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Title: Le Tour du Monde; À travers la Perse Orientale - Journal des voyages et des voyageurs; 2e Sem. 1905
Author: Various
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Le Tour du Monde; À travers la Perse Orientale - Journal des voyages et des voyageurs; 2e Sem. 1905" ***


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(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)



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Journal des voyages et des voyageurs" (2e semestre 1905).

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sur la Perse Orientale.

Chaque fichier contient l'index complet du recueil dont ces
articles sont originaires.

La liste des illustrations étant très longue, elle a été déplacée et
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                    LE TOUR DU MONDE



                         PARIS
                IMPRIMERIE FERNAND SCHMIDT
                  20, rue du Dragon, 20



                NOUVELLE SÉRIE--11e ANNÉE
                       2e SEMESTRE



                    LE TOUR DU MONDE

                         JOURNAL
              DES VOYAGES ET DES VOYAGEURS



                     Le Tour du Monde
             a été fondé par Édouard Charton
                         en 1860



                         PARIS
              LIBRAIRIE DE HACHETTE ET Cie
             79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
         LONDRES, 18, KING WILLIAM STREET, STRAND
                          1905

Droits de traduction et de reproduction réservés.



TABLE DES MATIÈRES


L'ÉTÉ AU KACHMIR

Par _Mme F. MICHEL_

  I. De Paris à Srînagar. -- Un guide pratique. -- De Bombay à
     Lahore. -- Premiers préparatifs. -- En _tonga_ de
     Rawal-Pindi à Srînagar. -- Les Kachmiris et les maîtres du
     Kachmir. -- Retour à la vie nomade.                             1

  II. La «Vallée heureuse» en _dounga_. -- Bateliers et
     batelières. -- De Baramoula à Srînagar. -- La capitale du
     Kachmir. -- Un peu d'économie politique. -- En amont de
     Srînagar.                                                      13

  III. Sous la tente. -- Les petites vallées du Sud-Est. --
     Histoires de voleurs et contes de fées. -- Les ruines de
     Martand. -- De Brahmanes en Moullas.                           25

     IV. Le pèlerinage d'Amarnâth. -- La vallée du Lidar. -- Les
     pèlerins de l'Inde. -- Vers les cimes. -- La grotte sacrée.
     -- En _dholi_. -- Les Goudjars, pasteurs de buffles.           37

  V. Le pèlerinage de l'Haramouk. -- Alpinisme funèbre et
     hydrothérapie religieuse. -- Les temples de Vangâth. --
     Frissons d'automne. -- Les adieux à Srînagar.                  49


SOUVENIRS DE LA COTE D'IVOIRE

Par _le docteur LAMY_

_Médecin-major des troupes coloniales_.

  I. Voyage dans la brousse. -- En file indienne. -- Motéso.
     -- La route dans un ruisseau. -- Denguéra. -- Kodioso. --
     Villes et villages abandonnés. -- Où est donc Bettié? --
     Arrivée à Dioubasso.                                           61

  II. Dans le territoire de Mopé. -- Coutumes du pays. -- La
     mort d'un prince héritier. -- L'épreuve du poison. -- De
     Mopé à Bettié. -- Bénie, roi de Bettié, et sa capitale. --
     Retour à Petit-Alépé.                                          73

  III. Rapports et résultats de la mission. -- Valeur
     économique de la côte d'Ivoire. -- Richesse de la flore. --
     Supériorité de la faune.                                       85

  IV. La fièvre jaune à Grand-Bassam. -- Deuils nombreux. --
     Retour en France.                                              90


L'ÎLE D'ELBE

Par _M. PAUL GRUYER_

  I. L'île d'Elbe et le «canal» de Piombino. -- Deux mots
     d'histoire. -- Débarquement à Porto-Ferraio. -- Une ville
     d'opéra. -- La «teste di Napoleone» et le Palais impérial.
     -- La bannière de l'ancien roi de l'île d'Elbe. -- Offre à
     Napoléon III, après Sedan. -- La bibliothèque de l'Empereur.
     -- Souvenir de Victor Hugo. Le premier mot du poète. -- Un
     enterrement aux flambeaux. Cagoules noires et cagoules
     blanches. Dans la paix des limbes. -- Les différentes routes
     de l'île.                                                      97

  II. Le golfe de Procchio et la montagne de Jupiter. -- Soir
     tempétueux et morne tristesse. -- L'ascension du Monte
     Giove. -- Un village dans les nuées. -- L'Ermitage de la
     Madone et la «Sedia di Napoleone». -- Le vieux gardien de
     l'infini. «Bastia, Signor!». Vision sublime. -- La côte
     orientale de l'île. Capoliveri et Porto-Longone. -- La gorge
     de Monserrat. -- Rio 1 Marina et le monde du fer.             109

  III. Napoléon, roi de l'île d'Elbe. -- Installation aux
     Mulini. -- L'Empereur à la gorge de Monserrat. -- San
     Martino Saint-Cloud. La salle des Pyramides et le plafond
     aux deux colombes. Le lit de Bertrand. La salle de bain et
     le miroir de la Vérité. -- L'Empereur transporte ses pénates
     sur le Monte Giove. -- Elbe perdue pour la France. --
     L'ancien Musée de San Martino. Essai de reconstitution par
     le propriétaire actuel. Le lit de Madame Mère. -- Où il faut
     chercher à Elbe les vraies reliques impériales. «Apollon
     gardant ses troupeaux.» Éventail et bijoux de la princesse
     Pauline. Les clefs de Porto-Ferraio. Autographes. La robe de
     la signorina Squarci. -- L'église de l'archiconfrérie du
     Très-Saint-Sacrement. La «Pieta» de l'Empereur. Les
     broderies de soie des Mulini. -- Le vieil aveugle de
     Porto-Ferraio.                                                121


D'ALEXANDRETTE AU COUDE DE L'EUPHRATE

Par _M. VICTOR CHAPOT_

_membre de l'École française d'Athènes._

  I. -- Alexandrette et la montée de Beïlan. -- Antioche et
     l'Oronte; excursions à Daphné et à Soueidieh. -- La route
     d'Alep par le Kasr-el-Benat et Dana. -- Premier aperçu
     d'Alep.                                                       133

  II. -- Ma caravane. -- Village d'Yazides. -- Nisib. --
     Première rencontre avec l'Euphrate. -- Biredjik. --
     Souvenirs des Hétéens. -- Excursion à Resapha. -- Comment
     atteindre Ras-el-Aïn? Comment le quitter? -- Enfin à Orfa!    145

  III. -- Séjour à Orfa. -- Samosate. -- Vallée accidentée de
     l'Euphrate. -- Roum-Kaleh et Aïntab. -- Court repos à Alep.
     -- Saint-Syméon et l'Alma-Dagh. -- Huit jours trappiste! --
     Conclusion pessimiste.                                        157


LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES

Par _M. RAYMOND BEL_

     À qui les Nouvelles-Hébrides: France, Angleterre ou
     Australie? Le condominium anglo-français de 1887. --
     L'oeuvre de M. Higginson. -- Situation actuelle des îles. --
     L'influence anglo-australienne. -- Les ressources des
     Nouvelles-Hébrides. -- Leur avenir.                           169


LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE

Par _M. ALBERT THOMAS_

  I. -- Moscou. -- Une déception. -- Le Kreml, acropole
     sacrée. -- Les églises, les palais: deux époques.             182

  II. -- Moscou, la ville et les faubourgs. -- La bourgeoisie
     moscovite. -- Changement de paysage; Nijni-Novgorod: le
     Kreml et la ville.                                            193

  III. -- La foire de Nijni: marchandises et marchands. --
     L'oeuvre du commerce. -- Sur la Volga. -- À bord du
     _Sviatoslav_. -- Une visite à Kazan. -- La «sainte mère
     Volga».                                                       205

  IV. -- De Samara à Tomsk. -- La vie du train. -- Les
     passagers et l'équipage: les soirées. -- Dans le steppe:
     l'effort des hommes. -- Les émigrants.                        217

  V. -- Tomsk. -- La mêlée des races. -- Anciens et nouveaux
     fonctionnaires. -- L'Université de Tomsk. -- Le rôle de
     l'État dans l'oeuvre de colonisation.                         229

  VI. -- Heures de retour. -- Dans l'Oural. -- La
     Grande-Russie. -- Conclusion.                                 241


LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES

Par _M. GERSPACH_

     La petite ville de Lugano; ses charmes; son lac. -- Un peu
     d'histoire et de géographie. -- La cathédrale de
     Saint-Laurent. -- L'église Sainte-Marie-des-Anges. --
     Lugano, la ville des fresques. -- L'oeuvre du Luini. --
     Procédés employés pour le transfert des fresques.             253


SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE

Par _M. ÉMILE DESCHAMPS_

  I. -- Woo-Sung. -- Au débarcadère. -- La Concession
     française. -- La Cité chinoise. -- Retour à notre
     concession. -- La police municipale et la prison. -- La
     cangue et le bambou. -- Les exécutions. -- Le corps de
     volontaires. -- Émeutes. -- Les conseils municipaux.          265

  II. -- L'établissement des jésuites de Zi-ka-oueï. --
     Pharmacie chinoise. -- Le camp de Kou-ka-za. -- La fumerie
     d'opium. -- Le charnier des enfants trouvés. -- Le
     fournisseur des ombres. -- La concession internationale. --
     Jardin chinois. -- Le Bund. -- La pagode de Long-hoa. --
     Fou-tchéou-road. -- Statistique.                              277


L'ÉDUCATION DES NÈGRES AUX ÉTATS-UNIS

Par _M. BARGY_

     Le problème de la civilisation des nègres. -- L'Institut
     Hampton, en Virginie. -- La vie de Booker T. Washington. --
     L'école professionnelle de Tuskegee, en Alabama. --
     Conciliateurs et agitateurs. -- Le vote des nègres et la
     casuistique de la Constitution.                               289


À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE

Par _le Major PERCY MOLESWORTH SYKES_

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan_.

  I. -- Arrivée à Astrabad. -- Ancienne importance de la
     ville. -- Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les
     Collines Noires. -- Le Khorassan. -- Mechhed: sa mosquée;
     son commerce. -- Le désert de Lout. -- Sur la route de
     Kirman.                                                       301

  II. -- La province de Kirman. -- Géographie: la flore, la
     faune; l'administration, l'armée. -- Histoire: invasions et
     dévastations. -- La ville de Kirman, capitale de la
     province. -- Une saison sur le plateau de Sardou.             313

  III. -- En Baloutchistan. -- Le Makran: la côte du golfe
     Arabique. -- Histoire et géographie du Makran. -- Le Sarhad.  325

  IV. -- Délimitation à la frontière perso-baloutche. -- De
     Kirman à la ville-frontière de Kouak. -- La Commission de
     délimitation. -- Question de préséance. -- L'oeuvre de la
     Commission. -- De Kouak à Kélat.                              337

  V. -- Le Seistan: son histoire. -- Le delta du Helmand. --
     Comparaison du Seistan et de l'Égypte. -- Excursions dans le
     Helmand. -- Retour par Yezd à Kirman.                         349


AUX RUINES D'ANGKOR

Par _M. le Vicomte DE MIRAMON-FARGUES_

     De Saïgon à Pnôm-penh et à Compong-Chuang. -- À la rame sur
     le Grand-Lac. -- Les charrettes cambodgiennes. -- Siem-Réap.
     -- Le temple d'Angkor. -- Angkor-Tom -- Décadence de la
     civilisation khmer. -- Rencontre du second roi du Cambodge.
     -- Oudong-la-Superbe, capitale du père de Norodom. -- Le
     palais de Norodom à Pnôm-penh. -- Pourquoi la France ne
     devrait pas abandonner au Siam le territoire d'Angkor.        361


EN ROUMANIE

Par _M. Th. HEBBELYNCK_

  I. -- De Budapest à Petrozeny. -- Un mot d'histoire. -- La
     vallée du Jiul. -- Les Boyards et les Tziganes. -- Le marché
     de Targu Jiul. -- Le monastère de Tismana.                    373

  II. -- Le monastère d'Horezu. -- Excursion à Bistritza. --
     Romnicu et le défilé de la Tour-Rouge. -- De Curtea de Arges
     à Campolung. -- Défilé de Dimboviciora.                       385

  III. -- Bucarest, aspect de la ville. -- Les mines de sel de
     Slanic. -- Les sources de pétrole de Doftana. -- Sinaïa,
     promenade dans la forêt. -- Busteni et le domaine de la
     Couronne.                                                     397


CROQUIS HOLLANDAIS

Par _M. Lud. GEORGES HAMÖN_

_Photographies de l'auteur._

  I. -- Une ville hollandaise. -- Middelburg. -- Les nuages.
     -- Les _boerin_. -- La maison. -- L'éclusier. -- Le marché.
     -- Le village hollandais. -- Zoutelande. -- Les bons
     aubergistes. -- Une soirée locale. -- Les sabots des petits
     enfants. -- La kermesse. -- La piété du Hollandais.           410

  II. -- Rencontre sur la route. -- Le beau cavalier. -- Un
     déjeuner décevant. -- Le père Kick.                           421

  III. -- La terre hollandaise. -- L'eau. -- Les moulins. --
     La culture. -- Les polders. -- Les digues. -- Origine de la
     Hollande. -- Une nuit à Veere. -- Wemeldingen. -- Les cinq
     jeunes filles. -- Flirt muet. -- Le pochard. -- La vie sur
     l'eau.                                                        423

  IV. -- Le pêcheur hollandais. -- Volendam. -- La lessive. --
     Les marmots. -- Les canards. -- La pêche au hareng. -- Le
     fils du pêcheur. -- Une île singulière: Marken. -- Au milieu
     des eaux. -- Les maisons. -- Les moeurs. -- Les jeunes
     filles. -- Perspective. -- La tourbe et les tourbières. --
     Produit national. -- Les tourbières hautes et basses. --
     Houille locale.                                               433


ABYDOS

dans les temps anciens et dans les temps modernes

Par _M. E. AMELINEAU_

     Légende d'Osiris. -- Histoire d'Abydos à travers les
     dynasties, à l'époque chrétienne. -- Ses monuments et leur
     spoliation. -- Ses habitants actuels et leurs moeurs.         445


VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE AUX MONTS CÉLESTES

Par _M. JULES BROCHEREL_

  I. -- De Tachkent à Prjevalsk. -- La ville de Tachkent. --
     En tarentass. -- Tchimkent. -- Aoulié-Ata. -- Tokmak. -- Les
     gorges de Bouam. -- Le lac Issik-Koul. -- Prjevalsk. -- Un
     chef kirghize.                                                457

  II. -- La vallée de Tomghent. -- Un aoul kirghize. -- La
     traversée du col de Tomghent. -- Chevaux alpinistes. -- Une
     vallée déserte. -- Le Kizil-tao. -- Le Saridjass. --
     Troupeaux de chevaux. -- La vallée de Kachkateur. -- En vue
     du Khan-Tengri.                                               469

  III. -- Sur le col de Tuz. -- Rencontre d'antilopes. -- La
     vallée d'Inghiltchik. -- Le «tchiou mouz». -- Un chef
     kirghize. -- Les gorges d'Attiaïlo. -- L'aoul d'Oustchiar.
     -- Arrêtés par les rochers.                                   481

  IV. -- Vers l'aiguille d'Oustchiar. -- L'aoul de Kaende. --
     En vue du Khan-Tengri. -- Le glacier de Kaende. -- Bloqués
     par la neige. -- Nous songeons au retour. -- Dans la vallée
     de l'Irtach. -- Chez le kaltchè. -- Cuisine de Kirghize. --
     Fin des travaux topographiques. -- Un enterrement kirghize.   493

  V. -- L'heure du retour. -- La vallée d'Irtach. -- Nous
     retrouvons la douane. -- Arrivée à Prjevalsk. -- La
     dispersion.                                                   505

  VI. -- Les Khirghizes. -- L'origine de la race. -- Kazaks et
     Khirghizes. -- Le classement des Bourouts. -- Le costume
     khirghize. -- La yourte. -- Moeurs et coutumes khirghizes.
     -- Mariages khirghizes. -- Conclusion.                        507


L'ARCHIPEL DES FEROÉ

Par _Mlle ANNA SEE_

     Première escale: Trangisvaag. -- Thorshavn, capitale de
     l'Archipel; le port, la ville. -- Un peu d'histoire. -- La
     vie végétative des Feroïens. -- La pêche aux dauphins. -- La
     pêche aux baleines. -- Excursions diverses à travers
     l'Archipel.                                                   517


PONDICHÉRY

chef-lieu de l'Inde française

Par _M. G. VERSCHUUR_

     Accès difficile de Pondichéry par mer. -- Ville blanche et
     ville indienne. -- Le palais du Gouvernement. -- Les hôtels
     de nos colonies. -- Enclaves anglaises. -- La population;
     les enfants. -- Architecture et religion. -- Commerce. --
     L'avenir de Pondichéry. -- Le marché. -- Les écoles. -- La
     fièvre de la politique.                                       529


UNE PEUPLADE MALGACHE LES TANALA DE L'IKONGO

Par _M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ_

  I. -- Géographie et histoire de l'Ikongo. -- Les Tanala. --
     Organisation sociale. Tribu, clan, famille. -- Les lois.      541

  II. -- Religion et superstitions. -- Culte des morts. --
     Devins et sorciers. -- Le Sikidy. -- La science. --
     Astrologie. -- L'écriture. -- L'art. -- Le vêtement et la
     parure. -- L'habitation. -- La danse. -- La musique. -- La
     poésie.                                                       553


LA RÉGION DU BOU HEDMA

(sud tunisien)

