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Title: Dictionnaire complet de l'argot employé dans les Mystères de Paris
Author: Anonymous
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Dictionnaire complet de l'argot employé dans les Mystères de Paris" ***


generously made available by the Bibliothèque nationale
de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)



DICTIONNAIRE COMPLET DE L'ARGOT EMPLOYÉ DANS LES MYSTÈRES DE PARIS

Ouvrage éminemment utile à toute personne honnête puisqu'il divulgue
à la société les mots dont les filoux, voleurs, floueurs, chevaliers
d'industrie composent leur conversation.

Ouvrage recueilli par M. D.

D'après les renseignements donnés par un ex-surveillant de la Roquette
et un ancien garde chiourme du bagne de Brest.

Augmenté de la manière dont

La pêgre maquille son truque pour poissencher les pantres.
Les voleurs s'y prennent pour voler les honnêtes gens.

       *       *       *       *       *

PARIS

CHEZ TOUS LES LIBRAIRES

1844



DICTIONNAIRE D'ARGOT.

cabarmont              cabaret

les douilles           les cheveux

les douliet            la barbe

la tronche             la tête

la frime               la figure

les chasses            les yeux

le reniflard           le nez

la gargue              la bouche

la menteuse            la langue

les aquigeuses         les dents

le colasse             le cou

le souflet             l'estomac

le seignant            le coeur

les guibes             les jambes

les paturons           les pieds

les abattis            les bras

les pognes             les mains

les arpions            les doigts

tapis franc            maison rendez-vous des gens de mauvaise vie

charlot                le boureau

la camarde             la mort

la muette              la conscience

simve                  homme de bonne foi

goualeuse              chanteuse

goualer                chanter

cambre                 chapeau

plure                  redingotte

montant                pantalon

passif                 soulier

empaf                  botte

tiran                  des bas

blavin                 mouchoir

gouline                une valise

filoche                une bourse

gueulard               un sac

pognon                 de l'argent

talbin                 billet de banque

sigue                  pièce d'or

des tunes blencardes   pièce de monnaie
                       blanche

roue de derière        pièce de cinq fr.

roue de devant         pièce de deux

un point               pièce d'un

un rond                un sous

un broc                un liard

daron                  le père

darone                 la mère

frangin                le frère

frangine               la soeur

aminge                 un ami

pivasse                un enfant

gosselin               petit garçon

gosseline              petite fille

miston                 jeune homme

mistone                demoiselle

bibon                  vieux homme

bibasse                vieille femme

batif                  quelque chose de
                       tout neuf

d'ocas                 id d'hasard

morfiller              manger

picter                 boire

fricmart               met quelconque

japhe                  soupe

crigne                 viande

verdouse               salade

rème                   fromage

larton brutale         pain bis

larton savoné          pain blanc

pivois                 du vin

des peteux             des haricots

caudaf                 eau-de-vie

de la lance            de l'eau

lansquiner             pleuvoir

du rifle               du feu

rifauder               brûler

lingue                 un couteau

vingtdeux              un poignard

des faucheux           des ciseaux

un crachant            un pistolet

masser                 travailler

gaille                 un cheval

branc                  un âne

pelard                 du foin

fertille               de la paille

grenouse               de l'avoine

avergot                un oeuf

ruouet                 un porc

piron                  un canard

engache                une oie

piquenter              un poulet

bélant                 un mouton

une cornante           une vâche

une boule              une foire

un boulineur           voleur de foire

esganacher             arracher les dents

drogueur               mendiant

drogué                 demander

drogueur de bretelles  mendiant de naissance

regusou                un remouleur

grillou                un étameur

roulotte               voiture

panier à salade        voiture dans laquelle on transfère les détenus

la lors                prison de la force

être au col            être en prison

la préfec              dépôt de la préfecture de police

la centrale            maison centrale de détention

le pré                 le bagne

être au dure           être condamné aux travaux forcés

gons                   un homme

gonsesse               une femme

gons de c.             une homme com-il faut

gonsesse de c.         une femme id.

engoncé                concubinage

entiflé de c.          mariage légitime

béché                  mépriser quelqu'un

pantre                 paysan

pantresse              paysanne

largue                 fille prostituée

piaule                 maison

lourde                 porte

tuileries              les toits

la négresse            la cheminée

la venterne            la fenêtre

le grimpart            l'escalier

quarante               une table

glacis                 un verre

louche                 une cuillère

piquante               une fourchette

tuile                  une assiette

rouliarde              une bouteille

montante               une chaise

pieu                   un lit

pioncer                dormir

gamberger              compter

un bogue               une montre

pendilleuse            des boucles d'oreilles

une bride              une chaîne

broquilles             bague

jonc                   de l'or

blencar                de l'argent

du duret               du cuivre

le grand meg des       Dieu
meg

le grand meg           un président

jaspiner               causer

jargue                 argot

entraver               entendre

rasi                   curé

ratichon               prêtre

esbasi                 mort

grinchire              voler

poisser                vole

aquiger                battre

lansquiner des         pleurer
chasses

avoir tu toup          être hardi

morganer               mordre

escarper               assassiner

escarpe                assassin

faucher                guillotiner

tape                   exposition

taroquer               marquer

surbile                sous la surveillance de la haute police

à user le soleil       a vie

être gerbé             être condamné

limace                 chemise

afur                   bénéfice

surbiner               surfaire

fader                  partager

mon fad                ma part

se faire lesse         se tromper

poivrier               homme saoûl

bonire                 parler

boniment               conversation

débine                 dispute

débiner                mépriser

delader                ne pas être heureux

chouet                 spirituel, joli

lof                    bête

mesiere                monsieur

menesse                ma femme

aller au jardin        voleur allant faire un coup

aller au persil        promenade d'une prostituée

carouble               fausse clé

tournante              une clé

fondante               sir à emprunt

fricfrac               casser une porte

cadet                  instrument avec lequel on casse une porte

remoucher              faire attention

rembroquer             regarder

satout                 baton

baluchon               paquet

chouriner              donner des coups de couteau

grivière               soldat

cogne                  gendarme

la rousse              mouchard

la rousse à l'arnache  mouchard en bourgeois

la rousse a la         agent de  police habillé
flanc

le condé               le commissaire

granp dicime condé     le maire ou le préfet

esbigner               se sauver

esbigner en jargue     s'en aller d'une endroit sans payer

arguse                 argot

reluisant              reverbère

boutanche              boutique

entauder               entrer

la blafarde            la lune

cavaler                courir

maquiller              arranger quelque chose

camoufler              se rendre méconnaissable

radin                  tiroir de comptoir où l'on met l'argent

chopin                 sac d'argent

être débiné            être salle

ployant                portefeuille

griffon                chat

cabot                  chien

solire                 vendre

abloquire              acheter

entape                 habillement

s'entaper              s'habiller

fourguer               vendre des obj. vol.

