quant il veïrent le batelet venir fendant la
     10  Tamisse, si dissent: «Vechi aucune ame qui nous
         aporte nouvelles!» Et estoient, je vous di, en grant
         doubtance là dedens. Evous venir au rivage le chevalier:
         on li fist voie; on le mena devant le roi qui estoit
         en une cambre, le princesse sa mère dallés li et ses
     15  deus frères, messire Thumas le conte de Kemt, messire
         Jehans de Hollandes, le conte de Sasebry, le conte de
         Waruich, le conte d’Asquesuffort, l’archevesque de
         Cantorbie, le grant prieux d’Engletière dou Temple,
         messire Robert de Namur, le signeur de Vertaing, le
     20  signeur de Gommegnies, messire Henri de Senselles,
         le maire de Londres et aucuns bourgois notables de
         Londres, qui tout se tenoient dalés le roi. Li chevaliers
         messires Jehans Meuton, qui bien fu cogneus entre
         iaulx, car il estoit officiers dou roi, se mist en genous
     25  devant le roi, et li dist: «Mon très redoubté signeur,
         ne voelliés mies prendre en desplaissance le mesage
         que il me convient faire, car, chiers sires, c’est de
         force que je sui venus si avant.»--«Nenil, dist li
         rois, messire Jehan, dites che dont vous estes cargiés:
     30  je vous tieng pour excusé.»--«Très redoubtés
         sires, li communs de vostre roiaulme m’envoie
         devers vous pour traitiier, et vous prient que vous
  [104]  voelliés venir parler à eux sus la montaigne de la
         Blaquehède, car il ne desirent nullui à avoir que vous;
         et n’aiés nulle doubtance de vostre personne, car il
         ne vous feront ja mal, et vous tiennent et tenront tousjours
      5  à roi; mais il vous monsteront, che dient, pluiseurs
         coses qui vous sont necessaires à oïr, quant il
         parleront à vous, desquels coses je ne sui pas cargiés
         de vous dire. Mais, très chiers sires, voelliés moi donner
         response telle qui les apaisse et que il sachent de
     10  verité que j’aie esté [devers] vous, car il ont mes
         enffans en ostages pour moi vers euls et les feroient
         morir, se je ne retournoie.» Respondi li rois: «Vous
         arés response, et tantos.»

         Adont se consilla li rois, et demanda quel cose estoit
     15  bonne à faire de ceste requeste. Li rois fu adont consilliés
         que le matin le joedi il venissent aval sus la
         rivière de Tamisse et que sans faute il iroit parler à
         eulx. Quant messires Jehans Meuton eut celle response,
         il ne demanda plus: il prist congiet au roi et as
     20  barons et rentra en son batiel et rapassa la Tamisse,
         et retourna sus la montaigne où il avoit plus de soissante
         mille hommes, et leur donna response que à
         l’endemain au matin il envoiaissent leur conseil sus la
         Tamisse, que li rois venroit là parler à eux. Ceste
     25  responsse leur plaissi grandement, et s’en contentèrent
         tout, et passèrent le nuit au mieux qu’il peurent. Et
         sachiés que les quatre pars d’eus junèrent par deffaute
         de vivres, car il n’en avoient nuls, dont il estoient
         tout courouchiet, et c’estoit raisons.


     30  § 216. En che tamps estoit li contes de Bouquighem
         en Galles, car il i tient bel hiretage et grant de par sa
  [105]  femme, qui fu fille au conte de Norhantonne et de
         Herffort; mais la vois estoit tout commune aval Londres
         que il estoit avoeques che peuple, et dissoient li aucun
         pour certain que il l’i avoient veu, pour un Thomas,
      5  qui trop bien le resambloit, de la conté de Kemt, qui
         estoit entre eulx.

         Li contes de Cambrage et li baron d’Engletière, qui
         gissoient à Pleumonde et qui apparilloient leurs vaissaulx
         pour aler en Portingal, estoient tout enfourmé
     10  de ceste rebellion et dou peuple qui se commenchoit
         à eslever: si se doubtèrent que leurs voiages n’en fust
         rompus ou que li communs d’Engletierre, de Hantonne,
         de Wincestre et de le conté d’Arondiel ne les
         venist courir sus. Si desancrèrent leurs nefs et issirent
     15  hors dou havene à grant painne et à vent contraire,
         et se boutèrent en le mer, et là ancrèrent, atendant vent.

         Li dus de Lancastre, qui estoit sus marce entre le
         Mourlane, Rosebourc et [Miauros], et qui là parlementoit
         as Escos, estoit ossi tous enfourmés de ceste rebellion
     20  et de sa personne en grant doubte, car bien savoit
         que il estoit petitement en le grace dou commun d’Engletière;
         mais nonobstant toutes ces coses, [si] demenoit
         il moult sagement ses traitiés envers les Escochois. Li
         contes [de] Douglas, li contes de Mouret, li contes de
     25  Surlant, messires Thumas de Verssi et chil Escot, qui
         pour le roi et le païs d’Escoche faissoient et menoient ces
         tretiés, savoient bien toute la rebellion d’Engletière et
         comment li peuples se commenchoit de toutes pars à
         rebeller contre les nobles; si dissoient: «Engletière
     30  gist en grant branle et peril que de estre toute destruite.»
         Et vous di que ens leurs traitiés il s’en tenoient
         plus fort enviers le duc de Lancastre et son conseil.

  [106]  Or parl[er]ons dou commun d’Engletière, comment
         il perseverèrent.


         § 217. Quant che vint le jour du Saint Sacrement
         au matin, li rois Richars d’Engletière oï messe en la
      5  Tour de Londres, et tout li signeur. Apriès messe, il
         entra en sa barge, li contes de Sasleberi, li contes de
         Waruich, li contes d’A[cque]sufort et aucun chevalier
         en sa compaignie, et naviièrent à rimes pour venir
         oultre la Tamisse sour le rivage, en alant vers le Rideride,
     10  un manoir dou roi, où plus avoit plus de dis mille
         bons hommes qui là estoient descendu de la montaigne,
         pour veoir le roi et pour parler à lui. Quant il veïrent
         la barge dou roi venir, il commenchièrent tout à huer
         et à donner un si grant cri que che sambloit proprement
     15  que tout li diable d’infer fussent venu en leur
         compaignie. Et vous di que il avoient amené messire
         Jehan Meuton, leur chevalier, avoecques euls, à le fin
         que, se li rois ne fust venus et que il l’euissent trouvé
         en bourde, il l’eussent devoret et detrenchiet pièce à
     20  pièce. Tout che li avoient il proumis.

         Quant li rois et li signeur veïrent che peuple qui
         enssi se demenoit, il n’i ot si hardi que tout ne fuissent
         effraé, et n’eut mies li rois conseil des barons qui là
         estoient que il presist terre, mais commenchièrent à
     25  wauler la barge amont et aval sus le rivière, et dont
         dist li rois: «Signeur, que vollés vous? Dites le moi.
         Je sui chi venus pour parler à vous.» Il li dirent de
         une vois, chil qui l’entendirent: «Nous volons que
         tu viegnes sus terre, et nous te monsterons et dirons
     30  plus aissiement che qu’il nous fault.» Adont respondi
         li contes de Sasleberi pour le roi, et dist: «Signeur,
  [107]  vous n’iestes mies en estat ne en arroi que li rois
         doie maintenant parler à vous.» A ces mos, il n’i ot
         plus riens dit. Li rois fu consilliés dou retourner, et
         retourna ens ou castiel de Londres, dont il estoit
      5  partis.

         Quant ces gens veïrent que il n’en aroient autre
         cose, si furent tout enflamé d’aïr et retournèrent en
         la montaigne où li grans peuples estoit, et recordèrent
         comment on leur avoit respondu et que li rois estoit
     10  rallés en la Tour à Londres. Adont criièrent il tout
         de une vois: «Alons tos à Londres!» Lors se missent
         il au chemin, et s’avalèrent sus Londres, en fondeflant
         et abatant manoirs d’abés, d’avocas et de gens de
         court, et vinrent en es fourbous de Londres qui sont
     15  grant et bel. Si i abatirent pluiseurs biaulx hostels,
         et par especial il abatirent les prisons dou roi que
         on dist les Mareschauchies, et furent delivret tout li
         prisonnier qui dedens estoient; et fissent en ces fourbous
         moult de desrois, et manechoient à l’entrée dou
     20  pont ceulx de Londres pour tant que il avoient clos
         les portes dou pont, et dissoient que il arderoient tous
         leurs fourbours et conqueroient Londres par force, et
         l’arderoient et destruiroient toute.

         Li communs de Londres (moult en i avoit, qui
     25  estoient de leur acord) se missent ensamble et demandèrent:
         «Pour quoi ne laist on ces bonnes gens entrer
         en la ville? Ce sont nos gens, et tout ce qu’il font, c’est
         pour nous.» Adont de force il convint que les portes
         fuissent ouvertes. Si entrèrent ens ces gens tous afamés,
     30  et se boutèrent tantos par ces maisons bien
         pourveues de pourveances, et s’ataquièrent au boire
         et au mengier. On ne leur veoit riens, mais estoit on
  [108]  tout rebrachiet de faire bonne chière et de mettre avant
         vivres et boires, pour iaulx apaissier.

         Adont s’en alèrent les cappitainnes, Jehan Balle,
         Jaque Strau et Vautre Tieullier, tout droit parmi
      5  Londres, en leur compaignie plus de trente mille
         hommes, à l’ostel de Savoie, ou chemin de Wesmoustier
         le palais dou roi, un très bel ostel seant sus le
         Tamisse et hostel au duc de Lancastre. Tantos il
         entrèrent ens et tuèrent les gardes et l’ardirent en
     10  feu et en flame. Quant il eurent fait cel outrage, il ne
         se cessèrent mies atant, mais s’en alèrent à le maison
         de l’Oppitalier de Rodes, que on dist Saint Jehan
         de [Calerwille], et ardirent maison, hospital, moustier
         et tout. Avoec tout ce, il allèrent de rue en rue, et
     15  tuèrent che jour tous les Flamens que il trouvèrent en
         eglises, en moustiers et en maisons partout, ne nuls
         n’estoit deportés. Et efforchièrent pluiseurs maisons
         de Lombars et prissent des biens, qui dedens estoient,
         à leur vollenté, car nuls ne leur ossoit aler au devant.
     20  Et tuèrent un rice homme en la ville, que on appelloit
         Richart Lion, auquel, dou tamps passé, en France,
         Wautre Tieullier, ens es guerres, avoit esté varlès;
         mais Richart Lion avoit une fois batu son varlet. Si
         l’en souvint et i mena ses gens, et li fist coper la teste
     25  devant li et mettre sus une glave et porter parmi les
         rues de Londres. Enssi se demenoit cils mescheans
         peuples comme gens foursenés et esragiés, et fissent
         ce joedi moult de desrois parmi Londres.


         § 218. Quant che vint sus le soir, il s’en vinrent
     30  tout logier et amaignagier en le place que on dist
         Sainte Katerine, devant le Tour et le castiel de Londres,
  [109]  et dissent que jamais de là ne partiroient si aroient
         eu le roi à leur vollenté, et leur aroit acordé tout che
         que il demandoient; et dissoient oultre que il voloient
         conter au cancelier d’Engletière et savoir que li grans
      5  avoirs que on avoit levé parmi le roiaulme d’Engletière
         puis cinc ans estoit devenus, et, se il n’en rendoit
         boin compte et souffissant à leur plaissance, mal
         pour lui. Sus cel estat, quant il eurent tout le jour fait
         parmi Londres as estraingniers des mauls assés, se
     10  logièrent il devant la Tour.

         Si poés bien croire et savoir que ce estoit grans
         hideurs pour le roi et pour ceuls qui là dedens avoec
         lui estoient, car à le fois chils mescheans peuples
         huoit si hault que il sambloit que tout li diable d’infer
     15  fuissent entre iaulx. Sus le soir avoient eu en conseil
         li rois d’Engletière, si frère et si baron qui en la Tour
         estoient, parmi l’avis de sire Jehan Walourde, maieur
         de Londres, et de aucuns bourgois notables de Londres,
         que sus le mienuit on venroit tout armet par quatre
     20  rues de Londres courir sus ces mescheans gens, qui
         bien estoient soissante mille, entrues que il dormiroient,
         car il seroient tout enivré, et en tueroit on
         otant que de mousches, car, de vint, un il n’en i aroit
         nul armet, et vous di que ces bonnes gens et rices
     25  gens de Londres estoient bien aissiet de tout che faire,
         car il avoient en leurs maissons repus secretement
         leurs amis et leurs varlès, qui estoient tout armet. Et
         ossi messires Robers Canolles estoit en son hostel et
         gardoit son tresor à plus de sis vint compaignons tous
     30  aprestés, qui tantos fuissent sailli avant, se il en
         euissent esté manchevi; ossi fust messire Perducas de
         Labret, qui pour che tamps estoit à Londres. Et se
  [110]  fuissent bien trouvet entre set et uit mille hommes
         tous armés; mais il n’en fu riens fait, car on doubta
         trop le demorant dou commun de Londres, et dissent
         li sage au roi, li contes de Sasleberi et li autre: «Sire,
      5  se vous les poés apaissier par belles parolles, c’est le
         milleur et le plus pourfitable, et leur acordés tout ce
         que il demandent liement, car, se nous commenchiens
         cose que nous ne peuissiens achiever, il n’i aroit jamais
         nul recouvrier que nous et nos hoirs ne fuissons desert
     10  et Engletière toute deserte.» Cils consaulx fu tenus,
         et contremandés li maires que il se tenist tous quois et
         ne fesist nul samblant de esmeutin. Il obeï: che fu
         raissons. En la ville de Londres avoecques le maieur
         a douse eschevins; li noef estoient pour li et pour le
     15  roi, sicom il le monstrèrent, et li troi de la sexte [de]
         ce mescheant peuple, sicom il fu puisedi sceu et cogneu,
         dont il [le] comparèrent moult chier[em]ent.


         § 219. Quant che vint le venredi au matin, chils
         peuples qui estoit logiés en la place de Sainte Cateline
     20  devant le Tour se commenchièrent à aparillier et à
         criier moult hault et à dire que, se li rois ne venoit
         parler à eux, il assauroient le castiel et le prenderoient
         de force et ociroient tous ceuls qui dedens estoient.
         On doubta ces manaces et ces parolles, et eut li rois
     25  conseil que il isteroit parler à euls, et leur envoia dire
         que il se traïssissent tout au dehors de Londres en
         une place que on dist le [Milinde], une moult belle
         prée, [où] les gens vont esbattre en esté, et là leur
         acorderoit li rois et [otroieroit] tout che que il
     30  demanderoient. Li maires de Londres leur noncha tout cela
         et fist le crit de par le roi que, qui voloit parler au roi,
  [111]  il alast en le place dessus dite, car li rois iroit sans
         faute.

         Adont se commenchièrent à departir ces gens les
         communs des villages et iaus à traire et à aler celle
      5  part, mais tout n’i alèrent mies, et n’estoient mies
         tout de une condition, car il en i avoit pluiseurs qui
         ne demandoient que le rihote et le destrution des
         nobles et Londres estre toute courue et pillie. Che
         estoit le principaulx matère pour quoi il avoient
     10  commenchiet, et bien le monstroient, car, sitrestos que la
         porte dou castiel fu ouverte et que li rois en fu issus
         et si doi frère, li contes de Sasleberi, li contes de
         Waruich, li contes d’Aquesufort, messires Robers de
         Namur, li sires de Vertaing, li sires de Goumegnies
     15  et pluiseur autre, Wautre Tieullier, Jaques Strau et
         Jehan Balle et plus de quatre cent entrèrent ens ou
         castiel et l’efforchièrent, et sallirent de cambre en
         cambre et trouvèrent l’arcevesque de Cantorbie, que
         on appeloit Simon, vaillant homme et preudomme
     20  durement, cancelier d’Engletière, liquelx avoit tantos
         fait le divin office et celebré messe devant le roi; il
         fu pris de ces gloutons et là tantos decollés. Ossi fu li
         grans prieus de Saint Jehan de l’Ospital et uns frères
         meneurs, maistres en medechine, liquels estoit au duc
     25  de Lancastre; et pour che fu il mors ou despit de son
         maistre, et uns sergans d’armes dou roi, que on appelloit
         Jehan Laige, et ces quatre testes missent il sus
         longes glaves et les faissoient porter devant iaulx parmi
         les rues de Londres; et, quant il eurent assés [joué],
     30  il les missent sus le pont de Londres, comme il euissent
         esté traïteur au roi et au roiaulme.

         Encores entrèrent cil glouton en la cambre le princesse
  [112]  et despecièrent tout son lit, dont elle fu si eshidée
         que elle s’en pasma, et fu de ses varlès et [camberières]
         prise entre leurs bras et aportée bas en une
         posterne sour le rivage et misse en un batiel, et de là
      5  acouverte et amenée [par la rivière en la Riole, et puis
         menée] en un hostel que on dist la Garde Robe la
         Roïne; et là se tint tout le jour et toute la nuit, enssi
         que une femme demi morte, tant que elle fu reconfortée
         dou roi, son fil, sicom je vous dirai ensieuant.


     10  § 220. En venant le roi en celle place que on dist
         la Millinde au dehors de Londres, s’emblèrent de li,
         pour le doutance de la mort, et se boutèrent hors de
         sa route si doi frère, li contes de Kemt et messires
         Jehans de Hollandes. Ossi fist li sires de Goumegnies,
     15  et s’en ala avoecq eulx, et ne s’osèrent amonstrer au
         peuple en celle place de la Milinde.

         Quant li rois fu venus, et li baron dessus nommé
         en sa compaignie, en la place de la Milinde, il trouva
         plus de soissante mille homme[s] de divers lieux et
     20  de divers villages des contrées d’Engletière. Il se mist
         tout enmi eux et leur dist moult doucement: «Bonnes
         gens, je sui vostres rois et vostres sires. Que vous
         fault? Que vollés vous dire?» Adont respondirent cil
         qui l’entendirent et dissent: «Nous volons que tu
     25  nous afranchisses à tous les jours dou monde, nous,
         nos hoirs et nos terres, et que jamais nous ne soions
         tenu ne nommé serf.» Dist li rois: «Je le vous
         acorde. Retraiiés vous bellement en vos lieux et en vos
         maissons, enssi que vous estes chi venu par villages
     30  et laissiés de par vous de cascun village deus ou trois
         hommes, et je leur ferai escripre à pooir lettres et
  [113]  seeler de mon seel, que il en reporteront avoec euls
         quitement, liegement et francement tout ce que vous
         demandés. Et, afin que vous en soiés mieux conforté
         et aseuré, je vous ferai par senescaudies, par casteleries
      5  et par mairies delivrer mes banières.»

         Ces parolles apaissièrent grandement ce menu
         peuple, voire les simples et les novisses et les boines
         gens qui là estoient venu, et ne savoient que il se
         demandoient, et dissent tout hault: «C’est bien dit!
     10  C’est bien dit! Nous ne demandons mieux.» Velà
         che peuple apaissiet, et se commenchièrent à retraire
         en Londres.

         Encores leur dist li rois une parolle qui grandement
         les comptenta: «Entre vous, boines gens de la conté
     15  de Kemt, vous arés une de mes banières, et vous, cil
         d’Exsexes, une, et cil de Sousexses, une autre, et cil
         de Beteforde, une otant bien, et cil de Cambruge, une,
         cil de Gernemue, une, cil de Stafort, une, cil de Line,
         une; et vous pardonne tout ce que vous avés fait
     20  jusques à ores, mais que vous sieuwés mes banières
         et en rallés en vos lieux sour l’estat que j’ai dit.» Il
         respondirent tout: «Oïl.»

         Enssi se departi chils peuples et rentra en Londres,
         et li rois ordonna plus de trente clers che venredi,
     25  qui escripsoient lettres à pooir et seeloient et delivroient
         à ces gens. Et puis se departoient cil qui ces
         lettres avoient, et s’en ralloient en leurs nations, mais
         li grans venins demoroit derière, Wautre Tieullier,
         Jaque Strau et Jehan Balle, et disoient, quoique cils
     30  peuples fust apaissiés, que il ne se partiroient pas
         enssi; et en avoient de leur [acort] plus de trente
         mille. Si demorèrent en Londres et ne pressoient point
  [114]  trop fort à avoir lettres ne seaulx dou roi, mais
         metoient toute leur entente à bouter tel tourble en le
         ville que li riche homme et li signeur fuissent mort
         et leurs maisons fustées et pillies. Et bien s’en doubtoient
      5  li Londriien: pour ce se tenoient il pourveu
         dedens leurs hostels tout quoiement de leurs varlès et
         de leurs amis, cascuns selonc sa poissance. Quant
         cils peuples fu ce venredi apaissiés et retrais en
         Londres, et que on leur delivroit lettres seellées à tous
     10  lés, et que il se departoient sitretos que il les avoient
         et en ralloient vers leurs villes, li rois Richars s’en
         vint en le Riolle en la Garde Robe la Roïne, dist on,
         où la princesse sa mère estoit retraite toute effraée.
         Si le reconforta, enssi que bien le seut faire, et demora
     15  avoecques li toute celle nuit.

         Encores vous voel jou recorder de une aventure qui
         avint, par ces maleoites gens, devant la chitté de Norduich
         et par un cappitaine que il avoient, que on
         appelloit Willaume Listier, liquels estoit de Stafort.


     20  § 221. Che propre jour dou Sacrement, que ces
         mescheans gens entrèrent en Londres et que il ardirent
         l’ostel de Savoie et le moustier et le maison de l’Ospital
         de Saint Jehan dou Temple, et que le prison dou
         roi que on dist [Nieugate] fu par euls rompue et brisie
     25  et tout li prisonnier delivret, et que il fissent tous ces
         desrois que vous avés oï recorder, estoient cil des
         contrées que je dirai premierement de Stafort, de Line,
         de Cambruge, de Beteforde et de Gernemue tout
         eslevé et assamblé, et s’en venoient à Londres devers
     30  leurs compaignons, car enssi l’avoient il ordonné, et
         estoit leurs cappitains uns garnemens qui s’appelloit
  [115]  Listier. En leur chemin, il s’arestèrent devant Norduich,
         et en venant il en faissoient aler avoecq eux toutes
         gens, ne nuls villains ne demoroit derière. La cause
         pour quoi il s’arestèrent devant Norduich, je le vous
      5  dirai.

         Il i avoit un chevalier cappitaine de la ville, qui
         s’appelloit messires Robers Salle. Point gentils homs
         n’estoit, mais il avoit la grace, le fait et le renommée
         de estre sages et vaillans homs as armes, et l’avoit
     10  fait pour sa vaillance li rois Edouwars chevalier, et
         estoit de membres li mieux tournés et li plus fors
         homs de toute Engletière. Listiers et ses routes s’avissèrent
         que il enmenroient che chevalier avoec eux et
         en feroient leur souverain cappitainne: si en seroient
     15  plus cremu et miex amé. [Si] li envoiièrent dire que il
         venist as camps parler à euls, ou il asauroient la citté et
         l’arderoient. Li chevaliers regarda que il valoit mieux
         que il alast parler à eulx, que il fesissent cel outrage; si
         monta sus son cheval et issi tous seuls hors de la ville,
     20  et vint parler à euls. Quant il le virent, il li fissent très
         grant chière et l’onnourèrent moult, et lui prièrent
         que il vosist deschendre de son cheval et parler à
         eulx. Il descendi, dont il fist folie. Quant il fu descendus,
         il l’environnèrent, et puis commenchièrent à traitier
     25  moult bellement, et li dissent: «Robers, vous
         estes chevaliers et uns homs de grant creance en ce
         païs et de renommée, moult vaillans homs, et, quoique
         vous soiiés tels, nous vous connissons bien. Vous
         n’estes mies gentils homs, mais fils d’un villain et
     30  d’un machon, sicom nous sommes. Venés ent avoecques
         nous, vous serés nos maistres, et nous vous
         ferons si grant signeur que li quars d’Engletière sera
  [116]  en vostre obeïssance.» Quant li chevaliers les oï parler,
         [si] li vint à grant contraire, car jamais n’euist
         fait ce marchiet; et respondi, en iaulx regardant moult
         fellement: «Arière, mescans gens, faus et mauvais
      5  traïteur que vous estes! Volés [vous] que je relenquisse
         mon naturel signeur pour telle merdaille que
         vous estes, et que je me deshonneure? J’aroie plus
         chier que vous fuissiés tout pendut, enssi que vous
         serés, car vous n’arés autre fin.» A ces cops il quida
     10  remonter sur son cheval, mais il fali de l’estrier, et
         li chevaulx s’effrea. Adont huèrent il à lui et criièrent:
         «A le mort!» Quant il oï ces mos, il laissa aler son
         cheval et traïst une belle longhe espée de Bourdiaux
         que il portoit, et vous commenche à estoriier et à faire
     15  place autour de li, que ce estoit grans biautés dou
         veoir, ne nuls ne l’ossoit aprochier. Aucun l’aprochoient,
         mais, de cascun cop qu’il jettoit sur euls, il
         leur coppoit ou piet ou teste ou brach ou gambe, ne
         il n’i avoit si hardit qui ne le resongnast; et fist là cils
     20  messires Robers tant d’armes que merveilles. Mais
         ces mescans gens estoient plus de quarante mille: si
         jettoient, traioient et lanchoient sur li, et il estoit tous
         desarmés, et, au voir dire, se il eust esté de fier ou
         d’achier, [si] convenist il que il fust demorés; mais il
     25  en tua tous mors douse, sans ceuls que il mehaigna et
         afolla. Finablement il fu aterrés, et li decoppèrent les
         jambes et les bras, et le detrenchièrent pièce à pièce.
         Enssi fina messires Robers Salle, dont che fu damages,
         et en furent depuis en Engletière courouchiet tout li
     30  chevalier et escuier, quant il en seurent les nouvelles.


         § 222. Le samedi au matin, se departi li rois
  [117]  d’Engletière de la Garde Robe le Roïne qui siet en la
         Riolle, et s’en vint à Westmoustier, et oï messe en
         l’eglise, et tout li signeur avoecques lui. En celle eglise
         a une image de Nostre Dame à une petite cappelle,
      5  qui fait grans miracles et grans vertus, et en lequelle
         li [roi] d’Engletière ont tousjours eu grant confidence
         de creance. Li rois fist là ses orissons devant cel image,
         et se offri à lui, et puis monta à cheval, et tout li
         baron ossi qui estoient dallés li, et pooit estre environ
     10  heure de tierce. Li rois et sa route chevauchièrent
         toute la cauchie pour entrer en Londres; et, quant il
         eut chevauchiet une espasse, il tourna sus senestre
         pour passer au dehors, et ne savoit nuls de verité où
         il voloit aler, car il prendoit le chemin pour passer
     15  au dehors de Londres.

         Che propre jour au matin, s’estoient asamblé et
         quelliet tous les mauvais, desquels Wautre Tieullier,
         Jake Strau et Jehan Balle estoient cappitainne, et venu
         parlementer en une grande place que on dist Semitefille,
     20  où li marchiés des chevaulx est le venredi, et là
         estoient plus de vint mille, tout de une aliance; et
         encores en i avoit biaucop en la ville, qui se desjunoient
         et buvoient par les tavernes à le grenace, à le
         malevissie chiés les Lombars, et riens ne paioient:
     25  encores tout ewireus qui leur pooit faire bonne chière.
         Et avoient ces gens, qui là estoient asamblés, les
         banières dou roi que on leur avoit bailliet le jour
         devant, et estoient sus un propos cil glouton que de
         courir Londres et reuber et pillier ce meïsmes jour, et
     30  dissoient les cappitainnes: «Nous n’avons riens fait:
         ces franchisses que li rois nous a donnet nous portent
         trop petit de pourfit, mais soions tout d’un acord.
  [118]  Courons ceste grosse ville et riche et poissans de
         Londres, avant que cil d’Exsexs et de Sousexsexs, de
         Cambruge, de Beteforde et les autres contrées estrangnes
         d’Arondiel, de Waruich, de Redinghes, de Barkesiere,
      5  d’Asquesufort, de Gillevorde, de Conventré,
         de Line, de Staffort, de Gernemue, de Lincolle, de
         Iorc et de Durames viegnent; car tout venront, et sai
         bien que Bakier et Listier les amenront, et, se nous
         sommes au dessus de Londres, de l’or et de l’argent et
     10  des ricoisses que nous i trouverons et qui i sont, nous
         arons pris premier, ne ja nous ne nous en repentirons,
         car, se nous les laissons, cil qui vienent, che
         vous di, le nous torront.»

         A ce conseil estoient il tout d’accord, quant evous
     15  le roi qui vient en chelle place, acompaigniés de soissante
         chevaulx, et ne pensoit point à eulx, et quidoit
         passer oultre et aler son chemin et laissier Londres.
         Enssi que il estoit devant l’abbeïe de Saint Betremieu
         qui là est, il regarde et voit che peuple. Li rois s’arreste
     20  et dist que il n’iroit plus avant si saroit de ce
         peuple quel cose il leur falloit, et, se il estoient tourblé,
         il les rapaisseroit. Li signeur qui dalés li estoient
         s’arrestèrent, che fu raisons, quant il s’arresta.

         Quant Wautre Thieullier veï le roi qui estoit arestés,
     25  il dist à ses gens: «Velà le roi, je voel ale[r] parler
         à lui: Ne vous mouvés de chi, se je ne vous acène,
         et, se je vous fach che signe ([si] leur fist un signe),
         si venés avant, et ochiiés tout, horsmis le roi. Mais
         au roi ne faites nul mal: il est jones, nous en ferons
     30  nostre volenté, et le menrons partout où nous vorrons
         en Engletière, et serons signeur de tout le royaulme,
         il n’est nulle doubte.»

  [119]  Là avoit un juponnier de Londres, que on appeloit
         Jehan Ticle, qui avoit aporté et fait aporter bien soissante
         jupons, dont aucun de ces gloutons estoient
         revesti, et Thieullier en avoit un vesti. [Si] li demandoit
      5  Jehans: «Hé sire! qui me paiera de mes jupons?
         Il me faut bien trente mars.»--«Apaisse toi, respondi
         Tieulliers, tu seras bien paiiés encores anuit.
         Tient t’ent à moi: tu as crant assés.»

         A ces mos, il esperonne un cheval sur quoi il
     10  estoit montés, et se part de ses compaignons, et s’en
         vient droitement au roi et si priès de li que la queue
         de son cheval estoit sus la teste dou cheval dou roi.
         Et la première parolle qu’il dist, il parla au roi et dist
         enssi: «Rois, vois tu toutes ces gens qui sont là?»
     15  --«Oïl, dist li rois, pourquoi le dis tu?»--«Je le
         di pour ce que il sont tout à men commandement, et
         m’ont tout juré foi et loiauté à faire che que je vaurai.»
         --«A le bonne heure, dist li rois, je voel bien
         qu’il soit enssi.» Adont dist Tieulliers, qui ne demandoit
     20  que le rihotte: «Et quides tu, di, rois, que cils
         peuples qui là est, et otant à Londres, et tous en men
         commandement, se doie partir de toi enssi sans porter
         ent vos lettres? Nenil; nous les emporterons toutes
         devant nous.» Dist li rois: «Il en est ordonné, et il
     25  le faut faire et delivrer l’un apriès l’autre. Compains,
         retraiiés vous tout bellement deviers vos gens et les
         faites retraire à Londres, et soiés paisieule, et pensés
         de vous, car c’est nostre entente que cascuns de vous
         par villages et maries ara se lettre, enssi comme dit
     30  est.» A ces mos, Wautre Tieullier jette ses ieus sus
         un escuier dou roi qui estoit derière le roi et portoit
         l’espée dou roi, et haoit cils Tieulliers grandement cel
  [120]  escuier, car autrefois il s’estoient pris de parolles, et
         l’avoit li escuiers vilonné: «Voires, dist Tieulliers,
         es tu là? Baille moi ta daghe.»--«Non ferai, dist li
         escuiers, pour quoi le te bailleroie je?» Li rois regarde
      5  sus son vallet, et li dist: «Bailles li.» Chils li bailla
         moult envis. Quant Tieulliers le tint, il en commencha
         à juer et à tourner en sa main, et reprist la parolle
         à l’escuier et li dist: «Baille moi celle espée.»
         --«Non ferai, dist li escuiers, c’est li espée dou roi;
     10  tu ne vaulx mies que tu l’aies, car tu n’ies que uns
         garchons, et, se moi et toi estièmes tout seul en celle
         place, tu ne diroies ces parolles ne eusses dit, pour ossi
         grant d’or que cils moustiers de Saint Pol est grans.»
         --«Par ma foi, dist Tieulliers, je ne mengerai jamais
     15  si arai ta teste.» A ces cops estoit venus li maires
         de Londres, li dousimes montés as chevauls et tous
         armés desous leurs cottes, et rompi la presse, et veï
         comment cils Tieulliers se demenoit; si dist en son
         langage: «Gars, comment es tu si ossés de dire tels
     20  parolles en la presence dou roi? C’est trop pour toi.»
         Adont li rois se felenia et dist au maieur: «Maires,
         mettés le main à li.» Entrues que li rois parloit, cils
         Tieulliers avoit parlé au maieur et dit: «Et, de ce que
         je di et fach, à toi qu’en monte?»--«Voire, dist li
     25  maires, qui ja estoit avoés dou roi, gars puans, parle[s]
         tu enssi en la presence de mon naturel signeur? Je
         ne voel jamais vivre, se tu ne le comperes.» A ces
         mos il traïst un grant baselaire que il portoit, et
         lasque et fiert che Tieullier un tel horion parmi la
     30  teste que il l’abat as piés de son cheval. Sitos comme
         il fu cheus entre piés, on l’environna de toutes pars,
         par quoi il ne fust veus des assamblés qui là estoient
  [121]  et qui se dissoient ses gens. Adont descendi uns
         escuiers dou roi, que on appelloit Jehan Standuich,
         et traïst une belle espée que il portoit et le bouta, ce
         Tieullier, ou ventre, et là fu mors. Adont se perchurent
      5  ces folles gens là asamblés que leur cappitains
         estoit ochis. Si commenchièrent à murmurer ensamble
         et à dire: «Il ont mort nostre cappitaine! alons!
         alons! ochions tout!» A ces mos, il se rengièrent sus
         le place par manière de une bataille, cascun son arc
     10  devant li, qui l’avoit. Là fist li rois un grant outrage,
         mais il fu convertis en bien, car, tantos comme Tieulliers
         fu aterés, il se parti de ses gens tous seuls, et dist:
         «Demorés chi. Nuls ne me sieue.» Lors vint il au
         devant de ces folles gens, qui s’ordonnoient pour vengier
     15  leur cappitainne, et leur dist: «Signeur, que
         vous fault? Vous n’avés autre cappitainne que moi:
         je sui vostres rois; tenés vous en pais.» Dont il avint
         que li plus de ces gens, sitos comme il veïrent le roi
         et oïrent parler, il furent tout vaincu et se commenchièrent
     20  à defuir, et che estoient li paisiule; mais li
         mauvais ne se departoient mies, anchois se ordonnoient
         et monstroient que il feroient quel[que] cose.
         Adont retourna li rois à ses gens et demanda que il
         estoit bon à faire. Il fu consilliet que il se trairoient
     25  sus les camps, car fuirs ne eslongiers ne leur valloit
         riens, et dist li maires: «Il est bon que nous fachons
         enssi, car je suppose que nous arons tantos grant
         confort de ceuls de Londres des bonnes gens de nostre
         lés, qui sont pourveus et armés, eux et leurs amis,
     30  en leurs maissons.»

         Entrues que ces coses se demenoient enssi, couroit
         une voix et uns effrois parmi Londres en dissant
  [122]  enssi: «On tue le roi! on tue le maire!» pour lequel
         effroi toutes manières de bonnes gens de la partie du
         roi sallirent hors de leurs hostels, armés et pourveux,
         et se traïssent tout devers Semitefille et sus les camps
      5  là où li rois estoit trais, et furent tantos environ set
         mille ou uit mille hommes, tous armés. Là vinrent
         tout des premerains messires Robers Canolles et messires
         Perducas de Labreth bien acompaigniés de bonnes
         gens, et noef des eschevins de Londres ossi, à plus de
     10  cent hommes d’armes, et uns poissans homs de la
         ville, qui estoit des draps dou roi, que on appelloit
         Nicolas [Brambre], et cils amena une grant route de
         bonnes gens; et, enssi comme il venoient, il se rengeoient
         et se metoient tout à piet et en bataille dallés
     15  le roi. D’autre part, estoient ces mescans gens tous
         rengiés, et monstroient que il se voloient combatre, et
         avoient les banières dou roi avoec euls. Là fist li rois
         trois chevaliers; l’un fu le maieur de Londres, messire
         Jehan Walourde, l’autre fu messire Jehan Standuich,
     20  et le tierch fu messire Nicolles [Brambre]. Adont
         parlementèrent ensamble li signeur qui là estoient, et
         dissoient: «Que ferons nous? Nous veons nos ennemis
         qui nous euissent volentiers ochis, se il veïssent
         que il en eussent le milleur.» Messires Robers Canolles
     25  consilloit tout oultre que on les alast combatre et tous
         ochire, mais li rois ne s’i asentoit nullement, et dissoit
         que il ne voloit pas que on fesist enssi: «Mais voel,
         dist li rois, que on voist requerre mes banières, et
         nous verons, en demandant nos banières, comment il
     30  se maintenront. Toutesfois, ou bellement ou autrement,
         je les voel ravoir.»--«C’est bon,» dist li
         contes de Sasleberi. Adont furent envoiiet cil troi
  [123]  nouvel chevalier devers eux. Chil chevalier, en venant,
         leur fissent signe que il ne traïssissent point, car il
         venoient là pour traitier. Quant il furent venu si priès
         que pour parler et estre oï, il dissent: «Escoutés. Li
      5  rois vous mande que vous li renvoiiés ses banières,
         et nous esperons que il ara merchi de vous.» Tantos
         ces banières furent baillies et rapportées au roi.
         Encore leur fu là commandé de par le roi et sus le
         teste que, qui avoit lettre dou roi empetrée, il le
     10  remesist avant. Li aucun, et ne mies tout, les aportèrent.
         Li rois les faissoit prendre et deschirer en leur
         presence.

         Vous devés et poés savoir que, sitos que les
         banières dou roi furent rapportées, ces mescheans
     15  gens ne tinrent nul arroi, mais jettèrent la grignour
         partie de leurs ars jus, et se demuchièrent et se
         retraïssent en Londres. Trop estoit messires Robers
         Canolles courouchiés de che que on ne les couroit sus
         et que on ne ochioit tout; mais li rois ne le voloit
     20  point consentir et dissoit que il en prenderoit bien
         venganche, enssi qu’il fist depuis. Enssi se departirent
         et demuchièrent ces folles gens, li uns chà et li autre
         là, et li rois et li signeur et leurs routes rentrèrent
         ordonnéement en Londres à grant joie. Et le premier
     25  cemin que li rois fist, il vint devers sa dame de mère,
         la princesse, qui estoit en un hosteil en la Riolle, que
         on dist la Garde Robe, et là s’estoit tenue deus jours
         et deus nuis moult esbahie, il i avoit bien raison. Quant
         elle veï le roi son fil, si fu toute resjoïe: «Ha! biaux
     30  fils, com jou ai hui eu en coer grant paine et grant
         angousse pour vous!» Dont respondi li rois, et dist:
         «Certes, ma dame, je le sai bien. Or vous resjoïssiés,
  [124]  car il est heure, et loés Dieu, car je ai hui recouvré
         mon hiretage et le roiaulme d’Engletière que je avoie
         perdu.» Enssi se tint li rois ce jour dallés sa mère, et
         li signeur en allèrent cascuns paisiulement en leurs
      5  hostelx. Là fu fais uns cris et uns bans de par le [roi]
         de rue en rue, et tantos que toutes manières de gens
         qui n’estoient de la nation de Londres ou qui n’i
         avoient demoret un an entier, partesissent, et, se il i
         estoient sceu ne trouvé le diemence à soleil levant, il
     10  estoient tenu comme traïteur envers le roi, et perderoient
         les testes. Che ban fait et oï, nuls ne l’ossa
         enfraindre, et se departirent incontinent che samedi
         toutes gens et s’en rallèrent tout desbareté en leurs
         lieux. Jehan Balle et Jaque Strau furent trouvé en une
     15  viesse maison repus, qui se quidoient embler, mais il
         ne peurent, car de leurs gens meïsmes il furent racuset.
         De leur prisse eurent li rois et li signeur grant
         joie, car on leur trenca les testes, et de Tieullier ossi;
         et furent misses sus le pont à Londres, et ostées celles
     20  des vaillans hommes que le joedi il avoient decollet.
         Ces nouvelles s’espardirent tantos environ Londres
         pour ceux des estragnes contrées qui là venoient et
         qui mandé de ces mesceans gens estoient. Si se
         retraïssent tantos en leurs lieux, ne il ne vinrent ne
     25  ossèrent venir plus avant.


         § 223. Or vous parlerons dou duch de Lancastre,
         qui estoit sus les marches d’Escoce en ces jours que
         ces avenues avinrent et chils revelemens de peuple en
         Engletière, et traitoit as Escos, au conte de Douglas
     30  et as barons d’Escoce. Bien savoient li Escot tout le
         convenant d’Engletière, et ossi faissoit li dus, mais
  [125]  nul samblant n’en faissoit as Escos, anchois se tenoit
         ossi fors en ses traitiés, que dont que Engletière fust
         toute en bonne pais. Tant fu parlementé et alé de l’un
         à l’autre que unes trieuwes furent prisses à durer
      5  trois ans entre les Escos et les Englès et les roiaulmes
         de l’un et de l’autre. Quant ces trieuwes furent acordées,
         li signeur vinrent devant l’un l’autre, en iaulx
         honnourant, et là dist li contes [de] Douglas au duc de
         Lanclastre: «Sire, nous savons bien le rebellion et le
     10  revelement dou menu peuple d’Engletière et le peril
         où li roiaulmes d’Engletière par telle incidense est et
         puet venir: si vous tenons à moult vaillant et à très
         sage, quant si francement en vos traitiés vous vous
         estes toudis tenus, car nul samblant n’en avés fait ne
     15  monstré. Si vous dissons et offrons que, se il vous
         besongne confort de cinc cens ou de sis cens lances
         de nostre costé, vous les trouverés toutes prestes en
         vostre service.»--«Par ma foi, respondi li dus,
         biau signeur, grant mercis. Je n’i renonche pas, mais
     20  je ne quide point que mon signeur n’ait si boin conseil
         que les coses venront à bien, et toutesfois je voel
         de vous avoir un seur sauf conduit de moi et des
         miens pour moi retourner et tenir en vostre païs, se
         il me besongne, tant que les coses soient apaissies.»
     25  Li contes [de] Douglas et li contes de Mouret, qui
         avoient là la poissance dou roi, li acordèrent legièrement.
         Adont prissent il congiet et se departirent li un
         de l’autre; li Escot s’en rallèrent à Haindebourc, et li
         dus et li sien retournèrent vers Beruich, et quidoit li
     30  dus tout proprement rentrer en la citté de Beruich,
         car au passer il avoit là laiiet ses pourveances; mais li
         cappitains de le citté, qui s’appelloit messire Mahieux
  [126]  [Rademan], li devea et li cloï la porte audevant de li et
         de ses gens, et li dist que il li estoit deffendu dou
         conte de Northombrelande, regart et souverain pour
         le tamps de toute la marce, le frontière et les païs de
      5  Northombrelant. Quant li dus entendi ces parolles,
         [si] li vinrent moult à contraire et à desplaissance. Si
         respondi: «Comment, Mahieu [Rademan], i a en Northombrelant
         autre souverain de moi mis et establi,
         depuis que je passai et que je vous laiiai mes pourveances?
     10  Dont vient ceste nouvelleté?»--«Par ma
         foi, respondi li chevaliers, monsigneur, oïl et de par
         le roi, et che que je vous en fach, je le fach envis,
         mais faire le me convient. Si vous prie, pour Dieu,
         que vous me tenés pour excusé, car il m’est enjoint
     15  et commandé, sus men honneur et sus ma vie, que
         point n’i entrés ne li vostre.»

         Vous devés savoir que li dus de Lanclastre fu moult
         esmervilliés et courouchiés de tels paroles, et non pas
         sus le chevalier singullèrement, mais sus ceulx dont li
     20  ordenance venoit, quant il avoit traveliet pour les
         besongnes d’Engletière, et on le soupechonnoit tel que
         on li clooit et veoit la première ville d’Engletière au
         lés devers Escoche, et imaginoit que on li faisoit grant
         blasme, et ne descouvri mies là tout son corage ne
     25  ce que il penssoit, et ne pressa plus avant le chevalier,
         car bien veoit que il n’avoit nulle cause dou faire,
         et que li chevaliers, sans trop destroit commandement,
         ne se fust jamais avanchiés de dire et faire ce
         que il disoit et faissoit. Si issi de che pourpos et prist
     30  un aultre, et li demanda: «Messire Mahieu, des nouvelles
         d’Engletière savés vous nulles?»--«Monsigneur,
         respondi li chevaliers, je ne sai autres fors telles
  [127]  que li païs est trop fort esmeuz, et a li rois nos sires
         escript as barons et as chevaliers de ce païs que il
         soient tout prest de venir vers li, quant il les mandera,
         et as gardiiens et castelains des cittés, villes et
      5  castiaulx de Northombrelande mandé destroitement et
         sus la teste, que il ne laissent nullui entrer en leurs
         lieux et soient bien seur de ce qu’il ont en garde.
         Mais dou menu peuple qui se revelle devers Londres,
         je ne sai nulle certaine nouvelle que je peuisse recorder
     10  pour verité fors tant que li officiier de là jus, de
         l’evesqué de Lincolle et de la conté de Cambruge, de
         Stafort, de Beteforde et de l’evesquiet de Norduich
         m’ont escript que les menues gens desoulx eulx sont
         en grant desir que les cosses voissent mal et que il i
     15  ait tourble en Engletière.»--«Et de nostre païs,
         dist li dus de Lanclastre, [de] Derbi et de Lincestre i
         a nulle rebellion?»--«Monsigneur, respondi li chevaliers,
         je n’ai point oï dire que il aient passé [Line],
         Lincole ne Saint Jehan de [Bruvelé].» Adont s’apenssa
     20  li dus, et prist congiet au chevalier, et tourna le chemin
         de Rosebourc, et là fu il requelliés dou castelain, car
         il meïsmes au passer l’i avoit mis et establi.


         § 224. Or eut li dus de Lancastre conseil et avis,
         pour ce que il ne savoit ne savoir justement ne pooit
     25  comment les coses se portoient en Engletière ne porteroient
         encores ne de qui il i estoit amés ne haïs,
         que il signifieroit son estat as barons d’Escoce et leur
         pri[er]oit que il le venissent querre à une quantité de
         gens d’armes sus le sauf conduit que il li avoient
     30  bailliet. Tantos che conseil et avis eu, il envoia devers
         le conte de Douglas, qui se tenoit à Dalquest. Quant li
  [128]  contes veï les lettres dou duc, si en eut grant joie et
         conjoï grandement le message, et segnefia en l’eure
         cel afaire au conte de Mouret et au conte de le Mare,
         son frère, et leur manda que tantost et sans delai, sus
      5  trois jours, eux et leurs gens, montés et aprestés, fussent
         venu à le Morlane. Sitretos que cil signeur en furent
         segnefiet, il mandèrent leurs gens et leurs amis les
         plus prochains, et s’en vinrent à la Morlane, et là
         trouvèrent le conte [de] Douglas. Si chevauchièrent
     10  tout ensamble, et estoient bien cinc cens lances, et
         vinrent en l’abaïe de Mauros, à noef petites lieues de
         Rosebourc, et segnefiièrent leur venue au duc de Lanclastre.
         Li dus tantos lui et ses gens furent apparilliet;
         si montèrent et se partirent de Rosebourc, et encontrèrent
     15  sur leur chemin les barons d’Escoche. Si s’entrecontrèrent
         et fissent grant chière, et puis chevauchièrent
         ensamble tout en parlant et en devissant, et
         exploitèrent tant que il vinrent en Haindebourc, où li
         rois d’Escoce par usage se tient le plus, car il i a biau
     20  castel et bon, et grosse ville et biau havene. Mais, pour
         ches jours li rois n’i estoit point, anchois se tenoit en
         la Sauvage Escoche, et là cachoit. Si fu dou conte de
         Douglas et des barons d’Escoce, pour plus honnourer
         le duc de Lanclastre, li castiaulx de Haindebourc delivrés
     25  au duc, dont il leur sceut grant gret; et là se tint
         li dus un tempore, tant que autres nouvelles lui
         vinrent d’Engletière, mais che ne fu mies sitretos, et
         que che soit voirs.

         Or regardés des malles gens, comment haïneus et
     30  losengier s’avancent de parler outrageusement et sans
         cause. Vois et fame coururent un tamps en Engletière,
         ens es jours de ces rebellions, que li dus de Lanclastre
         estoit traïtres envers le roi, son signeur, et que il
  [129]  s’estoit
         tournés escos. Et il fu tantos sceu tous li contraires,
         mais ces maleoites gens, pour mieux tourbler
         le roiaulme et esmouvoir le peuple, avoient mis avant
      5  et semet ces paroles, et che congnurent à le mort, quant
         il furent executé de mort, Listier, Tieullier, Strau,
         Baquier et Jehan Balle. Chil cinc par tout Engletière
         estoient li meneur et li souverain cappitainne, et
         avoient ordonné et tailliet entre eux que ens es cinc
     10  parties d’Engletière il seroient maistre et gouvreneur,
         et par especial il avoient en trop grant haïne le duc de
         Lanclastre, et bien li monstrèrent, car, sitretos de
         commenchement que il furent entré en Londres, il li
         alèrent ardoir sa maison, le bel hostel de Savoie, que
     15  onques n’i demora esciel ne mairien, que tout ne fust
         ars, et encores avoec tout che meschief avoient il semet
         et fait semer par leur malvaisté parolles aval Engletière
         que il estoit de la partie dou roi d’Escoce: dont
         on li tourna en aucuns lieux en Engletière ses armes
     20  au desous, comme il fust traïtres; et depuis fu si
         chièrement comparet que chil qui che fissent en orent
         les tiestes trenchies.

         Or vous voel jou recorder la vengance et comment
         li rois d’Engletière le prist de ces mescans gens,
     25  entrues que li dus de Lanclastre estoit en Escoce.


         § 225. Quant ces coses furent rapaissies et que Thome
         Baquier ot esté executés à mort à Saint Albens, et Listier
         à Stafort, et Tieullier et Jehan Bale et Jake Strau
         et pluiseurs autres à Londres, li rois ot conseil que il
     30  visiteroit son roiaulme, et chevauceroit et iroit par
         tout les bailliages et mairies et senescaudies et casteleries
  [130]  et mettes d’Engletière, pour pugnir les mauvais
         et reprendre les lettres que de force il avoit ja en
         pluiseurs lieus données et accordées, et remeteroit le
         roiaulme en son droit point. Si fist li rois un secret
      5  mandement de gens d’armes à estre tout ensamble un
         certain jour, liquel i furent, et se trouvèrent bien cinc
         cens lanches et otant d’archiers. Quant il furent venu
         tout ensamble, enssi que devissé estoit, li rois parti
         de Londres o chiaulx de son hostel seullement, et
     10  prist le chemin pour venir en le conté de Kemt, de là
         où premièrement ces maleoites gens estoient esmeu
         et venu. Ches gens d’armes dessus nommé poursieuoient
         le roi sus costière et ne chevauchoient point
         avoecques lui. Li rois entra en la conté de Kemt, et
     15  vint en [un] village que on dist [Espringhe], et fist
         appeller le maieur et tous les hommes de la ville.
         Quant il furent venu en une place, li rois leur fist dire
         et monstrer ensi par un homme de sen conseil comment
         il avoient esret à l’encontre de lui et s’estoient
     20  mis en painne de tourner toute Engletière en tribulation
         et en perte; et, pour ce que il savoit bien que il
         convenoit que ceste cose eust esté faite et commenchie
         par aucuns, et non mie par tous, dont mieux valloit
         que cil qui che avoient fait le comparaissent que tout,
     25  il requeroit que on li monstrast les coupables, sus à
         estre à tousjours mais en se indignation et [tenu] et
         renommé traïteur envers lui. Quant cil qui là asamblé
         estoient, ooient ceste requeste, et veoient li non coupable
         que il se pooient bien purgier et excuser de ce
     30  fourfait par enseignier les coupables, si regardoient
         entre euls et dissoient: «Sire, vechi celli par qui
         ceste ville fu de premiers tourblée et esmeute.»
  [131]  Tantos cils fu pris et pendus. Et en i ot à [Espringhe]
         pendus set, et furent les lettres demandées que on
         leur avoit données et acordées; elles furent là aportées
         et rendues as gens dou roi, liquel, en la presence
      5  de tout le peuple, les deschirèrent et jettèrent en val,
         et puis dissent enssi: «Entre vous, gens qui chi estes
         asamblé, nous vous commandons de par le roi et sur
         le teste, que cascuns s’en revoist en son hosteil
         paisiulement et ne s’en mueve ne esliève jamais contre
     10  le roi ne ses menistres. Chils meffais chi, parmi la
         corection que on en a pris, vous est pardonnés.»
         Adont disoient il tout d’une vois: «Dieux le puist
         merir le roi et son noble conseil!» En tel manière
         que li rois fist à [Espringhe], et à Saint Thomas de
     15  Cantorbie, à Zanduich, à Gernemue, à Orvelle et ailleurs
         fist il, par toutes les parties d’Engletière où ces
         gens s’estoient rebellé et revelé, et en furent decollet
         et pendut et mis à fin plus de quinse cens.

         Adont eut li rois d’Engletière conseil de remander
     20  en Escoce son oncle, le duc de Lanclastre, car les coses
         estoient apaissies. Si le remanda par un sien chevalier
         et de son hostel, qui s’appelloit messires Nicolles
         Carneffelle. Li chevaliers esploita tant au commandement
         dou roi, que il vint en Haindebourc en Escoce, et là
     25  trouva le duc de Lanclastre et ses gens qui li fissent
         grant chière, et là monstra ses lettres de creance de
         par le roi. Li dus obeï, che fu raisons; et ossi volentiers
         il retournoit en Engletière et en son hiretage. Si
         prist son chemin pour venir à Rosebourc; et à son
     30  departement il remerchia grandement les barons d’Escoche,
         qui celle honneur et confort li avoient fait que
         de lui avoir soustenu en leur païs le terme que il li
  [132]  avoit pleut à demorer. Si le raconvoièrent li contes de
         Douglas et li contes de Mouret et aucun chevalier d’Escoce
         jusques à l’abeïe de Miauros, et point ne passèrent
         la rivière de Tuide. Li dus de Lanclastre vint
      5  à Rosebourc, et de là au Noef Castiel sus Thin, et puis
         à Durem et à Iorch; et partout trouvoit les villes et
         les cittés apparillies: c’estoit raison.

         En che tamps trespassa cils vaillans chevaliers en
         Engletière, messire Guichars d’Angle, contes de Hostidonne
     10  et maistres [d’ostel] dou roi. Si fu moult reveranment
         ensevelis en l’eglise des frères precheurs de
         Londres, et là gist. Et, au jour de son obsèque, fu li rois
         d’Engletière et si doi oncle et si doi frère et la princesse
         leur mère et grant fuisson de prelas, de barons et des
     15  dames d’Engletière, et li fissent toute celle honneur;
         et vraiement li gentils chevaliers le valoit c’on li fisist,
         car en son tamps il eut toutes les nobles vertus que
         uns gentils chevaliers doit avoir: il fu liés, loiaux,
         amoureux, sages, secrés, larges, preux, hardis, entreprendans
     20  et chevalereux. Enssi fina messires Guichars
         d’Angle.


         § 226. Quant li dus de Lanclastre fu retournés d’Escoce
         en Engletière, et il ot remonstré au roi et à son
         conseil comment il avoit exploitié des trieuwes qui
     25  estoient prisses et accordées entre eux et les Escos,
         il n’oublia mie comment messires Mahieux [Rademen],
         cappitainne de Beruich, quoique il escusast
         le chevalier, li avoit clos les portes de Beruich au
         devant, au commandement et ordenance dou conte de
     30  Northombrelande, et que ce fait il ne pooit oubliier,
         et en parloit li dus en telle entente que se li rois
  [133]  ses nepveus l’avooit. Et ouïl, il l’avoua voirement,
         mais il sambla au duc que ce fust assés morbement.
         Dont s’apaissa li dus, et atendi la feste de la Nostre
         Dame, en le moiienne d’aoust, que li rois d’Engletière
      5  tint court solempnelle à Westmoustier. Et là furent
         grant fuisson des haus barons d’Engletière, et tant que
         li contes de Northombrelant i fu, et li contes de Notinghem
         et grant fuisson des barons dou nort; et fist che
         jour li rois chevaliers, premiers, le jone conte Jehan
     10  de Pennebruc, messire Robert B[r]anbre, messire Nicolas
         Tinfort et messire Adam François, et les fist li rois
         à telle entente que il volloit, le feste passée, aler vers
         Redinghes, vers Asquesufort et vers Conventré, et cerquier
         toute la frontière et pugnir les mauvais, enssi
     15  qu’il fist, qui s’estoient rebellé à l’encontre de lui, en
         la manière que il avoit fait en la conté de Kemt,
         d’Exsexes et de Sousexes, de Beteforde et de Cambruge.

         A celle feste et solempnité qui fu le jour Nostre
     20  Dame, en mi aoust, à Wesmoustier, apriès disner, ot
         grandes parolles et grosses dou duc de Lanclastre au
         conte de Nortombrelande, et li dist: «Henri de Persi,
         je ne quidoie pas que vous fuissiés si grans en Engletière
         que vous ossissiés faire clore et fremer les
     25  chittés, les villes et les castiaux à l’encontre dou duc
         de Lanclastre!» Li contes s’umelia en parlant, et
         dist: «Monsigneur, je ne desvoe pas ce que li chevaliers
         en fist, car je ne poroie; et ens ou commandement
         que j’avoie dou roi, mon signeur que velà, il m’estoit
     30  si estroitement enjoint et commandé que sus men honneur
         et sus ma vie je ne laiaisse ne fesisse laissier nul
         homme, signeur ne autre, ens es chités, villes et
  [134]  castiaulx de Northombrelant, se il n’estoient hiretier des
         lieux. Et li rois, s’il lui plaist, et mi signeur de son
         conseil m’en poeent excuser, car bien savoient que vous
         estiés en Escoce: si vous deussent avoir reservé.»--«Comment,
      5  respondi li dus, contes de Nortombrelant,
         dites vous que il convenoit reservation sour moi, qui
         sui oncles dou roi et qui ai à garder mon hiretage
         otant bien et mieux que nuls des autres n’ait apriès
         le roi en Engletière, et qui pour les besongnes dou
     10  païs estoie alés en che voiage? Ceste response ne vous
         puet excuser, que vous ne fesissiés mal et contre men
         honneur grandement, et donnés exemple et soupechon
         de moi que je voloie faire ou avoie fait aucune traïson
         en Escoche, quant à men retour on me clooit les villes
     15  de mon signeur et celle princhipaument où toutes mes
         pourveances estoient: pour quoi je di que vous vos
         aquitastes mal. Et, pour le blasme que vous m’en
         fesistes et moi purgier, en la presence de mon signeur
         que velà, je en jette mon gage: or le levés!» Adont
     20  sali avant li rois, et dist: «Biaux oncles de Lanclastre,
         tout ce qui en fu fait, je l’avoe, et retenés vostre gage
         et vostre parolle. Et excuse le conte de Northombrelant
         et parolle pour lui, que voirement estroitement
         et destroitement nous li aviens enjoint et commandé
     25  que il tenist clos et priès le marce et le frontière
         d’Escoce; et vous savés que nostre roiaulme a esté en si
         grant tourble et en si grant peril que, quant vous estiés
         par delà, il ne nous pooit pas de tout souvenir. Che
         fu la coupe dou clercq qui escripsi les lettres, et la
     30  negligense de nostre conseil, car, au voir dire, vous
         deuissiés estre bien reservés. Si vous pri et voel que
         vous mettés ces mautalens jus, car je m’en carge, et
  [135]  en descarge le conte de Northombrelant.» Adont
         s’agenoullèrent devant le duc li contes d’Arondiel, li
         contes de Sasleberi, li contes d’Asquesufort, li contes de
         Stanfort et li contes de Devesiere, et li dirent:
      5  «Monsigneur, vous oés com amiablement et loiaulment li
         rois en a parlé, et vous devés bien descendre à ce
         que il dist et fait.» Li dus de Lanclastre, qui estoit
         enflamés d’aïr, penssa un petit, et fist les barons lever
         en iauls remerchiant, et dist: «Biau signeur, il n’en
     10  i a nul de vous, se la cause parelle li fust avenue enssi
         comme à moi, qui n’en fust courouchiés; et, puisque
         li rois le voelt, c’est drois que je le voelle.» Là fu
         faite la pais dou duc de Lanclastre et dou conte de
         Northombrelant par les moiiens dou roi d’Engletière
     15  et des barons dou païs, qui en priièrent.

         Au second jour apriès, li rois d’Engletière ala en
         son voiage, enssi que dessus est dit, ens es contrées
         dessus dites, et chevaucoit bien à cinc cens lances et
         otant d’archiers, qui le sieuoient sus costière. En che
     20  voiage fist li rois faire pluiseurs justices des mauvais
         qui contre lui s’estoient relevé et rebelé.

         Nous nos soufferons à parler dou roi d’Engletière,
         et parlerons dou conte de Cambruge, son oncle, et
         conterons comment il vint en Portingal.


     25  § 227. Vous avés bien chi dessus oï recorder comment
         li contes de Cambruge gissoit ou havene de
         Pleumoude à cinc cens hommes d’armes et cinc cens
         archiers, et atendoient vent pour aler vers le roiaulme
         de Portingal. Tant furent il là que vent leur vint, et
     30  desancrèrent et se departirent tout de une flote, et
         singlèrent au plus droit qu’il peurent vers Lusebonne,
  [136]  où il tendoient à aler, et costiièrent che premier jour
         Engletière et Cornuaille, et le second jour ossi. Au
         tierch jour, à l’entrer en le haute mer d’Espaigne, il
         eurent une dure fortune et contraire et tant que tout
      5  leur vassel furent espars, et furent tout en très grant
         peril et aventure de mort, et par especial li vaissel où
         li Gascon estoient, messires [Raimons] de Castiel Noef,
         li soudis de l’Estrade et li sires de la Barde et environ
         quarante hommes d’armes, chevaliers et escuiers, et
     10  perdirent la veue et la flotte de la navie dou conte
         et des Englès. Li contes de Cambruge, messires Guillaumes
         de Biaucamp, mareschal de l’ost, messires
         Mahieux de Gournai, connestables, li Canonnes de
         Robersart et li autre passèrent en grant aventure celle
     15  fortune, et singlèrent tant au vent et as estoilles que
         il arrivèrent et entrèrent ou havene de la chité de
         Lusebonne.

         Les nouvelles vinrent au roi qui estoit en son palais,
         et qui tous les jours n’atendoit autre cose que la venue
     20  des Englès. Si envoiia tantos à l’encontre d’eus de ses
         chevaliers et ses menestrés, et furent li contes de
         Cambruge et cil chevalier d’Engletière et estragnier
         qui avoecques lui estoient, moult honnerablement et
         grandement requelliet et conjoï des gens dou roi, et
     25  vint li rois dans Ferrans au dehors de son castiel à
         l’encontre dou conte, et le requella et conjoï à l’usage
         de celli païs moult bellement, et en apriès tous les
         aultres; et les envoia en son castiel et fist le vin aporter
         et les espisses. Et là estoit Jehans de Cambruge,
     30  fils au conte, douquel li rois de Portingal avoit grant
         joie, car il dissoit au conte: «Vechi mon fil, car il
         ara ma fille.» [Et sa fille] proprement, qui estoit de
  [137]  son eage, en avoit grant joie, et se tenoient par les
         mains andoi li enffant.

         Entrues que li rois de Portingal et si chevalier honnouroient
         le conte et les chevaliers estragniers, se
      5  logoient et ordonnoient en la ville li autre qui estoient
         issu de leurs vaissaux, et furent tout logiet bien et
         largement et à leur aisse, car la citté de Lusebonne
         est grande et bien garnie de tous biens, et ossi les gens
         le roi de Portingal avoient fait songnier dou bien pourveïr
     10  pour la venue des Englès. Si le trouvèrent bien
         pourveue et garnie, et estoient li signeur tout aisse et
         en grant lièche, mais il leur souvenoit dou signeur de
         Castiel Noef, dou soudich de l’Estrade et dou signeur
         de la Barde et de leurs gens que il contoient pour
     15  perdus sus mer ou que fortune de mer les euist bouté
         si avant que entre les Mores ou ou roiaulme de Grenade
         ou de Bellamari, pour quoi, se enssi en estoit
         avenu, il les tenoient là ossi bien perdus comme en
         devant; et che leur desplaisoit trop grandement, et
     20  les regretoient et plaindoient durement. Au voir dire,
         il faissoient bien à plaindre, car cil bon chevalier et
         escuier desus nommé furent tant et si dur tempesté
         de mer que onques gens sans mort ne furent en plus
         grant dangier ne peril; et furent [si avant hors de
     25  leur droit chemin], et passèrent les destrois de Marios
         et les bendes dou roiaulme de Tramesainnes et de
         Bellamari, et furent par pluiseurs fois en trop grant
         aventure de estre pris et arresté des Sarrasins; et
         eux meïsmes se contoient pour mort et n’avoient mies
     30  espoir de venir à terre jamais ne à port de salut. Et
         furent quarante jours en che dangier. En le fin, il
         eurent un vent qui les rebouta, vosissent ou non, en
  [138]  la mer d’Espaigne. Quant cils vens leur fu fallis, il
         waucrèrent et trouvèrent d’aventure deus grosses
         nefs de Lusebonne qui s’en venoient, sicom il leur dissent
         puis, en Flandres, cargies de marcheandisses.
      5  Chil signeur tournèrent celle part et boutèrent leurs
         pennons et leurs estramières hors, et vinrent à ces
         nefs de Lusebonne, où il n’avoit que marceans dedens,
         qui ne furent mies bien à seur, quant il veïrent che
         vaissel armé et les parures de Saint Jorge en pluisieurs
     10  lieux. Toutesfois, quant il s’aprochièrent, il se
         recongneurent et se fissent grant feste; mais cil marchant
         remissent de rechief ces chevaliers en trop grant peril,
         je vous dirai pour quoi. Il demandèrent des nouvelles
         de Portingal, [et il respondirent que li rois de Portingal]
     15  et li Englès estoient trait à siège devant
         Seville et avoient là le roi dan Jehan de Castille asegiet.
         De ces nouvelles furent il moult resjoï et dissent
         que il iroient celle part, car il estoient ossi sus la
         frontière de Seville. Adont se departirent il l’un de l’autre,
     20  et leur laissièrent li Portingallois des vins et des
         pourveances pour eux rafresquir, et dissent li Gascon
         à leurs maronniers: «Menés nous à Seville, car là
         sont nos gens au siège.» Li maronnier respondirent:
         «Ou nom de Dieu!» et tournèrent vers Seville, et
     25  singlèrent tant que il l’aprochièrent. Li maronnier,
         qui furent sage et ne voloient pas perdre leurs
         maistres, fissent monter amont ou castiel de leurs mas
         un enffant, asavoir se il veoit nul apparant de siège par
         mer ne par tière devant Seville. L’enffant ot bonne
     30  veue et juste: si respondi que nom. Adont dissent li
         maronnier as signeurs: «Entendés, biau signeur,
         vous n’estes pas bien enfourmé, car pour certain il
  [139]  n’a siège nul, ne par mer ne par tère, devant Seville,
         car, se il i estoit, aucun apparant en seroient ou
         havene. Si n’avons que faire de là aler, se vous ne
         vollés perdre, car, pour certain, li rois de Castille se
      5  tient là, et est la chités de son roiaulme où il se tient le
         plus volentiers.» A grant dur en peurent li maronnier
         estre creu; toutesfois, il furent creu, et singlèrent
         toute la bende de Seville et entrèrent en la mer de
         Portingal, et vinrent ferir ou havene de Lusebonne.
     10  A celle propre heure et che propre jour, leur faissoit
         on en l’eglise de Sainte Katherine en Lusebonne leur
         obsèque, et estoient li baron et li chevalier vesti de
         noir, et les tenoient pour mors. Si devés savoir que
         la joie i fu très grans, quant il seurent que il estoient,
     15  com durement que che fust, arivet et venut à port
         de salut. Si se conjoïrent et festiièrent moult grandement
         ensamble, et eurent chil chevalier gascons tantos
         oubliés les paines de la mer.

         Nous nos soufferons à parler un petit des besongnes
     20  de Portingal pour la cause de che que sitrestos il n’i
         ot nul fait d’armes, et parlerons des besongnes de
         Flandres et de ce que il i avint en celle meïsmes
         saison.


         § 228. En ces ordonnances et en ce tamps que ces
     25  [aventures], sicom chi dessus est dit et recordé, estoient
         avenues en Engletière, ne sejournoient mies les guerres
         de Flandres, li contes contre les Gantois et cil de
         Gaind contre le conte.

         Vous savés comment Phelippes d’Artevelle fu eslevés
     30  à Gaind et [eslus] souverains cappitainne par le
         promotion premiers de Piètre dou Bos qui le consilla,
  [140]  à l’entrer en l’office, qu’il fust crueulx et mauvais,
         afin que il se fesist cremir. Phelippes retint bien de
         son escolle et de sa dotrine, car il n’eut mies esté
         longhement en l’office de gouvrener Gaind, quant il
      5  en fist tuer et decoller devant lui douse, et dient li
         aucun que cil avoient esté principaulment à le mort
         de son père: si en prist la vengance. Phelippes commencha
         à resgner en grant poissance et à lui faire
         cremir et ossi à amer de moult de gens et par especial
     10  des compaignons qui sieuoient les routes et les
         armées. A ceuls là, pour eulx faire leur main et estre
         en leur grace, n’i avoit riens refusé ne repris; tout
         estoit abandoné.

         Or me poeut on demander comment chil de Gaind
     15  faissoient leur guerre, et je en responderai volentiers,
         selonc che que je leur ai depuis oï parler. Il estoient si
         bien d’acord que tout mettoient main à bourse, quant
         il besongnoit, et se tailloient li rice selonc leur quantité,
         et deportoient les povres, et, enssi par celle unité
     20  qu’il eurent, durèrent il en leur poissance, et s’est
         Gaind, à tout considerer, une des plus fortes villes
         dou monde, puis que Braibans, Hainnau, Hollandes
         ne Zellandes ne les voelt point guerroiier; mais, ou
         cas que cil quatre païs li seraient contraire avoec
     25  Flandres, il seroient enclos et perdu et affamé. Or ne
         leur furent onques cil païs parfaitement contraire ne
         ennemi: de quoi leur guerre en estoit plus belle, et
         en durèrent plus longhement.

         En che tamps et en la nouvelleté de Phelippe d’Artevelle
     30  fu li doiens des tisserans acusés de trahison.
         Si fu pris et mis en prisson, et pour trouver en voir
         che dont il estoit amis et acusés, on alla en se maison.
  [141]  Si trouva [o]n le pourre de salpètre toute moullie,
         ne on ne s’en estoit peut aidier en toute l’anée à
         siège que il [i] eust fait. Si fu chils doiens decollés et
         traïnés aval la ville par les espaulles comme traïtres,
      5  pour donner example as autres.

         Or s’avissa li contes de Flandres que il venroit
         mettre le siège devant Gaind; si fist un grant mandement
         de chevaliers et d’escuiers et des gens de ses
         bonnes villes, et envoia à Malignes, dont il eut ossi
     10  grant gent. Si manda ses cousins, messire Robert de
         Namur et messire Guillaume, et li vinrent grant chevalerie
         et gens d’armes d’Artois et de Hainnau, car pour
         lors il estoit contes d’Artois, et estoit la contesse d’Artois
         sa mère nouvellement trespassée.


     15  § 229. A che mandement et asamblée ne s’oublia
         mie li sires d’Enghien, mais là vint servir à tout ce
         que il peut par raison avoir de gens, et estoit bien
         acompaigniés de chevaliers et escuiers de la conté de
         Hainnau. Si vint li contes mettre le siège devant Gand
     20  au lés devers Bruges et au lés devers Hainnau. Si i
         ot fait, le siège durant et estant, tamainte escarmuce,
         et issoient souvent aucun legier compaignon de Gaind
         qui aloient à l’aventure, dont à le fois il estoient
         rebouté à leur damage, et à le fois ossi il gaaignoient.
     25  Et cils qui le plus de fait d’armes i faissoit et qui le plus
         de renommée en avoit, c’estoit li jones sires d’Enghien.
         En sa route et en se compaignie se mettoient
         volentiers et par usage tout jovene baceler qui desiroient
         les armes. Et s’en vint li sires d’Enghien à bien
     30  quatre mille hommes tous bien montés, sans cheux
         de piet, mettre le siège devant la ville de Granmont,
  [142]  car elle estoit gantoisse. Autre fois i avoit li sires
         d’Enghien estet et eux travilliet et heriiet, mais riens n’i
         avoit conquesté. Or i vint il à celle fois poissanment
         et par grant ordonnance, et le fist par un diemenche
      5  asaillir en plus de quarante lieus, et il [meïs]mes à
         l’assaut ne se faindi mies, mais s’i esprouva de grant
         volenté, et bouta là hors cel jour à cel assaut premierement
         sa banière. Chils assauls fu grans et fors et
         bien continués, et la ville de tous costés assaillie si
     10  aigrement et si ouniement que environ heure de nonne
         elle fu prisse et conquise; et entrèrent ens, par les
         portes qui furent ouvertes et abatues, li sires d’Enghien
         et ses gens. Quant cil de Granmont veïrent que
         leur ville estoit perdue et que point de recouvrier n’i
     15  avoit, si s’enfuirent, et cil qui peurent, par autres
         portes au contraire de leurs anemis, et se sauva qui
         sauver se peut. Là eut grant ochision de hommes, de
         femmes et d’enffans, car nuls n’estoit pris à merchi,
         et i eut plus de cinc cens hommes de la ville mors, et
     20  trop grant fuisson de vielles gens et de femmes gissans
         en leurs lis ars, dont che fu pités, car on bouta
         le feu en le ville en plus de deus cens lieus, par quoi
         toute li ville fu arse, moustiers et tout, ne riens n’i
         demora entir. Enssi fu Granmons persequtée et misse
     25  en feu et en flame, et puis retourna li sires d’Enghien
         en l’ost devant Gaind, quant il eut fait cel exploit, douquel
         li contes de Flandres si l’en sceut très bon gré,
         et li dist: «Biaux fieux, en vous a vaillant homme,
         et vous ferés encores, se Dieu plaist, bon chevalier,
     30  car vous en avés un très bon commenchement.»