Par _M. Ch. MAUMENÉ_

     Le chemin de fer Sfax-Gafsa. -- Maharess. -- Lella Mazouna.
     -- La forêt de gommiers. -- La source des Trois Palmiers. --
     Le Bou Hedma. -- Un groupe mégalithique. -- Renseignements
     indigènes. -- L'oued Hadedj et ses sources chaudes. -- La
     plaine des Ouled bou Saad et Sidi haoua el oued. -- Bir
     Saad. -- Manoubia. -- Khrangat Touninn. -- Sakket. -- Sened.
     -- Ogla Zagoufta. -- La plaine et le village de Mech. --
     Sidi Abd el-Aziz.                                             565


DE TOLÈDE À GRENADE

Par _Mme JANE DIEULAFOY_

  I. -- L'aspect de la Castille. -- Les troupeaux en
     _transhumance_. -- La Mesta. -- Le Tage et ses poètes. -- La
     Cuesta del Carmel. -- Le Cristo de la Luz. -- La machine
     hydraulique de Jualino Turriano. -- Le Zocodover. -- Vieux
     palais et anciennes synagogues. -- Les Juifs de Tolède. --
     Un souvenir de l'inondation du Tage.                          577

  II. -- Le Taller del Moro et le Salon de la Casa de Mesa. --
     Les pupilles de l'évêque Siliceo. -- Santo Tomé et l'oeuvre
     du Greco. -- La mosquée de Tolède et la reine Constance. --
     Juan Guaz, premier architecte de la Cathédrale. -- Ses
     transformations et adjonctions. -- Souvenirs de las Navas.
     -- Le tombeau du cardinal de Mendoza. Isabelle la Catholique
     est son exécutrice testamentaire. -- Ximénès. -- Le rite
     mozarabe. -- Alvaro de Luda. -- Le porte-bannière d'Isabelle
     à la bataille de Toro.                                        589

  III. -- Entrée d'Isabelle et de Ferdinand, d'après les
     chroniques. -- San Juan de los Reyes. -- L'hôpital de Santa
     Cruz. -- Les Soeurs de Saint-Vincent de Paul. -- Les
     portraits fameux de l'Université. -- L'ange et la peste. --
     Sainte-Léocadie. -- El Cristo de la Vega. -- Le soleil
     couchant sur les pinacles de San Juan de los Reyes.           601

  IV. -- Les «cigarrales». -- Le pont San Martino et son
     architecte. -- Dévouement conjugal. -- L'inscription de
     l'Hôtel de Ville. -- Cordoue, l'Athènes de l'Occident. -- Sa
     mosquée. -- Ses fils les plus illustres. -- Gonzalve de
     Cordoue. -- Les comptes du _Gran Capitan_. -- Juan de Mena.
     -- Doña Maria de Parèdes. -- L'industrie des cuirs repoussés
     et dorés.                                                     613



  TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.--26e LIV.      Nº 26.--1er Juillet 1905.

[Illustration: Une foule curieuse nous attendait sur les places de
Mechhed (page 308).--D'après une photographie.]



À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE

Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan._

     I. -- Arrivée à Astrabad. -- Ancienne importance de la ville. --
     Le pays des Turkomans: à travers le steppe et les
     Collines-Noires. -- Le Khorassan. -- Mechhed: sa mosquée; son
     commerce. -- Le désert de Lout. -- Sur la route de Kirman.


[Illustration: Un poney persan et sa charge ordinaire.--D'après une
photographie.]

La Perse a toujours exercé une grande fascination sur mon esprit.
J'avais servi longtemps dans les Indes, sans avoir l'occasion de la
visiter. Ce ne fut qu'en janvier 1893, après avoir passé mes vacances
de Noël en Angleterre, que je pus mettre enfin mes projets à exécution
et rejoindre, en passant par la Perse, le bâtiment qui m'attendait à
Bouchir.

Ma route me conduisit en chemin de fer, par Vienne, à Odessa, où je
m'embarquai pour Batoum; de Batoum à Bakou je suivis la ligne bien
connue de Transcaucasie, puis je m'embarquai à Bakou, non pas pour
Enzeli et Recht, ce qui est la voie ordinaire, mais pour Bandar-Gaz.

Le vapeur devait d'abord stopper à Ouzoun-Ada, à ce moment encore
point de départ du chemin de fer Transcaspien. Après une rude
traversée qui prit tout un jour, nous remontâmes lentement l'étroit
chenal, dans lequel un bateau à l'ancre nous avertit d'être prudents,
et, bien que notre tirant d'eau ne fût que de neuf mètres, nous fûmes
continuellement requis de nous éloigner du bord, de peur d'échouer. La
mer, peu profonde, était couverte d'une pellicule de glace. À tous
égards, Ouzoun-Ada me parut être une très mauvaise base pour un chemin
de fer. Aussi ai-je été heureux d'apprendre, un an plus tard, que
Krasowodsk, beaucoup plus rapproché de la haute mer, et possédant un
port en eau profonde, avait été finalement choisi pour remplacer
Ouzoun-Ada.

Nous ressortîmes péniblement du chenal et nous mîmes le cap au sud,
pour atteindre, après quinze heures, la ville russe frontière de
Chikichliar. Le mouillage est presque hors de vue de la ville; je ne
pus donc la visiter. Mais elle n'offre pas grand'chose à voir, et elle
a une mauvaise réputation au point de vue du sol et du climat. Elle
est reliée par Astrabad au réseau télégraphique de la Perse, mais le
chemin de fer Transcaspien lui a enlève son ancienne importance comme
poste militaire.

Continuant notre route vers le sud, nous vîmes bientôt le climat
changer rapidement. Après déjeuner, nous étions au large de la station
navale russe d'Achour Ada, ayant devant nous le pays d'Iran, couvert
d'un épais brouillard.

Les îles d'Achour Ada sont, en réalité, des parties d'un banc de sable
formé par le vent du nord, qui domine dans ces parages; derrière elles
s'étend une vaste lagune appelée ici même _Murdal_, ou «eau morte», où
se déversent des cours d'eau chargés d'alluvions. On trouve plusieurs
de ces lagunes le long de la côte; celle d'Enzeli est la plus connue;
mais la baie d'Astrabad, pour nous servir de l'appellation qui figure
communément sur les cartes, est la plus profonde; les bateaux à vapeur
peuvent naviguer tout près des côtes, et ne sont pas contraints
d'opérer leur déchargement en dehors de la barre, comme à Enzeli.

Achour Ada, qui doit être une station terriblement malsaine, fut
occupée en 1838 par la Russie, déterminée alors à écraser la piraterie
turkomane. Le Gouvernement du tsar a été invité à se retirer de ce
qui, à parler en termes stricts, est encore territoire persan; mais
s'il le faisait, la piraterie ne tarderait pas à relever la tête.
Comme en vertu du traité de Gulistan, le pavillon persan ne peut
flotter sur la Caspienne, toute la police est faite par la grande
puissance du Nord.

Trois pontons étaient ancrés devant l'île, qui est si étroite que
l'embrun des vagues la traverse par le mauvais temps. Après une lente
navigation dans la tranquille lagune, nous finîmes par aborder à un
ponton ancré à un mille environ au large de Bandar-Gaz. Nous
rassemblâmes nos bagages, et nous nous vîmes bientôt transportés, à
coups de rames, à un port qui était parvenu à son dernier état de
vétusté, et, à la tombée de la nuit, nous étions nous-mêmes sur le sol
de la Perse, formé d'une boue épaisse et gluante.

[Illustration: Le plateau de l'Iran. Carte pour suivre le voyage de
l'auteur d'Astrabad à Kirman.]

Je ne savais trop où aller; mais Yousuf Abbas, un Persan instruit, que
j'avais engagé à Odessa et qui doit avoir voyagé plus qu'aucun homme
de son âge, me dit que nous pourrions trouver à nous loger chez le
fonctionnaire du télégraphe; celui-ci nous reçut, en effet, très
aimablement; je pus bientôt savourer chez lui un _pilaf_ persan.

Au jour, Bandar-Gaz me parut un endroit mélancolique. La boue y est si
profonde qu'une paire d'échasses y serait très utile. Les cabanes en
troncs d'arbres paraissaient sales et misérables.

Le Mazandéran, qui occupe avec le Ghilan la côte méridionale de la mer
Caspienne, est une province d'un grand intérêt, ne serait-ce que par
le contraste frappant qu'elle offre avec les autres parties de la
Perse, ou même les autres districts bordant la mer intérieure. En
quittant les lagunes, couvertes d'une végétation pourrie, on traverse
une bande de jungle, de largeur variable, très dense et infestée de
toutes sortes de vermine et de moustiques, qui y rendent la vie
insupportable en été. On dit que les tigres y abondent, mais il arrive
rarement qu'on en tue. Lorsqu'on atteint les montagnes, le pays change
soudain d'aspect, et le voyageur peut se croire dans le Kachmir; il y
trouve les mêmes arbres, les mêmes prairies, et, au-dessus, les pentes
nues de la montagne. Ce pays est également l'habitat d'un cerf
magnifique.

Les Mazanderanis sont des individus au teint jaunâtre, mais nullement
rabougris, comme on pourrait l'attendre du pays qu'ils habitent. Ils
se vêtent de laine et se nourrissent de riz, dont ils consomment
d'énormes quantités. Ils sont heureux de vivre et jamais ne désirent
quitter leur province. En fait, ils ne prospèrent pas dans les autres
parties de la Perse.

En deux jours, nous atteignîmes Astrabad par une route lamentable. Le
soleil se couchait; nous entrâmes en ville par un passage également
dépourvu de porte et de garde, et le premier être que nous aperçûmes
fut un chacal. Nous finîmes par trouver un homme dans les rues
abandonnées, et il nous guida fort aimablement jusqu'à la maison de
Mirza Taki, l'agent britannique, où nous eûmes la grande satisfaction
de pouvoir endosser des vêtements secs. La combinaison de l'humidité
et du froid est très désagréable, pour ne pas dire dangereuse, plus
encore en Orient qu'ailleurs, et je me sentais heureux d'avoir passé
sans malaise la zone de la fièvre et d'avoir atteint une des plus
fameuses cités de la Perse.

[Illustration: Les femmes persanes s'enveloppent la tête et le corps
d'amples étoffes.--D'après une photographie.]

Astrabad, surnommée, dans le style hyperbolique de l'Orient,
_Dar-ul-Muminin_, ou «Demeure des Fidèles», n'est pas, autant que nous
pouvons le savoir, une ancienne ville, bien que, d'après la légende,
elle ait été fondée par Nochirevan, avec l'argent donné par Azad
Mahan, gouverneur des Keronan. Son intérêt pour les Anglais vient
surtout de la tentative malheureuse qu'on fit, au XVIIIe siècle, pour
y ouvrir un trafic anglo-persan.

Au commencement du IXe siècle, on s'était beaucoup exagéré
l'importance d'Astrabad. Napoléon et le tsar Paul avaient formé un
projet d'invasion de l'empire des Indes par cette route. Il fut repris
par la Russie durant la guerre de Crimée, mais à l'une et l'autre
période, l'exécution en aurait presque infailliblement abouti à un
désastre. Aujourd'hui le chemin de fer Transcaspien a enlevé à la
ville toute l'importance qu'elle a pu avoir, quoique dans le cas d'une
attaque de la Perse par le nord, la capture de Chahroud faite par la
voie d'Astrabad séparerait Mechhed de la capitale.

Astrabad remplit peut-être une moitié de sa superficie primitive, et
l'on me dit que sa population ne dépasse pas dix mille habitants. La
plupart des rues ont été pavées, probablement par Chah Abbas, et les
maisons sont construites en briques ou en pierre, avec des toits de
toiles rouges ou de chaume, dont l'aspect est gai, même en hiver; au
printemps, comme les crêtes des murs sont plantées de fleurs, l'effet
doit être très joli. La ville fabrique du savon en grande quantité. La
potasse est extraite d'une plante curieuse qui croît sur les bords de
la rivière. Enfin on fabrique aussi de la poudre. Ce sont là toutes
les industries locales.

Une lourde chute de neige survint, qui fit paraître plutôt bizarres
les oranges dans les arbres. Je partis pour la chasse, espérant que la
neige ferait descendre les cerfs des hauteurs. Je n'en vis pas un,
malgré mes efforts, pendant toute une semaine. En revanche, j'aperçus
quelques daims et de nombreux sangliers, dont je ne tuai qu'un, pour
essayer un nouveau fusil.

Quand je revins à Astrabad, les préparatifs de ma petite expédition
dans le pays turkoman étaient terminés, et je me mis en route dans la
direction du nord. Tandis que la forêt atteint presque le côté sud de
la ville, le pays, au nord, est tout à fait plat et ouvert, avec
beaucoup de cultures. Après avoir dépassé quelques hameaux, nous
atteignîmes le Kara-Sou, ou «Eau-Noire», au cours lent et boueux. Un
pont le traverse, qui mène en plein pays turkoman. Quelques milles
d'une plaine admirablement fertile nous conduisirent jusqu'aux bords
du Gurgan, un fleuve dont le nom a la même racine que le mot
d'_Hyrcanie_. Un second pont, aussi solide que le premier, est
commandé par le fort d'Akkala, ou le Fort-Blanc, une des anciennes
places des Kadjars, encore occupé par une garnison, et d'une apparence
imposante. Nous ne franchîmes pas le fleuve, mais nous longeâmes sa
rive gauche, et, dépassant divers groupes d'_alachouk_, nous parvînmes
au camp de Mousa khan, chef des Ak-Atabai, pour lesquels j'avais une
lettre du colonel Stewart.

Pour vous représenter un _alachouk_, imaginez un cadre de branches
recourbées ressemblant à une ruche d'abeilles et d'environ 20 pieds de
diamètre; du feutre noir est étendu sur ce cadre, et le résultat est
une maison mobile qui, au moins par les temps froids, est préférable à
une tente. À l'intérieur, les lares et les pénates sont rassemblés en
énormes paquets, tandis que la carabine du maître de l'habitation est
suspendue à portée de la main. Des morceaux de tapis sont disposés sur
les interstices du feutre, et quand le feu est allumé sur le foyer
découvert, on éprouve là-dedans l'impression d'un confort réel, un peu
gâtée, il est vrai, par la tomée. Chaque camp était occupé par un
nombre de familles allant de dix à trente; elles passent cinq mois au
sud du Gurgan, font leurs moissons, puis mènent leurs troupeaux paître
près de l'Atrek.

On peut considérer comme la patrie des Turkomans une bande de terrain
qui partant de la baie d'Astrabad aboutit aux confins des trois États:
la Russie, la Perse et l'Afghanistan.

Leur première apparition importante dans l'histoire date du XIIe
siècle, époque où ils renversèrent le sultan Sandjar.

Chah Abbas, lors de son accession au trône, établit de grandes
colonies de Kurdes notamment à Boujnourd, et à Koutchan; ce fut
évidemment un coup pour les bandits turkomans; mais jusqu'à leur chute
définitive, après la prise de Khiva et celle de Merv, ils furent un
véritable fléau pour la Perse. On n'en peut juger que lorsque, comme
moi, on a vu de leurs anciens prisonniers et su ce qu'ils eurent à
supporter; d'autant plus qu'à la férocité naturelle des Turkomans
s'ajoutait la haine des Sunnites pour les Chiites. M. Vambéry m'a
raconté que, quoique très bien traité lui-même lors de son séjour sur
l'Atrek, les spectacles dont il fut témoin lui firent maudire ses
hôtes.

[Illustration: Paysage du Khorassan: un sol rocailleux et ravagé, une
rivière presque à sec; au fond, des constructions à l'aspect de
fortins.--D'après une photographie.]

À ma grande contrariété, j'appris que Mousa khan était allé pour la
nuit à Astrabad. Je mis à profit le jour de l'attente que je dus
passer là pour visiter les ruines d'une ville nommée aujourd'hui
Kizil-Alan. Il y a aussi des monticules, dispersés le long de la
vallée du Gurgan, qui ont intrigué les voyageurs. Quelques-uns y ont
vu des séries de postes à signaux. Il est plus simple de supposer que
ce sont des ruines de villages ou de villes. Nous n'en pouvons dire
plus, avant qu'on ait fait des fouilles systématiques. Alors une riche
moisson récompensera les explorateurs de l'ancienne Hyrcanie.

Dès son arrivée, Mousa khan me fit savoir par Yousouf qu'il ne pouvait
prendre sur lui de me laisser passer à travers le pays turkoman.
J'étais certain d'être tué ou volé, et lui en serait tenu comme
responsable par le Gouvernement persan. J'eus beaucoup de peine à le
faire revenir sur sa décision; enfin, au bout de trois jours, il céda
sur la menace que sa réputation d'autorité en souffrirait en Europe,
et consentit à me faire escorter jusqu'à l'Atrek par trois de ses
parents, qui organiseraient mon voyage plus loin.

Je me séparai ainsi de mon hôte au passage du Gurgan, et nous prîmes au
nord, à travers le steppe neigeux. D'abord il était tout à fait plat,
mais en approchant de l'Atrek, nous passâmes une chaîne de collines
basses, connues sous le nom de Kara-Tapa, les «Collines-Noires». Le
soir, au milieu d'une tempête de neige, nous atteignîmes à Tengli un
camp d'Atabaï, où nous couchâmes. La tribu des Atabaï compte environ
deux mille familles en Perse et mille en Russie. Nous continuâmes
ensuite à longer l'Atrek, guidés, pendant quelques étapes, par un
_mullah_ turkoman, Hak Nafas, qui se trouva fort peu sur. J'appris de
Yousouf qu'il était un bandit réclamé à la fois par Astrabad et par
Boujnourd. C'était beaucoup pour un seul homme.

[Illustration: Le sanctuaire de Mechhed est parmi les plus riches et
les plus visités de l'Asie (page 308).--D'après une photographie.]