fourgue                receleur

faire gasfre           surveiller

chialer                crier

la planche au pin      banc des accusés

un reluis              un jour

un marquet             un mois

une longe              une année

baveux                 du savon

tac                    un emplatre

pomeluche              pomade

eau de coluche         eau de cologne

camelotte              marchandise

camelot                marchands des rues

être blanc             être connu

drague                 médecin

blencarder             blanchir

escracher              chasser

maron                  être arrêté avec preuve

maron mâl              pris en flagrand délit

les rembroqueurs       les témoins

servi                  être arrêté

servi de belle         être arrêté sans preuve

décaré                 sortir de prison

centre                 nom

chouette-centre        vrai nom

centre à l'estorgue    faux nom

conoblé                connu

reconoblé              reconnu

maquillé du pognon     faire de l'argent

renbiner               remettre à neuf

fiquer                 donner

abouler                venir

gambiller              danser

une mené               une douzaine

turbiné                s'occuper

chiné                  aller offrir ses marchandises

taude rupine           maison bourgeoise

bécher                 faire des cancans

mon orguibus           moi-même

fader                  partager

mon fad                ma part

gamberger              compter

flac                   boni quelconque

dématé                 jeter quelqu'un par terre

raisiné                du sang

nettoyer               donner une roulée

de la bille            des espèces

tréfoin                tabac

tréfoin rifaudeur      tabac à fumer

bouffarde              une pipe

fauf                   tabatière

faire suer un chêne    assassiner un homme

grand trimar           grand' route

jy                     oui

niberque               non

nisco                  non

taffé                  avoir peur

affeur                 peureux

être frileux           poltron sans courage

avoir eu froid         ne pas avoir eu le courage d'achever un crime

mouton                 homme de leur société qu'ils supposent y avoir
                       été mis pour s'associer seulement à la
                       conversation et les dénoncer ensuite. Dans
                       les prisons, la police y met beaucoup de ces
                       gens qui, ayant l'air d'être détenus, causent avec
                       les prisonniers, et finissent par donner des indices
                       très-précieux à la police qui les transmet
                       ensuite à la justice

mangeur                celui qui, faisant partie d'une bande, dénonce
                       les autres

coqueur                celui qui, quoique voleur, en fait
                       arrêter d'autres

être coqué             être dénoncé

pionville              être en ribotte

piouvilé               s'être enivré

rivancher              coucher avec une demoiselle

des gos                des pous

des sautenses          des puces

des bouffis            des punaises

carcagnot              prisonnier, qui prête de l'argent à ses
                       collégues à intérêt. Avant le système pénitentiaire,
                       cela existait dans les prisons et existe
                       encore dans les bagnes. Le carcagnot prête 2
                       sous pour 3, et en dix ans de temps, amasse
                       des sommes immenses

abouler le pagne       porter à manger à un prisonnier

gnient et bigore       rien du tout

rapliquer              venir souvent

ronfler                réussite complète

affaire filée          coup prémédité depuis longtemps

affaire donnée         vols que l'on exécute d'après le consentement
                       et les renseignements de portiers ou de
                       domestiques. Ces vols n'arrivent que trop fréquemment

refiler la camelote    passer aux associés ce que l'on vient de voler

pomer la  camelote     pris, porteur d'objets volés
dans le pied

fargué                 rougir

se défarguer           déposer les objets dont on est porteur

arsoner un pantre      s'assurer si un homme est porteur
                       de choses qui vaillent la peine, et qui
                       soient susceptibles d'être volées

gouaper                coucher dehors

sorgue                 la nuit

gouapeur               homme sans asile

une bidoche            une ration de viande

mêche                  moitié de quelque chose

faf                    papier de sureté

pègre                  voleur

propre à mibes         bon à rien

remouchante            une glace

du trèpe               du monde

chialer                crier

crier à la chianlit    au voleur

écornage               couper un carreau

du fondant             du plomb

du coulan              de l'huile

avoir organe           avoir faim

riflar                 parapluie

nettoyante             une brosse

frotin                 billard

avoir à la bonne       aimer

avoir le béguin        être malade d'amour

floumons               un violon

flouant                jeu de hasard

flouer                 jouer

brem                   des cartes

couvrante              une casquette

déboutancher           déboutonner

griffarder             écrire

babillard              du papier

ligoter                attacher

une vergue             une ville

cambriole              une chambre

un villois             un village

tartire                poser culotte

pantin                 Paris

un barbotier           un canard

du nagant              du poisson

lempe                  drap de lit

un grattou             un rasoir

une assurance          une canne

une dure               une pierre

canard                 fausse nouvelle

canardier              crieur public

blanc                  connu

rapliquer              arriver

lunanche               des lunettes

rembroqueuse           une lorgnette

être marquant          annoncer de l'aisance

marquer                avoir l'air riche

noner                  cacher

calter                 finir

se réchauffer          s'apercevoir

remoucher              regarder

sorgue                 la nuit

être à renaud          être contrarié

renauder               bisquer

balancer               renvoyer

pomeluche              pomade

plomber                sentir mauvais

le matois              le matin

ce matois              ce matin

le tardif              le soir

la sorgue              la nuit

un tiroir              faire un trou dans le volet d'une boutique

rengracier             finis, on regarde

faire le benjamin      substituer une chose à une autre

aller au vague         aller commettre un vol

à la flanc             au hasard

du flanc               donner sa parole

du grand flanc         parole d'honneur

se réchauffer          s'apercevoir

baluchon               paquet

cafemon                café

les endosses           les épaules

débrider               ouvrir

buter                  tuer

morganer               mordre

coucher avec le        coucher seul
cheval

desbrouf               vivement

à la tête du can       devant tout le monde

balancer               jeter

boule de son           un pain entier.

