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Title: De l'imprimé à Internet
Author: Lebert, Marie
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "De l'imprimé à Internet" ***


DE L'IMPRIME A INTERNET


MARIE LEBERT


Editions 00h00, Paris, 1999 & NEF, University of Toronto, 2001

Copyright © 1999 Marie Lebert

Comment le monde de l’imprimé accepte-t-il ce nouvel outil d’information et de
communication qu’est Internet? De quelle manière Internet prend-il en compte les
différents secteurs de l’imprimé? Une étude datée de mars 1999 et basée sur de
nombreux entretiens. Avec une version anglaise (différente): From the Print
Media to the Internet. Les versions originales sont disponibles sur le NEF:
http://www.etudes-francaises.net/entretiens/print.htm


TABLE


1. Présentation

2. Internet

3. Les cyberlibrairies

4. Les éditeurs sur le Web

5. La presse en ligne

6. Les bibliothèques sur le Web

7. Les cyberbibliothèques

8. Les catalogues en ligne

9. Perspectives

10. Glossaire

11. Sélection de documents imprimés

12. Sélection de sites web

13. Index des sites et pages web

14. Index des personnes citées


1. PRESENTATION


Si le monde de l'imprimé couvre plus de cinq siècles, celui d'Internet entame
seulement sa cinquième année.

1994 est l'année qui marque les véritables débuts d'Internet à l'échelle
mondiale, avec une restructuration en profondeur des communications à l'échelon
personnel et professionnel, et une restructuration des méthodes de travail à
tous les niveaux. Si Internet existe en fait depuis 1969 en tant que réseau mis
en place par le Pentagone et si l'invention du World Wide Web, beaucoup plus
récente, date de 1989-90, Internet n'a véritablement "explosé" qu'à partir de
novembre 1993, suite à la création de Mosaic, le premier logiciel de navigation
et l'ancêtre de Netscape.

Le monde de l'imprimé et celui d'Internet sont-ils antagonistes ou
complémentaires? Quelle est leur influence l'un sur l'autre? Comment le monde de
l'imprimé accepte-t-il ce nouvel outil d'information et de communication qu'est
Internet? De quelle manière Internet prend-il en compte cet outil
multicentenaire qu'est l'imprimé? Travaillent-ils de concert? Se font-ils
concurrence? Quel est leur avenir commun? Le monde d'Internet va-t-il
complètement avaler l'univers de l'imprimé, ou l'imprimé va-t-il au contraire
domestiquer Internet en tant qu'outil de communication supplémentaire? Sans
compter toutes les interconnexions et transformations dont nous n'avons pas
encore idée puisqu'on nous assure régulièrement qu'Internet est en train de
révolutionner le monde au même titre que l'écriture ou l'imprimerie en d'autres
temps.

Par ailleurs, quelles sont les implications pour tous les professionnels de
l'imprimé: auteurs, bibliothécaires, éditeurs, imprimeurs, journalistes,
libraires, traducteurs, etc.? Comment voient-ils la déferlante qui s'abat sur
eux et l'ouragan qu'amène dans leur vie professionnelle la conquête du monde de
l'imprimé par Internet? Telles sont les questions qui seront abordées dans les
pages qui suivent.

De plus en plus d'ouvrages ont à la fois une édition électronique et une édition
papier pouvant toutes deux être commandées en ligne. Les cyberbibliothèques
permettent de consulter de nombreux textes à l'écran. On a toujours loisir
d'acheter ensuite la version imprimée si on préfère lire cinq cents pages au
coin du feu plutôt que sur son ordinateur. Certains textes ou magazines ne sont
désormais disponibles qu'en version électronique, et les livres électroniques
sont pour bientôt.

De plus en plus de journaux et magazines ont maintenant leur site sur lequel on
trouve le texte intégral ou des extraits du dernier numéro, les archives des
numéros précédents, des dossiers, etc. De plus en plus de catalogues de
bibliothèques sont consultables en ligne. Et pratiquement tous les sites
proposent des liens avec d'autres sites ayant les mêmes centres d'intérêt. En
bref, Internet est devenu indispensable pour se documenter, avoir accès aux
documents et élargir ses connaissances.

On ne traitera pas ici des publications pour la jeunesse qui, ayant connu un
grand essor depuis les années soixante, forment un monde bien spécifique aussi
bien sur papier que sur Internet, et qui mériteraient une étude à part.

Après avoir situé Internet dans un contexte à la fois international, européen et
francophone, on étudiera son interaction avec l'imprimé dans les domaines
suivants: librairies, éditeurs, presse, bibliothèques, cyberbibliothèques et
catalogues. On incluera aussi les réponses des professionnels qui ont participé
à une enquête menée en juin et juillet 1998. Cette enquête portait sur trois
questions: 1) Quel est l'historique de votre site web? 2) Dans quelle mesure
Internet a-t-il changé votre vie professionnelle? 3) Comment voyez-vous votre
avenir professionnel avec Internet?

On exposera ensuite les perspectives concernant la propriété intellectuelle et
le droit du cyberespace, l'édition électronique, la convergence multimédia et la
société de l'information.

L'univers du Web se développe et se transforme à une telle vitesse que certaines
des informations présentes dans ces pages risquent d'être rapidement obsolètes.
Tant pis, ou plutôt tant mieux. Le monde d'Internet est rapide. Cela n'empêche
pas un point de la situation à un moment donné, même si ce point devient très
rapidement historique et passe dans les archives. Datant de mars 1999, cette
étude est la version actualisée d'une thèse de doctorat de l'Ecole pratique des
hautes études (Université de la Sorbonne, Paris) soutenue en janvier 1999.

[Après avoir été documentaliste sous contrat dans plusieurs pays pour monter des
services documentaires et informatiser des catalogues, l'auteure participe
maintenant à la préparation de publications (rédaction, traduction, correction
ou indexation). Depuis 1996, elle travaille essentiellement pour le Bureau
international du Travail (BIT, Genève). Passionnée par les langues, elle
s'intéresse également au multilinguisme sur le Web, objet d'une autre étude.]


2. INTERNET


[Dans ce chapitre:]

[2.1. Chiffres et éléments techniques / 2.2. Concepts de base / 2.3.
"Info-riches" et "info-pauvres" / 2.4. Internet francophone, anglophone et
multilingue]


2.1. Chiffres et éléments techniques


Depuis trois ans environ, Internet fait partie intégrante de notre vie
quotidienne. Fin 1997, le nombre des cybernautes était estimé à 100 millions,
avec un million de nouveaux utilisateurs chaque mois. D'après le Computer
Industry Almanach, document de référence sur l'évolution du cyberespace, les
cybernautes seront plus de 300 millions en l'an 2000.

La France a été raccordée à Internet très exactement le 28 juillet 1988. Dix ans
après, le nombre de cybernautes français est estimé à 3 millions. D'après le
Computer Industry Almanach, il sera de 12,6 millions à la fin de l'an 2000.

Après avoir été un phénomène expérimental qui a enthousiasmé quelques
"branchés", Internet a envahi le monde. Les signes cabalistiques des adresses
Internet fleurissent sur les livres, les magazines, les affiches et les
publicités, sans parler de tous les produits qu'on achète au supermarché. On
nous promet bientôt Internet dans tous les foyers. On parle de mariage de
l'ordinateur et de la télévision avec écrans interchangeables ou intégrés, et
d'accès à Internet par le même biais que la télévision câblée. Depuis le 1er
janvier 1998, pour un abonnement de 260 FF par mois tout compris, les Parisiens
peuvent accéder au réseau Internet par leur prise de câble dans certains
arrondissements, et plusieurs villes de province (Annecy, Nice, Strasbourg,
etc.) disposent des mêmes facilités depuis 1997.

Une autre preuve tangible de l'invasion d'Internet dans notre vie quotidienne
est que sa majuscule tend petit à petit à s'estomper. Internet - qui était
encore une planète à part voici peu de temps - est peu à peu remplacé par
internet, avec un "i" minuscule. Internet deviendra sans doute un nom commun, au
même titre que: téléphone, ordinateur ou télécopieur. En français, on écrit
aussi bien Internet, sans article, que l'Internet, avec article. Dans les pages
qui suivent, on a choisi d'utiliser la forme la plus répandue dans le grand
public, à savoir Internet avec une majuscule et sans article.

En ce qui concerne le vocabulaire d'Internet, on a également choisi autant que
possible l'équivalent français d'un terme anglais quand celui-ci existe. Mais -
que les défenseurs inconditionnels de la langue française nous pardonnent - on
utilise aussi quelques termes résolument anglophones parce que tout simplement
intraduisibles si on veut que le texte reste compréhensible. On a également
tenté d'éviter le ridicule. Par exemple, CD-Rom reste CD-Rom - orthographe
utilisée entre autres par Libération, Le Monde et Télérama - et non cédérom,
comme le préconise l'Académie française. CD-Rom étant l'acronyme de "compact
disc-read only memory", il n'y a aucune raison de le franciser. De même, on
parle par exemple de courrier électronique et non de Mél. (abrégé de: messagerie
électronique), un terme à l'orthographe résolument francophone, mais beaucoup
moins utilisé.

Les paragraphes qui suivent ne se veulent en aucune manière une présentation
complète d'Internet. Les ouvrages abondent dans ce domaine, et on en trouvera
une sélection dans la bibliographie. Le but est seulement de "situer" Internet
pour une meilleure compréhension du sujet. De même, on utilise les termes
techniques uniquement quand c'est indispensable, et ceux-ci sont
systématiquement expliqués dans le corps du texte et dans le glossaire. Etant
assez critique à l'égard des informaticiens employant un language hermétique
compris d'eux seuls alors qu'ils sont censés se faire comprendre du grand
public, on a tenté d'éviter de tomber dans les mêmes travers.

Internet est défini comme un ensemble de réseaux commerciaux, réseaux publics,
réseaux privés, réseaux d'enseignement, réseaux de services, etc., qui opèrent à
l'échelle planétaire. De par ses facilités de connexion d'une part et de par sa
diversité d'autre part, Internet offre d'énormes ressources en information et en
communication, et ces ressources augmentent régulièrement et de façon
spectaculaire.

C'est le World Wide Web qui a rendu Internet très populaire et qui a permis sa
gigantesque progression. Directeur de l'Internet Activities Board (IAB),
Christian Huitema explique que le World Wide Web "repose sur trois idées
principales, la navigation par 'hypertexte' [ensemble de liens permettant
l'accès à d'autres documents], le support du multimédia, et l'intégration des
services préexistants."

Plus communément appelé Web, ou encore WWW ou W3, le World Wide Web a été créé
par Tim Berners-Lee en 1989-1990 au CERN (Laboratoire européen pour la physique
des particules) à Genève, et il a révolutionné la consultation d'Internet en
permettant la publication de documents au moyen du système hypertexte, à savoir
un ensemble de liens hypertextes permettant de passer d'un document textuel ou
visuel à un autre au moyen d'un simple clic de souris. Devenue véritablement
interactive, l'information devenait soudain beaucoup plus attractive.

Le Web est donc très postérieur à Internet, réseau informatique global
connectant gouvernements, sociétés, universités, etc., depuis bientôt trente
ans. Et, même si, improprement, on les considère souvent comme synonymes, le Web
n'est qu'un des aspects d'Internet, qui englobe plusieurs autres services:
courrier électronique, forums de discussion, visioconférence, gopher, FTP (file
transfer protocol), IRC (Internet relay chat), Telnet (terminal network
protocol), etc.

Le Web a logiquement bénéficié de l'infrastructure d'Internet, particulièrement
aux Etats-Unis. C'est la raison pour laquelle ce pays a quelques longueurs
d'avance sur le reste du monde. On se plaint souvent de l'hégémonie américaine
alors que il s'agit surtout d'une avance technique. Comme on le verra plus loin,
malgré tous les efforts des "dynosaures" politiques et commerciaux, il est
difficile à quelque pays ou à quelque communauté que ce soit de "mettre la main"
sur le Web, c'est ce qui fait sa force.

Développé par le National Center for Supercomputing Applications (NSCA) à
l'Université d'Illinois (USA) et distribué gratuitement à partir de novembre
1993, Mosaic fut le premier navigateur sur le Web et il contribua grandement à
son développement rapide. Début 1994, une partie de l'équipe de Mosaic émigra
dans la Netscape Communications Corporation pour commercialiser son logiciel
sous le nom de Nescape Navigator. A ce jour, il est le navigateur le plus
utilisé au monde avec 70% du marché mondial.

En 1995, pour concurrencer Netscape Navigator, Microsoft créa Internet Explorer,
distribué gratuitement dans le pack accompagnant Windows 95 - qui équipe 90% des
ordinateurs dans le monde - ce qui provoqua un véritable tollé. Les concurrents
de Microsoft accusaient la société de vouloir créer une situation de
quasi-monopole, mettant ainsi en péril la libre concurrence alors qu'il existe
une législation anti-trust dans le domaine de la haute technologie. Depuis
plusieurs mois, les médias couvrent abondamment les démêlés de Bill Gates,
patron de Microsoft, avec le ministère américain de la Justice sur la
commercialisation d'Internet Explorer avec ou sans Windows 98 - qui succède à
Windows 95.

Chaque serveur web est accessible au moyen d'une adresse qui lui est propre,
plus précisément appelée URL (uniform resource locator). De par leur complexité,
un grand nombre d'adresses Internet sont difficiles à retenir, si bien que les
navigateurs proposent des favoris, également appelés signets. Ces favoris
permettent à chacun de constituer son propre répertoire de sites web sans devoir
relancer une recherche ou bien retaper complètement une adresse pour chaque
consultation.

Un site web est le plus souvent formé d'un ensemble de pages-écran reliées entre
elles par des liens hypertextes, qui sont en général soulignés et d'une couleur
différente de celle du texte. Grâce à un simple clic, l'utilisateur est renvoyé
soit à une autre partie du document, soit à un autre document du site, soit à un
autre site. Plus récemment, cette interactivité a encore été accrue par la
possibilité de liens hypermédias permettant la connexion de textes et d'images
avec des graphiques, vidéos ou bandes sonores.

La recherche sur le Web est facilitée par des annuaires et des moteurs de
recherche.

Appelés également répertoires par les francophones, les annuaires recensent tous
les sites web et les classent par thèmes afin d'aider l'utilisateur à trouver
l'information qu'il cherche. Ces annuaires permettent aussi bien de trouver
l'adresse d'un site dont on connaît déjà le nom que de faire une recherche par
sujet.

L'annuaire le plus utilisé sur le Web est Yahoo!, acronyme de: Yet Another
Hierarchical Officious Oracle! Créé en 1994 par des étudiants de l'Université de
Stanford (Californie, USA) pour recenser et classer par thèmes les sites web,
Yahoo! est devenu une institution. Le travail est effectué par le cerveau
humain, contrairement aux moteurs de recherche comme AltaVista où tout est
automatisé. Divisé en 63 grandes catégories, Yahoo! comprend notamment des
secteurs sur les bibliothèques, les cyberbibliothèques, les textes
électroniques, etc. Consultable en anglais, allemand, coréen, français,
japonais, norvégien et suédois, Yahoo! travaille de concert avec AltaVista.
Quand une recherche ne donne pas de résultat dans l'un, elle est automatiquement
aiguillée sur l'autre. Depuis la fin décembre 1998, le site de Yahoo! France
permet à chaque utilisateur de créer son propre guide de recherche avec Mon
Yahoo!

Les moteurs de recherche sont de gigantesques bases de données dans lesquelles
le recensement des sites est entièrement automatisé. Le plus utilisé, AltaVista,
est disponible en quatorze langues, dont le français. Il permet aussi la
recherche d'images, et la recherche par sujets grâce à AltaVista Subject Search.
Depuis décembre 1997, il propose AltaVista Translation, un service de traduction
automatisée de l'anglais vers les langues suivantes: allemand, espagnol,
français, italien et portugais, et vice versa. Bien qu'ayant ses limites:
traduction de trois pages maximum, texte traduit très approximatif, etc., ce
service a été immédiatement très apprécié des cybernautes non anglophones.

D'autres instruments de recherche ont été créés à destination du public
francophone, par exemple Nomade ou Ecila.

Le seul véritable point faible du Web, ce sont les connexions parfois difficiles
et les délais d'attente imprévisibles nécessaires pour se connecter à un
fournisseur d'accès à Internet par le biais du réseau téléphonique. Ces délais
mettent les nerfs du cybernaute pressé à rude épreuve et devraient être résolus
à plus ou moins long terme. Pour le moment, le plus souvent, un particulier se
connecte à Internet par le biais d'un modem branché sur sa ligne téléphonique,
appelé un réseau à bande étroite (fils de cuivre). Les réseaux à bande étroite
seront progressivement remplacés par des réseaux à bande moyenne (RNIS et ADSL)
et des réseaux à large bande (fibres optiques), qui éviteront les délais de
connexion et permettront un déchargement rapide des images. D'ores et déjà, la
carte RNIS (réseau numérique à intégration de services) permet une transmission
rapide des données par câble téléphonique, parallèlement à la transmission des
services de téléphonie et de télécopie.

Le procédé ADSL (asymmetric digital subscriber line) permet d'augmenter
considérablement la vitesse de transmission des données par les lignes
téléphoniques classiques tout en préservant lui aussi la circulation de la voix
et de la télécopie. Depuis octobre 1997, France Télécom et Alcatel ont lancé
Turbo Wanadoo, avec une première plate-forme expérimentale à Noisy-le-Grand
(Seine-Saint-Denis, dans la région parisienne), suivie d'une deuxième
plate-forme à Rennes (Bretagne) au printemps 1998. L'abonnement est de 422 FF
par mois.

Aux traditionnels câbles métalliques succèdent les câbles à fibres optiques, de
bien plus gros débit. Ces câbles utilisent la technologie ATM (asnychronous
tranfer mode), un protocole pouvant transmettre tout type d'information, y
compris la voix et la vidéo, par l'acheminement indépendant de cette information
fragmentée en de multiples paquets et reconstituée à l'arrivée pour recomposer
l'information initiale, le tout dans un délai donné.

Dans Cyberplanète : notre vie en temps virtuel, passionnant ouvrage de Philip
Wade et Didier Falkand (Paris, éditions Autrement, 1998), il est indiqué que les
Etats-Unis installent 6.000 kilomètres de fibre optique par jour. A ce rythme,
il leur faudra 890 ans et 700 milliards de dollars d'investissement pour
remplacer tous les fils de cuivre du téléphone. Pour une opération similaire, le
Japon aurait besoin de quinze ans et 500 milliards de dollars.

Afin d'accélérer les échanges de données sur le réseau, on envisage donc
maintenant d'installer des satellites en orbite basse d'ici l'an 2002. Situés à
moins de 2.000 km d'altitude, ces satellites auront un temps de réponse de vingt
millisecondes, correspondant à celui d'un câble à fibre optique. Plusieurs
programmes ont été mis en place pour travailler à ce projet, dont le programme
européen Skybridge et ceux de ses concurrents américains Celestru et Teledesic.

Techniquement parlant, on s'interroge souvent sur la place de l'Europe dans le
développement d'Internet. A la question posée en décembre 1997 par Pierre
Ruetschi, journaliste à la Tribune de Genève: "Pourquoi l'Europe a-t-elle
accumulé un tel retard sur les Etats-Unis en matière de présence et de
développement sur l'Internet? Et peut-elle rattraper ce retard?", Tim
Berners-Lee, président du World Wide Web Consortium, répondait en expliquant
l'avance des Etats-Unis par les importants investissements faits par l'Etat. Il
insistait aussi sur l'avance technologique de l'Europe sur les Etats-Unis dans
plusieurs domaines: Minitel, cartes à puce, téléphones cellulaires, etc.

Il est vrai que la France fut un pays pilote avec l'utilisation intensive du
Minitel par un quart de sa population. Développé par France Télécom, le Minitel
est un terminal permettant la consultation de serveurs à domicile, consultation
qui fut fortement encouragée par l'Etat français puisqu'il distribua
gratuitement des millions de terminaux. L'opération Minitel fut un succès,
contrairement à des opérations similaires menées dans d'autres pays (Prestel en
Angleterre, BX en Allemagne ou Alex au Canada) qui, elles, ne remportèrent pas
le succès escompté. Même s'il est technologiquement limité, le Minitel est "tout
ce qu'Internet doit encore devenir", expliquait Bruno Guissani dans le quotidien
Libération du 5 décembre 1997. "Le coût de l'équipement est proche de zéro. Le
système permet des transactions sûres et légalement fiables. Il garantit un bon
degré de protection personnelle (privacy). Il est simple à utiliser. Et il
génère des revenus tant pour ses opérateurs que pour les marchands qui s'y
aventurent."

La plupart des serveurs disponibles sur Minitel le sont maintenant également sur
le Web, avec les avantages qu'offrent une consultation meilleur marché (le prix
d'une communication téléphonique locale), la facilité de navigation et les
possibilités du multimédia.

Dans les foyers, la consultation du Minitel va bientôt être rempacée par celle
d'Internet. Alcatel, firme française qui fut l'une des bénéficiaires du succès
du Minitel, compte mettre le successeur du Minitel sur le marché en 1999. Muni
d'un écran couleur et fonctionnant en langage Java, ce téléphone permettra de
naviguer en direct sur Internet. Il sera équipé d'un modem de 33,6K (kilobits
par seconde) ou d'une carte RNIS (réseau numérique à intégration de services),
ainsi que d'un lecteur de carte bancaire permettant les paiements sécurisés. Cet
équipement coûtera environ 3.000 FF.


2.2. Concepts de base


Sur le site de l'Internet Society, organisme professionnel international
coordonnant et promouvant le développement d'Internet, The Brief History of
Internet propose d'Internet une triple définition. Internet est : 1) un
instrument de diffusion internationale, 2) un mécanisme de diffusion de
l'information, 3) un moyen de collaboration et d'interaction entre les individus
et les ordinateurs, indépendamment de leur situation géographique.

Selon ce document, bien plus que toute autre invention (télégraphe, téléphone,
radio ou ordinateur), Internet a révolutionné de fond en comble le monde des
communications. Il représente un des exemples les plus réussis d'interaction
entre un investissement soutenu dans la recherche et le développement de
l'infrastructure de l'information, qui ont été l'objet d'un réel partenariat
entre les gouvernements, les industries et les universités.

C'est le 24 octobre 1995 que le Federal Networking Council (FNC) accepte une
résolution visant à proposer une définition développée en consultation avec les
membres des communautés d'Internet et ceux des organismes défendant la propriété
intellectuelle. Internet est donc défini comme un système d'information globale
obéissant aux trois caractéristiques suivantes: 1) des adresses d'un type unique
basées sur le protocope IP (Internet protocol) ou ses extensions, 2) des
communications utilisant le TCP/IP (transmission control protocol / Internet
protocol), ses extensions ou des protocoles compatibles, 3) la mise à
disposition de services publics ou privés à partir de ces infrastructures.

Sur le site du World Wide Web Consortium, consortium industriel international
établissant les protocoles communs nécessaires au Web, Bruce Sterling décrit le
développement spectaculaire d'Internet dans Short History of the Internet.
Internet se développe plus vite que les téléphones cellulaires ou les
télécopieurs. En 1996, sa croissance était de 20% par mois. Le nombre des
machines ayant une connexion directe TCP/IP avait doublé depuis 1988. D'abord
présent dans l'armée et dans les instituts de recherche, Internet a déferlé
comme un raz-de-marée dans les écoles, les universités et les bibliothèques, et
il a également été pris d'assaut par le secteur commercial.

Bruce Sterling s'intéresse aussi aux raisons pour lesquelles on se connecte à
Internet. Une des raisons essentielles lui semble être la liberté. Internet est
un exemple d'"anarchie réelle, moderne et fonctionnelle". Il n'y a pas de
société Internet. Il n'y a pas non plus de censeurs officiels, de patrons, de
comité de direction ou d'actionnaires. Toute personne peut parler d'égale à
égale avec une autre, du moment qu'elle se conforme aux protocoles TCP/IP, des
procotoles qui ne sont pas sociaux ou politiques mais strictement techniques.

Internet est aussi une bonne affaire commerciale. Contrairement à la téléphonie
traditionnelle, il n'y a pas de frais longue distance. Et, contrairement aux
réseaux informatiques commerciaux, il n'y pas de frais d'accès. En fait,
Internet, qui n'existe même pas officiellement en tant qu'entité, n'a pas de
facturation propre. Chaque groupe de personnes ayant accès à Internet est
responsable de ses propres machines et de ses propres connexions.

Plusieurs organismes internationaux travaillent au développement d'Internet. En
voici trois.

Créée en 1992 par Vinton Cerf, souvent appelé le père d'Internet parce qu'il est
l'inventeur du protocole TCP/IP (à la base de tout échange de données),
l'Internet Society (ISOC) est un organisme professionnel international non
gouvernemental regroupant des secteurs ayant des intérêts divers afin d'élaborer
des solutions permettant de promouvoir le développement d'Internet.

Le World Wide Web Consortium (W3C) est un consortium industriel international
fondé en 1994 pour développer les protocoles communs nécessaires à la croissance
du Web et guider ainsi cette croissance en en définissant les standards. Etabli
à Boston dans le MIT Laboratory for Computer Science (MIT: Massachussets
Institute of Technology, USA) et dirigé par Tim Berners-Lee, inventeur du World
Wide Web en 1989-1990, il réunit les entreprises qui comptent dans le monde
d'Internet.

L'Electronic Frontier Foundation (EFF) est un organisme à but non lucratif de
défense des libertés civiles, qui oeuvre dans l'intérêt public pour protéger le
respect de la vie privée, la liberté d'expression, l'accès en ligne de
l'information publique et la responsabilité civile dans les nouveaux médias.

Internet est-il un concurrent direct de la télévision et de la lecture? En 1996,
un cybernaute sur deux passait moins de temps devant la télévision. 18% des
cybernautes lisaient moins de livres, 5% en lisaient plus. 15% lisaient moins de
quotidiens et magazines, 12% en lisaient plus.

Au Québec, où 30,7% de la population est connectée à Internet, un sondage
réalisé en mars 1998 par l'institut Som pour le compte du magazine
Branchez-vous! montre que 28,8% des Québécois connectés regardent moins la
télévision qu'avant. Par contre, seuls 12,1% lisent moins, ce qui, d'après le
cyberquotidien Multimédium, est "plutôt encourageant pour le ministère de la
Culture et des Communications qui a la double tâche de favoriser l'essor de
l'inforoute et celui... de la lecture!"

Lors d'un entretien avec Annick Rivoire publié dans Libération du 16 janvier
1998, Pierre Lévy, philosophe, expliquait qu'Internet va contribuer à la fin des
monopoles:

"Le réseau désenclave, donne plus de chance aux petits. On crie 'ah! le monopole
de Microsoft', mais on oublie de dire que l'Internet sonne la fin du monopole de
la presse, de la radio et de la télévision et de tous les intermédiaires."

Fondateur de l'Internet Society (ISOC), Vinton Cerf insiste régulièrement sur le
fait qu'Internet relie moins des ordinateurs que des personnes et des idées. Il
explique aussi:

"Le réseau fait deux choses [...]: comme les livres, il permet d'accumuler de la
connaissance. Mais surtout, il la présente dans une forme qui la met en relation
avec d'autres informations. Alors que dans un livre, l'information est maintenue
isolée."

C'est ce que Pierre Lévy définit comme l'intelligence collective:

"Les réseaux permettent de mettre en commun nos mémoires, nos compétences, nos
imaginations, nos projets, nos idées, et de faire en sorte que toutes les
différences, les singularités se relancent les unes les autres, entrent en
complémentarité, en synergie."

Philosophe passionné par le cyberespace, Timothy Leary constate dans Chaos et
cyberculture (Paris, éditions du Lézard, 1997):

"Jamais l'individu n'a eu à sa portée un tel pouvoir. Mais, à l'âge de
l'information, il faut saisir les signaux. Populariser signifie 'rendre
accessible au peuple'. Aujourd'hui, le rôle du philosophe est de personnaliser,
de populariser et d'humaniser les concepts informatiques, de façon à ce que
personne ne se sente exclu."

Lors d'une entrevue accordée en automne 1997 à François Lemelin, rédacteur en
chef de L'Album, publication officielle du Club Macintosh de Québec, Jean-Pierre
Cloutier, auteur des Chroniques de Cybérie, expliquait:

"Je crois que le médium (Internet, ndlr) va continuer de s'imposer, puis donner
lieu à des services originaux, précis, spécifiques, quand on aura trouvé un
modèle économique de viabilité. Que ce soit pour les cybermédias d'information
comme les Chroniques de Cybérie, ou pour les info-services, les services
communautaires et publics en ligne, le commerce électronique, l'éducation à
distance, la politique post-moderne qui va changer les rapports élus/commettants
(élus/administrés, ndlr), en fait, tout ça s'en vient (tout cela est pour
bientôt, ndlr). (...) Pour ce qui est des rapports avec les autres médias, je
crois qu'il faut regarder en arrière. Contrairement aux dires des alarmistes de
toutes les époques, la radio n'a pas tué l'industrie de la musique ou du
spectacle, pas plus que le cinéma. La télé n'a pas tué la radio, ni le cinéma.
Le vidéo à domicile non plus. Quand un nouveau médium arrive, il se fait une
place, les autres s'ajustent, il y a une période de transition, puis une
'convergence'.

Ce qui est différent, avec Internet, c'est la dimension interactive du médium et
son impact possible. C'est la donnée sur laquelle on réfléchit encore, on
observe. Aussi, comme médium, le Net fait émerger de nouveaux concepts sur le
plan de la communication, et sur le plan humain, et ce même pour les non
branchés. Je me souviens (eh oui, j'ai cet âge) quand McLuhan est arrivé, fin
des années soixante, avec son concept de 'village global' en se basant sur la
télévision, le téléphone, et qu'il prévoyait les échanges de données entre
ordinateurs. Eh bien il y a eu des gens, en Afrique, sans télévision et sans
téléphone, qui ont lu et qui ont compris McLuhan. Et McLuhan a changé des choses
dans leur conception de voir le monde. L'Internet a ce même effet. Il provoque
une réflexion sur la communication, la vie privée, la liberté d'expression, les
valeurs auxquelles on tient, celles dont on est prêt à se débarrasser, et c'est
ça qui en fait un médium si puissant, si important."


2.3. "Info-riches" et "info-pauvres"


Les enjeux économiques de la société de l'information sont considérables. "Un
chiffre très supérieur aux exportations mondiales de produits agricoles, et une
croissance la plus rapide de toutes les industries avec un taux moyen de 15% par
an depuis 1990 pour l'informatique et de 10% pour les télécommunications. Leur
contribution au PIB (produit intérieur brut) mondial devrait dépasser 10% d'ici
à l'an 2000 et poursuivre son expansion au-delà", précisent Philip Wade et
Didier Falkand dans Cyberplanète: notre vie en temps virtuel (Paris, éditions
Autrement, 1998).

Il existe évidemment une corrélation directe entre le développement économique
et social et l'accès aux télécommunications. L'accès aux nouvelles technologies
de communication progresse beaucoup plus rapidement dans les nations situées au
nord de la planète que dans celles situées au sud, et on trouve beaucoup plus de
serveurs web en Amérique du Nord et en Europe que sur les autres continents.
Deux tiers des cybernautes habitent les Etats-Unis, pays dans lequel 40% des
foyers sont équipés d'un ordinateur, pourcentage que l'on retrouve aussi au
Danemark, en Suisse et aux Pays-Bas. Le pourcentage est de 30% en Allemagne, 25%
au Royaume-Uni, et 20% dans la plupart des pays industrialisés.

Disponibles dans le Computer Industry Almanach, document de référence sur
l'évolution du cyberespace, les statistiques du 19 mars 1998 sur le pourcentage
des connexions par nombre d'habitants montrent que la Finlande est le pays le
plus "branché" du monde avec 25% de cybernautes, suivi par la Norvège (23%) et
l'Islande (22,7%). Les Etats-Unis se trouvent au quatrième rang avec 20% de
cybernautes. Onze pays dans le monde ont une proportion d'usagers d'Internet
dépassant les 10%, et la Suisse est le onzième avec 10,7%.

En ce qui concerne le pourcentage global, les statistiques de fin 1997 du
Computer Industry Almanach - qui tiennent compte des branchements à domicile, au
bureau et dans les établissements d'enseignement - montrent que les Etats-Unis
sont encore largement en tête avec 54,68% du total mondial, suivis par le Japon
(7,97%), la Grande-Bretagne (5,83%) et le Canada (4,33%). Les chiffres montrent
aussi que la place des Etats-Unis ne cesse de diminuer: 80% en 1991, moins de
65% en 1994, moins de 50% courant 1998 et une prévision de moins de 40% en l'an
2000. La France (1,18%) et la Suisse (0,77%) font également partie des quinze
pays les plus "branchés".

A l'échelle mondiale, l'accès universel aux autoroutes de l'information est loin
d'être assuré. En ce qui concerne la téléphonie de base, la télédensité varie de
plus de 60 lignes téléphoniques pour 100 habitants dans les pays riches (par
exemple 68 en Suède, 63 aux Etats-Unis, 61 en Suisse et au Danemark) à moins
d'une dans les pays pauvres. L'Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest disposent
de la moitié des lignes téléphoniques dans le monde, alors que la moitié de la
population mondiale n'a jamais utilisé un téléphone.

Dans les pays en développement, il est fort peu probable que les connexions à
Internet se fassent par le biais des lignes téléphoniques traditionnelles alors
qu'il existe maintenant d'autres solutions technologiques. Les pays en
développement possèdent un taux d'équipement en lignes numériques comparable à
celui des pays industrialisés. En 1995, les statistiques étaient de 77% pour
l'Amérique du Nord, 72% pour l'Asie et le Pacifique, 64% pour l'Europe de
l'Ouest et l'Amérique latine, et 70% pour le Moyen-Orient et l'Afrique.

Le développement de la téléphonie mobile est également spectaculaire, et
l'équipement en téléviseurs est proche de celui des pays industrialisés. Selon
Philip Wade et Didier Falkland, le micro-ordinateur pourrait avoir un
développement similaire, à condition que la fiscalité et les droits de douane ne
soient pas trop élevés. La solution pourrait se trouver dans la radiotéléphonie
cellulaire et la connexion par satellite. Par contre, le contrôle des moyens
d'information, facile pour la télévision, risque de l'être beaucoup moins pour
Internet, même si des pays comme la Chine ou Singapour bloquent pour le moment
l'accès à certains serveurs jugés politiquement ou moralement incorrects.

Lors d'un discours prononcé en octobre 1995 à Genève pendant le septième Forum
international des télécommunications, Nelson Mandela, président de l'Afrique du
Sud, déclarait que "les technologies de communication ne doivent pas être
considérées comme un luxe, intervenant après le développement général du pays,
mais comme l'une des convictions qui déterminent les capacités des pays en
développement à engager la modernisation de leur économie et de leur société".

Les nouveaux réseaux peuvent contribuer au développement économique des pays en
développement. Plusieurs programmes ont été lancés dans ce domaine comme infoDev
(programme de la Banque mondiale) ou WorldTel et, spécifiquement pour l'Afrique,
un programme de l'US Agency for International Development (AID), @frinet
(programme du Canada) ou AfriWeb (programme du Québec).

La démarcation entre "info-riches" et "info-pauvres" ne suit cependant pas
systématiquement la démarcation entre pays développés et pays en développement.
L'accès aux technologies de l'information est lui-même très inégal dans les pays
riches. Quelques pays en développement, par exemple la Malaisie ou les pays
d'Amérique latine, ont une politique très dynamique en matière de
télécommunications. Un document préparatoire de la deuxième Conférence sur le
développement des télécommunications dans le monde - qui s'est déroulée du 23
mars au 1er avril 1998 à Valletta (Malte) - montre que plusieurs pays en
développement, comme le Botswana, la Chine, le Chili, la Thaïlande, la Hongrie,
le Ghana et l'Ile Maurice, ont réussi à étendre la densité et la qualité de
leurs services téléphoniques au cours des trois dernières années. Par contre,
pour les nations les plus pauvres, la situation s'est encore aggravée.

Président de Nation Printers and Publishers (Kenya) (devenue Nation Media Group
le 23 juillet 1998), Wilfred Kiboro déclarait lors du Colloque sur la
convergence multimédia des 27-29 janvier 1997 à Genève:

"Le coût de la technologie de l'information doit être ramené à un niveau
abordable. Je rêve du jour où les villageois africains pourront accéder à
Internet depuis leur village, aujourd'hui privé d'eau et d'électricité." En
effet, dans le domaine des médias particulièrement, il existe un gouffre entre
les "info-riches" et les "info-pauvres". Dans de nombreux pays africains, le
tirage des journaux est extrêmement faible comparé au chiffre de la population,
et chaque exemplaire est lu par une vingtaine de personnes au moins. Selon
Wilfred Kiboro, les coûts de distribution pourraient fortement baisser avec la
mise en service d'un système d'impression par satellite qui éviterait le
transport des journaux par camion dans tout le pays.

Un article du quotidien Le Monde du 30 mars 1998 montre que certains pays en
développement comptent aussi sur le Web pour redorer leur image, comme la
Mauritanie qui, fin mars 1998, présentait son site web officiel au siège de la
Banque mondiale. Vitrine du pays à destination des touristes et des
investisseurs étrangers, ce site a pour but d'améliorer une image passablement
ternie suite au reportage d'une chaîne de télévision sur la persistance de
l'esclavage dans ce pays, alors que celui-ci est officiellement aboli depuis des
années. A l'intérieur du pays, la consultation d'Internet est fortement
réglementée par l'Office des postes et des télécommunications (OPT), qui est
l'opérateur national, et rendue plus difficile encore par des coûts de connexion
prohibitifs, à savoir trois fois ceux d'une communication téléphonique locale.

La Chine elle aussi est en train de découvrir l'information numérique. Elle
dispose d'un Internet national, le China Wide Web, dont le nombre d'abonnés est
passé de 100.000 en 1996 à 600.000 en 1997. Mis en place par la China Internet
Corporation (CIC), une société établie à Hong Kong, il s'agit d'un réseau
d'affaires et d'informations passablement coupé du monde, filtré et surveillé
par les autorités chinoises. Le 27 mars 1998, le cyberquotidien Multimédium
écrivait:

"Tout cela respire la langue de bois, le totalitarisme et l'opportunisme à plein
poumons, bien sûr. Mais qui sait si la logique libertaire du médium ne finira
effectivement pas, un jour, par l'emporter sur l'idéologie? Ce fameux jour où la
Chine se branchera..."

Le goufre entre "info-riches" et "info-pauvres" n'est pas seulement celui qui
sépare les pays développés des pays en développement. C'est aussi, dans
n'importe quel pays, celui qui sépare les riches des pauvres, ceux qui ont du
travail et ceux qui n'en ont pas, ceux qui ont leur place dans la société et
ceux qui en sont exclus. Moyen de communication, Internet peut être une
passerelle au-dessus du goufre, comme le montre un encart de la revue
Psychologies de mai 1998:

"Aux Etats-Unis, un mouvement voit le jour: la confiance en soi... par Internet!
Des milliers de sans-abri ont recours au réseau pour retrouver une place dans la
société. Non seulement le Net fournit une adresse à qui n'en a pas et ôte les
inhibitions de qui redoute d'être jugé sur son apparence, mais c'est aussi une
source d'informations et de contacts incomparable. Bibliothèques et associations
d'aide au quart-monde l'ont bien compris: des salles informatiques, avec accès à
Internet, animées par des formateurs, sont ouvertes un peu partout et les
mairies en publient la liste. A travers le e-mail (courrier électronique), les
homeless (sans-abri) obtiennent les adresses des lieux d'accueil, des banques
alimentaires et des centres de soins gratuits, ainsi qu'une pléthore de sites
pour trouver un emploi. A 50 ans, Matthew B. a passé le quart de sa vie dans la
rue et survit, depuis trois ans, d'une maigre subvention. Il hante la
bibliothèque de San Francisco, les yeux rivés sur l'écran des ordinateurs.
'C'est la première fois, dit-il, que j'ai le sentiment d'appartenir à une
communauté. Il est moins intimidant d'être sur Internet que de rencontrer les
gens face à face.'"


2.4. Internet francophone, anglophone et multilingue


Après avoir été anglophone à pratiquement 100%, Internet l'est encore à plus de
80%, un pourcentage qui s'explique par les trois facteurs suivants : 1) les
premières années ont vu la création d'un grand nombre de sites web émanant des
Etats-Unis, du Canada ou du Royaume-Uni, 2) la proportion de cybernautes est
encore particulièrement forte en Amérique du Nord par rapport au reste du monde,
3) l'anglais est la principale langue d'échange internationale.

Comme Internet s'étend progressivement à tous les continents et à de nombreux
pays non anglophones, ce pourcentage est à la baisse.

Parallèlement, les sites francophones ont enregistré une forte expansion depuis
1996. Au début de 1998, les Québécois attendaient de pied ferme l'arrivée en
masse de sites français, surtout dans le domaine du commerce électronique. Le 10
février 1998 , lors d'un entretien avec le cyberquotidien Multimédium, Louise
Beaudouin, ministre de la Culture et des Communications du Québec, déclarait:
"J'attendais depuis deux ans que la France se réveille. Aujourd'hui, je ne m'en
plaindrai pas. "A cette date, le Québec (6 millions d'habitants) proposait plus
de sites web que la France (60 millions d'habitants). La ministre attribuait le
retard de la France à deux facteurs: d'une part les tarifs élevés du téléphone
et du Minitel, d'autre part les transactions commerciales possibles sur le
Minitel depuis plusieurs années, ce qui avait ralenti l'expansion du commerce
électronique sur Internet.

"En voulant trop en faire une affaire nationale, qui exprimerait aussi par
ailleurs l'antipathie qu'ils ont envers les Anglais, les Français ont tendance à
freiner la propagation de leur culture. Cela est très regrettable", lit-on le 7
novembre 1996 dans Yomiyuri Shimbun, le plus grand quotidien japonais avec ses
dix millions d'exemplaires (cité dans un article de Pierre Perroud, créateur de
la cyberbibliothèque Athena). Ce cliché a-t-il jamais été vrai, si ce n'est
pendant la Guerre de cent ans?

Plus optimiste, Tim Berners-Lee, créateur du Web, déclarait cependant en
décembre 1997 à Pierre Ruetschi dans la Tribune de Genève:

"Pourquoi les francophones ne mettent-ils pas davantage d'informations sur le
Web? Est-ce qu'ils pensent que personne ne veut la lire, que la culture
française n'a rien à offrir? C'est de la folie, l'offre est évidemment énorme."
Ces remarques sont-elles une critique, un encouragement, ou les deux? On aurait
pu les comprendre il y a deux ou trois ans, mais il n'est pas sûr qu'elles
soient encore de mise aujourd'hui. Il suffit de naviguer sur le Web francophone
pour s'en rendre compte.

Un exemple parmi d'autres de la coopération francophone est le beau site de
l'Agence de la francophonie. L'Agence, "instrument de coopération multilatérale
née d'un idéal, celui de créer une communauté qui fasse entendre sa voix dans le
concert des nations, participe aujourd'hui à l'avènement d'un Secrétariat
général de la Francophonie". Créée en 1970 pour regrouper 21 états francophones,
l'Agence de la francophonie en comptait 47 en 1997.

S'il est la langue des pays francophones, le français est aussi la deuxième
langue utilisée dans les organisations internationales. Malgré la pression
anglophone, réelle ou supposée selon les cas, des francophones veillent à ce que
le français, langue officielle de plus de quarante états, ait sa place en Europe
et dans le monde, au même titre que les autres grandes langues de communication
que sont l'anglais, l'arabe, le chinois et l'espagnol. Là aussi, l'optique est
aussi bien la défense d'une langue que le respect du multilinguisme et de la
diversité des peuples.

C'est l'Annuaire de l'UREC (UREC: Unité réseaux du CNRS) qui a été le premier
annuaire de sites web français. Travail de pionnier, il a permis aux cybernautes
francophones d'une part de se familiariser avec le Web sans se noyer dans la
masse d'informations mondiale, d'autre part de connaître les sites qui petit à
petit fleurissaient en France et ailleurs. Créé au début de 1994, il a d'abord
recensé les sites académiques, puis son contenu est devenu plus généraliste.

Comme l'expliquait Claude Gross sur le site à l'automne 1997, la gestion de
l'annuaire est ensuite devenue très difficile du fait de l'accroissement
constant du nombre de sites web, et notamment de sites commerciaux. Par la
suite, d'autres annuaires ont vu le jour, dont certains débutés avec l'aide de
l'UREC. En juillet 1997, considérant que la mission qu'elle s'était donnée était
accomplie, l'UREC a donc arrêté la mise à jour de cet annuaire généraliste. Il
est maintenant remplacé par un annuaire spécialisé consacré à l'enseignement
supérieur et à la recherche.

Nombreux sont ceux qui travaillent à une meilleure représentation du français
sur le Web, en prônant un Web francophone intégré dans un Web international et
multilingue tenant compte de la diversité des langues en Europe et dans le
monde.

La Délégation générale à la langue française (DGLF) s'est donnée plusieurs
missions : veiller à la promotion et à l'emploi du français en France, favoriser
son utilisation comme langue de communication internationale et développer le
plurilinguisme, garant de la diversité culturelle. La rubrique: France langue
propose trois listes de diffusion consacrées à la langue française: France
langue, France langue assistance et France langue technologies. Gérée et modérée
par la DGLF, France langue se veut "un lieu convivial d'échanges d'informations
et d'idées (manifestations, colloques, publications, etc.), ainsi qu'un lieu de
discussion sur les thèmes liés à la langue française, à la diversité
linguistique, à la dynamique des langues, à la politique linguistique", et elle
accueille toutes les questions d'ordre linguistique (grammaire, orthographe,
usage, etc.).

La DGLF a également mené plusieurs actions pour assurer la place du français sur
les nouveaux réseaux, notamment l''édition de guides techniques sur
l'utilisation dans les logiciels des caractères typographiques et des accents
propres à la langue française, ce en liaison avec l'AFNOR (Association française
de normalisation), et la traduction des logiciels commercialisés en France.

Le site de la Maison de la Francité, association belge subventionnée depuis 1976
par la Commission communautaire française, souhaite présenter la réalité
socio-linguistique de Bruxelles, seconde capitale internationale de langue
française après Paris, tout en agissant pour la défense et la promotion de la
langue française à Bruxelles et au sein de la Communauté française
Wallonie-Bruxelles.

Au Québec, le dynamique Office de la langue française (OLF), organisme
gouvernemental chargé d'assurer la promotion du français, veille à
l'implantation et au maintien du français dans les milieux de travail et des
affaires et dans les services administratifs. Il définit et conduit la politique
québécoise en matière de linguistique et de terminologie.

La propagation d'une langue passe aussi par l'étude dynamique de celle-ci.
Internet ouvre des horizons sans précédent sur l'utilisation de bases de données
linguistiques et les possibilités de recherche textuelle, témoin le site de
l'Institut national de la langue française (INaLF), qui présente ses propres
recherches, notamment dans le discours littéraire du 14e au 20e siècle (contenu,
sémantique, thématique), la langue courante (langue écrite, langue parlée,
argot), le discours scientifique et technique et ses ressources terminologiques.

Les instances politiques ont également contribué à favoriser l'accès des
autoroutes de l'information aux francophones. En application de la Résolution
sur la société de l'information adoptée par les chefs d'Etat et de gouvernement
à Cotonou (Bénin) en décembre 1995, la Conférence des ministres francophones
chargés des inforoutes s'est déroulée à Montréal (Québec) du 19 au 21 mai 1997.
Datée du 21 mai 1997, la Déclaration de Montréal proposait de "développer une
aire francophone d'éducation, de formation et de recherche; soutenir la création
et la circulation de contenus francophones et contribuer à la sauvegarde et à la
valorisation des patrimoines; encourager la promotion de l'aire francophone de
développement économique; mettre en place une vigie francophone (veille active);
sensibiliser prioritairement la jeunesse ainsi que les utilisateurs, les
producteurs et les décideurs; assurer la présence et la concertation des
francophones dans les instances spécialisées."

De par sa vocation internationale, Internet doit être multilingue. On dispose
enfin d'un instrument qui peut abolir les frontières au lieu d'en créer
d'autres. De plus en plus de sites offrent des présentations bilingues ou
trilingues, voire multilingues. Le site du quotidien belge Le Soir, par exemple,
offre une présentation du journal en six langues: français, allemand, anglais,
espagnol, italien et néerlandais. Le Club des poètes, lui, présente son site en
anglais, en espagnol et en portugais.

Le multilinguisme est l'affaire de tous, témoin cet Appel du Comité européen
pour le respect des cultures et des langues en Europe (CERCLE) qui, diffusé dans
les onze langues officielles de l'Union européenne, défend "une Europe
humaniste, plurilingue et riche de sa diversité culturelle". Il propose aux
réviseurs du Traité de l'Union européenne douze amendements prenant en compte le
respect des cultures et des langues.

"La diversité et le pluralisme linguistiques ne sont pas un obstacle à la
circulation des hommes, des idées et des marchandises ou services, comme veulent
le faire croire certains, alliés objectifs, conscients ou non, de la culture et
de la langue dominantes. C'est l'uniformisation et l'hégémonie qui sont un
obstacle au libre épanouissement des individus, des sociétés et de l'économie de
l'immatériel, source principale des emplois de demain. Le respect des langues, à
l'inverse, est la dernière chance pour l'Europe de se rapprocher des citoyens,
objectif toujours affiché, presque jamais mis en pratique. L'Union doit donc
renoncer à privilégier la langue d'un seul groupe."

Il n'empêche que, même si on prône le multilinguisme, il est vraiment
désagréable de se heurter à des pages web dont le contenu vous intéresse mais
dont on ne comprend pas la langue. Depuis décembre 1997, le moteur de recherche
AltaVista, utilisé par douze millions d'internautes, propose AltaVista
Translation, un service de traduction automatisée de l'anglais vers cinq autres
langues (allemand, espagnol, français, italien et portugais), et vice versa.
Alimenté par des dictionnaires multilingues contenant plus de 2,5 millions de
termes, ce service, gratuit et instantané, a été mis en place par Systran,
société pionnière de la traduction automatique. La traduction étant entièrement
automatisée, elle est évidemment approximative. Le texte à traduire doit être de
trois pages maximum, et la page originale et la traduction apparaissent en
vis-à-vis sur l'écran. Cet outil a ses limites, mais il a le mérite d'exister et
il préfigure ceux de demain.

Internet est multilingue. Toutes les langues y sont déjà représentées. Tôt ou
tard, la répartition des langues sur le Web correspondra à leur répartition sur
la planète. Même s'ils donnent encore des résultats surprenants et souvent peu
satisfaisants, des logiciels de traduction de pages web sont maintenant
disponibles sur le marché, et des recherches sont menées par plusieurs sociétés
(Alis Technologies, Globalink, Lernout & Hauspie, Systran, etc.) pour les
améliorer.

[Pour des informations plus complètes sur le Web et les langues, merci de vous
reporter à une autre étude, Le multilinguisme sur le Web.]


3. LES CYBERLIBRAIRIES


[Dans ce chapitre:]

[3.1. Cyberlibrairies francophones / 3.2. Cyberlibrairies non francophones /
3.3. Librairies de livres anciens / 3.4. Fournisseurs de livres pour
bibliothèques / 3.5. L'avenir des cyberlibrairies]

De nombreuses librairies dites "traditionnelles" - avec libraires, locaux,
vitrines, livres en pile sur des présentoirs ou alignés sur des rayonnages - ont
créé un site sur Internet. D'autres librairies n'ont ni murs, ni vitrine, ni
enseigne sur la rue. Leur vitrine est leur site web, et toutes leurs
transactions s'effectuent par le biais d'Internet. Dans les deux cas, les
librairies en ligne sont souvent appelées librairies virtuelles par les
francophones. Au terme de librairie virtuelle on préférera ici celui de
cyberlibrairie parce que, bien que n'ayant ni murs, ni vitrine, ni enseigne sur
la rue, une cyberlibrairie n'en est pas moins bien réelle.

L'internaute peut consulter le catalogue de la cyberlibrairie sur son écran et
rechercher un livre par auteur, par titre ou par sujet. Sur l'écran, il peut
également lire le résumé ou des extraits des livres qui l'intéressent, et se
tenir informé de l'actualité du livre. Et surtout, qu'il cherche, consulte, lise
ou commande, il n'a pas à se déplacer et à faire la queue. Il peut effectuer le
paiement de sa commande au moyen de sa carte de crédit puisque les librairies
sont maintenant pourvues d'un système de paiement sécurisé. Il peut aussi
envoyer son paiement par chèque ou par virement s'il est réfractaire à l'envoi
de son numéro de carte de crédit par Internet.

Voici quelques exemples de cyberlibrairies francophones, cyberlibrairies
anglophones, librairies de livres anciens et fournisseurs de livres pour
bibliothèques. Parallèlement on s'interrogera sur l'avenir des librairies en
ligne et de la commercialisation des livres sur Internet.


3.1. Cyberlibrairies francophones


Le site de la FNAC ouvre sur le logo "fnac" blanc sur fond ocre bien connu.
Présente en France, en Belgique et en Espagne, la FNAC se veut à la fois
défricheur, agitateur culturel et commerçant. Elle définit sa politique
commerciale comme "fondée sur l'alliance avec le consommateur, sa vocation
culturelle et sa volonté de découvrir les nouvelles technologies". Outre un
magazine littéraire en ligne, la FNAC a ouvert un secteur: commerce
électronique, qui permet à chacun de commander les livres, disques, vidéos et
CD-Rom de son choix. La commande s'effectue par Internet, Minitel ou téléphone.
La livraison s'effectue en France comme à l'étranger. Les modes de paiement sont
la carte de crédit ou le chèque à la commande. Ce service inclut également la
réservation et le paiement de places de spectacles qui sont ensuite envoyées au
domicile du client, et la réservation de voyages.

Le Furet du Nord est une chaîne de librairies françaises implantée dans le Nord
de la France et dont le siège est à Lille. Son site permet de consulter une base
de données répertoriant 250.000 ouvrages en langue française disponibles dans le
monde entier et de commander instantanément ces ouvrages. Il propose aussi un
suivi permanent de l'actualité littéraire. La vente à distance représente 15 à
20% du chiffre d'affaires total de la librairie, et les meilleurs clients sont
les écoles, les universités, les comités d'entreprises et les ambassades.

En région Rhône-Alpes, la chaîne de librairies Decitre offre un site qui est un
modèle de clarté. Ses neuf librairies sont particulièrement dynamiques dans le
domaine du multimédia, avec un rayon très complet sur Internet et
l'informatique. Elles organisent régulièrement des conférences et des
initiations à Internet, et des démonstrations de CD-ROM.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Muriel Goiran expliquait que le
site web, créé en 1996 et revu en décembre 1997, a été remanié à nouveau pour
adopter une nouvelle présentation fin juillet 1998:

"C'est pour l'instant juste un moyen de communication de plus (mail) avec nos
clients des magasins et nos clients bibliothèques et centres de documentation.
Nous avons découvert son importance en organisant DOCForum, le premier forum de
la documentation et de l'édition spécialisée, qui s'est tenu à Lyon en novembre
97 (la prochaine édition est fixée en novembre 99). Il nous est apparu
clairement qu'en tant que libraires, nous devions avoir un pied dans le Net.
Internet est très important pour notre avenir. Nous allons mettre en ligne notre
base de 400.000 livres français à partir de fin juillet 98, et elle sera en
accès gratuit pour des recherches bibliographiques (l'achat des livres sera
payant bien sûr!). Ce ne sera pas une n-ième édition de la base de Planète
Livre [...], mais notre propre base de gestion, que nous mettons sur Internet."

Virgin MegaWeb est le magazine électronique de la section française du célèbre
mégastore, avec l'actualité de la musique, du livre, de la vidéo et des CD-Rom.
Le site du club France Loisirs présente tout le catalogue: CD, vidéos, livres,
magazines, tirages et appareils photo, etc. Il permet d'adhérer au club et de
passer commande.

Située au coeur de Paris dans la rue Saint-Honoré, la Librairie Itinéraires
rassemble tous les ouvrages permettant de préparer, accompagner et prolonger un
voyage: guides, cartes, manuels de conversation, reportages, récits de voyage,
livres de cuisine, livres d'art et de photographie, ouvrages d'histoire, de
civilisation, d'ethnographie, de religion et de littérature étrangère, et cela
pour plus de 160 pays, soit environ 250 destinations. "Le monde en mémoire", tel
est le sous-titre de son site bilingue français-anglais.

Dès 1985, la librairie avait créé une base de données avec classement des
ouvrages par pays et par thèmes. Dans son courrier électronique du 11 juin 1998,
Hélène Larroche, fondatrice de la librairie, expliquait:

"Il y a un peu plus de trois ans, nous en avons rendu la consultation possible
sur Minitel et effectuons aujourd'hui près de 10% de notre chiffre d'affaires
avec la vente à distance. Passer du Minitel à Internet nous semblait intéressant
pour atteindre la clientèle de l'étranger, les expatriés désireux de garder par
les livres un contact avec la France et à la recherche d'une librairie qui
'livre à domicile' et bien sûr les 'surfeurs sur le net', non minitélistes.

La vente à distance est encore trop peu utilisée sur Internet pour avoir modifié
notre chiffre d'affaires de façon significative. Internet a cependant eu une
incidence sur le catalogue de notre librairie, avec la création d'une rubrique
sur le Web, spécialement destinée aux expatriés, dans laquelle nous mettons des
livres, tous sujets confondus, qui font partie des meilleures ventes du moment
ou/et pour lesquels la critique s'emballe. Nous avons toutefois décidé de
limiter cette rubrique à 60 titres quand notre base en compte 13.000. Un
changement non négligeable, c'est le temps qu'il faut dégager ne serait-ce que
pour répondre au courrier que génèrent les consultations du site. (...) Outre le
bénéfice pour l'image de la librairie qu'Internet peut apporter (et dont nous
ressentons déjà les effets), nous espérons pouvoir capter une nouvelle clientèle
dans notre spécialité - la connaissance des pays étrangers -, atteindre et
intéresser les expatriés ... et augmenter nos ventes à l'étranger."