Un peu avant de nous quitter, il avait eu à mi-voix une conférence
avec quelques hommes de notre escorte. Le soir de ce jour, ayant
franchi la rivière, nous campâmes auprès d'un groupe de cinq tentes.
On ne nous invita pas, comme d'ordinaire, à entrer dans les
_alachouk_, et nous devinâmes sans peine que quelque chose se
préparait contre nous. Je barricadai donc ma tente et je veillai, ce
qui me fut facile, étant tourmenté par un violent mal de dents. Vers
minuit, les Turkomans se mirent à ramper vers nos tentes avec leurs
carabines; quand ils furent à cinquante mètres, Yousouf alla très
poliment s'enquérir de leur santé. Sur quoi, sans dire un mot, ils
disparurent. Nous chargeâmes nos mules avant le lever du soleil, et
Yousouf, qui montra pendant tout ce temps là une crânerie splendide,
harangua nos voleurs _in partibus_, en leur reprochant leur violation
des lois de l'hospitalité et les menaçant de toutes sortes de
châtiments. Finalement, ils disparurent et nous laissèrent en paix. Le
même jour, nous faillîmes être attaqués par nos guides de
l'avant-veille, qui nous suivaient sur l'autre rive de l'Atrek. Mais
ils se retirèrent, persuadés que le _Sahib_ devait avoir de puissants
protecteurs, et que, sans cela, il ne se serait jamais hasardé dans ce
pays.

À Akchanim, en aval d'une gorge de l'Atrek, j'arrivais sur le
territoire des Turkomans Goklan. C'est le premier endroit où je fus
l'objet d'une réception aimable. Mon hôte, Moustafa Kouli, avait été
attaché en 1874 à la mission de l'Hon. G. Napier au Gurgan.

Nous franchîmes ensuite, par une pente très raide, le passage connu
sous le nom de passe Hanaki; son sommet est à 1020 mètres d'altitude.
De là, la vallée que nous venions de remonter apparaissait comme une
carte en relief; derrière, se dressait le Sonar-Dagh. Au sud, il y
avait de la neige partout, avec des présages de chute nouvelle. Nous
hâtâmes donc le pas; ce ne fut pas néanmoins avant le coucher du
soleil que nous atteignîmes le fort en ruines d'Amend, autour duquel
se groupaient quelques tentes des Toktimach.

Le lendemain, nous remontâmes péniblement la vallée de l'Incha, pour
passer ensuite un second col, et le surlendemain, nous atteignions,
dans un district cultivé et sur la route d'Astrabad à Boujnourd, le
village de Semalgan, probablement le _Samangan_ du Chah Nameh, un des
nombreux villages appartenant aux Kurdes. Inutile de dire que j'étais
enchanté d'avoir derrière moi le pays des Turkomans, mais aussi
d'avoir eu un coup d'oeil sur leurs coutumes et leurs idées, ce que je
n'aurais jamais pu obtenir si j'avais voyagé avec une escorte.

Les Kurdes me reçurent aimablement. Ils avaient gardé de bons
souvenirs du colonel Napier. Mais j'étais un peu embarrassé de venir
après lui: il avait généreusement distribué des cadeaux, et moi je
passais les mains vides.

Franchissant la passe de Halinur, qui s'ouvre dans une haute chaîne de
montagnes, nous arrivâmes enfin à la petite ville de Boujnourd. J'y
fus reçu très aimablement par le gouverneur, qui me félicita d'avoir
accompli sans encombre un aussi périlleux voyage. Et de fait, je ne me
rendis compte qu'à ce moment des risques que j'avais courus. Le
colonel Yate, qui parcourut cette contrée l'année suivante avec
soixante-dix hommes et une escorte armée, l'appelle «la partie la plus
sauvage et la plus insoumise de tout le territoire turkoman, où les
Persans n'osent pas mettre le pied».

La province de Khorassan, dans laquelle nous venions d'entrer, est
dans l'angle nord-est de la Perse; son nom signifie «Pays du Soleil».
Elle occupait autrefois un espace énorme; elle s'étendait de la mer
Caspienne à Samarkand, et au sud, jusqu'aux confins du Sind.
Aujourd'hui, elle va de la Transcaspie, au nord, au Seistan au sud, et
de l'Afghanistan à l'est jusqu'à Astrabad à l'ouest. Sa superficie est
évaluée par lord Curzon de 375 000 à 435 000 kilomètres carrés.

Le soir de mon arrivée, je rendis visite au _Saham-u-dola_, qui est
gardien des Marches depuis de longues années, et qui jouit d'une
grande réputation. Je ne lui dis pas tout d'abord que j'étais un
officier voyageant pour mon plaisir; mais voyant qu'il me considérait
comme employé à quelque extraordinaire mission, je lui révélai le
fait. Il ne me crut pas, naturellement: un Oriental ne voyageant
jamais que pour gagner de l'argent ou comme pèlerin.

[Illustration: La cour principale du sanctuaire de Mechhed (page
308).--D'après une photographie.]

Boujnourd est une petite ville qui compte peut-être dix mille
habitants et une longue rue, et qui est reliée à Mechhed par une ligne
télégraphique et par une poste hebdomadaire. La rue est bordée de
boutiques pleines de samovars russes et de calicot de Manchester.
J'achetai trois tapis turkomans pour une somme équivalant à sept
livres. La fortune favorisa mon ignorance: ils valaient quatre ou cinq
fois cette somme en Angleterre.

Trois jours nous ayant suffi à épuiser les curiosités de Boujnourd,
nous engageâmes de nouvelles mules et nous partîmes pour Koutchan.
Sortis par la porte de Mechhed, nous passâmes à côté de l'ancienne
ville, aujourd'hui en ruines, et nous descendîmes à l'Atrek. Parmi les
nombreux villages que nous traversâmes, quelques-uns avaient des tours
carrées ressemblant, à distance, à celles des églises anglaises; il y
avait partout un air de prospérité que nous n'avions pas trouvé dans
le district, mieux doué de richesses naturelles, d'Astrabad. Le
lendemain, nous traversions la rivière sur un pont en bon état, et
passant à Sissah, nous entrions dans le territoire de Koutchan. La
vallée s'élargit, la terre est très fertile, et les villages sont
aussi serrés que dans diverses parties du Pendjab.

[Illustration: Enfants nomades de la Perse Orientale.--D'après une
photographie.]

Pendant notre marche, nous fûmes témoins de la survivance de cette
très ancienne coutume, le mariage par capture. Nous rencontrâmes
d'abord l'escorte d'une fiancée allant à cheval, dans un somptueux
costume blanc et rouge. Un peu plus loin se trouvaient des cavaliers,
et, à l'approche de la dame, on organisa une sorte d'escarmouche,
jusqu'à ce qu'elle eût fait mine de se rendre.

À Chirwan, je me retrouvai en terrain exploré, et j'arrivai à la route
de Koutchan à l'endroit où se fait évidemment un important trafic avec
Geok-Tapa, le point le plus rapproché du chemin de fer Transcaspien.
L'Atrek était maintenant réduit aux dimensions d'un large ruisseau.
Une marche de 35 000 milles, à travers une des vallées les plus
fertiles de la Perse, nous mena jusqu à Koutchan. Le district dont
cette ville est le chef-lieu est le plus important des trois districts
kurdes; jusqu'à ces dernières années, il était semi-indépendant. Nadir
Chah fut assassiné en 1747, en essayant de le réduire. L'_Ilkhani_ a
été décrit de très amusante façon par lord Curzon; il est généralement
dans un tel état d'ébriété, par l'effet de l'opium ou de l'alcool,
qu'il est nécessaire de lui annoncer sa visite trois jours à l'avance.
Je m'abstins d'aller le voir, désireux de ne pas perdre de temps.

Je trouvai à Koutchan une lettre du consul général britannique à
Mechhed, M. Elias, qui m'annonçait fort aimablement qu'il avait envoyé
à ma rencontre, à une étape de la ville, un _sowar_ et deux chevaux.
Nous frétâmes une voiture pour nous transporter, nous et nos biens,
jusqu'à la ville.

Le pays était fertile, mais monotone. Par suite de la forte gelée, la
chaussée était dure et unie. Dans l'après-midi du troisième jour,
j'aperçus un homme au sommet d'un caravansérail. C'était le _sowar_,
et, en moins de cinq minutes, je trottais dans la direction de
Mechhed, laissant Yousouf suivre en voiture. Devant nous, à plusieurs
milles de distance, le magnifique dôme doré brillait comme une flamme
sous les rayons du soleil couchant.

[Illustration: Jeunes filles kurdes des bords de la mer
Caspienne.--D'après une photographie.]

Une foule curieuse nous attendait sur les places de la ville. Par le
_Khiaban_, l'avenue principale, l'_Unter den Linden_ de l'endroit,
puis par les rues enchevêtrées, nous arrivâmes au Consulat général, où
nous reçûmes un accueil chaleureux. Sans nouvelles du monde extérieur
depuis deux mois, j'étais inexprimablement heureux de me trouver dans
un milieu ami.

Mechhed, dont le nom signifie «la Tombe d'un Martyr», est ainsi
appelée parce qu'elle renferme la tombe d'un saint, Reza, le huitième
iman. Son sanctuaire est parmi les plus riches et les plus visités de
l'Asie. Le trésor qu'il possède absorbe non seulement de larges
tributs annuels en argent et en bijoux, mais reçoit encore en dons et
en legs, des terres et des jardins de toutes les classes de la
société. Il n'est pas ouvert aux visiteurs chrétiens, ce qui est en
Perse une règle presque générale. Cependant elle n'a pas toujours été
exactement observée, et l'ambassadeur espagnol à la cour de Timour,
Ruy Gonzalez de Clavijo, nous raconte qu'il visita précisément la
mosquée de Mechhed.

Le sanctuaire actuel, à ce que j'appris, est au centre de trois belles
cours. Ses briques, ses lampes ouvragées et ses grilles d'or mettent
autour de lui une atmosphère de beauté bien calculée pour
impressionner les dévots.

Aujourd'hui, l'importance politique et commerciale de Mechhed est
considérable. Au point de vue britannique, c'est un bon poste pour
surveiller l'Afghanistan occidental, et aussi un entrepôt du commerce
anglo-indien. Mais pour la Russie, le poste est encore beaucoup plus
important, Mechhed étant la capitale de la province du Khorassan, dont
Askhabad dépend pour sa subsistance. Comme on peut le supposer, les
bazars sont presque entièrement remplis par des marchandises russes,
mais les objets de provenance anglaise sont également très appréciés.
On trouve donc là l'image de la lutte entre les deux pays qui se
disputent l'influence.

[Illustration: Les préparatifs d'un campement dans le désert de
Lout.--D'après une photographie.]

Lors de ma visite, le poste de consul général britannique était occupé
par M. Ney Elias (mort depuis), le doyen d'une série de grands
voyageurs dans l'Asie centrale. Les intérêts de la Russie étaient
confiés à M. Vlassof, qui devait trouver une sphère d'activité plus
vaste en Abyssinie. Comme cela arrive souvent, lui et son secrétaire
avaient épousé des Anglaises, ce qui ajoutait beaucoup pour moi aux
plaisirs de la société. Je n'ai jamais trouvé un meilleur accueil que
dans cette petite colonie européenne. Aussi quand je partis, au bout
d'une semaine, pour me rendre à Kirman par le désert de Lout, je me
sentis tout à fait malheureux de quitter des amis, dont huit jours
auparavant je ne connaissais pas un seul.

En quittant Mechhed, nous suivîmes la route de Téhéran jusqu'à
Chérifabad. Elle traverse une région ondulée et tourne à un point d'où
les pèlerins, venant du sud, peuvent contempler pour la première fois
le dôme sacré.

Le surlendemain, nous eûmes à franchir la passe Bidar, où, à notre
grand étonnement, nous trouvâmes une neige épaisse. De ce passage, qui
a près de 2 000 mètres d'altitude, nous descendîmes dans la vallée
d'une rivière, dont le cours inférieur porte le nom de _Kal-i-Sala_.
Elle est traversée par un pont récemment construit, ce qui est rare en
Perse.

Après avoir de nouveau franchi une région accidentée, nous arrivâmes à
Turbat, ville de 15 000 habitants, appelée encore archaïquement
_Turbat-i-Haidari_, de la tombe en briques rouges d'un saint réputé,
Kutb-u-Din-Haider. Actuellement, on la nomme plutôt Turbat-i-Ichak-Khan,
du nom d'un chef des Karaï, mis à mort après avoir essayé de conquérir
Mechhed, à la tête d'une confédération de tribus. Turbat, entourée de
jardins, est devenue, depuis 1901, un centre russe important; un médecin
russe y a été établi, sous la protection des cosaques, pour surveiller
les épidémies de peste, ou peut-être de choléra. La soie était autrefois
le principal produit de la région; sa culture est redevenue prospère.
Mais dans cette région comme dans d'autres, la famine ayant suivi la
maladie du ver à soie lui a porté un coup qui se fait sentir encore.

Après Turbat, nous longeâmes le Kal-i-Sala, en changeant plusieurs
fois de direction. Il était intéressant de noter que tous les villages
marqués sur la carte étaient en ruines, de nouveaux hameaux ayant été
construits à côté, tandis que, surprise plus grande encore, la
rivière, qui tourne à l'ouest, était figurée comme se dirigeant vers
le sud-est.

Nous passâmes ensuite à Djangal, Bimurgh, Beidukht, ce dernier village
connu comme la demeure d'un des rares grands _murschid_ de Perse. Ce
maître, qui exerce une immense influence, spécialement sur les
marchands de Téhéran, est appelé Hadji Mulla sultan Alé; il a
construit une belle _méderssé_ où collège, où il enseigne et prêche
tous les jours. On le dit âgé d'environ soixante ans.

Djouncin, le petit chef-lieu du district de Gunabab, administré par
le gouverneur de Turbat, a une population de 8 000 habitants environ
et un petit bazar. Il a pour spécialité une fabrication de poteries si
grossières et si laides que je m'abstins d'en acheter une seule.

La plaine de Gunabad est au pied d'une chaîne montagneuse, qui va du
sud-est au nord-ouest, et sépare ici le pays relativement élevé que
j'avais traversé du funèbre désert de Lout, où j'allais bientôt
entrer. Plus loin à l'ouest, elle se confond avec la partie nord de ce
désert. Après avoir traversé cette chaîne nous arrivâmes à Toun, ville
murée, de 4 000 habitants. Dans l'enceinte même, il y a de nombreuses
cultures. L'aspect général n'est pas déplaisant.

J'avais ainsi atteint la lisière nord du grand désert, que j'allais
traverser pour la première fois et parcourir souvent dans la suite.
Une courte description en paraîtra ici à sa place. Je dirai d'abord
que divers géographes ont, sans raison suffisante, divisé le grand
désert de Perse en deux régions, celle du nord, le _Dacht-i-Kavir_ et
celle du sud, le _Dacht-i-Lout_. Lord Curzon citant, d'après le
général Houtum Schindler, trois dérivations possibles du mot _kavir_,
choisit avec raison l'arabe _hafr_, qui signifie «marais salin». Ce
mot arabe est encore communément en usage dans la Perse méridionale.
Pour le terme _Lout_, il est sûrement dérivé de Lot, et les guides
montrent souvent, dans le grand désert, des Chahr-i-Lout, ou «cités de
Lot». Ils expliquent que le Tout-Puissant les détruisit par les feux
du ciel, comme les villes sur lesquelles pèsent aujourd'hui les eaux
de la mer Morte.

Après de nombreuses recherches, je suis arrivé à cette conclusion que
le désert de Perse tout entier ne porte que l'unique nom de Lout
(_Dacht-i-Lout_ est une redondance rarement employée) et qu'il
renferme un nombre considérable de _kavir_, dont les caractères sont
partout identiques. J'admets cependant qu'ils sont plus nombreux dans
la partie nord, qui reçoit une plus grande abondance d'eau. Un Persan,
élevé en Angleterre, m'a dit qu'il avait bien vu la route Yezd-Pabas
indiquée sur la carte comme le point où se rencontrent deux déserts,
mais que toutes ses tentatives pour s'assurer sur les lieux de
l'existence d'un désert de _Dacht-i-Kavir_ avaient échoué. Cela avait
diminué son respect pour la cartographie européenne.

[Illustration: Le désert de Lout n'est surpassé, en aridité, par aucun
autre de l'Asie.--D'après une photographie.]

Le grand désert de Lout s'étend du voisinage de Téhéran jusqu'à la
frontière du Baloutchistan britannique, sur une distance dépassant
1 100 kilomètres. C'est le rebord oriental de cette vaste étendue,
dont le point le plus haut, le village de Basiran, que j'ai visité en
1899, s'élève à 1 400 mètres. L'altitude moyenne est d'environ 600
mètres; les points les plus bas, près de Khabis, sont à 300 mètres. La
plus mauvaise partie du Lout est celle qui s'étend entre la Perse
orientale et Khabis, et qui fut traversée par M. Khemikoff vers le
milieu du XIXe siècle. Voici ce qu'il écrit: «On peut imaginer
facilement notre plaisir de nous trouver sains et saufs, après avoir
traversé un désert qui n'est surpassé en aridité par aucun autre de
l'Asie; comparés au Lout, le Gobi et le Kizil-Koum sont, on effet, de
fertiles prairies. J'ai vu l'aspect désolé de l'isthme de Suez. Bien
des parties de cette aride région semblent frappées de la même
stérilité que le Lout, mais ce caractère ne s'étend jamais à d'aussi
vastes surfaces».

Il est admis généralement que le Lout est le fond d'une ancienne mer
intérieure. Cette opinion s'appuie entre autres sur l'existence d'un
volcan actif à Sarhad, du volcan éteint de Kouh-i-Bazamn... et sur
beaucoup de légendes.