être gerbé             être condamné

avoir dans le nez      détesté

nazé                   avoir en horreur

lago                   la

çago                   cela

icigo                  ici

loffitude              bêtise

foncer                 donner

conobler               connaitre

reconoblé              reconnu

billé                  payé



DIALOGUES ARGOT ET FRANÇAIS.


Arsone ce pentre, remouche si sa filoche est chouete, il est marquant,
si tésigue peux le fourliner, je te vais noner et nous faderons des
sigues.

Tâte cet homme, regarde si sa bourse est bonne, si tu peux la lui
prendre, je te vas cacher, et nous partagerons des pièces d'or.

       *       *       *       *       *

Le trep aboule, esbigne-toi et cavale dure.

Le monde vient, sauve-toi et cours vite.

       *       *       *       *       *

Calte, le pentre se réchauffe.

Finis, le paysan s'en aperçoit.

       *       *       *       *       *

Remouche donc la bride de cette gonsesse, c'est du jonc.

Regarde donc la chaine de cette femme, c'est de l'or.

       *       *       *       *       *

Elle doit avoir un bogue remouche la tournante.

Elle doit avoir une montre, regarde la clé.

       *       *       *       *       *

Cette sorgue j'ai aquigé ma menesse.

Cette nuit j'ai battu ma femme.

       *       *       *       *       *

Ce qui me met à renaud, c'est d'être entiflé de C.

Ce qui m'embête, c'est d'être marié légitimement.

       *       *       *       *       *

Mesigue je ne suis qu'engoncé.

Moi je vis en concubinage.

       *       *       *       *       *

Quand mesigue ne l'aura plus à la bonne, je la balance.

Quand moi je n'en voudrai plus, je la renvoie.

       *       *       *       *       *

J'ai le béguin pour une mistone de C.

J'aime d'amour une demoiselle comme il faut.

       *       *       *       *       *

Raplique à la vanterne, rembroque qu'esqu'aboule.

Va à la fenêtre, regarde qu'est-ce qui vient.

       *       *       *       *       *

Veux-tu morfiller de la japhe.

Veux-tu manger de la soupe.

       *       *       *       *       *

Nous irons sur le grand trimar escarper un gons.

Nous irons sur la grande route assassiner un homme.

       *       *       *       *       *

J'ai abloqui des empafs une roue de derrière.

J'ai acheté des bottes 5 fr.

       *       *       *       *       *

Mon gons est au col.

Mon homme est en prison.

       *       *       *       *       *

Rifondons don nous ce satou lago.

Brûlons-nous ce bois-là.

       *       *       *       *       *

Le premier qui boni une loffitude, je l'aquige.

Le premier qui dit une bêtise, je le bats.

       *       *       *       *       *

Aboule icigo.

Viens ici.

       *       *       *       *       *

Niberque je ne veux pas m'aquiger avec tesigue.

Non je ne veux pas me battre avec toi.

       *       *       *       *       *

Je lensquine des chasses, ma frangine est esbasis.

Je pleure, ma soeur est morte.

       *       *       *       *       *

Ma darone m'a renaudé, je n'irai plus à la piaule.

Ma mère m'a grondé, je n'irai plus à la maison.

       *       *       *       *       *

J'ai floué au brême, et j'ai paumé du pognon.

J'ai joué aux cartes, et j'ai perdu de l'argent.

       *       *       *       *       *

Gamberge la gouline et fonce-moi mon fade.

Compte ce qu'il y a dans la valise, et donne-moi ma part.

       *       *       *       *       *

J'ai poissé la fauf d'un drague, c'est du blencar.

J'ai volé la tabatière d'un médecin, c'est de l'argent.

       *       *       *       *       *

Conobles-tu un fourgue qui bille bien.

Connais-tu un receleur qui achète un bon prix.

       *       *       *       *       *

Calte, la rousse à l'arnache raplique.

Prends garde, les agents de police en bourgeois viennent.

       *       *       *       *       *

Bille à picter aux grivées, quand ils seront pionvilles, nous
esbignerons.

Paye à boire aux soldats, quand ils seront saouls, nous nous
sauverons.

       *       *       *       *       *

Si on ne te conoble pas, boni un centre à lestorgues.

Si on ne te reconnaît pas, dis un nom comme il viendra.

       *       *       *       *       *

Bacle la lourde et au pieu.

Ferme la porte et au lit.

       *       *       *       *       *

Pictenchons-nous pour deux ronds d'eau d'af.

Buvons-nous pour deux sous d'eau-de-vie.

       *       *       *       *       *

Niberque j'ai le soufflet aquigé.

Non j'ai mal à l'estomac.

       *       *       *       *       *

J'aime mieux poisser que de droguer.

J'aime mieux voler que de demander.

       *       *       *       *       *

Je suis pomé maron male.

Je suis pris flagrant délit.

       *       *       *       *       *

J'ai escarpé un cogne pour m'esbigner.

J'ai tué un gendarme pour me sauver.

       *       *       *       *       *

En descendant de la roulotte, il faudra suriner ce pentre.

En descendant de voiture, nous donnerons des coups de couteau à cet
homme là.

       *       *       *       *       *

Niberque je ne veux pas être fauché.

Non je ne veux pas être guillotiné.

       *       *       *       *       *

Vas donc frileux propre à mibe.

Vas donc peureux, propre à rien.

       *       *       *       *       *

Tu as le taf de Charlot.

Tu as peur du bourreau.

       *       *       *       *       *

Fonce-moi 2 ronds et méche pour du tréfoin rifandeur et une boufarde.

Donne-moi deux sous et demi pour avoir du tabac à fumer et une pipe.

       *       *       *       *       *

J'ai organe, allons-nous morfiller.

J'ai faim, allons-nous manger.

       *       *       *       *       *

Mon gons est au jardin.