Distributeur indépendant, la Société internationale de diffusion et d'édition
(SIDE) est le spécialiste français de l'exportation des livres, périodiques et
CD-ROM. La société regroupe et exporte à travers le monde les livres en langue
française publiés en Europe et traite les abonnements de périodiques français.
Son site bilingue français-anglais offre un plus à son activité.

Québécoise, la Librairie Garnau est la plus grande chaîne de librairies
francophones en Amérique du Nord. Avec ses dix-sept points de vente à Montréal,
Québec, Sherbrooke, Victoriaville, Saint-Jérôme, Laval, Sainte-Foy, Anjou,
Gatineau, Sorel, Saint-Bruno et Chicoutimi, elle est également le plus gros
réseau de distribution de livres au Québec.

Fondée en 1844 par le poète Octave Crémazie et son frère Joseph, la Librairie
Garneau était un cercle littéraire fréquenté par des écrivains tels que
François-Xavier Garneau ou Louis Fréchette. Elle eut aussi des hôtes illustres
comme Sir Winston Churchill, Hervé Bazin, André Maurois, René Lévesque ou Lomer
Gouin. En 1897, la librairie passa aux mains de Samuel Chaperon qui s'associa
avec Pierre Garneau. Elle changea de propriétaires plusieurs fois pour être
finalement rachetée en 1993 par Sogides, premier groupe d'édition, de diffusion
et de distribution au Québec. Le 8 avril 1998, elle lance une cyberlibrairie de
250.000 titres basée sur la technologie IBM et le protocole SecurNat de la
Banque nationale du Québec.

Les librairies spécialisées sont elles aussi présentes sur le Web, comme Le
Monde en Tique qui offre un catalogue de 37.000 titres français et étrangers sur
l'informatique, les nouvelles technologies, le multimédia et Internet, ou encore
la Librairie Interférences, spécialisée en ouvrages scientifiques et étrangers,
qui fut la première librairie française à ouvrir un site sur Internet en 1995.
De nombreux autres sites de librairies spécialisées francophones sont
accessibles grâce à la liste des librairies en ligne de Livre.net.

Avec l'essor du Web sont apparues les cyberlibrairies qui vendent des livres
uniquement par le biais de leur site.

Alapage est une cyberlibrairie francophone qui propose tous les livres, disques
et vidéos disponibles sur le marché français, soit 400.000 références, avec
paiement sécurisé. Le site est bilingue français-anglais, et la recherche est
possible par auteur, titre et éditeur. Le même service est également disponible
sur Minitel (3615 Alapage).

Alapage travaille en partenariat avec Novalis, qui assure lui aussi la vente par
correspondance de produits culturels: disques, livres, vidéos et multimédia. Les
deux cyberlibrairies ont décidé en 1997 de créer le premier prix littéraire
francophone sur Internet, non pas pour créer un prix litéraire de plus, mais
pour constituer une "première".

Comme il était expliqué sur le site en octobre 1997,

"a) C'est la première fois que l'on utilise le support Internet pour organiser
un vote autour d'un prix littéraire.

b) C'est la première fois qu'est constitué un jury littéraire composé d'un
potentiel aussi important et diversifié de votants, fidèle reflet de la
diffusion de la culture française. Ce vote est en effet ouvert à nos visiteurs
de tous horizons, disséminés sur les cinq continents, qui pourront émettre leur
avis sur l'ensemble des ouvrages concourant aux principaux prix littéraires de
fin d'année.

c) C'est la première fois qu'est imaginé un instrument de mesure de la
satisfaction du lecteur et du bonheur de la lecture, qui ne soit pas seulement
un outil de mesure des ventes de livres, aussi fiable soit-il."

Un vote a donc été organisé du 20 octobre au 9 novembre 1997 auprès de tous les
cybernautes. Afin d'éviter les votes multiples, chaque voix n'a été validée que
si la fiche de vote était scrupuleusement remplie. Toute fiche double a été
annulée. Ce premier Prix littéraire des internautes fut remporté par Marc
Trillard pour son roman Coup de lame, paru aux éditions Phébus.

Chapitre.com est une cyberlibrairie de 350.000 titres, complétée par une
bouquinerie, un choix d'éditeurs, des liens avec 1.000 sites littéraires et
culturels, et une revue des littératures intitulée Tête de chapitre. Livre en
ligne est une autre cyberlibrairie disposant d'un catalogue de 300.000 titres.


3.2. Cyberlibrairies non francophones


Basée au Royaume-Uni, Internet Bookshop, très connue aussi sous son sigle iBS,
est la plus grande cyberlibrairie européenne avec 1,4 million de titres.

IBS a développé un nouveau système de partenariat sur le Web. Tout possesseur
d'un site web peut devenir partenaire d'iBS en sélectionnant sur son propre site
un certain nombre de titres présents dans le catalogue de la cyberlibrairie. IBS
prend en charge toute la partie commerciale, à savoir les commandes, les envois
et les factures. Le cybernaute partenaire reçoit 10% du prix des ventes. Suivie
par Amazon.com, la grande cyberlibrairie américaine, Internet Bookshop a été la
première librairie en ligne à proposer une part aux bénéfices exclusivement à
travers le Web, ce qui a d'ailleurs démontré la nécessité d'une nouvelle
réglementation dans ce domaine.

En octobre 1997, Internet Bookshop a débuté la vente de livres anglais avec des
remises allant jusqu'à 45%, prenant le risque d'une guerre des prix et des
droits avec les éditeurs anglais. Parallèlement, elle attendait la réaction des
mêmes éditeurs à sa décision de vendre des livres provenant des Etats-Unis,
vente débutée en septembre 1997 et pratiquée aussi par d'autres libraires
spécialisés.

A la même époque, Waterstone's songeait également à introduire des titres
américains dans son catalogue à partir de début 1998. De son côté, The
Publishers Association, organisme représentant les éditeurs du Royaume-Uni,
étudiait les propositions d'interdiction de vente de livres américains à des
clients britanniques par des cyberlibrairies basées aux Etats-Unis.

Sur le site, la rubrique iBS News permet de suivre le match engagé par les
librairies en ligne contre les associations d'éditeurs ou contre les libraires
traditionnels, afin de permettre la suppression des frontières dans la vente des
livres.

Ailleurs en Europe, on peut citer par exemple les librairies en ligne allemandes
Buch +Medien Online ou Lehmanns Online Bookshop, ou encore Alice.it, qui est la
grande cyberlibrairie italienne.

Aux Etats-Unis, Amazon.com, créé en 1994, se présente comme la plus grande
cyberlibrairie du monde avec ses 3 millions de livres, CD, DVD, jeux
informatiques, etc., soit quatorze fois plus que les plus grandes chaînes de
supermarchés, et ses 3 millions de clients dans 160 pays. Son catalogue permet
de rechercher les livres par titre, auteur, sujet ou rubrique. Très attractif,
le contenu éditorial du site change quotidiennement et forme un véritable
magazine littéraire qui offre des extraits de livres, des entretiens avec des
auteurs, des commentaires de lecteurs et des conseils de lecture.

Sur les traces d'Internet Bookshop, Amazon.com offre une part des bénéfices à
ses associés en ligne. Depuis le printemps 1997, tous les possesseurs d'un site
web peuvent vendre des livres appartenant au catalogue d'Amazon.com et toucher
un pourcentage de 15% sur les ventes. Ces associés effectuent une sélection dans
les titres du catalogue et rédigent leurs propres résumés. Amazon.com prend les
commandes, expédie les livres, rédige les factures et leur envoie un rapport
hebdomadaire d'activité. Au printemps 1998, son réseau comprenait plus de 30.000
sites affiliés.

"Introduit à la bourse de New York en mai 1997, Amazon.com a attiré 54 millions
de dollars en ne cédant que 13% de son capital, une véritable performance pour
une société dont le chiffre d'affaires était alors de 32 millions de dollars",
expliquent Philip Wade et Didier Falkand dans Cyberplanète: notre vie en temps
virtuel (Paris, Editions Autrement, 1998). Avec plus d'un million et demi de
clients et une très bonne image de marque, elle est un symbole de réussite dans
le cybercommerce. Sa cotation boursière est excellente, alors que la librairie
est toujours déficitaire après deux ans d'existence. Fondateur et principal
actionnaire d'Amazon.com, Jeff Bezos précise: "Nous générons des revenus de plus
de 300.000 dollars [1 dollar = 6 FF environ] par an et par employé. Une
librairie traditionnelle ne fait que 95.000 dollars par employé."

Les autres géants américains sont notamment Bookpage Online ou encore
Buybooks.com avec un catalogue de 1,4 million de titres américains, 500.000
titres allemands, 500.000 titres français, 200.000 titres anglais, 100.000
titres suédois, 80.000 films en vidéo ou sur disque laser, et 10.000 jeux
informatiques pour console ou sur CD-ROM. Le plus important libraire
"traditionnel" des Etats-Unis, Barnes & Nobles, a également décidé de se lancer
dans la vente des livres sur Internet en créant en mai 1997 son site
barnesandnoble.com. Il a ainsi déclenché une guerre des prix en faisant
directement concurrence à Amazon.com.


3.3. Librairies de livres anciens


Plusieurs libraires de livres anciens ont saisi l'opportunité que représentait
Internet pour faire connaître leurs fonds.

Créé en novembre 1995 par Pascal Chartier, de la Librairie du Bât d'Argent
(Lyon), Livre-rare-book est un site quadrilingue en français, anglais, italien
et allemand. Il propose à la fois un catalogue de livres anciens regroupant les
catalogues de plusieurs librairies de la région et un annuaire électronique
international des librairies de livres d'occasion. Pascal Chartier considère que
le Web lui a "ouvert une vaste porte", à la fois pour lui et pour ses clients.
Comment voit-il son avenir professionnel avec Internet? Comme "peut-être la pire
et la meilleure des choses, la pire parce qu'il peut générer un travail constant
sans limite et la dépendance totale. Le meilleur parce qu'il peut s'élargir
encore et permettre surtout un travail intelligent!", répondait-il dans son
courrier électronique du 10 juin 1998.

Classé en plusieurs rubriques (beaux-arts, cartes postales, collections,
ésotérisme, femmes, histoire, jeux, jouets, littérature, livres anciens,
Lyonnais, musique, régionalisme en France, religions, revues, sciences, sports
et voyages), le catalogue de livres anciens est commun à la Librairie du Bât
d'Argent (Lyon), la Librairie Devaux (Moulins), la Libreria A. Guida (Naples),
la Librairie Heurtebise (Dijon), la Librairie Lucas et Vermorel (Lyon), la
Librairie Miraglia (Lyon) et la Librairie du Verseau (Lyon).

Spécialiste d'antiquités et de livres anciens, France Antiques héberge plusieurs
sites de librairies anciennes. Basé à Amboise (Loire), ce site bilingue
français-anglais se veut celui de tous les professionnels du marché de l'art
ancien français: antiquaires, libraires, commissaires-priseurs, éditeurs d'art,
fournisseurs et artisans d'art, etc. Mis à jour quotidiennement, le site informe
également des ventes publiques, expositions, salons et manifestations diverses.
France Antiques comprend douze catalogues de librairies anciennes. Le site
propose aussi un annuaire des libraires, une liste des librairies complétée par
un classement géographique, et un index par spécialités (autographes, manuscrits
- beaux-arts, architecture, arts décoratifs - bibliographie, histoire du livre -
etc.).

Dans les sites non francophones consacrés aux livres anciens, le site Paulus
Swaen Old Maps and Prints propose des enchères sur Internet de cartes anciennes
du monde entier, gravures, imprimés, atlas, globes et manuscrits médiévaux.

Par ailleurs, toujours dans le domaine du livre ancien, comme on le verra plus
loin dans les chapitres consacrés aux cyberbibliothèques et aux catalogues,
toutes les cyberbibliothèques proposent des oeuvres anciennes en texte intégral.
Des catalogues tels que celui de RLIN (Research Libraries Information Network)
recensent les fonds anciens de nombreuses bibliothèques dans le monde.


3.4. Fournisseurs de livres pour bibliothèques


Outre les librairies accessibles aux particuliers comme aux collectivités, il
existe des fournisseurs en livres et périodiques exclusivement pour les
collectivités, par exemple Blackwell et Dawson. Ces fournisseurs centralisent
toutes les demandes émises par ces collectivités, ce qui évite à celles-ci le
casse-tête engendré par la gestion de bons de commandes et de factures
multiples. De plus, les fournisseurs disposent d'un réseau international,
c'est-à-dire qu'ils s'engagent à fournir un livre ou un périodique quelle que
soit sa provenance. Là aussi, les collectivités n'ont plus à faire face au
casse-tête représenté par l'achat de documents hors des frontières d'un pays
donné.

Blackwell's Book Services est un fournisseur international de livres,
abonnements, bases de données bibliographiques et contrôle d'autorités à
destination des bibliothèques universitaires, bibliothèques de recherche et
grandes bibliothèques publiques du monde entier. La société, qui a fêté son
vingtième anniversaire en 1995, a une histoire intéressante puisque, anglaise à
l'origine, elle a conquis le marché américain puis mondial.

A la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, la société de
Richard Abel, basée à Portland (Oregon, USA), dominait le marché universitaire
américain. Elle vendait des livres aux bibliothèques et proposait un service de
catalogage automatisé. Mise en vente en 1974, cette société fut rachetée par la
librairie et l'éditeur britanniques B.H. Blackwell et Blackwell Scientific, qui
cherchaient à s'étendre en Amérique du Nord et qui s'installèrent à Portland
sous le nom de Blackwell North America (BNA). Blackwell était déjà connu à cette
époque en tant que fournisseur étranger de livres et de périodiques. Son unique
représentant aux Etats-Unis, Jack Walsdorf, entama son travail de prospection
dans les universités américaines, et la vente des livres débuta en mars 1975.

En 1979, Blackwell North America débuta à la fois un service bibliographique sur
microfiches (standing order microfiche service) et un service de commande
électronique (EAOS : easy access order system). Puis furent ajoutés une
messagerie électronique ainsi qu'un service de commande électronique beaucoup
plus sophistiqué. Le service de contrôle d'autorités fut considérablement
développé. 200 millions de notices furent traitées en 20 ans, entre 1975 et
1995, et l'accent fut mis sur l'expansion internationale.

Comme Blackwell, Dawson est spécialiste du traitement de l'information:
abonnements, livres et nouvelles technologies, à destination des professionnels
de la documentation. De par sa vocation internationale, il propose un site
trilingue anglais-français-espagnol.

C'est en 1809 que William Dawson s'établit comme libraire et dépositaire de
journaux à Cannon Street, dans Londres, et qu'il créa le premier service de
livraison de journaux par diligence hors de Londres, indique le site web.

Aujourd'hui, Dawson Holdings PLC est la plus grande société européenne
d'abonnements et le plus grand fournisseur européen de livres pour les
entreprises et les universités. La société est également un des grands groupes
internationaux en services d'information. Elle procure des services
d'acquisition et de gestion aux bibliothèques et centres de recherche du monde
entier. En octobre 1997, pour mieux répondre à un marché en voie de
mondialisation, Dawson a été réorganisé en deux grands secteurs, l'un gérant les
abonnements, l'autre gérant les livres, ce indépendamment de la situation
géographique de ses clients.


3.5. L'avenir des cyberlibrairies


Grâce au Web, les amoureux des livres disposent de catalogues en ligne
répertoriant tous les titres disponibles. Ils ont la possibilité de passer
commande immédiatement en utilisant le réseau Internet. Ils peuvent aussi suivre
quotidiennement à l'écran l'actualité du livre. L'avenir des cyberlibrairies est
très prometteur.

Chapters, le grand libraire canadien, et The Globe and Mail, quotidien de
Toronto, se sont alliés pour créer une nouvelle cyberlibrairie canadienne,
Chaptersglobe.com, ouverte à l'automne 1998. Le site comprend des critiques et
recensions fournies par le journal, ses archives sur vingt ans, une liste de
best-sellers et des forums de discussion.

Le groupe allemand Bertelsmann, qui a acquis au printemps 1998 Random House, la
plus grande maison d'édition américaine, compte ouvrir prochainement une
gigantesque cyberlibrairie proposant plusieurs millions de titres dans toutes
les langues, avec livraison rapide dans le monde entier.

En France, la loi sur le prix unique du livre laisse peu de latitude sur les
prix, contrairement aux possibilités qu'offre le prix libre du livre au
Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. En revanche, les libraires sont optimistes sur
les perspectives d'un marché francophone. Un nombre significatif de commandes
provient de l'étranger. Il représente par exemple un pourcentage de 10% des
ventes pour la FNAC. Les clients sont des "Français et membres de la diaspora
francophone, étrangers francophiles, universités ou écoles lointaines...
soucieux de se procurer les derniers titres de l'édition parisienne ou
simplement les livres qu'ils ne peuvent trouver à Kansas City ou à Kyoto",
précisait Pierre Briançon dans le quotidien Libération du 14 novembre 1997.

Il faut également replacer le développement des cyberlibrairies françaises dans
le contexte plus général du cybercommerce français. En mars 1998, le magazine
Stratégies Internet a mené une étude sur le cybercommerce en France "auprès des
60 sites marchands les plus actifs en France, dressant ainsi l'état des lieux et
donnant des pistes de réflexion aux entreprises françaises tentées par
l'aventure du cybercommerce." La commande en ligne n'était possible qu'auprès
d'une centaine de sites seulement. Le cybercommerce français représentait 40
millions de francs en 1997, avec une estimation de 160 millions de francs pour
la fin de 1998. Le nombre d'acheteurs sur Internet étaient de 50.000 en mars
1998, avec une estimation de 400.000 pour mars 1999. L'étude indiquait que 25%
des sites étaient considérés comme rentables dès 1997, alors que les autres
envisageaient plutôt une rentabilité à moyen terme.

Même si la création d'une nouvelle législation s'avère difficile parce que
freinée par la librairie "traditionnelle", l'abolition des frontières dans le
marché du livre est inévitable, puisqu'elle est liée à fois à la structure même
d'Internet, réseau des réseaux par-delà les frontières, et à la mondialisation
de l'économie, phénomène économique bien réel. Dans la foulée d'Internet
Bookshop, librairie en ligne britannique qui a décidé de vendre des livres
publiés aux Etats-Unis, d'autres librairies suivent, et on pense à définir une
nouvelle législation.

Les libraires ou les éditeurs vendront-ils bientôt à ceux qui le souhaitent le
texte intégral des livres en version électronique? Dans ce cas, l'inévitable
délai dû à l'envoi du livre par voie postale disparaîtra. On nous promet pour
très bientôt les livres électroniques, ordinateurs de la taille d'un livre sur
lesquels on pourra stocker des dizaines puis des centaines de textes
électroniques. Si nombre de lecteurs actuels sont nés à l'ère du papier et
préfèrent encore lire un roman de trois cents pages en version imprimée, ceci ne
sera peut-être plus le cas pour les générations qui auront commencé à utiliser
l'ordinateur dès l'âge de trois ans.


4. LES EDITEURS SUR LE WEB


[Dans ce chapitre:]

[4.1. Quelques exemples d'éditeurs / 4.2. Répertoires d'éditeurs / 4.3. Edition
traditionnelle et édition électronique / 4.4. Les auteurs ont-ils encore besoin
des éditeurs?]

Comme les libraires, les éditeurs sont en train d'investir le Web. Et, comme
pour les libraires, certains éditeurs traditionnels considèrent leur site web
comme une vitrine permettant de faire connaître leur activité, alors que
d'autres sont des cyberéditeurs qui traitent la totalité de leurs affaires sur
le Net. L'édition électronique offre de nouvelles perspectives. Elle permettrait
entre autres de résoudre la crise affectant les éditions universitaires et de
recherche.


4.1. Quelques exemples d'éditeurs


Spécialisées dans les romans policiers, les éditions du Choucas ont été fondées
en 1992 par Suzanne et Nicolas Pewny, libraires à Glapigny (Haute-Savoie). Sur
leur site web, créé en 1996, ils proposent un chapitre de chaque nouveauté.
Publié en septembre 1997, Affaire de coeurs est l'oeuvre de deux Canadiens,
Fernand Héroux et Liz Morency, que les éditeurs ont connus grâce au Web. Les
échanges ont été effectués par courrier électronique. Réalisée par Joane
Michaud, infographiste et affichiste québécoise, l'illustration de la couverture
a elle aussi été reçue par le biais d'Internet.

Nicolas Pewny expliquait sa démarche dans son courrier électronique du 8 juin
1998:

"Le site des éditions du Choucas a été créé fin novembre 1996. Lorsque je me
suis rendu compte des possibilités qu'Internet pouvait nous offrir, je me suis
juré que nous aurions un site le plus vite possible. Un petit problème: nous
n'avions pas de budget pour le faire réaliser. Alors, au prix d'un grand nombre
de nuits sans sommeil, j'ai créé ce site moi-même et l'ai fait référencer (ce
n'est pas le plus mince travail). Le site a alors évolué en même temps que mes
connaissances (encore relativement modestes) en la matière et s'est agrandi, et
a commencé à être un peu connu même hors France et Europe.

Le changement qu'Internet a apporté dans notre vie professionnelle est
considérable. Nous sommes une petite maison d'édition installée en province.
Internet nous a fait connaître rapidement sur une échelle que je ne soupçonnais
pas. Même les médias 'classiques' nous ont ouvert un peu leur portes grâce à
notre site. Les manuscrits affluent par le courrier électronique. Ainsi nous
avons édité deux auteurs québécois. Beaucoup de livres se réalisent
(corrections, illustrations, envoi des documents à l'imprimeur) par ce moyen.
Dès le début du site nous avons reçu des demandes de pays ou nous ne sommes pas
(encore) représentés: USA, Japon, Amérique latine, Mexique, malgré notre volonté
de ne pas devenir un site 'commercial' mais d'information et à 'connotation
culturelle'. (Nous n'avons pas de système de paiement sécurisé, etc., nous avons
juste référencé sur une page les libraires qui vendent en ligne)."

Comment Nicolas Pewny voit-il son avenir professionnel avec Internet?

"J'aurais tendance à répondre par deux questions: Pouvez vous me dire comment va
évoluer Internet? Comment vont évoluer les utilisateurs? Nous voudrions bien
rester aussi peu 'commercial' que possible et augmenter l'interactivité et le
contact avec les visiteurs du site. Y réussirons-nous? Nous avons déjà reçu des
propositions qui vont dans un sens opposé. Nous les avons mis 'en veille'. Mais
si l'évolution va dans ce sens, pourrons-nous résister, ou trouver une 'voie
moyenne'? Honnêtement, je n'en sais rien."

De plus en plus d'éditeurs sont présents sur le Web, par exemple Gallimard, La
Documentation française, Marabout et les éditions Odile Jacob. Le site des
Presses universitaires de France (PUF) présente le fonds éditorial des PUF,
ainsi que la collection encyclopédique Que sais-je?, avec une recherche par
numéro, un historique de la collection, une présentation des titres sur les
trois derniers mois, un descriptif détaillé des dernières parutions, et un
classement thématique.

Les éditions du Cerf se présentent comme la bibliothèque francophone de sciences
humaines et religieuses. Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Hervé
Ponsot, webmestre du site, précisait:

"Pour les éditions du Cerf dont je m'occupe sur le plan Internet, en effet, le
site existe en lien avec les éditions, mais marginalement quand même : le
serveur se trouve en dehors du Cerf, et il est géré par une personne extérieure
au Cerf, moi-même. Bref, il s'agit plutôt d'un service rendu, dont on ne peut
dire qu'il ait bouleversé la maison Cerf. Il reste que, par la grâce de Dieu, de
plus en plus de consultants arrivent sur ce site, et que des commandes me sont
adressées de plus en plus régulièrement, sans que nous les ayons cherchées,
puisque le site a été créé en priorité pour rendre service aux chercheurs, et
secondairement pour faire de la publicité pour la maison et renouveler son
image...

Mais j'ai constaté, et beaucoup de personnes m'ont confirmé, que les sites de
service pouvaient se révéler rentables, parfois plus facilement et plus
rapidement que les sites commerciaux: l'exemple le plus connu est fourni par les
sites de recherche sur Internet. La suite envisagée pour le site Cerf ne devrait
pas fondamentalement changer par rapport à ce qui se passe aujourd'hui: rendre
service aux chercheurs, faire connaître la maison en lui donnant une image
dynamique. Nous pensons certes un jour faire du site, ou d'un site voisin, un
site commercial: mais la maison ne peut se permettre, compte tenu de sa faible
surface financière, d'être leader en ce domaine; les pas seront donc comptés et
très prudents."

Lancées en août 1996, les éditions CyLibris vendent leurs livres uniquement sur
le Web et ne les impriment qu'à la demande, ce qui leur permet d'éviter le stock
et les intermédiaires. Trois mois après, l'éditeur avait signé des contrats avec
treize auteurs et vendu cent livres. Le site offre des extraits d'ouvrages et
des informations sur de nouveaux auteurs, et il se propose aussi d'être le
carrefour de la petite édition.

Le site des éditions 00h00.com (00h00 se prononce: zéro heure) a été ouvert le
18 mai 1998.

"La création de 00h00.com marque la véritable naissance de l'édition en ligne.
C'est en effet la première fois au monde que la publication sur Internet de
textes au format numérique est envisagée dans le contexte d'un site commercial,
et qu'une entreprise propose aux acteurs traditionnels de l'édition (auteurs et
éditeurs) d'ouvrir avec elle sur le réseau une nouvelle fenêtre d'exploitation
des droits. Les textes offerts par 00h00.com sont soit des inédits, soit des
textes du domaine public, soit des textes sous copyright dont les droits en
ligne ont fait l'objet d'un accord avec leurs ayants-droit. [...] Avec l'édition
en ligne émerge probablement une première vision de l'édition au 21ème siècle.
C'est cette idée d'origine, de nouveau départ qui s'exprime dans le nom de
marque, 00h00. [...]

Internet est un lieu sans passé, où ce que l'on fait ne s'évalue pas par rapport
à une tradition. Il y faut inventer de nouvelles manières de faire les choses.
[...] Le succès de l'édition en ligne ne dépendra pas seulement des choix
éditoriaux : il dépendra aussi de la capacité à structurer des approches neuves,
fondées sur les lecteurs autant que sur les textes, sur les lectures autant que
sur l'écriture, et à rendre immédiatement perceptible qu'une aventure nouvelle a
commencé."

Tous les titres sont disponibles sous la forme d'un exemplaire numérique et d'un
exemplaire papier. Les collections sont les suivantes: inédits, théâtre
classique français, contes et récits fantastiques, contes et récits
philosophiques, souvenirs et mémoires, philosophie classique, réalisme et
naturalisme, cyberculture, romans d'enfance, romans d'amour, nouvelles et romans
d'aventure. Le recherche est possible par auteur, par titre et par genre. Pour
chaque oeuvre, on a un descriptif en quelques lignes, un descriptif détaillé, la
table des matières et les commentaires des lecteurs. Le paiement est effectué en
ligne grâce à un système sécurisé mis en place par 00h00.com et la Banque
populaire. Pour ceux que le paiement en ligne rebute, il sera bientôt possible
de régler hors ligne par télécopieur, courrier, carte bancaire ou chèque.

Pas de stock, pas de contrainte physique de distribution, mais un lien direct
avec le lecteur et entre les lecteurs eux-mêmes. Sur le site, les
cybernautes/lecteurs qui le souhaitent créent leur espace personnel dans lequel
ils peuvent rédiger leurs commentaires, recommander des liens vers d'autres
sites, exprimer leurs opinions et inviter leurs amis. Ils peuvent participer à
des forums ou commenter les oeuvres proposées par l'éditeur. Ils peuvent encore
s'abonner à la lettre d'information pour être tenu au courant des nouveautés.

Les éditions 00h00.com sont dirigées par Jean-Pierre Arbon, ancien directeur
général de Flammarion, et Bruno de Sa Moreira, ancien directeur de Flammarion
Multimédia. Dans son courrier électronique du 31 juillet 1998, Bruno de Sa
Moreira expliquait:

"Le site a ouvert le 18 mai dernier, la gestation du projet: brainstorming,
faisabilité, création de la société et montage financier, développement
technique du site et informatique éditoriale, mise au point et production des
textes et préparation du catalogue à l'ouverture a duré un an."

Dans quelle mesure Internet a-t-il changé sa vie professionnelle?

"Radicalement, puisqu'aujourd'hui mon activité professionnelle est 100% basée
sur Internet. Le changement ne s'est pas fait radicalement lui mais
progressivement (audiovisuel puis multimédia puis Internet)."

Comment voit-il son avenir professionnel avec Internet? "Difficile de répondre,
il s'agit du présent, nous faisons un pari, mais cela me semble un média capable
d'une très large popularisation, sans doute grâce à des terminaux plus faciles
d'accès que le seul micro-ordinateur."

Outre-Atlantique, des éditeurs ont choisi de mettre en accès libre sur le Web le
texte intégral de leurs publications et, loin de baisser, les ventes ont au
contraire augmenté. La MIT Press (MIT: Massachussets Institute of Technology,
USA) par exemple a vu ses ventes doubler pour les titres disponibles sur
Internet.

Autre exemple, celui de la National Academy Press (NAP), qui publie environ 200
livres par an, principalement dans les domaines scientifique, technologique et
médical:

"A première vue, cela paraît illogique. Un éditeur de Washington, la National
Academy Press, qui a publié sur Internet 1.700 titres de son catalogue actuel,
permettant ainsi à tout un chacun de lire gratuitement ses livres, a vu ses
ventes augmenter de 17% l'année suivante. Qui a dit que personne n'achèterait la
vache si on pouvait avoir le lait gratuitement?"

Dans un article du Courrier international de novembre 1997, Beth Berselli,
journaliste au Washington Post, explique que l'éditeur a choisi depuis 1994 de
mettre sur Internet le texte intégral d'un certain nombre de livres pour que les
lecteurs puissent les "feuilleter", comme ils l'auraient fait dans une
librairie, avant de les acheter ensuite s'ils le souhaitent. Si d'autres
éditeurs rejettent cette solution du fait des coûts d'installation excessifs,
des problèmes liés au droit d'auteur ou d'une concurrence qu'ils estiment
nuisible à la vente, la NAP a choisi d'offrir ce service moyennant une dépense
allant de 250.000 à 400.000 dollars (1,5 à 2,4 millions de FF) par an.

En ce qui concerne le copyright, ce sont les auteurs eux-mêmes qui, pour des
raisons publicitaires, demandent à ce que le livre soit disponible sur le site.
Pour l'éditeur, le Web est un nouvel outil de marketing face aux 50.000 ouvrages
publiés chaque année aux Etats-Unis. Sur un chiffre d'affaires annuel de 5,5
millions de dollars (33 millions de FF) sur l'exercice 1997 (clos en juin), la
somme de 275.000 dollars (1,65 millions de FF), soit 5%, provenait de commandes
passées sur Internet. La présence de l'éditeur sur le Web a entraîné également
une augmentation des ventes par téléphone. Début janvier 1998, le site disposait
de 1.000 livres avec contenu intégral sur le Web. Par ailleurs, une réduction de
20% est accordée pour toute commande effectuée en ligne.


4.2. Répertoires d'éditeurs


Les répertoires d'éditeurs ne manquent pas. Biblio On Line, diffuseur français
de l'information culturelle sur Internet, gère un répertoire Editeurs. ClicNet,
site culturel et littéraire francophone proposé par l'Université de Swarthmore
(Pennsylvanie, USA), recense 2.500 liens à des ressources francophones, y
compris des éditeurs.

Editeurs francophones se présente comme le site convivial de tous les éditeurs
de langue française:

"Imaginez un espace convivial où vous, lecteurs du monde entier, pourrez faire
connaissance avec les maisons d'édition, découvrir un univers où la culture
francophone a toute sa place: actualités du livre, dossiers thématiques,
rencontres avec des écrivains... de multiples opportunités pour susciter
l'intérêt et la curiosité. Bien d'autres domaines encore seront progressivement
développés en coopération avec les éditeurs, avec en perspective des échanges
passionnants autour des grands sujets culturels pour vous."

Edilib répertorie les éditeurs, libraires et diffuseurs francophones. La gestion
de cette liste est assurée par Benoît Thiriou, de la bibliothèque médicale du
CHU (centre hospitalier universitaire) de Rouen (Normandie). L'indexation est
réalisée à l'aide du répertoire RAMEAU (répertoire d'autorités matières
encyclopédique et alphabétique unifié) par Dominique Benoist, de la Bibliothèque
universitaire de la Faculté de médecine de Rouen. La recherche est possible par
ordre alphabétique ou bien par sujets. Le site propose aussi des liens
hypertextes avec d'autres sites ayant trait à l'édition française et
internationale.

Financé notamment par le ministère de la Culture, France Edition, organisme de
promotion de l'édition française, organise l'espace de l'édition française lors
de foires du livre, congrès ou colloques, ainsi que des expositions thématiques,
des stages, des missions d'audit et des programmes d'échanges destinés aux
libraires. Lors de ces manifestations, un espace multimédia est spécifiquement
aménagé pour effectuer des démonstrations de CD-Rom.

France Edition publie le mensuel La Lettre, des études et des dossiers sur
différents pays, les partenaires potentiels et l'évolution du marché, des
catalogues thématiques, des listes de nouveautés et des annuaires d'éditeurs
français par secteur: sciences, techniques, médecine, droit, etc. Par ailleurs,
une antenne de France Edition à New York (auparavant appelée Bureau du Livre
Français) propose aux éditeurs français les services d'une agence de droits pour
la langue anglaise: sélection de titres, prospection des éditeurs locaux,
soumission des ouvrages et négociation des contrats.

FrancoAcquiNet est un répertoire d'éditeurs francophones avec liste alphabétique
et liste géographique pour les pays suivants : Autriche, Belgique, Canada,
Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Liban, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse.
Conçu par Julie Filion et Isabelle Bourgey dans le cadre d'un travail de
recherche à l'Ecole de bibliothéconomie et des sciences de l'information de
l'Université de Montréal (Québec), il se veut le complément francophone de
l'AcqWeb Directory of Publishers and Vendors, qui est un répertoire
international des éditeurs. Il est complété par trois répertoires destinés aux
bibliothécaires: associations professionnelles, listes de discussions
francophones et périodiques électroniques francophones traitant de
bibliothéconomie.

Livre.net propose à ses abonnés, essentiellement des professionnels du livre,
une base de données bibliographique contenant plus de 300.000 notices et la
consultation de cinq annuaires professionnels (bibliothèques, diffuseurs,
distributeurs, éditeurs et librairies). En décembre 1998, Livre.net comprenait
plus de 300.000 notices de livres, 5.037 notices d'éditeurs, 2.137 notices de
libraires, 435 notices de diffuseurs, 390 notices de distributeurs et 3.120
notices de bibliothèques, le tout étant accessible par le biais d'une recherche
à partir de critères diversifiés (titre, auteur, éditeur, date de parution,
ISBN, etc.). Un certain nombre d'informations sont également disponibles en
libre accès : conseils pour écrire et publier, revues littéraires, concours
littéraires, etc.

Plusieurs sites proposent des répertoires d'éditeurs internationaux. En voici
trois.

L'AcqWeb's Directory of Publishers and Vendors est un répertoire des éditeurs et
vendeurs situé sur le site de la bibliothèque de l'Université de Vanderbilt
(Tennessee, USA).

Les Publishers' Catalogues sont gérés par Peter Scott de Northern Lights
Internet Solutions, une société située à Saskatoon, dans le Saskatchewan
(Canada). A titre d'exemple, voici la liste des éditeurs français répertoriés en
décembre 1998: Actes Sud, Anako, Arnette Blackwell, Casterman, Cepadues, Culture
d'Oc, CyLibris Editions, Dunod, Editions Complicités, Editions Dalloz-Sirey,
Editions du Choucas, Editions Du Juris Classeur, Editions Eyrolles, Editions et
Librairie Oberlin, Editions Hermès, Editions Jakin, Editions littéraires et
linguistiques de Grenoble, Editions Marshall Cavendish, Editions Massin,
Editions Michel Lafon, Editions Milan Presse, Editions Odile Jacob, Editions
Phi, EDP sciences, Fata Morgana, Gallimard, Gauthier-Villars, Fabrice Gueho,
Masson, Presses Universitaires de France et Telesma Publishing.

Gérée par la WWW Virtual Library, la Publishing Companies Online est une liste
d'éditeurs classés selon les catégories suivantes: éditeurs universitaires,
éditeurs de livres informatiques, éditeurs scientifiques, techniques et
médicaux, éditeurs électroniques, projets d'édition en ligne, et autres éditeurs
commerciaux.


4.3. Edition traditionnelle et édition électronique


Depuis trente ans, la chaîne traditionnelle de l'édition est soumise à de
nombreux bouleversements.

Dans les années soixante-dix, le marché de l'imprimerie traditionnelle avait
d'abord été ébranlé par l'apparition des machines de photocomposition. Le coût
de l'impression a ensuite continué de baisser avec les procédés d'impression
assistée par ordinateur, les photocopieurs, les photocopieurs couleur et le
matériel d'impression numérique. L'impression est maintenant souvent assurée à
bas prix par des ateliers de PAO (publication assistée par ordinateur) et des
entreprises d'arts graphiques. La numérisation a également accéléré le processus
de rédaction, puisque le rédacteur, le concepteur artistique et le personnel
chargé de la mise en page peuvent maintenant travailler simultanément sur le
même ouvrage.

Au Royaume-Uni, les fonctions de correction d'épreuves et de rédaction
s'effectuent désormais à domicile, le plus souvent par des travailleurs qui ont
pris le statut d'indépendants par suite de fusions d'entreprises,
délocalisations ou licenciements. "Or cette forme d'emploi tient plus du travail
précaire que du travail indépendant, car ces personnes n'ont que peu d'autonomie
et sont généralement tributaires d'une seule maison d'édition", analysait Peter
Leisink, professeur associé d'études sociales à l'Université d'Utrecht
(Pays-Bas) lors du Colloque sur la convergence multimédia de janvier 1997 à
Genève.

Pour la publication d'ouvrages et de périodiques éducatifs et scientifiques,
dans lesquels l'information la plus récente est primordiale, la numérisation
conduit à repenser complètement la signification même de publication, et à
s'orienter vers une diffusion en ligne qui rend beaucoup plus facile les
réactualisations régulières. Autre exemple, les universités américaines
diffusent des manuels "sur mesure" composés d'un choix de chapitres sélectionnés
dans une très importante base de données, choix complété par des articles et par
les commentaires des professeurs. Pour un séminaire, un très petit tirage peut
être effectué à la demande à partir de textes scientifiques transmis par voie
électronique à un imprimeur.

Dans L'édition savante à l'ère de la bibliothèque virtuelle: publication d'un
livre en SGML sur le World Wide Web, mémoire de maîtrise en bibliothéconomie et
sciences de l'information (MBSI) de l'Université de Montréal (Québec) daté de
novembre 1996, Guy Teasdale démontre les avantages de l'édition électronique
pour les presses universitaires. Il présente les implications de l'édition
électronique sur le Web tout en examinant les rôles et intérêts respectifs du
bibliothécaire et de l'éditeur dans l'édification de la bibliothèque numérique.
Suite à la crise affectant la publication d'ouvrages spécialisés par les presses
universitaires, il voit l'édition électronique sur Internet comme la solution
pour alimenter les bibliothèques universitaires et de recherche.

L'avenir de l'édition électronique est également lié à la manière dont pourra
être résolu le paiement du droit d'auteur sur le Web. L'Association of American
Publishers (AAP) par exemple travaille à un nouveau système d'identification
d'un objet numérique, appelé DOI System (DOI: digital object identifier), dont
le but est à la fois d'identifier le document soumis au copyright et de relier
l'usager aux propriétaires du copyright.

Il est vraissemblable que, pendant plusieurs années, l'édition électronique et
l'édition traditionnelle seront complémentaires, comme seront complémentaires
les librairies en ligne et les librairies traditionnelles, ou bien les
cyberbibliothèques et les bibliothèques traditionnelles. Il reste toujours
pratique d'avoir la version papier d'un livre ou d'un magazine pour lire sur son
divan, dans son lit, au café, dans une salle d'attente, dans un train ou dans un
avion. Par contre, à terme, les fonctions de l'édition traditionnelle devront
certainement être redéfinies en profondeur face au développement de l'édition
électronique et aux immenses perspectives que celle-ci représente, à commencer
par sa rapidité d'accès et son coût.

Concernant la fiscalité, un accord-cadre entre les Etats-Unis et l'Union
européenne a été conclu en décembre 1997, et cet accord devrait être suivi d'une
convention internationale. Internet est considéré comme une zone de
libre-échange, c'est-à-dire sans droits de douane pour les logiciels, les films
et les livres électroniques achetés sur le réseau. Les biens matériels et autres
services sont soumis au régime existant, avec perception de la TVA (taxe sur la
valeur ajoutée) par exemple sans droits de douane supplémentaires.


4.4. Les auteurs ont-ils encore besoin des éditeurs?


Internet a considérablement renforcé les relations entre auteurs et lecteurs.
Grâce au Web, ils peuvent faire connaître directement leurs oeuvres, et le
courrier électronique leur permet de discuter avec leurs lecteurs. En
définitive, les auteurs ont-ils encore besoin des éditeurs?

Professeur de lettres, poète et peintre, Silvaine Arabo a créé le site Poésie
d'hier et d'aujourd'hui, sur lequel elle propose de nombreux poèmes, y compris
les siens. Que peut apporter ce nouvel outil qu'est Internet à un poète? Dans
son courrier électronique du 9 juin 1998, Silvaine Arabo répondait:

"L'utilisation d'Internet a-t-elle changé quelque chose pour moi en tant que
poète? Pour répondre à votre question, disons que la gestion d'un site Internet
- si l'on veut qu'il demeure vivant - requiert beaucoup de temps. Mais je fais
en sorte que ma création personnelle n'en souffre pas. Par ailleurs, Internet
m'a mise en contact avec d'autres poètes, dont certains fort intéressants...
Cela rompt le cercle de la solitude et permet d'échanger des idées. On se lance
des défis aussi... Internet peut donc pousser à la créativité et relancer les
motivations des poètes puisqu'ils savent qu'ils seront lus et pourront même,
dans le meilleur des cas, correspondre avec leurs lecteurs et avoir les points
de vue de ceux-ci sur leurs textes. Je ne vois personnellement que des aspects
positifs à la promotion de la poésie par Internet: tant pour le lecteur que pour
le créateur."

Le quotidien Libération du 27 février 1998 donne aussi l'exemple de Barry
Beckham, romancier américain qui a inauguré une formule originale pour diffuser
son roman You Have a Friend : The Rise and Fall and Rise of the Chase Manhattan
Bank, portrait de la grande banque Chase Manhattan sur deux siècles, entre 1793
et 1995. Ce sujet a été inspiré par la vie professionnelle de l'auteur qui fut
rédacteur dans le service des relations publiques de cette banque. Moyennant un
abonnement de 9,95 dollars (environ 60 FF), le lecteur reçoit un épisode par
courrier électronique toutes les deux semaines et pendant six mois. Barry
Beckham pense être le premier à adopter cette formule de roman-feuilleton sur le
Web, dans la lignée de Dostoïevski, Dumas ou Dickens en d'autres temps. Parlant
de lui-même, il déclare:

"Un auteur du 20e siècle utilise la même démarche [la publication de romans par
épisodes dans les journaux du 19e] pour atteindre des lecteurs à une époque où
l'édition littéraire est dominée par des conglomérats obsédés par des titres
ayant un fort potentiel commercial mais peu de substance intellectuelle."

Esther Dyson est la présidente d'EDventure Holdings, une société spécialisée
dans l'étude des nouvelles technologies de l'information au niveau
international, et elle fait également partie du comité directeur de l'Electronic
Frontier Foundation (EFF). Depuis 1982, elle publie Release 1.0, lettre
d'information mensuelle très prisée des spécialistes et souvent appelée la
lettre intellectuelle du monde informatique. En 1997, elle publie son premier
ouvrage: Release 2.0: A Design for Living in the Digital Age (Londres, Viking,
1997). Organisé en neuf chapitres (communautés, travail, enseignement,
administration, propriété intellectuelle, contrôle du contenu, vie privée,
anonymat et sécurité), l'ouvrage explore l'impact et les implications du
cyberespace : son effet sur la vie quotidienne, les responsabilités liées aux
nouveaux pouvoirs qu'il nous donne, et les problèmes de fond posés par Internet.
Il expose aussi les conflits fondamentaux liés au développement de la
communication numérique: les conflits entre la vie privée et l'ouverture
sociale, la sécurité et la liberté, le commerce et la communauté. Parallèlement
à la publication simultanée de son ouvrage par plusieurs éditeurs dans le monde,
Esther Dyson a ouvert le site Release 2.0 pour dialoguer avec ses lecteurs. Elle
compte tirer à profit tous ces échanges dans une nouvelle édition de son livre.

S'il est maintenant fréquent qu'un livre ait son correspondant numérique sur
Internet, le cas contraire ne l'est pas, comme l'explique Christian Aubry,
rédacteur en chef de Multimédium, dans sa présentation de L'état du
cybercommerce 1998-1996, ouvrage lancé le 25 février 1998 lors du Forum
québécois sur l'Internet.

"Il est devenu assez banal de numériser un livre afin de le rendre accessible
sur le réseau mondial. Mais le contraire - un site Internet transposé dans un
livre - est un phénomène suffisamment inusité pour attirer notre attention. Que
peut gagner le Web, ce médium virtuel, universel, interactif et instantané, à
revenir ainsi en arrière et à se figer dans un simple objet de papier?"

Ecrit par Vallier Lapierre et Yves Leclerc, journalistes associés de Vianet, et
co-édité par Fortune 1000 et Communications Vianet, l'ouvrage est un recueil de
textes tirés du site CLÉS du commerce électronique, et il recense les tendances
et stratégies récentes en matière de commerce électronique et de cyberéconomie.

Pour clore ce chapitre, voici le commentaire de Jean-Paul, internaute amateur de
musique et d'écriture, qui déclarait dans son courrier électronique du 21 juin
1998:

"Mon avenir sur la toile est plus personnel que professionnel. L'Internet va me
permettre de me passer des intermédiaires: compagnies de disques, éditeurs,
distributeurs... Il va surtout me permettre de formaliser ce que j'ai dans la
tête (et ailleurs) et dont l'imprimé (la micro-édition, en fait) ne me
permettait de donner qu'une approximation. Puis les intermédiaires prendront
tout le pouvoir. Il faudra alors chercher ailleurs, là où l'herbe est plus
verte..."


5. LA PRESSE EN LIGNE


[Dans ce chapitre:]

[5.1. La presse en ligne francophone / 5.2. La presse étrangère / 5.3. La presse
électronique / 5.4. L'avenir de la presse en ligne]

Les premières éditions électroniques de journaux ont été disponibles par le
biais de services commerciaux tels que America Online ou CompuServe. Puis les
éditeurs de ces journaux ont créé des serveurs web. De nombreux journaux et
magazines sur papier ont maintenant leur site et proposent sur celui-ci la
version intégrale de leur dernier numéro en ligne - qu'il est possible de
consulter librement ou moyennant un abonnement gratuit ou payant - ainsi que des
dossiers et des archives. D'autres journaux et magazines sont purement
électroniques. L'avenir de la presse en ligne est également lié à un débat de
fond sur le métier de journaliste.


5.1. La presse en ligne francophone


Comme on le verra dans les lignes qui suivent, plusieurs journaux se disputent
la paternité du premier site sur le Web.

Libération a débuté son site web à la fin de l'année 1995, peu après le
lancement de la version papier de son Cahier Multimédia, inclus dans l'édition
du jeudi. Le site de Libération propose la Une du quotidien, le Cahier Livres
complété par Chapitre un (les premiers chapitres de livres récents), et bien
d'autres rubriques. Indispensable pour qui veut se tenir au courant de
l'actualité d'Internet, la rubrique Multimédia inclut les articles du Cahier
Multimédia papier hebdomadaire et les archives des numéros précédents.

Sur le site du Monde, créé en 1996, on trouve des dossiers en ligne, la Une du
Monde en version graphique à partir de 13 h, l'intégralité du journal avant 17
h, l'actualité en liaison avec l'AFP (Agence France Presse), et des rubriques
sur la bourse, les livres, le multimédia et les sports. L'abonnement au journal
complet en ligne est de 5 FF par jour, soit 30% de moins que l'édition papier
qui coûte 7,50 FF. S'ils concernent le multimédia, les articles du supplément
papier hebdomadaire Télévision-Radio-Multimédia sont disponibles gratuitement en
ligne dans la rubrique Multimédia, rebaptisée ensuite Nouvelles technologies.

Le site du Monde diplomatique permet l'accès à l'ensemble des articles de la
revue depuis janvier 1994, par date, sujet et pays. L'intégralité du mensuel en
cours est consultable gratuitement pendant les deux semaines suivant sa
parution. Un forum permanent de discussion en ligne permet au journal de
discuter avec ses lecteurs. Dans son courrier électronique du 17 juin 1998,
Philippe Rivière précisait:

"Monté dans le cadre d'un projet expérimental avec l'INA (Institut national de
l'audiovisuel), début 1995, le site était le premier site d'un journal français.
Depuis il a bien grandi, autour des mêmes services de base: archives et annonce
de sommaire. [Grâce à Internet,] le travail journalistique s'enrichit de sources
faciles d'accès, aisément disponibles. Le travail éditorial est facilité par
l'échange de courriers électroniques; par contre, une charge de travail
supplémentaire due aux messages reçus commence à peser fortement."

En septembre 1996, L'Humanité a été le premier quotidien français à proposer la
version intégrale du journal sur le Web. Classés par rubriques, les articles
sont disponibles sur le serveur entre 10 h et 11 h du matin, à l'exception de
L'Humanité du samedi qui n'est généralement mise en ligne que le lundi.
L'archivage est automatique.

Dans son courrier électronique du 23 juillet 1998, Jacques Coubard expliquait:

"Le site de L'Humanité a été lancé en septembre 1996 à l'occasion de la Fête
annuelle du journal. Nous y avons ajouté depuis un forum, un site, en
partenariat, pour la récente Coupe du monde de football, et des données sur la
Fête et sur le meeting d'athlétisme, parrainé par L'Humanité. Nous espérons
pouvoir développer ce site à l'occasion du lancement d'une nouvelle formule du
quotidien qui devrait intervenir à la fin de l'année ou au début de l'an
prochain. Nous espérons également mettre sur site L'Humanité hebdo dans les
mêmes délais. Jusqu'à présent on ne peut pas dire que l'arrivée d'Internet ait
bouleversé la vie des journalistes faute de moyens et de formation (ce qui va
ensemble). Les rubriques sont peu à peu équipées avec des postes dédiés, mais
une minorité de journalistes exploitent ce gisement de données. Certains s'en
servent pour transmettre leurs articles, leurs reportages. Il y a sans doute
encore une 'peur' culturelle à plonger dans l'univers du Net. Normal, en face de
l'inconnu. L'avenir devrait donc permettre par une formation (peu compliquée) de
combler ce handicap. On peut rêver à un enrichissement par une sorte d'édition
électronique, mais nous sommes sévèrement bridés par le manque de moyens
financiers."

Le site des Echos présente l'information financière en continu, un moteur de
recherche par nom de société, un atlas régional des activités économiques, une
sélection de sites, etc. La consultation du quotidien est payante, soit par
numéro, soit par abonnement (215 FF par mois). Le site de La Tribune, gratuit,
propose La Tribune du jour et les archives du journal, ainsi qu'une sélection
d'articles en anglais.

Infos On Line, le service en ligne des publications du Groupe Havas, a vu son
ouverture retardée pour des raisons administratives, et le site n'était toujours
pas ouvert en décembre 1998. Il devrait diffuser les articles de 01 Informatique
Agro-distribution,L'Entreprise, L'Expansion, L'Express, La France agricole, Le
Moniteur des travaux publics et du bâtiment,La Revue de l'éleveur laitier, La
Revue de l'industrie agro-alimentaire, L'Usine nouvelle, La Vie française et La
Vigne, auxquels s'ajouteraient les articles de l'hebdomadaire Le Point et ceux
du quotidien Les Echos. 100.000 articles seront accessibles grâce à un moteur de
recherche multicritères proposant une liste d'articles, avec titre du périodique
et résumé. L'abonnement minimal sera de 50 FF pour 10 articles. Il s'effectuera
directement en ligne par carte bancaire ou par abonnement. Les personnes
réfractaires au paiement en ligne pourront choisir d'effectuer le règlement par
l'intermédiaire de CompuServe, fournisseur d'accès à Internet, et la somme
correspondant aux achats d'articles sera ajoutée à la facture mensuelle envoyée
par CompuServe.

Co-édité par Havas Interactive et l'Agence JSI depuis le printemps 1998, Infos
Graphiques On Line a pour but de diffuser l'information expliquée en images.
Disponibles par abonnement, des centaines d'infographies sont regroupées selon
les thèmes suivants: culture, économie, France, monde, sciences, social,
société, sports, vie quotidienne, clin d'oeil, comment ça marche. La recherche
est possible par thème ou par période: jour, semaine, mois, ou archives plus
anciennes.

Le Canard Enchaîné, hebdomadaire satirique, n'a malheureusement pas de site
officiel sur le Net, mais un site officieux lui est consacré: La Crème de
Canard, qui propose chaque semaine une sélection d'articles et de dessins, avec
une semaine de retard par rapport à l'hebdomadaire, et des archives remontant à
août 1995.

Les journaux régionaux sont également représentés sur le Web, par exemple Le
Républicain lorrain, Le Dauphiné libéré, les Dernières nouvelles d'Alsace ou
Ouest-France.

Outre l'intégrale de l'édition du jour, le site des Dernières nouvelles d'Alsace
(DNA) propose des services comme le cours de la bourse et le calcul des impôts,
et il offre aussi une édition abrégée en allemand. Dans son courrier
électronique du 16 juin 1998, Michel Landaret précisait que DNA, "créé en
septembre 1995 [et qui compte] actuellement 5.500 lecteurs par jour [est le]
premier journal français a avoir mis son contenu sur le Web".

France-Ouest, site du quotidien Ouest-France, a été créé en juillet 1996. Dans
son courrier électronique du 17 juin 1998, Bernard Boudic expliquait:

"[A l'origine, l'objectif était de] présenter et relater les grands événements
de l'Ouest en invitant les internautes à une promenade dans un grand nombre de
pages consacrées à nos régions (tourisme, industrie, recherche, culture). Très
vite, nous nous sommes aperçus que cela ne suffisait pas. Nous nous sommes
tournés vers la mise en ligne de dossiers d'actualité, puis d'actualités tout
court. Aujourd'hui nous avons quatre niveaux d'infos : quotidien, hebdo (tendant
de plus en plus vers un rythme plus rapide), événements et dossiers. Et nous
offrons des services (PA [petites annonces], guide des spectacles, presse-école,
boutique, etc.). Nous travaillons sur un projet de journal électronique total:
mise en ligne automatique chaque nuit de nos quarante éditions (450 pages
différentes, 1.500 photos) dans un format respectant typographie et hiérarchie
de l'information et autorisant la constitution par chacun de son journal
personnalisé (critères géographiques croisés avec des critères thématiques).

[Internet a changé ma vie professionnelle] d'abord parce que j'en suis devenu le
responsable éditorial... Les retombées sur le travail quotidien des journalistes
d'OF [Ouest-France] sont encore minces. Nous commençons seulement à offrir un
accès Internet à chacun (rédaction d'OF = 370 journalistes répartis dans
soixante rédactions, sur douze départements... pas simple). Certains utilisent
Internet pour la messagerie électronique (courrier interne ou externe, réception
de textes de correspondants à l'étranger, envoi de fichiers divers) et comme
source d'informations. Mais cette pratique demande encore à s'étendre et à se
généraliser. Bien sûr, nous réfléchissons aussi à tout ce qui touche à
l'écriture multimédia et à sa rétroaction sur l'écriture imprimée, aux
changements d'habitudes de nos lecteurs, etc. [...]

[Internet est] à la fois une menace et une chance. Menace sur l'imprimé, très
certainement (captation de la pub et des PA [petites annonces], changement de
réflexes des lecteurs, perte du goût de l'imprimé, concurrence d'un média
gratuit, que chacun peut utiliser pour diffuser sa propre info, etc.). Mais
c'est aussi l'occasion de relever tous ces défis, de rajeunir la presse
imprimée."

Bel exemple de multilinguisme, le site du quotidien belge Le Soir offre une
présentation du journal en français, allemand, anglais, espagnol, italien et
néerlandais. Le site du Courrier international permet de retrouver les articles
de la presse internationale sélectionnés et traduits par le Courrier, et de
consulter ses sources au moyen de nombreux liens.

Présent sur le Web depuis le 14 septembre 1995, Webdo, premier journal
électronique suisse, est issu de L'Hebdo, magazine d'information publié à
Lausanne (Suisse). On y trouve son édition de la semaine et ses archives, ainsi
qu'un répertoire quasi-exhaustif de la presse non spécialisée sur le Web.

Le Journal officiel est en ligne depuis début 1998. Le site est accessible soit
directement, soit par le biais de Légifrance qui propose plusieurs autres
documents officiels: le Code civil, le Code pénal, la Constitution de la Ve
République (1958), la Déclaration universelle des droits de l'homme, des textes
de lois et des arrêts de jurisprudence. La page d'accueil offre cinq grandes
rubriques: la Constitution, la loi, la jurisprudence, le droit européen et
l'actualité juridique. Une grande "première" puisque les textes législatifs
n'étaient jusque-là accessibles que par Minitel ou par le biais de bases de
données à la facturation élevée.