Je suis aussi d'avis que, par suite des guerres d'extermination dont
la Perse a souffert, les limites désertiques se sont étendues. La
Perse est un désert, avec des villages séparés par des intervalles de
quelques milles, et péniblement entretenus en vie par le moyen de
l'irrigation. Quand l'eau vient à cesser, les villageois s'en vont;
inversement, quand les villageois ont été tués, les canaux
s'obstruent, l'eau manque et le désert s'agrandit.

En dehors du Lout, il y a bien des régions en Perse où, pendant trois
ou quatre étapes, on ne rencontre pas de villages. Tous ces déserts en
miniature reproduisent les traits du grand. Je dois ajouter encore
que, comme tout l'indique, la chute de pluie a diminué. La cause à la
fois et la conséquence de ce fait, c'est que le pays est à peu près
dépourvu d'arbres. Les deux grandes nécessités pour la régénération
matérielle de la Perse sont donc l'eau et la reforestation.

[Illustration: Avant d'arriver à Kirman, nous avions à traverser la
chaîne de Kouhpaia (page 312).--D'après une photographie.]

J'ai la prétention, que je crois justifiée, d'être le premier Européen
qui ait traversé cette partie du Lout, bien que, au moment où
j'étudiais la question, je fusse persuadé que je suivais les traces de
Marco Polo. D'ailleurs, avec des arrangements convenables, la route
n'offre pas de grandes difficultés, au moins pendant sept mois de
l'année. C'est la principale route de Kirman à Mechhed, et elle est
suivie en conséquence par des milliers de voyageurs, spécialement par
des pèlerins.

Au delà de Toun, nous prîmes la direction du sud et, après avoir
quitté la zone cultivée, nous entrâmes dans un district de collines
basses, noires, brûlées de soleil. Tous les quatre milles, nous
rencontrions des réservoirs d'eau, connus sous le nom de _hauz_, et
consistant en voûtes souterraines, où l'on entre par des escaliers.
L'eau qui s'y trouve est généralement souillée; ils en manquent tout à
fait dans les années sèches.

Pendant la seconde journée, tandis que nous rampions péniblement dans
la plaine, nous vîmes apparaître une chaîne de montagnes neigeuses qui
n'était marquée sur aucune carte. Le lendemain, nous étions au village
de Duhuk, dans une dépression de cette chaîne, dont la hauteur doit
bien atteindre 2 700 mètres et qui s'appelle le Mour Kouch.

Les habitants montraient une curiosité intense et bien naturelle à
voir les premiers Européens venus dans leur pays. Elle était encore
augmentée, nous dirent-ils, par ce qu'ils avaient entendu des pèlerins
sur les miracles accomplis, plus ou moins extraordinaires, par les
Farangis, spécialement à Bombay.

Cette partie du Lout se trouvait beaucoup plus peuplée que nous ne
l'avions cru. Nous passâmes par les villages d'Arababad et de
Zenagoun, d'où une route de 50 milles nous mena à Naïband. Nous fîmes
halte à Ab-i-Garm, qui était un vrai _kavir_, quoique d'un type un peu
anormal. Le district environnant se drainait dans le marais, dans
lequel on trouvait des eaux saumâtres. Les tamaris étaient en
abondance; quelques bêtes à cornes paissaient l'herbe grossière, et
nous levâmes quelques canards.

Le soir, une tempête nous fit perdre de vue la piste qui formait la
route. Voyant que nous n'avions plus d'eau et ne sachant pas à quelle
distance était Naïband, je partis le lendemain, dès l'aurore, et
j'allai en avant à cheval, afin de renvoyer de l'eau à mes compagnons.

À un détour du chemin, j'eus tout d'un coup la vision d'un pays de
féerie. Les montagnes opposées étaient couvertes de palmiers qui se
balançaient dans l'air, et avec lesquels les blés verts faisaient un
contraste exquis. Au sommet, un vieux fort rouge se dressait
pittoresquement. En entrant dans le bois de palmiers, je vis des cours
d'eau coulant dans toutes les directions. De vastes grottes
complétaient le tableau qui était vraiment magnifique.

J'envoyai une provision d'eau à mes compagnons, qui ne tardèrent pas à
arriver. Nous établîmes notre camp au sommet de la montagne, d'où nous
voyions, entre les palmes vertes, le désert jaune et brûlant de Lout
s'étendre jusqu'au bout de l'horizon. J'appris que le village de
Naïband a été fondé il y avait deux siècles comme poste avancé contre
les Baloutches. Nous allions entrer dans la sphère des déprédations de
ce peuple.

Les mules ayant besoin de repos, je passai deux jours à explorer la
chaîne de montagnes voisine, dont la hauteur est d'à peu près 2 800
mètres. Elle est presque entièrement dépourvue d'eau.

L'étape suivante devait être de 40 milles. Elle nous mena à travers de
véritables cités de Lot, collines aux flancs escarpés, donnant des
visions de tours, de maisons et de formes humaines, sous le brillant
clair de lune. Nous atteignîmes, ce jour-là, le caravansérail de
Darband, gardé par un soldat solitaire, qui gagne sa vie en vendant
des provisions à des prix de famine. Le lendemain, nous arrivions à la
petite ville de Rawar, qui a 8 000 habitants, et qui est renommée pour
ses figues et ses grenades; c'est aussi un centre de l'industrie des
tapis. À Ab-Bid, nous nous vîmes entourés soudain d'une bande
d'Arabes, qui, après nous avoir inutilement demandé de l'argent, se
mirent en devoir de piller le caravansérail. Deux hommes vinrent nous
raconter la chose, nous priant de les aider à recouvrer leurs biens.
«Volontiers», répondîmes-nous. Ce fut un vrai plaisir de faire
dégorger leur vol à ces bandits. Tout d'abord, ils tirèrent leurs
couteaux; mais la vue de deux revolvers les terrorisa, et finalement,
ils rendirent tout ce qu'ils avaient pris.

Notre campement suivant fut établi à Hur, petit hameau occupé à
l'origine par quelques familles de soldats, mis là pour garder le pays
contre les Baloutches. Puis vinrent les étapes de Gwark et de Tejen.
Avant d'atteindre Khabis, la route traverse le fameux Kar-i-Chikan, ou
défilé de «la Destruction des ânes». Un immense rocher la barre, de
telle sorte qu'il faut décharger tous les animaux et prendre leurs
charges à la main. Un peu de dynamite suffirait pour remédier
promptement au mal.

La petite ville de Khabis, où nous arrivâmes ensuite, a 8 000
habitants environ; elle produit d'excellentes dattes, des oranges, du
henné, et c'est une station d'hiver fréquentée. Elle fut plusieurs
fois au pouvoir des Afghans, avant que la dynastie Kadjar fût
solidement établie en Perse. Le Rev. A. R. Blackett, de la _Church
Missionary Society_, qui a visité Khabis en 1900, me raconte qu'il y a
trouvé les ruines de ce qui était probablement une église chrétienne,
dans un groupe de constructions connu sous le nom d'_Akus_, à un mille
à l'est de la ville.

Avant d'arriver à Kirman, nous avions encore à traverser la chaîne de
Kouhpaia, par le col de Goudai-i-Khouchab, qui s'élève à 2 200 mètres;
nous campâmes au petit village d'Amaristan, et le lendemain matin,
nous nous élevions jusqu'au Gudar-i-Galgazut, d'où nous ne tardâmes
pas à descendre par degrés sur la plaine de Kirman.

Au point où cessent les montagnes, se dresse un vieil érable, à
l'ombre duquel le voyageur fatigué peut contempler une des grandes
cités de la Perse. Cependant l'aspect de Kirman n'offre pas une
apparence imposante, les maisons et le sol étant uniformément de
couleur khaki. Près des limites de la ville, le quartier des
zoroastriens, qui a été détruit par les Afghans, montrait tous les
signes d'une mélancolique décadence, tandis qu'à gauche des collines
de calcaire étaient couvertes par des forts en ruines. Après avoir
traversé une bande de jardins et de maisons, nous atteignîmes les
murailles, et j'entrai pour la première fois à Kirman, ne pensant
guère que je devais avoir, plus tard, de si nombreux rapports avec
cette ville.

  (_À suivre._)     _Adapté de l'anglais par_ H. JACOTTET.

[Illustration: Rien n'égale la désolation du désert de Lout (page
310).--D'après une photographie.]

Droits de traduction et de reproduction réservées.



  TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.--27e LIV.         Nº 27.--8 Juillet 1905.

[Illustration: La communauté zoroastrienne de Kirman vint en chemin
nous souhaiter la bienvenue (page 318).--D'après une photographie.]



À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[1]

         [Note 1: _Suite. Voyez page 301._]

Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan._

     II. -- La province de Kirman. -- Géographie: la flore, la faune;
     l'administration; l'armée. -- Histoire: invasions et
     dévastations. La ville de Kirman, capitale de la province. -- Une
     saison sur le plateau de Sardou.


[Illustration: Un marchand de Kirman.--D'après une photographie.]

La province de Kirman a toujours eu, depuis qu'elle est apparue dans
l'histoire, une importance considérable, sinon de premier ordre.
Peut-être, étant donné la configuration physique du pays, son étendue
est-elle approximativement aujourd'hui ce qu'elle était il y a deux
mille ans. D'autre part, la différence est minime entre le nom
classique de _Kermania_ et celui de Kirman.

Au point de vue géographique, la province, qui est presque aussi
grande que la France, offre un réel intérêt, ne fût-ce que pour la
différence des climats, des productions naturelles et des populations
que l'on y rencontre. Sur une grande étendue, le pays est plat, les
palmiers prospèrent; le froment et l'orge poussent en hiver et sont
moissonnés au premier printemps. Dans quelques régions, le Djiruft,
par exemple, de beaux plateaux, montant jusqu'à 2 700 mètres,
constituent la partie la plus méridionale du principal système
orographique de la Perse, dans lequel les chaînes se dirigent
approximativement vers le nord-ouest. Dans la partie sud du Kirman, on
trouve des pics qui atteignent presque 5 000 mètres. Dans le nord et
dans l'est de la province, l'altitude décroît progressivement;
cependant les montagnes qui avoisinent la capitale sont élevées, mais
au delà s'étendent les basses dépressions désertes du Lout.

La meilleure description qu'on puisse donner de l'ensemble de la
province est d'ailleurs qu'elle consiste en partie en désert pur et
simple, en partie en désert diversifié par des oasis. Ainsi, le désert
s'étend bien à l'ouest, au sud et à l'est de Kirman; mais, à une
distance de quelques milles, on trouve de petits hameaux, et sur
certains points des villages, entretenus en vie par des sources
blotties dans les montagnes, et dont l'eau est amenée à la plaine par
des _kanats_. Dans certains cas, la première source peut se trouver à
120 mètres de profondeur, et de nouveaux puits doivent être creusés à
des distances de quelques mètres. Il est impossible de ne pas admirer
la patiente industrie des paysans, qui réussissent à assurer leur
existence au prix des plus grandes difficultés. Souvent, une forte
pluie ou une trombe de sable vient, en effet, obstruer les canaux.

Naturellement, les rivières sont sans importance. Le _Halil Roud_
mérite seul d'être mentionné. Il naît au sud de la grande chaîne dont
j'ai parlé, coule à travers le district de Djiruft, et se jette dans
la rivière de Bampour. On n'a fait jusqu'ici aucune tentative pour
utiliser son eau.

On n'a pris aucune mesure de la chute des pluies dans la province.
Comme elle est de 25 centimètres environ à Téhéran, on peut admettre
pour Kirman une moyenne de 17 centimètres, ou même moins. Mais il y a,
à ce point de vue, des différences entre les districts. Celui de
Djiruft est le plus favorisé.

Dans les hauts plateaux, le commencement du printemps est gâté par
d'incessantes rafales et des tempêtes de poussière venues pour la
plupart du sud-ouest. Les pluies d'orage sont fréquentes dans les
bonnes années. À Kirman, au milieu de l'été, les jours sont chauds,
mais les nuits sont agréables, et la brise souffle presque chaque
après-midi. Les chaleurs sont passées vers le milieu de septembre.
Après l'équinoxe d'automne, un brouillard dense règne pendant quelques
jours. C'est sans doute la brume dont Marco Polo parle en ces termes:
«Et vous devez savoir que lorsque les _Caraonas_ veulent faire une
incursion de pillage, ils ont certains enchantements diaboliques, au
moyen desquels ils répandent l'obscurité sur la face du jour, à tel
point que vous pouvez à peine reconnaître votre camarade chevauchant à
côté de vous, et ils peuvent faire durer cette obscurité jusqu'à sept
jours.»

[Illustration: Le «Dôme de Djabalia», ruine des environs de Kirman,
ancien sanctuaire ou ancien tombeau (page 321).--D'après une
photographie.]

À part cette exception, l'automne est délicieux, quoique les Persans
en trouvent la température fiévreuse. Cela s'explique, parce qu'ils
mangent trop de fruits. En hiver, il y a de fortes gelées, avec des
jours qui sont encore d'une clarté admirable. Il y a généralement un
jour de pluie vers la fin de novembre, et une légère chute de neige en
décembre. En janvier, quand l'année est bonne, on compte trois ou
quatre lourdes chutes d'une neige qui ne tarde pas à fondre dans les
plaines. Ainsi chante le poète Omar Khaygam: «L'espérance du monde à
laquelle les hommes mettent leurs coeurs devient cendre ou se réalise;
et de nouveau, comme la neige sur la face poudreuse du désert,
brillant une petite heure à peine, elle s'en va».

Mais en même temps, sans les montagnes dans lesquelles «les trésors de
la neige sont en réserve pour les temps de trouble», la Perse du
sud-est serait, autant que j'en puis juger, inhabitable. Dans le
Garmsir, les mois d'hiver sont fort agréables; mais, même en mars, une
tente devient horriblement chaude, et l'été est à la fois éprouvant et
malsain, quoique, sur beaucoup de points, il y ait des montagnes
fraîches, d'un accès facile.

La population de cette grande province compte peut-être 750 000
habitants, qui peuvent se diviser en sédentaires et nomades, ceux-ci
très nombreux. Les gens des villes et des villages sont, pour la
plupart, des Iraniens. Les hordes des envahisseurs successifs ont
mené, presque dans tous les cas, une vie errante, la même à peu près
qui nous est décrite dans le Livre de Job.

Le voyageur qui vient d'Europe trouve la stérilité du pays
épouvantable, et, chose triste à dire, elle ne fait que croître. À
mesure que la population devient plus stable, les provisions de bois
s'épuisent, spécialement par la main des charbonniers--il n'y a pas de
mines de houille,--et peu de chaînes possèdent quoi que ce soit qui
ressemble à une forêt. On ne trouve généralement que des fourrés
dispersés; l'un donne la gomme «tragacanthe» qui est appréciée dans le
commerce; un autre l'_assa foetida_. Les montagnes, m'a-t-on dit,
possèdent toutes sortes de plantes alpines.

Voyager dans le sud de la Perse signifie généralement marcher sur un
sol dont la réverbération est aveuglante, entre des chaînes de
montagnes pierreuses. Le voyageur lassé salue avec enthousiasme la
moindre petite source; même un saule rabougri lui semble une chose
admirable, dans une si vaste étendue sans arbres.

[Illustration: À Kirman: le jardin qui est loué par le consulat, se
trouve à un mille au delà des remparts (page 320).--D'après une
photographie.]

Les principales productions du pays sont le froment, l'orge, l'opium;
les plantes d'automne, sur les plateaux inférieurs, sont le millet, le
coton et la betterave; sur les hauts plateaux et dans les vallées, on
cultive beaucoup de pois. Dans le Garmsir, les céréales d'été sont le
riz et le maïs. Le précieux henné est aussi une source de richesse,
spécialement pour Bam et Khabis. On cultive encore les melons, les
pastèques, le raisin, les lentilles, les concombres, les choux, les
laitues, les oignons, etc. Les pommes de terre commencent à acquérir
une certaine popularité. Des fruits de toute espèce croissent avec la
plus grande facilité: pommes, poires, abricots, mûres, coins,
nectarines, pêches, prunes, cerises, figues, grenades, amandes,
avelines, noisettes, noix, pistaches; mais comme on n'en prend aucun
soin, ils sont généralement d'une saveur médiocre. Cependant les
oranges et les citrons de Khabis et de Bam sont excellents, et les
pistaches de la province sont renommées.

Les arbres, qui, presque tous, ne peuvent prospérer que par
l'irrigation, sont en petit nombre. Le platane vient au premier rang;
puis viennent le peuplier, le saule ordinaire et le saule pleureur,
l'orme, l'olivier de Bohême, le cyprès, le pin, l'acacia et l'aubépine
à la senteur délicieuse. Les fleurs les plus répandues sont les roses,
qui croissent presque à l'état sauvage, et le jasmin. Les semences
d'Europe sont fort appréciées, les Persans étant très grands amateurs
de floriculture. On emploie beaucoup d'eau de rose, même pour en
boire.

En ce qui concerne la faune sauvage, le léopard fréquente les
montagnes, mais on le rencontre et on le tue rarement. On peut dire la
même chose de l'ours. Les moutons sauvages et les bouquetins m'ont
donné l'occasion de plus d'une chasse, et l'on trouve des gazelles
dans toutes les plaines. On rencontre occasionnellement des loups, des
hyènes, des chacals, des renards, des chats et des ânes sauvages et
des sangliers. Le gibier à plume est représenté par des perdrix de
diverses espèces, des grouses des sables et des pigeons. Les cailles
sont rares, de même que les canards.

