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Title: La Jérusalem médiévale
Author: Lebert, Marie
Language: French
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LA JERUSALEM MEDIEVALE


MARIE LEBERT


NEF, University of Toronto, 2006

Copyright © 2006 Marie Lebert

Une étude rédigée sans parti pris, en accordant une large place aux diverses
communautés (chrétienne, juive et musulmane) et à leurs historiens. Avec des
photos de Marie-Joseph Pierre. La version originale est disponible sur le NEF:
http://www.etudes-francaises.net/jerusalem/


TABLE


1. Introduction

2. Histoire de Jérusalem au Moyen-Age

3. L’architecture musulmane

4. L’architecture croisée civile

5. L’architecture croisée religieuse

6. L’architecture ayyubide

7. L’architecture mamelouke

8. Premiers albums de photographies

9. Bibliographie

10. Index


1. INTRODUCTION


Dessinée en 1581, cette carte de Heinrich Buenting [1] représente Jérusalem au
centre du monde, point de convergence de trois continents: l’Europe, l’Afrique
et l’Asie.

Depuis de nombreux siècles, la ville est aussi la ville sainte de trois grandes
religions: le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

L’époque médiévale est marquée par des luttes acharnées entre Juifs, Chrétiens
et Musulmans. Batailles immenses ou combats de quelques centaines d’hommes,
sièges, prises de villes, représailles, règlements de comptes, on ne compte pas
les manifestations de fanatisme et de cruauté sanguinaire.

Sous la dynastie fatimide, le calife Al-Hakim, dit le “calife fou”, massacre
tous les Juifs et Chrétiens de Jérusalem, et détruit les synagogues et les
églises. La prise de Jérusalem par les Croisés le 15 juillet 1099 est suivie du
massacre des Musulmans et des Juifs. La ville est pillée et incendiée. Les Juifs
et Musulmans ayant survécu sont vendus comme esclaves en Europe. En 1244,
débarquant d’Asie centrale, des hordes de Tartares pillent Jérusalem, massacrent
les Chrétiens et dévastent le Saint-Sépulcre. Trois exemples parmi tant
d’autres.

Parfois, pour peu de temps, certaines périodes sont marquées par la
compréhension, la tolérance religieuse et la liberté. Sous le calife Al-Ariz,
pendant la dynastie fatimide, les Chrétiens et les Juifs jouissent d’une grande
liberté. De même, à la fin du 12e siècle, Saladin reconnaît les droits de la
communauté juive de Jérusalem.

En Terre Sainte, l'époque médiévale se divise schématiquement en quatre grandes
périodes: la période musulmane entre 640 et 1099, la période croisée entre 1099
et 1187, la période ayyubide entre 1187 et 1250, et la période mamelouke entre
1250 et 1517.

Chaque période donne lieu à un foisonnement d’édifices: églises, mosquées,
temples, palais, mausolées, colonnades. Certains sont incendiés, détruits,
rasés, nivelés, puis construits à nouveau. Les fondations et les vestiges ayant
subsisté sont parfois réutilisés. Seul le Dôme du Rocher, vénéré dans les trois
religions, est épargné par ce flot de violence.

Jérusalem est une ville de pierre calcaire, cette pierre blanche sur laquelle se
réfracte le soleil. Les bâtiments sont souvent d’une grande beauté
architecturale. Le Dôme du Rocher est le joyau de la ville, une image de
Jérusalem transportée aux quatre coins du monde. L’église croisée Sainte-Anne
est un chef-d’oeuvre d’art roman, de par la pureté de ses lignes, et la plus
belle église de la Vieille Ville. Les chapiteaux sculptés, les archivoltes et
les linteaux du Saint-Sépulcre sont de véritables merveilles.

L’orientaliste suisse Max van Berchem fait son premier séjour à Jérusalem à
l’âge de 23 ans. Le 29 mars 1888, il écrit à sa mère pour lui donner ses
impressions. “J’ai vu des choses plus belles, mais rien d’aussi saisissant. Ces
rues étroites, tortueuses, montantes, ces maisons tout en pierres déguenillées,
pleines de recoins pittoresques, enjambant les rues dans les arcades sombres, ce
mélange de tous les styles, de tous les temps, des souvenirs juifs, grecs,
romains, chrétiens, musulmans, les églises du moyen âge à côté de la mosquée,
tout cela enserré dans une grande muraille en pierres, perché sur une montagne
entre deux ravins profonds, avec des arrière-plans de montagnes bleues, un ciel
d’Italie et un soleil d’Orient. Dans les rues on coudoie toutes les nations, des
gens venus de tous les coins du monde, réunis ici dans une même pensée
religieuse, mais séparés par les moeurs et les idées; rien ne peut rendre cette
impression…” Et il ajoute en post-scriptum: “A chaque pas on rencontre un
endroit consacré par la légende et numéroté comme dans un catalogue… Puis on
retrouve avec une certaine émotion tous ces noms de la Bible qu’on connaît
depuis son enfance...” [2]

Max van Berchem est venu pour photographier la ville. Depuis le milieu du 19è
siècle, la photo supplante le croquis, le dessin, la gravure ou l'estampe, ou
plutôt les relaie pour devenir elle aussi document d'architecture. Comme l'écrit
Auguste Salzmann, autre photographe de Jérusalem, dans la préface de son livre,
"les photographies ne sont plus des récits, mais bien des faits dotés d'une
brutalité concluante..." [3] Un avis partagé par Horace Vernet, Maxime du Camp,
Louis Félicien de Saulcy, Francis Frith, Félix Bonfils et bien d'autres, dont
les albums de photos envahissent peu à peu les librairies pour faire connaître
la Ville Blanche à d'autres cultures.

= Notes

[1] Itinerarium Sacrae Scripturae. Helmstadt, 1581. Cliquer sur la carte pour la
voir en grand format.

[2] Gautier-van Berchem (Marguerite) et Ory (Suzanne). La Jérusalem musulmane.
Lausanne, éditions des Trois Continents, 1978, p. 18-19.

[3] Salzmann (Auguste). Jérusalem. Etude et reproductions photographiques de la
Ville Sainte... Paris, Gide & Baudry, 1856. Préface datée de juin 1854.


2. HISTOIRE DE JERUSALEM AU MOYEN-AGE


[La période musulmane (638-1099) / La période croisée (1099-1187) / La période
ayyubide (1187-1250) / La période mamelouke (1250-1517) / Notes / Chronologie
médiévale]

Les grands monuments de l'époque ont vu le jour à une époque marquée par des
conflits brutaux et des violences de toutes sortes. Dissocier histoire et
architecture n'aurait pas grand sens. Très schématiquement, l'histoire médiévale
de Jérusalem se répartit en quatre grandes périodes: la période musulmane
(638-1099), la période croisée (1099-1187), la période ayyubide (1187-1250) et
la période mamelouke (1250-1517).

= La période musulmane (638-1099)

Jérusalem est conquise par les Byzantins en 629. Sous leur férule depuis 324, la
ville a échappé à leur contrôle pendant quinze ans après la conquête perse de
614.

Divisé par des intrigues internes et saigné à blanc suite à la lutte contre les
Perses, l’empire byzantin ne peut offrir de résistance à la cavalerie qui,
enflammée par une foi nouvelle, traverse le désert d’Arabie. Suite aux
enseignements de Mahomet, les Musulmans décident de reconquérir Jérusalem.
Lorsqu’il meurt en 632, ses armées sont déjà en route pour la Palestine.

En décembre 634, les troupes musulmanes campent autour de Bethléem, et coupent
Bethléem de Jérusalem, empêchant ainsi les Chrétiens de se rendre sur le lieu de
naissance du Christ pour célébrer la liturgie de la veille de Noël.

Dans son sermon de veille de Noël à Jérusalem, le patriarche Sophronius exprime
à la fois ses regrets sur l’impossibilité de se rendre à Bethléem et ses
craintes à l’égard de ces “Sarrazins” porteurs d’une religion nouvelle [1].

Le 20 août 636, la bataille de Yarmuk sonne le glas de la Palestine.

Jérusalem est sans doute prise en 638, sans effusion de sang. Appelée Aelia dans
les récits musulmans de l’époque, la ville n’est pas pour eux un point
stratégique dans l’avance des armées. Il n’existe pas de récits de témoins
directs. Un récit de cette prise est donné par deux historiens contemporains,
Baladhuri et Ya’qubi, et repris ensuite par l’historien musulman Tabari, mort en
923 [2].

Voici le récit de Ya’qubi: "Omar vint dans la région de Damas, puis il arriva à
la Ville Sainte, la prit sans bataille et envoya aux habitants le message
suivant: 'Au nom de Dieu, charitable et miséricordieux. Voici un écrit d’Omar
ibn al-Khattab aux habitants de la Ville Sainte. Il vous garantit que votre vie,
vos biens et vos églises ne seront jamais pris ni détruits, aussi longtemps que
votre attitude ne sera pas à blâmer.' Ceci fut confirmé par des témoins."

L’invasion musulmane favorise le retour des Juifs et met fin aux tourments que
leur infligent les Chrétiens. Omar garantit bien la liberté individuelle et
religieuse aux Chrétiens et aux Juifs.

Les Juifs ont amorcé leur retour dans la ville pendant le court règne perse, à
la fin de la période byzantine. Après 638, les interdits les frappant sont
abolis. Ils sont officiellement autorisés à se réinstaller à Jérusalem pour la
première fois depuis 135, et à vivre à nouveau à l’intérieur de la ville [3].

Le calife Omar demande aux Juifs où ils veulent s’installer. Ils décident
d’avoir leur quartier au sud de la ville, à côté du site du Temple et près des
piscines de Siloam, qu’ils peuvent utiliser pour leur bain rituel. La communauté
juive construit des synagogues et des centres d’étude. En 661, il existe une
synagogue située sur le Mont du Temple. Les Juifs ont toute liberté et
bénéficient de l’aide des Musulmans. Ils projettent de reconstruire le Temple de
Salomon à l’endroit appelé le Saint des Saints.

Omar proclame la colline du Temple lieu de prière. Dans la tradition de l’Islam,
Jérusalem est la ville où Mahomet, dans sa vision nocturne, est transporté sur
son légendaire coursier. Et son ascension au Ciel aurait eu lieu à partir du
site du Temple juif. Jérusalem est également reconnue comme Ville Sainte par
l'Islam, puisque consacrée par les deux religions prenant racine dans la Bible -
le Judaïsme et le Christianisme - considérées par les Musulmans comme précédant
l’Islam.

Cependant la Ville Sainte n’est qu’une ville de province, dans un royaume dont
les capitales sont successivement Damas, Bagdad, Le Caire ou Constantinople.
Trois dynasties se succèdent: le dynastie ommeyade, la dynastie abbasside et la
dynastie fatimide.

= = La dynastie ommeyade (650-750)

Sous la dynastie omeyyade, Israël devient une province du vaste empire musulman.
Jérusalem n’est ni capitale ni centre culturel. Abd al-Malik fait bâtir le Dôme
du Rocher en 691 et 692. Son fils Al-Walid fait construire la mosquée al-Aksa
entre 705 et 715. Le nombre d’habitants de Jérusalem, qui était de quatre-vingt
mille pendant la période byzantine, décroît énormément. La capitale devient
Emmaüs. Plus tard, à cause d’une épidémie de peste, Suliman, le deuxième fils
d’Abd al-Malik, désigne Ramleh comme capitale provinciale et centre commercial.

Sous le califat omeyyade, les conversions à l’Islam augmentent. Juifs et
Chrétiens sont cependant tolérés, et la gestion de leurs affaires communautaires
leur est laissée. La communauté chrétienne souffre de dissensions internes, dues
aux conflits entre l’Eglise orientale et l’Eglise occidentale.

= = La dynastie abbasside (750-969)

Sous la dynastie abbasside, la capitale musulmane n’est plus Damas, mais Bagdad.
L’influence de Jérusalem décroît encore. Le calife Haroun al-Rachid ne se rend
jamais à Jérusalem, mais il encourage la venue des pèlerins. C’est lui qui donne
à Charlemagne l’autorisation de fonder et d’entretenir des centres pour pèlerins
occidentaux.

La communauté juive de Jérusalem se renforce pour devenir rapidement la plus
importante du pays. Le quartier juif s’étend au nord du rempart occidental, en
incluant la zone située entre la Porte des Ordures au sud et la Porte de Damas
au nord. Le centre spirituel juif se déplace de Tibériade à Jérusalem. Des
références à la communauté religieuse juive de Jérusalem commencent à apparaître
dans les documents vers 800.

Un des premiers documents est le récit du rabin Ahima’as, un Italien venu en
pèlerinage à Jérusalem: “A cette époque, il y avait un Juif nommé Rabbi Ahima’as
qui monta trois fois avec ses offrandes à Jérusalem, la cité glorieuse. Chaque
fois qu’il vint, il prit avec lui cent pièces d’or, ainsi qu’il en avait fait le
voeu devant le Rocher du Salut, pour aider ceux qui se consacraient à l’étude de
la Torah, et pour ceux qui pleuraient la Maison ruinée de sa Gloire.” [4]

En 878, Jérusalem passe sous le contrôle du royaume d’Ahmed ibn-Touloun,
installé au Caire.

= = La dynastie fatimide (969-1071)

A partir de 969, les califes fatimides gouvernent Jérusalem depuis l’Egypte.
Sous la dynastie fatimide, le calife Al-Ariz, qui gouverne entre 976 et 996,
laisse une grande liberté aux Chrétiens et aux Juifs.

La Jérusalem du 10e siècle semble d’ailleurs dominée par les Juifs et les
Chrétiens, comme le montre le récit du voyageur et géographe musulman
al-Muqaddasi, lui-même natif de Jérusalem: “Dans cette province de Syrie aussi
les fabricants de monnaie, teinturiers, banquiers et tanneurs sont juifs pour la
plupart, alors qu’il est très commun que les physiciens et les scribes soient
chrétiens.” [5]

Il ajoute: “Bayt al-Maqdis (la Maison Sainte, ndlr) est connue aussi sous le nom
d’Iliya (Aelia, ndlr) et d’al-Balat (le Palais, ndlr). Aucune ville de province
n’est plus grande que Jérusalem, et de nombreuses capitales sont en fait plus
petites... Les bâtiments de la Ville Sainte sont en pierre, et nulle part
ailleurs vous ne trouverez de constructions plus belles et plus solides. Et
nulle part ailleurs vous ne rencontrerez de gens plus chastes. La nourriture est
excellente ici. Les marchés sont propres, la mosquée est parmi les plus grandes,
et nulle part les lieux saints ne sont plus nombreux qu’ici... A Jérusalem on
trouve toutes sortes d’hommes cultivés et de docteurs, et pour cette raison le
coeur de chaque homme intelligent est tourné vers elle. Tout au long de l’année,
ses rues ne sont jamais vides d’étrangers.”

L’accès des Juifs au Mont du Temple semble toutefois sujet à controverse. Selon
Salman Ben Yeruham, écrivain karaïte des années 950, l’accès du Haram semble
interdit aux Juifs. Mais, à partir de 970, les Fatimides autorisent les Juifs à
prier dans un endroit déterminé du Mont [6].

C’est la plus grande époque de Jérusalem sous la férule musulmane. La ville a
trente mille habitants, une superficie d’un kilomètre carré et des remparts de
quatre kilomètres de long.

La période de prospérité de Jérusalem se termine avec le successeur d’Al-Ariz,
Al-Hakim, calife de 996 à 1021. Appelé le “calife fou”, il persécute sauvagement
les Chrétiens et interdit les pèlerinages. En 1010, il ordonne la destruction de
toutes les synagogues et de toutes les églises, y compris le Saint-Sépulcre.
Après sa mort, les pèlerinages reprennent. On reconstruit le Saint-Sépulcre et
nombre d’églises. Des groupes de pèlerins viennent régulièrement d’Europe.

Nasir-I Khusraw, un Perse venu visiter la ville en 1047, fait un beau portrait
de Jérusalem avant l’arrivée des Croisés: “Ce fut le 5e jour du Ramadan de
l’année 458 (1047 selon le calendrier chrétien, ndlr) que j’arrivai à la Ville
Sainte... Jérusalem est une très grande ville, et lors de ma visite il y avait
vingt mille personnes. Elle a des bazars hauts, bien construits, et propres.
Toutes les rues sont pavées de dalles de pierre. Et, aux endroits où la pierre
était plus haute, ils l’ont coupée pour la mettre à niveau, si bien que, dès que
la pluie tombe, la place se trouve lavée et propre. Il existe de nombreux
artisans dans la ville, et chaque corps de métier a son propre bazar.” [7]

Les pèlerinages chrétiens sont nombreux. En 1065, douze mille pèlerins chrétiens
arrivent d’Allemagne du Sud et de Hollande. Selon le rapport du rabbin Shlomo
ben Yehuda, qui est à la tête de la Yeshivah de Jérusalem, on compte aussi des
pèlerinags juifs. Les Juifs prient dans les synagogues du Mont des Oliviers, et
se prosternent en formant un demi-cercle devant les remparts et les portes de la
ville.

Après avoir investi les régions montagneuses du pays, les Turcs séleucides
s’emparent de la ville en 1071, et la gardent sous leur férule pendant
vingt-huit ans. Ils pillent la Ville Sainte, persécutent les Chrétiens et les
Juifs, et interdisent les pèlerinages. Cette occupation aggrave les dissensions
avec les Chrétiens d’Europe.

Dans sa ferveur religieuse, l’Europe donne son approbation enthousiaste au pape
Urbain II quand, au Concile de Clermont de novembre 1095, il appelle à une
croisade pour libérer les Lieux Saints. Dans son discours, il s’inquiète des
rançons constantes dont les Chrétiens font l’objet. S’ils refusent de donner
leur argent, ce sont leurs bagages et leurs vêtements qui sont fouillés de fond
en comble, y compris les coutures des vêtements. Parfois les rançonneurs, pour
plus de sécurité, vont jusqu’à fouiller les intestins pour voir si les pièces
n’ont pas été avalées. [8]

Dans ses écrits, Guillaume de Tyr décrit la situation des Chrétiens: la
persécution par Al-Hakim, la destruction de l’église du Saint-Sépulcre, la
demande puis l’autorisation de la reconstruire, les vexations continuelles
infligées aux pèlerins venant dans la Ville Sainte. D’après lui, c’est cette
dernière mesure qui est la cause essentielle des Croisades. [9]

A l’époque précédant l’arrivée des Croisés, les Chrétiens sont formés de Grecs,
d’Arméniens, de Coptes égyptiens, de Jacobites syriens et, de plus en plus, de
Latins d’Europe.

Les Fatimides reviennent au pouvoir en 1098, juste à temps pour défendre
Jérusalem contre les troupes de la première Croisade.

= La période croisée (1099-1187)

Les Croisades sont une série d’expéditions militaires qui, entre 1099 et 1291,
établissent et maintiennent une présence chrétienne européenne en Terre Sainte.
Les Croisées étant à la fois des administrateurs et des chroniqueurs,
pratiquement toute la documentation sur les aspects si différents de leur vie
est arrivée jusqu’à nous [10].

Les hommes de la première Croisade prennent Jérusalem le 15 juillet 1099. Vers
midi, ils font une brèche dans le mur nord, près de la Porte d’Hérode. Ils sont
quinze mille. Avec un fanatisme incroyable, ils commencent par massacrer
Musulmans et Juifs. Ils pillent aussi la ville. Ils incendient de nombreux
quartiers et détruisent les maisons, les mosquées et les synagogues. Ils tuent
notamment tous les Musulmans réfugiés dans la mosquée al-Aksa.

Un témoin de la prise de Jérusalem raconte que la ville est pleine de cadavres
et de sang. Dans les rues s’amoncellent des piles de têtes, de mains et de
pieds. Dans le Temple de Salomon, autrement dit la mosquée al-Aksa, les
cavaliers ont du sang jusqu’aux genoux et jusqu’aux rênes des chevaux [11].
Guillaume de Tyr, qui n’était pas présent, mais dont le récit émane de témoins
directs, écrit lui aussi que les Croisés ont du sang des pieds à la tête et que,
sur le seul Mont du Temple, dix mille "infidèles" périssent. Toutes les maisons
sont méthodiquement dévastées et pillées. [12]

Le chiffre de la population est éloquent. De trente mille avant la conquête
croisée, il passe à trois mille après la conquête, nombre qui inclut aussi les
Chrétiens syriens que le roi Baudouin a amenés à Jérusalem.