Mon homme est allé faire un coup.

       *       *       *       *       *

Ma menesse est au persil.

Ma femme est en promenade.

       *       *       *       *       *

Morfillons-nous un piquentère ou un engache.

Mangeons-nous un poulet ou une oie.

       *       *       *       *       *

Maquille tes douilles et tes douillettes.

Arrange tes cheveux et ta barbe.

       *       *       *       *       *

Fonce moi une limasse et des tirans.

Donne-moi une chemise et des bas.

       *       *       *       *       *

T'as beau bécher, je rengracie, j'ai de la muette.

Tu as beau me mépriser, je ne volerai plus, j'ai de la conscience.

       *       *       *       *       *

Il y a trois reluis, j'ai fait suer un chêne.

Il y a trois jours, j'ai tué un homme.

       *       *       *       *       *

Gouale devant ces pentres, ils te fonceront des pognons.

Chante devant ces paysans, ils te donneront de l'argent.

       *       *       *       *       *

Sais tu maquiller les caroubles.

Sais-tu faire les fausses clés.

       *       *       *       *       *

Esbigne en jargue d'icigo.

Va-t-en sans payer d'ici.

       *       *       *       *       *

Fais foncer du pelard et de la grenouze au gaille.

Fais donner du foin et de l'avoine au cheval.

       *       *       *       *       *

Ta menesse est bien entapée.

Ta femme est bien mise.

       *       *       *       *       *

Tu n'as pas de pafs aux paturons.

Tu n'as pas de souliers aux pieds.

       *       *       *       *       *

Et tésigue pas de montant au prose.

Et toi pas de pantalon au derrière.

       *       *       *       *       *

Je me suis rifaudé les pognes.

Je me suis brûlé les mains.

       *       *       *       *       *

Le cabe est cause que nous sommes servis marons.

Le chien est cause que nous sommes arrêtés avec preuve.

       *       *       *       *       *

Mon pivas a deux aquigeuses.

Mon enfant a deux dents.

       *       *       *       *       *

Aboule icigo ou je t'aquige.

Viens ici ou je te bats.

       *       *       *       *       *

Viens-tu au vague avec mesigue.

Viens-tu voler avec moi.

       *       *       *       *       *

Il n'y avait que niberque, j'ai renaudé.

Il n'y avait rien, j'ai été en colère.

       *       *       *       *       *

Rengracié, le pentre rembroque.

Finis, l'individu nous regarde.

       *       *       *       *       *

Un tel est maron male, sur un écornage.

Un tel est pris en flagrant délit à couper un carreau.

       *       *       *       *       *

Refile-moi la camelotte.

Passe-moi ce que tu viens de voler.

       *       *       *       *       *

Faut escarper les coqueures.

Faut tuer ceux qui nous dénoncent.

       *       *       *       *       *

Remouche ce pentre, il pionce, fourline-lui son ployant.

Regarde cet homme, il dort, prends donc son portefeuille.

       *       *       *       *       *

Il y a peut être des talbins.

Il y a peut-être des billets de banque.

       *       *       *       *       *

J'ai maquillé un tiroir à une boulanche cette sorgue.

J'ai fait un trou à un volet cette nuit.

       *       *       *       *       *

Quand le pentre t'a rembroqué, tu as fargué.

Quand l'homme t'a regardé, tu as rougi.

       *       *       *       *       *

Remouche la cambriole où va pioncer ce gniaire lago.

Regarde la chambre où va coucher cet homme-là.

       *       *       *       *       *

J'ai un rossignol qui est chouette, il débride toutes les lourdes.

J'ai une fausse clé qui est bonne, elle ouvre toutes les portes.

       *       *       *       *       *

Niberque il y a un cabot qui chialerait.

Non pas, il y a un chien qui avertirait.

       *       *       *       *       *

Flouons au frotin ou au brême.

Jouons au billard ou aux cartes.

       *       *       *       *       *

Si je paume, j'ai pas de poignon.

Si je perds, je n'ai pas d'argent.

       *       *       *       *       *

Ta bille est toute gembergée.

Ton argent est tout compté.

       *       *       *       *       *

N'aboule pas, je te bute.

Ne viens pas, je te tue.

       *       *       *       *       *

Je ne rigole plus avec tésigue, tu morganes.

Je ne ris plus avec toi, tu mors.

       *       *       *       *       *

Ma menesse m'a fait pioncer avec le cheval.

Ma femme m'a fait coucher seule.

       *       *       *       *       *

Aboule au vague, voilà le tardif.

Viens voler, voilà le soir.

       *       *       *       *       *

Pour l'étalage, c'est la plombe.

Pour ce qu'il y a à la porte des boutiques, c'est l'heure.

       *       *       *       *       *

Attends que le pentre soit rentandé.

Attends que l'homme soit rentré.

       *       *       *       *       *

Vas-y desbrouf à la tête du can, je te none.

Vas-y hardiment devant tout le monde, je te cache.

       *       *       *       *       *

Balance la camelotte, ou tu es maron.

Laisse tomber l'objet par terre, ou tu es pris.

       *       *       *       *       *

Balance du tréfoin dans les chasses du cogne et cavale dur.

Jette du tabac dans les yeux du gendarme et cours vite.

       *       *       *       *       *

Je solis du baveu, y a de l'asfure.

Je vends du savon à détacher, y a du bénéfice.

       *       *       *       *       *

Tu n'auras pas ton fade, tu es trop frileux, tésigue a manqué de faire
servir mésigue.

Tu n'auras pas ta part, tu es trop peureux, tu as manqué de me faire
arrêter.

       *       *       *       *       *

J'ai été escraché de la piaule.

J'ai été renvoyé de la maison.

       *       *       *       *       *

Le miston est chouette, mais sa darone ne vaut que mibe.

Le jeune homme est bon enfant, mais sa mère ne vaut rien.

       *       *       *       *       *

Jean est gerbé à 7 longes de dur et surbine à user le soleil.

Jean est condamné à 7 années de travaux forcés et surveillance de la
haute police à vie.

       *       *       *       *       *

J'ai grinchi 32 bogues en jonc à l'écornage.

