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Title: L'Illustration, No. 3265, 23 Septembre 1905
Author: Various
Language: French
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L'ILLUSTRATION, NO. 3265, 23 SEPTEMBRE 1905 ***



L'Illustration, No. 3265, 23 Septembre 1905

[Illustration: LA REVUE COMIQUE, par Henriot.]

[Illustration: L'ILLUSTRATION
_Prix du Numéro: 75 Centimes_
SAMEDI 23 SEPTEMBRE 1905
_63e Année--N° 3265_]

[Illustration: LA VIE MONDAINE EN AUTO.--Une présentation. _Dessin
d'après nature de L. Sabattier.--Voir l'article, page 208._]



NOS SUPPLÉMENTS DE THÉÂTRE

Deux importantes oeuvres dramatiques sont actuellement en répétitions et
marqueront le véritable début de la saison théâtrale nouvelle.
_L'Illustration_ est heureuse d'annoncer à ses lecteurs qu'elle les
publiera toutes deux après leur première représentation. Ce sont:

DON QUICHOTTE comédie en trois parties et huit tableaux, en vers, de
l'auteur du _Chemineau_, du _Flibustier_ et de _Par le glaive_, le grand
poète JEAN RICHEPIN.

(_Don Quichotte_ sera représenté au commencement d'octobre à la
Comédie-Française);

LE MASQUE D'AMOUR pièce en cinq actes et neuf tableaux, qui va être le
début, au théâtre, d'un des romanciers ayant obtenu, en ces dernières
années, les plus retentissants succès: DANIEL LESUEUR.

(_Le Masque d'amour_ sera représenté en octobre au théâtre
Sarah-Bernhardt).

Nous publierons ensuite, au fur et à mesure de leur représentation sur
les grandes scènes parisiennes, les pièces nouvelles des maîtres du
théâtre contemporain:

BERTRADE par JULES LEMAITRE, de l'Académie française, qui sera jouée à
la Renaissance;

LE GOUT DU VICE par HENRI LAVEDAN, de l'Académie française, qui sera
joué au Gymnase;

LE RÉVEIL par PAUL HERVIEU, de l'Académie française, qui sera joué à la
Comédie-Française;

PARAITRE par MAURICE DONNAY, qui sera joué à la Comédie-Française;

PAQUERETTE ou LES ÉTRENNES également par MAURICE DONNAY, qui sera jouée
au théâtre Antoine.

_L'Illustration_ publiera également toutes les autres oeuvres qui seront
désignées à son choix par leur succès et leur haute valeur littéraire.



COURRIER DE PARIS

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

«Les livres ont leur destinée», dit un adage ancien. J'en sais de
médiocres, en effet, dont le succès m'étonna, et d'excellents que j'ai
vus languir, s'obstiner chez le libraire, comme disait Veuillot si
drôlement, et vite tomber dans le plus injuste oubli. Les morts aussi
ont leur destinée,--comme les livres. Il y a ceux dont on s'occupe et
ceux qu'on dédaigne; il y a les morts qu'on cite du bout des lèvres,
pour mémoire, et ceux au souvenir desquels une sorte d'émotion
passionnée s'attache et dont l'_histoire_ s'évoque en nous avec une
persistance de cauchemar.

Huit jours ont passé, depuis l'aventure tragique où périt un honnête et
distingué garçon à qui la vie souriait et que soudain, dans la minute où
il allait rejoindre, pour dîner gaiement avec eux, quelques amis, le
choc stupide d'une automobile envoyait rouler au trottoir, la tête
fracassée. Et nous continuons, depuis huit jours, de nous entretenir de
cet accident, comme s'il était d'hier. «Les morts ont leur destinée.»
Beaucoup d'autres jeunes hommes ont péri comme celui-là, qui, eux aussi,
méritaient de vivre. Massacres en Orient, naufrages, tremblements de
terre en Calabre... Froidement, nous avons entendu le récit de tous ces
drames. Un peu de pitié sans doute nous remuait le coeur; mais une pitié
réfléchie, distante et comme abstraite, où ne se mêlait point ce petit
frisson d'angoisse--un peu égoïste--qui, cette fois, nous a saisis.

Sentiment très humain et que se sont chargés de nous expliquer les
psychologues. Nous ne souffrons jamais beaucoup (heureusement, car la
vie serait intolérable!) des malheurs qui ne nous menacent point. Or,
des carnages en Mandchourie, des égorgements et des incendies à Bakou,
la brisure de croûte terrestre où s'engloutit un village calabrais, la
chute même d'un sous-marin au fond de l'eau ou d'une automobile dans un
ravin, sont des catastrophes qu'un citadin casanier n'a guère à redouter
pour lui-même. Si nous compatissons à distance aux misères des victimes,
c'est d'une âme à la fois terrifiée et tranquille. La vue de ces drames
lointains--ou qui s'accomplissent hors du domaine de notre vie et de nos
risques personnels--agit sur nos sensibilités un peu comme le spectacle
d'une course de taureaux sur les nerfs de certaines Françaises. On
s'évanouit d'horreur, mais à l'angoisse de la syncope se mêle l'intime
satisfaction d'être à l'abri des coups. On est frémissante, mais
rassurée.

Et si le tragique accident de l'avenue Marigny nous a si fortement
bouleversés qu'au bout d'une semaine il est encore le sujet des
conversations de tout Paris, c'est que chacun de nous s'est senti, cette
fois, menacé. Il nous a semblé que la catastrophe nous effleurait; nous
en avons, comme on dit, senti le vent. Nous nous sommes rappelé que,
nous aussi, nous avions l'autre jour, en fiacre, traversé les
Champs-Elysées paisiblement; que des automobiles avaient frôlé notre
voiture; nous pensons que le même malheur eût pu nous atteindre...

Les journaux nous rassurent, nous affirment qu'une automobile, bien
conduite, est le véhicule le moins dangereux qui soit; il suffirait,
disent-ils, pour éviter tout risque, que cochers et chauffeurs prissent
l'habitude d'observer certaines règles de marche très simples; de se
tenir dans la rue à la place où ils doivent être.

Mais c'est là justement une habitude que les Parisiens semblent avoir
toutes les peines du monde à pratiquer. Il n'y a pas, je crois, de
population qui ait moins que celle-ci le sentiment de ce qu'on pourrait
appeler la discipline de la rue. Un piéton parisien traverse la chaussée
en lisant son journal et c'est miracle qu'un plus grand nombre de ces
flâneurs ne soient pas écrasés tous les jours; le cocher qui devrait
être à droite est à gauche; le bicycliste oublie tantôt d'allumer sa
lanterne, tantôt d'attacher à son guidon la trompe ou le grelot dont les
appels sont la sauvegarde du passant. Il est des carrefours dont la
traversée, à la nuit tombante, est une aventure pleine de périls; des
coins de boulevard où l'on a l'impression d'être égaré dans une bagarre
de fous. Mais empêchera-t-on que ces choses ne soient, et change-t-on,
par ordonnance de police, l'âme d'une ville?

La province «inaugure»: exposition d'horticulture à Bourg-la-Reine;
inauguration, à Clamecy, du monument de Claude Tillier; à Saint-Dizier,
d'un autre monument érigé à la mémoire de ceux qui défendirent, il y a
trois siècles et demi, leur cité contre les troupes de Charles-Quint;
dans deux jours, inauguration, à Vouziers, de la statue de Taine.

Je suis allée à Saint-Dizier. Des amis, en vacances dans les environs,
m'avaient dit: «Venez nous voir. Saint-Dizier n'est qu'un grand village,
mais la rivière est jolie; les dames assomptionnistes y ont un parc
admirable, et vous y verrez gesticuler en plein air--éloquemment
peut-être--trois ministres.»

Je n'ai jamais trouvé que des ministres fassent des personnages
intéressants à observer; mais leurs auditoires m'amusent. J'ai lu
quelque part que Gavarni, recevant la visite d'un apprenti dessinateur,
lui demanda:

--Que faites-vous de vos dimanches?

--Je vais au Louvre, dit le débutant.

--Bon, cela. Et, au Louvre, qu'est-ce que vous faites?

--Je regarde les tableaux.

Gavarni fit une grimace.

--Mon enfant, dit-il, quand on va au Louvre il ne faut pas regarder les
tableaux. Il faut regarder les gens qui regardent.

C'est bien là ce qui me rend si précieux le spectacle de certaines fêtes
officielles: regarder les gens qui regardent... Je me suis, il y a cinq
jours, offert ce plaisir à Saint-Dizier; et j'en reviens extrêmement
intéressée et surprise par ce que j'y ai vu.

J'y ai constaté que Paris s'obstine à nous décrire une province qui
n'existe plus,--ou qui est en train de disparaître. Paris ne se contente
point de se dénigrer lui-même; il lui plaît de caricaturer sa province
aussi. Il trouve spirituel de nous la montrer «retardataire» en sa
manière de vivre, gauche en ses propos, même un peu comique en ses
façons de suivre nos modes et de s'habiller. Paris se trompe.

J'assistais dimanche, d'un coin de la place d'Armes de Saint-Dizier, au
défilé des délégations qui entraient à la mairie pour y saluer les
représentants du gouvernement. Il y avait là toute la ville, ou à peu
près; car il faut être aujourd'hui bien négligent, bien misanthrope ou
bien discrédité pour n'être pas «d'un groupe» et n'avoir point, les
jours de fête, une bannière derrière quoi marcher. Si l'on n'est ni
fonctionnaire, ni conseiller municipal, on est au moins d'un orphéon,
d'une fanfare ou d'un syndicat; on est mutualiste, on est gymnaste, on
est vétéran de l'armée d'hier ou pupille de l'armée de demain.