Une ordonnance des Croisés interdit tout établissement juif ou musulman à
Jérusalem. En vue de renforcer le peuplement chrétien, l’ancien quartier juif
est remis à des tribus chrétiennes de Transjordanie. Afin d’encourager leur
implantation dans la ville, ils n’ont pas de taxes à payer.

Godefroi de Bouillon est nommé chef. Les deux premiers chefs chrétiens de
Jérusalem sont Godefroi de Bouillon et son frère Baudouin. Godefroi de Bouillon
refuse la couronne de Jérusalem. Il ne veut pas porter une couronne d’or sur le
lieu où le Christ a porté une couronne d’épines. Il accepte seulement les titres
de baron et de protecteur du Saint-Sépulcre. Baudouin, lui, est roi de Jérusalem
avec tous les privilèges attribués à cette charge. A la même date, Tancrède, un
Normand de Sicile, fait la conquête du premier territoire, la Galilée."

La Jérusalem de cette époque est décrite par Guillaume de Tyr, Foucher de
Chartres et l’Igoumène Daniel, voyageur russe.

Voici le récit de ce dernier: “Jérusalem est une grande ville, protégée par des
remparts très solides, et construite en forme de carré dont les quatre côtés
sont d’égale longueur. Elle est entourée de nombre de vallées arides et de
montagnes rocheuses. L’eau est complètement absente de cet endroit. On ne trouve
ni rivière, ni puits, ni source près de Jérusalem, à l’exception de la piscine
de Siloam. Les habitants de la ville et le bétail ne peuvent disposer que d'eau
de pluie. Malgré cela, le grain pousse bien dans ce pays rocheux qui manque de
pluie. On sème une mesure et on en récolte quatre-vingt-dix à cent. La
bénédiction de Dieu ne repose-t-elle pas sur ce saint pays? Dans les environs de
Jérusalem on trouve en nombre des vignes et des arbres fruitiers: figuiers,
sycomores, oliviers, caroubiers, et un nombre infini d’autres arbres.” [13]

Les fondations du Royaume Latin sont établies par Baudouin I, qui règne de 1100
à 1118 et qui donne au royaume des bases solides. Entre 1101 et 1105, il rend
d’abord la côte sûre. Puis, de 1106 à 1110, il fait reculer la frontière nord
jusqu’à la principauté de Tripoli. En 1115 et 1116, il coupe les communications
entre Damas et Le Caire en installant une ligne de forteresses sur la côte est
de l’Araba, une vallée joignant la Mer Morte au Golfe d’Aqaba.

Les Croisés importent en Palestine le système féodal et son administration
efficace. Ils utilisent pleinement les subsides qui leur viennent d’Europe. Les
châteaux, abbayes et manoirs qu'ils construisent sont entourés de terres
fertiles.

La deuxième Croisade apporte des renforts en 1147, avec une plus grande
main-mise sur les territoires acquis. Sur place, l’armée permanente est
constituée par deux grands ordres militaires, les Hospitaliers, ordre fondé en
1109, et les Templiers, ordre fondé en 1128. Ces ordres, qui ont d’abord débuté
comme de petits groupes de chevaliers consacrés, deviennent des organisations
immensément riches et puissantes, fournissant des unités de cavaleries hautement
entraînées et qualifiées.

Les Hospitaliers s’occupent aussi des pèlerins malades. Leur hôpital se trouve
près de l’église du Saint-Sépulcre, dans le secteur appelé le Mauristan. Voici
la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien: “Un hôpital
reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la fois hommes
et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands frais. Quand
j’étais là, j’ai appris que le nombre de ces malades s’élevait à deux mille,
parmi lesquels de temps à autre, au cours d’une journée et d’une nuit, cinquante
étaient emportés morts à l’extérieur, alors qu’arrivaient constamment de
nouveaux venus. Que puis-je dire de plus? La même maison nourrit autant de gens
à l’extérieur qu’à l’intérieur, en addition à la charité sans limite
quotidiennement donnée aux pauvres gens qui mendient leur pain de porte en porte
et ne logent pas dans la maison, si bien que la somme de toutes les dépenses ne
peut sûrement jamais être calculée, même par les responsables et les servants.
En addition à toutes ces sommes dépensées pour les malades et les pauvres, la
même maison entretient aussi dans ses divers châteaux de nombreux hommes
entraînés à toutes sortes d’exercices militaires pour la défense de la terre des
Chrétiens comme l’invasion des Sarrazins.” [14]

Les Templiers assurent la sécurité du voyage des pèlerins entre la côte et la
Ville Sainte. Leur quartier général est la mosquée al-Aksa, qu’ils ont
transformée en église. Les débuts des Templiers sont modestes. Leur Règle leur
est donnée en 1128, lors du Concile de l’Eglise à Troyes, alors qu’ils ne sont
que neuf membres. Bernard de Clairvaux les soutient, de nouveaux membres
affluent, et une croix rouge apparaît sur leur habit blanc. Leur richesse et
leur pouvoir s’accroissent rapidement. La dépendance du royaume à leur égard est
totale puisqu’ils sont chargés de la sécurité. A ce titre, leur puissance
grandit au fil des années.

Les deux ordres monastiques et militaires des Templiers et des Hospitaliers sont
d’authentiques créations croisées. Il n’existait auparavant aucun lien entre les
vocations de moine et de chevalier. Ce sont les Croisades qui sont à l’origine
de l’image du moine-soldat.

Les Templiers et les Hospitaliers ne sont pas sous la dépendance du roi, et
l’Eglise Romaine obtient qu’ils ne soient pas non plus sous la dépendance du
patriarche de Jérusalem. Ils sont directement sous la juridiction papale. En
1170, les Hospitaliers sont au nombre de quatre cents et les Templiers au nombre
de trois cents [15].

Dans les cent mille personnes que la population croisée compte sur la Terre
d’Israël, trente mille vivent à Jérusalem. Le centre politique et économique est
cependant à Acre et non dans la Ville Sainte.

Les Croisés construisent des fortifications le long des côtes de Syrie et de
Palestine, notamment à Antioche, à Tyr ou à Acre, villes permettant de rejoindre
directement les grands ports d’Europe. Des châteaux protègent les voies de
communication majeures. Deux groupes de forteresses ont une fonction
particulière: le groupe du nord protège Tyr et le groupe du sud protège Ascalon.

Dans un mouvement inverse, les Musulmans maintiennent leurs capitales loin à
l’intérieur des terres, au Caire, à Damas ou à Alep, pour les mettre à une
distance suffisante de la mer où l’ennemi a de puissants bastions.

Pendant ce temps, la concentration des institutions militaires, religieuses et
administratives des Croisés et les milliers de pèlerins venus de toute l'Europe
contribuent à la prospérité économique de Jérusalem. En 1149, le Saint-Sépulcre
est reconstruit suivant le plan de la Croix. C’est à cette époque que de
nombreuses traditions chrétiennes liées à la vie de Jésus sont établies,
notamment celle de la Via Dolorosa. Des édifices musulmans sont transformés en
églises, et le Dôme du Rocher est rebaptisé Temple du Seigneur par les Croisés.

Entre 1166 et 1171, le Juif espagnol Benjamin de Tulède visite la Terre Sainte,
et son récit est considéré comme le meilleur témoignage jamais écrit sur cette
époque. “Jérusalem... est une petite ville, fortifiée par trois remparts,
écrit-il. Elle est pleine de gens que les Musulmans appellent Jacobites,
Syriens, Grecs, Géorgiens et Francs, et de gens de toutes langues... Jérusalem a
quatre portes: la Porte d’Abraham, la Porte de David, la Porte de Sion et la
Porte de Gushpat, qui est la porte de Jehosaphat, faisant face à notre ancien
Temple, maintenant appelé le Templum Domini.” [16] Jérusalem “possède une
teinturerie, pour laquelle les Juifs paient au roi un loyer annuel modeste, à la
condition qu’excepté les Juifs aucun autre teinturier ne soit accepté à
Jérusalem. Environ deux cents Juifs habitent sous la Tour de David à un coin de
la ville.” [17]

= La période ayyubide (1187-1250)

En Egypte, le sultan ayyubide Saladin, un Kurde arménien de foi musulmane,
arrive au pouvoir en 1170. Il succède au fils de Zengi comme gouverneur de Syrie
et d’Egypte, et ses contemporains le considèrent comme un homme de foi.

Avec Saladin pour chef, la guerre sainte musulmane vainc les armées franques le
4 juillet 1187 dans le défilé de Galilée nommé Hattîn, près du lac de Tibériade.
La veille, Saladin ralentit l’avance de la colonne que constitue l’armée du
Royaume latin. Le lendemain, il s’assure le succès de la bataille. Les
chevaliers ont épuisé leurs réserves d’eau et ne peuvent plus se battre avec
leur fougue habituelle. Saladin fait tuer tous les Templiers et tous les
Hospitaliers, si bien que la principale force militaire du Royaume latin
disparaît. [18] L’armée musulmane marche ensuite sur Jérusalem et s’en empare le
2 octobre 1187. Les défenseurs sont peu nombreux. Beaucoup de réfugiés venant de
toute la Palestine se sont regroupés dans la ville.

L’historien Imad al-Din écrit que les Francs envisagent un suicide collectif
dans l’église du Saint-Sépulcre. Le chef franc Balian d’Ibelin, seigneur de
Naplouse, mène les négociations avec Saladin. Balian menace de tuer les femmes
et les enfants francs, les cinq mille prisonniers musulmans, les chevaux et les
animaux, et menace aussi de détruire le Dôme du Rocher et Al-Aksa. Suite à ces
menaces, Saladin accepte de laisser la vie sauve à ceux qui peuvent payer une
rançon de dix dinars pour les hommes, cinq dinars pour les femmes et deux dinars
pour les enfants. Ceux qui peuvent payer dans les quarante jours sont libres de
quitter la ville avec leurs biens, pour aller à Tyr. Les quinze mille qui ne
peuvent payer sont envoyés en esclavage. [19]

Les Musulmans enlèvent aussitôt la croix surplombant le Dôme du Rocher, et ils
fêtent leur retour dans la Ville Sainte après une absence d’un peu moins de deux
cents ans. Par une coïncidence extraordinaire, ce jour se trouve être aussi
l’anniversaire de l’ascension du prophète Mahomet.

A leur tour, les Chrétiens se voient interdits de séjour, à l’exception des
Chrétiens orientaux, qui sont chargés de l’entretien du Saint-Sépulcre et des
diverses églises. Saladin autorise les Juifs à revenir dans la Vieille Ville, et
reconnaît les droits de la communauté juive de Jérusalem. Le groupe le plus
important est le groupe yéménite. D’autres groupes viennent d’Afrique du Nord et
d’Europe.

La troisième Croisade (1189-1192) voit l’apparition d’un nouvel ordre militaire,
les Chevaliers teutoniques. Le Royaume latin est alors constitué de territoires
situés en Galilée et autour de Jérusalem.

En 1229, l’empereur d’Allemagne Frédéric II prend le pouvoir après les
négociations menées avec le sultan égyptien Al-Kamil, et les Musulmans
conservent le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aksa. En effet, suite à son
mariage en 1225 avec Isabelle de Brienne, prétendante au trône de Jérusalem,
Frédéric II peut lui aussi prétendre à la couronne. Les négociations aboutissent
au traité de Jaffa, pour un accord de dix ans qui prend effectivement fin en
1239. Ce changement de pouvoir paisible est tout à fait exceptionnel dans
l’histoire de Jérusalem. [20]

Pendant la première moitié du 13e siècle, une série de traités donne davantage
de terres aux Croisés, notamment une partie des territoires pris par Saladin,
mais cette nouvelle domination est de courte durée. Le vent tourne en faveur des
Mamelouks d’Egypte qui commencent à faire des incursions en Palestine.

En 1244, des hordes de Tartares arrivent dans le pays. Nomades turcs venus
d’Asie centrale, ils sont à la solde d’Ayaub, sultan d’Egypte. Ils pillent
Jérusalem, massacrent les Chrétiens et dévastent le Saint-Sépulcre.

Les Croisés sont repoussés vers la mer. Ensuite le chef mamelouk Baybars, de
1260 à 1277, fait tomber la dynastie ayyubide de Saladin et mène une série de
campagnes en prenant ville après ville et en progressant peu à peu vers la côte.
Acre, la dernier bastion croisé, tombe en 1291.

= La période mamelouke (1250-1517)

En 1249, à la mort d’Ayaub, Jérusalem revient sous la domination de Damas pour
une courte période. En 1260, une invasion mongole provoque la fuite des
habitants de Jérusalem. Lorsque les Mamelouks parviennent à battre les Mongols à
Ein-Harod, Jérusalem passe sous leur contrôle jusqu’à la conquête ottomane de
1516.

Ramban, père de la communauté juive moderne de Jérusalem, émigre d’Espagne pour
arriver à Jérusalem en 1267, à l’âge de soixante treize ans. Appelé aussi le
rabbin Moshe Ben Nahman, il est exégète de la Torah et du Talmud, poète et
physicien. Dans une lettre adressée à son fils, il raconte qu’il ne trouve que
deux Juifs, frères et teinturiers de métier. Tous trois voient une maison en
ruines avec des piliers en marbre et un beau dôme, et ils en font une synagogue.
Ils font venir de Shem (Naplouse) les rouleaux de la Loi, transportés là-bas
lors de l’invasion tartare. [21]

Pendant les trois dernières années de la vie de Ramban, sa synagogue est le lieu
de rencontre de la communauté juive, décimée depuis le massacre croisé de 1099.
La communauté commence à se concentrer dans le quartier juif actuel, établi au
sud-ouest du Mont du Temple, entre la Porte des Ordures et la Porte de Sion.
[22]

Les Mamelouks sont continuellement en lutte interne pour le pouvoir en Egypte,
et ils doivent défendre la Syrie contre les hordes mongoles. Ils n’ont pas
beaucoup de temps à consacrer à la Palestine, négligée par les grands courants
politiques. Suite aux vols, aux pillages ou à l’exploitation des paysans, le
pays fertile est laissé à l’abandon. Durant leur long règne, Jérusalem devient
une ville de pèlerins et d’érudits. Elle est aussi une ville d’exilés politiques
qui s’y installent après les disgrâces suivant régulièrement les changements de
gouverneur.

L’historien Mujir al-Din vit dans la Ville Sainte presque toute sa vie. Il fait
une description de Jérusalem au 15e siècle: “Les rues principales de la ville
sont ou plates ou en pente. Pour un grand nombre de constructions, vous pouvez
trouver les fondations de constructions anciennes sur lesquelles les récentes
ont été élevées. Ces maisons sont tellement serrées les unes contre les autres
que, si elles devaient avoir la distance qu’elles ont dans la plupart des villes
du monde islamique, Jérusalem occuperait plus de deux fois l’espace qu’elle
occupe maintenant. La ville a de nombreuses citernes pour recevoir l’eau puisque
ses ressources en eau viennent des chutes de pluie... Les bâtiments de Jérusalem
sont extrêmement solides, tous faits de murs et voûtes en pierre. Les briques ne
sont pas présentes dans les constructions, ni le bois dans les charpentes. Les
voyageurs affirment qu’on ne trouve pas dans l’empire de bâtiments plus solides
et de plus belle apparence qu’à Jérusalem.” [23]

Mujir al-Din explique ensuite que, comme d’autres cités islamiques, Jérusalem
est divisée en quartiers. Les neuf quartiers principaux sont le quartier
maghrébin, le quartier du Sharaf appelé auparavant le quartier des Kurdes, le
quartier d’Alam dénommé ensuite le quartier de la Haydarira, le quartier des
habitants d’Al-Salt, le quartier juif, le quartier de la Plume, le quartier de
Sion à l’intérieur des remparts, le quartier de Dawaiyya, et enfin le quartier
des Banu Hârith à l’extérieur des remparts et à côté de la citadelle. [24]

Les théologiens musulmans créent de nombreuses écoles religieuses, appelées
madrasas. Al-Aksa et le Dôme du Rocher sont restaurés et embellis.
L’architecture chrétienne décline, parce que soumise à de coûteux permis. Les
non-Musulmans sont fréquemment persécutés. La société mamelouke impose le port
de signes distinctifs à chaque communauté: turbans jaunes pour les Juifs,
turbans rouges pour les Samaritains, turbans bleus pour les Chrétiens, turbans
blancs pour les Musulmans. Des conflits ont lieu au sujet de certains sites du
Mont Sion, convoités par les Chrétiens, par les Musulmans et parfois par les
Juifs. Des fanatiques musulmans démolissent l’église Sainte-Marie-des-Allemands,
construite à l’emplacement supposé de la maison de Marie, mère de Jésus. Et le
Saint-Sépulcre est une fois de plus dévasté.

Felix Fabri, frère dominicain allemand, fait deux pèlerinages en Terre Sainte,
le premier en 1480 et le second en 1483. Jérusalem, "ville de destructions et de
ruines", ne doit pas avoir plus de dix mille habitants. La ville est dans un
grand état de désolation. De nombreux bâtiments sont détruits. Environ mille
Chrétiens et un peu plus de cinq cents Juifs y vivent. Felix Fabri donne son
sentiment sur la vie politique de Jérusalem: “En ce jour, les Chrétiens se
préoccuperaient peu de la responsabilité des Sarrazins sur Jérusalem s’ils
avaient la liberté d’entrer et de sortir du temple du sépulcre du Seigneur sans
peur et sans vexations ni extorsions. De même les Sarrazins ne verraient pas
d’inconvénient à ce que les Chrétiens soient les maîtres de la Ville Sainte
s’ils leur rendaient leur Temple. Mais, depuis le désaccord des Chrétiens et des
Sarrazins sur ce sujet, la malheureuse Jérusalem a souffert, souffre encore et
souffrira plus tard de plus de sièges, dégradations, destructions et terreurs
qu’aucune autre ville au monde.” [25]

Le rabbin Ovaria de Bartinora (1450-1510), exégète du Talmud, visite lui aussi
Jérusalem vers 1487. “Mais que dois-je vous dire sur ce pays? Grande est la
solitude et grandes sont les pertes et, pour décrire cela brièvement, plus les
lieux sont sacrés, plus grande est leur désolation! Jérusalem est plus désolée
que le reste du pays.” [26]

En 1517, la Terre d’Israël, et avec elle Jérusalem, passe sous la domination de
l’Empire ottoman, domination qui va durer quatre siècles (1517-1917).

= Notes

[1] Le texte du sermon de Sophronius est cité dans: Kaegi (W.E.). Initial
Byzantine Reactions to the Arab Conquest. Church History, 38, p. 139-149.

[2] Les textes de Baladhuri, Ya’qubi et Tabari sont cités dans: Peters (F.E.).
Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 176-177 et 185-186.

[3] Voir: Mann (J.). The Jews in Egypt and in Palestine Under the Fatimid
Caliphs. Oxford University Press, 1969, vol. 1, p. 45. (Réimpression de
l’édition originale de 1920-1922)

[4] The Chronicle of Ahimaaz. New York, Columbia University Press, 1924, p. 65.

[5] Al-Muqaddasi. Description of Syria, Including Palestine. New York, AMS
Press, 1971, p. 34-37. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 3,
1896.)

[6] Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 193-194.

[7] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. New York,
AMS Press, 1971, p. 23-24. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 4,
1893.)

[8] Krey (A.C.), ed. The First Crusade: The Accounts of Eye-Witnesses and
Participants. Princeton University Press, 1921, p. 39-40.

[9] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond the Sea. New York, Columbia
University Press, 1943, vol. 1, p. 65-71 et 79-81.

[10] Voir: Itinera Hierosolymitana Crucesignatorum (Saec. XII-XIII). Jerusalem,
Franciscan Printing Press, 1979-1984, 4 vol. De nombreux documents sont
présentés en latin, avec une traduction italienne de S. de Sandoli.

[11] Krey (A.C.), ed. The First Crusade: The Accounts of Eye-Witnesses and
Participants. Princeton University Press, 1921, p. 261.

[12] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond the Sea. New York, Columbia
University Press, 1943, vol. 1, p. 372-378.

[13] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. New York, AMS
Press, 1971, p. 25-26. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 4,
1895.)

[14] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. New York, AMS Press, 1971,
p. 44-45. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Society, 5, 1896.)

[15] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim,
1965, p. 21. (Réimpression de l’édition de 1907.)

[16] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim,
1965, p. 21-23. (Réimpression de l’édition de 1907.)