         § 230. Apriès le destrucion de la ville de Granmont,
  [143]  qui fu par un diemence ou mois de jun toute
         arse [et] toute perie, se tint li sièges devant Gaind. Et
         là estoit li jones sires d’Enghien, qui s’appelloit Gautiers,
         qui petit reposoit et sejournoit en son logis,
      5  mais queroit tous les jours les armes et les aventures,
         une fois bien acompaigniés de si grant fuisson de
         gens que il reboutoit ses ennemis, et l’autre fois à si
         petit de gens que il n’osoit perseverer en ses emprises,
         si retournoit; et priesque tous les jours, ou par li, ou
     10  par le Halse de Flandres i avenoient armes. Et avint
         environ un mois après, un joedi au matin, que li sires
         d’Enghien estoit issus hors de son logeïs, le signeur
         de Montegni en sa compaignie, messire Mikiel de le
         Hamaide, sen cousin, dallés li, le bastart d’Enghien,
     15  son frère, Gillion dou Trisson, Hustin dou Lai et
         pluiseurs autres de ses gens et de son hostel, et s’en
         aloient à l’escarmuce devant Gaind, enssi que autre
         fois avoient fait. Si se boutèrent si avant que mal leur
         en cheï, car chil de Gant avoient au dehors de leur
     20  ville fait une embusque de plus de cent compaignons
         et tous piquenaires. Et voellent li aucun dire que il i
         avoit en celle enbusque le plus des escachiés de Granmont,
         qui ne tiroient à autre cose que ce que il peuissent
         enclore et atraper à leur avantage le signeur
     25  d’Enghien, pour eulx contrevengier dou grant damage
         que il leur avoit fait, car il le sentoient liberal et jovene
         et volentrieu de lui aventurer follement; et tant i
         pensèrent qu’il l’eurent, dont che fu damages, et pour
         ceulx ossi qui là demorèrent avoec li. Li sires d’Enghien
     30  et sa route ne se donnèrent garde, quant il se
         veïrent endos de ces Gantois, qui leur vinrent fièrement
         au devant et les escriièrent: «A la mort!»

  [144]  Quant li sires d’Enghien se veï en che parti, si
         demanda conseil au signeur de Montegni, qui estoit
         dallés lui: «Conseil! respondi messires Ustasse,
         sire, il est trop tart; deffendons nous, et [si] vendons
      5  nos vies che que nous poons. Il n’i a autre cose, ne
         chi ne chiet [à] nul raençon.» Adont fissent li chevalier
         le singne de la crois devant leurs viaires, et se
         recommendèrent à Dieu et à saint Jorge, et se boutèrent en
         leurs ennemis, car il ne pooient fuir ne reculler, si
     10  avant estoient il enbusquiet, et i fissent d’armes che
         qu’il peurent, et se combatirent moult vaillanment.
         Mais il ne pooient pas tout faire, car leur ennemi
         estoient dis contre un, et avoient ces longues picques,
         dont il lanchoient les cops trop grans et trop perilleus,
     15  enssi comme il apparut. Là fu li sires d’Enghien
         ochis, et dalés li, li bastars d’Engien, ses frères, et
         Gilles dou Trisson, et chils vaillans et preudons chevaliers
         de Hainnau, qui estoit ses compains, li sires
         de Montegni Saint Cristoffle, et messires Mikieux
     20  de le Hamaide durement navrés, et euist esté mors,
         il n’est nulle doubte, se Hustins dou Lai par force
         d’armes et par sens ne l’euist sauvé. Si en ot il
         moult de paine pour le sauver; toutesfois, entrues
         que cil Flament entendoient à ces chevaliers desarmer
     25  et à tourser, pour reporter en la ville de Gaind, car
         bien savoient que il avoient ochis le signeur d’Enghien,
         dont il avoient grant joie, Hustin dou Lai, qui ne veoit
         nulle recouvrance, mist hors de la presse et dou peril
         messire Mikiel de le Hamaide. Enssi se porta li journée
     30  pour le signeur d’Enghien. Si devés croire et
         savoir de verité que li contes de Flandres en fu trop
         durement courouchiés, et bien le monstra, car, pour
  [145]  l’amour de lui, li sièges se desfist de devant Gand, et
         ne le pooit li contes oubliier, mais le regretoit nuit et
         jour, et dissoit: «A! Gautier! Gautier! biaulx fils!
         Comment il vous est tempre mesavenu en vostre jonesche!
      5  Vostre mort me fera tamaint anoi, et voel bien
         que cascuns sache que jamais cil de Gand n’aront paix
         à moi si sera si grandement amendé que bien devera
         souffire.» La cose demora en cel estat. Si fu renvoiiés
         querre en Gand li sires d’Enghien, que li Gantois,
     10  pour resjoïr la ville, i avoient porté, lequel corps
         il ne vaurent onques rendre si en eurent mille frans
         tous aparilliés, lesquels on leur paia et delivra, et les
         departirent ensamble à butin. Et li sires d’Enghien fu
         rapportés en l’ost, et puis fu renvoiiés à Enghien, la
     15  ville dont il avoit esté sires, et là fu ensevelis.


         § 231. Pour la mort dou jone signeur d’Enghien,
         c’est vraie cose, se deffist li sièges de devant Gaind,
         et [si] s’en parti li contes, et s’en retourna à Bruges, et
         donna congiet pour celle saisson toutes manières de
     20  gens d’armes, et les envoiia ens es garnissons de Flandres,
         ens ou castiel de Gauvres, en Audenarde, en
         Tenremonde, à Courtrai et partout sus les frontières
         de Gaind. Et manda li contes as Liegois, pour ce que
         il confortoient les Gantois de vivres et de pourveances,
     25  que plus on ne les asegeroit, mais que il [ne] vosissent
         en Gaind envoiier nuls vivres. Chil dou Liège respondirent
         orguilleusement as messages qui envoiiet i
         furent, que de ce faire il aroient avis et conseil à ceulx
         de Sainteron, de Hui et de Dignant: li contes n’en
     30  peut autre cose avoir. Toutesfois, li contes de Flandres
         envoiia devers ses cousins le duc de Braibant et le duc
  [146]  Aubert, bail de Hainnau, de Hollandes et de Zellandes,
         grans mesages de ses plus sages chevaliers, qui leur
         remonstrèrent de par li que la ville de Gaind se tenoit
         en son esreur et en sa mauvaistié par le grant confort
      5  que les gens de celle ville avoient de leurs païs, de
         vivres et de pourveances qui leur venoient tous les
         jours, et que il i vosissent pourveïr de remède. Chil
         doi signeur, qui envis euissent ouvré ne exploitié à la
         desplaissance de leur cousin le conte, s’escusèrent moult
     10  bellement as chevaliers, et leur respondirent que en
         devant ces nouvelles il n’en avoient riens sceu, et
         aroient tels leurs païs que on [i] metteroit atemprance.
         Ceste responsse souffi assés au conte de Flandres.
         Li dus Aubers, qui pour ce tamps se tenoit en
     15  Hollandes, escripsi devers son baillieu en Hainnau,
         messire Simon de Lalaing, et li envoiia la coppie des
         lettres et par escript les parolles et requestes de son
         cousin, le conte de Flandres, et avoec tout che il li
         manda et commanda estroitement que il euist tel le
     20  païs de Hainnau que il n’en oïst plus nulles nouvelles
         à le desplaissance dou conte, son cousin, car il s’en
         couroucheroit. Li baillieux obeï, che fu raisons, et fist
         faire un commandement general parmi le conté de
         Hainnau, que nuls ne menast vivres à ceulx de Gaind,
     25  car, se il estoient sus le chemin veu ne trouvé, il
         n’aroient point d’avoé de li. Un tel cri et deffense fist
         on en Braibant, ne nuls n’osoit aler en Gand, fors en
         larechin, ne mener vivres, dont cil de Gaind se
         commenchièrent moult à esbahir, car pourveances leur
     30  afoiblissoient durement, et eussent eu trop plus tost
         grant famine; mais il estoient conforté des Hollandois
         et des Zellandois, qui onques ne s’en vaurent deporter
  [147]  pour mandement ne pour destrainte que li dus Aubers
         i peuist mettre.

         En che tamps, par les pourcas et moiens des consaulx
         de Hainnau, de Braibant et de Liège, fu uns
      5  parlemens assis et acordés à estre à Harlebèque dallés
         Courtrai, et se tint li parlemens, et i envoiièrent
         chil de Gand douse des plus notables hommes de la
         ville, et monstroient tout generaument, excepté li
         ribaudaille qui ne desiroient que le rihotte, que il
     10  voloient venir à pais, à quel meschief que che fust.
         A ce parlement furent tout li consaus des bonnes
         villes de Flandres, et meïsm[em]ent li contes, et ossi
         de Braibant, de Hainnaut et de Liège i eut gens. Là
         furent les coses si bien taillies et couchies que sur
     15  certain article de paix li Gantois retournèrent en leur
         ville; et avint que cil de Gand, qui pais desiroient à
         avoir, voire li saige et li paisiule, se traïssent devers
         les hostels des deus plus notables et rices hommes de
         Gaind qui à ce parlement eussent esté, sire Ghisebrest
     20  Grute [et] sire Simon Bète, et leur demandèrent des
         nouvelles. Il se descouvrirent trop tos à leurs amis,
         car il respondirent: «Bonnes [gens], nous arons
         une belle paix, se Dieu plaist. Chil qui ne voellent que
         bien, demoront en pais, et on corr[i]gera aucuns des
     25  mauvais de la ville de Gand.»


         § 232. Vous savés que on dist communement:
         «S’il est qui fait, il est qui dist.» Piètres dou Bos,
         qui ne se sentoit mies asseur de sa vie, avoit envoiiet
         ses espies pour oïr et raporter des nouvelles. Chil qui
     30  i furent envoiiet, raporterent che que on dissoit parmi
         la ville, et que ces parolles venoient pour certain de
  [148]  Ghisebrest Grute et de Simon Bète. Quant Piètres
         entendi che, si fu tous foursenés et hapa tantos ceste
         cose pour li, et dist: «Se nuls est corigiés de ceste
         guerre, je serrai tous premiers, mais il n’ira pas enssi
      5  que nos signeurs, qui ont esté au parlement, quident.
         Je ne voel pas encores morir; la guerre n’a pas encores
         tant duré comme elle dur[r]a; encores n’est pas mes
         boins maistres, qui fu Jehan Lion, bien vengiés. Se la
         cose est entouellie, encores le voel jou mieux touellier.»
     10  Que fist Piètres dou Bos? Je le vous dirai.

         Cel propre soir, dont à l’endemain li consaulx des
         signeurs de Gand devoit estre en la dite halle dou
         conseil et li rappors fais des dessus dis qui avoient
         estet au parlement à Harlebecque, il s’en vint à l’ostel
     15  Phelippe d’Artevelle, et le trouva que il avissoit et
         penssoit en apoiant sus une phenestre en sa cambre.
         Le première parolle que il li dist, il li demanda:
         «Phelippes, savés vous nulles nouvelles?»--«Nenil,
         dist Phelippes, fors tant que nos gens sont retourné
     20  dou parlement de Harlebèque, et demain nous devons
         oïr en la halle che qu’il ont trouvé.»--«C’est voirs,
         dist Piètres, mais je sai ja ce qu’il ont trouvé et comment
         [li] traitiet se [portent], car il s’en sont descouvert
         à aucuns de mes amis. Certes, Phelippe, tout li traitiet
     25  c’on fait et que on peut faire, c’est tousjours sur
         nous et sur nos testes. Se il i a nulle paix entre Monsigneur
         et la ville, sachiés que vous et jou et li sires
         de Harselle et tout li cappitaine, dont nous nos aidons
         et qui maintiennent la guerre, en moront premierement;
     30  et li riche homme en iront quite, et nous voellent
         bouter en che parti et iaulx delivrer. Et che fu li oppinions
         de Jehan Lion, men maistre. Toudis encores a
  [149]  no sires li contes ses marmousès dalés li, Ghisebrest
         Mahieu et ses frères et le prevost de Harlebèque, qui
         est dou linage, et le doien des menus mestiers qui
         s’en fui avoec eulx. [Si] nous faut bien aviser sour
      5  chou.»--«Et quel cose en est bonne à faire?» dist
         Phelipes. Respondi Piètres: «Je le vous dirai: il nous
         faut segnefiier à tous nos diiens et nos cappitainnes que
         il soient demain tout apparilliet et venu ou marchiet
         des devenres, et se tiegnent dallés nous. Nous enterons
     10  en la halle, moi et vous, et cent des nostres, pour
         oïr ces traitiés. Dou sourplus laissiés moi convenir,
         mais avoés mon fait, se vous vollés demorer en vie et
         en poissance, car, en ceste ville et entre communs, qui
         ne s’i fait cremir, il n’i a riens.» Phelippes li acorda.
     15  Piètres dou Bos prist congiet, et se parti et envoia ses
         gens et ses vallès par tous les doiiens et cappitainnes
         desoulx li, et leur manda que à l’endemain eulx et
         leurs gens venissent tout pourveu ens ou marquiet
         des devenres, pour oïr des nouvelles. Il obeïrent, car
     20  nuls ne l’eust ossé laissier, et ossi il estoient tout
         rebrachiet de mal faire.


         § 233. Quant che vint au matin à noef heures, li
         maieur, li eskevin et li riche homme de la ville vinrent
         ou marchiet et entrèrent en la halle, et là vinrent chil
     25  qui avoient esté au parlement à Harlebèque; puis
         vinrent Piètres dou Bos et Phelippes d’Artevelle, bien
         acompaigniés de ceux de leur sexte. Quant il furent
         tout asamblé et assis qui seoir volt, on regarda que li
         sires de Harselle n’estoit point là. On le demanda,
     30  mais on l’excusa, car il n’i pooit estre pour la cause
         de che que il estoit dehetiés. Avant dist Piètres dou
  [150]  Bos: «Vés me chi pour lui. Nous sommes gens assés:
         oons che que cil seigneur ont rapporté dou parlement
         de Harlebèque.»

         Adont se levèrent comme li plus notable de le compaignie
      5  Ghisebrest Grute et Simons Bète, et parla li
         uns et dist: «Signeur de Gaind, nous avons esté au
         parlement de Harlebecque, et avons heu moult de
         paine et de travail, et ossi ont [eu] les bonnes gens
         de Braibant, dou Liège et de Hainnau, de nous acorder
     10  envers Monsigneur. Toutesfois, finablement, à la
         proiière de monsigneur et de madame de Braibant,
         qui là envoiièrent leur conseil, et de monsigneur le
         duc Aubert, [qui i envoia] le sien, la bonne ville
         de Gand est venue à paix et a acordé envers
     15  nostre signeur le conte par un moien que deus cent
         hommes, [desquels] il nous envoiera [les noms]
         dedens quinse jours par escript, iront en sa prisson
         ens ou castiel à Lille et se metteront en sa pure
         volenté. Il est bien si frans et si nobles que de cheulx
     20  il ara merchi et pité.» A ces parolles se traïst avant
         Piètres dou Bos, et dist: «Ghisebrest, comment estes
         vous si ossés que vous avés acordé che traitiet de
         mettre deux cens hommes en le vollenté de nostre
         ennemi? A très grant vituperation venroit à la ville de
     25  Gand, et mieux vauroit que elle fust reversée che
         desoulx deseure, que ja à ceulx de Gaind fust reprociet
         que il euissent guerriiet par tel manière! Bien
         savons entre nous qui avons oï, que vous ne serés
         pas li uns de ces deux cens, ne ossi ne sera Simon
     30  Bette. Vous avés pris et cuesi pour vous, mais nous
         taillerons et prenderons pour nous. Avant, Phelippe,
         à ces traïteurs qui voellent deshonnerer et trahir la
  [151]  noble ville de Gaind!» Tout en parlant, Piètres dou
         Bos trait sa daghe et vient à Ghisebrest Grute, et li
         fiert ou ventre et le reverse là, et l’abat mort, et
         Phelippes d’Artevelle la sienne, et fiert sire Simon Bette
      5  et l’ochist, et puis commenchent à criier: «Traï!»
         Il avoient leurs gens haut et bas dallés eux. Cil tout
         ewireus, com riche homme et comme enlinagiet que
         il fuissent en la ville, qui se peurent disimuller adont
         et bouter hors et sauver! Et ossi pour l’eure il n’en i
     10  ot plus de mors que ces deus; mais pour le peuple
         apaissier et pour eulx tourner en droit, il envoiièrent
         leurs gens de rue en rue, criant et dissant: «Li faulx,
         li mauvais traïteur Ghisebrest Grute et sire Simon
         Bette ont volut trahir la bonne ville de Gand.» Enssi
     15  se passa ceste cose, li mort furent mort, ne on n’en
         eult el, ne nuls n’en leva l’amende.

         Quant li contes de Flandres, qui se tenoit à Bruges,
         sceut ces nouvelles, si fu durement courouchiés, et
         dist adont: «A la priière de mes cousins de Braibant
     20  et de Hainnau et de ma suer de Braibant, je m’estoie
         legierement acordés à la pais à cheux de Gand, et celle
         fois et aultre ont il enssi ouvré; mais je voel bien
         qu’il sachent que jamais n’aront paix envers moi si
         en arai des leurs tant à ma volenté que bien me devera
     25  souffire.»


         § 234. Enssi furent mors et mourdrit en la ville de
         Gaind chil doi vaillant homme rice et sage, et pour
         bien faire à l’intencion de pluiseurs gens, dont cascuns
         des deus de leur patrimoine tenoient bien [mil]
     30  frans de revenue hiretable par an. Si furent plaint en
         requoi: on n’en eut el, ne nuls n’en euist ossé parler,
  [152]  se il ne vosist estre mors. La cose demora en cel
         estat, et la guerre plus felle que devant, car cil des
         garnissons autour de Gand estoient nuit et jour songneusement
         sus les camps, ne nulles pourveances ne
      5  pooient venir à Gand, car nuls de Braibant ne de Hainnau
         ne s’i osoit aventurer, car, au mieux venir, quant
         les gens dou conte les trouvoient en leur presence, il
         ochioient leurs chevaulx et souvent eulx meïsmes, ou
         il les en menoient en Tenremonde ou en Audenarde
     10  prisonniers et les renchonnoient. Dont toutes manières
         de gens vitailliers resongnoient che peril: si ne s’i
         ossoit nuls bouter.

         En celle saisson ossi s’elevèrent et revelèrent ossi chil
         de Paris à l’encontre dou roi et de son conseil, car li
     15  rois et ses consaulx voloient remettre sus generalment
         parmi le roiaulme de France les aides, les fouages, les
         gabelles et les assisses qui avoient courut et estet levées
         dou tamps le roi Charle, père à che roi qui resgnoit
         pour ce tamps. Li Parisiien furent rebelle à tout ce,
     20  et dissent que li rois Charles, de bonne memoire, lui
         encores vivant, leur avoit quitté, et li rois, ses fils, à
         son couronnement à Rains, l’avoit accordé et confremé.
         Et convint le jone roi de France et son conseil
         vuidier Paris et venir demorer à Miaulx en Brie.

     25  Sitos que li rois fu partis de Paris, li commun s’esmurent
         et s’armèrent, et ochirent tous ceulx qui avoient
         [censi] ces gabelles et ces debites, et rompirent et
         brissèrent les prissons et les maisons de la ville, et
         prisent et pillièrent tout ce que il trouvèrent; et vinrent
     30  en le maison de l’evesque de Paris en Citté, et
         rompirent les prisons et delivrèrent Hughe Aubriot,
         qui avoit esté prevos de Chastelet un grant tamps, le
  [153]  roi Charle vivant, liquels estoit par sentence condempnés
         en prison, que on dist l’Oubliette, pour pluiseurs
         grans mauvais fais que fais avoit et consentis à faire,
         et liquel, pluiseur en i avoit, demandoient le feu;
      5  mais chils peuples de Paris le delivrèrent. Ceste aventure
         li avint par l’esmeutin dou commun, de quoi il
         se parti au plus tost qu’il peut, afin que il ne fust
         repris, et s’en ala en Bourgongne, dont il estoit, et
         compta à ses amis sen aventure.

     10  Chil de Paris, che jour et che terme que il resgnèrent
         en leur rebellion, fissent moult de desrois, dont
         il en anoioit à aucunes boines gens qui n’estoient pas
         de leur acord, car, se tout le fuissent, la cose euist
         trop mal alé. Et li rois se tenoit à Miaulx, et si oncle
     15  dallés lui, Ango, Berri et Bourgongne, qui estoient
         tout courouchiet et esmervilliet de ceste rebellion. Si
         eurent conseil que il envoieroient le signeur de Couchi,
         qui sages chevaliers estoit, traitier devers eulx et
         apaissier, car mieulx les saroit avoir et mener que
     20  nuls autres ne feroit.


         § 235. Adont s’en vint li sires de Couchi, qui
         s’apelloit Enguerans, à Paris, non à main armée, mais
         tout simplement avoec ceuls de son hostel rieulet.
         Et descendi à son hostel; et là manda ceuls qui de
     25  ceste besongne s’ensonnioient et estoient ensonniiet
         le plus avant, et leur remonstra doucement et sagement
         que il avoient trop mal esret de che que il avoient
         ochis les officiiers et menistres dou roi et romput et
         brissiet les maisons et les prisons dou roi et delivret
     30  ses prisonniers, et que, se li rois et ses consaulx
         voloient, il seroit trop grandement amendé. Mais
  [154]  nenil, car sour toutes riens il amoit Paris pour tant
         qu’il i fu nés et que Paris est li chiés de son roiaulme:
         si ne le voloit pas confondre ne destruire, ne les
         bonnes gens de dedens, et leur monstroit comment il
      5  estoit là venus comme par un moien pour eux mettre
         à acordé; et il prieroit au roi et à ses oncles que che
         fourfait que il [fait] avoient, il leur vosissent pardonner.
         Il respondirent adont que il ne voloient ne guerre
         ne mautallent au roi, leur sire, mais il voloient que
     10  ces impositions, aides, sousides et gabelles fussent
         nulles [et] Paris euxemté de tels coses; et il aideroient
         le roi en autre manière.--«En quel manière?» respondi
         li sires de Couchi.--«En celle manière de une
         quantité d’or et d’argent que nous paierons toutes les
     15  sepmaines à un certain homme qui le recevera, pour
         aidier à paiier, avoecq les autres cittés et villes dou
         roiaulme de France, les saudoiiers et les gens d’armes
         dou roi.»--«Et quelle somme voriés vous paiier
         toutes les sepmainnes?»--«Somme telle, respondirent
     20  li Parisiien, que nous serons d’accord.» Là les
         mena li sires de Couchi par biau langage si avant que
         il se taillièrent et ordonnèrent de leur vollenté à dix
         mille frans le sepmainne et à paiier à un homme que
         il ordonneroi[en]t à rechepveur.

     25  Sus cel estat se departi li sires de Couchi d’eus, et
         retourna à Miaulx en Brie devers le roi et ses oncles,
         et regarda et remonstra tous ces traitiés. Li rois fu
         adont consilliés pour le mieux que il prenderoit l’offre
         que li Parisiien li offroient, et que ceste cose estoit
     30  entrée et commenchement de jeu, et que petit à petit
         on enteroit en eux, et enssi feroient les autres bonnes
         villes, puisque cil de Paris avoient commenchiet; et,
  [155]  quant on poroit, on aroit mieux. Si retourna li sires
         de Couchi à Paris et aporta de par le roi le paix as
         Parisiiens, mais que il tenissent les traitiés tels comme
         il avoient proposet. Il les tinrent trop volentiers et
      5  ordonnèrent un rechepveur qui recepveroit le somme
         des florins toutes les sepmaines; mais li argens ne
         devoit estre contournés ailleurs ne bougier de Paris
         fors en paiier gens d’armes, se on les metoit en
         besongne; ne riens aultrement n’en devoit venir ne
     10  tourne[r] au pourfit dou roi ne à ses oncles. Enssi
         demora la cose un tamps en cel estat, et li Parisiien
         en paix; mais li rois ne venoit point à Paris, dont li
         Parisiien estoient courouchiet.


         § 236. Samblablement cil de la citté de Roem s’esmurent
     15  ossi, et se relevèrent et revelèrent par telle
         incidense les menues gens de la ville, et ochissent le
         chastelain, qui estoit au roi et gardiiens dou castel, et
         tous les impositeurs et gabelleurs, qui ces aides avoient
         prises et censsies. Quant li rois de France, qui se
     20  tenoit à Miaulx, en fu infourmés, [ce] li vint à grant
         desplaissance et à son conseil ossi, et se doubtèrent
         que parellement les autres villes et cittés dou roiaulme
         de France ne fesissent enssi. Si fu li rois de France
         consilliés de venir à Roem; et i vint, et apaisa le commun,
     25  qui estoit moult tourblés, et leur pardonna la
         mort de son chastellain et tout ce que fait avoient; et
         il ordonnèrent de par eulx un rechepveur, auquel il
         paieroient toutes les sepmaines une somme de florins,
         et parmi tant il demorèrent à paix. Or, regardés la
     30  grant deablie qui se commenchoit à eslever en
         France: et tout prendoient piet et ordonnance sus les
  [156]  Gantois, et dissoient les communaultés adont tout par
         le monde que li Gantois estoient bonnes gens et que
         vaillanment il soustenoient leurs franchisses, dont
      5  il devoient de toutes gens estre amé, prisié et honneré.


         § 237. Vous savés comment li dus d’Ango avoit une
         grande et haute imagination d’aller ens ou roiaulme
         de Napples, dont il s’escripsoit rois de Puille et de
         Calabre et de Sesille, car pappes Clemens l’en avoit
     10  ravesti et ahireté par la vertu des lettres que la roïne
         de Naples et de Sesille l’en avoit douné. Li dus d’Ango,
         qui estoit sages et imaginaulx et de hault corage et de
         grant emprisse, veoit bien que, ou tamps à venir,
         selonc l’estat que il avoit commenchiet à maintenir,
     15  dont envis le veïst afoiblir ne amenrir, seroit uns
         petis sires en France, et que cils haus et nobles hiretages
         de deus roiaulmes, Naples et Sesille, et trois
         ducés, Puille, Calabre et Prouvence, li venroient grandement
         bien à point, car en ces terres, dont il se tenoit
     20  drois sires et hoirs par le vertu des dons qui fait l’en
         estoient, abondent toutes riquoises. Si mettoit toute
         sa cure et diligence nuit et jour comment il peuist
         parfurnir ce voiage, et bien savoit que il ne le pooit
         faire sans grant confort d’or et d’argent et grosse
     25  route de gens d’armes, pour resister de force contre
         tous ceuls qui son voiage li volroient empechier. Si
         asambloit li dus d’Ango de tous lés, en instance de ce
         voiage, si grant avoir que mervelles, et tenoit à amour
         les Parisiiens che qu’il pooit, car bien savoit que
     30  dedens Paris a grant misse d’argent. Et tant fist qu’il
         en ot sans nombre et envoia devers le conte de Savoie,
  [157]  ouquel il avoit très grant fiance, que à ce besoing il
         ne le vosist pas fallir, et, li venut en Savoie, il li feroit
         mettre en paiement aparilliet la somme de [cinc cens
         mil] florins pour mille lances ou plus, pour un an tout
      5  entier. Li contes de Savoie de ces nouvelles eut grant
         joie, car moult amoit les armes et l’avancement de li et
         de ses gens: si respondi as mesages que volentiers il
         serviroit monsigneur d’Ango parmi le moiien que il
         mettoit. De che fu li dus d’Ango tous resjoïs, car il
     10  amoit moult la compaignie dou conte de Savoie. De
         rechief li dus d’Ango retint tout partout gens d’armes
         et tant que il en trouva bien noef mil hommes d’armes
         tout en se obeïssance, voire les deniers paians. Si fist,
         pour son corps et pour ses gens faire et ordonner et
     15  aparillier, à Paris le plus grant et le plus bel apareil,
         que on avoit onques veu faire faire signeur, de tentes,
         de trefs, de pavillons, de cambres et de toutes ordonnances
         qu’à un roi appartient, qui voelt aler en un
         lontain voiage.

     20  Nous cesserons un petit à parler de lui, et retourons
         au conte de Cambruge et à ses gens, qui pour
         che temps estoient en Portingal dallés le roi.


         § 238. Li contes de Cambruge et ses gens se rafresquirent
         un grant temps à Lusebonne dallés le roi de
     25  Portingal, et avissoient li Englois et li Gascon le païs,
         pour tant que il n’i avoient onques estet. En che
         sejour il me samble que uns mariages fu fais et acordés
         de la fille dou roi de Portingal, qui estoit adont
         e[n] l’eage de dix ans, et dou fil conte de Cambruge,
     30  qui pooit estre de cel eage. Bel enffant estoit et a[voit]
         à nom Jehan, et la dame fille dou roi Betris. A ces
  [158]  noces de ces deux enffans ot grans festes et grans
         esbatemens, et i furent li prelat et li baron dou païs,
         et furent couchiet, comme jone qu’il fuissent, tout nu
         en un lit ensamble.

      5  Ces noces faites et les festes passées, qui durèrent
         bien uit jours, li consaulx dou roi de Portingal ordonna
         que ces gens d’armes, qui se tenoient à Lusebonne et
         là environ, se departiroient et iroient d’autre part tenir
         leur frontière. Si fu li contes de Cambruge et ses hostels
     10  ordonnés et assignés de aler en une belle ville en
         Portingal, que on dist Estremouse, et li Englès et li
         Gascon tout ensamble en une autre ville que on appelle
         ou païs Ville Vesiouse; et Jehans de Cambruge demora
         dallés le roi et sa femme.

     15  Quant li Canonnes de Roberssart et li autre chevalier
         englès et gascons se departirent dou roi et prissent
         congiet pour aler à leur garnisson, li rois leur dist:
         «Mi enffant, je vous commande que point vous ne
         chevauchiés sus les ennemis sans men sceu, car, se
     20  vous le faissiés, je vous en saroie mauvais gré.» Il
         respondirent: «De par Dieu!» et que, quant il voroient
         chevauchier, il li segnefieroient et en prenderoient
         congiet. Sus cel estat il se departirent et chevauchièrent
         à Ville Vesiouse, qui siet amont ou païs à deus
     25  journées de Lusebonne et à otant de Seville, où li
         rois d’Espaigne se tenoit, qui ja estoit tous enfourmés
         et avissés de la venue des Englès et dou conte de
         Cambruge, et avoit cel estat segnefiiet en France as
         chevaliers et as escuiers dont il penssoit à estre servis.
     30  Et quant chevalier et escuier dou roiaulme le
         seurent et que fais d’armes apparoient en Espagne,
         si en furent tout resjoï; et [se] aparillièrent li pluiseur
  [159]  qui se desiroient à avanchier, et se missent au
         chemin pour aler en Espaigne.


         § 239. Li Canonnes de Robersart, qui se tenoit en
         garnison en Ville Vesiouse avoecques ses compaignons
      5  englès et gascons, parla une fois à eulx et leur
         dist: «Biau signeur, nous sejournons chi, che me
         samble, mal honnerablement, quant nous n’avons
         encores chevauchiet sus nos ennemis, et mains de bien
         il en tiennent de nous. Se vous le vollés et vous le
     10  consilliés, nous envoierons devers le roi en priant que
         il nous donne congiet de chevauchier.» Il respondirent
         tout: «Nous le volons.» Adont fu ordonnés
         messires Jehans de [Sandevich] à faire che mesage; il
         dist que il le feroit volentiers. Si vint à Lusebonne
     15  devers le roi et fist son mesage bien et à point et che
         dont il estoit cargiés. Li rois li respondi que il ne
         voloit pas que il chevauchaissent; ne onques li chevaliers
         ne le peut tourner en autre voie, et retourna
         deviers les signeurs et leur dist que li rois ne voloit
     20  point que il chevauchaissent. Adont furent il plus
         courouchiet que devant, et dirent entre eux que che n’estoit
         mies leurs estas ne ordonnances de gens d’armes
         de euls tenir si longhement en une garnisson sans
         faire aucun exploit d’armes, et convenenchièrent l’un
     25  à l’autre de chevauchier. Si se missent un jour as
         camps bien quatre cens hommes d’armes et otant
         d’archiers; et avoient empris en leur chemin d’aller à
         Seris, une grosse ville qui est au maistre de Saint
         Jaque; mais il se ravissèrent et tournèrent une autre
     30  voie pour venir devant le castiel de la Fighière, où il
         avoit environ soissante hommes d’armes espagnols en
  [160]  garnison, dont Pières Gouses et ses frères estoient
         cappitaines.

         Li Canonnes de Robertsart, qui se faissoit chiés de
         ceste chevauchie, car ossi l’avoit il esmeut et mis sus,
      5  chevaucha tout devant. Là estoient messires Guillaume
         de Biaucamp, messires Mahieus de Gournai, Milles de
         Windesore, li sires de Tallebot, messires Adam Simon,
         messires Jehans Soudrée, frère dou roi d’Engletière
         bastart, li soudis de l’Estrade, li sires de Castiel N[o]ef,
     10  li sires de la Barde, Rainmonet de Marsen et pluiseur
         autre. Et chevauchièrent tant ces gens d’armes que il
         vinrent devant le castiel de la Fighière, et l’environnèrent,
         et se missent en ordenance pour l’asaillir, et
         fissent toutes leurs livrées et parechons, enssi que à
     15  faire assaut appartenoit.

         Quant cil qui dedens estoient, perchurent que il
         seroient asailli, si se ordonnèrent de bonne fachon et
         se missent à deffense. Environ heure de prime, commencha
         li assaus fors et fiers et rades, et entroient cil
     20  Englès ens es fossés où il n’avoit point d’aighe, et
         venoient jusques as murs, targiet et pavesciet pour le
         get des pières d’amont, et là hauoient et piquetoient
         de pis et de hauiaulx à leur pooir; et on leur jettoit
         d’amont pières de fais et grans bariaux de fier, laquel
     25  cose em blecha pluiseurs. Là estoit li Canonnes de
         Robersart qui bien avoit corps de chevalier, qui che
         jour i fist grant fuisson d’armes, et ossi fist Esperons,
         uns siens varlès. Là estoient li archier d’Engletière
         arresté environnéement sus les fossés, qui traioient à
     30  ceulx d’amont si roit et si ouniement que à paines
         osoit nuls apparoir as deffenses, et en i ot de ceus
         de dedens les deus pars navrés et blechiés, et i fu
  [161]  mors dou trait li frères de Pière Gouse, cappitaine
         dou castiel, qui s’appelloit Betremieu, appert homme
         d’armes durement, et, par son appertisse et li trop
         follement abandonner, fu il mors.


      5  § 240. Enssi se continua chils assaulx de l’eure de
         prime jusques à haute nonne, et vous di que li chevalier
         et escuier englois et gascon ne s’i espargnoient
         mies, mais asailloient de grant corage et de grant
         volenté, pour la cause de che que, sans le commandement
     10  et ordenance dou roi de Portingal, il avoient fait
         ceste chevauchie. Si se mettoient en paine de conquerre
         le castiel, par quoi la renommée en venist à
         Lusebonne que il avoient à che commenchement bien
         exploitiet. Là estoit li Canonnes, qui bien avoit corps
     15  de chevalier et emprisse et fait de vaillant homme,
         qui les ammonestoit de bien faire, et leur dissoit:
         «Hé! signeur, nous tenra meshui cils fors tant de
         bonnes gens que nous sommes? Se nous mettons otant
         à conquerir toutes les villes et les castiaulx d’Espaigne
     20  et de Galise, nous n’en serons jamais signeur.» Adont
         s’esvertuoient chevalier [et] escuier à ses parolles et
         faissoient mervelles d’armes; et vous di que dou jet
         d’amont li Canonnes, quoique il fust bien pavesciés,
         rechut tamaint dur horion, dont il fu durement froissiés
     25  et blechiés. Là avoit il dallés lui un jone escuier
         de Hainnau, qui s’appelloit Froissart Meulier, qui vassaument
         à l’assaut se porta; et ossi fissent tout li autre.
         Li artellerie dou castiel, pières et bariaux de fier,
         commenchièrent moult à afoiblir à ceulx de dedens [et]
     30  eux lasser. Si regardèrent que de vint et cinc hommes
         d’armes que il estoient, il n’en i avoit pas trois qui ne
  [162]  fuissent navret et blechiet, et li aucun mis en peril de
         mort, et que longhement ne se pooient tenir que de
         force il ne fuissent pris, car ja veoient il mort le frère
         de leur cappitainne, par qui pluiseurs recouvrances se
      5  pooient faire: si avisèrent que il prenderoient un
         petit de respit, et là en dedens il traiteroient de la
         paix. Si fissent signe que il voloient parler as Englès.
         Adont fist on cesser l’assaut, et se missent cil qui
         asailloient, tout hors des fossés; et, à voir dire, li
     10  repos à aucuns besongnoit bien, car il en i avoit grant
         fuisson de blechiés et de lassés.

         Adont se traïssent avant messires Mahieus de Gournai,
         connestables de l’ost, et messires Guillaumes de
         Windesore, marescal, et demandèrent que il voloient
     15  dire. La cappitainne dam Piètre Gousse parla enssi et
         dist: «Biau signeur, vous nous quoitiés de moult
         priès, et veons bien que vous ne vous partirés sans
         avoir la forterèce. Vous blechiés nos gens; nous blechons
         les vostres: si avons conseil l’un par l’autre, je
     20  pour tous, qui en sui cappitains, que nous vous renderons
         le fort, salve nos vies et nos biens. Si nous
         prendés enssi, car c’est droite parechon d’armes.
         Vous estes pour le present plus fort que nous ne
         soions: ce le nous fait faire.» Li chevalier englès
     25  respondirent que il s’en consilleroient, enssi qu’il fissent.
         Quant il furent consilliet, il fissent responsse, et fu dit
         que chil de dedens partiroient, se il voloient; mais la
         garnisson, ens ou point où elle estoit, il la[i]roient, ne
         riens, fors leurs vies, il n’en porteroient. Quant Piètres
     30  Gousse veï que il n’en aroit autre cose, si eut plus chier
         à prendre che marchié que faire pieur: [si] s’i acorda.
         Enssi fu li castiaulx de la Fighière rendus et mis en le
  [163]  main des Englès, et s’en partirent li Espagnol sus le
         sauf conduit des Englès, et s’en allèrent viers Sceris, où
         li maistres de Saint Jaque se tenoit; mais point ne l’i
         trouvèrent, car il avoit entendu que li Englès chevaucoient:
      5  si s’estoit trais sour les camps, et chevauchoit
         à bien quatre cens hommes d’armes espagnols et castellains,
         car il esperoit que, se il pooit trouver les
         Englès sus son avantage, il les combateroit.


         § 241. Quant cil chevalier d’Engletière, li Canonnes
     10  et sa route, furent saissi dou castiel de la Fighière, si en
         eurent grant joie; si le fissent remparer et remettre à
         point et repourveïr d’artellerie, et i laissièrent quarante
         compaignons, archiers et aultres, et bon cappitaine
         pour le garder; et puis se consillièrent quel
     15  cose il feroient. Consilliet fu que il se retrairoient vers
         leurs logeïs. Et se departirent li Englès et li Gascon,
         et fissent trois routes; et la darainière des routes qui
         demora sus les camps, che fu celle dou Canonne. Et
         estoient aucun Englès et Gascon et Allemant, qui desiroient
     20  les armes, demoret avoec lui, et pooient estre
         environ soissante lances et otant d’archiers; et
         chevauchièrent ces gens en la route dou Canonne, un jour
         tout entier, en revenant vers Ville Vesiouse.

         Le second jour au matin, à heure de prime, que les
     25  embusques se descuevrent, il chevauchoient tout
         ensamble bien ordonnéement et estoient entre une
         grosse ville en Portingal que on dist [Olivence] et le
         castiel dou Conciel; et droitement au dehors d’un bois,
         plus priès dou castiel dou Conciel que de [Olivence],
     30  estoit en embusque li maistres de Saint Jaque, à bien
         quatre cens hommes d’armes. Sitost que li Englès les
  [164]  perchurent, il se remissent tout ensamble et ne monstrèrent
         point de samblant d’effroi, et chevauchièrent le
         bon pas. Chil Espagnol, com grant fuisson qu’il fuissent,
         ne monstrèrent nul samblant ne ne fissent de
      5  iaulx desbusquier, mais se tinrent toudis en leur
         enbusque, et quidoient par imagination que li Englès
         eussent assés priès de là leur grosse bataille. Pour che
         ne les ossèrent il envaïr, car, se il seuissent justement
         leur convenant, il i eust eu hustin. Enssi se departirent
     10  il li un de l’autre sans riens faire. Li Espagnol
         retournèrent che soir à [Seris], et li Canonnes à Ville
         Vesiouse, qui recorda à ses compaignons comment il
         avoient veu les Espaignols en embusque entre le Conciel
         et Olivence, et dist: «Se nous eussions esté tout
     15  ensamble, nous les eussions combatus.» Si se repentoient
         li chevalier grandement de ce que il avoient
         laissiet l’un l’autre. Enssi se porta ceste première
         chevauchie que li Englès et li Gascon fissent; et quant
         les nouvelles en vinrent au roi de Portingal, si monstra
     20  par samblant que il en fust courouchiés, et pour
         tant que il avoient chevauchié hors son commandement
         et ordonnance.


         § 242. Enssi se tinrent tout cel ivier li Englès et
         Gascon en leurs garnissons, sans point chevauchier ne
     25  à faire cose qui à recorder face, dont il leur anoioit
         grandement, et ne demoroit pas à iaulx que il ne
         fesissent armes.

         Entrues se pourveoit li rois dans Jehans de Castille,
         et avoit envoiiet en France devers le roi et ses oncles
     30  au secours, en iaulx segnefiant coument li contes de
         Cambruge estoit venus et arivés en Portingal, et estoit
  [165]  la vois par tout les roiaulmes de Castille et de Portingal
         que li dus de Lancastre, ses frères, poissament
         acompaigniés, venroit en leur aide à l’esté; pour quoi
         il requeroit au roi, selonc les aliances et confederations
      5  que il avoient ensemble, France et Espagne, par
         grant conjonction d’amour, que il fust sus le tamps
         d’esté confortés de bonnes gens d’armes, par quoi il
         peuist de force et de fait resister à ses ennemis. Li
         consaulx dou roi de France s’asentoit bien à tout che,
     10  et veoit clerement que li rois d’Espaigne requeroit
         raisson. Si fu ordonné en France de donner grace et
         congiet toutes manières de gens d’armes, chevaliers
         et escuiers qui avanchier se voloient, et leur faissoit
         li rois de France le premier prest pour passer oultre.
     15  Si me samble que messires Oliviers de Claiequin,
         frères dou connestable Bertram qui fu, se ordonna
         pour aler che chemin sus le printamps. Ossi fissent
         pluiseur chevalier et escuier de Bretaigne, de France,
         de Biause et de Picardie, d’Ango, de Berri, de Blois
     20  et du Maine, et passoient par routes, pour mieux aler
         à leur aisse, et avoient passage ouvert parmi le roiaume
         d’Arragon, et trouvoient pourveances toutes prestes
         parmi leurs deniers paians; mais sachiés que il ne
         paièrent mie par as tout ce que il prendoient, quant
     25  il estoient ou plat païs, dont les povres gens le
         comparoient.

         § 243. Vous savés comment li rois Richars d’Engletière
         avoit eu, un an et plus, traitiés devers le roi
         Charle d’Alemaigne, qui pour ce tamps en title s’escripsoit
     30  rois des Roumains, pour avoir sa soer, madame
         Anne, en mariage, et comment mesires Simons Burlé,
  [166]  uns siens chevaliers, en avoit moult travilliet, et comment
         li dus de Tassem, d’Alemaigne en avoit esté en
         Engletière, pour confremer le mariage. Tant avoient esté
         ces coses demenées que li rois des Roumains envoioit
      5  sa soer en Engletière, le duc de Tassem en sa compaignie
         et grant fuisson de chevaliers et d’escuiers, de
         dames et de damoiselles en estat et en arroi, enssi
         comme à tel dame appartenoit; et vinrent en Braibant
         et en le ville de Brousselles. Là requellièrent li dus
     10  Wincelins de Braibant et la duccoise Jehane, sa femme,
         la jone dame et sa compaignie moult grandement, car
         li dus en estoit oncles: elle avoit esté fille de l’empereur
         Charle, son frère. Et se tint madame Anne de
         Behaigne, à Brousselles, dallés son oncle et sa belle
     15  ante plus d’un mois sans partir, ne bougier ne s’osoit,
         je vous dirai raison pour quoi. Elle fu segnefiie et ses
         consaulx, que il i avoit environ douse vaissaulx armés,
         plains de Normans, sus le mer, qui waucroient entre
         Callais et Hollandes, et pilloient et desreuboient sus
     20  le mer tout ce que il trouvoient, et n’avoient cure sur
         qui; et aloit et couroit renommée sus les bendes de
         celle mer de Flandres et de Zellandes que il se tenoient
         là en attendant la venue de la jone dame, et que li rois
         de France et ses consaulx voloient faire ravir la dame,
     25  pour brisier che mariage, car il se doubtoient grandement
         des aliances des Allemans et des Englès. Et dissoit
         on encores avant, quant on parloit que ce n’estoit pas
         honnerable cose de prendre ne de ravir dames en
         guerres de signeurs, en coulourant et en faissant le
     30  querelle du roi de France plus belle: «Comment ne
         veïstes vous pas que li princes de Galles, pères de che
         roi d’Engletière, que il fist ravir et consenti le fait de
  [167]  madame de Bourbonnois, mère à la roïne de France,
         qui fu prise et emblée des gens dou prince, et tout de
         celle guerre, ens ou castiel de Belle Perce? [M’aïst]
         Dieu, si fu, et menée ent en Giane et rençonnée. Ossi
      5  par pareille cose se li François, pour eux contrevengier,
         prendoient le moullier dou roi d’Engletière, il ne
         feroient à nullui tort.»

         Pour ces doubtes et pour les apparans que on en
         veoit, se tint la dame et toute sa route à Brousselles
     10  un mois tout entier, et tant que li dus de Braibant, ses
         oncles, en envoiia en France son conseil, le signeur de
         Rocelare et le signeur de Bouquehort, pour remonstrer
         ces coses au roi de France et à ses oncles, liquel
         estoient ossi neveut dou duc de Braibant et fils de sa
     15  soer. Cil chevalier de Braibant exploitièrent tant et
         si bellement parlèrent au roi de France et à son conseil,
         que grace li fu faite et bons sauf conduis donnés
         de passer où il li plaisoit, li et les siens, fust parmi le
         roiaulme de France ou sus les frontières, en allant
     20  jusques à Calais, et furent li Normant qui se tenoient
         sus mer remandé. Tout ce raportèrent li dessus dit
         chevalier en Braibant au duc et à la ducoise, et leur
         escripsoient li rois et si oncle que, à leur priière et
         contemplation et nom d’autrui, il faissoient celle grace
     25  à leur cousine de Behaigne. Ches nouvelles plaisirent
         grandement au duc de Braibant et à la ducoisse et à
         ceulx qui passer le mer volloient. Si se ordonnèrent
         et se departirent de Brousselles, et prist la dame congiet
         à son oncle et à sa belle ante, et as dames et
     30  damoisselles dou païs qui compaigniet l’avoient, et [si]
         le fist li dus convoiier à bien cent lances. Et passèrent
         tout parmi Gand et i reposèrent un jour, et fisent li
  [168]  Gantois ce qu’il peurent d’onneur à la dame. Et vint
         de là à Bruges, et le rechut li contes de Flandres
         moult bellement, et s’i rafresquirent trois jours, et puis
         passèrent oultre et chevauchièrent tant que il vinrent
      5  à Gravelines. Entre Callais et Gravelines estoient li
         contes de Sasleberi et li contes de Deuvesiere, à cinc
         cens lances et otant d’archiers, qui là l’atendoient. Si
         l’enmenèrent à Calais. Adont retournèrent li Braibençon,
         quant il l’eurent delivret as barons d’Engletière.


     10  § 244. Ceste jone dame ne sejourna gaires à Callais,
         quant elle eut vent à volenté. Si entrèrent en
         leurs vaissaulx un merquedi au matin, apriès ce que li
         cheval furent escipet, et, che jour, il arivèrent à Douvres.
         Là se reposa et rafresqui la dame deus jours.
     15  Au tierch jour, elle parti et vint à Saint Thomas de
         Cantorbie, et là trouva elle le conte de Bouquighen,
         qui le rechut moult grandement. Tant esploita celle
         dame que elle vint à Londres, où elle fu receue très
         honnerablement des bourgois, des dames et des damoiselles
     20  dou païs et de la ville, qui estoient là toutes
         asamblées contre sa venue. Si l’espousa li rois en le
         cappelle dou palais de Wesmoustier, au vintime jour
         dou Noël, et i furent au jour des espoussailles moult
         grandes les festes. Et toudis fu en sa compaignie,
     25  depuis que elle vint à Trec en Alemaigne, chils gentils
         et loiaulx chevaliers, messires Robers de Namur,
         jusques à tant que elle fu espousée, de quoi li rois
         d’Engletière [et li baron] li seurent grant gret. Ossi
         fist li rois d’Allemaigne. Si mena li rois d’Engletière
     30  sa femme à Windesore, et là tint son hostel grant
         et bel: si furent moult joieusement ensamble, et
  [169]  se tenoit madame la princesse dalés sa fille, la jone
         roïne.

         Et ossi pour che tamps i estoit la ducquoise de Bretaigne,
         soer du roi Richart, que ses maris, li dus de
      5  Bretaigne, ne pooit ravoir; ne li baron d’Engletière ne
         li consaulx dou roi ne voloient nullement consentir
         que on li renvoiiast, pour tant que il estoit tournés
         françois. Et dissoient communement en Engletière li
         baron et li chevalier: «Chils dus de Bretaigne s’acquita
     10  lubrement et fausement envers le conte de Bouquighen
         et nos gens dou derrenier voiage que il fissent en
         France, et il remande sa femme. Nennil, nous ne li
         renvoierons pas, mès envoions li ses deus ennemis,
         Jehan et Gui de Bretaigne, qui ont plus grant droit à
     15  l’hiretage de Bretaigne que il n’ait, car il en est dus
         par nostre poissance, et mal le recongnoist: [si] li
         deveriens pareillement remonstrer sa vilonnie.» Voirs
         est que en ce tamps chil doi signeur, Jehan et Gui de
         Bretaigne, qui furent enfant à saint Charle de Blois,
     20  liquel estoient prisonnier en Engletière et enclos en un
         castiel en la garde de messire Jehan d’Aubrecicourt,
         furent requis et appellé bellement et doucement dou
         conseil dou roi d’Engletière, et leur fu dit que, se il
         voloient relever la ducé de Bretaigne dou roi d’Engletière
     25  et recongnoistre en foi et en hommage dou roi,
         on leur feroit recouvrer leur hiretage, et aroit Jehans,
         li ainsnés, en mariage madame Phelippe de Lancastre,
         fille dou duc que il eut de la ducoise Blance de Lancastre.
         Mais il respondirent que il n’en feroient riens
     30  et que, pour morir en prison, il demoroient bon François.
         Si demora la cose en cel estat, ne depuis, quant
         on sceut leur ferme entente, il n’en furent point requis.


  [170]  § 245. Vous savés comment li Parisiien s’estoient
         composé et acordé envers le roi à paiier une somme
         de florins toutes les sepmaines. Li florin estoient paiiet
         à un certain rechepveur que li Parisiien i avoient establi
      5  et ordonné, mais li rois n’en avoit nuls, ne riens
         ne s’en tournoit en son pourfit, ne riens ne partoit de
         Paris. Et avint, ce te[r]me pendant, que li rois eut
         grant besongne d’argent, pour paiier ces gens d’armes
         que il envoiioit en Castille, car il voloit aidier et
     10  conforter à son besoing le roi dam Jehan de Castille, et
         tenus i estoit par les aliances de jadis faites. Si manda
         à che recheveur de Paris que il fesist la finance de cent
         mille frans, et monstroit tout clerement où il les voloit
         mettre. Li rechevères respondi as lettres du roi et as
     15  messages moult bellement, et dist que voirement avoit
         il argent assés, mais il n’en pooit rien delivrer sans le
         congiet et consentement de la communauté de Paris.
         Ces responses ne plaisirent mies bien au roi, et dist
         que il i pourverroit de remède, quant il poroit, si qu’il
     20  fist; et fist finance ailleurs, parmi l’aide de ses bonnes
         villes de Picardie.

         Enssi avoit un grant different entre le roi de France
         et les Parisiiens; et ne venoit point à Paris, mais se
         tenoit à Miaulx, ou à Senlis, ou à Compiengne, ou là
     25  environ, dont li Parisiien estoient tout courouchié. Et
         le plus grant resort de seurté qu’il avoient et le grigneur
         moien, c’estoit ou duc d’Ango, qui s’escripsoit
         rois de Sesille et de Jherusalem, et ja en avoit encargiet
         les armes. Chils dus se tenoit communement à
     30  Paris, et subportoit desous ses elles les Parisiiens, pour
         la cause de ce que il avoient grant finance, et contendoit
         à ce que il en fust aidiés et departis, pour aidier
  [171]  à faire son fait et son voiage; car il asambloit argent
         de tous lés et si grant somme, que on dissoit que il
         avoit à Rokemore, dallés Avignon, l’argent de deus millions
         de florins. Si traita par devers les Parisiiens, et
      5  fist tant par biau langage, enssi que cils qui bien le
         savoit faire et qui bien estoit enlangagiés, et qui pour
         ce tamps de droit avoit le regart et l’amenistration
         deseure ses frères, car il estoit ainnés, du roiaulme de
         France, que il eut de celle somme de florins asamblés,
     10  à une seule delivrance, cent mille francs; et li rois n’en
         pooit nuls avoir, ne si doi autre oncle, Berri et Bourgongne.

         Quant li dus d’Ango eut fait toutes ses pourveances
         et ses ordonnances, à l’entrée dou printamps, il se
     15  mist au chemin en si grant arroi que merveilles, et
         passa parmi le roiaulme, et vint en Avignon, où il fu
         grandement festiiés et requelliés dou pappe et des
         cardinaulx; et là vinrent li baron et les bonnes villes de
         Prouvence tout et toutes, excepté Ais en Prouvence,
     20  qui le rechurent à signeur et li fissent feaulté et homage,
         et se missent en son obeïssance. Et là vint en Avignon
         devers li li gentils contes de Savoie, bien acompaigniés
         de barons et de chevaliers, qui fut ossi de son cousin
         le pape grandement bien venus et de tous les cardinaulx.
     25  Là en Avignon furent faites les finances et les
         delivrances d’or et d’argent dou duc d’Ango au conte
         de Savoie et as Savoiiens, qui montoient grant fuisson.

         Apriès toutes ces coses faites, li dus d’Ango et li
         contes de Savoie prissent congiet au pappe et se departirent
     30  d’Avignon, et prissent le chemin de la Daufiné
         de Viane, et amena li contes le duc en Savoie, et là le
         honoura il en ses bonnes villes très grandement. Et
  [172]  toudis passoient gens d’armes devant et apriès, et
         trouvoient Lombardie toute ouverte et aparillie. Si
         entra li dus d’Ango en Lombardie, et estoit, par toutes
         les cittés et les bonnes villes de Lombardie, trop grandement
      5  recheux, et par especial à Mellans. Là fu il honnourés
         oultre mesure de messire Galleas et de messire
         Bernabo, et eut de par iaulx si grans dons, au passer,
         de riches jeuiaulx et de chevaux de pris, que mervelles
         seroit à l’esmer. Et tenoit li dus d’Ango partout tel
     10  estat comme rois, et avoit ses ouvriers de monnoie,
         qui forgoient florins et blances monnoies, dont il faissoient
         leurs paiemens, et passèrent enssi toute Lombardie
         et la Tosquane. Quant il vinrent en Toskane et
         que il aprochièrent Romme, si se remissent plus
     15  ensamble que il n’euissent esté en devant, car li Rommain,
         qui bien savoient la venue dou duc d’Ango, s’estoient
         grandement fortefiiet à l’encontre de lui et
         avoient à cappitaine un vaillant chevalier d’Engletière,
         qui s’appelloit messire Jehan Haccoude, liquels avoit
     20  de lonc tamps demoret en Rommagne et connissoit
         toutes les frontières. Si tenoit grant fuisson de gens
         d’armes sus les camps as saulx et as gages des Rommains
         et de Urbain, qui se dissoit pappes et que li Roumain
         et li Alemant et pluiseurs autres nations tenoient
     25  à pappe. Et cils pour le tamps se tenoit en la citté de
         Romme, ne point ne s’effreoit de la venue dou duc
         d’Ango, et, quant on l’en parloit et que on li remonstroit
         que li dus d’Ango venoit celle part, le conte de
         Savoie en sa compaignie [et] le conte de Genève, et que
     30  il avoit bien noef mille lances de bonnes gens d’armes,
         et ne savoit on encores de verité se il venroit de fait
         à Romme pour li oster de son siège, car il estoit tous
  [173]  Clementins, il respondoit en dissant: «_Crux Cristi,
         protege nos._» C’estoit tous li effrois que il en avoit, et
         lequel il respondoit à ceulx qui l’emparloient.


         § 246. Enssi passèrent ces gens d’armes, li dus d’Ango
      5  qui se dissoit et escripsoit rois de Naples, de Sesille et
         de Jherusalem, dus de Puille et de Calabre, et li contes
         de Savoie et leurs routes, toute le [Lombardie et]
         la Toscane, en costiant la marce d’Anconne et la terre
         dou Patrimonne; et point n’entrèrent ne aprochièrent
     10  Romme, car li dus d’Ango ne voloit nulle guerre ne
         mautalent à Romme ne as Roumains, mais faire son
         voiage et son emprise deuement sus le point et l’estat
         que il estoit partis de France. Et, partout où il passoit
         et venoit, monstroit estat très estoffet et poissance de
     15  roi; et se looient de lui et de son paiement toutes gens
         d’armes, car bien savoit que il en aroit afaire.

         En che tamps se tenoit en la citté de Napples ses
         aversaires, messires Charles de la Pais, qui se dissoit
         ossi et escripsoit rois de Naples, de Sesille et de
     20  Jherusalem, dus de Puille et de Calabre, et s’en tenoit
         hoirs droituriers, puis que la roïne de Naples estoit
         morte, sans hoir avoir de se char par loiaulté de
         mariage. Et tenoit chils messires Charles en vain et à
         nul le don que la roïne en avoit fait au pappe, et i
     25  monstroit à son oppinion deus raisons: li une estoit
         que il dissoit, soustenoit et voloit mettre oultre (et [li]
         Neapliien et li Sesiliien li aidoient à soustenir) que la
         roïne de Napples ne pooit donner ne reserver l’iretage
         d’autrui, et, se il estoit enssi que la reservation fust
     30  bonne et li dons utilles, par le [stille] de le court de
         Romme et le droit des pappes, [si] dissoient il que
  [174]  elle ne l’avoit pas fait deuement, car il tenoient Urbain
         à pappe et non Clement. Velà la question que il debatoient
         et proposoient, et les deffenses que messires
         Charles de la Pais i mettoit.

      5  Chils messires Charles de la Pais de commencement
         ouvra trop sagement, car il fist pourveïr le castiel de
         l’Uef, qui est uns des plus fors castiaulx dou monde,
         car il siet par encantement en mi le mer et ne fait mies
         à prendre ne à conquerir, se che n’est par nigremanche
     10  ou par l’art dou diable; et quant il l’eut fait pourveïr,
         pour vivre trois ou quatre ans une quantité de gens
         d’armes qui dedens se boutèrent avoec li, il laissa le
         païs convenir, et savoit bien la condition de ceulx de
         Napples que nullement il ne le relenquiroient, et là
     15  s’enclost. Se Puille et Calabre se perdoient pour deus
         ou pour trois ans, ossi legierement il le raroit, car il
         imaginoit que li dus d’Ango se useroit de finance à
         tenir si longuement telle somme de gens d’armes sour
         les camps, que il avoit amenet oultre. Il n’estoit mies
     20  en sa poissance: ou vivres leur fauroient, ou finance
         et paiement leur fauroit, par quoi il se taneroient, ou
         dedens deus ans ou trois, quant il seroient foullé, lassé
         et tané, il les combateroit à son avantage. Toutes ces
         imaginations eut Charlles de la Paix, dont desquelles
     25  on en veï bien, en che terme que il i mettoit, [averir]
         aucunes, car voirement il n’est nuls sires crestiiens,
         excepté le roi de France et le roi d’Engletière, qui hors
         de leur païs peuissent, ne trois ans ne quatre, tenir
         tel peuple sus les camps de gens d’armes que li dus
     30  d’Ango avoit et tenoit, et mist oultre les mons bien
         trente mille combatans, que il ne fust tous usés et
         minés de chavanche et de finance. Et tels coses, à
  [175]  entreprendre un tel fait au commenchement font bien
         à glosser et à resongnier.


         § 247. Quant li dus d’Ango et ses routes entrèrent
         en Puille et en Calabre, li païs fu tantos tout leur, et
      5  monstroit li peuples que il ne desiroit autre signeur à
         avoir que le duc d’Ango; et vinrent sus un brief terme
         tout signeur, cittés et bonnes villes, en son obeïssance.
         Or dient cil qui ont estet en ce païx là que c’est li une
         des plus crasses marches dou monde et que pour le
     10  grant plenté de biens qui habondent ou païs, les gens
         i sont tout wisseux et n’i font point de labeur. Quant
         ces gens d’armes se trouvèrent en che bon païs et cras
         et raempli de tous biens, se tinrent tout aisse. Adont
         s’en vinrent li dus d’Ango et li contes de Savoie, li
     15  contes de Vendome, li contes de Genève et la grant
         chevalerie de France, de Bretaigne et de Savoie, et
         passèrent oultre et vinrent en la marce de Napples.
         Onques cil de Naples, pour la doutance de ces gens
         d’armes, ne daignièrent clore porte de leur ville, mais
     20  les tenoient toutes ouvertes. Bien penssoient que li dus
         d’Ango ne se bouteroit jamais dedens hors de leur
         plaissance, car qui seroit dedens enclos, quels peuples
         que che fust, il seroit perdus, ne les maisons ne sont
         pas à prendre, car il i a plances que on hoste, quant on
     25  voelt, et là desouls c’est la mer où nuls ne s’oseroit
         embatre.

         Avint que uns encantères, maistre de nigremance,
         qui estoit en la marce de Napples et avoit conversé un
         lonc tamps, vint au duc d’Ango, et [si] li dist: «Monsigneur,
     30  se vous volés, je vous renderai le castiel de
         l’Uef, et ceuls qui sont dedens, à vostre volenté.»--«Et
  [176]  comment, dist li dus, poroit che estre?»--«Monsigneur,
         je le vous dirai, dist li encantères, je
         ferai par encantement l’air si espès, que dessus la mer
         il samblera à ceulx de dedens que il i ait un grant
      5  pont pour aler dix hommes de front; et quant cil qui
         sont ou castiel verront che pont, il seront si esbahi
         que il se venront rendre à vostre volenté, car il doubteront
         que, se on les assaut, que il ne soient pris de
         force.» Li dus ot de ceste parolle grant mervelle, et
     10  appella de ses chevaliers le conte de Vendome, le conte
         de Genève, messire Jehan et messire Pière de Buel,
         mesire Meurisse Mauvinet et les autres, et recorda che
         que chils maistres encantères dissoit, liquel de ceste
         parolle estoient tout esmervilliet et s’asentoient assés
     15  à ce que on le cruist. Adont demanda li dus d’Ango à
         celli et li dist: «Biaux maistres, et sus ce pont que
         vous dites que vous ferés, se poront nos gens asseurer
         de aler sus jusques au castiel pour asaillir?»--«Monsigneur,
         respondi li encantères, tout ce ne vous
     20  oseroie je pas asseurer, car, se il i avoit nuls de ceulx
         qui sus le pont passeroient, qui fesist le signe de le
         crois, tout iroit à noient, et cil qui seroient sus,
         trebuceroient en la mer.» Adont commencha li dus à
         rire, et lors respondirent aucun jone chevalier et
     25  escuier qui là estoient, et dissent: «Ha! monsigneur,
         pour Dieu laissiés le faire. Nous ne ferons pas le signe
         de le crois, et plus legierement ne poons nous avoir
         vos ennemis.» Dist li dus d’Ango: «Je m’en consillerai.»
         A ces parolles n’estoit point li contes de Savoie,
     30  mais il vint assés tost.


         § 248. Quant li contes de Savoie fu venus en la tente
  [177]  dou duc d’Ango, li maistres encantères estoit partis.
         Adont li recorda li dus la parolle dou maistre et quel
         cose il li offroit. Li contes de Savoie penssa un petit,
         et puis dist: «Envoiés le moi en mon logis, et je le
      5  examinerai; c’est li maistres encantères par lequel la
         roïne de Napples et messires Ostes de Bresuich, ses
         maris, furent jadis pris ens ou castiel de l’Uef, car il
         fist la mer si haute que il sambloit que elle montast
         desus le castiel: s’en furent si eshidé cil qui ou castel
     10  estoient, que il leur sambloit que il deuissent estre tout
         noiiet. On ne doit point avoir fiance trop grande en
         tels gens. Or regardés de la nature des malandrins de
         ce païs: pour seullement complaire à vous et avoir
         vostre bienfait, il voelt trahir ceulx à qui il livra une
     15  fois la roïne de Napples et son mari à Charle de la
         Pais.» Dist li dus d’Ango apriès: «Je le vous
         envoierai.» Adont entrèrent li signeur entre autres
         parolles, et consillièrent un tamps de leurs besongnes
         li dus et li contes de Savoie, et puis retourna li contes
     20  à son logeïs.

         Quant ce vint le jour, apriès que li signeur furent
         levet, li maistres encantères vint devers le duc et l’enclina.
         Sitos que li dus le veï, il dist à un sien varllet:
         «Va, [si] le mainne au conte de Savoie.» Li varlès le
     25  prist par le main et li dist: «Maistres, monsigneur
         voelt que vous venés parler au conte de Savoie.» Il
         respondi: «Dieux i ait part!» Adont s’en vint il en
         la tente dou conte. Li varlès li dist: «Monsigneur,
         vechi le maistre que messires vous envoie.» Quant li
     30  contes le veï, si en ot grant joie, et li demanda:
         «Maistres, dites vous pour certain que vous nous
         ferés avoir le castiel de l’Uef à si bon marchié?»
  [178]  --«Par ma foi, monsigneur, respondi li encantères,
         oïl, car par oevre pareille, je le fis jadis avoir à cellui
         qui est dedens, messire Charlle de la Pais, et la roïne
         de Naples, et sa fille et son marit, messire Robert
      5  d’Artois, et messire Ostes de Bresuich; et je sui
         l’omme ou monde maintenant que messires Charles
         resongne le plus.»--«Par ma foi, dist li contes de
         Savoie, vous dites bien; et je voel que Charle de la
         Pais sache que il a grant tort se il vous crient, car je l’en
     10  aseur[er]ai, ne jamais vous ne ferés encantement pour
         decepvoir lui ne autrui; ne je ne voel pas que il nous
         soit reprochié, ou tamps à venir, que en si haut fait
         d’armes que nous sommes et tant de vaillans hommes,
         chevaliers et escuiers, asamblés, que nous ouvrons par
     15  encantement ne que nous aions par tel art nos ennemis.»
         Adont appella il son varlet, et dist: «Prendés
         le bouriel, et li faites trenchier la teste.» Tantos que
         li contes de Savoie ot dit ceste parolle, che fu fait: on
         li trencha, au dehors des logeïs, la teste. Enssi fina
     20  chils maistres encantères, et fu paiiés de ses leuwiers.

         Nous nos soufferons à parler dou duc d’Ango et de
         ses gens et de leur voiage, et retournerons as besongnes
         de Portingal, et conterons comment li Englès et
         li Gascon perseverèrent.


     25  § 249. Quant che vint à l’entrée dou mois d’apvril,
         li chevalier qui estoient en garnison à Ville Vesiouse
         et qui avoient là sejourné tout le tamps [d’ivier] et
         n’avoient plus chevauchié, fors que quant il furent
         devant le Fighière, s’avisèrent l’un parmi l’autre que
     30  il chevaucheroient. Et avoient entre iaulx grant merveilles
         à quoi li rois de Portingal ne li contes de Cambruge
  [179]  pensoient, quant il avoient ja esté noef mois ou
         païs de Portingal, et n’avoient chevauchiet que une fois,
         et que il se portoient grant blasme. Si regardèrent que
         il envoieroient devers le conte Ainmon de Cambruge,
      5  pour remonstrer ces besongnes, et me samble que li
         soudis de l’Estrade i fu envoiiés, et vint à Estremouse,
         où li contes estoit logiés. [Si] li dist: «Sire, li
         compaignon m’envoient devers vous à savoir quel cose
         vous vollés faire, car il ont grant mervelles pour quoi
     10  on les a amenés en che païs, quant tant i sejournent,
         et que che leur tourne à grant desplaisance. Si me respondés
         que vous vollés qu’il facent, car il ont grant
         désir de chevauchier.»--«Soudis, dist li contes,
         vous savés que, quant je me parti d’Engletière, messires
     15  mes frères, li dus de Lanclastre, me proumist
         par sa foi que, li revenu d’Escoce où il aloit, il venroit
         par de dechà à une grant quantité de gens d’armes de
         deus ou de trois milliers et otant d’archiers, et n’estoie
         dechà envoiiés sus l’estat que je vins, fors que
     20  pour avisser le païs; et temprement nous en deveriens
         oïr nouvelles, car ossi ai jou grant mervelle pour
         quoi il sejourne tant. [Si] me salués les compaignons,
         et leur dirés che que je vous di. Au fort, je ne les puis
         ne ne voel mies tenir de chevauchier, se il i ont bonne
     25  affection; mais vous savés que li rois de Portingal
         paie les gages: si se doit on ordonner par li.»--«Par
         ma foi, dist li soudis, il paie mal, car ossi li
         compaignon se plaindent trop fort de son paiement:
         il nous doit encores tous les gages de siis mois.»--«Il
     30  vous paiera bien, dist li contes, toudis vient argens
         à point.» Sus cel estat se departi li soudis dou conte,
         et retourna devers les compaignons. Si leur recorda
  [180]  tout che que vous avés oï. «Signeur, dit li Canonnes,
         ja pour ce ne demeure. Je voi bien [que] on se disimulle
         de nostre chevauchement; on ne voel[t] point
         que nous chevauchons, afin que nous n’aions cause
      5  de demander argent, et je lo dont que nous chevauchons.»
         Là ordonnèrent et acordèrent entre iaulx que
         il chevaucheroient, et i preficièrent le jour.

         Le soir dont il devoient chevauchier à l’endemain et
         avoient leurs harnois tous près, vint messires Jehans
     10  Frenande, uns chevaliers dou roi de Portingal, qui
         estoit enformés que il voloient chevauchier, et aporta
         lettres au Canonne de Robersart. Li Canonnes les ouvri,
         et lissi comment li rois li deffendoit que point ne
         chevauchast, et que bien savoit que par li et par son
     15  esmouvement se faissoient les emprisses et les chevauchies.
         De ces nouvelles fu li Canonnes courouchiés, et
         dist au chevalier: «Messire Jehan, je voi bien que li
         rois ne voelt point que je chevauche. Or prendés, biau
         sire, que je sejourne à l’ostel: pensés vous pour ce
     20  que li autre, qui sont milleur chevalier et plus vaillant
         que je ne soie, doient pour ce demorer que il ne facent
         leur emprise? Par ma foi, nenil. Et vous le verrés
         demain, car il se sont tout aresté et ordonné à
         chevauchier.»--«Sire, dist Frenando, commandés leur
     25  de par le roi que point il ne chevauchent.»--«Par
         ma foi, sire, dist li Canonnes, je n’en ferai riens, mais
         commandés leur, qui estes au roi, sus cel escript.»
         La cose demora enssi la nuit.

         Quant che vint au matin, on sonna les trompètes
     30  parmi la ville. Chevalier s’armèrent, et toutes gens
         s’aparillièrent et montèrent as chevaulx, et vinrent
         devant l’ostel le Canonne qui point ne s’armoit. Là
  [181]  s’arestèrent tout li chevalier englès et gascon. Il vint
         as phenestres parler à eux, et leur dist que li rois de
         Portingal ne voloit point que on chevauchast. «Par
         ma foi, respondirent il, nous chevaucherons, puisque
      5  nous sommes si avant, et ossi chevaucherés vous; ne
         ja ne vous sera reprochié que nous chevaucherons et
         vous reposerés à l’ostel.» Là convint le Canonne de
         Robersart armer et monter à cheval, et ossi fist le chevalier
         portingallois messire Jehan Frenande, dont il fu
     10  puis près pendus dou roi, car tant li priièrent li compaignon
         que il s’arma. Adont issirent il de le Ville
         Vesiouse, et se missent as camps, et estoient bien
         quatre cens lances et otant d’archiers, et prissent le
         chemin de Sebille et devers un castel et une bonne ville
     15  que on dist le Ban.