Je regardais passer ces hommes de tous les âges et de toutes conditions;
je cherchais parmi eux les redingotes trop vastes ou comiquement
coupées, les cravates bouffonnes, les chapeaux antiques surtout,--ces
«haute forme» inénarrables que le provincial est censé tirer de
l'armoire une demi-douzaine de fois par an et que nos caricaturistes
parisiens savent si spirituellement dessiner. Et je ne retrouvais nulle
part ces accoutrements d'opérette, ces vêtements et ces coiffures dont
s'esclaffe le boulevardier, quand il les rencontre au théâtre ou dans
les pages de l'_illustré_ comique de la semaine. A peu près partout le
«haute forme» était avouable, la cravate sobre et de bon goût, l'habit
proprement coupé. En vérité, et dans les moindres bourgades, la province
a changé de figure et ses détracteurs ne la reconnaîtraient plus. De
jour en jour elle se dépouille des particularités d'aspect dont
s'égayaient naguère, si peu charitablement, nos humoristes; elle a la
mine et le geste _qu'on ne remarque plus;_ elle se parisianise sans le
savoir.

J'imagine que cette petite évolution est née de plusieurs causes: une
éducation générale améliorée; la curiosité de se comparer les uns aux
autres; un peu plus de coquetterie, en même temps que plus de bien-être;
la facilité de sortir de chez soi, de se mêler de plus en plus, grâce au
progrès des moyens de circulation, à la vie des autres hommes. Peut-être
aussi le service militaire généralisé a-t-il contribué à cette fusion
bienfaisante des groupes sociaux et excité chez l'habitant de la
sous-préfecture, du village même, l'ambition très naturelle de n'être
point distancé trop par celui de la grande ville... Mais ni nos auteurs
dramatiques, ni nos caricaturistes ne font attention à cela; et, pendant
des années encore, ils continueront de nous donner de la province
française, avec infiniment d'esprit, une image très mensongère. Ils se
moquent de la province parce qu'elle «retarde» sur Paris. On les
étonnerait beaucoup en leur prouvant que ce sont eux qui sont en train
de retarder sur elle.

SONIA.



[Illustration: M. de Brazza, photographié en 1882, au retour de son
exploration dans l'Ogoué et le Congo.--_Cliché Nadar._]

[Illustration: M. de Brazza, photographié en 1905, au moment de son
départ pour l'inspection générale du Congo--_Cliché Pirou, rue Royale._]

SAVORGNAN DE BRAZZA

«Je ne le croyais pas si grand!» Combien, relisant, ces jours derniers,
dans une brève notice nécrologique, l'histoire de la vie si remplie de
Savorgnan de Brazza, ont senti remonter à leurs lèvres ce mot que
murmura le Valois blême devant le cadavre gisant du Balafré!

Depuis dix ans, bientôt, qu'un caprice de la politique, un véritable
méfait, l'avait mis à la retraite, on avait--et l'on n'ose l'avouer sans
en rougir--à peu près oublié M. de Brazza. Qu'il ne souffrît pas de
cette indifférence qui récompensait l'oeuvre grandiose accomplie par
lui, on ne saurait en jurer. Du moins ne s'en plaignait-il pas. Car il
fit preuve dans la disgrâce d'un stoïcisme égal à la vaillance qu'il
avait déployée dans l'action, à la simplicité qu'il montra toujours
jusqu'au faîte des honneurs. Peut-être fut-il tout surpris quand, au
commencement de cette année, à la nouvelle des sanglants exploits dont
s'étaient rendus coupables, au Congo, deux de nos fonctionnaires, le
ministre des Colonies lui demanda d'aller conduire, là-bas, l'enquête
nécessaire; et les termes mêmes de la lettre de service qui lui était
remise--la première qu'il reçut depuis celle qui, en 1897, le relevait
brutalement, sans aucunes formes, de ses fonctions--purent lui donner
l'impression qu'il rêvait.

M. de Brazza partit, vaillant, joyeux, vers ce pays auquel, malgré tout,
malgré les luttes passées, les fatigues de la conquête, les déboires, il
avait gardé en son coeur un tendre souvenir. Il avait accompli en
conscience, on peut le croire, son oeuvre nouvelle. Sa mission terminée,
il était en route pour la France quand la dysenterie, le terrassant, le
força de relâcher à Dakar. Il y est mort, le 14 septembre, tombé au
champ d'honneur, sur son domaine.

Il n'était âgé que de cinquante-trois ans. Il y avait si longtemps que
le bruit de son nom avait empli le monde qu'on le croyait, en vérité,
presque un vieillard. Mais il avait trente ans à peine quand la gloire,
la vraie et pure gloire, vierge de sang versé,--lot rare et magnifique
pour un conquérant!--lui avait souri déjà. A trente et un ans, il était
commissaire général de la République au Gabon. Il avait jeté sur le
continent africain les fondements d'un empire colonial trois fois grand
comme la métropole elle-même, qu'il ajoutait au patrimoine de son pays
d'adoption.

Quels beaux rêves d'énergie des adolescents qui sont depuis longtemps
devenus des hommes ont faits, en ce temps-là, devant cette photographie,
alors populaire, que nous reproduisons ici, et à laquelle on pourrait
donner pour épigraphe la boutade haineuse de Stanley, le rival sanglant
du pacifique Brazza au continent noir, cette phrase qui semble en être
la description littérale: «J'ai rencontré un homme déguenillé, pieds
nus, sans autre escorte que quelques misérables laptots, et il m'a dit
qu'il venait d'acquérir des territoires à la France!»

[Illustration: Mme de Brazza, née Thérèse de Chambrun.]

C'est le 20 octobre 1875 que l'enseigne de vaisseau de Brazza avait
débarqué au Gabon, à la tête d'une troupe de vingt personnes seulement.
Cette première exploration dura trois ans. Elle s'étendit aux bassins de
l'Ogoué, de la Licona et de l'Aima. On alla jusqu'à cinq journées de
distance du Congo sans en entrevoir, sans en deviner l'existence. A son
retour en Europe seulement, M. de Brazza apprit le raid heureux que
Stanley, rentré quelques mois avant lui, avait poussé dans le bassin du
fleuve géant. Il repartit pour compléter son oeuvre le 27 décembre 1879
et atteignait cette fois le Congo qu'il redescendait jusqu'au Stanley
Pool. Ce fut au cours de ce second voyage, qui ne fut qu'un duel superbe
entre l'explorateur français et son rival Stanley, qu'il signa le traité
de protectorat avec le roi Makoko et installa aussi, au poste qui devait
plus tard devenir Brazzaville, la capitale actuelle du Congo, le brave
sergent Malamine, celui qui, avec trois tirailleurs sénégalais, tint un
jour tête à Stanley et lui fit respecter le drapeau tricolore.

Rentré à Paris en 1882, accueilli avec enthousiasme, il se voyait
confier, l'année suivante, la mission d'organiser sa conquête; car on ne
méconnut point tout d'abord la splendeur de ce présent qu'il faisait à
la France. Quatorze ans s'écoulèrent avant qu'on oubliât ses services
insignes. Mais alors, on n'eut plus aucun ménagement et, à la suite d'un
long conflit entre l'explorateur et la bureaucratie, celle-ci l'emporta:
une simple lettre de service rappela M. de Brazza.

Il ne murmura pas, se laissa dépouiller, vécut obscur, entre sa femme,
nièce du comte de Chambrun, et ses trois enfants, à son foyer presque
pauvre; car il avait dissipé dans ses audacieuses randonnées tout
l'héritage familial. Il fallut une circonstance fortuite pour que cette
iniquité fût rappelée et réparée; les Chambres, à l'unanimité, dans un
élan d'enthousiasme, votèrent à M. de Brazza une pension à titre de
récompense nationale.

Ce fut presque à son corps défendant qu'il l'accepta, car jamais il
n'avait permis à ses amis les plus zélés de protester contre
l'ingratitude dont il était victime. Il avait l'âme d'un sage antique.

Son caractère chevaleresque s'était révélé d'un seul trait le jour où,
rejeton d'une vieille famille italienne de la province d'Udine et ému de
pitié devant les malheurs de la France, il était venu, au lendemain de
nos défaites, réclamer la nationalité française! Sa douceur lui avait
valu, dans les huttes de paille et de terre épargnées, le nom de _Père
des noirs_. Il eût rivalisé de bravoure intrépide, de sérénité devant le
danger avec un Décius ou un Ney. C'est un héros qui vient de
disparaître.

G. B



[Illustration: La forteresse de Frederiksten sur la frontière
suédo-norvégienne.--_Phot. Worm-Petersen._]

L'ENTENTE SUÉDO-NORVÉGIENNE

On a pu redouter, un moment, de voir les choses s'envenimer entre la
Suède et la Norvège, et il s'en est fallu de peu que les négociations
conduites, à Carlstad, entre les plénipotentiaires des deux pays ne
fussent brusquement rompues.