Actuellement encore, comme aux premiers temps de la monarchie perse,
la province est administrée par un gouverneur général tenu comme
responsable de la rentrée des impôts, et obligé de payer au shah un
_pichkach_, ou présent officiel; les ministres reçoivent, eux aussi,
quelques gratifications. Grâce à la coutume de donner des salaires aux
descendants de presque tous les fonctionnaires et même à chaque
khan--on m'a parlé d'un fonctionnaire recevant 172 salaires pour
lui-même et pour ses parents,--il arrive que tout le revenu de la
province, qui monte, abstraction faite du _pichkach_ et du bénéfice du
gouverneur, etc., à 315 000 tonneaux, soit 1 575 000 francs, est
dépensé sur les lieux mêmes.

Pour maintenir l'ordre dans la province, il y a deux régiments
d'infanterie, dont quatre compagnies environ sont toujours sous les
armes. Il y a aussi une poignée d'artilleurs, avec quelques batteries
de campagne. Le Bam et le Narmachir ont ensemble un régiment, dont une
moitié est en garnison au Baloutchistan. Les soldats ont, en général,
bonne façon, et sont durs à la fatigue. Mais leur matériel est
défectueux, tandis que les brigands possèdent généralement des fusils
Martini.

D'après Hérodote, les _Kermanii_ formaient une des douze tribus de la
Perse, et la province de Kirman faisait partie de la quatorzième
satrapie. Strabon la décrit comme très fertile. Ainsi que nous le
verrons tout à l'heure, elle fut traversée de l'est à l'ouest par
Alexandre. Je n'ai trouvé aucune mention de Kirman à l'époque des
Parthes, mais la province devint fameuse lorsque, après la conquête du
Fars, elle fut prise par Ardechis, fils de Papak, fondateur de la
dynastie nationale des Sassanides, qui dura jusqu'à la conquête arabe.
Pendant le règne de cette dynastie, la province, éloignée des
frontières de l'ouest et du nord, jouit d'une paix complète.

À l'époque où la secte nestorienne se propagea en Perse, Kirman devint
un diocèse dépendant du métropolitain de Fars. Chose curieuse, la
Perse était à ce point identifiée avec le christianisme, qu'en Chine,
un décret de l'empereur I-ouen-tsoung parle des églises comme de
«temples persans».

[Illustration: Une avenue dans la partie ouest de Kirman.--D'après une
photographie.]

Le dernier des rois sassanides, le malheureux Yezdigerd, se retirant
devant les soldats d'Omar, séjourna quelque temps à Kirman, avant de
fuir dans le désert.

La révolte qui eut lieu en Perse après la mort d'Omar eut pour effet
de resserrer davantage encore les liens de la conquête arabe, surtout
pour les provinces les moins éloignées du centre de la domination,
comme l'était celle de Kirman. Des forts furent construits et des
colonies d'Arabes introduites, spécialement dans le pays chaud, les
fidèles de Zoroastre tenant encore les hauts plateaux, trop froids
pour les Arabes.

Nous ne suivrons pas l'histoire du Kirman pendant les deux siècles de
la conquête arabe, et après la fondation de dynasties nationales
indépendantes du califat. Ce serait refaire l'histoire entière de la
Perse. Le Kirman lui-même eut quelques souverains indépendants,
Abou-Ali, un chef de brigands, et la dynastie des Deilamites. Puis,
lors des conquêtes des Seldjoucides, qui suivirent la mort du sultan
Mahmoud de Ghazna, Malik-Kaouard, fils de Chakar-Beg, se tailla un
empire dans la province de Kirman; sa dynastie dura un siècle et demi.
Cette période a vu naître deux historiens, dont les ouvrages n'ont pas
été traduits dans une langue européenne. Les deux souverains les plus
notables de cette dynastie furent Malik Chah et Arslan Chah. Ce
dernier, durant un règne prospère de quarante ans, fit faire de grands
progrès au Kirman, de telle sorte qu'on put le comparer avec avantage
au Khorassan et à l'Iran; des caravanes venant de toutes les
directions, passaient à travers la province; le Fars et l'Oman étaient
soumis au Kirman. Togrou Chah lui succéda; mais, à sa mort, les
rivalités de ses trois frères réduisirent la province à un état
d'anarchie.

Elle fut ensuite envahie par la tribu des _Ghazz_, qui venaient de
piller Merv, et qui la transformèrent, en quelques années, en un
désert. Cette tribu fut finalement écrasée par l'armée de l'atabeg
Sad-bin-Zangi, et depuis lors elle ne devait plus relever la tête.
Elle est maintenant représentée par les Rais, tribu nomade sans
importance.

[Illustration: Les gardes indigènes du consulat anglais de
Kirman.--D'après une photographie.]

Le Kirman eut le bonheur rare d'échapper aux ravages de la conquête
mongole, la plus terrible dont l'histoire fasse mention. Mais
l'invasion de Gengis-Khan n'en eut pas moins une répercussion
indirecte sur ses destinées. Un officier du khan des Kara-Kitaï,
Borak-Hadjib, passant par la province, s'en improvisant gouverneur,
demanda et obtint l'investiture de Gengis-Khan. Il mourut en 1234. Il
fut remplacé par son cousin et gendre Koutb-ou-Din, qui, après s'être
vu disputer le pouvoir par son beau-frère, devint de nouveau
gouverneur, et mourut en 1258 des suites d'une blessure reçue d'un
bouquetin, dans la chaîne de Djoupar, la même année où le calife
Mostasim-Billa était mis à mort par Houlagou, fils de Gengis-Khan.

À Koutb-ou-Din succéda sa veuve, sous laquelle le pays prospéra. Elle
fonda des villages et fit creuser des kanats; c'était elle qui
occupait le trône lorsque Marco Polo passa par la province, à son
voyage de retour. Elle mourut vers l'an 1282. Une autre femme qui
régna sur le Kirman fut Padchah Katoun; souveraine remarquable; elle
eut aussi une réputation comme poétesse. Il est intéressant de noter
que, pendant cette période, l'île d'Ormuz fut tributaire du Kirman.

En 1340, Mobauz-u-Din fonda la dynastie des Mouzaffar, qui régna
jusqu'à Tamerlan. Le conquérant tatare la détruisit en 1393. La gloire
principale de cette dynastie est peut-être d'avoir été célébrée par le
poète Hafiz. Le Kirman fut alors donné à Amir-Adugui, neveu
d'Amir-Jargui, de la tribu des Barlas, celle même à laquelle
appartenait le conquérant.

Vers 1450, Djahan-Chah, fils de Kara-Yousouf, et le membre le plus
fameux de la dynastie turkomane des Kara Koinlou ou Moutons Noirs,
envahit l'Iran, conquit Ispahan et ordonna un massacre général. Il
envoya son fils Abd-oul-Kasim à Kirman, qui capitula sans résistance.
L'autorité de ce gouverneur fut bientôt si solidement établie, qu'il
fut capable de rejoindre son père, occupé à conquérir Hérat. Mais les
Moutons Noirs furent à leur tour vaincus par les Moutons Blancs, et le
Kirman fut donné au fils du chef victorieux de cette dynastie,
Onzoun-Hassan. En 1470, la province de Kain fut réunie à celle de
Kirman; en 1473, toutes deux furent réunies au Fars, sous le
gouvernement de Chah-Kalil.

Plus tard, et après la fondation, au commencement du XVIe siècle, de
la grande dynastie des Sefair, la province de Kirman n'a plus
d'histoire, et il est inutile de donner ici la liste de ses
gouverneurs.

Lors de l'invasion de la Perse par l'Afghan Mahmoud, la ville de
Kirman fut vainement assiégée une première fois par les envahisseurs;
mais, une seconde fois, en 1720, elle dut capituler. Lorsque, peu de
temps après, en 1735, Nadis-Chah, le dernier grand conquérant
asiatique, eut envahi à son tour l'Afghanistan, il fut accompagné par
un détachement de Kirmanis, que commandait Iman Verdi Beg, et dans
lequel étaient représentés les sectateurs de Zoroastre.

Durant l'anarchie qui suivit son assassinat, en 1747, il semble que
les Afghans pillèrent de nouveau Kirman et détruisirent le quartier de
Zoroastre, imparfaitement protégé par un mur à demi construit. Après
quoi, Chahrouk-Khan s'empara de la province. En 1758, il fut assassiné
par Mourah-Khan.

En 1793, Louth-Ali-Khan s'étant réfugié dans la ville, y fut assiégé
par Afgha-Mohammed. Sa position étant désespérée, il jeta une planche
sur les fossés et s'échappa à Bam. Là, il fut trahi par son hôte,
aveuglé et finalement mis à mort. La ville dut subir des horreurs dont
elle ne se relèvera pas avant un siècle encore. 20 000 femmes et
enfants furent emmenés en esclavage, et le brutal vainqueur compta
70 000 yeux qu'on lui avait apportés. «Si un seul avait manqué,
j'aurais pris les vôtres», dit-il à ses ministres. Pendant de longues
années, Kirman ne fut plus qu'une ville désolée, peuplée d'aveugles.
Elle fut gouvernée d'abord par Mohamed Taki, puis par Ibrahim Khan
qui, pendant les vingt années de son administration, rendit quelque
prospérité à la province épuisée; il reconstruisit la ville à l'ouest
de son site primitif, creusa des kanats et fonda des villages.

Agha-Khan, nommé gouverneur en 1839, est connu par une rébellion qui
dura trois ans. Le dernier des grands gouverneurs du Kirman est
Mohamed-Ismaïl-Khan (1860-1869). La province lui doit un renouveau de
prospérité; il construisit la plupart des caravansérails actuellement
existants, les bazars de Kirman et de nombreux villages. Le gouverneur
actuel est Mirza-Mahmoud-Khan, Ala-oul-Moulk, qui fut ambassadeur à
Constantinople, et qui doit trouver que Kirman est bien loin du reste
du monde.

[Illustration: La plus ancienne mosquée de Kirman est celle dite
Masdjid-i-Malik (page 321).--D'après une photographie.]

En octobre 1894, on me donna la mission de créer un consulat à Kirman
et dans le Baloutchistan persan. Je l'acceptai avec plaisir, bien que
pécuniairement le profit en fût maigre, et je m'y rendis accompagné de
ma soeur, qui a publié ses impressions de voyage et de séjour dans son
ouvrage intitulé _Through Persia on a Side Saddle_. Nous nous rendîmes
à notre poste par Enzeli, Téhéran, où nous demeurâmes quelque temps,
Koum, Kachan, Yezd, Bahramabad.

À 4 milles de Kirman, un général vint me souhaiter la bienvenue et
m'offrir le thé sous la tente. Les environs de la ville comptent
d'ailleurs quelques maisons de thé. À ma grande surprise, je vis
arriver un cheval microscopique, couvert de velours éclatant et
harnaché d'or. C'est sur cette monture que je devais faire mon entrée
en ville. Le _Sahib Divan_ l'avait envoyé tout exprès pour moi. Je pus
heureusement me débarrasser de cette pénible obligation en alléguant
que étant revêtu de mon uniforme, j'étais obligé de me servir d'une
selle militaire, et que ma selle évidemment n'irait pas à un poney
d'aussi petites dimensions.

[Illustration: Membres des cheikhis, secte qui en compte 7 000 dans la
province de Kirman (page 322).--D'après une photographie.]

Lorsque nous nous fûmes entendus sur ces préliminaires, nous nous
mîmes en marche vers la ville, avec une lenteur désespérante, précédés
d'une troupe d'environ deux cents cavaliers et de nombreux chevaux
tenus en laisse. Les commerçants hindous et la communauté
zoroastrienne nous souhaitèrent la bienvenue en chemin. À la porte
occidentale, une fanfare sonna, et une centaine de _faraches_ et de
porteurs de masses se joignirent au cortège, qui passa lentement le
long des étroits bazars, dans lesquels tout trafic était suspendu.

[Illustration: La Masdjid Djami construite en 1349, une des
quatre-vingt-dix mosquées de Kirman (page 322).--D'après une
photographie.]

Le jardin qui avait été loué pour le consulat était à un mille au delà
des remparts; mais, avec le temps, nous finîmes par l'atteindre. On
nous poussa dans les escaliers pour nous offrir une seconde fois du
thé. Après quoi, à mon grand soulagement, ceux qui avaient participé à
l'_istikbal_, ou réception, s'en allèrent.

La capitale de la province de Kirman a été, dès l'aurore de
l'histoire, un centre important, mais il est certain que l'ancienne
_Karmana_ n'occupait pas le même emplacement que la ville
d'aujourd'hui. Kirman, qui s'appela d'abord la «cité de Bardchii», fut
fondé, d'après Afzal-Kermani, par Ardechir, fils de Babak.
Abou-Ali-Mohammed ibn Ilias en fit la capitale de la province, à la
place de Sirjan. Son but était évidemment de s'établir aussi loin que
possible de la trop puissante famille des Deilami, dans la province de
Fars.

Comme c'est souvent le cas des villes de Perse, Kirman dépend des
kanats pour son approvisionnement d'eau. Elle est située dans une
dépression, à l'altitude de 1 730 mètres, au pied d'une chaîne
calcaire, qui dominait autrefois la ville. Elle est de tous côtés
entourée par le désert, qui est absolument nu, tous les buissons ayant
été déracinés pour servir aux fours à briques et aux bains; mais,
comme elle est à la jonction de plusieurs routes, sa position en fait
naturellement un centre de commerce. Le mont Djoupa, qui s'élève à
près de 4 000 mètres, à environ 30 milles au sud-est, forme le trait
principal du paysage; la chaîne qui forme le bastion oriental du
plateau de l'Iran est à peu près de même altitude, mais plus
apparente. Au nord, se dresse la chaîne, haute et escarpée, de
Kouhpaia; plus loin, à l'ouest, le pic Kouh-i-Chah Timorz. Au
sud-ouest, au sud et au sud-est s'étend une large zone de collines
sablonneuses, qui rendent la vie désagréable lorsque la brise souffle.
Cela, et peut-être la rareté de l'eau, en même temps que la haute
altitude, explique la grande salubrité de la ville; mais ce sont
autant d'obstacles à son développement, car, avec si peu de terres en
culture, le pain à bon marché est presque hors de question. Même
l'approvisionnement en fruits de la capitale ne peut venir que de
Djoupar et de Mahoun.

Quand on arrive à Kirman en venant de l'est, la ville présente une
apparence assez confuse de minarets et de mosquées, entourés de ruines
presque de chaque côté; l'harmonie est un peu rétablie par les hautes
murailles des glacières, à l'ombre desquelles l'eau est gelée. Mais
d'une façon générale, comme dans toute l'Asie, les approches de la
ville sont extrêmement sordides.

Les deux forts qui dominent la ville étaient autrefois le centre de la
vie. Celui qui est connu sous le nom de Kala-Ardechir couvre la crête
et les ramifications d'un rocher, qui se dresse à 150 mètres au-dessus
de la plaine. Les murs, construits de briques séchées au soleil, de
dimensions colossales, sont encore presque entiers et reposent en
partie sur des fondations de pierre. Au-dessous, sur un éperon
occidental, se dresse un second réduit, relié autrefois par une
poterne dont on retrouve quelques traces, avec l'ouvrage principal. Un
chemin qui tourne, en longeant un cours d'eau, monte, du côté du
nord-ouest, à la crête, qui possède une triple ligne de défense assez
semblable à celle du Kalah-i-Bandar de Chiraz. On y jeta tant de
victimes assassinées, que le Vakil-ul-Mulk ordonna qu'il fût comblé.

Entre ce fort et le second, plus petit et connu sous le nom de
Kala-i-Dukhtar, ou Fort de la Vierge, s'élevaient les principaux
bâtiments, y compris le palais et la mosquée; c'est dans une partie de
ce terrain qu'on a trouvé des briques lustrées; les gens du pays, qui
viennent prendre la terre des ruines pour en faire de l'engrais, m'en
ont souvent offert, et dans le nombre il y en avait de très belles.

Le Kala-i-Dukhtar est beaucoup plus bas que l'autre fort; il borde
deux crêtes qui se coupent à angle obtus, et il est si étroit qu'on
s'en servait seulement comme d'un chemin couvert. Au contraire,
Kala-Ardechir était très bien aménagé.

Sur l'éperon sud de la roche principale, est un rocher détaché. À
partir de la moitié de sa hauteur, un escalier de cent quarante-trois
marches, qui semble relativement moderne, est taillé dans le roc. Il
domine l'ancienne ville, dont la muraille partait d'un point situé
immédiatement au-dessous. Plus au sud est le quartier désert de
Farmitan, avec ses nombreuses maisons en pisé, presque intactes.

[Illustration: Dans la partie ouest de Kirman se trouve le
Bagh-i-Zirisf, terrain de plaisance occupé par des jardins.--D'après
une photographie.]

À l'angle sud de la chaîne s'ouvre une dépression, avec une
plate-forme terminant le rocher, et surmontée d'une tombe en l'honneur
de Reza Kouli Beg. Au-dessous sont les restes d'un réservoir, que
remplissaient autrefois les eaux du Bahramjird.

Dans la plaine, parmi les ruines nombreuses, on trouve un bâtiment en
pierre, de forme octogonale, surmonté d'un dôme en parenthèse, avec un
diamètre intérieur de 12 mètres, chaque face mesurant 6 mètres. On le
connaît sous le nom de Djabalia, et c'est à peu près le seul bâtiment
en pierre de Kirman. Les Persans croient fermement que c'est là le
«Dôme des Gabrs». On a dit aussi que c'était la tombe de
Seid-Mohammed-Tabachiri, mais cela est contesté. Au sud, tout près de
la petite chaîne nue de calcaire, est un groupe de constructions en
pisé, connues sous le nom de Tandarustan, et qui sont fréquentées en
partie par des disciples de Zoroastre, en partie par des musulmans. On
y expose des offrandes de viandes, et si les _péris_ ou bonnes
divinités les mangent, le voeu qu'on forme en même temps sera
accompli. C'est peut-être la survivance corrompue de l'usage parsi de
faire des offrandes aux morts.