         § 250. Tant chevauchièrent Englès et Gascon que il
         vinrent devant le Ban. Si l’environnèrent à l’une des
         pars là où elle estoit le plus prendable et le plus legière
         à l’asallir. Si descendirent toutes gens d’armes à piet,
     20  et se missent en arroi et en ordonnance d’assaut, et
         entrèrent ens es fossés, où il n’avoit point d’aighe, et
         vinrent jusques as murs, et commenchièrent à pikier
         et à hauer et fort à assallir. Pour ce jour n’avoit en la
         ville dou Ban nulles gens d’armes fors que les hommes
     25  de la ville, qui estoient moult mal armet. Toutesfois il
         estoient à leurs deffenses, et avoient lanches et gavrelos
         et archigai[e]s, dont il traioient et lanchoient, et
         se deffendoient che qu’il pooient; mais il veïrent bien
         que à le longhe il ne pooient durer ne contrester que
     30  il ne fuissent pris. Si commenchièrent à traitier à ceuls
         qui les asalloient. Finablement il se rendirent sauve
  [182]  leurs vies et le leur, et dirent que il se meteroient et
         demor[r]oient en l’obeïssance dou roi Ferrant de Portingal.
         Enssi furent il rechut, et entrèrent en la ville
         toutes gens et s’i rafresquirent, et alèrent aviser et
      5  regarder che jour comment il se poroient chevir dou
         castiel, et perchurent que il estoit bien prendables.
         Très le soir commenchièrent li aucun de l’ost à escarmuchier.
         Quant che vint au matin, on commencha à
         asaillir de grant ordonnance, et cil qui dedens estoient
     10  à eux deffendre. Ens ou castiel estoit un gentil homme
         dou païs, qui en estoit cappitaine, et n’estoit mies trop
         bons homs d’armes, et bien le monstra: si se nommoit
         Piètres [Raconstes], car, sitrestos que il se veï asaillir
         et tant de bonnes gens d’armes devant li, il s’effrea
     15  et entra en tretiés, et rendi le fort, salve se vie et
         ceulx qui dedens estoient. On le prist, et le rafreschist
         on de bonnes gens d’armes et d’archier[s], et puis
         s’en partirent et chevauchièrent devers un autre castiel
         à sis lieues de là que on dist la Courtisse. Quant il
     20  furent venu jusques à là, si se missent en ordonnance
         d’assallir, et assallirent fort et roit. Chil qui dedens se
         tenoient estoient vaillans gens, et bien se deffendirent
         che qu’il peurent, et ne se daignièrent rendre. A l’assaut
         qui fu grans et fors, fu mors li cappitainne dou
     25  castiel, qui s’appelloit Radighos. Soutis et apert homme
         d’armes estoit, et fu mors de trait de la flèche d’un
         archier d’Engletière, car il s’abandonnoit trop avant
         à la deffense. Depuis que il fu mors, li autre n’eurent
         point de durée, et fu li castiaux pris, et li plus de ceuls
     30  qui dedens estoient, mort. Enssi eurent li Canonnes
         et ses gens le castiel de la Courtisse. Si le rafresquirent
         de nouvelles gens et le remparèrent biel et fort,
  [183]  et puis passèrent oultre en aprochant la citté de Sebille
         la grande.


         § 251. Tant exploitièrent cil Englès et cil Gascon
         que il vinrent à Jaffre, à dis lieues de Sebille. Une ville
      5  est Jaffre mal fremée, mais il i a un grant moustier
         assés fort, que cil dou païs et de la ville de Jaffre avoient
         fortefiiet, et là s’estoient retrait sus la fiance dou lieu.
         De venues, la ville de Jaffres fu tantos prise et toute
         arsse, et li moustiers asaillis, liquels à l’assault ne dura
     10  pas une heure que il ne fust pris; et là eut grant pillage
         pour ceulx qui premiers i entrèrent, et moult
         d’ommes mors. Apriès il chevauchièrent oultre, car
         il furent enformé que ens uns grans marès qui là sont
         en une vallée, avoit la plus belle proie dou monde,
     15  plus de vint mille bestes, pors, buefs, vaces, moutons
         et brebis. De celle proie eurent li signeur grant joie, et
         s’en vinrent de celle part et entrèrent en ces marès, et
         fissent toutes ces bestes vuidier par leurs gens de piet
         et cachier devant eulx. Adont eurent il conseil de
     20  retourner à Ville Vesiouse [leur] il logoient, et prisent
         tout le retour et ce chemin, et vinrent là au soir, à
         l’endemain, eux et leur proie, dont il furent depuis
         moult largement pourveu et avitailliet. Enssi se porta
         ceste chevauchie.

     25  Quant messires Jehans Frenande fu revenus à Lusebonne
         devers le roi, et il li eut recordé comment il
         avoient exploité, et le chevauchie que leurs gens
         avoient fait sus les ennemis, et la belle proie que il
         avoient ramenet, il quida trop bien dire et que li rois
     30  l’en deust savoir trop grant gret, mais non fist, car il
         li dist: «Et comment, gars ordouls, as tu esté si ossés
  [184]  que sus la deffense que je avoie fait, tu leur as consenti
         à chevauchier et as esté en leur compaignie? Par
         monsigneur saint Jacob, je te ferai pendre.» Adont
         se jetta li chevaliers en genoulx, et li cria merchi, et li
      5  dist: «Monsigneur, la cappitainne d’eus, li Canonnes,
         s’en aquita à son pooir loiaument, mais de force li
         autre le fissent chevauchier, et moi aussi, pour enseignier
         le païs; et quant leur chevauchie est à bien tournée,
         vous le nous devés pardonner.» Nonobstant
     10  toutes ces parolles, li rois commanda que on le meïst
         en prisson. Et i fu mis, et i sejourna tant que li contes
         de Cambruge l’en fist delivrer, quant il vint à Lusebonne:
         vous orés sus quel estat.


         § 252. Apriès che que cil gentil englès et gascon
     15  furent de leur chevauchie retourné à Ville Vesiouse, où
         il se logoient et estoient tenu toute la saisson, il
         regardèrent que il envoieroient devers le roi de Portingal,
         pour estre paiet de leurs gages. Si i envoièrent tout
         generaulment le signeur de Taillebot, un baron de la
     20  marche de Galles. Quant li sires de Taillebot fu venus
         à Lusebonne, et il eut parlé au roi et remonstré ce
         pour quoi il estoit venus, li rois respondi follement
         que deus fois avoient chevauchiet oultre sa deffense,
         pour quoi il l’avoient courouchiet et atargiet leur paiement,
     25  ne il n’en peut avoir adont autre cose ne autre
         response. Li sires de Taillebot se parti et retourna à
         ses compaignons et leur recorda la response du roi,
         dont il furent tout courouchiet.

         En celle propre sepmainne se parti li contes de Cambruge
     30  de Estremouse, et s’en vint à Ville Vesiouse
         logier en une eglise de Cordeliers au dehors de la ville.
  [185]  Si en eurent li chevalier englès et gascon grant joie.
         Entre ces chevaliers i avoit des petis compaignons qui
         ne pooient pas atendre le lontain paiement dou roi, et
         dissent l’un à l’autre: «Nous sommes menet mervilleusement;
      5  nous avons ja esté en che païs près d’un
         an, et si n’avons point eut d’argent. Il ne puet estre que
         nostre cappitainne n’en aient receut, car jamais ne
         s’en fuissent souffert si longhement.» Ces parolles et
         murmurations montepliièrent entre iaux tellement que
     10  il dissent que il n’en voloient plus souffrir, et ordonnèrent
         une journée entre iaulx de parler ensamble et
         de estre en parlement en un bel moustier qui siet au
         dehors de la Ville Vesiouse, à l’opposite des Cordeliers,
         où li contes de Cambruge estoit logiés. Et dist li
     15  Canonnes de Robersart que il i seroit, et, au voir dire,
         bien i besongnoit, car, se il n’i eust esté, la cose fust
         alée mauvaisement.


         § 253. Quant che vint environ heure de tierche que
         tout furent là asamblé, excepté li Canonnes de Robersart,
     20  et encores n’estoit point venus, messires Guillaumes
         de Biaucamp, messires Mahieux de Gournai,
         ses oncles, li sires de Taillebot, messires Guillaumes
         Helmen, et li Gascon, li sires de la Barde, li sires de
         Castiel Noef, li soudis de l’Estrade et pluiseurs autres,
     25  si commenchièrent à parler et à faire leur plainte l’un
         à l’autre. Et là avoit un chevalier bastart, frère au roi
         d’Engletière, qui s’appelloit messire Jehans Soutrée,
         qui estoit plus tenres en ses parolles que nuls des
         autres et dissoit: «Li contes de Cambruge nous a chi
     30  amenés, et tous les jours nous aventurons et volons
         aventurer nos vies pour lui, et [si] retient nos gages:
  [186]  je conseille que nous fuissions tout de une aliance et
         d’un acord, et que nous eslevons de nous meïsmes le
         pennon Saint Jorge, et soions amit à Dieu et anemit à
         tout le monde; autrement, se nous ne nous faissons
      5  cremir, n’arons nous riens.»--«Par ma foi! respondi
         messires Guillaumes Helmen, vous dites bien, et
         nous le ferons.» Tout s’acordèrent à celle voix, et
         regardèrent qui il feroient leur cappitaine. Si avissèrent
         que pour tel cas il ne pooient avoir milleur cappitaine
     10  que Soustrée, car il [aroit] de mal faire plus grant
         loisir et plus de port que nuls des aultres. Là boutèrent
         il hors le pennon Saint Jorge, et criièrent tout: «A
         Soustrée, che vaillant bastart! Amis à Dieu et anemis
         à tout le monde!» Et estoient adont en volenté et tout
     15  esquelliet de venir courir premièrement Ville Vesiouse
         et de faire guerre au roi de Portingal. Bien avoient
         messires Mahieux de Gournai [et] messires Guillaumes
         de Biaucamp [debatu] ces parolles de non courir la
         ville, mais il n’en avoient point esté oï. A ces cops
     20  que il avoient levé le pennon Saint Jorge et que il
         devoient partir dou moustier, li Canonnes vint et
         ouvri la presse et entra ens, et s’aresta devant l’autel,
         et dist tout haut: «Biau signeur, que volés vous faire?
         Aiiés ordonnance et atemprance en vous. Je vous voi
     25  durement esmeus.» Adont vinrent en sa presence
         messires Jehans Soustrée, messires Guillaumes Helmen
         et aucun des autres, et li remonstrèrent tout ce que
         il avoient fait et quel cose ossi il voloient faire. Adont
         les rafrena li Canonnes par biau langage, et leur dist:
     30  «Signeur, penssés et imaginés bien vostre fait, avant
         que vous entrependés à faire nulle follie ne nul outrage.
         Nous ne nos poons mieux destruire que de nous
  [187]  meïsmes. Se nous guerrions che païs, nostre ennemi
         en aront nouvelles; si s’efforceront et i enteront de
         une part, et couront, quant il verront que point ne
         leur irons au devant. Enssi perderons nous en deus
      5  manières: nous resjoïrons nos ennemis et aseur[er]ons
         de ce qu’il sont en doubte, et si fauserons nostre
         loiauté envers monsigneur de Cambruge.»--«Et que
         volés vous dont, dist Soustrée, Canonnes, que nous
         fachons? Nous avons despendu plus avant que nos
     10  gages, et si n’avons eu ne prest ne paiement nul,
         depuis que nous venismes en Portingal. Se vous avés
         esté paiiés et nous ne le sommes point, vous avés biau
         souffrir.»--«Par ma foi, Soustrée, dist li Canonnes,
         je n’ai eut non plus avant paiement que vous, ne, sans
     15  vous, je n’en rechepverai riens.» Respondirent aucun
         autre chevalier qui là estoient: «Nous vous en creons
         bien, mais il fault que les coses aient un coron. Monstrés
         nous comment honnerablement nous puissons
         issir de ceste matère et avoir hastieue delivrance, car,
     20  se nous ne sommes paiiet briefment, les coses iront
         mal.» Adont commencha li Canonnes de Robersart à
         parler, et dist:


         § 254. «Biau signeur, je conseille que de chi endroit,
         en l’estat où nous sommes, nous alons parler au conte
     25  de Cambruge et li remonstrons nostre entente.»--«Et
         liquels de nous li remonstera? dissent il entre
         eulx.»--«Je tous seulx, respondi Soustrée, mais
         avoés ma parolle.» Tout li eurent en convenant de
         l’avoer. Adont se departirent il en l’estat où il estoient,
     30  le pennon Saint Jorge devant eux que il avoient che
         jour levet, et s’en vinrent as Cordeliers où li contes
  [188]  estoit logiés et devoit aler disner. Tout cil compaignon,
         qui estoient plus de set cens uns c’aultres, entrèrent
         en la court. Il demandèrent le conte. Il issi hors de sa
         cambre et vint en la salle parler à eulx. Adont
      5  s’avanchièrent tout li chevalier qui là estoient, et Soustrée
         tout devant, qui remonstra de bon visage la parolle et
         dist: «Monsigneur, vous nous avés, qui chi sommes
         en vostre presensse, et encore assés d’autres qui sont
         là hors, atrait et mis hors de nostre nation d’Engletière,
     10  et estes nos chiés; et de nos gages dont nous
         n’avons eu nuls, nous ne nous en devons traire fors à
         vous, car pour le roi de Portingal nous ne fuissions
         jamais venu en che païs ne en son service, se vous ne
         nous deussiés paiier. Et, se vous volés dire que la
     15  guerre n’est pas vostre, mais le roi de Portingal, nous
         nos paierons bien de nos gaiges, car nous courrons ce
         païs, et puis si en ait qui en poet avoir.»--«Soustrée,
         dist li contes, je ne di mies que vous ne soiiés
         paiiés; mais de courir che païs vous me feriés blasme,
     20  et au roi d’Engletière ossi, qui s’est par aliance conjoins
         avoec le roi de Portingal.»--«Et que volés
         vous, dist Soustrée, sire, que nous façons?»--«Je
         voel, dist li contes, que vous prendés trois de nos
         chevaliers, un Englès, un Gascon et un Alemant, et cil
     25  troi s’en voissent devers le roi à Lusebonne, et li
         remonstrent ceste besongne et le lontain paiement que
         il fait as compaignons. Et quant vous l’en arés sommé,
         lors arés vous mieux cause de faire vostre entente.»--«Par
         ma foi, dist li Canonnes de Robersart, monsigneur
     30  de Cambruge dist bien et se parolle sagement
         et vaillanment.» A ce darrain pourpos s’acordèrent;
         mais pour ce n’ostoient il pas le pennon Saint Jorge,
  [189]  et dissent, puis que il l’avoient levé d’un acord en
         Portingal, que tant qu’il i seroient, point ne l’abateroient.
         Adont furent avisset qui iroient en che voiage devers
         le roi: si furent nommé messires Guillaumes Helmen
      5  pour les Englès, messires Thomas Simon pour les
         estraingniers, et li sires de Castiel Noef pour les
         Gascons.


         § 255. Chil troi chevalier dessus nommé esploitièrent
         tant que il vinrent à Lusebonne et trouvèrent le roi,
     10  qui leur fist bonne chière et leur demanda des nouvelles
         et que li compaignon faissoient. «Monsigneur,
         respondirent cil, il sont tout hetiet et en bon point, et
         chevaucheroient volentiers et enploieroient la saison
         autrement que il ne font, car li lontains sejours ne leur
     15  est mies agreables.» Che dist li rois: «Il chevaucheront
         temprement, et je en leur compaignie, che leur
         dirés vous de par moi.»--«Monsigneur, dist messires
         Guillaumes Helmen, nous sommes chi envoiiet
         de par eux et chergiet que nous vous dissons que,
     20  depuis que il vinrent en che païs, il n’ont eut prest ne
         paiement nul de par vous; dont il vous mandent par
         nous, qui generaulment sommes chi envoiiet, que ce
         n’est pas assés, car qui voelt avoir l’amour et le service
         des gens d’armes, il les faut autrement paiier que
     25  vous n’aiiés fait jusques à ores. Et s’en sont souffert
         un grant tamps pour la cause de che que il ne savoient
         point en quoi il perissoit, et en ont encouppé nos
         cappitainnes, dont la cose a près mal alé; mais il s’en sont
         excusé parmi che que on a bien sceu que il n’en ont
     30  riens eu ne receu; et vous savés se il dient voir. Si
         voellent estre paiet tout entirement de leurs gaiges,
  [190]  se vous en vollés avoir le service; et, se vous ne faites
         che, il vous acertefient que il se paieront dou vostre.
         Si aiiés conseil sur che, et [nous donnés] response
         que nous en puissons porter, car il n’atendent autre
      5  cose que no retour.» Li rois penssa un petit, et puis
         dist: «Messire Guillaume, c’est raissons que il soient
         paiiet, mais il m’ont courouchiet de ce que il ont
         oultre ma deffence chevauchié deus fois; et, se chils
         mautallens n’eust esté, il fussent ores satisfait de tous
     10  poins.»--«Sire, dist li chevaliers, se il ont chevauchiet,
         che a estet à vostre honneur et pourfit: il ont
         pris villes et castiaulx, et courut sus la terre de vos
         ennemis priès jusques à Sebille, pour quoi che a esté
         honnerablement esploitiet. [Si] n’en doivent pas perdre
     15  leur saisson, et ossi il ne le voellent pas avoir perdu,
         car, nous retourné, il dient que il se paieront, se il
         n’ont certaine et courtoise response de par vous, autre
         que il n’ont eu jusques à ores.»--«Oïl, dist li rois,
         vous leur dirés que dedens quinse jours au plus tart
     20  je les ferai paiier et delivrer tous leurs gages, jusques
         à un petit denier, mais dites au conte de Cambruge
         que il viegne parler à moi.»--«Sire, dist messires
         Guillaumes, je le ferai, et vous dites bien.» A ces cops
         fu heure d’aler disner: si disnèrent ensamble, et les
     25  festia li rois tous trois ensamble et fist seoir à sa table,
         et là furent che jour. Et à l’endemain il retournèrent
         devers leurs gens. Sitretos comme on sceut leur revenue,
         li chevalier se traïssent devers eulx, pour savoir
         quel cose il avoient trouvet. Si leur record[èr]ent la
     30  response et la parole dou roi, et tant que tout s’en
         contentèrent. «Or regardés, ce dist Soustrée, se
         rihote n’a [à] le fois bien son lieu: encores avons nous
  [191]  avanchiet nostre paiement par estre un petit remorous;
         bien ait qui on crient.»


         § 256. Li chevalier tout troi alèrent devers le conte
         de Cambruge et li recordèrent comment il avoient
      5  exploitié, et que li rois le mandoit. Li contes se parti
         de Ville Vesiouse au matin, et chevaucha tant que il
         vint à Lusebonne. Si fu recheus de son fils et de sa fille
         et dou roi moult amiablement. Là eurent li rois et ils
         parlement ensamble et certain acord et arest de chevauchier.
     10  Si fist li rois un mandement par tout son
         roiaulme à estre sus les camps, entre Ville Vesiouse et
         [Olivence], le setime jour de jun. Chils mandemens
         s’espandi parmi le roiaulme de Portingal: si s’ordonnèrent
         toutes gens d’armes [de cheval et] à piet, pour
     15  estre là à ce jour au plus estofféement comme cescuns
         endroit de li poroit.

         A la venue dou conte de Cambruge à Lusebonne fu
         delivrés messires Jehans Frenande de prison, sur lequel
         li rois pour ces chevauchies avoit esté durement courouchiés.
     20  Si prist li contes congiet dou roi, et s’en
         retourna devers les compaignons à Ville Vesiouse, et
         leur recorda comment il avoit exploitié et que il
         chevaucheroient temprement. De ces nouvelles furent li
         compaignon tout resjoï, et s’ordonnèrent à estre tout
     25  prest sus cel estat. Assés tost apriès vint paiemens et
         finance as compaignons, as cappitaines premierement,
         et tant fissent que tout se tinrent pour content, mais
         toudis se tint li pignons Saint Jorge.


         § 257. Li rois dans Jehans de Castille, qui toute la
     30  saisson avoit fait son amas de gens d’armes qui li
  [192]  estoient venu dou roiaulme de France, et tant que il en
         avoit bien deus mille lances, chevaliers et escuiers, et
         quatre mille gros vallès, sans ceulx de son païs dont il
         pooit bien avoir dis mille hommes à chevaux et otant
      5  de geneteurs, seut ces nouvelles, car il estoit à Sebille,
         comment li rois de Portingal s’ordonnoit pour chevauchier.
         Si avisa pour plus honnerablement user de ceste
         guerre, ou cas que il se sentoit fors assés de gens et
         de poissance, que il manderoit au roi de Portingal la
     10  bataille et que il vosist livrer pièce de tière en Portingal,
         pour combatre poissance contre poissance; et, se che
         ne voloit faire, il li liveroit en Espagne. Si en fu cargiés
         de porter ces nouvelles li hiraus dou roi; et chevaucha
         tant que il vint à Lusebonne, et là trouva le
     15  roi, et fist son message bien et à point. Li rois respondi
         et dist au hiraut que il en aroit avis et temprement
         conseil laquelle parchon il prenderoit, et que ce qui
         en seroit, il le remanderoit au roi d’Espaigne. Li
         hiraus, quant il eut fait sa semonse et il eut response,
     20  il se departi dou roi en prendant congiet, et retourna
         à Sebille. Là trouva il le roi et les barons de France,
         d’Arragon et de Gallisse, qui l’estoient venu servir. Si
         recorda tout che que il avoit oï, veu et trouvé, et
         tant que il souffi à tous.

     25  Depuis ne demora gaires de temps que li rois de
         Portingal fu consilliés, par l’avis que il eut des Englès,
         que il liveroit en son païs place et terre pour combatre;
         et furent ordonné de l’aler aviser où che seroit,
         de par le roi, messires Thumas Simons et li soudis
     30  de l’Estrade, et avissèrent la place entre Elvès et
         [Badeloce], bon lieu ample et plentiveux pour bien
         combatre. Et vous di que chil doi chevalier et leurs
  [193]  routes furent escarmuchiet, en alant avissant celle
         place, des geniteurs dou roi de Castille, et i ot grant
         hustin de mors et de blechiés d’une part et de l’autre.
         Toutesfois il retournèrent devers le roi de Portingal et
      5  les chevaliers, et recordèrent ù et comment il avoient
         aviset plache et le nommèrent: ce souffi bien as dessus
         dis. Adont fu ordonnés uns chevaliers alemans qui
         s’appelloit messires Jehans Tieste d’or, de faire che
         message, avec un hiraut, au roi d’Espaigne. Si se departi
     10  li chevaliers et chevaucha tant que il vint à Sebille, et
         là trouva le roi, et fist son mesage et conta tout ce
         que li rois de Portingal mandoit, et comment de grant
         volenté il acordoit la bataille et liveroit place entre
         Elvès et [Badeloce], et là dedens cinc jours, li retourné
     15  à Lusebonne, il trouveroit le roi de Portingal logiet
         et toutes ses gens, qui ne desiroient el que le bataille.

         De ces nouvelles furent li Espagnol tout resjoï, et
         ossi furent li François, et prissent messires Tristrans
         de Roie, messires Jehans de Berghettes, messires
     20  Pières de Velinnes et autre le chevalier de Portingal
         entre eux, et le festiièrent un jour tout entier moult
         grandement à Sebille et li fissent toute la bonne compaignie
         que on poeut faire à chevalier, et le reconvoiièrent
         jusques à Safre, et puis retournèrent arière
     25  à Sebille. Et li chevalier[s] chevaucha tant que il vint
         devers le roi de Portingal et les signeurs, et recorda
         son mesage, enssi comme il l’avoit fait, et le response
         que on li avoit donné. De ce se contemptèrent li rois
         et li chevalier.


     30  § 258. Depuis ne demora gaires de tamps que li rois
         de Portingal s’en vint logier en la place que ses gens
  [194]  avoient aviset entre Elvès et [Badeloce], ens uns biaus
         plains desous les oliviers, et là amena le grigneur
         partie de ceulx de son roiaulme, dont il se pooit
         aidier, et estoient environ quinse mille hommes. Le
      5  tierch jour apriès, vint li contes de Cambruge et tout
         li Englès moult ordonnéement, et estoient en compte
         environ sis cens hommes d’armes et otant d’archiers,
         et s’en vinrent logier en che propre lieu, et prissent
         place pour eux, et se severèrent des gens le roi et se
     10  tinrent tout ensamble.

         Quant li rois d’Espaigne sceut que li rois de Portingal
         estoit venus et trais sour les camps où la bataille
         devoit estre, si en fu par samblant moult liés et
         dist: «Or avant! Nostre ennemi nous atendent; il
     15  est heure que nous chevauchons. Nous leur mandames
         la bataille, il le nous ont acordé et tiennent la journée
         selonc leur convenant. Ne puet remanoir que il n’i ait
         besongne: traions nous tout de celle part.» Adont
         furent segnefiiet toutes gens d’armes à leurs livrées de
     20  traire avant, car li rois voloit chevauchier. Si se
         departirent de leurs logis tout chevalier et escuier et gens
         d’armes, Genevois et geniteurs, et sieuirent toutes les
         banières dou roi dam Jehan de Castille, qui s’en vint
         logier francement à deus petites lieues de [Badeloce] et
     25  des plains de Elvès; et avoit li rois d’Espaigne en sa
         compaignie plus de trente mille combatans, parmi les
         geniteurs; et estoient en toute somme soissante mille
         hommes.


         § 259. En cel estat se tinrent ces deus hoos l’un
     30  devant l’autre, et n’i avoit d’entre deus que la montagne
         de Badeloce, qui est une grosse ville dou roi
  [195]  d’Espagne, et là s’aloient ses gens, quant il voloient,
         rafreschir; et la citté de Elvès siet d’autre part, qui
         est au roi de Portingal. Entre ces deus hoos et sus la
         montaigne de Badeloce avoit tous les jours fais d’armes,
      5  car li jone baceler, qui se desiroient à avanchier,
         queroient là les armes et les faissoient, et escarmuchoient
         l’un à l’autre, puis retournoient en leur logeïs.
         En cel estat furent il quinse jours et plus, et ne fu
         mies la deffaut[e] dou roi de Castille que la bataille
     10  n’adrechoit, mais demoroit ou roi de Portingal pour
         tant que il ne se veoit pas fors assés de combatre les
         Espaignols et resongnoit le peril, car bien sentoit que,
         se il estoit desconfis, ses roiaulmes seroit perdus. Et
         toute la saison il avoit atendu le duc de Lancastre et
     15  le grant confort d’Engletière, que il esperoit à avoir
         quatre mille hommes et otant d’archiers, car li contes
         de Cambruge en avoit certefiiet le roi de Portingal et
         ne pensoit point dou contraire, car li dus de Lancastre
         au departir li avoit juret par sa foi que, lui revenu
     20  d’Escoce, il n’entenderoit à autre cose si venroit en
         Portingal si fors que pour combatre le roi d’Espaigne.
         Bien est verités que li dus de Lancastre, li revenu
         d’Escoce, en fist son plain pooir de remonstrer toutes
         ces besongnes au roi et à son conseil, mais, pour le
     25  tourble qui estoit avenus en Engletière en celle meïsmes
         anée, et aussi pour aucunes incidensses de Flandres
         qui apparoient, dont li rois avoit besoing de avoir son
         conseil dalés lui et ses hommes, on ne consenti point
         che voiage pour celle saisson en Portingal, et demorèrent
     30  toutes gens d’armes en Engletière sans partir.
         Et, quant li rois de Portingal veï che et que point ne
         seroit autrement confortés des Englès que il estoit,
  [196]  si se ordonna par une autre voie, car li maistres
         de Caletrave et dans Piètres de Mondesque et dan
         Ferant de Valesque et li grans maistres de Saint Jaque,
         avoecques l’evesque [d’Esturges] et l’evesque de Lusebonne,
      5  traitoient de la pais entre Portingal et Espaigne;
         et tant fu traitiet, parlementé et alé que paix i vint,
         ne onques li Englès n’i furent appellé, dont li contes
         de Cambruge se merancolia et euist volentiers fait
         guerre au roi de Portingal de ses gens, se il se sentesist
     10  fors assés sus le païs, mais nenil. Et pour che
         li convint souffrir ceste paix, vosist ou non; mais li
         Englès dissoient bien que li rois de Portingal s’estoit
         lubrement aquités envers euls et que toudis de
         commenchement jusques en fin il s’estoit disimullés as
     15  Espagnos et que onques n’avoit eut volenté de euls
         combatre; et li rois de Portingal s’escusoit et dissoit
         que la deffaute venoit des Englès et dou duc de Lancastre,
         qui devoit venir et point n’estoit venus, et que
         pour celle fois il n’en pooit faire autre cose.


     20  § 260. En l’ost le roi de Castille avoit un jone chevalier
         de France qui s’appelloit Tristran de Roie, liquels
         se desiroit grandement à avanchier. Quant il veï que
         pais seroit entre ces parties et que nulle besongne de
         bataille n’i aroit, si s’avisa que il n’isteroit pas
     25  d’Espaigne enssi sans faire quelque cose, et envoia un
         hiraut de leur costé en l’oost des Englès, en requerant
         et priant, puisque les armes par bataille de ces rois
         falloient, que on le vosist requellir de trois cours de
         fier de glaves devant la citté de Badeloce. Quant les
     30  nouvelles vinrent en l’oost des Englès, si en parlèrent
         li compaignon li un à l’autre, et dissent bien que il ne
  [197]  devoit pas estre refussés. Adont s’avancha de parler
         et d’acorder les armes uns jones escuiers d’Engletière
         qui s’appelloit Milles de Windesore, fils à messire
         Guillaume de Windesore, qui voloit à son honneur estre
      5  chevaliers en che voiage, et dist au hiraut: «Amis,
         retournés devers vos maistres, et dites à messire
         Tristran de Roie que Milles de Windesore li mande
         que demain devant la citté de Badeloce, ensi qu’il le
         requiert, il l’ira delivrer.» Li hiraus retourna et
     10  recorda ces nouvelles à ses maistres et à messire Tristran,
         qui en fu tous resjoïs.

         Quant che vint au matin, Milles de Windesore parti
         de l’oost le conte de Cambruge, et s’en vint vers Badeloce,
         qui estoit moult priès de là (il n’i avoit que la
     15  montaigne à passer), bien acompaigniés de ceulx de
         son costé, de messire Mahieu de Gournai, de messire
         Guillaume de Biaucamp, de messire Thomas Simon,
         de messire le Soudich, dou signeur de Castiel Noef,
         dou signeur de la Barde et des autres, et estoient bien
     20  cent chevaulx sus la place où les armes devoient estre
         faites. Et estoit ja venus messires Tristrans de Roie,
         bien acompaigniés de Franchois et de Bretons: ils et
         Milles de Windesore savoient bien quel cose il devoient
         faire. Là fu Milles fais chevaliers de la main de messire
     25  le soudich de l’Estrade pour le milleur chevalier de la
         place et qui le plus avoit travilliet et s’estoit trouvés
         en belles besongnes. Il estoient armés de toutes pièces
         et avoient leurs trois lances toutes prestes et leurs
         chevaux ossi et tout en plates selles. Adont esperonnèrent
     30  il l’un contre l’autre et abaissièrent les glaves,
         et se consieuirent en venant l’un sus l’autre moult
         roidement, et rompirent contre leurs poitrines les
  [198]  glaves, et passèrent oultre francement sans cheoir.
         Ceste première jouste fu volentiers veue de tous ceulx
         qui là estoient, et prisiet li doi chevalier. A la seconde
         fois il recouvrèrent et s’entrecontrèrent de grant randon
      5  et rompirent leurs lances, mais point de damage ne se
         portèrent. Adont recouvrèrent il la tierce lance, et se
         consieuirent enmi les escus si roidement que li bon fier
         de Bourdiaulx entrèrent ens et les pe[r]trusièrent et
         passèrent le pièche d’achier, les plates et toutes les
     10  armeures jusques en char, mais point ne se blecèrent;
         et rompirent les lances en gros tronçons et volèrent
         par dessus les hiaumes. Ceste jouste fu moult prisie
         des chevaliers de une part et d’autre, et adont prissent
         il congiet li un à l’autre moult honnerablement, et s’en
     15  retournèrent cascuns devers son lés; ne depuis il n’i
         ot riens fait d’armes, car pais estoit entre les deus
         roiaulmes, et s’en rallèrent [li Espaignol] cascuns en
         leurs lieux, et li Portingallois ossi en leur lieu.


         § 261. Enssi que vous poés oïr recorder, se desrompi
     20  en celle saison ceste armée et asamblée des Espagnols,
         des Englès et des Portingallois. En ce tamps estoient
         venues nouvelles en l’ost le roi d’Espaigne, que li rois
         de Grenade avoit guerre contre le roi de Barbarie et le
         roi de Tramesainnes: pour quoi toutes gens d’armes
     25  qui celle part traire se vodroient i seroient receu à
         saulx et à gages, et leur envoioit li rois de Grenade
         bon sauf et seur conduit, et leur faissoit savoir par
         leurs messages que eux venus en Grenade il leur
         feroit prest pour un quartier d’an. Dont aucun chevalier
     30  de France qui se desiroient à avanchier, tels que
         messires Tristrans de Roie, messires Joffrois de Carni,
  [199]  fils au bon Joffroi de jadis, messires Pières de Velinnes,
         messires Robers de Cleremont et pluiseurs autres
         prissent congiet dou roi dan Jehan de Castille, et s’en
         allèrent celle part pour trouver les armes. Et aussi i
      5  ot aucuns Englès, mais plenté ne fu ce pas, car li
         contes de Cambruge les ramena arière en Engletière
         et son fil ossi; et monstroit que il se departoit dou roi
         mal contemps, pour tant qu’il ramenoit son fil arière
         en Engletière, qui avoit espousé la fille dou roi de
     10  Portingal, ne pour cose que li rois seuist dire ne faire, li
         contes ne le volt point laissier derière, et dissoit que
         ses fils estoit trop jones pour demorer encores en
         Portingal et que il ne poroit porter ne souffrir l’air
         dou païs: dont il en avint che que je vous dirai.

     15  Environ un an apriès ce que la pais fu faite entre
         Espaigne et Portingal et li contes de Cambruge et ses
         gens retourné arière en Engletière, la femme dou roi
         dan Jehan de Castille ala morir, qui estoit fille dou
         roi d’Arragon: enssi fu li rois d’Espaigne vesves. Si
     20  fu aviset et regardé de prelas et des haus barons de
         l’un roiaulme et de l’autre, d’Espaigne et de Portingal,
         que on ne pooit mieux ne plus hautement asener
         madame Betris de Portingal que au roi d’Espaigne,
         et pour entretenir les roiaulmes en pais. A ce mariage
     25  s’acorda legierement li rois de Portingal, et desmaria
         sa fille dou fil dou conte de Cambruge par le dispensation
         dou pappe, qui confrema ce mariage. Enssi fu
         la dame fille au roi de Portingal roïne d’Espaigne, de
         Galisse et de Castille, par l’ordenance dessus dite; et
     30  en ot li rois d’Espaigne, la première anée de son
         mariage, un biau fil, dont on ot grant joie.

         Depuis morut li rois Ferrans de Portingal, mais
  [200]  pour ce ne vorent pas li Portingalois que li roiaulmes
         venist [à sa fille] ne au roi d’Espaigne, ançois se bouta
         en l’iretage uns siens frères bastars, qui s’apelloit
         dans Jehans, maistres de Vis. Chils dans Jehans estoit
      5  as armes vaillans homs durement, et tousjours s’estoit
         fais amer des Portingallois et tant que il li monstrèrent,
         car il le couronnèrent à roi et le tinrent, pour sa grant
         vaillance, à signeur, pour quoi grans guerres s’esmurent
         depuis entre Espaigne et Portingal, sicom vous orés
     10  recorder avant en l’istoire.


         § 262. Quant li contes de Cambruge, li Canonnes de
         Robersart et li baron et chevalier d’Engletière, qui en
         che voiage de Portingal avoient esté, furent retourné
         arière en Engletière et venu devers le roi et le duc de
     15  Lancastre, on leur fist moult bonne chière, che fu
         raissons, et puis leur demandèrent des nouvelles: il
         en dissent assés et toute l’ordenance de leur guerre.
         Li dus de Lancastre, auquel la besongne touchoit plus
         c’à nul autre pour la cause dou calenge de Castille,
     20  car il s’en dissoit hoirs de par sa femme madame
         Constance, qui fille fu jadis dou roi dan Piètre, demanda
         à son frère le conte moult avant des nouvelles et comment
         on s’estoit demené en Portingal. Li contes li
         recorda comment il avoient esté à hoost l’un devant
     25  l’autre plus de quinse jours tous entiers. «Et pour ce,
         biau frères, que on n’ooit nulles nouvelles de vous,
         s’acorda li rois de Portingal legierement à la pais, ne
         onques ne le [peusmes] veïr que il se vosist asentir à
         la bataille, dont cil de nostre costé furent tout
     30  merancolieux, car volentiers il se fuissent aventuré. Et, pour
         celi cause que je n’i voi point de seur estat, je ai
  [201]  ramené mon fil, quoique il ait espousé la fille dou roi
         de Portingal.» Che dist li dus: «Je croi que vous
         avés eu cause, fors tant que il poroient, se il leur
         venoit à point, rompre che mariage et donner d’autre
      5  part à leur plaissance.»--«Par ma foi! dist li contes,
         il en aviegne ce que avenir puet, mais je n’ai fait cose
         dont je me doie ja repentir.» Enssi finèrent leurs
         parolles li dus de Lancastre et li contes de Cambruge,
         et entrèrent en autres matères.

     10  Nous nos soufferons à parler de eulx et de leur
         guerre, des Espaignos et des Portingallois, et retournerons
         as besongnes et as guerres de Gand, dou conte
         et dou païs de Flandres, qui furent grandes.


         § 263. Toute celle saison, depuis la destrution et
     15  arsin de la ville de Grammont et le departement dou
         siège de Gand, qui se desfist pour le courous que li
         contes de Flandres ot de son cousin le jone signeur
         d’Enghien, qui fu ochis par enbusque devant Gand,
         enssi comme il est recordé chi dessus en l’istoire, ne
     20  guerriièrent li Flament, chevalier et escuier et bonnes
         villes, les Gantois, fors que par garnisons, et estoit
         tous li païs à l’encontre de ceulx de Gand pour le
         conte, excepté les Quatre Mestiers, dont aucunes douceurs
         venoient en la ville de Gand, et ossi faissoient
     25  de la conté d’Alos. Mais li contes de Flandres, quant il
         sceut que de bures, de lais et de froumages, qui aloient
         à Gand de la conté d’Alos et des villes voisines, il
         estoient rafresqui, si i mist remède, car il manda à
         ceux de la garnisson de Tenremonde que cils plas païs
     30  fust tous ars et exilliés. Ce fu fait à son commandement,
         et convint adont les povres gens, qui vivoient
  [202]  de leurs bestes tout parperdre et enfuir en Braibant
         et en Hainnau, et la grigneur partie mendiier. Encores
         demora uns païs pour ceulx de Gand, qui s’appelle
         les Quatre Mestiers, car on n’i pooit avenir et toute
      5  la douceur que il avoient leur venoit de ce costé.

         Tout cel ivier, li contes de Flandres avoit si astrains
         ceulx de Gaind que nuls blés ne leur venoient ne par
         terre ne par aigue, car il avoit tant exploitié envers
         ses cousins, le duc de Braibant et le duc Aubert, que
     10  leur païs estoient clos à l’encontre de ceulx de Gaind,
         ne riens ne leur venoit, fors en larechin et en grant
         peril pour ceulx qui s’aventuroient de mener vivres.
         Dont il estoient en Gand moult esbahit, et dissoient li
         sage que ce ne pooit longuement demorer que il ne
     15  fuissent tout mort par famine, car li grenier estoient
         ja tout vuit ne on n’i trouvoit nuls blés, et ne pooient
         trop de peuple avoir point de pain pour leur argent.
         Et, quant li fournier avoient quit, il convenoit garder
         leurs maissons à force de gens: autrement li menus
     20  peuples, qui moroient de faim, eussent efforciet les lieus.
         Et estoit grans pités dou veoir et oïr les povres gens;
         et proprement hommes, femmes et enffans bien notables
         ceoient en ce dangier, et tous les jours en venoient
         les plaintes, li plour et li cri à Phelippe d’Artevelle,
     25  qui estoit leurs souverains capitains, liquels en avoit
         grant pité et grant compacion, et i mist pluiseurs
         bonnes ordonnances, dont il fu moult agraciiés, car il
         fist ouvrir les greniers des abbeïes et des rices hommes
         et departir le bled parmi un certain pris d’argent et
     30  fuer que il i fist mettre. Che reconforta et mena moult
         avant la ville de Gand.

         A le fois leur venoient en larechin de Hollandes et de
  [203]  Zellandes vivres en tonniaux, farines et pains quis,
         qui moult les reconfortoient, et eussent esté trop plus
         tos desconfit que il ne fuissent, se chela n’euist esté et
         li reconfors des païs dessus dis. Il estoit deffendu en
      5  Braibant de par le duc que sus la teste on ne leur
         menast riens, mais, se il le venoient querre à leur
         peril, on leur pooit bien vendre ou donner. Dont il
         avint ens ou quaresme que il furent en Gand à trop
         grant destroit, car des vivres de quaresme n’avoient
     10  il nuls.

         Si s’en partirent en une compaignie bien douse
         mille saudoiiers et gens qui n’avoient de quoi vivre
         et qui estoient ja tout taint et velu de famine, et s’en
         vinrent devers la bonne ville de Brouxelles. On Leur
     15  cloï les portes au devant, car on se doubta d’eus, ne
         on ne savoit à quoi il pensoient. Quant il se trouvèrent
         en la marce de Brouxelles, il envoiièrent de leurs
         gens tous desarmés devant l’amant de Brouxelles et
         les jurés, en dissant, pour Dieu, que on eust d’eus
     20  pité et que il eussent des vivres pour leur argent, car
         il moroient de fain et ne voloient que tout bien au
         païs. Les bonnes gens de Brouxelles en eurent pité et
         leur portèrent des vivres assés pour eulx passer. Et
         se rafresquirent là ou païs environ trois sepmaines,
     25  mais point n’entroient ens es bonnes villes, et furent
         jusques à Louvaing, liquel [de Louvaing] en eurent
         grant pité et leur fissent moult de biens. Et estoit
         leurs souverains cappitains et menères François Acremen,
         qui les consilloit et faissoit pour eux les traitiés
     30  as bonnes villes et sur ce voiage. Entrues que cil
         Gantois sejournèrent et se rafresquirent en le marce de
         Louvaing, [s’en] vinrent François Acremen lui dousime,
  [204]  en le citté de Liège, où il se remonstrèrent as
         maistres de Liège et parlèrent si bellement que cil de
         Liège leur eurent en convenant, et ossi eut li evesques,
         messires Ernouls [de Hornes], de envoiier devers le
      5  conte de Flandres et tant faire que il les metteroient à
         paix devers lui, et leur dissent: «Se chils païs de Liège
         vous fust ossi prochains de vi[s]nage comme sont Braibans
         et Hainnau, vous fuissiés autrement confortés de
         nous que vous ne soiiés; car nous savons bien que
     10  tout ce que vous faittes, c’est sus vostre boin droit et
         pour garder vos francisses; et, nonobstant tout ce, si
         vous aiderons nous et conforterons che que nous
         porons, et volons que presentement vous le veés.
         Vous estes marcheant, et marcandisses doivent et
     15  pueent par raison aler en tous païs. Quelliés et levés
         en che païs chi jusques à le somme de cinc cens ou de
         sis cens chars chargiés de blés et de farines, nous le
         vous acordons, mais que les bonnes gens dont les
         pourveances venront soient satisfait. On laissera bien
     20  nos marcheandisses passer parmi Braibant. Li païs ne
         nous voelt nul mal, et ossi ne faissons nous à lui; et,
         quoique Brouxelle vous soit close, si savons nous
         bien que c’est plus par constrainte que de vollenté,
         car de vos anois li Brouselois ont grant compation;
     25  mais li dus de Braibant et la ducoise, par priière de
         leur cousin le conte de Flandres, s’enclinent plus à lui
         que à vous, et c’est raisons, car tousjours sont li
         signeur l’un pour l’autre.» De ces offres et de ces
         amours que li Liegois offroient de bonne volenté as
     30  Gantois furent il tout resjoï, et les en remerchiièrent
         grandement, et dissent bien que de tels gens et de tels
         amis avoit bien la ville de Gand à faire.


  [205]  § 264. François Acreman et li bourgois de Gand,
         qui estoient venu avoecq lui en la citté de Liège, quant
         il eurent fait che pour quoi il estoient là venu, prissent
         congiet as maistres de Liège, liquel ordonnèrent
      5  avoecq eux certains hommes pour aler sour le païs,
         pour requellier chars et harnois; et en eurent sus deus
         jour six cens cars tous chergiés de blés et de farines,
         car tels pourveances leur estoient plus necessaires que
         autres. Si se missent ces pourveances au chemin, et
     10  passèrent tout li char entre Louvaing et Brouxelles.
         Au retour que François Acremen fist à ses gens qui
         estoient sus le frontière de Louvaing, il leur recorda
         l’amour et le courtoisie que cil de Liège leur avoient
         fait et offroient encores à faire, et leur dist que il iroit
     15  à Brouxelles parler à la ducoise de Braibant et li
         remonsteroit en priant, de par la bonne ville de Gand,
         que elle vosist descendre à ce que de envoiier devers
         le conte de Flandres, leur signeur, par quoi il peussent
         venir à paix. Il respondirent: «Dieux i ait part!»
     20  François se parti de [Villevort], et s’en vint à Brouxelle.
         Pour ce tamps estoit li dus de Braibant pour
         ses besongnes en Lusenbourc. François, lui troisime
         tant seullement, entrèrent en Brouxelles, par le congiet
         de la ducoise qui les volt veoir, et vinrent cil troi en
     25  l’ostel de la ducoise à Coleberghe. Là avoit la ducoise
         une partie de son conseil dalés li. Cil troi se missent
         en genoulx devant la dame, et parla François pour
         tous, et dist: «Très honnourée et chière dame, par
         vostre grant humilité, plaise vous à avoir pité et compation
     30  de ceulx de la ville de Gand qui ne pueent venir
         à merchi ne à paix deviers leur signeur, ne nuls
         moiens ne s’en ensongnie. Et vous, très chière dame,
  [206]  se, par un bon moiien, il vous plaissoit à entendre
         par quoi nos sires li contes vosist descendre à raison
         et avoir pité de ses gens, vous feriés grant aumosne,
         et nos bons voisins et amis de Liège i entenderont
      5  volentiers, là où il vous i plaira à ensonnier.» Dont
         respondi la ducoise moult humblement, et dist que de
         la dissention qui estoit entre son frère le conte et eulx
         elle estoit courouchie, et que volentiers, de grant
         tamps avoit, i eust mis atemprance, se elle peuist ne
     10  seuist. «Mais vous l’avés par tant de fois courouchié
         et avés tant de mervilleuses oppinions tenu contre lui
         que che le soustient en son aïr. Nonobstant tout ce,
         pour Dieu et pour pité, je m’en ensonniierai volentiers,
         et envoiierai devers lui en priant que il voelle
     15  venir à Tournai; et là je envoierai de mon plus especial
         conseil, et vous ferés tant ossi que vous arés le
         conseil de Hainnau avoec celli de Liège, que vous dites
         qui vous est apparilliés.»--«Oïl, madame, che
         respondirent il, car il le nous ont proumis.»--«Or
     20  bien, dist la ducoise, et je en esploiterai tant que
         vous vos en perceverés.» Et cil troi respondirent:
         «Madame, Dieux le vous puist merir et valloir au
         corps et à l’ame!» Adont prissent il congiet à la
         ducoise et à son conseil, et se partirent de Brouxelles,
         et s’en vinrent vers leurs gens et leur charoi qui les
     25  souratendoit. Si esploitièrent tant que il aprochièrent
         le bonne ville de Gand.


         § 265. Quant les nouvelles vinrent en la ville de
         Gand que leurs gens retournoient et amenoient plus
     30  de sis cens chars chargiés de pourveances, dont il
         avoient grant nécessité, si en furent moult resjoï,
  [207]  quoi que toutes ces pourveances, qui veunoient dou païs
         de Liège, n’estoient pas fortes assés pour soustenir la
         ville de Gand quinse jours, mais toutesfois as desconfortés
         che fu uns grans confors. Et se departirent de
      5  Gant trop grant fuisson de gens à manière et en ordenance
         de pourcession contre che caroi, et à cause de
         humelité il s’engenillèrent à l’encontre, et joindirent
         leurs mains vers les marcheans et les charetons, en
         dissant: «Ah! bonnes gens, vous faites grant aumosne,
     10  qui reconfortés le povre menu peuple de Gand, qui
         n’avoient que vivre, se vous ne fuissiés venus. Graces
         et loenges à Dieu premierement et à vous ossi!»
         Enssi furent convoiies de pluiseurs gens de la ville ces
         pourveances jusques ou marchié des venredis, et là
     15  deschergies. Si furent ces blés et ces farines par fuer
         ordonné, que on i mist, et departi as plus diseteurs,
         et furent de eux cinc mille tous armés de la ville de
         Gaind raconvoiié li char jusques en Braibant et hors
         dou peril.

     20  De toutes ches besongnes et affaires fu li contes de
         Flandres, qui se tenoit à Bruges, enfourmés, et comment
         chil de Gand estoient si astraint et si menet que
         il ne pooient longhement durer. Si poés croire et
         savoir que de leur povreté il n’estoit mies courouchiés
     25  ne ossi n’estoient cil de son conseil, qui la destrution
         de la ville de Gand veïssent volentiers, Ghisebrest
         Mahieu et si frère, et li doiiens des menus mestiers de
         Gand, et li prevos de Harlebecque. Toutes ces coses
         avinrent en quaresme, ou mois de march et d’apvril
     30  l’an mil trois cens quatre vins et un. Si ot li contes de
         Flandres pourpos et conseil que de venir, plus poissanment
         que onques n’euist en devant fait, mettre le
  [208]  siège devant Gand, et se dissoit bien si fors que pour
         entrer de poissance ens es Quatre Mestiers et tout
         ardoir et destruire, car trop avoient esté soustenu li
         Gantois de ce costé. Si senefia li contes se intention et
      5  pourpos à toutes les bonnes villes de Flandres que il
         fuissent tout prest, car, le jour de le Pourcession de
         Bruges passée, il se departiroit de Bruges et venroit
         mettre le siège devant Gand pour eux pardestruire.
         Et escripsi devers tous chevaliers et escuiers qui de li
         tenoient en la conté de Hainnau, que, dedens che jour
     10  ou uit jours devant, il fuissent devers lui à Bruges.


         § 266. Nonobstant ces semonses, mandemens et
         ordenances que li contes de Flandres faissoit et aproprioit,
         si travilloient madame la ducoisse de Braibant,
     15  li evesques de Liège et li dus Aubers que une asamblée
         de leurs consaulx sur traitiés de pais fust assignés
         et mis en la citté de Tournai. Li contes de Flandres,
         à la priière de ces seigneurs et de madame de
         Braibant, quoi que il pensoit bien à faire tout le contraire,
     20  s’i acorda à estre pour ses raisons tourner en
         droit, et furent cil parlement assis à la Close Pasque,
         en la chité de Tournai, l’an mil trois cens quatre vins
         et deus. Si i vinrent de l’evesquiet de Liège des bonnes
         villes, jusques à douse hommes des plus notables, et
     25  messires Lambers [d’Oupé], uns chevaliers moult sages.
         Ossi la ducoise de Braibant i envoia son conseil et des
         bonnes villes de Braibant des plus notables. Li dus
         Aubers i envoiia ossi de la conté de Hainnau son conseil,
         messire Simon de Lalain, son baillieu, et des
     30  autres; et furent ces gens tout venu à Tournai très le
         sepmaine de la Pasque. Chil de Gand i envoiièrent
  [209]  douse hommes des leurs, desquels Phelippes d’Artevelle
         fu tous chiés; et estoient cil de Gand adont si
         bien d’accord que pour tenir ferme et estable tout che
         que chil douse raporteroient, excepté que nuls de
      5  Gand ne rechust mort. Mais, se il plaissoit au conte,
         leur signeur, que chil qui estoient demorant en la ville
         outre sa volonté fuissent pugni par ban [et] bani de
         Gand et de la conté de Flandres à tousjours sans nul
         rappel ne esperance de ravoir la ville ne le pais, sus
     10  cel estat estoient il tout fondé; et voloit bien Phelippes
         d’Artevelle, se il avoit courouchié le conte,
         quoi que moult petit euist esté encore en l’office de
         estre cappitaine de Gaind, [estre] li uns de ceulx qui
         perderoient la ville et le païx, pour la grant pité que
     15  il avoit dou menu peuple de Gand; et comment, quant
         il se departi de Gand pour venir à Tournai, hommes,
         femmes et enffans sus les rues se jetèrent en genoulx
         devant lui en joindant les mains et em priant, à quel
         meschief que ce fust, que à son retour il raportast la
     20  pais, pour celle pité ot il si grant compasion que il
         voloit faire che que je vous ai dit.


         § 267. Quant chil de Braibant, de Hainnau et de
         Liège, qui là estoient envoiiet à Tournai en cause de
         estre bons moiiens, eurent sejourné en la citté de
     25  Tournai trois jours, en atendant le conte qui point ne
         venoit ne apparant n’estoit de venir, si en furent tout
         esmervilliet, et eurent conseil et accord l’un par l’autre
         que il envoiieroient à Bruges devers li, enssi comme
         il fissent; et i envoiièrent messire Lambiert [d’Oupé],
     30  et de Braibant le seigneur de Crupelant, et de Hainnau
         messire Guillaume de Herimés et sis bourgois des trois
  [210]  païs. Quant li contes de Flandres veï ces chevaliers,
         il les festoia par raisson assés bien, et leur respondi
         que il n’estoit point aissiés tant que à present de venir
         à Tournai, mais, pour la cause de che que il s’estoient
      5  travilliet de venir à Bruges et pour l’onneur de leurs
         signeurs et dame, madame de Braibant, sa suer, le
         duc Aubert, son cousin, et l’evesque de Liège, il
         envoieroit à Tournai par son conseil hastéement response
         finable et ce qu’il en avoit en pourpos de faire.
     10  Chil troi chevalier ne cil bourgois n’en peurent avoir
         autre cose. Si retournèrent à Tournai, et recordèrent
         ce que il avoient oï dou conte et trouvé.

         Siis jours apriès vinrent là à Tournai de par le conte
         li sires de Ramseflies, li sires de Grutus, messires
     15  Jehans Villains et li prevos de Harlebèque. Cil escusèrent
         le conte envers les consaulx des trois païs de
         che que point n’estoit venus ne ne venoit, et puis dissent
         et remonstrèrent se intention que cil de Gand ne
         pooient venir à pais envers lui, se tout li homme
     20  generaulment de Gand, dessus l’eage de quinse ans
         jusques à soissante ans, ne wuidoient tout de la ville
         et tout nu chief et en pur leurs chemises, les hars ou
         col; et enssi venroient entre Bruges et Gand où li
         contes les atenderoit, et là feroit de eulx sa pure
     25  volonté dou mourir ou dou pardonner. Quant ceste
         response fu faite et la connissance en fu venue à ceulx
         de Gand par le relation faite de ceulx des consaulx
         des trois païs, il furent plus esbahi que onques mais.
         Adont leur dist li baillieux de Hainnau: «Biau
     30  signeur, vous estes tout en grant peril, et cascuns de li
         meïsmes. Si aiiés avis sur ce, car ce que li contes nous
         a daraine[ment] estroitement segnefiiet, nous le vous
  [211]  ferons plainement acertefiier, et, quant vous vos serés
         mis plainement par che parti en sa volenté, il ne fera
         pas morir tous ceux que il vera en sa presence, mais
         aucuns qui l’ont plus courouchié que li autre; et i ara
      5  tant de bons moiiens, avoec pité qui s’i metera, que,
         espoir, cil qui se quideront ou peril et ou dangier de
         la mort, venront à merchi. Si prendés ceste offre
         avant que vous le refussés, car, quant vous l’arés
         refussé, espoir, n’i porés vous retourne[r].»--«Sire,
     10  respondi Phelippes d’Artevelle, nous ne sommes
         pas chargiet si avant que les bonnes gens de la ville
         de Gand mettre en ce parti, ne ja ne le ferons; et, se
         li autre qui sont en Gand, nous revenu vers eux et
         remonstré le pourpos de Monsigneur, [le voellent], ja
     15  pour nous ne demo[r]ra que il ne se face. Si vous
         remercions grandement de la bonne diligence et dou
         grant traveil que vous avés eu en ce pourcas.» Adont
         prissent cil congiet as chevaliers et as bourgois des
         bonnes villes des trois païs, et monstrèrent bien par
     20  samblant que il n’acorderoient pas ce darainier pourpos
         ne traitiet. Si vinrent Phelippes d’Artevelle et si
         compaignon à leurs hostels, et paiièrent partout, et s’en
         retournèrent par At en Braibant à Gand.


         § 268. Enssi se departi icils parlemens fais et assemblés
     25  en istance de bien à Tournai, et retournèrent
         cascuns en son lieu. Encores a li contes de Flandres à
         demander quel cose cil de Gand avoient respondu; si
         petit les amiroit ne prisoit il, ne pour riens adont il ne
         vosist nul traitiet de paix, car bien savoit que il les
     30  avoit si avant menés que il ne pooient plus et que
         nullement il ne pooit [demorer] que temprement il
  [212]  n’euist fin de guerre honnerable pour lui, et metteroit
         Gand en tel parti que toutes autres villes se exemplieroient.

         En ce temps se revelèrent encores ceulx de Paris
      5  pour tant que li rois de France ne venoit point à Paris,
         mais aloit tout à l’environ prendre ses esbatemens,
         sans entrer en Paris. Si se doubtèrent que de nuit par
         gens d’armes il ne feïst enforchier Paris et courir la
         citté et faire morir lesquels que il voroit; et, pour la
     10  doutance de ce peril et de ceste aventure, dont il
         n’estoient pas bien asseuré, il faissoient dedens Paris
         toutes les nuis par rues et par quarfors grans gais et
         levoient toutes les quaisnes, adfin que on ne peuist
         chevauchier ne aler à piet entre eux; et, se nuls estoit
     15  trouvés puis le son de noef heures, se il n’estoit de
         leur connissance ou de leurs gens, il estoit mors. Et
         estoient, en la citté de Paris, de rices et poissans
         hommes armet de piet en cap, la somme de trente
         mille hommes, ossi bien ar[re]és et aparilliés de toutes
     20  pièces comme nuls chevaliers poroit estre, et avoient
         leurs varlès et leurs maisnies armés à l’avenant, et
         avoient et portoient maillès de fier et d’achier, perilleus
         bastons pour effondrer hiaumes et bachinès; et
         dissoient en Paris, quant il se nombroient, que il
     25  estoient bien gens, et se trouvoient par paroces, tant
         que pour combatre de eux meïsmes, sans autre aide,
         le plus grant signeur dou monde. Si appelloit on ces
         gens les routiers et les maillès de Paris.


         § 269. Quant Phelippes d’Artevelle et si compaignon
     30  rentrèrent en Gand, moult grant fuisson de menu
         peuple qui ne desiroit que paix furent moult resjoï
  [213]  de leur venue, et quidoient oïr bonnes nouvelles. Si
         vinrent à l’encontre de li, et ne se peurent astenir que
         il ne li demandaissent, en dissant: «A! chiers sires
         Phelippes, resjoïssiés nous. Dittes nous comment vous
      5  avés exploitié.» A ces parolles et demandes ne respondoit
         point Phelippes, mais passoit oultre et baisoit
         la teste; et plus se taissoit, et plus le sieuoient et
         le pressoient d’oïr nouvelles. Une fois ou deus, en
         alant jusques à son hostel, il leur respondi et leur dist:
     10  «Retournés à vostres hostels maishui, Dieux nous
         aidera; et demain, à noef heures, venés ou marchiet
         des devenres; là orés vous toutes nouvelles.» Autre
         response n’en peurent il avoir; et vous di que toutes
         manières de gens estoient moult eshahi. Quant Phelippes
     15  d’Artevelle fu descendus à son hostel, et cil qui
         à Tournai avoient estet avoec li ralé as leurs, Piètres
         dou Bos, qui desiroit à oïr nouvelles, s’en vint à l’ostel
         Phelippe et s’encloï en une cambre avoecques lui,
         et li demanda des nouvelles et comment il avoit exploitié.
     20  Phelippes li dist, qui riens ne li volt celler: «Par
         ma foi, Piètres, à ce que messires de Flandres a respondu
         par ceulx de son conseil que il a envoiiet à
         Tournai, il ne prendera en la ville de Gand nullui à
         merchi, non plus l’un que l’autre.»--«Par ma foi!
     25  dist Piètres dou Bos, il a droit et est bien consilliés de
         tenir ce pourpos et de enssi respondre, car tout i sont
         participant otant bien li un que li autre. Or sui je
         venus à me entente et à celle de mon bon maistre
         Jehan Lion qui fu, car la ville est si entoueillie que on
     30  ne le scet par [quel] coron destouellier. Or nous faut
         prendre le frain as dens; or vera on les sages et les
         hardis. En dedens briefs jours, la ville de Gand sera
  [214]  la plus honnourée ville des crestiiens ou li plus abatue.
         A tout le mains, se nous morons en ceste querelle,
         ne morons nous pas seulx. Or penssés anuit, Phelippe,
         comment vous leur puissiés demain faire relation de
      5  che parlement qui a esté à Tournai, par telle manière
         que toutes gens se contentent de vous, car vous estes
         grandement en la grace de tout le peuple par deus
         voies: li une si est pour la cause dou non que vous
         portés, car moult amèrent jadis en ceste ville Jaquemart
     10  d’Artevelle, vostre père; et li autre est que vous
         les aparlés doucement et sagement, sicom il le dient
         communalment parmi la ville; pour quoi il vous creront,
         pour vivre et pour mourir, de tout che que
         vous leur remonsterés et que en fin de conseil vous
     15  leur dirés: «Pour le milleur, je feroie enssi.» Pour
         tant vous faut il que vous aiiés bon avis et seur de
         remonstrer parolle où vous aiiés honneur au tenir.»
         --«Piètres, dist Phelippes, vous dites verité, et je
         pensse tellement à parler et à remonstrer les besongnes
     20  de Gand que entre nous, qui en sommes gouvreneur
         à present et cappitainnes, i morons ou viverons à
         honneur.» Il n’i eut pour celle nuit plus dit ne fait,
         mais prissent congiet l’un à l’autre. Piètres dou Bos
         retourna à son hostel, et Phelippes d’Artevelle demora
     25  ou sien.


         § 270. Vous devés savoir et croire veritablement que,
         quant chils jours desirés fu venus que Phelippes d’Artevelles
         deut generallement recorder les nouvelles
         telles que raportées avoit dou parlement de Tournai,
     30  toutes gens de la ville de Gaind se traïssent ou
         marchiet des devenres; et fu par un merquedi au
  [215]  matin. Dou peuple qui là estoit asamblés, fu li marchiés
         tous plains. Droit à noef heures, Phelippes d’Artevelle,
         Piètres dou Bos, Piètres le Vintre, François
         Acreman et les cappitaines vinrent: si entrèrent en
      5  la halle et montèrent amont. Adont se amonstra Phelippes
         as phenestres, qui commencha à parler et dist:
         «Bonne gent de Gent, il est bien voirs que, à la priière
         et traitié de très honnourée, haute et noble dame
         madame de Braibant et de nos chiers et nobles signeurs
     10  monsigneur le duc Aubert, bail de Hainnau, de Hollande
         et de Zellande, et de monsigneur l’evesque de
         Liège, uns parlemens fut assignés et acordés à estre à
         Tournai les jours passés; et là devoit estre personnellement
         nos sires, monsigneur de Flandres, et l’avoit
     15  acertefiiet as dessus dis, liquel s’en sont grandement
         aquité, car il ont là envoiiet notablement de leur
         plus especiaulx consaulx, chevaliers et bourgois des
         bonnes villes, eux, et nous de par la ville de Gaind.
         Nous et eux fumes là et avons esté tous les jours, atendans
     20  monsigneur de Flandres, qui point n’i est apparus
         ne venus. Et quant on veï que point n’i apparoit
         ne venoit ne n’envoioit, troi chevalier des trois païs et
         sis bourgois des bonnes villes se travillèrent tant pour
         l’amour de nous que il allèrent à Bruges, et là trouvèrent
     25  Monsigneur qui leur fist bonne chière, sicom il
         dient, et les oï volentiers parler. Il respondi à leur
         parolle, et dist que, pour l’onneur de leurs signeurs
         et de sa belle suer, madame de Braibant, il envoieroit
         de son conseil à Tournai, dedens cinc jours ou sis, si
     30  bien fondé de par lui que cil diroient et remonsteroient
         plainement se intention et ce que arestéement il en
         feroit. Il ne peurent avoir autre response: bien leur
  [216]  souffi, il retournèrent. Ou jour que messires i assigna,
         vinrent à Tournai de par lui li sires de Ramseflies, li
         sires de Grutus, messires Jehans Villains et li prevos
         de Harlebecque. Chil remonstrèrent moult bellement la
      5  volenté [de Monsigneur] et le certain arrest de ceste
         guerre comment pais i puet estre entre Monsigneur et
         la ville de Gand. Il voelt, et determinéement il dist que
         autre cose il n’en fera, que tout homme de la ville de
         Gand, excepté les prelas d’eglise et les religieux, dessus
     10  l’eage de quinse ans et desouls l’eage de soissante ans,
         soient tout nu en leur lingnes draps, nus chiefs et [nus]
         piés, et, les hars ou col, partent et vuident de la ville de
         Gand et voissent jusque à Donze et oultre ens es plains
         de Burlesquans; et là sera mesires de Flandres et ceuls
     15  que il li plaira à amener. Et, quant il nous vera en ce
         parti tout en genoulx et mains jointes crians merchi,
         il ara pité et compasion de nous, se il li plaist; mais
         je ne puis pas veoir ne entendre par le relation de
         son conseil que il n’en conviengne morir honteussement,
     20  par pugnition de justice et de prisons, la grigneur
         partie dou peuple qui là sera venu en ce jour. Or
         regardés se vous vollés venir à pais par ce parti.»

         Quant Phelippes ot parlé, ce fut grans pités de veoir
         hommes, femmes et enffants plorer et tordre leurs
     25  poins pour l’amour de leurs maris, de leurs pères, de
         leurs voisins, de leurs frères. Après ce tourment de
         noisse, Philippes reprist la parolle et dist: «Or paix!
         paix!» Et on se teut tout, sitretos comme il recommencha
         à parler et dist: «Bonnes gens de Gand,
     30  vous estes en ceste place la grigneur partie dou peuple
         de Gand chi assamblé. [Si] avés oï che que jou ai dit:
         [si] n’i voi autre remède ne pourveance nulle que brief
  [217]  conseil, car vous savés comment nous sommes menet
         et astraint de vivres; et il i a tels trente mille testes
         en ceste ville qui ne mengièrent de pain, passet a
         quinse jours: [si] nous faut faire des trois coses l’une.
      5  La première si est que nous nos encloons en ceste ville
         et entièrons toutes nos portes, et nous confessons à
         nos loiaux pooirs et nous boutons en eglises et en
         moustiers, et là morons confès et repentans, comme
         gens martirs de qui on ne voelt avoir nulle pité. En
     10  cel estat, Dieux ara merchi de nous et de nos ames,
         et dira on, partout où les nouvelles en seront oïes et
         sceues, que nous sommes mort vaillanment et comme
         loial gent. Ou nous nos mettons tout en tel parti que
         hommes, femmes et enffans alons criier merchi, les
     15  hars ou col, nus piés et [nus] chiefs, à monsigneur de
         Flandres: il n’a pas le coer si dur ne si oscur que,
         quant il nous vera en cel estat, que il ne se doie
         humelier et amoliier et de son povre peuple il ne doie
         avoir merchi; et je tous premiers, pour li oster de sa
     20  felonnie, presenterai ma teste et voel bien morir pour
         l’amour de ceulx de Gand. Ou nous nos eslissons en
         ceste ville cinc ou sis mille hommes les plus aidables et
         les mieux armés, et l’alons querir hastéement à Bruges
         et l’i combatre. Se nous sommes mort en che voiage,
     25  che sera honnerablement, et ara Dieux pité de nous
         et li mondes ossi; et dira on que loiaument et vaillanment
         nous avons soustenu et parmaintenu nostre
         querelle. Et, se en celle bataille Dieux a pité de nous,
         qui anchiennement mist poissance en le main de
     30  Judith, ensi [que] nos pères le nous recordent, qui
         ochist Olifernès qui estoit desous Nabugodonosor dus
         et maistres de sa chevalerie, par quoi li Asseriien
  [218]  furent desconfit, nous serons li plus honnourés peuples
         qui ait resgné puis les Roumains. Or regardés
         laquelle des trois coses vous vollés tenir, car l’une
         faut il faire.»

      5  Adont respondirent cil qui plus prochain de lui
         estoient et qui le mieux sa parolle oï avoient: «Ha!
         chiers sires, nous avons tout en Gant grant fiance en
         vous que vous nous consillerés: si nous dites lequel
         nous ferons.»--«Par ma foi! respondi Phelippes,
     10  je conseille que nous alons tout à main armée devers
         Monsigneur. Nous le trouverons à Bruges, et, lorsque
         il sara nostre venue, il istera contre nous et nous
         combatera, car li orgoes de ceux de Bruges, qui nous het,
         est avoec lui; et cil qui nuit et jour l’enfourment sur
     15  nous li consilleront de nous combatre. Se Dieux
         ordonne par sa grace que la place nous demeure et
         que nous desconfissons nos ennemis, nous serons
         recouvré à tousjours mais et les plus honnerées gens
         dou monde; et, se nous sommes desconfi, nous morons
     20  honnerablement, et ara Dieux pité de nous. Et parmi
         tant li demorans de Gand se passera, et en ara merchi
         li contes nos sires.»

         A ces parolles respondirent il tout de une vois:
         «Et nous le volons, ne autrement nous ne finerons.»
     25  Lors respondi Phelippes: «Or, [beaulx] signeur,
         puisque vous estes en celle volenté, or retournés en
         vos maissons, et apparilliés vos armeures, car demain
         dou jour je voel que nous partons de Gand, et en alons
         vers Bruges, car li sejourners ichi ne nous est point
     30  pourfitables. Dedens cinc jours, nous sarons se nous
         viverons à honneur ou nous morons à dangier, et je
         envoiierai les connestables des parosces de maison en
  [219]  maison pour prendre et eslire à cues les plus aidables
         et les mieux armés.»


         § 271. Sus cel estat se departirent en la ville de
         Gand toutes gens qui à ce parlement avoit estet dou
      5  marchiet des devenres, et retournèrent en leurs maisons;
         et se apparillièrent, cascuns endroit de li, de ce
         que à lui appertenoit, et tinrent che merquedi leur
         ville si close que onques homs ne femme n’i entra ne
         n’en issi jusques au joedi à heure de relevée, que cil
     10  furent tout prest qui partir devoient. Et furent environ
         cinc mille hommes et non plus, et cargièrent environ
         deus cens chars de canons et d’artellerie, et set
         chars seullement de pourveances, cinc chars chergiés
         de pain quit et deus chars de vins; et tout partout
     15  n’en i avoit que deus tonniaulx, ne riens n’en demoroit
         en la ville. Or regardés comment il estoient astraint et
         menet. Au departement et au prendre congiet, che
         estoit une pités de veoir ceulx qui demoroient et ceuls
         qui s’en aloient, et dissoient li demorant: «Bonnes
     20  gens, vous veés bien à vostre departement que vous
         laissiés derrière. N’aiiés nulle esperance de retourner,
         se ce n’est à vostre honneur, car vous ne trouveriés
         riens, et, sitos que nous orons nouvelles se
         vous estes mort et desconfi, nous bouterons le feu en
     25  la ville, et nous destruirons nous meïsmes, ensi que
         gens desesperés.» Chil qui s’en aloient dissoient, en
         iaulx reconfortant: «De tout che que vous dites, vous
         parlés bien. Priiés pour nous à Dieu: nous avons
         espoir que il nous aidera et vous ossi avant nostre
     30  retour.» Enssi se departirent cil cinc mille hommes de
         Gand et leurs petites pourveances; et s’en vinrent ce
  [220]  joedi logier et jesir à une heure et demie de Gand, et
         n’amenrirent de riens leurs pourveances, mais se passèrent
         de ce que il trouvèrent sus le païs. Le venredi
         tout le jour il ch[e]minèrent, et encores n’atouchièrent
      5  il de riens à leurs pourveances, et trouvèrent li fourageur
         sus le pais aucunes coses, dont il passèrent le
         jour; et vinrent che venredi logier à une grande lieue
         de Bruges, et là s’arestèrent, et prisent place à leur
         avis et pour atendre leurs ennemis, et avoient au devant
     10  d’eus un grant plachiet plain d’aighe dormant.
         De che lés là se fortefiièrent il à l’une des pars, et à
         l’autre lés de leur charroi, et passèrent enssi la nuit.


         § 272. Quant che vint le samedi au matin, il fist moult
         bel et moult cler, car che fu le jour Sainte Elaine et
     15  le tierch jour dou mois de mai. Et che propre jour
         siet la feste et le pourcession de Bruges, et à che jour
         avoit plus de peuple en Bruges estragniers et autres,
         pour la cause de la solempnité de la feste et pourcession,
         que il n’eust en toute l’anée. Nouvelles avolèrent à
     20  Bruges en dissant: «Vous ne savés quoi? Li Gantois
         sont venu à nostre pourcession.» Dont veïssiés en
         Bruges grant murmure et gens resvillier et aler de
         rue [en rue] et dire l’un à l’autre: «Et quel cose atendons
         nous que ne les alons nous combatre?» Quant
     25  li contes de Flandres, qui se tenoit en son hostel, en
         fu enfourmés, [si] li vint à grant mervelle, et dist: «Velà
         folle gent et outrageus! La male mescance les cache
         bien. De toute le compaignie jamais piés n’en retournera.
         Or arons nous maintenant fin de guerre.» Adont
     30  oï li contes sa messe; et toudis venoient chevalier de
         Flandres, de Hainnau et d’Artois, qui le servoient,
  [221]  devers li, pour savoir quel cose il voroit faire. Enssi
         comme il venoient, il les requelloit bellement, et leur
         dissoit: «Nous irons combatre ces mesceans gens;
         encores sont il vaillant, disoit li contes: il ont plus
      5  chier à morir par espée que par famine.»