La question des fortifications qui défendent la frontière norvégienne
contre une agression possible des voisins suédois--et dont certaines,
détail assez piquant, ont été élevées en 1900, en pleine union--cette
question divisait fortement les négociateurs. La Suède réclamait le
démantèlement des forts, ne voulant pas être obligée, de son côté, d'en
élever pour se protéger contre ces canons braqués sur elle, redoutant
d'être entraînée à des armements ruineux. La Norvège ne refusait pas
formellement de démolir, mais exigeait, au préalable, la signature,
entre les deux nations, d'un traité d'arbitrage. A quoi la Suède
répondait: «Démolissez d'abord; nous verrons plus tard.»

La discussion, engagée sur ce terrain, menaçait de s'éterniser. Les
dispositions conciliantes des plénipotentiaires de Carlstad ont triomphé
d'une situation qui paraissait inextricable, et toute inquiétude est
aujourd'hui dissipée: la Suède a accepté le traité d'arbitrage et la
Norvège va démolir toutes ses fortifications modernes, mais celles-là
seulement. Car elle tient comme à des souvenirs historiques aux vieux
châteaux forts, élevés en certains points de sa frontière. Ces
forteresses, dont celles de Frederiksten et de Kongsvinger, reproduites
ici, donnent une idée, sont d'ailleurs peu redoutables. Réduites
qu'elles seront, comme défensive, à leurs antiques murailles, elles
peuvent subsister sans occasionner nulle inquiétude, sans exciter nulle
susceptibilité.

Mais il est une autre question, d'une grande importance, qui intéresse
la Norvège toute seule et qui n'est pas encore tranchée. C'est celle du
régime que va adopter la nation séparée. On se souvient qu'au moment de
la rupture la Norvège, par déférence pour le roi Oscar, son souverain de
la veille, lui avait demandé de désigner, pour occuper le trône
norvégien, un de ses fils. Le roi n'a pas daigné répondre et l'on
considère que ce silence équivaut à un refus.

On a parlé de la possibilité d'une république. Dans ce cas, l'illustre
explorateur Nansen, qui a joué, dans tous ces événements, un rôle
important, et dont l'ascendant sur ses compatriotes est considérable,
aurait de fortes chances d'en être élu président,--s'il y avait à cette
république un président.

[Illustration: Fridtjof Nansen.]

[Illustration: Le prince Charles de Danemark, la princesse Maud, sa
femme, et leur fils, le petit prince Alexandre.--_Phot. Ralph._]

La solution qui semble actuellement la plus probable est l'offre de la
couronne au prince Charles, second fils du prince héritier Frédéric de
Danemark.

Le prince Charles est né le 3 avril 1872. Il a épousé, en 1896, la
princesse Maud, fille du roi Edouard VII, qui, en 1903, lui a donné un
fils, le prince Alexandre.

[Illustration: La forteresse de Kongsvinger, sur la frontière
suédo-norvégienne.--_Phot. Worm-Petersen._]



[Illustration: L'ACCIDENT DE L'«ELEVATED», MÉTROPOLITAIN AÉRIEN DE
NEW-YORK, AU COIN DE LA 53e RUE ET DE LA 9e AVENUE]

Lorsque se produisit, il y a deux ans, la catastrophe de la station des
Couronnes, on eut tendance à attribuer aux conditions mêmes de la
construction, en souterrain, du Métropolitain parisien, la gravité de la
catastrophe. Ah! si la ligne avait été aérienne! Or, un accident vient
de se produire sur 1'«Elevated», le métropolitain aérien de New-York,
qui montre qu'en somme, quand le mauvais sort s'en mêle, l'un vaut
l'autre, et que les risques ne sont pas moindres à quelques pieds en
l'air qu'à quelques pieds sous terre.

Le 12 septembre au matin--c'est d'hier, et, pourtant, l'émotion qu'on en
éprouva alors est bien atténués, ce qui prouve à quel point l'actualité
passe vite--un train, parti de la 59e rue et qui suivait à une vitesse
de 45 kilomètres à l'heure la 9e avenue, arrivait à la hauteur de la 53e
rue quand, par suite d'une erreur d'aiguillage, il s'engagea dans cette
voie. L'aiguilleur s'aperçut de sa faute comme le premier wagon venait
de bifurquer sans accident. Il imprima à son aiguille un mouvement
machinal. Le second wagon, soudainement arrêté dans sa course et séparé
du premier, fut lancé le long de la voie directe de la 9e avenue. Il
tomba dans la rue en se retournant sens dessus dessous, tandis que le
troisième demeurait suspendu en l'air, au bord de la voie, heureusement
à portée de la corniche d'une maison par laquelle les voyageurs purent
s'échapper. Mais le second wagon s'était écrasé sur la chaussée, où les
voyageurs furent précipités la tête la première; l'un d'eux fut décapité
par un morceau de fer et l'on retrouva sa tête à 20 mètres plus loin. On
releva onze morts et une trentaine de blessés, dont huit mortellement.



[Illustration: Les distractions du harem d'Abd-el-Aziz: courses
cyclistes dans une cour du palais. _D'après une pellicule
cinématographique de Sa Majesté Chérifienne._]

[Illustration: Quatre portraits de femmes du harem impérial. _Clichés
aux trois couleurs de Sa Majesté Chérifienne._]

LE SULTAN DU MAROC PHOTOGRAPHE

[Illustration: Le sultan photographiant son ingénieur. M. Gabriel
Veyre.]

Tandis que se poursuivaient, entre les puissances européennes, les
négociations relatives à la conférence internationale à laquelle va
incomber la mission de donner une solution, au moins provisoire, à la
«question du Maroc», l'affaire Bou M'Zian, le plus récent incident
franco-marocain, a rappelé plus vivement l'attention sur la curieuse
figure du sultan Abd-el-Aziz.

On sait quel est, au grand dam des fidèles musulmans qui composent et
son Maghzen et son entourage, l'engouement du jeune sultan pour la
civilisation européenne, et surtout pour quelques-unes de nos plus
modernes inventions: téléphone, phonographe, engins électriques; pour
nos jeux: bicyclette, automobile, photographie. Nous l'avons,
nous-mêmes, à différentes reprises, montré en train de se livrer à ses
distractions favorites et avons dit quelle passion il y apportait.
Aujourd'hui, c'est comme photographe amateur que nous le présentons.

A l'exception de la première gravure de cette page--où l'on voit
Abd-el-Aziz «opérant lui-même» et, tandis qu'on le photographie à son
tour de dos, prenant un instantané de son ingénieur, M. Gabriel Veyre,
monté sur l'un de ses propres chevaux, tout harnaché de velours et d'or
cet article est illustré exclusivement de photographies prises par Sa
Majesté Chérifienne.

Dans le livre très vivant où il a consigné les impressions recueillies
au cours des quatre années qu'il a passées dans l'intimité journalière
du sultan[1]. M. Gabriel Veyre qui est loin d'être un inconnu pour nos
lecteurs, et à qui nous avons du quelques clichés sensationnels publiée
ici a écrit: «De tous les passe-temps auxquels, tour à tour, il s'est
adonné, c'est la photographie qui a le plus longtemps amusé Abd-el-Aziz
et lui a procuré le plus de satisfactions.» Il ajoute qu'il y était
devenu d'une rare habileté. Il suffit, pour le croire, de jeter les yeux
sur le cliché où le sultan a fixé deux des «matrones» du harem impérial,
deux des négresses qui sont chargées de la surveillance de ses femmes.
Sur le vu d'un envoi pareil. Abd-el-Aziz serait reçu par acclamations
dans n'importe quel salon de photographie: un très bel effet de
clair-obscur, le bonheur avec lequel sont rendus et le scintillement des
joyaux, et l'opulence des lourdes draperies chargées de broderies, et le
vaporeux des gazes transparentes, font de cette épreuve une véritable
oeuvre d'art. Il n'est pas jusqu'à cet appareil téléphonique accroché au
mur, en arrière des deux figures, qui ne lui donne du piquant et de
l'imprévu!

[Note 1: Gabriel Veyre, _Au Maroc, dans l'Intimité du sultan._]

Au contraire de tant d'amateurs, même royaux et impériaux, qui se
contentent, selon le mot du photographe américain Hare, d'être des
«pousse-boutons», Abd-el-Aziz voulut être initié à toutes les opérations
délicates du laboratoire, développa, renforça ses clichés, tira des
épreuves. Il fut un fanatique du gélatino-bromure. Tous les appareils
lui devinrent familiers: vérascopes, kodacks, chambres à pied.

Il essaya du cinématographe, même, et, tandis que ses femmes et leurs
esclaves, pour tromper l'ennui, durant les longues heures de _farniente_
du harem, réfugiées dans l'une des cours les plus discrètes du palais,
se grisaient d'interminables matches à bicyclette, en tricycle, voire en
motocyclette, il les cinématographiait au passage. Les trois gravures
représentant ces courses assez inattendues que nous publions ici, sont
des agrandissements d'après des films ainsi pris par le sultan.

Il alla plus loin encore. Le jour où ou lui montra des photographies
colorées le désir lui vint d'en faire aussi, et il apprit le procédé,
très compliqué, aux trois couleurs.

Quand il en fut bien maître, sa grande joie fut de photographier, à
d'innombrables exemplaires, ses épouses favorites. Il les faisait se
revêtir de leurs plus beau atours, brodés, multicolores: se charger de
joyaux, de perles et d'aigrettes, et, ainsi parées, les posait en avant
de fonds semés de floraisons éclatantes, près de tables drapées de tapis
violents et, pour corser encore le spectacle coloré, comme disent les
peintres, et compliquer la difficulté, plaçait devant elles d'enfantins
bibelots aux tons barbares, des cadres de bazar, des fleurs
artificielles dans des vases de la foire, tous les ornements des plus
banales cheminées de chez nous. On peut voir, par les quatre clichés que
nous avons reproduits, à quelle habileté d'opérateur il était arrivé.