Dans le domaine informatique, l'excellente revue professionnelle Le M@nde
informatique est mise à jour tous les vendredis. ZDNet, site du plus grand
éditeur mondial de magazines informatiques, propose ZDNet France, un magazine
électronique axé sur la micro-informatique. Il contient des articles de la
rédaction de ZDNet ou bien publiés dans PC Direct et PC Expert.

Plusieurs répertoires permettent de "naviguer" sur la presse francophone.

Outre la diffusion de l'information mondiale en français, anglais, allemand,
espagnol et portuguais, le site de l'Agence France-Presse (AFP) propose des
liens hypertextes à la fois avec la presse française (titres nationaux, journaux
régionaux, chaînes de télévision, radios et journaux électroniques) et avec la
presse francophone des pays suivants : Belgique, Canada, Haïti, Madagascar,
Maroc, Réunion (DOM-TOM), Suisse et Tunisie.

Biblio On Line, serveur français d'informations culturelles sur Internet,
propose dans BiblioPresse 80.000 références d'articles dans plus de cent titres
de la presse française. La recherche est possible par titre d'article, thème,
revue et année.

PageFrance présente l'actualité française multimédia, l'actualité française en
général avec des liens pour trouver l'information, une sélection de sites web
francophones, une recherche de coordonnées en tous genres, et un guide pour
acheter en ligne sur Internet.


5.2. La presse étrangère


Voici quelques exemples aussi pour la presse étrangère.

Aux Etats-Unis, le Wall Street Journal possède environ 100.000 abonnés payants
en ligne. La version en ligne du New York Times est disponible sur abonnement
gratuit. Le Washington Post propose l'actualité quotidienne en ligne et une
banque de données d'articles, le tout avec images, sons et vidéos. Pathfinder
est le site web du groupe Time-Warner, éditeur de Time Magazine, Sports
Illustrated, Fortune, People, Southern Living, Money, Sunset, etc. On peut y
lire la presse en ligne et rechercher des articles par date ou par sujet.

Au Royaume-Uni, le Times et le Sunday Times font Web commun, avec possibilité de
créer une édition personnalisée. The Economist, magazine économique anglais qui
fait référence, est également disponible en ligne, comme le sont aussi le grand
quotidien espagnol El Pais ou les magazines allemands Focus ou Der Spiegel,
parmi tant d'autres.

Concernant la presse informatique, on a par exemple le mensuel Wired, créé en
1992 en Californie, une revue culte qui fut le premier magazine consacré à la
culture cyber et qui se veut aujourd'hui le journal du futur à l'avant-garde du
21e siècle.

Plusieurs répertoires recensent la presse internationale, à commencer par
l'excellent Les journaux sur le Web, tenu à jour par Gérald Verdon sur le site
de Webdo. Il recense tous les sites web de quotidiens et magazines non
spécialisés du monde entier, ainsi que les magazines électroniques et les
chaînes ou les émissions de télévision.

AJR/NewsLink (AJR : American Journalism Review) propose des liens avec un grand
nombre de journaux et magazines, associations de journalistes, ressources pour
les journalistes, etc. Electronic Newstand offre des liens avec des centaines de
magazines et permet aussi la recherche d'articles. Tenu à jour par Oxbridge
Communications, MediaFinder gère des annuaires regroupant 90.000 magazines,
lettres d'information, catalogues, périodiques, etc., et il est aussi
fournisseur d'abonnements ou d'annonces publicitaires.

Plusieurs bibliothèques ont également créé des répertoires exhaustifs de la
presse sur le Web, par exemple la section sur l'actualité, les médias et les
périodiques créée par la Michigan Electronic Library (MEL).


5.3. La presse électronique


S'ils ont eux aussi commencé à circuler par le biais de services commerciaux
tels que America On Line (AOL) ou CompuServe, les journaux électroniques ont
connu un essor important lorsqu'ils ont été disponibles sur le Web.

Fondé en avril 1997 par deux journalistes français de la grande presse, Anna
Alter et Max Casmurri, Le Petit Bouquet est le premier quotidien francophone
exclusivement électronique. Un système d'abonnement gratuit permet à 25.000
francophones du monde entier de le recevoir quotidiennement.

ZazieWeb est une revue littéraire en ligne conçue et réalisée par Isabelle
Aveline, avec un graphisme d'Olivier Cornu. Club des libraires multimédias,
manifestations culturelles, atelier d'écriture et billets d'humeur, toute
l'actualité du livre est présentée avec punch et humour.

Pagina, magazine hebdomadaire de l'édition, fait le point sur l'actualité
littéraire. Magazine bilingue français-anglais, The (virtual) Baguette donne
toutes sortes de nouvelles humoristiques sur le monde d'Internet.

Le Micro Bulletin Actu (LMB Actu) se présente comme "l'hebdomadaire Internet
immatériel et francophone", et il est la référence dans le domaine des
technologies de l'information. Diffusé gratuitement par messagerie électronique
chaque jeudi matin, il est ensuite archivé sur le site web. Réalisé par la
Délégation aux systèmes d'information du Centre national de la recherche
scientifique (CNRS), avec la collaboration de Tektonika, il complète la revue
papier Le Micro Bulletin, destinée aux utilisateurs de l'informatique dans la
recherche.

Très apprécié de toute la communauté francophone, l'excellent cybermagazine
québécois Multimédium est le "quotidien des nouvelles technologies de
l'information". Il présente l'actualité internationale à base d'articles courts
renvoyant aux sources et à des informations complémentaires sur d'autres sites.
Infos technos propose une sélection de revues informatiques francophones,
complétée par quelques titres anglophones.

A la consternation de ses lecteurs, les Chroniques de Cybérie, bulletin
hebdomadaire lui aussi très prisé des cybernautes francophones, avait dû cesser
sa parution en octobre 1997 pour des raisons budgétaires. Pionniers dans ce
domaine, Jean-Pierre Cloutier et Mychelle Tremblay ne pouvaient continuer sans
un appui publicitaire qui ne s'est pas présenté: "Au Québec, [...] les
annonceurs des secteurs public et privé et les commanditaires ne sont pas au
rendez-vous, du moins pour l'instant, pour assurer la viabilité du modèle
économique d'une prétendue industrie québécoise du contenu sur les inforoutes."

Le 22 avril 1998, les Chroniques de Cybérie étaient de retour grâce à leur
alliance avec le Webdo de Lausanne qui, pendant les deux semaines suivant leur
publication, en détient l'exclusivité sur le site créé à cet effet. Elles
rejoignent ensuite le site québécois initial, qui contient les archives et le
répertoire actualisés, le moteur de recherche interne et la liste d'abonnement.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Jean-Pierre Cloutier, auteur des
Chroniques, expliquait son parcours professionnel:

"Il y a deux choses ici, dans mon cas. D'abord une époque où j'étais traducteur
(après avoir travaillé dans le domaine des communications). Je me suis branché à
Internet à la demande de clients de ma petite entreprise de traduction car ça
simplifiait l'envoi des textes à traduire et le retour des textes traduits.
Assez rapidement, j'ai commencé à élargir mon bassin de clientèle et à avoir des
contrats avec des clients américains. Puis, il y a eu carrément changement de
profession, c'est-à-dire que j'ai mis de côté mes activités de traduction pour
devenir chroniqueur. Au début, je le faisais à temps partiel, mais c'est
rapidement devenu mon activité principale. C'était pour moi un retour au
journalisme, mais de manière manifestement très différente. Au début, les
Chroniques traitaient principalement des nouveautés (nouveaux sites, nouveaux
logiciels). Mais graduellement on a davantage traité des questions de fond du
réseau, puis débordé sur certains points d'actualité nationale et internationale
dans le social, le politique et l'économique. Dans le premier cas, celui des
questions de fond, c'est relativement simple car toutes les ressources
(documents officiels, dépêches, commentaires, analyses) sont en ligne. On peut
donc y mettre son grain de sel, citer, étendre l'analyse, pousser des
recherches. Pour ce qui est de l'actualité, la sélection des sujets est
tributaire des ressources disponibles, ce qui n'est pas toujours facile à
dénicher. On se retrouve alors dans la même situation que la radio ou la télé,
c'est-à-dire que s'il n'y a pas de clip audio ou d'images, une nouvelle même
importante devient du coup moins attrayante sur le plan du médium."

Dans les titres anglophones, on peut citer par exemple News.Com, qui présente
des articles détaillés et des dossiers spéciaux sur la micro-informatique et
Internet. Près d'un million d'utilisateurs sont abonnés à la lettre
d'information quotidienne, envoyée gratuitement par courrier électronique.

La presse électronique est répertoriée dans E.Journal, dont la base de données
comprend les catégories suivantes: journaux universitaires, lettres
d'information par messagerie électronique, magazines et journaux, journaux
politiques, journaux imprimés, journaux par sujets, journaux sur le monde des
affaires et autres ressources.

Créée par John Labovitz, la E-Zine-List répertorie 3.000 magazines
électroniques. A l'origine, un e-zine - abrégé de fanzine ou magazine - était en
général produit par une personne ou un petit groupe, et il était uniquement
distribué par voie électronique. Le plus souvent, il ne contenait pas de
publicité, ne visait pas un profit commercial et n'était pas dirigé vers une
audience de masse.

Sur le site, John Labovitz explique qu'il a débuté la E-Zine-List durant l'été
1993. A l'origine, son intention était de faire connaître Crash, un zine imprimé
pour lequel il souhaitait créer une version électronique. A la recherche de
répertoires, il n'a trouvé que le groupe de discussion alt.zines, et des
archives comme le WELL et ETEXT. Il eut alors l'idée d'un répertoire organisé.
Il commença avec douze titres classés manuellement dans un éditeur de textes.
Puis il écrivit sa propre base de données pour générer automatiquement le texte,
les liens et les fichiers. En quatre ans, de 1993 à 1997, les quelques douzaines
de zines sont devenus plusieurs centaines, et la signification même de zine
s'est élargie puisque le terme recouvre maintenant tout type de publication
publiée par voie électronique. John Labovitz constate cependant qu' "il subsiste
toujours la frange originale et indépendante qui continue de publier suivant
leur coeur ou de repousser les frontières de ce que nous appelons un zine".


5.4. L'avenir de la presse en ligne


Selon Henri Pigeat, président de l'Institut international des communications
(cité dans Cyberplanète: notre vie en temps virtuel), "l'édition électronique
représente un axe majeur de développement pour la presse". D'après lui, le Web
remplit trois fonctions principales: il est un outil de promotion pour le
journal parce qu'il attire de nouveaux lecteurs, souvent plus jeunes, il offre
plus de précisions et d'exhaustivité que sur un support papier limité par la
place, et enfin il "permet d'occuper le terrain, notamment face à la concurrence
de services en ligne nouveaux ou de la télévision".

La vitesse de croisière va-t-elle remplacer la folle expansion de ces quatre
dernières années? C'est ce que pense Eric K. Meyer, qui analyse la présence des
journaux sur le Web dans un article très documenté de l'AJR/NewsLink (AJR:
American Journalism Review).

En décembre 1997, le nombre de journaux publiant sur le Net était de 3.622, un
chiffre correspondant à peu près à la prévision de 4.000 titres donnée par
l'AJR/NewsLink en 1994. Les six mois précédents (juin-décembre 1997) avaient vu
l'apparition de 1.702 nouveaux titres. 594 titres avaient vu le jour entre
décembre 1996 et mai 1997, contre 471 titres pour les six mois précédents. 1.563
journaux en ligne étaient basés hors des Etats-Unis, ce qui représentait un
pourcentage de 43%, alors que ce pourcentage était seulement de 29% un an
auparavant. La forte augmentation de ce pourcentage correspondait à un
développement rapide des journaux en ligne, notamment au Canada, au Royaume-Uni,
en Norvège, au Brésil et en Allemagne. Fait non surprenant, les trois pays les
plus représentés étaient les Etats-Unis (2.099 journaux), le Royaume-Uni (294
journaux) et le Canada (230 journaux).

En septembre 1998, le nombre de journaux publiant sur le Net était de 4.925,
soit 1.300 titres de plus que fin 1997. Le site annonçait aussi la
réactualisation des statistiques données dans l'article de décembre 1997, mais
ces nouveaux chiffres n'étaient pas encore disponibles en décembre 1998.

Un autre élément nouveau dû au Web est la collaboration entre grands groupes de
presse traditionnellement concurrents. Site rédactionnel commun qui a duré plus
d'un an, entre février 1997 et mars 1998, NewsWorks proposait un service
d'information quotidien géré par le News Century Network, qui regroupait neuf
des plus grands groupes de presse des Etats-Unis: Advance Publications, Cox
Newspapers, The Gannett Company, The Hearst Corporation, Knight-Ridder Inc., The
New York Times Company, Times Mirror, The Tribune Company et The Washington Post
Company, soit 140 titres à eux tous. La mésentente et le manque de cohésion
entre les partenaires ont eu raison de cette alliance le 10 mars 1998. Même si
le partenariat semble difficile, le fait que le Web ouvre la voie à une
collaboration étroite entre différents groupes de presse pour proposer des
serveurs d'information multinationaux et multilingues est un élément nouveau qui
va profondément bouleverser les us et coutumes.

Un nouveau type de presse débute. Dans un article de Libération daté du 21 mars
1997, Laurent Mauriac insistait sur l'importance de la date du 28 février 1997
dans l'histoire de la presse, du journalisme et d'Internet. A 15 h 15, le Dallas
Morning News, l'un des dix grands quotidiens américains, livrait en ligne une
information exclusive: la reconnaisance de sa culpabilité par Timothy McVeigh,
le principal suspect de l'attentat d'Oklahoma City. Pour la première fois, une
information exclusive n'était pas livrée par une édition imprimée mais par une
édition en ligne. Elle renversait les rapports d'un journal avec son site web,
puisque, jusque là, l'édition en ligne se contentait d'être une copie de
l'édition imprimée.

Moins d'un an après, le mécanisme était au point. Dans Libération du 30 janvier
1998, Pierre Briançon expliquait que le scandale provoqué par les relations
sexuelles de Bill Clinton, président des Etats-Unis, avec Monika Lewinski,
ancienne stagiaire à la Maison Blanche, était "le premier grand événement
politique dont tous les détails sont instantanément reproduits sur le Web". Tous
les grands médias d'information ont constitué une page web spéciale consacrée au
scandale. "Pour la première fois, le Web apparaît ainsi comme un concurrent
direct et brutal, non seulement des journaux - handicapés par leur périodicité -
mais des radios ou télévisions."

Comme ces deux exemples le montrent, l'implantation du Web dans la presse, et
inversement, a créé un nouveau type de presse en ligne, qui offre une
information presque instantanée, ou en tout cas encore plus rapide que celle
donnée par la télévision ou la radio. L'information est également beaucoup plus
complète grâce à la possibilité de multiples hyperliens vers d'autres sources
d'information et documents en tous genres.

Dans un entretien avec le magazine multimédia allemand Com! publié dans le
numéro de mars 1998 (et relaté dans la dépêche AFP du 19 février 1998), Hermann
Meyn, président du Deutscher Journalisten Verband (Fédération des journalistes
allemands), proposait d'établir un code de déontologie professionnelle à
l'intention des journalistes sur Internet afin d'éviter les dérapages vus lors
de l'affaire Clinton-Lewinsky.

"Un tel code est nécessaire car le flux d'informations est beaucoup plus rapide
sur Internet que dans les médias classiques, et 'les rumeurs et les fausses
nouvelles se répandent beaucoup plus vite', a-t-il expliqué. [...] Soulignant
que des lois nationales ne suffiraient pas à combattre cette tendance sur le
réseau informatique mondial qu'est Internet, il a jugé 'beaucoup plus sensé'
d'établir un code de l'honneur pour les journalistes."

Dans la Tribune de Genève du 28 février-1er mars 1998, Antoine Maurice
présentait les mutations technologiques ayant affecté le monde de la presse
durant ces vingt dernières années: impression offset, photocomposition,
informatisation progressive des rédactions et des opérations de production des
journaux. La fin des années quatre-vingt voit "des rédactions complètement
informatisées et dépourvues de papier - le tout écran - complètement en réseau
et en flux immatériel de production, complètement détachées et détachables des
lieux d'impression".

Nombre de métiers ont disparu. Les journalistes doivent maintenant compter avec
des secrétaires de rédaction qui traitent les textes puis montent les pages sur
écran, et avec des ingénieurs qui contribuent eux-aussi à la définition de
l'information puisqu'ils réglementent les modalités du travail. Les techniciens
de l'information et ceux qui l'écrivent sont tous deux "journalistes de plein
droit, puisque des metteurs en page sur ordinateur sont autant responsables du
contenu du journal que des rédacteurs". Les journalistes doivent aussi compter
avec la concurrence d'Internet qui véhicule un très grand nombre d'informations
et qui "court-circuite en partie le pouvoir d'informer, privilège jusque-là d'un
milieu médiatique qui se serait bien passé de cette concurrence".

La convergence multimédia peut être définie comme la convergence des secteurs de
l'informatique, du téléphone et de la radiotélévision dans une industrie de la
communication et de la distribution utilisant les mêmes autoroutes de
l'information. Si, dans certains secteurs, ce phénomène a récemment entraîné de
nouveaux emplois, par exemple ceux liés à la production de films ou de produits
audio-visuels, d'autres secteurs sont soumis à d'inquiétantes restructurations.
Lors du Colloque sur la convergence multimédia organisé les 27-29 janvier 1997 à
Genève par l'Organisation internationale du Travail (OIT), plusieurs
interventions étaient particulièrement intéressantes, et elles sont toujours
d'actualité.

Bernie Lunzer, secrétaire trésorier de la Newspaper Guild (Etats-Unis), était
l'intervenant le plus pessimiste sur la rentabilité de la presse sur le Web.
D'après lui, les espoirs de rentabilité, d'abord fondés sur les placards
publicitaires, se sont ensuite reportés sur les petites annonces, sans garantie
de succès jusque-là. L'instauration de l'abonnement payant sur le Web semble
également voué à l'échec, parce qu'il prive le site d'une grande partie de son
trafic. Bernie Lunzer insistait également sur les batailles juridiques faisant
rage sur les problèmes de propriété intellectuelle. Ces batailles visent
notamment à contrer l'attitude des directeurs de publications, qui amènent les
écrivains indépendants à signer des contrats particulièrement choquants cédant
tous leurs droits au directeur de la publication, avec une contrepartie
financière ridicule.

Heinz-Uwe Rübenach, du Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger (Association
allemande de directeurs de journaux), ne pensait pas que, dans un proche avenir,
les journaux puissent être évincés par les services de presse en ligne. Par
contre ceux-ci concurrencent déjà la presse traditionnelle dans le domaine des
annonces immobilières ou des offres d'emploi. Si un lecteur veut acheter des
billets pour des manifestations exceptionnelles par exemple, le service en ligne
est plus adapté que le journal parce qu'il permet la commande directe des
billets et une mise à jour constante des informations. Tout comme Bernie Lunzer,
Heinz-Uwe Rübenach insistait lui aussi sur la nécessité financière pour les
entreprises de presse de gérer et de contrôler l'utilisation sur le Web des
articles de leurs journalistes, afin de constituer les fonds nécessaires pour
continuer à investir dans ce type de technologie.

Un problème tout aussi préoccupant est celui de la pression constante exercée
sur les journalistes des salles de rédaction: le produit de leur travail n'est
plus utilisé seulement en fin de journée, mais il doit être disponible tout au
long de la journée. Ces tensions à répétition sont encore aggravées par une
journée de travail sur écran pendant huit à dix heures d'affilée. Le rythme de
travail et l'utilisation intensive de l'ordinateur entraînent de préoccupants
problèmes de sécurité au travail. Après quelques années de ce régime, des
journalistes "craquent" à l'âge de trente-cinq ou quarante ans.

Président de la Federación Nacional de Periodistas (FENAJ) (Fédération nationale
des journalistes) du Brésil, Carlos Alberto de Almeida dénonçait lui aussi
l'exploitation des journalistes. En théorie, les nouvelles technologies devaient
donner la possibilité de rationaliser le travail et d'en réduire la durée pour
favoriser l'enrichissement intellectuel et les loisirs. En pratique, les
professionnels des médias, les cadres et les journalistes par exemple, sont
obligés d'effectuer un nombre d'heures de travail de plus en plus grand. La
journée légale de cinq heures est en fait une journée de dix à douze heures. Les
heures supplémentaires ne sont pas payées, comme ne sont pas payées non plus
celles effectuées le week-end par un journaliste pendant sa période de repos.

Si elle accélère le processus de production, l'automatisation des méthodes de
travail, à commencer par la numérisation, entraîne une diminution de
l'intervention humaine et donc un accroissement du chômage. Alors qu'auparavant
le personnel de production devait retaper les textes du personnel de rédaction,
la mise en page automatique a entraîné la combinaison des deux tâches de
rédaction et de composition. Dans les services publicitaires aussi, la
conception graphique et les tâches commerciales sont maintenant intégrées.

Etienne Reichel, directeur suppléant de Viscom (Visual Communication),
l'association suisse pour la communication visuelle, démontrait que le transfert
de données et la suppression de certaines phases de production ont réduit le
nombre d'emplois traditionnels. Le travail de vingt typographes est maintenant
assuré par six travailleurs qualifiés. La concentration des centres de
production a entraîné une forte pression sur les petites et moyennes entreprises
qui étaient auparavant génératrices d'emploi. Par contre, l'informatique permet
à certains professionnels de s'installer à leur compte, comme c'est le cas pour
30% des salariés ayant perdu leur emploi.

Heinz-Uwe Rübenach pensait au contraire que l'emploi n'était pas menacé. Depuis
des années, les rédactions locales sont reliées aux rédactions centrales et les
journalistes produisent sur leur propre ordinateur des pages prêtes à
l'impression. Une fois de plus, déclarait-il, "les journalistes et autres
employés des journaux devront adapter leur activité aux nouvelles technologies
afin de soutenir la concurrence et de préserver leur emploi".

Les services en ligne créent de nouveaux emplois. Lors d'une enquête auprès de
l'Association européenne des directeurs de journaux, Heinz-Uwe Rübenach a
observé que les services en ligne recrutaient des journalistes ne provenant pas
des services de presse classiques, et qu'aucun poste n'avait été supprimé dans
des entreprises de presse suite au développement des services en ligne. Phil
O'Reilly, directeur général de la Newspaper Publishers' Association of NZ (NZ:
New Zealand) expliquait qu'en Nouvelle-Zélande aussi le développement des sites
sur Internet a entraîné quelques créations d'emploi. Mais aucun intervenant n'a
donné le pourcentage de création d'emplois par rapport au nombre de
licenciements.

Même si Internet est un gigantesque réservoir d'informations, la presse aura
toujours besoin des journalistes, comme l'explique Jean-Pierre Cloutier, auteur
des Chroniques de Cybérie, dans un article de WebdoMag de juillet 1998:

"Certains ont prévu à court terme la disparition des médias traditionnels et de
leurs artisans. 'Nous n'aurons plus besoin de journalistes quand un bon fureteur
pour les groupes News sera disponible', estimait il y a deux ans Michael Hauben
de l'Université Columbia. 'Plus la population de branchés grandira, plus les
médias d'information professionnels seront marginalisés.' N'en croyons rien.

L'esprit de découverte et le goût de l'exploration et du bricolage technique de
ceux et celles qui ont été précoces à adopter l'Internet (ceux que les
sociologues du Net appellent les early doers) ne sont pas partagés par la
deuxième vague d'utilisateurs qui constituent maintenant la partie la plus
importante de cette 'masse critique'.

Et voilà le défi de la presse spécialisée, c'est-à-dire accompagner le grand
public dans sa découverte du nouveau médium et dans son appropriation de
l'espace cyber, l'aider à analyser, faciliter sa compréhension, ajouter une
valeur à l'information brute."

Le goufre entre les "info-riches" et les "info-pauvres" est particulièrement
présent dans la presse. Dans de nombreux pays africains, le tirage des journaux
est extrêmement faible comparé au chiffre de la population, et chaque exemplaire
est lu par une vingtaine de personnes au moins. Wilfred Kiboro, président de
Nation Printers and Publishers (Kenya) (devenue Nation Media Group le 24 juillet
1998), a observé dans son entreprise la baisse du prix des journaux grâce au
phénomène de convergence multimédia. D'après lui, les coûts de distribution
pourraient eux aussi fortement baisser avec la mise en service d'un système
d'impression par satellite qui éviterait de transporter les journaux par camion
dans tout le pays.

Toutefois la convergence multimédia en particulier et la mondialisation de
l'économie en général placent une fois de plus les pays en développement en état
d'infériorité, puisque les moyens d'impression et de radiotélédiffusion sont
dans les mains de quelques grands groupes occidentaux. Les problèmes économiques
sont également doublés de problèmes culturels: paradoxalement, les informations
concernant l'Afrique à destination des Africains ne viennent pas du continent
lui-même, mais elles sont diffusées par des occidentaux qui transmettent leur
propre vision de l'Afrique, sans réelle perception de sa situation économique et
sociale.

Autre apport de taille au monde de la presse, Internet permet de lire en ligne
des titres difficiles ou impossibles à trouver en kiosque. Un article du
quotidien Le Monde du 23 mars 1998 donne l'exemple du quotidien algérien El
Watan, en ligne depuis octobre 1997. Selon Redha Belkhat, rédacteur en chef du
journal, l'enjeu est capital:

"Pour la diaspora algérienne, trouver dans un kiosque à Londres, New York ou
Ottawa, un numéro d'El Watan daté de moins d'une semaine relève de l'exploit.
Maintenant, le journal tombe ici à 6 heures du matin, et à midi il est sur
Internet."

Internet permet aussi aux journaux interdits d'exister, comme l'hebdomadaire
indépendant La Nation qui, parce qu'il dénonçait les violations des droits de
l'homme en Algérie, a été contraint d'arrêter ses activités en décembre 1996. Un
an plus tard, un numéro spécial était disponible sur le site de Reporters sans
frontières à l'occasion de l'anniversaire de sa disparition. "En mettant La
Nation en ligne, notre but était de dire: cela n'a plus de sens de censurer les
journaux en Algérie, parce que grâce à Internet les gens peuvent récupérer les
articles, les imprimer, et les distribuer autour d'eux", indiquait Malti
Djallan, à l'origine de cette initiative.

Nouvelles du bled est un journal électronique sur l'Algérie créé en décembre
1997 par Christian Debraisne, français, et Mohamed Zaoui, journaliste algérien
en exil. L'équipe est maintenant constituée d'une douzaine de personnes qui se
retrouvent le jeudi soir dans un café du onzième arrondissement de Paris.
Christian Debraisne, qui effectue la mise en page, déclarait dans Le Monde du 23
mars 1998:

"Avec Internet, nous avons trouvé un espace de libre expression et, en prime,
pas de problème d'imprimerie ni de distribution. Je récupère tous les papiers et
je les mets en ligne la nuit à partir de chez moi."

La revue de presse est effectuée à partir des journaux d'Alger. Dans le même
article, Mohamed Zaoui expliquait:

"La rédaction d'El Watan, par exemple, nous envoie des papiers qu'elle ne peut
pas publier là-bas. C'est une façon de déjouer la censure. J'avais envie d'être
utile et j'ai pensé que mon rôle en tant que journaliste était de saisir
l'opportunité d'Internet pour faire entendre une autre voix entre le
gouvernement algérien et les intégristes."

Selon une enquête menée en février 1998 aux Etats-Unis par Market Facts pour le
compte de MSNBC (Microsoft Network Broadcasting Corporation), Internet est en
train de supplanter les médias classiques en tant que diffuseur de nouvelles.
Avec une moyenne générale d'utilisation de 3,5 heures par semaine, Internet
surclasse les magazines (2,4 heures), et il est déjà pratiquement à égalité avec
les journaux (3,6 heures). Il tend à se rapprocher de la radio (4,5 heures), de
la télévision par câble (5 heures) et de la télévision classique (5,7 heures).
De plus, Internet l'emporte sur tous les autres médias pour la consultation des
nouvelles au bureau, particulièrement les nouvelles économiques et financières.

Signe des temps, en France, l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille
propose maintenant une formation en journalisme multimédia à destination des
journalistes professionnels français et étrangers. "En associant sur un même
support l'écrit, l'image, le son, les ressources documentaires et
l'interactivité, le multimédia modifie substantiellement les pratiques des
éditeurs et des professionnels", indiquait l'ESJ. Une deuxième session de
formation de neuf mois - dont trois mois de stage en entreprise - a débuté en
septembre 1998. Terminée en juin 1998, la première session comprenait huit
diplômés.

Dans un article du cyberquotidien Multimédium datée du 17 avril 1998, Bruno
Guglieminetti, réalisateur aux projets spéciaux numériques de Radio Canada,
expliquait:

"Le journalisme en ligne fait appel à une toute autre philosophie, à un tout
autre système de production que le journalisme "traditionnel". Avec la création
de cette filière, Lille se plante vraiment à l'avant-garde du journalisme
européen, ce qui n'empêchera pas les journalistes traditionnels d'y recevoir
leur formation et d'y trouver leur compte."

La presse doit maintenant compter avec Internet pour les ressources qu'il offre
dans de nombreux domaines:

- rapidité de propagation des informations,

- accès immédiat à de nombreux sites d'information,

- liens à des articles et sources traitant du même sujet,

- énormes capacités documentaires allant du général au spécialisé et
réciproquement (cartes géographiques, notices biographiques, textes officiels,
informations politiques, économiques, culturelles, etc.),

- grande variété d'illustrations suite au développement de stocks d'archives
photographiques liés à des sites d'information,

- possibilités d'archivage avec dossiers d'archives et moteurs de recherche
permettant de retrouver rapidement un article.

Internet permet une information en profondeur qu'aucun organe de presse ne
pouvait donner jusqu'ici. Derrière l'information du jour se trouve toute une
encyclopédie qui aide à la comprendre.

Même si la presse en ligne s'allie de plus en plus avec l'audiovisuel et la
vidéo, l'important reste son contenu, comme le rappelait Jean-Pierre Cloutier,
auteur des Chroniques de Cybérie, dans son courrier électronique du 8 juin 1998:

"Dans le cas des Chroniques de Cybérie, nous avons pu lancer et maintenir une
formule en raison des coûts d'entrée relativement faibles dans ce médium.
Cependant, tout dépendra de l'ampleur du phénomène dit de 'convergence' des
médias et d'une hausse possible des coûts de production s'il faut offrir de
l'audio et de la vidéo pour demeurer concurrentiels. Si oui, il faudra songer à
des alliances stratégiques, un peu comme celle qui nous lie au groupe Ringier et
qui a permis la relance des Chroniques après six mois de mise en veilleuse. Mais
quel que soit le degré de convergence, je crois qu'il y aura toujours place pour
l'écrit, et aussi pour les analyses en profondeur sur les grandes questions."


6. LES BIBLIOTHEQUES SUR LE WEB


[Dans ce chapitre:]

[6.1. Bibliothèques francophones / 6.2. Répertoires de bibliothèques / 6.3.
Internet dans les bibliothèques / 6.4. L'avenir des bibliothèques avec Internet]

Ce chapitre est consacré aux sites créés par des bibliothèques traditionnelles,
caractérisées par des bâtiments, des bibliothécaires, des documents alignés sur
les rayonnages, et des tables et sièges pour les lecteurs. Les
cyberbibliothèques, ensembles de textes électroniques disponibles sur Internet,
seront abordées au chapitre suivant.

Après avoir présenté quelques sites de bibliothèques francophones et plusieurs
répertoires de bibliothèques en Europe et dans le monde, on se penchera sur
l'utilisation d'Internet dans les bibliothèques, les nouveaux outils qu'il
apporte aux bibliothécaires, et l'avenir des bibliothèques face à cette
gigantesque manne documentaire formée à la fois par un Web encyclopédique et des
cyberbibliothèques de plus en plus nombreuses.


6.1. Bibliothèques francophones


Le site très coloré de la Bibliothèque publique d'information (BPI) est un
modèle du genre. Incluse dans le Centre national d'art et de culture Georges
Pompidou qui est lui-même situé au coeur de l'ancien quartier des Halles, la BPI
est la grande bibliothèque parisienne multimédia en libre accès. En travaux pour
restructuration après vingt ans de fonctionnement (1977-1997), elle a déménagé
provisoirement en novembre 1997 dans d'autres locaux du même quartier, avec
réouverture prévue en l'an 2000. La page d'accueil de son site web permet le
choix entre l'accueil à la BPI, l'organisation de la bibliothèque, son
catalogue, les guides et outils, la programmation, les formations, les
publications, le courrier et les sites web.

Le serveur de la BPI propose un accès direct aux catalogues des bibliothèques
françaises. Il propose aussi l'Oriente-Express, un répertoire d'adresses de
bibliothèques et de centres de documentation publics ou privés situés à Paris ou
en région parisienne, choisis soit parce qu'ils sont ouverts à un large public,
soit parce qu'ils font référence dans leur domaine. Tous les organismes sont
présentés dans un cadre identique avec description des fonds et des domaines
couverts, et un lien hypertexte vers leur site web.

Bilingue français-anglais, le serveur de la Bibliothèque nationale de France
(BnF) est à la fois solidement ancré dans le passé et résolument ouvert sur
l'avenir, comme en témoigne le menu principal de la page d'accueil avec ses neuf
rubriques: nouveau (les nouvelles manifestations culturelles), connaître la BnF,
les actualités culturelles, les expositions virtuelles (quatre expositions en
septembre 1998: les splendeurs persanes, le roi Charles V et son temps,
naissance de la culture française, tous les savoirs du monde), des informations
pratiques, l'accès aux catalogues de la BnF, l'information professionnelle
(conservation, dépôt légal, produits bibliographiques, etc.), la bibliothèque en
réseau (francophonie, coopération nationale, coopération internationale, etc.),
et les autres serveurs (bibliothèques nationales, bibliothèques françaises,
universités, etc.). Enfin, bien en vue sur la page d'accueil, une photo ancienne
permet d'accéder à Gallica, la cyberbibliothèque de la Bibliothèque nationale de
France, sur laquelle on reviendra dans le chapitre suivant.

Le beau site bilingue français-anglais de la Bibliothèque municipale de Lyon
propose quelques photos "pleine page". Il est organisé à partir du menu suivant:
services en ligne, visite, collections, expositions, calendrier culturel, infos
pratiques et liens.

Les sites web de bibliothèques françaises sont de plus en plus nombreux, et
plusieurs répertoires ont été créés pour faciliter leur accès.

Réalisé par Thierry Samain, le répertoire des catalogues des bibliothèques
francophones de l'ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de
l'information et des bibliothèques) donne la liste de toutes les bibliothèques
francophones classées en fonction des sept rubriques suivantes: bibliothèques
générales, arts, droit et économie, lettres et sciences humaines, médecine,
sciences de l'information et bibliothèques, sciences et techniques.

L'Association des bibliothécaires français (ABF) tient un répertoire des
bibliothèques sur Internet en France, en francophonie et dans le monde.

Les sites Web des bibliothèques de Biblio On Line comprend cinq parties:
bibliothèques publiques, bibliothèques universitaires, réseaux de bibliothèques,
bibliothèques spécialisées et bibliothèques virtuelles.

Résultat de la coopération entre sites web en bibliothéconomie et sciences de
l'information, Sitebib permet maintenant une "gestion partagée des liens" entre
différents organismes.

Situé sur le site de la Bibliothèque nationale de France, le Catalogue collectif
de France (CCFR) permet de "trouver des informations détaillées sur les
bibliothèques françaises, leurs collections et leurs fonds (anciens, locaux ou
spécifiques), connaître précisément les services qu'elles rendent et interroger
leur catalogue en ligne".


6.2. Répertoires de bibliothèques


Les répertoires des bibliothèques tenus à jour par des organismes français
viennent d'être signalés.

Il existe bien sûr des répertoires nationaux pour chaque pays, par exemple, sur
le site du Fachbereich Informatik de la Techniche Universität de Berlin
(Allemagne), Bibliotheken, qui donne la liste des bibliothèques nationales,
universitaires et publiques d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse, ou encore
BIBSYS, qui est le site des bibliothèques de Norvège.

Géré par la bibliothèque de l'Université d'Exeter, Library and Related Resources
est la liste des principales ressources offertes par les bibliothèques, musées
et centres de recherche du Royaume-Uni.

Dans sa section Library and Information Science Resources, la Library of
Congress (USA) donne une liste des bibliothèques publiques et bibliothèques
universitaires avec accès à leurs serveurs et à leurs catalogues. Plusieurs
autres rubriques concernent la recherche et la référence, les services
techniques, les collections particulières, les cyberbibliothèques, les
organisations professionnelles, les écoles des sciences de l'information et des
bibliothèques, les journaux professionnels et les fournisseurs de bibliothèques.

A l'échelon européen, la rubrique General Library Resources on the Web, gérée
par l'Union européenne, donne une liste des bibliothèques en Europe et dans le
monde, une liste des bibliothèques publiques, une liste d'éditeurs, et des
informations diverses sur les bibliothèques et les projets de l'Union européenne
dans ce domaine.

Site trilingue anglais-français-allemand, Gabriel est l'acronyme de "Gateway and
Bridge to Europe's National Libraries". Comme son nom l'indique, il s'agit du
serveur des bibliothèques nationales européennes, créé afin d'offrir un point
d'accès unique aux services et collections de ces bibliothèques.

"Gabriel rappelle également les travaux de Gabriel Naudé, dont l'Advis pour
dresser une bibliothèque (Paris, 1627) est le premier travail théorique en
Europe sur les bibliothèques et qui constitue ainsi un point de départ sur les
bibliothèques de recherche modernes. Le nom Gabriel est aussi employé dans de
nombreuses langues européennes et vient de l'Ancien Testament, Gabriel étant
l'un des archanges ou messager céleste. Il est également présent dans le Nouveau
Testament et dans le Coran."

Le site procure des liens hypertextes avec tous les services en ligne des
bibliothèques nationales européennes. Il couvre les pays suivants: Allemagne,
Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France,
Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie,
Luxembourg, Macédoine, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République
slovaque, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, San Marino, Suède, Suisse,
Turquie et Vatican. Le site donne aussi des nouvelles de leurs projets communs.

Comment Gabriel vit-il le jour?

L'idée d'un site web commun aux bibliothèques nationales européennes fut émise
en 1994 à Oslo (Norvège) lors de la réunion de la Conference of European
National Libraries (CENL). En mars 1995, une nouvelle réunion rassembla les
représentants de la Koninklijke Bibliotheek (Pays-Bas), la British Library
(Royaume-Uni) et la Bibliothèque de l'Université d'Helsinki (Finlande) afin de
discuter du site web de la CENL. Ils se mirent d'accord sur un projet pilote et
furent ensuite rejoints par trois autres bibliothèques nationales: Die Deusche
Bibliothek (Allemagne), la Bibliothèque nationale de France et la Biblioteka
Narodowa (Pologne).

Le projet Gabriel fut approuvé en septembre 1995 lors de la réunion annuelle de
la CENL à Berne (Suisse). Il fut ensuite lancé sur Internet par la British
Library qui s'occupa de sa maintenance éditoriale, avec la collaboration des
bibliothèques nationales de Finlande et des Pays-Bas. La seconde étape eut lieu
entre octobre 1995 et septembre 1996. Toutes les bibliothèques nationales qui
n'avaient pas participé à la phase pilote furent invitées à se joindre au
projet, ce qui permit une extension rapide de celui-ci. Entre-temps, de
nombreuses bibliothèques avaient ouvert leur propre serveur web. Lors de sa
réunion à Lisbonne (Portugal) en septembre 1996, la CENL décida le lancement de
Gabriel en tant que service officiel de la CENL à compter du 1er janvier 1997.
Sa maintenance éditoriale fut reprise par la Koninklijke Bibliotheek (Pays-Bas).

La recherche sur Gabriel peut être effectuée par pays ou bien par type de
services. Ces types de services sont les suivants : OPAC (online public access
catalogues), bibliographies nationales, catalogues collectifs nationaux, index
du contenu des périodiques, serveurs web, gophers (systèmes d'information à base
de menus textuels à plusieurs niveaux), et liste complète des services en ligne
par bibliothèque.

Quelle est la situation dans les bibliothèques publiques?

Internet and the Library Sphere, document de l'Union européenne mis à jour le 11
décembre 1998, évalue à environ 1.000 le nombre de bibliothèques publiques ayant
un serveur web. Ces bibliothèques sont réparties dans une trentaine de pays. Les
pays les plus représentés sont la Finlande (247 bibliothèques), la Suède (132
bibliothèques), le Royaume-Uni (112 bibliothèques), le Danemark (107
bibliothèques), l'Allemagne (102 bibliothèques), les Pays-Bas (72
bibliothèques), la Lituanie (51 bibliothèques), l'Espagne (56 bibliothèques) et
la Norvège (45 bibliothèques). Les pays nouvellement représentés sont la
République tchèque (29 bibliothèques) et le Portugal (3 bibliothèques). La
Russie propose aussi une liste de 26 bibliothèques de référence sur le Web. Les
sites sont très hétérogènes. Certains mentionnent seulement des informations de
base telles que l'adresse des locaux et les heures d'ouverture, tandis que
d'autres proposent toute une gamme de services, ainsi que l'accès à l'OPAC
(online public access catalogue) de la bibliothèque.

Public Libraries of Europe, liste de Sheila et Robert Harden, procure un
annuaire des sites de bibliothèques publiques européennes avec classement par
pays. Géré par la St Joseph County Public Library, à South Bend (Indiana, USA),
SJCPL's Public Library WWW Servers répertorie 560 serveurs de bibliothèques
publiques dans le monde.

Si on souhaite un outil à l'échelle mondiale, LibWeb: Library Servers via WWW,
tenu à jour par Thomas Dowling, de la Digital Berkeley Library (Californie,
USA), recense tous les serveurs de bibliothèques disponibles sur le Web, à
savoir 2.500 serveurs dans 70 pays. La mise à jour est quotidienne, tous les
jours à minuit heure locale. La recherche est possible par lieu, type de
bibliothèque ou nom. Excepté pour les Etats-Unis, le classement est effectué par
continent et non par pays. Une centaine de bibliothèques européennes est
répertoriée.


6.3. Internet dans les bibliothèques


L'Union européenne dispose d'un Programme des bibliothèques dont le but est
d'aider au développement des ressources Internet et de faciliter les connexions
des bibliothèques avec l'infrastructure de l'information et des communications.
Le développement de systèmes appropriés est effectué en fonction de deux
objectifs principaux: d'une part faciliter l'accès de l'usager aux ressources de
la bibliothèque, d'autre part faciliter l'interconnexion des bibliothèques entre
elles dans le cadre du développement des autoroutes de l'information. Les tests
de validation sont accompagnés de mesures permettant de promouvoir des normes,
diffuser des résultats et informer le personnel des bibliothèques des
possibilités offertes par les systèmes télématiques.

Parallèlement à ces travaux menés à l'échelon international, de nombreuses
bibliothèques sont en train de développer une cyberbibliothèque à côté de leurs
collections traditionnelles.

La Bibliothèque nationale de France a créé Gallica qui, dans un premier temps,
propose des images et textes du 19e siècle francophone. Une sélection de 3.000
livres est complétée par un échantillon de la future iconothèque numérique.
Grâce à son site web, la Bibliothèque municipale de Lyon met ses enluminures à
la disposition de tous. Une sélection de 3.000 images (avec une prévision de
10.000) permet au grand public de faire connaissance avec 200 manuscrits et
incunables s'échelonnant du 5e siècle à la Renaissance. La bibliothèque
électronique de Lisieux propose chaque mois la version intégrale d'une oeuvre
littéraire, ainsi que les oeuvres littéraires des mois précédents.

Qu'elles soient des bibliothèques de textes, des bibliothèques d'images fixes ou
animées ou des bibliothèques sonores, ou bien qu'elles associent les trois
supports, les cyberbibliothèques créées par les bibliothèques et médiathèques
pour faire connaître leurs collections se développent très rapidement. Elles
permettront à un large public d'avoir accès à des documents jusque-là
pratiquement impossibles à consulter parce qu'appartenant à des fonds anciens,
des fonds locaux et régionaux, ou des fonds spécialisés. Ces fonds étaient
souvent très difficilement accessibles pour des raisons diverses: souci de
conservation des documents rares et fragiles, heures d'ouverture réduites,
nombreux formulaires à remplir, délais de communication, pénurie de personnel,
qui étaient autant de barrières à franchir et qui demandaient souvent au
chercheur une patience à toute épreuve et une détermination hors du commun pour
arriver jusqu'au document.

Grâce à la cyberbibliothèque, la bibliothèque peut enfin rendre comptatibles
deux objectifs qui jusque là ne l'étaient guère, à savoir la conservation des
documents et la communication de ceux-ci. D'une part le document ne quitte son
rayonnage qu'une seule fois pour être scanné, d'autre part le grand public y a
enfin accès. A long terme, une fois numérisés, tous ces fonds qui dorment sur
les rayonnages pourront être utilisés sans le parcours du combattant qu'on vient
d'évoquer. Assis sur sa chaise ou dans son fauteuil, le lecteur pourra avoir
accès à des oeuvres en cliquant de l'une à l'autre, au gré de son humeur, de ses
centres d'intérêt ou d'une curiosité passagère, de façon encore plus pratique
qu'en se promenant dans les rayonnages, et surtout de façon beaucoup plus
exhaustive puisque, dans les bibliothèques, une bonne partie des collections se
trouve rangée dans des magasins et n'est donc pas en libre accès pour le lecteur
qui "chine". Si le lecteur veut ensuite consulter le document lui-même - dans
certains cas, la consultation à l'écran ne peut remplacer le "contact" direct
avec l'oeuvre - il pourra ensuite se lancer dans les différentes étapes de la
consultation "traditionnelle", mais ceci en connaissance de cause, après que le
"feuilletage" à l'écran lui ait permis de sélectionner les documents en question
afin de ne demander que ceux qui l'intéressent vraiment.

Le terme cyberspace (de l'anglais cyberspace) doit sa paternité à l'auteur de
science-fiction William Gibson qui le décrit dans son roman Neuromancien paru en
1984:

"Cyberespace: une hallucination consensuelle expérimentée quotidiennement par
des milliards d'opérateurs réguliers, dans chaque nation, par des enfants à qui
on enseigne des concepts mathématiques... Une représentation graphique des
données extraites des banques de tous les ordinateurs dans le système humain.
Complexité incroyable. Des lignes de lumière qui vont dans le non-espace de
l'esprit, des agglomérats et des constellations de données. Et qui fuient, comme
les lumières de la ville."

Nombreux sont les bibliothécaires qui rêvent de pouvoir offrir à leurs lecteurs
de véritables cyberespaces dans lesquels ils puissent travailler. Reste à savoir
si on leur en donnera les moyens. "Les bibliothèques françaises développent une
connexion à l'Internet ouverte au public, mais elles sont malheureusement encore
peu nombreuses, moins d'une dizaine en avril 1997", écrivait Florent Latrive
dans le quotidien Libération du 25 avril 1997.

La Bibliothèque publique d'information (BPI), la Médiathèque
d'Issy-les-Moulineaux ou la Bibliothèque municipale de Lyon, par exemple,
mettent Internet à la disposition de leur public.

Situés dans le département du Lot-et-Garonne (sud-ouest de la France), les
quatre villages d'Armillac, Labretonie, Laperche et Saint-Barthélémy comptent
950 habitants. Leur site, le site d'ARPALS (Amicale du regroupement pédagogique
Armillac Labretonie Saint-Barthélémy), a pour sous-titre: "Internet et
Multimédia aux champs ou comment amener la culture en milieu rural". Il a été
créé par une association de parents d'élèves d'un Regroupement pédagogique
intercommunal (RPI), et ce "regroupement pédagogique permet à des villages de
mettre 'leur école en commun' pour éviter des fermetures de classes dans le
monde rural."

L'association a mis sur pied tout un ensemble d'activités pour conserver les
habitants actuels et en attirer d'autres: d'une part des animations telles que
repas, kermesse ou bal masqué, qui sont annoncées sur le site web, d'autre part
une bibliothèque intercommunale de 1.300 livres en partenariat avec la
Bibliothèque départementale de prêt (BDP) de Villeneuve-sur-Lot. Le site
présente une sélection de livres avec un résumé pour chacun d'eux.

L'association a également mis en place une multimédiathèque ouverte 22 heures
par semaine pour un public allant de 3 à 76 ans. Quatre ordinateurs (ordinateurs
multimédias Scenic Multimédium de chez Siemens Nixdorf, complétés de deux
imprimantes couleurs Hewlett Packard et d'un scanner à plat Hewlett Packard)
permettent la consultation de CD-ROM, le libre accès à Internet et l'utilisation
de logiciels bureautiques tels que Works, Dbase for Windows, Corel Draw,
Publisher, PhotoPaint, etc.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Jean-Baptiste Rey, webmestre du
site, précisait: "Notre site Internet a été lancé en 1996. Son but est de faire
connaître l'existence de la médiathèque intercommunale de St-Barthélémy et ce
que nous y faisons. C'est un moyen pour nous de démontrer l'utilité et l'intérêt
de ce type de structures et la simplicité de l'usage des nouvelles technologies
dans le cadre d'une bibliothèque." Le but du site est d'aider la bibliothèque à
intégrer Internet dans son fonctionnement et dans les services qu'elle offre à
son public. Son but est "également de pallier à la faiblesse de notre fonds
documentaire. Internet et le multimédia nous permettent d'offrir beaucoup plus
de ressources et d'informations à nos usagers".

Mais, jusqu'à une époque récente, à l'exception de quelques initiatives le plus
souvent dues à des bibliothécaires passionnés qui se battent pour franchir
toutes sortes de barrières, y compris psychologiques et budgétaires, les espaces
Internet dans les bibliothèques semblaient malheureusement se développer moins
vite que les cybercafés, Internet dans les établissements d'enseignement,
Internet à La Poste et Internet chez France Télécom. La situation devrait
maintenant évoluer assez rapidement puisque, en avril 1998, le ministère de la
Culture a annoncé un budget de 10 millions de FF pour la création d'"espaces
culture multimédia".

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Christiane Jadelot, ingénieur
d'études à l'INaLF-Nancy (INaLF: Institut national de la langue française),
expliquait:

"Je pense qu'il faut équiper de plus en plus les laboratoires avec du matériel
de pointe, qui permette d'utiliser tous ces médias. Nous avons des projets en
direction des lycées et des chercheurs. Le ministère de l'Education nationale a
promis de câbler tous les établissements, c'est plus qu'une nécessité nationale.
J'ai vu à la télévision une petite école dans un village faisant l'expérience de
l'Internet. Les élèves correspondaient avec des écoles de tous les pays, ceci ne
peut être qu'une expérience enrichissante, bien sûr sous le contrôle des adultes
formés pour cela. Voilà ma petite expérience. Je me suis équipée maintenant à
domicile dans un but plus ludique, en espérant convaincre ma fille d'utiliser au
mieux tous ces outils!"

Voici les projets français lancés en 1998.

En janvier 1998, lors d'une cérémonie d'inauguration dans le bureau de poste
d'Autrans (Isère), La Poste a lancé le projet Cyberposte dans la région du
Vercors. Cette inauguration a marqué le premier pas dans la réalisation du
projet national des 1.000 bureaux Internet d'ici la fin 1998. Dans tous les
bureaux de poste de la région, Internet est désormais à la disposition du public
au moyen d'une carte à puce (90 FF pour trois heures de connexion) et d'une
adresse électronique pour tous. Le but du projet est de familiariser le public
avec les nouvelles technologies et, à long terme, de lui permettre d'effectuer
des téléprocédures.

En février 1998, France Télécom annonçait à son tour un plan national
d'ouverture d'espaces multimédias ouverts à tous, avec priorité pour les
étudiants et les enseignants. En partenariat avec les collectivités locales, une
centaine d'espaces multimédias sont prévus pour les trois ans qui viennent, et
vingt d'entre eux devaient être opérationnels à la fin 1998.

Le 14 avril 1998, le gouvernement lançait trois appels à projets multimédias à
l'intention des bibliothèques, des PME (petites et moyennes entreprises) et du
secteur éducatif, qui représentent 22 millions de FF destinés à soutenir les
initiatives sélectionnées, et qui sont répartis ainsi: 5 millions pour les PME,
5 millions pour les bibliothèques et 12 millions pour les écoles. Mis en place
par le ministère de la Culture et de la Communication et le ministère de
l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, ce programme est destiné à
faciliter l'acquisition de matériel multimédia par les bibliothèques des petites
communes, les établissements scolaires et les PME des régions rurales et des
zones en reconversion industrielle. L'objectif est un souci d'équité
territoriale pour faire face à l'inégalité géographique existante alors
qu'Internet devrait au contraire permettre à tous d'accéder aux mêmes services
quel que soit le lieu géographique.

A cette occasion, Catherine Trautman, ministre de la Culture, annonçait que,
"après le monde universitaire, le monde des entreprises, c'est le monde de la
culture qui s'empare de l'Internet", et que 1998 serait donc "l'année de
lancement de l'Internet culturel". Elle précisait aussi que "cette politique ne
vise pas seulement à améliorer notre position dans la compétition économique,
mais aussi, fondamentalement, à garantir une nouvelle liberté d'expression et de
communication pour nos concitoyens". 5 millions de FF ont été débloqués pour
inciter les bibliothèques de villes de moins de 5000 habitants à s'équiper de
connexions Internet, et les villes intéressées devaient déposer leurs dossiers
avant le 30 juin. D'ici la fin de 1998, une centaine d'"espaces culture
multimédia" devaient être créés dans les bibliothèques et centres culturels.

Quant à nos voisins anglais, ils ont lancé le 16 avril 1998 un très important
programme d'investissement dans les technologies de l'information sur cinq ans
(1998-2002). En dévoilant ce programme, Tony Blair, premier ministre, déclarait:
"Nous sommes au coeur de la révolution de l'information. Il est vital que la
Grande-Bretagne ouvre la voie afin que nous soyons les pionniers de l'Europe
dans ce que l'on appelle l'âge de l'information." La moitié du budget de 600
millions de livres (environ 6 milliards de FF) sera consacré à l'achat de
matériel, et l'autre moitié à la formation. L'achat de matériel devait permettre
le câblage des écoles britanniques en 1998, l'achat de 10.000 ordinateurs
portables pour les professeurs, la mise en ligne de l'information dans les
bibliothèques et la connexion de tous les établissements de santé. Le budget
attribué à la formation permettra de financer la création de 40.000 blocs de
formation dans les centres d excellence IT (IT: information technology - ces
centres sont de nouveaux établissements spécialisés créés par le gouvernement),
une formation de base à tous les professeurs et à tous les bibliothécaires, un
bagage informatique à la plupart des élèves anglais, et la formation aux
technologies de l'information de 200.000 travailleurs britanniques.

En ce qui concerne les grandes bibliothèques, une très intéressante initiative
est celle menée à bien par Pierre Pelou, directeur de la Bibliothèque de
l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG). Ouvert depuis juillet 1997, un
Cyberespace est mis gratuitement à la disposition des représentants des missions
permanentes, délégués de conférences, fonctionnaires internationaux, chercheurs,
étudiants, journalistes, membres des professions libérales, ingénieurs et
techniciens. Le personnel du Cyberespace collabore aussi avec la Section de
formation des Nations Unies pour l'organisation de l'enseignement à distance.

Ce Cyberespace a été aménagé au premier étage de l'imposante bibliothèque par
Antonio Bustamante, architecte au Palais des Nations (bâtiment qui abrite les
Nations Unies à Genève). Les 24 stations comprennent chacune un ordinateur Intel
Pentium MMX 200Mhz avec une mémoire de 32 Mo, un disque de 2,5 Go, un lecteur
16x de CD-ROM, des cartes Matrox Millenium Graphics et Matrox Media XL-MPEG, et
un casque individuel. Chaque groupe de trois ordinateurs est relié à une
imprimante laser.

En plus de l'utilisation du traitement de texte WordPerfect et de l'accès au
courrier électronique, chaque station permet la consultation des services
suivants:

- Internet,

- le système optique des Nations Unies,

- un serveur regroupant une cinquantaine de CD-ROM en réseau,

- la banque de données UNBIS (United Nations Bibliographic Information System)
coproduite par les deux bibliothèques des Nations Unies à New York et à Genève,

- le catalogue de la Bibliothèque de l'Office des Nations Unies à Genève,

- Profound, qui est une collection de banques de données économiques et
commerciales,

- RERO, qui est le catalogue du Réseau romand des bibliothèques suisses et qui
comprend celui de la Bibliothèque des Nations Unies de Genève à titre de
bibliothèque associée,

- un ensemble de CD-ROM multimédia (Encarta 97, L'état du monde, Elysée 2,
Nuklear, etc.),

- des vidéocassettes multistandards et des disques DVD (digital versatile disk)
présentant des programmes, films et documentaires sur l'action internationale,
l'action humanitaire, etc.

Les avantages d'Internet pour les bibliothécaires? Voici un sujet de réflexion
mené par de très nombreux organismes.

Une réflexion particulièrement intéressante est celle de l'Internet Public
Library (IPL), qui se définit comme la première bibliothèque publique d'Internet
et pour Internet. Cette cyberbibliothèque dispose de 20.166 documents
sélectionnés, catalogués et décrits par le personnel de l'IPL. En tant que
bibliothèque expérimentale, l'IPL gère aussi une section intitulée IPL Services
For Librarians, qui est consacrée aux avantages d'Internet pour les
bibliothécaires et les professionnels de l'information, et qui donne des
informations sur les réalisations et la formation professionnelle dans ce
domaine.

Pour les bibliothécaires, Internet est un outil de communication sans précédent.