[17] Un autre manuscrit n’indique pas “deux cents Juifs” mais “quatre Juifs”. Il
est donc possible qu’il n’y ait eu qu’une famille juive. Voir: Adler (E.N.).
Jewish Travellers: A Treasury of Travelogues From Nine Centuries. New York,
Hermon Books, 2nd ed., 1966, p. 88.

[18] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of
California Press, 1969, p. 123-125, 128-131, 136-139.

[19] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of
California Press, 1969, p. 141-142, 148, 162-163.

[20] Voir le récit de l’historien musulman Ibn Wasil dans: Gabrieli (F.). Arab
Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p.
267-271.

[21] Une copie de la lettre est affichée dans la synagogue actuelle.

[22] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Kiryat-Sefer, 1985, p. 281-282.

[23] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir
al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 174-175.

[24] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir
al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 183-184.

[25] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. New York, AMS Press, 1971, vol.
2, p. 262. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 7-10)

[26] Kobler (F.), ed. Letters of Jews Through the Ages From Biblical Times to
the Middle of the Eighteenth Century. New York, East & West Library, 1978, vol.
1, p. 226.

= Chronologie médiévale

= = Avant 638

27-30: Prédications de Jésus-Christ, fondateur du Christianisme.

63-324: Période romaine.

324-638: Période byzantine.

570-632: Vie et prédications de Mahomet, fondateur de l’Islam.

636: Bataille de Yarmuk le 20 août. Défaite des Byzantins contre les Musulmans,
enflammés par la parole de Mahomet.

= = La période musulmane (638-1099)

638: Entrée du calife Omar à Jérusalem.

660: Début de la dynastie omeyyade, avec Damas pour capitale.

689-692: Construction du Dôme du Rocher par le calife Abd al-Malik.

705-715: Construction de la mosquée al-Aksa par le calife Al-Walid.

750: Fin de la dynastie omeyyade.

750: Début de la dynastie abbasside, avec Bagdad pour capitale.

878: Fin de la dynastie abbasside. Contrôle du royaume par Ahmed ibn-Touloun,
installé au Caire.

974: Remplacement des Abbassides par les califes fatimides d’Egypte.

976-996: Gouvernement du calife Al-Ariz. Liberté civile et religieuse pour tous.

996-1021: Gouvernement du calife Al-Akim, dit le “calife fou”.

1009: Persécution sauvage des Chrétiens et destruction de nombreuses églises.

1071: Fin des califes fatimides d’Egypte. Prise de Jérusalem par les Turcs
séleucides.

= = Le royaume des Croisés (1099-1195)

1095: Le pape Urbain II appelle à la guerre sainte pour libérer les Lieux
saints.

1099: Conquête de Jérusalem par les Croisés le 15 juillet et proclamation du
Royaume latin.

1100-1118: Règne du premier roi croisé, Baudouin Ier.

1101-1105: Sécurité des côtes.

1106-1110: Recul de la frontière nord jusqu’à la principauté de Tripoli.

1109: Création de l’ordre militaire des Hospitaliers.

1147: Arrivée de la deuxième Croisade.

1149: Reconstruction du Saint-Sépulcre suivant le plan de la Croix.

1153: Prise d’Ascalon aux Croisés.

1166-1171: Visite de la Terre Sainte par Banjamin de Tulède, un Juif espagnol,
et compte-rendu de voyage.

1170: Prise du pouvoir par Saladin, sultan ayyubide d’Egypte.

1187: Les Croisés sont vaincus par Saladin à la bataille de Hattîn le 3 juillet.
Prise de Jérusalem par Saladin.

1189-1192: Arrivée de la troisième Croisade.

1189: Création de l’ordre militaire des Chevaliers teutoniques.

1224: Prise de Tyr aux Croisés.

1229: Contrôle de Jérusalem offert à l’empereur Frédéric II par le sultan
égyptien Al-Kamil.

1244: Jérusalem mise à sac par les Tartares.

= = La période mamelouke (1250-1517)

1249: Mort d’Ayaub, sultan du Caire. Jérusalem est sous la domination de Damas
pour une courte période.

1250: Renversement de la dynastie de Saladin par les Mamelouks de Bahri.

1260: Invasion mongole. Fuite des habitants de Jérusalem.

1260-1277: Lutte de Baybars pour rejeter les Croisés à la mer.

1267: Fondation d’une synagogue et d’un centre d’études par le rabbin Ramban.

1291: Prise du port d’Acre, dernier bastion croisé.

1347: Jérusalem conquise par les Mamelouks.

1452: L’église Sainte-Marie-des-Allemands est détruite par des fanatiques
musulmans. Persécution des non-Musulmans.

1480-1483: Visite de la Terre Sainte par le frère dominicain allemand Felix
Fabri. Suit un grand récit de voyage.

1488: Visite de Jérusalem par le rabbin Ovadia de Bartinora, qui s’installe dans
la ville.

1490: Nombre d’habitants dans une Jérusalem en ruines: dix mille environ.

1516: Conquête ottomane.


3. L'ARCHITECTURE MUSULMANE


[Haram al-Sharif musulman / Chaire de Burhân al-Dîn / Dôme de la Chaîne / Dôme
du Rocher / Mosquée al-Aksa / Notes]

La Jérusalem vue par les Musulmans, c’est Al-Bayt-el-Muqaddas, la Sainte Maison,
Al-Bayt-al-Maqdîs, la demeure de la Sainteté, ou plus simplement Al-Quds, la
Sainte. Elle est la troisième grande ville musulmane, après La Mecque et Médine.
Un proverbe musulman dit: “Une prière à la Mecque vaut dix mille prières, une
prière à Médine vaut mille prières, une prière à Jérusalem vaut cinq cents
prières.”

La Jérusalem musulmane, c’est une partie du Haram al-Sharif, et plus
particulièrement les édifices suivants: la Chaire Burhân al-Dîn (Minbar Burhân
al-Dîn), le Dôme de la Chaîne (Qubbat al-Silsila), le Dôme du Rocher (Qubbat
al-Sakhra) et la mosquée al-Aksa (al-Aqsa).

= Haram el-Sharif musulman

Situé sur le Mont du Temple, Haram al-Sharif, qui signifie Noble Sanctuaire, est
la vaste esplanade entourant le Dôme du Rocher, joyau de Jérusalem. L’esplanade
a la forme d’un trapèze, avec un côté sud de 281 m, un côté nord de 310 m, un
côté est de 462 m et un côté ouest de 491 m.

L’histoire du Haram est la suivante: juste après la conquête musulmane, en 638,
le calife Omar vient à Jérusalem et se met immédiatement à rénover la ville, en
commençant par la colline du Mont du Temple, qui est une sorte de décharge
publique. Un récit du 14e siècle ayant pour titre Muthîr al-Ghirâm, souvent
copié par les auteurs des siècles suivants, raconte que, quand Omar arrive dans
la Ville Sainte et qu’il voit le monceau d’immondices recouvrant le Rocher
Sacré, il contemple l’horreur de la chose et ordonne que la place soit
entièrement nettoyée [1].

C’est le fils d’Omar, Abd al-Malik, qui, entre 692 et 697, fait construire le
Dôme du Rocher à l’endroit présumé du sacrifice d’Isaac, lieu central du Temple.
Le plan est basé sur celui de la rotonde du Saint-Sépulcre. Et son fils Al-Walid
commence la construction de la mosquée al-Aksa en 701. Elle devient le troisième
temple de l’Islam.

La description la plus ancienne du Haram est celle de Ibn al-Faqih, en 903: “Il
est dit que la longueur du Noble Sanctuaire de Jérusalem est de 1.500 pieds [456
mètres], et sa largeur de 1.050 pieds [319 mètres]. On compte 4.000 poutres de
bois, 700 piliers et 500 chaînes de cuivre. Il est éclairé la nuit par 1.600
lampes, et il est servi par 400 esclaves… Sur les divers toits, à la place
d’argile, sont utilisées 4.500 feuilles de plomb... Sur les contours intérieurs
et extérieurs on compte cinquante portes.” [2]

Une autre description du Haram du 10e siècle est donnée par Al-Muqaddasi,
voyageur et géographe musulman, lui-même natif de Jérusalem. Il écrit que la
mosquée al-Aksa est encore plus belle que celle de Damas. Le Saint-Sépulcre des
Chrétiens étant à la fois un rival et un modèle, Al-Aksa, bâtiment musulman, est
construit pour surpasser le Saint-Sépulcre en beauté. [3]

Le terme d’Al-Aksa, du nom de la mosquée actuelle, est employé pour tout le
Haram, jusqu’au 10e siècle, quand il est reconnu par la tradition musulmane que
Jérusalem est bien la Masjid-al-Aqsa, le sanctuaire où Mahomet est transporté
pendant son voyage de nuit.

Ensuite les Musulmans appellent la plateforme du Mont du Temple du nouveau nom
de Haram al-Sharif. Ils interdisent aussi l’accès des lieux aux non-croyants.
L’interdiction dure jusqu’à l’arrivée des Croisés en 1099.

Nasir-I Khusraw, un Perse venu visiter Jérusalem en 1047, donne une description
du Haram intéressante parce qu’elle semble être la dernière faite avant
l’arrivée croisée: “La cour du Haram est entièrement pavée, et dans son centre
s’élève une plateforme, comme celle de la mosquée de Médine, à laquelle on monte
par de larges escaliers. La plateforme comprend quatre dômes. Parmi ceux-là, le
Dôme de la Chaîne, le Dôme de l’Ascension du Prophète et le Dôme du Prophète
sont de petite taille. Tous ont des coupoles couvertes de plomb et reposent sur
des piliers de marbre sans murs extérieurs... Au centre de la plateforme, le
Dôme du Rocher s’élève au-dessus d’un bâtiment octogonal avec quatre entrées,
chacune faisant face aux escaliers montant de la cour.” [4]

Le Haram al-Sharif se présente ainsi: le centre est occupé par une plateforme
appelée mastaba, avec le Dôme du Rocher au centre. L’espanade, ou sahn, est
située entre 4 et 6 mètres au-dessous de la plateforme. Elle comprend la zone du
Mont du Temple tout entière. La mosquée al-Aksa est située à l’extrémité sud de
l’esplanade, jouxtant le mur sud. Un tiers de l’esplanade est planté d’arbres,
le plus souvent des oliviers.

Présentement le mur du Haram est percé de dix portes. Les sept portes
occidentales sont, du sud au nord: la Porte des Maures, la Porte de la Chaîne,
la Porte des Ablutions, la Porte de Fer, la Porte de la Prison et la Porte de
Ghawanmeh. Les trois portes situées au nord sont la Porte Noire, la Porte de
Hutta et la Porte des Tribus. La Porte de Hutta porte aussi le nom du roi Feisal
d’Iraq, qui vient au Haram en 1930.

= Chaire de Burhan al-Din (Minbar Burhan al-Din)

Edifiée au 8e siècle sur le côté sud de l’esplanade, la chaire de Burhân al-Dîn,
de son nom musulman Minbar Burhân al-Dîn, est entièrement en pierre et en marbre
polychromes. Elle est construite en plein air pour les prônes des jours de fête
et ceux des jours de prière sous la pluie. Elle est restaurée en 1388 par le
grand juge de Jérusalem, Burhân al-Dîn, qui lui donne son nom. Une seconde
restauration date de 1843.

Voici le commentaire que fait Chelebi, voyageur musulman, dans les années
1648-1650: “A la porte sud du Haram se trouve une chaire où le prophète est
monté la nuit de son Voyage Céleste pour donner un avertissement aux âmes de
tous les prophètes. C’est une petite chaire. Aux temps de sécheresse, les gens
de la province se rassemblent autour pour offrir des prières pour la pluie.” [5]

= Dôme de la Chaîne (Qubbat al-Silsila)

Le Dôme de la Chaîne, de son nom musulman Qubbat al-Silsila, est situé à l’est
du Dôme du Rocher. Il est attribué à Abd al-Malik, constructeur du Dôme du
Rocher. D’après la tradition arabe, il abrite le Trésor des Musulmans de la
ville. Il est impossible d’entrer dans le bâtiment sans être vu de l’intérieur,
et on accède au Trésor par une échelle.

Comme pour les autres édifices du Haram, la description la plus ancienne est
celle d’Ibn al-Faqih en 903: “A l’est du Dôme du Rocher s’élève le Dôme de la
Chaîne. Il est supporté par vingt colonnes de marbre, et son toit est couvert de
feuilles de plomb.” [6]

Le Dôme de la Chaîne ressemble un peu au Dôme du Rocher. Les 11 colonnes
externes et les 6 colonnes internes supportent la pièce ronde qui abritait le
trésor. La description de 903 parle de 20 colonnes. La construction elle-même a
sans doute été modifiée par Baybars, gouverneur mamelouk entre 1260 et 1277.
C’est lui qui ajoute le mirhâb. Soliman le Magnifique fait recouvrir le dôme de
carreaux en 1561.

L’édifice est décrit par Chelebi dans les années 1648-1650. “Construit comme un
palais, le dôme repose entièrement sur des colonnes, il n’existe pas le moindre
mur. Le cercle extérieur est fait de neuf colonnes précieuses, alors que le
cercle intérieur consiste en six colonnes. Le dôme s’élève au-dessous d’elles.
L’íntérieur et l’extérieur de ce dôme sont couverts de fines tuiles du Kashan de
la couleur des lapis lazuli. Le dôme lui-même est couvert de plomb bien coulé
semblable à celui de la mosquée Suleimaniyye à Istanbul… Il a une niche de
prière dans laquelle j’ai offert quelques prières et louanges.” [7]

= Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra)

Le Dôme du Rocher, appelé Qubbat al-Sakhra, est le joyau de Jérusalem et l’une
des merveilles du Moyen-Orient. Il est situé au milieu de la plateforme centrale
de l’esplanade du Haram al-Sharif.

L’origine de sa construction tient à deux légendes musulmanes qui lient à la
ville de Jérusalem le voyage nocturne de Mahomet et son Ascension vers le ciel.
La légende du voyage nocturne de Mahomet prend sa source dans les premiers
versets de la sourate 17 du Coran. Les Musulmans tentent d’identifier les deux
Lieux Saints mentionnés dans ces lignes. Le commentateur du Coran Al-Zamakhshari
(mort en 1144) montre que le voyage nocturne est en relation avec l’Ascension
racontée plus loin dans les versets 4 à 10 de la sourate 53 du Coran [8]. Mais
cette relation entre les deux événements est très controversée. De même, la
relation possible entre le voyage nocturne de Mahomet et la ville de Jérusalem
est loin de faire l’unanimité [9].

Le Dôme du Rocher, construit entre 692 et 697, est érigé par Abd al-Malik à
l’endroit le plus élevé du Mont du Temple. Sa date de construction, 72 après
l’Hégire, est indiquée par une inscription coufique sur une plaque de métal
bleu-gris située sur une des arches sud-ouest supportant le dôme: “Le serviteur
d’Allah Abd al-Malek ibn Mirwan, commandant du Prophète, construit ce dôme en
l’an 72. Qu’Allah recoive sa prière et le favorise.”

Selon la tradition arabe, les Musulmans reconnaissent sur le Rocher Sacré
l’empreinte du pied du Prophète lors de son élan vers le ciel. Le Rocher Sacré,
appelé aussi Even Ha-Shathiyah, Rocher de la Fondation, est identifié par la
tradition et l’histoire comme l’endroit où Abraham offre Isaac en sacrifice sur
le Mont Moriah. Il serait aussi l’autel que le roi David prépare pour Dieu. Il
serait encore l’emplacement du Mont de Salomon. Il serait enfin le Saint des
Saints situé dans le Temple. [10]

Le calife omeyyade Abd al-Malik commémore l’Ascension de Mahomet au ciel au
moyen d’un édifice musulman splendide. Cet édifice est le contrepoids des
majestueuses églises chrétiennes élevées par les Byzantins. Il est aussi un
symbole musulman face aux religions juive et chrétienne, les deux religions
antérieures que l’Islam juge imparfaites. C’est ainsi qu’après la Mecque et
Médine, Jérusalem devient la troisième grande ville musulmane.

La description la plus ancienne qu’on ait du Dôme du Rocher est celle d’Ibn
al-Faqih, en 903: “Au milieu du Haram s’étend une plateforme... Six escaliers
conduisent au Dôme du Rocher. Le Dôme s’élève au milieu de cette plateforme. Sa
surface au sol est de 150 pieds [45,6 m] sur 150 pieds, sa hauteur est de 105
pieds [31,9 m] et sa circonférence de 540 pieds [164,2 m]. Dans le Dôme ils
allument chaque nuit 300 lampes. Il a quatre portails surmontés d’un toit, et
chaque portail a quatre portes, et il est surplombé par un portique de marbre.
La pierre du Rocher mesure 51 pieds [15,3 m] sur 40 pieds et demi [12,2 m] et
sous le Rocher se trouve une grotte dans laquelle les gens prient. La grotte
peut contenir soixante-deux personnes. Le Dôme est couvert de marbre blanc et
son toit est d’or rouge. Les murs et le tambour sont ouverts par cinquante-six
baies, dont les verres sont de teinte variée; chacune mesure 9 pieds de haut
[2,7 m] et 6 [1,8 m] de large. Le Dôme, qui fut construit par Abd al-Malik ibn
Marwan, est supporté par douze colonnes et trente piliers. C’est un dôme
au-dessus d’un dôme [un intérieur et un extérieur] recouvert de feuilles de
plomb et de marbre blanc.” [11]

Au début du 10e siècle, la coupole de cuivre est gainée d’or. Le gainage d’or
est remplacé plus tard par un gainage en plomb. Au 11e siècle, deux tremblements
de terre secouent le dôme, et la mosaïque supérieure est remplacée. Les
mosaïques du tambour sont restaurées en 1027, mais il semble que les dessins
originaux soient conservés.

Lors de la prise de Jérusalem par les Croisés en 1099, le Dôme du Rocher est
identifié comme le Temple de Dieu. Il devient une église, mais l’ensemble de
l’édifice est conservé tel quel.

En raison du symbole que représente le Rocher pour les Chrétiens, les Croisés
prennent des fragments de roche pour les vendre à prix d’or à des pèlerins
pieux. C’est pour mettre fin à ce commerce que les rois croisés entourent le
rocher d’une grille de métal dont il existe encore des fragments aujourd’hui
dans le secteur nord-ouest. Le croissant au sommet du Dôme est remplacé par une
croix, et on édifie un autel de pierre. Le Dôme du Rocher est consacré comme
église chrétienne en 1142. On ne songe pas à le faire rivaliser d’importance
avec le Saint-Sépulcre, mais le fait qu’il soit une église a sa signification,
parce que son emplacement est associé avec nombre d’évènements de l’Ancien et du
Nouveau Testament.

Comme la mosquée al-Aksa, l’édifice est utilisé par l’ordre des Templiers, érigé
en ordre militaire en 1128. L’architecture du Dôme du Rocher est copiée dans de
nombreuses églises d’Europe.

Pour lui faire retrouver sa forme originale, en 1187, l’an 586 après l’Hégire,
Saladin n’a qu’à enlever les icônes et l’autel. Il fait dorer les arches
supportant le dôme, ce qui leur donne l’allure qu’elles ont aujourd’hui. Les
murs sont recouverts de plaques de marbre, et le dôme reçoit un revêtement de
mosaïques.

Sous le sultan Baybars, les mosaïques de la partie supérieure des murs
extérieurs sont restaurées. Elles sont restaurées à nouveau en 1270, puis en
1290 par le sultan Al-Ashraf. En 1318, Al-Nasir ibn Qalaoun restaure la dorure
et la mosaïque du tambour, ainsi que le gainage extérieur en plomb. Les
restaurations continuent au 15e siècle, puis sous le gouvernement turc.

Un plan axonométrique est publié par K.A.C. Creswell dans Early Muslim
Architecture. Il “met en évidence une disposition architecturale héritée de la
tradition byzantine et demeurée unique dans l’art de l’Islam. Quatre portes font
face à chacun des points cardinaux, ce qui confère à l’édifice une situation
symbolique de centre du monde. Le nombre quarante, qui représente le total des
piliers et colonnes, est également symbolique...” [12]

La forme du Dôme du Rocher est celle d’un octogone inscrit dans un cercle,
symbole de la conception ancienne du centre du monde [13]. La construction
octogonale contient deux rangées concentriques de piliers. La rangée intérieure
supporte le dôme, et la rangée extérieure supporte le bâtiment lui-même.

Dans ses formes et proportions, le Dôme du Rocher est inspiré par le
Saint-Sépulcre. Le diamètre intérieur du Saint Sépulcre est de 20,9m et son dôme
est à une hauteur de 21,5m. Les dimensions correspondantes pour le Dôme du
Rocher sont de 20,3m et 20,5m.