En se dirigeant à l'ouest, on approche du Bagh-i-Zirisf, le terrain de
plaisance de Kirman. Il consiste en un certain nombre de jardins, et
couvre une superficie d'environ 250 hectares. Au delà, on atteint de
nouveau les anciennes murailles de la ville, et, en les longeant, on
arrive au quartier zoroastrien moderne. Plus loin, au nord, est leur
ancien faubourg, détruit par les Afghans, et dont la principale ruine
est connue sous le nom de Khana Farang, ou «Maison Européenne».
Immédiatement en dehors des murs est le champ de courses, qui a
environ 800 mètres de longueur.

La ville actuelle de Kirman est entourée d'une muraille en bon état,
qui est percée de six portes, dont l'une, connue sous le nom de
_Sultani_, est censée avoir été l'oeuvre de Chah-Rouk. La forme est
irrégulière, son diamètre étant exactement d'un mille anglais (1 609
mètres) de l'est à l'ouest, et un peu plus du nord au sud. Elle est
divisée en cinq quartiers, portant les noms de Chahr, Khodja-Khizr,
Koutbabad, Meidan-i-Kala, Chah-Actil. On peut y ajouter les trois
quartiers extra-muraux de Gabri, Mahouni, You-Mouidi.

Touchant aux murs de l'ouest est l'Arche ou Fort, où réside le
gouverneur général. On y trouve aussi le bureau du Télégraphe, les
casernes et l'Arsenal. Ces bâtiments sont, pour la plupart, de
construction moderne; ils sont beaux et en bon état. Un grand jardin
entoure les appartements particuliers de Son Excellence.

Les mosquées ne sont pas sans intérêt. La plus ancienne est la
Masdjid-i-Malik. Elle fut fondée par le Seldjoucide Malik-Touran-Chah,
qui régna de 1084 à 1096. L'historien Mohamed Ibrahim, qui vivait au
XVIe siècle, dit qu'il la vit debout, mais en ruines. Depuis lors,
elle a été reconstruite; elle couvre un vaste espace, mais on ne peut
dire qu'elle soit belle.

On peut encore mentionner, parmi les quatre-vingt-dix mosquées de
Kirman, la Masdjid Djami, ou Masdjid Mouzaffar, construite en 1349, et
la Masdjid-i-Pa-Minas, construite en 1390. Parmi les six _madarsi_
(pluriel de _médressé_) la plus belle est celle qui fut fondée par le
Zahis-u-Dola. Il y a encore dans la ville cinquante bains et huit
caravansérails.

Jusqu'en 1896, année où il fut détruit par un tremblement de terre, le
plus notable des édifices de Kirman était le Kouba Sabz, ou Dôme Vert.
C'était la tombe de la dynastie des Kara Khites, et elle faisait
partie de la médressé de Turkabad. La Kouba était un curieux bâtiment
cylindrique, d'à peu près 16 mètres de haut, avec des mosaïques d'un
bleu verdâtre, le dallage intérieur montrant des vestiges d'une riche
dorure.

Non loin est une pierre, sculptée d'une façon exquise, avec des
versets du Coran en caractères koufiques et _nachk_, insérés dans la
muraille d'un bâtiment carré et recouvert d'un dôme, orné dans le même
style que la Kouba Sabz. Une voûte au-dessous montre évidemment que
c'était une tombe; mais la seule information que je pus obtenir à ce
sujet à Kirman, c'est qu'elle est connue sous le nom de Khodja-Atabeg,
ou Sang-i-Atabeg.

Kirman, que, dans la phraséologie orientale, on nomme _Das-ul-Aman_,
ou «demeure de la Paix», peut avoir, avec ses faubourgs, une
population d'un peu moins de 50 000 habitants. Au point de vue
religieux, elle est ainsi répartie entre les diverses sectes:
Musulmans chiites, 37 000; Musulmans sunnites, 70; Babis Behai, 3 000;
Babis Ezeli, 60; Cheikhis, 6 000; Soufis, 1 200; Juifs, 70;
Zoroastriens ou Parsis, 1 700; Hindous, 20.

Les Babis, disciples de Mirza-Ali-Mohammed, de Chiraz, exécuté en
1848, font, en secret, beaucoup de prosélytes. Ils ont des principes
élevés: ils veulent des relations amicales entre tous les hommes,
l'abolition des guerres religieuses, l'étude des sciences utiles, etc.
L'expansion des doctrines du Bab pourrait aider puissamment à la
régénération de la Perse. Les Babis se sont divisés en Ezeli ou Behai,
selon qu'ils suivent les doctrines de Mirza-Yahya, _Sub-i-Ezel_,
successeur désigné par le Bab lui-même, ou celles de Mirza-Husein-Ali,
_Beha-Ulla_, son frère aîné, qui se déclara chef de la secte en 1866.

[Illustration: Les environs de Kirman comptent quelques maisons de thé
(page 318).--D'après une photographie.]

La secte des Cheikhis a, quoiqu'on ait soutenu le contraire, des vues
identiques à celle des Babis. Elle a été fondée par Cheikh-Ahmad,
d'Ahsa ou Lahsa, dans les îles Bahreïn, qui naquit aux environs de
1750. La secte compte environ 7 000 adeptes dans la province de Kirman
et 50 000 en Perse. Son chef actuel est Hadji-Mohammed-Khan, un homme
d'apparences distinguées, de manières charmantes, possédant une
connaissance du monde extérieur qui rend sa société très agréable, et
entièrement dégagé de tout fanatisme.

Les Juifs de Kirman sont dans une condition misérable; ce sont de
petits commerçants, d'une rapacité absurde, assimilant l'extorsion au
profit. C'est un rameau d'une colonie plus nombreuse, établie à Yezd,
et qui doit être venue de Bagdad.

Les Zoroastriens, intéressants par la survivance d'un très ancien
culte, le sont aussi par la pureté de leur sang. Ce sont des Iraniens
authentiques, sans ce mélange de sang arabe, mongol et turc, que des
invasions successives ont apporté en Perse. Ils forment une race plus
belle et plus saine que leurs coreligionnaires musulmans; leurs
coreligionnaires de Bombay offrent un exemple de la détérioration
physique que produit sûrement le climat de l'Inde.

Au point de vue industriel, Kirman était, jusqu'à une date toute
récente, spécialement célèbre pour ses châles, mais actuellement elle
l'emporte par les tapis. Ces produits sans rivaux de ses métiers sont
tissés en soie et laine, et leur finesse, leurs couleurs brillantes,
en font incontestablement les plus remarquables que le monde ait vus;
tout autre paraît commun à côté d'eux. Les modèles sont très anciens,
et évidemment antérieurs au mahométisme; des figures humaines y sont
fréquemment représentées, mais ce sont surtout les fleurs stylisées
qui en constituent le dessin; et le mélange de leurs couleurs est
admirable.

[Illustration: Une «tour de la mort» ou les zoroastriens exposent les
cadavres.--D'après une photographie.]

À Kirman même, on compte environ un millier de métiers. Chaque tapis
est exécuté par un maître tisseur et deux ou trois petits garçons,
travaillant d'après une formule qui est récitée et qui contient
beaucoup de mots archaïques; on dit que ces formules ont été
transmises oralement de père en fils pendant de longs siècles. On
n'emploie ni femmes, ni filles à ce travail. Les couleurs d'aniline,
qui ont presque ruiné l'industrie des tapis des nomades, sont
soigneusement évitées.

Le châle est tissé de poil de chèvre ou de laine. Comme pour les
tapis, les modèles sont appris par coeur; le travail est beaucoup plus
fin et ne peut être exécuté que par des enfants.

D'autres industries, de moindre importance, sont la fabrication de
feutres, d'_abas_ (la robe de dessus, d'origine arabe, que portent les
Persans), les objets en bronze, etc.

Mon séjour à Kirman a toujours été fort agréable; dans aucune partie
du monde, nous n'aurions pu être traités avec plus de considération,
et à mon avis les injures lancées contre les Persans par des Européens
qui n'avaient jamais appris leur langue sont tout à fait imméritées.
Les Persans sont, en général, extrêmement courtois et spirituels, et
leur esprit de repartie est proverbial. Français par leur politesse et
leur amour des compliments, ils sont tout à fait Anglais en ce qu'ils
considèrent comme le meilleur emploi de leur argent d'acheter de la
nourriture et des vêtements.

L'éducation de la jeunesse a été, jusqu'ici, honteusement négligée;
mais on peut remarquer aujourd'hui un mécontentement de bon augure,
grâce auquel on pourra plus tard apprendre aux enfants autre chose que
quelques chapitres du Coran, qui, étant écrits en arabe, leur sont
incompréhensibles. Aujourd'hui la position d'un maître d'école est
aussi mauvaise que dans l'Angleterre du XVIIe siècle, et sa paie égale
celle d'un domestique. Il n'est donc pas étonnant d'en voir qui
enseignent encore que Londres est le nom d'un pays dont l'une des
villes est l'océan Atlantique.

En juin, les nuits commencèrent à devenir chaudes, et ma soeur
souffrit beaucoup des attaques des moustiques. Nous nous décidâmes
donc à un changement de résidence. On nous avait recommandé beaucoup
de régions fraîches. Comme je désirais particulièrement retrouver la
route de Marco Polo, nous résolûmes de nous rendre d'abord à
Kouh-i-Hazar, ou «montagne de la Tulipe», puis de visiter Sardou, où
j'étais sûr que le grand Vénitien avait passé.

En quatre étapes, nous étions au village de Hazar, et nous campions au
coeur des montagnes, à 3 300 mètres d'élévation. Je fis là des chasses
superbes; la montagne avait été réservée pour le gouverneur général,
et l'on n'y avait pas chassé depuis plusieurs années.

Un jour, nous fîmes, avec ma soeur, l'ascension du grand pic de
Kouh-i-Chah-Koutb-ou-Din-Haides, ou la «Montagne du Saint», «l'Étoile
Polaire de la Foi». C'est le second en altitude des sommets de la
Perse du Sud-Est; il atteint 4 180 mètres. Au sommet se trouve une
châsse, avec une collection de monnaies, dont l'une, avec l'effigie de
la reine Victoria, datant de 1837.

Le ciel était tout à fait clair, le panorama magnifique. Au nord, nous
voyions la chaîne carrée au pied de laquelle est Kirman; à l'est, le
gigantesque Kouh-i-Hazar, qui dépasse 4 000 mètres. C'est une montagne
superbe; elle est visible de plus de 100 milles sur la route du
Baloutchistan, et elle a dû réjouir les yeux de plus d'un Kermani. Au
sud, se trouvent Sardou, et la succession de grandes chaînes, qui,
sous différents noms, soutiennent le plateau de l'Iran. Presque dans
chaque direction de l'horizon, nous avions devant nous un pays
réellement inexploré; les routes principales apparaissent seules sur
les cartes, et de chaque côté, à quelques milles de distance, il y a
des régions entièrement inconnues.

De là, nous nous rendîmes sur le plateau de Sardou. À Rahbour, nous
visitâmes le gouverneur, et nous vîmes chez lui un vieillard, de la
tribu des Mehni, qui s'attribuait l'âge de cent vingt-cinq ans. Son
visage était de la couleur de la cire, ses cheveux semblaient des fils
d'argent.

En quittant Rahbour, nous gardâmes approximativement la direction de
l'Est, traversant différentes branches du Halil-Roud, dont l'une était
plus profonde que nous ne l'aurions souhaité. La nuit, nous fîmes
halte près d'un jardin, autour duquel campaient une cinquantaine de
familles. C'était le mois de Moharram, et, pendant des heures, nous
dûmes entendre la funèbre mélopée de la Passion. Elle finit cependant,
et, à notre grande satisfaction, la chose tourna à la comédie,
rappelant les pièces de Ladakh, où la même transformation se produit.
C'est la seule fois que j'aie pu voir en Perse autre chose que la plus
sincère dévotion; mais les nomades sont généralement considérés comme
moins stricts que les sédentaires dans leurs observances religieuses.

L'étape suivante nous fit traverser le district fertile de Herza, dont
les arbres nombreux contrastent agréablement avec l'ordinaire nudité
des campagnes. Franchissant un col de 2 700 mètres, nous arrivâmes
graduellement, par des champs ondulés de froment, à Dar-i-Mazar,
capitale du Sardou. On y voit un sanctuaire bien entretenu en
l'honneur de Sultan-Seiid-Ahmad-Saghis, descendant de l'imam Mousa. Le
pays environnant est la propriété du sanctuaire, et des paysans
appelés _cheiks_ sont à peu près les seuls habitants permanents du
district, les nomades, au nombre de quatre cent six familles, ne
passant dans ces régions que les quelques mois d'été. Autour du
sanctuaire, on voit une douzaine de boutiques, et une station de bains
y a été récemment établie. Quelques Kermani y étaient venus jouir d'un
climat admirablement frais.

Nous campâmes plus loin près du col de Sarbizan, où se trouvent les
ruines d'un caravansérail, bâti par le septième sultan seldjoucide,
Malik-Mohammed. La chasse était fort belle, et nous serions volontiers
restés un mois en cet endroit. Mais le _Sahib-Divan_ venait d'être
renvoyé, le _Farman-Fara_ était de nouveau investi de ses fonctions,
et il nous fallut rentrer à Kirman avant l'arrivée de Son Altesse.

Un peu avant Noël 1895, deux Allemands, qui avaient parié de faire le
tour du monde en gagnant leur vie, arrivèrent à Kirman. Ç'aurait été
un grand discrédit pour notre colonie que des Européens demandant
l'aumône; je me crus donc obligé de venir en aide, de toutes façons, à
ces voyageurs. Mais je ne puis dire que j'aie été fâché d'apprendre
qu'ils avaient finalement échoué dans leur entreprise: de pareils
excentriques, au moins en Orient, ne font que du mal. Les
renseignements qu'ils rapportent ne peuvent être que sans valeur,
sinon dangereux. En outre, il n'y a pas un Oriental qui ne sente
s'amoindrir l'idée qu'il se faisait des Européens, lorsqu'il en voit
qui voyagent sans domestiques, et couchent dans le premier trou venu.

  (_À suivre._)     _Adapté de l'anglais par_ H. JACOTTET.

[Illustration: Le fort dit Kala-i-Dukhtar ou Fort de la Vierge, aux
portes de Kirman (page 320).--D'après une photographie.]

Droits de traduction et de reproduction réservés.



  TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.--28e LIV.      Nº 28.--15 Juillet 1905.

[Illustration: Le «Farman Farma».--D'après une photographie.]



À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[2]

         [Note 2: _Suite. Voyez pages_ 301 et 313.]

Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan._

     III. -- En Baloutchistan. -- Le Makran: la côte du golfe
     Arabique. -- Histoire et Géographie du Makran. -- Le Sarhad.


     Dans son premier voyage de 1893, le major Sykes partit de Kirman
     pour se rendre à Bouchir, sur le golfe Persique. De là, longeant
     les côtes du golfe, il arriva à Karatchi. Il repartit de ce poste
     pour son second voyage, que nous avons maintenant à raconter. Il
     était accompagné du major Brazier Creagh, du service médical de
     l'armée, de sultan Soukhrou, officier de la 3º de cavalerie du
     Pendjab, de deux _sowars_ du corps des guides, et de deux
     domestiques hindous.--Nous lui rendons la parole:

[Illustration: Indigènes du bourg d'Aptar, Baloutchistan (page
335).--D'après une photographie.]

Partis de Karatchi, notre première étape fut Gwadour, possession du
sultan de Mascate, où se réfugient de nombreux esclaves persans. Le
lendemain, par un beau temps calme, notre vapeur entra dans la baie de
Chahbar, qui est la plus sûre et la plus accessible de la côte. Elle
est abritée de la mousson du sud-ouest par la terre d'Oman, du côté de
laquelle s'allonge le promontoire de Ras-Koulab, tandis qu'au
sud-ouest un long écueil forme un brise-lames naturel. Mais, avec une
entrée large de 12 kilomètres et une profondeur d'une vingtaine de
kilomètres, l'ancrage n'est que relativement sûr.

Le débarquement ne s'opéra pas sans quelque difficulté, au moyen d'une
barque ou _baggala_ indigène. Quand nous fûmes débarqués, nous
transportâmes tous nos _impedimenta_ au prochain bureau de télégraphe.

Avant de raconter notre voyage, quelques notes sur la province où nous
venions d'entrer ne seront pas inutiles. Baloutchistan est le nom,
généralement admis, d'une région vaste, mais faiblement peuplée, et
partagée entre la Grande-Bretagne et la Perse. Cette province déserte
correspond approximativement à la dix-septième satrapie de Darius,
mentionnée par Hérodote. Le grand roi envahit le Hapta Sindou ou
Pendjab, probablement par la route du Baloutchistan, tandis qu'une
flotte commandée par l'amiral grec Scylax descendait l'Indus, et, sans
s'effrayer des marées, explorait les rives de la Gédrosie et de
l'Arabie. Cette expédition eut lieu en 512 avant Jésus-Christ, et,
dans un certain sens, elle diminue la gloire d'Alexandre, qui sans
doute ignorait que des Grecs eussent déjà navigué dans la mer
Érythrée,--à supposer qu'ils l'aient fait, ce qui n'est pas prouvé.