         Adont fu consilliet que on envoiieroit trois hommes
         d’armes chevaucheurs sour les camps, pour aviser le
         convenant de ceux de Gand et comment il se tenoient
         ne quelle ordonnance il avoient. Si furent dou mareschal
     10  de Flandres ordonné troi vaillant homme d’armes
         escuier, pour les aler aviser: Lambert de Lambres,
         Damas de Bussi [et] Jehans du [Beart]; et partirent
         tout troi de Bruges et prissent les camps, montés sus
         fleurs de coursiers, et chevauchièrent vers les ennemis.
     15  Entrues que chil troi fissent che dont il estoient cargiet,
         [s’ordonnèrent] en Bruges toutes manières de
         gens en très grant volenté que pour issir et venir
         combatre les Gantois, desquels je parlerai un petit et
         de leur ordenance.

     20  Che samedi au matin, Phelippes d’Artevelle ordonna
         que toutes gens se meïssent envers Dieu en devotion,
         et que messes fuissent en pluiseurs lieux cantées, car
         il avoient là en leur compaignie des Frères Religieux,
         et que ossi cascuns se confessast et adrechast à son
     25  loial pooir et [mesist] en estat deu, enssi que gens
         qui atendoient la grace et la mesericorde de Dieu. Tout
         che fu fait: on celebra en l’ost en set lieux messes, et
         à cascune messe ot sermon, liquel sermon durèrent
         plus de heure et demie. Et là leur fu remonstré par ces
     30  clers, Frères Menours et autres, comment il se figuroient
         au peuple d’Israël que li rois Faraon d’Egipte tint
         lonc tamps en servitude, et comment depuis, par la
  [222]  grace de Dieu, il en furent delivret et menet en tère
         de promision par Moïse et Aaron, et li rois Pharaon
         et li Egiptiien mort et peri. «Enssi, bonnes gens,
         dissoient chil Frère Preceur en leurs sermons, estes
      5  vous tenu en servitude par vostre signeur le conte et
         vos voisins de Bruges, devant laquelle ville vous estes
         venu et arresté, et serés combatu, il n’est mie doubte,
         car vostre ennemi en sont en grant volenté, qui petit
         amirent vostre poissance. Mais ne regardés pas à cela,
     10  car Dieux, qui tout puet, tout set et tout congnoist, ara
         merchi de vous; et ne penssés point à cose que vous
         aiiés laissiet derière, car vous savés bien que il n’i a
         nul recouvrier ne restorier, se vous estes desconfi.
         Vendés vous vaillanment, et morés, se morir convient,
     15  honnerablement, et ne vous esbahissiés point,
         se grans peuples ist de Bruges contre vous; car
         la victoire n’est pas ou [grant] peuple, mais là où
         Dieux l’envoie et maint par sa grace; et trop de fois
         on a veu, par les Macabiiens ou par les Roumains, que
     20  li petis peuples de boine volenté et qui se confioit
         en la grace de Nostre Signeur, desconfissoit le grant
         peuple. Et en ceste querelle vous avés bon droit et
         juste cause par trop de raisons: si en devés estre plus
         hardi et mieux conforté.» De telles parolles et de
     25  pluiseurs autres furent [par] les Frères Preceurs che
         samedi au matin li Gantois prechiet et remonstré, dont
         moult il se contentèrent; et se acumeniièrent les troi
         pars des gens de l’oost, et se missent tout en grant
         devotion, et monstrèrent tout grant cremeur avoir à
     30  Dieu.


         § 273. Appriès ces messes, tout se missent ensamble
  [223]  en un mont, et là monta Phelippes d’Artevelle sur un
         char pour li monstrer à tous et pour estre mieus oïs.
         Et là parla de grant sentement, et leur remonstra de
         point en point le droit que il penssoient à avoir en ceste
      5  querelle, et comment par trop de fois la ville de Gand
         avoient requis et priiet merci envers leur signeur le
         conte, et point n’i avoient peut venir sans trop grant
         confusion et damage de ceulx de Gand. Or estoient il
         si avant trait et venut que reculler il ne pooient, et
     10  aussi au retourner, tout consideré, riens il ne gaigneroient,
         car nulle cose derière fors que povreté et
         tristrèce laissiet il n’avoient. [Si] ne devoit nuls pensser
         après Gand ne à femme ne enfans que il eusist,
         fors que tant faire que li honneurs fust leur. Pluseurs
     15  belles parolles leur remonstra Phelippes, car bien fut
         enlangaigiés et mout bien sçavoit parler, et bien lui
         avenoit, et, sur la fin de sa parole, il leur dist:
         «Biaulx seigneurs, vous veés devant vous toutes vos
         pourveances; si les vuelliés bellement departir l’un à
     20  l’autre, ensi que frères, sans faire nuls outraiges, car,
         quant elles seront passées, il vous fault conquerir des
         nouvelles, se vous voulés vivre.»

         A ces paroles se ordonnèrent il mout humblement,
         et furent les chars deschargiés et les sachiées de pain
     25  données et departies par connestablies et li tonnel de
         vin tourné sus le fons. Là desjeunèrent il de pain et
         de vin raisonnablement et en heurent pour l’eure
         chascuns assés, et se trouvèrent après le desjunner
         fors et en bon point et plus aidables et mieux aidant
     30  de leurs membres que se il eussent plus mengié.
         Quant [ce] disner fu passés, il se misent en ordonnance
         de bataille et se catirent entre leurs ribaudiaux.
  [224]  Ces ribaudiaux sont brouettes haultes, bendées de fer,
         à longs picos de fer devant en la pointe, [qu’il] font par
         usage mener et brouetter avoec eulx; et puis les arroutèrent
         devant leurs batailles, et là dedans s’[encloïrent].
      5  En cel estat les veïrent et trouvèrent les
         trois chevaucheurs dou conte, qui i furent envoiié
         pour aviser leur couvenant, car il les approchièrent
         de si près que jusques à l’entrer en leurs ribaudiaux,
         ne oncques les Gantois ne s’en esmeurent, et monstrèrent
     10  par samblant que il feussent tout resjouï de
         leur venue.


         § 274. Or retournèrent chil coureux à Bruges devers
         le conte, et le trouvèrent en son hostel à grant fuison
         de chevaliers qui là estoient, qui attendoient leur
     15  revenue pour oïr nouvelles. Il rompirent la presse et
         vinrent jusques au conte, et puis parlèrent tout hault,
         car li contes volt que il fussent oï des circonstans qui
         là estoient, et remonstrèrent comment il avoient chevauchié
         si avant que jusques ou trait des Gantois, se
     20  trairent volsissent, mais tout paisiblement il les avoient
         laissié approuchier, et comment il avoient veu leurs
         banières et comment il s’estoient repeus et quatis
         entre leurs ribaudiaux. «Et quel quantité de gens,
         dist li contes, puent il estre par advis?» Ceulx
     25  respondirent, selon leur advis au plus justement qu’il
         peurent, que il estoient de cinc à sis mille. Adont dist
         li contes: «Or tost, faittes apparillier toutes gens; je
         les vueil aller combatre, ne jamais dou jour ne partiront
         sans estre combatu.» A ces parolles sonnèrent
     30  trompettes parmi Bruges, et s’armèrent toutes gens
         et se assemblèrent sur le marchié. Et ensi comme il
  [225]  venoient, il se traioient tous et mettoient dessoubs les
         banières, ensi que par ordonnance et connestablies il
         avoient eu de usaige. Pardevant l’ostel dou conte se
         assembloient barons, chevaliers et gens d’armes. Quant
      5  tous furent apparilliés, li contes vint ou marché et veï
         grant fuisson de peuple rengié et ordonné, dont il se
         resjoï: adont commenda il à traire sus les champs.
         [A son commandement nuls ne desobeï, mais se departirent
         tous de la place et se mistrent au chemin par
     10  ordonnance et se traïrent sus les champs], et gens
         d’armes après.

         Au vuider de la ville de Bruges, ce estoit grant plaisance
         dou veoir, car bien estoient quarante mil testes
         armées. Et ensi tout ordonnéement à cheval et à piés
     15  il s’en vinrent assés près dou lieu où li Gantois estoient,
         et là se arrestèrent. A celle heure, quant li contes de
         Flandres et ses gens vinrent, il estoit haulte remontée
         et le souleil s’en alloit tous jus. Bien estoit qui disoit
         au conte: «Sires, vous voiés vos ennemis; il ne
     20  sont au regard de nous que une pungnée de gens. Il
         ne puent fuir; ne les combatons meshui. Attendés
         jusques à demain que le jour venra sur nous; si verrons
         mieux quel chose nous devrons faire et se seront
         plus affoiblis, car il n’ont riens que mangier.» Li
     25  contes s’acordoit assés à ce conseil, et eust voulentiers
         veu que on eust ensi fait, mais chil de Bruges par
         grant orgueil estoient si chaulx et si hastifs de eulx
         combatre que il ne vouloient nullement attendre, et
         disoient que tantost les aroient desconfis, et puis
     30  retourneroient en leur ville. Nonobstant ordonnance
         de gens d’armes, car li contes en avoit là grant fuison,
         plus de uit cens lances, chevaliers et escuiers, ceulx
  [226]  de Bruges approchèrent et commencèrent à traire et
         à jetter de canons. Adont ceulx de Gand se misent
         tous en ung mont et se recueillirent tous ensamble et
         fisent tous à une fois desclicquer plus de trois cens
      5  canons, et tournèrent autour de ce plasquier, et misent
         ceulx de Bruges le souleil en l’ueil, qui mout les greva,
         et entrèrent dens eulx en escriant: «Gand!» Sitost
         que ceulx de Bruges oïrent la voix de ceulx de Gand
         et les canons desclicquer, et que il les veïrent venir
     10  de front sur eulx et assaillir asprement, comme lasches
         gens et plains de mauvais convenant, il se ouvrirent
         tous et laissièrent les Gantois entrer dens eulx
         sans deffence, et jettèrent leurs bastons jus, et tournèrent
         le dos.

     15  Les Ganthois, qui estoient fors et serrés et qui
         congneurent bien que leurs ennemis estoient desconfis,
         commencèrent à abatre devant eulx à deux costés et
         à tuer gens, et tousjours aller devant eulx, sans point
         desrouter, le bom pas, et crier: «Gand! Gand!» et
     20  à dire entr’eux: «Avant! avant! suivons chaudement
         nos ennemis, il sont desconfis, et entrons en Bruges
         avoecq eulx. Dieu nous a ce soir regardés en pitié.»
         Et ensi fisent il tous. Il poursuivirent ceulx de Bruges
         asprement, et, là où il les raconsuivoient, il les abatoient
     25  et occisoient, ou sus eulx il passoient, car point
         il n’arrestoient ne de leur chemin il n’issoient; et ceulx
         de Bruges, ensi que gens mors et desconfits, fuioient.
         Si vous di que en celle chace il en i ot mout de mors
         et de desconfits et d’abatus, car entr’eux point de deffence
     30  il n’avoient, ne onques si meschans gens que
         ceulx de Bruges ne furent ne qui plus recreanment ne
         laschement se maintinrent scelon le grant bobant que
  [227]  au venir sus les champs fait il avoient. Et veulent li
         aucun dire et supposer par imagination que il i avoit
         traïson, et les autres disent que non heut, fors povre
         deffence et infortunité qui cheï sur eulx.


      5  § 275. Quant li contes de Flandres et les gens
         d’armes qui estoient sus les champs veïrent le povre
         arroi de ceulx de Bruges et comment d’eulx meïsmes
         il estoient desconfi ne point de recouvrer il n’i veoient,
         car chascuns qui mieux mieux fuioient devant les Gantois,
     10  si furent eshahis et eshidé de eulx meïsmes, et se
         commencèrent ossi à desrouter et à saulver et à fuir
         l’un sà et l’autre là. Il est bien vrai que, se il eussent
         point veu de bon convenant ne d’arrest de retour à
         ceulx de Bruges sur ceulx de Gand, il eussent bien fait
     15  aucun fait d’armes et ensonniet les Gantois, par quoi,
         espoir, il se fussent recouvrés; mais nennil, il n’en i
         veoient point, mais s’enfuioient chascuns qui mieux
         mieux vers Bruges, ne le fils n’attendoit mie le père
         ne le père le fils. Adont se desroutèrent ossi ces gens
     20  d’armes et ne tinrent point d’arroi, et n’eurent li pluseurs
         talant de traire vers Bruges, car la foule et la
         presse estoit si très grande sus les champs et sur le
         chemin en venant à Bruges que c’estoit grant hideur
         à veoir et de oïr les navrés et les blechiés plaindre et
     25  crier, et les Gantois aux talons de ceulx de Bruges
         crier: «Gand! Gand!» et abatre gens et passer
         oultre sans arrester. Ces gens d’armes le plus ne se
         fussent jamais boutés en ce peril. Meïsmement li contes
         fu conseilliés de retraire vers Bruges et de entrer
     30  premiers en la porte, et de faire garder la porte ou
         clorre, par quoi les Gantois ne l’esforchassent et feussent
  [228]  seigneurs de Bruges. Li contes de Flandres, qui
         ne veoit point de recouvrer de ses gens sus les champs
         et que chascuns fuioit et que ja estoit toute noire nuit,
         creï ce conseil et tint ce chemin et fist sa banière
      5  chevaucher devant lui, et chevaucha tant qu’il vint dedans
         Bruges, et entra en la porte auques des premiers,
         espoir, lui quarantime, ne plus ne se trouva il. Adont
         ordonna il ses gens pour garder la porte et pour
         clorre, se les Gantois venoient, et puis chevaucha li
     10  contes vers son hostel et envoia par toute la ville gens,
         et [fist] commandement que chascuns sus la teste perdre
         se traisist vers le marché. L’intention dou conte estoit
         telle de recouvrer la ville par ce parti, mais non fist,
         sicomme je vous recorderai.


     15  § 276. Entretemps que li contes estoit en son hostel
         et que il envoioit les clers des doiens des mestiers
         de rue en rue, pour traire sur le marché et [recouvrer]
         la ville, li Gantois qui entrèrent en la ville de Bruges en
         poursuivant asprement leurs ennemis, le premier chemin
     20  qu’i fisent sans tourner chà ne là, il s’en allèrent
         tout droit sus le marchié, et là se rengièrent et arrestèrent.
         Messires Robert Mareschaux, ung chevalier dou
         conte, avoit esté envoié à la porte pour sçavoir comment
         on s’i maintenoit, entretemps que li contes faisoit
     25  son commandement qui cuidoit recouvrer la ville,
         mais il trouva que la porte estoit volée hors des gons
         et que li Gantois en estoient maistre; et proprement il
         trouva de ceulx de Bruges qui lui disent: «Robert,
         Robert, retournés et vous sauvés, car la ville est conquise
     30  de ceux de Gand.» Adont retourna li chevaliers
         au plus tost qu’il peut devers le conte, qui se partoit
  [229]  de son hostel tout à cheval et grant fuison de falots
         devant lui, et s’en venoit sus le marchié. Si lui dist ce
         chevalier ces nouvelles. Nonobstant, li contes, qui vouloit
         tout recouvrer, s’en vint vers le marchié; et, ensi
      5  comme il i entroit à grant fuison de falots, en escriant:
         «Flandres au lion au conte!» ceulx qui estoient à
         son frain et devant lui regardèrent et veïrent que la
         place estoit toute chargée de Gantois; si lui disent:
         «Monsigneur, pour Dieu, retournés. Se vous alés plus
     10  avant, vous estes mors, ou pris de vos ennemis au
         mieux venir, car il sont tous rengiés sus le marchié et
         vous attendent.» Et ceulx lui disoient verité, car li
         Gantois disoient ja, si trestost comme il le veïrent
         naistre d’une ruelle: «Veci Monsigneur, veci le
     15  conte! Il vient entre nos mains.» Et avoit dit Phelipes
         d’Artevelle et fait dire de renc en renc: «Se li contes
         vient sus nous, gardés bien que nuls ne lui face mal,
         car nous l’enmenrons vif et en sancté à Gand, et là
         arons nous paix à nostre voulenté.» Li contes, qui
     20  venoit et qui cuidoit tout recouvrer, encontra, assés
         près de la place où li Gantois estoient tous rengiés,
         de ses gens qui lui disent: «Ha! Monsigneur, pour
         Dieu, n’alés plus avant, car li Gantois sont seigneurs
         dou marchié et de la ville; et, se vous entrés
     25  ou marchié, vous estes mort; et encores en estes
         vous en aventure, car ja vont grant fuison de Gantois
         de rue en rue, querant leurs ennemis, et ont
         mesmement assés de ceulx de Bruges, qui les mènent
         querir d’ostel en hostel ceulx qu’i veullent avoir;
     30  et estes [tous] ensonniés de vous sauver, ne par
         nulles des portes de Bruges ne vous poués [issir ne
         partir que vous ne soiés ou mors ou pris, car] li Gantois
  [230]  en sont seigneur, ne à vostre hostel ne poués
         vous retourner, car il i vont une grant route de
         Gantois.»

         Quant le conte entendi ces nouvelles, si lui furent
      5  très dures, et bien i ot raison, et se commença grandement
         à eshider et à imaginer le peril où il se veoit,
         et creut conseil de non aler plus avant et de lui saulver,
         se il pouoit. Et fu tantost de lui meïsmes conseilliés:
         il fist estaindre tous les falots qui là estoient, et dist
     10  à ceulx qui dalés lui estoient: «Je voi bien qu’il n’i a
         point de recouvrer. Je donne congiet à tout homme,
         et chascuns se saulve qui puet ou scet.» Ensi comme
         il ordonna, il fu fait; les falots furent estaints et gettés
         dedans le[s] russiaux, et tantost s’espardirent et
     15  demuchièrent ceulx qui là estoient. Si se tourna li contes en
         une ruelle, et là se fist desarmer par ung sien varlet
         et jetter toutes ses armeures aval, et vesti la hoppelande
         de son varlet, et puis li dist: «Va t’an ton chemin,
         et te saulve, se tu pues. Aies bonne bouche: se
     20  tu eschiés es mains de mes ennemis et on te demande
         de moi, garde bien que tu n’en dies riens.»--«Monsigneur,
         respondi chil, pour mourir ossi ne ferai je.»
         Ensi demora li contes de Flandres tout seul, et pouoit
         bien adont dire que il se trouvoit en grant aventure,
     25  car, à celle heure, [se] par aucune infortunité, il fust
         escheus ens es mains des routes qui aval Bruges
         estoient et alloient et qui les maisons serchoient et les
         amis dou conte occisoient ou ens ou marchié les amenoient,
         et là tantost devant Phelippe d’Artevelle et les
     30  cappitaines il estoient mort et esservelé, sans nul moien
         ou remède il eust esté mort. Si fu Dieu proprement
         pour lui, quant de ce peril il le délivra et saulva, car
  [231]  onques en si grant peril en devant n’avoit esté ne ne
         fu depuis, sicomme je vous recorderai presentement.


         § 277. Tant se demucha, à icelle heure, environ mienuit
         ou ung peu oultre, li contes de Flandres par rues
      5  et par ruelles que il le convint entrer de nécessité,
         autrement il eust esté trouvé et pris des routiers de
         Gand et de Bruges ossi qui parmi la ville aloient, en
         l’ostel d’une pouvre femme. Ce n’estoit pas hostel de
         seigneur, de sales, de cambres ne de manandries,
     10  mais une povre maisonnette enfumée, ossi noire que
         arremens de fumiere de tourbes, et n’i avoit en celle
         maison fors le bouge devant et une povre tente de
         vièle toille enfumée pour esconser le feu, et pardessus
         un povre solier ouquel on montoit à une eschelle de
     15  set eschellons. En ce solier avoit un povre litteron où
         li povre enfant de la femmelette gisoient.

         Quant li contes fut, tout seul et tout esbahi, entré en
         celle maison, il dist à la femme, qui estoit toute
         effreé[e]: «Femme, sauve moi! Je suis tes sires le
     20  conte de Flandres, mais maintenant il me fault repourre
         et mussier, car mes ennemis me chassent, et dou bien
         que tu me feras je t’en donrai bon guerdon.» La povre
         femme le recongneut assés, car elle avoit esté plusieurs
         fois à l’aumosne à sa porte: si l’avoit veu aller et
     25  venir, ensi que ungs sires va en ses deduis, et fu tantost
         avisée de respondre, dont Dieu aida au conte, car
         elle n’eust peu si petit detrier que on eust trouvé le
         conte devant le feu parlant à elle: «Sire, montés
         amont en mon solier, et vous bout[és] dessoubs un lit
     30  où mes enfans dorment.» Il le fist, et entretemps la
         femme se essonia en son hostel entour le feu et à ung
  [232]  autre petit enfant qui gisoit en ung repos. Li contes de
         Flandres entra en ce solier et se bouta, au plus bellement
         et souef que il pot, entre la coute et l’estrain de
         ce povre literon; et là se quati et fist le petit: faire li
      5  convenoit.

         Evous ces routiers de Gand qui routoient, qui
         entrent en la maison celle povre femme, et avoient, ce
         disoient aucuns de leur route, veu un homme entrer
         ens. Il trouvèrent celle povre femme seant à son feu,
     10  qui tenoit son enfant. Tantost il lui demandèrent:
         «Femme, où est uns homs que nous avons veu entrer
         seans et puis reclorre l’uis?»--«Et, par ma foi,
         dist elle, je n’i veï de celle nuit entrer homme ceans;
         mais j’en issi, n’a pas granment, et jettai hors un pou
     15  d’eaue, et puis recloï mon huis. Ne je ne le sçaroie où
         mussier; vous veés toutes les aisemences de ceans;
         velà mon lit, là sus gisent mes enfans.» Adont prist
         li uns une chandelle, et monta amont sus l’eschellette
         et bouta sa teste ou solier, et n’i veï autre chose que
     20  le povre litteron des enfans qui dormoient. Si regarda
         il bien partout hault et bas. Adont dist il à ses
         compaignons: «Alons! alons! nous perdons le plus pour
         le mains. La povre [femme si] dist voir: il n’i a ame
         ceans fors elle et ses enfans.» A ces parolles issirent
     25  il hors de l’hostel de la femme et s’en allèrent router
         autre part. Onques puis nuls n’i rentra qui mal i
         voulsist.

         Toutesfois ces paroles avoit oïes li contes de Flandres,
         qui estoit couchés et catis en ce povre litteron.
     30  Si poués bien imaginer que il fu adont en grant effroi
         de sa vie. Quel chose pouoit il là, Dieux, penser ne
         imaginer? Quant au matin, il pouoit bien dire: «Je
  [233]  suis li uns des grans princes dou monde des crestiens,»
         et la nuit ensuivant il se trouvoit en telle petitesse,
         il pouoit bien dire et imaginer que les fortunes
         de ce monde ne sont pas trop estables. Encores grant
      5  heur pour lui, quant il s’en pouoit issir saulve sa vie.
         Toutesfois ceste perilleuse et dure aventure lui devoit
         bien estre ung grant mirouer et doit estre toute
         sa vie.

         Nous lairrons le conte de Flandres en ce parti, et
     10  parlerons de ceulx de Bruges et comment les Gantois
         perseverèrent.


         § 278. François Acremen estoit li ungs des plus
         grans capitaines des routiers, et envoiés de par Phelippe
         d’Artevelle et Piètre dou Bois, pour cherchier et
     15  router en la ville de Bruges; et il gardoient le marchié
         et gardèrent toute la nuit et au landemain, quant on se
         veï comme seigneur de la ville. Bien estoit deffendu
         aux routiers que il ne portassent nul dommaige ne nul
         contraire aux marchans ne bonnes gens estrangiers
     20  qui pour ce temps estoient à Bruges, car il n’avoient
         que faire de comparer leur guerre. Chils commandemens
         fut assés bien tenu et gardés, ne oncques François
         ne sa route ne fisent nul dommaige à nul homme
         estrange. La buschette cheue estoit et jettée des Gantois
     25  sus les quatre mestiers de Bruges, colletiers, vieswariers,
         bouchiers et poissonniers, à tous occire sans
         nul deport quanques on en trouveroit, pour tant que
         toudis il avoient estés de la faveur dou conte et devant
         Audenarde et ailleurs. On alloit par ces hostels querre
     30  ces bonnes gens, et, là où il estoient trouvé, [il estoient]
         mort sans merci. Celle nuit en i ot occis plus
  [234]  de douse cens, que ungs que autres, et fais plusieurs
         autres murdres, larrechins et autres mauvais fais qui
         point ne vinrent tous à congnoissance, et mout de maisons
         et de femmes robées et pillées et destruittes et de
      5  coffres effondrés, et tant fait que les plus povres de
         Gand furent tous riches.

         Le dimanche au matin, à set [heures], vinrent les
         joieuses nouvelles en la ville de Gand que leur gens
         avoient desconfi le conte, sa chevalerie et ceulx de
     10  Bruges, et estoient par conquest seigneurs et maistres
         de Bruges. Vous poués bien croire et savoir que, à ces
         nouvelles à Gand, ce fu uns peuples resjouïs, qui en
         transses grandes et tribulations avoient esté, et fisent
         par les eglises plusieurs processions et afflictions, en
     15  louant Dieu, qui tellement les avoit gardés et tellement
         reconfortés que envoié ha à leurs gens victoire. Plus
         leur venoit li jours avant, plus leur venoit bonnes nouvelles,
         et estoient si tresperchié de joie que il ne sçavoient
         auquel entendre; et je le di pourtant que, se li
     20  sires de Harselles, qui demorés estoit en Gand, heust
         prins, ce dimanche ou le lundi ensuivant, trois ou
         quatre mil hommes et si s’en fust venu à Audenarde,
         il eust la ville à sa voulenté, car chil de Audenarde
         estoient si esbahi, quant ces nouvelles oïrent, que à
     25  paines pour la paour de ceulx de Gand que il ne vuidoient
         leur ville et fuioient à sauveté en Hainnau ou
         ailleurs, et furent tous apparilliés, mais nouvelles n’en
         ooient. Si recuillirent couraige et confort, quant il veïrent
         que [ceulx de Gand ne venoient point ne] nulles nouvelles
     30  n’en oïrent, et ossi trois chevaliers qui là estoient et qui
         s’i boutèrent, messires Jehans Barnages, messires Thierris
         d’Anvaing et messires Florens de Heule, chil troi chevalier
  [235]  gardèrent, conseillièrent et confortèrent les gens
         d’Audenarde jusques à tant que messires Daniaux de
         Halwin i vint depuis et i fu envoiés de par le conte, ensi
         que je vous recorderai, quant je serai venus jusques à là.


      5  § 279. Oncques gens qui sont au desure de leurs
         ennemis, ensi que ceulx de Gand furent adont de ceulx
         de Bruges, ne se portèrent ne passèrent plus bellement
         de ville que ceulx de Gand fisent adont de ceulx de
         Bruges, car oncques il ne fisent mal à nul homme des
     10  menus mestiers, se il n’estoit trop villainement accusés.
         Quant Philippes d’Artevelle, Piètres dou Bois et
         les cappitainnes de Gand se virent au deseure de la
         ville de Bruges, et que tout estoit en leur commandement
         et obeïssance, on fist un ban de par Philippe
     15  d’Artevelle, Piètre dou Bois et les bonnes gens de Gand,
         que sur la teste toutes manières de gens se traïssent
         bellement à leurs hostels, et que nuls ne pillast ne
         efforsast maisons ne ne presist riens de l’autrui, se il
         ne le paioit, et que nuls ne se logast ou logement d’autrui,
     20  et que nuls ne esmeut meslée ne debas sans commandement,
         et tout sus la teste.

         Adont fu demandé se on sçavoit que li contes estoit
         devenus. Li aucuns disoient que il estoit issus de la
         ville très le samedi, et li autres disoient que encores
     25  estoit il à Bruges et repus quelque part où on le porroit
         trouver. Les capitaines de Gand n’en fisent compte,
         car il estoient si resjoïs de la victoire que il avoient et
         de ce que au dessus de leurs ennemis se veoient, que il
         n’acontoient riens à conte ne à baron ne à chevalier
     30  qui fust en Flandres, et se tenoient si grant que tout
         venroient, se disoient il, en leur obeïssance. Et
  [236]  regardèrent Phelippes d’Artevelle [et Piètres dou Bos] que,
         quant il se partirent de Gand, il l’avoient laissiée
         desgarnie et despourveue de tous vivres tant que de vins
         et de blés il n’i avoit riens. Si envoièrent tantost une
      5  quantité de gens au Dan et à l’Escluse, pour estre seigneur
         de ces villes et des pourveances qui dedans
         estoient, et repourveïr la ville de Gand. Quant ceulx
         qui envoiés i furent vinrent au Dam, on leur ouvri les
         portes, et fu toute la ville et les pourveances mises en
     10  leur commandement. Adont furent trais de ces biaux
         celliers au Dam tout le vin qui là estoit de Poitou, de
         Gascoingne, de la Rochelle et des loingtaines marches,
         plus de sis mil tonniaux, et mis à voitures et à nefs, et
         envoiés à Gand par chars et par la rivière, que on dist
     15  le Lieve. Et puis passèrent ces Gantois oultre, et vinrent
         à l’Escluse, laquelle ville se ouvrit contre eulx et
         se mist en leur obeïssance; et là trouvèrent il grant
         fuison de blés [et] de farines en tonniaux, en nefs et en
         greniers de marchans estrangiers. Tout fu mis pour
     20  ceulx de Gand à voiture et envoié à Gand tant par
         chars comme par eaue. Ensi fu la ville de Gand rafreschie
         et repourveue et delivre de misère par la grace
         de Dieu. Autrement ne fut che mies, et bien en deubt
         souvenir à ceulx de Gand que Dieu leur avoit aidié
     25  plainement, quant de cinc mil hommes tous affamés
         avoient devant leurs maisons desconfi quarante mil
         hommes. Or se gardent de eulx enorgueillir et leurs
         cappitaines ossi! Mais non feront: il s’enorgueilliront
         tellement que Dieu s’en courroucera et leur remonstrera
     30  leur orgueil avant que l’an soit oultre, sicomme
         vous recorderons en l’istoire, et pour donner exemple
         à tous autres.


  [237]  § 280. Je fus adont informés, et je le vueil bien
         croire, que le dimanche de nuit le conte de Flandres
         issi de la ville de Bruges. La manière, je ne le sçai pas,
         ne ossi se on lui fist voie à aucune des portes; je croi
      5  bien que oï, mais il issi tout seul et à piés, vestu d’une
         povre et simple hoppelande. Quant il se trouva aux
         champs, il fu tout resjoïs, et pooit bien dire que il
         estoit issus de grant peril, et commença à cheminer
         à l’aventure, et s’en vint desoubs ung buisson pour
     10  aviser quel chemin il tenroit, car pas ne congnoissoit
         les chemins, car oncques à piés ne les avoit allés. Ensi
         que il estoit desoubs ce buisson et là quatis, il entent
         et oi parler ung homme; et c’estoit un sien chevalier
         qui avoit espousée une sienne fille bastarde, et le nommoit
     15  on messire Robert Marescaut. Le conte le recongneut
         au parler; si lui dist en passant: «Robin, es tu
         là?»--«Oï, Monseigneur,» dist li chevaliers qui
         tantost recongneut le conte; «vous m’avés hui fait
         biaucop de paine à serchier autour de Bruges. Comment
     20  en estes vous issus?»--«Allons, allons, dist
         li contes, Robin, il n’est pas heure de chi recorder ses
         aventures. Fai tant que je puisse avoir un cheval, car
         je suis ja las d’aller à piés, et prens le chemin de Lisle,
         se tu le scés.»--«Monseigneur, dist Robin, oï, je
     25  le sçai bien.» Adont cheminèrent il toute ceste nuit
         et le landemain jusques à prime, ainchois que il peussent
         recouvrer d’ung cheval. Et, le premier que le
         conte heut, ce fu une jument que il trouvèrent cheux
         ung preudomme en ung villaige. Si monta sus li contes
     30  sans selle et sans painel, et vint ensi ce lundi au soir,
         et se bouta par les champs, ou chastiau de Lisle. Et là
         se retrouvoient la greigneur partie des chevaliers qui
  [238]  estoient eschappet de la bataille de Bruges et s’estoient
         sauvet au mieux qu’il avoient peu, li aucuns à piés et
         les autres à cheval. Et tous ne tinrent mie ce chemin,
         mais s’en allèrent li aucuns par mer en Hollande et en
      5  Zelande, et là se tinrent tant qu’il oïrent autres nouvelles.
         Messires Guis de Ghistelles arriva à boin port,
         car il trouva en Zelande en l’une de ses villes le conte
         Ghui de Blois, qui lui fist bonne chière et lui departi
         de ses biens largement, pour lui remonster et remettre
     10  en estat deu, et le retint dalés lui tant que il volt
         demourer. Ensi estoient li desbareté reconfortés par
         les seigneurs de là où il se traioient, qui en avoient
         pitié, et c’estoit raisons, car noblesse et gentillesse
         doivent estre aidies et conseillies par gentillesse.


     15  § 281. Ces nouvelles s’espardirent en trop de lieux
         et de païs, et de la desconfiture de ceulx de Bruges et
         de la desconfiture leur seigneur, comment les Gantois
         les avoient desconfis. Si en estoient toutes manières
         de gens resjoï, et especiallement communautés, tant
     20  ceulx des bonnes villes [que autres; mesmement celles]
         de l’eveschié de Liège en estoient si lies qu’il sambloit
         proprement que la besoingne fust leur. Ossi furent
         ceulx de Rouam et de Paris, se plainement en osassent
         parler. Quant pape Clement oït les nouvelles, il pensa
     25  ung petit et puis dist que celle desconfiture avoit esté
         une verge de Dieu pour exemplier le conte, et que il
         lui envoioit celle tribulacion pour la cause de ce qu’il
         avoit esté rebelles à ses oppinions. Aucun autre grant
         seigneur disoient en France et ailleurs que li contes ne
     30  faisoit que ung peu à plaindre, se il avoit ung petit à
         porter et à souffrir, car il avoit esté si presumptueux
  [239]  que il n’amiroit nul seigneur voisin que il eust, ne roi
         de France ne aultre, se il ne venoit bien à point audit
         conte; pour quoi il le plaindoient mains de ses persécutions.
         Ensi avient, et que li proverbes soit voirs que
      5  on dist, car, à cellui à qui il meschiet, chascuns lui
         mesoffre. Par especial, ceulx de Louvaing furent tout
         resjoï de la victoire des Gantois et de l’anoi dou conte,
         car il estoient en differend et en dur parti envers le
         duc Wincelin de Braibant, leur seigneur, qui les vouloit
     10  guerroier et abatre leurs portes; mais ores s’en
         tenra il mieux en paix. Et disoient ensi en la ville de
         Louvaing: «Se Gand nous estoit ossi prochaine sans
         nul contredit que la ville de Brouxelles est, nous serions
         tout ung avoecq eulx, et eulx avoecq nous.» De toutes
         leurs devises et leurs parolles estoient informet li dus
     15  de Braibant et la duchesse, mais il convenoit clugnier
         leurs ieulx et baissier les chiefs, car pas n’estoit heure
         de parler.


         § 282. Ceulx de Gand, eulx estans en Bruges, i
     20  fisent moult de nouvelletés, et avisèrent que il abatroient
         au lés devers eulx deux portes et les murs, et
         feroient emplir les fossés, affin que ceulx de Bruges
         ne fussent jamais rebelles envers eulx, et, quant il s’en
         partiroient, il enmenroient cinc cens hommes bourgois
     25  de Bruges des plus notables avoecq eux en la ville
         de Gand, pour quoi il fussent tenu en plus grant [cremeur
         et] subjection.

         Entretemps que ces capitaines se tenoient à Bruges
         et que il faisoient abatre portes et murs et remplir
     30  fossés, il renvoièrent à Ippre et à Courtrai, à Berghes
         et à Cassiel, à Propringhe et à Bourbourcq, par toutes
  [240]  les villes et chasteleries de la conté de Flandres sus
         la marine et dou Franc de Bruges, que tous venissent
         à l’obeïssance à eulx et leur apportassent ou envoiassent
         les clefs des villes et des chastiaux, en remonstrant
      5  service, à Bruges. Tous obeïrent, ne nuls n’osa
         adont contrester, et vinrent tous à obeïssance à Bruges
         à Phelippe d’Artevelle et à Piètre dou Bois. Ces deux
         se nommoient et escripsoient souverains capitaines de
         tous, et par especial Phelippes. Celui estoit qui le plus
     10  avant s’en ensonnioit et se chargoit des besoingnes de
         Flandres; et, tant que il fu à Bruges, il tint estat de
         prince, car tous les jours par ses menestrés il faisoit
         sonner et corner devant son hostel ses disners et ses
         souppers, et se faisoit servir en vaisselle couverte
     15  d’argent, ensi comme s’il fust conte de Flandres; et
         bien pooit tenir cel estat, car il avoit toute la vesselle
         d’or et d’argent au conte de Flandres et tous les joiaux,
         cambres et sommiers qui avoient esté trouvés en l’ostel
         dou conte à Bruges, ne riens on n’en avoit sauvé.
     20  Encores furent envoié une route de Gantois à Male,
         un très bel hostel dou conte à demie lieue de Bruges.
         Ceux qui i allèrent i fisent mout de desrois, car il
         deschirèrent tout l’ostel et abatirent, et effondrèrent les
         fons où li contes avoit esté baptisés, et misent à voiture
     25  sus chars tous les biens, or, argent et joiaulx, et
         envoièrent tout à Gand. Le terme de quinse jours,
         avoit, allant de Bruges à Gand et de Gand à Bruges,
         tous les jours charians, deus cens chars qui menoient
         or, argent, vessellemenche, joiaux, draps, pennes et
     30  toutes richesses prises et levées à Bruges, de Bruges
         à Gand; ne dou grant conquest et pillaige que Phelippes
         d’Artevelle et li Gantois prisent là à celle prise
  [241]  de Bruges, à paines le polroit on prisier ne extimer,
         tant i eurent il grant proufit.


         § 283. Quant chil de Gand heurent fait tout leur
         bon de la ville de Bruges, il envoièrent de Bruges à
      5  Gand cinc cens bourgois des plus notables pour là
         demorer en cause d’ostagerie, et François Acremen et
         Piètre le Wintre et mil de leurs hommes, qui les convoièrent.
         Et demora Piètres dou Bois capitaine de
         Bruges, tant que chil mur, ces portes et chil fosset
     10  furent tous mis à l’onni, et adont se departi Phelippes
         d’Artevelle à quatre mil hommes, et prist le chemin
         d’Ippre et fist tant qu’il i parvint. Toutes manières
         de gens issirent au devant de lui et le recueillirent
         ossi honnourablement comme se ce fust leurs sires
     15  naturels qui venist premierement à terre, et se misent
         tous à son obeïssance; et renouvella maïeurs et eschevins
         et fist toute nouvelle loi. Et là vinrent ceulx des
         chastelleries d’[oultre] Ippre, de Cassiel, de Berghes, de
         Furnes et de Propringhe, qui tous se misent en son
     20  obeïssance et jurèrent foi et loiaulté à tenir ossi bien
         comme à leur seigneur le conte de Flandres. Et, quant
         il heut ensi exploitié et que il heut de tous l’asseurance,
         et heut sejourné à Ippre huit jours, il s’en parti et s’en
         vint à Courtrai, où il fut receu à grant joie, et s’i tint cinc
     25  jours et envoia ses lettres et messages à la ville
         d’Audenarde, en eux mandant que il venissent devers lui
         à obeïssance et que trop i avoient mis, quant il veoient
         que tous li païs se tournoit avec ceulx de Gand, et il
         demoroient derrière; et, se che ne faisoient, il se
     30  pooient bien venter que temprement il aroient le siège,
         et jamais de là ne se partiroient si aroient la ville et
  [242]  la metroient tout à l’onni et à l’espée tout ce que
         dedans trouveroient.

         Quant ces nouvelles vindrent en Audenarde de par
         Phelippe d’Artevelle, encores n’i estoit point venus
      5  messire Daniaux de Halluin, qui en celle saison en fu
         cappitaine, et n’i estoient que les trois chevaliers dessus
         nommés, qui respondirent franchement que il ne
         faisoient compte des menaches d’u[n] varlet, fils d’un
         brasseur de miel, et que l’eritaige de leur seigneur le
     10  conte de Flandres il ne pooient ne voloient pas donner
         ne amenrir, mais le deffendroient et garderoient
         jusques au morir. Ensi retourna li messages jusques à
         Courtrai, et recorda à Phelippe d’Artevelle ceste response.


     15  § 284. Quant Philippes d’Artevelle ot oï son message
         ensi parler que ceulx de la garnison de Audenarde ne
         faisoient compte de lui ne de ses menaces, si en fu
         grandement courrouciés et jura que, quoi que il deust
         couster au païs de Flandres, il n’entendroit jamais à
     20  autre chose si aroit pris et rué par terre toute Audenarde;
         et disoit que de tout ce faire estoit bien en sa
         poissance, puis que le païs de Flandres estoit enclins
         à lui.

         Quant il heut sejourné cinc ou sis jours à Courtrai
     25  et renouvellée la loi et de tous pris le feaulté et l’ommage,
         ossi bien que se il fust conte de Flandres, il s’en
         parti et retourna à Gand. A l’encontre de lui, on issi
         à procession et à si grant joie que oncques li contes
         leurs sires en son temps ne fu de trop receu ossi
     30  honnourablement comme il fu; et l’aouroient toutes gens
         comme leur Dieu, pour tant qu’il avoit donné le conseil
  [243]  dont leur ville estoit recouvrée en estat et en poissance,
         car on ne polroit mie dire la grant foison de
         biens qui leur venoit par terre et par eaue de Bruges,
         dou Dam et de l’Escluse. Uns pains, n’avoit pas trois
      5  sepmaines qu’il i valoit un viés gros, n’i valoit que
         quatre mittes; li vins, qui valloit vint et quatre gros,
         n’i valloit que deux gros. Toutes choses estoient à
         Gand à meilleur temps que à Tournai ou à Valenchiennes.

     10  Phelippes d’Artevelle encharga un grant estat de
         biaux coursiers et destriers, et avoit son sejour comme
         uns grans princes, et estoit ossi estofféement dedans
         son hostel que li contes de Flandres estoit à Lisle, et
         avoit parmi Flandres ses officiers, baillifs, chastelains,
     15  recepveurs [et] sergens, qui toutes les sepmaines raportoient
         la mise très grande devers lui à Gand, dont il
         tenoit son estat, et se vestoit de sanguines et d’escarlattes,
         et se fourroit de menu vairs, ensi que faisoit li
         dus de Braibant ou li contes de Hainnau, et avoit sa
     20  chambre aux deniers où on paioit ensi comme li
         contes; et donnoit aux dames et aux damoiselles disners,
         souppers, banquets, ensi comme avoit fait dou
         tamps passé li contes, et n’espargnoit non plus or et
         argent que se il lui pleust des nues, et se escripsoit et
     25  nommoit en ses lettres Phelippes d’Artevelle, regars
         de Flandres.


         § 285. Or a li contes de Flandres, qui se tient ens
         ou chastel de Lisle, assés à penser et à muser, quant
         il voit tout son païs plus que onques mais rebelle à
     30  lui, et ne veoit mie que de sa poissance singulière il
         le puist recouvrer, car toutes les villes sont si en unité
  [244]  et d’un accord que on ne les en puet jamais roster, se
         ce n’est par trop grant poissance, ne on ne parle par
         tout son païs de Flandres de lui non plus en lui honnourant
         ne recongnoissant à seigneur, que dont que il
      5  n’eust oncques esté. Or lui reviendra l’aliance que il a
         au duc de Bourgongne, liquels a sa fille madame Marguerite
         en mariage, dont il a des biaux enfans, bien à
         point. Or est il heureux que li rois Charles de France
         est mort et que il i a un jeune roi en France ou gouvernement
     10  de son oncle le duc de Bourgoigne, qui le
         menra et ploiera du tout à sa voulenté, car, ensi
         comme de l’osier que on ploie jeune autour de son
         doi, et, quant elle est aagée, on n’en peut faire sa
         voulenté, ensi est il dou jeune roi de France et sera,
     15  sicomme je croi, car il est de si bonne voulenté, et si se
         desire à faire et à armer si croira son oncle de Bourgoingne,
         quant il lui remonstrera l’orgueil de Flandres
         et comment il est tenus de aidier ses hommes, quant
         leurs gens veullent user de rebellion. Mais li rois
     20  Charles, ce supposent li aucun, n’en heust riens fait;
         et, se aucune chose en eust fait, il eust attribuée la
         conté de Flandres au demaine du roiaume de France,
         car li contes n’estoit point si bien en sa grace que il
         heust riens fait pour lui, se il ne sceust bien comment.

     25  Nous nous souffrerons à parler de [ces] devises, tant
         que temps et lieux venrra, et dirons que li contes de
         Flandres, qui se tenoit à Lisle depuis la grant perte
         que il avoit eue devant Bruges et dedans Bruges, fist.
         Il entendi que messires Jehans Bernages, messires
     30  Thierris d’Anvaing et messires Florens de Heule
         tenoient la ville d’Audenarde et avoient tenu depuis la
         dure besoingne de Flandres avenue devant Bruges, et
  [245]  bien sçavoit que [ces] trois chevaliers n’estoient mie
         fors assés de resister contre la poissance de Flandres,
         se il venoient là pour mettre le siège, ensi que on
         esperoit que ossi feroient il hastivement. Adont, pour
      5  rafreschir la ville d’Audenarde et repourveoir de toutes
         choses, li contes appella messire Daniel de Halluvin et
         lui dist: «Daniel, vous en irés en Audenarde, je vous en
         fois cappitaine, et aiés de vostre route cent et cinquante
         lances de boines gens d’armes, cent arbalestriers et
     10  deus cens gros varlets à lances et à pavois. Si sonni[és]
         de la garnison, car je vous en charge feablement, et
         le faittes hastivement pourveoir de blés, d’avaines, de
         chars sallées et de vins par nos bons amis et voisins
         de Tournai. Il ne nous faulront point sceloncq nostre
     15  espoir.»--«Monsigneur, respondi li chevaliers, à
         vostre ordonnance tout sera fait, et je en prans le faix
         et la paine de la garde d’Audenarde liement, ne ja
         mal n’i aviendra par moi ne par ma songne.»--«Je
         le sçai bien,» dist li contes.


     20  § 286. Ne demora gaires de temps puissedi que
         messires Daniel de Halluin, establis capitaine souverain
         d’Audenarde, s’en vint, à toute la charge que avoir
         deubt et que baillie lui fu de par le conte, bouter
         dedans la ville d’Audenarde, dont ceulx qui i estoient
     25  furent tous resjoïs; et i entrèrent le dis et setime jour
         dou mois de mai et s’i tinrent toute la saison très
         honnourablement, ensi que vous orrés recorder avant en
         l’istoire.

         Avoec messire Daniel de Halluvin estoient de gens
     30  d’armes messires Loïs et messires Ghillebers de Lieureghien,
         messires Jehans de Helle, messires Florens
  [246]  de Heule, messires Blanchars de Calonne, li sires de
         Rassenghien, messires G[e]rars de Marqueillies, Lambrot
         de Lambres, Enguerrammet Zendequin, Morelet
      5  de Hallwin, Hanghenardin et plusieurs autres chevaliers
         et escuiers de Flandres, d’Artois et de la chastelerie
         de Lisle, et tant que il se trouvoient bien cent et
         cinquante lances de bonnes gens d’armes, hardis et
         entreprendans et tous reconfortés d’attendre le siège.
         Messires Daniel de Halluvin, qui cappitaines estoit,
     10  n’encloï en la ville d’Audenarde avoec lui fors toute
         fleur de gens d’armes, et bien li besoingna.


         § 287. Quant Philippes d’Artevelle, qui se tenoit à
         Gand, entendi que ceulx d’Audenarde estoient ensi
         rafreschi de gens d’armes et de pourveances, si dist
     15  que il i pourverroit de remède et que ce ne faisoit mie
         à souffrir, car c’estoit trop grandement ou prejudice
         et [des]honneur dou païs de Flandres que celle ville se
         tenoit là ensi; et dist que il i venroit mettre le siège et
         jamais ne s’en partiroit si l’aroit abatue et tous ceulx
     20  mors qui dedans estoient, chevaliers et autres. Adont
         fist il un mandement par tout le païs de Flandres que
         tous feussent apparilliés et venus le nuevime jour du
         mois de juing devant Audenarde. Nuls n’osa desobeïr;
         tous s’apparillièrent des bonnes villes de Flandres et
     25  dou Francq de Bruges, et vinrent mettre le siège devant
         Audenarde, et s’estandirent par champs, par prés,
         par marès tout à l’environ. Et là estoit Philippes d’Artevelle,
         leurs souverains cappitaines, par qui il s’ordonnoient
         tous, qui tenoit grant estat devant Audenarde.
     30  Adont fist il une taille en Flandres que chascuns
         feus toutes les sepmaines pai[er]oit quatre gros; [si
  [247]  porteroit le riche le povre]. De ceste taille acquist et
         assembla Philippes grant argent, car nuls ne nulle
         n’[estoit] excusés ne deportés que il ne paiast; car il
         avoit ses sergens espars parmi Flandres pour faire
      5  paier povres et riches, volsissent ou non. Et disoit on
         que il avoit à siège devant Audenarde, quant il furent
         tout assemblé dou païs de Flandres, plus de cent mille
         hommes, et fisent ces Flamencq au dessus d’Audenarde
         en l’Escaut fichier et planter grans [et] gros mairiens,
     10  par quoi point de navire de Tournai ne peust venir en
         Audenarde. Et avoient de toutes choses en l’ost à
         planté, halles de draps, de pelleteries et de merceries
         et marchié tous les samedis; et leur apportoit on des
         villages environ toutes choses de doulceurs, fruits,
     15  beurres, laitaiges, fromages, poullailles et autres
         choses, et avoit en l’ost tavernes et cabarès ossi boins
         et ossi plantureux comme à Bruges ou à Bruxelles, et
         vins de Rin, de Poitou, de France, garnaces, malevaisées
         et autres vins estranges et à bon marchié. Et
     20  pouoit on aler, passer, venir et retourner parmi leur
         host saulvement et sans peril, voires ceulx de Hainnau,
         de Braibant, d’Alemaigne et dou Liège, mais non
         ceulx de France.


         § 288. Quant messires Daniaulx de Hallwin, capitaine
     25  d’Audenarde, entra premierement en la ville, il
         fist toutes les pourveances departir onniement et donner
         à chascun, scelon lui et à sa charge, sa portion, et
         renvoia tous les chevaulx sur quoi il estoient venu, et
         fist toutes les maisons près des murs abatre ou couvrir
     30  de terre pour le trait dou feu des canons, car en
         l’ost il en avoient merveilleusement grant fuison; et
  [248]  fist toutes les femmes et les enfans et les anchiennes
         gens logier ens es moustiers et plusieurs vuider la
         ville; et ne demora gaires de chiens en la ville que
         tous ne feussent mors ou jettés ens es fossés ou en la
      5  rivière. Si vous di que les compaignons qui là estoient
         en garnison faisoient souvent de belles issues dou soir
         et dou matin, et portoient à ceulx de l’ost grant
         domaige. Et là avoit entre eulx deux escuiers d’Artois,
         frères, Lambrot de Lambres et Tristan. Chil doi
     10  par plusieurs fois i fisent de grans apertises d’armes,
         et ramenoient souvent des pourveances de l’host et des
         prisonniers, voulsissent ou non leurs ennemis. Ensi se
         tinrent il tout l’esté, et estoit l’intention de Philippe
         d’Artevelle et de son conseil que il seroient là tant que
     15  il les affameroient, car à l’assaillir il leur cousteroit trop
         grandement [de leurs gens], et fisent faire ceulx de Gand,
         ouvrer et charpenter à force sur le mont d’Audenarde
         un engin merveilleusement grant, liquels avoit vint piés
         de large et vint piés jusques à l’estaige et quarante
     20  piés de long, et appelloit on cel engin un mouton,
         pour jetter pierres de fais dedans la ville et tout effondrer.
         Encores de rechief, pour plus esbahir ceulx de
         la garnison d’Audenarde, il firent faire et ouvrer une
         bombarde merveilleusement grande, laquelle avoit cinquante
     25  et trois pols de bée et jettoit quarreaux merveilleusement
         grans, gros et pesans; et, quant celle
         bombarde desclicquoit, on l’ooit par jour bien cinq
         lieues loing et par nuit de dix, et menoit si grant tempeste
         au desclicquer que il sambloit que tous les deables
     30  d’enfer feussent sur le chemin. Encores fisent
         faire ung engien les Gantois et assoir devant la ville,
         qui jettoit vint croiseules de cuivre tout boulant. De
  [249]  tels engiens, de canons, de bombardes, de truies et de
         moutons se mettoient en paine ceulx de Gand de adomagier
         ceulx de Audenarde; et de tout ce se confortoient
         bellement les compaignons qui dedans estoient,
      5  et remedioient à l’encontre, et faisoient des issues
         trois ou quatre la sepmaine, dont il avoient plus d’onneur
         que de blasme et de proufit que de domaige.


         § 289. Entretemps que on seoit devant Audenarde,
         se departirent bien douse cens hommes de l’ost et s’avisèrent
     10  que il iroient voir là le plat païs et abatre et fuster
         les maisons des chevaliers qui issus de Flandres
         estoient et venus demorer en Hainnau, en Braibant et
         en Artois, eulx, leurs femmes et leurs enfans. Si acomplirent
         tous leurs propos chil routier et fisent mout de
     15  desrois parmi Flandres, et ne laissièrent oncques maisons
         ne ostels de gentils hommes, que tous ne feussent
         ars et rués par terre. Et s’en vinrent de rechief à Male,
         l’ostel dou conte, et le parabatirent, et trouvèrent le
         repos où li contes avoit esté mis d’enfance, et le
     20  despechièrent par pièces, et le cuvelette où on l’avoit baignié
         et la despechièrent ossi toute. Et abatirent la
         chappelle et aportèrent la cloche, et puis s’en vinrent
         [à] Bruges, et là trouvèrent il Piètre dou Bos et Piètre
         le Wintre, qui leur fissent bonne chière, et, de ce que
     25  il avoient fait, il [leur] dissent que il avoient trop
         bien exploitiet.

         Quant chil routier se furent rafresqui quatre jours,
         il prissent leur chemin vers le pont à Warneston, et
         passèrent le rivière dou Lis et s’en vinrent devant le
     30  ville de Lille, et abatirent aucuns moulins à vent et
         boutèrent le feu en aucuns villages devers Flandres.
  [250]  Adont s’armèrent cil de Lille et s’en vuidièrent à piet
         et à cheval plus de quatre mille; et en i ot ratains de
         ces Flamens: si en i eut des mors et des pris à qui on
         trencha depuis à Lille les testes, et, se il euissent esté
      5  bien poursieui, ja piés n’en fust escapés. Toutesfois,
         cil routier de Gand entrèrent en Tournesis et i fissent
         moult de desrois et ardirent la ville de Helchin et des
         autres villages environ qui sont dou roiaulme de
         France, et retournèrent à tout grant proie au siège
     10  d’Audenarde.

         Ces nouvelles vinrent au duc de Bourgongne, qui
         se tenoit à Bapaumes en Artois, comment li Gantois
         avoient courut, ars et pilliet sour le roiaulme de
         France. Si en escripsi tantos tout le convenant li dus
     15  de Bourgongne devers son nepveut le roi de France,
         qui se tenoit à Compiègne, et aussi au duc de Berri,
         son frère, et au duc de Bourbon et au conseil dou roi,
         afin que il en euissent avis, et ne vosist mie li dus de
         Bourgongne que ce ne fust avenut et que li Flament
     20  euissent autrement fait, car il suposoit bien que encores
         en conven[r]oit ensonniier le roi de France: autrement
         ses sires li contes ne revenroit jamais à l’iretage
         de Flandres; et ossi, tout considéré, ceste guerre le
         regardoit trop grandement, car il estoit de par sa
     25  femme, après la mort de son signeur le conte, hiretiers
         de Flandres.


         § 290. En che tamps se tenoit li contes de Flandres
         à Hesdin. [Si] li fu recordé comment li routier de Gand
         avoient esté à Malle et abatu l’ostel ou despit de lui,
     30  et le cambre où il fu nés arse, et les fons où il fu
         batissiés rompus, et le repos où il fu couchiés enffes,
  [251]  armoiiés de ses armes, qui estoit tout d’argent, et la
         cuvelette ossi où on l’avoit d’enffanche bagniet, qui
         estoit d’or et d’argent, toute deschirée et aporté[e] à
         Bruges, et là fait leurs galles et leurs ris; [ce] li vint
      5  et tourna à grant desplaissance.

         Si eut li contes, lui estant à Hesdin, tamainte imagination,
         car il veoit tout son païs perdu et tourné
         contre lui, excepté Tenremonde et Audenarde, et ne
         veoit nul recouvrier de nul costé, fors de la poissance
     10  de France. Si s’avisa, tout considéré, que il venroit
         parler à son fil le duc de Bourgongne, qui se tenoit
         à Bappaumes, et li remonstrer ses besongnes. Si se
         departi de He[s]din et s’en vint à Arras, et là se
         repossa deus jours. A l’endemain il vint à Bappaumes;
     15  si descendi à l’ostel dou conte, qui estoit siens, car
         pour ce tamps il estoit contes d’Artois, car sa dame
         de mère estoit morte. Li dus de Bourgongne, ses fils,
         eut grant compation de lui et le reconforta moult
         doucement, quant il l’eut oï complaindre, et li dist:
     20  «Monsigneur, par la foi que je doi à vous et au roi, je
         n’entenderai jamais à autre cose si serés resjoïs [de
         vos] mescances, ou nous parperderons tout le demorant,
         car ce n’est pas bon ne cose deue de tel ribaudaille,
         comme il sont ores en Flandres, laissier gouvrener
     25  un païs, et toute chevalerie et gentillèce en
         poroit estre honnie et destruite, et en consequent
         sainte crestiennetté.» Li contes de Flandres se reconforta
         parmi tant que li dus de Bourgongne li eut en
         convenant de aidier, et prist congiet à lui et s’en revint
     30  en la chitté d’Arras. A ce jour i tenoit li contes de
         Flandres plus de deus cens hommes des bonnes villes
         de Flandres [ostagiers], et estoient au pain et à l’aighe
  [252]  en diverses prisons, et leur disoit on tous les jours
         que on leur trenceroit les testes, ne il n’en atendoient
         autre cose. Quant li contes fu venus [à] Arras, il les fist
         en l’onneur de Dieu et de Nostre Dame tous delivrer,
      5  car bien veoit, à ce qui avenoit en Flandres, que il
         n’avoient nulles coupes, et leur fist jurer à estre bons
         et loiaux envers lui, et puis leur fist delivrer à cascun
         or et argent pour aler à Lille ou à Douai ou ailleurs, là
         où mieux leur plairoit, dont li contes acquist grant
     10  grace. Et puis se departi li contes d’Arras, et s’en
         retourna à He[s]din, et là se tint une espasse.


         § 291. Li dus de Bourgongne ne mist mies en oubli
         les convenances qu’il avoit eues à son signeur de père,
         le conte de Flandres. Si se departi de Bappaumes,
     15  messire Gui de la Tremoulle en sa compaignie et messire
         Jehan de Viane, amiral de France, qui rendoient
         grant paine de conseil à ce que li contes fust confortés;
         et cil doi estoient li plus grant et li plus haut de
         son conseil. Tant chevaucha li dus de Bourgongne
     20  avoecques sa route que il vint à Senlis, où li rois
         estoit et si doi oncle, Berri et Bourbon. Si fu là
         recheus à joie et puis demandés des nouvelles de
         Flandres et dou siège d’Audenarde. Li dus de Bourgongne,
         à ces premières parolles, en respondi moult
     25  sagement au roi et à ses oncles; et, quant che vint au
         loisir, il traïst à une part son frère le duc de Berri, et
         li remonstra comment cil Gantois orgilleux se mettoient
         en paine de destruire toute gentillèce, et ja
         avoient il ars et pilliet sus le roiaulme de France, qui
     30  estoit une cose moult prejudiciable, à la confusion et
         vitupère dou roiaulme, et que on ne leur devoit mies
  [253]  souffrir. «Biaux frères, li dist li dus de Berri, nous
         en parlerons au roi. Nous sommes, je [et] vous, li doi
         plus hault de son conseil: le roi enfourmé, nuls n’ira
         au devant de nostre entente; mais, à esmouvoir
      5  guerre le roi de France et le roiaulme à Flandres, qui
         ont esté en bonne pais ensamble, il convient que il i
         ait title et que li baron de France i soient conjoint.
         Autrement nous en seriens demandé et encoupé, car li
         rois est jones, et sévent bien toutes gens que il fera
     10  en partie ce que nous vorons et li consillerons. Se biens
         l’em prendoit, la cose se paseroit en bien; se maus
         li en venoit, nous en seriens demandé et trop plus
         blasmé que li autre et à bonne cose, et diroit on partout:
         «Veés les oncles dou roi, le duc de Berri et le
     15  duc de Bourgongne, comment il l’ont consilliet jovenement!
         Il l’ont bouté en guerre et le roiaulme de
         France, dont il n’eust que faire.» Pour quoi je di,
         biau frère, que nous meterons ensamble le grigneur
         partie des prelas et des nobles dou roiaulme de France
     20  et leur remonsterons, le roi present, vous personnellement
         à qui il en touche pour l’iretage de Flandres,
         toutes ces incidensses. Nous [verrons] tantos la generale
         volenté dou roiaulme.» Respondi li dus de Bourgongne:
         «Biaux frères, vous parlés bien, et ensi sera
     25  fait com vous le dittes.»

         A ces parolles evous le roi, qui entra en la cambre
         où si doi oncle estoient, un esprivier sus son puing, et
         se feri en leurs parolles, et leur demanda moult liement
         en riant: «De quoi parlés vous maintenant, mi
     30  bel oncle, en si grant conseil? Je le saroie volentiers,
         se c’est cose que on puist savoir.»--«Oïl, Monsigneur,
         dist li dus de Berri, qui fu avissés de parler,
  [254]  car à vous en apartient de ce conseil grandement. Veschi
         vostre oncle, mon frère de Bourgongne, qui se
         complaint à moi de ceulx de Flandres; car li villain de
         Flandres ont bouté hors de leurs hiretages le conte de
      5  Flandres, leur signeur, et tous les gentils hommes, et
         encores sont il à siège devant la ville d’Audenarde
         plus de cent mille Flamens, qui ont là assis grant fuisson
         de gentils hommes, et ont un cappitaine qui s’appelle
         Phelippes d’Artevelle, pur Englois de corage,
     10  liquels a juret que jamais de là ne partira si ara sa
         volenté de ceulx de sa ville, se vostre poissance ne
         l’en liève, tant i a il reservé. Et vous, qu’en dites?
         Volés vous aidier vostre cousin de Flandres à raquerir
         son hiretage, que chil villain par orguoel et cruaulté
     15  li tollent et efforcent?»--«Par ma foi, respondi li
         rois, biaus oncles, oïl, je en sui en très grant volenté,
         et, pour Dieu, que nous i alons: je ne desir autre cose
         que moi armer, et encores ne m’armai je onques. [Si]
         me fault il, se je voel resgner en poissance et en honneur,
     20  aprendre les armes.»

         Chil doi duc regardèrent l’un l’autre, et leur vint
         grandement à plaissance la parolle que li rois avoit
         respondu; et dist encores li dus de Berri: «Monsigneur,
         vous avés bien parlé, et à ce faire vous estes
     25  tenus par pluiseurs raisons. On tient la conté de Flandres
         dou demaine de France, et vous avés juré, et
         nous pour vous, à tenir en droit vos hommes et vos
         liéges, et ossi li contes de Flandres est vos cousins, et
         si portés de ses cauches, par quoi vous li devés
     30  amour; et, puisque vous en estes en boine volenté,
         ne vous en ostés jamais, et en parlés enssi à tous
         ceulx qui vous en parleront, car nous asamblerons
  [255]  hastéement les prelas et les nobles de vostre roiaulme,
         et leur remonsterons, present vous, toutes ces coses.
         Si parlés ensi hault et cler que vous avés ichi parlé à
         nous, et tout dirons: «Nous avons roi de haulte
      5  emprise et de bonne volenté.»--«Par ma foi!
         biaux oncles, je voroie que che fust à dematin aler
         celle part, car, de or en avant, che sera le plus grant
         desir que je arai que je voise en Flandres abatre l’orgoel
         des Flamens.» De ceste response orent li doi duc
     10  grant joie.

         Adont vint là li dus de Bourbon. Si fu appellés des
         deus dus, et li recordèrent toutes les parolles que vous
         avés oïes et la grant volentet que li rois avoit d’aler
         en Flandres, dont li dus de Bourbon ot grant joie. Si
     15  demorèrent les coses en cel estat, mais li rois escripsi,
         et si oncle ossi, à tous les signeurs dou conseil dou
         roiaulme de France, que il venissent sus un jour, qui
         asignés i estoit, à Compiengne, et que là aroit parlement
         pour les besongnes dou roiaulme de France. Tout
     20  obeïrent, che fu raisons, et sachiés que li rois estoit
         si resjoïs de ces nouvelles et si pensieus en bien [acomplir
         son plaisir], que il n’en pooit hors, et disoit trop
         souvent que tant de parlemens tenoit on pour faire
         bonne besongne: «Il me samble que, quant on voelt
     25  faire et emprendre aucune besongne, que on ne le
         doit point tant demener, car, au detriier, on avisse
         ses ennemis.» Et puis se dissoit encores oultre, quant
         on li metoit devant les perils qui venir en pooient:
         «Oïl, oïl; qui onques rien n’enprist riens n’achieva.»
     30  Enssi se divissoit li jovenes rois de France, et gengloit
         à le fois as chevaliers et as escuiiers de sa cambre, qui
         dalés lui estoient et qui le servoient. Or vous voel jou
  [256]  recorder de un songe qui lui estoit avenu en celle saisson,
         lui estant en la citté de Senlis, et sur quoi il s’ordonna
         de sa devise dou cerf vollant, sicom je fui adont
         enfourmés.


      5  § 292. Advenu estoit, point n’avoit lonc terme, au
         jone roi Charle de France, entrues que il sejournoit
         en la citté de Senlis, que, en dormant en son lit, une
         vission li vint, et li estoit proprement avis que il se
         trouvoit en la citté d’Arras, où onques à che jour
     10  n’avoit esté, et là estoit et toute la fleur de la chevalerie
         de son roiaulme, et là venoit li contes de Flandres
         à lui, qui li aseoit sus son poing un faucon pelerin
         moult gent et moult biel, et li dissoit enssi: «Monsigneur,
         je vous donne à bonne estrine ce faucon pour
     15  le milleur que je veïsse onques, le mieux volant, le
         mieux et le plus gentieument cauçant et le mieux
         abatant oisiaux.» De ce present avoit li rois grant
         joie, et disoit: «Biaux cousins, grant merchis.»
         Adont estoit il avis au roi que il regardoit sus le
     20  connestable de France, qui estoit dalés li, messire Olivier
         de Clichon, et li disoit: «Connestables, alons, vous
         et moi, as camps pour esprouver che gentil faucon
         que mon cousin de Flandres m’a donné.» Et li connestables
         respondoit: «Sire, alons.» Adont montoient
     25  il as chevaulx entre eus deus seulement, et venoient
         as camps, et prendoit li connestables ce faucon de la
         main dou roi, et trouvoient moult bien à voler et
         grant fuisson de hairons. Adont dissoit li rois:
         «Connestables, jettés l’oiseil, si verons comment il cachera
     30  et volera.» Et li connestables le jettoit; et cils faucons
         montoit si haut que à paines le pooit il cuesir en l’air,
  [257]  et prendoit son chemin sus Flandres. Adont disoit li
         rois au connestable: «Connestables, chevauchons
         après mon oiseil; je ne le voel pas perdre.» Et li
         connestables li acordoit, et chevauchoient, che estoit il
      5  vis au roi, au ferir des esperons parmi uns grans marès,
         et trouvoient un bois trop durement fort et drut d’espines
         et de ronses et de mauvais bos à chevauchier.
         Là dissoit li rois: «A piet! à piet! nous ne poons
         passer che bos à cheval.» Adont descendoient il et
     10  se mettoient à piet; et varlet venoient, qui prendoient
         les chevaulx, et li rois et li connestables entroient en
         che bos à grant paine, et tant aloient que il venoient
         en une trop ample lande, et là veoient le faucon qui
         cachoit hairons et abatoit, et se combatoit à eulx et
     15  eulx à lui; et sambloit au roi que ses faucons i faisoit
         très grant fuisson d’apertisses et cachoit oisiaulx
         devant lui et tant que il en perdoient la veue. Adont
         estoit li rois trop courouchiés que il ne pooit sieuir
         son oisel, et dissoit au connestable: «Je perderai
     20  mon faucon, dont je averai grant anoi, ne je n’ai loire
         ne ordenance dont je le puisse reclamer.» En che sousi
         que li rois avoit, li estoit vis que uns trop biaux chers
         qui portoit douse [rains], et à elles, apparoit à iaulx
         en issant hors de ce fort bois et venoit en celle lande,
     25  et s’enclinoit devant le roi; et li rois dissoit au
         connestable, qui regardoit ce cerf à mervelles et en avoit
         grant joie: «Connestables, demorés ichi; je monterai
         sus che cerf qui se represente à moi, et sieurai
         mon faucon.» Li connestables li acordoit. Là montoit
     30  li jones rois de grant volenté sus che cerf volant, et
         s’en aloit à l’aventure après son faucon; et chils chers,
         comme bien dotrinés et avissés de faire le plaisir dou
  [258]  roi, le portoit par desus les grans bois et les haulx
         arbres. Et veoit que ses faucons abatoit oisiaux à si
         grant plenté que il en estoit tous esmervilliés comment
         il pooit ce faire, et sambloit au roi que, quant cils
      5  faucons ot asés volet et abatu de hairons et de oisiaux
         tant que bien devoit souffire, li rois reclama son faucon;
         et tantos cils faucons, comme bien duis, s’en
         vint assir sus le poing dou roi. Et estoit vis au roi
         que il reprendoit le faucon par les longnes et le metoit
     10  à son devoir, et cils cers ravaloit par desus ces bois
         et raportoit le roi en la propre lande là où il l’avoit
         encargié et où li connestables de France le atendoit,
         qui avoit grant joie de sa venue. Et, sitos comme li
         rois fu là venus et descendus, li cers s’en raloit et
     15  rentroit au bos, et ne le veoient plus; et là recordoit
         li rois au connestable, che li estoit vis, comment il
         li estoit avenu, et dou cerf comment il l’avoit doucement
         porté. «Ne onques, dist li rois, je ne chevauchai
         plus aise.» Et li recordoit encores la bonté de
     20  son faucon, comment il avoit abatu tant d’oisiaulx que
         il en estoit esmervilliés, et li connestables l’ooit
         volentiers. Adont venoient li varlet qui les poursieuoient,
         qui ramenoient leurs chevaulx; si montoient sus, et
         trouvoient un chemin bel et ample qui les ramenoit à
     25  Arras. Adont s’esvilloit li rois, et avoit grant mervelle
         de celle vission, et trop bien li souvenoit de tout, et
         le recorda à aucuns de ceulx de sa cambre, qui le
         plus prochain li estoient; et tant li plaissoit li figure
         de che cerf que à paines en imaginations il n’en pooit
     30  partir, et fu li une des incidenses premiers, quant il
         descendi en Flandres combatre les Flamens, pour quoi
         le plus il encarga en sa devise le cerf vollant à porter.

  [259]  Nous nos soufferons un petit à parler de li, et parlerons
         de Phelippe d’Artevelle et des Flamens qui se
         tenoient à siège devant la garnisson et ville d’Audenarde.


      5  § 293. Phelippe d’Artevelle, quoi que il li fust bien
         avenu en son commenchement de la bataille de Bruges
         et que il euist eu là celle grace et celle fortune de
         desconfire le conte et ceulx de Bruges, n’estoit mies
         bien soutils de guerres ne de faire sièges, car de
     10  jonèche il n’i avoit point esté nouris ne introduis,
         mais de pesquier à le verghe as pissons en la rivière
         dou Lis et de l’Escaut. De cela faire avoit il estet
         grans coustumiers, et bien le monstra, lui estant
         devant Audenarde, car onques ne sceut la ville assir
     15  et quidoit bien, par grandeur et presomption qui
         estoit en lui, que chil d’Audenarde se deuissent de
         fait venir rendre à lui; mais il n’en avoient nulle
         volenté, ainçois se portoient comme très vaillans gens,
         et faissoient souvent [de belles] issues, et venoient
     20  escarmuchier as barrières à ces Flamens, et en
         ochioient et mehaignoient, et puis si se retraioient
         en leur ville sans damage; et de ces apertisses, issues
         et envaïes Lambert de Lambre et Tristrans, ses frères,
         et li sires de L[ieur]eghien en avoient grant renommée.

     25  Li Flament regardèrent que li fosset d’Audenarde
         estoient larghe et rempli d’iaue: [si] ne les pooit [on]
         aprochier pour asalir fors à grant paine. Si fu consilliet
         et avisset entre iaulx que il asambleroient sus
         les fossés grant fuisson de fagos et d’estrain, pour
     30  raemplir les fossés et pour venir jusques as murs et
         combatre à eux main à main. Ensi comme il fu
  [260]  ordonné, il fu fait. On ala as bos lontains et prochains,
         et commença on à fagoter fagos à grant plenté et à
         aporter et à chariier sus les fossés et là faire moies,
         pour plus esbahir ceulx de la garnison; mais li compaignon
      5  n’en faissoient compte, et disoient que, se
         traïson ne couroit entre eulx de ceulx de la ville, il
         n’avoient garde pour siège que il veïssent; et de ce
         trait, messires Daniaux de Haluin, qui capitaine en
         estoit, pour li oster de toutes doubtes, estoit si au
     10  desus de ceulx de la ville nuit et jour que il n’avoient
         poissance, ordonnance ne regard [nul] sus eux, et
         n’osoit nuls homs de la nation d’Audenarde, nuit ne
         jour, aler sus les murs de la ville sans la compaignie
         des saudoiiers estragniers: autrement, qui i fust trouvés,
     15  il estoit de corection ou point de perdre la teste.