Le dôme s’élève sur 12 piliers ronds en marbre et 4 en granit. Les 16 baies de
la coupole sont faites de verre coloré sur fond d’or, et la lumière donnée à
l’intérieur est un enchantement. Si certaines des baies sont du 15e siècle, la
plupart sont des 18e et 19e siècles. Les murs octogonaux sont ouverts par 56
baies, soit 7 pour chaque mur. La construction entourant le dôme est supportée
par 8 piliers de marbre et 16 piliers de granit coloré. Les piliers de granit
sont surmontés de chapiteaux qui viennent sans doute du Temple d’Hérode ou de
l’église de Saint-Sépulcre détruite par les Perses en 614.

Les piliers situés sur le dôme et la partie inférieure de la mosaïque sont très
anciens. L’entrée sud est la plus ornée, parce qu’elle fait face à La Mecque.
Une inscription coufique entoure la base du dôme.

Au-dessus des colonnades octogonale et circulaire entourant le Rocher Sacré
court un décor de mosaïques sur plus de 1200 m2 de surface de mur. Le revêtement
date de l’époque de construction du monument. Ces mosaïques omeyyades forment un
ensemble unique au monde, avec une profusion de rinceaux d’acanthe et divers
motifs végétaux réalistes ou stylisés, puisque la loi musulmane interdit la
représentation d’êtres vivants.

A partir de 1927, dans le cadre d’une collaboration à l’oeuvre monumentale de
l’orientaliste britannique K.A.C. Creswell sur l’architecture musulmane,
Marguerite van Berchem fait une description détaillée de ces mosaïques [14].
Suite à cette étude, elle conclut que ce chef-d’oeuvre de l’époque omeyyade est
l’oeuvre d’artistes syriens et non d’artistes byzantins, comme il était
communément admis avant ses travaux. Trente ans plus tard, en vue d’une nouvelle
édition de l’ouvrage de K.A.C. Creswell, elle procède à un deuxième examen de
ces mosaïques [15].

D’après elle, ce décor floral est une symbiose entre les traditions
gréco-romaine et orientale. La tradition gréco-romaine est représentée par les
plantes d’acanthe, les rinceaux, les vignes, les arbres, les guirlandes de
fleurs et de fruits, les cornes d’abondance. La tradition orientale, ce sont les
grandes fleurs stylisées en forme de lotus ou de tulipes. Les couleurs
dominantes sont le vert avec huit teintes de vert, le bleu avec six teintes de
bleu, et l’or.

Dans la partie supérieure des mosaïques court une belle inscription en
caractères coufiques longue de 240 m, qui date elle aussi de la construction du
monument. En or sur fond bleu, elle fait deux fois le tour de l’édifice, sur les
faces interne et externe de la colonnade octogonale.

Un autre beau spécimen de l’art omeyyade est le décor de bronzes dorés. De
larges plaques ornent les soffites des grandes portes d’entrée placées aux
quatre points cardinaux. Des plaques plus étroites recouvrent le dessous des 24
poutres-tirants reliant entre eux les chapiteaux de la colonnade octogonale, à
six mètres au-dessus du sol. Les motifs dominants sont les vignes avec leurs
enroulements, leurs feuilles et leurs grapes. [16]

= Mosquée al-Aksa (al-Aqsa)

Située en bordure de l’esplanade à côté du mur sud du Haram, la mosquée al-Aksa
est le deuxième grand bâtiment du Haram al-Sharif. Elle est la première des 35
mosquées de Jérusalem. L’enceinte du Haram comprend 6 autres mosquées. A
l’intérieur des remparts de la Vieille Ville, on en compte encore 28 autres.

Le choix de l’emplacement du sanctuaire de prière sur le Haram est relaté dans
le texte du 14e siècle appelé Muthîr al-Ghirâm. Celui-ci reprend le texte de
Kulthum Ibn Ziyad, qui tient lui-même le récit d’Al-Walid. Al-Walid relate
qu’après avoir choisi l’emplacement de la future mosquée, Omar commence à
nettoyer le terrain de ses propres mains. Il met au fur et à mesure les
immondices dans son manteau, et les jette dans le wadi Sahannam. Sa suite fait
de même. Ils font ainsi plusieurs voyages, jusqu’à ce que tout l’emplacement
soit nettoyé. Puis ils prient. [17]

La mosquée al-Aksa est érigée pour les prières collectives, le Dôme du Rocher
étant réservé aux prières individuelles. La mosquée actuelle peut contenir 5
mille personnes.

Alors que les fondations du Dôme du Rocher sont sur la pierre, celles de la
mosquée al-Aksa sont bâties sur la terre et les structures des temps hérodiens,
à savoir la partie ouest des écuries de Salomon. Ce sont les fondations de
l’église byzantine qui auraient été utilisées. Cette église, dédiée à la Vierge
Marie pendant le règne justinien, est construite en 560. Les Perses la
détruisent par le feu en 614.

Le pèlerin chrétien Arculfe a vu de ses yeux la mosquée de 680. Elle peut
contenir 3 mille personnes soit, à l’époque, la totalité de la population
musulmane de Jérusalem. A part les proportions générales, presque rien ne
subsiste non plus de la deuxième mosquée, construite par Al-Walid, qui fut
calife entre 705 et 715. Cette deuxième mosquée fut deux fois détruite par des
tremblements de terre pendant les soixante premières années de son existence.

Il existe une controverse parmi les historiens sur la date de construction de la
mosquée actuelle. Certains pensent que la construction est dûe à Abd al-Malik,
bâtisseur du Dôme du Rocher. D’autres pensent qu’elle est le fait d’Al-Walid,
constructeur de la grande mosquée omeyyade de Damas. Le constructeur gaine le
dôme de cuivre et il apporte une mosaïque de Constantinople pour décorer
l’intérieur de la mosquée, comme dans les mosquées de la Mecque et de Médine.
Pendant la période omeyyade, la mosquée est plus étroite et plus courte. Le sol
est de marbre et les portes dorées. Le tremblement de terre de 774 détruit les
murs est et ouest. La mosquée est restaurée par le calife Abu Jaafar al-Mansur,
et détruite à nouveau par un tremblement de terre trois ans après. Le dôme et sa
mosaïque sont l’oeuvre du calife fatimide Al-Zahir, tout comme la nef centrale
et les sept portes avec leurs sept arcs brisés dans le mur nord de la façade.
Après le tremblement de terre de 1033, Al-Zahir reconstruit la mosquée en
conservant sept des quinze ailes de la mosquée de 870, celle du calife Al-Mahdi.
[18]

Voici le commentaire de Al-Muqaddasi, voyageur musulman du 10e siècle: “La
mosquée Aqsa est située dans l’angle sud-est de la Ville Sainte... Cette mosquée
est encore plus belle que celle de Damas, parce que pendant sa construction elle
eut pour rival et pour modèle la grande église (le Saint-Sépulcre, ndlr)
appartenant aux Chrétiens de Jérusalem, et ils construisirent celle-ci (al-Aksa,
ndlr) pour être encore plus belle que l’autre.” [19]

Après la prise de Jérusalem en 1099, la mosquée al-Aksa devient la résidence du
roi de Jérusalem. Les Croisés considèrent que son emplacement est celui du
Templum Domini, le Temple de Salomon. Mais son utilisation comme résidence
royale est brève, moins de vingt ans selon Guillaume de Tyr. [20] En 1128, le
roi cède le Temple de Salomon à un ordre de moines-soldats fondé dix ans
auparavant. De par le nom de leur quartier général, ceux-ci deviennent les
Templiers, ordre militaire fondé la même année afin de défendre les Lieux Saints
et de protéger les pèlerins pendant leur voyage.

Lors de la prise de Jérusalem en 1187, Saladin, comme pour le Dôme du Rocher,
fait enlever les icônes et l’autel, ainsi que les constructions des Templiers au
nord de la mosquée. Il contribue à la décoration du mirhâb en offrant une
magnifique chaire de bois sculpté. Cette chaire, réalisée en 1170, est l’oeuvre
de son prédécesseur Nur al-Din, gouverneur de Syrie. Elle est détruite par le
feu en 1969, un geste fou d’un touriste chrétien, qui pensait que le retour du
Christ ne pourrait avoir lieu avant la disparition des “abominations” musulmanes
du Mont du Temple.

Les sultans mamelouks restaurent les deux côtés de la mosquée. Entre 1345 et
1350, ils ajoutent deux baies de chaque côté du porche croisé. On ne les voit
qu’à l’íntérieur, du côté ouest, parce que la nef et le côté occidental sont
reconstruits entre 1938 et 1942.

Comme l’attestent des inscriptions sur la mosaïque du dôme, les premières
restaurations sont l’oeuvre du roi mamelouk Qalaoun en 1327. Le dôme et les
colonnes sont consolidés entre 1922 et 1927. Une deuxième consolidation a lieu
après les tremblements de terre de 1928 et 1937. La mosquée et ses baies sont
restaurées en 1943 par le roi d’Egypte Farouk.

On voit des traces de la mosquée originale d’Omar, décorée d’une double rangée
de colonnes, dans l’angle sud-est d’Al-Aksa. La superficie de cette mosquée
était de 8 m x 30 m. Les seuls vestiges de la période omeyyade sont les colonnes
situées à l’est du mirhâb.

La mosquée est divisée en une nef centrale et deux transepts. La nef, de
direction nord-sud, est supportée par 7 arcades reposant sur des colonnes de
marbre et de pierre avec des chapiteaux stylisés surmontés de baies. La mosquée
comprend 114 colonnes et 135 baies. Sa longueur est de 80 m et sa largeur de 55
m. La façade nord a 7 arcades et 7 grandes entrées construites pendant la
période fatimide. Les 4 autres portes sont situées ainsi: deux à l’ouest, une au
sud et une à l’est. Le dôme a une hauteur de 17,7 m. Comme pour le Dôme du
Rocher, l’intérieur est en bois et l’extérieur en plomb. Le dôme est supporté
par 4 arcs et 8 piliers, restaurés en 1927.

L’élément le plus ancien est la mosaïque du tambour supportant le dôme et celle
de la façade de l’arche surplombant l’aile du centre. Une inscription permet de
dater ces mosaïques de 1035. Leur qualité artistique est inférieure à celle du
Dôme du Rocher, mais il existe une certaine ressemblance dans les motifs, sans
doute copiés sur une mosaïque omeyyade.

La période croisée a laissé sa marque, avec les trois baies centrales du porche,
refaites en 1217, les baies de verre rose et bleu à l’ouest, le mirhâb de
Zacharie, ancienne chapelle croisée, et enfin les pièces voûtées à l’ouest, dans
la mosquée des Femmes. La tradition chrétienne veut que cette mosquée ait été
l’oratoire des Templiers.

C’est de l’époque de Saladin que datent les grandes dalles de marbre claires et
foncées recouvrant les murs. La couverture intérieure du dôme en mosaïques de
verre coloré date de la même époque. Cette couverture ressemble à celle du Dôme
du Rocher.

= Notes

[1] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems, 1890. Reprint: Beirout,
Khayats, 1965, p. 139-143.

[2] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems, 1890. Reprint: Beirout,
Khayats, 1965, p. 161.

[3] Al-Muqaddasi. Description of Syria, including Palestine. Palestine Pilgrims
Text Society, volume 3, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 41-46.

[4] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. Palestine
Pilgrims Text Society, volume 4, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p.
29-42.

[5] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86.

[6] Le Strange (G.). Palestine Under the Moslems. 1890. Reprint: Beirut,
Khayats, 1965, p. 120-121.

[7] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86.

[8] Gätje (H.). The Qu’ran and its Exegesis. Berkeley and Los Angeles,
University of California Press, 1976, p. 75-77.

[9] Deux historiens, I. Goldziher et O. Grabar, ont étudié l’origine et les
motifs possibles de cette association. Voir: Goldziher (I.), Muslim Studies.
London, G. Allen and Unwin, 1971, volume II, p. 45-46. Voir aussi: Grabar (O.).
The Formation of Islamic Art. New Haven and London, Yale University Press, 1973,
p. 50-52.

[10] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Steimatsky, 1985, p. 333.

[11] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems. 1890. Reprint: Beirut,
Khayats, 1965, p. 120-121. Les mesures données sont tout à fait fantaisistes.

[12] Gautier-van Berchem (M.) et Ory (S.). La Jérusalem musulmane. Lausanne,
éditions des Trois Continents, 1978, p. 32.

[13] Murphy-O’Connor (J.). The Holy Land. Jerusalem, Oxford University Press,
1986, figure 24, p. 77.

[14] Van Berchem (M.). The Mosaics of the Dome of the Rock in Jerusalem and of
the Great Mosque in Damascus, in: Early Muslim Architecture. By K.A.C. Creswell.
Oxford University Press, 1962.

[15] Idem, 2nd edition, 1969.

[16] L’étude a été publiée pour la première fois par K.A.C. Creswell en 1932,
dans Early Muslim Architecture, avec de nombreuses photographies.

[17] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems. 1890. Reprint: Beirout,
Khayats, 1965, p. 139-143.

[18] Hamilton (W.). The Structural History of the Aqsa Moque. Jerusalem, 1947.
Ce livre traite de l’histoire complexe de la destruction et de la reconstruction
d’Al-Aqsa.

[19] Al-Muqaddasi. Description of Syria, including Palestine. Palestine Pilgrims
Text Society, volume 3, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 41-44.

[20] William of Tyre. A History of Deeds Deone Beyond the Sea. New York,
Columbia University Press, 1943, volume 1, p. 524-525.


4. L'ARCHITECTURE CROISEE CIVILE


[Citadelle / Mauristan / Portes / Notes]

L’architecture croisée n’est pas seulement présente dans nombre d’édifices
religieux. On la retrouve aussi dans la Citadelle et la Tour de David, le
quartier du Mauristan et quelques portes des remparts.

= Citadelle

La citadelle est située sur le rempart ouest de la Vieille Ville, à côté de la
porte de Jaffa. Selon la tradition musulmane, la Tour de David, appelée aussi
Tour de Goliath, aurait été le siège du combat de David et de Goliath. Quand
Hérode le Grand (37-4 avant Jésus-Christ) fortifie Jérusalem, l’entourant d’un
double rempart, il construit son palais sur le site le plus haut et le mieux
fortifié, à 777 m au-dessus du niveau de la mer. La citadelle est dégagée entre
1934 et 1939 par l’archéologue C.N. Johns, membre du Département des Antiquités
durant le mandat britannique [1]. Dans la cour de la tour sud, C.N. Johns
découvre les restes d’un mur et d’une tour ronde, qu’il attribue à la
construction du 8e siècle.

Plusieurs fois détruite et reconstruite, la citadelle est utilisée au fil des
siècles par les gouverneurs successifs de la ville: romains, byzantins, arabes,
séleucides, croisés, ayyubides kurdes, mamelouks, turcs et jordaniens.

En 1099, les Fatimides de Jérusalem ont toute confiance dans les fortifications
de la ville. Ses remparts sont réputés parmi les plus solides du monde. La
citadelle, appelée aussi Tour de David, est un fort dans un fort, avec un mur de
12 mètres de haut. Le 15 juillet 1099, les Croisés remplissent les douves et
attaquent la ville en quatre points vers le rempart nord et en un point vers le
mur sud. Ils font d’abord une brèche près de la Porte d’Hérode, puis deux autres
brèches près de la Porte de Sion et près de la Nouvelle Porte, dans la zone de
la Tour de David. Il s’ensuit un massacre de tous les habitants juifs et
musulmans, hommes, femmes et enfants.

Au 12e siècle, les rois croisés de Jérusalem élargissent les limites de la
citadelle et construisent de nouveaux remparts tout autour. La citadelle est
pour eux une bonne place stratégique et elle n’est pas loin du Saint-Sépulcre.
La Tour de David est appelée aussi Tour de Tancrède. C’est dans cette tour que
luttent les troupes du prince croisé Tancrède pendant le siège de Jérusalem en
1099. La tour est reconstruite durant la première moitié du 12e siècle, pour
protéger le point faible formé par l’angle nord-ouest des remparts dans la
défense de la ville. Les Croisés divisent la citadelle en deux parties: une
partie intérieure qui englobe les tours occidentales dans les limites de la
Vieille Ville, et une partie extérieure, avec les tours orientales, à
l’extérieur du rempart.

Saladin l’Ayyubide marche d’abord sur Jérusalem en 1177, mais il est arrêté en
route, à Gézer. En 1187, il réussit à prendre la ville, à la fin d’une campagne
victorieuse en Terre Sainte, et les Francs partent après le paiement d’une
rançon. Saladin reconstruit ensuite le rempart situé entre les Portes de Damas
et de Jaffa, par lequel il a attaqué la ville. En 1219, les remparts sont en
grande partie détruits par le gouverneur musulman Al-Muazzem, afin de prévenir
le retour des Croisés. Pour la même raison, la forteresse est détruite en 1238
et 1239, puis rebâtie en 1247 par Al-Malik al-Salih Ayyub.

Une nouvelle forteresse est reconstruite par le Mamelouk Al-Nasir ibn Kalaoun en
1310. Le mur qui sépare la Citadelle en deux parties est détruit, et de nouveaux
bâtiments sont construits sur ses fondations. La forme générale de la citadelle
est restée inchangée depuis, à l’exception de quelques ajouts ottomans aux 16e
et 17e siècles. Le sultan turc Soliman le Magnifique ajoute ensuite la mosquée,
la tourelle et la porte principale de la citadelle.

Quant aux remparts, ils sont en partie reconstruits par le roi Al-Adel Zein
al-Din en 1295, puis par Al-Malik al-Mansour Qalaoun en 1330. Ils sont à nouveau
reconstruits entre 1536 et 1540, dans leur totalité, avec l’ajout de plusieurs
tours.

= Mauristan

Le Mauristan est une zone carrée au sud du Saint-Sépulcre, zone délimitée d’un
côté par l’église la plus récente de la Vieille Ville, l’église luthérienne du
Rédempteur, et de l’autre par l’église la plus ancienne, l’église
Saint-Jean-Baptiste.

Ce secteur est le Forum de la Ville pendant les temps romains et byzantins. Les
marchands d’Amalfi, habitants du quartier, font ensuite construire trois églises
attenant à des hôpitaux-hospices: Saint-Marie-la-Latine pour les hommes,
Sainte-Marie-la-Grande pour les femmes et Saint-Jean-Baptiste pour les pauvres.
La charge en revient à l’ordre bénédictin.

Guillaume de Tyr pense que le monastère de Sainte-Marie vient de la fondation de
Charlemagne. Les marchands d’Amalfi restaurent l’ensemble après la destruction
d’Al-Hakim, probablement entre 1063 et 1071, date à laquelle les Chrétiens
réparent les remparts de la ville [2]. Le secteur est donné aux Chevaliers de
Saint-Jean de l’Hôpital, devenus ensuite l’ordre des Hospitaliers, et dont le
siège reste au cours des années la petite église Saint-Jean-Baptiste, en
souvenir de leurs modestes origines. Le premier maître de l’Hôpital Latin est
Gérald. Son successeur et véritable fondateur de l’ordre est Raymond du Puy
(1120-1160). La Règle des Hospitaliers date de 1153. C’est à partir de cette
date qu’ils ont aussi des activités militaires.

Le Mauristan est décrit dans un texte anonyme chrétien, The City of Jerusalem:
“A gauche du marché sont les boutiques des bijoutiers latins, et au bout de ces
boutiques on trouve un couvent de religieuses qui est appelé
Sainte-Marie-la-Grande; et à côté un monastère de moines appelé
Sainte-Marie-la-Latine. Ensuite vient la résidence de l’hôpital, avec son entrée
principale. A la droite de l’hôpital se trouve l’entrée principale du Sépulcre.”
[3]

Quand Saladin prend Jérusalem, il autorise dix Hospitaliers à rester un an pour
soigner les malades de l’hôpital. Les bâtiments sont ensuite utilisés pour
d’autres besoins. Le neveu de Saladin, Shihab al-Dîn, en fait à nouveau un
hôpital en 1219. Le nom de Mauristan, qui signifie hôpital en kurde, date de
cette époque.