Au temps d'Alexandre, la côte du Makran était connue comme le pays des
Ichthyophages, et l'intérieur s'appelait Gédrosie. Sir Thomas Holdich
voit dans le mot Makran, une contraction des deux mots persans _Mahi_
et _Khouran_, qui forment l'exact équivalent d'Ichthyophages. Mais je
crois que le mot est beaucoup plus ancien, et je suggérerais
l'étymologie suivante. Les assyriologues diffèrent sur le point de
savoir si le nom de _Magan_ désigne la péninsule sinaïtique ou la côte
d'Arabie, derrière les îles Bahreïn et y compris l'Oman; en tout cas,
nous avons le _Maka_ des inscriptions, forme qui se retrouve peu
altérée dans les _Mykians_ ou _Mekians_ d'Hérodote. Or, le Makran
était particulièrement connu pour ses mangliers et ses marais, le pays
étant semblable à la côte voisine qu'on appelle le _Ran_ de Katch, mot
provenant du sanscrit _aranya_ ou _irina_, et signifiant un désert ou
un marais. N'est-il donc pas admissible que l'origine de ce mot fort
discutée soit _Maka irina_, ce qui signifie «le désert de Maka»? Dans
le Sind, la prononciation moderne est _Makaran_, exactement la forme
que devaient prendre ces deux mots réunis.

Physiquement, le Makran s'étend jusqu'à la première chaîne importante,
formant faîte de partage. Jusqu'à une trentaine de kilomètres du
littoral, on trouve une plaine sablonneuse, parcourue par plusieurs
cours d'eau, et en maint endroit recouverte de tamaris. Sauf après la
pluie, la plupart de ces rivières ne coulent qu'en partie à la surface
du sol. Leur cours devient ensuite souterrain, ce qui a l'avantage de
soustraire leurs eaux à l'évaporation. Ce district devrait être moins
pauvre qu'il n'est, car le sol est bon et suffisamment arrosé, et l'on
y trouve d'excellents pâturages pour les chameaux. Derrière s'étend
une zone de collines d'argile, basses et arrondies, auxquelles
succèdent de rugueuses chaînes calcaires, dont les crêtes forment le
faîte de partage du Makran.

Sir Thomas Haldich décrit ce paysage en termes excellents dans son
volume _The Indian Borderland_: «Une suite monotone et sans vie
d'épines dorsales d'argile laminées, disposées en scie comme les
vertèbres d'une baleine, se dressant au-dessus des lignes plus douces
de collines de boue, qui s'inclinent des deux côtés, jusqu'à l'endroit
où un petit rebord de sel indique une ligne de drainage dans laquelle
l'eau suinte; et un petit décor flétri de tamaris aux teintes neutres,
reflétant les tiges jaunes des herbes oubliées de l'année
précédente,--tel était l'aspect sylvestre d'un paysage que nous avions
trop souvent sous les yeux.»

Les pontes nord de la chaîne calcaire plongent dans les rivières de
Bampour et de Mechkil, qui n'arrivent à la mer ni l'une ni l'autre. Au
nord-ouest, le Lout s'étend jusqu'à la rivière de Bampour, tandis qu'à
l'est de la plaine de Fahradj, les chaînes des montagnes persanes qui
allaient du nord-ouest au sud-est, prennent la direction est-ouest qui
est si caractéristique dans le Baloutchistan du sud, et qui explique
en partie l'état arriéré de cette région, en rendant de la côte son
accès très difficile. Plus au nord, enfin, est situé le district de
Sarhad, où deux chaînes dirigées parallèlement vers le nord-ouest,
séparent cette région élevée du Lout à l'ouest et du désert de Kharan
également bas à l'est.

[Illustration: Carte du Makran.]

La zone centrale du Baloutchistan est très montagneuse, mais elle
possède des ressources en eau qui ont été peu utilisées jusqu'ici, et
une étendue presque illimitée de maigres pâturages. La rivière
Bampour, moyennant une faible dépense pour les travaux d'irrigation,
nourrirait facilement une population considérable.

Le Sarhad, qui était encore il y a quelques années un vrai nid de
brigands, et qui n'est guère autre chose aujourd'hui, a de grandes
ressources latentes avec ses hautes plaines allant jusqu'au
Kouh-i-Taftan. Cependant le district est presque dépourvu de
population, bien que le creusement des kanats ait déjà eu certains
résultats et qu'on retrouve dans le pays beaucoup de vestiges
d'anciennes cultures. L'ouverture de la ligne de Quetta au Seistan
aura un effet lent, mais sûr: le Gouvernement anglais ne peut plus
être, comme par le passé, indifférent aux razzias; d'ailleurs, la
Perse y met elle-même bon ordre, et les razzias ne sont plus ce
qu'elles étaient tout récemment encore, quand les Baloutches tuaient
tous ceux qu'ils faisaient prisonniers, ou, exceptionnellement, les
retenaient en esclavage et les mutilaient pour leur ôter l'envie de
retourner chez eux.

[Illustration: Baloutches de Pip, village de deux cents maisons
groupées autour d'un fort (page 334).--D'après une photographie.]

Nous ne savons rien de certain sur l'origine des Baloutches, car ils
n'ont pas de livres anciens, sont très ignorants et en sont fiers,
comme l'étaient les barons du moyen âge. Sir Henry Pottinger leur
attribue une origine turkomane; mais, d'après le professeur Rawlinson,
le mot Baloutche est dérivé du nom de Belus, roi de Babylone, qu'on
identifie au Nemrod fils du Kouch de l'Écriture. Le mot _kouch_ peut
être l'origine de celui de _kedg_ et peut-être de _kach_. À l'époque
des Sassanides, le Baloutchistan était connu sous le nom de
_Koussoun_, qui est peut-être une forme de kouch. Dans le Chah Nameh
de Firdousi, les Baloutches sont mentionnés comme une tribu fixée dans
le Ghilan, sous le règne de Nochirwan. De là, ils ont dû émigrer dans
le Baloutchistan, par le Seistan. Très probablement ils sont de race
aryenne, mais la race a été altérée par le croisement avec des
immigrants arabes fuyant les persécutions qui suivirent la mort
d'Hussein. Les chefs se réclament d'ancêtres arabes, et ils paraissent
appartenir à une race différente de celle des paysans. Les Brahouis,
qui forment un autre élément de la population, ont un type très
distinct: ils sont petits, ramassés et ont la figure ronde, tandis que
les Baloutches sont grands et élancés, avec de longues figures. Les
Brahouis parlent une langue parente du tamoul et doivent être
d'origine dravidienne.

Il est très important de noter que plusieurs milliers de Baloutches
vivent en dehors du Baloutchistan; on les trouve jusque dans les
provinces frontières de l'Inde.

Les seules ruines préislamiques que j'aie rencontrées sont les
_Gorbasta_ ou «barrages d'infidèles», qu'on a comparées aux murs
cyclopéens de la Grèce. Ils sont généralement construits à
l'embouchure d'un défilé, et ils avaient pour but de retenir l'eau
pour l'irrigation. Dans quelques cas, on les trouve sur des pentes,
et, dans le Baloutchistan oriental, il y avait probablement une
nombreuse population dépendant de ces barrages, oeuvres probablement
des Baloutches et des Kouchs.

Mais le colonel Mockler, voyageant à une soixantaine de kilomètres au
nord-ouest de Gwadour, a exhumé quelques anciennes constructions en
briques, et a vu également des barrages en pierre. Il a découvert
aussi des os, des poteries, des couteaux de pierre. Dans d'autres
parties du Makran, il a trouvé des maisons en pierre, probablement des
tombes, appelées localement _damba-koah_. Mais il ne tire aucune
conclusion précise de ces découvertes, non plus que des fouilles
exécutées à Bahreïn, et où des tombes en pierre ont également été
exhumées.

Le Baloutchistan fut tributaire de l'ancienne monarchie persane. Il
est certain qu'Alexandre le Grand le traversa de l'est à l'ouest, puis
on le perd de vue pour quelques centaines d'années. Il n'en est plus
question que sous le règne de Nochirwan, qui, pour punir les
Baloutches de leurs razzias, on fit de grands massacres. Ils se
tinrent alors tranquilles au moins pendant une génération, puis
reprirent leurs habitudes de pillage, et leur indépendance ne fut
jamais menacée d'une façon durable.

Vinrent les Musulmans; la province de Kirman fut conquise dès les
premières années de l'Hégire, et le Baloutchistan eut bientôt le même
sort. Mais il est douteux qu'il ait été gouverné d'une façon
permanente par les Musulmans, jusqu'à ce qu'il eût été définitivement
conquis par Yakoub-bin-Lais, de la dynastie des Saffar. Celui-ci régna
sur un empire qui s'étendait de l'Indus au Chat el-Arab, mais cette
prospérité dura peu, son frère Amz ayant été fait prisonnier par
Ismaïl, de la famille des Samanides, et mis à mort à Bagdad.

Cependant les Saffar gardèrent encore plusieurs siècles le
Baloutchistan, et ils devinrent, dans le cours des temps, une
confédération de chefs. Divers voyageurs arabes, Masoudi entre autres,
Istakhri et Ibn Hankal, nous ont donné un intéressant tableau du
Makran à leur époque. Deux siècles plus tard, nous avons les rapports
d'Idrisi et de Benjamin de Tudèle. À ce moment, la plus grande ville
du pays était _Kir_, actuellement un sordide petit hameau de pêcheurs
à l'ouest de Chahbar. Idrisi parle d'un grand commerce de sucre; le
Makran se trouvait évidemment, à son époque, sur une route fréquentée.

Lors de l'invasion des Mongols, Djelaleddin de Khiva vint de l'Inde au
Makran pour se mesurer avec les hordes des envahisseurs, et, en 1223,
Djenghiz-Khan ayant détruit Hérat, envoya Dchagataï dévaster le Makran
pour couper les lignes de communication de Djelaleddin.

[Illustration: Des forts abandonnés rappellent l'ancienne puissance du
Baloutchistan.--D'après une photographie.]

À la fin du XIIIe siècle, Marco Polo, à son retour de Chine, navigua
le long du Makran, mais il est peu probable que le grand Vénitien ait
touché un point quelconque de la côte.

Au commencement du XVe siècle, après l'extermination par Timour de la
famille des Mouzaffar, Timour conféra le Kirman à l'émir Adagui,
lequel envoya dans le Baloutchistan Djelaleddin Djamchid, qui pilla le
pays jusqu'à Kedj. C'est à la fin de ce siècle que les Baloutches
commencent à arriver à Moultan. Un peu plus tard, on les rencontre
dans le Pendjab.

Lors de l'invasion de l'Inde par Nadir Chah, le pays était gouverné
par Abdoulla Khan. Son second fils, Natiz Khan, revendiqua son
indépendance après l'assassinat du Chah; mais il dut, bientôt après,
reconnaître la suzeraineté afghane. Il étendit le plus qu'il put la
domination baloutche, et son pouvoir était respecté jusqu'à Bampour.
Mais ses successeurs ne furent plus que les souverains dégénérés d'un
royaume aux dimensions restreintes, et lorsque sir Henry Pottinger le
traversa en 1810, le pays que nous appelons aujourd'hui Baloutchistan
persan était indépendant.

En 1839, un intelligent voyageur, Hadji Abdoul Nali, nous montre les
différents chefs baloutches se livrant à toutes sortes de razzias en
Perse, et se riant des menaces du gouverneur général de Kirman.

[Illustration: Chameliers brahmanes du Baloutchistan.--D'après une
photographie.]

Mais, à partir de 1844, le Baloutchistan commença à perdre son
indépendance. Aboul-Hassan, puis Ali Khan furent faits prisonniers.
Deux membres de la tribu des Kadjars furent désignés pour gouverner ce
turbulent district; mais ils ne réussirent pas dans leur tâche, et ce
fut le mérite d'Ibrahim Khan, fils d'un boulanger de Cam, d'achever la
conquête de ce qui est connu aujourd'hui comme le Baloutchistan
persan. On l'accuse d'avoir été cruel, et il avait, il est vrai, une
certaine propension pour la traite des esclaves; mais il faut tenir
compte de tout l'argent et de tous les présents qu'on exigeait de lui.
Sir Oliver-Saint-John le décrit ainsi en 1872: «Le redoutable
souverain du Bam, du Narmachir et du Baloutchistan est un petit homme
à figure de Polichinelle(!), qui peut avoir n'importe quel âge, entre
quarante-cinq et soixante ans. Il a une barbe pleine et bien teinte et
de petits yeux perçants. Rien dans son visage ne paraît indiquer
l'homme réellement supérieur qu'il doit être, non seulement pour
s'être élevé à sa position actuelle par son simple mérite, sans argent
et sans aide intéressée, mais pour avoir rétabli l'ordre et la
tranquillité dans une des régions les plus turbulentes de l'Asie.»
C'est là, fort bien tracé, le portrait d'un maître du Baloutchistan.

Ibrahim Khan reçut assez mal la commission de délimitation commandée
par sir Frederic Goldsmid pour délimiter la frontière perso-baloutche,
et, aussitôt la mission partie, il se saisit de Kouhak, qui n'avait
pas été attribué à la Perse. Il mourut on 1884, après avoir été
pendant trente ans gardien de cette marche du royaume; renvoyé à
l'occasion, il était aussitôt réinstallé. Son fils mourut quelques
mois après lui, et son beau-fils, Zein ul-Abidin Khan, devint
gouverneur; mais il fut remplacé en 1887 par un Turc, Aboul Fath Khan,
puis bientôt après remis à la tête du pays. Il était là quand j'y
arrivai, en 1893. Je puis ajouter, par anticipation, que Zein
ul-Abidin eut à réprimer deux soulèvements des Baloutches, l'un après
l'assassinat du chah en 1896, l'autre l'année suivante.

C'est en partie à l'action du Gouvernement britannique, qui interdit
la vente des fusils, que le Baloutchistan est plus soumis aujourd'hui
qu'il n'a jamais été. Mais les perspectives ne sont pas brillantes. La
paresse, la passivité de ce peuple est telle que, je crois pouvoir le
prédire, dans cent ans sa vie ne différera pas plus qu'aujourd'hui de
celle des patriarches.

J'en reviens à notre voyage: grâce à M. Lovell, les chameaux étaient
prêts. Mais les Baloutches n'avaient pas de cordes; aussi fut-il très
difficile de répartir les charges. Ils se plaignaient, en outre, de la
lourdeur de ces charges, qu'un muletier persan aurait trouvées
légères. Nous fîmes à ce sujet la constatation intéressante que chaque
chameau avait un propriétaire, et que quelquefois il y avait jusqu'à
quatre hommes pour se répartir les quatre jambes de l'animal.
L'arrangement ordinaire est cependant que le propriétaire garde trois
jambes, et donne, en guise de paiement, la quatrième au conducteur.

Nous nous décidâmes enfin à diviser les charges nous-mêmes, et nous
partîmes tard dans l'après-midi, pour marcher jusqu'à Tiz, distant de
12 kilomètres. Nous passâmes d'abord par le village de Chahbar, habité
par de nombreux commerçants hindous, avec ses repaires sordides, que
quelques arbres empêchent d'être absolument hideux; puis nous nous
élevâmes graduellement sur la chaîne rocheuse qui le sépare du fameux
port médical de Tiz. Cette dernière localité occupe un emplacement
bien meilleur que Chahbar, étant situé à l'issue de la route
principale qui se dirige vers l'intérieur par Kasakand, et commandant
absolument la route du littoral, qui à l'est descend la montagne en
zigzag, et à l'ouest doit passer par une porte pratiquée dans un mur
qui va des falaises à la mer.

Il était trop tard pour parcourir les ruines, qui ne consistent guère
aujourd'hui qu'en un millier de tombes. Nous eûmes juste le temps de
jeter un coup d'oeil sur l'ancien fort persan, construit il y a vingt
ans environ pour protéger Chahbar, conquis par les Persans sur un
cheikh arabe; il fut bientôt après abandonné par sa garnison.

En 1188 de notre ère, Tiz était évidemment un grand port; les
caravanes venant de l'ouest suivaient cette route, lorsque, à la suite
de troubles locaux, celle d'Ormuz était bloquée. Leur itinéraire
passait probablement de l'Irak à Kirman, et de là à Bampour, Kasakand
et Tiz; l'autre route possible, par Geh, étant impraticable pour les
caravanes. L'importance de Tiz lui venait en outre, de ce qu'elle
était le contre du commerce du sucre au Makran, et peut-être le
débouché des blés du Seistan; c'était sans doute la résidence des
marchands, qui répugnaient à pousser jusqu'à Ormuz. Dans l'oeuvre
d'Afzal Kirmani, le port est appelé le «Trou de Tiz», et c'est
probablement le _Falmena_ d'Arrien.

Ayant établi notre camp dans une vallée étroite où il n'y avait un peu
d'eau que dans quelques trous boueux, nous repartîmes le lendemain par
une chaleur atroce, en nous dirigeant vers Parag, un sordide petit
hameau d'ichthyophages. Là, nous tournâmes le dos à la mer et aussi à
la ligne du télégraphe, qui, longeant de près le rivage, souffre
beaucoup de l'humidité. Nos chevaux étant fatigués par leur récent
voyage en chemin de fer et en bateau, nous nous reposâmes quelque
temps à l'ombre des tamaris, et nous ne reprîmes notre chemin qu'à la
fraîcheur du soir, traversant une plaine de lave, parsemée de quelques
maigres champs de coton.

Notre campement de ce jour se fit au petit hameau de Nour-Mouhamedi.
Le lendemain, sous prétexte que leurs chameaux, arrivés tard dans la
nuit, avaient besoin de se restaurer, nos Baloutches nous
contraignirent à faire halte.

Une nouvelle marche, de 25 kilomètres, nous conduisit à Pich-Mant,
dont le nom signifie «Place du palmier nain». Les feuilles de cet
arbre sont employées à divers usages: on en fait des sandales, des
nattes, des corbeilles, des toits, des cordes; on en fait aussi, dit
l'auteur d'_Eastern Persia_, des bonnets, des fourreaux de sabre, des
courroies, etc. Les baies, séchées, font des chapelets, les jeunes
pousses sont mangeables, et les racines sont un combustible qui
s'allume toujours, grande ressource dans ce pays où le bois est rare.