Est-il nécessaire d'observer qu'en dehors de leur mérite professionnel
ces clichés constituent des documents peu communs sur la vie aux palais
impériaux?

S'il est difficile, en effet, d'entr'apercevoir, seulement, l'intérieur
d'une demeure musulmane quelconque, on imagine combien doit être
inaccessible le harem du Chérif et quels obstacles peuvent se dresser
devant les infidèles pour les empêcher d'approcher les belles recluses
qu'on y enferme jalousement.

Il est à croire, d'ailleurs, que nous n'aurons pas, de longtemps, la
fortune de pouvoir reproduire des clichés de ce genre. Au milieu des
préoccupations qui le doivent assaillir en ce moment, il est probable
qu'Abd-el-Aziz n'a plus guère le temps de songer à ses distractions
anciennes, à la bicyclette, à l'automobile, à la photographie,--son
triomphe!

Les temps sont loin, en effet, où, à la première audience, il
apparaissait à M. Veyre sous la véranda de son palais de Marakech comme
un «bon grand enfant curieux»: où il passait ses journées entières, de
l'aurore à la nuit, presque, dans la «cour des Amusements». Et
peut-être allons-nous commencer à nous apercevoir que nous avons vécu,
trop confiants, sur la légende qu'on avait créée autour de lui d'un
souverain demeuré puéril longtemps après l'âge d'homme. Abd-el-Aziz
semble vouloir se charger de la démentir.

[Illustration: Deux des matrones du harem d'Abd-el-Aziz. _Phot. de Sa
Majesté Chérifienne._]



[Illustration: Le roi Victor-Emmanuel, précédé d'un surveillant des
fouilles, parcourt les ruines de la petite ville de Zammaro. LES
TREMBLEMENTS DE TERRE EN CALABRE _D'après une photographie de E. Navone,
communiquée par notre correspondant, M. Ziegler._]

[Illustration: Les victimes en prière devant les madones et les saints
de l'église détruite de Zammaro.--_Phot. Ch. Abeniacar._]

TREMBLEMENT DE TERRE EN CALABRE

_Dès la semaine dernière, alors qu'aucun autre journal illustré
français, allemand ou anglais, ne contenait le moindre document, dessin
ou photographie, sur le tremblement de terre de la Calabre,_
L'Illustration _réussissait à consacrer cinq pages entières à ce
tragique événement. Une organisation perfectionnée et coûteuse, qui ne
recule devant aucun effort ni aucun sacrifice pécuniaire pour donner
satisfaction aux légitimes curiosités du public, nous a permis, dans
cette circonstance difficile, d'arriver, malgré la distance, en même
temps que_ L'Illustrazione italiana, _notre excellent confrère de Milan,
pour la publication de photographies et de dessins montrant le désastre
à Monte Leone, à Reggio, à Tropea et dans toute la région bouleversée.
Nous reproduisons cette semaine une nouvelle série de photographies de
l'aspect le plus poignant. On se préoccupe de tous côtés de chercher les
moyens de soulager cette immense infortune: puisse la vue de ces villes
en ruines, de ces scènes de désolation et de deuil, susciter partout des
initiatives généreuses!_

Aussitôt qu'il eut connaissance de l'effroyable désastre qui venait de
désoler le sud de l'Italie, le roi Victor-Emmanuel exprima la volonté
d'aller visiter en personne les victimes du cataclysme, leur porter ses
consolations et ses encouragements, se rendre compte par lui-même de
leur misère. Le 10 septembre, le surlendemain de la catastrophe, il
quittait sa villégiature de Raconigi pour se rendre en Calabre. Tout
apparat eût détonné au cours de cette visite royale aux pays éprouvés.
Le roi, qu'accompagnaient seulement le général Brusati, le général Majo,
le major Ravizza et le ministre de la maison royale, M. Ponzio-Vaglia,
distança plus d'une fois cette suite restreinte pour s'aventurer seul
entre les ruines amoncelées, parmi les pauvres gens éplorés que le plus
infime fonctionnaire de village n'avait guère de peine à écarter pour
lui faire place. Et à tous ces affligés pleurant leurs proches morts,
leur maison ruinée, leur champ ravagé, Victor-Emmanuel adressait de
réconfortantes paroles, leur disant, avec une émotion qu'il ne cherchait
pas à contenir, la part qu'il prenait à leur peine.

[Illustration: Découverte d'un enfant vivant, après soixante-dix heures
de séjour, sous les ruines d'une maison, à Parghelia.--_Phot. Alfieri et
Lacroix._]

[Illustration: La recherche des cadavres sous les décombres, à
Parghelia.]

Il parcourut ainsi toutes les localités les plus gravement atteintes:
Briatico, Sant'Onofrio, Stefanaconi, Piscopio, Zammaro, San Gregorio,
Triparni, où, de Monte Leone, le conduisit son automobile; puis
Parghelia, San Constantino et Zugri, etc. A de certains endroits il dut
se rendre à pied, les routes étant trop bouleversées pour permettre à
l'automobile de passer.

[Illustration: L'éruption du Vésuve qui a coïncidé avec le tremblement
de terre: la route et la voie ferrée électrique obstruées par les
laves.--_Phot. du comte J. Romano._]

Comme il arrivait à Parghelia, on venait de retirer des décombres un
enfant, miraculeusement sauvé de la mort, et qu'on retrouva, demeuré
soixante-dix heures enseveli, maigre, hâve, réduit presque à l'état de
squelette. Partout des maisons éboulées, des bourgs entiers bouleversés,
des amoncellements de débris informes, les poutres des toits
s'enchevêtrant parmi les pierres des murailles, quelque chose de
lamentable à contempler. Dans presque toutes les localités atteintes,
les églises, les plus hauts des édifices, sont tombées les premières;
leurs voûtes effondrées jonchent le sol; le peu qui en reste encore
debout, colonnes ébranlées, pendantes, murs lézardés, menace ruine, et
les fidèles, pour prier, dans ces heures de rude épreuve, ont dû édifier
en hâte, au grand air, des autels provisoires, faits des débris des
autels détruits, où ils ont transporté les reliques, les images des
saints, et devant lesquels ils s'agenouillent sur le sol mal raffermi.

[Illustration: Le choeur de l'église de Stefanaconi.]

[Illustration: Vue extérieure de l'église de Parghelia.]

[Illustration: Intérieur d'une maison à Parghelia. _Photographies Ch.
Abeniacar._]

LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN CALABRE

[Illustration: Le roi Victor-Emmanuel acclamé par la foule à son arrivée
à Sambiase.]

[Illustration: Une distribution de pain à Zammaro.]

[Illustration: Campement en plein air à Triparni.]

[Illustration: La prière des femmes devant les images saintes, à
Triparni.]

APRÈS LES PREMIÈRES SECOUSSES SISMIQUES _Photographies Ed. Ximénès._



UNE REINE AUX MANOEUVRES ALPINES

La reine Marguerite, qui concilia toujours le goût des sports avec celui
de l'étude, a de longue date fait ses preuves comme alpiniste.
Récemment, elle a eu l'occasion de prouver qu'ayant gardé vivace la
passion de la montagne, elle n'avait rien perdu de l'endurance
nécessaire pour en affronter les difficultés.

Il y a quelque temps, les manoeuvres du 4e régiment alpin devaient se
clore par une attaque du col de la Ranzola, situé à 2.171 mètres
d'altitude et voisin de la vallée de Gressoney, où, fidèle à une
habitude déjà ancienne, la veuve du roi Humbert était venue passer les
mois d'été dans sa magnifique résidence «Savoia». Du château, la reine
monta au col à dos de mulet; là, malgré un vent furieux dont les
violentes rafales permettaient à peine de se tenir debout, elle suivit,
deux heures durant, les différentes phases des manoeuvres, prenant un
vif intérêt aux explications du colonel Carpi, émerveillée des prouesses
des alpins, de la célérité de leurs mouvements, de la justesse de leur
tir.



LA CRISE HONGROISE

En Hongrie, à la séance parlementaire du 15 septembre, M. Fejervary,
président du conseil des ministres, a donné lecture d'une lettre de
l'empereur-roi, ajournant au 10 octobre, à cause des difficultés de la
situation politique, la session de la Chambre des députés. Cette journée
de la crise hongroise a été marquée par un épisode qu'on peut qualifier
d'historique. Tandis que, dans la salle des délibérations, on discutait
les prérogatives constitutionnelles du souverain, au dehors, devant le
palais du Parlement, une foule énorme, composée en majeure partie
d'ouvriers qui avaient déserté en masse les usines et les ateliers et
auxquels s'étaient joints des groupes de bourgeois, faisait une
imposante manifestation en faveur du suffrage universel. Détail curieux
à noter, les manifestants accompagnaient leurs clameurs répétées du
chant de _la Marseillaise_. Leur démonstration conserva d'ailleurs un
caractère pacifique et, seules, leurs délégations pénétrèrent dans
l'enceinte législative pour exposer au président leurs revendications.

[Illustration: SUR LA FRONTIÈRE ITALIENNE.--La reine Marguerite
gravissant le col de la Ranzola, pour assister aux manoeuvres
alpines.--_Phot. Brocherel._]

[Illustration: EN HONGRIE.--La foule chantant la Marseillaise sur la
place du Parlement, le 15 septembre (Au fond, le palais de la Cour de
cassation.)]