J'ai volé 32 montres en or par l'ouverture d'un carreau.

       *       *       *       *       *

J'ai eu pour mon fade 1,503 balles, 18 ronds et méche.

J'ai eu pour ma part 1,503 fr. 92 c. et demi.

       *       *       *       *       *

Ma ménesse a reçue un coup de pateron dans le prose sa lui a aquigé.

Mu femme a recue un coup de pied dans le derrière sa lui a fait mal.

       *       *       *       *       *

Rembroque ce bibon comme il remouche cette mistonne.

Regarde ce vieux comme il regarde cette femme.



NOMENCLATURE ET EXPLICATION DES VOLS DONT CHAQUE JOUR TOUT LE MONDE
EST VICTIME, PRINCIPALEMENT LES COMMERÇANTS.


LE VOL A L'ÉCORNAGE.

Ce genre de vol se fait assez souvent par des gamins. Voilà comment se
fait le vol à l'écornage: ils s'approchent de votre magasin et mettent
entre le bois et le carreau la pointe d'un couteau, en pesant dessus
légèrement, ils obtiennent sans bruit une petite fente, et ensuite en
posant l'ongle du pouce dessus la félure, et pesant un peu, ils font
filer la fente par tous les zig zag qu'ils ont besoin d'obtenir; en
faisant une seconde fente au même carreau, ils en obtiennent qui se
rejoignent (ce genre de vol s'effectue souvent chez les marchands de
nouveautés); ils poussent légèrement en dedans, le morceau tombe sans
bruit sur une pièce d'étoffe, ils se sont pratiqué une ouverture, et
dévalisent ainsi la montre d'un honnête commerçant. Si le coup manque,
avant que le maître de la maison soit sorti, ils sont déjà loin. Aussi
vive la mode de Paris, le soir des grillages en fer.


LE SAUT A LA MÉCANIQUE.

Lorsque vous êtes dans un endroit sombre et désert, un homme vient
doucement derrière ou à côté de vous, vous jette un mouchoir autour du
cou et vous enlève sur ses épaules; pendant qu'il vous tient ainsi,
un autre dévalise vos poches. Tous ne pouvez crier ni vous défendre,
lorsqu'ils ont fini, ils vous laissent sur la place moitié sans
connaissance par la strangulation.

Lorsque nous faisons route à pied, ayons toujours un chien.


LE VOL AU RENDEZ-MOI.

Voici de quelle manière ce genre de vol s'effectue: un individu se
présente chez un débitant, tel que épicier, marchand de vins, débitant
d'eau-de-vie, boulanger, charcutier, il achète quelque chose et paie
avec une pièce de cinq francs; immédiatement après, un autre individu,
son compère, vient acheter quelque chose aussi, il choisit le moment
qu'il y ait beaucoup de monde à servir, et ne se presse jamais de
l'être; cependant on lui délivre ce qu'il demande, et il dit au
marchand: rendez-moi sur la pièce de cinq francs que je viens de vous
donner. Le marchand dit n'avoir rien reçu, le voleur s'obstine et
prend même la première personne venue à témoin, qui bien sûr dit
n'avoir rien vu, alors il semble douter de lui-même, et dit, au
surplus, je n'avais que cinq pièces de cinq fr. sur moi, ainsi nous
allons voir: ce disant, il vide sa poche et en extrait quatre pièces
de cinq francs, et dit vous voyez; puis il regarde ces pièces et dit
au marchand: tenez, pour mieux vous persuader, je me rappelle que la
pièce qui me manque était de 1828 et avait une barre en travers du
cou de Charles X, regardez dans votre comptoir, si vous ne trouvez
pas cette pièce, je déclare avoir perdu. Le marchand, avec l'assurance
qu'elle ne peut y être, regarde, et, à son grand désapointement, la
trouve, il est obligé de rendre la monnaie. Le flibustier a toujours
soin de prendre au plus pour 10 ou 20 centimes. Voilà comment
s'exécute le rendez-moi.


SOLICEURES A LA POGNE.

Les soliceures à la pogne sont des marchands qui s'habillent en marins
ou en soldats, qui n'ont jamais avec eux qu'une très-petite quantité
de marchandises. Habituellement les articles qu'ils tiennent sont les
rasoirs à deux lames, des couteaux, des montres en or, des madras, des
mouchoirs de batiste et des coupons de toiles, des services damassés.
Les rasoirs sont en fer, les montres en chrisocale; les madras,
mouchoirs, coupons de toiles et service damassé, le tout est en coton
apprêté, ils s'annoncent chez vous, comme rentrant dans leurs foyers,
et ayant passé en contrebande l'objet qu'ils vous offrent, destiné à
faire un cadeau à leurs parents, mais ils ont encore loin pour arriver
dans leur pays, ils n'ont plus d'argent, et le besoin est la seule
cause qu'ils s'en défont, ils n'en connaissent pas le prix; quoiqu'il
en soit, ils ne manquent pas de vous faire l'objet quatre fois plus
que cela ne vaudrait en bonne qualité, et n'importe quel prix vous en
offrirez; ils vous le laissent; ils gagnent encore moitié.


LES CAREURES EN GARGUES.

Les careurs en gargues sont du genre fashionable, ils portent toujours
des besicles, ont l'air myope, entrent chez un bijoutier, ont un bijou
de prix dont la pierre est égarée, ils veulent la remplacer.
Le bijoutier s'empresse de leur en montrer de différentes espèces,
et les prétendus myopes s'approchent de très-près de la carte où
se trouve déposés brillants et perles fines, et avec leurs langues,
attirent subtilement dans leurs bouches plusieurs perles et diamants.
Ces voleurs sont rarement pris, et gagnent beaucoup.


LE VOL A LA MARQUE.