         Enssi se tint là li sièges tout che tamps, et estoient
         li Flament en leur ost moult au large de tous vivres
         qui leur venoient par mer et par les rivières, car il
         estoient signeur de tout le païs de Flandres, et avoient
     20  ouvert et aparilliet les païs de Hollande, de Zellandes
         et de Braibant et ossi une partie de Hainnau, car toudis
         en larechin li villain et li païssant de Hainnau,
         pour gaegnier, leur menoient en leur ost assés de
         vivres.

     25  Chils Phelippes d’Artevelle avoit le corage trop plus
         englois que franchois, et euist volentiers veu que il
         se fuissent ahers et aloiiet avoecques le roi d’Engletière
         et les Englois, par quoi, se li rois de France ne
         li dus de Bourgongne venoient sus eux à main armée
     30  pour recouvrer le païs, il en fuissent aidiet et confortet
         et consilliet. Et ja avoit Phelippes en son ost bien
         deus cens Englès, archiers d’Engletière, liquel s’estoient
  [261]  emblet de leurs gages de Calais et là venu pour
         gaegnier, desquels archiers il avoit grant joie, et
         estoient cil très bien paiiet toutes les sepmaines.


         § 294. Phelippes d’Artevelle, pour coulourer son
      5  fait et pour veoir quel cose on disoit et diroit de lui
         en France, se avisa que il escriproit et feroit escripre
         le païs de Flandres au roi de France, en eux humeliant
         et en priant que li rois se vosist ensonniier de eux
         remettre en parfaite paix et amour envers leur signeur
     10  le conte. De ceste imagination il fu creux sitretos
         comme il en parla à ses gens, et escripsi unes lettres
         moult douces et moult amiables devers le roi de
         France et son conseil; et les baillièrent [à] un mesagier
         à cheval Phelippes et ses consaulx, et li disent que
     15  il s’en alast devers le roi de France et li baillast ces
         lettres. Chil respondi que volentiers, et chevaucha
         tant par ses journées que il vint à Senlis. Là trouva il
         le roi et ses trois oncles; si delivra ses lettres. Li
         rois les prist et les fist lire, present ses oncles et son
     20  conseil. Quant on les ot leutes et entendues, on n’en
         fist que rire, et fu adont ordonné de retenir le mesagier
         et dou mettre em prison pour tant que il estoit
         venus en la presence dou roi sans sauf conduit; et
         lors fu mis en prison et i demora plus de sis sepmaines.
     25  Phelippes d’Artevelle le sceut, car ses mesagiers
         point ne retournoit: si le prist en grant indination,
         et fist venir devant lui toutes les cappitaines de
         l’ost, et leur dist: «Or, veés vous quelle honneur li
         rois de France nous fait, quant si amiablement nous
     30  li avons escript, et sur ce il a retenu nostre mesagier!
         Certainement, nous mettons trop longuement à nous
  [262]  fortefiier dou costé d’Engletière; [si] nous en poront
         bien maulx prendre, car ne pensés ja dou contraire
         que li dus de Bourgongne, qui est tout en France
         maintenant et qui maine le roi enssi comme il voelt,
      5  car c’est uns enffes, doie laissier les besongnes avenues
         en cel estat; certes nenil, et exemple par nostre
         mesagier que il a retenu. Et si avons trop bien cause
         et matère de envoiier en Engletière, tant pour le commun
         pourfit de Flandres que pour nous mettre à seur et
     10  donner doubte à nos ennemis. Je voel bien, dist Phelippes,
         que nous envoions en Engletière dis ou douse
         de nos hommes des plus notables, par quoi la congnissance
         en viengne en France, et que li rois et ses
         consaulx quide que nous nos volons aloiier au roi
     15  d’Engletière, son aversaire; mais je ne voel mies que
         tels aliances soient sitretos faites, se il ne nous besongne
         autrement que il ne face encores; mais voel que nos
         gens demandent au roi d’Engletière et à son conseil
         d’entrée, et de ce avons nous juste cause de demander,
     20  la somme de deus cens mille viés escus que
         Jaquemes d’Artevelle, mes pères, et li païx de Flandres
         prestèrent jadis au roi d’Engletière, lui estant
         devant Tournai, pour aidier à paiier ses saudoiiers,
         et que on die au roi d’Engletière et à ses oncles et à
     25  tous leurs consaulx que la conté de Flandres generallement
         et les bonnes villes de Flandres qui jadis fissent
         ce prest, font de tout ce ravoir requeste et demande.
         Et, quant on nous ara rendu et restitué che en quoi
         li rois d’Engletière et li roiaulmes est par debte endebtés
     30  et tenus et obligiés envers nous, li rois d’Engletière
         et ses gens aront belle entrée de venir en Flandres.
         Encores vault mieux, che dist Phelippes, que nous nos
  [263]  aidons dou nostre que li estragnier, et jamais ne le
         poons ravoir plus legierement que maintenant, car li
         rois d’Engletière et li roiaulmes d’Engletière ne se
         eslongeront mie de avoir l’entrée, l’amour, le confort
      5  et l’aliance d’un tel païs comme à present est la conté
         de Flandres, car encores n’ont li Englès dessus les
         bendes de mer mouvant de l’Escluse jusques à Bourdiaux,
         excepté Callais, Chierebourc et Brest, nulle
         entrée par où il puissent passer en France. [Si] leur
     10  venra li païs de Flandres grandement à point, car
         Bretaigne, excepté Brest, leur est toute close, et est
         li dus de Bretaigne jurés à estre bon François, et, se
         il ne l’estoit, [si] le devenroit il pour l’amour de son
         cousin germain, no signeur le conte de Flandres.»
     15  Adont respondirent tout cil qui entendu l’avoient et
         qui à ce conseil estoient, et dissent: «Phelippe, vous
         avés très bien dit et sagement parlé, et nous volons
         que il soit enssi que vous l’avés ordonné et devisé, et
         qui ordonnerait dou contraire, il ne voroit pas le
     20  pourfit de Flandres.»


         § 295. Phelippes d’Artevelle ne sejourna pas adont
         longhement, mais ordonna sus che conseil et pourpos,
         et en escripsi à Piètre dou Bos et à Piètre le Wintre,
         qui estoient à Bruges cappitaines, et ossi à ceulx de
     25  Ippre et de Courtrai. Il sambla à cascun bon de enssi
         faire: si furent esleu et avisé des bonnes villes de
         Flandres de cascune un bourgois ou deux, et de la
         ville de Gand sis. Et tout premiers François Acremen i
         fu esleux, Rasses de le Vorde, Loïs de Vos, sire Jehan
     30  Scotelare, Martin Vandreware, Jacob de Brouère
         et uns clers qui estoit esleus à estre evesques de
  [264]  Gand de par Urbain, car maistres Jehans de West,
         qui avoit esté doiens de l’eglise Nostre Dame de Tournai,
         avoit aviset en son tamps que on feroit un evesque
         en Gand, qui posesseroit des pourfis que li evesques
      5  de Tournai i devoit avoir, mais en ce procurant il
         estoit mors. Or estoit revenus avant uns clers de la
         ville de Gaind et de très bon linage en Gand, qui s’appelloit
         [Baude Quintin], et cil s’en ala avoecques leurs
         gens en Engletière, et l’i envoia Phelippes d’Artevelle,
     10  pour aidier à faire ces traitiés, car il estoit de son
         linage. Quant cil douse bourgois de Gand et de Flandres
         furent tout ordonné et apparilliet et cargiet et
         enditté de ce que il devoient faire et dire, si prissent
         congiet à leurs gens et se departirent dou siège d’Audenarde
     15  environ l’entrée dou mois de jullet, et chevauchièrent
         vers Ippre et de là à Bourbourc, et puis à
         Gravelines, ét esploitièrent tant que il vinrent à Calais.
         Le capitaine de Calais, messires Jehans d’Ewrues, les
         requella liement quant il sceut que il voloient aler en
     20  Engletière, et les pourveï de nefs pasagière[s], et ne
         sejournèrent à Calais que trois jours. Quant il se partirent,
         et eurent [vent à] volenté et furent tantos à
         Douvres, et chevauchièrent tant parmi Engletière que
         il vinrent à Londres. Et partout estoient bien venut,
     25  especialment dou commun d’Engletière, quant il dissoient
         que il estoient de Gaind, pour tant que li Gantois
         s’estoient si bien porté que il avoient desconfit le
         conte et se poissance et estoient signeur dou païs; et
         dissoient que Gantois estoient bonnes gens.

     30  En che tamps que chil de Gand arivèrent à Londres,
         estoit li rois d’Engletière et ses consaulx messires
         Jehans de Montagut, messires Simons Burlé et messires
  [265]  Guillaumes de Biaucamp à Westmoustier, pour
         ahireter messire Perducas de Labreth de toute la tère
         et baronnie de Chaumont en Gascongne, laquelle tère
         estoit en la main dou roi pour fair[e] ent sa volenté,
      5  et je vous dirai par quel manière. Messires Jehans de
         Chaumont et messires Alixandres, ses frères, estoient,
         grant temps avoit, mors sans hoirs; si estoit leurs
         hiretages, selonc l’usage de Gascongne, retournés à
         leur liége signeur, le roi d’Engletière. Li rois Edouwars
     10  dou tamps passet l’avoit donnet à messire Jehan Camdos,
         et le tint tant comme il vesqui. Après sa mort, il
         le rendi à messire Thumas de Felleton. Or estoit nouvellement
         messires Thumas mors; si estoit la terre
         en la main dou roi d’Engletière, laquelle terre ne
     15  pooit longhement estre sans gouvreneur demorant
         sus, car elle joinst et marchist à la tère le signeur de
         Labreth, qui pour che tamps estoit bons Frans. Si fu
         regardé et avisé dou conseil le roi d’Engletière que
         messires Perducas de Labreth, qui avoit servis les rois
     20  d’Engletière Edouwart et Richart et le prince et le
         païs de Bourdelois bien et loiaument plus de trente
         ans, estoit bien merites de avoir telle terre, et que il
         le garderait bien et deffenderoit contre tout homme.


         § 296. Messires Perducas de Labreth, quant il rechut
     25  le don de la terre de Chaumont en Gascongne, dist
         enssi au roi qui l’en pourveoit et ahiretoit, present les
         nobles de son païs: «Sire, je preng et rechoi cel
         hiretage pour moi et pour mon hoir, à condition telle
         que contre tous hommes je vous servirai et ferai servir
     30  de mon hoir ensieuant, excepté contre l’ostel de
         Labreth; mais contre cellui dont je sui issus ne
  [266]  ferai je ja guerre tant que on m’i voelle laissier
         mon hiretage en paix.» Li rois et ses consaulx
         respondirent que Dieux i eust part, et que enssi on li
         deliveroit.

      5  Or vous dirai, puis que en ceste matère je sui, que
         il avint de messire Perducas de Labreth. Quant il fu
         venus en Gascongne et il eut pris la posession de la
         terre, et que messires Jehans de Noefville, senescaulx
         de Bourdiaulx et de Bourdelois pour le tamps, l’en
     10  ot mis en posession par la vertu des lettres dou roi
         d’Engletière que il monstra, li sires de Labreth en ot
         grant joie, car bien savoit que ses cousins ne li feroit
         point de guerre. Et demorèrent ces terres de Labreth
         et de Caumont toutes en paix, et tenoit à amour li
     15  sires de Labreth grandement son cousin, car il contendoit
         à ce que après son dechiès il le vosist mettre
         en posession des castiaulx qui sont en la baronniie
         de Chaumont; mais Perducas n’en avoit nulle volenté,
         et avint que il s’acoucha malades au lit de le mort.
     20  Quant il veï que morir le convenoit, il appella tous les
         hommes de la terre et fist devant lui venir un sien
         cousin, un jone escuier et bon homme d’armes, qui
         s’appelloit [Perducet], et li dist: «[Perducet], je te
         raporte, en la presence de mes hommes, toute la terre
     25  de Chaumont. Si soies bons Englès et loiaus envers le
         roi d’Engletière, dont li dons m’en vient, mais je voel
         que à l’ostel de Labreth, dont nous issons, tu ne faces
         point de guerre, se il ne te sourquièrent ou efforcent.»
         Li escuiers respondi liement, qui tint à grant che don:
     30  «Sire, volentiers.» Enssi fu [Perducès] de Labreth
         sires de Chaumont en Gascongne, et morut messires
         Perducas, qui en son tamps avoit esté uns grans capitains
  [267]  de gens d’armes et de routes; de li ne sai je
         plus avant.


         § 297. Quant cil Gantois furent venu à Londres,
         leur venue fu tantos segnefie au roi et à son conseil.
      5  On envoia devers eux pour savoir quel cose il voloient
         dire. Il vinrent tout en une compaignie au palais à
         Wesmoustier, et là trouvèrent premierement le duc
         de Lancastre, le conte de Bouquighen, le conte de
         Saleberi, le conte de Kemt, messire Jehan de Montagut,
     10  maistre d’ostel dou roi, messire Simon Burlé,
         messire Guillaume de Windesore et la grigneur partie
         dou conseil dou roi; et n’estoit mies li rois presens à
         celle première venue. Ces gens de Gand et de Flandres
         enclinèrent ces signeurs d’Engletière, et puis
     15  commencha li clers esleux de Gand à parler pour tous,
         et dist enssi: «Mi signeur, nous sommes chi venu, et
         envoiiet de par le bonne ville de Gand et tout le païs
         de Flandres, pour avoir conseil, confort et aide dou
         roi d’Engletière sus certains articles et bonnes raisons
     20  que il i a de aliances anchiennes entre Engletière et
         Flandres. Si le[s] vollons renouveller, car il besongne
         au païx de Flandres à present, car il est sans signeur
         et n’ont les bonnes villes et li païx que un regard,
         c’est uns homs qui s’appelle Phelippes d’Artevelle,
     25  liquels princhipaument se recommende au roi et à
         vous tous qui estes de son conseil, et vous prie que
         vous requelliés ce don en bien, car, où li rois d’Engletière
         volra ariver en Flandres, il trouvera le païs
         ouvert et aparilliet pour reposer, rafresquir et demorer
     30  tant comme il lui plaira, lui et ses gens, et pour
         mener avoecques lui dou païx de Flandres cent mille
  [268]  hommes tous armés. Mais oultre, li païx fait requeste
         que de deus cens mille viés escus que jadis Jakemes
         d’Artevelle et les bonnes villes de Flandres prestèrent
         au roi Edouwart de boine memoire au siège de Tournai
      5  et ensieuant au siège de Calais, il les voellent
         ravoir, et est li intention des bonnes villes de Flandres,
         anchois que les aliances passent oultre, que la somme
         que dit est soit misse avant, et, là où elle le sera, li
         rois d’Engletière et tout li sien pueent bien dire que
     10  il sont amit as Flamens et que il ont entrée à leur
         volenté en Flandres.» Quant li signeur eurent oï ceste
         parolle et requeste, il regardèrent l’un l’autre et
         commenchièrent li aucun à sousrire. Adont parla li dus de
         Lanclastre, et dist: «Biau signeur de Flandres, vostre
     15  parolle demande bien à avoir conseil, et vous vous
         retrairés à Londres, et li rois se consillera sur vos
         requestes, et vous en responderons tellement que bien
         vous devera par raison souffire.» Chil Gantois
         respondirent: «Dieux i ait part!» Adont issirent il
     20  hors de la cambre, et li signeur dou conseil demorèrent
         qui commenchièrent à rire entre eux et à dire:
         «Et ne avés vous oï ces Flamens et les requestes que
         il ont faites? Il prient à estre consillié, conforté et
         aidié, et dient que il leur besongne, et [si] demandent
     25  avoec tout ce à avoir nostre argent. Ce n’est pas
         requeste raisonnable que nous paions et si aiderons.»
         Lors se departi li consaulx sans riens plus avant adont
         consillier, et assignèrent journée de estre de rechief
         ensamble. Et li Gantois s’en retournèrent à Londres,
     30  et là se logièrent et s’i tinrent un grant tamps, car il
         ne pooient estre respondu [du] roi ne de son conseil,
         car li conssaus d’Engletière sus leurs requestes estoit
  [269]  en grant different et [tenoit] les Flamens à orguilleux
         et presomptieux, quant il demandoient à ravoir deus
         cens mille escus, si anchienne debte que de quarante
         ans. Onques cose ne cheï si bien à point pour le
      5  roi de France, qui voloit venir sus Flandres, que ceste
         cose fist qui fu enssi demenée, car, se li Flament
         n’euissent point demandé la somme des florins dessus
         dis et n’euissent singullèrement fors requis le roi
         d’Engletière de confort et de aide, li rois d’Engletière fust
     10  venus en Flandres ou euist envoiiet si poissanment que
         pour atendre à bataille, avoecques l’aide des Flamens
         qui estoient adont tout ensamble, la poissance dou
         plus grant signeur dou monde; mais il ala tout autrement,
         dont il leur en mesvint, sicom vous orés recorder
     15  avant en l’istore.


         § 298. Nouvelles vinrent en France au conseil dou
         roi que Phelippes d’Artevelle, qui avoit le corage
         englois, et li païs de Flandres avoient envoiet en
         Engletière une quantité de homes des villes de Flandres,
     20  pour faire aliances au roi d’Engletière et as
         Englès; et couroit vois enssi que li rois d’Engletière à
         poissance venroit en celle saisson ariver en Flandres,
         et se tenroit en Gand. Ces nouvelles et ces coses estoient
         assés à soustenir et à croire que li Flament se fortefieroient
     25  en aucune manière. Adont fu avissé ou conseil
         dou roi que le messagier Phelippe d’Artevelle, que on
         tenoit en prison, on deliveroit, et que au voir dire on
         n’avoit nulle cause dou tenir. Si fu delivrés et renvoiiés
         en Flandres et devant Audenarde, où li os
     30  estoit.

         En che tamps avoient cil de Bruges pris des bourgois
  [270]  de Tournai et retenu et mis en prison, et monstroient
         li Flament que il avoient ossi chier la guerre as
         François comme la pais. Quant cil de Tournai veïrent
         ce, si fissent tant que il atrapèrent et retinrent devers
      5  eux des bourgois de Courtrai, et les amenèrent prisonniers
         à Tournai. Enssi se nourissoient haïnes entre
         les Tournisiens et les Flamens. Toutesfois li signeur
         de Tournai, qui ne voloient mies de leur fait avoir
     10  title de guerriier les Flamens qui estoient leurs voisins,
         sans avoir commandement dou roi de France,
         dont il n’avoient encores nul, avisèrent que il envoieroient
         deus de leurs bourgois devant Audenarde parler
         à Phelippe d’Artevelle, pour savoir se intention et
         pour ravoir leurs bourgois et rendre ossi en escange
     15  ceulx qu’il tenoient. Si i furent esleu de aler, et i
         alèrent, Jehan Bonenffant et Jehan [Pietart], et vinrent
         au siège devant Audenarde, et parlèrent à Phelippe,
         liquels, pour l’onneur de la citté de Tournai,
         non pour le roi de France, sicomme il leur dist, les
     20  requelloit amiablement, «car li rois ne l’avoit pas
         deservi ne aquis envers le païs de Flandres, quant un
         mesagier pour bien envoié devers lui on avoit retenu
         et mis en prison.»--«Sire, respondirent li doi
         bourgois, vostre mesagier, vous le ravés.»--«C’est
     25  voirs, dist Phelippes, le plus par cremeur que autrement.
         Or me dites, dist Phelippes, pour quelle besongne
         vous venés maintenant ichi.»--«Sire, respondirent
         li bourgois, c’est pour ravoir nos bonnes gens de
         Tournai que on tient en prison à Bruges.»--«Ha!
     30  respondi Phelippes, se on les i tient, ossi tenés vous
         de ceulx de Courtrai par devers vous. Vous ne devés
         pas perdre à vostre venue; rendés nous les nostres,
  [271]  vous rarés les vostres.» Respondirent cil de Tournai:
         «Vous parlés bien, et nous le ferons enssi.»
         Là fu acordé de faire cel escange, et en escripsi Phelippes
         à Piètre dou Bos et à Piètre le Wintre, qui se
      5  tenoient à Bruges, que on delivrast les bourgois de
         Tournai que on tenoit en la Pière en prisson, et on
         deliveroit à Tournai ceulx de Courtrai, car il s’en tenoit
         bien à ce que la citté de Tournai en avoit ordonné et
         escript. Enssi exploitièrent li doi bourgois de Tournai,
     10  et vous di que, quant che vint au congiet prendre,
         Phelippes d’Artevelle leur dist enssi: «Entendés,
         signeur, je ne vous voel mie trahir; vous estes de
         Tournai, laquelle ville est toute liége au roi de France,
         auquel nous ne volons avoir nul traitiet jusques à tant
     15  que Audenarde et Tenremonde nous seront ouvertes,
         et ne revenés plus par devers nous ne renvoiiés, car
         cil qui i venroient demor[r]oient; et contregardés vos
         gens et vos marcheans de aler ne venir ne envoiier ne
         marcander en Flandres, car, se il i vont, il seront
     20  retenu et li leurs pris, combien que il vaille; et, se li
         nostre i vont, nous [les] abandonnons à estre pris et
         retenus sans nul pourcas, car bien savons, quoi que
         nous atendons, que li rois de France, vostres sires,
         nous fera guerre.» Chil bourgois de Tournai entendirent
     25  bien ces parolles; si les retinrent et glosèrent, et
         dissent que de tout ce, iaulx revenu à Tournai, il en
         aviseroient la bonne ville et les gens. Si se departirent
         dou siège d’Audenarde et retournèrent à Tournai;
         si recordèrent tout ce que vous avés oï. Adont fu faite
     30  une deffense que nuls n’alast ne marcandast à ceulx
         de Flandres sus à estre escheu en le indination dou
         roi. Toutesfois li bourgois de Tournai, qui estoient
  [272]  prisonnier à Bruges, revinrent, et cil de [Courtrai]
         furent renvoiiet. Enssi n’ossoit nuls marchans de Tournai
         marchander as Flamens, mais, quant il leur convenoit
         [avoir] des marcheandisses de Flandres, il les
      5  venoient querir ou acater à ceulx de Valenchiennes,
         car cil de Hainnau, de Hollande et de Zellandes et de
         Braibant et dou Liège pooient seurement aler demorer
         et marchander par toute Flandres.


         § 299. Ensi se tint li sièges devant Audenarde
     10  grans et biaux, et toute celle saisson Phelippes d’Artevelle
         et cil de Gand estoient logiet sus le mont
         d’Audenarde, au lés deviers Hainnau; et là seoient li
         engien et li grande bombarde qui jettoit les grans
         [quariaux] et qui rendoit tel noise au descliquier que
     15  on l’ooit de sis lieues loing. Ens es prés desoulx
         avoit on fait un pont sus l’Escaut de nefs et de cloies,
         couvert d’estrains et de fiens, et par delà che pont
         estoient logiet chil de Bruges, en remontant sus les
         camps oultre le porte de Bruges. Après estoient logiet
     20  cil de Ippre et de Courtrai, de Popringhe et de Cassel
         et dou Franc de Bruges, et comprendoient le tour de
         la ville en rallant jusques à l’autre part de l’Escaut.
         Enssi estoit toute la ville de Audenarde environnée,
         et quidoient bien par tel siège li Flament afamer ceulx
     25  de dedens, mais à le fois li compaignon issoient et
         faissoient des envaïes. Une eure perdoient, l’autre
         gaagnoient, ensi comme à tels besongnes li fait d’armes
         aviennent; mais toutesfois d’assaus n’i avoit nuls fais,
         car Phelippes ne voloit pas follement aventurer ses
     30  gens, et dissoit que tout sans asallir il aroient la ville
         et que par raison elle ne se pooit tenir longhement,
  [273]  quant il n’estoient conforté ne ne pooient estre de nul
         costé, ne à paines uns oisellès ne [volast] mies en
         Audenarde que il ne fust veus de ceulx de l’ost, tant bien
         avoient il environné la ville à tous lés.


      5  § 300. Or retournons au roi de France et à son conseil.
         Li oncle dou roi et li consaulx de France avissèrent
         pour le mieux que il envoieroient à Tournai
         aucuns prelas et chevaliers dou roiaulme, pour traitier
         à ces Flamens de Flandres et pour savoir plus
     10  plainement leur entente. Si furent esleu et ordonné
         de venir à Tournai messires Milles des Dormans,
         evesques de Biauvais, li evesques d’Auchoire, li evesques
         de Laon, messires Guis de Honcourt et messires
         Tristrans dou Bos; et vinrent chil à Tournai comme
     15  commissaire de par le roi de France, et là s’arestèrent.
         Quant il furent venu, asés nouvellement estoient
         retourné de l’ost de devant Audenarde Jehan Bonenfant
         et Jehans Pietars, qui remonstrèrent à ces prelas
         et chevaliers commissaires dou roi comment Phelippes
     20  d’Artevelle, au congiet prendre, leur avoit dit et que
         li Flament n’entenderoient jamais à nul tretiet jusques
         à tant que Audenarde et Tenremonde leur seroient
         ouvertes. «Bien, respondirent li commissaire, se
         chils Phelippes, par orguoel et beubant dont il est
     25  plains, fait sa grandeur, espoir, che n’est pas li acors
         des bonnes villes de Flandres. Si escriprons à Bruges,
         à Gand, à Ippre, et envoierons de par nous à cascune
         ville une lettre et un mesagier. Par aucune voie faut il
         entrer ens es coses, puis que on les voelt commenchier,
     30  et nous ne sommes pas chi venut pour guerriier, mais
         pour traitiier envers ces maleois Flamens.» Adont
  [274]  escripsirent cil commissaire trois lettres as trois villes
         et princhipaux de Flandres, et i mettoient en cascune
         Phelippe d’Artevelle en ligne et ou premier chief. Si
         contenoient les lettres enssi:


      5  § 301. «A Phelippe d’Artevelle et à ses compaignons
         et as bonnes gens des trois bonnes villes de Flandres
         et le Franc de Bruges.

         «Plaise vous savoir que li rois, nostres sires, nous
         a envoiiés en ces parties en espèce de bien, pour paix
     10  et acord faire, comme souverain signeur, entre noble
         prinche, son cousin, monsigneur de Flandres, et le
         commun païs de Flandres; car renommé[e] queurt que
         vous querés à faire aliance au roi d’Engletière et as
         Englès, laquelle cose seroit contre raison et ou prejudice
     15  dou roiaulme de France et de la couronne, et
         ne le poroit le roi souffrir aucunement. Pour quoi nous
         vous requerons de par le roi que vous voelliés à nous
         baillier sauf conduit, alant et venant, pour ceste pais
         faire amener à bonne conclusion, sique le roi vous en
     20  sache gré, et nous rescripsiés response de vostre
         intention. Nostres Sires vous voelle garder. Escript à
         Tournai, le sesime jour de octembre.»


         § 302. Quant ces trois lettres, toutes contenans une
         meïsmes cose, furent escriptes et seellées, on les
     25  bailla à trois hommes, et leur fu dit: «Vous irés à
         Gand, et vous à Bruges, et vous à Ippre, et nous
         rapporterés response.» Il respondirent: «Volentiers
         response vous rapporterons nous, se nous le poons
         avoir.» A ces mos il partirent, et ala cascuns son
     30  chemin. Quant cil de Gand vint à Gand, pour ce jour
  [275]  Phelippes d’Artevelle i estoit; autrement cil de Gand
         n’euissent point ouvert la lettre sans lui. Il l’ouvri et
         le lissi; et, quant il l’eut leu, il n’en fist que rire et
         se parti assés tos de Gand, et s’en retourna devant
      5  Audenarde, et enporta la lettre avoecques li; mais li
         mesagiers demora em prison à Gand. Et, quant il fu
         venus devant Audenarde, il appella le signeur de Harselles
         et aucuns de ses compaignons, et leur lissi la
         lettre des commissaires, et dist: «Il samble que
     10  ces gens de France se truffent de moi et dou païx de
         Flandres. Ja avoie je dit as bourgois de Tournai, quant
         il furent avant hier chi, que je ne voloie mais oïr nulles
         nouvelles de France ne entendre à nul traitié que on
         me peuist faire, se Audenarde et Tenremonde ne
     15  nous estoient rendues.» A ces mos vinrent nouvelles
         de Bruges et de Ippre des cappitainnes qui là estoient,
         comment ossi on leur avoit escript, et que briefment
         li mesagier qui ces lettres avoient aportées estoient
         retenu ens es villes et mis en prison. «Ce est bien
     20  fait,» che dist Phelippes. Adont busia il sus ces
         besongnes un petit, et, quant il eut merancoliet une
         espasse, il s’avisa que il rescriproit aus commissaires
         dou roi de France. Si rescripsi unes lettres; si avoit en
         le superscrision: «A très nobles et discrés signeurs
     25  les signeurs commissaires dou roi de France.


         § 303. «Très chiers et poissans signeurs, à vostres
         très nobles discreptions plaise vous savoir que nous
         avons recheu amiables lettres à nous envoiies de très
         exellent signeur Charles, roi de France, faissans mention
     30  comment vous, très nobles signeurs, estes envoiiet
         de par lui par dechà pour traitier de paix et d’acord
  [276]  entre nous et haut prince monsigneur de Flandres et
         son païs, et par le roi devant dit et sen [conseil] aians
         plaisance de ce conduire et acomplir, siques ceux de
         Tournai, nos chiers et boins amis, nous tesmongnent
      5  par leurs lettres patentes par nous veues. Et, pour ce
         que li rois escripst que à lui moult desplaist et a despleut
         que li discors ont si longhement esté et encores
         sont, dont nous avons grant mervelle comment che
         puet estre, en tamps passé, quant la ville de Gand fu
     10  asisse et la paix d’Audenarde n’estoit de nulle valeur,
         et ossi quant nous dou commun conseil des trois
         bonnes villes de Flandres à lui escripsimes, sicom à
         nostre souverain signeur, que il vosist faire la paix et
         acord, que adont ne li pleut en otant faire enssi que il
     15  nous samble maintenant que volentiers feroit. Et aussi
         en telle manière avons receu unes lettres patentes contenans
         que deus fois nous avés escript que vous estes
         venu, dou roi devant dit chargiet, sicomme chi dessus
         est declairiet; mais il nous samble que, selonc nostre
     20  response à vous sur ce envoie, que nous avons volenté
         d’entendre au traitiet ce que fermement nul traitiet
         n’est à querre entre nous et le païs de Flandres, se
         ce n’est que les villes et forterèches, à la volenté de
         nous, regars de Flandres et de la dite ville de Gaind,
     25  fremée[s] contre le païx de Flandres et nomméement
         et expresséement contre la bonne ville de Gand, dont
         nous sommes regard, seront descloses et ouvertes à
         la volenté de nous, regars, et de la dite ville. Et, se
         ce estoit, nequedent ne poriens nous traitier à la
     30  manière que vous le requerés, car il nous samble que
         li rois ou nom de vous a et puet asambler en l’aide de
         son cousin, nostre signeur, grant poissance, car nous
  [277]  savons et veons que fauseté i a, enssi comme autrefois
         i a eu. Dont nostre intention est de ce estre seur et
         sur nostre garde et deffence, sicomme nous sommes
         après atendans. Il trouvera l’ost apparilliet pour lui
      5  deffendre contre ses ennemis, car nous esperons, à
         l’aide de Dieu, avoir victore, enssi comme autrefois
         avons eu à vous, oultre donnant à entendre que
         renommée est que vous avés entendu que nous ou
         aucuns de Flandres traitent aliances envers le roi
     10  d’Engletière, et que nous esrommes pour ce que nous
         sommes subjet à la couronne de France et que li rois
         est nostre signeur souverain à qui nous sommes tenu
         de nous i aquiter; ce que fait avons, en tant que en
         tamps passé à lui avons envoiiet nostres lettres, ensi
     15  comme à nostre signeur souverain, enssi que il vosist
         faire la pais; et sur quoi il pas ne respondi, mais nos
         mesagiers fu pris et detenus, ce que grant blasme nous
         sambloit de tel signeur. Et encores li est plus grans
         blasmes [et fait] à blasmer que desour ce il a à nous
     20  escript sicomme souverain signeur, et il ne nous daigna
         envoiier response, quant à lui escrisimes comme à
         nostre souverain signeur. Et, pour tant que adont che
         ne li pleut à faire, pensames nous à querir le pourfit
         dou païs de Flandres à qui que ce fust à faire, sicomme
     25  fait avons. Nientmains que aucune cose en est encore,
         pora li rois bien venir à tamps à manière que toutes
         forterèces soient ouvertes, et pour ce que nous
         deffendesimes ceux de Tournai, quant darrainement
         furent en nostre ost, que nuls ne venroit mais en telle
     30  manière cargiés de lettres ne de bouce sans avoir sauf
         conduit, et oultre se sont venut portant lettres, sans
         sent ne consent de nous, à Gand et à Bruges [et à
  [278]  Ippre], si avons les mesagiers fait prendre et detenir,
         et leur aprenderons à porter lettres tellement que
         autres i prenderont exemple, car nous sentons que
         traïson aquerés, especiaulment pour moi, Phelippe
      5  d’Artevelle, dont Dieux me voelle deffendre, et aussi
         faire et mettre discord ou païs. Pour quoi nous vous
         laissons savoir que de ce ne vous travilliés plus, se ce
         n’est que les villes devant dites soient ouvertes, che
         que briefment, à l’aide de Dieu, elles le seront, liquels
     10  vous ait en sa sainte garde. Escript devant Audenarde,
         le vintime jour dou mois d’octembre, l’an mille trois
         cens quatre vins et deus. PHELIPPE D’ARTEVELLE,
         regard de Flandres, et ses compagnons.»


         § 304. Quant Phelippes d’Artevelle eut enssi escript,
     15  present le signeur de Harselles et son conseil, [si]
         leur sambla que riens n’i avoit à amender, et seellèrent
         la lettre, et puis regardèrent [à] qui il le bailleroient.
         Bien savoient que, se nuls de leur costé apa[r]tenans
         à eulx portoit ces lettres à Tournai, il seroit
     20  mors ou retenus, pour tant que il tenoient les trois
         mesagiers des commissaires en trois villes en prison.
         Si demanda Phelippes: «Avons nous nul prisonnier
         de ceulx d’Audenarde?» On li respondi: «Oïl, nous
         avons un vallet qui fu hier pris à l’escarmuce, mais il
     25  n’est pas d’Audenarde; il est d’Artois, vallès à un
         chevalier d’Artois, messire G[e]rart de Marquillies,
         sicomme il dist.»--«Tant vault mieux, dist Phelippes,
         faites le venir avant; il portera ces lettres, et
         parmi tant il sera delivrés.» On le fist venir avant.
     30  Adont l’appella Phelippes et li dist: «Tu ies mon prisonnier,
         et te puis faire morir, se je voel, et tu en as
  [279]  esté en grant aventure; et, puis que tu es chi, tu seras
         delivrés parmi tant que tu m’aras en convenant sour
         ta foi que ces lettres tu me porteras à Tournai et les
         bailleras as commissaires dou roi de France que tu
      5  trouveras là.» Li varlès, quant il l’oï parler de sa
         delivrance, ne fu onques si liés, car il quidoit bien
         morir; si dist: «Sire, je vous jure par ma foi que je
         les porterai là où vous volrés, se ce estoit pour porter
         en infier.» Et Phelippes commencha à rire et dist:
     10  «Tu as trop bien parlé.» Adont li fist il baillier deux
         escus et le fist convoiier tout hors de l’ost et mettre
         ou chemin de Tournai.

         Tant exploita li varlès et tant chemina que il vint à
         Tournai et entra ens es portes, et demanda où il trouveroit
     15  les commissaires; on li dist que il en oroit
         nouvelles sus le marchiet. Quant il fu venus sus le
         marchiet, on li enseigna l’ostel de l’evesque de Laon:
         il se traïst celle part, et fist tant que il vint devant
         l’evesque, et se mist en genous et fist son mesage bien
     20  et à point. On li demanda des nouvelles de Audenarde
         et de l’ost. Il respondi ce qu’il en savoit et compta
         comment il estoit prisonniers, mais on l’avoit en l’ost
         delivret pour tant que il avoit aporté celle lettre. On
         li donna à disner; entrues que il disnoit, il fu très bien
     25  examinés des gens de l’evesque. Quant il ot à grant
         loisir disné, il se parti. Li evesques de Laon ne volt
         mies ouvrir ces lettres sans ses compaignons, et envoia
         devers eux; et, quant il furent tout troi li evesque et
         li chevalier ensamble, on ouvri ces lettres: si furent
     30  leutes à grant loisir, et bien examinées et considérées.
         Adont parlèrent il ensamble, et dissent: «Cils Phelippes,
         à ce que il monstre, est plains de grant orguoel
  [280]  et presomption, et petitement amire la majesté roial
         de France; il se confie en la fortune que il eut pour
         li devant Bruges. Quel cose est il bon, ce dissent
      5  il, en chechi à faire?» Lors consillièrent il longhement,
         et, eux consilliet, il dissent: «Li prevos et
         li juret et li consaulx de Tournai, en quelle citté nous
         sommes, sevent bien que nous avons envoiiet à Phelippe
         d’Artevelle et aux villes de Flandres: s’est bon
         que il oent la response telle que Phelippes nous fait.»
     10  Chils consaulx fu tenus. Messires Tristrans dou Bos,
         gouvernères de Tournai, envoia querir les prevos [et
         jurés]; on ouvri la halle, on sonna la cloque: tout cil
         dou conseil vinrent. Quant il furent venu, on lissi et
         relissi par deus ou par trois fois tout generalement
     15  ces lettres. Li sage se mervilloient des grosses et
         presomptieuses parolles qui dedens estoient. Adont fu
         consilliet que la copie de ces lettres [demorroit] à Tournai,
         et li commissaire dedens deus ou trois jours s’en
         retourneroient devers le roi et i reporteroient ces
     20  propres lettres seellées dou seel Phelippe d’Artevelle.
         Atant se departi cils consaulx, et s’en retourna cascuns
         en son hostel.


         § 305. Phelippes d’Artevelle, qui se tenoit à host
         devant Audenarde, enssi comme vous savés, ne se
     25  repentoit mies de ce se durement et poindanment il
         avoit escript en aucunes manières aux commissaires
         dou roi de France, mais il se repentoit de ce que
         parellement ou plus doucement il n’avoit escript aux
         prevos et jurés de Tournai, en faindant et en monstrant
     30  amour, quoique petit en i eust. Par voie de
         disimulation il dist que il i escriroit, car il n’i voroit
  [281]  mie nourir toute le haïne ne male amour que il poroit
         bien. Si escripsi Phelippes en le fourme et manière
         comme chi s’enssieut, et fu li supercription telle: «A
         honnerables et sages nos chiers et bons amis les prevos
      5  et jurés de la ville et cité de Tournai.


         § 306. «Très chier et bon ami, vous plaise savoir
         que nous avons recheu unes lettres mention faissant
         de deus vos bourgois et manans, portant lettres à
         Gand et à Bruges des commissaires dou roi de France,
     10  pris et detenus par nous, pour avoir hors de prison
         à la prière de vous, par quoi la bonne amour
         et afection qui est, et, se Dieux plaist, perseve[r]ra
         entre vous et le commun païx de Flandres, soit de
         tant plus perseverée; laquelle amour, très chier amit,
     15  nous samble bien petite, car à nostre connissance est
         venu que li rois de France, li dus de Bourgongne, li
         dus de Bretaigne et pluiseur autre grant signeur
         assamblent forment pour venir en l’aide de monsigneur
         de Flandres sour le païs de Flandres et pour
     20  avoir le dit païs pour combatre, nonobstant les lettres
         que il à nous envoiièrent pour traitier pais et acord:
         ce que à nous ne samble pas voie faisable, à ceux
         appartenant: dont nous sommes sour nostre garde
         et deffence, et serons d’ores en avant de jour et de
     25  nuit. Et tant que des prisons vos bourgois, si sachiés
         que nous les detenrons devers nous tant que nous
         sarons le vrai de l’asamblement des signeurs et que
         à nous aplaira de eux delivrer, car vous savés que,
         quant vos bourgois furent darainement en Flandres
     30  pour trouver la pais, que là fu dit, ordonnet et commandet
         que on n’envoieroit mais nulle personne, ne
  [282]  par lettres ne autrement, à savoir est sans sauf conduit,
         che que li signeur commissaire là estant ont
         fait, pour faire discort et content ou dit païx. Si vous
         prions, chiers amis, que ne voelliés plus envoiier nulle
      5  personne en Flandres de vos bourgois ne de autres
         de par les dis signeurs; mais, se aucune cose vous
         plaist, à vous touchant ou à vos bourgois, ce que nous
         porons faire, nous rechepverons vos besongnes en
         telle manière comme nous volriens que les nostres
     10  fuissent recheues par vous, en qui nous avons aucunement,
         en ce cas et en plus grant, fiance, sicom
         on doit avoir en ses bons voisins; et est nostre
         intention, et generallement dou païx de Flandres,
         que tout marceant et leurs marceandisses passent
     15  et voissent sauvement de l’un païs en l’autre, sans
         eux ne aux marceandisses riens fourfaire. Et Dieux
         vous gard! Escript en nostre ost devant Audenarde,
         le vint et troisime jour dou mois d’octembre, l’an mil
         trois cens quatre vins et deus. PHELIPPES D’ARTEVELLE,
     20  regard de Flandres, et ses compaignons.»


         § 307. Au chief de trois jours apriès ce que la première
         lettre fu envoiie aux commissaires dou roi,
         enssi que li seigneur de Tournai estoient en [la] halle
         asamblé en conseil, vinrent ces secondes lettres, et
     25  furent aportées par un varlet de Douai, sicom il disoit,
         que cil de [Gand] estant au siège devant Audenarde
         leur envoioient. Les lettres furent recheues et portées
         en halle, et li commissaire appellet, et là furent leutes
         à grant loisir et consillies. Finablement li commissaire
     30  dissent ensi as provos et jurés de Tournai, qui
         demandoient conseil de ces besongnes: «Signeur,
  [283]  nous vous dissons pour le mieux que vous n’aiiés nulle
         aquintance ne canlandisse à ceux de Flandres, car on
         ne vous en saroit gret en France; ne ne ouvrés ne
         rechevés mais nulles lettres que on vous envoie de che
      5  lés là, car, se vous le faites et on le scet au conseil
         dou roi, vous en recheverés blasme et damage, et
         sera grandement ou prejudice dou roiaulme. Chils Phelippes
         d’Artevelle monstre et nous enseigne par ses
         escripsions que il ne fait pas grant compte dou roi ne
     10  de sa poissance; mais se laira trouver au debout de
         la conté de Flandres, qui est hiretages au conte, à
         toute sa poissance. Che sont parolle[s] impetueuses
         et orguilleuses, et li rois et monsigneur de Bourgongne
         en aront à nostre retour grant indignation; si ne
     15  demo[r]ront pas les coses longhement en cel estat.»
         Et cil de Tournai respondirent que par leur conseil
         il perseve[r]roient et que, se à Dieu plaisoit, il ne
         feroient ja cose dont il fussent repris. Depuis ne
         demora que trois jours que li commissaire partirent
     20  de Tournai, et s’en retournèrent devers le roi, et le
         trouvèrent à Peronne, et ses trois oncles les dus dallés
         lui, Berri, Bourgongne et Bourbon.


         § 308. Le jour devant estoit là venus li contes de
         Flandres, pour remonstrer ses besongnes au roi et à
     25  son conseil, et pour relever la conté d’Artois, en quoi
         il estoit tenus, car encores ne l’avoit il point relevée.
         Si en estoit il contes par la sucession de la contesse
         d’Artois, sa mère, qui estoit morte en l’anée. Quant
         chil commissaire furent venu, li consaulx dou roi se
     30  mist ensamble, present le jone roi, et là furent leutes
         les deus lettres dessus dites que Phelippes d’Artevelle
  [284]  et cil de Flandres avoient envoiies à Tournai. De ce
         que on les converti en grant mal et que il fu dit que,
         en le nouveleté dou roi de France, si grans orgieux
         qui estoit en Flandres ne faissoit mies à souffrir ne à
      5  soustenir, de ce ne fu pas li contes de Flandres courouchiés,
         che fu raisons, car bien veoit et congnissoit
         que, sans l’aide et poissance dou roi de France, il ne
         pooit jamais retourner à son hiretage de Flandres. Si
         fist là li contes de Flandres au roi, present son conseil,
     10  ses complaintes bien et à point, et fu bien oïs et respondus
         en dissant des dus: «Cousins, des Flamens ne
         poés vous à present dire ne parler de nul raisonnable
         traitiet, sicom il appert par leurs [lettres] seellées,
         et sont orgilleux et presomptieux et trop fourfait,
     15  quant il querent aliances à estragne signeur tel comme
         le roi d’Engletière, qui est nostres aversaires; et ce ne
         sera point soustenu, mais les ira li rois hastéement
         combatre, et de che soiés tous asseurés.» Lors se offri
         et presenta li contes de Flandres au roi de relever la
     20  conté d’Artois, enssi comme à son naturel signeur et
         que il le devoit faire. Li rois fu consilliés de respondre
         et dire enssi: «Contes, vous retournerés en Artois,
         et tremprement nous serons à Arras, et là ferés vous
         vostre devoir, presens les pers de France, car mieux
     25  ne poons nous monstrer que la querelle est nostre
         que de aprochier nos ennemis.»

         Li contes se contempta moult de ceste response, et
         se parti de Peronne trois jours après, et s’en retourna
         en Artois, et vint à Hesdin. Et li rois de France, comme
     30  chils qui de grant volenté voloit venir en Flandres et
         abatre l’orgoel des Flamens, enssi que autrefois si
         predicesseur avoient fait, mist clers en oevre à tous
  [285]  lés et envoiia lettres et mesagiers et mandemens qui
         s’estendirent par toutes les parties de son roiaulme,
         en mandant que tantos et sans delai cascuns venist
         vers Arras pourveux au mieux que il peuist, car au
      5  plaisir de Dieu il voloit aler combatre les Flamens en
         Flandres. Nuls sires tenant de lui n’osa desobeïr, mais
         fissent leurs mandemens de leurs gens, et s’aparillièrent
         et se departirent li lontaing d’Auvergne, de
         Roerghue, de Quersin, de Toulousain, de Gascongne,
     10  de Limosin, de Poito, de Sainctonge, de Bretaigne et
         d’autre part, de Bourbonnois, de Forois, de Bourgongne,
         de la Daufiné, de Savoie et de Loeraingne,
         de Bar et de tous les circuités et chaingles dou
         roi[aume] de France et des tenances. Et tout avaloient
     15  aval vers Artois: là se faissoit li amas des gens d’armes
         si grans et si biaux que mervelles estoient à considerer.


         § 309. Li contes de Flandres, qui se tenoit à He[s]din
         et qui tous les jours ooit nouvelles dou roi et dou
     20  duc de Bourgongne et dou grant mandement qui se
         faissoit en France, fist une deffense par tout Artois
         ou plat païs que nuls, sus à perdre corps et avoir, ne
         traisist ne mesist hors de son hostel, en forterèce ne en
         bonne ville, cose que il euist, car il voloit que les gens
     25  d’armes fuissent aissiet et servit de ce qui estoit ou
         plat païs. Adont s’en vint li rois en Arras, et là s’aresta;
         et les gens d’armes de tous lés venoient et aplouvoient
         tant et si bien estofé que ce estoit grant biauté dou
         veoir, et se logoient enssi comme il venoient sus le
     30  plat païs, et trouvoient les granges toutes plaines et
         bien pourveues, lesquels pourveances leur venoient
  [286]  bien à point, car tout estoit abandonné, et li corps
         des grans signeurs se logoient ens es bonnes villes.
         Adont vint li contes de Flandres en Arras, et conjoï
         grandement le roi et les signeurs qui là estoient venu,
      5  et fist là hommage au roi, present les pers qui là
         estoient, de la conté d’Artois, et li rois le rechut à
         homme, et li dist: «Biaux cousins, se il plaist à Dieu
         et à saint Denis, nous vous remeterons temprement
         en l’iretage de Flandres, et abaterons tellement l’orguoel
     10  de ce Phelippe et de ses Flamens que jamais
         [n’aront] cure ne poissance de eulx reveler ne relever.»
         --«Monsigneur, dist li contes, je i ai bien
         fiance, et vous i aque[r]rés tant d’onneur et de grace
         que à tous les jours dou monde vous en serés prisiés,
     15  car maintenant voirement est li orgieux moult grans
         en Flandres.»


         § 310. Phelippes d’Artevelle, lui estant [au siège]
         devant Audenarde, estoit tous avisés et enformés
         comment li rois de France voloit à poissance venir sur
     20  lui. Par samblant il n’en faissoit compte, et disoit à ses
         gens: «Mais par où quide cils roitiaux entrer en Flandres?
         Il est encores trop jones d’un an, quant il nous
         quide esbahir par ses asamblées. Si ferai tellement
         garder tous les passages et les entrées de Flandres
     25  que il ne sera mies en leur poissance que il se voient
         de ceste anée dechà le rivière dou Lis.» Adont manda
         il à Gand le signeur de Harselles que il venist devant
         Audenarde: il vint. Quant il fu venus, Phelippes li
         dist: «Sires de Harselles, vous savés bien et entendés
     30  tous les jours comment li rois de France se apparelle
         pour nous destruire; il faut que nous aions avis
  [287]  et conseil sur ce. Vous demor[r]és chi et tenrés le
         siège, et je m’en irai à Bruges et à Ippre aprendre
         encores mieux des nouvelles, et rafresquirai, par
         parolles et monitions de bien faire et de eux encoragier,
      5  les bonnes gens des bonnes villes, et establirai
         sus la rivière dou Lis aux passages tant de gens que
         li François ne poront oultre.» A tout ce s’acorda
         bien li sires de Harselles. Lors se departi Phelippes
         dou siège, et s’en chevauca vers Bruges; et chevauchoit
     10  comme sires, et faissoit porter son pennon
         devant lui tout desvolepet, armoiiet de ses armes, et
         portoit de noir à trois cappiaulx d’argent.

         Quant il fu venus à Bruges, il trouva Piètre dou
         Bos et Piètre le Wintre, qui là estoient gardiien et
     15  cappitaines de Bruges. Si parla à eulx et leur remonstra
         comment li rois de France atout sa poissance
         voloit venir en Flandres, et que il convenoit aler au
         devant pour i remediier et garder les passages: «Si
         voel, Piètre dou Bos, que vous allés au pas à Commines:
     20  vous garderés là la rivière. Et vous, Piètre le
         Wintre, vous irés au [pont] à Warneston et là garderés
         vous le passage. Et faites tous les pons en dessus
         la rivière jusques à la Gorge et à Estelles et à
         Menreville rompre, et en desous jusques à Courtrai.
     25  Par enssi ne poront li François passer, et je m’en
         irai à Ippre parler à ceux de Ippre et eux en amour
         rafresquir et reconforter, et remonstrer comment nous
         sommes conjoint ensamble par une unité, et que nuls
         ne se fourvoie ne isse de ce que nous avons juret
     30  ensamble à tenir. Il n’est mies en la poissance dou roi
         de France ne de ses François que il puisent passer la
         rivière dou Lis ne entrer en Flandres, puis que li pas
  [288]  seront gardé, se il ne vont au lonc de la rivière querre
         passage vers Saint Omer et Berghes. Et, se il faissoient
         che chemin, il trouveroient tant d’empecemens, de
         crolières et de mauvais pas que il ne se poroient tenir
      5  ensamble, avoec ce que il est iviers et que il fait
         fresc et mauvais chevauchier, que il seroient tout
         perdu d’avantage.» Che respondirent cil doi Piètre:
         «Phelippe, vous dites voir, et nous ferons ce que
         vous dites. Et de nos gens qui sont en Engletière,
     10  avés vous oï nulles nouvelles?»--«Par ma foi! respondi
         Phelippes, nenil, dont je m’esmervelle. Li parlement
         sont maintenant à Londres, si en deverons
         temprement oïr nouvelles. Li rois de France ne se
         puet jamais tant haster que nous ne soions conforté
     15  des Englès, anchois que il nous porte point de contraire.
         Espoir, fait li rois d’Engletière son mandement,
         et venront Englois à l’Escluse sus une nuit, quant nous
         ne nos en donrons garde, car il ont vent pour issir
         hors d’Engletière à volenté.» Ensi se devisoient chil
     20  troi compaignon ensamble. Auques pour ce tamps
         toute Flandres estoit en obeïssance à eux, excepté
         Tenremonde et Audenarde.


         § 311. Entrues que ces ordonnances se faissoient,
         et que li rois de France sejournoit à Arras, et que
     25  gens d’armes s’amassoient en Artois, en Tournesis et
         en le castelerie de Lille, se avissèrent aucun chevalier
         et escuier qui sejournoient à Lille et là environ,
         par l’emprise et ennort dou Halse de Flandres, que il
         feroient aucun exploit d’armes, par quoi il seroient
     30  renommé. Si se quellièrent un jour environ sis vins
         hommes d’armes, chevaliers et escuiers, et vinrent
  [289]  passer la rivière dou Lis au pont à Menin, à deux
         lieues de Lille, liquels pons n’estoit point encores
         deffais, et chevauchièrent en la ville et l’estourmirent
         moult grandement, et tuèrent et decopèrent en la
      5  ville et là près grant fuisson de gens, et les cachièrent
         priès tous hors de leur ville. Li haros commencha à
         monter; les villes voisines commenchièrent à sonner
         leurs cloques à herlle et à traire vers Menin, car li
         haros venoit de là. Si s’[as]amblèrent grant fuisson
     10  de gens, et se requellièrent tout ensamble en Menin.
         Quant li Halses, messires Jehans de Jeumont, li castelains
         de Buillon, messires Henris de Dufle et li chevalier
         et escuier eurent bien esmeu le païs et leur fu
         vis que il estoit tamps dou retourner, il se missent au
     15  retour pour rapasser à ce pont la rivière, enssi que il
         avoient passé; et ja le trouvèrent il fort et pourveu de
         Flamens qui le deffaissoient ce qu’il pooient, et, quant
         il en avoient rosté une ais, il le couvroient de fiens,
         afin que on ne veïst point le mehaing. Evous chevaliers
     20  et escuiers retourner, montés sur fleurs de coursiers
         et de chevaux, et truevent en la ville plus de
         deus mille de ces païssans qui là s’estoient requelliet,
         liquel se mettent tout en bataille pour venir sus eux.
         Quant cil gentil homme en veïrent le convenant, si
     25  dissent: «Il nous faut, par force de chevaux, rompre
         ces villains, ou nous sommes atrapet.» Adont se
         missent il tout ensamble, et abaissièrent les lances et
         les espées roides de Bourdiaux, et esperonnèrent les
         chevaux de grand randon, et missent devant les plus
     30  fors montés, et commenchièrent à huer. Chil Flament
         s’ouvrirent qui ne les osèrent atendre, et li autre
         dient que il le fissent tout par malisse, car il savoient
  [290]  bien que li pons ne les poroit porter; et dissoient
         entre eux li Flament: «Faissons leur voie; tous
         verés ja biau jeu.» Li Halse[s] de Flandres, li chevalier
         et li escuier qui se voloient sauver, car li sejourners
      5  leur estoit contraires, fièrent chevaux des esperons
         sus ce pont, liquels n’estoit pas fors pour porter un
         si grant fais. Toutesfois li Halses de Flandres et aucun
         autre eurent l’eur et l’aventure de passer oultre, et
         passèrent environ trente, et, enssi que li autre voloient
     10  passer, li pons rompi desous eulx. Là eut des chevaus
         enrasquiés, qui ne se peurent ravoir, qui i
         furent mort et leurs maistres. Chil qui estoient
         derière veïrent che meschief: si furent moult esbahi
         et ne sceurent où fuir pour eux sauver. Si ferirent li
     15  aucun en la rivière, qui le quidoient noer, mais il ne
         pooient, car elle est parfonde et de hautes rives où
         cheval ne se pueent aherdre ne [rescoure]. Là eut grant
         meschief, car li Flament venoient, qui les encauchoient
         et ochioient à volenté et sans merchi, et les faissoient
     20  saillir en l’aige, [et] là se noioient. Là fu messires
         Jehans de Jeumont en grant aventure d’estre perdus,
         car li pons rompi desous li, mais, par grant apertisse
         de corps, il se sauva. Toutesfois, il fu navrés dou
         trait moult durement ou chief et ou corps, dont il jut
     25  puis plus de sis sepmaines et ne se peut armer en
         grant tamps. A che dur rencontre furent mort li castelains
         de Buillon et [Bouchars] de Saint Hilaire et
         pluiseur autre, et noiiés messires Henris de Dufle; et
         en i eut que mors que noiiés plus de soissante, et cil
     30  tout ewireux qui sauver se peurent, et grant fuison
         de blechiés et de navrés. Enssi ala de ceste emprisse.
         Les nouvelles en vinrent as signeurs de France qui
  [291]  estoient à Arras, comment leurs gens avoient perdu,
         et comment follement li Halses de Flandres avoit
         chevauchiet. Si furent des aucuns plains, et des autres
         non; et disoient cil qui le plus estoient usé d’armes:
      5  «Il ont fait une folle emprisse de passer une rivière
         sans gué et aler courir une grosse ville, et entrer ou païs,
         et retourner au pas par où il avoient passet, et non
         [garder] che pas jusques à leur retour; che n’est pas
         emprise faite de sages gens d’armes qui voellent venir
     10  à bon chief de leur besongne, à faire enssi, et pour
         ce que outrequidiet il ont chevauchiet, leur en est il
         mal pris.»


         § 312. Cheste cose se passa; on le mist en oubliance,
         et Phelippes d’Artevelle se departi de Bruges et s’en
     15  vint à Ippre, où il fu requelliés à grant joie. Et Piètres
         dou Bos s’en vint à Commines, où tous li plas païs
         estoit asamblés, et là entendi as besongnes et fist
         toutes les ais dou pont de Commines desclauer et
         desquevillier, pour estre tantos, se il besongnoit, [deffait];
     20  mais encore ne vaut il mies le pont condempner de tous
         poins, pour l’avantage de ceulx dou plat païs requellier,
         qui passoient tous les jours leurs bestes à grant fuisson
         et mettoient oultre le Lis à sauveté et cachoient
         ens es bos et ens es praieries sus le païs et environ
     25  Ippre. Si en estoit li païs si cargiés que à grans mervelles.
         Che propre jour que Phelippes d’Artevelle vint à
         Ippre, vinrent les nouvelles, comment, au pont à
         Menin, li François avoient perdu et li Halses avoit esté
     30  priès atrappés. De ces nouvelles fu Phelippes tous resjoïs,
         et dist en riant, pour rencoragier ceulx qui dallés
  [292]  lui estoient: «Par la grace de Dieu et le bon droit
         que nous avons, tout li autre venront à celle fin, ne
         jamais cils rois de France, jonement consilliés selonc
         che qu’il est d’eage, se il passe la rivière dou Lis,
      5  ne retournera en France.»

         Phelippes d’Artevelle fu cinc jours à Ippre, et
         preecha em plain marchiet pour rencoragier son
         peuple et tenir en leur foi; et leur remonstra comment
         li rois de France, sans nul title de raison, venoit
     10  sus eux pour eux destruire: «Bonnes gens, dist Phelippes,
         ne vous esbahissiés point se il viennent sur
         vous, car ja n’aront poissance de passer la rivière
         [dou Lis]. J’ai fait tous les pas bien garder, et est
         ordonnés à Commines Piètres dou Bos atout grant
     15  gent, qui est uns loiaux homs et qui aime l’onneur de
         Flandres; et Piètre le Wintre est à Warneston, car
         tout li autre passage [sus] la rivière dou Lis sont
         romput, ne il n’i a passage ne gué fors à ces deus
         villes là où il puissent passer. Et si ai oït nouvelles
     20  de nos gens que nous avons envoiiet en Engletière.
         Nous arons temprement un très grant confort des
         Englès, car nous avons bonnes aliances à eux: il se
         sont ahers avoecq nous pour aidier à faire nostre
         guerre contre le roi de France qui nous voelt heriier.
     25  Si vivés loiaument en cel espoir, car li honneurs nous
         demor[r]a, et tenés che que vous avés juret et promis
         à moi et à la bonne ville de Gand, qui tant a eu de
         paine et de frait pour soustenir et garder les droitures
         et les francisses des bonnes villes de Flandres.
     30  Et tout cil qui voellent demorer dalés moi, enssi
         comme il l’ont juret, [lièvent] le main vers le chiel en
         segnefiant loiauté.» A ces mos, tout cil qui ou marchiet
  [293]  estoient et qui oït l’avoient levèrent le main
         amont, et le aseurèrent que tout demor[r]oient dalés
         lui. Adont descendi Phelippes de l’escafaut où il avoit
         pre[e]chiet, et s’en vint fendant parmi le marchiet
      5  jusques à son hostel, et se tint là tout ce jour. A
         l’endemain, il monta à cheval et retourna à toute sa
         route vers Audenarde, où li sièges se tenoit, qui point
         ne se deffaissoit pour nouvelles que il oïssent; mais il
         passa parmi Courtrai, et reposa là deus jours.


FIN DU TEXTE DU TOME DIXIÈME.



VARIANTES.



VARIANTES.


§ =169.= P. 1, l. 2: Sartre.--_Ms._ B 12: Chartres.

P. 1, l. 3: Noiion.--_Ms._ A 2: Nogent.

P. 1, l. 5: deslogièrent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: et puis
se partirent.

P. 1, l. 6: là.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: s’arrestèrent et.

P. 1, l. 7: Sablé.--_Mss._ B 5, 7: Sales.

P. 1, l. 8: Mans.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1: Man.--_Ms._
B 12: Mayens.

P. 2, l. 1: d’Arve.--_Mss._ B 1, 2, 12, 20: d’Arne.

P. 2, l. 4: marescages.--_Mss._ A 7, B 7: marez.--_Ms._ B 5: marès.

P. 2, l. 7-9: seuissent... garde.--_Ms._ B 12: les eussent là
assailliz, ilz n’eussent aucunement peu secourir à l’un l’autre.

P. 2, l. 7: convenant.--_Ms._ B 20: inconvenient.

P. 2, l. 11: passèrent.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: oultre.

P. 2, l. 12-13: en iaulx... esperoient.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en
esperant.

P. 2, l. 15: Hainbon.--_Mss._ A 2, B 12: Hennebont.

P. 2, l. 19: recorda.--_Ms._ A 2: compta.

P. 2, l. 19-20: l’eut tantos passé.--_Ms._ B 20: en eut de legier passé
son deuil.

P. 2, l. 22: je avoie.--_Mss._ B 1, 2: il avoit.

P. 2, l. 24: la moitié.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.--_Ms._ B 12: plus
de la moittié.

P. 2, l. 28: me fault.--_Ms._ B 12: ainsi pour la cause de ce roy
Charles mort il m’est besoing de.

P. 2, l. 31: laisseront.--_Les mss._ A 2, B 5, 12 _ajoutent_: entrer.

P. 2, l. 32 à p. 3, l. 1: et chiaulx... fiance.--_Mss._ B 5, 7: telz
que.

P. 3, l. 2: c’on dist... Guion.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 3, l. 2: messire Bertram.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 3, l. 2: Guion.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: admiral de Bretaigne.

P. 3, l. 3: Tannegui.--_Ms._ A 2: Aubigny.--_Ms._ B 1:
Chavregni.--_Ms._ B 2: Channi.--_Ms._ B 20: Cauvegny.

P. 3, l. 4: Caresmiel.-_-Ms._ A 2: Carismel.--_Ms._ B 12:
Carmel.--_Ms._ B 20: Karennel.

P. 3, l. 4: l’esleu de Lion.--_Ms._ A 2: grant gouverneur de
Leon.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 3, l. 25 _et plus bas_: Vitré.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1:
Viteri.--_Mss._ A 2, B 12, 20: Vitry.

P. 3, l. 28-29: où il... jours.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et de là.

P. 3, l. 29: Chastel Bourg.--_Leçon du ms._ B 12.--_Ms._ A 1: Chastel
Brout.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Chastel Briant.--_Mss._ B 1, 20: Chastel
Bronc.--_Ms._ B 2: Chasteaubriant.

P. 3, l. 29-30: Chastel Bourg en Bretaigne.--_Ms._ A 2: Bron, qui
estoit le propre heritaige de messire Bertran du Guesclin, connestable
de France qui avoit esté, car il estoit mort, n’avoit guaires, devant
Chasteau Neuf de Randon, si comme nous avons dit ci devant.


§ =170.= P. 4, l. 6-7: et li... n’estoit.--_Ms._ B 20: et les barons de
son païs de Br. n’estoient.

P. 4, l. 11: de France.--_Ms._ A 2: bon ou maugré leurs ennemis.

P. 4, l. 17: chil.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12: de ceulx.

P. 4, l. 18: sont.--_Leçon du ms._ A 7.--_Mss._ A 1, B 1, 20:
est.--_Ms._ B 2: et qui est.--_Mss._ B 5, 7: lesquelz sont.--_Ms._
B 12: laquelle est.

P. 4, l. 18: tous rebelles.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._ A 1,
B 1, 2, 12, 20: toute rebelle.

P. 4, l. 19: ordonnent.--_Leçon des mss._ B 5, 7, 12.--_Mss._ A 1, 7,
B 1, 2, 20: ordonne.

P. 4, l. 21: seellèrent.--_Ms._ A 7: s’alièrent.

P. 4, l. 23: regent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: de France.

P. 4, l. 25: pour.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 5, 7, 12, 20.--_Manque
au ms._ A 1.

P. 4, l. 31: et... enssi.--_Ms._ A 7: distrent.--_Mss._ B 5, 7: dirent.

P. 5, l. 4: à Chastiel Bourg.--_Ms._ A 2: en la ville de Bron.

P. 5, l. 7: entrer.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: ne autres.

P. 5, l. 7: mais.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: pour l’amour et honneur du
duc.

P. 5, l. 22: qui estoient.--_Mss._ A 7, B 5, 7: qu’ilz sentoient.

P. 5, l. 25: se.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: conduisoit et.

P. 5, l. 29: prioient.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: moult humblement.

P. 6, l. 5: de mettre.--_Mss._ B 1, 2: demorèrent.--_Ms._ B 20:
remettre.


§ =171.= P. 6, l. 10-11: messires Robert Canolles.--_Manquent aux mss._
B 5, 7.

P. 6, l. 19: trois.--_Ms._ B 1, 2: quatre.

P. 6, l. 20 _et plus loin_: Combourg.--_Mss._ A 1, B 1, 2, 5, 20:
Combrout.--_Ms._ A 2, 7: Combour.--_Ms._ B 7: Combrenc.--_Ms._ B 12:
Cambourg.

P. 6, l. 23: les convenans.--_Ms._ B 20: la conduite.

P. 7, l. 1: de Vennes.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 7, l. 1: Vennes.--_Leçon des ms._ A 2, 7, B 5, 7.--_Mss._ A 1, B 12,
20: Rennes.

P. 7, l. 9: jour.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: se ilz eussent voulu.--_Les
mss._ B 1, 2 _ajoutent_: se il voulsissent.

P. 7, l. 10 _et plus loin_: le Heidé.--_Mss._ A 7, B 5: la
Heidé.--_Mss._ B1, 2: le Herdé.--_Ms._ B 7: la Herdé.--_Ms._ B 12: la
Heydé.

P. 7, l. 17: amour.--_Ms._ A 2: signe d’amour par semblant.--_Ms._
B 20: signe d’amour.

P. 7, l. 21: de l’esté.--_Ms._ B 1: de li estre.--_Ms._ B 2: de lui
estre.

P. 7, l. 28: merchi.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et en seront tous aises
et joyeulx.

P. 8, l. 8-9: tout... Masière.--_Ms._ B 12: là tout autour logiez.

P. 8, l. 8: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Manque au ms._
A 1.

P. 8, l. 9: Bretaigne.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et le conseil du conte.

P. 8, l. 11-12: et... compaignie.--_Ms._ A 2: ces.iiii. barons estoient
propres conseilliers du conte.

P. 8, l. 13: besongnes.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et pour sçavoir comment
ilz se pourroient maintenir contre ceuls de Nantes.


§ =172.= P. 8, l. 16: devant.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Manque au
ms._ A 1.--_Mss._ A 7, B 5, 7: à.

P. 8, l. 24-25: et que... le.--_Mss._ A 7, B 5, 7: on.

P. 8, l. 24: ces.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: besoingnes et.

P. 8, l. 26: querre.--_Le ms._ A 7 _ajoute_: le conte.--_Les mss._ B 5,
7 _ajoutent_: le conte de B.

P. 8, l. 26: où il... hoos.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pour estre à ces
obligacions et consaulx.

P. 9, l. 5: à Rennes.--_Ms._ A 2: encores es faubours de Rennes et le
conte et ses barons en la ville.

P. 9, l. 9: che.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: que ilz l’attenderoient
francement.

P. 9, l. 13: Morfouace.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de Saint Maslou de
l’Isle.

P. 9, l. 14: Malatrait.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: le Besgue.

P. 9, l. 14: Tournemine.--_Ms._ A 2: mons. Jehan T.--_Mss._ A 7, B 5,
7: le sire de T.


§ =173.= P. 10, l. 2: li contes de Savoie.--_Manquent au ms._ B 20.

P. 10, l. 4: li.--_Mss._ A 7, B 5, 7: mais li.

P. 10, l. 22-23: et tout li enffant.--_Ms._ B 20: et tous les
jouvenceaulx o lui, et par especial ceulx.

P. 10, l. 24-25: dont... devant.--_Mss._ A 7, B 5, 7: jour de la
Toussains.

P. 10, l. 25: joedi.--_Leçon du ms._ A 2.--_Mss._ A 1, B 1, 2, 12, 20:
venredi.

P. 10, l. 30: roi.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: chrestien.

P. 11, l. 8: vestie.--_Ms._ B 1: vestus.--_Ms._ B 2: vestu.

P. 11, l. 8-9: si... avoir.--_Ms._ B 20: et le roy estoit tant
richement et noblement vestu que l’on ne pouoit plus.

P. 11, l. 10: escamiaulx.--_Mss._ B 5, 7: eschafaulx.

P. 11, l. 11: à ses piés.--_Ms._ A 2: assez près du roy.

P. 11, l. 27: aliennées.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: au moins lors.

P. 11, l. 32: tref.--_Leçon des mss._ A 2, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
7, B 1: tret.

P. 12, l. 2: cinc.--_Mss._ B 1, 2: quatre.

P. 12, l. 2: Braibant.--_Manque aux mss._ B 1, 2.

P. 12, l. 3: Bourbon.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: avoecques eulx son
grant oncle.

P. 12, l. 5: servoient.--_Ms._ B 12: seroient.

P. 12, l. 6: li sires de Cliçon.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 12, l. 7: France.--_Mss._ A 7, B 5, 7: la mer.

P. 12, l. 14: pas.--_Mss._ A 2, B 12: repas.

P. 12, l. 28: mort.--_Mss._ A 7, B 5, 7: qui estoit trespassez.


§ =174.= P. 13, l. 13: Montraulieu.--_Ms._ A 2: Montauban.--_Ms._ B 12:
Monstreuil.

P. 13, l. 13: Houssoie.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: mons. Geffroy de
Karrismel.

P. 13, l. 29: Ricebourc.--_Ms._ B 12: Chierbourg.

P. 13, l. 31: priès.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: des portes de la cité.

P. 14, l. 2: d’Ango.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de Touraine.

P. 14, l. 3: du Mainne.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: de Humaine.

P. 14, l. 11: nuit.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: où nous sommes.--_Les mss._
B 5, 7 _ajoutent_: de huy.

P. 14, l. 11: escarmuchier.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: espoir ont
les aucuns tant beu que le mal Saint Martin les tient es testes
tellement qu’ilz sont ja endormiz, et ainsi cuident ilz de nous.» Si
commencièrent tous à rire.

P. 14, l. 13: est.--_Leçon du ms._ B 2.--_Manque aux mss._ A 1,
B 1.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 20: dites.

P. 14, l. 13: et est... faire.--_Ms._ B 12: ainsi devrions faire.

P. 14, l. 13-14: et nous le vollons.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 14, l. 15: sis vins.--_Ms._ A 2: viixx.

P. 14, l. 17: i.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1, 7,
B 5, 7, 12.

P. 14, l. 25: mehaignier.--_Ms._ B 12: decopper.--_Le ms._ A 2
_ajoute_: et mettre en grant meschief.


§ =175.= P. 15, l. 8: eussions.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._ A 1:
issions.--_Mss._ A 7, B 7, 12: yssions.--_Ms._ B 1: heussions.--_Ms._
B 5: yssissions.

P. 15, l. 8: sis.--_Mss._ B 2, 5, 7, 12: de sis.

P. 15, l. 8: set.--_Ms._ B 20: huit.

P. 15, l. 15: friente.--_Ms._ A 2: nul semblant.--_Ms._ B 5:
bruyt.--_Ms._ B 7: frieme.--_Ms._ B 12: frainte.

P. 15, l. 28: moult coiteussement.--_Ms._ A 2: moult
courtoisement.--_Ms._ B 20: tout à la couverte.

P. 16, l. 9: Nantes.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: à pou de dommaige.


§ =176.= P. 16, l. 13: les.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: escarmuchoient et.

P. 16, l. 15 _et ailleurs_: il.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: ilz.

P. 16, l. 16: setime.--_Ms._ A 2: VIIIc.

P. 16, l. 22: Alghars.--_Ms._ A 2: Alehart.

P. 16, l. 22-23: Thumas.--_Ms._ B 1: Thuns.--_Ms._ B 2: Tun.

P. 16, l. 23: Rodes.--_Ms._ B 5: Rodez.

P. 17, l. 4: Thumas.--_Ms._ A 1: Thunez; _cf. plus haut_ p. 16, l.
22-23.--_Mss._ B 1, 2: Thomas.

P. 17, l. 9: point.--_Mss._ A 7, B 7: pou.--_Ms._ B 5: peu.

P. 17, l. 12: resvilliet.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: par les saillies des
François.


§ =177.= P. 17, l. 15: duck.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: Jehan.

P. 18, l. 2: mors.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: sans nul remède.

P. 18, l. 6: foullées.--_Ms._ A 2: pillées ne foullées.--_Mss._ B 1, 2:
violées.--_Ms._ B 12: pillées.

P. 18, l. 12: tiroit trop.--_Ms._ B 20: traveilloit moult.

P. 18, l. 32: Roem.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: le seigneur de Beaumanoir.

P. 18, l. 32: Rocefort.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: le conte de
Longueville, le viconte de la Bellière.