Au 15e siècle, le bâtiment peut recevoir 400 pèlerins, mais il commence à tomber
en ruines, des ruines qui impressionnent le voyageur Felix Fabri: “A côté du
bâtiment dans lequel séjournent les pèlerins, existait autrefois un grand
palais, l’habitation majestueuse des nobles chevaliers de Saint-Jean… comme cela
peut encore être vu par ces ruines, et par le bâtiment qui est seulement en
partie ruiné, qui est si grand que quatre cents pèlerins peuvent y vivre. En
face de l’hôpital sont les ruines de vastes remparts, les restes de la maison
des Chevaliers Teutoniques, avec lesquels étaient hébergés autrefois les
pèlerinages de nobles allemands. A côté de cette même maison se trouvait une
autre grande salle, dans laquelle devaient séjourner les femmes pèlerins,
puisqu’elles n’étaient en aucun cas autorisées à vivre avec leur mari dans le
grand hôpital.” [4]

Au 16e siècle, les maçons de Soliman le Magnifique utilisent les immenses ruines
comme carrières pour reconstruire les remparts de Jérusalem. Plus tard, une
partie de cette zone adandonnée est donnée aux Allemands, qui construisent
l’Eglise du Rédempteur à l’emplacement de l’Eglise Sainte-Marie-Latine. La
partie ouest est donnée aux Grecs en 1905, et ils y bâtissent leur zone
commerciale.

= Portes

La Porte de Damas est ouverte dans le rempart sud de la ville. Sous la
construction actuelle, datant de l’époque de Soliman le Magnifique, on trouve
les fondations de la porte croisée qui suit la ligne de la porte romaine, mais
qui était fortifiée. Juste après la porte elle-même, la construction croisée
forme un angle droit avec la porte des remparts. Cet angle droit permettait de
réduire le flot des ennemis entrant dans la ville.

Deux des trois portes visibles dans le mur sud du Mont du Temple datent de la
période croisée. Ce sont la Porte Simple et la Porte Triple, portes par
lesquelles les Croisés accèdent à leurs écuries, les écuries de Salomon. La
Porte Simple, située à 37 m de l’angle sud-est du mur, est une construction
croisée remaniée par les Mamelouks. La Porte Triple, située à 183 m de l’angle
sud-ouest et à 90 m de l’angle sud-est, est une porte double hérodienne
transformée à l’époque croisée.

= Notes

[1] Ses conclusions sont publiées dans: Excavations at the Citadel, in:
Palestine Exploration Quarterly, avril 1940.

[2] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond The Sea. New York, Columbia
University Press, 1943, volume 2, p. 240-245.

[3] The City of Jerusalem. Palestine Pilgrims Text Society, volume 6, 1896.
Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 7.

[4] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. Palestine Pilgrims Text Society,
volumes 7-10, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, volume 1, p. 395.


5. L'ARCHITECTURE CROISEE RELIGIEUSE


[Eglise de la Croix / Gethsémani / Saint-Etienne / Saint-Jacques /
Saint-Jean-Baptiste / Saint-Sépulcre / Sainte-Anne / Sainte-Marie-Latine /
Tombeau de la Vierge / Notes]

De nombreuses églises de Jérusalem témoignent de l’architecture croisée, dans sa
splendeur ou ses vestiges.

= Eglise de la Croix

Le monastère de la Croix est niché dans la verdure d’une vallée de Jérusalem, à
côté de l’avenue ben-Zvi, en contrebas de la Knesset et du Musée d'Israël. C’est
une relique des jours où cette vallée était le vignoble des rois croisés de
Jérusalem.

Le monastère est construit entre 1039 et 1056 par le roi Bagrat de Géorgie, sur
le site d’une église du 5e siècle. La légende chrétienne veut qu’ait poussé à
cet endroit l’arbre dans lequel est taillée la croix de Jésus. L’église actuelle
date en grande partie du 11e siècle.

Les Géorgiens ont d’excellentes relations avec les Mamelouks. Ceux-ci perdent le
monastère en 1300 suite à l’invasion tartare. Restauré en 1305, le monastère est
vendu aux Grecs orthodoxes en 1685.

= Gethsémani

Gethsémani est situé sur le Mont des Oliviers. C’est l’endroit où Jésus se
recueille avant d’être arrêté suite à la trahison de Judas. Appelée Eglise de
toutes les nations, l’église actuelle date de 1924. Elle est la dernière de
toute une série d’églises.

La première église fut construite entre 379 et 384 par la communauté chrétienne
pré-constantinienne pour commémorer la prière du Christ. Cette église est
détruite par un tremblement de terre en 745.

Les Croisés construisent ensuite un oratoire dans les ruines, puis le remplacent
par une église en 1170. Ils lui donnent une orientation un peu différente afin
d’avoir une part de rocher dans chaque abside, une manière d’interpréter
matériellement la triple prière du Christ. Le destin de cette église est
inconnu. Toujours utilisée en 1323, elle est abandonnée en 1345.

= Saint-Etienne

L’église Saint-Etienne est située route de Naplouse, à l’est de la Porte de
Damas. Construite en 1900, elle est incluse dans les bâtiments de l’Ecole
biblique et archéologique française.

La première église est construite à l’endroit présumé de la lapidation du saint.
Des fouilles révèlent le plan de l’église byzantine, qui appartenait à un
immense monastère détruit par les Perses en 614. Une petite chapelle est
construite avant 638 par le patriarche Sophronius. Cette chapelle est restaurée
par les Chevaliers Hospitaliers. Ils construisent des écuries et des âneries à
côté de la chapelle. Ils détruisent l’ensemble pendant l’été 1187 pour éviter
que Saladin n’utilise ce point stratégique situé près des remparts.

= Saint-Jacques

L’église Saint-Jacques est le plus bel édifice religieux du quartier arménien de
la Vieille Ville.

Selon la tradition arménienne, une église abrite depuis le 4e siècle la tête de
Saint Jacques, frère de Saint Jean l’apôtre, décapité par Agrippa Ier en 44. Sa
tête est enterrée sous le pavement actuel d’une petite pièce située au nord de
la nef de l’église. Toujours selon la tradition arménienne, un deuxième Saint
Jacques est enterré sous l’autel principal de l’église. Il s’agirait d’un des
trois Jacques de la tradition chrétienne: Jacques fils de Zébédée, l’un des
douze apôtres, Jacques fils d’Alpheus, un autre apôtre, ou encore Jacques frère
de Jésus [1].

Jusqu’au 7e siècle, le patriarche grec orthodoxe est à la tête de l’Eglise
arménienne. Elle a ensuite son propre patriarche. Le patriarche arménien de
Jérusalem est considéré comme le successeur de saint Jacques, frère de Jésus.
Dans une charte conservée à la bibliothèque du patriarcat arménien, Omar ibn
al-Khattab reconnaît les droits du patriarche arménien sur les lieux saints
chrétiens de Jérusalem, Bethléem, Naplouse et Samarie.

Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien, visite l’église à l’époque croisée: “En bas
de la descente et au-delà d’une autre rue, se trouve une grande église
construite en l’honneur de saint Jacques le Grand, habitée par des moines
arméniens, et ils ont au même endroit un grand hospice pour recevoir les pauvres
de leur nation.” [2]

Le patriarche arménien est en faveur auprès des Croisés, qui comptent des
Arméniens venant de Cilicie. Les Arméniens sont les seuls alliés des Croisés au
Moyen-Orient. De nombreux mariages ont lieu entre chevaliers croisés et femmes
arméniennes. Les Croisés coopèrent avec enthousiasme à la reconstruction de
l’église Saint-Jacques. L’authenticité de la première église est établie
puisqu’ils y retrouvent la tête de saint Jacques et la main de saint Etienne.

Plus tard, toujours selon la tradition arménienne, Saladin accorde aux Arméniens
un firman, à savoir un permis concernant les lieux saints. Après la conquête
turque de 1517, le sultan Sélim Ier leur accorde également un firman les
assurant de leurs droits et leur donnant autorité sur les communautés syriennes,
coptes et éthiopiennes de la ville.

A l’origine, l’église Saint-Jacques était très large. Elle est en partie
détruite par l’invasion perse, et restaurée au 8e siècle. L’église actuelle, qui
date du 11e siècle, est bâtie par les Croisés après la prise de Jérusalem en
1099.

On ne voit pas l’abside de l’extérieur. L’arcade romane est haute et étroite,
avec une coupole elle aussi tout en hauteur. La superficie est de 17,5 m x 24 m.
L’abside est divisée par quatre larges colonnes carrées recouvertes de faïences
bleues pour former une nef centrale et des portiques. Les colonnes supportent
les huit arches de la coupole. Les murs sont recouverts de carreaux bleus sur
une hauteur de deux mètres.

Dans le choeur, les trois autels sont: au centre celui de saint Jacques, frère
de Jésus, à droite celui de saint Jean-Baptiste, à gauche celui de la Vierge
Marie. L’intérieur de l’église est entièrement médiéval. La voûte de la coupole
centrale est typiquement arménienne. Les travaux du 12e siècle ont servi à
consolider l’édifice des 10e et 11e siècles. La chapelle Saint-Etienne, qui date
du 11e siècle, sert à la fois de sacristie et de baptistère. La chapelle de
Echmiadzin était sans doute le narthex de l’église médiévale. La porte, à la
décoration élaborée, était probablement l’entrée principale.

= Saint-Jean-Baptiste

Située dans une zone en retrait du Mauristan, l’église est en partie enterrée
autour de rues dont le niveau a grimpé avec les siècles. On y entre par la rue
du quartier chrétien.

Une église existe dès le milieu du 5e siècle. Après sa destruction par les
Perses en 614, elle est restaurée par Jean l’Aumônier. Les fondations du 5e
siècle sont utilisées par les marchands d’Amalfi pour l’église du 11e siècle.
L’église devient ensuite le berceau des Chevaliers Hospitaliers.

Voici la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien à l’époque
croisée: “En face de l’église du Saint-Sépulcre, sur le côté opposé, on trouve
une belle église construite en l’honneur de Jean le Baptiste, à côté de laquelle
un hôpital reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la
fois hommes et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands
frais...” [3]

La façade actuelle avec ses deux petits clochers est une addition moderne.

= Saint-Sépulcre

Le Saint-Sépulcre est situé au coeur du quartier chrétien, dans la partie
nord-ouest de la Vieille Ville, au bout de la Via Dolorosa. Construit à
l’endroit où Jésus-Christ a été crucifié et enterré, il est considéré comme “la”
grande église de la chrétienté.

En 326, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, fait construire plusieurs
églises pour commémorer les grandes étapes de la vie du Christ. Erigée entre 326
et 335, l’église constantinienne reste en place pendant trois cents ans. Elle
était la plus grande de Jérusalem, avec une longueur de 115 m. On y entrait par
trois portails situés à l’est. L’abside de l’église était à l’ouest, en
direction de la tombe de Jésus, celle-ci étant considérée comme le principal
site sacré de la chrétienté.

Sur la partie supérieure droite de la mosaïque de Madaba, qui montre Jérusalem
vers 570, le Saint- Sépulcre est représenté au centre d’une Vieille Ville
entourée de remparts. On voit son escalier, ses trois portes, sa basilique et sa
coupole. Considéré au 6e siècle comme le monument le plus important de
Jérusalem, il a sur la mosaïque une importance considérable par rapport aux 19
autres bâtiments.

L’église constantinienne est détruite par les Perses en 614. Le patriarche
Modestus utilise les matériaux de l’église pour construire un édifice plus
petit. Grâce au pèlerin chrétien Arculfe, on a une description de l’édifice de
680 et un plan, résultat des diagrammes qu’Arculfe fait sur des tablettes de
cire [4].

Cette seconde église est détruite par un tremblement de terre en 746. En 967,
les Musulmans brûlent la nouvelle église et tuent le patriarche. En 1009,
Al-Hakim, gouverneur fatimide d’Egypte, ordonne la destruction de toutes les
églises chrétiennes, y compris celle du Saint-Sépulcre.

La reconstruction a sans doute lieu entre 1030 et 1048, sous les auspices de
l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque. Les architectes byzantins sauvent
les lignes de la rotonde au-dessus du Sépulcre. Mais ils ne reconstruisent pas
l’immense basilique de Constantin le Grand, qui allait du Calvaire à la grande
rue du marché. L’emplacement reste un champ de ruines jusqu’à l’arrivée des
Croisés. Une galerie supérieure est ajoutée dans la rotonde, ainsi qu’une abside
sur le côté est.

Le voyageur musulman Nasir-I Khusraw décrit le Saint-Sépulcre de 1047: “L’église
actuelle est une très grande construction qui peut contenir 8.000 personnes.
L’édifice est très habilement construit de marbres colorés, avec une
ornementation et des sculptures. A l’intérieur, l’église est partout ornée de
broderie byzantine travaillée avec de l’or et de tableaux. Et ils ont représenté
Jésus – que la paix soit avec lui – qui est parfois montré montant un âne. Il
existe aussi des tableaux représentant d’autres prophètes, Abraham, par exemple,
et Ishmael et Isaac, et Jacob avec son fils – que la paix soit avec eux tous...
Dans l’église on trouve une peinture divisée en deux parties représentant le
Ciel et l’Enfer. Une partie montre les sauvés au Paradis, alors que l’autre
décrit les damnés en Enfer, avec tout ce qu’il y a là-bas. Assurément il
n’existe pas d’autre lieu au monde avec une peinture semblable. Dans l’église
sont assis un grand nombre de prêtres et de moines qui lisent l’Evangile et
disent des prières, jour et nuit ils sont occupés de cette façon.” [5]

Nasir-I Khusraw s’intéresse beaucoup aux peintures et les décrit en détail,
comme nombre de voyageurs musulmans pendant la période croisée. La religion
musulmane interdisant l’art figuratif, ces voyageurs sont fortement intrigués
par toutes ces représentations de personnages et scènes bibliques.

C’est dans cette église que pleurent les Croisés le 15 juillet 1099 après avoir
conquis la ville. Ils restaurent le Dôme de l’église byzantine et la crypte
Sainte-Hélène. L’Igoumène Daniel visite la ville en 1106: “L’église de la
Résurrection est de forme circulaire; elle comprend douze colonnes monolithiques
et six piliers, et elle est pavée de très belles dalles de marbre. Il existe six
entrées et galeries avec soixante colonnes. Sous les plafonds, au-dessus des
galeries, les saints prophètes sont représentés en mosaïque comme s’ils étaient
vivants; l’autel est surmonté d’un portrait du Christ en mosaïque. Le dôme de
l’église n’est pas fermé par une voûte de pierre, mais il est formé d’une
structure de poutres en bois, de façon que l’église soit ouverte dans sa partie
supérieure. Le Saint Sépulcre est sous ce dôme ouvert.” [6]

En 1144, la cour intérieure est absorbée par un édifice roman composé d’une
basilique surmontée d’un dôme, entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde.
Depuis cette époque, l’église du Saint-Sépulcre possède deux dômes, et les cinq
sites les plus sacrés du christianisme sont sous un toit. Ancune rénovation
majeure n’a été entreprise depuis.

Suite à la prise de Jérusalem en 1187, et après de nombreux débats, Saladin
décide de laisser le Saint-Sépulcre aux Chrétiens grecs et aux Chrétiens
orientaux [7].

En 1555, on rénove les plaques de marbre recouvrant le Tombeau. En 1648, le dôme
est restauré. Il menace à nouveau de s’effondrer en 1719, si bien qu’il est
consolidé. La mosaïque qui le couvre est découpée en petits morceaux, qui sont
vendus comme souvenirs. L’église est endommagée par un incendie en 1808 et
réparée l’année suivante. Le dôme actuel est construit entre 1863 et 1868 grâce
aux aides financières des gouvernements français, russe et turc.

A l’heure actuelle, le Saint-Sépulcre se divise en cinq grandes sections: le
Golgotha, la Tombe, la Basilique, le Corridor et la Crypte de la Croix. Il a six
occupants: les Catholiques latins, les Grecs orthodoxes, les Catholiques
arméniens, les Syriens, les Coptes et les Ethiopiens.

Dans l’édifice actuel, la rotonde se trouve sur la gauche de l’entrée du
Saint-Sépulcre. Située au-dessus de la tombe de Jésus, la Rotonde est formée de
18 piliers ronds en marbre, qui supportent le dôme. Les piliers sont pris dans
de larges blocs carrés pour résister aux tremblements de terre. Le diamètre de
la Rotonde est de 20,9 m et la coupole culmine à 21,5 m du sol. Dans la Rotonde,
la Tombe de Jésus inclut la Chapelle de l’Ange (de la Résurrection).

L’arche byzantine relie la Rotonde, construction du 6e siècle, à l’ouest et
l’église croisée, du 12e siècle, à l’est. Dans l’église Sainte-Hélène, les
piliers supportant le dôme sont des piliers du 7e siècle. La coupole est
restaurée par les Croisés.

L’église croisée est située entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. L’abside
de l’église, tournée vers l’est, est restaurée en 1850, puis restaurée à nouveau
dans les années 1980. Le centre de l’église est marqué d’une pierre ronde, qui
représente l’Omphalos Mundi, le centre du monde pour les Chrétiens, de la même
façon que le Rocher de la Fondation sur le Mont du Temple représente le centre
du monde pour les Juifs.

La façade sud, érigée par les Croisés, se divise en plusieurs parties: portails
principaux, dôme du Golgotha et clocher. Les portails principaux sont ornés
d’archivoltes sculptées de feuilles d’acanthe et de médaillons. A la droite des
portails, le dôme du Golgotha s’élève au-dessus des deux étages du bâtiment. A
la gauche des portails, les six étages du clocher sont ramenés à quatre
aujourd’hui.

A la droite de l’entrée, un escalier conduit au Golgotha. Les marches sont
recouvertes de plaques de marbre pour éviter les dépradations. A l’est de
l’église Sainte-Hélène, treize marches conduisent à une chapelle croisée, la
Chapelle de la Découverte de la Croix, qui est la cave dans laquelle la croix de
Jésus et celles des deux voleurs ont été retrouvées.

= Sainte-Anne

L’église Sainte-Anne, construite en 1140, est le plus bel exemple d’art roman
croisé en Terre Sainte. Elle est située dans le quartier musulman de la Vieille
Ville, à côté de la porte Saint-Etienne. A l’époque, elle se trouvait être au
sud-est de l’église byzantine et de la piscine de Béthesda.

Selon la tradition byzantine, la crypte est située à l’endroit où habitaient
Marie et ses parents Joachim et Anne. Une église est construite au milieu du 5e
siècle. Elle est détruite lors du passage du calife Al-Hakim en 1009. Les
Croisés construisent la belle église romane de Sainte-Anne pour commémorer la
maison de la Vierge et desservir une communauté de religieuses. Bientôt trop
petite pour contenir une communauté toujours croissante, la façade est repoussée
de 7 mètres pour gagner de la place.

Saladin conquiert Jérusalem en 1187. Le 25 juillet 1192, il transforme l’église
en école théologique musulmane appelée Salahiyeh. Au-dessus du portail d’entrée,
l’inscription de 588 (1192 selon le calendrier chrétien) invoque l’aide de Dieu
pour tous les croyants.

Arnold von Harff, pèlerin chrétien, visite Jérusalem à la fin du 15e siècle et
force l’interdiction faite aux Chrétiens de pénétrer dans les lieux musulmans:
“Nous allâmes vers l’est et arrivâmes à la Maison de Sainte Anne, dont les
Chrétiens avaient fait une belle église autrefois, mais maintenant le païen (à
savoir le musulman, ndlr) l’a transformé en maison de prière ou mosquée, de
façon que les Chrétiens ne puissent y entrer. Mais grâce à une aide secrète nous
fûmes autorisés à y entrer. Nous traversâmes le transept, et sur le côté de
l’église nous grimpâmes à travers un trou étroit dans l’arcade d’une large
fenêtre, forcés de porter des bougies allumées pour y voir, et nous arrivâmes
dans une petite pièce voûtée où sainte Anne, la mère de notre Dame Bénie, quitta
ce monde. Ensuite nous arrivâmes dans une autre pièce voûtée dans laquelle
naquit notre Dame Bénie. Ici est le pardon de tous les péchés... Le jour
suivant, le Mamelouk me ramena à l’église du Mont Sion, et personne ne sut que
je n’avais pas passé la nuit dans la maison du Mamelouk.” [8]

Plus tard, les Turcs commencent à construire un minaret, mais ce projet est
abandonné. Après la guerre de Crimée, en 1856, le Sultan Abd-al-Majid donne le
site à l’Eglise catholique française, et l’église est restaurée entre 1863 et
1877. Depuis cette époque, elle est la propriété des Pères Blancs, qui fondent
aussi un séminaire de théologie et un musée d’antiquités. La Guerre des Six
Jours provoque quelques dégâts dont les réparations sont payées par le
gouvernement d’Israël.