[Illustration: Le baron Fejervary, président du conseil des ministres
hongrois démissionnaire.--_Photographies comm. par M. E. Brod._]



AUX GRANDES MANOEUVRES ALLEMANDES

Le 11 septembre, le jour même où l'armée française de l'Est terminait
ses manoeuvres sous les yeux du président de la République, une partie
de l'armée allemande commençait les siennes en présence de l'empereur.
Les opérations où étaient engagés les 7e et 8e corps se sont déroulées
dans la Prusse rhénane, autour de Hambourg et de Coblentz. Guillaume II,
l'impératrice, le kronprinz, le prince Albrecht de Prusse et les autres
membres de la famille impériale ont suivi à cheval les mouvements des
troupes. Parmi les hautes personnalités de l'état-major, on remarquait
le prince Luitpold de Bavière et le feld-maréchal Hoeseler, l'ancien
commandant du 15e corps, à Metz, accompagné du général d'Hulsen, son
parent, chef du cabinet militaire. Le vieux maréchal Hoeseler est sans
contredit une des figures les plus caractéristiques de l'armée
germanique, avec son visage glabre comme celui de feu de Moltke.

[Illustration: Le maréchal Hoeseler et le général d'Hulsen.--_Phot
Jacobi._ AUX GRANDES MANOEUVRES ALLEMANDES.]

[Illustration: Les princes Albrecht de Prusse et Luitpold de Bavière.
AUX GRANDES MANOEUVRES ALLEMANDES.]



[Illustration: La cour principale de l'ambassade de France, à Fez.]

[Illustration: M. Saint-René-Taillandier et ses attachés, attendant
l'éclipse du 30 août.]



L'INCIDENT BOU M'ZIAN

Il vient d'être réglé pacifiquement. Mais il a fait assez de bruit pour
être relaté ici avec quelques détails.

Rappelons qu'au commencement d'août le caïd de la tribu des Ouled-Aïssa,
au Maroc, attirait dans un véritable guet-apens un Algérien, Français,
par conséquent. Si Bou M'Zian el Miliani, notable habitant du village de
Marna, l'arrêtait, le chargeait de fers et l'emprisonnait. Il
assouvissait ainsi une vengeance personnelle; mais il le faisait avec
l'assentiment, la complicité, pourrait-on dire, du gouvernement
marocain. Sans parler même des conditions plus que suspectes de cette
arrestation, elle constituait une violation flagrante du traité du 28
mai 1767 qui interdit, en cas de différend, toute action des autorités
marocaines contre un sujet français, les représentants de la France au
Maroc étant seuls juges en pareil cas.

[Illustration: Le grand vizir Si Fedoul Gharnet quittant la légation de
France après avoir présenté les excuses du sultan.]

[Illustration: L'indemnité à Si Bou M'Zian: 2.700 douros en chèques.]

Bien entendu, M. Saint-René-Taillandier, notre ministre, actuellement à
Fez, comme on sait, protesta avec énergie dès qu'il eut connaissance de
cet atteinte portée à nos droits: il demandait la mise en liberté
immédiate de Si Bou M'Zian et une réparation consistant en une indemnité
pécuniaire et la destitution du caïd coupable.

En d'autres temps, le Maghzen eût cédé sans délai. Mais, en cette
circonstance, il était décidé à profiter autant qu'il lui serait
possible de la dernière fantaisie de la politique allemande, à jouer de
l'antagonisme entre les grandes puissances européennes que lui ont
révélé et la démarche personnelle de Guillaume II, et l'envoi de
l'ambassade de M. de Tattenbach. Il n'allégua même pas, et ne pouvait
alléguer, qu'il ignorait la nationalité du captif. Il garda Si Bou
M'Zian el Miliani sous clé. Il prépara même sa mise en accusation, comme
coupable d'avoir correspondu avec le prétendant Bou Hamara.

L'Allemagne fut-elle effrayée elle-même des conséquences de son
intervention dans les affaires marocaines? L'attitude du gouvernement
marocain fut désapprouvée par la presse d'outre-Rhin, et il apparaît que
l'envoyé extraordinaire de Guillaume II à Fez la désavoua aussi, sur un
ordre d'en haut.

Le sultan et ses ministres cédèrent, à contre-coeur et de très mauvaise
grâce. Ou relâcha bien Bou M'Zian, après un mois de détention, mais sans
faire à notre représentant aucune excuse.

Déjà, le gouvernement français avait fait parvenir à M.
Saint-René-Taillandier le texte d'un ultimatum que M. Marc, premier
drogman à la légation, fut chargé de notifier au Maghzen. Les termes en
étaient nets et exigeaient une prompte et complète satisfaction.

Le sultan comprit qu'il fallait s'incliner. Sur son ordre, le grand
vizir, Si Fedoul Gharnet, se rendit en personne, le matin du 4 septembre
dernier, à la légation et présenta à notre ministre les excuses de son
gouvernement. Il lui annonçait que le caïd coupable avait été révoqué,
et lui remettait, en cinq chèques sur la Banque de Paris et des
Pays-Bas, la somme de 2.700 douros réclamée par Si Bou M'Zian. Enfin, il
donnait l'assurance que le Maghzen ferait son possible pour que de
pareils manquements aux traités et aux coutumes ne se produisissent
plus.



DOCUMENTS et INFORMATIONS


LA VACCINATION CONTRE LE CHOLÉRA.

L'apparition du choléra en Russie, puis en Allemagne, peut faire
craindre l'extension du fléau jusqu'à l'extrémité occidentale de
l'Europe. C'est par ces pays qu'il a coutume de passer pour venir chez
nous.

S'il vient, comme cela est probable, que faut-il faire?

A cette question, il est facile de répondre. On peut très bien indiquer
les précautions à prendre. Mais il faut bien se dire qu'on peut, tout en
les prenant, devenir aussi victime du mal; le microbe a bien des moyens
de se faufiler. Quoi qu'il en soit, il importe essentiellement de
réduire le nombre de ces moyens, et c'est ce à quoi on arrivera en
observant quelques pratiques très simples. La principale, c'est, en
temps d'épidémie, de ne plus employer, comme boisson ou pour la toilette
(pour _toute_ la toilette) que de l'eau bouillie. On fait, en se levant,
toute sa toilette à l'eau bouillie; on évite de toucher de l'eau non
bouillie ou les récipients où il vient d'y avoir de l'eau non bouillie.
On se lave soigneusement les mains avant les repas; on ne consomme les
légumes et fruits que cuits. Toute l'alimentation, toute la boisson,
doivent avoir été stérilisées par la chaleur. Ne pas se fier aux eaux
filtrées, ni aux eaux minérales ou dites de source. Aucun filtre
existant ne constitue une garantie sérieuse contre n'importe quelle
maladie transportée par l'eau; aucun filtre, si coûteux qu'il soit, si
scientifiquement compris et attentivement surveillé qu'il puisse être,
ne donne la sécurité que procure l'ébullition de l'eau. Pour les eaux
minérales, ou de source, il faut bien savoir qu'elles peuvent se
contaminer comme les autres eaux de source; elles ne donnent qu'une
sécurité illusoire, car elles peuvent être pures pendant un temps et
tout à coup cesser de l'être. L'eau bouillie, elle, est toujours pure:
c'est la seule eau pure.

Il faut bien se dire, toutefois, que les mesures d'hygiène, de
nettoyage, de désinfection, n'ont jamais suffi à enrayer une épidémie de
quelque violence. Du reste, aucune maladie infectieuse n'est en voie de
diminution, sauf la variole. C'est que la variole est la seule contre
laquelle on dispose d'un traitement préventif, qui est la vaccine. On a
un vaccin curatif pour d'autres maladies, mais ce vaccin ne diminue pas
le nombre des cas: voyez par exemple ce qui se passe pour la diphtérie.
On la traite assez bien maintenant; mais, si l'on réduit le nombre des
morts, on ne réduit pas le nombre des cas. On ne diminue la proportion
des cas de maladie infectieuse que là où l'on possède le vaccin
préventif.

Ce vaccin existe pour le choléra. Depuis plus de dix ans on vaccine
contre le choléra aux Indes, et avec grand succès; la chose est entrée
dans les habitudes et la méthode est si bien assise que l'on ne prend
plus la peine d'en faire connaître les bienfaits, pas plus que pour la
vaccine en Europe. Pour le degré d'efficacité de la vaccination
anticholérique imaginée par M. M. Haffkine, un ancien préparateur à
l'Institut Pasteur, il ressort très simplement de quelques statistiques
faites aux Indes, à Degubaar, à Karkuri, à Bilaspur.

        Voici pour Degubaar:
                                              Cas de choléra.  Morts.

        Non vaccinés                    254        12           10
        Vaccinés                        407         5            0

        A Karkuri:

        Non vaccinés                    198        15            9
        Vaccinés                        443         3            1

        A Bilaspur:

        Non vaccinés                    100                      5
        Vaccinés                        150                      1

[Illustration: M. Marc, premier drogman de la légation de France, qui
notifia l'ultimatum.]

Dans tous les cas qui précèdent, vaccinés et non vaccinés vivaient dans
les mêmes conditions, occupés aux mêmes travaux, appartenant à la même
classe sociale.

Le vaccin de Haffkine est le seul vaccin que l'on possède contre le
choléra. Il est en outre excellent, comme les chiffres précédents le
font voir. La durée de l'immunité qu'il confère va de six mois à un an.