P. 18, l. 32: li.--_Manquent aux mss._ A 1, 7, B 1, 7.--_Mss._ B 2, 5,
12: les.

P. 19, l. 6: les.--_Leçon des mss._ B 2, 5, 7, 12.--_Manque aux mss._
A 1, 7, B 1, 20.

P. 19, l. 8: à siège.--_Ms._ A 1: assiège.

P. 19, l. 10: tant.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de soussy et.

P. 19, l. 21: auquel.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: aler.

P. 19, l. 22: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
se.


§ =178.= P. 19, l. 28: hommes d’armes.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lances.

P. 20, l. 1: de.--_Leçon du ms._ B 1.--_Manque au ms._ A 1.

P. 20, l. 5: Amauris.--_Ms._ B 12: Aymeri.

P. 20, l. 9: de Quisenton.--_Mss._ B 1, 2: de Guisenton.--_Ms._ B 5: de
Gousuicenton.--_Ms._ B 7: de Gouçuicenton.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 20, l. 20: siis.--_Ms._ A 2: viii.--_Ms._ A 7: dix.--_Mss._ B 5, 7:
des.

P. 20, l. 21: trois.--_Mss._ B 1, 2: quatre.


§ =179.= P. 20, l. 24: Colet.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12; _cf.
plus loin_ p. 22, l. 10.--_Mss._ A 1, B 20: Celet.--_Ms._ A 2:
Rieux.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Selete.

P. 20, l. 27 _et plus loin_: Douvesière.--_Ms._ A 1: Domescière.--_Ms._
A 7: Douvestre.--_Mss._ B 1, 2, 12, 20: Dennesière.--_Ms._ B 5, 7:
Dunestre.--_Le ms._ A 2 _donne comme leçon_: Hostidonne et ses gens.

P. 21, l. 3: Tiriel.--_Ms._ A 2: Tinciel.--_Ms._ A 7: Ticiel.--_Mss._
B 1, 2, 20: Titiel.--_Mss._ B 5, 7: Ciciel.--_Ms._ B 12: Titel.

P. 21, l. 13: tenoient.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: pour le roy de France
en garnison.

P. 21, l. 14: fourageurs.--_Mss._ A 7, B 5, 7: fouriers.

P. 21, l. 18-19: qui... nouvelles.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 21, l. 18-22: qui... fesist.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 21, l. 19: n’ooient.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
n’ooit.

P. 22, l. 2: ou.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: XIIc ou.

P. 22, l. 5-6: ne... l’oost.--_Ms._ B 20: le dit messire Robert Canolle
ne nulz autres ne departirent point de l’ost.


§ =180.= P. 22, l. 10: Collet.--_Ms._ A 2: Rieux.

P. 22, l. 11: Morfouace.--_Manque aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 22, l. 20: Traiton.--_Mss._ A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 20: Raiton.--_Ms._
A 2: Raton.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Roiton; _cf. plus bas_ l. 29.

P. 22, l. 28-30: et i... chevalier.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 22, l. 29: Traiton.--_Leçon des mss._ A 1, 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 2: Tinton.--_Ms._ B 20: Traicon.

P. 23, l. 2-15: si s’armèrent... venu.--_Mss._ B 1, 2: si vinrent
tantost moult estofféement à l’escarmuce [B 2 _ajoute_: et tellement
que].

P. 23, l. 3: et.--_Leçon du ms._ A 7.--_Manque au ms._ A 1.

P. 23, l. 5: à faire.--_Ms._ A 1: affaire.

P. 23, l. 20-21: pour... avant.--_Ms._ B 20: moult avant pour acquérir
loz et pris.

P. 23, l. 21: agraciier... avant.--_Ms._ B 12: acquerir honneur.

P. 23, l. 22: Galle.--_Ms._ A 2: Jaille.


§ =181.= P. 23, l. 31: ens.--_Ms._ B 20: en la cité.

P. 24, l. 8-9: si... touchoit et.--_Ms._ B 12: mais estoient toujours
les Anglois sur leur guet, et ce que plus leur.

P. 24, l. 8: fors.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque au ms._
A 1.--_Mss._ B 1, 2, 12: que.

P. 24, l. 13: mais... assés.--_Ms._ B 20: et ceulx de la cité en
avoient à plenté.


§ =182.= P. 24, l. 17-21: deus... eulx.--_Ms._ A 2: moult travaillez
et endurans assez de mesaises, deus mois et quatre jours attendans la
venue du duc de Br. ainsi qu’il leur avoit promis, et ilz virent que
point ne venoit ne ses convenances point ne tenoit, et qu’ilz n’en
aroient autre chose.

P. 24, l. 21 _et ailleurs_: il.--_Ms._ A 1: ilz.

P. 24, l. 25: au deslogier.--_Ms._ A 7: le deslogier.

P. 24, l. 26: de l’an renoef.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de l’an
revolu.--_Ms._ B 12: du jour de l’an.--_Ms._ B 20: de l’an renouvellé.

P. 24, l. 29: Nord.--_Ms._ A 2: Aunoy.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
Niorch.--_Ms._ B 12: North.

P. 24, l. 31: Maide.--_Ms._ A 2: Haidé.--_Mss._ B 1, 2: Marde.

P. 25, l. 6: Lohiac.--_Mss._ B 1, 2: Loheric.

P. 25, l. 8: Gors.--_Ms._ A 2: Guer.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Gros.

P. 25, l. 8-10: deus... Trenitté.--_Ms._ A 2: trois jours pour eulx
aisier et reposer leurs chevaulx, et l’endemain au matin ilz s’en
partirent et vindrent logier à la Trinité en Forhouet, et là demoura
l’ost deus jours.

P. 25, l. 9: Maron.--_Ms._ B 12: Maurot.

P. 25, l. 9: au Maron.--_Ms._ B 20: ilz se arrestèrent à la Trinité
soubz Amauron.

P. 25, l. 10: jours.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque au ms._
A 1.

P. 25, l. 12: Brehaing.--_Ms._ A 2: Brehal.--_Ms._ B 12: Beliaing.

P. 25, l. 18: et vinrent.--_Ms._ B 20: Adont ilz envoièrent deux
bourgois de la ville.

P. 25, l. 24-25: Il respondirent.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._
A 7, B 5, 7: Ceulx resp.--_Ms._ B 12: Les bourgois de Vennes resp.

P. 25, l. 30-31: nous... noient.--_Ms._ B 20: ceulx de Vennes ne sont
point conseilliez de leur faire ouverture ne de les y recepvoir.

P. 25, l. 31: Brehain.--_Ms._ B 12: Bain.

P. 26, l. 6: Si.--_Leçon du ms._ B 5.--_Ms._ A 1: Se.--_Ms._ B 20: Je.

P. 26, l. 13: rechepvoir.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: en toute humilité et
bonne amour.

P. 26, l. 13: tant.--_Ms._ A 7: tout.--_Ms._ B 5: ce commant.

P. 26, l. 24: frère.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: car le duc avoit la seur
du conte espousée, qui estoit fille du roy d’Angleterre.

P. 26, l. 27: un cop.--_Ms._ B 5: une fois.

P. 27, l. 10: si.--_Leçon du ms._ A 7.--_Mss._ A 1, B 1: se.

P. 27, l. 13-18: mes gens... frontières.--_Ms._ B 12: il y a eu sur les
frontières, le siège durant, grant plenté de gens d’armes, chevaliers
et escuiers de ce pays, telz que.

P. 27, l. 15: je aie.--_Leçon du ms._ B 5.--_Mss._ A 1, B 1: il
aient.--_Ms._ A 2: ilz ont.--_Mss._ A 7, B 2, 7, 20: ilz aient.

P. 27, l. 19: Laval.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Derval.

P. 27, l. 20: Rochefort.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: le sire de Rain, le
sire de Montauban, le sire de Montfort, le sire de Quintin, le viconte
de la Bellière et mons. Olivier du Guesclin, conte de Longueville.

P. 27, l. 25: Si.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: Se.

P. 28, l. 24: ens es.--_Ms._ B 20: long des.

P. 28, l. 25: Suseniot.--_Ms._ B 7: Susemont.

P. 28, l. 27: là d’où.--_Leçon du ms._ B 5.--_Mss._ A 1, 7, B 7, 20: de
là où.

P. 28, l. 28-29: li sires... Trivès.--_Ms._ B 12: de Fitz Warin.

P. 28, l. 32: fourbours.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: en grant destroiteté.

P. 29, l. 5-9: Messires... camps.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7, 12, 20.

P. 29, l. 13: chevaulx.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: de fain.

P. 29, l. 17-26: Li viscontes... amender.--_Mss._ B 1, 2: Les grans
barons de Bretaigne et leurs castiaus.

P. 29, l. 19: Commelin Guighant.--_Ms._ A 2: Kemere Guingant.--_Ms._
B 12: Commelinghant.

P. 29, l. 24: Mont Contour.--_Ms._ B 12: Montroutoier.--_Le ms._ A 2
_ajoute_: que plus n’osoient aller fourrer celle part.

P. 29, l. 29: ouvrir... de.--_Ms._ B 20: eslargir ne deffouquier l’un
d’avec.

P. 30, l. 2-4: chiaulx de Hainbon... Campercorentin.--_Mss._ B 1, 2:
l’un l’autre.

P. 30, l. 2: chiaulx de Camperlé.--_Ms._ A 1: cil de C.


§ =183.= P. 30, l. 11: le duch.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._
A 1, B 1, 2: lui.--_Mss._ B 12, 20: le duc de Bretaigne.

P. 30, l. 31 à p. 31, l. 7: il tiennent... le roi de France.--_Ms._
A 2: on les trouve prests de vous rendre ce qui est de vostre droit
demaine, le plus noble hiretage de crestienneté sans couronne, mais que
vous soiés amés de vos gens; car se ainsi vous le faittes, pour certain
la duchié et les gens d’icellui païs vous ameront et obeïront, mais
jamais ilz ne laisseroient le roi de France.

P. 31, l. 1: le.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1, 7,
B 5, 7, 12.

P. 31, l. 2-4: et n’est... heritages...--_Leçon des mss._ B 1,
2.--_Manquent aux mss._ A 1, B 20.

P. 31, l. 2-5: et n’est... couronne.--_Mss._ A 7, B 5, 7: si vous
souffise atant vostre seignourie.

P. 31, l. 2-6: et n’est... Bretaigne et.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 31, l. 8-9: Se vostre... de ce.--_Manque aux ms._ A 2.

P. 31, l. 8: moullier.--_Mss._ A 7, B 5, 7: femme.

P. 31, l. 20: autres.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 32, l. 1: ahatie.--_Mss._ A 7, B 5, 7: jouste.

P. 32, l. 4: taire.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: car ilz embellissent moult
grandement nostre histoire.


§ =184.= P. 32, l. 14: pouls.--_Ms._ A 2: pointes.--_Mss._ B 1, 2:
fers.--_Ms._ B 7: cops.--_Ms._ B 12: coups.

P. 32, l. 15: haces.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et trois cops de dague.

P. 32, l. 16: refuser.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: car il ne
demandoit autre marchandise.

P. 32, l. 18-19: ne le volt pas consentir.--_Ms._ B 12: ne voult point
souffrir.--_Ms._ B 20: ne le volt pas souffrir ne c.

P. 32, l. 18-19: pas consentir.--_Mss._ A 7, B 7: et commanda.--_Ms._
B 5: mie souffrir et commanda.

P. 32, l. 19: que... riens.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 32, l. 23: de.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1, 7,
B 5, 7, 12, 20.

P. 32, l. 26: Clinton.--_Ms._ A 7: Gliçon.--_Ms._ B5: Clisson.--_Ms._
B 7: Cliçon.--_Ms._ B 12: Clichon.--_Ms._ B 20: Clinchon.

P. 33, l. 12: asserissiet.--_Mss._ A 7, B 5, 7: assegrisiez.--_Ms._
B 12: arrestez.

P. 33, l. 22: Envoiiés.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: un herault.

P. 33, l. 26: ahati.--_Ms._ A 7: aers.--_Mss._ B 5, 7: ahers.--_Ms._
B 12: aatiés.

P. 33, l. 27: à chevalx.--_Ms._ A 2: trois coups de hache, trois coups
d’espée et trois coups de dague.

P. 33, l. 30: d’armes.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et de asseoir trois
coups de glave.

P. 34, l. 4: Touwars.--_Ms._ A 1: Couwars.--_Ms._ B 1: Thouart.

P. 34, l. 10: Josselin.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ouquel le connestable
si se tenoit.


§ =185.= P. 34, l. 11: qui se tenoit.--_Leçon des mss._ B 1, 2,
12.--_Manquent au ms._ A 1.--_Mss._ A 7, B 5, 7: fut.

P. 34, l. 12: Vennes.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: et.

P. 34, l. 13-14: qui portoit la parolle.--_Mss._ A 7, B 5, 7: tout en
hault.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ainsi qu’il lui plaira.

P. 34, l. 18: à ses gens.--_Mss._ A 7, B 5, 7: aux siens.--_Manquent
aux mss._ B 1, 2.

P. 34, l. 25: en sa presence.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 34, l. 26: eu.--_Le ms._ B 5 _ajoute_: en la siene.

P. 34, l. 26: en le presensse de la sienne.--_Mss._ B 1, 2, 12: en sa
presence.--_Manquent au ms._ B 5.

P. 34, l. 30: faissans.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: fais.

P. 35, l. 9: devoient.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et tous les autres en
leur compaignie.

P. 35, l. 17: Tristran de le G.--_Ms._ B 12: Jehan de G.

P. 35, l. 19: François.--_Mss._ B 12, 20: Haynuyers.

P. 35, l. 22-23: et d’espées de Bourdiaulx.--_Manquent aux mss._ B 1,
2, 5, 7, 12.


§ =186.= P. 35, l. 31 à p. 36, l. 1: mès il... que il.--_Leçon des
mss._ B 5, 7.--_Ms._ A 2: car le sire de Busançois le ferit par tele
manière qu’il.--_Mss._ A 1, 7, B 20: ly sires de Vertaing le feri
par tel manière qui.--_Mss._ B 1, 2: mais li sires le feri par telle
manière que il lui.--_Ms._ B 12: et le sire de Pousances fu feru du
sire de Vertaing par telle manière qu’il lui.

P. 36, l. 20-21: moult courouchiet.--_Ms._ B 12: plus courouchiez que
devant.

P. 36, l. 22: cel.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: cest.

P. 36, l. 22-23: ensonniier de jouster.--_Mss._ A 7, B 5, 7: à Savoyen
jouster ne ensonnier de querir jouste.

P. 37, l. 1: Janekins Setincelée.--_Mss._ A 7, B 7: Janekin
Setincelles.--_Ms._ B 5: Jenekin de Stincelles.--_Ms._ B 12: Jennequin
Stincelle.

P. 37, l. 9: Adont recouvrèrent il le.--_Mss._ B 1, 2: et ainsi du.

P. 37, l. 9: recouvrèrent.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7: retournèrent.--_Ms._
B 12: recouvrèrent [au second]; _cf. plus haut_, p. 36, l. 4.

P. 37, l. 12: à.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: bon et.

P. 37, l. 19 _et ailleurs_: Clinton.--_Leçon du ms._ A 7.--_Mss._ A 1,
B 1, 2, 20: Cloton.--_Mss._ B 5, 7: Gliton.--_Ms._ B 12: Clichon.


§ =187.= P. 37, l. 25: à faire.--_Ms._ A 1: affaire.

P. 37, l. 30: contes.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: «Ostez.

P. 38, l. 8: plaisir.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et vous prie que ce soit
le plus fort de toute vostre compaignie et le choisissez à vostre bon
loisir.

P. 38, l. 12: l’oost.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui tindrent ce à grant
vaillance.

P. 38, l. 13-14: et as... dissent.--_Mss._ B 1, 2: et demandèrent.

P. 38, l. 17 _et ailleurs_: Ferrinton.--_Mss._ A 1, B 20:
Fermitton.--_Mss._ A 2, B 12: Fremeton.

P. 38, l. 23: place.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: pour faire fait d’armes.


§ =188.= P. 38, l. 30 à p. 39, l. 1: armé... arresté.--_Mss._ B 1, 2:
l’un contre l’autre.

P. 38, l. 31: le carne.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12, 20: la visière.

P. 39, l. 3: fleca.--_Ms._ A 7: flechy.--_Ms._ B 5: fleschy.--_Le ms._
A 2 _ajoute_: en reculant lourdement jusques bien près de cheoir.

P. 39, l. 6: de.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 5, 7.--_Manque au ms._ A 1.

P. 39, l. 7-9: et li... tant.--_Mss._ B 12, 20: tant que le fer lai
coulla parmi la cuisse tellement.

P. 39, l. 8: et.--_Leçon du ms._ A 7.--_Ms._ A 1: à.

P. 39, l. 10: une puignie.--_Ms._ A 2: demi pié.

P. 39, l. 12-13: et chevalier... durement.--_Mss._ B 1, 2: mout.

P. 39, l. 13: courouchiet.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: aussi fut le conte.

P. 39, l. 15: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._ A 1.

P. 39, l. 19: piet.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et lui convient reculer ou
cheoir.


§ =189.= P. 40, l. 7: alet.--_Mss._ B 12, 20: alouez.

P. 40, l. 12: chevauchier.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: au large.

P. 40, l. 12: Si.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7: Il.

P. 40, l. 13: illes.--_Ms._ B 12: parties.

P. 40, l. 13: Cornuaille.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de Jarsy.

P. 40, l. 17-18: li viscontes... Rocefort.--_Mss._ B 1, 2: les.iiii.
barons dessus nommés.

P. 40, l. 21: de che.--_Leçon du ms._ A 7.--_Ms._ A 1: che.--_Mss._
B 5, 7: ne ce.--_Ms._ B 12: ainsi.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 40, l. 24-25: en la... poroient.--_Mss._ B 1, 2: au mains mal.

P. 40, l. 28-30: si... bonne et.--_Mss._ B 1, 2: qui.

P. 41, l. 10: li.--_Ms._ B 5: si que li.--_Ms._ B 7: que li.

P. 41, l. 15: le souverain gouvrenement.--_Ms._ A 2: le gouvernement,
au moins la plus grant partie.

P. 41, l. 17-20: tendoit... retardés.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 41, l. 17: tart.--_Mss._ B 5, 7: tost.

P. 41, l. 18: ne.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et ne.--_Ms._ B 12: si ne.

P. 41, l. 21-22: à che... à paix.--_Mss._ B 1, 2: à la paix dou duc de
Br.

P. 41, l. 22-23: il... France.--_Mss._ B 1, 2: ses voiagez n’en fust
brisiés, car il tendoit devant.ii. ans aller en Pulle et en Callabre.

P. 42, l. 11: Suseniot.--_Ms._ B 5: Suseniout.--_Mss._ B 7, 20:
Susemont.--_Ms._ B 12: Susseur.

P. 42, l. 12: dur, à che.--_Ms._ A 2: peine et avoit contre cuer ce.

P. 42, l. 13: savoit.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Mss._ A 1, 7,
B 5, 7: savoient.

P. 42, l. 13: pooit.--_Mss._ B 5, 7: pouoient.

P. 42, l. 14: mautallent.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: au conte de
Bouq. et.


§ =190.= P. 42, l. 15-16: Quant... Englès.--_Ms._ B 5: Quant le conte
de B. et les Angloys sceurent et eurent cognoissance.

P. 42, l. 19: deceus.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 12.--_Ms._ A 1: de
ceulx.

P. 42, l. 19-20: deceus... avoit.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 42, l. 21: ne s’estoit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: n’estoit.

P. 42, l. 25: couvertement.--_Ms._ B 20: ouvertement.

P. 43, l. 6: Vennes.--_Ms._ A 7: Rennes.

P. 43, l. 9: Camperlé.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et à Quimper Corentin.

P. 43, l. 12: gens.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1,
7, B 5, 7, 12.

P. 43, l. 16: Houssoie.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: capitaine de Rennes.

P. 43, l. 17: Guion.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: admiral de Bretaigne.

P. 43, l. 18: Tannegui.--_Ms._ B 12: Chavegny.

P. 43, l. 18: Karemiel.--_Ms._ B 5: Kaermel.--_Le ms._ A 2 _ajoute_:
Tristan de Pastinien, Tristan d’Engoulevent.

P. 43, l. 21: lui.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et qu’il lui pleust venir à
terre.

P. 44, l. 3: et desancré.--_Ms._ A 7: et des autres.--_Ms._ B 5: et des
autres navires aussi.--_Ms._ B 7: et des autres aussi.--_Manquent au
ms._ B 12.


§ =191.= P. 44, l. 28: estoit... le conte.--_Mss._ B 5, 7: avoit à nom
Jehan, seigneur de Bourbon et ung de l’ostel au conte.

P. 44, l. 31: Boucinel.--_Ms._ B 1: Bourniel.--_Ms._ B 2:
Bournel.--_Mss._ B 12, 20: Bourcinel.

P. 45, l. 1: en Valongne.--_Leçon du ms._ B 12.--_Mss._ A 1, B 1,
2, 20: en Avalongne.--_Ms._ A 7: de Boulongne.--_Mss._ B 5, 7: de
Bouloigne.

P. 45, l. 5: Cliffort.--_Ms._ A 1: Criffort; _cf. plus loin_, l. 9-10.

P. 45, l. 9: Boucinel.--_Ms._ A 1: Bourcinel; _cf. plus haut_, p. 44,
l. 31, _et plus loin_, p. 47, l. 8.

P. 45, l. 11: heriiet.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ahaitis.

P. 45, l. 16: à celle.--_Mss._ A 7, B 5: à celle heure et.

P. 45, l. 27: que.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Manque aux mss._
A 1, 7, B 5, 7.

P. 46, l. 8-9: deus... otels.--_Ms._ A 7: tous telz.--_Mss._ B 5, 7:
des armeures tous telz.

P. 46, l. 9: ievols.--_Manque au ms._ A 2.--_Ms._ B 1: egalz.--_Ms._
B 2: egaulz.--_Mss._ B 12, 20: pareilz.

P. 46, l. 14: pointiiés si avant.--_Ms._ B 20: poursieuvy de si près.

P. 46, l. 17: coses.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et tant de parçons.

P. 46, l. 26: venue.--_Mss._ B 1, 2: entente.

P. 47, l. 3: cops.--_Ms._ B 20: mots.

P. 47, l. 7-8: des parchons.--_Mss._ A 7, B 5, 7: des paroles.--_Ms._
B 12: de ces traittiez.


§ =192.= P. 47, l. 24-25: nous verrons.--_Mss._ A 7, B 5, 7: vous
verrés.

P. 47, l. 27: gides.--_Mss._ A 7, B 5, 7: gardes.

P. 48, l. 2: seront.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
serons.--_Ms._ A 2: seroient plus.--_Ms._ B 12: seroient.

P. 48, l. 4: acumeniièrent.--_Ms._ B 12: administrèrent.

P. 48, l. 11: parellement.--_Ms._ B 12: plainement.

P. 48, l. 13: ma.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._ A 1.

P. 48, l. 16: se doit armer.--_Ms._ A 2: doit faire à ung autre.

P. 48, l. 21: avalés.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: leurs bacinetz.

P. 48, l. 21: les... bacinès.--_Mss._ B 5, 7, 12: leurs visières.

P. 48, l. 28: escippa.--_Ms._ A 7: esclicha.--_Mss._ B 1, 2, 12:
esquipa.--_Mss._ B 5, 7: esclissa.

P. 48, l. 30: orginal.--_Mss._ A 7, B 7: orgonal.--_Ms._ B 5: organal.

P. 48, l. 32: tronçons.--_Ms._ B 1: trenchans.--_Ms._ B 2: trenchant.

P. 49, l. 6: de son costé.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Ms._ A 1: de
son cop.--_Manquent aux mss._ A 2, 7, B 5, 7.

P. 49, l. 21: ahaties.--_Ms._ A 7: fait.--_Mss._ B 5, 7: faiz.

P. 49, l. 24: heure.--_Mss._ A 7, B 5, 7: temps.

P. 50, l. 1-2: l’envoiia... et.--_Ms._ B 5: envoya ung de ses escuyers
pardevers luy et luy commanda luy dire qu’il le prioit qu’il venist
parler à lui, et il y vint.

P. 50, l. 9: parechons.--_Ms._ B 5: usances.--_Ms._ B 7:
parçons.--_Ms._ B 12: adventures.

P. 50, l. 11: pris.--_Ms._ A 2: et les espices données et prinses.

P. 50, l. 21: Pont Ourson.--_Mss._ B 5, 2: Pontrouson.

P. 50, l. 31: et.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: dirons.

P. 50, l. 32: dou conte.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: donte.


§ =193.= P. 51, l. 4: n’amiroit.--_Ms._ A 2: n’amoit.--_Mss._ B 5, 7:
ne craignoit.

P. 51, l. 23: signeur.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et bon ami.

P. 51, l. 23: estoient.--_Mss._ A 7, B 5: estoit.

P. 51, l. 27: Flandres.--_Le ms._ A 1 _ajoute de nouveau_: en se
compaignie.

P. 51, l. 31: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 52, l. 1: Pière.--_Ms._ B 7: Prière.

P. 52, l. 11: Franc.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Ms._ B 1:
Francq.--_Manque au ms._ A 1.

P. 52, l. 13: reconquerroit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5,
7.--_Ms._ A 1: reconqueroit.

P. 52, l. 19: comparroient.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: comparoient.

P. 52, l. 29-30: quoiteusement.--_Mss._ B 5, 12: secretement.--_Ms._
B 7: couvertement.

P. 53, l. 2: proumesse.--_Ms._ B 5: serement.--_Ms._ B 7: serment.

P. 53, l. 3: Ernoul.--_Mss._ B 1, 2: Jehan.

P. 53, l. 6: cheulx... amis.--_Ms._ A 2: nos bons amis de la ville,
ainsi que tenuz y sommes.


§ =194.= P. 53, l. 14-15: tous ces convenans.--_Mss._ B 1, 2: ces
convenances estre vraies.

P. 53, l. 20: relleveroit.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: releveroient.

P. 53, l. 24: chiequantenier.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et dizeniers.

P. 53, l. 25: noef.--_Ms._ A 2: dix.

P. 54, l. 19: d’Enghien et.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: y ot.

P. 54, l. 24: Ernoul.--_Ms._ B 20: Piettre.

P. 54, l. 27: dissent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: demandèrent l’un à l’autre.

P. 55, l. 7: las.--_Ms._ B 12: lassez.--_Manque au ms._ B 1.

P. 55, l. 20-21: et li... fuianx.--_Ms._ B 1: les veï.--_Ms._ B 2: les
vit.

P. 56, l. 3-4: Si se... Gaind.--_Ms._ A 2: Si se deslogièrent du milieu
des champs et se mistrent plus seurement.

P. 56, l. 8: Ippre.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: si que dit est.

P. 56, l. 9: douse cens.--_Ms._ A 2: .XVIIIc.[include superscript and
ending. in sc?] hommes tuffes et tacriers.

P. 56, l. 13: rataint.--_Ms._ B 12: occiz et mors.

P. 56, l. 16: gens.--_Manque au ms._ B 1.--leurs gens _manquent au ms._
B 2.

P. 56, l. 18: comment.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: diable.

P. 56, l. 20: et.--_Ms._ A 1: e.

P. 56, l. 20: et menet mourir maisement.--_Ms._ B 12: livrez.

P. 56, l. 20: maisement.--_Ms._ A 7: mauvaisement.--_Mss._ B 5, 7:
faulcement et mauvaisement.


§ =195.= P. 56, l. 31: mener.--_Mss._ B 1, 2: amener et adrechier.

P. 57, l. 2: il.--_Ms._ A 2: ces communes.


§ =196.= P. 57, l. 19: trois mille.--_Ms._ A 2: IIIIm.

P. 57, l. 19: mille.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 57, l. 22: i.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 12.--_Manque aux mss._
A 1, 7, B 7.

P. 58, l. 2-3: par le... Ippre.--_Ms._ B 12: que.

P. 58, l. 3: gens.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui sont marrados et
craffeurs.

P. 58, l. 4: notable et si merciable.--_Mss._ B 1, 2: noble.

P. 58, l. 4: merciable.--_Mss._ A 7, B 5: piteable.--_Ms._ B 7: pitable.

P. 58, l. 6: trois cens.--_Ms._ A 2: IIIIc.

P. 58, l. 11: vollenté.--_Les ms._ B 1, 2 _ajoutent_: et bonne merci.

P. 58, l. 16: set cens.--_Ms._ A 2: VIxx.

P. 58, l. 17: gens.--_Ms._ A 2: meschans gens, compaignons des
chaperons blans de Gand et.

P. 58, l. 21: chevaliers.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qu’ilz avoient tuez.


§ =197.= P. 59, l. 2-3: dallés... loiaulté.--_Ms._ B 12: avecq lui.

P. 59, l. 14: sis.--_Ms._ A 2: VIII.

P. 59, l. 21: Biete.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12: Biette.--_Ms._ B 20:
Bietre.

P. 59, l. 26: Bourgongne.--_Ms._ A 2: Bretaingne.

P. 59, l. 30-31: painne ne peril.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 7.--_Ms._
A 1: ne painne peril.--_Mss._ B 2, 12: paine ne traveil.

P. 60, l. 1: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1: se.

P. 60, l. 8: à faire.--_Ms._ A 1: affaire.

P. 60, l. 12: quatre ou à sis.--_Ms._ A 2:.VIII. ou à.X.

P. 60, l. 12: marchissans à.--_Mss._ B 1, 2: de.

P. 60, l. 15: Braibans li païs.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12: le pays de
Braibant.


§ =198.= P. 60, l. 22: Flandres.--_Les mss._ F 1, A 1, 2, 4, 7, 9, B 1,
2, 5, 7, 12, 15, 16, 20 _ajoutent_: qui.

P. 60, l. 28: deus cens.--_Ms._ B 5: cent.

P. 60, l. 31: separées... ne.--_Ms._ B 12, 20: estoffez et ce pour les
rivières que merveilles, car.

P. 61, l. 4: tous.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: deffendables et.

P. 61, l. 6: à siège.--_Ms._ A 1: assiège.

P. 61, l. 6: un.--_Ms._ A 2: deux.

P. 61, l. 10: jour.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: il avint que.

P. 61, l. 14: Lonc Pont.--_Ms._ B 12: passage.

P. 61, l. 22: chiés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le souverain chief.

P. 61, l. 27: le Witre.--_Mss._ B 5, 7: de Mittre.

P. 61, l. 29: sitretos.--_Ms._ B 20: incontinent.

P. 61, l. 31: à effort.--_Ms._ A 2: à grant effort.--_Ms._ B 5: que
merveilles.--_Ms._ B 7: que effort.

P. 62, l. 3: jettée.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Mss._ A 1,
B 12: jetté.


§ =199.= P. 62, l. 17: siis mille.--_Ms._ A 2:.VIIIm.

P. 62, l. 23-28: et escuiers... et vuidier.--_Mss._ A 7, B 7: que,
quant ilz sçorent la prise [B 7: l’emprise], s’en vuidèrent.--_Ms._
B 5: lesquelz, quant ilz sceurent l’emprise, s’en vindrent.

P. 63, l. 3: Mamines.--_Ms._ A 2: Mauvinet.--_Ms._ B 5: Nammur.

P. 63, l. 6: contre eulx.--_Ms._ B 12: si qu’ilz n’eurent point de
dommaige.


§ =200.= P. 63, l. 16: à grant frait et à grant painne.--_Mss._ B 12,
20: à grans despens et à grant traveil.

P. 63, l. 19: Granmont.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et tout le plat pays.

P. 63, l. 25-27: si... et.--_Ms._ B 12: se rafreschir. En ce temps
furent faittes de ceulx de Gand pluseurs belles issues sur ceulx
d’Audenarde qui.

P. 64, l. 10-17: où Jehans... à Donse.--_Ms._ B 12: et d’autre part
Jehan de Lannoy estoit à Denze.

P. 64, l. 12: Rasse de.--_Ms._ B 20: Jaques.

P. 64, l. 14-15: siis mille hommes.--_Ms._ A 2:.VIIIm. compaignons
tuffaulx.

P. 64, l. 18-19: Adont... trouvèrent.--_Ms._ B 12: trouva.

P. 64, l. 29: venroit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
venront.--_Ms._ B 12: yroit.

P. 64, l. 30: mès.--_Les mss._ B 1, 2, 20 _ajoutent_: Jehans de Launoit
n’i estoit point, mais [B 2: car; B 20: ainchois].

P. 65, l. 2: siis.--_Ms._ A 2: huit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: dix.

P. 65, l. 4: il tournèrent vers.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ B 20:
ilz s’en alèrent vers.--_Manquent au ms._ A 1.

P. 65, l. 4: il tournèrent vers Nieule, car.--_Ms._ A 2: ilz eurent
autre conseill, car.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 65, l. 15: Niewle.--_Mss._ B 5, 7: demye lieue.

P. 65, l. 25: ables.--_Mss._ A 7, B 5: abilles.--_Ms._ B 5:
abiles.--_Ms._ B 12: hardis.--_Ms._ B 20: aidans.

P. 65, l. 31: trouveroient.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7, 12: trouvoient.

P. 66, l. 1: à par li.--_Ms._ B 12: à par elle.--_Manquent aux mss._
A 7, B 5, 7.

P. 66, l. 10: grandeur.--_Ms._ B 5: oultrecuydance.


§ =201.= P. 66, l. 23: quinse cens.--_Ms._ A 2:.XVIc.

P. 66, l. 28: Risoi.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7,
20: Risson.--_Ms._ A 2: Busson.

P. 66, l. 30: Berlaimont.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._
A 1: Barbaumont.--_Ms._ A 2: Barbamont.--_Mss._ A 7, B 20:
Barbammont.--_Ms._ B 1: Berlaumont.--_Mss._ B 5, 7: Barbommont.

P. 66, l. 31: messires Guis de Gistelles.--_Manquent au ms._ B 20.

P. 67, l. 2-4: messires Thieris... Villains.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 67, l. 3: Grutus.--_Ms._ A 7: Gentus.

P. 67, l. 6: en devant.--_Mss._ B 1, 2: en la saison en devant.--_Ms._
B 12: un petit en devant.--_Ms._ B 20: un petit devant ce.

P. 67, l. 7: à Obies.--_Mss._ A 1, B 1, 2: au Bies.--_Mss._ A 2: à
Doubies.--_Ms._ A 7: au Biez.--_Mss._ B 5, 7: à Aubiez.--_Mss._ 12, 20:
en un lieu nommé le Biez.--_Corrigé d’après une leçon antérieure_, t.
IX, p. 228.

P. 67, l. 14: trois.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: de ceulx de Gand.

P. 67, l. 17: les.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: batailles.

P. 67, l. 18: amonnestoit.--_Ms._ B 12: administroit.

P. 67, l. 20: painne.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et de dangiers.

P. 68, l. 1: en.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1: on.

P. 68, l. 1: ceoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en y avoit.

P. 68, l. 3-4: je vous... poussis.--_Mss._ B 12, 20: un merveilleux
estour moult aspre et dangereux.

P. 68, l. 9-10: bon bouteïs.--_Mss._ B 12, 20: ung moult fier estour.

P. 68, l. 18: sis.--_Ms._ A 2:.VIIIm.

P. 68, l. 20: plassiet d’aige et de marès.--_Mss._ B 12, 20: marescage
couvert d’eaue.

P. 68, l. 26: cace.--_Ms._ B 5: fouyte.

P. 68, l. 28: recouvrier.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: que tout
le pays fors ceulx qui tenoient le party des Gantois ne feust allé en
essil et à perdition par feu et par glaive [B 12 _ajoute_: et eussent
tout destruit].


§ =202.= P. 69, l. 1: ses commugnes.--_Mss._ B 5, 7: les compaignons.

P. 69, l. 10-11: les tuoient à mons.--_Ms._ B 12: occioient à tous lez.

P. 69, l. 10-11: à mons.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: à monceaulx.--_Ms._
B 20: de toutes pars.

P. 69, l. 16: ou moustier.--_Mss._ B 12, 20: dedens l’eglise avecq
maint autre.

P. 69, l. 19: dehors.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: derrière.

P. 69, l. 24: contre le conte.--_Mss._ B 12, 20: à l’encontre de son
droiturier seigneur.

P. 69, l. 31: feu.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: dedens à tous costez.

P. 70, l. 1: velourdes.--_Mss._ A 7, B 5: balourdes.--_Mss._ B 12, 20:
menuz fagoz.

P. 70, l. 1: apoia.--_Ms._ A 1: apaia.

P. 70, l. 5: à grant martire.--_Mss._ B 12, 20: en grant misère.

P. 70, l. 6: esboullé.--_Mss._ B 12, 20: effondrez.

P. 70, l. 12: galler.--_Mss._ A 7, B 1, 5, 7, 12, 20: gaber.--_Ms._
B 2: moquer.

P. 70, l. 14: biau.--_Ms._ B 12: sombre.

P. 70, l. 15: euwan.--_Mss._ 12, 20: en vain.

P. 70, l. 16: Launoit.--_Ms._ A 1: Launoy.

P. 70, l. 17: tel parti.--_Mss._ B 1, 2: ce peril.

P. 70, l. 18: le quoitoit de si priés.--_Mss._ B 12, 20: lui commença
à approchier [B 20: le oppressoit] de si près que plus ne le pouoit
souffrir et.

P. 70, l. 19-20: entra... car.--_Ms._ B 12: par feu ou saillir de hault
en bas, si.

P. 70, l. 22: Enssi.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: que vous oez.

P. 70, l. 23: Launoit.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: sa vie
miserablement.


§ =203.= P. 70, l. 29: ville, ou ars ou moustier.--_Ms._ B 12: ville et
en l’eglise de Nyeule.--_Ms._ B 20: ville de Nieule ou ars en l’eglise.

P. 71, l. 2: plasquier.--_Ms._ A 2: marestz.--_Ms._ A 7:
flaichis.--_Ms._ B 2: placart.--_Mss._ B 5, 7: flachis.--_Ms._ B 12:
palliz.--_Ms._ B 20: palus et marescage.

P. 71, l. 3: eulx.--_Mss._ B 12, 20: Rasse ne le secourir.

P. 71, l. 9: sommes.--_Ms._ A 1: somme.

P. 71, l. 11: gens.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: faire doient et.

P. 71, l. 22: la mort.--_Ms._ B 5: l’amour.

P. 72, l. 6-7: que... il l’ochiroient.--_Ms._ B 12: de le occire.

P. 72, l. 12: toute.--_Ms._ A 1: toutes.

P. 72, l. 12: toute Flandres.--_Mss._ B 5, 7: la comté de Flandres
toute.

P. 72, l. 14: maus.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui devoient advenir au
païs.

P. 72, l. 14: sanchiés.--_Ms._ A 4: sachiez.--_Mss._ A 7, 9, B 5, 7: ce
saichiez.--_Ms._ B 2: rapaisez.--_Mss._ B 12, 15, 16: advenuz.

P. 72, l. 16: Après.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
7: Près.--_Un nouveau paragraphe commence ici dans les mss._ B 1, 2,
12.

P. 72, l. 24: tout lassé.--_Ms._ A 2: touz lassez et travaillez.--_Ms._
B 12: assez traveilliez et lassés, si.--_Ms._ B 20: travailliez et
lassez.

P. 72, l. 25: cinc cens ou sis cens.--_Ms._ B 12: six ou sept cens.

P. 72, l. 27: poursieuir.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et costoier.

P. 72, l. 29: logement.--_Mss._ A 7, B 5, 7: deslogement.--_Ms._ B 12:
logiez.

P. 72, l. 32: cinc cens.--_Ms._ A 2: VIc.

P. 73, l. 4: tierne.--_Mss._ A 2, 7, B 2, 12, 20: tertre.--_Ms._ B 1:
tiertre.--_Mss._ B 5, 7: tartre.

P. 73, l. 12: requellerons.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: hardiement.--_Le
ms._ B 12 _ajoute_: lourdement.

P. 73, l. 18: n’avoit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: n’avoient.

P. 73, l. 19: ses gens.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._ A 1,
B 1, 2, 20: leurs gens.--_Ms._ B 12: Jehan de Launoy.

P. 73, l. 24: dollans.--_Mss._ A 7, B 5, 7: courrouciez.

P. 73, l. 24: Rasse.--_Le ms._ A 7 _ajoute_: et aussi doullant.--_Les
mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et de toute sa compaignie.

P. 73, l. 32: ne... respondus.--_Ms._ B 12: n’eut adont point de
responce.

P. 74, l. 2: Dont.--_Les mss._ A 7, B 5, 7, 12 _ajoutent_: de.

P. 74, l. 8: anée.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: ensieuant.


§ =204.= P. 74, l. 14: renvoiia.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: renoiia.

P. 74, l. 21: guerre.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: puisque nous y avons
commencié, à noz ennemis.

P. 74, l. 23 et p. 75, l. 11: quinse mille.--_Ms._ A 2: XVIm.

P. 75, l. 6: à siège.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: assegié.

P. 75, l. 6: conseil... siège, et.--_Mss._ A 7, B 5, 7: conseil de là
plus tenir le siège.--_Ms._ B 2: conseil de demourer là, mais.

P. 75, l. 8-9: segnefieroient.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7: segnefièrent.

P. 75, l. 9: remanderoient.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7: remandèrent.--_Ms._
B 12: demandèrent.

P. 75, l. 14: Herlebèque.--_Leçon des mss._ A 7, B5, 7.--_Ms._ A 1:
Horlebèque.--_Mss._ B 12, 20: Harlebèque.

P. 76, l. 3: sa maison.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: son hostel.

P. 76, l. 4: Trois.--_Ms._ A 2: Environ.VI. ou.VII.

P. 76, l. 13: quinse cens.--_Ms._ A 2:.XVIc.--_Ms._ B 20: quinse mille.

P. 76, l. 15: Ramseflies.--_Mss._ B 1, 2: Rengheillut.

P. 76, l. 16: li sires de Lieureghen.--_Leçon des mss._ B 1, 2,
20.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7: le sire d’Anghien.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 76, l. 16: Mamines.--_Leçon des mss._ B1, 2.--_Ms._ A 2:
Mauvinès.--_Mss._ B 5, 7: Maninez.

P. 76, l. 17: Calonne.--_Ms._ A 7: Callemie.--_Mss._ B 5, 8: Colenne.

P. 76, l. 26: deffense.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: dense.

P. 76, l. 30: empainte.--_Ms._ B 5, 7, 12: emprise.

P. 76, l. 31 _et ailleurs_: Eham.--_Ms._ A 7: Ham.--_Mss._ B 1, 2:
Exhan.--_Ms._ B 5: Cham.--_Ms._ B 7: Champ.--_Ms._ B 12: Eenham (_leçon
à adopter_).

P. 76, l. 32: Pière.--_Ms._ A 1: Pièrez.

P. 77, l. 1: Stinehus.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1, 2, 7:
Stunehus.--_Ms._ B 12: Scamuches.

P. 77, l. 3: dur.--_Mss._ A 7, B 5, 7: peine.

P. 77, l. 6-7: au signeur... Haluin.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 77, l. 6-7: à messire... estoient.--_Ms._ B 12: et aux autres.

P. 77, l. 12: unes.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2.--_Ms._ A 1: une.

P. 77, l. 13-14: à glaves... damages.--_Mss._ B 12, 20: sur les pointes
de leurs picques et de leurs glaives.

P. 77, l. 13-14: et le... damages.--_Mss._ B 1, 2: et là endroit morut.


§ =205.= P. 77, l. 17: douse.--_Mss._ B 5, 7: quinse.

P. 77, l. 18-19: et mort... abbeïe.--_Ms._ B 20: l’abbaye et que ilz
avoient prins le cloistre et occis leurs compaignons.

P. 77, l. 23-24: s’ordonnoient... jour.--_Mss._ B 5, 7: demoureroient
là ce jour, car ilz s’ordonnoyent pour y demourer.

P. 78, l. 2: pour.--_Le ms._ A 7 _ajoute_: approuchier et.

P. 78, l. 12: avoient.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: aroient.

P. 78, l. 21: Capprons.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui devindrent rouges.

P. 78, l. 21: durèrent.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: durent.

P. 78, l. 23: douse cens.--_Mss._ B 5, 7: quinse cens.

P. 78, l. 24: onse cens.--_Ms._ B 12: de wit à noef cens.

P. 78, l. 26 haie.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: après que il fust congneu
d’entre les autres.


§ =206.= P. 79, l. 9: gens.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et se manque nostre
avoir.

P. 79, l. 12: retoura.--_Ms._ B 12: redonderont.--_Ms._ B 20: redondra.

P. 79, l. 28: si.--_Mss._ A 1, B 1, 2: se.--_Manque aux mss._ A 7, B 5,
7, 12.

P. 79, l. 31: à--_Leçon des mss._ A 7, B 2.--_Manque aux mss._ A 1, B 1.

P. 79, l. 31: present.--_Le ms._ B 2 _ajoute_: faire.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: certaine.

P. 80, l. 5: les amesist on.--_Mss._ B 5, 7: leur meïst on sus.--_Ms._
B 12: leur eust on mis sur.

P. 80, l. 8: mauvais.--_Ms._ A 2: guieliers.

P. 80, l. 16: mauvais.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: garçons qui avoient
prins livrée des Blans Chaperons.

P. 80, l. 17-18: à faire justice.--_Ms._ A 2: et aidié, se mestier en
eust.

P. 80, l. 22: guerre.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux mss._
A 1, 2, B 1, 2, 20.

P. 80, l. 22: gens.--_Ms._ A 2: truans.

P. 80, l. 22-24: guerre... maistre.--_Ms._ B 12: de meschans gens leurs
seigneurs, ilz feroient les maistres.

P. 80, l. 22-23: et... seraient.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 80, l. 23: seroient.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux
mss._ A 1, 2, B 20.

P. 80, l. 23: ville et.--_Mss._ B 1, 2: maistre, ce.

P. 80, l. 23: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
che.--_Ms._ B 20: ce.--_Ms._ A 2: et avoir finances et porter estat,
qu’ilz.

P. 80, l. 29-30: dont... demandés.--_Ms._ B 5: dont il pensoit en
riens n’en pouoir estre ataint.--_Ms._ B 7: dont on ne lai peust riens
demander.

P. 80, l. 30: morut.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: honteusement.

P. 81, l. 2: boiteux... devant.--_Leçon du ms._ B 12.--_Manquent aux
mss._ A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7, 20.

P. 81, l. 6: amis.--_Ms._ A 2: accusé.--_Mss._ B 12, 20: chargié.

P. 81, l. 7: Simon.--_Ms._ A 2: Jehan de.

P. 81, l. 7: Rin.--_Ms._ B 12: Ruy.

P. 81, l. 8: chevalier.--_Ms._ A 1: chevaliers.

P. 81, l. 10: ont.--_Mss._ B 1, 2: en sont mort.

P. 81, l. 14-16: sicom... après.--_Ms._ B 12: comme il sera plus à
plain cy après declairé avant en l’istoire.--_Ms._ B 20: si com plus à
plain sera ci après racompté.

P. 81, l. 15: en l’istoire.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 81, l. 15-16: chi après.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.--_Mss._ B 5,
7: ensuyvant.


§ =207.= P. 81, l. 18: afoiblissoit.--_Mss._ B 1, 2: n’establissoit
nuls.

P. 81, l. 24: que il... Si.--_Ms._ B 12: qu’il en morust, pour quoy.

P. 81, l. 24: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1:
Se.

P. 82, l. 1: sage.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: courtois et.

P. 82, l. 1: assés.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et courtois et bien
loquent.

P. 82, l. 7: recorder.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: par.

P. 82, l. 21: et contre la roïne.--_Ms._ A 7: et tenu, pour l’amour de
qui.--_Mss._ B 5, 7: et tenu, par l’amour de laquelle.

P. 82, l. 21-22: et... Phelippes.--_Ms._ B 12: et donné son nom.

P. 82, l. 25: s’aquinta de lui.--_Mss._ A 7, B 7: s’acquitta à
lui.--_Ms._ B 5: s’adroissa à luy.

P. 82, l. 29: ferés.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: feriés.

P. 82, l. 30: ferai.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: diray.

P. 82, l. 31: que.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1, 7,
B 5, 7, 12, 20.

P. 83, l. 3: resusite.--_Mss._ A 7, B 5, 7: resuscitera.

P. 83, l. 10: stille.--_Ms._ A 1: se tille.

P. 83, l. 18: hauster.--_Mss._ A 7, B 5, 7: haultain--_Ms._ B 12:
austre.

P. 83, l. 18: car.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: ungs homs et.

P. 83, l. 23: tenir.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 83, l. 23: tenir... ne.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 83, l. 23: nient.--_Mss._ B 1, 2: de vies d’ommes non.

P. 83, l. 24: des arondiaulx.--_Mss._ B 12, 20: d’oiseletz.

P. 83, l. 30: au.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Ms._ A 1: à.--_Mss._
A 7, B 5, 7: ou.

P. 83, l. 31: Bos.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: se leva.

P. 84, l. 1: sexte.--_Mss._ B 1, 2: sorte.

P. 84, l. 3: ordonneroit.--_Ms._ B 12: pourrait maintenir.

P. 84, l. 5: dedentrainnes.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et des
affaires.--_Ms._ B 1: deventraines.--_Ms._ B 2: dedens.--_Mss._ B 12,
20: d’entre eulx.

P. 84, l. 5: usoit.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et de son conseil.

P. 84, l. 6: au dehors.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: sur les champs
à main armée.

P. 84, l. 13: bien.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: aidables et.

P. 84, l. 19: as.--_Mss._ A 7, B 5: sus.--_Mss._ B 7, 12: sur.

P. 84, l. 28: oï.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Manque aux mss._
A 1, 7.

P. 84, l. 29: les.--_Mss._ A 7, B 5, 7: des.--_Ms._ B 12: par les.

P. 84, l. 30: droit.--_Ms._ B 12: droit ne en justice.--_Ms._ B 20:
droit et justice.

P. 85, l. 2: qui.--_Mss._ A 7, B 5, 7: qu’il.--_Ms._ B 12: comme il.

P. 85, l. 7: dou Bos.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manquent aux
mss._ A 1, B 1, 2.

P. 85, l. 10: ne... ensonniier.--_Mss._ A 7, B 5, 7: nous ne le devons
mie ensonnier.

P. 85, l. 10: de nous soi ensonniier.--_Ms._ B 12: emprendre nos
besongnes.


§ =208.= P. 85, l. 16: li.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 85, l. 16-17: là li requesrent.--_Mss._ B 1, 2: le
araisonnèrent.--_Ms._ B 20: l’arrenguèrent.

P. 85, l. 21: avisset.--_Ms._ B 5: esleu.--_Ms._ B 20: entre tous
autres choisi.

P. 85, l. 23: ceoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: seoit.

P. 85, l. 25-26: que de... ville.--_Ms._ B 5: qu’il luy pleust prendre
en cure les affaires de la ville de Gant.--_Ms._ B 7: de la ville.

P. 85, l. 28: enterinement.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 7.--_Ms._ A 1:
et terimement.--_Mss._ B 2, 5, 12, 20: entièrement.

P. 85, l. 29: com grans qu’il fuissent.--_Ms._ A 2: de quelconques
estat qu’ilz fussent.--_Ms._ B 5: qui pour lors estoient.

P. 85, l. 30: ville.--_Le ms._ B _ajoute_: seroyent contrains.

P. 85, l. 31: moult.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: aviséement et.

P. 86, l. 4: Vous.--_Mss._ B 1, 2, 5: Et.--_Manque au ms._ B 7.

P. 86, l. 6: atrait.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: mais il est vray que.

P. 86, l. 7: peut.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: ne sceu [B 12
_ajoute_: faire].

P. 86, l. 15: eslevés.--_Mss._ B 5, 7: esleu.

P. 86, l. 17: les maieurs et les eschievins.--_Ms._ B 12: la loy.

P. 86, l. 18: Phelippes.--_Ms._ A 2: Jaquemart.

P. 86, l. 20-21: à lui à besoingnier.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._
A 7, B 5, 7: à besongner à lui.--_Ms._ B 12: à besongner avecq lui.--à
lui _manquent au ms._ A 1.


§ =209.= P. 87, l. 3: mouiller.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: femme.

P. 87, l. 6: actions.--_Mss._ B 12, 20: condicions.

P. 87, l. 7: pour le fait des.--_Mss._ B 1, 2: les.

P. 87, l. 13: planées.--_Mss._ A 7, B 5, 7: desheritées.--_Mss._ B 1,
2: privées.--_Ms._ B 12: bannis (_sic_).--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et
mises hors.

P. 87, l. 20: bon.--_Mss._ B 1, 2: roi et prince.

P. 87, l. 22: Galise.--_Les mss._ A 2, B 20 _ajoutent_: Castille.

P. 87, l. 22-23: couronnet.--_Mss._ B 1, 2: à gouverner.

P. 87, l. 26: geniteurs.--_Mss._ B 12, 20: routiers.

P. 87, l. 32: Berguettes.--_Ms._ B 12: Bergerettes.

P. 87, l. 32: Lingnac.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: Luicinac.--_Ms._ A 2: Neilhac.

P. 88, l. 1: le signeur de Taride.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 88, l. 12: grant treteur.--_Mss._ B 12, 20: qui parloit trop bien.

P. 88, l. 13: Frenando.--_Mss._ A 2, 7: Ferrando.--_Mss._ B1, 2:
Frenande.--_Mss._ B 5, 7: Ferrand.

P. 88, l. 13: entente.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5.--_Ms._ A 1:
ente.--_Mss._ B 12, 20: intencion.

P. 88, l. 15: Engletière.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: devers le
roy.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et les presenterez de par moy au
roy Bichart [B 20: Edouard].

P. 88, l. 17: lettres.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: qui portent
creance.

P. 88, l. 19: fac.--_Mss._ A 7, B 5, 7: est ja.

P. 88, l. 19-20: ouverte.--_Manque aux mss._ B 1, 2.

P. 88, l. 28: bonne.--_Mss._ B 1, 2: si bonne.

P. 88, l. 29: nostre.--_Mss._ B 1, 2: vostre.

P. 88, l. 29: tant.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux mss._
A 1, B 1, 2, 12, 20.

P. 88, l. 31: plaisir.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: Dieu devant.

P. 89, l. 3: Pleumoude.--_Mss._ B 5, 7: Pelerimoude.

P. 89, l. 7 _et ailleurs_: Englès.--_Ms._ A 1: Englescq.

P. 89, l. 10: mauvais vent.--_Mss._ B1, 2: vent contraire.

P. 89, l. 10: arivet.--_Mss._ A 7, B 7: arriva.--_Mss._ B 1, 2, 5, 12,
20: arrivèrent.

P. 89, l. 16-17: li... estoit.--_Ms._ A 2: ilz trouvèrent le roi d’Engl.


§ =210.= P. 89, l. 19: li Londriien.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ceulx de la
cité.

P. 89, l. 20: si doi.--_Mss._ B 1, 2: ses trois.

P. 89, l. 24: frères.--_Ms._ B 5: oncles.

P. 89, l. 30: demandés.--_Le ms._ B 2 _ajoute_: enquis.

P. 90, l. 1: estoit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: est.

P. 90, l. 10: parolle.--_Mss._ A 2, 7, B 1, 2, 5, 7, 12: parlé.--_Le
ms._ A 2 _ajoute_: de ceste matière.

P. 90, l. 11: estraingnes.--_Ms._ B 1: estrangiers.--_Ms._ B 2:
estranger.--_Mss._ B 12, 20: portingalois.

P. 90, l. 13: dalés le.--_Ms._ B 20: à la table du.

P. 90, l. 14: quinse.--_Ms._ A 2: XVIII.

P. 90, l. 22: frescement.--_Mss._ B 1, 2: nouvellement.

P. 90, l. 24: juing.--_Mss._ B 1, 2: l’an.

P. 90, l. 27-29: et estoient... lui.--_Ms._ B 12: car le duc de
Lancastre ne pouoit aller en Portingal, car c’estoit ung trop loing
voyage pour lui, comme ilz disoient.

P. 90, l. 29-30: on... repentir.--_Ms._ B 20: qu’on en pourrait venir
tart au repentir.

P. 91, l. 4: hauls.--_Ms._ B 20: autres.

P. 91, l. 7: otant d’archiers.--_Ms._ A 2: mil archiers.

P. 91, l. 12: sour.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
soulz.--_Ms._ A 7: soubz.

P. 91, l. 14-15: besongnoit à.--_Ms._ A 2: ressongna le voiage de
Portugal pour.

P. 91, l. 17: Tassem.--_Mss._ A 2, B 20: Cassem.--_Mss._ A 7, B 5:
Tasson.--_Ms._ B 7: Casson.--_Ms._ B 12: Sasses.

P. 91, l. 17: Ravane.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et le seigneur de
Beauchamp et mons. Symon Burlé.

P. 91, l. 21: li evesques de Saint David.--_Ms._ B 12: l’archevesque de
Cantebery.


§ =211.= P. 92, l. 6: hostés.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: gens de son
hostel.

P. 92, l. 9: regars.--_Ms._ B 20: regent.

P. 92, l. 9-10: regars... et.--_Mss._ B 5, 7: gouverneur.

P. 92, l. 17: Pleumoude.--_Manque aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 92, l. 23-24: li canonnes.--_Ms._ B 20: Julien.

P. 92, l. 24: Raimons.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 2, 7, B 5,
7, 12: Jehans.

P. 92, l. 24-25: messires... Noef.--_Manquent au ms._ B 20.

P. 92, l. 26-27: le soudich... Thaleboz.--_Manquent au ms._ B 20.

P. 92, l. 27: Thaleboz.--_Ms._ A 2: Taillebourc.--_Mss._ B 5, 7: Cabbor.

P. 92, l. 29: Sandevich.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 2, 7,
B 5, 7, 12, 20: Chaudevic.

P. 92, l. 31: Pleumoude.--_Mss._ B 5, 7: Pleumon.

P. 93, l. 1: cargier.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: chargièrent.

P. 93, l. 5: Frenando.--_Ms._ A 1: Frenaube.--_Ms._ A 7: Ferrando;
_voy. plus haut_, p. 88, l. 13.

P. 93, l. 18 _et plus bas_: Bervich.--_Lisez_: Beruich.

P. 93, l. 20: le Mare.--_Mss._ B 1, 2, 12: la Marche.

P. 94, l. 7: Tuide.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7:
Ruide.--_Ms._ A 2: rivière de Thui.

P. 94, l. 10: Morlane.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 2, 7,
B 5, 7, 20: Mourbane.

P. 94, l. 10: trois.--_Ms._ B 12: quatre.

P. 94, l. 19-20: en si.--_Ms._ A 1: enssi.

P. 94, l. 22: gratoit et vivoit.--_Ms._ A 7: lors estoit et.--_Mss._
B 5, 7: estoit lors et.--_Ms._ B 12: se sentoit.

P. 94, l. 24: Jaque.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: vilains.


§ =212.= P. 94, l. 27: cose et.--_Mss._ B 1, 2: aventure et chose.

P. 94, l. 27-28: cose et... fondacion.--_Ms._ B 12: besoigne de petite
conduite.--_Ms._ B 20: cose et de petite conduitte et fondacion.

P. 94, l. 30: bonnes gens.--_Ms._ A 2: gens qui veulent tout bien et
tout honneur.

P. 95, l. 8: oevres.--_Mss._ A 2, B 1, 2, 20: corvées.--_Mss._ A 7,
B 5, 7: choses.--_Ms._ B 12: courroées.

P. 95, l. 13 _et plus loin_: d’Exsexs.--_Mss._ B 1, 2: d’Exestre.

P. 95, l. 13: Beteforde.--_Leçon du ms._ B 1.--_Mss._ A 1, 2, 7, B 5,
7, 20: Betefoude.

P. 95, l. 22: engle.--_Ms._ A 1: engles.

P. 95, l. 28: esrederies.--_Ms._ A 2: erreurs et folies.--_Mss._ A 7,
B 5, 7: machinacions.--_Mss._ B 12, 20: mauvaistiés et enfermetez.

P. 95, l. 30: Balle.--_Ms._ B 5: Baille.

P. 96, l. 3: l’aitre.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: lettre.--_Ms._
A 7: l’estre.--_Ms._ B 2: la place.--_Mss._ B 5, 7: l’aitre ou
cimetière.--_Ms._ B 12: cimetière.

P. 96, l. 15: camocas.--_Ms._ B 20: d’autres fins draps.

P. 96, l. 17: espisses.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: les poucins.

P. 96, l. 18: le retrait et.--_Ms._ A 2: et tout le gros de.--_Ms._
B 2: et le son.

P. 96, l. 18: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._ A 1.

P. 96, l. 19: buvons.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
buvez.

P. 96, l. 23: batu.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: comme asnes à oont.

P. 96, l. 24: si.--_Leçon des mss._ B 1, 5.--_Ms._ A1: se.

P. 96, l. 28: pourverrons.--_Ms._ A1: pourveurons.

P. 96, l. 31: orra.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
ara.--_Ms._ B 20: avra.

P. 97, l. 3: l’ooient.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et escoutoient
voulentiers.

P. 97, l. 7: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Ms._ A 1: se.

P. 97, l. 10: mois.--_Ms._ A 2: ans.

P. 97, l. 12-13: à... faissoit.--_Ms._ A 2: à mourir en prison.

P. 97, l. 13: délivroit.--_Ms._ A 7: vouloit delivrer.--_Mss._ B 5, 7:
faisoit delivrer.

P. 97, l. 16: russe.--_Ms._ A 2: ruse et sermon.--_Ms._ B 12: frenaisie.

P. 97, l. 17-18: aviset.--_Ms._ B 1: acusez.--_Ms._ B 2: abuvrez.

P. 97, l. 29: en.--_Mss._ B 5, 7: ou royaume de.


§ =213.= P. 97, l. 31 à p. 98, l. 1: de Kemt... d’environ.--_Ms._ A 2:
de Betephoude et de Douzières.

P. 98, l. 2-3: et se... Londres.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12,
20.--_Manquent aux mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7.

P. 98, l. 3: au retour.--_Ms._ B 12: entour.

P. 98, l. 6: troi.--_Mss._ A 2, B 20: quatre.

P. 98, l. 9: gars.--_Ms._ A 2: villain.

P. 98, l. 10: envenimés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ennemis.--_Mss._ B 12,
20: plain de l’ennemi.

P. 98, l. 16: eurent.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: l’eurent.

P. 98, l. 17: il dissent.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Manquent
aux mss._ A 1, 7.--_Ms._ A 2: il s’avisièrent.--_Mss._ B 12, 20: ilz
conclurent.

P. 98, l. 20: par fous.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: par
fons.--_Ms._ A 2: ces meschans gens.--_Ms._ B 2: par feux.

P. 98, l. 20: fous d’un village.--_Mss._ A 7, B 5, 7: les portes par
l’une.--_Mss._ B 12, 20: assemblées de villaiges.

P. 98, l. 20: ou.--_Mss._ B 5, 7: et par l’autre.

P. 98, l. 21: ou.--_Mss._ B 5, 7: par l’autre.

P. 98, l. 23: troi.--_Mss._ B 1, 2: deux.

P. 98, l. 28: villain.--_Ms._ A 2: archivillains tuffaulx.

P. 98, l. 29: cent lieues.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: de
cinquante lieues.

P. 98, l. 29: de soissante lieues.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 98, l. 31: plenté.--_Mss._ B 1, 2: partie.

P. 99, l. 3: reveler.--_Ms._ B 20: eslever et rebeller.--_Les mss._
B 1, 2 _ajoutent_: et eslever.

P. 99, l. 7: meschans.--_Mss._ B 12, 20: povres.

P. 99, l. 14: aucune.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, 2:
ennemies.--_Ms._ A 7: annemie.--_Mss._ B 12, 20: hayne couverte ou
autrement.

P. 99, l. 17: s’osa anuitier.--_Ms._ B 12: lui firent mal, mais elle ne
se osa arrester ne anuytir.

P. 99, l. 17: anuitier.--_Mss._ B 5, 7: sejourner.

P. 99, l. 23: gens.--_Ms._ A 2: meschans gens.

P. 99, 1. 23: reveloient.--_Mss._ B 6, 7: eslevoyent.

P. 99, l. 31: esclarcirai.--_Ms._ B 5: declareray.--_Ms._ B7:
esclareray.

P. 99, l. 31-32: che fait... demenés.--_Ms._ B 12: ceste chose et
mauldite besoingne de point en point, ainsi qu’elle advint et qu’elle
fut demenée.--_Ms._ B 20: ceste mauvaise besoingne, tout ainsi qu’elle
fut demenée.


§ =214.= P. 100, l. 1-2: sepmainne... Sacrement.--_Ms._ B 20: sepmainne
du Sacrement devant le jour à bonne estrine.

P. 100, l. 3: gens.--_Ms._ A 2: meschans g.--_Ms._ B 20: povres g.

P. 100, l. 9-10: Wantre... entrèrent.--_Ms._ B 2: Et lorsque Wautre
Strate Tuilier et Jaques Strau entrèrent.

P. 100, l. 12: sexte.--_Mss._ A 7, B 5, 7: sorte.

P. 100, l. 14: compaignons.--_Ms._ B 5, 7: capitaines.

P. 100, l. 14: oultre le Tamisse.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 100, l. 15: de Stafort.--_Mss._ B 5, 7: d’Estanfort.

P. 100, l. 18: escaper.--_Mss._ A 7, B 5: estouper le pas.--_Ms._ B 7:
estouper le chemin.

P. 100, l. 23: fustèrent.--_Ms._ B 12: frustrèrent.

P. 100, l. 24: hors.--_Ms._ A 2: ses biens meubles.--_Ms._ B 20: les
biens.

P. 100, l. 30: l’endemain.--_Leçon du ms._ B 12.--_Mss._ A 1, 7, B 1:
le lundi.--_Mss._ A 2, B 20: le mardi.--_Mss._ B 2, 5, 7: ce lundi.

P. 101, l. 1: fondefloient.--_Ms._ A 2: confundoient.--_Ms._ A 7:
fondoient.--_Ms._ B 1: fondeflioient.

P. 101, l. 1-2: fondefloient et abatoient.--_Ms._ B 2:
demolissoient, abatoient et ruoient.--_Mss._ B 5, 7: abatoient et
fondroyoyent.--_Mss._ B 12, 20: abatoient et craventoient.

P. 101, l. 4: merci.--_Ms._ B 2: pitié.

P. 101, l. 9: Meuton.--_Mss._ B 1, 2, 12, 20: Menton.--_Mss._ A 7, B 5,
7: Mouton.

P. 101, l. 9: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5.--_Mss._ A 1, B 1:
Se.--_Mss._ B 12, 20: Et.

P. 101, l. 9: Si li.--_Ms._ B 7: Ceulx.

P. 101, l. 18: obeï.--_Ms._ B 12: s’acorda.

P. 101, l. 21: Sousexses.--_Ms._ A 1: Sousexsexes.

P. 101, l. 22: Norduich.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 2:
Warwich.--_Mss._ A 1, B 5, 7, 12, 20: Verduich.

P. 101, l. 23: Gernemue.--_Leçon des mss._ B 1, 2.-_Ms._ A 1:
Genoume.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Genomme.--_Ms._ B 12: Genuine.

P. 101, l. 23: Line.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7:
Lime.

P. 101, l. 25: Morlais.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5,
7, 12: Moylais.

P. 101, l. 26: Estienne.--_Leçon des mss._ B 12, 20.--_Mss._ A 1, 2, 9,
B 1, 2, 5, 7: Thomas.

P. 101, l. 26-27: Cosington.--_Leçon de Johnes._--_Mss._ A 1, 2, 7, 9,
B 1, 2, 5, 7, 12, 20: Ghisinghem.

P. 102, l. 2: le... faire.--_Ms._ B 2: se rebellèrent contre le roy de
France et firent.

P. 102, l. 3: de.--_Le ms._ B 5 _ajoute_: dix, voire plus de.

P. 102, l. 5-6: Engletière.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: et des
marches dessus dites.


§ =215.= P. 102, l. 11: mansions.--_Mss._ B 1, 2, 12: manoirs.--_Mss._
A 7, B 5, 7: maisons.

P. 102, l. 12: procureurs.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: du roy et de
l’arcevesque.

P. 102, l. 13: testes.--_Ms._ B 20: hatereaulx.

P. 102, l. 26: sour.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: la Tamise et sur.

P. 102, l. 28-29: devers... venist.--_Mss._ B 5, 7: au roi et dire.

P. 102, l. 31: une.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1: un.--_Mss._
A 7, B 5, 7: par.

P. 103, l. 2: menu.--_Ms._ A 7: commun.--_Mss._ B 5, 7: commun et menu.

P. 103, l. 15: messire Thumas.--_Manque aux mss._ A 7, B 5, 7, 12.

P. 103, l. 20: Senselles.--_Ms._ B 5: Faucelles.--_Ms._ B 7: Sautelles.

P. 103, l. 27-28: faire... avant.--_Ms._ A 2: faire maugré moy et par
force, car, chier sire, ces villains m’ont mis si avant que je suis.

P. 103, l. 29: dont.--_Ms._ B 12: pour quoi estes vous venus, et de ce
que.

P. 104, l. 2: que.--_Ms._ B 1: plus que.

P. 104, l. 10: devers.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Ms._ A 1:
vous.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 20: vers.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et
parlé proprement à vous.

P. 104, l. 14-15: quel... ceste.--_Ms._ B 20: qu’il estoit de faire
pour le mieulx sur celle.

P. 104, l. 16: le matin le joedi.--_Ms._ B 12: l’endemain au matin qui
estoit le lundy.

P. 104, l. 20: batiel.--_Mss._ A 7, B 5, 7: vaissel.

P. 104, l. 24: rois.--_Mss._ B 1, 2: personnellement sans nulle faulte.

P. 104, l. 29: et c’estoit raisons.--_Mss._ B 1, 2: et se les
enfelenioit trop.--_Mss._ B 5, 7: par raison.--_Manquent aux mss._
B 12, 20.


§ =216.= P. 105, l. 1: Norhantonne.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
Northombrelande.

P. 105, l. 18: Miauros.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, B 5, 7:
Miaurés.--_Ms._ A 7: Maurés.--_Ms._ B 20: Miaurez.

P. 105, l. 20: car bien savoit.--_Mss._ B 1, 2: si se dissimuloit ce
qu’il pooit, car dur lui estoit à entrer en traictié à le deshonneur
dou roy ne dou royaulme d’Engleterre, et ot pluseurs ymaginacions sur
ce, car bien sentoit.

P. 105, l. 22: si.--_Leçon des mss._ B 5, 7.--_Mss._ A 1, 7, B 1, 2,
12, 20: se.

P. 105, l. 24: de.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ A 1, B 1.

P. 105, l. 32: fort.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et en estoient plus
maltraitables.

P. 106, l. 1: parlerons.--_Leçon des mss._ A 1, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: parlons.

P. 106, l. 2: perseverèrent.--_Mss._ B 1, 2: persevera.--_Le ms._ B 12
_ajoute_: en leurs rebellions et en leurs mauldittes mauvaisetez, et
comment le roy se porta contre eulx.


§ =217.= P. 106, l. 7: d’Acquesufort.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._
A 1: d’Asufort.--_Ms._ A 7: de Sufforch.--_Mss._ B 5, 7: de Suquefort.

P. 106, l. 9: rivage.--_Les mss._ B1, 2, 20 _ajoutent_: et contreval le
rivage.

P. 106, l. 25: wauler.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 7, 12, 20: waucrer.--_Ms._
B 7: haucrer.

P. 106, l. 27: vous.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et ay fait vostre
mandement.

P. 106, l. 30: plus aissiement.--_Mss._ B 5, 7: tout au long.

P. 107, l. 1: en estat.--_Manquent aux mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.

P. 107, l. 1: arroi.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: ne en
ordonnance.

P. 107, l. 6: gens.--_Ms._ B 20: populaires.

P. 107, l. 7: d’aïr.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: d’ire.

P. 107, l.12: fondeflant.--_Ms._ B 2: ruant jus.--_Mss._ B 5, 7:
fouldroyant.--_Mss._ B 12, 20: craventant.

P. 107, l. 31: pourveues.--_Ms._ B 5: garnies.

P. 108, l. 1: rebrachiet.--_Mss._ A 7, B 5, 7: appareilliez.--_Mss._
B 1, 2: apparilliet et tout rebrachiet.--_Ms._ B 12: advancié.

P. 108, l. 5: trente.--_Mss._ B 1, 2: vint.

P. 108, l. 9: gardes et.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: puis boutèrent le feu
dedans.

P. 108, l. 12: l’Oppitalier.--_Mss._ B 1, 2: des Hospitaliers.

P. 108, l. 13: Calerwille.--_Mss._ A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 12, 20:
Calermille.--_Ms._ A 2: Carlewille.

P. 108, l. 27: esragiés.--_Ms._ B 20: hors de leur bon sens.


§ =218.= P. 108, l. 30: amaignagier.--_Mss._ B 5, 7: assembler.--_Ms._
B 20: arrester.

P. 109, l. 6: cinc.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ou six.

P. 109, l. 7-8: mal pour lui.--_Ms._ A 2: ilz lui couperoient la teste.

P. 109, l. 18: de Londres.--_Ms._ A 7: et riches.

P. 109, l. 23: mousches.--_Mss._ B 12, 20: moutons.

P. 109, l. 27: armet.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: en certains lieux tous
tapiz et muciez.

P. 109, l. 31: esté manchevi.--_Mss._ A 7, B 5, 7: esté
menaciez.--_Mss._ B 1, 2: esté avertit.

P. 109, l. 31: Perducas.--_Ms._ B 12: Thomas.

P. 110, l. 3: commun.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: estans en la
dicte ville.

P. 110, l. 12: esmeutin.--_Ms._ A 2: lui esmouvoir contre ces
meschantes gens.--_Mss._ B 5, 7: esmouvement.--_Ms._ B 20: nulz
esmouvoir.

P. 110, l. 15: de.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ A 1, B 1.

P. 110, l. 16: puisedi.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: de puis.

P. 110, l. 17: le.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 110, l. 17: moult chièrement.--_Leçon des mss._ A 7,
B 5, 7, 12.--_Ms._ A 1: moult chierent.--_Ms._ B 20: moult
amèrement.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.