Le plan de l’église est cruciforme. La nef et les deux côtés du transept sont
terminés par des absides, comme c’est la coutume dans les églises croisées.
L’église a une largeur de 18,5 m et une longueur de 34 m. Sur le mur nord, on
voit bien l’endroit à partir duquel la nef a été allongée de 7 mètres pour
agrandir l’édifice.

La façade penche légèrement vers la gauche pour symboliser la tête penchée du
Christ sur la croix. La crypte est plus ancienne que l’église. Les fondations
des piliers se confondent avec la structure originale du sanctuaire primitif.

= Sainte-Marie-Latine

Située dans le Mauristan, l’église du Rédempteur, construite en 1898, épouse le
plan de l’église croisée Sainte-Marie-Latine. Elle possède quelques vestiges
croisés. La porte de l’entrée nord est médiévale. Elle est décorée des signes du
Zodiaque et des symboles des mois. Dans l’hospice attenant au sud de l’église,
un magnifique cloître à doubles piliers date du 11e siècle, avec une
restauration de l’époque ayyubide datant du 13e siècle.

= Tombeau de la Vierge

Le Tombeau de la Vierge est situé à Gethsémani, sur le Mont des Oliviers. On
l’appelle aussi l’église de l’Assomption. La tombe de la Vierge peut être vue
dans une crypte assez profonde qui ressemble à la grotte de la Croix dans
l’église du Saint-Sépulcre. Le Nouveau Testament ne dit rien de la mort de
Marie. C’est Transitus Mariae, un ouvrage anonyme datant du 2e ou du 3e siècle,
qui mentionne son enterrement dans une grotte de la vallée de Jehosaphat.

L’existence d’une église est attestée par des auteurs de la fin du 6e siècle.
L’église est probablement détruite par les Perses en 614, et reconstruite par la
suite puisqu’elle est décrite par Arculfe en 670.

Les Croisés trouvent les ruines laissées par le calife Al-Hakim en 1009. En
1130, les Bénédictins reconstruisent une double église, à l’emplacement probable
de l’église byzantine. Les Chrétiens l’appellent l’église de l’Assomption,
conformément à la croyance chrétienne qui veut que Marie soit montée au ciel.

En 1187, Saladin détruit partiellement léglise. Celle-ci est restaurée par les
Franciscains au 14e siècle, puis reconstruite par l’Eglise grecque orthodoxe en
1757.

La façade et l’escalier monumental datent du début du 12e siècle. On voit aussi
la tombe de la Reine Mélisende, morte en 1161, et la niche où sont enterrés
d’autres membres de la famille de Baudouin II. Un linteau médíéval surplombe la
deuxième porte. Les murs de la grotte de Gethsémani ont été peints au 12e
siècle. La superficie de la grotte est de 17 m x 9 m, avec une hauteur maximale
de 3,5 m. Le sol était recouvert d’une mosaïque dont il ne subsiste que quelques
vestiges.

= Notes

[1] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Steimatsky, 1985, p. 31.

[2] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text
Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 45.

[3] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text
Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 44.

[4] Arculfe I, 2-3, 6, 7-8. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton
University Press, 1985, p. 204-206.

[5] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. Palestine
Pilgrims Text Society, volume 4, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p.
60.

[6] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. Palestine
Pilgrims Text Society, volume 4, 1895. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p.
11-15.

[7] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley and Los Angeles,
University of California Press, 1969, p. 174-175.

[8] The Pilgrimage of Arnold von Harff, 1496-1499. London, The Harkluyt Society,
NS 94, 1946, p. 211-212.


6. L'ARCHITECTURE AYYUBIDE


[Dôme de l’Ascension / Dôme Yûsuf / Koursi `Aïsa / Mosquée de l’Ascension /
Notes]

La période ayyubide se caractérise par des édifices circulaires tels que le Dôme
de l’Ascension, le Dôme Yûsuf, Koursi ‘Aïsa ou la mosquée de l’Ascension.

= Dôme de l’Ascension

Le Dôme de l’Ascension (Qubbat al-Mi’raj) est édifié au nord-ouest du Dôme du
Rocher pour commémorer l’ascension au ciel du Prophète Mahomet. Le texte de la
construction, qui la date de 1200, fait état d’un monument plus ancien qui
aurait été restauré. Le bâtiment est constitué d’une coupole de bois recouverte
de feuilles de plomb et reposant sur un octogone formé d’une série d’arcatures
aveugles.

Voici la description qu’en fait Chelebi, voyageur musulman, qui visite Jérusalem
dans les années 1650: “A la droite d’une niche de prière (le Dôme du Prophète,
ndlr) se trouve un joli édifice octogonal avec un dôme, le Dôme de l’Ascension.
Chaque côté a deux colonnes d’albâtre, mises en place par un maître maçon. Sa
structure est recouverte de marbre blanc, et le dôme est couvert de plomb de
qualité, avec un croissant doré sur le haut. Sa porte regarde vers le nord, mais
il est maintenant fermé de tous les côtés. Son contenu est inconnu. Il n’a pas
de fenêtres, Cels paraîtrait indiscret d’y entrer, puisqu’il a été fermé.” [1]

= Dôme Yûsuf

Le Dôme Yûsûf (Qubbat Yûsûf) est édifié sur le côté sud de l’esplanade du Haram,
à l’ouest de la mosquée al-Aksa. Construit en 1191 par Saladin, il est restauré
en 1681. La petite coupole repose sur un carré constitué de trois arcs brisés et
d’un mur dans lequel est aménagé un mihrâb sur le côté sud.

= Koursi ‘Aïsa

Koursi ‘Aïsa est situé dans le Haram, vers l’extrémité nord-ouest de
l’esplanade. Koursi ‘Aïsa, qui signifie Siège de Jésus ou Trône de Jésus, est
appelé aussi Qubbet Sakfeh Sakhrah, coupole de fragement de roche, ou encore –
improprement – Qubbet Souleiman, du nom du calife. Son architecture ressemble au
Dôme de l’Ascension, sur le Haram, ou à la mosquée de l’Ascension, sur le Mont
des Oliviers.

D’après les pères Vincent et Abel, il s’agirait d’un édifice d’origine
chrétienne datant du dernier quart du 12e siècle, pendant la période florissante
du Royaume Latin. Il pourrait s’agir aussi d’une oeuvre arabe réalisée selon les
principes et traditions de l’architecture franque, peu après la reprise de la
ville par Saladin [2].

= Mosquée de l’Ascension

La mosquée de l’Ascension se dresse au sommet du Mont des Oliviers, à 818 m
au-dessus du niveau de la mer. Le Mont des Oliviers est consacré très tôt par
les Chrétiens. C’est ici que Jésus assure l’éducation de ses disciples, et qu’a
lieu son ascension vers le ciel. Au centre de la mosquée se trouve la pierre
selon laquelle, selon la tradition chrétienne, le pied de Jésus se serait appuyé
lors de son ascension.

Ce site a une telle importance pour les Chrétiens que Constantin érige au 8e
siècle une église de l’Ascension. Dans l’esprit des Chrétiens de l’époque, c’est
la troisième église par ordre d’importance, après le Saint-Sépulcre et l’église
de la Nativité de Bethléem. Arculfe, pèlerin chrétien qui visite Jérusalem en
680, mentionne l’existence de cet édifice juste après sa description de l’église
du Saint-Sépulcre, et il fait un dessin du plan de l’église de l’Ascension [3].
Rien ne subsiste de cette église circulaire dont le centre était ouvert sur le
ciel.

A l’époque médiévale, la construction est entourée d’un monastère fortifié.
L’édifice actuel, octogonal et non plus circulaire, date sans doute en grande
partie de la période croisée. Il est entouré d’un mur circulaire à l’íntérieur
duquel une ligne concentrique de colonnes supporte la coupole. En 1198, Saladin
fait don de l’édifice à son successeur. Un toit et un mirhâb sont ajoutés lors
de la restauration musulmane de 1200.

= Notes

[1] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86.

[2] Vincent (L.H.) et Abel (F.M.). Jérusalem nouvelle. Paris, J. Gabalda,
1914-1926, volume 3, p. 604-609.

[3] Arculfe, I, 23. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University
Press, 1985, p. 206-207.


7. L'ARCHITECTURE MAMELOUKE


[Haram al-Sharif mamelouk / Bâb al-Qattânin / Madrasa al-Arghûniyya / Madrasa
al-Ashrafiyya / Minaret Bâb al-Asbât / Minaret Fakhriyya / Minaret Ghawânima /
Sabîl Qâytbây / Turba al-Sa’diyya / Zâwika al-Kubakiyya / Notes]

Les bâtiments mamelouks, nombreux, sont essentiellement situés dans le Haram
al-Sharif et autour. En voici quelques-uns [1] dans les pages qui suivent.

= Haram al-Sharif mamelouk

Les Mamelouks donnent au Haram al-Sharif sa forme présente, en construisant la
plupart des bâtiments situés le long du mur occidental. Ils investissent ensuite
régulièrement de grosses sommes d’argent pour restaurer et embellir le Haram.
Vers 1260, le sultan Baybars fait refaire les mosaïques des huit faces
extérieures du Dôme du Rocher. Vingt ans plus tard, le sultan Qalaoun fait
réparer le toit d’Al-Aksa. Le fils de Qalaoun, Al-Nasir Mohammad, verse la somme
nécessaire à la redorure des coupoles du Dôme du Rocher et d’Al-Aksa.

Le Haram n’est pas accessible aux Chrétiens et aux Juifs, qui encourent de
grands dangers s’ils s’y aventurent. Certains, qui connaissent les rites
musulmans, s’y risquent malgré tout, comme Arnold von Harff en 1496: “Nous
arrivâmes au Temple de Salomon (le Dôme du Rocher, ndlr) qui est situé à 160 pas
du Temple du Christ (le Saint-Sépulcre, ndlr). Au moyen de dons et d’une aide
amicale, je fus introduit dans ce Temple par un Mamelouk. Mais aucun Chrétien ou
Juif n’est admis à entrer ici ou à s’approcher de près, parce qu’ils disent et
assurent que nous sommes des chiens, et nous ne sommes pas admis à aller dans
les lieux saints, sous menace de mort, ce dont j’avais peur. Mais ce Mamelouk me
dit que si je voulais aller avec lui un soir, habillé de cette manière, il
m’emmènerait au Temple, et que si j’étais reconnu, je devais répondre comme un
païen (musulman, ndlr) avec les mots et le langage voulus, et que je devais
utiliser les mots et faire les signes que je fus forcé d’utiliser quand j’étais
emprisonné à Gaza... grâce à quoi le païen s’excuserait et me laisserait partir,
ce qui évidemment arriva. Le Mamelouk vint me chercher une nuit au monastère de
Sion et m’emmena dans sa maison, pour pouvoir assurer que j’avais passé la nuit
avec lui. Là il me mit des vêtements et m’apprêta comme un Mamelouk. Ensuite
nous nous dirigeâmes tous deux vers le Temple de Salomon.” [2]

= Bâb al-Qattânin

La Bâb al-Qattânin, ou Porte des Cotonniers, est ouverte au milieu du mur ouest
du Haram, presqu’en face du Dôme du Rocher, et donne accès au Sûq al-Qattânin,
qui s’étend entre le Haram et Tariq al-Wad.

Le Sûq al-Qattânin, marché des marchands de coton, est communément appelé ainsi
depuis des siècles. Il est le centre commercial du sultan Al-Nasir Mohammad ibn
Qalaun et de l’émir Tankiz al-Nasari. En 1336 et 1337, l’émir Tankiz restaure
cette porte construite au début de l’ère mamelouke. Elle est la seule entrée du
Haram à posséder une façade monumentale sur l’esplanade.

L’historien Al-Umari en fait une description en 1347. “C’est une grande Porte
qui vient d’être construite et qui est récemment ouverte. Elle comprend dix
marches. Sur chaque côté s’élèvent des tribunes... La construction de la porte
est parfaite... Son arc est à double voussure et fait de pierre sculptée et
colorée. Son inscription est dorée et incrustée dans la pierre. Ses deux
portails sont couverts de plaques dorées et en cuivre ciselé.” [3]

= Madrasa al-Arghûniyya

Une madrasa est une école supérieure où l’on enseigne le Coran, l’exégèse
coranique, la Sunna ou tradition du Prophète, le droit religieux et ses
applications dans la vie pratique. La madrasa al-Arghûniyya est située en
bordure ouest du Haram, sur le côté sud de la Tariq Bab al-Hadid, à côté de la
Porte de Fer. Cette madrasa est constituée de plusieurs bâtiments scolaires et
de mausolées.

Al-Argûniyya est à la fois la madrasa et la tombe d’Argun al-Kamili. Son nom
moderne est Dar al-Afifi. Elle est terminée en 1358, un an après la mort de son
constructeur Argun al-Kamili, gouverneur de Syrie, enterré ici en octobre 1357.
Argun al-Kamili est d’abord gouverneur de Damas et à deux reprises gouverneur
d’Alep. La lutte constante des Mamelouks pour le pouvoir le conduit ensuite dans
les prisons d’Alexandrie, puis au banissement à Jérusalem. Il meurt en exil à
trente ans.

= Madrasa al-Ashrafiyya

La madrasa Al-Ashrafiyya est en bordure ouest du Haram, entre le minaret Bâb
al-Silsila au sud et Al-Uthmaniyya au nord. Al-Ashrafiyya est la madrasa du
sultan Qâytbây, terminée en 1482. Avec sa belle façade mamelouke du 15e siècle,
cette madrasa est le bâtiment mamelouk le plus connu de Jérusalem. Construite
par l’émir Hassan al-Dahari, elle devient la propriété du sultan Qâytbây puis
celle de la secte soufique.

Démolie en 1475, la madrasa est reconstruite par le sultan Al-Malik al-Ashraf
Qâytbây, et terminée en août 1482. L’historien Mujir al-Din la considère comme
le troisième joyau du Haram, après le Dôme du Rocher et Al-Aksa. “Quelque temps
après, dans l’année 800 (1475-1476 d’après le calendrier chrétien, ndlr),
Al-Malik al-Ashraf Qa’it Bay vint à Jérusalem et ne trouva pas le bâtiment à son
goût. C’est pourquoi en 884 (1479, ndlr) il envoya les gens de son entourage
officiel pour le démolir et pour l’agrandir en le rattachant aux autres
constructions. Ils commencèrent à creuser les fondations de l’actuelle madrasa
le 14 Sha’ban 885 (19 octobre 1480, ndlr). Les architectes s’acharnèrent au
travail, et elle fut terminée le mois de Rajab de 887 (août 1482, ndlr). Ils
couvrirent son toit de la même manière que celui de la mosquée al-Aqsa, avec de
solides plaques de plomb. Mais ce qui constituait son attrait le plus grand
était sa position sur ce noble terrain où elle était devenue le troisième joyau.
Ces trois joyaux sont: le Dôme du Rocher, le dôme de l’Aqsa, et cette madrasa.”
[4]

= Minaret Bâb al-Asbât

Dans l’enceinte du Temple, des minarets permettent aux muezzins d’exhorter à la
prière cinq fois par jour. On les trouve près des zones habitées de la Vieille
Ville et à côté des portes de l’enceinte. Le minaret Bâb al-Asbât est le minaret
nord du Haram, sur le portique entre Bâb al-Asbât et Bâb Hitta. Sur le mur nord
situé à l’est de la Porte des Tribus, Al-Nasir ibn Qalaoun fait construire une
tour vers 1367. La partie supérieure, endommagée par un tremblement de terre,
est restaurée en 1927.

= Minaret Fakhriyya

Le minaret Fakhriyya est le minaret à l’angle sud-ouest du Haram. Il est
construit en 1278 par Sharaf al-Din Abdul Rahman, fils de Fakhr al-Din
al-Khalili. Il est restauré en 1345 puis en 1922.

= Minaret Ghawânima

Le minaret Ghawânima est à l’angle nord-ouest du Haram. Au-dessus de la Porte
Ghawânima, un minaret est construit en 1297 et 1298 par ordre du sultan mamelouk
Al-Mansur Husam al-Din Lajin. Il est restauré en 1329 par Qalaoun. Ses matériaux
de construction sont trouvés dans les ruines des bâtiments byzantins détruits
par les Perses. Sa façade est décorée de colonnettes comprenant de petites
scènes d’art chrétien. Le minaret est restauré à nouveau en 1927.

= Sabîl Qâytbây

Les fontaines, ou sabîl, sont en général situées auprès des entrées principales
du Mont du Temple, pour les ablutions des fidèles se rendant à la mosquée. Le
sabîl Qâytbây est sur l’esplanade du Haram, entre le Dôme du Rocher et le mur
ouest, à 15 m au nord-est d’Al-Ashrafiyya. Cette fontaine publique est offerte
par le sultan Qâytbây en 1482.

Des artisans égyptiens la construisent sous la conduite d’un maître d’oeuvre
chrétien. La grande taille de la fontaine, qui correspond à celle d’une tombe,
vient peut-être du fait que ces artisans étaient des experts en architecture
funéraire. Cette fontaine, considérée par certains comme le plus bel édifice du
Haram après le Dôme du Rocher, est un superbe exemple d’architecture décorative
mamelouke. A l’intérieur, l’inscription ornée courant sur les quatre côtés est
composée de citations du Coran. L’inscription donne le nom et la date de la
fontaine, et mentionne une restauration en 1883.

= Turba al-Sa’diyya

La turba Al-Sa’diyya est située sur le côté nord de Tariq Bab al-Silsila, tout
près de la porte du Haram. Datée de 1311, cette turba est la tombe de Burhân
al-Dîn, juge célèbre qui donne son nom à une chaire de l’époque dite musulmane,
restaurée pendant la période mamelouke. Le nom moderne de la turba est Dar
al-Khalidi. La tombe possède un bel ornement en stalactites, le plus ancien de
ce genre à Jérusalem. La porte est surmontée d’une mosaïque de marbre coloré.

= Zâwika al-Kubakiyya

La zâwika Al-Kubakiyya est située dans le cimetière musulman de Mamilla, à
l’extrémité orientale du parc de l’Indépendance, et à 400 m environ du rempart
ouest de la Vieille Ville. Une inscription datée de 1289 l’identifie comme la
tombe de l’émir Aidughdi Kubaki. D’abord esclave en Syrie, Aidughdi Kubaki
devient le gouverneur de Safed et d’Alep. Un sultan mamelouk nouveau venu
l’emprisonne et l’exile à Jérusalem. Il meurt à 60 ans.

La construction est formée d’une pièce carrée surmontée d’un dôme, avec
réutilisation de matériaux croisés, notamment pour les colonnes d’angle
supportant le porche. Les arcades au-dessus de la porte et des baies sont en
fait des monolithes qui ont été travaillés pour simuler des assemblages de
pierres.

= Notes

[1] Les noms propres sont orthographiés d’après: Burgoyne (M.H.). Mameluk
Jerusalem: An Architectural Study. London, World of Islam Festival Trust, 1987.
Cet ouvrage monumental a demandé seize années de recherches à la British School
of Archaeology in Jerusalem, créée en 1919. La transcription utilisée est celle
de l’Encyclopaedia of Islam, mais ‘q’ remplace ‘k’, et ‘j’ remplace ‘dj’.

[2] The Pilgrimage of Arnold von Harff, 1496-1499. London, The Hakluyt Society,
NS 94, 1946, p. 207-210.

[3] Golvin (L.). Quelques notes sur le Suq al-Qattanin et ses annexes à
Jérusalem. Bulletin d’études orientales, volume 20, 1967, p. 101-102.

[4] Histoire de Jérusalem et d’Hébron: fragments de la Chronique de Mujir
al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 143-144, 286-288.


8. PREMIERS ALBUMS DE PHOTOGRAPHIES


[Les photographes du 19e siècle / Quelques albums de photos anciennes / Liste de
photographes, résidents et voyageurs / Notes]

= Les photographes du 19e siècle

L’invention de la photographie date de 1839. Les premières photos sont des
daguerréotypes, utilisés comme documents de base pour des gravures d’ouvrages.
Le premier ouvrage ayant utilisé ce procédé est celui d’Horace Vernet et
Frédéric Goupil-Fesquet, Excursions daguériennes, paru en 1841. 120
daguerréotypes sont reproduits en gravures, soit un dizième des collections
rapportées d’Orient.