Voilà un vol très-adroitement fait qui s'exécuta il y a quelques mois
chez un bijoutier de la rue Saint-Honoré. Un individu, richement vêtu,
se présenta chez lui, et demanda à voir quelques tabatières en or, il
fut dans l'indécis de savoir laquelle il choisirait dans la crainte
qu'elle ne convint pas à son épouse, et dit: c'est une surprise que je
lui ménage. Demain matin mon domestique viendra vous avertir, et vous
viendrez avec lui chez moi, vous apporterez celles qui sont émaillées,
c'est celles qui seront le plus à son goût; le bijoutier le reconduit
avec force compliments. Et en effet, le lendemain, à huit heures du
matin, un domestique à livrée élégante se présente et dit: Monsieur,
veuillez m'accompagner chez M****. L'honnête commerçant s'empresse de
suivre ce jokei, qui lui dit: nous allons rue Lafitte, 12. Quelques
instants après, il se rappelle avoir oublié une commission que Madame
lui a donné, et qui va lui faire avoir de grands désagréments, c'est
à deux pas, il engage le bijoutier à continuer jusqu'à l'hôtel, ce que
celui là fait. Notre prétendu domestique arrive tout essoufflé chez
le bijoutier et demande que l'on lui remette les boîtes marquées
IIKV et XXIXV, etc., etc., il en obtient six; le bijoutier
vient de sortir un instant auparavant avec ce domestique, il
demande avec des renseignements trop positifs pour que l'on conçoive
l'ombre du doute, l'on remet les objets au faux domestique. Au bout
de quelques instants, le malheureux bijoutier revient chez lui tout
désappointé de ne pas avoir trouvé à l'adresse indiquée ce qu'il
cherchait, et il l'est bien plus, quand il apprend la manière dont il
est floué.


LE VOL AU CONOBLEMENT.

Un individu porte chez un horloger une montre à arranger, et ne manque
pas en même temps de saisir l'un des noms sur certaines montres en
réparation, et sachant le nom, il le donne à un de ses complices, qui
vient avec hardiesse chez le bijoutier: voulez-vous me remettre la
montre de M.....? le bijoutier n'hésite nullement, la donne; et le
voleur s'en va.


LE VOL AU POIVRIER.

Ce sont ceux qui, les dimanche et lundi soir, rodent les barrières
et les boulevarts extérieurs, où ils ne manquent pas de trouver des
hommes ivres, ils les dévalisent.


LE VOL A L'ATTRAPAGE.

Le vol à l'attrapage se fait ainsi: un individu vous cherche dispute,
vous vous battez, d'autres de ces affidés viennent pour vous séparer.
Bousculé d'un côté et d'un autre, il vous dévalise sans que vous vous
en doutiez.


LE VOL A LA FOURLINE.

Les fourlineurs sont ceux qui vont dans les réunions, dans les
assemblées et vous volent dans vos poches ce qu'ils peuvent y
fourliner. Le fourlineur a toujours avec lui deux ou trois acolytes
qui s'appellent ses nones (il le none veut dire, il le cache), il
s'arrange de manière à ce qu'il ne soit pas vu, car le fourlineur a
plus à craindre des autres que de vous-même qu'il vole.


LE VOL A LA RAMASTIQUE

Souvent ils sont habillés et portent le mannequin comme les
chiffoniers, ils affectent devant quelqu'un de trouver, de ramasser
un objet quelconque, soit une bague, soit une cuillère à café, ils ont
toujours soin de le ramasser de manière à ce que vous le remarquiez,
il vous offre de vous le vendre, dans l'idée de faire un bon marché,
vous ne manquez pas d'en offrir un prix; le ramastiqueur vous le
laisse toujours, la bague est en argeut doré et la cuillère en
maillechiort.


LE VOL A L'ÉTALAGE.

Ce sont ceux qui agrippent tout ce qu'ils trouvent à la porte des
magasins, ils sont presque toujours en blouse, les mains dans leurs
poches et par-dessous leur blouse, ils empoignent tout ce qu'ils
trouvent.


LE VOL AU RACOLAGE.

C'est celui qui vous arrête dans la rue et vous offre une
reconnaissance du mont de piété à acheter, c'est, dit-il, celle de
sa montre qu'il a mis là, faute d'ouvrage, et que le besoin de s'en
retourner à son pays le force à vendre la reconnaissance à son grand
regret, une si bonne montre qui venait de son père, la montre n'est
engagée que pour 6 francs, il n'a pas voulu plus, croyant avoir plus
de facilité à la retirer, mais l'on lui en a offert 18 fr. il n'a
jamais que la petite reconnaissance, car la grande porte l'estimation.
Encore les gens de province à qui il s'adresse ne connaissent pas le
train-train du mont de piété, ils y seraient pris de même. Enfin il
vous offre la reconnaissance en pleurant de se détacher d'une aussi
bonne montre, il vous la laisse pour 10 francs, et 6 du prêt, çà
fait 16, la montre en vaut 30, elle n'en vaut pas 6, car les
commissionnaires au mont de piété forcent toujours le prêt.


LE VOL A LA CHARITÉ

Le vol à la charité s'exécute en faisant l'aumône. Voici comment: un
individu bien mis, entre chez un bijoutier, demande à voir des bijoux,
et en les regardant, il tâche, sans que le bijoutier s'en aperçoive,
de laisser tomber un bijou par terre; s'il le voit, c'est par mégarde,
s'il ne le voit pas, un instant après le bijou tombé, un mendiant
vient demander la charité, et le voleur lui tend une pièce de monnaie,
elle lui échappe des mains; le mendiant la ramasse, et en méme temps
le bijou. Si le joaillier s'aperçoit du déficit et le manifeste à
celui qui, après l'avoir amusé longtemps, s'en va sans rien acheter;
impunément il lui offre de le fouiller, il est bien sûr que l'on ne
trouvera rien sur lu.


LA BOITERNIERE.

Les boiternières sont porteuses d'une boîte très bien garnie de bijoux
tous plus beaux les uns que les autres. Chaque objet est coté
suivant la valeur que la boiternière veut lui donner; au milieu,
habituellement, il y a une montre cotée 350 francs; ce jeu se
joue ainsi: elles ont un cornet en cuir, dans lequel elles roulent
plusieurs dez que l'on jette au hazard; la boiternière, pour vous
exciter à jouer, vous fait jouer un coup pour rien, alors vous gagnez,
car les dès sont préparés pour réussir, mais lorsque vous jouez pour
tout de bon, elle substitue aux dès avec lesquels vous avez joué des
dès pipés en sens contraire, et si la boiternière vous laisse gagner,
ce n'est qu'une amorce pour mieux vous flouer.