D'abord le courrier électronique. Ceux qui ont pu y goûter sont enthousiasmés
par les avantages qu'il procure. Doté d'une adresse électronique, tout
professionnel dispose d'un outil de communication simple et rapide pour entrer
en relation avec les collègues de sa ville, de sa région, de son pays et du
monde entier. Plus besoin d'attendre que la ligne de son correspondant soit
libre. Plus besoin non plus d'effectuer des calculs de fuseaux horaires quand on
téléphone dans un autre continent. Le message attend le correspondant dans sa
boîte aux lettres électronique, et le correspondant lit et répond à ses messages
au moment choisi par lui. Le courrier électronique est également moins formel
que le courrier classique. On ne peut pas jeter sur le papier une question de
trois lignes avec un simple bonjour et au revoir, alors que c'est possible sur
écran. Pas d'enveloppe, pas de timbre, pas de télécopieur engorgé. Tous ceux qui
ont pratiqué le courrier électronique pendant quelques semaines se demandent
comment ils ont jamais pu s'en passer.

Par le biais d'Internet, les bibliothécaires ont également la possibilité de
participer à un ou plusieurs forums de discussion leur permettant de s'informer,
de suivre et participer à des débats, de demander des avis et des conseils. Pour
un bibliothécaire ou documentaliste travaillant seul, c'est un grand "bol d'air"
sur l'extérieur. Pour celui qui est entouré de collègues, le forum de discussion
lui permet la fréquentation de personnes venant d'autres horizons.

Créée en 1993, la liste de diffusion Biblio-fr est à destination des
bibliothécaires et documentalistes francophones, et elle est ouverte aussi à
toute personne intéressée par la diffusion électronique de l'information
documentaire. Elle comptait 3.329 abonnés le 20 décembre 1998.

Modérée par Hervé Le Crosnier, professeur à l'Université de Caen (Normandie),
cette liste de diffusion est le regard francophone des documentalistes sur les
questions soulevées par le développement d Internet : diffusion de la
connaissance, organisation de collections de documents électroniques,
maintenance et archivage de l'écrit électronique. Le but de Biblio-fr est
également d'assurer la présence de la langue française sur un réseau multilingue
qui accorde leur place à toutes les cultures.

Biblio On Line, qui se présente comme le serveur français des informations
culturelles sur Internet, est un excellent outil à destination des
bibliothèques. Jean-Baptiste Rey, son rédacteur, expliquait dans son courrier
électronique du 8 juin 1998:

"Le site dans sa première version a été lancé en juin 1996. Une nouvelle version
(l'actuelle) a été mise en place à partir du mois de septembre 1997. Le but de
ce site est d'aider les bibliothèques à intégrer Internet dans leur
fonctionnement et dans les services qu'elles offrent à leur public. Le service
est décomposé en deux parties:

- une partie "professionnelle" où les bibliothécaires peuvent retrouver des
informations professionnelles et des liens vers les organismes, les institutions
et les projets et réalisations ayant trait à leur activité,

- une partie comprenant annuaire, mode d'emploi de l'Internet, villes et
provinces, etc... permet au public des bibliothèques d'utiliser le service
Biblio On Line comme un point d'entrée vers Internet.

Personellement Internet a complètement modifié ma vie professionnelle puisque je
suis devenu webmestre de site Internet et responsable du secteur nouvelles
technologies d'une entreprise informatique parisienne. Il semble que l'essort
d'Internet en France commence (enfin) et que les demandes tant en matière
d'informations, de formations que de réalisations soient en grande
augmentation."

L'Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB) tient à jour une section Référence, qui comprend notamment des dossiers
thématiques (histoire du livre, enseignement à distance, bibliothèques
électroniques, cours sur Internet en sciences de l'information, économie du
document, normes et normalisation, droit de l'information) et une liste des
revues en sciences de l'information.

L'ENSSIB héberge également la version électronique du Bulletin des bibliothèques
de France (BBF), revue professionnelle bimensuelle créée en 1956.
"Professionnels et spécialistes de l'information y discutent de toutes les
questions concernant la politique et le développement des bibliothèques et des
centres de documentation: évolution par secteur, grands projets,
informatisation, technologies de l'information, écrits électroniques, réseaux,
coopération, formation, gestion, patrimoine, usagers et publics, livre et
lecture..."

Le serveur permet l'accès aux textes intégraux des articles depuis 1995. Dans
son courrier électronique du 6 juillet 1998, Annie Le Saux, rédactrice du
Bulletin des bibliothèques de France, expliquait:

"C'est en 1996 que le BBF a commencé à paraître sur Internet (les numéros de
1995). [...] Nous nous servons beaucoup du courrier électronique pour prendre
contact avec nos auteurs et pour recevoir leurs articles. Cela diminue
grandement les délais. Nous avons aussi recours au Web pour prendre connaisance
des sites mentionnés lors de colloques, vérifier les adresses, retrouver des
indications bibliographiques dans les catalogues des bibliothèques..."

Publié deux fois par an, au printemps et à l'automne, Cursus est le périodique
électronique étudiant de l'Ecole de bibliothéconomie et des sciences de
l'information (EBSI) de l'Université de Montréal (Québec).

Concernant les revues professionnelles anglophones, le Library Journal Digital
(LJDigital), sélection électronique du Library Journal, est la plus ancienne
revue américaine des bibliothèques. Les vingt numéros annuels sont lus par
100.000 abonnés, qui disposent de 7.500 analyses faites par des bibliothécaires
sur des livres, documents audio, documents vidéo, CD-ROM, sites web, magazines,
etc., soit 250 à 300 analyses par numéro, le plus souvent avant la publication
des dits documents.

Publiée par les bibliothèques de l'Université de Houston (Texas, USA), la Public
Access Computer Systems Review (PACS-R) est une revue électronique sur les
systèmes informatiques dans les bibliothèques. Elle est diffusée gratuitement
sur Internet et d'autres réseaux informatiques à environ 8.000 personnes dans
une soixantaine de pays. Les contributions traitent des thèmes suivants:
bibliothèques numériques, systèmes de livraison des documents, édition
électronique, systèmes expert, systèmes hypermédias et multimédias, bases de
données locales, ressources et outils d'information en réseau, catalogues en
ligne. Ses archives sont intégralement disponibles sur le Web.

Les associations de bibliothécaires sont également présentes sur le Web. Fondée
en 1906 et reconnue d'utilité publique en 1969, l'Association des
bibliothécaires français (ABF) est, avec ses 3.500 adhérents, la plus ancienne
et la plus importante association de bibliothécaires en France. Elle regroupe
des bibliothécaires de tous types d'établissements et de toutes catégories.
L'Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS)
dispose d'un site bilingue français-anglais articulé autour de trois grandes
rubriques : vie associative, vie professionnelle, produits et services.

Créée en 1937, l'American Society for Information Science (ASIS) est une
association de recherche regroupant 4.000 professionnels de l'information et
favorisant les nouvelles théories et techniques permettant d'améliorer l'accès à
l'information. L'Association for Research Libraries (ARL) est une organisation à
but non lucratif regroupant les bibliothèques des institutions de recherche
nord-américaines. Elle est à la fois un forum pour les échanges d'idées et un
agent pour l'action collective, cette action consistant à développer la
communication dans le domaine de la recherche.

A la fois sobre et superbe, le site de l'International Federation of Library
Associations and Institutions (IFLA) offre une mine d'informations dans tous les
domaines de la bibliothéconomie. Organisme international indépendant à
destination des bibliothécaires du monde entier, l'IFLA se veut un carrefour
pour échanger des idées et promouvoir la coopération internationale et la
recherche dans tous les secteurs d'activité des bibliothèques. Ses objectifs
sont de représenter les bibliothécaires au niveau international, promouvoir la
formation continue du personnel des bibliothèques, et développer et mettre en
oeuvre des directives pour les bibliothèques.

Dans son courrier électronique du 18 juin 1998, Olivier Bogros, créateur de La
bibliothèque électronique de Lisieux (Normandie), donnait son sentiment sur la
place d'Internet dans les bibliothèques:

"[Internet est] un outil formidable d'échange entre professsionnels (tout ce qui
passe par le courrier électronique, les listes de diffusion et les forums) mais
qui est un consommateur de temps très dangereux: on a vite fait si l'on n'y
prend garde de divorcer et de mettre ses enfants à la DASS [Direction d'action
sanitaire et sociale]. Plus sérieusement c'est pour les bibliothèques la
possibilité d'élargir leur public en direction de toute la francophonie. Cela
passe par la mise en ligne d'un contenu qui n'est pas seulement la mise en ligne
du catalogue, mais aussi et surtout la constitution de véritables bibliothèques
virtuelles. Les professionnels des bibliothèques sont les acteurs d'un enjeu
important [concernant] la place de la langue française sur le réseau."


6.4. L'avenir des bibliothèques avec Internet


Service interactif de la Commission européenne, I*m Europe présente
l'information la plus récente sur les marchés européens du multimédia et des
services d'information électronique, y compris le Programme d'applications
télématiques destiné aux bibliothèques. Le site web est en anglais, et il inclut
des documents dans les onze langues européennes officielles.

L'informatique d'abord et Internet ensuite amènent les bibliothèques à définir
leur rôle vis-à-vis de l'édition électronique.

Le projet BIBLINK fut lancé en avril 1996 par le Programme d'applications
télématiques de l'Union européenne. Son objectif était d'établir des liens entre
les agences bibliographiques nationales et les éditeurs de documents
électroniques, afin de contribuer à la création d'un service bibliographique qui
fasse autorité. Le projet émanait de CoBRA (Computerised Bibliographic Record
Action), forum de l'Union européenne institué suite au développement de
l'édition électronique pour susciter des décisions à l'échelon international.

Pratiquement, le projet BIBLINK doit procurer un système pilote qui permettrait
aux éditeurs de documents électroniques de transmettre aux services
bibliographiques nationaux des notices de base comportant un nombre minimal
d'informations sur ces documents. Ces services bibliographiques seraient ensuite
autorisés à enrichir ces notices de base - notamment par le contrôle d'autorités
sur les noms propres et l'ajout de mots-clés correspondant aux sujets traités -
et à retransmettre ensuite les notices complétées aux éditeurs.

Dans ce monde bouleversé à la fois par les possibilités documentaires sans
précédent qu'offre Internet et par le développement vertigineux des
cyberbibliothèques, que vont devenir les bibliothécaires et les documentalistes?
Vont-ils devenir des cyberthécaires, nouvelle génération de bibliothécaires
spécialistes du multimédia, ou bien vont-ils progressivement disparaître parce
que les usagers n'auront tout simplement plus besoin d'eux lorsque tous les
documents seront disponibles en ligne?

Dans Digital Literacy (New York, Wiley, 1997), Paul Gilster assure que ce sont
les bibliothécaires et non les programmeurs qui seront la clé du développement
des cyberbibliothèques et d'Internet. Surpris par le pessimisme qui a saisi les
bibliothécaires devant les changements affectant leur profession, il pense que
celui-ci est sans fondement. D'après lui, Internet n'est pas plus une menace
pour les livres que l'avion n'était une menace pour la voiture. Le livre
"physique" gardera son utilité pendant qu'Internet se développera, et les deux
supports seront en quelque sorte des voies parallèles avec des fonctions
différentes.

Cependant, au moins dans le domaine des bibliothèques spécialisées, on ne voit
maintenant plus guère l'utilité d'aligner des documents sur les rayons, alors
qu'il est tellement plus pratique de les scanner pour pouvoir les stocker sur un
disque dur, les communiquer par voie électronique et les imprimer seulement à la
demande. Nous sommes en pleine période de transition.

Par contre, les bibliothèques publiques auront probablement une durée de vie
plus longue. On ne va pas lire sur écran cinq cents pages d'un roman de Zola ou
de Proust. Mais c'est sans doute aussi une question de génération. Les enfants
qui jouent avec l'ordinateur dès l'âge de trois ans ne verront peut-être aucun
problème à lire les oeuvres de Zola ou de Proust à l'écran. Il est vrai que,
pour le moment, emporter son ordinateur pour lire au coin du feu ou dans son lit
est beaucoup moins pratique que d'avoir son livre de poche, même quand il s'agit
d'un portable, mais les ordinateurs portables deviennent de plus en plus
compacts et légers, et la qualité des écrans s'améliore chaque année. De plus,
dès cette année, les livres électroniques, petits ordinateurs de la taille d'un
livre, seront disponibles sur le marché et permettront de lire et stocker une
dizaine d'oeuvres, chiffre qui devrait augmenter rapidement. Il faudra toutefois
attendre quelque temps pour que leur prix soit à la portée de toutes les
bourses.

Quant aux bibliothèques nationales et aux grandes bibliothèques, elles auront
toujours à préserver le patrimoine pluricentenaire constitué par les manuscrits,
les incunables et les livres imprimés, les collections de journaux, les
partitions musicales, les gravures, les images, les photos, les films, les
documents électroniques, etc., qui se sont accumulés sur leurs rayons, en partie
grâce au dépôt légal.

Comme on a déjà vu apparaître les discothèques, les vidéothèques et les
médiathèques il y a quelques années, on assistera certainement à l'apparition
d'un nouveau type de bibliothèque et à une nouvelle génération de professionnels
de la documentation. Le premier site web de bibliothèque - celui de la
Bibliothèque publique d'Helsinki (Finlande) - ne date jamais que de février
1994. On ne fait qu'amorcer un virage, et l'avenir est encore flou.

Le métier de bibliothécaire, qui s'est beaucoup transformé avec l'apparition de
l'informatique, va continuer de se transformer avec l'apport d'Internet.

L'informatique a déjà permis au bibliothécaire de ne plus passer des heures à
classer manuellement ses fiches dans de multiples tiroirs en bois. Elle lui a
permis de remplacer ces énormes catalogues sur fiches par des catalogues
informatiques consultables à l'écran, avec un classement alphabétique ou
systématique effectué non plus par lui-même mais par la machine. Elle a permis
aussi le prêt informatisé et la gestion informatisée des commandes, faisant
disparaître l'impressionnant stock de fiches et bordereaux nécessaires lors des
opérations manuelles.

L'informatique en réseau a fait naître ensuite les catalogues collectifs
permettant de regrouper dans une même base de données les catalogues de
bibliothèques de la même région, du même pays ou de la même spécialité,
entraînant du même coup des services très facilités pour le prêt
interbibliothèques et le regroupement des commandes auprès de fournisseurs.

Puis un certain nombre de bibliothèques ont ouvert un serveur Minitel pour la
consultation de leur catalogue, désomais disponible au domicile du lecteur.
Progressivement, ces catalogues deviennent disponibles sur Internet, avec une
consultation plus souple et plus attractive que sur Minitel. A long terme, on
pourra également disposer des documents eux-mêmes en version électronique, et
pas seulement de leurs références.

Les serveurs web de bibliothèques proposent aussi d'autres services tels que
renseignements à distance, cyberbibliothèques ou liens hypertextes avec d'autres
sites, ce qui évite à leurs usagers de se perdre dans la Toile.

Par la suite, pour des recherches pointues, les usagers auront certainement
besoin d'avoir recours à un cyberthécaire en ligne, un peu comme un fournisseur
de matériel ou de programmes informatiques met un service d'aide en ligne à la
disposition de ses clients.

Comme le précisait Peter Raggett, sous-directeur de la Bibliothèque centrale de
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, Paris),
dans son courrier électronique du 18 juin 1998, "les responsables de
l'information ont un grand rôle à jouer dans la recherche et l'organisation de
l'information sur Internet". Lui-même a sélectionné plusieurs centaines de sites
pour en favoriser l'accès à partir de l'Intranet de l'OCDE, et cette sélection
fait partie du "bureau de référence virtuel" proposé par la bibliothèque à
l'ensemble du personnel de l'Organisation. "Outre les liens, ce bureau de
référence virtuel contient des pages de références aux articles, monographies et
sites web correspondant aux différents projets de recherche en cours à l'OCDE,
l'accès en réseau aux CD-ROM, et une liste mensuelle des nouveaux titres. Le
catalogue de la bibliothèque sera bientôt lui aussi disponible sur l'Intranet."

Peter Raggett prévoit "une forte expansion d'Internet pour l'éducation et la
recherche. Les bibliothèques seront amenées à créer des bibliothèques virtuelles
permettant à un étudiant de suivre un cours géré par une institution à l'autre
bout du monde." La tâche du bibliothécaire sera de filtrer les informations pour
le public. "Je me vois devenir de plus en plus un bibliothécaire virtuel,
dit-il. Mes clients ne me rencontreront peut-être pas mais ils me contacteront
par e-mail ou par téléphone ou par télécopieur, j'effectuerai la recherche et je
leur enverrai les résultats électroniquement."


7. LES CYBERBIBLIOTHEQUES


[Dans ce chapitre:]

[7.1. Définition de la cyberbibliothèque / 7.2. Cyberbibliothèques francophones
/ 7.3. Cyberbibliothèques non francophones / 7.4. Un exemple: la toile
littéraire francophone / 7.5. L'avenir des cyberbibliothèques]

Appelées aussi bibliothèques numériques, bibliothèques électroniques ou
bibliothèques virtuelles, bien qu'elles soient bien réelles quoique sur écran,
les cyberbibliothèques sont peut-être l'apport majeur d'Internet dans le domaine
de l'imprimé.

Grâce à Internet, des centaines d'oeuvres du domaine public, documents
littéraires et scientifiques, articles, travaux universitaires et de recherche,
images et bandes sonores sont maintenant disponibles à l'écran, et le mouvement
va en s'amplifiant.

Après avoir tenté de définir la cyberbibliothèque, on décrira quelques
cyberbibliothèques francophones et non francophones. On prendra aussi comme
exemple la toile littéraire francophone sur le Web, et on examinera ensuite le
futur des cyberbibliothèques.


7.1. Définition de la cyberbibliothèque


Bibliothèque pionnière en Europe dans sa réflexion sur la cyberbibliothèque, la
British Library la définit comme une entité résultant de l'utilisation des
technologies numériques pour acquérir, stocker, préserver et diffuser des
documents. Ces documents sont soit publiés directement sous forme numérique,
soit numérisés à partir d'un document imprimé, audiovisuel ou autre.

Une collection numérique devient une bibliothèque numérique quand elle répond
aux quatre facteurs suivants: 1) elle peut être créée et produite dans un
certain nombre d'endroits différents, mais elle est accessible en tant qu'entité
unique, 2) elle doit être organisée et indexée pour un accès aussi facile que
possible à partir du lieu de base où elle est produite, 3) elle doit être
stockée et gérée de manière à avoir une existence assez longue après sa
création, 4) elle doit trouver un équilibre entre le respect du droit d'auteur
et les exigences universitaires.

Dans Information Systems Strategy, un document qui était présent sur le site de
la British Library en 1997, Brian Lang expliquait que la cyberbibliothèque ne
devait pas être envisagée comme un secteur à part, mais qu'elle devait au
contraire faire partie intégrante d'une vision globale de la bibliothèque. Alors
que certains pensent que les documents numériques prédomineront dans les
bibliothèques du futur et que d'autres sont au contraire convaincus que leur
impact sera faible, la British Library n'envisage pas une bibliothèque
exclusivement numérique. Elle considère comme fondamentale la communication
physique des imprimés, manuscrits, partitions musicales, bandes sonores, etc.,
tout en ayant conscience de la nécessité du développement parallèle des
documents numériques.

Cyberbibliothèque hébergée par l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh,
Pennsylvanie, USA) et reliée au catalogue expérimental (Experimental Search
System - ESS) de la Library of Congress , l'Universal Library définit les trois
avantages de la bibliothèque numérique: 1) elle occupe moins de place qu'une
bibliothèque réelle et son contenu peut être copié ou sauvegardé
électroniquement, 2) elle est immédiatement accessible à quiconque sur Internet,
3) comme toute recherche sur son contenu peut être automatisée, elle permet une
réduction des coûts importante et le développement sensible de l'accessibilité
des documents.

Qui dit cyberbibliothèque dit numérisation, c'est-à-dire conversion des textes
et des images en bits et en octets pour traitement informatique. Pour pouvoir
être consulté à l'écran, un livre peut être numérisé en mode image ou en mode
texte. La numérisation en mode image correspond à la photographie du livre page
après page, pour un coût approximatif de 3 FF par page. C'est la méthode
employée pour les numérisations à grande échelle, par exemple pour la plus
grande partie du programme de numérisation de la Bibliothèque nationale de
France. Outre un coût peu élevé, l'avantage qu'y voient les bibliothèques est la
conservation de la notion de livre, puisque la version informatique est en
quelque sorte le fac-similé de la version imprimée.

Les documents sont également patiemment dactylographiés page après page - par
exemple ceux d'ABU: la bibliothèque universelle, de La bibliothèque électronique
de Lisieux ou du LibraryBlog. Il s'agit dans ce cas de numérisation en
mode texte - puisqu'elle implique la saisie d'un texte. Contrairement à la
numérisation en mode image, la version informatique ne conserve pas la notion de
livre ou de page. Le livre devient texte, à savoir un ensemble de caractères
standardisés qui apparaît en continu à l'écran. Cette méthode, beaucoup plus
onéreuse, permet les recherches textuelles, et elle rend l'indexation du texte
beaucoup plus facile. Même si, pour des raisons de coût, le texte est numérisé
en mode image, la numérisation en mode texte est souvent utilisée pour les
tables des matières et les sommaires. Des recherches sont actuellement menées
pour que la lecture d'un texte en mode image soit également possible en mode
texte.


7.2. Cyberbibliothèques francophones


Hébergée par l'Université de Genève (Suisse), Athena est l'oeuvre de Pierre
Perroud. Le site bilingue français-anglais donne accès à 8.000 documents en
plusieurs langues dans les domaines suivants: philosophie, sciences, période
classique, littérature, histoire, économie, etc. Un de ses objectifs est de
mettre des textes français à la disposition de la communauté d'Internet. La
section Helvetia concerne les livres sur la Suisse. Athena propose aussi des
liens avec d'autres cyberbibliothèques, ainsi qu'une table de minéralogie qui
est l'oeuvre de Pierre Perroud et qui est consultée dans le monde entier.

Dans L'Hebdo, Pierre-Louis Chantre nous présente Pierre Perroud, 53 ans,
professeur de philosophie au Collège Voltaire de Genève, qui consacre trente
heures par semaine à Athena pour numériser des livres, mettre en page des textes
envoyés par des volontaires, établir des liens électroniques avec des livres
disponibles ailleurs et répondre aux centaines de lettres électroniques qu'il
reçoit puisque le nombre de personnes qui consultent le site varie entre 3 mille
et 18 mille par jour. Malgré ses demandes répétées au département de
l'Instruction publique de Genève, celui-ci ne le paie que deux heures par
semaine pour ce travail.

Ouvert en 1997, Gallica est la cyberbibliothèque de la Bibliothèque nationale de
France, inaugurée avec des images et textes du 19e siècle francophone, qui fut
le "siècle de l'édition et de la presse moderne, siècle du roman mais aussi des
grandes synthèses historiques et philosophiques, siècle scientifique et
technique". Ce serveur expérimental comprend 2.500 ouvrages numérisés en mode
image complétés par 250 volumes saisis en mode texte de la base FRANTEXT du CNRS
(Centre national de la recherche scientifique). Classées par discipline, ces
ressources sont complétées par une chronologie du 19e siècle et des synthèses
sur les grands courants en histoire, sciences politiques, droit et économie,
littérature, philosophie, sciences et histoire des sciences. Le site propose
aussi un échantillon de l'iconothèque numérique de la même époque, à savoir le
fonds du photographe Eugène Atget, une sélection d'images sur l'écrivain Pierre
Loti, une collection d'images de l'Ecole nationale des ponts et chaussées sur
les grands travaux qui ont accompagné la révolution industrielle en France, et
un choix de livres illustrés de la Bibliothèque du Musée de l'homme.

Le but de Gallica est de préfigurer ce que sera la consultation à distance des
collections numérisées de la Bibliothèque nationale de France, qui devraient
comprendre 100.000 volumes et 300.000 images fixes à la fin de 1999 et
s'accroître ensuite régulièrement. Ces collections numériques pourront également
être consultées sur place au moyen de 3.000 postes multimédias (dont quelques
centaines fonctionnent déjà), et qui permettront à la fois d'accéder aux
catalogues et de consulter les documents numériques. Les 100.000 volumes, qui
représentent 30 millions de pages numérisées, ont été choisis dans les
collections des imprimés, et plus du tiers concerne le 19e siècle. Quant aux
300.000 images fixes, la moitié appartient aux départements spécialisés de la
BnF (Estampes et photographie, Manuscrits, Arts du spectacle, Monnaies et
médailles, etc.). L'autre moitié provient de collections d'établissements
publics (musées et bibliothèques, La Documentation française, l'Ecole nationale
des ponts et chaussées, l'Institut Pasteur, l'Observatoire de Paris, etc.) ou
privés (associations, agences de presse dont Magnum, l'Agence France-Presse,
Sygma, Rapho, etc.).

Fin 1997, il était expliqué sur le site que Gallica se voulait moins une banque
de données numérisées qu'un "laboratoire dont l'objet est d'évaluer les
conditions d'accès et de consultation à distance des documents numériques". Le
but était d'expérimenter la navigation dans ces fonds, une navigation qui permet
à la fois le libre parcours du chercheur ou du curieux et des recherches
textuelles très pointues.

En 1998 la Bibliothèque nationale de France a quelque peu modifié ses
orientations premières. Dans Le Figaro du 3 juin 1998, Jérôme Strazzulla
expliquait que la BnF était "passée d'une espérance universaliste,
encyclopédique, à la nécessité de choix éditoriaux pointus". Dans cet article,
Jean-Pierre Angremy, président de la BnF, expliquait le choix de son comité
éditorial:

"Nous avons décidé d'abandonner l'idée d'un vaste corpus encyclopédique de cent
mille livres, auquel on pourrait sans cesse reprocher des trous. Nous nous
orientons aujourd'hui vers des corpus thématiques, aussi complets que possibles,
mais plus restreints. [...] Nous cherchons à répondre, en priorité, aux demandes
des chercheurs et des lecteurs."

Prévu pour dans deux ans, le premier corpus concerne les voyages en France, et
il rassemblera des textes, estampes et photographies du 16e siècle à 1920. Les
corpus envisagés ensuite sont: Paris, les voyages en Afrique des origines à
1920, les utopies, et les mémoires des Académies des sciences de province.

Fondée en avril 1993 et hébergée par le Centre d'études et de recherche
informatique (CEDRIC) du Conservatoire des arts et métiers (CNAM), l'ABU: la
bibliothèque universelle est la cyberbibliothèque de l'Association des
bibliophiles universels. Depuis 1993, elle permet l'accès libre au texte
intégral d'oeuvres du domaine public francophone soit, en chiffres, 223 textes
et 76 auteurs.

Ce nom ABU vient à la fois de Aboulafia, petit ordinateur présent dans Le
pendule de Foucault, roman d'Umberto Ecco dans lequel "s'entremêlent savoirs
anciens et high tech", et dont l'intrigue est située au Conservatoire national
des arts et métiers (CNAM), qui héberge l'ABU. "Au départ, il s'agissait de
biblioFiles universels, et non de biblioPHiles; mais la préfecture de Paris n'a
pas semblé saisir tout le sel de ce néologisme", explique l'ABU sur son site.

La bibliothèque électronique de Lisieux (Normandie) comprend la version
intégrale d'une oeuvre littéraire du domaine public - avec une nouvelle oeuvre
chaque mois - les archives des mois précédents, une sélection d'oeuvres courtes
du 19e siècle, une sélection du fonds documentaire de la bibliothèque
(opuscules, brochures, tirés à part), une sélection de son fonds normand
(brochures et bibliographies), ainsi qu'un choix de sites normands et de sites
littéraires francophones.

La sélection mensuelle de janvier 1998 était Les Déliquescences, poèmes
décadents d'Adoré Floupette (1885), une oeuvre de Henri Beauclair et Gabriel
Vicaire. Les mois précédents avaient vu passer des oeuvres de Théophile Gautier,
Vivant Denon, Jean Lorrain, Charles Nodier, Ernest Lavisse, Jean Revel, Charles
Rabou, Claire de Duras, Xavier Forneret, Ernest Renan, Joris-Karl Huysmans,
Philarète Chasles, Emile Gaboriau, Georges Eekhoud, Prosper Mérimée, Stendhal,
Denis Diderot, Gaston Leroux, Marc de Montifaud, etc.

Le rayon littéraire présente une collection de pages consacrées principalement
aux auteurs du 19e siècle: des nouvelles de Jean Lorrain, Guy de Maupassant,
Alphonse Allais, Octave Mirbeau, Remy de Gourmont, Jules Barbey d'Aurevilly,
Isabelle Eberhardt, Charles Asselineau, Marcel Schwob, Jean Richepin, Eugène
Mouton, Jean de La Ville de Mirmont, Léon Bloy, des lettres de Gustave Flaubert,
ainsi que des bibliographies et des travaux du lycée Marcel Gambier de Lisieux.
Dans le quotidien Libération du 17 avril 1998, Olivier Bogros, directeur de la
bibliothèque, racontait:

"En me baladant sur un BBS [bulletin board service], j'ai vu qu'on s'échangeait
des textes. Je me suis dit qu'on pouvait rassembler en local tout ce qui
traînait comme textes électroniques et les mettre à disposition des lecteurs.
[...] Les francophones qui ne trouvent pas un texte ou une référence à la
bibliothèque de la Réunion, des Italiens qui font des études de français et
cherchent tel poème de Mallarmé, un Japonais en quête d'un nom latinisé, un
éditeur anglais qui cherche des documents sur les maisons en bois... On a reçu
des mails du monde entier."

Quel est l'historique de ce site qui suscite beaucoup d'intérêt dans le monde
francophone parce qu'il montre ce qui est faisable avec beaucoup de
détermination et des moyens limités? Dans son courrier électronique du 18 juin
1998, Olivier Bogros expliquait:

"Le site La bibliothèque électronique de Lisieux a été ouvert en juin 1996.
Hébergé sur les pages personnelles, limitées à 5 Mo, de mon compte CompuServe,
il est depuis quelques jours [début juin 1998] installé sur un nouveau serveur
où il dispose d'un espace disque plus important (15 Mo) et surtout d'un nom de
domaine. Les frais inhérents à l'entretien du site sont à ma charge, la ville
finance de manière indirecte le site en acceptant que tous les textes soient
choisis, saisis et relus par du personnel municipal sur le temps de travail (ma
secrétaire pour la saisie et une collègue pour la relecture). Ce statut étrange
et original fait de La bibliothèque électronique de Lisieux le site presque
officiel de la Bibliothèque municipale, tout en restant sous mon entière
responsabilité, sans contrôle ni contrainte.

J'ai déjà rapporté dans un article paru dans le Bulletin des Bibliothèques de
France [1997, n° 3, article en ligne] ainsi que dans le Bulletin de l'ABF
[Association des bibliothécaires français] [1997, n° 174, sommaire en ligne],
comment l'envie de créer une bibliothèque virtuelle avait rapidement fait son
chemin depuis ma découverte de l'informatique en 1994 : création d'un bulletin
électronique d'informations bibliographiques locales (Les Affiches de Lisieux)
en 1994 dont la diffusion locale ne rencontre qu'un très faible écho, puis en
1995 début de la numérisation de nos collections de cartes postales en vue de
constituer une photothèque numérique, saisie de nouvelles d'auteurs d'origine
normande courant 1995 en imitation (modeste) du projet de l'ABU [Association des
bibliophiles universels] avec diffusion sur un BBS [bulletin board service]
spécialisé. L'idée du site Internet vient d'Hervé Le Crosnier, enseignant à
l'université de Caen et modérateur de la liste de diffusion Biblio-fr, qui monta
sur le serveur de l'université la maquette d'un site possible pour la
Bibliothèque municipale de Lisieux, afin que je puisse en faire la démonstration
à mes élus. La suite logique en a été le vote au budget primitif de 1996 d'un
crédit pour l'ouverture d'une petite salle multimédia avec accès public au
réseau pour les Lexoviens [habitants de Lisieux]. Depuis cette date un crédit
d'entretien pour la mise à niveau des matériels informatiques est alloué au
budget de la bibliothèque qui permettra cette année la montée en puissance des
machines, l'achat d'un graveur de cédéroms et la mise à disposition d'une
machine bureautique pour les lecteurs de l'établissement.... ainsi que la
création en ce début d'année d'un emploi jeune pour le développement des
nouvelles technologies."

Une autre initiative intéressante est celle de Bibelec (Bibliothèque
électronique des étudiants), réalisée par les étudiants de Sciences-Po (Institut
d'études politiques, Paris). Lors de sa création, elle se définissait comme la
première cyberbibliothèque française en sciences sociales exclusivement réalisée
par des étudiants.

Professeur de français, de littérature française et d'applications informatiques
à Tokyo (Japon), Patrick Rebollar utilise l'ordinateur pour la recherche et
l'enseignement depuis plus de dix ans. En 1994, il a vu apparaître Internet
"dans le champ culturel et linguistique francophone" et il a débuté son site web
en 1996. Son site comprend notamment une excellente Chronologie littéraire
1848-1914, qui est organisée année après année. Pour chaque année, outre des
liens avec le texte intégral des oeuvres publiées cette année-là, on trouve des
notes historiques, politiques et sociales, des informations scientifiques,
médicales et technologiques, et des informations sur le monde littéraire.

Dans son courrier électronique du 17 juillet 1998, Patrick Rebollar expliquait:

"Pour la Chronologie littéraire, cela a commencé dans les premières semaines de
1997, en préparant un cours sur le roman fin de siècle (19e). Je rassemblai
alors de la documentation et m'aperçus d'une part que les diverses chronologies
trouvées apportaient des informations complémentaires les unes des autres, et
d'autre part que les quelques documents littéraires alors présents dans le Web
n'étaient pas présentés de façon chronologique, mais toujours alphabétique. Je
fis donc un document unique qui contenait toutes les années de 1848 à 1914, et
l'augmentais progressivement. Jusqu'à une taille gênante pour le chargement, et
je décidai alors, fin 1997, de le scinder en faisant un document pour chaque
année. Dès le début, je l'ai utilisé avec mes étudiants, sur papier ou sur
écran. Je sais qu'ils continuent de s'en servir, bien qu'ils ne suivent plus mon
cours. J'ai reçu pas mal de courrier pour saluer mon entreprise, plus de
courrier que pour les autres activités Web que j'ai développées."

Une des autres activités de Patrick Rebollar sont ses Bookmarks, répertoire très
complet des sites francophones, y compris littéraires.

Situé à l'autre bout du monde, à l'Université de Swarthmore (Pennsylvanie, USA),
ClicNet est un site culturel et littéraire francophone qui propose 800 liens à
des oeuvres de littérature par ordre alphabétique et par sujet, et 2.500 liens à
des ressources francophones.

Des bibliothèques numérisent aussi leurs collections anciennes d'images, ce qui
permet à celles-ci d'être consultées par tous et non plus seulement par un petit
nombre d'élus du fait de la valeur et de la fragilité des originaux. La
Bibliothèque municipale de Lyon par exemple met ses enluminures à la disposition
du public. Constituée aujourd'hui de 3.000 images, sa collection d'enluminures
présentera à terme plus de 10.000 images correspondant à 200 manuscrits et
incunables, sur une période allant du 5e siècle à la Renaissance. Le système
utilisé est le SGBI (Système de gestion de banques d'images) créé par la Maison
de l'Orient à Lyon, sous l'égide du CNRS (Centre national de la recherche
scientifique) et de l'Université Lyon 2.

"Chaque document, signalé par son auteur, son titre et son siècle de
réalisation, représente une entité. Par un double clic sur l'entité choisie, on
accède à un écran qui permet de feuilleter les images du document. Chaque écran
peut comporter 9 imagettes, correspondant à des objets-images. Lorsque le
document comporte davantage d'objets-images, des flèches permettent d'accéder
aux objets-images suivants. Chaque objet-image peut comprendre plusieurs images,
leur nombre étant indiqué sous chaque objet-image. Un double-clic sur une
imagette permet de voir l'image agrandie. Dans une seconde étape, une
interrogation multicritères sera possible."

Des bases de données textuelles sont accessibles par abonnement payant, par
exemple FRANTEXT et l'ARTFL Project.

FRANTEXT, présent sur le Web depuis début 1995, est préparé par l'Institut
national de la langue française (INaLF), une branche du CNRS (Centre national de
la recherche scientifique). La base comprend, en mode interactif, 180 millions
de mots-occurrences résultant du traitement informatique d'une collection
représentative de 3.500 unités textuelles en arts, sciences et techniques
couvrant cinq siècles (16e-20e siècles). Début 1998, 82 centres de recherche et
bibliothèques universitaires d'Europe, d'Australie, du Japon et du Canada
étaient abonnés, ce qui représentait 1.250 postes de travail ayant accès à
FRANTEXT. Le nombre de sessions d'interrogations de la base était d'une
cinquantaine par jour.

Christiane Jadelot, ingénieur d'études à l'INaLF-Nancy, expliquait dans son
courrier électronique du 8 juin 1998:

"Les premières pages sur l'INaLF ont été mises sur l'Internet au milieu de
l'année 1996, à la demande de Robert Martin, directeur de l'INaLF. Je peux en
parler, car j'ai participé à la mise sous Internet de ces pages, avec des outils
qui ne sont pas comparables à ceux que l'on utilise aujourd'hui. J'ai en effet
travaillé avec des outils sous UNIX, qui n'étaient pas très faciles
d'utilisation. Nous avions peu d'expérience de la chose, à l'époque, et les
pages étaient très verbeuses. Mais la direction a senti la nécessité urgente de
nous faire connaître par l'Internet, que beaucoup d'autres entreprises
utilisaient déjà pour promouvoir leurs produits. Nous sommes en effet Unité de
recherche et de service et nous avons donc à trouver des clients pour nos
produits informatisés, le plus connu d'entre eux [étant] la base textuelle
FRANTEXT. Il me semble que la base FRANTEXT était déja sur Internet [depuis
début 1995], ainsi qu'une maquette du tome 14 du TLF [Trésor de la langue
française]. Il était donc nécessaire de faire connaître l'ensemble de l'INaLF
par ce moyen. Cela correspondait à une demande générale."

Comme l'indique Christiane Jadelot, l'INaLF prépare également la version en
ligne du Trésor de la langue française (TLF) (Jean Nicot, 1606), dont une
maquette est disponible sur le Web pour les lettres Q à S. L'oeuvre complète du
TLF est disponible sur le site de l'ARTFL Project, avec recherche textuelle
possible par mot ou portion de texte.

Dans son courrier électronique du 11 juin 1998, Arlette Attali indiquait les
changements qu'Internet a apporté dans sa vie professionnelle:

"Etant moi-même plus spécialement affectée au développement des bases textuelles
à l'INaLF, j'ai été amenée à explorer les sites du Web qui proposaient des
textes électroniques et à les "tester". Je me suis donc transformée en 'touriste
textuelle' avec les bons et mauvais côtés de la chose. La tendance au zapping et
au survol étant un danger permanent, il faut bien cibler ce que l'on cherche si
l'on ne veut pas perdre son temps. La pratique du Web a totalement changé ma
façon de travailler: mes recherches ne sont plus seulement livresques et donc
d'accès limité, mais elles s'enrichissent de l'apport des textes électroniques
accessibles sur Internet.

[A l'avenir je pense] contribuer à développer des outils linguistiques associés
à la base FRANTEXT et à les faire connaître auprès des enseignants, des
chercheurs, des étudiants et aussi des lycéens."

En janvier 1998, elle a mené une enquête auprès des utilisateurs de FRANTEXT en
Europe, en Australie, au Japon et au Canada pour mieux connaître ses
utilisateurs. Les résultats de cette enquête sont disponibles en ligne.

L'ARTFL Project (ARTFL: American and French Research on the Treasury of the
French Language) est un projet commun du CNRS (Centre national de la recherche
scientifique, France) et de l'Université de Chicago (Illinois, USA), qui vise à
constituer une base de données de 2.000 textes du 13e au 20e siècle concernant
la littérature, la philosophie, les arts ou les sciences.

L'ARTFL travaille aussi à la version en ligne exhaustive de la première édition
(1751-1772) de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des métiers
et des arts de Diderot et d'Alembert. 72.000 articles écrits par plus de 140
collaborateurs (dont Voltaire, Rousseau, d'Alembert, Marmontel, d'Holbach,
Turgot, etc.) ont fait de cette encyclopédie un monumental ouvrage de référence.
Destinée à rassembler puis divulguer les connaissances de l'époque, elle porte
la marque des courants intellectuels et sociaux du 18e siècle, et c'est grâce à
elle qu'ont été propagées les idées du Siècle des Lumières.

Les chiffres sont éloquents quant à l'ampleur du travail: l'Encyclopédie
comprend 17 volumes de texte et 11 volumes de planches, 18.000 pages de texte et
20.736.912 mots. La base de données correspondant au premier volume est
accessible en ligne à titre expérimental. La recherche peut être effectuée par
mot, portion de texte, auteur ou catégorie, ou par la combinaison de ces
critères entre eux. On dispose de renvois d'un article à l'autre, et des liens
permettent d'aller d'une planche au texte, ou du texte au fac-similé des pages
originales. L'automatisation complète des procédures de saisie a entraîné
quelques erreurs typographiques et des erreurs d'identification qui seront
corrigées plus tard. La recherche d'images par mot, portion de texte ou
catégorie sera également possible à l'avenir.

L'ARTFL travaille aussi à un projet de base de données pour le Dictionnaire de
l'Académie française, dont les différentes éditions se sont échelonnées entre
1694 et 1935. Ce projet inclut la saisie, l'édition et le développement d'un
moteur de recherche spécifique. Les différentes éditions pourront être combinées
dans une seule base de données qui permettra de consulter aussi bien une édition
particulière que l'ensemble de celles-ci pour juger de l'évolution d'un terme.
Pour le moment, seules deux éditions, la première (1694) et la cinquième (1798)
sont disponibles pour une recherche par mot. Une fonction de recherche en texte
intégral est prévue par la suite.

Une rubrique présente une liste des autres projets de l'ARTFL, notamment la
version image de l'édition de 1740 du Dictionnaire historique et critique de
Philippe Bayle, le Roget's Thesaurus de 1911, le Webster's Revised Unabridged
Dictionary de 1913, le Thresor de la langue française de Jean Nicot (1606), un
projet multilingue sur La Bible comprenant La Bible française de Louis Segond
(1910), etc.


7.3. Cyberbibliothèques non francophones


De par la quantité d'oeuvres dactylographiées à cette intention, le Project
Gutenberg est la plus ancienne et la plus grande cyberbibliothèque qui existe.
Créée en 1971 par Michael Hart aux Etats-Unis, elle a pour but de mettre
gratuitement le plus grand nombre possible de textes à la disposition du plus
grand nombre possible de lecteurs, à raison d'environ 45 titres par mois. Ses
objectifs pour 2001 sont un stock de 10.000 textes littéraires et une
transmission de 1.000 milliards de textes électroniques, soit 10.000 livres
numériques vers 100 millions de lecteurs.

Le projet débuta en 1971 quand on donna à Michael Hart un compte de 100 millions
de dollars de "temps machine" au Materials Research Lab de l'Université
d'Illinois (USA). Immédiatement après avoir reçu ce crédit, il décida de le
consacrer à la recherche et au stockage des oeuvres conservées dans les
bibliothèques. Il décida aussi de stocker des textes électroniques de la manière
la plus simple possible, en format ASCII, avec des lettres capitales pour les
termes en italique, gras ou soulignés, afin que ces textes puissent être lus
quels que soient la machine et le logiciel utilisés.

Cinquante heures environ sont nécessaires pour sélectionner, dactylographier,
corriger et mettre en page un texte électronique. La dactylographie des textes
est l'oeuvre de volontaires. Un ouvrage de taille moyenne - par exemple un roman
de Stendhal ou de Jules Verne - est composé de deux fichiers ASCII.

Le LibraryBlog inclut trois grands secteurs: la littérature de
divertissement (Light Literature), comme Alice au pays des merveilles, Peter Pan
ou les Fables d'Esope, la littérature "sérieuse" (Heavy Literature) comme La
Bible, les oeuvres de Shakespeare ou Moby Dick, et la littérature de référence
(Reference Literature), composée d'encyclopédies et de dictionnaires, par
exemple le Thesaurus de Roget.

Sur le site web, Michael Hart explique que la collection de littérature de
divertissement est destinée à amener devant l'écran aussi bien un enfant d'âge
pré-scolaire qu'une personne du troisième âge. Des enfants ou des grand-parents
vont rechercher le texte électronique de Peter Pan après avoir vu Hook au
cinéma, ou bien ils lisent Alice au pays des merveilles après l'avoir regardé à
la télévision. Pratiquement tous les épisodes de Star Trek ont mentionné des
livres qui ont leur correspondant électronique dans le LibraryBlog (Moby
Dick, Peter Pan...). L'objectif est que les gens puissent retrouver des
citations qu'ils ont entendues dans des conversations, des films, des musiques,
d'autres livres, et ce à l'aide d'une bibliothèque contenant tous ces éléments
dans un format facile pour la recherche.

En juillet 1997, le LibraryBlog fêtait son vingt-sixième anniversaire avec
la mise en ligne des Merry Adventures of Robin Hood de Howard Pyle. En septembre
1997, il fêtait son millième texte électronique avec la version anglaise de la
Divine comédie de Dante. Dans sa lettre d'information d'octobre 1997, Michael
Hart annonçait son intention de compléter la collection d'Oscar Wilde, de
"séparer" les oeuvres complètes de Shakespeare en fichiers individuels pour
chaque oeuvre, et de mettre en ligne des ouvrages non anglophones.

Outre l'anglais, on trouve quelques oeuvres en allemand, espagnol, français,
italien et latin, mais elles ne sont pas encore légion. En janvier 1998, si on
lançait une recherche sur les ouvrages disponibles en langue française, on
trouvait neuf titres, dont six romans de Stendhal (L'Abbesse de Castro, La
Chartreuse de Parme, La Duchesse de Palliano, Le Rouge et le Noir, Les Cenci,
Vittoria Accorambani), deux romans de Jules Verne (De la terre à la lune et Le
tour du monde en 80 jours) et French Cave Paintings, un ouvrage sur les
peintures préhistoriques. A part l'ouvrage sur les cavernes, disponible depuis
1995, tous ces ouvrages n'ont été intégrés à la bibliothèque que début 1997. Si
aucun titre de Stendhal n'était disponible en anglais, il existait trois oeuvres
de Jules Verne en langue anglaise : 20,000 Leagues Under the Sea (disponible
depuis septembre 1994), Around the World in 80 Days (disponible depuis janvier
1994) et From the Earth to the Moon (disponible depuis septembre 1993).

Début septembre 1998, le nombre de titres d'ouvrages en langue française était
monté à onze, avec Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand, disponible depuis mars
1998, et La Révolution française, de Thomas Carlyle, disponible depuis mai 1998.

Une autre importante bibliothèque électronique anglophone est The On-Line Books
Page. Créée par John Mark Ockerbloom, ancien étudiant de l'Université Carnegie
Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), elle est un répertoire de livres en
accès libre sur Internet, avec un index de 7.000 livres en ligne et des liens
vers d'autres répertoires et archives de textes en ligne.

Créées en été 1992 par Paul Southworth et hébergées par l'Information Technology
Division de l'Université du Michigan (USA), les ETEXT Archives rassemblent des
textes électroniques de toutes sortes, sans juger de leur contenu. L'équipe est
entièrement composée de volontaires.

Les ETEXT Archives virent le jour pour combler le manque d'organisation observé
dans les archives de documents politiques, périodiques et forums de discussion
politiques et sociaux éparpillés dans Usenet, puis elles furent développées pour
combler le même manque d'organisation dans l'archivage des magazines
électroniques (e-zines) lorsque ceux-ci ont commencé à proliférer sur Internet.

Elles hébergent aussi gratuitement des périodiques, oeuvres de fiction, oeuvres
politiques, poétiques, religieuses, etc., à la demande d'auteurs ou d'organismes
souhaitant les faire connaître, après avoir sensibilisé les auteurs au respect
d'une certaine éthique (pas d'ouvrages pornographiques), aux règles concernant
le droit d'auteur et à l'utilisation d'un format lisible par tous (ASCII, HTML,
PDF et PostScript). Par contre, le site ne propose pas de liens hypertextes avec
d'autres oeuvres ou d'autres sites. Il s'en tient au but fixé, à savoir
l'archivage de textes.

Proposée par Logos, une société internationale de traduction dont la maison-mère
est à Modène (Italie), la Wordtheque est une bibliothèque multilingue permettant
une recherche par mot dans une base de données de plus de 328 millions de termes
provenant de romans, documents techniques et traductions dans de nombreuses
langues. Les recherches sont possibles par langue, mot, auteur et titre. Le
logiciel de recherche documentaire permet aussi l'accès au texte intégral
d'oeuvres littéraires du domaine public. Si on souhaite acquérir une de ces
oeuvres, un lien permet de la commander en ligne à la cyberlibrairie Amazon.com.

Entre autres outils de travail, Logos propose aussi une base de données de 553
glossaires dans Linguistic Resources, un dictionnaire multilingue de 7,5
millions d'entrées dans Multilingual Dictionary et la conjugaison des verbes en
17 langues dans Conjugation of Verbs.

Logos a été créé par Rodrigo Vergara, un réfugié politique chilien qui a émigré
en Italie quand il était étudiant en agronomie pour échapper au régime du
général Pinochet. Aujourd'hui, à 45 ans, il dirige une entreprise de traduction
offrant des services dans plus de 35 langues, avec un réseau de 300 traducteurs
dans le monde et un chiffre d'affaires de 60 millions de FF.

En décembre 1997, Rodrigo Vergara expliquait à Annie Khan, journaliste au Monde:

"Nous voulions que nos traducteurs aient tous accès aux mêmes outils de
traduction. Nous les avons donc mis à leur disposition sur Internet, et tant
qu'à faire nous avons ouvert le site au public. Cela nous a rendus très
populaires, nous a fait beaucoup de publicité. L'opération a drainé vers nous de
nombreux clients, mais aussi nous a permis d'étoffer notre réseau de traducteurs
grâce aux contacts établis à la suite de cette initiative."

Dans Links to Electronic Book and Text Sites, OmniMedia Digital Publishing
propose un répertoire de serveurs de livres et de textes électroniques. Première
bibliothèque publique d'Internet et pour Internet, l'Internet Public Library
(IPL) dispose de 20.166 documents en ligne soigneusement sélectionnés,
catalogués et décrits par son personnel. La Online Book Initiative (OBI) est un
projet consistant à rassembler une importante collection de textes du domaine
public en format ASCII.

Créée par l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA),
l'Universal Library a pour objectif de mettre le plus grand nombre d'ouvrages
possibles à la disposition des usagers d'Internet. Elle comprend un index de
plus de 5.000 oeuvres en anglais. La moitié de ces oeuvres est reliée au
catalogue expérimental de la Library of Congress, si bien que - rêve enfin
devenu réalité - les usagers peuvent avoir un accès direct au texte intégral de
l'oeuvre à partir de la notice du catalogue.

Une très bonne série de liens vers la littérature anglophone est Literary
Resources on the Net. Oeuvre de John Lynch, docteur en littérature anglaise à
l'Université de Pennsylvanie (USA), le site propose des ressources littéraires
en fonction des catégories suivantes : période classique et biblique, période
médiévale, Renaissance, 18e siècle, période romantique, période victorienne
anglaise, 20e siècle anglais et irlandais, théâtre et drame, théorie,
littérature féminine et féminisme, ethnies et nationalités, autres littératures
nationales, bibliographie et histoire du livre, hypertextes et divers.

La Bibliotheca universalis est un des onze projets retenus lors du Sommet du G7
des 13-17 mai 1996. Ce projet de bibliothèque électronique à l'échelon mondial
"illustre la nécessité de donner à la société de l'information une ambition
culturelle internationale, respectant les diversités culturelles et la pluralité
linguistique". Il a "pour ambition de donner accès aux oeuvres principales du
patrimoine culturel et scientifique mondial - textes, images, sons - par le
biais des technologies multimédias. Il doit ainsi favoriser le dialogue culturel
par-delà les frontières et améliorer les services rendus aux utilisateurs." Le
projet souhaite proposer une collection universelle à partir des programmes de
numérisation existants, avec environnement en réseau, système d'information
distribué, fonctions de recherches avancées, et normes communes pour la
numérisation des textes, des images et des sons ainsi que pour les protocoles de
communication.

Ouvert en 1992, l'Electronic Text Center de l'Université de Virginie (USA)
propose la combinaison d'un archivage en ligne au format SGML (standard
generalized markup language) de 40.000 textes électroniques en douze langues et
des 19.000 illustrations correspondant à ces textes, dont certains sont du
domaine public, avec un centre comprenant le matériel informatique et les
logiciels permettant la création et l'analyse de texte. French Texts and
Language Resources procure des textes français en ligne et sur CD-ROM, et une
série de liens menant à d'autres textes électroniques en français.

De nombreuses cyberbibliothèques sont également accessibles au moyen d'un
abonnement payant, comme l'Electric Library, un centre de recherche en ligne
permettant l'accès au texte intégral de 150 journaux et de centaines de
magazines, 2.000 ouvrages de littérature classique, 28.000 photos, images et
cartes, les transcriptions d'émissions de télévision et de radio, des résumés de
livres, films et logiciels, des encyclopédies, etc., ou encore l'ACM Digital
Library, créée en octobre 1997 par l'Association for Computing Machinery (ACM),
organisme scientifique et de recherche international. Cette bibliothèque
comprend des informations bibliographiques et des textes d'articles, ainsi
qu'une section consacrée aux cyberbibliothèques et à la recherche d'information.

Ce ne sont pas seulement les textes mais aussi les images qui sont numérisés,
comme on l'a vu plus haut dans Gallica, la bibliothèque numérique de la
Bibliothèque nationale de France, qui a inauguré son site en 1997 par des images
et textes du 19e siècle francophone.

D'autres cyberbibliothèques sont consacrées uniquement aux images, comme Corbis,
société créée en 1989 par Bill Gates, patron de Microsoft. Cet ensemble d'images
numériques a été constitué pour fournir des ressources d'information visuelle à
l'échelon international. Parallèlement au développement de ses collections et au
marketing de celles-ci, Corbis est aussi une plate-forme de recherche pour
étudier les décisions à prendre en matière de normes industrielles de
reproduction et de protection de la propriété intellectuelle à l'ère numérique.

Avec 25 millions d'images dont 1,4 million en ligne en décembre 1998, le fonds
de Corbis est constamment enrichi par l'acquisition de droits ou la conclusion
de partenariats avec de grands musées. Chaque image est accompagnée d'une
légende, d'un commentaire et de mots-clés permettant une recherche thématique au
moyen d'un thésaurus de 25.000 mots. La base de données est commercialisée
auprès des professionnels sous forme de licences. Le grand public y a accès par
Internet et par une série de CD-ROM thématiques.

Le problème majeur des bibliothèques d'images sur le Web est le temps nécessaire
au téléchargement, temps proportionnel à la taille de l'image. Après avoir
d'abord proposé des images "pleine page" agréables à l'oeil mais très longues à
apparaître sur l'écran, de nombreux sites optent maintenant pour des images de
format réduit, avec possibilité de cliquer sur ces images pour obtenir un format
plus grand si nécessaire. Ce problème devrait être résolu à l'avenir avec
l'augmentation de la vitesse de transmission des données.

Bien que les cyberbibliothèques anglophones soient encore très largement
majoritaires, l'univers des cyberbibliothèques devient rapidement multilingue.
Le Projekt Gutenberg-DE comprend plus de 200 titres de littérature allemande et
de littérature étrangère en allemand. Débuté en 1992 par LYSATOR, un club
informatique d'étudiants, en collaboration avec la Linköping University Library
(Suède), le Projekt Runeberg regroupe 200 oeuvres de littérature nordique. Liber
Liber, qui s'annonce comme la première et la plus grande bibliothèque
télématique italienne, débute sa page de présentation par une maxime éloquente:
"Nullus amicus magis liber quam liber." Parallèlement, les grandes
cyberbibliothèques introduisent peu à peu dans leurs collections des textes en
d'autres langues que leur langue dominante.


7.4. Un exemple: la toile littéraire francophone


Prise au sens large, la notion de cyberbibliothèque dépasse très largement
l'ensemble des cyberbibliothèques définies comme telles. Un site littéraire est
pratiquement toujours doublé d'une cyberbibliothèque. Il propose souvent le
texte intégral d'oeuvres litéraires ainsi que des liens vers d'autres sites
traitant de la même époque, du même auteur ou du même genre littéraire, et ainsi
de suite.

On ne compte pas le nombre de sites consacrés à la littérature en général, et à
la littérature francophone en particulier. On ne peut pas plus justement parler
de Toile - traduction littérale du terme Web souvent adoptée par les
francophones - que pour la littérature, qui sert de support à l'élaboration
d'une gigantesque toile littéraire. Un passionné de littérature peut passer des
journées entières à aller d'une oeuvre à l'autre et d'un site à l'autre. A
l'heure actuelle, c'est la littérature du 19e et du début du 20e siècle qui est
la plus fortement représentée, puisqu'une grande partie des oeuvres est du
domaine public et n'est donc pas soumise au droit d'auteur et au casse-tête que
la gestion de celui-ci représente encore sur le Web.

Voici quelques exemples.

CyLibris, maison d'édition sur Internet, propose une sélection de sites sur
l'Internet littéraire francophone, les jeux de rôles et les journaux.

Patrick Rebollar, professeur de littérature française et d'applications
informatiques à Tokyo (Japon), mène plusieurs réalisations sur le Web, par
exemple la Chronologie littéraire 1848-1914. Il tient à jour une liste de
signets très complète, notamment dans les domaines suivants : littérature et
recherche (normes et règles, bibliothèques et éditeurs, bibliographies), revues
littéraires, linguistique, dictionnaires, lexiques, recherche littéraire,
documents littéraires par thèmes et par auteurs (Malraux, Sarraute, Camus,
Gracq, Robbe-Grillet, etc.), oeuvres littéraires, poésie, bandes dessinées, etc.