Le second ouvrage est celui de Joseph Philibert Girault de Prangey, Monuments
arabes d’Egypte, de Syrie et d’Asie Mineure, paru en 1846. Les daguerréotypes
ont été pris en 1841. Vient ensuite l’ouvrage religieux de George Skene Keith,
Evidence of the Truth of the Christian Religion, illustré de photos de son fils,
prises en 1844. Puis celui de Claudius Galen Wheelhouse, Photographic Sketches
from the Shores of the Mediterranean, avec des talbotypes de 1849 et 1850.

Suite à l’invention par Fox Talbot du talbotype/calotype, qui rend possible
l’impression de plusieurs copies à partir d’un seul négatif, Louis-Désiré
Blanquart-Evrard, un Français de Lille, étudie le procédé et crée une imprimerie
en septembre 1851. Entre 1851 et 1855, il publie 20 albums de photographies.
C’est lui qui imprime les albums de Maxime du Camp et d’Auguste Salzmann, les
deux pionniers de la photographie en Terre Sainte.

En 1849, Maxime du Camp (1822-1894) est délégué par le ministère de
l’Instruction publique pour photographier les monuments et les sites du
Moyen-Orient. Il est accompagné de son ami Gustave Flaubert. Ils arrivent le 8
août 1850 et restent deux semaines. Ils reviennent avec 214 calotypes. 125
d’entre eux sont imprimés par Blanquart-Evrard et publiés en 1852 par Gide & J.
Baudry sous le titre: Egypte, Nubie, Palestine et Syrie: dessins photographiques
recueillis durant les années 1849, 1850 et 1851... Ce volume, très coûteux, est
le premier livre de voyages à contenir des reproductions photographiques, et en
particulier 11 photos de Jérusalem prises en 1850.

A la même époque, selon les souvenirs de Mrs Finn, une de ses connaissances,
Georges W. Bridges aurait photographié Jérusalem, très exactement pendant
l’hiver 1849-1850 [1]. Ses photos seraient donc antérieures à celles de Maxime
du Camp. Elles seraient les premières jamais réalisées en Terre Sainte,
contrairement à l’idée bien ancrée donnant la paternité des premières photos à
Maxime du Camp. L’album de George W. Bridges ne paraît qu’en 1859.

Quelques années après, l’archéologue français Louis Félicien de Saulcy, revenant
d’un voyage à Jérusalem en 1854, demande l’aide de son ami Auguste Salzmann pour
conforter ses thèses archéologiques à l’aide de photographies. Ses thèses
diffèrent totalement de celles des autres archéologues français, et ses propres
dessins ne sont pas suffisants pour étayer ses démonstrations.

Auguste Salzmann (1824-1872) est à la fois artiste peintre et photographe. Il
est envoyé pour un séjour de six mois en Terre Sainte, sous l’égide du ministère
de l’Instruction publique. Il revient avec 200 calotypes. 174 sont imprimés par
Blanquart-Evrard et édités par Gide & Baudry en 1856 dans la grande édition de:
Jérusalem: étude et reproductions photographiques de la Ville Sainte, depuis
l’époque judaïque jusquà nos jours… La grande édition comprend 174 photographies
de grand format (24 x 34 cm). La petite édition comprend 40 photographies parmi
les plus belles et les plus intéressantes de la grande édition et réduites de
moitié (22 x 16 cm) [2].

Daté de juin 1854, l’avant-propos d’Auguste Salzmann débute ainsi: “Au mois de
septembre 1853, j’avais résolu de retourner dans les îles de l’Archipel, où
j’avais déjà passé un été, afin d’y étudier les monuments chrétiens. Vers la
même époque parut un ouvrage qui souleva de nombreuses et vives discussions; de
nouvelles opinions venaient d’être émises sur les monuments judaïques de
Jérusalem. M. de Saulcy venait de publier son voyage en Syrie et à la Mer Morte.
Qui était dans le vrai? Devait-on repousser, sans examen, les observations et
les théories de l’homme qui venait de passer une année entière à parcourir la
Palestine, à l’étudier à fond, et soutenir ceux qui, sans quitter leur fauteuil,
se faisaient les défenseurs d’anciennes opinions passées à l’état de traditions?
Par sa publication savante, M. de Saulcy renversait bien des idées accréditées
jusqu’à ce jour. – Il n’y avait à Jérusalem plus de vestige de l’architecture
judaïque. – C’était chose convenue: et lui venait, la Bible et l’histoire à la
main, prouver que les monuments qui, jusqu’ici, avaient été considérés comme
étant de la décadence grecque ou romaine, étaient bien réellement de l’époque
juive. Il fallait, ou bien du courage, ou une conviction bien arrêtée, pour ne
pas reculer devant la lutte qui allait s’engager, lutte à laquelle bien des
inconnus allaient prendre part. Dans ces circonstances, je modifiai mon
itinéraire, croyant rendre un vrai service à la science, en étudiant et surtout
en reproduisant par la photographie tous les monuments de Jérusalem,
principalement ceux dont l’origine était contestée.”

Il décrit ensuite son plan de travail pour le recensement des monuments: les
monuments judaïques, les antiquiés judaïques grecques et romaines, les monuments
chrétiens et les monuments arabes. Et il termine son avant-propos ainsi: “Après
quatre mois d’un travail incessant, je rapporte une collection d’environ cent
cinquante clichés… Les opinions que l’on a combattues sans voir, je viens les
défendre, moi qui ai bien vu, et mes photographies aidant, il faudra bien que la
vérité se fasse jour. Alors se tairont probablement ces savants qui, craignant
les fatigues d’un long voyage, aiment mieux trancher les questions à distance
que d’ajouter foi aux récits d’autrui. Les photographies ne sont plus des
récits, mais bien des faits dotés d’une brutalité concluante...”

Cette dernière phrase fait écho à celle du Révérend Albert Augustus Isaacs dans
The Dead Sea, 1857: “Nous savons bien combien le crayon peut être traître et
décevant; par contre un fac-similé de la scène peut être donné grâce à la
photographie.”

De nombreux photographes suivent les pas de ces précurseurs.

Louis de Clercq (1836-1901) arrive en Terre Sainte en 1859 pour accompagner une
mission scientifique. Son ouvrage Voyage en Orient comprend cinq volumes de
photos.

Un photographe allemand, August Jacob Laurent, publie un album contenant 112 de
ses photos, prises entre 1852 et 1860.

Francis Frith (1822-1898) est le premier photographe professionnel à couvrir
systématiquement la Terre Sainte, à partir de 1856. Il publie plusieurs
ouvrages, dont Cairo, Sinai, Jerusalem and the Pyramids of Egypt, avec de
nombreuses photos, Egypt, Sinai and Palestine, publié à Londres chez Mackenzie
vers 1862, avec 75 photos, et The Bible in Photographs, dont l’édition est
limitée à 170 exemplaires.

Ermete Pierotti est architecte du pacha turc de Jérusalem entre 1854 et 1862.
Son livre, Jerusalem Explored, publié à Londres en 1864, comprend de belles
lithographies faites à partir de ses photos. Il est possible que les photos ne
soient pas les siennes, mais celles de son collaborateur John Mendel Diness [3].

Dirigé par Charles William Wilson en 1864 et 1865, le très beau travail de la
British Royal Engineers Ordnance Survey est considéré comme la première étude
scientifique de Jérusalem et de ses sites. Les photos sont l’oeuvre du sergent
J. McDonald. Ce sont essentiellement des photos d’architecture, de grande
qualité, et elles représentent un tourant dans l’histoire de la photographie en
Terre Sainte [4].

Le premier photographe résidant à Jérusalem est le patriarche arménien Yessayi
Garabedian, qui exerce son activité pendant une dizaine d’années, entre 1850 et
1860.

Puis, considéré comme le grand photographe du 19e siècle, Félix Bonfils, qui
publie en 1878 Souvenirs d’Orient: album pittoresque des sites, villes et ruines
les plus remarquables de la Terre Sainte, à partir de stéréographes pris entre
1867 et 1878.

Certains photographes travaillent ensemble, par exemple, à partir des années
1850, le groupe des photographes arméniens autour du patriarche Yessayi
Garabedian, ou les photographes russes Joseph Carmi, Petro Slatev, Ivan Ishenko
ou Anton Michail Karamanov, ou les photographes du Palestine Exploration Fund
dirigés par H. Phillips à partir de 1865, ou ceux de l’American Colony Elijah
Meyers, Frederick Vester, Lewis Larson, John Whiting et Eric Matson, ou encore
les moines dominicains de l’Ecole biblique et archéologique française, sous la
direction du Père Savignac.

Le spécialiste de la civilisation musulmane et de l’archéologie arabe Max van
Berchem fait plusieurs séjours à Jérusalem entre 1888 et 1914. Dès son premier
court séjour, à la fin mars 1888, il recueille un certain nombre d’inscriptions
et les photographie à l’aide de clichés de verre.

En 1892, 1893, 1894 et 1914, il revient à Jérusalem, et surtout au Haram, pour
prendre tout un ensemble de photographies et d’estampages, et prendre aussi des
notes en vue de la rédaction de son futur ouvrage: Matériaux pour un Corpus
Inscriptionum Arabicarum [5]. Sur un feuillet placé en en-tête du volume de
planches, il présente l’ensemble de son travail: “Les planches de ‘Jérusalem’
ont dû être livrées au public avant les deux volumes de texte, ‘Ville’ et
‘Haram’. Ces volumes, qui paraîtront sous peu (en avril 1920 pour les planches,
et en 1922 et 1927 pour le texte, ndlr), renfermeront l’édition complète des 300
inscriptions de Jérusalem, avec d’amples commentaires touchant la topographie,
l’histoire et l’archéologie de la Ville Sainte à l’époque musulmane... La
plupart des sujets, monuments et inscriptions sont reproduits dans l’état de
1914, date de la dernière campagne de l’auteur.”

Max van Berchem ne voit pas la publication des deux volumes de texte. Il repart
en Orient avant l’hiver 1920, mais des problèmes de santé l’obligent à revenir
en Suisse quelques semaines plus tard. A son grand désespoir, il doit abandonner
ses travaux. Il meurt le 7 mars 1921. Sa famille confie la publication des deux
volumes de texte à son ami Gaston Wiet qui, dans l’avant-propos du premier
volume, présente ce recueil comme le “résultat de deux explorations de la Ville
Sainte et de vingt années de recherches patientes à travers les oeuvres arabes
et les relations des pèlerins et des voyageurs occidentaux.”

Les photographies de Max van Berchem sont maintenant la propriété de la
Fondation Max van Berchem, à Genève. Une sélection de photos est publiée par
Marguerite Gautier-van Berchem en 1978 [6]. A la page 14, on voit Max van
Berchem juché sur une échelle en train de retirer l’estampage d’une inscription
sise entre deux arcades. On ne peut avoir qu’admiration pour le travail
absolument colossal qu’il a effectué sur le terrain.

= Quelques albums de photos anciennes

Aux éditions Ariel, à Jérusalem, ont paru entre 1978 et 1980 trois recueils de
photographies anciennes rassemblées par Ely Schiller: The First Photographs of
Jerusalem: The Old City (1978), The First Photographs of Jerusalem: The New City
(1979), The First Photographs of Jerusalem & The Holy Land (1980). Dans ces
trois ouvrages reliés (28 x 23 cm), avec jaquette, Ely Schiller a regroupé des
photos de collections publiques et privées. Les photos occupent le plus souvent
une page toute entière. Certaines occupent la moitié d’une page ou une double
page. Le texte d’introduction et les légendes sont en anglais et en hébreu.

En 1980, Tim N. Gidal publie 42 photos émanant de sa collection personnelle dans
Ewiges Jerusalem 1850-1910. Il s’agit d’un luxueux livre relié (49 x 36 cm),
avec jaquette, publié par la Photogalerie Bucher, maison d’édition spécialisée
basée à Lucerne et Francfort. Une présentation de la Jérusalem de l’époque
précède 40 reproductions de photographies en pleine page (38 x 28 cm). S’y
trouvent de nombreux portraits et photos de groupes, mais aussi quelques photos
d’architecture. La première photo est une vue d’ensemble de Jérusalem prise par
le médecin C.G. Wheelhouse en 1849. Il s’agit d’une vue de la ville prise du
rempart nord, avec le Dôme du Rocher et le Mont des Oliviers. Ce talbotype est
considéré comme la photo la plus ancienne jamais prise de Jérusalem.

Compilé par Eyal Onne, en collaboration avec Dror Wahrmann, Jerusalem: A Profile
of a Changing City raconte l’histoire de la photographie à Jérusalem et, à
travers les photos choisies, l’histoire du développement de la ville au cours de
la seconde moitié du 19e siècle. Les oeuvres des 47 photographes sélectionnés
sont pour la plupart inédites. Publié en 1985, ce bel ouvrage relié (22 x 28 cm)
est publié par le Jerusalem Institute for Israel Studies pour accompagner
l’exposition du même nom présentée à Mishkenot Sha’ananim et à la cinémathèque
de Jérusalem en 1985 et 1986.

= Liste de photographes, résidents et voyageurs

Nombreux sont les photographes ayant photographié Jérusalem à partir de 1839
[7]. Voyageurs ou résidents, leurs buts sont variés: commercial, archéologique,
scientifique, religieux ou artistique.

1839-1840: Horace Vernet et Frédéric Goupil-Fesquet (voyageurs)

1842: Joseph Philibert Girault de Prangey (voyageur)

1844: Joseph Skene Keith (voyageur)

1849-1850: Claudius Galen Wheelhouse (voyageur)

1850 (août): Maxime du Camp (1822-1894) (voyageur)

1852-1860: August Jacob Laurent (voyageur)

1854: Auguste Salzmann (1824-1872) (voyageur)

1854-1862: Ermete Pierotti (voyageur)

1856: Albert Augustus Isaacs (voyageur)

1857: James Robertson (voyageur)

1857: Felice Beato (voyageur)

1858, 1860: Francis Frith (1822-1898) (voyageur)

1859: Louis de Clercq (1836-1901) (voyageur)

1860: John Cramb (voyageur)

1860: Alois Payer (voyageur)

1860-1865: Frank Mason Good (voyageur)

1861: John Antony (voyageur)

1861: Yessayi Garabedian (résident)

1863-1865: William James (voyageur)

1863-1873: Peter Bergheim (résident)

1865-1875: Photographes du Palestine Exploration Fund, avec H. Phillips
(voyageurs)

1866: James McDonald, avec le British Ordnance Survey (voyageur)

1867-1880: Félix Bonfils (1831-1885) (résident)

1868: Jules Andrieu (voyageur)

1868-1869: Photographes du British War Office (voyageurs)

1870?: A. Braun (?)

1870?: Giacomo Brogi (1822-1881) (voyageur)

1870?: B. Kuhn (?)

1870?: Leon & Levi (frères Bisson?)

1870?: F. Quarelli (voyageur)

1870-1900: Garabed Krikorian, ancien élève de Yessayi Garabedian (résident)

1872: Charles Bierstadt (voyageur)

1875: Benjamin-West et Edward Kilburn (voyageurs)

1878-1894: Adrien Bonfils, fils de Félix Bonfils (résident)

1880-1890: L. Fiorillo (résident)

1880-1890: Zangaki Frères (résidents)

1880-1914: Jacob Hotimsky (résident)

1882: Edward Wilson (?)

1887: E. et F. Thevoz (?)

1888: Cecil V. Shadbolt (?)

1890-1910: G.V. Trifunovich (résident)

1890-1948: Militiade Savvides (résident)

1892: Francis Bedford (?)

1894: Robert Edward Bain (?)

1894-1910: Bruno Hentschel (résident)

1894: Yeshayahu Raffalovich (résident)

1894: Avraham Aharon Ritavsky (résident)

1898-1946: Photographes de l’American Colony et Eric Matson (résidents)

1900: Hornstein (?)

1900: Photographes de l’Ecole biblique et archéologique française, avec le Père
Savignac (résidents)

1910: Jacob Ben-Dov (?)

1912: Leo Kahn (résident)

= Notes

[1] Finn (E.). Reminiscences of Mrs Finn. London, Marshel Morgan & Scott, 1929,
p. 80-89.

[2] Prospectus du livre publié par Gide et J. Baudry, libraires-éditeurs.

[3] Onne (E.). Jerusalem in the 19th Century. Beehive of Photographic Activity,
in: Jerusalem. Profile of a Changing City 1985, p. 65.

[4] Wilson (C.W.). Ordnance Survey of Jerusalem. 1865. Réimpression: Jérusalem,
Ariel, 1980.

[5] Mémoires de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire. Le Caire,
Institut français d’archéologie orientale, 1922-1927. 3 vol. in-folio: texte
(tomes XLIII et XLIV) et planches (tome XLV).

[6] Gautier-van Berchem (Marguerite). La Jérusalem musulmane dans l’oeuvre de
Max van Berchem. En collaboration avec S. Ory. Lausanne, édition des Trois
Continents, 1978.

[7] Les dates données sont souvent approximatives. La mention “résident” indique
que le photographe réside à Jérusalem, ou tout au moins qu’il a un studio à
Jérusalem, même si le studio principal est ailleurs, par exemple à Beyrouth pour
Félix et Adrien Bonfils ou Tancrède Dumas, à Port Saïd pour les frères Zangaki
ou à Assouan pour L. Fiorillo.


9. BIBLIOGRAPHIE


[Ouvrages généraux // Périodiques // Histoire médiévale / générale / musulmane
et mamelouke / croisée // Récits de voyageurs, pèlerins et historiens //
Architecture / musulmane et mamelouke / croisée // Cartes et plans // Albums de
photos anciennes / d'époque / récents]

= Ouvrages généraux

Abel (F.M.). Géographie de la Palestine. Paris, Gabalda, 1933-1938. 2 volumes.

Bahat (D.). Carta’s Historical Atlas of Jerusalem. Jerusalem, Carta, 1983.

Benvenisti (M.). Jerusalem: The Torn City. Jerusalem, Isratypeset, 1976.

Catalogue de la bibliothèque de l’Ecole biblique et archéologique française de
Jérusalem. Paris, Gabalda, 1985-1986. 12 volumes, 400.000 notices.

Chouraqui (A.). Jérusalem: une métropole spirituelle. Paris, Bordas, 1981. Coll.
Voir l’histoire.

Cramer (F., photographe). Let There Be Peace! Publié par l’auteur, 1977. [Photos
prises en 1970 lors d’un séjour de 8 mois]

Estrangin (L.) et Champollion (H., photographe). Jerusalem. Rennes,
Ouest-France, 1986.

Kollek (T.) et Pearlman (M.). Jérusalem, ville sacrée de l’humanité: quarante
siècles d’histoire. Paris, Fayard, 1968.

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4 volumes. Volumes 1 et 2: Aelia Capitolina, le Saint-Sépulcre et le Mont des
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Sainte-Anne et les sanctuaires hors de la ville. Histoire monumentale de
Jérusalem.

= Cartes et plans

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Bahat (D.). Selected Plans of Historical Sites and Monumental Buildings. 2nd
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Buenting (H.). Itinerarium Sacrae Scripturae. Helmstadt, 1581. [Gravure sur bois
représentant Jérusalem au coeur des trois continents]

= Albums de photos anciennes

= = Albums d’époque

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(Franciscan Mission), 1893. 2 volumes.

Album presented to Sir Herbert Samuel to the Mayor of Jerusalem.

American Colony Photographers. Album: A Collection of Photographs of the Holy
Land. Jerusalem, American Colony, 18? [48 photos]

Antony (John). In the City of our Lord: Twelve Photographs of Jerusalem. London,
1861. [12 photos de 1860]

Bain (Robert Edward), in: John Heyl Vincent. Earthly Footsteps of the Man of
Galilee. New York, 1894. [394 photos]

Bedford (Francis). Egypt, the Holy Land, Syria... 1862. London, Marion, 188?
[100 grandes photos de 1862]

Bedford (Francis). Egypt, the Holy Land, Syria… 1866. [48 photos de 1862]

Ben-Dov (Jacob). The Development of the Jewish Yishuv in Eretz-Israel from 1907
to the Thirties: A Selection of Photos from the Bendov Archives at the Israel
Museum.