§ =219.= P. 110, l. 19: de.--_Mss._ A 7, B 5, 7: devant.

P. 110, l. 20: aparillier.--_Mss._ B 12, 20: lever et prendre leurs
bastons.

P. 110, l. 24: parolles.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et non sans
cause.

P. 110, l. 27: le Milinde.--_Ms._ A 1: Milieude; _cf. plus loin_ p.
112, l. 18.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le milieu de.--_Ms._ B 1: au milieu
de.--_Ms._ B 2: le Millinde, qui est.

P. 110, l. 28: où.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
u.--_Ms._ B 2: y.--_Manque au ms._ B 1.

P. 110, l. 29: otroieroit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 1: otroieroient.

P. 110, l. 30: demanderoient.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: ou
vouloyent demander.

P. 111, l. 7: rihote.--_Mss._ A 7, B 5, 7: richesce.--_Ms._ B 20: butin.

P. 111, l. 16: quatre cent.--_Ms._ B 12: trois cens.--_Le ms._ A 2
_ajoute_: villains, marados et petaulx.--_Le ms._ B 20 _ajoute_:
d’iceulx meutins.

P. 111, l. 17: et sallirent.--_Ms._ B 1: de trou et.--_Ms._ B 2: de
trou en trou et.

P. 111, l. 27: Jehan.--_Mss._ B 12, 20: Laurens.

P. 111, l. 27: Laige.--_Mss._ B 1, 2: Lagne.--_Mss._ B 5, 7: Large.

P. 111, l. 27: quatre.--_Mss._ B 1, 2: trois.

P. 111, l. 29: Londres.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: comme se il
eussent esté traïctres au roy et au royaulme.

P. 111, l. 29: joué.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
jurez.--_Ms._ A 7: jouez.

P. 111, l. 30-31: il... roiaulme.--_Mss._ B 1, 2: traïtres.

P. 111, l. 32: cil.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: villains puans.

P. 112, l. 1: despecièrent.--_Ms._ B 1: depestillèrent.--_Ms._ B 2:
pestillèrent.

P. 112, l. 1: eshidée.--_Ms._ A 2: courrocée.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
espouentée.--_Ms._ B 12: esbahie.

P. 112, l. 2-3: camberières.--_Ms._ A 1: cambourièrez.

P. 112, l. 5-6: par... menée.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7.


§ =220.= P. 112, l. 15-16: au peuple.--_Ms._ A 2: à ces communes où ilz
estoient.

P. 112, l. 29: maissons.--_Ms._ B 5: manoirs.

P. 113, l. 5: banières.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et en tout ce
ne trouverez quelque faulte, car je n’en seray ja reprins.

P. 113, l. 27: nations.--_Mss._ B 5, 7: contrées.

P. 113, l. 31: acort.--_Ms._ A 1: acors.

P. 113, l. 32: mille.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: villains, termulons et
bomules.

P. 114, l. 7: poissance.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: au mieulx
qu’ilz porent.

P. 114, l. 10: que il les avoient.--_Ms._ B 20: qu’ilz en estoient
saisis.

P. 114, l. 18: un.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: paillart.

P. 114, l. 19: Listier.--_Mss._ B 5, 7: Histier.

P. 114, l. 19: de Stafort.--_Ms._ A 2: de Steinforth.--_Mss._ A 7, B 5,
7: d’Estanfort.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: une bonne forte ville.


§ =221.= P. 114, l. 24: Nieugate.--_Leçon du ms._ B 1.--_Mss._ A 1,
B 2, 12, 20: Mengate.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Mangate.

P. 114, l. 26: recorder.--_Mss._ B 5, 7: compter.

P. 114, l. 31: uns.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: très mauvais.--Les mss.
B 5, 7 _ajoutent_: mauvais.

P. 115, l. 7: Robers.--_Ms._ A 2: Jehan.

P. 115, l. 11: tournés.--_Mss._ B 1, 2: formés.

P. 115, l. 15: amé.--_Ms._ B 20: menet.--plus... amé.--_Mss._ B 1, 2:
trop mieux menet.

P. 115, l. 15: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
Se.--_Ms._ B. 12: Ilz.--_Ms._ B 20: Adont.

P. 115, l. 16: citté.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et la prandroient par
force.

P. 115, l. 16: euls.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: pour sçavoir qu’ilz lui
vouloient.

P. 115, l. 25: moult bellement.--_Ms._ A 7: bellement et moult
doucement.--_Mss._ B 5, 7: bellement et doucement.--_Ms._ B 12: bien
gracieusement à luy.

P. 115, l. 31: serés.--_Le ms._ A 7 _ajoute_: avecques nous et.

P. 116, l. 2: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2.--_Mss._ B 5, 7:
ce.--_Ms._ B 12: il.--_Ms._ B 20: certes il.

P. 116, l. 2: vint.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: mout grant merveille
et à.

P. 116, l. 4: gens.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: tous forsennez et
plains d’oultrecuidance [B 20: de folle oultr.].

P. 116, l. 5: vous.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque
au ms._ A 1.

P. 116, l. 8: pendut.--_Le ms._ B 5 _ajoute_: par les gorges.

P. 116, l. 14: estoriier.--_Ms._ A 2: ferir et à frapper d’estoc
et de taille.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: escarmouchier.--_Ms._ B 20:
escarmuchier autour de luy.

P. 116, l. 20: tant d’armes.--_Ms._ A 2: telle fouison d’armes d’une
espée.

P. 116, l. 21: quarante.--_Mss._ B 5, 7: soissante.

P. 116, l. 22: li.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: si espessement.

P. 116, l. 23: desarmés.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qu’il ne pot durer
longuement contre ces villains.

P. 116, l. 24: si.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: se.


§ =222.= P. 117, l. 6: li roi.--_Ms._ A 1: li rois.--_Mss._ A 7, B 2,
5, 7, 12: les rois.--_Ms._ B 1: le roy.

P. 117, l. 6: Engletière.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: crestiens.

P. 117, l. 17: quelliet.--_Mss._ B 1, 2: esveilliet.

P. 117, l. 17: mauvais.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: villains de toutes ces
communes.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de ces paysans.

P. 117, l. 19: place.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: qu’on dit Sementer et
une grant place.

P. 117, l. 19-20: Semitefille.--_Ms._ B 1: Semitefillier.--_Ms._ B 2:
Semitefiller.

P. 117, l. 22: en la ville qui se.--_Mss._ B 5, 7: et parloyent et.

P. 117, l. 25: tout.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: aise et tout.

P. 117, l. 28: cil.--_Ms._ B 5: ces Angloys.

P. 118, l. 7: Iorc.--_Ms._ A 2: Rocestre.

P. 118, l. 16: eulx.--_Ms._ A 2: ces villains.--_Ms._ B 20: eulx
gloutons.

P. 118, l. 19: regarde et voit.--_Mss._ B 5, 7: s’arresta et regarda.

P. 118, l. 19: che peuple.--_Ms._ A 2: ces meschans gens qui là
estoient.

P. 118, l. 25: aler.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: alé.

P. 118, l. 26: acène.--_Mss._ B 5, 7: signe.--_Ms._ B 12: fay signe.

P. 118, l. 27: si.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7:
se.--_Mss._ B 5, 7: et.

P. 119, l. 1: juponnier.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pourpointier.--_Le ms._
B 2 _ajoute_: ou pourpointier.

P. 119, l. 2: Ticle.--_Mss._ B 1, 2: Tube.

P. 119, l. 3 et 5: jupons.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pourpoins.

P. 119, l. 4: Si.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5: Se.

P. 119, l. 4-5: Si... Jehans.--_Ms._ B 20: Quant le dit Jehan fut
quitte de ses juppons, il dist à Wautre.

P. 119, l. 6: Il... mars.--_Mss._ B 12, 20: J’en ai delivré à voz gens
plus de trente.

P. 119, l. 8: crant.--_Mss._ B 5, 7, 20: plège.

P. 119, l. 20: rihotte.--_Mss._ B 12, 20: huttin.

P. 119, l. 25: faire.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: à toute haste.

P. 119, l. 29: villages.--_Ms._ A 2: bailliages.

P. 120, l. 4: regarde.--_Mss._ A 7, B 5, 7: regarda.

P. 120, l. 6: Tieulliers.--_Ms._ B 20: le glouton.

P. 120, l. 7: juer.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et à le manier.

P. 120, l. 7: tourner.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et virer.

P. 120, l. 10: l’aies.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ne la tiegnes en ta
main, traïtre et mauvais.

P. 120, l. 16: Londres.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: en celle place et en
la presence du roy.

P. 120, l. 17: leurs cottes.--_Mss._ B 5, 7: la robe.--_Mss._ B 12, 20:
leurs robes.

P. 120, l. 20: parolles.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et si oultrageuses.

P. 120, l. 25: parles.--_Ms._ A 1: parle.

P. 121, l. 5: folles.--_Mss._ A 7, B 5, 7: mescheans.

P. 121, l. 10: devant li.--_Mss._ B 1, 2: en sa main.

P. 121, l. 14: s’ordonnoient.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et rengoient.

P. 121, l. 19: vaincu.--_Mss._ B 5, 7: honteux.

P. 121, l. 20: defuir.--_Mss._ B 1, 2: fuir et à departir.--_Mss._
B 12, 20: desroier et à departir.

P. 121, l. 22: quelque.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: quel.

P. 121, l. 25-26: valloit riens.--_Ms._ B 20: pouoit que dommagier.

P. 121, l. 29: lés.--_Mss._ B 5, 7: cousté.--_Mss._ B 12, 20: parti.

P. 122, l. 1: maire.--_Mss._ B 1, 2: roi.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: on
tue tout.

P. 122, l. 3: hostels.--_Mss._ B 1, 2: maisons.

P. 122, l. 6: armés.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et bien en point.

P. 122, l. 9: noef.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pluseurs.

P. 122, l. 10: cent.--_Ms._ A 2:.IIIc.--_Mss._ A 7, B 5, 7: sis cens.

P. 122, l. 12: Brambre.--_Leçon des mss._ A 7, B 7.--_Ms._ A 1:
Lambre.--_Mss._ B 1, 2, 12: Bambre.--_Ms._ B 5: Braubre.

P. 122, l. 15: roi.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: d’une part.

P. 122, l. 20: Standuich.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui portoit l’espée
du roy, à qui Tieullier ot debat.

P. 122, l. 20: Brambre.--_Ms._ B 12: Lambre.

P. 123, l. 1: eux.--_Ms._ B 20: ces populaires.

P. 123, l. 10-11: aportèrent.--_Ms._ B 20: rebaillièrent oultre; et
ainsi qu’ilz les apportoient.

P. 123, l. 16: demuchièrent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: desroutèrent.

P. 123, l. 17: retraïssent.--_Le ms._ B 2 _ajoute_: vers Londres, l’un
ça, l’autre là, et le roy et les seigneurs et leurs routes rentrèrent.

P. 123, l. 21-24: Enssi... en Londres.--_Ms._ B 2: Si les laissa lors
partir et le roi rentra en Londres à grant ordonnance et.

P. 123, l. 22: demuchièrent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: degastèrent.

P. 123, l. 28: esbahie.--_Mss._ B 5, 7: courroucée.

P. 123, l. 29: biaux.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: doulz.

P. 123, l. 32: Or.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: faictes bonne chière.

P. 124, l. 1: car... Dieu.--_Mss._ A 7, B 7: et loés Dieu, car il est
heure de loer Dieu.--_Ms._ B 5: et loés Dieu, car il est heure de le
loer.

P. 124, l. 5: roi.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
roie.

P. 124, l. 6: et... gens.--_Mss._ A 7, B 5, 7: c’estoit que toutes gens.

P. 124, l. 9: soleil levant.--_Ms._ A 2: heure de prime.

P. 124, l. 17: eurent.--_Mss._ A 7, B 7: furent.

P. 124, l. 17-18: grant joie.--_Mss._ A 7, B 5, 7: grandement resjouyz.

P. 124, l. 18: ossi.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: combien qu’il
fust par avant mort.

P. 124, l. 22: pour.--_Ms._ A 2: par ceuls des communes qui venoient de
Londres et s’en retournoient; et quant.

P. 124, l. 23: estoient.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: sceurent comment ilz
avoient mal ouvré.


§ =223.= P. 124, l. 28: avenues.--_Mss._ B 5, 7, 12: aventures.

P. 124, l. 28: revelemens.--_Mss._ B 1, 2, 12: ceste rebellion.

P. 125, l. 8 _et plus loin_: de.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7,
12.--_Manque au ms._ A 1.

P. 125, l. 13: si.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: vaillanment et si.

P. 125, l. 16: cinc.--_Ms._ A 2:.vi.

P. 125, l. 16: sis.--_Mss._ A 2, B 1, 2: set.

P. 125, l. 24: les coses soient apaissies.--_Ms._ B 20: la rumeur soit
ung petit rapaisie.

P. 126, l. 1 et 7: Rademan.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1,
B 12: Rademon.--_Mss._ A 7, B 5, 9: Rademen.

P. 126, l. 6: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2.--_Mss._ A 1, B 1:
se.--_Mss._ B 5, 7: ce.--_Ms._ B 12: moult.

P. 126, l. 22: la.--_Ms._ B 20: l’entrée de la.

P. 126, l. 27: et.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: bien sentoit.

P. 126, l. 27: et que.--_Mss._ B 5, 7: car.

P. 126, l. 31-32: Monsigneur... autres.--_Mss._ B 5, 7: non.--_Manquent
au ms._ A 7.

P. 127, l. 2: escript.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: aux bonnes
villes et.

P. 127, l. 16: de.--_Manque aux mss._ A 1, 7, B 1, 5, 7, 12.

P. 127, l. 16: Lincestre.--_Mss._ B 1, 2: Wincestre.

P. 127, l. 18: Line.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7:
Cluine.--_Manque aux mss._ B 12, 20.

P. 127, l. 19: Bruvelé.--_Leçon du ms._ B 12.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7:
Bumelé.--_Mss._ B 1, 2: Vinuellé.--_Ms._ B 20: Burnelé.

P. 127, l. 22: establi.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: pour en estre
garde.


§ =224.= P. 127, l. 28: prieroit.--_Leçon des mss._ B 5, 7, 12.--_Mss._
A 1, 7, B 12: prioit.

P. 128, l. 3: afaire.--_Mss._ B 1, 2: estat.

P. 128, l. 5: trois.--_Ms._ A 2:.iiii.

P. 128, l. 7: segnefiet.--_Mss._ B 12, 20: advertiz.

P. 128, l. 15: Escoche.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et leurs
routes.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et toute leur routte.

P. 128, l. 15-16: s’entrecontrèrent.--_Mss._ A 9, B 5, 7:
s’entracolèrent.--_Mss._ B 12, 20: s’entrefestoièrent.

P. 128, l. 20-21: pour ches jours.--_Mss._ B 1, 2: adont.

P. 128, l. 26: tempore.--_Mss._ A 7, B 5, 7: temps.

P. 128, l. 31: cause.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: contre verité.--_Le ms._
B 20 _ajoute_: à la verité.

P. 129, l. 3 et p. 130, l. 11: maleoites.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
mescheans.

P. 129, l. 15: esciel.--_Ms._ B 2: table, tronche.--_Mss._ B 12, 20:
bois.

P. 129, l. 17: malvaisté.--_Mss._ B 5, 7: mauvaises.

P. 129, l. 20: il.--_Mss._ A 7, B 5, 7: se il.--_Mss._ B 1, 2, 12: s’il.


§ =225.= P. 129, l. 26: coses.--_Ms._ B 12: troubles et
rebellions.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et ces troubles et rebellions.

P. 129, l. 28: Stafort.--_Mss._ B 5, 7: Estanfort.

P. 129, l. 28: et Jake Strau.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 129, l. 31: bailliages.--_Mss._ B 5, 7: vilages.

P. 129, l. 31: senescaudies.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12:
senescaucies.

P. 130, l. 14: entra en.--_Ms._ B 20: ne entra pas aillieurs de venue
qu’en.

P. 130, l. 15: un.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 130, l. 15: Espringhe.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1:
Ooupringhe.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: Compringhe.--_Ms._ B 2:
Espringue.--_Ms._ B 12: Compringhen.--_Ms._ B 20: Conspringhe.

P. 130, l. 18-19: comment.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: par leur
folie.

P. 130, l. 25: sus à.--_Mss._ A 7, B 5, 7: sus peine de.

P. 130, l. 26: tenu.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7, B 7:
tenir.--_Ms._ B 5: estre tenuz.--_Ms._ B 12: d’estre tenus.

P. 131, l. 1: Espringhe.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1:
Conspringhe.--_Mss._ A 7, B7: Pourpringhe.--_Ms._ B 5: Propinhes.

P. 131, l. 14: à Espringhe et à.--_Mss._ B 12, 20: traittier ceulx de
Conspringhe et de.

P. 131, l. 14: et.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7: fist il.

P. 131, l. 14-16: et... il.--_Ms._ B 12: il traita les autres.

P. 131, l. 16: fist il.--_Manquent aux mss._ B 1, 2, 5, 7.

P. 131, l. 16: ces.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ses.

P. 131, l. 22-23: Carneffelle.--_Mss._ B 12, 20: Carnefoulle.

P. 131, l. 30: departement.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: il fist partout
paier là où riens on devoit, et puis print congié des barons d’Escoce
et les.

P. 132, l. 4: Tuide.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Thin.

P. 132, l. 9-10: Hostidonne.--_Mss._ A 7, B 20: Hestidonne.--_Ms._ B 1:
Hungtindon.--_Ms._ B 2: Huntidon.--_Mss._ B 5, 7: Histidonne.--_Ms._
B 12: Hostidone.

P. 132, l. 10: d’ostel.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Manquent aux
mss._ A 1, 7, B 12.

P. 132, l. 18: liés.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: gay, jolis, chantant.

P. 132, l. 20: entreprendans.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: preudomme.


§ =226.= P. 132, l. 24: avoit.--_Ms._ A 1: l’avoit.

P. 132, l. 26: mie.--_Les mss._ B 1, 2, 20 _ajoutent_: à parler.--_Le
ms._ B 12 _ajoute_: à racompter.

P. 132, l. 26-27: Rademen.--_Leçon des mss._ A 7, 2, 5, 7.--_Mss._ A 1,
B 20: Radanen.--_Ms._ B 12: Rademon.

P. 132, l. 31: que.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: savoir voloit.

P. 132, l. 31: se.--_Manquent aux mss._ B 2, 5.

P. 133, l. 2: morbement.--_Ms._ A 7: morlement.--_Mss._ B 1, 5, 7:
molement.--_Ms._ B 2: voirement.--_Ms._ B 12: tendrement.--_Ms._ B 20:
mourmement.

P. 133, l. 7: Notinghem.--_Ms._ A 2: Vertigem.

P. 133, l. 10: Branbre.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
Banbre.

P. 133, l. 27: desvoe.--_Mss._ A 7, B 5, 7: denye.

P. 134, l. 6: convenoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: convient.

P. 134, l. 18: moi purgier.--_Ms._ B 5: pour m’en purifier.

P. 134, l. 19: levés.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: car sur ce je vous vueil
combatre.

P. 134, l. 25: et priès le marce.--_Mss._ A 7, B 5, 7: portes et
marches.

P. 134, l. 25: et le.--_Ms._ B 5: sur les.--_Ms._ B 7: et les.

P. 134, l. 26: esté en.--_Mss._ B 1, 2: heu.

P. 134, l. 29: coupe.--_Mss._ A 7, B 5, 7: faulte.

P. 135, l. 3-4: li contes de Stanfort.--_Manquent aux mss._ B 1, 2, 12.

P. 135, l. 8: d’aïr.--_Ms._ A 2: de mautalent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7
_ajoutent_: se tust et puis.

P. 135, l. 24: Portingal.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et de la
infortune que une partie de ses gens heurent sour mer.


§ =227.= P. 135, l. 27: hommes d’armes.--_Mss._ B 5, 7: lances.

P. 136, l. 7: Raimons.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 2, 7,
B 5, 7, 12, 20: Jehan.

P. 136, l. 18: qui estoit.--_Ms._ B 20: et aux princes et chevalliers
qui là estoient.

P. 136, l. 21: menestrés.--_Mss._ B 1, 2: menestrelz.--_Mss._ B 5, 7:
ministres.--_Ms._ B 12: menistres.

P. 136, l. 32: Et sa fille.--Leçon des mss. B 1, 2.--_Manquent aux
mss._ A 1, 7, B 5, 7.

P. 137, l. 17: Bellamari.--_Ms._ A 2: Bellamarin.--_Mss._ A 7, B 1, 2,
5, 7: Bellemarine.--_Ms._ B 12, 20: Belmarin.

P. 137, l. 18: bien.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: pour.

P. 137, l. 22: tant et si dur tempesté.--_Mss._ B 5, 7: en si grande
tempeste.

P. 137, l. 23: de mer.--_Ms._ B 12: et demenez en la mer.

P. 137, l. 24-25: si avant... chemin.--_Leçon partielle des mss._
B 12, 15, 16, 20, _dans lesquels on lit_, _entre_ peril _et_ les
destrois: car ilz nagièrent si avant hors de leur droit chemin qu’ilz
passèrent.--_Manquent aux mss._ A 1, 2, 7, 9, B 5, 7.--_Mss._ B 1, 2:
de mer.

P. 137, l. 25: Marios.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7: des Mores.

P. 137, l. 26: Tramesainnes.--_Ms._ A 2: Transmenes.--_Mss._ B 12, 20:
Trapesonde.

P. 138, l. 2: waucrèrent.--_Ms._ B 5: vaguèrent.

P. 138, l. 6: estramières.--_Ms._ B 1: estranières.--_Ms._ B 2:
estendars.--_Mss._ B 12, 20: banières.

P. 138, l. 14-15: et il... Portingal.--_Leçon du ms._ B 1.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2.

P. 138, l. 14: il.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: leur.

P. 138, l. 14-15: li rois de P. et li.--_Mss._ A 7, B 5, 7: leur roy
avecques les.

P. 138, l. 15-16: trait... Seville.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en Espaigne.

P. 138, l. 16: Jehan.--_Ms._ B 12: Ferrant.

P. 138, l. 17: asegiet.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: les marchans
respondirent que ouïl et que ainsi en couroient les nouvelles en
Castille.

P. 138, l. 26: pas.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: faire.

P. 138, l. 27: ou castiel.--_Mss._ B 1, 2: en la gabie.--_Ms._ B 12: en
la hune.

P. 138, l. 28: enffant (sic).--_Ms._ B 12: jeune filz.

P. 139, l. 6: dur.--_Mss._ B 5, 7, 12: peine.

P. 139, l. 16: festiièrent.--_Mss._ B 1: frescirent.

P. 139, l. 23: saison.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: tant par guerre que
autrement.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: par la guerre et autrement.


§ =228.= P. 139, l. 24-25: En ces... aventures.--_Mss._ A 7, B 5, 7: En
ce temps que ces adventures et ces ordonnances.

P. 139, l. 25: aventures.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._ A 1:
avenue.--_Ms._ A 2: advenues.--_Ms._ B 1: avenues.

P. 139, l. 30: eslus.--_Leçon du ms._ B 12.--_Manque aux mss._ A 1, 2,
7, B 1, 2, 5, 7.

P. 140, l. 5: douse.--_Mss._ B 1, 2: dis.

P. 140, l. 12: repris.--_Ms._ B 20: repus.

P. 140, l. 16: parler.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: depuis en maint lieu.

P. 140, l. 18: rice.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: quant il
estoit de neccessité.

P. 140, l. 19: deportoient.--_Ms._ B 5: suportoyent.

P. 140, l. 26: parfaitement.--_Mss._ A 7, B 5, 7: dessus diz.

P. 140, l. 32: che... acusés.--_Mss._ B 12, 20: de ce dont on le
chargeoit et accusoit.

P. 141, l. 1: on.--_Ms._ A 1: o.

P. 141, l. 1-2: moullie.--_Ms._ B 12: fresche.

P. 141, l. 3: i.--_Leçon des mss._ B 1, 12.--_Manque aux mss._ A 1, 7,
B 5, 7.


§ =229.= P. 141, l. 22: aucun.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: seigneurs et.

P. 141, l. 26: avoit.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: par tout le siège à la
verité.

P. 142, l. 5: meïsmes.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: mes.

P. 142, l. 10: ouniement.--_Ms._ B 5: vivement.--_Mss._ B 12, 20:
continuellement.

P. 142, l. 16: anemis.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: prindrent les champs.

P. 142, l. 21: on bouta.--_Ms._ B 20: les Haynnuiers boutèrent partout.

P. 142, l. 29: ferés.--_Mss._ A 6, 7, B 1, 2, 5, 7, 12, 20: serés.

P. 142, l. 30: commenchement.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: comme il
appert.


§ =230.= P. 143, l. 2: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque
au ms._ A 1.

P. 143, l. 8: perseverer en.--_Ms._ B 20: paroultrer.

P. 143, l. 10: armes.--_Mss._ A 7, B 5, 7: adventures.--_Mss._ B 12,
20: nouvelles armes.

P. 143, l. 12: d’Enghien.--_Ms._ B 20: Gaultier.

P. 143, l. 13: messire Mikiel.--_Ms._ B 20: le seigneur.

P. 143, l. 15: Gillion.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Jullien.

P. 143, l. 20: cent.--_Mss._ B 12, 20: deux cens.

P. 143, l. 23: tiroient à.--_Ms._ B 1: desirroient.--_Ms._ B 5:
tendoient.--_Ms._ B 12: n’entendoient.

P. 143, l. 27: volentrieu.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en voulenté.

P. 144, l. 4: tart.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de conseil demander.

P. 144, l. 4: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1:
se.

P. 144, l. 6: à.--_Manque aux mss._ A 1, 7, B 1, 2, 5, 7, 12.

P. 144, l. 6: nul.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12: nulle.

P. 144, l. 10: enbusquiet.--_Ms._ B 12: embatuz.

P. 144, l. 19: Montegni.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: criant.

P. 144, l. 19: Cristoffle.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et St Michiel.

P. 144, l. 29-30: li... d’Enghien.--_Ms._ B 20: le seigneur d’Enghien
pour celle journée quy trop luy fut contraire.

P. 145, l. 4: tempre.--_Mss._ A 7, B 5, 7: temprement.--_Ms._ B 12:
tost.

P. 145, l. 5: me fera tamaint anoi.--_Mss._ B 5, 7: a maint
ennuyé.--_Ms._ B 20: me donnera maint desplaisir.

P. 145, l. 12: aparilliés.--_Mss._ B 12, 20: comptans.


§ =231.= P. 145, l. 16: la mort.--_Ms._ B 5: l’amour.

P. 145, l. 18: et si s’en.--_Ms._ B 12: si se.

P. 145, l. 18: si.--_Leçon du ms._ A 7.--_Ms._ A 1: se.--_Manque aux
mss._ B 1, 2, 5, 7.

P. 145, l. 20: envoiia.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: retraire.

P. 145, l. 22: partout sus.--_Mss._ B 12, 20: par tous les fors sur.

P. 145, l. 25: ne.--_Leçon des mss._ A 6, 7, B 1, 2, 5, 7, 12,
20.--_Manque au ms._ A 1.

P. 146, l. 3: tenoit.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et continuoit tousjours.

P. 146, l. 4: mauvaistié.--_Ms._ B 20: rebellion.

P. 146, l. 4: confort.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et par le secours de
tous vivres.

P. 146, l. 8: signeur.--_Ms._ B 12: princes.

P. 146, l. 12: leur païs.--_Mss._ B 5, 7: regart.

P. 146, l. 12: i.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._
A 1.--_Mss._ A 7, B 5, 7: leur.

P. 146, l. 12: metteroit.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: moderation et.

P. 146, l. 12-13: atemprance.--_Ms._ B 12: remède.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: par bon remède.

P. 146, l. 25: veu.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: sceu.

P. 146, l. 26: d’avoé.--_Ms._ B 12: l’adveu.

P. 147, l. 1: destrainte.--_Ms._ B 20: deffense.

P. 147, l. 4: Braibant.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de Namur.

P. 147, l. 8: li ribaudaille.--_Ms._ B 12: les mauvais.--_Ms._ B 20:
les mauvais et la rib.

P. 147, l. 9: desiroient.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: nulle autre
chose.

P. 147, l. 9: que.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: la noise et.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: le tourble et.

P. 147, l. 12: meïsmement.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: meïsment.

P. 147, l. 14: couchies.--_Mss._ A 7, B 5, 7: touchées.

P. 147, l. 15: paix.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui là fut divisée et
ordonnée entr’eulx.

P. 147, l. 20: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ A 1, 7.

P. 147, l. 22: Bonnes gens.--_Manque au ms._ B 12.

P. 147, l. 22: gens.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque aux mss._ A 1,
7, B 5, 7.

P. 147, l. 24: corrigera.--_Ms._ A 1: corrugera.


§ =232.= P. 148, l. 7: durra.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1:
dura.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12: durera.

P. 148, l. 11: soir.--_Ms._ B 12: jour.

P. 148, l. 12: de Gand.--_Mss._ B 1, 2: et chil qui le plus
s’ensonnoient [B 2: se mesloient] des besoingnes de la ville.

P. 148, l. 15: avissoit.--_Mss._ A 2, B 5, 7, 12, 20: musoit.

P. 148, l. 16: penssoit en.--_Le ms._ A 7 _ajoute_: se.--_Le ms._ B 7
_ajoute_: soy.

P. 148, l. 23: li.--_Leçon du ms._ B 1.--_Mss._ A 1, 7, B 5, 7:
le.--_Mss._ B 2, 12, 20: les.

P. 148, l. 23: portent.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 20.--_Ms._ A 1:
portoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: portera.

P. 148, l. 31: delivrer.--_Ms._ B 12: deschargier.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: et deschargier.

P. 148, l. 32: Toudis.--_Mss._ B 12, 20: Vous devez savoir que.

P. 149, l. 4: eulx.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: qui sont tous d’une bende.

P. 149, l. 4: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1: Se.

P. 149, l. 9: devenres.--_Ms._ A 2: menues denrées.--_Mss._ A 7, B 5,
7: denrées.--_Mss._ B 12, 20: vendredis.

P. 149, l. 10: des nostres.--_Mss._ B 1, 2: de nos gens.

P. 149, l. 13: communs.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: n’y a nulle audience.

P. 149, l. 14: riens.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de audience.

P. 149, l. 20-21: tout... faire.--_Ms._ B 12: appareilliez de bien
faire ce commandement, car bien pensoient que c’estoit pour mal faire.

P. 149, l. 21: rebrachiet.--_Mss._ A 2, 7: prests et appareilliez.


§ =233.= P. 149, l. 27: sexte.--_Ms._ B 12: secret et secte.

P. 149, l. 30: estre.--_Mss._ B 1, 2: venir.

P. 150, l. 7: Harlebecque.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: où nous avons
travaillé.

P. 150, l. 8: eu.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._ A 1.

P. 150, l. 11: proiière.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et requeste.

P. 150, l. 13: qui i envoia.--_Leçon du ms._ A 6.--_Mss._ B 1, 2:
et.--_Manquent aux mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7, 12.

P. 150, l. 14: acordé.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12: acord.

P. 150, l. 16: desquels.--_Leçon des mss._ F 1, B 2.--_Mss._ A 1, 2, 7,
B 1, 5, 7, 12, 20: lesquels.

P. 150, l. 16: les noms.--_Leçon des mss._ F 1, B 1, 2.--_Manquent aux
mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7, 12, 20.

P. 150, l. 18: se metteront.--_Mss._ A 7, B 5, 7: si nous mettrons.

P. 150, l. 27: guerriet par tel manière.--_Mss._ B 12, 20: guerriez [B
12: en guerre] pour parvenir à une telle fin et conclusion.

P. 150, l. 28: avons.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: ce.

P. 151, l. 5: Traï.--_Les mss._ B 1, 2, 5, 7, 12 _répètent ce mot._

P. 151, l. 6: Cil tout.--_Mss._ B 5, 7: Comme.

P. 151, l. 6-7: Cil... com.--_Ms._ B 20: Adont tous combien.

P. 151, l. 6-9: Cil... sauver.--_Ms._ A 2: mais combien qu’ilz fussent
avironnez de leur linaige, qui estoit le plus grant de la ville,
chascuns se dissimula et se mist hors de la presse au plus tost qu’il
pot pour se sauver.

P. 151, l. 9: hors.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: de la presse.

P. 151, l. 9: Et... l’eure.--_Ms._ B 20: se tindrent à bien eureux
toutefois pour ce jour.

P. 151, l. 10: plus... deus.--_Mss._ A 7, B 5, 7: que deux mors.

§ 234. P. 151, l. 26: Enssi.--_Mss._ B 12, 20: Comme entendre vous
pouez.

P. 151, l. 29: mil.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._
A 1.--_Ms._ A 2: dix mille.--_Mss._ A 7, B 5, 7: deux mille.

P. 152, l. 13: s’elevèrent (_lisez_: se levèrent, _ou corrigez_:
s’eslevèrent) et revelèrent.--_Mss._ B 1, 2: se rebellèrent.

P. 152, l. 17: assisses.--_Ms._ B 12: imposicions.

P. 152, l. 18: tamps.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: passé, vivant.

P. 152, l. 19: ce.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: si que nullement
ilz ne se vouloient consentir [B 20: le voulurent accorder].

P. 152, l. 27: censi.--_Ms._ A 1: censist.--_Ms._ A 2: consenti.--_Ms._
A 7: assencies.--_Ms._ B 1: censé.--_Ms._ B 2: censé et mis en
fermes.--_Mss._ B 5, 7: assencé.--_Ms._ B 12: assiz.

P. 152, l. 27: debites.--_Mss._ B 5, 7: imposicions.

P. 152, l. 32: qui.--_Ms._ B 12: lequel avoit esté prisonnier un long
temps et.

P. 152, l. 32: Chastelet.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Paris.

P. 153, l. 1: sentence.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: diffinitive.

P. 153, l. 6: l’esmeutin.--_Mss._ A 7, B 5, 7: l’esmouvement.--_Ms._
B 12: la rebellion.

P. 153, l. 11: desrois.--_Ms._ B 20: grans oultrages avant Paris.

P. 153, l. 12: anoioit.--_Ms._ A 7: advint.--_Mss._ B 5, 7:
mesavint.--_Ms._ B 12: tournoit à grant desplaisance.


§ =235.= P. 153, l. 23: rieulet.--_Manque aux mss._ A 2, 7, B 5,
7.--_Ms._ B 12: rieulez.

P. 153, l. 23-24: rieulet. Et descendi à son hostel.--_Manquent aux
mss._ B 1, 2.

P. 153, l. 24: hostel.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: près Saint Jehan en
Greve.

P. 153, l. 27: trop mal esret.--_Mss._ B 1, 2: esté mal conseilliés.

P. 154, l. 7: fait.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux mss._
A 1, 2.--_Ms._ B 20: commis.

P. 154, l. 11: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Mss._ A 1, 2, B 5,
7: à.--_Ms._ B 20: et que.

P. 154, l. 11: Paris.--_Les mss._ A 2, B 5 _ajoutent_: et qu’ilz
fussent.--_Les mss._ A 7, B 7 _ajoutent_: et.

P. 154, l. 19: sepmainnes.--_Les mss._ B 1, 2, 12, 20 _ajoutent_: dist
li sires de Coucy.

P. 154, l. 24: ordonneroient.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5,7.--_Mss._
A 1, B 12: ordonneroit.--_Mss._ A 2, 7: ordonnèrent.

P. 154, l. 27: regarda.--_Mss._ B 1, 2, 5, 12: recorda.

P. 154, l. 30: entrée et.--_Mss._ B 5, 7: entrée en.

P. 155, l. 4: proposet.--_Ms._ B 12: exposé.

P. 155, l. 10: tourner.--_Ms._ A 1: tourné.

P. 155, l. 13: li Parisiien.--_Mss._ B 5, 7: ceulx de Paris.--_Ms._
B 12: ceulx de la ville.


§ =236.= P. 155, l. 17-18: au roi... gabelleurs.--_Mss._ B 1, 2:
gabelier.

P. 155, l. 18: aides.--_Ms._ A 2: males toultes.

P. 155, l. 20: ce.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque au ms._
A 1.--_Ms._ B 1: se.--_Ms._ B 2: si.--_Ms._ B 12: il.

P. 155, l. 20: grant.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: contraire et.

P. 155, l. 26: tout... avoient.--_Ms._ B 20: tous autres oultrageux cas
que commis avoient.

P. 155, l. 30: deablie.--_Ms._ A 7: deablisse.--_Mss._ B 5, 7, 12:
deablerie.

P. 156, l. 3: leurs.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: querelles et gardoient
leurs.


§ =237.= P. 156, l. 9: Calabre.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et de
Prouvence.

P. 156, l. 9: Sesille.--_Ms._ B 12: Prouvence.

P. 156, l. 22: comment.--_Mss._ B 12, 20: à penser par quelle voye et
façon.

P. 156, l. 29: les Parisiiens.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ceulx de Paris.

P. 156, l. 30: misse d’argent.--_Ms._ A 2: finances.--_Ms._ B 20:
richesses.

P. 157, l. 3: cinc cens mil.--_Leçon du ms._ B 12.--_Manquent aux mss._
A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7, 20.

P. 157, l. 4: florins.--_Ms._ B 12: escuz.

P. 157, l. 12: noef.--_Ms._ A 2: dix.

P. 157, l. 16: faire signeur.--_Ms._ B 20: en France à prince ne à
seigneur nul, c’est assavoir.

P. 157, l. 16: signeur.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: de France.

P. 157, l. 17: cambres.--_Mss._ A 7, 9, B 5, 7: hampres.


§ =238.= P. 157, l. 23-25: Li contes... païs.--_Mss._ B 12, 20: Quant
le conte de Cantebruge et sa compaignie furent arrivez [B 20 _aj._:
par mer] au port de Luxebonne, ainsi que dist est dessus, ilz s’i
rafreschirent [B 20 _aj._: une bonne espace], et estoit là le roy de
Portingal qui grandement et bien avoit reçu ledit conte et ses gens, et
tandis les Gascons se departirent du roy pour adviser le païs [B 20: et
entandis les Anglois et les Gascoings advisoient le pays à tous costés].

P. 157, l. 29: en.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1: e.

P. 157, l. 30: avoit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: a.

P. 158, l. 2: i furent.--_Ms._ B 20: ne s’i oublièrent mie.

P. 158, l. 21: voroient.--_Ms._ B 20: sentiroient leur point pour.

P. 158, l. 23-24: chevauchièrent.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: tant qu’ilz
vindrent.

P. 158, l. 29-30: servis.--_Ms._ B 20: secouru et servi de bonnes gens
d’armes.

P. 158, l. 32: se.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 159, l. 1: avanchier.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et acquérir los et
pris, si se preparèrent.

P. 159, l. 2: chemin.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: si tost qu’ilz porent.


§ =239.= P. 159, l. 3: Robersart.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: ung
moult vaillant cappitaine.

P. 159, l. 13: Sandevich.--_Mss._ A 1, B 5, 7: Caudevich.--_Mss._
B 1, 2: Chaudevic.--_Mss._ A 2, B 12: Canduich.--_Ms._ B 20: Candenich.
_Cf._ p. 92, l. 29.

P. 159, l. 20: chevauchaissent.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: hors de ces
metes.

P. 159, l. 24: convenenchièrent.--_Ms._ A 2: commencièrent à semondre.

P. 159, l. 25: chevauchier.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et querir
leur adventure.

P. 159, l. 27-28: à Seris.--_Ms._ A 2: asseoir.--_Ms._ B 20: devant
sous.

P. 159, l. 28: Seris.--_Ms._ B 12: Soris.

P. 160, l. 1: Gouses et.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: Jehan.

P. 160, l. 3: chiés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: fort.

P. 160, l. 4: chevauchie.--_Mss._ B 1, 2: feste.

P. 160, l. 8: Soudrée.--_Ms._ A 2: Sandrée.--_Mss._ B 1, 2: Fondrée.

P. 160, l. 8: frère.--_Mss._ B 12, 20: filz.

P. 160, l. 9: Noef.--_Ms._ A 1: Nef.

P. 160, l. 10: Marsen.--_Mss._ B 12, 20: Marson.

P. 160, l. 14-15: à faire assaut appartenoit.--_Ms._ B 1: il feroient
l’assault.--_Ms._ B 2: ilz donroient l’assault.

P. 160, l. 16-17: Quant... si.--_Mss._ B 1, 2: Et.

P. 160, l. 19: fiers et rades.--_Ms._ A 2: ferme.--_Ms._ B 20: fier et
aspre à merveilles.

P. 160, l. 20: d’aighe.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: se très petit non.

P. 160, l. 22-23: hauoient... hauiaulx.--_Ms._ A 2: avoient pics et
hoyaux dont ilz piquetoient le mur.

P. 160, l. 27: Espérons.--_Ms._ A 2: Espain.--_Mss._ B 1, 2, 20:
Esporons.

P. 160, l. 29: traioient.--_Ms._ B 20: tiroient.--_Les mss._ B 12, 20
_ajoutent_: bonnes saiettes.

P. 161, l. 2-3: appert... durement.--_Ms._ B 20: vaillant hommes
d’armes à merveilles.

P. 161, l. 4: mors.--_Ms._ B 20: occis.--_Les mss._ B 12, 20
_ajoutent_: dont ce fut [B 20 _ajoute_: pitié et] dommaige.


§ =240.= P. 161, l. 5: assaulx.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: autour du
chastel de la Fighière.

P. 161, l. 7-8: ne s’i espargnoient mies, mais.--_Ms._ B 12: estoient
ja en leur dessus et.

P. 161, l. 17: fors.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: qui ne [B 12: ne
me] semble que ung bourg [B 20: bourguet à].

P. 161, l. 21: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 161, l. 26: Meulier.--_Mss._ B 5, 7: Mulier.

P. 161, l. 28: fier.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et trait à main.

P. 161, l. 29: moult à afoiblir à.--_Mss._ B 1, 2, 12: à faillir et.

P. 161, l. 29: et.--_Leçon des mss._ A 6, 7, B 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1,
2, 12, 20: à.

P. 161, l. 31: trois.--_Ms._ A 2: VIII.

P. 162, l. 6: traiteroient de la.--_Ms._ B 20: querroient leur traittié
de.

P. 162, l. 11: et de lassés.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.--_Mss._ B 12,
20: de lassés et de mutillés.

P. 162, l. 12: traïssent.--_Ms._ B 12: tirèrent.

P. 162, l. 17-18: sans... forterèce.--_Ms._ B 20: point voulentiers de
icy que vous n’ayez en voz mains ceste forteresse.

P. 162, l. 24: ce.--_Mss._ A 7, B 5, 7: si.--_Ms._ B 12: qui.

P. 162, l. 28: garnisson.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: de vivres,
d’artillerie et d’autres utensilles.

P. 162, l. 28: lairoient.--_Ms._ A 1: laroient.--_Ms._ B 20: l’avroient.

P. 162, l. 31: si.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Ms._ A 1:
se.--_Manque aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 162, l. 31: acorda.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: mais ce fust
moult envis.


§ =241.= P. 163, l. 9-10: cil... route.--_Mss._ B 12, 20: l’armée et la
chevallerie d’Angleterre, et par especial le Chanoine de Robessart.

P. 163, l. 15: feroient.--_Mss._ B 12, 20: estoient de faire pour le
mieulx.

P. 163, l. 16: se departirent.--_Ms._ B 1: si se sevrèrent.--_Ms._ B 2:
si se separèrent.

P. 163, l. 27 _et plus loin_: Olivence.--_Leçon des mss._ B 1,
2.--_Mss._ A 1, B 20: Clivence.--_Ms._ A 2: Clemence.--_Mss._ A 7,
B 5, 7: Cluence.--_Ms._ B 12: Climence.

P. 163, l. 30: li.--_Ms._ A 2: li grant.

P. 164, l. 9: eu.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: dur.

P. 164, l. 11: Seris.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1:
Estrois.--_Ms._ A 7: Esceris.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: où ilz
s’arrestèrent.

P. 164, l. 16: grandement.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: anglois et
gascoings.

P. 164, l. 18: fissent.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: en Portingal.


§ =242.= P. 164, l. 24: Gascon.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et
Allemans.

P. 164, l. 31: Portingal.--_Ms._ B 20: Poithou.

P. 165, l. 3: esté.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: prochain.

P. 165, l. 12: congiet.--_Les mss._ B 1, 2, 12 _ajoutent_: à.

P. 165, l. 16: dou.--_Ms._ A 2: au bon.

P. 165, l. 25: gens.--_Ms._ B 20: labouriers.


§ =243.= P. 165, l. 28: un an... traitiés.--_Ms._ B 12: envoyé bien un
an avant.

P. 166, l. 2 et 5: Tassem.--_Ms._ A 2: Casson.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
Tasson.

P. 166, l. 10: Jehane.--_Manque au ms._ A 2.

P. 166, l. 13: Charle.--_Mss._ B 12, 20: Tacle.

P. 166, l. 16: segnefiie et ses.--_Ms._ B 20: advertie par ses.

P. 166, l. 17: armés.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: ou environ.

P. 166, l. 20: n’avoient cure.--_Mss._ B 5, 12: ne leur chaloit.

P. 166, l. 25: brisier.--_Ms._ B 20: rompre et destourner.

P. 166, l. 29: signeurs.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: mais les autres
disoient.

P. 167, l. 1: de Bourbonnois.--_Ms._ B 12: la ducesse de Bourbon.

P. 167, l. 3: ens ou.--_Ms._ B 5: et fut menée dedens le.

P. 167, l. 3: M’aïst.--Leçon du ms. B 2.--_Mss._ A 1, B 1: Mès.--_Mss._
A 2, 7, B 5, 7: Se m’aïst.--_Ms._ B 20: Certes.

P. 167, l. 4: ent en Giane.--_Ms._ A 2: dedans Grave.

P. 167, l. 10: un.--_Ms._ B 12: plus d’un.

P. 167, l. 12: Rocelare... Bouquehort.--_Ms._ A 2: Bouhaing et autres.

P. 167, l. 12: Bouquehort.--_Ms._ A 6: de Bouque.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
Bouqueshors.

P. 167, l. 21: Tout ce.--_Ms._ B 12: Et.

P. 167, l. 22: Braibant.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: lettres.

P. 167, l. 23: rois.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: de France.

P. 167, l. 27: Si se ordonnèrent.--_Ms._ B 20: tant soudainement.

P. 167, l. 30: et si.--_Leçon du ms._ B 7.--_Ms._ A 1: et se.--_Mss._
A 7, B 2: si.

P. 167, l. 32: jour.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et deux nuyts.

P. 168, l. 3: bellement.--_Mss._ B 1, 2: honourablement.

P. 168, l. 9: barons.--_Les mss._ A 2, B 20 _ajoutent_: et chevaliers.

P. 168, l. 9: Engletière.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: dessus nommez.


§ =244.= P. 168, l. 11: vent.--_Ms._ B 20: veu la ville.

P. 168, l. 13: cheval.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: se.

P. 168, l. 13: escipet.--_Ms._ A 2: logiez et chargiez.--_Ms._ A 7:
esclipés.--_Mss._ B 1, 2: esquippet.--_Mss._ B 5, 7: equipés.

P. 168, l. 14: jours.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et deux nuyts.

P. 168, l. 23: dou Noël.--_Ms._ B 12: d’avril.

P. 168, l. 28: et li baron.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manquent aux
mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7.--_Ms._ B 12: et les chevalliers.

P. 168, l. 28: seurent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: sceut.

P. 169, l. 10: lubrement.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lubriquement.

P. 169, l. 16: le recongnoist.--_Mss._ A 7, B 5, 7: reconnoit le bien
qu’il a de nous.

P. 169, l. 16: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1, 20: se.

P. 169, l. 30: en prison.--_Mss._ B 1, 2: prisonniers.

P. 169, l. 31: François.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et quant le
roy et son conseil eurent entendu la voulenté des deux escuiers, il fut
lors advisé que pour celle fois on ne leur en parlerait plus [B 20:
plus ne leur en seroit parlé].

P. 169,l. 32: point requis.--_Mss._ A 7, B 5, 7: requis en nulle
manière du monde.


§ =245.= P. 170, l. 1 _et plus loin_: li Parisiien.--_Mss._ A 7, B 5,
7: ceulx de Paris.

P. 170, l. 5: ordonné.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: de par eulx.

P. 170, l. 7: terme.--_Ms._ A 1: teme.

P. 170, l. 8: ces.--_Mss._ B 1, 2: ses.

P. 170, l. 13: frans.--_Les mss._ B 15, 16, 20 _ajoutent_: en deniers
appareilliés.

P. 170, l. 16: assés.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: pour furnir la demande
du roy.

P. 170, l. 19-20: si qu’il fist; et fist.--_Mss._ B 1, 2: si quist et
fist querre.--_Ms._ B 12: si quist et fist ses.

P. 170, l. 20: et fist.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et fist sa.

P. 170, l. 22: un grant different.--_Mss._ A 7, B 5, 7: grant
discension.

P. 170, l. 31: finance.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: en deniers
comptant.

P. 171, l. 3: l’argent.--_Mss._ B 15, 16: en tresor l’argent.--_Ms._
B 20: en tresor largement.

P. 171, l. 10: seule.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: fois et.

P. 171, l. 14: ses ordonnances.--_Ms._ A 2: toutes manières
d’ordonnances qui à son voiage appartenoient.

P. 171, l. 22: contes.--_Les mss._ B 1, 2, 20 _ajoutent_: Amés.

P. 171, l. 25: faites.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: les alliances.

P. 171, l. 27: grant fuisson.--_Ms._ B 20: à grans sommes de deniers.

P. 172, l. 7: Bernabo.--_Ms._ B 20: Barnabo, seigneurs de Milan.

P. 172, l. 9: à l’esmer.--_Mss._ A 7, B 7: au compter.--_Ms._ B 5: au
raconter.--_Ms._ B 12: à extimer.

P. 172, l. 12: passèrent enssi.--_Mss._ B 5, 7: faisoyent enssi par.

P. 172, l. 19: Haccoude.--_Mss._ B 12, 20: Jaccoude.

P. 172, l. 20: en.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: une terre de l’Eglise
appellée.

P. 172, l. 26: de la venue.--_Ms._ B 20: que bien à point pour la venue
et pour l’armée.

P. 172, l. 29: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5.--_Manque aux mss._ A 1,
7, B 7.

P. 172, l. 29-30: et que il.--_Mss._ B 2, 20: et grant plenté d’aultres
barons et chevalliers [B 12 _ajoute_: et escuiers], si qu’il.

P. 172, l. 30: noef.--_Ms._ A 2:.X.

P. 173, l. 1: Clementins.--_Ms._ B 20: pour pape Clement d’Avignon.

P. 173, l. 3: qui.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: aucunes foiz.

P. 173, l. 3: l’emparloient.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: dont aucun
s’en merveilloient.


§ =246.= P. 173, l. 7: Savoie.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et le
comte de Genève.

P. 173, l. 7: Lombardie et.--_Leçon des mss._ B 12, 20.--_Mss._ A 1, 7,
B 5, 7: Ytallie.--_Ms._ A 2: l’Ytalie et.--_Mss._ B 1, 2: Ytalie et.

P. 173, l. 9: Patrimonne.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de S. Pierre.

P. 173, l. 19: ossi et.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: tout publiquement.

P. 173, l. 21: hoirs.--_Mss._ A 7, B 5, 7: roy.--_Ms._ B 12: roy et
heritier.

P. 173, l. 26: li.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._
A 1.--_Mss._ A 7, B 5, 7: les.

P. 173, l. 28: reserver.--_Ms._ B 12: resigner.

P. 173, l. 29: reservation.--_Ms._ B 12: resignation.

P. 173, l. 30: stille.--_Ms._ A 2: setille.

P. 173, l. 31: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1: se.

P. 174, l. 11: ans.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: il prist.

P. 174, l. 12: il.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et puis.--_Ms._ B 12: et.

P. 174, l. 13: savoit... condition.--_Ms._ B 20: cuidoit bien savoir la
condition et la voulenté.

P. 174, l. 14: il ne le relenquiroient.--_Ms._ A 2: le duc d’Anjou ilz
ne recuilliroient.

P. 174, l. 19: oultre.--_Ms._ B 20: de oultre les monts.

P. 174, l. 20: poissance.--_Le ms._ B 2 _ajoute_: qu’il ne cheust en
l’un de deux inconveniens.

P. 174, l. 21: taneroient ou.--_Mss._ B 5, 7: trouveroyent.

P. 174, l. 22-23: foullé... tané.--_Ms._ B 12: usez et fouliez de leurs
habillemens.--_Ms._ 20: foullez, usez de leurs habillemens et hodez.

P. 174, l. 25: averir.--_Leçon du ms._ B 1.--_Mss._ A 1, 2, B 2, 12,
20: avenir.

P. 174, l. 30: mons bien.--_Mss._ B 12, 20: saint Bernard plus de.

P. 174, l. 32: minés.--_Ms._ A 6: gastez.


§ =247.= P. 175, l. 4: leur.--_Ms._ B 20: rendu françois.

P. 175, l. 5: ne.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: demandoit autre
choze ne ne.

P. 175, l. 8: en ce paix là.--_Ms._ B 20: ou royaulme de Naples.

P. 175, l. 11: labeur.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: aussi comme pou on nient.

P. 175, l. 13: aisse.--_Le ms._ B 14 _ajoute_: et s’en donnèrent du bon
temps.

P. 175, l. 16: Bretaigne.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: d’Anjou, du Mayne, de
Touraine, de Normandie.

P. 175, l. 20: penssoient.--_Mss._ B 5, 7: savoyent.

P. 175, l. 29: si.--_Leçon du ms._ B 2.--_Mss._ A 1, B 1: se.--_Manque
aux mss._ A 7, B 5, 7, 12.

P. 176, l. 12: Mauvinet.--_Mss._ B 5, 7: Maguinet.--_Mss._ B 12, 20:
Mauvoisin.

P. 176, l. 30: tost.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et [B 12: après
et] trouva illecq le duc d’Anjou.


§ =248.= P. 177, l. 2: la parolle dou maistre.--_Ms._ B 20: ce dont
ledit maistre l’avoit averty.

P. 177, l. 5: examinerai.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: un petit.

P. 177, l. 9: eshidé.--_Ms._ A 2: espouentez.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
esbaïz.

P. 177, l. 12-13: de la... païs.--_Ms._ B 12: que c’est de cestui homme.

P. 177, l. 18: consillièrent un tamps.--_Ms._ B 20: eurent ung espace
advis et conseil sur.

P. 177, l. 19: contes.--_Mss._ B 1, 2: dus.

P. 177, l. 20: logeïs.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et li contes au
sien.

P. 177, l. 21: jour.--_Ms._ A 2:.IIe. jour.

P. 177, l. 24: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Mss._ A 1,
B 20: se.--_Ms._ B 12: et.

P. 178, l. 2: oïl.--_Ms._ B 20: je suis celluy voirement.

P. 178, l. 3: et.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: prisonniers.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: se i print prisonniers.

P. 178, l. 4: fille.--_Mss._ B 2: mère.

P. 178, l. 10: aseurerai.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 1: aseurai.

P. 178, l. 16: son varlet.--_Ms._ B 20: ung sien serviteur.

P. 178, l. 17: le.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ung.

P. 178, l. 20: leuwiers.--_Ms._ B 20: labeurs.

P. 178, l. 23: Portingal.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et de
Navarre.

P. 178, l. 24: perseverèrent.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et maintindrent
en celle saison.


§ =249.= P. 178, l. 27: tamps d’ivier.--_Leçon des mss._ B 1,
2.--_Mss._ A 7, B 5, 7: tamps.--_Ms._ B 12: yver.

P. 178, l. 27: et.--_Ms._ B 20: sans riens exploittier, car ilz.

P. 178, l. 29: Fighière.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qu’ilz prindrent par
force.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: qu’ilz conquirent, comme dit est.

P. 178, l. 31: contes.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: Aimmon.

P. 179, l. 2: fois.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: voire à leur
emprinse et sans [B 12 _mq._] le congiet du roy.

P. 179, l. 3: il se portoient.--_Mss._ B 1, 2: s’avisèrent.

P. 179, l. 7 et 22: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: Se.

P. 179, l. 25: tous savés.--_Mss._ B 1, 2: voir est.

P. 179, l. 28: paiement.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et non sans
cause.

P. 180, l. 2: que.--_Leçon du ms._ B 2.--_Manque aux mss._ A 1, 7, B 1,
5, 7.--_Ms._ B 12: comment.

P. 180, l. 3: voelt.--_Ms._ A 1: voel.

P. 180, l. 6: chevauchons.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: à telle fin de y
paciffier.

P. 180, l. 22: nenil.--_Ms._ B 20: je ne pense point que ilz s’en
deportent.

P. 180, l. 27: escript.--_Mss._ A 7, B 5, 7: estrif.--_Mss._ B 1, 2,
12, 20: estat.

P. 180, l. 30: Chevalier.--_Les mss._ A 2, 7, B 5, 7 _ajoutent_: et
escuiers.

P. 181, l. 1 et 16: gascon.--_Ms._ A 1: gascons.

P. 181, l. 3: on chevauchast.--_Mss._ A 7, B 5, 7: il chevauchast ny
autre avec.

P. 181, l. 10: près.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: d’estre.

P. 181, l. 10: près pendus dou.--_Ms._ B 12: en grant dangier envers le.

P. 181, l. 15: Ban.--_Ms._ A 2: Baing.


§ =250.= P. 181, l. 17: le Ban.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: où il
y avoit ung bon fort.

P. 181, l. 24: d’armes.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: ne nulle
deffence.

P. 181, l. 24: hommes.--_Ms._ A 2: bonnes gens.

P. 181, l. 26: estoient.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: bien et bel presentez.

P. 181, l. 27: archigaies.--_Ms._ A 1: archigais.

P. 181, l. 28-29: mais... contrester.--_Mss._ A 7, B 5, 7: mais à la
longue ilz ne pouoyent durer, si comme ilz apparceurent et virent bien
que contrester ne pouoient.

P. 182, l. 2: demorroient.--_Ms._ A 1: demoroient.

P. 182, l. 8-9: on... grant.--_Ms._ B 20: bons Anglois encommencièrent
à le assaillir très asprement et par très bonne.

P. 182, l. 9: ordonnance.--_Mss._ B 5, 7: voulenté.

P. 182, l. 13: Raconstes.--_Leçon du ms._ B 12 (_à corriger_).--_Mss._
A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7: Jagouse.--_Mss._ B 15, 16: Ragouste (_leçon à
adopter_).--_Ms._ B 20: Ragouse.

P. 182, l. 14: devant li.--_Ms._ B 20: qui le avironnoient à tous
costez.

P. 182, l. 19: sis.--_Ms._ A 2:.VIII.--_Mss._ A 7, B 5, 7: set.

P. 182, l. 19: Courtisse.--_Ms._ A 2: Courasse.--_Ms._ B 12: Courtoise.

P. 182, l. 25: Soutis.--_Ms._ B 1: Sourcis.--_Ms._ B 2:
Sourcilz.--_Ms._ B 12: Sourtres.--_Ms._ B 20: Sourtis.


§ =251.= P. 183, l. 3: cil... Gascon.--_Mss._ B 12, 20: le Chanoine de
Robessart et sa routte qui estoit la plus part d’Angloys et de Gascons.

P. 183, l. 16: celle proie.--_Ms._ B 20: celluy bestail.

P. 183, l. 20: là où il logoient.--_Leçon du ms._ B 2.--_Mss._ A 1,
B 1: leur il logoient.--_Ms._ A 6: qui estoit leur logeys.--_Ms._ A 7:
leur logeïs.--_Mss._ B 5, 7: leurs logeïs.--_Ms._ B 12: là où paravant
se logeoient.

P. 184, l. 2: compaignie.--_Mss._ B 1, 2: chevaucie.

P. 184, l. 6: à.--_Mss._ B 1, 2: bien et en fist.

P. 184, l. 6: loiaument.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: de non
chevauchier.

P. 184, l. 13: estat.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et comment.


§ =252.= P. 184, l. 14: gentil.--_Mss._ B 1, 2: chevalier.--_Manque aux
mss._ A 7, B 5, 7, 12.

P. 184, l. 19: signeur.--_Ms._ B 20: conte.

P. 184, l. 31: Cordeliers.--_Mss._ A 7, B 5, 7: frères meneurs.

P. 185, l. 7: nostre cappitainne.--_Leçon du ms._ A 7.--_Ms._ A 1:
nostres cappitainnes.--_Mss._ B 1, 2, 5, 7, 12: nos capitainnes.

P. 185, l. 7: aient.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: eu et.

P. 185, l. 12: bel.--_Mss._ B 1, 2, 12, 20: viel.

P. 185, l. 14: dist.--_Mss._ B 1, 20: eut.--_Ms._ B 2: promist.

P. 185, l. 15: Robersart.--_Les mss._ B 1, 20 _ajoutent_: en convent.

P. 185, l. 17: mauvaisement.--_Mss._ B 1, 2: maisement.--_Ms._ B 5:
mal pour les petis compagnons.--_Ms._ B 7: mauvaisement pour les petis
compaignons.


§ =253.= P. 185, l. 23: Gascon.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: li sires
de l’Estrade.

P. 185, l. 27: Soutrée.--_Ms._ B 12: Soustre.--_Ms._ B 20: Stintrée.

P. 185, l. 28: tenres.--_Ms._ A 2: oultrez.

P. 185, l. 31: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1: se.

P. 186, l. 9: avoir.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: gouverneur ne.

P. 186, l. 10: aroit.--_Leçon des mss._ B 5, 7, 12.--_Mss._ A 1, 7:
aroient.--_Mss._ B 1, 2: avoit.

P. 186, l. 11: loisir et plus.--_Ms._ B 20: auctorité et plus de pouoir
et.

P. 186, l. 16: guerre.--_Ms._ B 12: desplaisir.

P. 186, l. 17: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 12.--_Manque aux mss._
A 1, 7, B 7.

P. 186, l. 18: debatu.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Ms._ A 1: de
vair.--_Mss._ A 2, B 5, 7: deveé.--_Ms._ A 7: desveés.

P. 186, l. 21: dou.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: dit viés.

P. 186, l. 22: ouvri.--_Ms._ A 2: rompit.

P. 187, l. 17: un coron.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: leur cours.--_Ms._
B 12: ung cours.

P. 187, l. 21-22: commencha... dist.--_Ms._ B 12: reprint la parole le
C. de R. et dist en telle manière.


§ =254.= P. 188, l. 6: tout devant.--_Mss._ B 1, 2: premier.

P. 188, l. 7: qui chi.--_Mss._ A 7, B 5, 7: quis si.

P. 188, l. 11: traire.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: ne prendre.

P. 188, l. 16: nos paierons bien.--_Ms._ B 20: trouverons bien fachon
d’estre paiez.

P. 188, l. 27: compaignons.--_Mss._ B 12, 20: ses souldoiers
estraigniers.

P. 189, l. 1: levé.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et mis sus tous.

P. 189, l. 3: avisset.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ordonnez.

P. 189, l. 6: estraingniers.--_Mss._ B 5, 7, 12: Gascons.

P. 189, l. 7: Gascons.--_Mss._ B 5, 7: Alemans.--_Ms._ B 12:
estraigniers.


§ =255.= P. 189, l. 15: Che dist.--_Ms._ B 20: Certes, respondi.

P. 189, l. 26: un grant tamps.--_Ms._ B 1: jusques à maintenant.--_Ms._
B 2: jusques à ores.

P. 189, l. 27: perissoit.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12: tenoit.--_Ms._
B 20: restoit.

P. 189, l. 28: a près.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7: a près que.--_Ms._ B 12:
est près que.

P. 189, l. 29: que.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: de leurs souldées ne des
nostres.

P. 190, l. 3: nous donnés.--_Leçon du ms._ B 2.--_Manquent aux mss._
A 1, 7, B 1, 5, 7.--_Ms._ B 12: nons en donnés.

P. 190, l. 8: deus.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ou.III.

P. 190, l. 9: ores.--_Le ms._ B 1 _ajoute_: paiiet et.--_Le ms._ B 2
_ajoute_: paiez à.

P. 190, l. 14: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
Se.

P. 190, l. 21: au conte.--_Ms._ A 2: à mon cousin.

P. 190, l. 29: quel... trouvet.--_Mss._ B 12, 20: comment ilz avoient
exploittié et en quelle disposition ilz avoient trouvé le roi de
Portingal.

P. 190, l. 29: recordèrent.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7,
12.--_Ms._ A 1: recordent.

P. 190, l. 32: rihote... lieu.--_Ms._ B 12: de riotte on a aucuneffois
du bien.

P. 190, l. 32: n’a à le fois.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 5, 7.--_Ms._
A 1: n’a le fois.--_Mss._ A 2, 6, B 2: n’à aucune foiz.--_Ms._ B 20: ne
à aucune fois.

P. 191, l. 1-2: remorous.--_Mss._ A 7, B 5, 7: rioteux.--_Ms._ B 12:
rebelles.--_Ms._ B 20: rebelle et remorous; bien ait quy on aime, mais
especialment.


§ =256.= P. 191, l. 3: troi.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: messire Guillaume
Helmen, messire Thomas Simon et le sire de Chastel Noeuf.

P. 191, l. 5: le mandoit.--_Mss._ A 2, B 1, 2: li mandoit qu’il alast
[A 2: devers lui] parler à lui.

P. 191, l. 14: de cheval et.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manquent aux
mss._ A 1, 6, 7, B 5, 7.--_Mss._ A 2, B 12: à cheval et.

P. 191, l. 27: que tout.--_Ms._ B 20: les Portingalois que les Anglois.

P. 191, l. 28: Jorge.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: douquel j’ai parlé
chi dessus.


§ =257.= P. 192, l. 5: de geneteurs.--_Mss._ B 5, 7: à pié.

P. 192, l. 6: Portingal.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et le conte de
Cantebruge.

P. 192, l. 10: vosist.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: faire.

P. 192, l. 22: d’Arragon.--_Ms._ B 12: d’Espaigne.

P. 192, l. 30: Elvès.--_Ms._ B 12: Helmès.

P. 192, l. 31 _et plus loin_: Badeloce.--_Corrigé d’après la
leçon suivante_, p. 194, l. 31.--_Mss._ A 1, 6, 7, B 1, 7: Val de
Yosse.--_Mss._ A 2, B 2, 12, 20: Val de Josse.--_Ms._ B 5: Bal de Yosse.

P. 192, l. 31: plentiveux.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: plantureux.

P. 193, l. 1: avissant.--_Mss._ B 5, 7, 12: avisser.

P. 193, l. 10: chevaucha.--_Ms._ B 12: s’advança.

P. 193, l. 14: cinc.--_Ms._ B 2:.VI.

P. 193, l. 15: logiet.--_Mss._ B 1, 2: sur les camps.

P. 193, l. 19: Berghettes.--_Mss._ B 5, 7: Verguettes.--_Ms._ B 12:
Vergettes.

P. 193, l. 24: Safre.--_Mss._ A 2, 7, B 1, 2, 5, 7: Jaffre.

P. 193, l. 25: chevaliers.--_Ms._ A 1: chevalier.

P. 193, l. 27: enssi... fait.--_Ms._ B 12: bien et saigement.


§ =258.= P. 194, l. 4: quinse.--_Ms._ A 2:.XVI.

P. 194, l. 7: sis.--_Ms._ A 2:.VII.

P. 194, l. 9: severèrent de.--_Ms._ B 12: joingnirent es.

P. 194, l. 15: mandames.--_Ms._ B 12: avons demandée.

P. 194, l. 19: forent segnefiiet.--_Mss._ A 7, B 5, 7: fut il
segnefiiet à.

P. 194, l. 19: d’armes.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: à.

P. 194, l. 27 à p. 197 l. 24: et estoient... faire.--_Manquent au ms._
B 20 _par suite de l’arrachement d’un feuillet._


§ =259.= P. 194, l. 31: Badeloce.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7:
Baudeloce.--_Mss._ B 1, 2: Baudeloche.--_Ms._ B 12: Badelocque.

P. 195, l. 9: deffaute.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: deffaut.

P. 195, l. 13: perdus.--_Mss._ B 1, 2: gastés.

P. 195, l. 18: pensoit.--_Mss._ B 1, 2: pensoient.

P. 195, l. 19: departir.--_Mss._ B 5, 7: commencement.

P. 196, l. 4: d’Esturges.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._
A 1: d’Oturgez.--_Ms._ A 2: d’Ortinges.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de
Turges.--_Ms._ B 12: d’Ortingues.

P. 196, l. 13: lubrement.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lubriquement.--_Ms._
B 12: laschement.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et maisement.


§ =260.= P. 196, l. 23: seroit.--_Mss._ B 1, 2: se feroit.

P. 196, l. 23: ces parties.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le roy d’Espaigne et
le roi de Portingal.

P. 196, l. 28: falloient.--_Mss._ B 1, 2: n’assembloient.

P. 196, l. 28: cours.--_Mss._ A 7, B 5, 7: cops.--_Ms._ B 12: courses.

P. 198, l. 4: recouvrèrent et s’entrecontrèrent.--_Ms._ B 12: s’en
retournèrent.

P. 198, l. 7: fier.--_Ms._ A 2: tranchons.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: de
la plate d’achier et.

P. 198, l. 8-9: les... passèrent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: percièrent.

P. 198, l. 8: pertrusièrent.--_Ms._ A 1: petrusièrent.

P. 198, l. 11: volèrent.--_Ms._ B 12: bondirent.

P. 198, l. 17: li Espaignol.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2.

P. 198, l. 18: Portingallois.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: et
Espaignolz.


§ =261.= P. 198, l. 20-21: ceste... Portingallois.--_Mss._ B 12, 20:
l’armée des deux roys d’Espaigne et de Portingal, où estoient très
grant nombre de François et Espaignolz, chascun en leurs lieux [B 20:
d’une part], et Anglois et Portingalois d’autre part.

P. 198, l. 21: Englès.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: des Franchois.

P. 198, l. 21: Portingallois.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et de François.

P. 198, l. 23: roi de.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: Bellemarine et celluy de.

P. 198, l. 24: Tramesainnes.--_Mss._ B 12, 20: Trapesonde.

P. 198, l. 26: leur.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: faisoit on dire que.

P. 198, l. 28: leurs.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: ses.

P. 199, l. 18: morir.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de vie à trespassement.

P. 199, l. 24: entretenir.--_Mss._ A 7, B 5, 7: confermer.

P. 199, l. 26: Cambruge.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et la donna au roi
d’Espaigne.

P. 200, l. 2: à sa fille.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Manquent
au ms._ A 1.--à sa fille ne _manquent aux mss._ A 2, 7, B 5, 7.

P. 200, l. 4: dans... Vis.--_Mss._ A 7, B 5, 7: par avant maistre Denis
[B 5, 7 _ajoutent_: bastart de Portingal].

P. 200, l. 4: Chils dans Jehans.--_Ms._ A 7: Che bastart de Portingal.

P. 200, l. 5: durement.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et soubtil
homme à merveille [B 20: homs durement _mq._].

P. 200, l. 5-6: s’estoit fais amer.--_Mss._ A 7, B 5, 7: avoit il
portées les armes.

P. 200, l. 9-10: si com... l’istoire.--_Ms._ B 12: comme cy après sera
declairé.


§ =262.= P. 200, l. 17: assés.--_Ms._ B 12: ce qu’ilz en savoient.

P. 200, l. 17, toute.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: la manière et.

P. 200, l. 25: entiers.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: sanz combattre.

P. 200, l. 28: ne le peusmes veïr.--_Ms._ B 12: sceumes.

P. 200, l. 28: peusmes.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
peuwins.--_Ms._ B 1: peuwis.

P. 201, l. 7-9: finèrent... matères.--_Mss._ B 12, 20: furent an duc
de Lancastre [B 20 _ajoute_: par son frère le conte de Cantbruge]
racontées des nouvelles de Portingal, puis entrèrent en autre pourpoz
[B 20 _ajoute_: en parlant d’autre matière].


§ =263.= P. 201, l. 16: que li.--_Mss._ A 7, B 5, 7: du.

P. 201, l. 17: ot.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et.

P. 201, l. 26: que de bures, de.--_Mss._ A 7, B 5, 7: les nouvelles des.

P. 201, l. 26: de lais et de.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 201, l. 26: froumages.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: oefs, poulailles et
fuerres.

P. 201, l. 31, à p. 202, l. 1: qui... enfuir.--_Ms._ B 12: retraire.

P. 202, l. 14: demorer.--_Mss._ B 1, 2: durer.

P. 202, l. 27: fu moult agraciiés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: fist moult à
regracier.

P. 203, l. 1: quis.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: chairs salées, bieurres et
poissons salez.

P. 203, l. 3-4: se... reconfors.--_Ms._ B 20: se celuy confort ne leur
fust ainsi venu avec le reconfort.

P. 203, l. 3-4: et... dis.--_Mss._ B 1, 2: li confors des dessus
dis.--_Ms._ B 12: par ce confort.

P. 203, l. 13: taint et velu.--_Ms._ B 20: ternis et pelus.

P. 203, l. 18: l’amant.--_Ms._ A 2: la ville.--_Mss._ A 7, B 5, 7: la
porte.

P. 203, l. 18-19: l’amant... jurés.--_Ms._ B 12: la ville.

P. 203, l. 26: de Louvaing.--_Leçon du ms._ F 1.--_Ms._ A 2:
aussi.--_Manquent aux mss._ A 1, 7, B 5, 7.

P. 203, l. 26: liquel de Louvaing.--_Mss._ B 1, 2: les gens de lequele
ville.--_Ms._ B 12: si.

P. 203, l. 28: menères.--_Mss._ A 7, B 5, 7: conduiseur.

P. 203, l. 32: s’en vinrent.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: et
vinrent.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7: s’en vint.

P. 203, l. 32: lui dousime.--_Ms._ A 2: a tout.XIIc. Gantois.

P. 203, l. 32, à p. 304, l. 1: s’en... en le.--_Ms._ B 20: ledit
François d’Acremen accompaignié de environ douze cents d’iceulx Gantois
alèrent jusques à la.

P. 204, l. 3-4: et ossi... Hornes.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 204, l. 4: de Hornes.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 2:
d’Arcle.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 20: d’Ercle.