Dans son courrier électronique du 17 juillet 1998, il expliquait:

"Animant des formations d'enseignants à l'Institut franco-japonais de Tokyo, je
voyais d'un mauvais oeil d'imprimer régulièrement des adresses pour demander aux
gens de les recopier. J'ai donc commencé par des petits documents rassemblant
les quelques adresses web à utiliser dans chaque cours (avec Word), puis me suis
dit que cela simplifierait tout si je mettais en ligne mes propres signets, vers
la fin 1996. Quelques mois plus tard, je décidai de créer les sections finales
de nouveaux signets afin de visualiser des adresses qui sinon étaient fondues
dans les catégories. Cahin-caha, je renouvelle chaque mois. Mais les quantités
de travail entraînées par le Salon du livre de Tokyo (et les interviews
d'écrivains), en janvier 98, et le Festival de Yokohama (juin 1998), font qu'il
y a bien longtemps que je n'ai pas fait sérieusement mon travail de veille
techno-culturelle..."

Projet commun du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, France) et
de l'Université de Chicago (Illinois, USA), l'ARTFL Project (ARTFL: American and
French Research on the Treasury of the French Language) est une base de données
payante de 2.000 textes du 13e au 20e siècle concernant la littérature, la
philosophie, les arts ou les sciences. Le site propose aussi en accès libre une
intéressante liste de liens avec les serveurs de littérature française lui
paraissant dignes d'intérêt.

Voici aussi quelques exemples pris dans les sites consacrés à la poésie.

Le Club des poètes est un site de poésie francophone qui souhaite la "bienvenue
en territoire de poésie de la France au Chili, de Villon jusqu'à de jeunes
poètes contemporains, en passant par toutes les grandes voix de la poésie de
tous les temps et de tous les pays". Dans son courrier électronique du 8 juin
1998, Blaise Rosnay retraçait l'évolution de son site:

"Le site du Club des Poètes a été créé en 1996, il s'est enrichi de nombreuses
rubriques au cours des années et il est mis à jour deux fois par semaine.
L'Internet nous permet de communiquer rapidement avec les poètes du monde
entier, de nous transmettre des articles et poèmes pour notre revue, ainsi que
de garder un contact constant avec les adhérents de notre association. Par
ailleurs, nous avons organisé des travaux en commun en particulier dans le
domaine de la traduction. [Nos projets pour notre site sont d']y mettre encore
et toujours plus de poésie. Ajouter encore des enregistrements sonores de poésie
dite ainsi que des vidéos de spectacles."

Poésie française propose un choix de poèmes français de la Renaissance au début
du 20e siècle. Dans son courrier du 8 juin 1998, Claire Le Parco, de la société
Webnet, indiquait:

"Nous avons créé ce site lors de la création de notre société, spécialisée dans
la réalisation de sites Internet et Intranet. Nous sommes des informaticiens qui
aimons la poésie, et nous avions envie de montrer que poésie et Internet
pouvaient faire bon ménage!"

Dans Poésie d'hier et d'aujourd'hui, Silvaine Arabo propose de nombreux poèmes,
y compris les siens. Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, elle
expliquait:

"Je suis poète, peintre et professeur de lettres (13 recueils de poèmes publiés,
ainsi que deux recueils d'aphorismes et un essai sur le thème: poésie et
transcendance; quant à la peinture, j'ai exposé mes toiles à Paris - deux fois -
et en province ). [...] Pour ce qui est d'Internet, je suis 'autodidacte' ( je
n'ai reçu aucune formation informatique quelle qu'elle soit ) ; j'ai eu l'an
passé l'idée de construire un site littéraire centré sur la poésie: Internet me
semble un moyen privilégié pour faire circuler des idées, pour communiquer ses
passions aussi. Je me suis donc mise au travail, très empiriquement, et ai
finalement abouti à ce site [...] sur lequel j'essaye de mettre en valeur des
poètes contemporains de talent, sans oublier la nécessaire prise de recul
(Réflexions sur la poésie) sur l'objet considéré.

Ma vie professionnelle [en tant que professeur de lettres] n'en a pas été
bouleversée puisqu'elle est indépendante de cette création sur Internet. Disons
que très récemment, dans le cadre de mon activité professionnelle, j'ai fait
avec mes élèves quelques ateliers de poésie et que, devant la pertinence de
leurs productions, j'ai décidé de leur consacrer une page sur mon site (
rubrique Le jardin des jeunes poètes ). Je fais également un 'appel du pied' aux
professeurs de lettres francophones pour qu'ils m'adressent des poèmes - qu'ils
estiment réussis - de leurs élèves. Disons que ce site pourrait servir, entre
autres, de motivation - donc de moteur - à la créativité des jeunes enfants ou
des adolescents."

Voici encore quelques exemples pris dans des genres littéraires différents.

Théâtrales est une collection de textes et d'hypertextes en français sur le
théâtre. Le site a été créé en mai 1995 par André G. Bourassa, professeur à
l'Université de Québec à Montréal, et par Barry Russell, Visiting Fellow de
l'Université Brookes d'Oxford.

Polar Web se présente comme le premier site francophone entièrement consacré au
roman policier, avec des informations sur les manifestations autour du polar,
une rubrique annonçant les nouveaux titres chez différents éditeurs, et la liste
de tous les documents disponibles en texte intégral: livres, pages, articles,
nouvelles et entretiens.

BD Paradisio est consacré à la bande dessinée en ligne avec dossiers,
entretiens, biographies, dessins inédits et forums de discussion à thèmes.

Une Autre Terre est un site consacré à la science-fiction. Dans son courrier
électronique du 9 juin 1998, Fabrice Lhomme, son créateur, expliquait:

"Le serveur a vu le jour fin novembre 1996. J'ai commencé en présentant quelques
bibliographies très incomplètes à l'époque et quelques critiques. Rapidement,
j'ai mis en place les forums à l'aide d'un logiciel "maison" qui sert également
sur d'autres actuellement. [...] Depuis [la page réalisée pour le] premier
anniversaire [du serveur], le phénomène le plus marquant que je puisse noter
c'est la participation de plusieurs personnes au développement du serveur alors
que jusque là j'avais tout fait par moi-même. Le graphisme a été refait par un
généreux contributeur et je reçois régulièrement des critiques réalisées par
d'autres personnes. Pour ce qui est des nouvelles, la rubrique a eu du mal à
démarrer mais une fois qu'il y en a eu un certain nombre, j'ai commencé à en
recevoir régulièrement (effet d'entraînement). Actuellement, j'ai toutes les
raisons d'être satisfait car mon site reçoit plus de 2.000 visiteurs différents
chaque mois et toutes les rubriques ont une bonne audience. Le forum des
visiteurs est très actif, ce qui me ravit. Concernant les perspectives d'avenir,
j'envisage pour très bientôt d'ouvrir une nouvelle rubrique proposant des livres
d'occasion à vendre avec l'ambition de proposer un gros catalogue.
Eventuellement, j'ouvrirai aussi une rubrique présentant des biographies car je
reçois pas mal de demandes des visiteurs en ce sens. [...] Si l'activité de
vente de livres d'occasion se montre prometteuse, il est possible que j'en fasse
une activité professionnelle sous la forme d'une micro-entreprise."

L'actualité littéraire est présentée avec punch et humour dans ZazieWeb, revue
en ligne conçue et réalisée par Isabelle Aveline, avec un graphisme d'Oliver
Cornu. ZazieWeb comprend un édito, une rubrique Au fil du Net, un agenda, une
revue de presse, un annuaire des sites et un self-service multimédia. Sur le
site, Isabelle Aveline explique:

"ZazieWeb est un site World Wide Web professionnel et grand public indépendant,
spécifiquement dédié aux libraires, éditeurs... et grand public de culture
'livre'. Conçu comme une librairie virtuelle, un espace de documentation,
d'orientation et de ressources pour un public de culture 'papier' s'intéressant
à Internet, il se situe aux frontières de l'écrit et de l'édition électronique.
L'originalité du traitement des rubriques par rapport à un média papier étant
évidemment de 'mailler' l'information avec un site sur Internet. C'est donc un
site 'passerelle' vers Internet pour un public curieux et désorienté, avide de
connaître ce qui se passe 'de l'autre côté de l'écran'."

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, elle ajoutait:

"ZazieWeb est né il y a deux ans environ: juin 96. C'était à l'époque un projet
personnel qui entrait dans le cadre d'un master multimédia et que j'ai essayé de
'vendre' aux éditeurs. [...] Découvrir Internet a ouvert d'autres possibilités
et surtout maintenant je ne conçois pas de ne pas travailler 'on the web'!"

On assiste aussi à l'apparition de "la littérature interactive lancée par le
grand écrivain américain John Updike, qui, l'an dernier, balança sur le Web le
premier chapitre d'un roman que les internautes étaient censés poursuivre",
expliquait Emmanuèle Peyret dans le quotidien Libération du 27 février 1998.
Cette première expérience de littérature interactive a été réalisée à
l'initiative de la grande cyberlibrairie Amazon.com.

Lors de la fête d'Internet des 20-21 mars 1998, ATOS et France Loisirs ont à
leur tour lancé le premier roman interactif francophone, dont le premier et le
huitième et dernier chapitres ont été écrits par le romancier Yann Queffélec. Le
thème du roman était le suivant: "Une femme, condamnée à mort aux Etats-Unis,
bénéficie d'un sursis de 30 jours accordé par le gouverneur, avant son
exécution. Que va-t-elle faire de ce répit? A quoi pense-t-elle et quel message
va-t-elle laisser aux partisans et aux opposants de la peine de mort?" Le
premier chapitre était disponible sur le site de France Loisirs très exactement
le 20 mars 1998, premier jour de la fête d'Internet. Les cybernautes disposaient
de deux semaines pour proposer un deuxième chapitre. Le jury du club devait
ensuite sélectionner le meilleur chapitre qui devenait la suite officielle du
roman, et ainsi de suite jusqu'au 27 juillet. France Loisirs devait publier le
roman en septembre 1998.

L'hégémonie de l'anglais sur le Web? Elle était inévitable à l'époque
balbutiante du Web, puisque le réseau était en premier lieu américain et ensuite
essentiellement anglophone, mais ce n'est plus vrai maintenant. Tous les
amoureux de la langue française n'ont plus de souci à se faire, sinon à
continuer le travail entrepris, et peut-être aussi oeuvrer aussi bien pour un
Web francophone que pour un Web multilingue, comme le Club des poètes, qui offre
une présentation de son site en anglais, en espagnol et en portugais.


7.5. L'avenir des cyberbibliothèques


"Qu'il me suffise, pour le moment, de redire la sentence classique: 'La
bibliothèque est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque,
et dont la circonférence est inaccessible'."

Cette citation de Jorge Luis Borges pourrait parfaitement convenir aux
cyberbibliothèques.

A court ou à long terme, leur développement rapide va certainement amener à
définir la place de la cyberbibliothèque, toute récente, par rapport à la
bibliothèque multicentenaire, tout comme la bibliothèque traditionnelle doit
maintenant redéfinir ses fonctions du fait de l'existence des
cyberbibliothèques.

La British Library par exemple n'envisage pas une bibliothèque qui devienne
uniquement "cyber", et elle souhaite garder son importance à la communication
physique des imprimés, manuscrits, partitions musicales, bandes sonores, etc.,
tout en ayant conscience de la nécessité du développement parallèle des
documents numériques. Tout comme la British Library, nombreux sont ceux qui
pensent que la bibliothèque réelle ne va pas disparaître parce que la
cyberbibliothèque existe, de même que le livre physique ne va pas disparaître
parce que son équivalent numérique existe.

"On ne peut pas, on ne pourra pas tout numériser. A terme, une bibliothèque
virtuelle ne sera jamais qu'un élément de l'ensemble bibliothèque", soulignait
Jean-Pierre Angremy, président de la Bibliothèque nationale de France, dans un
article du Figaro du 3 juin 1998. Dès 1992, la BnF avait lancé un très important
programme de numérisation, et une partie des collections numérisées est
maintenant disponible sur le serveur Gallica.

Pierre Perroud, fondateur de la cyberbibliothèque Athena, expliquait dans
Informatique-Informations de février 1997 que "les textes électroniques
représentent un encouragement à la lecture et une participation conviviale à la
diffusion de la culture", notamment pour la recherche textuelle et l'étude des
textes. Il pense que ces textes "sont un bon complément au livre imprimé -
celui-ci restant irremplaçable lorsqu'il s'agit de lire". S'il est persuadé de
la nécessité de suivre de près l'évolution technologique et d'y adapter le monde
du livre et celui de l'enseignement, il n'empêche que le livre reste "un
compagnon mystérieusement sacré vers lequel convergent de profonds symboles: on
le serre dans la main, on le porte contre soi, on le regarde avec admiration; sa
petitesse nous rassure autant que son contenu nous impressionne; sa fragilité
renferme une densité qui nous fascine; comme l'homme il craint l'eau et le feu,
mais il a le pouvoir de mettre la pensée de celui-là à l'abri du Temps."

Il est vrai que, outre l'accès direct à de très nombreuses oeuvres du domaine
public, l'existence des cyberbibliothèques facilite grandement la recherche
textuelle sur une ou plusieurs oeuvres à la fois. Par exemple, les bases de
données constituées par l'ARTFL Project permettent une recherche textuelle sur
l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert ou le Dictionnaire de l'Académie
française. Menés par plusieurs organismes, de nombreux autres projets sont en
cours pour l'étude de La Bible, La Divine Comédie de Dante, l'ensemble des
oeuvres de Shakespeare, etc., et ces projets permettront de disposer de bases de
données incluant à la fois les textes et leurs commentaires sur plusieurs
siècles.

La consultation sur écran de livres anciens offre également d'immenses
perspectives. Elle permettra aux chercheurs de les visualiser et de mieux
sélectionner ceux qui les intéressent avant de demander la consultation de
certains originaux. Les perspectives sont grandes aussi pour les bibliothèques
d'images, dans lesquelles enluminures, gravures, affiches, cartes postales,
photos et films sont ou seront disponibles sur écran. Pour le moment, le temps
de déchargement d'une image est encore assez long, mais cet inconvénient devrait
bientôt disparaître avec l'augmentation de la vitesse de transmission des
données.

Le problème majeur auquel se heurte la cyberbibliothèque à l'heure actuelle est
celui du droit d'auteur. Ce problème - qui ne concerne pas seulement le livre,
la revue ou l'image, mais aussi la musique, les arts graphiques, les logiciels,
etc. - est fébrilement étudié par les auteurs, éditeurs, journalistes, etc.

Comment élargir la cyberbibliothèque à toutes les oeuvres et ne plus la limiter
aux oeuvres du domaine public comme c'est le cas maintenant? Comment mettre en
ligne les oeuvres soumises au droit d'auteur tout en respectant la législation
concernant la propriété intellectuelle? Ce problème, qui concerne les
cyberbibliothèques, les librairies, les éditeurs ou la presse en ligne,
sous-tend le développement d'Internet dans le domaine culturel et, toujours dans
le domaine culturel, son utilisation maximale comme outil de connaissance et de
communication.

Un problème plus pratique est celui de l'harmonisation des formats
informatiques, afin de rendre possible la lecture de tout document électronique
quels que soient l'ordinateur ou le logiciel utilisés. Comme nombre de
cyberbibliothèques numérisant en mode texte, le LibraryBlog conseille
l'utilisation du format ASCII (American standard code for information
interchange).

Cyberbibliothèque francophone gérée par l'Association des bibliophiles
universels, l'ABU donne les neuf conseils suivants aux volontaires souhaitant
dactylographier des textes: 1) pas de mise en page, seulement du texte avec des
lignes d'environ 70 caractères et des sauts de ligne, 2) des sauts de ligne
avant chaque paragraphe, y compris pour les dialogues, 3) la transcription du
tiret long accompagnant les dialogues par deux petits tirets, 4) des majuscules
pour les titres, noms de chapitres et sections, avec un soulignement fait de
petits tirets, 5) la transcription des mots en italique par des blancs
soulignés, 6) pas de tabulation, mais des blancs, 7) la mise des notes de
l'auteur entre crochets et dans le corps du texte, 8) facultativement, la
pagination de l'édition originale entre crochets, 9) l'encodage final en
ISO-Latin-1.

Dans L'édition savante à l'ère de la bibliothèque virtuelle: publication d'un
livre en SGML sur le World Wide Web, mémoire de maîtrise en bibliothéconomie et
sciences de l'information (MBSI) de l'Université de Montréal (Québec) daté de
novembre 1996, Guy Teasdale répertorie tous les formats utilisés pour la
communication d'un texte électronique. Le plus utilisé est le texte en format
ASCII (American standard code for information interchange), pour que celui-ci
puissent être lu par tous les systèmes et sur toutes les machines. On a aussi
des textes formatés à partir d'un traitement de texte tel que WordPerfect ou
Word, des textes en format RTF (rich text format), format créé par Microsoft,
des textes de type PostScript ou PDF (portable document format) créés par Adobe,
des hypertextes formatés en HTML (hypertext markup language), pour lequel
Microsoft ou Netscape proposent des ajouts correspondant à leurs propres
logiciels de navigation. On a enfin des textes en format SGML (standard
generalized markup language), qui correspond à la norme ISO-8879:1986, format
dont l'auteur démontre les avantages par rapport aux autres pour l'édition
électronique de monographies spécialisées.

Guy Teasdale montre également le danger que représente l'édification d'"une tour
de Babel numérisée". L'utilisation de tous ces formats est en effet assez
inquiétante alors qu'un des objectifs du Web est justement de permettre la
circulation de l'information à travers des réseaux hétérogènes, d'où la
nécessité d'adopter un langage qui ne soit pas affecté par les nombreux
changements informatiques à venir.

Etant donné le développement rapide des cyberbibliothèques sur Internet, de
nombreux organismes publics et privés s'y intéressent de très près et mènent des
recherches approfondies souvent disponibles en ligne. Ces organismes sont
notamment la British Library et la Library of Congress, deux bibliothèques
nationales pilotes dans ce domaine, ou encore la Bibliothèque de l'UC Berkeley
(UC: University of California) avec son site SunSITE (financé en partie par Sun
Microsystems), sur lequel elle monte ses collections et services tout en
procurant informations et conseils.

Le projet Digital Library Technology (DLT) soutient le développement de
nouvelles technologies permettant de faciliter l'accès public aux informations
de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) par les réseaux
informatiques, particulièrement les technologies développant outils,
applications, matériel informatique et logiciels permettant de répondre à
l'évolution des besoins des usagers et à l'augmentation énorme des demandes
d'accès.

Le Stanford Digital Libraries Project fait partie de la Digital Library
Initiative, lancée en 1994 pour quatre ans et soutenue par la NSF (National
Science Foundation), la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) et la
NASA (National Aeronautics and Space Administration).

Le serveur Library 2000 présente l'histoire du projet du MIT Laboratory for
Computer Science (MIT: Massachussets Institute of Technology) entre octobre 1995
et octobre 1997. L'objectif de Library 2000, projet de recherche sur les
systèmes informatiques, était d'étudier le stockage en ligne à grande échelle en
utilisant comme exemple la future bibliothèque électronique. Il s'agissait d'un
projet pragmatique, qui a permis de développer un prototype utilisant la
technologie et les configurations de systèmes économiquement viables en l'an
2000.

Financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), D-Lib Magazine
est un magazine de recherche sur les cyberbibliothèques, qui comprend
l'actualité mensuelle, des commentaires, des discussions et des ressources pour
la recherche.

Organisme international indépendant à destination des bibliothécaires du monde
entier, l'International Federation of Library Associations and Institutions
(IFLA) consacre une passionnante section aux collections et services
électroniques.


8. LES CATALOGUES EN LIGNE


[Dans ce chapitre:]

[8.1. Catalogues de bibliothèques francophones / 8.2. Catalogues de
bibliothèques non francophones / 8.3. Catalogues collectifs mondiaux / 8.4.
L'avenir des catalogues en ligne]

Pourquoi un chapitre entier sur les catalogues? Parce que, dans le domaine de
l'imprimé, le catalogue correspond au cerveau chez l'être humain. Il permet de
répertorier et présenter les documents de manière systématique. Que l'on soit
professionnel du livre, étudiant, chercheur ou cybernaute voulant se documenter
sur un sujet donné, l'utilisation du catalogue est une étape indispensable pour
trouver les documents souhaités.

Par le passé, on a pu reprocher aux catalogues d'être austères, peu conviviaux,
et surtout de donner les références du document mais en aucun cas l'accès à son
contenu. Depuis qu'ils sont disponibles sur Internet, les catalogues sont moins
austères et plus conviviaux. Et surtout - rêve de tous qui commence à devenir
réalité - ils vont progressivement permettre l'accès aux documents eux-mêmes.
Ceci est déjà vrai dans certains cas, comme par exemple 2.500 oeuvres de
l'Universal Library accessibles par le biais de l'Experimental Search System
(ESS) de la Library of Congress.

Le souci de mettre en place des catalogues collectifs ne date pas d'hier.
Pendant des décennies, les bibliothécaires et documentalistes ont catalogué le
même ouvrage au même moment dans leur propre bibliothèque, d'abord dans des
registres reliés, ensuite dans des catalogues sur fiches. Quand ils en avaient
les moyens, leur catalogue était imprimé pour être diffusé à l'échelon régional,
national ou international. L'ère des catalogues sur fiches fut longue et elle
n'a pas encore disparu. Les salles entières de catalogues sur fiches rangés dans
de multiples tiroirs en bois - la salle des catalogues de la Bibliothèque
publique et universitaire de Genève par exemple - ont fait et font toujours
l'admiration de tous. Par contre l'informatique a rapidement rendu obsolètes les
machines qui dupliquaient les fiches cartonnées ou encore les sociétés
prestataires de services vendant des fiches cartonnées à partir d'une liste de
ISBN (international standard book number).

Depuis bientôt vingt ans, suite à l'informatisation progressive de tous les
services, de nombreuses tentatives plus ou moins réussies ont permis aux
bibliothécaires d'unir leurs forces au lieu d'effectuer le même travail en de
multiples exemplaires.

En France par exemple, le Catalogage national centralisé (CANAC) a été suivi de
Libra, un logiciel en temps réel proposé par la Direction du livre et de la
lecture, qui a lui-même été suivi par le Catalogue collectif national des
publications en série (CCN-PS), un réseau coopératif de catalogage sur SIBIL
(Système intégré pour les bibliothèques universitaires de Lausanne) et par le
Pancatalogue, dérivé du OCLC Online Union Catalog, explique Thierry Samain dans
L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet.

Nombreuses sont aussi les bibliothèques qui ont utilisé le catalogue sur CD-ROM
de la Bibliothèque nationale de France pour "récupérer" les notices de la BnF et
les intégrer à leur propre catalogue. Avec Internet, on aborde enfin une
nouvelle étape qui, si elle n'est pas sans difficultés, résoud le problème
majeur de la communication au plus grand nombre.

Dans ce chapitre, on présentera d'abord quelques catalogues et répertoires de
catalogues francophones. On présentera ensuite les catalogues de très grandes
bibliothèques comme ceux de la Library of Congress ou de la British Library,
ainsi que deux catalogues collectifs mondiaux qui constituent des "réservoirs"
de notices pour les professionnels du livre. On abordera enfin l'avenir des
catalogues sur Internet, un futur qui semble assez prometteur puisqu'il rendra
plus accessible et donc plus familier un univers jusque là réputé pour son
aridité.


8.1. Catalogues de bibliothèques francophones


Le site web de la Bibliothèque nationale de France ne propose pas encore ses
catalogues Bn-Opale (livres et périodiques) et Bn-Opaline (collections
spécialisées) en libre accès sur le Web. Ces catalogues sont disponibles
moyennant un abonnement à Telnet, un système permettant d'utiliser son
micro-ordinateur comme un simple terminal afin de pouvoir consulter le catalogue
à distance de la même manière que si on se trouvait sur place.

On peut par contre consulter directement sur le Web le Catalogue des imprimés en
libre accès, qui donne le signalement de 430.000 documents de référence imprimés
et audio-visuels accessibles au public dans les nouveaux locaux de Tolbiac,
inaugurés en 1996.

Bn-Opale contient plus de deux millions de références correspondant aux
collections suivantes: les livres entrés par dépôt légal, achat, don ou échange
depuis 1970, les périodiques entrés par dépôt légal, abonnement, don ou échange
depuis 1960, les ouvrages anonymes des 16e-18e siècles (catalogue en cours de
constitution), les microformes de sauvegarde commercialisées par le Service de
la reproduction, et les documents informatiques depuis 1994. Bn-Opale inclut
aussi le catalogue partagé avec des bibliothèques universitaires ou
spécialisées, le catalogue partagé du dépôt légal en relation avec les
bibliothèques régionales habilitées au dépôt légal pour l'édition régionale, la
production de la Bibliographie nationale française (livres, publications
officielles et publications en série, soit au total 48.000 références par an).

Bn-Opale n'inclut pas les notices d'ouvrages antérieurs à 1970 et de périodiques
antérieurs à 1960. Celles-ci ne sont pour le moment disponibles que sur le
CD-ROM du Catalogue général des Imprimés de la Bibliothèque nationale de France.

La base Bn-Opaline comprend des documents spécialisés (cartes, plans, estampes,
etc.) entrés par dépôt légal, achat, don et échange, des microformes établies
par le Centre de Sablé et des documents entrés dans les bibliothèques
partenaires de la Bibliothèque nationale de France. La répartition des notices
bibliographiques est la suivante: 82.377 cartes et plans depuis 1987, 54.928
estampes et photographies depuis 1988, 281.068 documents audiovisuels depuis
1989, 35.076 partitions musicales depuis 1991, 4.944 monnaies et médailles
depuis 1994, et 1.655 documents concernant les arts du spectacle depuis 1995.

Depuis plusieurs années, un certain nombre de catalogues de bibliothèques
publiques sont disponibles sur le Minitel, ce qui permet leur consultation dans
nombre de foyers et de lieux publics. La consultation est possible soit
directement sur un Minitel, soit sur un micro-ordinateur utilisé en émulation
Minitel. Les notices ne peuvent cependant pas être affichées de manière
détaillée, et le mode "feuilletage" ne peut pas être utilisé sur un grand nombre
d'écrans successifs, ce qui explique l'attrait que représente le transfert
progressif de ces catalogues sur Internet où ces fonctions sont possibles.

Comme les bases Bn-Opale et Bn-Opaline de la Bibliothèque nationale de France,
un grand nombre de catalogues - y compris ceux des bibliothèques universitaires
- sont maintenant disponibles par le biais de Telnet. Un code d'accès et un mot
de passe permettent de se connecter à l'OPAC (online public access catalogue) de
la bibliothèque. Telnet, malgré les services considérables qu'il a rendu et
qu'il rend encore, présente des inconvénients du fait du fonctionnement
différent de chaque OPAC, des configurations différentes de claviers, etc. La
formule de l'accès libre sur le Web adoptée par la British Library ou la Library
of Congress par exemple est évidemment beaucoup plus pratique.

Un autre système est l'accès des catalogues par WAIS (wide area information
server). Ce système est utilisé pour les bibliothèques de laboratoires et
d'unités de recherche dans le domaine scientifique et technique. Ses principaux
avantages sont "un accès réparti à différents catalogues, un mode
d'interrogation simple, un coût nul, le logiciel étant facilement disponible
dans le domaine public, une technique ne nécessitant pas de gros
investissements", explique Thierry Samain dans L'accès aux catalogues des
bibliothèques par Internet.

Du fait de l'essor d'Internet, un nombre croissant de bibliothèques est en train
d'établir un accès direct et gratuit à leur catalogue à partir de leur site web,
moyennant une interface spécifique. L'accès direct par le Web offre de nombreux
avantages, à commencer par celui de l'utilisation de la souris. L'usager a le
choix entre au moins deux types de recherche, simple et avancée, et il peut
sélectionner plusieurs critères complémentaires tels que le nombre
d'enregistrements souhaités ou bien le mode de classement. Il peut dérouler
plusieurs pages de notices abrégées ou complètes. Les notices sélectionnées
peuvent être copiées, imprimées, sauvegardées ou bien envoyées par messagerie
électronique. Des liens hypertextes permettent de passer facilement d'une
recherche à une autre. On peut également intégrer au catalogue des images,
extraits sonores ou bandes vidéo.

La meilleure formule serait l'utilisation à grande échelle de la norme Z39.50,
norme nationale américaine utilisée par exemple pour la consultation du
catalogue de la Library of Congress. La norme Z39.50 définit un protocole pour
la recherche documentaire d'un ordinateur à un autre. L'utilisateur d'un système
peut ainsi rechercher des informations chez les utilisateurs d'autres systèmes
utilisant la même norme, sans devoir connaître la syntaxe de recherche utilisée
par ces systèmes. L'Union européenne a entrepris des recherches pour favoriser
l'utilisation de cette norme en Europe.

Parallèlement à ces améliorations techniques, on voit se développer des
catalogues collectifs visant à faire connaître les ressources disponibles à
l'échelon régional, national et international.

Situé sur le site de la Bibliothèque nationale de France, le Catalogue collectif
de France (CCFR) permet de "trouver des informations détaillées sur les
bibliothèques françaises, leurs collections et leurs fonds (anciens, locaux ou
spécifiques), connaître précisément les services qu'elles rendent et interroger
leur catalogue en ligne". A compter du premier trimestre 1999, il permettra
aussi de "localiser des ouvrages (documents imprimés, audio, vidéo, multimédia)
dans les principales bibliothèques et demander le prêt ou la reproduction des
documents" qui seront remis à l'usager dans la bibliothèque de son choix.

Plusieurs réseaux régionaux ont également vu le jour. Voici trois exemples.

Né en 1988, le réseau BRISE (Bibliothèques en réseau informatisé de
Saint-Etienne) dispose d'un catalogue collectif pour les bibliothèques
municipales et celles des établissements d'enseignement supérieur.

Le Pôle européen universitaire et scientifique de Grenoble a mis en place REDOC
(Réseau documentaire du site de Grenoble), disponible sur le Web avec des liens
hypertextes entre le serveur commun et les services répartis, le but étant de
donner accès aux catalogues et aux collections électroniques des bibliothèques
et centres de documentation de l'agglomération grenobloise.

D'autres réseaux se sont développés avec consultation des catalogues et autres
services, par exemple le Réseau des bibliothèques des universités de Toulouse,
le Réseau IRIS pour la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur ou encore RéVOdoc, le
réseau documentaire du Val-d'Oise.

Plusieurs répertoires ont été créés pour accéder aux sites et aux catalogues des
bibliothèques françaises et francophones. Proposé par l'Ecole nationale
supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB) et
réalisé par Thierry Samain, le répertoire des catalogues de bibliothèques
francophones est classé en plusieurs rubriques: bibliothèques générales, arts,
droit et économie, lettres et sciences humaines, médecine, sciences de
l'information et bibliothèques, sciences et techniques. Plusieurs autres
répertoires de catalogues sont recensés dans Sitebib, qui est le résultat de la
coopération entre sites web en bibliothéconomie et sciences de l'information.


8.2. Catalogues de bibliothèques non francophones


Deux catalogues, celui de la British Library et celui de la Library of Congress,
constituent d'excellents outils bibliographiques pour les cybernautes du monde
entier.

En mai 1997, la British Library a lancé OPAC 97, un catalogue en ligne
permettant l'accès libre et gratuit aux catalogues de ses principales
collections à Londres et à Boston Spa. Rassemblées depuis 250 ans, ces
collections représentent 150 millions de documents appartenant à toutes les
civilisations, dans toutes les langues et dans tous les domaines.

Les catalogues présents dans OPAC 97 concernent notamment les livres et
périodiques du Royaume-Uni et de l'étranger, la collection des humanités et des
sciences sociales depuis 1975, notamment un fonds oriental, un fonds hispanique
et une des plus grandes collections européennes sur l'Europe de l'Est et la
Russie, la collection des sciences et technologies et du monde des affaires
depuis 1975, la collection de musique depuis 1980, la collection de périodiques
britanniques et étrangers depuis 1700 (500.000 titres) et la collection de
compte-rendus de conférences depuis 1800 (la plus grande collection mondiale).

A l'heure actuelle, ces différentes collections ont chacune leur propre
catalogue, correspondant souvent à un domaine spécifique. Le Corporate
Bibliographic Programme (CBP) étudie la création d'une seule base de données, à
la fois pour un meilleur développement des collections et pour une meilleure
utilisation du catalogue par les usagers. Le même programme étudie aussi le
remplacement des systèmes informatiques actuels - qui ont maintenant vingt ans -
par un système plus performant à la fois pour les besoins de la bibliothèque et
pour la coopération avec ses nombreux partenaires.

Le catalogue de la Library of Congress est le plus grand catalogue en ligne du
monde, et sa consultation est gratuite, avec menus de consultation en anglais et
en espagnol. On y trouve les références de documents dans de très nombreuses
langues, y compris en français.

La recherche s'effectue au moyen de la norme Z39.50 et suivant quatre procédés:
recherche par mots, recherche par liste, recherche par commandes par le biais de
Telnet pour la connexion à LOCIS (Library of Congress Information System), et
recherche par l'Experimental Search System (ESS).

La recherche par mots peut s'effectuer à deux niveaux: recherche simple et
recherche avancée.

La recherche simple est effectuée par titre (tout ou partie du titre, du
sous-titre ou de la mention de responsabilité) ou par auteur personnel (un seul
auteur). Elle permet l'accès aux principaux catalogues de la Library of
Congress: le catalogue des livres, les catalogues des documents informatiques
(notices bibliographiques des logiciels et documents en langage informatique),
les catalogues des documents en cours de traitement, les catalogues JACKPHY
(notices bibliographiques des publications en caractères autres que les
caractères romains: japonais, arabe, chinois, coréen, persan, hébreu et
yiddish), le catalogue des manuscrits, le catalogue des cartes, le catalogue de
la musique, le catalogue des périodiques et le catalogue des documents visuels,
soit environ 6,3 millions de notices.

La recherche avancée permet la combinaison de critères multiples à l'aide
d'opérateurs boléens (and, or, and not, correspondant aux opérateurs boléens
français: et, ou, sauf).

Le moyen le plus rapide de trouver un document est l'utilisation du LCCN
(Library of Congress control number), de l'ISBN (international standard book
number) ou de l'ISSN (international standard serial number). Si on ne dispose
pas d'un de ces nombres, on peut combiner les éléments suivants: titre, auteur
personnel, auteur collectif, collection, sujet ou note, en utilisant un mot, une
liste de mots ou une expression. Un mot est défini comme un groupe de caractères
sans espace. Une liste de mots est définie comme deux ou plusieurs mots séparés
par un espace, sans exigence concernant l'ordre des mots. Une expression est
définie comme un ou plusieurs groupes de caractères séparés par des espaces et
dans lesquels l'ordre des mots doit être respecté.

La recherche avancée donne accès au catalogue des autorités pour les noms et les
sujets (environ 4 millions de notices en 1997), le National Union Catalog
(publications cataloguées par d'autres bibliothèques et non encore intégrées aux
collections de la Library of Congress) et le catalogue PreMARC (notices
cataloguées antérieurement aux dates officielles auxquelles les différents
catalogues ont débuté).

La recherche par liste permet une première sélection au moyen d'un index
alphabétique des termes utilisés dans les catalogues de la Library of Congress:
livres, périodiques (magazines, journaux et autres publications paraissant de
manière régulière et continue), documents cartographiques (cartes, atlas, etc.)
et microformes. Les renvois utilisés dans la recherche par sujet sont également
indiqués dans l'index alphabétique. On peut effectuer la recherche par sujet,
auteur (personnel ou collectif), nom de conférence, titre, nom de périodique,
classification de la Library of Congress (qui correspond à une partie de la
cote) ou numéro de la classification décimale de Dewey. On peut également
rechercher le "numéro d'identité" exact du document, par exemple l'ISBN
(international standard book number), l'ISSN (international standard serial
number) ou le LCCN (Library of Congress control number).

La Library of Congress a également lancé l'Experimental Search System (ESS), qui
est un système permettant de consulter tout un ensemble de catalogues grâce une
seule interface composée de plusieurs pages de recherche (simple, avancée, par
nombre ou par liste) et plusieurs pages de résultats (avec une liste de notices
abrégées ou bien des notices complètes), en liaison avec des fichiers d'aide en
ligne. Son but est de favoriser une recherche plus intuitive que celle du
traditionnel OPAC (online public access catalogue), grâce à la synergie entre le
lien de l'hypertexte et l'engin de recherche spécifique InQuery créé par la
société Sovereign Hill Software.

La consultation de l'OPAC par le biais du traditionnel catalogue en ligne est
cependant encore indispensable puisque plusieurs catalogues de livres et la
plupart des catalogues de "non-livres" (microformes, articles, manuscrits, etc.)
ne sont pas encore présents dans l'ESS. Le menu de recherche avancée précise les
bases de données et les collections disponibles par rubrique, et la quantité de
documents pour chaque rubrique.

Le 20 décembre 1998, l'ESS comprend les notices de 9,5 millions de livres,
incluant les notices JACKPHY (notices en japonais, arabe, chinois, coréen,
persan, hébreu et yiddish), 825.664 périodiques, 278.771 documents visuels tels
que films, films fixes ou vidéos, 68.135 images et photos, 209.142
enregistrements sonores et partitions musicales, 171.756 cartes, 10.698
manuscrits et 6.318 logiciels. Les notices de 140.000 photos et manuscrits de la
National Digital Library Program's American Memory sont reliées à plus de 70.000
photos et images numériques disponibles en ligne. Grâce à l'indexation des
oeuvres sélectionnées et classées par l'Universal Library de l'Université
Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), l'ESS procure aussi les liens
au texte intégral de 2.500 oeuvres en ligne disponibles sur différents sites.

L'intérêt d'un tel catalogue est expliqué sur le site web: c'est sa capacité à
montrer les relations existant entre les termes en texte libre, le vocabulaire
contrôlé (par exemple les principaux sujets de la Library of Congress) et les
schémas de classification. Comme, de plus en plus, les textes de documents
gouvernementaux ou du domaine public seront disponibles en ligne, ils seront
reliés aux notices bibliographiques afin d'être accessibles par un seul point
d'entrée. Cette nouvelle infrastructure préfigure une bibliothèque électronique
nationale. Comme on l'a vu plus haut, l'ESS ne remplace pas les catalogues
traditionnels, mais le fait qu'il permette l'accès immédiat aux textes et
documents numériques permettra d'encourager la migration des catalogues
traditionnels dans cette direction.

L'ESS préfigure ce que sera le catalogue à l'avenir: non plus seulement un
ensemble de notices qui sont le prélude à un parcours du combattant pour trouver
les documents, le plus souvent par prêt interbibliothèques, mais un ensemble de
notices qui permettront l'accès immédiat au texte intégral du document.

Gérées par des sociétés privées, les bases commerciales telles que Dialog,
LEXIS-NEXIS ou UnCover préfigurent aussi ce que sera la recherche numérique de
demain, en attendant que les organismes publics prennent le relais. Depuis
plusieurs années, ces bases associent catalogues et documents en ligne (ou
envoyés par télécopieur dans le cas de UnCover). Leur seul défaut, et de taille,
est que leurs coûts sont vite prohibitifs pour un particulier (et ce malgré un
compteur permettant de consulter en continu la somme facturée afin d'éviter les
mauvaises surprises!).

Gérée par Knight-Ridder Information, la Dialog Corporation comprend un certain
nombre de bases documentaires dont la plus connue, Dialog, regroupe 450 bases de
données sur le monde des affaires, l'industrie, l'actualité, les droits et
brevets, la chimie, l'environnement, les sciences et techniques et les outils de
référence. Une recherche par mots-clés permet d'opérer une sélection dans les
dizaines de milliers de documents disponibles. Le serveur donne ensuite une
liste bibliographique de tous les documents correspondant à la recherche lancée.

Les avantages de cette recherche automatisée sont énormes si on pense aux
centaines de tables des matières ou d'index qu'il faudrait parcourir pour
arriver au même résultat. A partir de cette bibliographie, on peut ensuite
sélectionner quelques documents et demander leur envoi par voie informatique. Là
aussi, le service est très coûteux. C'est la raison pour laquelle les services
documentaires contrôlent de près les requêtes de leurs usagers sur Dialog.

LEXIS-NEXIS est un fournisseur international de services d'information et
d'outils de gestion (en ligne, sur Internet, sur CD-ROM et sur support papier) à
l'intention des professionnels du droit, de l'actualité et des affaires. Avec
des clients dans plus de 60 pays, la société fait partie de Reed Elsevier
(Londres), grande société d'édition et d'information.

Proposé par la CARL Corporation, UnCover permet de se procurer des articles
provenant de 17.000 périodiques couvrant tous les domaines depuis 1988. Si
l'envoi d'articles est payant, la recherche dans la base de données, les tables
des matières des périodiques et l'index par mots-clés est gratuite.

Coût excepté, ces trois bases commerciales sont un exemple de ce que peuvent
être les catalogues de demain, qui trouveront tout leur sens quand ils donneront
accès aux documents numérisés.


8.3. Catalogues collectifs mondiaux


Internet, réseau mondial, rend possible la gestion de catalogues à l'échelle
internationale. C'est ce que font deux associations basées aux Etats-Unis, le
OCLC Online Computer Library Center et le Research Library Information Network
(RLIN), qui gèrent des "réservoirs" de notices alimentés par les bibliothèques
adhérentes, ce qui permet aux bibliothécaires d'unir leurs forces par-delà les
frontières.

Le OCLC Online Computer Library Center est une association à but non lucratif
proposant à ses membres - le plus souvent des bibliothèques et centres de
documentation - toute une gamme de services avec deux objectifs: favoriser
l'accès à l'information à l'échelon international et réduire les coûts
correspondants.

Mais, dans l'esprit de nombreux bibliothécaires et documentalistes, le sigle
OCLC est d'abord synonyme de catalogue. Depuis 1971, OCLC gère le OCLC Online
Union Catalog, qui est devenu le plus grand catalogue collectif mondial avec ses
38 millions de notices en 370 langues (avec translitération pour les caractères
non-romains) et ses 25.000 bibliothèques adhérentes. L'accroissement annuel est
de 2 millions de notices. Les huit formats bibliographiques utilisés
correspondent aux types de documents suivants: livres, périodiques, documents
visuels, cartes et plans, documents mixtes, enregistrements sonores, partitions
et documents informatiques.

Le but du OCLC Online Union Catalog part d'une idée simple propre à tous les
catalogues collectifs: gagner du temps en évitant à de multiples catalogueurs de
cataloguer la même publication au même moment. L'idée géniale était d'utiliser
Internet et d'étendre le catalogue collectif au monde entier. Si le catalogueur
trouve la notice, il la copie pour sa propre base. S'il ne trouve pas la notice,
il la crée, et cette notice est aussitôt disponible pour les catalogueurs
suivants. La même règle vaut pour les catalogueurs de Paris (France), Tokyo
(Japon) ou Canberra (Australie).

Contrairement à RLIN qui, lui, propose plusieurs notices pour le même document
dans la mesure où celui-ci a été catalogué par différentes bibliothèques, OCLC
enregistre seulement la première notice et demande instamment à ses adhérents de
ne pas créer de double. Ceux-ci sont tenus d'utiliser la notice existante quand
un document a déjà été catalogué, et ils ne créent une notice sur le réseau
qu'après avoir vérifié l'absence d'une notice pour le document en question. Les
notices sont créées en format USMARC (US machine readable catalog) selon les
normes de catalogage AACR2 (Anglo-American cataloguing rules, version 2). Les
notices de base disponibles sur le réseau ne peuvent être modifiées que par les
bibliothèques habilitées à le faire parce qu'elles disposent d'une équipe de
catalogueurs très expérimentés.

OCLC vit le jour en 1967. En 1967, les présidents des collèges et universités de
l'Ohio fondèrent le Ohio College Library Center (OCLC) afin de développer un
système informatisé permettant aux bibliothèques des institutions universitaires
du même Etat de partager leurs ressources et de réduire ainsi leurs coûts de
fonctionnement. Les premiers bureaux d'OCLC furent installés dans la
bibliothèque centrale de la Ohio State University (OSU), et le OSU Research
Center hébergea la première salle informatique d'OCLC. C'est à partir de cette
implantation dans le monde universitaire que Frederick G. Kilgour, le premier
président d'OCLC, fit passer OCLC d'un système informatique régional à
destination de 54 établissements universitaires appartenant au même Etat à un
réseau informatique couvrant le monde entier. En 1981, tout en gardant le même
sigle, le Ohio College Library Center devint le OCLC Online Computer Library
Center.

Une forte proportion des 25.000 bibliothèques participantes est située en
Amérique du Nord. Ces bibliothèques appartiennent à des réseaux régionaux
regroupant chacun plusieurs états pour les Etats-Unis ou plusieurs provinces
pour le Canada. OCLC vise maintenant à développer le nombre de ses adhérents
dans d'autres pays et continents. Les bibliothèques adhérentes recoivent les
services d'OCLC grâce à OCLC Asie et Pacifique, OCLC Europe, OCLC Amérique
Latine et Caraïbes, ou bien par le biais de distributeurs internationaux.

Outre la gestion du OCLC Online Union Catalog, OCLC propose des services tels
que le catalogage, la gestion des acquisitions, le contrôle d'autorités, l'envoi
de documents suite à une demande de prêt interbibliothèques, la référence en
ligne, la recherche spécialisée dans les nouvelles technologies, le microfilmage
et la scannérisation des documents. OCLC dispose aussi d'une maison d'édition,
Forest Press, et d'une filière commerciale, Information Dimensions. Forest Press
publie notamment la Dewey Decimal Classification, classification utilisée dans
les bibliothèques publiques pour le classement des documents. Information
Dimensions fournit des logiciels de gestion documentaire et éditoriale et des
logiciels d'archivage électronique.

OCLC dispose également d'un service appelé NetFirst, qui répertorie, classe,
catalogue et indexe les ressources disponibles sur Internet (articles complets,
journaux électroniques, lettres d'information, sites gopher et catalogues de
bibliothèques) et donne un résumé pour chacune d'elles. Les URL (uniform
resource locators) des sites, les adresses électroniques et les forums de
discussions sont formatés en liens hypertextes.

A la fois complémentaire et différent du catalogue d'OCLC, le gigantesque
catalogue du Research Libraries Information Network (RLIN) comprend 82 millions
de notices. Il est géré par le Research Libraries Group (RLG), une association à
but non lucratif qui rassemble les organismes souhaitant améliorer l'accès à
l'information dans les domaines de l'enseignement et de la recherche.

Des centaines de bibliothèques de recherche, dépôts d'archives, musées,
bibliothèques universitaires, bibliothèques publiques, bibliothèques de droit,
bibliothèques techniques et bibliothèques d'entreprise utilisent RLIN pour le
catalogage, le prêt interbibliothèques et le contrôle des archives et des
manuscrits. Catalogue collectif en ligne regroupant les notices de tous les
organismes adhérents, RLIN est à la fois un système de recherche documentaire et
une base de données internationale d'information bibliographique. 365 langues y
sont représentées, et les notices sont également disponibles dans les alphabets
des langues JACKPHY (japonais, arabe, chinois, coréen, persan, hébreu et
yiddish) et du cyrillique.

RLIN inclut aussi l'English Short Title Catalogue (ESTC) et des fichiers
d'autorités.

L'English Short Title Catalogue (ESTC) donne les descriptifs des publications
anglaises ou de langue anglaise publiées entre 1473 et 1800. Ce catalogue
"contient les notices de tous types de documents publiés en Grande-Bretagne ou
dans ses colonies ou publiés en langue anglaise n'importe où dans le monde, et
qui vont des oeuvres de Shakespeare et de La Bible du roi Jacques aux ballades
et écrits anonymes". Précédemment appelée Eighteenth-Century Short Title
Catalogue, la base, qui s'est fortement accrue en 1994 avec l'ajout de 75.000
notices de documents publiés avant 1701, a été rebaptisée English Short Title
Catalogue. Ce catalogue d'environ 500.000 notices s'enrichit tous les jours de
nouvelles notices provenant principalement de l'ESTC/Amérique du Nord et de la
British Library.

Les fichiers d'autorités de RLIN comprennent le thésaurus d'art et
d'architecture, le fichier d'autorités des auteurs personnels et collectifs de
la Library of Congress et le fichier d'autorités des sujets, constitué des
mots-clés et des renvois établis par la Library of Congress.

RLIN est notamment très prisé dans le domaine de l'histoire de l'art. Il
rassemble les 65 bibliothèques américaines spécialisées dans les mêmes domaines,
y compris des bibliothèques de musées. Le réseau compte 100.000 notices de
catalogues d'expositions et 168.500 enregistrements de documents tels que
photographies, diapositives, dessins, estampes ou affiches. Il inclut aussi les
110.000 notices de la base bibliographique Scipio, consacrée aux catalogues de
ventes. Relié à d'autres bases de données, il permet par exemple de consulter la
liste des thèses américaines.


8.4. L'avenir des catalogues en ligne


L'avenir des catalogues en réseau tient à l'harmonisation du format MARC
(machine readable catalogue), qui est la norme utilisée pour le stockage et
l'échange de notices bibliographiques. Le terme "catalogue" prête ici à
confusion puisque le format MARC n'est ni un type de catalogue, ni une méthode
de catalogage, mais seulement un ensemble de codes correspondant à chaque partie
de la notice bibliographique pour permettre son traitement informatique.

Une vingtaine de versions MARC a vu le jour depuis le début des années
soixante-dix: INTERMARC en France, UKMARC au Royaume-Uni, USMARC aux Etats-Unis,
CAN/MARC au Canada, etc., correspondant chacune aux pratiques nationales de
catalogage. Toutes ces versions posent de nombreux problèmes pour les échanges
de données, si bien qu'on a créé UNIMARC pour disposer d'un format intermédiaire
international. Les notices dans le format MARC d'origine sont d'abord converties
en UNIMARC avant d'être converties à nouveau dans le format MARC de destination.

Dans le monde anglophone, la British Library (qui utilise UKMARC), la Library of
Congress (qui utilise USMARC) et la Bibliothèque nationale du Canada (qui
utilise CAN/MARC) sont en train d'harmoniser leurs formats MARC nationaux. Un
programme de trois ans a été instauré en décembre 1995 pour mettre au point un
format MARC commun aux trois bibliothèques.

Parallèlement, dans le contexte du Programme des bibliothèques lancé par l'Union
européenne, l'accent a été mis en 1996 sur l'utilisation du format UNIMARC comme
format commun d'échange entre tous les formats MARC utilisés par les
bibliothèques européennes. Le groupe de travail constitué a étudié aussi les
problèmes posés par les différentes polices de caractères, ainsi que la relation
entre le format bibliographique et le format du document quand celui-ci sera
disponible en ligne.

Certains préconisent l'utilisation de SGML (standard generalized markup
language) comme format commun aux notices bibliographiques et aux documents
hypertextuels et multimédias correspondants.

Comme la plupart des éditeurs stockent déjà des documents en format SGML, on
songe à faire converger MARC et SGML. La Library of Congress a réalisé la DTD
(definition of type of document, qui en définit la structure logique) pour le
format USMARC, parce qu'elle sera sans doute de plus en plus amenée à vendre des
données à la fois en SGML et en USMARC. Une DTD pour le format UNIMARC est
également développée dans le cadre d'un projet de l'Union européenne. Dans son
mémoire L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet, Thierry Samain
mentionne l'adoption du format SGML par certaines bibliothèques pour encoder
leurs données bibliographiques. Dans le catalogue collectif belge par exemple,
l'utilisation de SGML permet d'ajouter des éléments descriptifs issus du format
MARC et d'autres types de formats. Elle permet aussi de faciliter la production
du CD-ROM annuel.

Dans Digital Literacy (New York, Wiley, 1997), Paul Gilster se demande si les
moteurs de recherche d'Internet seront les catalogues de demain, ce qui n'est
guère possible à l'heure actuelle: contrairement au système commun d'indexation
propre aux bibliothèques américaines, chaque engin de recherche a sa propre
méthode d'indexation, et l'usager doit se familiariser avec elle afin d'en tirer
le meilleur parti.

Ceci dit, les remarques que fait Paul Gilster sur les engins de recherche
d'Internet sont applicables aussi aux catalogues des bibliothèques vus à
l'échelon mondial. Pour indexer leurs documents, un certain nombre de
bibliothèques tentent d'harmoniser leurs mots-matière en utilisant par exemple
ceux de la Library of Congress dans le monde anglophone ou ceux de RAMEAU
(répertoire d'autorités matières encyclopédique et alphabétique unifié) ou de la
Bibliothèque nationale du Canada dans le monde francophone. Malgré ces
tentatives d'harmonisation, on ne compte pas le nombre de thésaurus utilisés de
par le monde. Le meilleur test est une recherche par sujets dans le OCLC Union
Library Catalog pour être persuadé du fait que l'absence d'un thésaurus
universel est vraiment problématique.

Les bibliothèques auraient un gigantesque effort à fournir pour harmoniser leurs
thésaurus ou leurs listes de mots-matière. En Europe, un thésaurus multilingue
serait également indispensable, puisque chacun indexe en général ses
publications dans sa propre langue. Le travail est titanesque. Puisque les
bibliothèques et Internet sont destinés à collaborer étroitement, pourquoi ne
pas envisager une liste multilingue commune à partir des meilleurs outils
existant dans les deux domaines?

Un autre problème est celui de l'harmonisation des logiciels. En Europe, l'Union
européenne a lancé le projet OPAC Network in Europe (ONE), pour un meilleur
accès des OPAC (online public access catalogues) et des catalogues nationaux des
bibliothèques européennes.

Réalisé entre janvier et décembre 1997, ONE a rassemblé 15 organismes dans 8
pays européens. Son objectif était de produire un logiciel permettant
l'interaction entre les logiciels existants, de façon à n'avoir qu'un seul point
d'accès par lequel les usagers d'un pays donné puissent se connecter aux
catalogues des bibliothèques d'autres pays. Le but était à la fois d'encourager
l'interconnexion entre les bibliothèques européennes pour une plus grande
coopération et de résoudre les problèmes liés aux divers formats de notices et
aux différentes polices de caractères. Le projet était également basé sur
l'utilisation de protocoles internationaux comme la norme Z39.50.

Comme c'est eux qui, à terme, permettront l'accès au documents, les catalogues
informatiques doivent être aussi parfaits que possible. On peut même rêver à des
catalogues communs aux bibliothèques, aux librairies et aux éditeurs. Du fait de
la rigueur et du professionnalisme qu'il implique, le catalogage est devenu un
métier à part entière. La notice minimale: auteur, titre, éditeur fait
maintenant place à une notice plus complexe régie par des normes internationales
permettant un meilleur échange de données. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si
la réputation d'une bibliothèque s'appuie en partie sur la qualité de son
catalogue. Il est sa colonne vertébrale, et le sera de plus en plus avec le
développement des cyberbibliothèques.


9. PERSPECTIVES


[Dans ce chapitre:]

[9.1. Propriété intellectuelle / 9.2. Droit du cyberespace / 9.3. Document
imprimé et/ou électronique / 9.4. Numérisation et convergence multimédia / 9.5.
La société de l'information]

Plutôt qu'une conclusion, difficile à envisager pour un sujet aussi neuf, on
parlera plutôt de perspectives puisque, comme on l'a vu dans les chapitres
précédents, Internet ouvre de nombreuses perspectives - avec son lot de
problèmes à résoudre - dans tous les secteurs de l'imprimé.

Tout auteur a désormais la possibilité de faire connaître ses oeuvres en créant
un site web, sans attendre de trouver un éditeur pour être publié, et il peut
facilement échanger avec ses lecteurs grâce au courrier électronique.

Les cyberlibraires ont non seulement la possibilité de vendre les livres publiés
dans leur propre pays, mais aussi celle de vendre des livres étrangers ou bien
de vendre à l'étranger des livres publiés dans leur propre pays. Il leur faut
encore convaincre les associations d'éditeurs ou de libraires dits
"traditionnels" pour faire disparaître les frontières dans la vente de livres.
Les lecteurs ont à leur disposition des extraits ou parfois même le texte
intégral des nouveautés, qu'ils peuvent "feuilleter" tout à loisir à domicile.
Plusieurs cyberlibrairies offrent aussi un véritable magazine littéraire avec un
contenu éditorial chaque jour différent.

Les gestionnaires de catalogues peuvent enfin voir se concrétiser la possibilité
de donner accès au texte du document à partir de sa notice bibliographique. Ceci
est déjà vrai pour quelques milliers d'oeuvres appartenant au domaine public et,
les cyberbibliothèques continuant de se développer rapidement, le mouvement ira
en s'amplifiant. On étudie aussi la possibilité d'accéder au texte intégral de
documents dits commerciaux moyennant une taxe correspondant au droit d'auteur,
sans avoir recours à des prestataires aux tarifs souvent prohibitifs.

Les bibliothèques ont un nouvel outil de travail pour faire connaître leurs
collections et développer des projets permettant de tisser davantage de liens
avec leurs usagers réels et potentiels. Grâce à Internet, elles disposent aussi
de la plus grande encyclopédie qui soit pour leur personnel et leurs lecteurs.

De nombreux journaux et magazines sont maintenant en ligne, avec des extraits ou
l'intégrale de leur dernier numéro, ainsi que des dossiers sur les sujets
d'actualité et les archives des numéros précédents. On assiste aux balbutiements
d'une presse en ligne qui se voudrait différente de la presse papier. Quant aux
périodiques spécialisés, rejoints par les éditeurs d'ouvrages universitaires et
de recherche, ils songent à Internet comme une solution possible pour sortir de
la crise éditoriale.