Ben-Dov (Jacob). Eretz-Israel. Jerusalem, 1938. [24 photos]

Ben-Dov (Jacob). Eretz-Israel, the Land of Promise. Jerusalem, J. Ben-Dov, 1952.
[21 photos]

Bonfils (Félix). Souvenirs d’Orient: album pittoresque des sites, villes et
ruines les plus remarquables de la Terre Sainte. 1878. [Stéréographes de 1867 à
1878]

Bonfils (Félix). 51 photographies de Palestine. 1878? [Probablement des extraits
de: Souvenirs d’Orient]

Bonfils (Félix). Une collection de photos du Levant. 1889? [73 photos de F.
Bonfils et Ph. Dumas]

Bridges (George W.). Album. 1859. [Photos de 1849 et 1850]

Clercq (Louis de). Voyage en Orient. [5 volumes de calotypes à partir de 1859]

Du Camp (Maxime). Egypte, Nubie, Palestine et Syrie: dessins photographiques
recueillis durant les années 1849, 1850 et 1851. Paris, Gide & J. Baudry, 1852.
[125 calotypes de 1849 imprimés par Blanquart-Evrard]

Du Camp (Maxime). Orient et Italie: souvenirs de voyage et de lecture. Paris,
Didier, 1868.

Franklin (G.E.). Palestine Depicted and Descripted. London, J.M. Dent, 1911.
[376 photos]

Frith (Francis). Egypt & The Holy Land: Dover Photographic Collections. Reprint:
New York, Dover, 1980. [77 photos]

Frith (Francis). Egypt, Sinai & Palestine. London, Mackenzie, 1862? [37 photos]

Frith (Francis). The Bible in Photographs. [Edition limitée à 170 exemplaires]

Frith (Francis). Cairo, Sinai, Jerusalem and the Pyramids of Egypt. 1860.
[Photos de 1857 à 1859]

Garabedian (Yessayi). Jerusalem. 1861.

Girault de Prangey (Joseph Philibert). Monuments arabes d’Egypte, de Syrie et
d’Asie mineure. 1846. [Gravures à partir de daguerréotypes de 1841]

Good (Frank M.). The Eastern Series. 186? [250 stéréographes de 1857 à 1859]

Good (Frank M.). Photo-pictures: The Holy Land. London.

Goupil-Fesquet (Frédéric) et Vernet (Horace). Excursions daguériennes. 1841.
[120 gravures à partir de daguerréotypes de 1839]

Goupil-Fesquet (Frédéric). Voyage d’Horace Vernet en Orient. Paris, Challamel,
1843. Planches en couleur.

Grober (K.). Palestine and Syria. Berlin, 1926.

Kahn (Leo). Palästina in Bilder. Wien, 1913.

Keith (George Skene). Evidence of the Truth of the Christian Religion. [18
daguerréotypes pris en 1844 par son fils]

Kilburn (Benjamin-West et Edward). Jerusalem. 1875. [80 stéréographes de 1873,
concernant surtout Jérusalem]

Laurent (Dr August Jacob). Jerusalem. [112 photographies prises entre 1852 et
1860]

Lees (George Robinson). Jerusalem illustrated. Newcastle-on-Tyne, Mawron, Swan &
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Lortet (Louis Charles). La Syrie d’aujourd’hui: voyages dans la Phénicie, le
Liban et la Judée, 1875-1880. Paris, Hachette, 1884. In-folio. [Nombreuses
gravures réalisées à partir de photographies. Jérusalem: chapitres 8, 9 et 10,
p. 219-308]

Mac Donald (photographe), in: Charles W. Wilson. Ordnance Survey of Jerusalem.
London, 1865. Reprint: Jerusalem, Ariel, 1980. [Photographies prises en 1864 et
1865]

Payer (Alois). Album von Jerusalem. 1866. [Lithographies faites à partir de
photos de 1865]

Pierotti (Ermete). Jerusalem Explored. London, Bel & Daldy et Cambridge,
Deigthon & Dell, 1864. [Lithographies faites à partir de photos prises entre
1854 et 1862, vraisemblablement par John Mendel Diness, et non Pierotti
lui-même]

Raad (C.). Jerusalem in Palästina. Munich, G. Landauer, 1925.

Raffalovich (Isaiah). Ansichten von Palästina und den Judischen Colonien.
Jerusalem, 190? Reprint: Jerusalem, Ariel, 1979. [58 photos de I. Raffalovich et
M.E. Sachs]

Sachs (M.E.), voir ci-dessus.

Salzmann (Auguste). Jérusalem: étude et reproduction photographique de la Ville
Sainte depuis l’époque judaïque jusqu’à nos jours. Paris, Gide & J. Baudry,
1856. Volume 1: texte. Volume 2: planches (40 planches).

Smith (G.A.). The Way of the Cross.

Thevoz (E. et F.). La Palestine illustrée: collections de vues recueillies en
Orient. Lausanne, G. Bridel, 1888-1893, 4 volumes.

Van Berchem (Max). Matériaux pour un Corpus Inscriptionum Arabicarum. Jérusalem,
Mémoires de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, tome XLV,
1920. Planches. [120 planches in-folio]

Vincent (L.H.) et Abel (F.M.). Jérusalem nouvelle. Paris, J. Gabalda, 1914-1924.
4 volumes.

The Way of the Cross: A Pictorial Pilgrimage from Bethlehem to Calvary. London,
G. Newnes, 191?

Wheelhouse (C.G.) Photographic Sketches From the Shores of the Mediterranean.
[Talbotypes de 1849 et 1850]

Wilson (Charles William) and James (Henry). Jerusalem, 1865. 1866?

Wilson (Charles William). Jerusalem: The Holy City. Jerusalem, Ariel, 1975.
[Extrait de: Pituresque Palestine, Sinai & Egypt. New York, Appleton,
1881-1883.]

Wilson (Charles William). Golgotha & the Holy Sepulchre. London, Palestine
Exploration Fund, 1906.

Wilson (Charles William). Ordnance Survey of Jerusalem. London, 1865. Reprint:
Jerusalem, Ariel, 1980.

Wilson (Edward). In Scripture Lands: View of Sacred Places. London, Religious
Tract Society, 1891. [150 photos]

= = Albums récents

Gidal (Tim N.). Ewiges Jerusalem 1850-1910. Luzern & Frankfurt/Main, Verlag C.J.
Bucher, 1980. In-folio. [44 photographies pleine page]

Onne (Eyal). With the collaboration of Dror Wahrmann. Jerusalem: Profile of a
Changing City. Jerusalem, Mishkenot Sha’ananim & The Jerusalem Institute for
Israel Studies, 1985. [77 photos anciennes]

Schiller (E.), edited by. The First Photographs of Jerusalem: The Old City.
Jerusalem, Ariel, 1978. [Photos de 1856 à 1917]

Schiller (E.), edited by. The First Photographs of Jerusalem: The New City.
Jerusalem, Ariel, 1979. [Photos de 1856 à 1917]

Schiller (E.), edited by. The First Photographs of Jerusalem and the Holy Land.
Jerusalem, Ariel, 1980.

= Photos

1/ [Ci-contre des graffitis médiévaux sur les murs du Saint-Sépulcre. Photo de
Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 2.

2/ [Ci-contre la Porte de Damas, qui donne accès à la Vieille Ville, "ce mélange
de tous les styles, de tous les temps, des souvenirs juifs, grecs, romains,
chrétiens, musulmans, (...) tout cela enserré dans une grande muraille en
pierres" (Max van Berchem). Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du
chapitre 2.

3/ [Ci-contre, une vue d'ensemble de Jérusalem avec, en son centre, la coupole
dorée du Dôme du Rocher, joyau de Jérusalem, construit entre 692 et 697. Photo
de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 3.

4/ [Ci-contre, la Porte de Damas, dans le rempart sud de la Vieille Ville. Ses
fondations datent de la période croisée. Photo de Marie-Joseph Pierre.]
Illustration du chapitre 4.

5/ [Ci-contre, le monastère de la Croix, construit entre 1039 et 1056 dans une
vallée qui était le vignoble des rois croisés. Photo de Marie-Joseph Pierre.]
Illustration du chapitre 5.

6/ [Ci-contre, les toits de la Vieille Ville avec, au fond, le Mont des Oliviers
et l'église de l'Ascension visible au sommet. L'église était devenue une mosquée
pendant la période ayyubide. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du
chapitre 6.

7/ [Ci-contre, la vaste esplanade du Haram al-Sharif, avec le Dôme du Rocher en
son milieu. Ce sont les Mamelouks qui ont donné au Haram al-Sharif sa forme
présente. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 7.

8/ [Ci-contre, la Vieille Ville, avec les coupoles du Saint-Sépulcre au fond
(centre droit). Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 8.

9/ [Ci-contre, les nouveaux quartiers de Jérusalem. Photo de Marie-Joseph
Pierre.] Illustration du chapitre 9.

10/ [Ci-contre, un rempart de la Vieille Ville, près de la Porte d'Hérode. Photo
de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 9.


10. INDEX

Abbassides, dynastie musulmane

Abd al-Majid, sultan ottoman

Abd al-Malik, calife omeyyade

Abel F.M., archéologue

Abu Jaafar al-Mansur, calife

Adel Zein al-Din (Al-), mamelouk

Ahima’as, chroniqueur juif

Ahmed ibn-Touloun, calife

Aidughdi Kubaki, mamelouk

Aksa, mosquée

Amalfi, marchands d’

American Colony, photographes

Amico Bernardino, cartographe

Andrieu Jules, photographe

Antony John, photographe

Architecture ayyubide

Architecture croisée civile

Architecture croisée religieuse

Architecture mamelouke

Architecture musulmane

Arculfe, pèlerin chrétien

Arghûniyya, madrasa al-

Argun al-Kamili, mamelouk

Ariz (Al-), calife

Armenian Photographers

Arméniens, chrétiens

Arnold von Harff, pèlerin

Ascension, dôme de l’

Ascension, église de l’

Ascension, mosquée de l’

Ashraf (Al-), mamelouk

Ashrafiyya, madrasa al-

Assomption, église de l’

Assomptionnistes, photographes

Ayaub, sultan d’Egypte

Ayyubides, dynastie musulmane

Bâb al-Asbât, minaret du

Bâb al-Qattânin

Bâb al-Silsila, minaret du

Bagrat, roi de Géorgie

Bahat Dan, historien et cartographe

Bain Robert Edward, photographe

Baladhuri, historien musulman

Balian d’Ibelin, chef croisé

Barka Khân, turba de

Baudouin I, roi latin de Jérusalem

Baudouin II, roi latin de Jérusalem

Baybars, sultan mamelouk

Beato Felice, photographe

Bedford Francis, photographe

Ben-Dov Jacob, photographe

Bénédictins, moines

Benjamin de Tudèle, voyageur juif

Bergheim Peter, photographe

Bernard de Clairvaux, théologien chrétien

Bethléem

Bible

Bierstadt Charles, photographe

Blanquart-Evrard Louis-Désiré, photographe

Bonfils Adrien, photographe

Braun A., photographe

Bridges George W., photographe

British Ordnance Survey, archéologues

British War Office, photographes

Brogi Giacomo, photographe

Buenting Heinrich, cartographe

Burhân al-Dîn, chaire de

Burhân al-Dîn, juge musulman

Carmi Joseph, photographe

Chaîne, dôme de la

Chaire de Burhân al-Dîn

Charlemagne, roi franc

Chelebi, voyageur musulman

Chevaliers Teutoniques

Chrétiens

Chrétiens arméniens

Chrétiens coptes

Chrétiens éthiopiens

Chrétiens d’Europe

Chrétiens géorgiens

Chrétiens grecs

Chrétiens latins

Chrétiens orientaux

Chrétiens syriens

Christ

Christianisme

Citadel Museum Collection

Citadelle

Clercq Louis de, photographe

Constantin le Grand, empereur romain

Constantin IX Monomaque, empereur byzantin

Coptes, chrétiens

Coran

Cotonniers, marché des

Cotonniers, porte des

Cramb John, photographe

Creswell K.A.C., orientaliste

Croisades

Croisés

Daniel Igoumène, pèlerin chrétien

Dar al-Afifi, voir: madrasa al-Arghûniyya

Dar al-Khalidi, voir: turba al-Sa’diyya

Dawâdâriyya, madrasa al-

Diness John Mendel, photographe

Dôme de l’Ascension

Dôme de la Chaîne

Dôme du Rocher

Dôme Yûsuf

Dominicains, moines

Du Camp Maxime, photographe

Dumas Tancrède, photographe

Ecole biblique et archéologique française

Eglise de la Croix

Eglise Saint-Etienne

Eglise Saint-Jacques

Eglise Saint-Jean-Baptiste

Eglise Saint-Julien

Eglise du Saint-Sépulcre

Eglise Sainte-Agnès

Eglise Sainte-Anne

Eglise Sainte-Marie-des-Allemands

Eglise Sainte-Marie-la-Grande

Eglise Sainte-Marie-Latine

El-Aqsa, voir: mosquée al-Aksa

Ethiopiens, chrétiens

Fakhriyya, minaret

Farouk, roi d’Egypte

Fatimides, dynastie musulmane

Feisal, roi d’Iraq

Felix Fabri, pèlerin chrétien

Finn Mrs, écrivain

Fiorillo L., photographe

Flaubert Gustave, écrivain et voyageur

Foucher de Chartres, chroniqueur croisé

Franciscains, moines

Franklin G.E., photographe

Frederic II, empereur d’Allemagne

Frith Francis, photographe

Garabedian Yessayi, photographe

Gautier-van Berchem Marguerite, orientaliste

Géorgiens, chrétiens

Gérald, maître de l’Hôpital

Gethsémani

Ghâdiriyya, madrasa al-

Ghawânima, minaret

Gidal Tim N., collectionneur de photos

Girault de Prangey Joseph Philibert, photographe

Godefroi de Bouillon, premier chef latin de Jérusalem

Good Frank Mason, photographe

Goupil-Fesquet Frédéric, photographe

Graves, photographe

Grecs, chrétiens

Grober K., photographe

Guillaume de Tyr, historien croisé

Hakim (Al-), calife

Haram al-Sharif

Haroun al-Rachid, calife abbasside

Hassan al-Dahari, mamelouk

Hélène, mère de Constantin le Grand

Hentschel Bruno, photographe

Hornstein, photographe

Hospitaliers, chevaliers

Hotimsky Jacob, photographe

Ibn al-Faqih, géographe musulman

Ibn Wasil, historien musulman

Imad al-Din, historien musulman

Isaacs Albert Augustus, photographe

Isabelle de Brienne, reine latine de Jérusalem

Is’ardiyya, madrasa al-

Ishenko Ivan, photographe

Islam

James William, photographe

Jâmi Umar, minaret de

Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien

Jean l’Aumônier, évêque d’Alexandrie

Jérusalem, cartes

Jérusalem, histoire

Jérusalem, iconographie

Jérusalem, photos

Jérusalem, rues

Jésus-Christ

Johns C.N., archéologue

Judaïsme

Juifs

Kahn Leo, photographe

Kamil (al-), sultan égyptien

Karamanov Anton Michail, photographe

Keith George Skene, photographe

Kilburn Benjamin-West et Edward, photographes

Koursi ‘Aïsa

Kubakiyya, zâwika al-

Kuhn B., photographe

Kulthum ibn Ziyad, historien musulman

Lagrange Marie-Joseph, père dominicain

Larson Lewis, photographe

Laurent Auguste Jacob, photographe

Lees George Robinson, photographe

Leon & Levi, photographes

Lortet Louis Charles, photographe

MacDonald J., photographe

Madaba, mosaïque de

Madrasa Arghûniyya

Madrasa Ashrafiyya

Madrasa Dawâdâriyya

Madrasa Ghâdiriyya

Madrasa Is’ardiyya

Madrasa Manjakiyya

Madrasa Sallâmiyya

Madrasa Tankiziyya

Madrasa Tashtamuriyya

Madrasa Tâziyya

Mahdi (Al-), calife abbasside

Mahomet

Malik al-Ashraf Qaytbay (Al-), mamelouk

Malik al-Mansur Qalaoun (Al-), mamelouk

Malik al-Salih Ayyub (Al-), mamelouk

Mamelouks

Manjakiyya, madrasa al-

Mansur Husam al-Din Lajin (Al-), mamelouk

Marie, mère de Jésus

Matson Eric, photographe

Mauristan

Mawlawiyya, mosquée de, voir: église Sainte-Agnès

Mecque (La)

Médine

Mélisende, reine croisée

Meyers Elijah, photographe

Minaret Bâb al-Asbât

Minaret Bâb al-Silsila

Minaret Fakhriyya

Minaret Ghawânima

Minaret Jâmi Umar

Minaret Mu’azzamiyya

Minbar al-Dîn, voir: chaire de Burhân al-Dîn

Modestus, patriarche

Mont du Temple

Mosaïques

Moshe ben Nahman, rabbin, voir: Ramban

Mosquée al-Aksa

Mosquée de l’Ascension

Mu’azzamiyya, minaret du

Muazzem (Al-), sultan ayyubide

Mujir al-Din, historien musulman

Muqaddasi (Al-), géographe musulman

Musulmans

Muthîr al-Ghirâm, texte musulman

Nasir-I Khusraw, voyageur musulman

Nasir ibn Qalaoun (Al-), sultan mamelouk

Nur al-Din, gouverneur musulman de Syrie

Omar, second calife musulman

Omeyyades, dynastie musulmane

Onne Eyal, photographe

Ostheim, photographe

Ottomans

Ovadia de Bartinora, visiteur juif

Palestine

Palestine Exploration Fund, photographes

Paltiel, rabbin

Payer Alois, photographe

Pères Blancs

Peters F.E,, historien

Phillips H., photographe

Photographes

Pierotti Ermete, photographe

Porte des Cotonniers, voir: Bâb al-Qattânin

Porte de Damas

Porte Simple

Porte Triple

Qalaoun, sultan mamelouk

Qaytbay, sultan mamelouk

Quarelli F., photographe

Qubbat, voir: dôme

Raad C., photographe

Raffalovich Yeshayahu, photographe

Ramban, rabbin

Raymond du Puy, fondateur des Hospitaliers

Rédempteur, église du

Ribat al-Zamanî

Ritavsky Avraham Aharon, photographe

Robertson James, photographe

Rocher, dôme du

Rocher sacré

Sabil Qâytbây

Sachs M.E., photographe

Sa’diyya, turba al-

Saint-Jean de l’Hôpital, chevaliers de, voir: Hospitaliers

Sainte-Croix, voir: église de la Croix

Sakhra, qubbat al-, voir: Dôme du Rocher

Saladin, sultan ayyubide

Salah al-Din, voir: Saladin

Sallâmiyya, madrasa al-

Salman ban Yeruham, écrivain karaïte

Salomon, temple de

Salzmann Auguste, photographe

Saulcy Louis Félicien de, archéologue

Savignac, père dominicain et photographe

Savvides Militiade, photographe

Schiller Ely, éditeur de photos

Séleucides, turcs

Selim I, sultan ottoman

Shadbolt Cecil V., photographe

Sharaf al-Din Abdul Rahman, mamelouk

Shihab al-Din, ayyubide

Shlomo ben Yehuda, rabbin de Jérusalem

Slatev Petro, photographe

Smith G.A., photographe

Sobernheim, photographe

Soliman le Magnifique, sultan ottoman

Sophronius, patriarche de Jérusalem

Suliman, calife omeyyade

Sûq al-Qattânin

Syriens, chrétiens

Tabari, historien musulman

Talbot Fox, photographe

Tancrède, chef croisé

Tankiz al-Nasari, gouverneur mamelouk

Tankiziyya, madrasa al-

Tashtamuriyya, madrasa al-

Tâziyya, madrasa al-

Temple de Salomon

Templiers, chevaliers

Thevoz E. et F., photographes

Tombeau de la Vierge

Tour de David, voir: citadelle

Trifunovich G.V., photographe

Turba Barba Khân

Turba Sa’diyya

Turba Turkân Khâtûn

Turcs séleucides

Turkân Khâtûn, turba de

Umari (Al-), historien musulman

Underwood & Underwood, éditeurs de photos

Urbain II, pape

Van Berchem Marguerite, voir: Gautier-van Berchem Marguerite, orientaliste

Van Berchem Max, orientaliste et photographe

Vernet Horace, photographe

Vester Frederick, photographe

Via Dolorosa

Vincent L.H., archéologue

Walid (Al-), calife omeyyade

Wheelhouse Claudius Galen, photographe

Whiting John, photographe

Wiet Gaston, orientaliste

Wilson Charles William, archéologue

Wilson Edward, photographe

Ya’qubi, historien musulman

Yessayi, voir: Garabedian Yessayi

Yûsûf, dôme

Zahir (Al-), calife fatimide

Zamakhshari (Al-), commentateur du Coran

Zamanî, Ribat al-, voir: ribat al-Zamanî

Zangaki frères, photographes

Zâwika al-Kubakiyya

Copyright © 2006 Marie Lebert





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