Mais il n'est pas curatif: il ne sert de rien de l'injecter à un
cholérique. C'est un remède préventif, destiné à rendre les sujets non
cholériques réfractaires à l'infection.


LES PORTS DE GÊNES ET DE MARSEILLE.

La rivalité qui s'est établie entre les deux grandes cités maritimes de
la Méditerranée est digne d'attention et, chaque année, on note avec
soin les péripéties de ce duel, dont le résultat pourrait être fatal à
l'un des deux adversaires en présence.

En 1904, le mouvement de Marseille est encore supérieur à celui de Gênes
de 3.614 bâtiments, 1.283.776 tonneaux et 270.889 tonnes de
marchandises.

Toutefois, l'écart, qui s'était relevé en 1903 en faveur de Marseille, a
baissé l'année dernière de 1.244 navires, 1.698.453 tonneaux de jauge et
713.363 tonnes de marchandises.

En réalité, ainsi qu'il ressort d'une étude de M. de Clercq, consul
général de France à Gênes, Marseille ne maintient sa supériorité que
grâce à son exportation. A l'entrée, le chiffre de trafic génois
surpasse de près d'un million de tonnes son concurrent marseillais; et
cela depuis plusieurs années.


LE JEÛNE DES ARAIGNÉES.

Un éminent naturaliste, M. J.-H. Fabre, étudiant récemment les moeurs de
la lycose de Narbonne, constatait que cette araignée porte ses petits
sur son dos pendant sept mois, et que, pendant ce temps, les jeunes
araignées ne consomment absolument aucun aliment. Il concluait de cette
observation que c'est la chaleur et la lumière solaires qui remplacent
directement, pour elles, l'alimentation. Autrement dit, «la chaleur
motrice, chez ces jeunes animaux, au lieu d'être dégagée des aliments,
serait utilisée directement, telle que la rayonne le soleil, foyer de
toute vie».

Mais il ne semble pas que le problème du jeûne des araignées soit aussi
difficile à résoudre.

Un autre naturaliste, M. Lécaillon, ayant conservé pendant huit mois de
jeunes araignées en dehors de l'action solaire directe, en hiver, a
constaté que les réserves du tissu adipeux de ces animaux étaient
suffisantes pour entretenir longtemps leur vie.

Pendant la belle saison même, les araignées restent souvent des mois
entiers privées de nourriture, en raison de la rareté des proies
qu'elles peuvent capturer sur leur toile servant de piège, ou à l'entrée
de leur cachette. La faible étendue de leur champ visuel les expose
aussi à ne capturer des proies qu'à de longs intervalles.

Un cas fréquent est encore celui où la femelle est occupée à «garder»
son cocon ovifère ou à «surveiller» ses petits. Elle reste alors souvent
très longtemps sans prendre de nourriture, négligeant même la proie
qu'on lui présente, plutôt que d'abandonner sa ponte, même un instant.

Mais si on lui enlève son cocon de force, elle saisit alors sa proie.

Il est donc évident que la femelle n'éprouve ici aucun dommage et
qu'elle est adaptée à pouvoir rester longtemps privée de nourriture.

L'ACTION DU RADIUM SUR LES TISSUS DES VÊTEMENTS.

Deux observateurs anglais ont recherché quelle action le radium pourrait
bien exercer sur des fibres végétales et animales: sur du fil de soie et
du fil de coton en particulier. Ils ont exposé un certain nombre de ces
fils à l'action du radium, à petite distance, pendant un temps qui a été
de quelques jours; et chaque jour, ils ont retiré quelques fils pour en
éprouver la résistance à la rupture. Cette expérience a montré que la
force du fil va en diminuant de façon évidente et régulière. Pour la
soie, la force initiale, avant l'expérience, était de 78 grammes; le fil
ne brisait que sous un poids de 78 grammes. Mais, sous l'influence du
radium, la résistance diminue chaque jour de 4 grammes environ. La
résistance du coton diminue aussi, mais plus vite durant les premiers
jours. La résistance initiale étant de 370 grammes, la diminution est
d'abord très forte: de 60 grammes par jour. Après quelques jours, elle
continue bien à diminuer, mais d'un chiffre moindre. Si, au lieu de
faire agir le radium sur des fibres sèches, on le fait agir sur des
fibres mouillées, on observe, au contraire, une augmentation de
résistance. Mais cette action est temporaire: il ne faut pas compter
qu'on pourra, par le radium, renforcer les fils ou les tissus.


L'ÉLEVAGE DES HIRONDELLES EN CAPTIVITÉ.

Une correspondante de la Société d'acclimatation, Mlle L. Reyen, a donné
à cette Société quelques renseignements intéressants sur l'élevage en
captivité des hirondelles et d'autres oiseaux sauvages de notre région.
Mlle Reyen, qui a, à ce sujet, une expérience déjà longue--elle a gardé
sept ans une hirondelle de cheminée et dix-sept ans un
rossignol--conseille, pour élever les jeunes, une pâtée faite de viande,
de biscuits, de graines, bien mélangée et parfaitement séchée. Elle y
ajoute des insectes: mouches, cousins, papillons, petits coléoptères,
vers de farine, et surtout des araignées.

Les araignées semblent être indispensables aux oiseaux insectivores à
qui elles servent de nourriture et de médicament à la fois. L'araignée
semble être purgative et dépurative, et il convient d'en donner deux ou
trois, au printemps, à l'oiseau captif, pour l'entretenir en bonne
santé. Très recommandée encore, la carotte fraîchement râpée. Tous les
quinze jours, il convient aussi de faire boire à l'hirondelle de l'eau
où macère de la graine de lin. Cette eau convient au rossignol; la
fauvette se trouve mieux d'eau miellée. Les hirondelles supportent bien
la captivité, à condition qu'on les tienne au chaud en hiver. Elles
muent au milieu de la mauvaise saison, mais la crise n'a rien de grave
si l'on a soin de les bien nourrir. Mlle Reyen possède depuis treize ans
une fauvette à tête noire qui chante fort bien, mais la pauvre petite
bête a chaque année une crise de goutte. Or sa protectrice est là qui
veille; dès que vient le mal, elle lui administre une liqueur de sa
composition qui, très rapidement, dissipe l'accès. Très probablement la
goutte est une des conséquences de la captivité: l'oiseau captif a
rarement assez d'espace dans sa volière pour pouvoir prendre tout
l'exercice dont il a besoin.


L'INSENSIBILISATION PAR LES RAYONS BLEUS.

Un professeur de la Faculté de médecine de Genève, M. G. Redard, vient
de faire connaître un procédé nouveau pour la production de l'anesthésie
générale, donnant des résultats aussi complets, et beaucoup moins
dangereux, que l'emploi du chloroforme ou de l'éther. Ce procédé est
basé sur l'effet des rayons bleus.

On connaissait depuis longtemps l'influence psychique des couleurs
fondamentales, et l'on savait que le rouge est excitant, que le jaune
porte à la tristesse et que le bleu est d'un effet franchement calmant,
avec production d'un sentiment de bien-être.

Or, M. Redard a trouvé qu'en employant les rayons bleus avec une
certaine intensité, non seulement on obtient un effet sédatif, mais
encore on produit une insensibilisation permettant les opérations
chirurgicales de courte durée.

Pour obtenir ce résultat, il suffit d'une lampe électrique de seize
bougies, munie d'une ampoule de verre bleu, avec un réflecteur nickelé.
Le malade regarde fixement la lampe, à une distance de 15 centimètres,
la tête et la lampe étant recouvertes d'un voile bleu pour écarter la
lumière diffuse du jour.

Au bout de deux à trois minutes, l'anesthésie est obtenue; ce dont on
est averti par une dilatation de la pupille.

La théorie du phénomène n'est pas très claire. En tout cas, il ne s'agit
pas d'un effet hypnotique analogue à celui qu'on obtient par la fixation
du regard sur un objet brillant, car, avec les rayons jaunes ou rouges,
les résultats sont nettement négatifs.


LE TISSAGE ET LA COUTURE CHEZ LES ANIMAUX.

Bien des opérations, qui paraissaient être propres à l'homme, ont été
observées chez les animaux; et l'on en connaît qui sont bâtisseurs,
fileurs et même agronomes.

Telles certaines fourmis, qui ont été si bien étudiées par M. Forel en
Colombie.

Mais l'industrie la plus curieuse qui ait été observée chez les animaux
est bien celle qui consiste à coudre et à tisser, comme M. Ridley vient
de le signaler chez une fourmi de l'Inde.

Cet insecte prend ses larves dans sa bouche et, comme ces larves
sécrètent du fil pour se tisser leur cocon, en les passant dans une
série de trous, il arrive à coudre ensemble des feuilles pour se former
un nid d'un tissu résistant. La production du fil des larves s'est
d'ailleurs exagérée, probablement sous l'influence de cette utilisation
indirecte.

Cette observation n'est pas unique. Elle a été renouvelée par M. Goeldi
sur une fourmi brésilienne. M. Goeldi rapporte avoir vu des fourmis
piquer des feuilles avec leurs larves tenues dans la bouche, et coudre
en zigzag pour juxtaposer ensemble des feuilles dont se constitue leur
nid.