En plus de l'encyclopédie bouillonnante et multilingue que constitue Internet,
tous les professionnels du livre ont désormais la possibilité d'un échange accru
avec autant de correspondants qu'ils le souhaitent grâce au courrier
électronique et aux forums de discussion.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Christiane Jadelot, ingénieur
d'études à l'INaLF-Nancy (INaLF: Institut national de la langue française),
racontait ses premiers pas sur Internet:

"J'ai commencé à utiliser vraiment l'Internet en 1994, je crois, avec un
logiciel qui s'appelait Mosaic. J'ai alors découvert un outil précieux pour
progresser dans ses connaissances en informatique et linguistique,
littérature... Tous les domaines sont couverts. Il y a le pire et le meilleur,
mais en consommateur averti, il faut faire le tri de ce que l'on trouve. J'ai
surtout apprécié les logiciels de courrier, de transfert de fichiers, de
connexion à distance. J'avais à cette époque des problèmes avec un logiciel qui
s'appelait Paradox et des polices de caractères inadaptées à ce que je voulais
faire. J'ai tenté ma chance et posé la question dans un groupe de News
approprié. J'ai reçu des réponses du monde entier, comme si chacun était
soucieux de trouver une solution à mon problème! Je n'étais pas habituée à ce
type de solidarité! Les habitudes en France sont plutôt de travailler avec des
cloisons étanches!"

Pour une fois, un nouvel outil (relativement) économique abolit à la fois les
frontières et les distances puisque, que le cybernaute soit connecté à Paris, à
Cuba ou à Hong-Kong, le tarif de connexion est celui d'une communication
téléphonique locale. Nombreux sont les professionnels qui assistent ou
participent à la création d'une toile artistique, scientifique ou littéraire
francophone et multilingue abolissant les barrières de la distance et du temps.

Le bouleversement du monde de l'imprimé par Internet entraîne des perspectives
nouvelles pour la propriété intellectuelle, le droit du cyberespace et l'édition
électronique. La convergence multimédia entraîne elle aussi des changements
majeurs dans les métiers du livre. Que nous réserve la société de l'information
dont nous vivons les premières années?


9.1. Propriété intellectuelle


Qu'est-ce qu'un texte du domaine public? L'Association des bibliophiles
universels (ABU), qui propose une cyberbibliothèque d'oeuvres du domaine public
francophone, répond à cette question sur son site web: en France, un texte tombe
dans le domaine public cinquante ans après la mort de son auteur. Les années de
guerre (1914-1919 et 1938-1948) comptent double. Quand un texte appartient au
domaine public, il peut être diffusé et reproduit, mais non mutilé ou déformé
puisque le droit moral de l'auteur (paternité et respect de l'oeuvre) est
intemporel. Même si une oeuvre est du domaine public, une édition donnée de
cette oeuvre n'est pas pour autant libre de reproduction si elle est récente. La
traduction, l'appareil critique (notes, préface, etc.) et l'appareil éditorial
(tables, index, pagination) sont soumis au droit d'auteur.

Les sites web sont également soumis au droit d'auteur. Sur le site consacré à sa
bibliothèque électronique Gallica, inaugurée en 1997, la Bibliothèque nationale
de France donne les précisions suivantes:

"En application de la loi française 92-597 du 1er juillet 1992, portant code de
la propriété intellectuelle, la Bibliothèque nationale de France est titulaire
des droits d'auteur sur le site dénommé 'Gallica' et la base de données ainsi
constituée. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite
sans le consentement de la Bibliothèque nationale de France est illicite, et
constitue une contrefaçon sanctionnée pénalement."

Le texte de la loi 92-597 du 1er juillet 1992, qui régit le droit d'auteur
français, précise notamment que "l'auteur jouit sa vie durant du droit exclusif
d'exploiter son oeuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit
pécuniaire. Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants
droit, pendant l'année civile en cours et les cinquante années qui suivent."

Michael Hart, fondateur du Projet Gutenberg, grande cyberbibliothèque
anglophone, explique aux volontaires fournissant des textes quelles sont les
règles à suivre pour déterminer si un document appartient au domaine public et
s'il peut donc faire partie des collections de la bibliothèque.

Aux Etats-Unis, une oeuvre publiée avant 1978 est sujette au droit d'auteur
pendant soixante-quinze ans après la date de publication. Après 1978, elle est
sujette au droit d'auteur cinquante ans après la date du décès de l'auteur s'il
s'agit d'un auteur personnel et soixante-quinze ans après la date de publication
s'il s'agit d'un auteur collectif. Au Royaume-Uni, l'oeuvre est sujette au droit
d'auteur pendant cinquante ans après le décès de l'auteur.

L'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) est une
organisation intergouvernementale qui fait partie des seize institutions
spécialisées du système des Nations Unies. Elle est chargée de promouvoir la
protection de la propriété intellectuelle à travers le monde grâce à la
coopération des États et d'assurer l'administration de divers traités
multilatéraux touchant aux aspects juridiques et administratifs de la propriété
intellectuelle.

L'OMPI définit la protection du droit d'auteur de la façon suivante:

"La protection du droit d'auteur signifie en général que certaines utilisations
de l'oeuvre ne sont licites que si elles sont autorisées par le titulaire du
droit d'auteur. Les plus typiques sont: le droit de copier ou de reproduire
n'importe quel genre d'oeuvre; le droit de diffuser des exemplaires dans le
public; le droit de louer des exemplaires, du moins pour certaines catégories
d'oeuvres (telles que les programmes d'ordinateur et les oeuvres
audiovisuelles); le droit de faire des enregistrements sonores de
représentations ou d'exécutions d'oeuvres littéraires ou musicales; le droit de
représenter ou d'exécuter en public, spécialement des oeuvres musicales,
dramatiques ou audiovisuelles; le droit de communiquer au public, par câble ou
autrement, les représentations ou exécutions de ces oeuvres et, en particulier,
de transmettre par radio, télévision ou par d'autres moyens sans fil toutes
sortes d'oeuvres; le droit de traduire des oeuvres littéraires; le droit de
louer, notamment, des oeuvres audiovisuelles, des oeuvres matérialisées dans des
phonogrammes et des programmes d'ordinateur; le droit d'adapter toutes sortes
d'oeuvres et en particulier le droit d'en faire des oeuvres audiovisuelles."

En résumé, la règle générale est un délai de protection qui commence à la
création de l'oeuvre et qui expire cinquante ans (parfois soixante-dix ou
soixante-quinze ans en fonction des pays) après la mort de l'auteur. Dans
certains pays, on observe des exceptions, soit pour certaines catégories
d'oeuvres (par exemple les photographies et les oeuvres audiovisuelles), soit
pour certains usages (par exemple la traduction).

Le site de l'International Trade Law (ITL) permet l'accès à l'ensemble des
textes et documents du Web ayant trait à la propriété intellectuelle, ainsi que
ceux concernant particulièrement l'Union européenne.

L'arrivée en force des textes électroniques a rendu le problème du droit
d'auteur encore plus complexe qu'il n'était. De par le monde, nombre d'auteurs,
d'éditeurs, de journalistes, etc., étudient fébrilement comment venir à bout de
la complexité du problème. Très attendue, la résolution de ce problème permettra
une interaction encore plus grande entre le monde de l'imprimé et celui
d'Internet en permettant la communication à grande échelle de livres et revues
dans leur version électronique intégrale, et en réduisant parallèlement le
nombre de documents sur support papier.

La communication de textes intégraux a déjà été amorcée dans nombre de
cyberbibliothèques, sites d'éditeurs, sites de presse, sites de littérature,
etc. Pour le moment, les cyberbibliothèques et les sites littéraires offrent le
plus souvent les textes intégraux d'oeuvres tombées dans le domaine public,
puisqu'ils se heurtent à la barrière infranchissable du paiement du droit
d'auteur. Certains éditeurs comme la National Academy Press (NAP) offrent le
texte intégral de certaines publications avec l'accord de leurs auteurs. Par
contre, les journalistes voient souvent leurs articles réutilisés sans en en
avoir donné l'autorisation.

Il est évident que le piratage de l'information est beaucoup plus facile sur
Internet que par les moyens traditionnels. Dans le cas d'un article par exemple,
les moyens traditionnels exigeaient qu'on photocopie l'article puis qu'on le
télécopie ou qu'on l'envoie par courrier au destinataire. Il fallait donc
absolument disposer d'une photocopieuse et d'un télécopieur ou bien, dans le cas
d'un particulier, aller faire des photocopies à la poste ou au supermarché du
quartier, trouver une enveloppe et un timbre, puis faire le trajet jusqu'à la
boîte aux lettres (solution moins onéreuse en ce qui concerne l'équipement en
machines, mais on n'imagine pas le nombre de documents dont l'envoi promis a été
remis jour après jour pour être finalement oublié). Désormais, ceux qui sont
connectés à Internet n'ont besoin que de quelques clics de souris pour
localiser, reproduire et envoyer un document quel qu'il soit.

Par ailleurs, la preuve tangible de la propriété intellectuelle n'est plus du
tout aussi évidente. Jusqu'à une époque récente, la page dactylographiée ou
imprimée constituait la preuve physique de l'information protégée par le droit
d'auteur. Depuis quelques années, cette sécurité légale s'est effondrée, ce qui
ajoute encore à la complexité du débat de fond sur le contrôle des droits
électroniques. Le débat est rendu plus difficile encore par le fait que chaque
document peut être accompagné de liens hypertextes le reliant par exemple à
d'autres documents du même auteur ou à des documents rédigés par d'autres
auteurs sur le même thème. Pire encore, chaque site dispose de liens hypertextes
avec des dizaines ou des centaines d'autres sites qui eux aussi autorisent
l'accès aux dits documents au moyen de quelques clics de souris. Une chaîne sans
fin qui, si elle est une manne d'informations pour le cybernaute, représente un
vrai casse-tête pour les auteurs, les éditeurs et les instances chargées de
faire respecter le droit d'auteur.

Le droit d'auteur est à la fois un problème crucial et une des clés de l'édition
électronique. En décembre 1996, à Genève, une conférence mondiale a réuni des
experts de 160 pays sous l'égide de l'Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle (OMPI). Les débats ont abouti au vote de plusieurs textes,
notamment l'adaptation de la Convention de Berne de 1889 sur les droits
littéraires et artistiques, convention dont le dernier amendement datait de
1971. La convention prévoit maintenant la protection des "transmissions et
distributions numérisées". Le stockage d'une oeuvre sous forme numérique
constitue une reproduction. En cas de diffusion sur Internet, l'émetteur est
tenu au respect du droit d'auteur.

Par contre, les délégués n'ont pu se mettre d'accord sur l'extention du droit
d'auteur aux copies électroniques temporaires stockées dans la mémoire vive de
l'ordinateur quand l'utilisateur consulte une page web. Alors que l'OMPI aurait
souhaité que ces reproductions relèvent aussi du droit d'auteur, les
fournisseurs d'accès - qui transmettent plus de 500 millions de messages par
jour - ont menacé de paralyser le réseau si une telle mesure était adoptée. Ils
considéraient qu'ils ne pouvaient être tenus pour responsables de la protection
d'un contenu original qu'ils n'avaient aucun moyen de vérifier.

Au niveau européen, les auteurs de Cyberplanète: notre vie en temps virtuel
(Paris, Editions Autrement, 1998) mentionnaient la publication en 1996 par la
Commission européenne d'un Livre Vert sur le droit d'auteur et les droits
voisins dans la société de l'information. Ces droits recouvrent les oeuvres
imprimées, les films, les oeuvres d'art graphiques et plastiques, les produits
électroniques comme les programmes d'ordinateur, les émissions transmises par
câble ou satellite, les disques, les représentations théâtrales et musicales,
les expositions et ventes aux enchères de revues d'art, les oeuvres
électroniques, les services à la demande et les prestations électroniques à
distance, toutes ces activités représentant 5 à 7% du produit national brut des
quinze pays membres. "Constatant d'importantes disparités' de protection entre
les législations nationales, les auteurs du Livre Vert sont favorables à une
harmonisation à l'échelon européen, même si la mise en oeuvre des dispositions
relève des Etats. Pour en arriver là, il faudra adapter le cadre juridique de
certains d'entre eux." La Commission précise aussi que "ces mesures ne doivent
pas entraîner de modifications radicales du cadre réglementaire existant. C'est
l'environnement dans lequel les oeuvres seront créées ou protégées qui doit
changer."

Lors du Colloque sur la convergence multimédia organisé en janvier 1997 à
Genève, Bernie Lunzer, secrétaire trésorier de la Newspaper Guild (Etats-Unis),
insistait sur les batailles juridiques faisant rage pour défendre la propriété
intellectuelle, notamment à l'encontre des directeurs de publications qui font
tout pour avoir le contrôle et la propriété de celles-ci. Les contrats des
écrivains indépendants sont particulièrement choquants puisqu'ils doivent céder
tous leurs droits au directeur de la publication moyennant une contrepartie
financière ridicule. Heinz-Uwe Rübenach, du Bundesverband Deutscher
Zeitungsverleger (Association allemande de directeurs de journaux), insistait
lui aussi sur la nécessité pour les entreprises de presse de gérer et contrôler
financièrement l'utilisation des articles de leurs journalistes, afin d'avoir
les fonds nécessaires pour continuer d'investir dans ce type de technologie.

En France, le Syndicat national des journalistes (SNJ) lutte pour que les
journalistes aient leur juste part des profits apportés par les nouveaux médias
électroniques. En mars 1998, le SNJ entamait sa troisième poursuite contre un
employeur de la presse écrite pour l'obliger à rétribuer les journalistes dont
les articles sont repris sur le Web. Après avoir poursuivi les Dernières
nouvelles d'Alsace puis le Groupe Havas, le SNJ s'attaquait au Figaro pour
"contrefaçon et exploitation ligitieuse" des articles de la rédaction mis en
ligne sur Internet. Le cyberquotidien Multimédium expliquait:

La poursuite s'appuie sur l'article 9 de la convention collective qui stipule
que "si un journaliste est appelé par son employeur à collaborer à un autre
titre que celui ou ceux auxquels il est attaché, ou à exécuter son contrat de
travail selon un mode d'expression différent, cette modification doit faire
l'objet d'un accord dans les conditions prévues à l'article 20, c'est à dire qu'
'un échange de lettres sera nécessaire chaque fois qu'interviendra une
modification du contrat de travail'. L'employeur ayant décidé de mettre en ligne
les articles sans l'accord des journalistes, et ceux-ci estimant que la
publication en ligne n'est pas la même que l'imprimée à laquelle ils sont liés,
le syndicat estime que la convention collective n'est pas respectée."

Dans Digital Literacy (New York, Wiley, 1997), Paul Gilster précisait que, suite
à l'extension du droit d'auteur à des supports autres que textuels, ceux-ci sont
maintenant apréhendés au niveau international par l' Universal Copyright
Convention (UCC). Adoptée par 70 pays, cette convention protège le droit
d'auteur aussi bien pour les oeuvres d'un pays concerné que pour les oeuvres
étrangères à ce pays. Parallèlement, des organismes travaillent à des projets de
protection du droit d'auteur pour les documents électroniques. Cette protection
exige un logiciel établissant une connexion entre les tenants de la propriété
intellectuelle et les usagers, afin de permettre de localiser et de conserver la
trace de tout affichage ou copie d'un texte donné, en exploitant par exemple le
pouvoir des engins de recherche pour localiser l'information dans un contexte
universel. Le logiciel déterminerait une taxe qui sera divisée entre l'auteur,
l'éditeur et le service de protection. Paul Gilster donne l'exemple du système
de Digimarc Corporation: un code transparent est attribué à une image numérique,
un document audio ou un document vidéo, et l'utilisation du document entraîne
l'activation de ce code transparent pour le calcul et le paiement du droit
d'auteur.

La solution proposée par Paul Gilster serait une taxe par page ou par unité
d'information. Le paiement basé sur le principe de l'abonnement tel que le
pratiquent par exemple les grands fournisseurs de documents tels que Dialog,
LEXIS-NEXIS ou UnCover serait remplacé par ce que Paul Gilster appelle le
système de la microtransaction. Situés dans de multiples bibliothèques ou
librairies numériques, les documents, qu'ils soient commerciaux ou diffusés
gratuitement par les gouvernements, les organismes ou les individus, seront tous
accessibles sans abonnement. Dans le cas de documents commerciaux, soumis donc
au droit d'auteur, le fait de cliquer sur l'un d'eux générera un système de
paiement qui taxera l'usager uniquement pour les pages qu'il lira, et ainsi de
suite pour tout document du même type. La carte de crédit de l'usager sera
automatiquement débitée de la somme correspondante. Cette somme devant le plus
souvent être distribuée entre différents partenaires, à commencer par l'auteur
et l'éditeur, elle sera donc divisée en microtransactions permettant de
favoriser cette distribution.

Dans le même ordre d'idées, une équipe travaille à la mise en place du DOI
System (DOI: digital object identifier). L'origine du DOI System est la
suivante: Internet représentant un nouvel environnement pour l'industrie du
livre, il est nécessaire de développer des technologies adaptées protégeant à la
fois le consommateur et l'éditeur. Des systèmes devront authentifier le contenu
afin de certifier que l'information fournie au consommateur est bien
l'information demandée. Parallèlement, ils assureront le calcul et le paiement
du droit d'auteur.

En étudiant l'utilité de tels systèmes, les éditeurs d'ouvrages et de
périodiques diffusés à l'échelon international ont réalisé qu'un premier pas
dans ce domaine serait le développement d'un nouveau système d'identification
qui serait utilisé pour tout contenu numérique. Le DOI System procurerait non
seulement une identification unique pour ce contenu, mais aussi un lien entre
les utilisateurs et les tenants des droits du dit contenu, ceci afin de
faciliter le commerce numérique informatisé.

Développé et testé en 1996, le DOI System a d'abord été utilisé par une dizaine
d'éditeurs américains et européens (Academic Press, Authors' Licensing and
Collecting Society, Copyright Clearance Center, Elsevier, Houghton Mifflin
Company, International Publishers Association (IPA), John Wiley & Sons,
Shepard's, Springer-Verlag) dans le cadre d'un programme pilote mis en place
entre juillet et octobre 1997. Lors la Foire du livre de Francfort (Allemagne)
d'octobre 1997, la participation à la deuxième phase du programme a été étendue
à tous les éditeurs qui souhaitaient y participer.

Une fois que le DOI System aura dépassé le stade expérimental, sa gestion sera
assurée par un organisme international à but non lucratif baptisé DOI Foundation
et basé aux Etats-Unis et en Suisse. La fondation accordera les licences aux
gestionnaires du système et à ses fournisseurs en technologie, elle déterminera
la politique à adopter pour le développement du système, et elle encouragera le
développement des technologies nécessaires à la création d'une infrastructure
pour l'édition électronique, comme par exemple le développement des systèmes de
gestion du droit d'auteur.

Dans un article de l'AJR NewsLink (AJR: American Journalism Review) consacré à
la propriété intellectuelle sur le Web, Penny Pagano, journaliste indépendante,
tentait aussi de cerner les problèmes légaux auxquels se heurtent à la fois les
journalistes, les écrivains et les éditeurs sur les droits affectant les
documents électroniques qu'ils produisent ou distribuent.

Elle relatait la création par la National Writers Union (Etats-Unis) d'une
nouvelle agence dénommée la Publications Rights Clearinghouse (PRC). Inspirée du
fonctionnement de l'ASCAP (American Society of Composers, Authors, and
Publishers), qui gère les droits de l'industrie musicale, la PRC recense les
transactions individuelles et paie des royalties aux auteurs dont les articles
sont réutilisés. Ces royalties correspondent au droit d'auteur "secondaire".
Pour 20 dollars (120 FF environ), les auteurs indépendants qui le souhaitent
peuvent s'inscrire à la PRC, et leurs articles sont alors inclus dans leur
fichier. Plusieurs sociétés se sont également inscrites, notamment UnCover, le
grand fournisseur mondial d'articles de journaux et magazines.


9.2. Droit du cyberespace


Créées pendant l'été 1992 par Paul Southworth et hébergées par l'Information
Technology Division de l'Université du Michigan, les ETEXT Archives rassemblent
des textes électroniques de toutes sortes: textes politiques, textes personnels,
textes sacrés, textes profanes, etc. Elles hébergent en outre gratuitement des
périodiques, oeuvres de fiction, oeuvres politiques, poétiques, religieuses,
etc., à la demande d'auteurs ou d'organismes souhaitant les faire connaître. Les
volontaires qui composent l'équipe s'engagent à ne pas juger le contenu de ces
textes, mais refusent les oeuvres à caractère pornographique.

"Vous êtes responsable des informations diffusées sur vos pages. En cas de non
respect des lois en vigueur, ces informations sont susceptibles d'engager votre
responsabilité civile et/ou pénale. Notamment, vos pages ne doivent pas être à
caractère pornographique, raciste, diffamatoire, informait aussi Mygale (qui a
depuis fusionné avec The (virtual) Baguette pour devenir MultiMania) dans sa
charte à destination des particuliers ou des associations à but non lucratif qui
souhaitaient disposer gratuitement d'un compte sur son serveur.

Comme pour la nétiquette, terme utilisé pour l'étiquette du Net et qui recouvre
l'ensemble de règles de savoir-vivre régissant le réseau, notamment pour le
courrier électronique et les forums de discussion, ce sont d'abord les
cybernautes qui régulent le Web. La prolifération de sites pornographiques,
pédophiles ou pro-nazis a amené la création de logiciels (par exemple Cyber
Patrol, CYBERSitter, Net Nanny, SafeSurf et SurfWatch) pouvant être paramétrés
par les parents et les éducateurs en fonction de l'âge des enfants et du degré
de contrôle souhaité.

Une réglementation est également mise en place pour lutter contre les messages
électroniques non sollicités, appelés spams. En avril 1998, l'Etat de Washington
a proposé une loi prévoyant de "condamner toute personne morale ou physique qui
envoie des messages intempestifs en masse en cachant son identité et en trompant
les destinataires par des titres de messages fallacieux", écrivait Le Micro
Bulletin Actu du 2 avril 1998. La mise en application de cette loi est
intervenue début août, avec un dédommagement de 500 dollars pour les
destinataires de tels messages et une indemnité de plus de 1.000 dollars pour
les fournisseurs d'accès à Internet. Cette loi est le "premier pas vers un cadre
législatif qui pourrait faire école".

Autre problème, un certain nombre d'organismes et de sociétés hésitent encore à
mettre Internet en accès libre parce qu'ils craignent que leurs salariés ne se
ruent sur des sites n'ayant rien à voir avec leur activité professionnelle. On
trouve heureusement plus souvent la tendance inverse. Il est vrai que le fait
d'être connecté pour la première fois provoque souvent une curiosité euphorique
qui a au moins deux mérites: se familiariser très vite avec le Web et avoir une
première approche de ses multiples possibilités. Ce n'est pas parce que le
cybernaute débutant s'initie à Internet en cliquant sur tous les liens
hypertextes qui passent à portée de sa souris qu'il faut lui interdire Internet
à des fins professionnelles. Ce n'est pas non plus parce qu'on jette un coup
d'oeil curieux à Paris-Match en attendant son rendez-vous de dentiste qu'on ne
lit pas aussi Le Nouvel Observateur ou Time Magazine.

Autorité administrative indépendante, la Commission nationale de l'informatique
et des libertés (CNIL) est un organisme public français chargé de veiller à
l'application de la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés,
communément appelée loi "informatique et libertés" (loi n° 78-17 du 6 janvier
1978), dont l'article premier rappelle que "l'informatique doit être au service
de chaque citoyen. Son développement doit s'opérer dans le cadre de la
coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l'identité
humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés
individuelles et publiques." La CNIL veille notamment à ce que la gestion des
fichiers informatiques tienne compte du respect de la vie privée du citoyen.

Parallèlement, la CNIL est en train d'adapter sa mission à Internet, sur lequel
tout cybernaute est facilement repérable. L'annuaire Dejanews, par exemple,
donne la possibilité à un employeur de connaître les forums de discussion
auxquels participe un salarié. Utilisés à l'origine pour des raisons
commerciales pour repérer les sites consultés par un cybernaute et connaître
ainsi ses centres d'intérêt, les outils de filature (adresse IP, applet Java,
cookie ou script CGI) peuvent très bien être servir aussi à d'autres fins
mettant en péril la liberté individuelle et la vie privée. "Sur Internet, il n'y
a pas d'anonymat, prévient aujourd'hui la CNIL. Ce qui impose à chacun d'être
vigilant." Le site donne nombre d'indications pratiques et explique par exemple
comment neutraliser ces outils de filature.

Consacrée aux annuaires des abonnés au téléphone, la délibération du CNIL du 8
juillet 1997 concerne entre autres les projets de basculement de ces annuaires
sur Internet et l'absence de dispositifs de sécurité propres à éviter le
télédéchargement. Des informations personnelles pourraient ainsi être
massivement télédéchargées depuis un pays non soumis à des règles de protection
de données, afin d'être cédées, vendues, stockées, traitées et exploitées sans
garantie ni contrôle. Pour contrer tout télédéchargement, la directive de
l'Union européenne du 24 octobre 1995 devait être transposée dans la législation
de chacun des états membres d'ici la fin 1998. Les transferts internationaux de
données devaient être autorisés seulement si le pays destinataire pouvait
assurer une protection adéquate conforme aux normes européennes.

En ce qui concerne l'inscription à l'annuaire des abonnés au téléphone sur
Internet, la CNIL recommande que la décision soit prise par les utilisateurs
eux-mêmes, comme c'est déjà le cas pour l'inscription sur la liste rouge ou la
liste orange. S'inscrit sur la liste rouge toute personne ne souhaitant pas
figurer sur l'annuaire. 5,6 millions d'abonnés - soit le quart du nombre des
abonnés de France Télécom - y sont inscrits. L'inscription à cette liste est
payante malgré les recommandations de la CNIL qui prône sa gratuité, comme c'est
le cas dans d'autres pays européens. La liste orange, elle, regroupe l'ensemble
des personnes qui, si elles souhaitent être dans l'annuaire, s'opposent à
l'utilisation commerciale de leurs coordonnées. Contrairement à la liste rouge,
l'inscription à la liste orange est gratuite. En ce qui concerne la parution des
coordonnées de l'abonné sur Internet, la CNIL préconise que, après avoir pris
connaissance des caractéristiques du réseau, chaque abonné au téléphone juge
lui-même s'il souhaite voir ses coordonnées apparaître ou non.

Lié à la fois au droit informatique et aux législations balbutiantes d'Internet
tentées par certains gouvernements, le droit du cyberespace est en train
d'émerger d'un monde en ébullition. On tente de redéfinir des domaines
traditionnels tels que la propriété intellectuelle ou la censure. On tente aussi
de définir de nouveaux domaines, comme la responsabilité ou non des fournisseurs
de services Internet vis-à-vis de l'information circulant par leur
intermédiaire.

Depuis ses débuts en septembre 1995, le UCLA Online Institute for Cyberspace Law
and Policy (ICLP) (UCLA: University of California, USA) a les objectifs
suivants: procurer des ressources aux universitaires, praticiens, étudiants et
usagers d'Internet intéressés par le droit du cyberespace, aider à trouver des
solutions aux problèmes propres au cyberespace, identifier les problèmes légaux
et politiques, favoriser le développement du droit du cyberespace en tant que
discipline propre, procurer un moyen de dissémination des idées nouvelles et
favoriser de nouvelles communautés électroniques dans ce domaine.

Proposée par l'ICLP, Cyberspace Law Bibliography, bibliographie très complète
sur le droit du cyberespace, renvoie à des documents ayant trait à de nombreux
domaines: cryptographie, problèmes de juridiction dans le cyberespace, commerce
électronique, communautés électroniques et droit, équité, accès au cyberespace,
liberté d'expression, obscénités et pornographie en ligne, propriété
intellectuelle et droit, droit du copyright, droit intellectuel, respect de la
vie privée et sécurité.

Disponible en allemand, anglais, espagnol, français, occitan et portugais, le
Manifeste du Web indépendant insiste sur la nécessité d'un Web respectueux de la
liberté individuelle et de la diversité culturelle face à la main-mise
croissante des "dynosaures" politiques et commerciaux.

"Le Web indépendant, ce sont ces milliers de sites offrant quelques millions de
pages faites de passion, d'opinion, d'information, mises en place par des
utilisateurs conscients de leur rôle de citoyens. Le Web indépendant, c'est un
lien nouveau entre les individus, une bourse du savoir gratuite, offerte,
ouverte; sans prétention. Face aux sites commerciaux aux messages publicitaires
agressifs, destinés à ficher et cibler les utilisateurs, le Web indépendant
propose une vision respectueuse des individus et de leurs libertés, il invite à
la réflexion et au dialogue. Quand les sites d'entreprises se transforment en
magazines d'information et de divertissement, quand les mastodontes de
l'info-spectacle, des télécommunications, de l'informatique et de l'armement
investissent le réseau, le Web indépendant propose une vision libre du monde,
permet de contourner la censure économique de l'information, sa confusion avec.
[...] Nous invitons donc les utilisateurs à prendre conscience de leur rôle
primordial sur l'Internet: lorsqu'ils montent leur propre site, lorsqu'ils
envoient des commentaires, critiques et encouragements aux webmestres,
lorsqu'ils s'entraident dans les forums et par courrier électronique, ils
offrent une information libre et gratuite que d'autres voudraient vendre et
contrôler. La pédagogie, l'information, la culture et le débat d'opinion sont le
seul fait des utilisateurs, des webmestres indépendants et des initiatives
universitaires et associatives."

Dans un article de Libération daté du 9 janvier 1998, Esther Dyson, présidente
d'EDventure Holdings et personnalité du monde informatique, précisait que, du
point de vue commercial également, Internet devrait être réglementé moins par un
gouvernement central qui en définirait les règles que par plusieurs organismes
mis en concurrence dans l'intérêt du consommateur.

Disponible sur le Web depuis mars 1998, le Manifeste pour un technoréalisme fait
le point sur les relations entre cyberespace et société:

"Plus le cyberespace devient populaire, plus il ressemble à la société réelle
dans toute sa complexité. Chacun des côtés positifs ou habilitants de la vie en
ligne est accompagné de dimensions malicieuses, perverses [...]. Contrairement à
ce que certains prétendent, le cyberespace n'est pas un lieu distinct qui serait
régi par des règles distinctes de celles de la société civile. Les gouvernements
doivent respecter les règles et coutumes nées avec le cyberespace, mais cela ne
veut pas dire pour autant que le public n'a aucun droit sur un citoyen qui
déraille ou une entreprise qui commet une fraude. En tant que représentant du
peuple et gardien des valeurs démocratiques, l'État a le droit et la
responsabilité d'aider à intégrer le cyberespace à la société civile."


9.3. Document imprimé et/ou électronique


L'interaction entre document imprimé et document électronique est maintenant
omniprésente, et elle s'accentuera encore dans les prochaines années, à tel
point qu'il deviendra probablement ridicule d'établir une distinction entre
document électronique et document imprimé. Déjà, à l'heure actuelle,
pratiquement tous les documents imprimés récents sont issus d'une version
électronique sur traitement de texte, tableur ou base de données. De plus en
plus de documents n'existent désormais qu'en version électronique, et de plus en
plus de documents imprimés sont numérisés.

Le Château, par exemple, propose "la mémoire vive des grands auteurs", à savoir
une centaine d'hyperlivres qui sont les versions électroniques des
chefs-d'oeuvre de la littérature classique. Ces hyperlivres sont vendus sur
disquettes avec logiciel de recherche comprenant des outils de lecture tels que
recherche de mots, recherches d'analogies, recherche de citations et lecture
hypertextuelle.

Document électronique? Document numérique? Livre numérique? Livre électronique?
Un vocabulaire adapté reste à définir. Comme l'explique le GIS Sciences de la
cognition (GIS: groupement d'intérêt scientifique) dans Le livre électronique:
réflexion de prospective, rapport de synthèse rédigé par Jean-Gabriel Ganascia,
le terme "livre électronique", souvent utilisé en français, est "à la fois
restrictif et inopportun". Le terme est restrictif parce que le livre désigne
"un support particulier de l'écrit qui est advenu à un moment donné dans
l'histoire" alors que le document électronique comporte à la fois de l'écrit, de
l'image et du son. Le terme est également inopportun parce qu'on ne peut guère
juxtaposer au terme "livre" le terme "électronique", "un nouvel objet immatériel
défini par un ensemble de procédures d'accès et une structuration logique". De
plus, qu'il s'agisse de sa forme exacte ou de sa fonction exacte, le statut même
de ce qu'on appelle "livre électronique" reste encore à déterminer.

Outre sa facilité d'accès et son faible coût, le grand mérite du document
électronique est que, dans le cas où ce document est régulièrement actualisé, le
cybernaute/lecteur dispose toujours en ligne de la version la plus récente du
document. Point n'est besoin d'attendre une nouvelle édition imprimée soumise
aux contraintes commerciales et aux exigences de l'éditeur. On pense notamment à
la diffusion en ligne d'ouvrages et de périodiques éducatifs et scientifiques,
dans lesquels l'information la plus récente est primordiale.

Autre exemple, les universités américaines diffusent des manuels "sur mesure"
composés d'un choix de chapitres sélectionnés dans une très importante base de
données, choix complété par des articles et des commentaires de professeurs.
Pour un séminaire, un très petit tirage peut être effectué à la demande à partir
de textes scientifiques transmis à un imprimeur par voie électronique. L'édition
électronique apparaît donc comme une solution à étudier de près pour les presses
universitaires et les éditeurs axés sur la publication d'ouvrages de recherche.

Lors d'une très intéressante conférence donnée en septembre 1996 dans le cadre
de l'International Federation of Information Processing (IFIP), Dale Spender
tentait de cerner les changements fondamentaux apportés par Internet dans
l'acquisition du savoir et les méthodes d'enseignement. Voici son argumentation
résumée en quelques lignes.

Dans les cinq cents dernières années, l'enseignement était principalement basé
sur l'information donnée par les livres. Or les habitudes liées à l'imprimé ne
peuvent être transférées au monde numérique. L'enseignement en ligne offre des
possibilités tellement nouvelles qu'il n'est guère possible d'effectuer les
distinctions traditionnelles entre enseignant et enseigné. Le passage de la
culture imprimée à la culture numérique exige d'entièrement repenser le
processus d'enseignement, puisque nous avons maintenant l'opportunité sans
précédent de pouvoir influer sur le genre d'enseignement que nous souhaitons.

Dans la culture imprimée, l'information contenue dans les livres restait la même
un certain temps, ce qui nous a encouragé à penser que l'information était
stable. La nature même de l'imprimé est liée à la notion de vérité, stable elle
aussi. Cette stabilité et l'ordre qu'elle engendre ont été un des fondements de
l'âge industriel et de la révolution scientifique. Les notions de vérité, de
lois, d'objectivité et de preuve ont été les éléments de référence de nos
croyances et de nos cultures. Mais la révolution numérique change tout ceci.
Soudain l'information en ligne supplante l'information imprimée pour devenir la
plus fiable et la plus utile, et l'usager est prêt à la payer en conséquence.
C'est cette transformation radicale dans la nature de l'information qui doit
être au coeur du débat concernant les méthodes d'enseignement.

Dans son courrier électronique du 7 juillet 1998, Patrick Rebollar, professeur
de lettres et d'informatique à Tokyo (Japon) et auteur notamment de la
Chronologie littéraire 1848-1914, analysait l'impact d'Internet sur sa vie
professionnelle:

"Mon travail de recherche est différent, mon travail d'enseignant est différent,
mon image en tant qu'enseignant-chercheur de langue et de littérature est
totalement liée à l'ordinateur, ce qui a ses bons et ses mauvais côtés (surtout
vers le haut de la hiérarchie universitaire, plutôt constituée de gens âgés et
technologiquement récalcitrants). J'ai cessé de m'intéresser à certains
collègues proches géographiquement mais qui n'ont rien de commun avec mes idées,
pour entrer en contact avec des personnes inconnues et réparties dans différents
pays (et que je rencontre parfois, à Paris ou à Tokyo, selon les vacances ou les
colloques des uns ou des autres). La différence est d'abord un gain de temps,
pour tout, puis un changement de méthode de documentation, puis de méthode
d'enseignement privilégiant l'acquisition des méthodes de recherche par mes
étudiants, au détriment des contenus (mais cela dépend des cours).
Progressivement, le paradigme réticulaire l'emporte sur le paradigme
hiérarchique - et je sais que certains enseignants m'en veulent à mort
d'enseigner ça, et de le dire d'une façon aussi crue. Cependant ils sont obligés
de s'y mettre..."

Comment Patrick Rebollar voit-il l'avenir du réseau, et son avenir professionnel
avec Internet?

"Trouble. Entre ceux qui cherchent à gagner de l'argent à tout prix, et ceux qui
en font une banque d'images pornographiques, ceux qui cherchent des amis pour
pallier un manque et ceux qui cherchent du travail. Ceux qui... et ceux qui...
le réseau devient progressivement une projection du monde lui-même, plus précise
et exacte chaque jour. Mon avenir professionnel, qui sera de toute façon en
liaison directe avec l'Internet, n'est pas plus clair que mon avenir lui-même.
J'attends les opportunités professionnelles car l'enseignement universitaire
n'est pas assez dynamique dans ce domaine, et je ne suis pas sûr d'y rester -
pourtant j'aime enseigner et j'aime les étudiants."

Autre problème de taille à résoudre, ces adresses de sites, dénommées URL
(uniform resource locators), qui changent et qui rendent le document
indisponible si le responsable du site et/ou l'auteur du document n'ont pas
pensé à établir un lien de l'ancienne adresse à la nouvelle. Dans son mémoire
L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet, Thierry Samain
expliquait:

"Concernant la mobilité des URLs affectées à un document sur le Web, il a été
adopté afin de remédier à ce problème, le terme d'URN (uniform resource name)
qui identifie une ressource ou une unité d'information indépendamment de sa
location, jouant en quelque sorte le même rôle que l'ISBN [international
standard book number] pour les monographies traditionnelles. Les URNs sont, de
manière universelle, uniques, persistantes et accessibles sur le réseau. Une URC
(uniform resource characteristic) a également été proposée pour servir de
connexion entre les URNs et les URLs. Si une URL change, les usagers autorisés
peuvent la modifier à l'intérieur du service URC. Celui-ci inclurait des
capacités de recherche bibliographique et dans le futur, il pourrait être
possible de se connecter à une variété de serveurs URC en mesure d'assister les
bibliothécaires dans le catalogage et l'archivage d'informations de qualité."

Par ailleurs, les livres électroniques sont pour bientôt. Un petit ordinateur
ayant le format d'un livre permettra de lire plusieurs dizaines de documents
dont les éditions électroniques pourront être achetées directement auprès des
éditeurs ou des distributeurs. Quatre types de livres électroniques au moins
seront disponibles dans quelques mois: le Rocket eBook (créé par NuvoMedia en
partenariat avec Barnes & Noble et Bertelsmann), le SoftBook (créé par SoftBook
Press en partenariat avec Random House et Simon & Schuster), l'Everybook (EB)
(créé par Everybook) et le Millennium EBook (créé par Librius.com).


9.4. Numérisation et convergence multimédia


Toutes les informations, qu'elles soient du texte, du son ou des images, peuvent
être converties en bits et en octets pour traitement informatique. C'est ce
qu'on appelle la numérisation. La numérisation permet de créer, d'enregistrer,
de combiner, de stocker, de rechercher et de transmettre des informations et des
produits fondés sur l'information par des moyens simples et rapides. Des
procédés similaires permettent le traitement de l'écriture, de la musique et du
cinéma alors que, par le passé, ce traitement était assuré par des procédés
différents sur des supports différents (papier pour l'écriture, bande magnétique
pour la musique, et celluloïd pour le cinéma). De plus, des secteurs autrefois
distincts comme l'édition (qui produisait des livres) et l'enregistrement sonore
(qui produisait des disques) s'unissent maintenant pour produire des CD-ROM.

La numérisation a également considérablement accéléré le processus matériel de
production. Dans la presse par exemple, le processus de mise en page automatique
a été suivi de la modification des phases de réimpression, devenues un processus
de production intégré et continu basé sur la numérisation. Alors qu'auparavant
le personnel de production devait dactylographier les textes du personnel de
rédaction, les journalistes et les rédacteurs envoient maintenant directement
leurs textes pour mise en page. La numérisation a accéléré le processus de
publication des livres. Le rédacteur, le concepteur artistique et le personnel
chargé de la mise en page peuvent travailler simultanément sur le même ouvrage.

Les progrès des techniques de l'informatique et de la communication en général,
et de la numérisation en particulier, entraînent progressivement l'unification
de tous les secteurs liés à l'information: imprimerie, publication, conception
graphique, presse, enregistrement sonore, réalisation de films, radiodiffusion,
télécommunications, etc. C'est ce qu'on appelle la convergence multimédia. Reste
à savoir si les technologies de l'information et de la communication créent des
emplois nouveaux, comme l'assurent les employeurs, ou bien si elles sont source
de chômage, comme l'affirment les syndicats.

Le Colloque sur la convergence multimédia organisé en janvier 1997 à Genève par
l'Organisation internationale du Travail (OIT) comprenait des contributions
particulièrement intéressantes à cet égard, et qui sont toujours d'actualité.

Suite à une enquête menée en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe par le
biais de l'Association européenne des directeurs de journaux, Heinz-Uwe
Rübenach, du Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger (Association allemande de
directeurs de journaux), assurait que les services en ligne créent de nouveaux
emplois et qu'ils recrutent des journalistes ne provenant pas de services de
presse classiques. Selon cette enquête, aucun poste n'a été supprimé dans des
entreprises de presse suite au développement des services en ligne. Phil
O'Reilly, directeur général de la Newspaper Publishers Association of NZ (New
Zealand), précisait que, en Nouvelle-Zélande aussi, le développement des sites
sur Internet a entraîné quelques créations d'emplois.

Cependant, sauf quelques cas particuliers comme ceux-ci, il est déjà démontré
que la convergence multimédia entraîne des suppressions massives d'emplois,
comme tous les changements récents liés à l'introduction de nouvelles
technologies.

Selon Michel Muller, secrétaire général de la Fédération des industries du
livre, du papier et de la communication (France), les industries graphiques
françaises ont perdu 20.000 emplois au cours des dix dernières années
(1987-1996). Les effectifs ont été ramenés de 110.000 personnes à 90.000. Les
entreprises ont dû mettre sur pied des plans sociaux très coûteux pour favoriser
le reclassement des personnes licenciées en créant des emplois souvent
artificiels, alors qu'il aurait été très préférable de financer des études
fiables sur les créations et suppressions d'emplois quand il en était encore
temps.

Partout dans le monde, de nombreux postes à faible qualification technique sont
remplacés par des postes exigeant des qualifications techniques élevées. Les
personnes peu qualifiées sont licenciées. D'autres suivent une formation
professionnelle complémentaire, parfois auto-financée et prise sur le temps de
loisir, et cette formation professionnelle ne garantit pas pour autant le
réemploi.

Lors du même colloque, Walter Durling, directeur des AT&T Global Information
Solutions (USA), insistait sur le fait que l'humanité ne devait pas avoir peur
de la technique. Ses arguments étaient les suivants: la technique ne changera
pas fondamentalement les relations humaines, et les relations entre salariés et
employeurs resteront les mêmes. L'invention du film n'a pas tué le théâtre, et
celle de la télévision n'a pas fait disparaître le cinéma. La créativité ne doit
pas être étouffée par les réglementations. Elle doit aussi s'appliquer aux
entreprises qui devraient créer des emplois liés aux nouvelles technologies et
les proposer à ceux qui sont obligés de quitter d'autres postes devenus
obsolètes. Des arguments bien théoriques alors que le problème est plutôt celui
du pourcentage. Combien de création de postes pour combien de licenciements?

De leur côté, les syndicats luttent pour la création d'emplois par
l'investissement, l'innovation, la formation professionnelle aux nouvelles
technologies, la reconversion des travailleurs dont les emplois sont supprimés,
des conditions équitables pour l'établissement des contrats et des conventions
collectives, la défense du droit d'auteur, une meilleure protection des
travailleurs dans le domaine artistique, et la défense des télétravailleurs en
tant que travailleurs à part entière. D'après les prévisions de la Commission
européenne, l'Europe devrait compter 10 millions de télétravailleurs en l'an
2000, soit 20% du total mondial.

Malgré tous les efforts des syndicats, la situation deviendra-elle aussi
dramatique que celle décrite dans un document de l'Organisation internationale
du Travail demandant si "les individus seront forcés de lutter pour survivre
dans une jungle électronique avec les mécanismes de survie qui ont été mis au
point au cours des précédentes décennies?"

Dans Cyberplanète : notre vie en temps virtuel (Paris, Editions Autrement,
1998), Philip Wade et Didier Falkand indiquaient que les Etats-Unis, le Canada
et le Japon, pays qui investissent le plus dans les nouvelles technologies, sont
aussi ceux qui créent le plus d'emplois. D'après une étude réalisée en février
1997 par le Cabinet Booz.Allen & Hamilton pour les ministres européens de
l'Industrie, le retard de l'Europe lui aurait coûté un million d'emplois en 1995
et 1996, du fait d'une croissance technologique de 2,4% (9,3% aux Etats-Unis).
Selon une autre étude menée par Bipe Conseil en janvier 1997 pour le compte de
la Commission européenne, 1,3 million d'emplois pourraient être maintenus ou
créés dans l'Union européenne d'ici l'an 2005. Les 300.000 suppressions
d'emplois d'opérateurs traditionnels seraient compensés par 93.000 postes créés
par leur concurrents et 1,2 million d'emplois créés dans les secteurs suivants:
télécommunications, construction électrique et électronique, équipement et
distribution de produits de communication.

Pour en revenir au monde de l'imprimé, la distinction traditionnelle entre
bibliothèque, maison d'édition, éditeur de presse ou librairie existera-t-elle
encore dans quelques années? Tous les sites peuvent déjà constituer une
cyberbibliothèque. De plus en plus de bibliothèques, librairies et maisons
d'édition n'ont ni murs, ni rayonnages, ni vitrines. Leurs locaux sont un site
Internet, et toutes leurs transactions s'effectuent sur le Web. Concernant la
distribution, on peut toujours acheter les grands titres de presse chez son
marchand de journaux ou les recevoir dans sa boîte aux lettres, mais on peut
aussi les lire sur le Web, et de plus en plus de journaux et magazines sont
uniquement électroniques.

Il y a quelques années, le monde de l'imprimerie a dû être profondément remanié
suite à l'apparition de la PAO (publication assistée par ordinateur). Les
catégories professionnelles forgées au fil des siècles: bibliothécaires,
éditeurs, journalistes, libraires, etc., résisteront-elles à la convergence
multimédia tout en s'adaptant au cyberespace, comme c'est le cas maintenant avec
les cyberthécaires, les cyberéditeurs, les cyberjournalistes, les
cyberlibraires, etc., ou bien toutes ces activités seront-elles progressivement
restructurées dans de nouveaux métiers?

Le développement récent de l'édition électronique amène déjà des changements
substantiels dans les relations entre auteur, éditeur et lecteur. Internet offre
aussi de réels avantages à tous les professionnels, notamment la possibilité de
chercher du travail en ligne et de recruter par le même biais. Changer d'emploi
est plus facile et le télétravail ouvre de nouveaux horizons à ceux qui
préfèrent travailler chez eux.

Dans son courrier électronique du 8 juin 1998, Isabelle Aveline, rédactrice de
la cyber-revue ZazieWeb, déclarait:

"Grâce à Internet les choses sont plus souples, on peux très facilement passer
d'une société à une autre (la concurrence!), le télétravail pointe le bout de
son nez (en France c'est encore un peu tabou...), il n'y a plus forcément de
grande séparation entre espace pro et personnel."

Reçu le même jour, le courrier électronique de Claire Le Parco, de la société
Webnet (société qui a créé le site Poésie française), précisait:

"En matière de recrutement, Internet a changé radicalement notre façon de
travailler, puisque nous passons maintenant toutes nos offres d'emploi
(gratuitement) dans le newsgroup 'emploi'. [Nous utilisons] un Intranet pour
échanger nombre d'informations internes à l'entreprise: formulaires de gestion
courante, archivage des documents émis, suivi des déplacements, etc. La demande
des entreprises est très forte, et je crois que nous avons de beaux jours devant
nous!"

Fabrice Lhomme, qui est notamment le webmestre du site Une Autre Terre, consacré
à la science-fiction, expliquait dans son courrier électronique du 9 juin 1998:

"Il faut d'abord préciser que Une Autre Terre est un serveur personnel hébergé
gratuitement par la société dans laquelle je travaille. Je l'ai créé uniquement
par passion pour la SF et non dans un but professionnel même si son audience
peut laisser envisager des débouchés dans ce sens. Par contre Internet a bel et
bien changé ma vie professionnelle. Après une expérience de responsable de
service informatique, j'ai connu le chômage et j'ai eu plusieurs expériences
dans le commercial. Le poste le plus proche de mon domaine d'activité que j'ai
pu trouver était vendeur en micro-informatique en grande surface (je dois
préciser quand même que je suis attaché à ma région et que je refusais de m'
'expatrier'). Jusqu'au jour donc où j'ai trouvé le poste que j'occupe depuis
deux ans. S'il n'y avait pas eu Internet, je travaillerais peut-être encore en
grande surface. Actuellement, le principal de mon activité tourne autour
d'Internet (réalisation de serveurs web, Intranet/Extranet,...) mais ne se
limite pas à cela. Je suis technicien informatique au sens large du terme
puisque je m'occupe aussi de maintenance, d'installation de matériel, de
réseaux, d'audits, de formations, de programmation, ... [...]

J'ai trouvé dans Internet un domaine de travail très attrayant et j'espère
fortement continuer dans ce segment de marché. La société dans laquelle je
travaille est une petite société en cours de développement. Pour l'instant je
suis seul à la technique (ce qui explique mes nombreuses casquettes) mais nous
devrions à moyen terme embaucher d'autres personnes qui seront sous ma
responsabilité."

Avec l'explosion d'Internet, plusieurs professionnels de l'imprimé ont également
décidé de se reconvertir et de rejoindre des sociétés informatiques. Malgré
cela, les perspectives restent assez inquiétantes. Les professionnels du livre
et de la presse pourront-ils tous se recycler grâce à des formations
professionnelles complémentaires liées aux nouvelles technologies, ou bien
seront-ils frappés de plein fouet par le chômage?


9.5. La société de l'information


Dans son courrier électronique du 21 juin 1998, Jean-Paul, internaute amateur de
musique et d'écriture, écrivait:

"Une navigation sur la toile se fait en rayon (j'ai un centre d'intérêt et je
clique méthodiquement sur tous les liens que contient sa base, sa page
d'accueil) ou en louvoiements (de clic en clic, à mesure qu'ils apparaissent).
Bien sûr, c'est possible avec l'imprimé. Mais la différence saute aux yeux.
L'Internet n'a donc pas changé ma vie, mais mon écriture. On n'écrit pas de la
même manière pour un site que pour un scénario, une pièce de théâtre, etc..."

Il rappelle aussi que toutes les fonctionnalités d'Internet étaient déjà en
gestation dans le premier Macintosh, créé par Apple et qui a révolutionné le
rapport entre l'utilisateur et l'information:

"Ce n'est pas Internet qui a modifié ma manière d'écrire, c'est le premier Mac,
que j'ai découvert à travers l'auto-apprentissage d'Hypercard. Je me souviens
encore de la stupeur dans laquelle j'ai été plongé, durant le mois qu'a duré mon
apprentissage des notions de boutons, liens, navigation par analogies, par
objets, par images. L'idée qu'un simple clic sur une zone de l'écran permettait
d'ouvrir un éventail de piles de cartes dont chacune pouvait offrir de nouveaux
boutons dont chacun ouvrait un nouvel éventail dont... bref l'apprentissage de
tout ce qui aujourd'hui sur la toile est d'une banalité de base, cela m'a fait
l'effet d'un coup de foudre (il paraît que Steve Jobs et son équipe eurent le
même choc lorsqu'ils découvrirent l'ancêtre du Mac dans les laboratoires de Rank
Xerox).

Depuis, j'écris directement à l'écran: l'imprimé ne me sert plus que pour fixer
de temps en temps l'état d'un texte, pour en donner, à quelqu'un d'allergique à
l'écran, une sorte de photo, d'instantané, une approximation. Une simple
approximation parce que l'imprimé nous oblige à une relation linéaire: le texte
s'y déroule page à page (la plupart du temps). Alors que la technique des liens
permet une autre relation au temps et à l'espace de l'imaginaire. Et, pour moi,
c'est surtout l'occasion de pratiquer l'écriture/lecture 'en sphère', dont
l'action de feuilleter un livre ne donne qu'une idée, vague parce que le livre
n'est pas concu pour ça."

En plus de ce changement dans la relation information-utilisateur, nous
assistons aussi à une transformation radicale de la nature même de
l'information. L'information contenue dans les livres restait la même, au moins
pendant une période donnée, ce qui nous a encouragé à penser que l'information
était stable. Mais la révolution numérique change tout ceci. Soudain ce n'est
plus l'information statique qui est la plus fiable, mais l'information la plus
récente qui, elle, est en constante mutation.

Internet ne supprimera sans doute pas plus l'imprimé que la télévision n'a
supprimé le livre, ou que le livre de poche n'a supprimé le beau livre. "Toute
ma vie, j'ai eu une histoire d'amour avec les livres et la lecture. Elle
continue sans être affectée par l'automatisation, les ordinateurs, et tous les
gadgets du XXe siècle", écrivait Robert Downs dans Books in My Life. Une façon
de rappeler que, bien qu'excellents outils de connaissance et de communication,
l'informatique et Internet ne sont pas une fin en soi.

Par contre, il est vrai que le monde de l'imprimé amorce un virage sans
précédent parce qu'il doit maintenant compter avec Internet, et "digérer" ce
nouveau moyen de communication qui évolue très vite. Jusqu'à une époque récente,
certains professionnels restaient méfiants devant ce nouvel outil, alors que
d'autres, précurseurs enthousiastes, ont absolument tenu à sa lancer dans
l'aventure en se connectant à Internet puis en créant leur site.

La facilité et la rapidité de communication par le Web n'ont pas d'équivalent.
La messagerie électronique permet de communiquer avec ses interlocuteurs en
quelques secondes dans le monde entier. Les forums de discussion autorisent des
échanges fréquents sur de nombreux sujets. On peut lire la presse à l'écran,
feuilleter les nouveautés à l'écran, acheter les livres en ligne. On peut
rechercher des informations, avoir à sa disposition des oeuvres en texte
intégral ou pratiquer la recherche textuelle sur l'Encyclopédie de Diderot et
d'Alembert, les différentes versions de la Bible, les oeuvres de Dante ou de
Shakespeare, etc.

A la question de Pierre Ruetschi: "Sept ans plus tard, êtes-vous satisfait de la
façon dont le Web a évolué?", Tim Berners-Lee, créateur du Web en 1989-90,
répondait dans la Tribune de Genève du 20 décembre 1997 qu'il était heureux de
la richesse et de la variété de l'information disponible, mais que le Web actuel
n'avait pas encore la puissance prévue dans sa conception d'origine. Son idée
première était "que le Web soit plus interactif, que les gens puissent créer de
l'information ensemble". Il doit être un véritable "média de collaboration, un
monde de connaissance que nous partageons et que beaucoup de gens doivent
pouvoir manier ensemble". Il doit avoir des possibilités plus performantes que
la simple utilisation de signets, et devenir un véritable réseau de données
permettant à l'utilisateur de poser des questions intelligentes aux machines.

Il nous faut cependant garder la tête froide. Il n'est pas utile d'adorer ou de
haïr la technique, il est seulement utile de la comprendre. Pour contrer à la
fois ceux qui mettent la technologie sur un piédestal et ceux qui y sont
systématiquement hostiles, un mouvement appelé Technorealism a été lancé en mars
1998 aux Etats-Unis. Les idées émises dans Technorealism Overview ont ensuite
été reprises au Québec dans le Manifeste pour un technoréalisme qui, comme
l'explique la cyber-revue Mémento, veut faire le point entre "ces prophètes
nouveau genre qui nous promettent un monde meilleur grâce à la technologie, et
les nostalgiques qui veulent faire marche arrière et revenir au poêle à bois, au
crayon de plomb et aux chevaux de trait".

Ce Manifeste s'appuie sur les huit principes suivants: 1) la technologie n'est
pas neutre, 2) Internet est un média révolutionnaire, mais ce n'est pas une
utopie, 3) le gouvernement a un rôle important à jouer dans le cyberespace, 4)
l'information n'est pas un gage de connaissance, 5) brancher les écoles
n'assurera pas une éducation de meilleure qualité, 6) l'information veut être
protégée, 7) les ondes sont du domaine public et c'est le public qui devrait en
tirer les bénéfices, 8) une bonne compréhension de la technologie devrait
constituer un des fondements de la citoyenneté.

Plutôt que de placer en concurrence le monde de l'imprimé et celui d'Internet,
ou bien de craindre une concurrence réciproque de l'un ou de l'autre, on a tout
à gagner à les rendre complémentaires, comme le montrent les expériences de
Logos, société internationale de traduction dont le siège est à Modène (Italie),
de la National Academy Press, éditeur universitaire basé à Washington, D.C.
(USA), ou de la Bibliothèque des Nations Unies à Genève (Suisse).

Logos a décidé de mettre ses outils de traduction en accès libre sur le Web.

Dans un entretien accordé en décembre 1997 à Annie Kahn, journaliste au Monde,
Rodrigo Vergara, directeur de Logos, expliquait que, comme les outils de
traduction de sa société étaient déjà disponibles sur le Web à l'intention de
tous ses traducteurs de par le monde, sa société avait décidé d'ouvrir également
le site au public, décision qui a rendu Logos très populaire. De nouveaux
clients ont pris contact, ainsi que de nouveaux traducteurs. L'enrichissement
des bases de données est également significatif, le public faisant des
propositions qui sont ensuite validées par les traducteurs de la société.