P. 204, l. 7: visnage.--_Mss._ A 1, B 1: vinage.--_Mss._ B 2, 12:
voisinaige.--de visnage _manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 204, l. 16: cinc.--_Ms._ A 2:.VII.

P. 204, l. 17: sis.--_Ms._ A 2:.VIII.

P. 204, l. 30: resjoï.--_Ms._ B 5: reconfortez.--_Ms._ B 7: joyeulx.


§ =264.= P. 205, l. 6: deus jours (_sic_).--_Ms._ A 2:.IIII. jours.

P. 205, l. 7, et p. 206, l. 30: six cens.--_Ms._ A 2:.VIIc.

P. 205, l. 16: remonsteroit.--_Le ms._ B 5 _ajoute_: leur affaire.--_Le
ms._ B 7 _ajoute_: leur fait.

P. 205, l. 18: peussent.--_Mss._ B 1, 2: peust.--_Manque au ms._ B 12.

P. 205, l. 20: Villevort.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
Vinlevort.--_Mss._ B 1, 2: Braibant.--_Ms._ B 20: Volvorde.

P. 205, l. 22: troisime.--_Ms._ A 2:.IIIIc.--_Ms._ B 12: avecq lui
trois cens Gantois.

P. 205, l. 24 et 26: troi.--_Ms._ B 12: trois cens.

P. 205, l. 25: à.--_Ms._ B 12: seant sur.

P. 205, l. 25: Coleberghe.--_Ms._ B 1: Cauwebergh.--_Ms._ B 2:
Cauvreberg.--_Ms._ B 12: Cauwenberge.

P. 205, l. 32: moiens ne s’en ensongnie.--_Ms._ B 12: moyenneurs ne
s’en travellent.

P. 206, l. 1: plaissoit.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de vostre bonne grace.

P. 206, l. 6: humblement.--_Ms._ B 12: courtoisement.

P. 206, l. 7: conte.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: Loys.

P. 206, l. 13: m’en... volentiers.--_Ms._ B 12: m’y emploieray de bon
ceur.

P. 206, l. 20-21: que... perceverés.--_Ms._ B 20: qu’avrez cause de
vous en perchevoir.

P. 206, l. 21: Et cil troi.--_Ms._ A 2: Et cil.IIII. Gantois.--_Mss._
A 7, B 5, 7, 12: Adont.

P. 206, l. 21: respondirent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: il.

P. 206, l. 23: Adont.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Après ces mots.


§ =265.= P. 207, l. 3: quinse.--_Ms._ A 2:.XVI. ou.XVIII.

P. 207, l. 8: et.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: devant les chariots.

P. 207, l. 10: reconfortés.--_Ms._ B 12: avitailliez.

P. 207, l. 14: venredis.--_Mss._ A 7, B 5, 7: denrées.

P. 207, l. 15-16: Si... mist.--_Ms._ B 2: Et à ces blez et à ces
farines fut mis pris raisonnable.

P. 207, l. 15-16: fuer ordonné.--_Ms._ B 20: ung certain taux ordonné
et distribué.

P. 207, l. 16: mist.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: livrées.

P. 208, l. 4: se.--_Mss._ B 1, 2: ceste.


§ =266.= P. 208, l. 20-21: à estre... tourner.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
pour ses raisons estre tournées.

P. 208, l. 23-31: de l’evesquiet... Pasque.--_Ms._ B 12: de ceulx de
Liège.XXII. hommes, et la ducesse de Brabant et le conte de Haynnau
pareillement y envoyèrent leurs consaulz.

P. 208, l. 25 et p. 209, l. 29: d’Oupé.--_Ms._ A 1: dou Pé.--_Mss._
A 7, B 5, 7: de Perne.--_Mss._ B 1, 2: dou Pey.--_Ms._ B 20: du Pé.

P. 209, l. 7: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1:
que.--_Ms._ B 20: comme.

P. 209, l. 12-13: de estre cappitaine.--_Ms._ B 12: d’avoir accepté la
capitainerie.

P. 209, l. 13: estre.--_Leçon des mss._ B 1 (_en marge_), 12.--_Manque
aux mss._ A 1, 2, B 2, 20.

P. 209, l. 13-15: estre... comment.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 209, l. 21: voloit... dit.--_Ms._ B 20: estoit content de faire pour
sa part ce que dit est.


§ =267.= P. 209, l. 24: bons moiiens.--_Ms._ B 12: mediateurs.

P. 209, l. 26: ne apparant n’estoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: approuchoit.

P. 209, l. 30: Crupelant.--_Mss._ A 2, 7, B 5: Couppelant.--_Ms._ B 7:
Compelant.

P. 209, l. 31: Herimés.--_Ms._ B 5: Herines.

P. 210, l. 6: dame.--_Ms._ A 1: dames.

P. 210, l. 10: cil.--_Ms._ A 2: ces.IIII.

P. 210, l. 14: Ramseflies.--_Ms._ A 2: Rinceflies.--_Ms._ B 1:
Renghesvlliet.--_Ms._ B 2: Rengesveillet.

P. 210, l. 32: darainement.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 7.--_Ms._
A 1: daraine.--_Manque au ms._ B 12.

P. 210, l. 32: estroitement.--_Manque au ms._ B 1, 2, 12.

P. 211, l. 9: retourner.--_Ms._ A 1: retourné.

P. 211, l. 12: ja.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: tant que nous vivons.

P. 211, l. 14: le voellent.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
B 12: l’accordent.--_Manquent aux mss._ A 1, 2, B 20.

P. 211, l. 15: demorra.--_Ms._ A 1: demora.

P. 211, l. 15: face.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: se ilz le veulent.

P. 211, l. 21-22: si compaignon.--_Mss._ B 1, 2: leurz gens.--_Ms._
B 12: les siens.

P. 211, l. 23: At en.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 211, l. 23: Braibant.--_Mss._ B 12, 20: Haynnau (_leçon à adopter_).


§ =268.= P. 211, l. 28: amiroit ne.--_Ms._ B 12: craignoit et.

P. 211, l. 31: demorer.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 1: morir.--_Mss._ B 12, 20: estre.

P. 212, l. 2-3: se exemplieroient.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en aroient
exemple.--_Ms._ B 12: y prendroient exemple.

P. 212, l. 16: mors.--_Ms._ A 2: mors sanz nul remède.--_Ms._ B 12:
perdu et mort.

P. 212, l. 19: arreés.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
arez.--_Mss._ A 2, B 1, 2: armés.

P. 212, l. 24: dissoient en.--_Mss._ B 1, 2: disoit on à.


§ =269.= P. 213, l. 1: quidoient.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_:
avoir et.

P. 213, l. 12 _et ailleurs_: devenres.--_Ms._ A 2: menues
derrées.--_Mss._ A 7, B 5, 7: denrées.--_Mss._ B 12, 20: venredis.

P. 213, l. 30: par quel coron.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._ A 1: par
coron.--_Ms._ A 2: par quel costé.--_Mss._ A 7, B 5, 7: par où.--_Ms._
B 2: par quel bout.--_Ms._ B 12: quelque moyen.

P. 213, l. 32: briefs.--_Ms._ B 20: huit.

P. 214, l. 9-10: Jaquemart.--_Ms._ B 1: Jaquemon.--_Ms._ B 2: Jaques.

P. 214, l. 16: bon.--_Ms._ A 1: bons.

P. 214, l. 25: sien.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: Enssi se passa
ceste nuit.


§ =270.= P. 214, l. 29: raportées.--_Mss._ B 5, 7: repetées.--_Ms._
B 12: apportées les.

P. 214, l. 29: avoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: avoient esté.

P. 214, l. 31: devenres.--_Ms._ B 20: venredis.

P. 215, l. 3: d’Artevelle.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: Phelippe du Bois.

P. 215, l. 16: notablement de.--_Mss._ A 7, B 5, 7: notables et.

P. 215, l. 17: plus.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: sages et.

P. 216, l. 5: de Monsigneur.--_Leçon des mss._ B 12, 20.--_Manquent aux
mss._ A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7.

P. 216, l. 11: lingnes draps.--_Ms._ A 2: chemises.

P. 216, l. 11: draps.--_Mss._ A 7, B 5, 7: robes.

P. 216, l. 11 et p. 217, l. 15: nus.--_Ms._ A 1: nulz.

P. 216, l. 14: sera mesires.--_Mss._ A 7, B 5, 7: trouveront
monseigneur.

P. 216, l. 24: femmes et enffans (_sic_).--_Ms._ B 20: jeunes et vieulx.

P. 216, l. 25-26: de leurs maris... frères.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de
leurs pères, de leurs frères, de leurs maris et de leurs voisins.

P. 216, l. 31: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 12.--_Ms._ A 1:
Se.--_Ms._ B 7: Cy.

P. 216, l. 32: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1:
se.--_Ms._ B 12: mais.--_Manque aux mss._ B 1, 2.

P. 217, l. 2: vivres.--_Mss._ B 1, 2: famine.

P. 217, l. 4: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12.--_Mss._ A 1,
B 1: se.

P. 217, l. 16: oscur.--_Ms._ B 20: auster.

P. 217, l. 20: morir.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: le premier.

P. 217, l. 21: Ou.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: faisons autrement, se bon
vous samble que.

P. 217, l. 22: cinc ou sis.--_Ms._ A 2:.VII. ou.VIII.

P. 217, l. 30: ensi que.--_Leçon du ms._ B 12.--_Ms._ A 1:
ensi.--_Mss._ B 1, 2: si comme.

P. 218, l. 8: vous nous consillerés.--_Ms._ B 12: voulons du tout
ouvrer par vostre conseil.

P. 218, l. 13: qui nous het.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et de ceulx qui.

P. 218, l. 14: est.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: sont.

P. 218, l. 14: cil qui.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lesquels.

P. 218, l. 17: desconfissons.--_Ms._ B 12: aions victoire sur.

P. 218, l. 24: nous ne finerons.--_Mss._ B 1, 2: n’en ferons.

P. 218, l. 25: beaulx.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux
mss._ A 1, B 1, 2, 12.

P. 218, l. 30: cinc.--_Ms._ A 2:.V. ou.VI.


§ =271.= P. 219, l. 9: à heure de relevée.--_Ms._ A 2: à heure de
nonne.--_Ms._ B 20: après midy.

P. 219, l. 11 et 30: cinc.--_Ms._ A 2:.viii.

P. 219, l. 19: Bonnes gens.--_Ms._ A 2: des bonnes gens: «Or avant,
beaus amis.»

P. 220, l. 1: heure.--_Ms._ A 2: lieue.

P. 220, l. 4: cheminèrent.--_Ms._ A 1: chminèrent.

P. 220, l. 5-6: li fourageur.--_Mss._ A 7, B 5, 7: les fouriers.

P. 220, l. 10: plachiet.--_Mss._ A 2, B 2: vivier.--_Mss._ A 7, B 5,
7: flaschier.--_Ms._ B 1: plaquier.--_Ms._ B 12: flaquis.--_Ms._ B 20:
plasquis.


§ =272.= P. 220, l. 14: car che fu.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 220, l. 14-26: et le tierch... enfourmés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: que
ceulx de Bruges faisoient leur procession par coustume, si vindrent
tantost nouvelles comment les Gantois estoient là arrivés, et lors
veyssiez grant murmure dedans Bruges des uns aux autres tant que les
nouvelles en vindrent au conte et à tous ceulx de sa compaignie.

P. 220, l. 19: avolèrent.--_Mss._ B 1, 2: vinrent tout en haste.

P. 220, l. 22-23: de rue en rue.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12,
20.--_Ms._ A 1: de ruez.

P. 220, l. 24: combatre.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ces traitres Gantois.

P. 220, l. 26: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1: se.


P. 220, l. 27: cache.--_Mss._ A 7, B 5, 7: meine.--_Ms._ B 12: amaine.

P. 220, l. 28-29: De... maintenant.--_Mss._ A 7, B 5, 7: à leur
destruction: or est le temps venu d’avoir la.

P. 220, l. 30 à p. 221, l. 2: chevalier... requelloit.--_Mss._ A 7,
B 5, 7: ses chevaliers et ses gens par vers li, lesquels il recevoit.

P. 221, l. 3-4: Nous... il.--_Ms._ A 2: Ces traitres Gantois.

P. 221, l. 4: encores... contes.--_Ms._ B 20: combien qu’ilz ont
encoires grant courage, car.

P. 221, l. 12: et.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ A 1, 7.

P. 221, l. 12: du Beart.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Ms._ A 1: dou
Bourc.--_Mss._ B 1, 2: le Bourcq.--_Ms._ B 12: de Beyaert.

P. 221, l. 16: s’ordonnèrent.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12,
20.--_Manque aux mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7.

P. 221, l. 17: gens.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: s’armèrent et
ordonnèrent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: s’aprestoient.

P. 221, l. 22: cantées.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et celebrées.--_Le ms._
B 12 _ajoute_: et leutes.

P. 221, l. 25: mesist.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Mss._ A 1, B 20:
mesissent.

P. 221, l. 25: mesist en estat deu.--_Mss._ A 7, B 5, 7: priassent tous
Dieu.

P. 221, l. 27: set.--_Ms._ A 2: plus de cent.--_Ms._ B 20: .VIIc.

P. 222, l. 5: vostre.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: mauvais.

P. 222, l. 13: restorier.--_Mss._ B 1, 2: rescousse.

P. 222, l. 14: vous.--_Les mss._ B 1, 2, 5, 7 _ajoutent_: bien et.

P. 222, l. 17: grant.--_Leçon du ms._ F 1.--_Manque aux mss._ A 1, 6,
7, B 1, 2, 5, 7.

P. 222, l. 17: ou grant peuple.--_Mss._ B 12, 20: au plus de gens.

P. 222, l. 18: maint.--_Mss._ A 7, B 5, 7: veult.--_Mss._ B 1, 2, 12:
met.

P. 222, l. 25: par.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Mss._ A 7, B 5,
7: des.--_Manque au ms._ A 1.

P. 222, l. 25-26: par... remonstré.--_Ms._ A 2: ces Frères Preceurs
racontans ce samedi au matin aux Gantois.


§ =273.= P. 223, l. 1: mont.--_Mss._ B 12, 20: tropel.

P. 223, l. 6: avoient.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: avoit.

P. 223, l. 10-11: riens il ne gaigneroient.--_Ms._ B 12: ne leur pouoit
prouffiter.

P. 223, l. 12: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
Se.

P. 223, l. 13 à p. 249, l. 23: enfans que... vinrent à.--_Manquent
au ms._ A 1 _par suite de l’arrachement de deux cahiers; pour cette
partie, le ms._ B 1 _sert de base au texte._

P. 223, l. 16: bien sçavoit.--_Ms._ A 2: fut de beau sçavoir et de beau.

P. 223, l. 24-25: les sachiées... departies.--_Ms._ B 20: les sacs de
pain ouvers et le pain.

P. 223, l. 29: aidables.--_Mss._ A 7, B 5, 7: abille.

P. 223, l. 30 _et ailleurs_: il.--_Ms._ B 1: ilz.

P. 223, l. 31: ce.--_Leçon du ms._ B 2.--_Mss._ A 7, B 7: cilz.--_Ms._
B 1: se.--_Ms._ B 5: celui.--_Ms._ B 12: le.

P. 223, l. 31: disner.--_Ms._ B 12: desjun.

P. 223, l. 32: catirent.--_Ms._ B 12: tappirent.

P. 223, l. 32: ribaudiaux.--_Mss._ B 2, 12, 20: ribaudequins.

P. 224, l. 1-2: brouettes... fer.--_Mss._ B 12, 20: trois ou quatre
petis canons [B 20 _ajoute_: rengiés de front] sus haultes charettes en
manières de brouettes devant, sur deux ou quatre roes [B 12 _ajoute_:
bandez de fer].

P. 224, l. 2: qu’il.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Ms._ B 1: qui.

P. 224, l. 4-5: s’encloïrent.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._
B 1, 2: s’encloent.--_Ms._ B 12: s’enclouoient.

P. 224, l. 6: trois.--_Ms._ A 2:.IIII.


§ =274.= P. 224, l. 17: des circonstans.--_Ms._ A 2: de tous
ceulx.--_Mss._ A 7, B 5, 7: des escoutans.

P. 224, l. 19: jusques ou trait des Gantois.--_Mss._ A 7, B 5, 7: les
Gantois eussent bien trait à eulx.

P. 224, l. 24: il.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: avoir et.

P. 224, l. 26: de cinc à sis mille.--_Ms._ A 2: entre.VII. et.VIIIm.
hommes.

P. 225, l. 5: li contes.--_Ms._ B 5: et le conte apresté, il
s’en.--_Ms._ B 7: le conte fut appresté et s’en.

P. 225, l. 8-10: A son... champs.--_Leçon des mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12,
20.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 225, l. 11: après.--_Mss._ B 12, 20: à cheval sieuirent de près [B
20: après].

P. 225, l. 17: haulte remontée.--_Mss._ B 12, 20: heure de vespres.

P. 225, l. 21: ne les... meshui.--_Mss._ B 5, 7: ne les combatez
meshui.--_Ms._ B 20: vous le sçavez, ne les vueilliez meshui combatre.

P. 226, l. 4: descliquer.--_Mss._ B 12, 20: descochier.

P. 226, l. 5: canons.--_Ms._ B 20: ribaudequins.

P. 226, l. 5: plasquier.--_Mss._ A 2, B 2: vivier.--_Ms._ A 7:
plachier.--_Mss._ B 5, 7: flaschier.--_Mss._ B 12, 20: plate eaue.

P. 226, l. 10: sur.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pour.

P. 226, l. 10: mauvais convenant.--_Ms._ A 2: faulx et mauvais
courage et petit.--_Mss._ A 7, B 7: faulx et mauvais couraige et
convenant.--_Ms._ B 5: mauvais courage.--_Mss._ B 12, 20: faulx et
desloyal courage.

P. 226, l. 17: abatre.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: et à ruer jus.

P. 226, l. 24: raconsuivoient.--_Ms._ B 2: attaignoient.

P. 226, l. 25: et.--_Ms._ B 2: les jambes dessus et puis les.

P. 226, l. 25: occisoient.--_Mss._ B 12, 20: detrenchoient.

P. 226, l. 29: et de desconfits.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: de mehaingniez.

P. 227, l. 4: infortunité.--_Ms._ A 2: maigre fortune.

P. 227, l. 4: eulx.--_Le ms._ B 2 _ajoute_: mais autres dient que ce
fut ung miracle et que Dieu oy leurs dures complaintes.


§ =275.= P. 227, l. 9: mieux mieux.--_Mss._ B 5, 7: mieux pouoit.

P. 227, l. 15: ensonniet les.--_Ms._ B 2: baillé à besongner
aux.--_Ms._ B 12: occupé les.

P. 227, l. 17-18: s’enfuioient... mieux.--_Ms._ B 20: se mettoient tous
en fuite pour eulx sauver.

P. 227, l. 31: l’esforchassent.--_Mss._ A 7, B 5, 7: l’esfroissassent.

P. 228, l. 4: tint.--_Mss._ A 7, B 5, 7: prinst.

P. 228, l. 11: fist.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux mss._
A 2, B 1, 2.

P. 228, l. 11: fist commandement.--_Ms._ B 12: commanda.


§ =276.= P. 228, l. 17: et.--_Mss._ A 7, B 5, 7: pour.

P. 228, l. 17: recouvrer.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._ B 1,
2: retourner.--_Mss._ B 12, 20: garder.

P. 228, l. 18: entrèrent en... en.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7,
12, 20.

P. 228, l. 19: poursuivant.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12, 20: poursuivoient.

P. 228, l. 19: ennemis.--_Les mss._ A 7, B 5, 7, 12, 20 _ajoutent_:
vindrent le bon pas et entrèrent en la ville de Bruges avecques ceulx
de la ville proprement et.

P. 228, l. 26: la... volée.--_Mss._ B 12, 20: les feuillets de la porte
estoient [B 20 _ajoute_: boutez].

P. 228, l. 28: Bruges.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: qui là
estoient.

P. 228, l. 29: sauvés.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: se vous
pouez.

P. 229, l. 1: de.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: torses et.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: tortis et.

P. 229, l. 13: le.--_Manque aux mss._ A 2, 7, B 12, 20.

P. 229, l. 14: ruelle.--_Les mss._ A 2, 7, B 12, 20 _ajoutent_: les
falloz [B 20 _ajoute_: et tortis allumez].

P. 229, l. 28: Bruges.--_Les mss._ A 2, 7, B 5, 7 _ajoutent_: en leur
compaignie.

P. 229, l. 30: et... sauver.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 229, l. 30: estes tous ensonniés.--_Ms._ B 20: avrez bien à faire.

P. 229, l. 30: tous.--_Leçon du ms._ A 7.--_Manque au ms._ B 1.

P. 229, l. 30: tous... sauver.--_Ms._ B 2: en aventure de vous perdre.

P. 229, l. 31-32: issir... car.--_Leçon des mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12,
20.--_Mss._ B 1, 2: vous sauver et.

P. 230, l. 1: en sont seigneur.--_Mss._ B 12, 20: les ont saisies.

P. 230, l. 6: eshider.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et durement à esbahir,
comme cellui qui estoit en grant peril de mort.

P. 230, l. 10: qu’il.--_Ms._ B 20: comment il va, il.

P. 230, l. 12: scet.--_Ms._ A 7: se part.--_Mss._ B 5, 7: se departe.

P. 230, l. 14: les.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._ B 1: le.

P. 230, l. 14: les russiaux.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: les rues.

P. 230, l. 17-18: hoppelande.--_Ms._ B 12: robe.

P. 230, l. 24: grant.--_Les mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12 _ajoutent_: peril
et en grant.

P. 230, l. 25: car.--_Les mss._ A 7, B 5, 7, 12 _ajoutent_: se.

P. 230, l. 25: se.--_Leçon du ms._ B 2.--_Manque au ms._ B 1.


§ =277.= P. 231, l. 3: demucha.--_Mss._ A 7, B 5,7: dementa.--_Ms._
B 12: pourmena.

P. 231, l. 5: de necessité.--_Mss._ A 7, B 5, 7: dedens aucun hostel.

P. 231, l. 7: aloient.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: et entra.

P. 231, l. 9: manandries.--_Ms._ B 2: grans manoirs.--_Mss._ A 7, B 5,
7: palaiz.

P. 231, l. 11: tourbes.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: de marestz.--_Le ms._
B 12 _ajoute_: qui s’i ardoient.

P. 231, l. 12: tente.--_Mss._ A 7, B 5, 7: couste.

P. 231, l. 13: esconser.--_Ms._ A 2: eschaufer.--_Mss._ B 5, 7:
estouffer.--_Ms._ B 12: estoupper.

P. 231, l. 19: effreée.--_Ms._ B 1: effrée.

P. 231, l. 20: mais maintenant.--_Ms._ A 2: ainsi meschant que tu me
voiz.

P. 231, l. 20: repourre.--_Ms._ B 12: muchier.

P. 231, l. 29: boutés.--_Ms._ B 1: bouter.

P. 231, l. 30-31: Il... hostel.--_Ms._ B 2: et cependant la femme fist
son mesnage, comme elle avoit acoustumé.

P. 231, l. 30: fist.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et tandis la femme clooit
son huis.

P. 232, l. 3: l’estrain.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le feurre.

P. 232, l. 6: routoient.--_Ms._ A 2: partout serchoient, queroient et
aloient.

P. 232, l. 22: alons.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: hors de ceste maison
enfumée.

P. 232, l. 23: femme si.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: femme.--_Ms._ B 1:
se.--_Ms._ B 2: femme se.

P. 233, l. 2-3: la nuit... petitesse.--_Ms._ A 2: celle nuit après
qu’il se trouvoit hoste de la povre femme.

P. 233, l. 11: perseverèrent.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: en leur
entreprinse.


§ =278.= P. 233, l. 24: La... estoit.--_Mss._ A 7, B 7: L’enqueste
estoit sceue.--_Ms._ B 5: L’enqueste estoit semée.

P. 233, l. 24: La... jettée.--_Ms._ A 2: La buscherie fut courue sanz
espargnier que.

P. 233, l. 25: colletiers, vieswariers.--_Ms._ B 2: collecteurs,
frapiers.

P. 233, l. 25-26: vieswariers.--_Ms._ A 7: voirriers.--_Mss._ B 5, 7:
bourriers.--_Ms._ B 20: gaingniers.

P. 233, l. 26: poissonniers.--_Le ms._ B 12 _supprime_ colletiers,
vieswariers, _et ajoute_: coutelliers et guaïnniers.

P. 233, l. 30: il estoient.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7,
12.--_Manquent au ms._ B 1.

P. 234, l. 4: pillées.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: viollées.

P. 234, l. 7: heures.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._ B 1: heurent.

P. 234, 1. 10: conquest.--_Mss._ B 12, 20: leur vasselaige et
entreprinse.

P. 234, l. 13: esté.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: lors joingnirent les
aucuns les mains et plorèrent de joye et se assemblèrent.

P. 234, l. 22: hommes.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: ce que bien
faire pouoit.

P. 234, l. 26: ville.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: pour aller tenir
les bois.

P. 234, l. 29: ceulx... ne.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12,
20.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 234, l. 30: oïrent.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: ilz
recuillirent couraige et confort.

P. 234, l. 32: Anvaing.--_Ms._ A 2: Halluin.--_Mss._ A 7, B 12, 20:
Aubaing.--_Mss._ B 5, 7: Aubang.

P. 235, l. 4: quant... là.--_Mss._ B 12, 20: quant [B 20: lors que] la
matierre le requerra.


§ =279.= P. 235, l. 7: plus bellement.--_Ms._ A 2: mieux ne plus
courtoisement.

P. 235, l. 11: Bois.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: François Attremen.

P. 235, l. 25: repus.--_Ms._ B 2: mussé.--_Ms._ B 12: mucié.

P. 235, l. 31 à p. 236, l. 1: regardèrent.--_Ms._ B 2: regarda.

P. 236, l. 1: et Piètres dou Bos.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7,
12.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 236, l. 18: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ B 1, 2.

P. 236, l. 25: de cinc mil.--_Ms._ A 2: environ.VIIIm.

P. 236, l. 27: hommes.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: ou plus.

P. 236, l. 31: recorderons.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: orrés recorder.


§ =280.= P. 237, l. 6: hoppelande.--_Mss._ B 12, 20: robe.

P. 237, l. 11: allés.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et si estoit
nuyt [B 20: de nuit].

P. 237, l. 15: Marescaut.--_Ms._ B 2: Mareschal.

P. 237, l. 30: painel.--_Ms._ B 2: poitral.

P. 237, l. 32: se retrouvoient.--_Mss._ A 7, B 5, 7: s’en
retournoyent.--_Ms._ B 12: vindrent.

P. 238, l. 6: Guis.--_Ms._ B 12: Loys.

P. 238, l. 14: gentillesse.--_Ms._ B 12: son pareil.


§ =281.= P. 238, l. 19: tant.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: tous.

P. 238, l. 20: que... celles.--_Leçon du ms._ B 2.--_Ms._ A 2:
et ceulx.--_Ms._ A 7: de Gand et.--_Mss._ B 5, 7: de Flandres
et.--_Manquent aux mss._ B 1, 12, 20.

P. 238, l. 21: de l’eveschié.--_Mss._ B 12, 20: du pays.

P. 239, l. 1: n’amiroit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ne prisoit ne
amoit.--_Ms._ B 12: ne doubtoit.

P. 239, l. 4: li proverbes.--_Ms._ A 2: le notable.--_Mss._ B 5, 7: ce
notable.--_Ms._ B 12: le vocable.


§ =282.= P. 239, l. 26-27: cremeur et.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7,
12, 20.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 240, l. 5: service.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: obeïssance.

P. 240, l. 12: menestrés.--_Mss._ B 2, 5, 7: menestrelz.--_Ms._ B 12:
menestreulz.

P. 240, l. 28: charians, deus cens.--_Ms._ A 2: charios et.

P. 240, l. 29: draps.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: d’or, de soye, de lainne.

P. 240, l. 29: pennes.--_Ms._ B 20: d’or, de soye, de layne et
fourrures, toilles.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: toilles, tapiceries.

P. 241, l. 1: extimer.--_Ms._ A 7: esmer.


§ =283.= P. 241, l. 9-10: tant... l’onni.--_Mss._ B 12, 20: jusques à
ce que icelles [B 12: à tant que les] portes et murs seraient abatuz et
les fossez remplis et tout mis à rez des terres et tout à l’onnit.

P. 241, l. 10: tous.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: ruez jus par terre et.

P. 241, l. 16: tous.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: en genoulx.

P. 241, l. 18: d’oultre.--_Leçon des mss._ B 5, 7.--_Ms._ A 7:
oultre.--_Ms._ B 12: oultre la ville.--oultre _manque aux mss._ B 1, 2.

P. 241, l. 19: Furnes.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: de Bourbourg.

P. 241, l. 19: Propringhe.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et de Bourbourc.

P. 241, l. 24: cinc.--_Ms._ A 2:.VI.

P. 242, l. 1: tout.--_Ms._ A 2: tous ceulx et celles.

P. 242, l. 8: d’un.--_Leçon des mss._ B 5, 7.--_Ms._ B 1: du.

P. 242, l. 8: varlet, fils d’un.--_Ms._ A 2: garçon, fils d’un villain.


§ =284.= P. 242, l. 17-18: si... et.--_Ms._ A 7: et.--_Mss._ B 5, 7: il.

P. 242, l. 21: et disoit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: si grandement en fut
courrouciez et.

P. 242, l. 27: parti.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: et s’en ala.

P. 242, l. 30: fu.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: adonc à ce retour.

P. 243, l. 2: foison de.--_Ms._ B 20: quantité et l’estimation et
valleur des.

P. 243, l. 6: vins.--_Ms._ B 12: lot de vin.

P. 243, l. 7: deux.--_Ms._ A 2:.IIII.

P. 243, l. 15: et.--_Leçon des mss._ B 5, 7, 12.--_Manque aux mss._
A 7, B 1, 2.

P. 243, l. 16: la mise très grande.--_Ms._ B 12: ses revenues moult
grandes.

P. 243, l. 17: sanguines.--_Ms._ B 20: très riches draps.

P. 243, l. 18: d’escarlattes.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et de draps de
soye et d’argent.

P. 243, l. 21: damoiseiles.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: de Gand.


§ =285.= P. 243, l. 28: à muser.--_Ms._ A 7: advisier.--_Mss._ B 5, 7:
aviser.

P. 244, l. 5: reviendra.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: l’amour et.

P. 244, l. 7: en mariage.--_Manquent aux mss._ A 2, 7, B 5, 7.--_Ms._
B 12: à femme et à espeuse.

P. 244, l. 11-16: ensi... si.--_Ms._ B 12: ce jeune roy, s’il a grant
desir et voulenté de soy faire renommer en armes, il.

P. 244, l. 16: croira.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le traira à ce faire.

P. 244, l. 22: Flandres.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: par conquest.--_Les
mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: par quelconques [B 5, 7: quelque] manière.

P. 244, l. 24: comment.--_Les mss._ B 5, 7 _ajoutent_: se ce ne fust
son oncle.

P. 244, l. 25 et p. 245, l. 1: ces.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7,
12.--_Ms._ B 1: ses.

P. 244, l. 32: besoingne.--_Ms._ B 12: journée.

P. 245, l. 8: cappitaine.--_Ms._ A 2: cap. souverain.--_Mss._ A 7, B 5,
7: cap. et souverain.--_Ms._ B 12: souverain cap.--_Ms._ B 20: cap. et
le souverain.

P. 245, l. 10: sonniés.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Ms._ B 1:
sonnier.--_Ms._ B 2: pensez.

P. 245, l. 17: paine.--_Mss._ A 7, B 5, 7: charge.

P. 245, l. 18: songne.--_Mss._ A 7, B 5, 7: deffaulte.--_Ms._ B 12:
faulte.

P. 245, l. 18-19: Je... contes.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12, 20: Daniel,
dist [B 20: respondy] le conte, de tout ce [A 7, B 5, 7: de ce] sui
je tout [B 12: suiz bien] reconfortés [A 7: confortés].--_Le ms._ A 2
_ajoute_: et pour ce vous y ai je commis.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et
bien le sçay que ensi ferrez.


§ =286.= P. 245, l. 20 à p. 246, l. 11.--_Le paragraphe entier manque
aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 245, l. 25: dis et setime.--_Ms._ A 2:.XXVIe.--_Mss._ B 12,
20:.XXVIIe.

P. 245, l. 27-28: vous... istoire.--_Ms._ B 12: cy après sera racompté
au long.

P. 245, l. 30 à p. 246, l. 11: messires... besoingna.--_Manquent au
ms._ A 2.

P. 245, l. 31: de Helle.--_Mss._ B 12, 20: d’Ele.

P. 246, l. 2: Gerars.--_Ms._ B 2: Gars.--_Ms._ B 12: Gerart.

P. 246, l. 3: Enguerrammet.--_Ms._ B 2: Enguerrant.--_Ms._ B 12:
Engramet.

P. 246, l. 4: Hanghenardin.--_Manque aux mss._ B 12, 20.


§ =287.= P. 246, l. 14: et de pourveances.--_Ms._ B 12: et
d’artillerie.--_Ms._ B 20: à cheval et à pié, et de vivres et
d’artillerie.

P. 246, l. 17: et deshonneur.--_Leçon du ms._ B 7.--_Mss._ A 7, B 1, 2,
5: et honneur.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 246, l. 22: nuevime.--_Mss._ B 5, 7:.Xe.

P. 246, l. 31: paieroit.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Mss._
B 1, 2: payoit.

P. 246, l. 31 à p. 247, l. 1: si... povre.--_Leçon des mss._ A 7, B 5,
7 [B 5, 7: et p.].--_Ms._ B 1: se portoit li roi des li povrez.--_Ms._
B 2: le fort portant le feble.--_Ms._ B 12: et le riche porteroit le f.

P. 247, l. 1: taille.--_Ms._ B 12: responce.

P. 247, l. 2-3: nulle n’estoit.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 12.--_Mss._
B 1, 5, 7: nulles n’estoient.

P. 247, l. 6: à siège.--_Ms._ B 1: assiège.

P. 247, l. 9: et.--_Leçon du ms._ B 2.--_Manque au ms._ B 1.

P. 247, l. 15: fromages.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: eufs, prunes, poires,
pommes.

P. 247, l. 18: garnaces.--_Ms._ B 12: grenade.


§ =288.= P. 248, l. 1: anchiennes.--_Mss._ A 2, B 5, 7: autres menues.

P. 248, l. 3: ville.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui n’avoient de quoy
vivre.

P. 248, l. 6: issues.--_Ms._ B 12: saillies.

P. 248, l. 9: Lambrot.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Lambers.--_Mss._ B 12, 20:
Lambert.

P. 248, l. 16: de leurs gens.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7,
12.--_Manquent aux mss._ B 1, 2.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et les
dommageroit trop grandement.

P. 248, l. 25: pois de bée.--_Ms._ A 2: piez de lé.

P. 248, l. 25: bée.--_Mss._ A 7, B 5, 7: long.

P. 248, l. 27: l’ooit.--_Ms._ B 12: ouoit le bondissement.

P. 248, l. 32: croiseules.--_Ms._ A 2: quintaulx.--_Mss._ A 7, B 5:
croysseulx.--_Ms._ B 2: croiseures.--_Ms._ B 7: croisseaulx.--_Mss._
B 12, 20: croisuès.

P. 248, l. 32: de cuivre tout boulant.--_Ms._ A 2: pesant.--_Mss._
B 12, 20: de cuivre tous rouges et tous embrasez et tous bouillans.

P. 249, l. 2: moutons.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: de bricolles [B
20 _ajoute_: et d’autres].

P. 249, l. 6: quatre.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: foiz.


§ =289.= P. 249, l. 14: routier.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: et guieliers.

P. 249, l. 18: conte.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: seant à demy
lieue de Bruges.

P. 249, l. 19: repos.--_Ms._ B 2: berceau.

P. 249, l. 20: cuvelette.--_Mss._ A 7, B 5, 7: cuve.

P. 249, l. 23: Bruges.--_Avec ce mot recommence le texte du ms._ A 1;
_cf. plus haut_ p. 223, l. 13.

P. 249, l. 24: et.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: leur sceurent
bon gré.

P. 249, l. 25: il leur.--_Leçon des mss._ B 12, 20.--_Mss._ A 7, B 5,
7: et leur.--leur _manque aux mss._ A 1, B 1, 2.

P. 249, l. 27: routier.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: bomules et termulons et
tacriers.

P. 249, l. 27: rafresqui.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: à Bruges.--_Le
ms._ B 12 _ajoute_: en Bruges.

P. 250, l. 1: Adont... Lille.--_Ms._ B 12: Et ilz s’en vindrent devant
Lille.

P. 250, l. 1: s’armèrent.--_Ms._ B 1: se arrivèrent.

P. 250, l. 21: convenroit.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2.--_Mss._ A 1,
B 5, 7: convenoit.--_Ms._ B 12: fauldroit encores.


§ =290.= P. 250, l. 28: Si.--_Leçon des mss._ B 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1,
2: Se.--_Ms._ A 7: Ce.--_Ms._ B 12: Où.

P. 250, l. 28: recordé.--_Ms._ B 2: relaté.--_Ms._ B 12: raconté.

P. 251, l. 1: d’argent.--_Ms._ A 2: de fin argent bien dorez.

P. 251, l. 3: aportée.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, 7:
aporté.

P. 251, l. 4: ris.--_Ms._ B 1: espas.--_Ms._ B 2: risées.--_Mss._ B 12,
20: mocqueries.

P. 251, l. 4: ce.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1:
se.--_Ms._ B 12: tout ce.

P. 251, l. 12: remonstrer.--_Mss._ B 2, 12: remonstreroit.

P. 251, l. 13 _et plus loin_: Hesdin.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5,
7, 12.--_Ms._ A 1: Hedin.

P. 251, l. 17: morte.--_Ms._ B 12: allé de vie à trespas.

P. 251, l. 21-22: de vos mescances.--_Leçon du ms._ B 1.--_Ms._
A 1: mescances.--_Ms._ A 2: et restauré.--_Ms._ B 2: de vos
meshaings.--_Ms._ B 12: de voz mesadventures.--_Manquent aux mss._ A 7,
B 5, 7.

P. 251, l. 27: sainte.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7, 12: toute.

P. 251, l. 32: ostagiers.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7,
B 5, 7, 20: estragniers.--_Ms._ A 2: comme ostagiers.--_Ms._ B 12:
prisonniers.

P. 252, l. 3: à.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.


§ =291.= P. 252, l. 12: oubli.--_Ms._ B 12: non chaloir.

P. 252, l. 16: Viane.--_Ms._ B 12: Brenne.

P. 252, l. 25: oncles.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: ce que il en
sçavoit.

P. 252, l. 28: paine.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: d’estre
maistres et.

P. 252, l. 31: dou.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: roy et de son.

P. 253, l. 2: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque au ms._
A 1.--je et vous _manquent aux mss._ B 1, 2.

P. 253, l. 4: esmouvoir.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: en.--_Le ms._
B 12 _ajoute_: contre.

P. 253, l. 20 à p. 255, l. 2: personnellement... present
vous.--_Manquent aux mss._ B 12, 20, _par suite d’un bourdon de
copiste._

P. 253, l. 21: Flandres.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui vous doit
appartenir à cause de belle seur, vostre femme.

P. 253, l. 22: verrons.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
venrons.

P. 253, l. 30: conseil.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: Dites le moy, je
vous pry.

P. 254, l. 13: raquerir.--_Mss._ A 7, B 5, 7: reconquerir.

P. 254, l. 18: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ A 1: Se.

P. 255, l. 3: parlés.--_Ms._ B 12: parlerons.

P. 255, l. 4: dirons.--_Mss._ B 1, 2: diront.

P. 255, l. 5: volenté.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: Si en parlèrent au roy
eulz deux et lui dirent touttes ces paroles, lequel respondit.

P. 255, l. 6: dematin.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: demain.

P. 255, l. 21-22: acomplir son plaisir.--_Leçon du ms._ F 1.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2, 7, 9, B 1, 2, 5, 7, 12, 15, 16.

P. 255, l. 23: que.--_Ms._ B 2: fault il.--_Le ms._ A 2 _ajoute_:
valent.

P. 255, l. 23: tant... on.--_Ms._ B 12: vous faittes de longs parlemens
et traittiez qui riens ne vallent.

P. 255, l. 23: tenoit on.--_Manquent aux mss._ A 2, 7, B 1, 2, 5, 7.

P. 255, l. 30: gengloit.--_Ms._ B 12: esbatoit.

P. 256, l. 1: recorder.--_Mss._ A 7, B 5, 7: compter.


§ =292.= P. 256, l. 12: pelerin.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: moult bien
affaitié.

P. 257, l. 13: ample.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: bosquet et puis
trouvèrent une belle.

P. 257, l. 23: douse rains et à elles.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._
A 2: moult doucement ailles.--_Mss._ B 5, 7: douze elles.--_Mss._ B 12,
20: douse branches.--rains _manque aux mss._ A 1, 7.

P. 257, l. 26: cerf.--_Manque aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 258, l. 2: abatoit.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: et versoit.

P. 258, l. 9: longnes.--_Mss._ B 5, 7: ongles.

P. 258, l. 14: cers.--_Mss._ B 1, 2: rois.

P. 258, l. 28: prochain.--_Les mss._ B 1, 2, 5, 12 _ajoutent_: de.

P. 258, l. 30: premiers.--_Mss._ A 7, B 2, 5, 7, 12: premières.

P. 259, l. 4: d’Audenarde.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et comment ilz s’i
maintindrent.


§ =293.= P. 259, l. 8: desconfire... Bruges.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
desconfiture sus le conte faytte.

P. 259, l. 18: portoient.--_Mss._ B 5, 7, 12: portèrent.

P. 259, l. 19: de belles.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Manquent
au ms._ A 1.

P. 259, l. 19-20: de belles... escarmuchier.--_Mss._ A 7, B 5, 7: des
escarmuches.

P. 259, l. 24: Lieureghien.--_Ms._ A 1: Luueghien; cf. p. 245, l. 30-31.

P. 259, l. 26: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
se.--_Ms._ B 2: et.

P. 259, l. 26: pooit on.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1:
pooit.--_Mss._ A 7, B 5, 7, 12: pooyent.

P. 259, l. 29: fagos.--_Mss._ B 5, 7: feurre.

P. 260, l. 1: lontains et prochains.--_Ms._ B 1: lonc temps.--_Ms._
B 2: par lonc temps.

P. 260, l. 2: fagoter.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: et à loyer.

P. 260, l. 3: moies.--_Ms._ A 2: grans monceaulz.

P. 260, l. 7-8: et de ce trait.--_Mss._ A 7, B 5, 7: et pour
tant.--_Mss._ B 1, 2: et de ce fait.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 260, l. 10: n’avoient.--_Les mss._ A 1, 7 _ajoutent_: ne.

P. 260, l. 11: nul.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._ A 1, 7:
nulle.--_Mss._ B 5, 7: nulz.--_Manque au ms._ B 12.

P. 260, l. 23: pour.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: la convoitise
de.

P. 261, l. 1: gages.--_Mss._ A 7, B 5, 7: garnison.

P. 261, l. 2-3: desquels... bien.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lesquels
archiers estoient.


§ =294.= P. 261, l. 7: païs.--_Mss._ B 1, 2: conté.

P. 261, l. 13: à.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 261, l. 23: et.--_Ms._ B 20: et ainsi fut fait, car.

P. 261, l. 23-24: et... prison.--_Mss._ A 7, B 7: aussy fut il.--_Ms._
B 5: ainsi fist il.

P. 261, l. 24: lors... prison.--_Mss._ B 1, 2: le fu.

P. 262, l. 1: fortefiier... Engletière.--_Mss._ A 7, B 5, 7: alier aux
Angloys.

P. 262, l. 1: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
se.

P. 262, l. 1: poront.--_Mss._ A 7, B 1, 12: porroit.--_Mss._ B 2, 5, 7:
pourra.

P. 262, l. 6: certes nenil.--_Ms._ B 12: à la verité dire, il fault
bien croire que non.--_Ms._ B 20: à la verité il fault dire que non
fera.

P. 262, l. 16 et 17: il.--_Ms._ A 1: ilz.

P. 262, l. 22: estant.--_Mss._ B 1, 2: seant.

P. 263, l. 9: Si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
Se.

P. 263, l. 13: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
se.

P. 263, l. 14: Flandres.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: nostre adversaire.


§ =295.= P. 263, l. 21: d’Artevelle.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_:
après celle conclusion.

P. 263, l. 25: Il sambla.--_Mss._ B 1, 2: se il semble.

P. 263, l. 29: Vorde.--_Ms._ A 7: Verde.--_Mss._ B 5, 7:
Verdelle.--_Mss._ B 12, 20: Borde.

P. 263, l. 29-31: sire... clers.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 263, l. 30: Vandreware.--_Ms._ B 7: Voutre Wautre.--_Ms._ B 7:
Voutre Waere.--_Ms._ B 12: Wondenare.

P. 263, l. 30: Brouère.--_Ms._ B 12: Brauwère.

P. 264, l. 4: qui.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: fruis aroit et.

P. 264, l. 5-11: mais en ce... linage.--_Manquent aux mss._ A 7, 9,
B 5, 7.

P. 264, l. 6-8: Or estoit... avoecques.--_Ms._ B 12: Or estoit retenu
pour clerc de la ville de Gand et s’en alla cellui avecq.

P. 264, l. 7-8: qui... et cil.--_Mss._ B 15, 16: et cellui.

P. 264, l. 8: Baude Quintin.--_Leçon du ms._ B 2.--_Blanc dans les
mss._ A 1, B 1, 20.--_Ms._ A 2: Hewart de Sueskes.

P. 264, l. 11: douse.--_Mss._ B 1, 2, 20:.XVIII.

P. 264, l. 18: d’Ewrues.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de Wernes.--_Ms._ A 2: de
Broes.

P. 264, l. 20: pasagières.--_Leçon des mss._ A 7, B 2.--_Ms._ A 1:
pasagière.--_Mss._ B 1, 5, 7: passagiers.

P. 264, l. 21-22: Quant... volenté.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Sy montèrent
sur mer.

P. 264, l. 22: vent à.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Manquent au
ms._ A 1.

P. 265, l. 4: faire ent.--_Ms._ A 1: fairent.

P. 265, l. 12 et 13: Thumas.--_Ms._ B 12: Jehan.

P. 265, 1. 17: Frans.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12: François.

P. 265, l. 20: Richart et.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: son père.

P. 265, l. 22: estoit bien merités.--_Ms._ B 5: avoit bien
merité.--_Ms._ B 12: estoit bien digne.


§ =296.= P. 265, l. 30: ensieuant.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: qui est
jeunes et a bon commencement de valoir un homme d’armes.

P. 266, l. 8: messires... senescaulx.--_Mss._ A 7, B 5, 7: le senescal.

P. 266, l. 10: posession.--_Mss._ A 7, B 5, 7: saysine.

P. 266, l. 17: en p.--_Ms._ A 2: en saisine et p.

P. 266, l. 23: Perducet... Perducet.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._
A 1, 2, 7, B 20: Berduc... Berducet.--_Mss._ B 5, 7: Perduch... Perduch.

P. 266, l. 28: ne te... efforcent.--_Ms._ B 12: ne te la font ou font
faire.

P. 267, l. 1: et.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: meneur.


§ =297.= P. 267, l. 3: cil Gantois.--_Mss._ B 12, 20: iceulx
ambassadeurs flamens.

P. 267, l. 16: signeur.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: et mi amy.

P. 267, l. 21: les.--_Leçon des mss._ F 1, A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 1: le.--_Ms._ B 12: icelles.

P. 268, l. 2: escus.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: d’or.

P. 268, l. 8: dit.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ditte.

P. 268, l. 17: responderons.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: respondera.

P. 268, l. 18: devera... souffire.--_Mss._ A 7, B 5, 7: en devrez tenir
pour contemps.

P. 268, l. 22: oï ces Flamens et.--_Mss._ A 7, B 5, 7: veuz ces Flamens
et ouyes.

P. 268, 1. 24: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Mss._ A 1, B 1:
se.

P. 268, l. 26: si aiderons.--_Ms._ B 12: aidons.

P. 268, l. 31: du.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12.--_Manque au ms._ A 1.

P. 269, l. 3: escus.--_Ms._ B 20: vieulz escus.--_Le ms._ A 2 _ajoute_:
et.--_Les mss._ A 7, B 5, 7 _ajoutent_: de.

P. 269, l. 5: sus Flandres.--_Ms._ B 20: guerroier les Flamens.

P. 269, l. 14-15: sicom... l’istore.--_Ms._ B 12: comme cy après sera
tout au long declairé.


§ =298.= P. 269, l. 26: Phelippe d’Artevelle.--_Mss._ B 1, 2: que P.
d’A. avoit envoié.

P. 269, l. 27: prison.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: à Senlis.

P. 269, l. 29: li os.--_Ms._ B 20: le siège des Flamens.

P. 270, l. 14-15: en... tenoient.--_Ms._ A 2: ceulx qu’il tenoient à
Tournay en hostaige.

P. 270, l. 16: Pietart.--_Leçon des mss._ F 1, B 1, 2; _cf._ p. 273, l.
18.--_Mss._ A 1, 2, 7, B 5, 7: Picart.--_Ms._ B 12: Pietaert.

P. 270, l. 22: envoié.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 7.--_Ms._ A 1:
envoiez.--_Ms._ B 1: envoier.

P. 270, l. 28: bonnes gens.--_Mss._ B 1, 2: bourgois.

P. 271, l. 5: que.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: tout incontinent.

P. 271, l. 17: venroient.--_Mss._ B 5, 7: venront.

P. 271, l. 17: demorroient.--_Leçon des mss._ A 7, B 12, 20.--_Ms._
A 1: demoroient.--_Mss._ B 5, 7: demorront.

P. 271, l. 21: i vont.--_Mss._ B 1, 2: vont en France ne en Tournesis.

P. 271, l. 21: les.--_Leçon des mss._ F 1, B 1, 2, 12, 20.--_Ms._ A 1:
leur.

P. 272, l. 1: Courtrai.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 12, 20.--_Mss._
A 1, B 5, 7: Tournay.

P. 272, l. 4: avoir.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manque aux
mss._ A 1, B 1, 2.

P. 272, l. 8: toute.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: la conté de.--_Le
ms._ B 12 _ajoute_: le pays de.


§ =299.= P. 272, l. 14: quariaux.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Mss._
A 1, 7, B 5, 7: canons.--_Ms._ A 2: cailloux.--_Ms._ B 12: pières.

P. 272, l. 14: noise.--_Ms._ B 12: bondissement.--_Le ms._ B 20
_ajoute_: et tel bombissement.

P. 272, l. 15: sis.--_Ms._ A 2:.VII.

P. 273, l. 2-3: uns... veus.--_Ms._ B 2: ne s’en feust pas volé ung
oisel d’Audenarde que on ne l’eust apperceu.

P. 273, l. 2: volast.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 5, 7, 12.--_Ms._ A 1:
volost.

P. 273, l. 3: bien.--_Ms._ B 20: serréement.


§ =300.= P. 273, l. 11: Milles.--_Ms._ B 20: Gilles.

P. 273, l. 13: Honcourt.--_Ms._ B 12: Haulcourt.

P. 273, l. 18: Pietars.--_Ms._ A 2: le Picart.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
Picart.

P. 273, l. 23: commissaire.--_Ms._ A 1: commissaires; _cf._ p. 274, l.
1.

P. 273, l. 24: beubant.--_Ms._ B 20: presumption.

P. 274, l. 3-4: Si... enssi.--_Ms._ B 12: Et estoient en telle manière.


§ =301.= P. 274, l. 5: A.--_Manque aux mss._ A 7, B 1, 5, 7, 12.

P. 274, l. 8: li rois nostres sires.--_Ms._ B 12: le royaume de France.

P. 274, l. 9: espèce.--_Ms._ A 2: esperance.

P. 274, l. 12: renommée.--_Ms._ A 1: renommé.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
commune renommée.

P. 274, l. 20: response de vostre.--_Mss._ B 1, 2: vostre response et.


§ =302.= P. 274, l. 24: cose.--_Ms._ B 12: matière.

P. 275, l. 16: estoient.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: commis de par
Phelippe d’Artevelle et Piètre du Bois.

P. 275, l. 20: busia.--_Ms._ A 2: visa.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
musa.--_Ms._ B 2: songa.--_Ms._ B 12: pensa.

P. 275, l. 21: besongnes.--_Mss._ A 7, B 5, 7: lettres.

P. 275, l. 24: discrés.--_Mss._ B 1, 2: poissans.--_Ms._ B 12: dignes.

P. 275, l. 25: France.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: dont la teneur
s’ensieut.


§ =303.= P. 276, l. 2: conseil.--_Leçon des mss._ B 5, 7.--_Mss._ A 1,
7, B 1, 20: plaisir.--_Ms._ B 2: pays.

P. 276, l. 3: plaisance.--_Ms._ B 12: voulenté.

P. 276, l. 9-11: fu... quant.--_Ms._ B 12: fist paix au conte qu’on dit
d’Audenarde, le conte tint de nulle valeur.

P. 276, l. 19-22: mais il... nous.--Voy. p. LXXV, note 408.

P. 276, l. 20: avons.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: nulle.

P. 276, l. 21: au.--_Ms._ A 2: à nul.

P. 276, l. 25: fremées.--_Ms._ A 1: fremée.

P. 277, l. 4: après.--_Ms._ A 2: tout prests et.--_Ms._ B 12: aprins et.

P. 277, l. 5: ses.--_Mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7: noz.

P. 277, l. 15: enssi.--_Manque aux mss._ B 1, 2, 5, 7.--_Ms._ B 12:
suppliant.

P. 277, l. 19: et fait.--_Leçon du ms._ F 1.--_Manquent aux mss._ A 1,
7.--_Mss._ B 1, 2: et.

P. 277, l. 19: et fait à blasmer.--_Manquent aux mss._ B 5, 7, 12.

P. 277, l. 24-25: à qui... avons.--_Ms._ B 12: car la matière nous
touchoit.

P. 277, l. 32 à p. 278, l. 1: et à Ippre.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5,
12.--_Manquent aux mss._ A 1, 7, B 7.

P. 278, l. 12: deus.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: et ainsi soubz escript.


§ =304.= P. 278, l. 15: si.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2.--_Ms._ A 1:
se.--_Mss._ B 5, 7: il.--_Ms._ B 12: bien.

P. 278, l. 17: à.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manque aux mss._
A 1, B 1, 2.

P. 278, l. 18-19: apartenans.--_Ms._ A 1: apatenans.

P. 278, l. 26: Gerart.--_Ms._ A 1: Grart.--_Ms._ B 12: Jehan.

P. 279, l. 1: es chi.--_Ms._ B 12: en es issy.

P. 279, l. 7: morir.--_Ms._ B 12: estre venu à sa fin.

P. 279, l. 11: convoiier.--_Ms._ A 2: conduire et mener.

P. 279, l. 23: aporté.--_Ms._ B 12: promis apporter.

P. 280, l. 2-3: il se... Bruges.--_Ms._ B 12: et ce quant les Brugelins
et le conte furent desconfiz.

P. 280, l. 3-4: Quel... faire.--_Ms._ B 20: Lorsque le conte et les
Bruguelins furent desconfis: «Que vous semble il que sur ce nous avons
à faire,» ce dirent ilz.

P. 280, l. 10-11: Chils... Tournai.--_Mss._ A 7, B 5, 7: On.

P. 280, l. 11: les prevos.--_Ms._ B 12: le conseil.

P. 280, l. 11-12: et jurés.--_Leçon des mss._ F 1, B 12, 20.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2, 7, B 1, 2, 5, 7.

P. 280, l. 17: demorroit.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 5, 7, 12.--_Mss._
A 1, 7: demoroient.


§ =305.= P. 280, l. 24: Audenarde.--_Ms._ B 20: la bonne d’A.

P. 280, l. 25: ce.--_Mss._ B 1, 2: ce que.

P. 280, l. 25: poindanment.--_Ms._ B 12: irreveranment.

P. 280, l. 28: parellement ou plus doucement.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
amyablement ou plus encore assez.

P. 281, l. 1: poroit.--_Ms._ B 12: portoit.


§ =306.= P. 281, l. 10: pour.--_Les mss._ B 1, 2, 12 _ajoutent_: les.

P. 281, l. 10-11: pour... prison.--_Ms._ F 1: pour mettre hors.

P. 281, l. 12: perseverra.--_Leçon des mss._ A 7, B 2, 5, 12.--_Mss._
A 1, B 1, 7: persevera.

P. 281, l. 13: commun païx.--_Ms._ A 2: bon commun.

P. 281, l. 26-27: tant... et.--_Ms._ B 12: de vray tant.

P. 282, l. 18: troisime.--_Mss._ B 12, 20: quatrime.


§ =307.= P. 282, l. 21: chief.--_Ms._ A 2: bout.

P. 282, l. 26: Gand.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Manque au ms._ A 1.

P. 282, l. 26: de Gand.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.--_Mss._ B 12,
20: dessus l’Escaut.

P. 282, l. 30: provos et jurés.--_Mss._ A 7, B 5, 7: ceulx.

P. 283, l. 2: calandisse.--_Ms._ B 12: marchandise.

P. 283, l. 12: parolles.--_Ms._ A 1: parolle.

P. 283, l. 15: demorront.--_Ms._ A 1: demoront.

P. 283, l. 16-17: que par... perseverroient.--_Mss._ B1, 2: de par Dieu.

P. 283, l. 17: perseverroient.--_Ms._ A 1: perseveroient.


§ =308.= P. 283, l. 23: venus.--_Les mss._ B 12, 20 _ajoutent_: à
Peronne en Vermendois.

P. 283, l. 27-28: Si... d’Artois.--_Mss._ A 7, B 5, 7: depuis la mort
de.

P. 284, l. 4: Flandres.--_Ms._ B 20: France.

P. 284, l. 4 à p. 287, l. 9: ne à... dou siège.--_Feuillet déplacé dans
le ms._ B 20.

P. 284, l. 6: che fu raisons.--_Ms._ B 12: comme il fait bien à croire.

P. 284, l. 13: lettres seellées.--_Leçon du ms._ F 1.--_Mss._ A 1, 2:
seeléez.--_Mss._ B 1, 2, 12: seelés.

P. 284, l. 14: trop fourfait.--_Ms._ A 2: ont trop avant erré et fait.

P. 284, l. 27: se contempta moult.--_Ms._ B 12: fut assez content.

P. 285, l. 3: venist.--_Mss._ B 12, 20: chevauchast.

P. 285, l. 10: Bretaigne.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: d’Anjou et du Maine.

P. 285, l. 13: et chaingles.--_Mss._ A 2, 7, B 5, 7: et
angles.--_Manquent au ms._ B 12.

P. 285, l. 13-14: dou roiaume.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Ms._
A 1: dou roi.--_Manquent aux mss._ A 7, B 5, 7.

P. 285, l. 15: Artois.--_Mss._ A 7, B 5, 7: Arras et Artois.

P. 285, l. 15: li amas.--_Mss._ A 7, B 5, 7: l’assemblée.


§ =309.= P. 285, l. 18-19: Hesdin.--_Ms._ A 1: Hedin.

P. 285, l. 27: aplouvoient.--_Ms._ B 5: habondoyent.

P. 286, l. 11: n’aront.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: n’aroit.

P. 286, l. 11: cure ne.--_Manquent au ms._ A 2.

P. 286, l. 11: ne relever.--_Manquent aux mss._ A 2, 7, B 1, 2, 5, 7,
12.

P. 286, l. 13: aquerrés.--_Ms._ A 1: aquerés.

P. 286, l. 15: moult.--_Ms._ B 12: et la presumption est trop
oultrageuse et trop.


§ =310.= P. 286, l. 17: au siège.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7,
12.--_Manquent aux mss._ A 1, B 1, 2.

P. 286, l. 22: Il.--_Ms._ A 2: Certes ce roy.

P. 287, l. 1: demorrés.--_Ms._ A 1: demorés.

P. 287, l. 3-5: rafresquirai... encoragier.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
encourageray.

P. 287, l. 9: siège et.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: monta à cheval et.

P. 287, l. 12: portoit.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: le champ.

P. 287, l. 12: trois.--_Ms._ A 2:.IIII.

P. 287, l. 19: pas à.--_Ms._ A 2: pont de.

P. 287, l. 21: pont.--_Ms._ A 1: point.

P. 287, l. 24: Menreville.--_Ms._ B 12: Merville.

P. 287, l. 24: Courtrai.--_Ms._ A 2: Tournay.

P. 287, l. 28: par une unité.--_Ms._ A 2: par grant amour et
unité.--_Mss._ B 1, 2: par bonne unité.--_Ms._ B 7: par unité.--_Ms._
B 12: par une vraye unité.

P. 288, l. 1: vont.--_Ms._ B 20: prendent ung long tour en chevauchant.

P. 288, l. 4: crolières.--_Ms._ B 12: mollières.

P. 288, l. 4: poroient.--_Mss._ B 1, 2, 12: porront.

P. 288, l. 5-6: il fait fresc.--_Mss._ B 12, 20: le temps est pluvieux.

P. 288, l. 15: porte.--_Ms._ B 1: portent.--_Ms._ B 12: puisse porter.

P. 288, l. 15-16: porte point de contraire.--_Ms._ B 2: facent point de
dommage.


§ =311.= P. 289, l. 1: deux.--_Mss._ B 12, 20: trois.

P. 289, l. 3: et l’estourmirent.--_Ms._ B 12: et les
espoentèrent.--_Ms._ B 20: tant qu’ilz la effarouchèrent.

P. 289, l. 8: à herlle.--_Ms._ A 7: à harle.--_Ms._ B 12: à
vollée.--_Manquent aux mss._ B 5, 7.

P. 289, l. 8-10: li... Menin.--_Ms._ B 12: la noise et la tempeste
venoit de la ville de Menin.

P. 289, l. 9: s’asamblèrent.--_Leçon des mss._ B 1, 2.--_Ms._ A 1:
samblèrent.

P. 289, l. 22: ces païssans.--_Mss._ A 2, B 20: Flamens.

P. 289, l. 30: et... huer.--_Ms._ B 20: puis se prindrent à jetter ung
cri.

P. 289, l. 32: par malisse.--_Mss._ B 12, 20: par [B 20: à] cautelle.

P. 290, l. 3: Halses.--_Ms._ A 1: Halse.

P. 290, l. 5: fièrent.--_Ms._ B 12: ferirent.

P. 290, l. 11: enrasquiés.--_Ms._ A 2: entrappez.--_Mss._ A 7, B 5, 7:
trebuchiez.--_Manque au ms._ B 12.

P. 290, l. 12: maistres.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: ossi.

P. 290, l. 17: rescoure.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Ms._
A 1: rescours.

P. 290, l. 18: encauchoient.--_Ms._ A 2: couroient de leurs piques.

P. 290, l. 20: et.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7.--_Manque au
ms._ A 1.

P. 290, l. 26: rencontre.--_Mss._ B 1, 2, 12: retour.

P. 290, l. 27: Bouchars.--_Leçon des mss._ B 2, 12.--_Mss._ F 1, A 1,
B 1, 20: Boulehars.--_Mss._ A 7, B 5, 7: de Boulehars et.

P. 290, l. 29-30: cil tout ewireux.--_Ms._ B 12: estoient moult eureux
ceulx.

P. 291, l. 3: furent.--_Le ms._ B 20 _ajoute_: des mors.

P. 291, l. 5: folle emprisse.--_Mss._ A 7, B 5, 7: follie.

P. 291, l. 6: ville.--_Ms._ B 12: lieue.

P. 291, l. 8: garder.--_Leçon des mss._ A 7, B 1, 2, 5, 7, 12.--_Ms._
A 1: gardet.

P. 291, l. 11: outrequidiet... chevauchiet.--_Ms._ A 2: outrequidier
leur est monté es testes de ainsi.


§ =312.= P. 291, l. 13: Cheste cose.--_Ms._ B 12: Cestui meschief.

P. 291, l. 16: vint.--_Les mss._ B 1, 2 _ajoutent_: au pas.

P. 291, l. 19: estre.--_Mss._ B 1, 2, 12, 20: oster.

P. 291, l. 19: deffait.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7.--_Manque aux
mss._ A 1, 2, B 1, 2, 12, 20.

P. 291, l. 29: perdu.--_Ms._ B 20: eu contre eulx.

P. 291, l. 30: atrappés.--_Le ms._ A 2 _ajoute_: mais toutesvoies par
grant appertise il s’estoit sauvé.

P. 292, l. 10: eux destruire.--_Ms._ B 12: les confondre.

P. 292, l. 13: dou Lis.--_Leçon des mss._ A 7, B 5, 7, 12.--_Manquent
aux mss._ A 1, 2, B 1, 2, 20.

P. 292, l. 17: sus.--_Ms._ A 1: sous.--_Mss._ A 2, B 20: soubz.--_Mss._
A 7, B 5, 7: dessus.--_Ms._ B 12: sur.--sus la rivière _manquent aux
mss._ B 1, 2.

P. 292, l. 24: heriier.--_Ms._ B 12: travillier.

P. 292, l. 26: demorra.--_Ms._ A 1: demora.

P. 292, l. 31: lièvent.--_Leçon des mss._ B 1, 2, 12, 20.--_Ms._ A 1:
liement.--_Mss._ A 7, B 5, 7: liéement lièvent.

P. 292, l. 32: segnefiant.--_Ms._ A 2: signifiance de grant.

P. 293, l. 2: demorroient.--_Ms._ A 1: demoroient.

P. 293, l. 4: preechiet.--_Ms._ A 1: prechiet.

P. 293, l. 7: tenoit.--_Le ms._ B 12 _ajoute_: comme bien oy avez.


FIN DES VARIANTES DU TOME DIXIÈME.



TABLE.


  CHAPITRE XI.

  _1380, septembre._ Entrée en Bretagne de l’armée du comte de
    Buckingham.--_4 novembre._ Couronnement du roi Charles VI à
    Reims.--_Du commencement de novembre au 2 janvier 1381._ Siège de
    Nantes par les Anglais.--Hivernage des Anglais en Bretagne.
    --_15 janvier et 4 avril._ Traité de paix entre le roi de France et
    le duc de Bretagne.--_11 avril._ Les Anglais évacuent la Bretagne;
    Buckingham rentre en Angleterre.--_Sommaire_, p. I à XIII.--_Texte_,
    p. 1 à 51.--_Variantes_, p. 297 à 313.


  CHAPITRE XII.

  _1380, juin._ Conclusion de la paix entre le comte de Flandre et les
    Gantois.--_8 août._ Reprise des hostilités.--_27 août._ Défaite
    des Gantois.--_Septembre._ Le comte fait le siège de Gand.
    --_5 novembre._ Victoire des Gantois à Longpont.--_10 novembre._
    Paix Martinienne.--_1381, février._ Nouveaux différends.--_13 mai._
    Défaite des Gantois à Nevele; leur désunion.--_Sommaire_, p. XIII à
    XX.--_Texte_, p. 51 à 86.--_Variantes_, p. 313 à 325.


  CHAPITRE XIII.

  _1381, 14 mai._ Traité d’alliance entre le Portugal et
    l’Angleterre.--Hostilités entre le Portugal et la Castille.
    --_10 juin._ Insurrection en Angleterre; les bandes insurgées
    marchent sur Londres.--_13 juin._ Pillage, meurtres et incendies
    dans la ville.--_15 juin._ Mort de Wat Tyler.--_18 juin._ Nouvelle
    trêve conclue avec l’Écosse par le duc de Lancastre.--Répression
    de l’insurrection dans les comtés.--_Août._ Arrivée du comte
    de Cambridge et de son armée à Lisbonne.--_Sommaire_, p. XX à
    XL.--_Texte_, p. 86 à 139.--_Variantes_, p. 326 à 345.


  CHAPITRE XIV.

  _1381, juillet._ Le comte de Flandre assiège de nouveau Gand.--Mort
    de Gauthier d’Enghien.--_Octobre._ Conférences d’Haerlebeke.--_1382,
    janvier._ Meurtres de Simon Bette et de Gilbert de Grutere;
    puissance de Philippe d’Artevelde.--_Sommaire_, p. XL à XLIII.
    --_Texte_, p. 139 à 152.--_Variantes_, p. 345 à 350.


  CHAPITRE XV.

  _1382, 24 février._ Révolte à Rouen.--_1_er _mars._ Émeute des
    Maillotins.--_14 janvier._ Mariage du roi Richard II et d’Anne
    de Bohême.--_22 février._ Le duc d’Anjou arrive à Avignon.
    --_13 juin._ Il part pour l’Italie.--_14 octobre._ Il pénètre
    sur le territoire napolitain.--_Mai-juin._ Chevauchée des Anglais
    en Estramadure.--_Août._ Commencement des pourparlers de paix
    entre le Portugal et la Castille.--_Octobre._ Départ du comte
    de Cambridge.--_Sommaire_, p. XLIII à LVIII.--_Texte_, p. 152 à
    201.--_Variantes_, p. 350 à 368.


  CHAPITRE XVI.

  _1382, avril._ Conférence de Tournai; propositions inacceptables du
    comte de Flandre.--_3 mai._ Bataille de Beverhoutsveld; victoire des
    Gantois; prise de Bruges; fuite du comte.--_Commencement de juin._
    Siège d’Audenarde par Philippe d’Artevelde.--_Août._ Assemblée à
    Compiègne des nobles et des prélats.--_Septembre-octobre._ Philippe
    négocie avec l’Angleterre.--_3 novembre._ Le roi de France arrive à
    Arras pour prêter secours au comte de Flandre et s’apprête à entrer
    en Flandre avec son armée.--_Sommaire_, p. LIX à LXXVIII.--_Texte_,
    p. 201 à 293.--_Variantes_, p. 368 à 397.


FIN DE LA TABLE DU TOME DIXIÈME.



ERRATA.


_Quelques corrections ont été insérées dans les variantes._

    P. 27, l. 26, _mettez une virgule après_ dirai.
    P. 34, l. 5, _au lieu de_: don,--_lisez_: dou.
    P. 137, l. 2, _au lieu de_: au doi,--_corrigez_: andoi.
    P. 183, l. 20, _au lieu de_: là où,--_rétablissez_: leur.



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  CHRONIQUES DES ÉGLISES D’ANJOU. 1 vol.
  INTRODUCTION AUX CHRONIQUES DES COMTES D’ANJOU. 1 vol.
  CHRONIQUES DE J. FROISSART. T. I à X. 12 vol.
  CHRONIQUES D’ERNOUL ET DE BERNARD LE TRÉSORIER. 1 v.
  ANNALES DE S.-BERTIN ET DE S.-VAAST D’ARRAS. 1 vol.
  MÉM. DE BASSOMPIERRE. 4 vol.
  HISTOIRE DE BÉARN ET DE NAVARRE. 1 vol.
  CHRONIQUES DE SAINT-MARTIAL DE LIMOGES. 1 vol.
  NOUVEAU RECUEIL DE COMPTES DE L’ARGENTERIE. 1 vol.
  CHANSON DE LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS. 2 vol.
  CHRONIQUE DU DUC LOUIS II DE BOURBON. 1 vol.
  CHRONIQUE DE LE FÈVRE DE SAINT-REMY. 2 vol.
  RÉCITS D’UN MÉNESTREL DE REIMS AU XIIIe SIÈCLE. 1 v.
  LETTRES D’ANTOINE DE BOURBON ET DE JEANNE D’ALBRET. 1 vol.
  MÉM. DE LA HUGUERYE. 3 vol.
  ANECDOTES ET APOLOGUES D’ÉTIENNE DE BOURBON. 1 vol.
  EXTRAITS DES AUTEURS GRECS CONCERN. LA GÉOGRAPHIE ET L’HIST.
      DES GAULES. 6 vol.
  HISTOIRE DE BAYART. 1 vol.
  MÉMOIRES DE N. COULAS. 3 v.
  GESTES DES ÉVÊQUES DE CAMBRAI. 1 vol.
  LES ÉTABLISSEMENTS DE SAINT LOUIS. 4 vol.
  CHRONIQUE NORMANDE DU XIVe S. 1 vol.
  RELATION DE SPANHEIM. 1 vol.
  ŒUVRES DE RIGORD ET DE GUILLAUME LE BRETON. 2 v.
  MÉM. D’OL. DE LA MARCHE. 4 v.
  LETTRES DE LOUIS XI. T. I à V.
  MÉMOIRES DE VILLARS. T. I à V.
  NOTICES ET DOCUMENTS, 1884. 1 v.
  JOURNAL DE NIC. DE BAYE. 2 v.
  LA RÈGLE DU TEMPLE. 1 vol.
  HIST. UNIV. D’AGR. D’AUBIGNÉ. T. I à VIII.
  LE JOUVENCEL. 2 vol.
  CHRONIQUES DE LOUIS XII, PAR JEAN D’AUTON. 4 vol.
  CHRONIQUE D’ARTHUR DE RICHEMONT. 1 vol.
  CHRONOGRAPHIA REGUM FRANCORUM. T. I et II.
  L’HISTOIRE DE GUILLAUME LE MARÉCHAL. T. I et II.
  MÉMOIRES DE DU PLESSIS-BESANÇON. 1 vol.
  HIST. DE GASTON IV DE FOIX. 2 vol.
  MÉMOIRES DE COURVILLE. 2 vol.
  JOURNAL DE JEAN DE ROYE. 2 vol.
  CHRONIQUE DE RICHARD LESCOT.
  BRANTÔME, SA VIE ET SES ÉCRITS.

SOUS PRESSE:

  MÉMOIRES DE VILLARS. T. VI.
  CHRONOGRAPHIA REGUM FRANCORUM. T. III.
  HIST. UNIV. D’AGR. D’AUBIGNÉ. T. IX.
  L’HISTOIRE DE GUILLAUME LE MARÉCHAL. T. III.
  LETTRES DE LOUIS XI. T. VI.
  CHRON. DE J. FROISSART. T. XI.


BULLETINS, ANNUAIRES ET ANNUAIRES-BULLETINS (1834-1895),

In-18 et in-8º, à 2, 3 et 5 francs.

(Pour la liste détaillée, voir à la fin de l’Annuaire-Bulletin de
chaque année.)


Nogent-le-Rotrou, imprimerie DAUPELEY-GOUVERNEUR.





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