LES THÉÂTRES

Les Nouveautés viennent de faire une très heureuse entrée en campagne
avec une pièce de M. G. Duval: _Dix minutes d'arrêt_, il n'en faut pas
davantage pour décider au mariage une jeune veuve qu'une première union
avec un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres avait
laissée désenchantée. Ce revirement, obtenu par des moyens un peu
libres, mais fort gais, est excellemment exposé par Mlle Lender, MM.
Noblet, Germain et Colombey.

Les bonnes pièces font, dit-on, les bons acteurs. _La Belle Madame
Héber_, comédie en quatre actes de M. Abel Hermant, que vient de nous
donner le Vaudeville, a été inégalement interprétée, ce qui suffirait à
indiquer qu'elle est elle-même inégale. La valeur littéraire de M. A.
Hermant, hautement affirmée dans deux ou trois scènes, qui sont fort
belles en soi, se dépense, le reste du temps, en caquetages mondains du
caractère le plus déplaisant. L'immoralité de la plupart des personnages
qui forment l'entourage de Mme Riverol, entremetteuse inconsciente, a
quelque chose d'artificiel, de voulu, qui lasse le bon vouloir des
spectateurs.

Au théâtre de la Gaîté, nous avons eu une bonne reprise du _Roman d'un
jeune homme pauvre_, d'Octave Feuillet. Le talent chaleureux de Mme
Suzanne Munte et de M. Marquet parvient à faire applaudir des sentiments
et un langage quelque peu démodés, et met en relief les intentions de la
pièce, qui sont grandes et généreuses.


UNE ACADÉMIE PROVINCIALE

L'Académie de Mâcon vient de célébrer solennellement son centenaire.
L'événement n'est pas négligeable; sous son apparence de fait
exclusivement local, il se rattache, en effet, à des intérêts d'ordre
général. Il y a en France nombre de ces sociétés de province, véritables
conservatoires des arts, des sciences et des lettres, qui sont comme les
ramifications naturelles de notre Institut national et constituent une
des meilleures formes de la décentralisation: réunissant l'élite d'une
région ou d'un département, apportant au fonds commun l'utile
contribution de leurs travaux, elles narguent, par des preuves
constantes de leur vitalité, les dédains préconçus, les épigrammes
faciles des gens enclins à s'imaginer que toute l'activité
intellectuelle de notre pays se borne à l'enceinte de Paris.

Or, parmi les plus florissantes de ces compagnies provinciales,
l'Académie de Mâcon se distingue au premier rang; on se fera une idée de
son importance en constatant qu'elle compte actuellement 7 membres
d'honneur, 30 membres titulaires, 34 membres associés, 15 membres
correspondants et qu'en outre elle correspond avec 241 autres sociétés,
dont 21 étrangères. Elle a pour siège le magnifique hôtel Senecé, un
bijou architectural du dix-septième siècle, et certes nul autre ne
pouvait mieux lui convenir que l'ancienne demeure du gentilhomme de
lettres mâconnais, auteur d'oeuvres aimables jugées dignes de figurer
dans la Collection des «petits classiques français».

[Illustration: M. Pellorce.--_Phot. G. Bouillaud._]

C'est là que, le 9 septembre, date du centième anniversaire de sa
fondation, elle recevait les délégués des nombreuses sociétés savantes
invitées aux fêtes dont son diligent secrétaire perpétuel, M. Armand
Duréault, fut le principal organisateur. Une séance publique les
inaugura, où prirent la parole le vénérable président, M. Pellorce,
aujourd'hui octogénaire et appartenant à la compagnie depuis
cinquante-trois ans; M. Travers, directeur adjoint de la Société
française d'archéologie, et M. Duréault, qui retraça l'histoire de la
compagnie durant le siècle écoulé et donna, lecture de son rapport sur
les divers concours. Le soir, au banquet de cent couverts, des orateurs
qualifiés, entre autres Me Jacquier, l'éminent avocat lyonnais, ne
portèrent pas moins de quinze toasts chaleureux, et chaque convive reçut
une médaille commémorative, laquelle va devenir le jeton de présence
pendant le nouveau siècle d'exercice.

Le deuxième jour, hommage aux académiciens défunts: service funèbre;
éloquente allocution de l'évêque d'Autun, le; cardinal Perrault, de
l'Académie française, membre d'honneur de l'Académie de Mâcon; puis, le
profane succédant au sacré, soirée de gala au théâtre municipal, avec le
concours de deux excellents musiciens du cru, MM. Lenormand père et
fils; d'artistes réputés du Théâtre-Français et de l'Opéra, membres
associés de l'Institut bourguignon. Entre temps, à l'hôtel Senecé, sous
la présidence du cardinal, distribution des prix d'encouragement au bien
(12 médailles et 3.800 francs). La veille, à la séance d'ouverture, 24
médailles et 3.350 francs avaient été décernés pour récompenser la
littérature,--prose et poésie--la peinture, la sculpture, la musique,
l'archéologie et l'agriculture.

[Illustration: L'hôtel Senecé, à Mâcon.--_Phot. G. Bouillaud._]

Enfin, une troisième journée fut consacrée à une excursion tout
indiquée. Sous la conduite de l'infatigable secrétaire général, une
caravane de 75 invités accomplit un pèlerinage au château de
Saint-Point, dans le parc duquel repose le plus illustre des enfants de
Saône-et-Loire, Lamartine, et qui est aujourd'hui la propriété de M. de
Montherot, petit-neveu du poète. De là, elle monta jusqu'à Tramayes et,
par une route merveilleuse, se rendit à la célèbre station préhistorique
de Solutré, dont la roche légendaire, témoin de l'âge de pierre, est
également prisée des savants archéologues et des touristes amateurs de
pittoresque original.

[Illustration: M. Armand Duréault.--_Phot. G. Bouillaud._]

En résumé, le caractère de ces fêtes mémorables, leur programme où la
part des pauvres ne fut point oubliée, leur complète réussite, font le
plus grand honneur à leurs organisateurs ainsi qu'à la très ancienne,
très glorieuse et très prospère Académie de Mâcon.

[Illustration: A Saint-Point, l'ancien château de Lamartine: les
visiteurs signent au registre. _Phot. instantanés de M. de La
Chesnais._]



NOTRE GRAVURE DE PREMIÈRE PAGE

LA VIE MONDAINE EN AUTO: UNE PRÉSENTATION

L'automobilisme a ses «mondanités»; on peut même dire qu'il est devenu
le sport mondain par excellence. Comment concilier, avec certaines de
ses inéluctables exigences, plutôt fâcheuses, le culte de l'élégance
chère à ses plus fervents adeptes? Problème difficile! Les hommes, avant
tout soucieux de leur rôle de conducteurs--voire de réparateurs, au
besoin--semblent généralement se désintéresser de la solution; mais les
femmes s'y ingénient de leur mieux, et leur coquetterie, qui n'abdique
jamais, s'efforce de tirer parti du harnais spécial dont il leur faut
s'affubler pour se garantir des coups d'air et de la poussière. Est-ce
sans succès? On aurait mauvaise grâce à le prétendre. Il n'en reste pas
moins qu'une «présentation» entre automobilistes de marque ressemble
assez à une scène de bal masqué.



LE GÉNÉRAL THIBAUDIN

[Illustration: Le général Thibaudin. _Phot. Pirou, boulevard
Saint-Germain._]

Le général de division Jean Thibaudin vient de mourir, à Paris, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans. Il avait fait la campagne d'Italie, en 1853,
comme capitaine. Il y avait gagné la croix. En 1870, quand éclata la
guerre, il était lieutenant-colonel. Fait prisonnier avec l'armée de
Metz, après avoir été blessé à Rezonville, où il s'était distingué, il
fut interné à Mayence. Il s'évada et, sous le nom de Comagny, revint
prendre du service. On lui donna le commandement du 10e régiment
provisoire dans 'armée de la Loire. Il était nommé, peu après, général
au titre auxiliaire. En décembre, avec le 24e corps dont il commandait
la 2e division, il quittait Lyon pour se porter sur Besançon, puis voler
au secours de Belfort. Il prit alors une part importante aux combats
livrés par Bourbaki. Pendant la retraite vers la Suisse, il reçut le
commandement du 24e corps. Il attendit la paix à Berne.

A la révision des grades, on le nomma colonel.

Général de brigade en 1877, directeur de l'infanterie au ministère, il
accepta le portefeuille de la Guerre en janvier 1883, au moment où le
général Billot l'abandonnait plutôt que de rayer des cadres les princes
d'Orléans. Ce fut lui qui accomplit cet acte. Il quitta le ministère au
mois d'octobre de la même année. C'est lui qui avait rétabli les
tambours, supprimés par le général Farre.

Il était à la retraite depuis 1887.



LE MEETING AUTOMOBILISTE DU MONT VENTOUX

Cette année, comme les précédentes, ont eu lieu, les 16 et 17 septembre,
sur la côte du mont Ventoux, deux épreuves d'automobiles, l'une réservée
aux touristes, l'autre aux coureurs de vitesse. La première a été gagnée
par M. Mottard, de Lyon; la seconde a eu pour vainqueur l'Italien Cagno
pilotant une voiture Fiat, de marque italienne, lequel a gravi la pente
du mont Ventoux en 21 m. 12 s., allure particulièrement remarquable,
étant donné que la côte, d'une longueur de 21 kilomètres 600 mètres,
comporte une différence d'altitude de 1.600 mètres entre ses points
extrêmes.

[Illustration: Cagno, gagnant de la course de côte du mont Ventoux, sur
voiture italienne, dans un des virages.]