Une politique dynamique porte aussi ses fruits dans le domaine de la vente des
livres, comme le montre l'expérience de la National Academy Press. Cet éditeur
universitaire américain a mis en accès libre sur le Web le texte intégral de
1.700 titres de son catalogue, et ses ventes ont augmenté de 17% l'année
suivante. "Qui a dit que personne n'achèterait la vache si on pouvait avoir le
lait gratuitement?", commente Beth Berselli, journaliste au Washington Post.

Internet "relance" aussi les bibliothèques. En juillet 1997, la Bibliothèque des
Nations Unies à Genève a ouvert un Cyberespace de vingt-quatre postes
informatiques en libre accès avec plusieurs dizaines de CD-ROM en réseau et
connexion Internet. Or "la consultation électronique induit une plus grande
consultation imprimée et un renforcement de toutes les formes de recherche".
Dépassant les prévisions les plus optimistes du personnel de la bibliothèque, ce
Cyberespace est désormais un catalyseur qui amène un nouveau public, jeune,
varié et enthousiaste, à consulter les collections imprimées et à utiliser aussi
les autres services de la bibliothèque. Un deuxième Cyberespace de six postes
informatiques a été ouvert en avril 1998, avec une vue imprenable sur le lac
Léman et la chaîne des Alpes.

Le futur sera-t-il le cyberespace décrit dans les dernières pages de Chaos et
cyberculture de Timothy Leary (Paris, Editions du Lézard, 1997)? Totalement
différent de notre univers actuel, ce "monde d'information pure" serait un
immense espace situé au milieu de banques de données stockées dans de hautes
tours scintillantes.

"Toute l'information du monde est à l'intérieur. Et grâce au cyberespace, tout
le monde peut y avoir accès. Tous les signaux humains contenus jusque-là dans
les livres ont été numérisés. Ils sont enregistrés et disponibles dans ces
banques de données, sans compter tous les tableaux, tous les films, toutes les
émissions de télé, tout, absolument tout."

Voilà sans doute, à mon sens, l'apport majeur d'Internet au monde de l'imprimé:
on ne court plus désespérément après l'information dont on a besoin, parce que
l'information dont on a besoin est enfin à notre portée. Le tout est de se
connecter, ce qui n'était pas facile par le passé, mais est en train de le
devenir (avec le iMac par exemple), et d'avoir aussi des délais de réponse
rapides, y compris pour les sites comportant des images, une amélioration qu'on
nous promet pour bientôt.

Mais, une fois de plus, Internet n'est jamais qu'un moyen, comme le rappelle
cette phrase du Manifeste pour un technoréalisme:

"Peu importe la puissance de nos ordinateurs, nous ne devrions jamais nous en
servir pour pallier la lucidité, le raisonnement et le jugement."


10. GLOSSAIRE


3D: 3 dimensions. Utilisé pour définir l'environnement virtuel.

AACR2: Anglo-American cataloguing rules 2. Règles de catalogage
anglo-américaines, version 2.

Adresse électronique: adresse utilisée sur le réseau Internet pour envoyer et
recevoir du courrier électronique. Cette adresse est donnée lors de
l'inscription à un fournisseur d'accès à Internet ou à une messagerie
électronique.

Adresse Internet: adresse identifiant une machine sur le réseau Internet. Elle
est composée de quatre octets (soit 32 bits) généralement écrits sous forme
décimale. Ex.: 123.456.78.90.

ADSL: asymmetric digital subscriber line. Procédé permettant d'augmenter
considérablement (cent fois plus vite que les modems actuels) la vitesse de
transmission des données sur les lignes téléphoniques standard tout en
préservant la circulation de la voix et de la télécopie.

Agent intelligent: logiciel programmable permettant d'effectuer une recherche
d'informations à partir d'une demande spécifique exprimée en langage courant.

Analogique: définit un signal de valeur continue, par opposition au signal
numérique qui ne peut prendre que quelques valeurs définies (par ex. 0 ou 1 en
langage binaire).

Annuaire: également appelé répertoire. Recense et classe les sites web par
sujets de manière à favoriser les recherches des cybernautes. Le plus connu est
Yahoo!

Applet Java: écrite en langage Java, mini-application envoyée par un site sur un
ordinateur afin que celui-ci renvoie à son tour des données vers le site de
départ. Utilisé pour cerner les centres d'intérêt des cybernautes.

Archie: service de recherche de fichiers dans les archives d'Internet.

ASCII: American standard code for information interchange. Standard minimal de
128 caractères alphanumériques utilisé pour les échanges d'information texte, le
code ASCII est un système de codage binaire composé de sept caractères (ex. :
A=1000001, B=1000010, etc.). Les alphabets européens sont représentés par des
versions étendues de l'ASCII codées sur huit caractères, qui prennent en compte
les caractères accentués. L'extension pour le français est la norme ISO-Latin-1.

Asynchrone: définit un mode de communication permettant la non-simultanéité de
l'émission et de la réception des informations (par exemple le courrier
électronique), contrairement à une communication synchrone qui exige la
simultanéité de l'émission et de la réception (par exemple le téléphone).

ATM: asynchronous transfer mode. Protocole pouvant transmettre tout type
d'information, y compris la voix et la vidéo. Ce protocole permet l'acheminement
indépendant de l'information fragmentée en de multiples paquets et reconstituée
l'arrivée pour recomposer l'information initiale, le tout dans un délai donné.

Autoroute de l'information: ensemble des réseaux de communication par câble ou
satellite permettant la transmission rapide d'informations de toute nature.
Inclut la télématique, la télévision numérique et les câblages informatiques.

Bande passante: désigne le débit supporté par une ligne de communication.

BBS: bulletin board services. Appelé aussi babillard, selon le terme québécois
maintenant utilisé par toute la communauté francophone. Système informatisé
reliant les utilisateurs d'un même groupe d'intérêt (association, entreprise,
organisme public, etc.) pour des annonces, discussions, messages, programmes, et
pour le transfert de fichiers, le courrier électronique, la visioconférence,
etc.

Binaire: langage de base composé de deux éléments (0 et 1), utilisé par les
ordinateurs pour afficher des données.

Bit: binary digit. Chiffre binaire (0 ou 1) qui est à la base du système
numérique.

CD: compact disc. Disque optique permettant l'enregistrement des sons
(CD-audio), des données (CD-Rom) ou des vidéos (CD-vidéo).

CD-I: compact disc interactive. Disque permettant de stocker un ensemble de
textes, images, documents sonores et vidéos. Consultable sur un téléviseur au
moyen d'un lecteur connecté au poste.

CD-Rom: compact disc-read only memory. Apparu en 1984, c'est un disque compact
stockant des textes, images et sons sous forme numérisée. Sa grande capacité de
stockage (650 mégabytes, soit l'équivalent de 600 disquettes informatiques,
200.000 pages de texte ou 1.000 photos de définition moyenne) convient
particulièrement pour les encyclopédies, les catalogues, les manuels techniques
et les jeux. 8X est le minimum recommandé pour un accès rapide aux données, et
24X est la spécification idéale. Le CD-Rom fut le premier outil multimédia
permettant l'application grand public des techniques numériques à l'image. Son
successeur est le DVD (digital video disc). CD-Rom est souvent orthographié:
cédérom par les francophones.

Client: dans l'architecture client/ serveur, désigne la machine permettant
d'utiliser les données ou les programmes disponibles sur un serveur.

Commerce électronique: ensemble des transactions à distance faites sur le
réseau, avec paiement électronique sécurisé.

Cookie: chaîne de caractères formée d'un numéro d'identification attribué par le
site à un cybernaute. Permet de noter les visites du cybernaute à un site et de
définir ainsi ses centres d'intérêt: sports, voyages, musique, livres, etc.
L'existence de cookies est signalée par les versions récentes des navigateurs,
et le cybernaute peut donc les désactiver s'il le souhaite.

Courrier électronique: ensemble des messages envoyés électroniquement d'un
ordinateur à l'autre à travers le réseau Internet, dont il représente 60% du
trafic. Correspond au terme anglais de e-mail ou electronic mail. Appelé aussi
courriel par les Québécois.

Cybernaute: utilisateur d'Internet. Appelé également internaute.

Disque dur: support de stockage des données dans un ordinateur. La capacité de
stockage se mesure en giga-octets (Go). Le minimum recommandé est 1,6 Go, et 4
Go est la spécification idéale.

Disquette: support magnétique permettant de transférer ou de conserver des
données informatiques.

DOS: disk operating system. Système permettant à l'ordinateur de stocker des
informations sur le disque dur et de communiquer avec ses périphériques: écran,
clavier, souris, imprimante, etc.

DTD: definition of type of document - définition du type de document.
Description de la structure logique d'un document, correspondant le plus souvent
à un format MARC (machine-readable cataloguing).

DVD: digital video disc. Apparu en 1996, fait suite au CD-Rom pour stocker
textes, sons et images sur un support optique. Possède actuellement une capacité
de stockage de 4,7 gigaoctets, soit huit fois plus qu'un CD-Rom. Cette capacité
devrait être multipliée par quatre dans un proche avenir. Un film de deux heures
peut être stocké sur une face de DVD. Ses différentes versions: DVD-vidéo,
DVD-ROM, DVD-RAM (réenregistrable une fois) et DVD-E (réenregistrable plusieurs
fois) vont progressivement remplacer les cassettes audio et vidéo et les disques
optiques existants.

E-zine: magazine électronique.

EDI: échange de données informatisées. Utilisé dans le commerce électronique
inter-entreprises.

En ligne: définit les services et réseaux accessibles par un ordinateur muni
d'un modem ou par une liaison télématique. On utilise souvent aussi le terme
anglais: on line.

Ethernet: type de réseau local permettant par exemple de relier entre eux les
différents services d'une même université ou d'une même entreprise.

Extranet: réseau propre à une communauté fonctionnant selon le même principe
qu'Internet. Permet par exemple de relier tous les clients d'une entreprise.

FAQ: frequently asked questions. Traduit en français par: foire aux questions.
Souvent présente sur un site, la liste des questions les plus fréquentes posées
par les usagers du site et les réponses-types, afin de "dépanner" les nouveaux
arrivants.

Favori: appelé également signet. Généralement intégré à un navigateur, le
bouton: Favoris permet de constituer un répertoire d'URL (uniform resource
locators) géré par un utilisateur ou par un groupe d'utilisateurs. Au lieu de
taper l'URL, souvent longue et compliquée, il suffit de sélectionner le favori
correspondant au site recherché.

Fibre optique: support autorisant le transfert de données numériques à très haut
débit et sur de longues distances. Les câbles à fibres optiques vont
vraissemblablement remplacer les traditionnels câbles en métal pour la
transmission de données, en attendant d'autres solutions.

Firewall: dispositif de protection d'un site à accès autorisé, avec mot de passe
obligatoire pour avoir accès à ce site.

Forum de discussion: lieu d'échange et de discussion sur Internet par le biais
du courrier électronique. En général thématique, un forum est lisible par tous
et chacun peut y participer.

Fournisseur d'accès à Internet: entreprise louant des connexions Internet. Les
entreprises les plus connues en France sont Wanadoo (France Télécom), Club
Internet (Groupe Hachette), AOL (filiale de America Online), CompuServe, etc.
Appelé aussi fournisseur de services Internet, qui correspond au terme anglais:
Internet service provider.

Freeware: logiciel gratuit. Selon les cas, il appartient au domaine public ou
bien son auteur en conserve le copyright. Ne pas confondre avec shareware.

FTP: file transfer protocol. Protocole définissant les règles de transfert de
fichiers entre deux ordinateurs.

Gopher: système d'information à base de menus textuels à plusieurs niveaux. Dans
le cas de cyberbibliothèques, c'est un ensemble d'index permettant l'accès au
texte intégral des documents.

Hors ligne: définit les applications disponibles en utilisation locale, comme
les CD-Rom. On utilise souvent aussi le terme anglais: off line.

HTML: hypertext markup language. Langage de marquage utilisé pour créer ou
mettre en forme des documents destinés au Web. Permet l'inclusion d'images, de
sons et de liens hypertextes ou hypermédias vers d'autres documents.

HTTP: hypertext transfer protocol. Protocole de transfert des pages hypertextes
sur le Web.

Hyperlien: un hyperlien peut être un lien hypertexte ou un lien hypermédia.

Hypermédia: système utilisant des liens - appelés liens hypermédias - permettant
l'accès à des graphiques, des documents sonores, des images animées et des
vidéos, de la même façon que les liens hypertextes relient entre eux des textes
ou des images.

Hypertexte: principe de base du Web. Système permettant de relier entre eux des
documents textuels et visuels au moyen de liens hypertextes qui, d'un simple
clic de souris, permettent l'accès à un autre document. Les liens hypertextes
sont en général soulignés et d'une couleur différente de celle du texte.

Infographie: procédé de création d'images assistée par ordinateur.

Inforoute: synonyme d'autoroute de l'information.

Interactivité: mode de communication basé sur un dialogue individualisé
permettant à l'utilisateur de décider lui-même du déroulement des opérations.

Interface: partie du programme permettant la communication entre l'utilisateur
et son ordinateur, par exemple les textes (interface texte) et les images
(interface graphique). Définit aussi l'élément permettant la communication entre
deux appareils, par exemple un ordinateur et un modem.

Internet: réseau des réseaux qui, outre le World Wide Web, inclut de nombreux
services : courrier électronique, forums de discussion, IRC (Internet relay
chat), TCP (transmission control protocol), gopher, Telnet, visioconférence,
etc.

Intranet: réseau interne propre à un organisme utilisant la technologie
d'Internet (protocoles et applications TCP/IP).

IP: Internet protocol. Protocole de communication permettant d'acheminer les
données en mode paquet non connecté.

IRC: Internet relay chat. Système de discussion sur le réseau en mode texte et
en temps réel entre deux ou plusieurs utilisateurs.

ISBD: international standard bibliographical description. Normalisation de la
partie descriptive de la notice bibliographique, conçue par l'IFLA
(International Federation of Library Associations and Institutions) en 1977 pour
l'échange de données bibliographiques à l'échelon international.

ISBN: international standard book number. Code numérique formé de dix chiffres
se présentant avec tirets ou espaces (ex.: 2-13-048352-6 pour l'ouvrage d'Arnaud
Dufour: Le cybermarketing. Paris: PUF, 1997. Coll. Que sais-je? 3186). Ce code
regroupe lui-même quatre codes: code du pays de publication (2 pour la France),
code de l'diteur (13 pour les PUF), code propre au livre (048352 pour ce titre
chez cet éditeur, dans cette collection et pour cette édition), chiffre de
contrôle (6 pour ce livre). L'ISBN est propre à chaque livre et permet donc de
l'identifier dans le monde entier pour commande ou classement.

ISO: sigle de l'Organisation internationale de normalisation, qui définit les
normes permettant de faciliter l'échange international de biens et de services
et de développer la coopération internationale dans les domaines économique,
intellectuel, scientifique et technologique. Par exemple, la norme ISO-Latin-1
définit l'extension des caractères ASCII pour le français.

ISSN: international standard serial number. Code numérique de 8 chiffres
permettant d'identifier toute publication en série (périodique, série,
collection, etc.). Il se présente sous forme de deux groupes de quatre chiffres
séparés par un tiret. Le huitième caractère est un caractère de contrôle.

JACKPHY: sigle représentant l'ensemble des langues suivantes: japonais, arabe,
chinois, coréen (Korean), persan, hébreu et yiddish. Terme utilisé dans la
description de catalogues pour indiquer que ceux-ci comprennent les notices
translittérées de documents dans ces langues.

Java: langage de programmation HTML créé par Sun en 1995 pour permettre des
images animées sur le Web, ce qui a rendu les pages web beaucoup plus vivantes
grâce à leur interactivité.

Kiosque: tout ordinateur utilisé comme centre d'information dans un lieu public,
par exemple une borne interactive dans un musée ou un écran d'accès au catalogue
dans une bibliothèque. En France, ce terme est utilisé pour l'ensemble des
services proposés par Télétel, mis en place par France Télécom pour permettre la
connexion à Internet.

LAN: local area network. Réseau local permettant l'interconnexion d'équipements
informatiques dans un rayon inférieur au kilomètre.

Laser: acronyme de: light amplification by stimulated emission of radiations.

Linux: contraction de Linus (Linus Torvalds, son créateur) et d'Unix, système
d'exploitation dont Linux est dérivé. Ce système d'exploitation pour ordinateurs
personnels (PC) est un logiciel libre diffusé gratuitement sur Internet, ce qui
permet à tout programmeur de participer à son élaboration. D'abord utilisé par
les développeurs de logiciels, les universités et les fournisseurs d'accès à
Internet, il gagne maintenant les entreprises et le grand public.

Liste de diffusion: basée sur le courrier électronique, la liste de diffusion
permet la copie et la transmission d'un message à tous les adhérents de cette
liste. On utilise aussi le terme anglais: mailing list.

MARC: machine-readable cataloguing. Format international permettant le stockage
et l'échange informatique de notices bibliographiques.

Mémoire: Voir RAM (random-access memory) et ROM (read-only memory).

Messagerie électronique: service permettant d'obtenir une adresse électronique
pour pouvoir envoyer et recevoir du courrier électronique. De nombreuses
messageries sont gratuites, par exemple E-Mail Planet ou Hotmail.

Microprocesseur: puce électronique contenant un circuit électronique miniature.

Minitel: développé par France Télécom, terminal d'accès au réseau vidéotex
français (Télétel). Très largement utilisé, il préfigure les avantages
d'Internet. De nombreux serveurs Minitel ont maintenant leur correspondant sur
le Web, avec les avantages qu'offrent la consultation au prix d'une
communication téléphonique locale, la facilité de navigation et les avantages du
multimédia.

Modem: acronyme de: modulateur-démodulateur. Appareil permettant de relier
l'ordinateur au réseau Internet par le biais de la ligne téléphonique. La
transmission des données informatiques est possible grâce à la conversion des
signaux numériques en signaux analogiques, et inversement. La vitesse d'un modem
s'exprime en kilobits par seconde (K). Le minimum recommandé est 28,8K, et 56K
est la spécification idéale.

Moniteur: synonyme d'écran.

Moteur de recherche: recense tous les sites web et les classe par thèmes afin
d'aider les utilisateurs à trouver l'information sur le Web. Le plus utilisé est
AltaVista.

MS-DOS: Microsoft disc operating system. Système d'exploitation produit par
Microsoft et largement utilisé sur les micro-ordinateurs équipés de
microprocesseurs Intel x 86 et Pentium.

Multimédia: outil de communication informatique (ordinateur, logiciel, disque
compact, serveur, etc.) combinant des composantes audio et vidéo utilisant
texte, son et graphiques au moyen de séquences fixes et animées. De plus en plus
nombreuses, les applications multimédias accroissent l'interactivité entre
l'ordinateur et l'utilisateur.

Navigateur: logiciel permettant de rechercher et de visualiser l'information
(sites ou pages de sites) sur le Web, à partir du nom du site ou d'un sujet
donné. Les deux principaux navigateurs sont Netscape Navigator et Microsoft
Explorer. Appelé aussi logiciel de navigation ou browser, ou encore butineur ou
fureteur par les Québécois.

Net: abréviation de: Internet.

Nétiquette: étiquette d'Internet, rassemblant les règles d'éthique et de
savoir-vivre appliquées sur le réseau, notamment pour le courrier électronique
et les forums de discussion.

Network Computer: ordinateur simple et de coût réduit formé d'un
microprocesseur, d'une puce RAM (random-access memory) et d'un moniteur, et qui
utilise les logiciels disponibles sur Internet, sans disque dur ou système
d'exploitation comme les PC.

Newsletter: terme souvent utilisé pour lettre d'information.

Nom de domaine: partie centrale d'une URL, qui permet d'identifier et de situer
le serveur. Par exemple, le nom de domaine du quotidien Libération est
www.liberation.fr.

Numérique: définit un signal à valeur définie (par exemple 0 ou 1 en langage
binaire).

Numérisation: codification d'informations (textes, images et sons) en langage
généralement binaire (0 ou 1) pour recevoir et transmettre l'information par
voie informatique. La numérisation permet de créer, enregistrer, combiner,
stocker, rechercher et transmettre des informations par des moyens simples et
rapides. Des procédés similaires permettent le traitement de l'écriture, de la
musique et du cinéma alors que, par le passé, ce traitement était assuré par des
procédés différents sur des supports différents (papier pour l'écriture, bande
magnétique pour la musique et celluloïd pour le cinéma).

OCR: optical character recognition: reconnaissance optique de caractères.
Technologie permettant de reconstituer un texte d'après son image numérisée.

OPAC: online public access catalogue: catalogue en ligne d'accès public.

PAO: publication assistée par ordinateur.

Paquet: ensemble de données.

PC: personal computer: ordinateur personnel.

PDF: portable document format. Format de fichier créé par Adobe pour conserver
le contenu formaté d'un document électronique, avec mise en page, graphiques et
styles.

PGP: pretty good privacy. Cryptage avec une clé de 128 bits offrant un niveau
maximal de sécurité.

Pixel: picture element. Représenté sous forme numérique, le point constitutif
d'une image sur l'écran d'un ordinateur ou d'un téléviseur. Le nombre de pixels
définit la qualité de résolution de l'écran.

Portail: point d'entrée sur le Web proposant informations du jour, météo,
couverture d'événements en direct, guides de tourisme multimédias, moteur de
recherche, etc.

Processeur: cerveau interne de l'ordinateur. La vitesse du processeur est
mesurée en mégahertz (MHz). Le minimum recommandé est 133 MHz, et 233-300 MHz
est la spécification idéale.

Protocole: définition de normes communes pour les échanges de données entre
ordinateurs (TCP/IP, FTP, etc) par les systèmes de télécommunications. Les
normes ISO (Organisation internationale de normalisation) et UIT (Union
internationale des télécommunications) permettent une normalisation des
protocoles à l'échelon international.

Pull: démarche du cybernaute qui va chercher lui-même ses informations sur
Internet, par opposition à push, technologie qui lui permet d'avoir à sa
disposition des informations automatiquement sélectionnées.

Push: apparue en 1996, technologie permettant d'envoyer vers le cybernaute des
informations automatiquement sélectionnées en fonction de ses centres d'intérêt.

RAM: random-access memory. Mémoire vive de l'ordinateur, qui fonctionne
seulement lorsque celui-ci est allumé, contrairement à la ROM (read-only memory)
qui permet le stockage des informations que l'ordinateur soit allumé ou éteint.
La RAM se mesure en méga-octets (Mo). Le minimum recommandé est 16 Mo.
L'utilisation de logiciels complexes exige l'utilisation d'une mémoire RAM de 32
ou 64 Mo.

RAMEAU: acronyme de: répertoire d'autorités matières encyclopédique et
alphabétique unifié. Utilisé à la Bibliothèque nationale de France et dans
nombre de bibliothèques françaises, cet ensemble hiérarchisé de mots-clés permet
d'indexer les documents d'une bibliothèque afin de pouvoir ensuite les retrouver
par sujets.

Réalité virtuelle: juxtaposition de deux mots antinomiques qui peut paraître
surprenante, mais qui définit une technologie permettant d'offrir à
l'utilisateur un environnement virtuel en trois dimensions (3D).

Réseau: système permettant la communication de données entre des ordinateurs
reliés entre eux, soit localement au moyen de câbles spéciaux, soit en longue
distance par le réseau téléphonique ou les câbles à fibres optiques.

RNIS: réseau numérique à intégration de services. Fonctionne par câble
téléphonique avec services de téléphonie, télécopie et transfert de données
(transmission de 64.000 ou 128.000 octets par seconde). Le réseau RNIS français
est Numéris.

ROM: read-only memory. Mémoire morte de l'ordinateur, qui permet de stocker les
informations et qui, contrairement à la RAM (random-access memory), n'est pas
perdue lorsque l'ordinateur est éteint.

RTF: rich text format. Un format de fichier destiné à faciliter l'échange de
documents entre différents programmes de traitement de texte, tout en conservant
le formatage du texte (polices de caractère, paragraphes, etc.) lors du
transfert d'un programme à un autre.

Script CGI: CGI: common gateway interface. Série d'instructions permettant
d'identifier la visite d'un site par un cybernaute.

Serveur: dans l'architecture client/serveur, ordinateur servant de distributeur
d'informations consultables à distance au moyen d'autres ordinateurs appelés
clients.

Serveur proxy: serveur hébergeant un double du site pour diminuer le temps
d'accès à ce site dans une zone géographique donnée.

Serveur web: serveur stockant les informations affichées par le site web.

SGML: standard generalized markup language. Norme ISO identifiant la structure
d'un texte, avec ses caractéristiques telles qu'en-têtes, colonnes, marges ou
tableaux, pour que cette structure puisse être utilisée lors d'applications
telles que la PAO (publication assistée par ordinateur) ou l'édition
électronique. Le SGML comprend les langages HTML (hypertext markup language) et
VRML (virtual reality markup language).

Shareware: logiciel téléchargeable qui doit être acheté à l'auteur (le plus
souvent à prix modique) après une période d'essai gratuite. Ce logiciel est
soumis au copyright. Ne pas confondre avec freeware.

Site web: défini par une URL, un site web est un ensemble de textes, images et
sons reliés entre eux par des liens permettant d'aller d'un document à l'autre.

Smiley: marque typographique permettant au cybernaute d'exprimer son humeur. Par
exemple un sourire se définit ainsi ":-)" (en penchant la tête vers la gauche,
on voit deux yeux, un nez, et une bouche qui sourit).

Spam: message électronique non sollicité.

Spamming: envoi de spams. Le spamming est interdit par la nétiquette. L'Etat de
Washington a été le premier à proposer une loi anti-spamming en avril 1998.

SSII: société de service en ingénierie informatique.

Système d'exploitation: programme de base permettant à l'ordinateur de contrôler
ses périphériques (écran, clavier, souris, imprimante, etc.), d'organiser le
système de classement de son disque dur et de faire fonctionner d'autres
programmes. Linux ou Windows 98 par exemple sont les systèmes d'exploitation des
ordinateurs personnels (PC).

TCP: transmission control protocol. Protocole de transport utilisé dans la
plupart des applications Internet.

TCP/IP: transmission control protocol / Internet protocol. Ensemble de
protocoles permettant le transport de données sur Internet.

Téléchargement: transfert d'un fichier à distance à partir d'un site ou par FTP
(file transfer protocol).

Télétravail: travail exercé à distance à temps plein ou partiel en utilisant les
modes de communication électroniques, informatiques et télématiques (réseau
informatique, téléphone, télécopieur, etc.).

Telnet: terminal network protocol. Protocole d'application définissant
l'émulation d'un terminal sur Internet, à savoir la possibilité d'ouvrir une
connexion avec un serveur à distance comme si on le consultait sur place. La
consultation à distance d'un catalogue de bibliothèque se fait souvent par
Telnet, qui a rendu et rend encore d'énormes services en attendant une
consultation directe sur le Web, beaucoup plus conviviale.

Terminal: poste avec écran, clavier et circuit simple permettant de se connecter
à un ordinateur ou à un serveur extérieur.

Toile: terme souvent utilisé par les francophones pour désigner le Web.

Transpac: réseau de France Télécom pour la transmission numérique de données.

TTA: technique de transfert asynchrone. Voir: ATM (asynchronous tranfer mode).
Le terme français est peu utilisé.

TVA: taxe à la valeur ajoutée. Taxe payée par les entreprises à chaque stade du
circuit économique.

Unix: système d'exploitation multi-tâche et multi-utilisateur très répandu dans
le domaine scientifique.

URL: uniform resource locator. Adresse d'un site web ou d'une page web. Prenons
par exemple l'URL du Cahier Multimédia d e Libération, qui est :
http://www.liberation.fr/multi/index.html. Elle se compose d'un protocole:
http://, suivi du nom du serveur du journal Libération: www.liberation.fr/, puis
du dossier de la rubrique Multimédia: multi/, et enfin du fichier de la page
d'accueil: index.html. Le début de l'adresse: http:// est maintenant ajouté
automatiquement par les navigateurs.

URN: uniform resource name. L'URN pourrait peut-être remplacer l'URL (uniform
resource locator), l'avantage étant que l'adresse serait liée au document et non
plus au site qui héberge ce document. Elle serait donc plus fiable que l'URL et
éviterait au cybernaute le découragement devant tous ces documents devenus
indisponibles parce que l'URL a changé.

Usenet: acronyme de: users' network. Le plus grand BBS (bulletin board services)
du monde, composé de listes de messages électroniques et de sujets abordés dans
des forums de discussion. Son but est de constituer une plate-forme pour
l'échange d'informations et d'idées entre cybernautes. Non censuré, Usenet est
gouverné par les règles de la nétiquette.

Virtuel: par opposition à: réel, concerne tout ce qui est créé de manière
artificielle grâce aux techniques informatiques, par exemple l'univers virtuel.
Dans le cas d'entités qui sont bien réelles quoique numériques, on a préféré
utiliser dans cette étude le terme: cyber, par exemple cyberbibliothèque au lieu
de bibliothèque virtuelle, ou cyberlibrairie au lieu de librairie virtuelle.

Visioconférence: conférence à distance au moyen d'un réseau d'ordinateurs
équipés de caméras.

VRML: virtual reality modeling language. Langage permettant de créer sur une
page web des images en 3 dimensions (3D), espaces virtuels dans lesquels le
cybernaute peut se déplacer.

W3: abréviation de World Wide Web.

WAIS: wide area information service. Système permettant de classer, chercher et
récupérer des documents dans des bases de données interrogeables au moyen de
mots-clés. Appartient maintenant à America Online.

Web: abréviation courante de World Wide Web.

Webmestre: responsable du site et administrateur de système d'un serveur web.
Correspond au webmaster anglais.

Windows 98: créé par Microsoft, système d'exploitation pour les PC qui a
remplacé Windows 95. Son correspondant professionnel pour serveurs et stations
de travail est Windows NT.

World Wide Web: développé en 1989-90 par Tim Berners-Lee au CERN (Laboratoire
européen pour la physique des particules), un système multimédia qui regroupe au
niveau mondial des serveurs multimédias reliés entre eux par des hyperliens.
Appelé aussi Web, WWW, W3, ou encore Toile par les francophones, le World Wide
Web est un sous-ensemble d'Internet.

WWW: abréviation de World Wide Web.

Z39.50: norme définissant un protocole pour la recherche documentaire d'un
ordinateur à un autre. Elle permet à l'utilisateur d'un système de rechercher
des informations chez les utilisateurs d'autres systèmes utilisant la même norme
sans devoir connaître la syntaxe de recherche de ces systèmes.


11. SELECTION DE DOCUMENTS IMPRIMES


[Bibliothèques / Cyberbibliothèques / Cyberlibrairies / Droit du cyberespace /
Edition électronique / Internet / Internet en France / Langues / Presse /
Propriété intellectuelle / Terminologie]

#Bibliothèques

= Bibliothèque des Nations Unies à Genève. "Un cyberespace à la Bibliothèque de
l'ONUG." Nouvelles de la bibliothèque, vol. 7, nos 1-2, 1997, p. 1-4.

En juillet 1997, la Bibliothèque des Nations Unies à Genève a ouvert un
cyberespace regroupant 24 micro-ordinateurs avec CD-ROM en réseau, accès à
différents serveurs et connexion Internet. L'article est bilingue
français-anglais.

= Lassalle, Hélène. "Un réseau mondial qui ignore Paris." [2e partie du dossier:
La crise de l'histoire de l'art en France] Le Figaro, 8 Novembre 1997, p. 32.

Sur la carte des instituts spécialisés dans l'histoire de l'art, la France,
malgré ses traditions et ses trésors, est absente.

= Peyret, Emmanuelle. "Le bibliothécaire et le virus du Web." Libération, Cahier
Multimédia, 17 avril 1998.

Olivier Bogros, directeur de la Bibliothèque municipale de Lisieux
(Normandie), a monté et mis en ligne une bibliothèque électronique.

= Roumieux, Olivier. L'impact de l'Internet sur la profession de bibliothécaire.
Décembre 1996.

Un très intéressant mémoire présenté dans le cadre du DESS (diplôme d'études
supérieures spécialisées) "Médias électroniques interactifs" à l'Université de
Paris 8.

= Samain, Thierry. L'accès aux catalogues des bibliothèques par Internet. 1996.

Mémoire d'étude pour l'obtention du Diplôme de conservateur de bibliothèque à
l'ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des
bibliothèques). Ce mémoire étudie les procédures nécessaires à l'accès direct en
ligne d'un catalogue de bibliothèque. L'usage d'outils tels que le Web et la
norme Z39.50 est évalué en fonction de leurs implications sur la conception des
OPAC (online public access catalogues), le catalogage, l'accès aux documents et
l'avenir des catalogues collectifs.

#Cyberbibliothèques

= Kahn, Annie. "Les mots pour le dire." Le Monde, 8 décembre 1997.

Sur son site web, Logos, société internationale de traduction basée à Modène
(Italie), met gratuitement son dictionnaire et sa bibliothèque numérique
multilingue à la disposition de tous.

= Lambert, Bertrand. "Sciences-Po en ligne." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier 1998.

Les étudiants de Sciences-Po (Institut d'études politiques, Paris) ont créé
Bibelec, bibliothèque électronique dans laquelle leurs travaux sont disponibles
en ligne.

#Cyberlibrairies

= Alley, Brian. "Update: a Blackwell Milestone." Technicalities (USA), vol. 15,
no. 2, February 1995.

Lors de son vingtième anniversaire en 1995, l'histoire de Blackwell North
America, fournisseur international de livres, périodiques, bases de données et
services de contrôle d'autorités.

= Berselli, Beth. "De l'art d'utiliser Internet pour vendre des livres."
Courrier international, n° 366, 6-12 novembre 1997, p. 41.

Par une journaliste du Washington Post. L'éditeur universitaire américain
National Academy Press publie sur Internet 1.700 titres de son catalogue,
permettant à tous de lire gratuitement ses livres. Loin de diminuer, ses ventes
augmentent de 17%.

= Briançon, Pierre. "Le Net intimide les libraires." Libération, Cahier
Multimédia, 14 Novembre 1997.

En France, la vente de livres en ligne tarde à se développer.

= Computer Consultant. "Pages to Share." Computer Consultant (UK), 4/4/1997.

Internet Bookshop est le premier libraire en ligne à proposer une
participation aux bénéfices par le biais exclusif du Web, ce qui pose de
nouveaux problèmes légaux.

= The Evening Standard. "Amazon in £186m Float." The Evening Standard (UK),
25/3/1997.

Depuis le printemps 1997, sur les traces d'Internet Bookshop, librairie en
ligne anglaise, le géant américain Amazon.com offre une participation aux
bénéfices à ses partenaires en ligne.

= The Financial Times. "Bookshop Superhighway: Dillons & Hammicks Launch on
Internet." The Financial Times (UK), 4/10/1997.

Dillons & Hammicks sont prêts à lancer une librairie Internet commune. Pendant
ce temps, Internet Bookshop attend la réaction des éditeurs anglais à sa
décision de vendre des livres provenant des Etats-Unis.

= The Financial Times. "Online Bookshop Risks Price War." The Financial Times
(UK), 2/10/1997.

Par Alice Rawsthorn. Internet Bookshop, la plus importante librairie en ligne
du Royaume-Uni, a débuté la vente de livres anglais en proposant des remises
allant jusqu'à 45%, avec le risque d'une guerre des prix et d'une bataille
juridique avec les éditeurs anglais.

= The Financial Times. "Publishers May Act on Internet Imports." The Financial
Times (UK), 16/10/1997.

Par Alice Rawsthorn. La Publishers Association, organisme qui représente les
éditeurs du Royaume-Uni, étudie les propositions d'interdiction de vente de
livres américains à des clients britanniques par des librairies Internet basées
aux Etats-Unis.

= The Financial Times. "Waterstone's May Sell Online From US." The Financial
Times
(UK), 9/10/1997.

Plusieurs cyberlibraires du Royaume-Uni, y compris Internet Bookshop, ont
débuté la vente de livres publiés aux Etats-Unis en septembre 1997. Waterstone's
annonce son intention d'introduire début 1998 des titres américains sur son site
Internet.

# Droit du cyberespace

= Association française de la télématique multimédia (AFTEL). Le droit du
multimédia: de la télématique à Internet. Paris: Editions du Téléphone, 1996.
290 p. ISBN 2-909879-18-6.

Rapport réalisé sous la direction de Pierre Huet, avec le concours de Herbert
Maisl, Jérôme Huet et André Lucas. Pose les problèmes soulevés par la
télématique de la première génération, le vidéotex et l'audiotex: la
conciliation de la propriété intellectuelle avec le droit à l'information,
l'application du droit d'auteur à des services traitant des données numérisées
de toute nature, la protection de la confidentialité des réseaux et des
systèmes, l'adaptation du droit commercial et du droit social à la communication
électronique.

= Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Les libertés et
l'informatique: vingt délibérations commentées. Paris: La Documentation
française, 1998. 206 p. ISBN 2-11-003931-0.

Illustre les différentes formes d'action de la Commission en montrant les
domaines d'intervention de l'autorité chargée de la protection des données
personnelles. En annexe, le texte de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative
à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

= Dyson, Esther. "Sans Etat ni Loi." Libération, Cahier Multimédia, 9 janvier
1998.

Par l'auteur de Release 2.0: A Design for Living in the Digital Age. La
réglementation d'Internet devrait être faite moins par un gouvernement central
qui en définirait les règles que par plusieurs organismes mis en concurrence
dans l'intérêt du consommateur.

= Kahn, Annie. "La nécessaire mutation de la CNIL" et "Cyberfilature: la preuve
par l'exemple." Le Monde, Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier
1998.

Vingt ans après sa création en France, la Commission nationale de
l'informatique et des libertés (CNIL) doit adapter sa mission à Internet.

= Kurz, Raymond A. Internet and the Law: Legal Fundamentals for the Internet
User. Rockville, Maryland: Government Institutes, 1996. XV, 248 p. ISBN
0-86587-506-5.

Donne une explication des principes de base concernant le droit d'auteur, les
marques, le secret de fabrication, les brevets, la diffamation, etc., ainsi que
les principes de base de la licence.

= Piette-Coudol, Thierry et Bertrand, André. Internet et la loi. Paris: Dalloz,
1997. VIII, 206 p. ISBN 2-247-02589-7.

Associe étroitement la technique et le droit français, le droit comparé et le
droit international pour répondre concrètement aux questions que se posent les
internautes et les fournisseurs de services.

= Reporters sans frontières. "La censure contre Internet." Cahiers de Reporters
sans frontières, n° 1, 1997.

Sélectionné et édité par Yves Eudes, un recueil d'articles parus dans le
journal Le Monde entre janvier 1996 et juillet 1997.

= Stern, Jacques. "L'urgence de la sécurité sur Internet." Le Figaro, 9 janvier
1998.

"Sur le Web, la confidentialité du message et l'origine de la signature de
celui qui l'adresse peuvent et doivent être garanties par des outils
mathématiques performants."

= Tortello, Nicole et Lointier, Pascal. Internet pour les juristes. Paris:
Dalloz, 1996. 331 p. ISBN 2-247-02547-1.

Guide de connexion et ouvrage de réflexion sur le droit d'Internet, qui répond
aux questions pratiques et théoriques que se posent les professionnels du droit:
avocats, magistrats, notaires, huissiers, greffiers, universitaires et juristes
d'entreprise.

#Edition électronique

= Teasdale, Guy. L'édition savante à l'ère de la bibliothèque virtuelle:
publication d'un livre en SGML sur le World Wide Web. Novembre 1996.

Mémoire de maîtrise en bibliothéconomie et sciences de l'information (MBSI) à
l'Université de Montréal. Présente les implications de l'édition électronique
sur le Web tout en examinant les rôles et les intérêts respectifs du
bibliothécaire et de l'éditeur dans l'édification de la bibliothèque numérique.
Montre que l'édition électronique sur Internet pourrait être un remède à la
crise affectant la publication de monographies spécialisées.

= Vollnhals, Otto. Multilingual Dictionary of Electronic Publishing. München:
K.G.&Saur, 1996. 384 p. ISBN 3-598-11295-5.

3.500 entrées en anglais, allemand, français, espagnol et italien, couvrant à
la fois des sujets modernes comme l'édition en ligne, l'édition de CD-ROM,
l'édition de bases de données ou la pré-presse électronique, et des sujets
traditionnels comme l'impression et la typographie.

#Internet

= Barbier, Frédéric et Bertho Lavenir, Catherine. Histoire des médias: de
Diderot à Internet. Paris: Armand Colin, 1996. 351 p. ISBN 2-200-01382-5.

L'histoire des médias depuis 1751, date de la publication de l'Encyclopédie,
jusqu'aux développements les plus récents d'Internet et des autoroutes de
l'information. Voir particulièrement la troisième partie: Un monde en réseau
(1950-1995).

= Berners-Lee, Tim et Ruetschi, Pierre. "Tim Berners-Lee, inventeur du World
Wide Web poursuit sa révolution pour le XXIe siècle." Tribune de Genève, 20-21
décembre 1997, p. 3.

Entretien du journaliste Pierre Ruetschi avec Tim Berners-Lee. Créateur du
World Wide Web au CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules) en
1989-90, Tim Berners-Lee est actuellement à la tête du World Wide Web Consortium
(WC3), consortium professionnel international ayant pour tâche de définir les
normes de développement du Web.

= Buchanan, William. Mastering Global Information Systems. London: Macmillan,
1997. xii, 264 p. ISBN 0-333-68951-8.

Un guide des systèmes d'information modernes et des communications de données,
avec cinq parties sur les sources d'information numériques et le multimédia,
Internet, le Web et Java, les réseaux locaux, les réseaux à grande échelle et la
vidéoconférence.

= Cotton, Bob and Oliver, Richard. The Cyberspace Lexicon: An Illustrated
Dictionary of Terms From Multimedia to Virtual Reality. London: Phaidon Press,
1994. 224 p. ISBN 0-71-48-3267-7.

Un guide à travers le dédale des technologies existantes ou émergentes. Un peu
ancien puisqu'il date de 1994, il conserve un certain intérêt du fait de ses
très belles illustrations.

= Dahl, Andrew and Lesnick, Leslie. Internet Commerce. Indianapolis, Indiana:
New Riders Publishing, 1996. xii, 382 p. ISBN 1-56205-496-1.

Comment mettre en place et gérer l'échange de monnaie électronique, que ce
soit la construction et le marketing de vitrines numériques ou la
confidentialité et la sécurité des transactions de la clientèle.

= Dufour, Arnaud. Le cybermarketing: intégrer Internet dans la stratégie
d'entreprise. Paris : PUF, 1997. Coll. Que sais-je ?, n° 3186. 127 p. ISBN
2-13-048352-6.

Par l'auteur du Que sais-je? sur Internet, un deuxième titre qui expose les
bases du cybermarketing, les étapes-clés des analyses stratégiques et des
tactiques menant à la réalisation d'un serveur web commercial, ainsi que les
perspectives d'avenir sur l'évolution du cybermarketing.

= Dufour, Arnaud. Internet. 5e éd. Paris : PUF, 1997. Coll. Que sais-je?, n°
3073. 127 p. ISBN 2-13-047469-1.

Les concepts de base, l'histoire et l'évolution d'Internet, les services qu'il
offre et les enjeux économiques et sociaux qu'il sous-tend.

= Dyson, Esther. Release 2.0: A Design for Living in the Digital Age. London:
Viking, 1997. Viii, 307 p. ISBN 0-670-87600-3.

Par la présidente de EDventure Holdings, société spécialisée dans les
nouvelles technologies de l'information, un livre organisé selon les chapitres
suivants: communautés, travail, enseignement, administration, propriété
intellectuelle, contrôle du contenu, vie privée, anonymat et sécurité. Explore
l'impact et les implications du cyberespace: son effet sur la vie quotidienne,
les responsabilités liées aux nouveaux pouvoirs qu'il nous donne, et les
problèmes de fond posés par Internet. Expose les conflits fondamentaux liés au
développement de la communication numérique, à savoir les conflits entre vie
privée et ouverture sociale, sécurité et liberté, commerce et communauté.

= Filloux, Frédéric. "Le Net dans les étoiles." Libération, Supplément
Multimédia, 27 février 1998.

Pour accélérer les échanges de données sur le réseau, plusieurs centaines de
satellites en orbite basse seront lancés par les Américains et les Européens
d'ici l'an 2002.

= Gates, Bill. La route du futur. 2e éd. Paris: Presses Pocket, cop. 1995. 332
p. ISBN 2-266-07515-2.

Une description des autoroutes de l'information du point de vue d'un des
géants de l'informatique. Explique les changements majeurs qu'elles amèneront
dans tous les domaines: éducation, travail, loisirs, vie quotidienne... Avec la
collaboration de Nathan Myhrvold et Peter Rinearson. Titre original: The Road
Ahead. Traduction française parue à l'origine chez Laffont.

= Gilster, Paul. Digital Literacy. New York: Wiley, 1997. xii, 276 p. ISBN
0-471-16520-4.

Une passionnante évaluation critique d'Internet qui procure les éléments pour
évoluer dans un environnement interactif fondamentalement différent des médias
"passifs" tels que la télévision ou l'imprimé. Voir particulièrement le chapitre
6 consacré aux bibliothèques numériques (Searching the Virtual Library, p.
155-193).

= Gilster, Paul. The New Internet Navigator. New ed. New York: John Wiley &
Sons, Inc., 1995. xxvii, 735 p. ISBN 0471126942.

Voir en particulier le chapitre 10 (p. 313-344) consacré aux magazines
électroniques, aux journaux et au LibraryBlog.

= Guide du routard. Le guide du routard Internet. Paris: Hachette, 1998. Coll.
Guide du routard. 213 p. ISBN 2-01-242669-7.

Un titre de la fameuse collection des Guides du routard, qui propose la
découverte de cette nouvelle planète qu'est Internet et donne une foule
d'informations pratiques.

= Huitema, Christian. Et Dieu créa l'Internet. Paris: Eyrolles, 1996. IV, 201 p.
ISBN 2-212-07508-1.

L'histoire d'Internet par le chercheur qui a participé à la première connexion
Internet en France et qui présida ensuite l'Internet Architectural Board (IAB).

= Isaacson, Walter and Cooper Ramo, Joshua. "Man of the Year: Andrew Grove."
Time Magazine, 29 Dec. 1997 - 5 Janv. 1998, p. 28-58.

Elu homme de l'année 1997 par Time Magazine, Andrew Grove dirige Intel,
société dont les puces électroniques équipent 90% des ordinateurs dans le monde,
sans compter nombre d'autres machines telles que voitures, appareils
électro-ménagers, etc.

= Kahn, Annie. "1998, l'année de la télévision interactive." Le Monde,
Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 9 février 1998.

Les chaînes numériques exploitent de mieux en mieux l'informatique, tandis que
les créateurs de sites web intègrent des écrans de télévision à celui de leur
PC.

= Latrive, Florent. "Hauts débits pour vieilles lignes téléphoniques."
Libération, Supplément Multimédia, 27 février 1998.

La technologie ADSL (asymmetric digital subscriber line) permet d'utiliser les
fils de cuivre du téléphone pour un accès rapide à Internet.

= Leary, Timothy. Chaos et cyberculture. Paris: Editions du Lézard, 1996. 274 p.
ISBN 2-910718-07-7.

D'après le célèbre philosophe, le 21e siècle verra l'émergence d'un nouvel
humanisme, dont les idées-force seront la contestation de l'autorité, la liberté
de pensée et la créativité personnelle, le tout soutenu et encouragé par la
vulgarisation de l'ordinateur et des nouvelles technologies de communication.
Titre original: Chaos & Cyber Culture (Berkeley: Ronin Publishing Inc., 1994).

= Lévy, Pierre. "XXIe, siècle des Lumières." Libération, Supplément Multimédia,
16 janvier 1998.

Entretien d'Annick Rivoire avec le philosophe Pierre Lévy sur la cyberculture
et les impacts culturels de la révolution numérique, suite à la sortie de son
livre Cyberculture: rapport au Conseil de l'Europe (Paris: Editions Odile Jacob,
1998).

= Lévy, Pierre. Cyberculture: rapport au Conseil de l'Europe. Paris: Editions
Odile Jacob, 1998. 313 p. ISBN 2-7381-0512-2.

De la numérisation à la navigation en passant par la mémoire, la
programmation, les logiciels, la réalité virtuelle, le multimédia,
l'interactivité, le courrier électronique, etc. Une présentation des nouvelles
technologies, de leur usage et de leurs enjeux.

= Lévy, Pierre. L'intelligence collective: pour une anthropologie du cyberspace.
Paris: La Découverte, 1997. 245 p. Coll. La Découverte/Poche, Essais, n° 26.
ISBN 2-7071-2693-4.

Le projet de l'intelligence collective dans une perspective anthropologique de
longue durée. Le réseau Internet et le multimédia actif ont entraîné une
mutation dans les modes de communication et l'accès au savoir, mutation qui a
elle-même engendré le cyberespace, nouveau milieu de communication, de pensée et
de travail pour les sociétés humaines. Publié initialement en 1995 chez le même
éditeur dans la collection Sciences et société.

= Mauriac, Laurent. "Et Vinton Cerf créa l'Internet." Libération, Cahier
Multimédia, 16 janvier 1998.

Portrait de Vinton Cerf, appelé le père d'Internet parce qu'il est le
co-inventeur du protocole TCP/IP (qui est à la base de tout échange de données)
avec Bob Kahn en 1974. En 1992, il crée l'Internet Society (ISOC), un organisme
professionnel international non gouvernemental regroupant différents groupes
d'intérêt pour élaborer des solutions permettant de promouvoir le développement
d'Internet.

= Negroponte, Nicolas. L'homme numérique. Paris: Presses Pocket, cop. 1995. 290
p. ISBN 2-07-032946-1.

En sous-titre: "Comment le multimédia et les autoroutes de l'information vont
changer notre vie." Par le directeur du Media Lab du MIT (Massachussets
Institute of Technology), une explication du numérique et de ses champs
d'application que sont le CD-ROM, Internet et les images virtuelles, ainsi
qu'une réflexion sur l'influence des nouvelles technologies sur notre avenir.
Titre original: Being Digital. Traduction française parue à l'origine chez
Laffont.

= Nora, Dominique. Les conquérants du cybermonde. Nouv. éd. revue. Paris:
Gallimard, 1997. Coll. Folio Actuel, n° 52. 530 p. ISBN 2-07-032946-1.

Par un grand reporter du Nouvel Observateur, une enquête de terrain sur la
convergence à l'échelle planétaire entre télécommunications, informatique et
électronique, et une étude des dernières technologies en télécommunications:
Internet, télévision numérique, mondes virtuels et inforoutes. Paru à l'origine
chez Calmann-Lévy.

= Organisation internationale du Travail (OIT). Colloque sur la convergence
multimédia, Genève, 27-29 janvier 1997: rapport final. Genève: Bureau
international du Travail (BIT), 1997. V, 163 p. (SMC/1997/6).

Malheureusement peu diffusé, un document passionnant sur les rapports
qu'entretiennent la société de l'information et la convergence multimédia avec
le monde du travail: tendances de l'emploi, conditions de travail,
qualifications requises, contrats de travail et relations professionnelles.
Disponible en anglais sous le titre: Symposium on Multimedia Convergence,
Geneva, 27-29 January 1997: Final Report.

= Perroud, Pierre. "Voulez-vous abandonner vos enfants à Big Gate?"
Informatique-Informations (Suisse), n° 32, février 1997.

"Les technologies du futur ne sont pas celles qui nous émerveillent
aujourd'hui; ce sont celles que l'on ne connaît pas et qui sortiront dans six
mois ou dans deux semaines, bouleversant notre existence. Face à cette situation
nous devons fournir à nos élèves des moyens pour entrer dans un monde non pas
nouveau, mais en constant renouvellement."

= Sanz, Didier. "ADSL: Internet à grande vitesse." Le Figaro Multimédia, 3
février 1998, p. 26-27.

Grâce à la nouvelle technologie ADSL (asymmetric digital subscriber line), la
transmission des données s'effectue cent fois plus vite qu'avec les modems
actuels, tout en empruntant les fils téléphoniques standard et en préservant la
circulation de la voix et des télécopies.

= Wade, Philip et Falkand, Didier. Cyberplanète: notre vie en temps virtuel.
Paris: Editions Autrement, 1998. 349 p. Coll. Mutations, n° 176. ISBN
2-86260-780-0.

Un panorama passionnant et très documenté des problématiques de ce nouveau
monde, notamment le "micro" et le "macro", les grandes batailles industrielles
et le tissu intime du quotidien, les problèmes éthiques et juridiques, etc.

#Internet en France

= Latrive, Florent. "Le câble se met au service du Net." Libération, Supplément
Multimédia, 7 novembre 1997.

A Paris et dans plusieurs villes de province, on peut accéder au réseau
Internet par la prise de câble de sa télévision.

= Lassalle, Hélène. "Un réseau mondial qui ignore Paris [2e partie du dossier:
La crise de l'histoire de l'art, en France]." Le Figaro, 8 novembre 1997, p. 32.

Sur la carte des instituts spécialisés dans l'histoire de l'art, la France,
malgré ses traditions et ses trésors, est absente.

= Briançon, Pierre. "Le Net intimide les libraires." Libération, Cahier
Multimédia, 14 novembre 1997.

En France, la vente en ligne de livres tarde à se développer.

= Mauriac, Laurent. "Les citoyens auront leur Web en janvier." Libération,
Cahier Multimédia, 28 novembre 1997.

Annonce le Journal officiel sur le Web pour janvier 1998, ainsi qu'environ 40
codes consolidés, 80 lois, de grands arrêts de jurisprudence et une rubrique
d'actualité juridique.

= Guissani, Bruno. "Le Minitel n'est pas mort, il bouge encore." Libération,
Cahier Multimédia, 5 décembre 1997.

"Le Minitel est certainement technologiquement limité. Mais il est tout ce que
l'Internet doit encore devenir. Le coût de l'équipement est proche de zéro. Le
système permet des transactions sûres et légalement fiables. Il garantit un bon
degré de protection personnelle (privacy). Il est simple à utiliser. Et il
génère des revenus tant pour ses opérateurs que pour les marchands qui s'y
aventurent."

= Kahn, Annie. "La nécessaire mutation de la CNIL" et "Cyberfilature: la preuve
par l'exemple." Le Monde, Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier
1998.

Vingt ans après sa création en France, la Commission nationale de
l'informatique et des libertés (CNIL) doit adapter sa mission à Internet.

= Lambert, Bertrand. "Sciences-Po en ligne." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 11 janvier 1998.

Les étudiants de Sciences-Po (Institut d'études politiques, Paris) ont créé
Bibelec, bibliothèque électronique dans laquelle leurs travaux sont disponibles
en ligne.

= Peyret, Emmanuelle. "La Poste met le Net sur un plateau." Libération, Cahier
Multimédia, 16 janvier 1998.

Dans le bureau de poste d'Autrans (Isère), La Poste a lancé le projet
Cyberposte dans la région du Vercors, un premier pas vers la réalisation du
projet national des 1.000 bureaux Internet.

= Genty, Emmanuel. "Légifrance met la loi française en ligne." Le Monde,
Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 16 février 1998.

Présentation du site gouvernemental sur lequel on trouve le Code civil, le
Code pénal, la Constitution de la Ve République et la Déclaration universelle
des droits de l'homme.

= Kahn, Annie. "Les accès publics à Internet se multiplient." Le Monde,
Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 23 février 1998.

"Après La Poste et le ministère de la Culture, France Télécom annonce à son
tour un plan national d'ouverture d'espaces multimédias. Plus spécialement
destinés aux étudiants et enseignants, ils offriront également connexions et
formation à toute personne intéressée."

= Genty, Emmanuel. "Les Français et la micro." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 30 mars 1998.

Une mise au point chiffrée qui donne notamment le chiffre de 2,9 millions
d'internautes en France.

= Arteta, Stéphane. "Coup de pouce à 22 millions." Libération, Cahier
Multimédia, 17 avril 1998.

Le gouvernement débloque des crédits pour stimuler le développement d'Internet
auprès des bibliothèques, des PME (petites et moyennes entreprises) et des
jeunes.

= Genty, Emmanuel. "Multimédia pour tous: appel à projets." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 20 avril 1998.

Lancement d'un programme destiné à favoriser l'acquisition de matériel
multimédia pour les petites bibliothèques, les établissements scolaires et les
PME (petites et moyennes entreprises).

#Langues

= Cassen, Bernard. "Parler français ou la 'langue des maîtres'?" Le Monde
diplomatique, avril 1994, p. 32.

La situation de la langue française face au géant anglais.

= Défense de la langue française. "40 ans de défense de la langue française:
1952-1992." Défense de la langue française, novembre 1992. p. 32.

Avant-propos de Jean Dutourd, de l'Académie française, pour ce numéro spécial
de Défense de la langue française, qui présente en un volume les articles les
plus significatifs choisis dans les 163 numéros parus depuis 40 ans. Au
sommaire: les origines, les ennemis de la langue française, évolution et bon
usage, le français dans le monde, miscellanées.

= Le Monde. "Welcome sur 'Babel.Web'." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 28 décembre 1997.

Le service de traduction gratuit et instantané d'AltaVista lève la barrière de
la langue sur Internet puisqu'il peut traduire les pages web de langue anglaise
en allemand, espagnol, français, italien et portugais, et vice versa.

= Saint-Hilaire, Hervé de. "Maurice Druon: 'L'Académie bientôt sur Internet!'"
Le Figaro, 5 décembre 1997, p. 32.

Annonce de l'ouverture du site de l'Académie française. Ce site permettra la
consultation en ligne du fameux Dictionnaire et le suivi des remises à jour du
vocabulaire.

#Presse

= Briançon, Pierre. "Bill Clinton et Monika Lewinski: le Web mène la danse."
Libération, Cahier Multimédia, 30 janvier 1998.