Messieurs, méfiez-vous, la boiternière, si elle n'est pas toujours
jolie, a tout au moins une toilette très-attrayante, un air agaçant et
comprenant fort bien la gaudriole, mais ces plaisanteries se tournent
toujours aux dépens des mesières (des messieurs).


LES RIFAUDEURS.

Les rifaudeurs sont une secte bien à craindre, ils s'affublent en
mendiants, vont demander l'hospitalité, et dans la nuit, jettent des
boulettes incendiaires, s'esbignent et s'en vont.


FAIRE LE GREC.

Ce sont de ces filous qui rodent les cafés à deux, et qui, sans avoir
l'air de se connaître, se connaissent fort bien, l'un d'eux vous lie
conversation et finit toujours par vous offrir une partie de cartes;
son collègue se place derrière vous, à certain signe, soit en portant
la main au chapeau, soit aux yeux, soit au nez, enfin à des signes
convenus entr'eux, votre adversaire connaît tout votre jeu, son
collègue qui fait le Grec le lui dit.

Ne souffrez jamais personne derrière vous quand vous jouez.


LE VOL AU BONJOUR

Ce genre de vol s'exploite le matin de bonne heure. Le bonjourier met
la main sur tout ce qu'il trouve, gare aux voisines qui vont les unes
chez les autres et laissent la porte entr'ouverte; il faut peu de
temps au bonjourier pour travailler.


LE VOL A L'ESCARPE.

Sont ceux qui rôdent la nuit, assassinent le monde, les jettent
à l'eau, ceci me rappelle un tour assez plaisant fait par M.***,
commissaire de police. Une nuit, à 3 heures du matin, une fruitière
descendait du côté du marché des Innocents, elle suivait le long du
canal et entendit comme une masse tomber dans l'eau; elle entendit se
débattre et ne douta plus de l'affreuse vérité, c'était un homme que
l'on venait de jeter à l'eau; elle ne dit rien et se cacha derrière un
tas de pierres, elle entendit le dialogue suivant entre deux escarpes:
pour 16 ronds, ça ne valait pas la peine de nettoyer un gons,
peut-être, répondit l'autre, et 15 balles demain quand nous le
retirerons, ils s'en allèrent. Plus morte que vive, la fruitière
sortit de sa cachette et alla faire sa déclaration chez le commissaire
du quartier.

En effet, le lendemain deux hommes se présentent chez M.*** pour
recevoir la récompense accordée par la loi à ceux qui retirent un
cadavre de l'eau. Sur leur réclamation, le commissaire leur compta
leur argent, c'est-à-dire 14 fr. 20 c., ce n'est pas le compte, dit
l'un, si, répondit avec sangfroid l'intelligent commissaire, avec
les 16 ronds que vous lui avez pris hier avant de le balancer dans
la grande tasse, les deux escarpes se trouvèrent décontenancés, et
le commissaire, profitant de son influence, obtint l'aveu du crime
qu'avaient commis les deux escarpes.


LE VOL A LA CLAVETTE.

Le vol à la clavette s'exécute par le trou qui se trouve pratiqué à la
devanture des boutiques pour l'introduction des boulons qui servent à
la fermer, si vous ne mettez que le boulon et non la clavette qui sert
à le retenir, les voleurs le retirent et introduisent par le trou
un fil de fer crochu, et parviennent à attirer à eux soit un bout
de dentelle, ou le coin d'un foulard; une fois qu'ils en tiennent un
petit bout, le reste est bientôt à eux.


LE VOL AU RADIN.

Le vol au radin se trouve effectué par de petits garçons, sous les
ordres de grands bandits. L'hiver est très favorable à ce genre de
vol, ils profitent de 4 à 5 heures de l'après midi, c'est l'heure
habituelle où les commerçants sont dans l'arrière boutique à dîner,
ils s'introduisent à quatre pattes et se glissent dans toutes les
sinuosités ombrées où la lumière darde le moins; ils arrivent enfin
au comptoir et se blotissent dessous; quelquefois même une pratique
entre, et vous la servez, le petit voleur touche presque vos pieds, et
vous ne vous en apercevez pas; il profite du moment le plus favorable,
et s'enfuit avec votre radin, (le tiroir de votre comptoir), si le
tiroir, à son grand désapointement, est fermé, il empoigne ce qu'il
trouve.


LE VOL A LE VENTERNE.

Le vol à la venterne est également exécuté par des enfants. L'été
souvent on laisse ses fenêtres ouvertes le soir, quelquefois même
l'on se couche ainsi, rien n'est plus dangereux pour les personnes qui
habitent rez-de-chaussée et premier, de grands hommes ont avec eux des
gamins qu'ils enlèvent par les pieds à bout de bras, du moment où
ils peuvent atrapper le dernier barreau, ils sont bientôt chez vous;
quelquefois même, quand c'est trop haut, ils ont une corde au bout
de laquelle se trouve un crampon, ils le lancent, et grimpent à la
croisée le long de cette corde. Ce genre d'industrie s'appelle marcher
à la venterne.


LE VOL AU BENJAMIN.

S'effectue habituellement par des marchands de mouchoirs: ils n'ont
plus que ces six, ils les sortent de leur blouse, car ils n'ont pas,
vous disent-ils, de patentes, le commissaire a voulu leur en faire
prendre une, mais ils n'ont pas le moyen, aussi vendent-ils en
cachette. Voyons, madame, mes six derniers pour tel prix, vous
les regardez et vous offrez le vôtre, ils les reploient, cela est
impossible, les remettent sous leur blouse et vous disent: eh bien!
Madame, décidément voulez-vous mettre tant, non, ils vous les donnent,
mais ils ont changé le paquet qu'ils vous donnent, il n'y en a plus
que quatre ou six, mais un tiers plus petit. Cette substitution
s'appelle faire le benjamin.


VOL A LA ROULOTTE.