Le retour de ces courses, qui s'étaient fort bien passées, a été
attristé par un accident mortel. Dans une automobile pilotée par
Collomb, un des concurrents, avait pris place M. Marcel Rol, pressé de
rentrer à Carpentras. En atteignant cette ville, la voiture, butant
contre un obstacle, fit panache et se renversa. Collomb en fut quitte
pour de fortes contusions; mais son malheureux compagnon, la colonne
vertébrale brisée, ne tarda pas à expirer. Agé de vingt-neuf ans, M.
Marcel Rol s'était fait une spécialité du reportage photographique, plus
particulièrement appliqué aux sujets sportifs; son active collaboration
était très appréciée des diverses publications auxquelles il fournissait
d'utiles documents.



M. JUTTET

[Illustration: M. Louis Juttet. _Phot. Pirou, boulevard Saint-Germain._]

M. Juttet, chef du cabinet du ministre du Commerce, a été, la semaine
dernière, victime d'un terrible accident. A la suite d'une collision
survenue, à l'intersection de l'avenue des Champs-Elysées et de l'avenue
Marigny, entre une automobile et un fiacre où il se trouvait, grièvement
blessé à la tête, il a succombé peu de temps après son transport à
l'hôpital Beaujon. Il était âgé de trente-huit ans. Ancien directeur du
cabinet de M. de Lanessan, ministre de la Marine, M. Louis Juttet avait
quitté la rue Royale avec l'honorariat; antérieurement à ses nouvelles
fonctions, il était rentré dans la presse et y traitait surtout les
questions maritimes, coloniales et militaires.



LE TAMPONNEMENT
DE CLERMONT-FERRAND

Le 15 septembre, vers 2 heures du matin, un train de marchandises de la
Compagnie d'Orléans, venant d'Ussel, arrivait avec une rapidité
vertigineuse et une avance de près de vingt minutes en gare de
Clermont-Ferrand, où il tamponnait une rame de voitures de voyageurs et
de wagons à bestiaux en station, alors vides, heureusement.

Le mécanicien Vincent, le chauffeur Dunet et l'homme d'équipe Barlet, de
service sur la voie, furent tués, le chef de train Dumousset blessé.
Quant aux dégâts matériels, la photographie prise par notre
correspondant avant les travaux de déblaiement permet d'en apprécier
l'importance, en même temps qu'elle montre les effets immédiats du choc,
d'une extrême violence. Dressée sur ses roues d'arrière, écrasant de son
poids une voiture de première classe, l'énorme locomotive avait ses
principaux organes et son tender sérieusement endommagés; le fourgon de
tête et la moitié des douze wagons du train tamponneur, chargés de
charbon et de sacs de blé, étaient complètement détruits, quatre wagons
de la rame tamponnée réduits en miettes. L'enquête technique prescrite
par la Compagnie P.-L.-M.--la gare de Clermont-Ferrand appartenant à son
réseau--n'a pu préciser les causes, restées hypothétiques, de ce grave
accident. Il paraît seulement certain que, insuffisance des freins ou
toute autre raison, le mécanicien, à partir de Volvic, n'était plus
maître de sa vitesse qui, s'étant accélérée sur de fortes rampes,
dépassait 100 kilomètres à l'heure au moment de l'irruption du train
«emballé» en gare de Clermont.



M. DE GUNSBURG

Un financier très connu du monde parisien, M. de Gunsburg, s'est suicidé
dans son appartement de l'avenue de l'Aima en se tirant une balle de
revolver au coeur. D'origine russe, le baron Salomon de Gunsburg était
le fils du créateur d'une des banques les plus importantes de
Saint-Pétersbourg; à la mort de son père, il reprit la maison avec son
frère et installa une succursale à Paris. Bien qu'officiellement retiré
des affaires depuis quelque temps, il n'en conservait pas moins sur le
marché des intérêts assez considérables. On attribue son suicide à un
accès de neurasthénie aiguë, dont une récente villégiature en Suisse
n'avait pu avoir raison.

[Illustration: M. Salomon de Gunsburg. _Phot. Pirou, rue Royale._]



NOTES ET IMPRESSIONS

La France est la patrie de l'espérance. GUIZOT.

                                     *
                                    * *

Lorsque le couple humain, momentanément uni par une impulsion
instinctive, est capable de se désunir au gré des circonstances, il
devrait demeurer stérile. GASTON DESCHAMPS.

                                     *
                                    * *

Il y a des mots d'enfant qui font rêver le penseur et sourire le poète.
GUY DELAFOREST.

                                     *
                                    * *

Rien de flatteur dans un éloge comme l'absence de flatterie. MARIE
ADVILLE.

                                     *
                                    * *

L'homme calcule à l'avance et par minutes tout l'horaire des mouvements
célestes; il prédit après coup la marche des choses humaines où entre en
jeu la liberté.

                                     *
                                    * *

Chaque époque a ses mâts de cocagne et, malgré l'éclat des chutes, sa
réserve d'ambitieux pour y grimper et se casser le cou. G.-M. VALTOUR.



[Illustration: Tamponnement d'un train entré à 100 kilomètres à l'heure
en gare de Clermont-Ferrand.--_Phot. Bliès._]

[Illustration: AUTRES TÉLÉGRAMMES, par Henriot.]



NOUVELLES INVENTIONS

(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement
gratuits.)

JEU DE TRIANGLES A DEUX OU TROIS PERSONNES

Ce jeu nouveau, très goûté des personnes qui ont eu l'occasion de
l'essayer, diffère de celui de dames ou d'échecs par la forme des cases
et par leur coloration. Il se compose d'un plateau hexagonal divisé en
90 cases triangulaires de 4 couleurs différentes et de 60 pions
également triangulaires. Les 6 triangles formant le petit hexagone
central sont 2 à 2, blancs, bleus ou roses. Les triangles gris, par
rapport au centre, sont autrement disposés.

Il y a 20 pions bleus, 20 blancs et 20 roses.

Le jeu de triangles peut être comparé à l'attaque d'une place forte par
2 ou 3 corps ennemis qui l'entourent, la cernent et cherchent à
l'occuper en se surveillant et se battant les uns les autres.

Au point de vue technique, le jeu de triangles est bien plus intéressant
que le jeu de dames et ses combinaisons offrent un attrait comparable à
celles du jeu d'échecs. De plus, il peut se jouer à 2 ou 3 personnes,
indifféremment; il est simple à apprendre, car un enfant peut y jouer en
quelques instants, et difficile en même temps, car les coups, toujours
nouveaux, exigent beaucoup d'attention et de réflexion et se présentent
de façons constamment nouvelles.

PLACEMENT DES PIONS

_1° Cas de 2 joueurs._--L'un d'eux place ses 20 pions de 1 à 20 et
l'autre, en face, de 77 à 96.

Il est bon de retenir que les triangles dont les bases sont sur ces 2
côtés opposés sont bleus ou roses. Ces couleurs indiquent les pions à
utiliser.

Si le joueur de 1 à 20 choisit les pions roses, l'autre aura les bleus
et réciproquement.

Le plateau pourrait être disposé autrement par rapport aux joueurs, ce
qui les amènerait à prendre les pions blancs et roses ou blancs et
bleus.

_2° Cas de 3 joueurs._--Les 3 séries de pions se disposent en triangle:
1° de 1 à 9 et de 10 à 20; 2° de 33 à 93 et de 48 à 95; 3° de 21 à 91 et
de 34 à 89.

Sur chaque côté de l'hexagone aboutissent 5 sommets de triangles dont 2
gris et 3 autres bleus, blancs ou roses. Ces couleurs indiquent celle
des pions à prendre.

RÈGLES DU JEU

Ces règles sont au nombre de 4 seulement. Elles sont très simples.

_1° Règle de marche_.--Chaque pion doit se déplacer parallèlement à l'un
de ses côtés, traverser une case vide pour occuper la suivante. D'une
façon générale, un pion peut prendre 6 positions nouvelles: de 40, par
exemple, il peut venir en 25, 27, 42, 56, 54 ou 38, si les cases 39, 41
ou 55 sont vides. Ainsi, la case 39 étant occupée, de 40, le pion ne
peut venir en 38 ou 25.

_2° Règle de prise_.--Un pion est forcé de prendre le pion adversaire
qui occupe une case où il peut venir d'après la règle de marche, prend
sa place et le met hors jeu (sauf les deux restrictives suivantes).

_3° Règle de l'imprenabilité._--Un pion sur sa couleur ne peut être
pris.

_4° Règle de la non-prise._--Un pion sur une case grise ne peut jamais
prendre.

OBSERVATIONS

Les joueurs jouent alternativement avec un seul pion, ils doivent
prendre s'ils le peuvent et prévenir s'ils se mettent en position pour
être pris. Un pion ne doit, en effet, jamais être soufflé.

Le gagnant est celui qui, le premier, dispose 3 de ses pions en triangle
dans le petit hexagone central, soit sur 41, 55 et 57, ou sur 40, 42 et
56.

_Jeux de Dames et d'Échecs à 2 ou 3 pers._--Le plateau hexagonal à
cases triangulaires, plus complexe que le damier ordinaire, offre plus
de ressources; il permet, avec les ordinaires, de jouer aux dames à 2 ou
3 personnes et de même aux échecs. Ces jeux à 3 présentent un grand
intérêt de nouveauté. On les trouve chez _M. G. Camus, 90, rue Pelleport
Paris._





*** End of this LibraryBlog Digital Book "L'Illustration, No. 3265, 23 Septembre 1905" ***

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