"Venu du Web, le scandale qui ébranle la présidence Clinton est entretenu par
les révélations plus ou moins sérieuses des milliers de sites qui s'y
intéressent. Obligeant les autres médias à courir derrière le réseau de
l'information."

= Genty, Emmanuel. "Légifrance met la loi française en ligne." Le Monde,
Supplément Télévision-Radio-Multimédia, 16 février 1998.

"L'accès gratuit au Journal officiel ne donne qu'à moitié satisfaction à ceux
qui militent pour une diffusion des données publiques sur la Toile."

= Mauriac, Laurent. "Mariage de la presse sur le Web." Libération, Cahier
Multimédia, 27 juin 1997.

Le site rédactionnel NewsWorks regroupe neuf groupes de presse des Etats-Unis
traditionnellement concurrents (N.B. Ce site fut fermé en mars 1998).

= Mauriac, Laurent. "La presse en retard d'un Net." Libération, Cahier
Multimédia, 21 mars 1997.

"Les quotidiens, s'ils sont présents sur le réseau, ne font que reproduire en
ligne leurs articles. Ce sous-développement, que souligne un rapport remis au
gouvernement [français], tient à l'absence de réflexion de la presse sur le
nouveau médium."

= Maurice, Antoine. "Les métiers de l'information devront défendre leur
liberté." Tribune de Genève, 28 février - 1er mars 1998, p. 37.

Avec l'informatisation et Internet, la presse doit repenser sérieusement son
rôle. Article en quatre parties: les révolutions technologiques, des
communications de masse sans masse, les nouvelles frontières de l'indépendance,
et le journaliste du siècle qui vient.

= Montelh, Bernard. "Havas ouvre son kiosque sur le Web." Le Monde, Supplément
Télévision-Radio-Multimédia, 8 mars 1998.

Les articles de tous les titres du Groupe Havas, plus ceux de l'hebdomadaire
Le Point et du quotidien Les Echos, vont être disponibles en ligne sur le site
Infos On Line moyennant un abonnement (correspondant à 5 FF par article). (N.B.
L'ouverture de ce site a été retardée.) Havas propose aussi un deuxième site,
Infos Graphiques On Line, consacré à l'information en images.

= Pelletier, Mario. "L'inforoute abolira-t-elle le journaliste?" Forces
(Canada), n° 115, 1997.

L'explosion d'Internet a entraîné "tous les médias, et particulièrement la
presse écrite, dans une spirale de changements dont on ne peut encore prédire
l'aboutissement. De fait, la Toile est devenue un omnimédia d'où émerge
rapidement une nouvelle forme de journalisme, à la fois plus efficace et plus
exigeant."

#Propriété intellectuelle

= France (République française). "Code de la propriété intellectuelle (partie
législative). Première partie: la propriété littéraire et artistique." Journal
officiel de la République française, 3 juillet 1992, p. 8802-8813.

Document annexé à la loi n° 92-597 du 1er juillet 1992.

#Terminologie

= The Hutchinson Dictionary of Computing, Multimedia, and the Internet. Oxford:
Helicon, 1997. xv, 272 p. ISBN 1-85986-159-8.

1.400 mots et expressions par ordre alphabétique, complétés par un index
thématique, des articles de journalistes spécialisés et des illustrations
permettant de clarifier une technologie complexe.

= Leterre, Thierry. "Ces mots qui s'en 'mél'." Libération, Supplément
Multimédia, 14 novembre 1997.

D'après l'auteur, contrairement au vocabulaire anglo-saxon, le vocabulaire
français de l'informatique traduit une conception autoritaire du cyberespace et
dénote un pessimisme technologique.


12. SELECTION DE SITES WEB


Voici la sélection de 130 sites web qui a servi de base à cette étude.

= ABU: la bibliothèque universelle

Créée en 1993, une cyberbibliothèque permettant l'accès libre au texte
intégral d'oeuvres du domaine public francophone avec 223 textes et 76 auteurs.
[français]

= AcqWeb's Directory of Publishers and Vendors

Un répertoire d'éditeurs et de vendeurs situé sur le site de l'Université de
Vanderbilt (Tennessee, USA). [anglais]

= Agence de la Francophonie

Créée en 1970 pour regrouper 21 états francophones, l'Agence de la
Francophonie en compte aujourd'hui 47. "Instrument de coopération multilatérale
née d'un idéal, celui de créer une communauté qui fasse entendre sa voix dans le
concert des nations, elle participe aujourd'hui à l'avènement d'un Secrétariat
général de la Francophonie." [français]

= Agence France-Presse (AFP)

L'information mondiale par la grande agence de presse française. Propose
également des liens avec la presse française (titres nationaux, journaux
régionaux, chaînes de télévision, radios et journaux électroniques) et la presse
francophone des pays suivants: Belgique, Canada, Haïti, Madagascar, Maroc,
Suisse et Tunisie. [français, anglais, allemand, arabe, espagnol et portugais]

= AJR NewsLink

Réalisation commune de l'American Journalism Review et de NewsLink, un site
passionnant qui, outre des articles très documentés, propose des liens avec un
nombre impressionnant de journaux et magazines, associations de journalistes,
ressources pour les journalistes, etc. [anglais]

= Alapage

Librairie en ligne française avec un catalogue de 400.000 livres, CD et
vidéos. [français, anglais]

= Alexandrie

Basée au Québec, une grande cyberbibliothèque qui se voulait le carrefour de
toutes les ressources textuelles numérisées disponibles en français. Ce site a
malheureusement disparu. [français]

= Alice.it

"Il libro nella rete." Une cyberlibrairie italienne. [italien]

= AltaVista

Moteur de recherche avec recensement et classement des sites entièrement
automatisés, contrairement aux annuaires comme Yahoo!, qui utilisent le cerveau
humain pour ces tâches. Permet aussi la recherche d'images et la recherche par
sujets. Depuis décembre 1997, AltaVista Translation propose un service de
traduction automatisée des sites anglophones vers l'allemand, l'espagnol, le
français, l'italien et le portugais, et vice versa. [anglais]

= Amazon.com

Fondée en juillet 1994 par Jeffrey P. Bezos, la plus grande cyberlibrairie du
monde avec ses 3 millions de livres, CD, DVD, jeux informatiques, etc., et ses 3
millions de clients dans plus de 160 pays. Le site offre aussi un véritable
magazine littéraire, ainsi que des extraits de livres, des entretiens avec des
auteurs, des commentaires de lecteurs, des conseils de lecture, etc. [anglais]

= American Society for Information Science (ASIS)

Créée en 1937, l'ASIS est une association de recherche regroupant 4.000
professionnels de l'information, avec pour but de favoriser les nouvelles
théories, techniques et technologies pour améliorer l'accès à l'information.
[anglais]

= Annuaire de l'UREC

Maintenant historique, le premier annuaire des sites web français, mis à jour
entre janvier 1994 et juillet 1997 par l'Unité Réseaux du CNRS (UREC), a été un
instrument inappréciable à la disposition de la communauté francophone. Par la
suite, il est devenu un annuaire consacré à l'enseignement supérieur et la
recherche. [français]

= ARTFL Project

Accessible par abonnement, une base de données de 2.000 textes du 13e au 20e
siècle concernant la littérature, la philosophie, les arts ou les sciences. Elle
est un projet commun du Centre national de la recherche scientifique (CNRS,
France) et de l'Université de Chicago (Illinois, USA). [anglais, français
uniquement pour la présentation]

= Association des bibliothécaires français (ABF)

Fondée en 1906 et reconnue d'utilité publique en 1969, l'ABF, avec ses 3.500
adhérents, est la plus ancienne et la plus importante association de
bibliothécaires en France. Elle regroupe des bibliothécaires de tous types
d'établissements et de toutes catégories. [français]

= Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS)

Trois grandes rubriques : vie associative, vie professionnelle, produits et
services. [français, anglais]

= Association for Computing Machinery (ACM) Digital Library

Créée en octobre 1997 par l'Association for Computing Machinery (ACM),
organisme scientifique et de recherche international, un ensemble d'informations
bibliographiques et de textes d'articles, ainsi qu'une section consacrée aux
cyberbibliothèques et à la recherche d'information. [anglais]

= Association for Research Libraries (ARL)

Une organisation à but non lucratif regroupant les bibliothèques des
institutions de recherche nord-américaines afin d'être un forum pour les
échanges d'idées et un agent pour l'action collective, cette action consistant à
développer la communication dans le domaine de la recherche. [anglais]

= Athena

Rattachée au site de l'Université de Genève (Suisse), une cyberbibliothèque
proposant 8.000 documents en plusieurs langues dans les domaines suivants:
philosophie, sciences, textes classiques, littérature, histoire, économie, etc.
A également pour objectif de mettre des textes français à la disposition de la
communauté Internet. La section Helvetia concerne les livres sur la Suisse.
Liens avec de nombreuses autres cyberbibliothèques. [anglais, français]

= Barnesandnoble.com

En mai 1997, le grand libraire des Etats-Unis a ouvert son site pour la vente
en ligne, faisant ainsi directement concurrence à la cyberlibrairie Amazon.com.
[anglais]

= Berkeley Digital Library SunSITE

Financé par la Bibliothèque de l'Université de Berkeley (Californie, USA) et
Sun Microsystems, le site des collections et services électroniques de la
Berkeley Digital Library, qui procure aussi des informations et des conseils
pour créer une cyberbibliothèque. [anglais]

= Bibelec

Réalisée par les étudiants de Sciences-Po (Institut d'études politiques,
Paris), la première cyberbibliothèque française en sciences sociales
exclusivement réalisée par des étudiants. [français]

= BIBLINK

Le projet BIBLINK fut lancé en avril 1996 par le Programme d'applications
télématiques de l'Union européenne. Son but est d'établir des liens entre les
agences bibliographiques nationales et les éditeurs de documents électroniques
afin de contribuer à la création d'un service bibliographique qui fasse
autorité. [anglais]

= Biblio-fr

Modérée par Hervé Le Crosnier, professeur à l'Université de Caen (Normandie),
une liste de diffusion qui regroupe bibliothécaires et documentalistes
francophones, et toute personne intéressée par la diffusion électronique de
l'information documentaire. [français]

= Biblio On Line

Créé par Quick Soft Ingénierie, un service français d'informations culturelles
sur Internet. Propose des forums de discussion, un annuaire Internet, des
informations sur les bibliothèques, des informations par région, la liste des
événements culturels et un guide Internet. BiblioPresse propose 90.000
références d'articles dans 110 titres de la presse française, avec recherche
possible par titre, thème, revue et année. [français]

= Bibliothèque de l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG)

Un des grands centres européens pour l'étude de sujets internationaux, par
exemple le désarmement, l'économie, les droits de l'homme, le droit
international et les événements d'actualité. Depuis juillet 1997, ses lecteurs
disposent d'un cyberespace de 24 postes informatiques avec CD-Rom en réseau et
connexion à Internet, auquel s'est ajouté un deuxième cyberespace de 6 postes en
avril 1998. [français, anglais]

= Bibliothèque électronique de Lisieux (La)

A l'initiative d'Olivier Bogros, directeur de la Bibliothèque municipale de
Lisieux (Normandie), une bibliothèque électronique qui propose chaque mois la
version intégrale d'une oeuvre littéraire. Le site comprend également les
oeuvres littéraires des mois précédents, un choix d'oeuvres courtes du 19e
siècle, une sélection du fonds documentaire et du fonds local, et enfin un choix
de sites normands et sites littéraires. [français]

= Bibliothèque municipale de Lyon

Un site bilingue qui présente la bibliothèque et ses collections, les services
en ligne, les expositions, le calendrier culturel, les infos pratiques et une
sélection de sites Internet. [français, anglais]

= Bibliothèque nationale de France (BnF)

Neuf rubriques au menu de la page d'accueil: nouveau (les nouvelles
manifestations culturelles), connaître la BnF, les actualités culturelles, les
expositions virtuelles, des informations pratiques, l'accès aux catalogues de la
BnF, l'information professionnelle (conservation, dépôt légal, produits
bibliographiques, etc.), la bibliothèque en réseau (francophonie, coopération
nationale, coopération internationale, etc.), et les autres serveurs
(bibliothèques nationales, bibliothèques françaises, universités, etc.). Permet
aussi l'accès à Gallica, la bibliothèque électronique de la BnF. [français,
anglais]

= Bibliothèque publique d'information (BPI)

La grande bibliothèque parisienne multimédia en libre accès, au coeur du
Centre national d'art et de culture Georges Pompidou. Au menu sur fond très
coloré: accueil BPI, organisation, catalogue, guides et outils, programmation,
formations, publications, courrier et sites web. Propose notamment un accès
direct aux catalogues des bibliothèques françaises et l'Oriente-Express, un
répertoire d'adresses de bibliothèques et de centres de documentation situés à
Paris ou dans la région parisienne. [français]

= Blackwell's Book Services

Un fournisseur de livres, abonnements, bases de données bibliographiques et
services de contrôle d'autorités à destination des bibliothèques du monde
entier. [anglais]

= Branchez-vous!

Magazine permettant de suivre de près l'actualité de l'Internet francophone
puisqu'il recense et commente tous les nouveaux sites. Il comprend aussi une
rubrique sur des sites consacrés à un événement de l'actualité, une présentation
de logiciels et une sélection des cent meilleurs sites francophones. [français]

= British Library (The)

Le serveur de la bibliothèque nationale du Royaume-Uni. Au menu, infos en
ligne, collections, expositions, bibliothèque numérique, services et
renseignements. Lancé en mai 1997, l'OPAC 97 permet l'accès direct aux
catalogues des principales collections de la British Library à Londres et Boston
Spa. [anglais]

= Chapitre.com

Cyberlibrairie française qui propose une librairie de 350.000 titres, une
bouquinerie, un choix d'éditeurs, des liens avec mille sites littéraires et
culturels, un espace pour les enfants et une revue des littératures intitulée
Tête de chapitre. [français, anglais]

= Chroniques de Cybérie (Les)

Très prisé des cybernautes francophones, le bulletin hebdomadaire de
Jean-Pierre Cloutier. Après une interruption entre octobre 1997 et avril 1998
pour des raisons budgétaires, les Chroniques sont désormais situées sur le site
du Webdo de Lausanne pendant les deux semaines suivant leur publication. Elles
rejoignent ensuite le site québécois initial, qui contient les archives et le
moteur de recherche interne. [français]

= Chronologie littéraire 1848-1914

Oeuvre de Patrick Rebollar, professeur de français, de littérature française
et d'applications informatiques installé à Tokyo, cette chronologie par année
propose, outre des liens avec les oeuvres publiées cette année-là, des notes
historiques, politiques et sociales, des informations scientifiques, médicales
et technologiques, et des informations sur le monde littéraire. Les bookmarks de
Patrick Rebollar proposent aussi de nombreux liens vers des sites littéraires
francophones. [français]

= ClicNet

Sur le site de l'Université de Swarthmore (Pennsylvanie, USA), ClicNet édite
ou localise des ressources virtuelles en français pour les étudiants, les
enseignants de français langue étrangère, et tous ceux qui s'intéressent aux
cultures, aux arts et aux littératures francophones. [français]

= Club des poètes

Site de poésie francophone qui souhaite la "bienvenue en territoire de poésie
de la France au Chili, de Villon jusqu'à de jeunes poètes contemporains, en
passant par toutes les grandes voix de la poésie de tous les temps et de tous
les pays". [français]

= Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL)

Site de l'organisme public français chargé de veiller à l'application de la
loi "Informatique et liberté" (loi n° 78-17 du 6 janvier 1978), notamment en ce
qui concerne le respect de la vie privée du citoyen dans l'utilisation des
fichiers informatiques, et qui adapte maintenant sa mission à Internet.
[français]

= Corbis

Créé en 1989 par Bill Gates, patron de Microsoft, un ensemble d'images
numériques de grande qualité (25 millions d'images, dont 1,4 million en ligne en
décembre 1998) afin de constituer des ressources d'information visuelle à
l'échelon international. Tout en développant ses collections et le marketing de
celles-ci, Corbis est aussi une plate-forme d'innovation pour la mise en place
de normes industrielles de reproduction et la protection de la propriété
intellectuelle à l'ère numérique. [anglais]

= Dawson

Ce fournisseur pour le traitement de l'information (abonnements, livres et
nouveaux supports) dispose d'une section française: Dawson France. [anglais,
français, espagnol]

= Délégation générale à la langue française (DGLF)

La DGLF a les missions suivantes: veiller à l'emploi et à la promotion du
français en France, favoriser son utilisation comme langue de communication
internationale et développer le plurilinguisme, garant de la diversité
culturelle. [français]

= Dialog Web

Le serveur web pour accéder à la base Dialog de Knight-Ridder Information, qui
regroupe 450 bases de données dans les domaines suivants: monde de l'entreprise,
industrie, actualité nationale, gouvernementale et internationale, droits et
brevets, chimie, environnement, sciences et techniques, et information générale
de référence. [anglais]

= Digital Library Technology (DLT)

Le projet DLT soutient le développement de nouvelles technologies permettant
de faciliter l'accès public aux informations de la NASA (National Aeronautics
and Space Administration) par les réseaux informatiques, particulièrement les
technologies développant outils, applications, matériel informatique et
logiciels répondant à l'évolution des besoins des usagers et à l'augmentation
énorme des demandes d'accès. [anglais]

= Digital Object Identifier (DOI) System

Géré par l'International DOI Foundation, organisme à but non lucratif dont le
but est d'analyser les besoins des organismes défendant la propriété
intellectuelle dans l'environnement virtuel grâce à la création et à la gestion
du DOI System (définition des lignes d'action, choix des fournisseurs de
services et contrôle du système mis en place). [anglais]

= D-Lib Magazine

Financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), le magazine
de la recherche sur les cyberbibliothèques, avec l'actualité mensuelle, des
commentaires, des discussions et un ensemble de ressources pour la recherche.
[anglais]

= Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB)

Sur la page d'accueil, deux parties. La première partie est consacrée à
l'Ecole elle-même: l'ENSSIB en quelques mots, le bottin de l'ENSSIB, les
formations, la recherche, les concours et les relations internationales. La
deuxième partie propose la consultation de documents: politique documentaire et
éditoriale de l'ENSSIB, catalogue de la bibliothèque, Bulletin des bibliothèques
de France (BBF), documents en texte intégral, catalogues des bibliothèques
francophones, sites hébergés par l'ENSSIB, et sélection d'autres sites.
[français, anglais]

= Edilib

Liste des éditeurs, libraires et diffuseurs francophones proposée par la
bibliothèque du CHU (centre hospitalier universitaire) de Rouen (Normandie).
[français]

= Editeurs francophones

Se décrit comme "un espace convivial où vous, lecteurs du monde entier,
pourrez faire connaissance avec les maisons d'édition, découvrir un univers où
la culture francophone a toute sa place: actualités du livre, dossiers
thématiques, rencontres avec des écrivains... de multiples opportunités pour
susciter l'intérêt et la curiosité". [français]

= Editions 00h00.com

Créées en 1998, les éditions 00h00.com (prononcer: zéro heure) marquent la
véritable naissance de l'édition en ligne. "Le succès de l'édition en ligne ne
dépendra pas seulement des choix éditoriaux : il dépendra aussi de la capacité à
structurer des approches neuves, fondées sur les lecteurs autant que sur les
textes, sur les lectures autant que sur l'écriture, et à rendre immédiatement
perceptible qu'une aventure nouvelle a commencé." [français, anglais]

= E.Journal

Une base de données de journaux électroniques répartis dans les catégories
suivantes: journaux universitaires, lettres d'information par messagerie
électronique, magazines et journaux, journaux politiques, journaux imprimés,
journaux par sujets, journaux sur le monde des affaires, et autres ressources.
[anglais]

= Electronic Frontier Foundation (EFF)

Un organisme à but non lucratif de défense des libertés civiles, qui oeuvre
dans l'intérêt public pour protéger le respect de la vie privée, la liberté
d'expression, l'accès en ligne de l'information publique et la responsabilité
civile dans les nouveaux médias. [anglais]

= Electronic Newstand

Propose des liens vers des centaines de magazines et permet aussi la recherche
d'articles. [anglais]

= Electronic Text Center

L'Electronic Text Center de l'Université de Virginie (USA) archive des
milliers de textes électroniques au format SGML (standard generalized markup
language), dont certains du domaine public, ainsi que des logiciels permettant
la création et l'analyse de textes. Douze langues sont représentées, dont le
français avec French Texts and Language Resources. [anglais]

= ETEXT Archives (The)

Créées en 1992, les ETEXT Archives regroupent des textes électroniques "qui
vont du texte sacré au texte profane ou du texte politique au texte personnel",
et les met à la disposition du public sans juger de leur contenu. [anglais]

= E-Zine-List

La liste de John Labovitz sur les magazines électroniques du monde entier,
soit 3.045 e-zines accessibles par Internet, FTP, gopher, messagerie
électronique, etc. [anglais]

= FNAC

Le site d'une grande chaîne française de librairies, qui se veut à la fois
défricheur, agitateur culturel et commerçant, de par sa politique commerciale
fondée sur l'alliance avec le consommateur, sa vocation culturelle et sa volonté
de découvrir les nouvelles technologies. Inclut une librairie en ligne et une
rubrique présentant l'actualité culturelle. [français]

= France Antiques

Spécialiste français d'antiquités et de livres anciens. Héberge notamment
plusieurs sites de librairies et de catalogues de livres anciens. [français,
anglais]

= France Edition

Site de l'organisme de promotion de l'édition française à l'étranger. Propose
notamment un annuaire des éditeurs adhérents. [français]

= France Loisirs

Le club français bien connu présente son catalogue: CD, vidéos, livres,
magazines, tirages et appareils photo, etc. On peut aussi adhérer au club en
ligne et passer commande en ligne. Au printemps 1998, on pouvait également
participer au premier roman interactif francophone lancé à l'occasion de la fête
d'Internet les 21 et 22 mars 1998. [français]

= FRANTEXT

Accessible par abonnement, FRANTEXT est la base textuelle préparée par
l'Institut national de la langue française (INaLF). La base comprend 180
millions de mots-occurrences résultant du traitement informatique d'une
collection représentative de 3.500 unités textuelles en arts, sciences et
techniques sur cinq siècles (16e-20e siècles). [français]

= Gabriel

Acronyme de: Gateway and Bridge to Europe's National Libraries, Gabriel est le
serveur des bibliothèques nationales européennes. Au menu, des informations
générales, ce qui est nouveau à Gabriel, un guide regroupant les bibliothèques
par pays, un guide regroupant les bibliothèques par genre de services, des
nouvelles des bibliothèques nationales européennes, et des projets communs à ces
bibliothèques. [anglais, français, allemand]

= Gallica

Inaugurée en 1997, la cyberbibliothèque de la Bibliothèque nationale de France
(BnF) propose les images et textes du 19e siècle francophone. Elle est aussi un
serveur expérimental qui a pour fonction de préfigurer la consultation à
distance de l'ensemble des collections numérisées de la BnF (dans un premier
temps, 100.000 volumes et 300.000 images fixes). [français]

= I*m Europe

Service de la Commission européenne présentant l'information la plus récente
sur les marchés européens du multimédia et les centres d'information
électronique. Propose notamment une section sur les ressources des bibliothèques
sur le Web (Library Resources on the Web) et une section sur la télématique pour
les bibliothèques (Telematics for Libraries). [anglais, documents dans les onze
langues européennes]

= Infos Graphiques On Line

L'information expliquée en images dans un site co-édité par Havas Interactive
et l'Agence JSI, avec des infographies disponibles par abonnement. Les thèmes:
culture, économie, France, monde, sciences, social, société, sports, vie
quotidienne, clin d'oeil, comment ça marche. Recherche possible par thème ou par
période (jour, semaine, mois, et archives). [français]

= Infos On Line

Prévue en mars 1998, l'ouverture de ce site a été retardée. Il sera le service
en ligne des publications du groupe français Havas, à savoir 01 Informatique,
Agro-distribution, L'Entreprise, L'Expansion, L'Express, La France agricole, Le
Moniteur des travaux publics et du bâtiment, La Revue de l'éleveur laitier, La
Revue de l'industrie agro-alimentaire, L'Usine nouvelle, La Vie française et La
Vigne, auxquels il faut ajouter les articles de l'hebdomadaire Le Point et ceux
du quotidien Les Echos, soit plus de 100.000 articles accessibles grâce à un
moteur de recherche multicritères proposant une liste d'articles avec résumé.
L'abonnement minimal sera de 50 FF pour 10 articles. [français]

= Institut national de la langue française (INaLF)

L'INaLF est une branche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique,
France). Ses recherches portent sur la langue française sous tous ses aspects,
notamment le discours littéraire du 14e au 20e siècle (contenu, sémantique et
thématique), la langue courante (langue écrite, langue parlée et argot), le
discours scientifique et technique et ses ressources terminologiques. [français]

= International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA)

Organisme international indépendant à destination des bibliothécaires du monde
entier, l'IFLA se veut un carrefour pour échanger des idées et promouvoir la
coopération internationale et la recherche dans tous les secteurs d'activité des
bibliothèques. Ses objectifs sont de représenter les bibliothécaires au niveau
international, promouvoir la formation continue du personnel, développer et
mettre en oeuvre de nouvelles directives. Voir notamment la section rassemblant
des documents électroniques sur ces différents sujets. [anglais]

= Internet Bookshop (iBS)

Située au Royaume-Uni, la plus grande librairie d'Europe avec 1,4 million de
titres publiés par plus de 150 éditeurs du Royaume-Uni et des Etats-Unis.
[anglais]

= Internet Public Library (IPL)

La première bibliothèque publique d'Internet et pour Internet. Propose
notamment une cyberbibliothèque de 20.166 documents catalogués et résumés. En
tant que bibliothèque expérimentale, l'IPL s'efforce aussi de découvrir et
promouvoir les projets les plus intéressants concernant les bibliothécaires et
Internet. [anglais]

= Internet Society (ISOC)

Créée en 1992 par Vinton Cerf, l'Internet Society est un organisme
professionnel international non gouvernemental regroupant différents groupes
d'intérêt pour élaborer des solutions permettant de coordonner et promouvoir le
développement d'Internet. Compte 100 organismes et 6.000 membres individuels
dans 150 pays, ainsi qu'une branche française. [anglais]

= Itinéraires: le monde en mémoire

Une librairie parisienne qui propose tous les ouvrages permettant de préparer,
accompagner et prolonger un voyage: guides, cartes, manuels de conversation,
ouvrages d'histoire, de civilisation, d'ethnographie et de religion, reportages,
récits de voyage, livres de cuisine, oeuvres de littérature étrangère, livres
d'art et de photographie. Couvre plus de 160 pays, soit environ 250
destinations. [français, anglais]

= Journal officiel (Le)

En ligne depuis janvier 1998, le texte intégral du Journal officiel et ses
archives récentes. [français, anglais, allemand]

= Journaux sur le Web (Les)

Réalisé par Webdo, un répertoire très complet des journaux sur le Web, qui
recense pratiquement tous les quotidiens et magazines non spécialisés dans le
monde, ainsi que les magazines électroniques et les chaînes ou les émissions de
télévision. [français]

= Légifrance

Site officiel français permettant la consultation en ligne du Journal officiel
depuis janvier 1998, ainsi qu'une quarantaine de codes tels que le Code civil ou
le Code pénal, les grandes décisions de jurisprudence et les textes de base
comme la Constitution de la Ve République ou la Déclaration universelle des
droits de l'homme. La page d'accueil propose cinq grandes rubriques: la
Constitution, la loi, la jurisprudence, le droit européen et l'actualité
juridique. [français]

= LEXIS-NEXIS

Un fournisseur international de services d'information et d'outils de gestion
en ligne (sur Internet, CD-ROM et papier) à l'intention des professionnels du
droit, de l'actualité et des affaires. Avec des clients dans plus de soixante
pays, la société fait partie de Reed Elsevier, grande société londonienne
d'édition et d'information. [anglais]

= Libération

Le site web d'un des grands quotidiens français. Propose la Une du quotidien,
des dossiers, le Cahier Livres, la rubrique Multimédia, des forums de
discussion, etc. [français]

= Librairie Garneau

Site de la Librairie Garneau, fondée en 1844 et devenue la plus grande chaîne
de librairies francophones au Canada, avec une excellente cyberlibrairie depuis
avril 1998. [français]

= Library 2000

Histoire du projet du MIT Laboratory for Computer Science (MIT: Massachussets
Institute of Technology, USA) entre octobre 1995 et octobre 1997. Library 2000
était un projet de recherche sur les systèmes informatiques permettant le
stockage en ligne à grande échelle, en utilisant comme exemple la future
bibliothèque électronique. Il s'agissait d'un projet pragmatique, qui a permis
de développer un prototype utilisant la technologie et les configurations de
systèmes économiquement faisables en l'an 2000. [anglais]

= Library of Congress

Le site de la bibliothèque nationale des Etats-Unis, qui est la plus grande
bibliothèque au monde avec ses millions de livres, périodiques et ressources
multimédia, répertoriés dans son catalogue en ligne. [anglais]

= LibWeb: Library Servers via WWW

Les serveurs de bibliothèques recensés par la Digital Berkeley Library
(Californie, USA). Un répertoire de 2.500 sites web de bibliothèques dans plus
de 70 pays. [anglais]

= Links to Electronic Book and Text Sites

Par OmniMedia Digital Publishing, une liste de liens vers les serveurs de
livres et textes électroniques. [anglais]

= Literary Resources on the Net

Le site de John Lynch, docteur en littérature anglaise à l'Université de
Pennsylvanie (USA), qui classe les ressources littéraires sur le Net en fonction
des catégories suivantes: période classique et biblique, période médiévale,
Renaissance, 18e siècle, période romantique, période victorienne anglaise, 20e
siècle anglais et irlandais, théâtre et drame, théorie, littérature féminine et
féminisme, ethnies et nationalités, autres littératures nationales,
bibliographie et histoire du livre, hypertextes et divers. [anglais]

= Livre en ligne

Librairie en ligne française avec un catalogue de 350.000 titres. [français]

= Livre.net

Propose à ses abonnés, essentiellement des professionnels du livre, une base
de données bibliographiques contenant plus de 300.000 références et la
consultation de cinq annuaires professionnels (bibliothèques, diffuseurs,
distributeurs, éditeurs et librairies). En libre accès, des conseils pour écrire
et publier, les revues littéraires et les concours littéraires. [français]

= Livre-rare-book

Géré par Pascal Chartier, de la Librairie du Bât d'Argent (Lyon), un catalogue
de livres anciens regroupant les catalogues de plusieurs librairies de la
région, et un annuaire électronique international des librairies de livres
d'occasion. [français, anglais, italien, allemand]

= Logos

Société de traduction internationale dont le siège est à Modène (Italie),
Logos propose en accès libre une base de données de 553 glossaires (Linguistic
Resources), un dictionnaire multilingue de 7,5 millions d'entrées en 31 langues
(Multilingual Dictionary), complété par la conjugaison des verbes en 17 langues
(Conjugation of Verbs), et une bibliothèque multilingue (Wordtheque) avec
recherche par mot dans une base de données de 328 millions de termes appartenant
à des romans, documents techniques et textes traduits. [anglais]

= Maison de la Francité

Association belge à but non lucratif subventionnée depuis 1976 par la
Commission communautaire française, la Maison de la Francité présente la réalité
socio-linguistique de Bruxelles, seconde capitale internationale de langue
française après Paris, et elle agit pour la défense et la promotion de la langue
française à Bruxelles et au sein de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
[français]

= MediaFinder

Tenu à jour par Oxbridge Communications Inc., une base de données regroupant
100.000 magazines, lettres d'information, catalogues, périodiques, etc., ainsi
qu'un service permettant de s'abonner ou de passer des annonces. [anglais]

= Michigan Electronic Library (MEL)

Une bibliothèque électronique très intéressante, particulièrement la section
sur les bibliothèques et sciences de l'information (Libraries and Information
Science), et celle sur l'actualité, les médias et les périodiques (News, Media
and Periodicals). [anglais]

= Micro Bulletin Actu (Le) (LMB Actu)

Une cyber-revue hebdomadaire du Centre national de la recherche scientifique
(CNRS, France), qui se présente comme "l'hebdomadaire Internet immatériel et
francophone", et qui est la référence française dans le domaine des technologies
de l'information. Diffusé gratuitement par messagerie électronique chaque jeudi
matin, il est ensuite archivé sur le site web. Il complète Le Micro Bulletin,
revue papier destinée aux utilisateurs de l'informatique dans la recherche.
[français]

= Ministère de la Culture et de la Communication

Site du ministère français qui s'articule autour de sept rubriques: ministère,
régions, événements culturels, expositions virtuelles, bases de données,
documentation, et guide de l'Internet culturel. [français, anglais]

= Monde (Le)

Site d'un grand quotidien français qui propose les dossiers en ligne, le
journal complet avant 17 h (abonnement payant), l'actualité avec l'AFP (Agence
France-Presse), et des rubriques sur les livres, les nouvelles technologies,
etc. [français]

= Monde diplomatique (Le)

Accès à l'ensemble des textes (depuis janvier 1994) de ce journal de
référence, par date, sujet ou pays. [français]

= MultiMania

"Le premier site de communauté francophone." Issu de la fusion entre deux
pionniers de l'Internet français - Mygale et The (Virtual) Baguette - MultiMania
propose à tout internaute 12 à 20 Mo gratuits pour créer son site web, avec aide
et services à l'appui. [français]

= Multimédium

Cyberquotidien québécois des nouvelles technologies de l'information.
Véritable mine de renseignements, il présente l'actualité internationale à base
d'articles courts renvoyant aux sources ou menant vers des informations
complémentaires sur d'autres sites. Propose notamment Infos techno, qui est une
sélection de revues informatiques francophones et anglophones. [français]

= Mygale

Un serveur web français qui a rendu d'immenses services à la communauté
Internet française puisqu'il offrait au public et aux associations à but non
lucratif une boîte aux lettres électronique et un hébergement gratuit de sites
sur un espace disque de 10 Mo (puis 20 Mo au bout d'un an). Mygale a fusionné
avec The (Virtual) Baguette pour créer MultiMania, qui offre le même type de
services. [français]

= NewsWorks

Ouvert entre février 1997 et mars 1998, le site en ligne du New Century
Network, qui regroupait neuf des plus grands groupes de presse des Etats-Unis,
traditionnellement concurrents (Advance Publications, Cox Newspapers, The
Gannett Company, The Hearst Corporation, Knight-Ridder Inc., The New York Times
Company, Times Mirror, The Tribune Company et The Washington Post Company). Le
site fut fermé un an après son ouverture suite aux tensions et divergences de
vue des partenaires. [anglais]

= Novalis

Société française de vente par correspondance de disques, livres, vidéos et
multimédia. [français]

= OCLC Online Computer Library Center

Organisme à but non lucratif à destination des bibliothèques, le but d'OCLC
est à la fois de favoriser l'accès à l'information à l'échelon international et
de réduire les coûts correspondants. Gère la plus grande base bibliographique
mondiale avec ses 38 millions de notices. A la fois service informatique et
organisme de recherche, OCLC offre aussi toute une gamme de services à ses
adhérents: services techniques, partage des ressources, services de référence en
ligne, préservation des documents, etc. [anglais]

= Office de la langue française (OLF)

Organisme gouvernemental québécois chargé d'assurer la promotion du français.
Veille à l'implantation et au maintien du français dans les milieux de travail
et des affaires et dans les services administratifs. Définit et conduit la
politique québécoise en matière de linguistique et de terminologie. [français,
anglais]

= Online Book Initiative (The) (OBI)

Une collection de textes anglophones appartenant au domaine public et proposés
au format ASCII. [anglais]

= On-Line Books Page (The)

Oeuvre de John Mark Ockerbloom, ancien étudiant de l'Université Carnegie
Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, USA), un répertoire de livres en accès libre
sur Internet, avec un index de plus de 8.000 livres en ligne et des liens vers
d'autres répertoires et archives de textes en ligne. [anglais]

= OPAC Network in Europe (ONE)

Un projet de l'Union européenne pour favoriser l'accès des OPAC (online public
access catalogues) et des catalogues nationaux aux usagers des bibliothèques, et
plus généralement pour faciliter et stimuler les échanges entre les
bibliothèques européennes. [anglais]

= Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

Créée en 1967, l'OMPI est chargée de promouvoir la protection de la propriété
intellectuelle à travers le monde grâce à la coopération entre les États et
d'assurer l'administration de divers traités multilatéraux concernant les
aspects juridiques et administratifs de la propriété intellectuelle. [anglais,
français, espagnol]

= PageFrance

L'actualité française multimédia, l'actualité française tout court avec des
liens pour trouver l'info, une sélection de sites web francophones, une
recherche de coordonnées en tous genres, et un guide du shopping Internet.
[français]

= Pagina

Magazine de l'édition à parution hebdomadaire, présente l'actualité littéraire
française. [français]

= Pathfinder

Site web du groupe TIME-Warner, éditeurs de TIME Magazine, Sports illustrated,
Fortune, People, Southern Living, Money, Sunset, etc. Possibilité de recherche
d'articles par date ou par sujet. [anglais]

= Paulus Swaen: Old Maps and Prints

Propose des enchères sur Internet de cartes anciennes du monde entier,
gravures, imprimés, atlas, globes et manuscrits médiévaux. [anglais]

= Polar Web

Le site francophone du roman policier, avec des liens vers d'autres serveurs,
des informations sur les manifestations, des publications, des interviews, des
pages sur les auteurs, des nouvelles, etc. [français, anglais]

= LibraryBlog

Créée par Michael Hart en 1971, une grande cyberbibliothèque anglophone dont
le but est de mettre à la disposition des usagers le plus grand nombre possible
d'oeuvres littéraires pour un coût minimal. Objectifs pour l'an 2001: un stock
de 10.000 oeuvres littéraires et la transmission de 1.000 milliards de textes
électroniques, à savoir 10.000 textes vers 100 millions de lecteurs. [anglais]

= Projekt Gutenberg-DE

Débutée en 1994, une cyberbibliothèque allemande de 200 titres. [allemand]

= Projekt Runeberg

Une cyberbibliothèque nordique de littérature et d'art créée en 1992 par
LYSATOR, club informatique d'étudiants, en collaboration avec la Bibliothèque
universitaire de Linköping (Suède). Environ 200 titres disponibles en ligne.
[suédois, anglais]

= Public Access Computer Systems Review (PACS Review)

Publiée par les bibliothèques de l'Université de Houston (Texas, USA), une
revue électronique sur les systèmes informatiques dans les bibliothèques. Cette
revue est distribuée gratuitement sur Internet et d'autres réseaux informatiques
à environ 8.000 personnes dans 60 pays. Les contributions concernent les thèmes
suivants: bibliothèques numériques, systèmes de livraison des documents, édition
électronique, systèmes expert, systèmes hypermédias et multimédias, bases de
données locales, ressources et outils d'information en réseau, catalogues en
ligne. [anglais]

= Publishers' Catalogues

= Un catalogue géré par Peter Scott sur le site de la société Northern Lights
Internet Solutions (située à Saskotoon, Saskatchewan, Canada), avec un index
géographique très pratique. [anglais]

= Publishing Companies Online

Au sein de la WWW Virtual Library, une liste d'éditeurs classés selon les
catégories suivantes: éditeurs universitaires; éditeurs de livres informatiques;
éditeurs scientifiques, techniques et médicaux; éditeurs électroniques; projets
d'édition en ligne; autres éditeurs commerciaux. [anglais]

= Reporters sans frontières (RSF)

Organisation indépendante française défendant la liberté de la presse, avec
des sections ou des adhérents dans plus de vingt pays. Construit autour de trois
pôles - actualité, censure et action - son site est une référence en matière
d'information sur les violations de la liberté de la presse. Il propose des
articles, photos et dessins qui sont censurés dans le monde, ainsi que des
actions contre les atteintes à la liberté d'expression. [français, anglais,
espagnol]

= Research Libraries Information Network (RLIN)

Créé par le Research Library Group (RLG) pour ses bibliothèques membres, RLIN,
accessible par abonnement, est le plus grand catalogue du monde avec ses 83
millions de notices. Contrairement au OCLC Online Computer Library Center, il
propose plusieurs notices pour le même document. Catalogue très intéressant
aussi pour ses notices de livres anciens, documents iconographiques et ouvrages
en caractères non latins. [anglais]

= SJCPL's Public Library WWW Servers

Par la St. Joseph County Public Library (South Bend, Indiana, USA), un
répertoire des sites web de 560 bibliothèques publiques. [anglais]

= Société internationale de diffusion et d'édition (SIDE)

Spécialiste français de l'exportation des livres, périodiques et CD-ROM depuis
plus de quinze ans, SIDE, distributeur indépendant, regroupe et exporte dans le
monde entier les livres en langue française publiés en Europe, et traite aussi
les abonnements de périodiques français. [français, anglais]

= Stanford Digital Libraries Project (The)

Le projet des Stanford Digital Libraries (Californie, USA) fit partie de la
Digital Library Initiative, un projet sur quatre ans (1994-1997) soutenu par la
NSF (National Science Foundation), la DARPA (Defense Advanced Research Projects
Agency) et la NASA (National Aeronautics and Space Administration). [anglais]

= UCLA Online Institute for Cyberspace Law and Policy (The) (ICLP)

Créé en septembre 1995 à l'UCLA (University of California, USA), l'ICLP a les
objectifs suivants: procurer des ressources aux universitaires, praticiens,
étudiants et usagers d'Internet intéressés par le droit du cyberespace, aider à
trouver des solutions aux problèmes propres au cyberespace, identifier les
problèmes légaux et politiques, favoriser le développement du droit du
cyberespace en tant que discipline propre, procurer un moyen de dissémination
des idées nouvelles et favoriser de nouvelles communautés électroniques dans ce
domaine. La Cyberspace Law Bibliography est une bibliographie très complète sur
le droit du cyberespace. [anglais]

= UnCover

UnCover est un service payant qui délivre par télécopieur à ses clients des
articles issus de sa collection de 17.000 périodiques dans tous les domaines
rassemblés depuis 1988. Les tables des matières des périodiques et l'index par
mots-clés sont en accès libre. [anglais]

= Universal Library

Une cyberbibliothèque créée par l'Université Carnegie Mellon (Pittsburgh,
Pennsylvanie, USA) et comprenant un index de plus de 5.000 textes en anglais.
Reliée à l'Experimental Search System (ESS) de la Library of Congress. [anglais]

= (Virtual) Baguette (The)

"Discussion en direct, humour et divertissement". Bilingue, ce magazine
français bimensuel (deux fois par mois) donne toutes sortes de nouvelles
humoristiques sur Internet. Il a également intégré Mygale pour créer MultiMania.
[français, anglais]

= Wired

Revue culte créée en 1992 en Californie (USA), le mensuel Wired fut le premier
magazine consacré à la culture cyber, et il se veut maintenant le journal du
futur à l'avant-garde du 21e siècle. [anglais]

= World Wide Web Consortium (W3C)

Dirigé par Tim Berners-Lee, créateur du Word Wide Web en 1990, W3C est le
consortium industriel international fondé en 1994 pour développer les protocoles
communs nécessaires au développement du Web. [anglais]

= WWW Virtual Library (VL)

Un passionnant catalogue par sujets débuté par Tim Berners-Lee comme outil
d'analyse du développement du World Wide Web qu'il venait de créer au CERN
(Laboratoire européen pour la physique des particules) en 1990. [anglais]

= Yahoo! / Yahoo! France

Acronyme de: Yet Another Hierarchical Officious Oracle! Créé en 1994 par deux
étudiants de l'Université de Stanford (Californie) pour recenser et classer par
thèmes les sites web, Yahoo! est devenu l'annuaire le plus utilisé sur le Web,
avec recensement et classification des sites par le cerveau humain,
contrairement aux moteurs de recherches comme AltaVista où tout est automatisé.
Comprend notamment des secteurs sur les bibliothèques, les cyberbibliothèques et
les textes électroniques. [nombreuses versions nationales : Allemagne, Australie
et Nouvelle-Zélande, Canada, Chine, Danemark, Espagne, France, Irlande, Italie,
Japon, Norvège, Royaume-Uni et Suède]

= ZazieWeb

Revue littéraire française en ligne conçue et réalisée par Isabelle Aveline,
avec un graphisme d'Oliver Cornu. Toute l'actualité du livre présentée avec
punch et humour dans différentes rubriques: club des libraires multimédia,
manifestations culturelles, atelier d'écriture et billets d'humeur. [français]

= ZDNet

Dirigé par Ziff Davis, le site du grand éditeur mondial de magazines
informatiques, avec une section française, ZDNet France. [anglais, français]


13. INDEX DES SITES ET PAGES WEB


ABF (Association des bibliothécaires français)

ABU: la bibliothèque universelle

ACM (Association for Computing Machinery) Digital Library

AcqWeb's Directory of Publishers and Vendors

ADBS (Association des professionnels de l'information et de la documentation)

AFP (Agence France Presse)

Agence de la francophonie

Agence France Presse (AFP)

AJR/Newslink

Alapage

AltaVista

AltaVista Translation

Amazon.com

American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL)
Project

American Journalism Review (AJR Newslink)

American Society for Information Science (ASIS)

Amicale du regroupement pédagogique Armillac Labretonie Saint-Barthélémy
(ARPALS)

Annuaire de l'UREC (Unité réseaux du CNRS - Centre national de la recherche
scientifique)

ARL (Association for Research Libraries)

ARPALS (Amicale du regroupement pédagogique Armillac Labretonie
Saint-Barthélémy)

ARTFL Project (ARTFL: American and French Research on the Treasury of the French
Language)

ASIS (American Society for Information Science)

Association des bibliothécaires français (ABF)

Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS)

Association for Computing Machinery (ACM) Digital Library

Association for Research Libraries (ARL)

Athena

Autre Terre (Une)

Barnesandnoble.com

BBF (Bulletin des bibliothèques de France)

BD Paradisio

Berkeley Digital Library SunSITE

Bertelsmann

Bibelec

BIBLINK

Biblio-fr

Biblio On Line

BiblioPresse

Bibliotheca universalis

Bibliotheken

Bibliothèque de l'Office des Nations Unies à Genève (ONUG)

Bibliothèque électronique de Lisieux (La)

Bibliothèque municipale de Lyon

Bibliothèque nationale de France (BnF)

Bibliothèque nationale de France (BnF) / catalogues

Bibliothèque publique d'information (BPI)

Bibliothèques sur Internet / Association des bibliothécaires français (ABF)

BIBSYS

Blackwell's Book Services

BnF (Bibliothèque nationale de France)

BnF ( Bibliothèque nationale de France) / catalogues

Bookmarks for Rebollar Patrick

BPI (Bibliothèque publique d'information)

British Library

British Library Catalogue

Bulletin des bibliothèques de France (BBF)

Buybooks.com

Catalogue collectif de France (CCFR)

Catalogues des bibliothèques francophones / Ecole nationale supérieure des
sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB)

CCFR (Catalogue collectif de France)

CERCLE (Comité européen pour le respect des cultures et des langues en Europe)

Cerf (Editions du Cerf)

CERN (Laboratoire européen pour la physique des particules)

Chapitre.com

Chaptersglobe.com

Château (Le)

Choucas (Editions du Choucas)

Chroniques de Cybérie (Les)

Chronologie littéraire 1848-1914

ClicNet

Club des poètes

CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés)

Comité européen pour le respect des cultures et des langues en Europe (CERCLE)

Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL)

Computer Industry Almanach (CIA)

Corbis

Courrier international

Crème de Canard (La)

Cursus

CyLibris (Editions CyLibris)

Dallas Morning News

Dawson

Decitre

Délégation générale à la langue française (DGLF)

Dernières nouvelles d'Alsace (Les) (DNA)

DGLF (Délégation générale à la langue française)

Dialog Corporation

Dialog Web

Digital Library Technology (DLT)

Digital Object Identifier (DOI) System

D-Lib Magazine

DLT (Digital Library Technology)

DNA (Les dernières nouvelles d'Alsace)

DOI System (DOI: Digital Object Identifier)

Echos (Les)

Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB)

Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille

Edilib

Editeurs / Biblio On Line

Editeurs francophones

Editions 00h00.com

Editions CyLibris

Editions du Cerf

Editions du Choucas

EDventure Holdings

EFF (Electronic Frontier Foundation)

E.Journal

Electric Library

Electronic Frontier Foundation (EFF)

Electronic Newstand

Electronic Text Center / University of Virginia

English Short Title Catalogue (ESTC)

ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des
bibliothèques)

ESJ (Ecole supérieure de journalisme de Lille)

ESS ( Experimental Search System) / Library of Congress

ESTC (English Short Title Catalogue)

ETEXT Archives

Experimental Search System (ESS) / Library of Congress

E-Zine-List

FNAC

France Antiques

France Edition

France Loisirs

France-Ouest

Franco AquiNet

FRANTEXT

Furet du Nord

Gabriel

Gallica

Garneau (Librairie Garneau)

General Library Resources on the Web / European Union

Gutenberg (LibraryBlog)

Hebdo (L') (Webdo)

Humanité (L')

IBS (Internet Bookshop)

ICPL (UCLA Online Institute for Cyberspace Law and Policy)

IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions)

I*m Europe

INaLF (Institut national de la langue française)

Infos Graphiques On Line

Infos On Line

Institut national de la langue française (INaLF)

Interférences (Librairie Interférences)

International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA)

International Trade Law (ITL) Monitor

Internet Bookshop (iBS)

Internet Public Library (IPL)

Internet Society (ISOC)

IPL (Internet Public Library)

ISOC (Internet Society)

Itinéraires (Librairie Itinéraires)

ITL (International Trade Law) Monitor

Journal officiel (Le)

Laboratoire européen pour la physique des particules (CERN)

Légifrance

LEXIS-NEXIS

Liber Liber

Libération

Librairie Garneau

Librairie Interférences

Librairie Itinéraires

Library 2000

Library and Information Science Resources / Library of Congress

Library and Related Resources / University of Exeter

Library Journal Digital (LJDigital)

Library of Congress Catalog

Library of Congress Catalog / Experimental Search System (ESS)

LibWeb: Library Servers via WWW / Digital Berkeley Library

Links to Electronic Book and Text Sites

Literary Resources on the Net

Livre.net

Livre-rare-book

LJDigital (Library Journal Digital)

LMB Actu (Le Micro Bulletin Actu)

Logos

Machine readable catalogue (MARC)

Maison de la Francité

Manifeste du Web indépendant

Manifeste pour un technoréalisme

MARC (machine-readable cataloguing)

Mauritanie

MediaFinder

MEL (Michigan Electronic Library)

Michigan Electronic Library (MEL)

Micro Bulletin Actu (Le)

Ministère de la Culture et de la Communication (France)

MIT Press (MIT: Massachussets Institute of Technology)

Monde (Le)

Monde diplomatique (Le)

Monde en Tique (Le)

Multimédium

Mygale

NAP (National Academy Press)

National Academy Press (NAP)

News.Com

NewsLink (AJR Newslink)

NewsWorks

Nouvelles du bled

Novalis

OBI (Online Book Initiative)

OCLC Online Computer Library Center

Office de la langue française (OLF)

OLF (Office de la langue française)

OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle)

ONE (OPAC Network in Europe)

Online Book Initiative (The) (OBI)

On-Line Books Page (The)

Online Computer Library Center (OCLC)

Online Institute for Cyberspace Law and Policy (The) / University of California

OPAC 97 (catalogue de la British Library)

OPAC Network in Europe (ONE)

Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

Oriente-Express

Ouest-France

PACS Review (Public Access Computer Review)

PageFrance

Pagina

Pathfinder

Paulus Swaen Old Maps and Prints

Petit Bouquet (Le)

Poésie d'hier et d'aujourd'hui

Poésie française

Polar Web

Presses universitaires de France (PUF)

Progetto Manuzio

LibraryBlog

Projekt Gutenberg-DE

Projekt Runeberg

Programme des bibliothèques / Union européenne

Public Access Computer Systems Review (PACS Review)

Public Libraries of Europe

Publishers' Catalogues

Publishing Companies Online

PUF (Presses universitaires de France)

Release 1.0

Release 2.0

Reporters sans frontières (RSF)

Research Libraries Group (RLG)

Research Libraries Information Network (RLIN)

Réseaux régionaux de bibliothèques françaises

RLG (Research Libraries Group)

RLIN (Research Libraries Information Network)

RSF (Reporters sans frontières)

SIDE (Société internationale de diffusion et d'édition)

Sites Web des bibliothèques (Les) / Biblio On Line

SJCPL's Public Library WWW Servers / St Joseph County Public Library

SNJ (Syndicat national des journalistes)

Société internationale de diffusion et d'édition (SIDE)

Soir (Le)

Stanford Digital Libraries Project

SunSITE (Berkeley Digital Library)

Syndicat national des journalistes (SNJ)

Systran

Technorealism

Technoréalisme (Manifeste pour un technoréalisme)

Théâtrales

Tribune (La)

UCLA Online Institute for Cyberspace Law and Policy (The)

UIT (Union internationale des télécommunications)

UnCover

UNIMARC (MARC: machine-readable cataloguing)

Union internationale des télécommunications (UIT)

Universal Library

Virgin MegaWeb

(Virtual) Baguette (The)

W3C (World Wide Web Consortium)

Watan (El)

Webactu

Webdo

Wired

World Wide Web Consortium (W3C)

Yahoo!

ZazieWeb

ZDNet


14. INDEX DES PERSONNES CITEES


Les personnes dont le nom est suivi d'un astérisque (*) ont contribué tout
particulièrement à cette étude en répondant en juin ou juillet 1998 à une
enquête par courrier électronique. Qu'elles soient ici chaleureusement
remerciées.

Carlos Alberto de Almeida (Federación Nacional de Periodistas - FENAJ)

Jean-Pierre Angremy (2) (Bibliothèque nationale de France)

Silvaine Arabo* (2) (Poésie d'hier et d'aujourd'hui)

Arlette Attali* (Institut national de la langue française - INaLF)

Christian Aubry (Multimédium)

Isabelle Aveline* (2) (ZazieWeb)

Louise Beaudouin (ministère de la Culture, Québec)

Barry Beckham (romancier)

Redha Belkhat (El Watan)

Tim Berners-Lee (2) (3) (World Wide Web Consortium - W3)

Beth Berselli (Washington Post)

Tony Blair (premier ministre, Royaume-Uni)

Olivier Bogros* (2) (Bibliothèque municipale de Lisieux)

Jose Luis Borges (écrivain)

Bernard Boudic* (Ouest-France)

Pierre Briançon (2) (Libération)

Vinton Cerf (Internet Society - ISOC)

Pierre-Louis Chantre (L'Hebdo)

Pascal Chartier* (Livre-rare-book)

Jean-Pierre Cloutier* (2) (3) (4) (Chroniques de Cybérie)

Jacques Coubard* (L'Humanité)

Christian Debraisne (Nouvelles du bled)

Malti Djallan (Reporters sans frontières)

Robert Downs (écrivain)

Walter Durling (AT&T Global Information Solutions)

Esther Dyson (2) (Electronic Frontier Foundation - EFF)

Didier Falkand (2) (écrivain)

Jean-Gabriel Ganascia (GIS Sciences de la cognition)

William Gibson (romancier)

Paul Gilster (2) (3) (écrivain)

Muriel Goiran* (Librairie Decitre)

Claude Gross (Unité Réseaux du CNRS - UREC)

Bruno Guglieminetti (Radio Canada)

Bruno Guissani (Libération)

Michael Hart* (2) (LibraryBlog)

Christian Huitema (Internet Activities Board - IAB)

Christiane Jadelot* (2) (3) (Institut national de la langue française - INaLF)

Jean-Paul* (2) (musicien et écrivain)

Annie Kahn (Le Monde)

Wilfred Kiboro (2) (Nation Printers and Publishers Ltd.)

John Labovitz (E-Zine-List)

Michel Landaret * (Dernières nouvelles d'Alsace)

Brian Lang (British Library)

Laurent Latrive (Libération)

Timothy Leary (2) (philosophe)

Peter Leisink (Université d'Utrecht)

Claire Le Parco* (2) (Poésie française)

Annie Le Saux* (Bulletin des bibliothèques de France - BBF)

Pierre Lévy (philosophe)

Fabrice Lhomme* (2) (Une Autre Terre)

Librairie Itinéraires*

Bernie Lunzer (2) (Newspaper Guild)

Nelson Mandela (président, Afrique du Sud)

Laurent Mauriac (Libération)

Antoine Maurice (Tribune de Genève)

Eric K. Meyer (AJR/NewsLink)

Hermann Meyn (Deutscher Journalisten Verband - DJV)

Michel Muller (Fédération des industries du livre, du papier et de la
communication)

Phil O'Reilly (Newspaper Publishers' Association of NZ)

Penny Pagano (AJR/NewsLink)

Pierre Perroud (Athena)

Nicolas Pewny* (Editions du Choucas)

Emmanuelle Peyret (Libération)

Henri Pigeat (Institut international des communications)

Hervé Ponsot* (Cerf)

Peter Raggett* (Organisation de coopération et de développement économiques)

Patrick Rebollar* (2) (3) (professeur de lettres et d'informatique)

Etienne Reichel (Visual Communication - VISCOM)

Jean-Baptiste Rey* (2) (Biblio On Line)

Philippe Rivière* (Le Monde diplomatique)

Blaise Rosnay* (Club des poètes)

Heinz-Uwe Rübenach (2) (3) (Bundesverband Deutscher Zeitungsverleger)

Thierry Samain (2) (3) (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information
et des bibliothèques - ENSSIB)

Bruno de Sa Moreira* (Editions 00h00.com)

Dale Spender (professeur)

Bruce Sterling (World Wide Web Consortium - W3)

Jérôme Strazzulla (Le Figaro)

Guy Teasdale (2) (Université de Montréal)

Catherine Trautman (ministère de la Culture, France)

Rodrigo Vergara (2) (Logos)

Philip Wade (2) (écrivain)

Mohammed Zaoui (Nouvelles du bled)

Copyright © 1999 Marie Lebert





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