Les roulotiers sont des gens qui sont à la piste des voitures de
roulage et des diligences, des voitures de blanchisseuses. La nuit,
sur la route, ils coupent les baches de vos voitures et attrapent ce
qu'ils peuvent. Quelquefois un roulier traîne pendant une heure son
voleur sans s'en apercevoir. Les camioneurs aussi à Paris sont bien
susceptibles d'être victimes des roulotiers; aussi ayez des chiens
sous vos voitures, et au premier avertissement, regardez.


LE VOL AU CAFEMON.

Le vol au cafemon s'exécute ainsi: un individu vient au café, commande
12 demi-tasses qu'il faut apporter la maison à côté, l'individu
attend le garçon dans l'escalier, lorsque celui-ci arrive, il lui dit:
combien apportez-vous de demi tasses, 12, dit le garçon, mais je vous
en ai demandé 14, donnez-moi cela et courez en chercher deux autres,
le crédule garçon y va, et en revenant, trouve dans l'escalier sa
corbeille garnie de tout comme avant, seulement il trouve 12 petites
cuillères de moins, il a beau demander à tout le monde M. Charles, un
grand blond, ou un petit brun, qui doit demeurer au troisième la porte
à gauche, personne ne le connaît.


LE VOLEUR AU DIGUE DIGUE.

Il entre une dame bien mise dans un magasin, qui y fait des emplettes
magnifiques, elle a presque terminé ses achats, d'autres, ses
complices, arrivent, le magasin se trouve de suite garni d'acheteurs
et acheteuses, tout-à-coup cette dame tombe des attaques de nerfs,
cela s'appelle tomber du digue digue; tout le monde quitte son rayon
pour la secourir, elle demande de l'éther, l'on courre en chercher,
et pendant ce temps les autres travaillent (les autres vous volent);
enfin elle va mieux, mais veux prendre l'air un peu, elle sort, et
vous ne la revoyez plus.


LE VOL AU CAROUBLE.

Le vol au carouble, ou vol à l'aide de fausses clés, s'exécute presque
toujours d'après le consentement de personnes qui vous sont attachées
par domesticité ou par d'autres qui y sont reçues souvent. Ce sont
ceux desquels vous vous méfiez le moins qui donnent aux caroubleurs
l'empreinte de votre clé, et d'après l'empreinte prise sur la cire,
ils en font une pareille. Alors l'on convient du jour et de l'heure où
le vol doit s'effectuer, et ceux à qui vous contez votre mésaventure
ont souvent partagé dans le vol.

Méfiez-vous surtout de laisser la clé de votre chambre en dehors
sur la porte, car les caroubleurs montent dans les maisons et tirent
doucement votre clé, et la posant sur toute face sur de la cire
amodelée, rien n'est plus facile d'en faire une pareille; si un léger
bruit vous donne l'éveil, vous les trouvez à votre porte, ils vous
demandent très gracieusement après M. ou Mme un tel.


LE VOL AU COMMIS.

Un individu vient dans un magasin et demande à voir ce que l'on a de
plus beau en cachemire, il en achète un et dit que l'on le lui envoie
immédiatement, le patron de la maison remet le cachemire à son commis,
ainsi que la facture, le commis accompagne le Monsieur qui le conduit
dans une des belles rues de la Chaussée d'Antin, et lui dit, au moment
où il frappe à la porte d'un magnifique hôtel, remettez-le moi, que
j'aie le plaisir de le présenter en entrant, ce que le commis fait
sans difficulté; la porte s'ouvre, il fait entrer le commis le
premier, et la referme avec vîtesse; le temps que le portier ait dit:
qui demandez-vous, et qu'il n'ait tiré le cordon, le voleur est loin.


LE ROSSIGNOLEUR A LA FLANC.

Le rossignoleur est celui qui porte avec lui une quantité de crochets
semblables à ceux dont se servent les serruriers, et qui monte au
hasard dans une maison; il frappe à la porte, et si personne
ne répond, il se met en exécution. Ce vol s'appelle à la flanc.
Méfiez-vous des gens qui ne sont pas de la maison et que vous voyez
rôder dans les escaliers, demandez-leur hardiment ce qu'ils veulent,
ils vous demanderont un centre à la flanc, (un nom au hasard), et se
cavaleront, car le pentre sera réchauffé; ils vous demanderont un nom
au hasard, ils s'en iront, car vous vous serez douté de quelque chose.


ALLER AU FRICFRAC.

Ce genre de vol s'effectue dans le même genre que le rossignoleur à
la flanc, à l'exception qu'après s'être assuré de l'absence des
personnes, il sorte de dedans leur pantalon une pince en fer,
et soulève votre porte ou la casse. Le voleur au fricfrac est
reconnaissable, il n'a qu'une main à son service et marche raide, car
la barre de fer dans son pantalon le gêne à marcher, et une de ses
mains est occupée à la retenir.



TABLE.


Dictionnaire d'Argot.                1

Dialogues argot et français.         33

Nomenclature et explication des
vols dont chaque jour tout le
monde est victime.                   59

Le Vol à l'écornage.                 59
Le Saut à la mécanique.              63
Le Vol au rendez-moi.                65
Soliceure à la pogne.                68
Les careures en gargues.             71
Vol à la marque.                     73
Vol au conoblement.                  76
Vol au poivrier.                     77
-- à l'attrapage.                    78
-- à la fourline.                    79
-- à l'étalage.                      81
-- à la ramastique.                  80
-- au racolage.                      82
-- à la charité.                     84
-- au tiroire.                       86
La Boiterniére.                      88
Les rifaudeurs.                      90
Faire le Grec.                       91
Le Vol au bonjour.                   93
Le Vol à l'escarpe.                  94
Le Vol à la clavette.                97
Le Vol au radin.                     99
Le Vol à la venterne.                101
Le Vol au benjamin.                  103
Vol à la roulotte.                   105
Le Vol au carouble.                  107
Le Vol au digue digue.               109
Le Vol au cafemon.                   111
Le Vol au commis.                    113
Le Rossignoleur à la flanc.          115
Aller au fricfrac.                   117

FIN.

Moulins, imp. de P.-A. Desrosiers.

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Note du transcripteur: l'orthographe et la grammaire
du livre original ont été reproduits ici.





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