Quittant la plaine, qui est d'une formation relativement récente, nous
entrâmes dans une vallée pierreuse et désolée, connue sous le nom de
_Pir Ghourik_, ou Défilé herbeux; et de là, franchissant un col bas,
nous arrivâmes sur un plateau. Ce jour-là, un essaim de frelons
s'abattit sur notre déjeuner, et le mangea pour nous.

[Illustration: La passe de Fanoch faisant communiquer la vallée du
même nom et la vallée de Lachar (page 333).--D'après une
photographie.]

La journée suivante, un peu plus longue, nous mena jusqu'à Ziarat,
sanctuaire construit en l'honneur de Pir Chamil, un saint habitant de
l'Inde, qui mourut ici, il y a à peu près trois siècles. Nous eûmes
l'agréable surprise, après avoir franchi un vaste plateau, de trouver
de l'eau courante, où nos chevaux s'abreuvèrent avec délices.

Le seul Européen qui nous ait précédés dans cette région est le
capitaine Grant, un de ces explorateurs envoyés en Perse par Sir John
Malcolm, dans la première décade du XIXe siècle. Ses renseignements
sont très maigres.

À Ziarat, nous avions atteint la limite septentrionale du _Dacht_, ou
District littoral, qui est affermé, nous dit-on, pour environ 5 000
francs par an. L'eau de la rivière, qui avait disparu au bout de
quelques milles, reparut un peu en amont, et nous passâmes par une
série de petits hameaux et de bosquets de dattiers, nous arrêtant
finalement à Nokinja, où nous pûmes nous procurer des bottes de riz
vert pour nos chevaux, et des oeufs et du lait pour nous-mêmes.

[Illustration: Musiciens ambulants du Baloutchistan.--D'après une
photographie.]

Nous étions sortis enfin des collines arrondies d'argile, et les
chaînes par lesquelles nous passions se terminaient en promontoires
effilés, au-dessus du lit de la rivière. Immédiatement en amont de
Nokinja, on trouve le confluent du Sirha. Plus haut encore, nous fûmes
enchantés d'atteindre Geh, la localité principale du district. J'ai vu
des centaines de villages baloutches, mais Geh--le _Bih_ du voyageur
arabe--reste gravé dans ma mémoire comme le plus joli. Un magnifique
bosquet de dattiers s'élève à la source de deux fleuves, le Gung et le
Kichi; un vieux fort pittoresque se dresse sur un rocher, et des
collines désolées, tout alentour, rehaussent le vert d'émeraude des
rizières.

L'altitude du village est de 450 mètres environ. Bien que nous
fussions à la fin d'octobre, le thermomètre, à midi, marquait près de
38°.

Geh, Kasakand à l'est, et Bint à l'ouest, forment les trois villes du
Makran persan que le voyageur atteint en venant de la côte. Chacune,
dit-on, possède la même population, qui ne doit guère dépasser deux
mille habitants, pour autant que nous pûmes en juger.

Nous reçûmes la visite de Chakar Khan, frère aîné de Sardar Hussein
Khan, qui représente l'ancien ordre de choses dans la province, et se
rappelle le Baloutchistan à l'époque où il était indépendant de la
Perse; naturellement, il désapprouve les changements survenus.
Quelques-uns des habitants parlaient hindoustani, et nous apprîmes
qu'ils avaient un petit commerce avec la côte, un des principaux
articles étant le poisson, qu'on vend quand il est déjà très avancé.
En somme, l'état de la population est misérable, le gouverneur, qui
n'est arrêté, comme en Perse, ni par l'opinion publique, ni par le
télégraphe, la pressurant terriblement. Beaucoup d'habitants émigrent
vers Karatchi, Mascate et Zanzibar.

[Illustration: Une halte dans les montagnes du Makran.--D'après une
photographie.]

Nous partîmes après avoir congédié nos chameaux et engagé quelques
guides de Lachar, les plus forts et les meilleurs pour les voyages en
montagne. Nous avions à traverser le district inexploré qui nous
séparait du Fanoch. Nous remontâmes le lit pierreux du Goung, puis
nous pénétrâmes dans le bassin du Sirha, dont les deux rives sont
peuplées de nombreux villages. Nous fîmes halte à Malouran, sur un
tributaire du Rapch. Les habitants, qui n'avaient apparemment jamais
entendu parler d'Européens, nous regardaient avec suspicion;
lorsqu'ils furent à portée de notre voix, nous essayâmes du procédé
qui nous réussissait d'ordinaire, et qui consistait à donner une
roupie à un homme, pour lui montrer que nous entendions payer nos
provisions. Cette fois-ci, il manqua son effet. Une discussion animée
s'engagea; je cherchai, pour ma part, à expliquer que nous paierions
et que nous étions leurs amis; mais le chef de la bande, un coquin
d'une apparence particulièrement fâcheuse, s'obstinait à refuser.
Finalement, un des hommes de notre troupe sauta sur lui et le jeta
dans la rivière, d'où le malandrin ressortit la bouche pleine de boue;
aussitôt les approvisionnements arrivèrent. On peut objecter que nous
n'avions pas le droit de recourir à la «force majeure»; mais je
conseillerai à un de mes contradicteurs de se mettre dans une position
semblable, et je voudrais voir ce qu'il ferait. En fin de compte, les
gens de Malouran devinrent nos très bons amis pendant la journée que
nous passâmes chez eux. Nous constatâmes ce trait remarquable qu'ils
sifflaient, talent rare en Orient, où le sifflement passe généralement
pour être un «langage diabolique».

[Illustration: Baloutches du district de Sarhad.--D'après une
photographie.]

Une marche très rude nous mena jusqu'à la rivière de Fanoch, ou Rapch.
De là, nous arrivâmes à Fanoch, par un chemin unique en son genre.
Contournant le lit de la rivière, qui coule entre des falaises
appartenant au beau massif du Band-i-Linag, ou chaîne Bleue, nous
passâmes d'abord devant un superbe rocher rouge sang, au pied duquel
est un étang profond; on l'appelle le Giri. Plus loin, les blocs de
rochers, dont quelques-uns pesaient des centaines de tonnes, étaient
des plus splendides, variant du blanc éclatant au noir de jais; mais
le chemin était tuant, et nous dûmes y traîner nos chevaux. Ce fut
donc avec une grande satisfaction que nous atteignîmes le sommet de la
gorge, et que nous vîmes, à un mille en amont, les dattiers de Fanoch.

Nous fûmes reçus très amicalement dans cet endroit, dont les fils de
Chakar Khan étaient gouverneurs. Ils exprimèrent un immense plaisir à
voir nos fusils.

Désireux de connaître un peu le pays inexploré qui s'étend à l'ouest,
nous montâmes au Kouh-i-Fanoch, ascension laborieuse, qui nous prit
quatre heures. Les 150 derniers mètres sont formés par un rocher de
calcaire blanc, presque perpendiculaire. Du sommet, nous pûmes
aisément remonter jusqu'à leurs sources les cinq rivières séparées qui
forment le Fanoch. Nous jouîmes en même temps d'un panorama superbe,
qui nous donna ce que nous désirions si vivement, une idée du niveau
du pays. À l'ouest, la vue était en partie bornée par de hautes
montagnes; mais au nord, nous eûmes un coup d'oeil sur le magnifique
Kouh-i-Bazman, qui s'élève solitaire jusqu'à 2 700 mètres au-dessus de
la plaine (3 400 au-dessus de la mer). À l'est, s'étendaient le massif
d'Azabad et le district de Lachar, que nous allions bientôt explorer.

Fanoch, où nous nous reposâmes un jour, pour «manger» notre fatigue,
comme disent les Persans, a un aspect beaucoup plus prospère que Geh,
plusieurs de ses maisons étant construites en pierre. Il s'y trouve un
fort, qui paraît être de grande antiquité; mais, comme c'est le cas
ordinaire dans le Baloutchistan, nous ne pûmes avoir aucun
renseignement sur son histoire. Les moutons, les volailles, les oeufs,
le lait, l'orge, le riz et le froment sont en abondance, et les dattes
sont fameuses dans tout le Baloutchistan; mais le seul article
manufacturé consiste en petites casquettes brodées de soie rouge. Je
demandai si Fanoch se trouvait dans le Makran. On me répondit que la
frontière est formée par la ligne de faite du Band-i-Linag, au nord de
laquelle se trouve la ville: le Bachkird, à l'ouest, n'est pas
considéré comme faisant partie du Baloutchistan.

Nous repartîmes par le même chemin par lequel nous étions venus; mais,
au delà de Sartab, nous prîmes une direction plus septentrionale,
traversant le Sisha à Tehan, village prospère, d'un millier
d'habitants.

Revenus à Geh, nous trouvâmes nos compagnons bien reposés. Deux jours
après notre retour, comme nous nous préparions à partir pour Fahradj,
nous fûmes agréablement surpris par l'arrivée de deux Baloutches, que
le gouverneur du Baloutchistan persan avait envoyés pour nous servir
de guides: c'étaient Mir-khan-Mohammed, d'Aptar, et Moulla-Bachan.

Nous dûmes encore retourner sur nos pas jusqu'à Ichan, d'où nous
suivîmes d'abord le cours d'un affluent du Sirha. Puis nous arrivâmes
au fleuve principal, sur le bord duquel il y avait quelques petits
lambeaux de culture. Nous campâmes dans le lit même de la rivière, et,
le jour suivant, nous trouvâmes la plus affreuse route que j'aie
encore jamais vue; en comparaison, les _kotals_ de Bouchi sont des
chaussées métalliques. Un mille en amont, la gorge se rétrécissait
jusqu'à n'avoir plus que 30 mètres environ de largeur, et nous
rencontrions des degrés rocheux, en bas desquels la rivière tombait en
cascade. Plus loin, un autre agrément, c'étaient des blocs de rochers
de toutes dimensions, de celles d'un omnibus à celles d'une balle de
_foot-ball_. Après quoi vint une mare profonde, qui remplissait toute
la largeur de la vallée. Au-dessus, un sentier de chèvres, où il nous
parut impossible que nos bêtes chargées pussent monter. Cependant, à
ma grande surprise, il n'y eut pas d'accidents.

Nos chevaux étaient éreintés lorsque nous arrivâmes à la source de la
rivière, qui se trouve dans le bois de dattiers de Sirha, vaste, mais
entièrement négligé. Nous campâmes à une altitude de 990 mètres, et ce
fut le premier jour où nous eûmes une température inférieure à 30°
centigrades. Le lendemain, le temps était relativement frais; nous
montâmes jusqu'à la ligne de faîte du Makran, à 1 100 mètres environ,
et de là, nous nous mîmes à descendre, contournant les pentes
occidentales de la grande masse de l'Azbag, que nous avions vue du
sommet du Kouh-i-Fanoch. Le soir, nous campions à Pip, la capitale du
Lachar.

Le gouverneur vint nous saluer. Il se montra d'abord très timide. Son
visage ne s'éclaircit que quand nous lui eûmes demandé l'histoire de
sa famille. C'était un garçon de seize ans. Pip est un village de deux
cents maisons, qui se groupent autour d'un fort, à une certaine
distance d'un beau bois de dattiers. Dans le Baloutchistan, les
maisons sont toujours construites sur des espaces découverts,
probablement parce que le sous-bois des dattiers est employé pour la
culture des céréales. Le changement d'atmosphère entre la chaleur
sèche du désert et l'humidité relativement fraîche des bois de
dattiers est très agréable, mais de nature, probablement, à donner la
fièvre. Cependant, après des heures passées dans l'éclat sans pitié de
la lumière, l'ombre est si bienvenue que nous campions toujours aussi
près que possible des arbres, et, autant que je sache, aucun de nous
n'en souffrit.

[Illustration: Un fortin sur les frontières du Baloutchistan.--D'après
une photographie.]

Mon compagnon et moi, nous étions d'accord pour penser que les
Lacharis étaient supérieurs à tous les autres Baloutches que nous
avions rencontrés. Beaucoup mieux physiquement, c'étaient des
spécimens sauvages de l'humanité; mais nous les trouvâmes toujours
gais et virils, ce qui n'est pas le cas de la généralité des
Baloutches, qui sont gourmands, vaniteux, peu serviables, et aussi
déraisonnables que des chameaux. Il n'est que juste d'ajouter que les
Baloutches sont extrêmement honnêtes, et que si on leur confie des
valeurs ou des lettres, ils les défendront au péril de leur vie; ils
sont aussi très moraux, et traitent leurs femmes à peu près comme
leurs égales. Ils ont un code de l'honneur, et y conforment
généralement leur vie. On peut citer comme exemple de leur honnêteté
le fait que, pour payer les employés du télégraphe, on avait coutume
d'envoyer le long de la ligne un sac de roupies, où chacun prenait à
son tour ses appointements. Une seule fois, un employé abusa de cette
confiance, et il dut quitter son pays, ce qui, pour un Baloutche, est
la plus dure des punitions.

[Illustration: Dans les montagnes du Makran--à des collines d'argile
succèdent de rugueuses chaînes calcaires (page 326).--D'après une
photographie.]

Après un jour d'un repos bien gagné, nous continuâmes à descendre la
fertile vallée de Pip. À Ispaka, nous étions arrivés dans le district
de Fahradj, et nous découvrions les premiers représentants de
l'élément persan, si détesté, sous la forme de deux ou trois soldats
et d'un sergent. Les Baloutches appellent tous les Persans des
_Gagar_, corruption de _Kadjar_, nom de la dynastie régnante; comme
ils ne voient guère de Persans que les collecteurs de taxes, leur
haine envers eux est quelque chose d'extraordinaire. Je crois
cependant qu'elle a diminué de violence en ces dernières années.

Le lendemain, nous dirigeant vers la rivière de Bampour, nous
atteignions le village de Kasimabad, dont les habitants sont appelés
_Darzada_, nom qui semble indiquer un croisement négro-baloutche. Ils
sont attachés à la glèbe: nominalement, ils reçoivent un tiers de la
récolte; mais, en fait, il semble qu'ils n'aient que juste de quoi se
nourrir.

Ayant traversé la rivière à un gué que les sables mouvants rendaient
dangereux, nous atteignîmes Bampour. Cette ancienne capitale du
Baloutchistan ne consiste plus qu'en deux centaines de huttes
sordides; le fort était presque abandonné, le bois de dattiers réduit
presque à rien, et il nous fallut camper sur un tas d'ordures, qui
avait dû autrefois être un jardin.

Zein ul-Abidin Khan, le gouverneur ou _asad-u-Dola_, m'avait écrit
qu'il m'attendait à Fahradj, qui se trouve à 4 milles de distance, et
qui est beaucoup plus importante, ayant environ deux mille âmes, y
compris le garnison. Zein ul-Abidin Khan nous reçut sans trop
d'empressement; notre curiosité lui semblait suspecte, comme à
beaucoup d'Orientaux; mais, après quelques difficultés, nous finîmes
par devenir bons amis.

Comme le _Farman Farma_ ne nous annonçait son arrivée que pour
janvier, nous profitâmes du mois que nous avions devant nous pour
explorer le district de Sarhad, en partie encore presque inconnu.

Ayant loué un nombre suffisant de chameaux, nous partîmes le 1er
décembre. Notre première étape fut Aptar. Nous remontâmes ensuite la
vallée du Konar Rud. C'est une région assez agréable; à de fréquents
intervalles, des sources jaillissent dans le lit de la rivière, au
milieu des hautes herbes. À Soran, nous fûmes retenus quelques jours
par une attaque de dysenterie de Brazier Creagh.

Quelques jours après que nous nous fûmes remis en marche, je fis avec
deux chameliers l'ascension du Hamant, afin de bien reconnaître le
pays. Le Hamant est une montagne de 2 320 mètres, qu'on a, à tort,
qualifiée de volcan. C'est une simple crête en dents de scie. La
montée fut pénible, et la descente le fut plus encore. Du sommet, nous
pûmes voir le district inexploré du Sud, qui apparaissait simplement
comme un monotone réseau de montagnes basses; mais, dans toutes les
autres directions, le panorama était magnifique, bien qu'à notre
regret nous ne pussions voir le grand volcan de Sahrad.

Le surlendemain, nous franchissions, à 1 680 mètres d'altitude, le col
de _Sar-i-Sabra_, qui forme faîte de partage des eaux entre les
rivières de Bampour et de Mechkil. Puis nous descendions au village de
Magaz, qui a 2 000 habitants environ, et le meilleur climat de tout le
Baloutchistan, et, prenant la direction du nord, nous avions un
premier coup d'oeil sur le volcan du Kouh-i-Taftan, qui, de la
distance d'une centaine de milles où nous le voyions, ressemblait à un
cône blanc.

Deux jours après, nous entrions dans le district de Sarhad, qui se
révéla à nos yeux, du col d'où nous le vîmes pour la première fois,
comme une immense étendue de chaînes nues, sans un village, sans même
une tente de nomades. Encore deux jours, et nous étions au fort de
Kivach, capitale actuelle de la région, à 1 350 mètres d'altitude. Le
nom de _kivach_, qui se lit _wacht_, signifie «doux» et s'applique à
la source d'eau douce, qui jaillit là à 21 degrés. Le fort, où vit une
garnison de quatre cent cinquante soldats environ, infanterie et
cavalerie, forme toute la capitale avec quelques tentes noires. Il n'y
a aucune culture aux alentours.

Cet abandon, comme celui de tout le district, est regrettable. Le
Sarhad est la seule région, entre Quetta et la province de Kirman, qui
puisse être considérée comme fraîche. Il a été plus peuplé jadis,
ainsi qu'en témoignent les restes de kanats qui abondent, et l'on peut
espérer qu'au lieu de ne rester habité, comme aujourd'hui, que par
quelques milliers de familles nomades, il deviendra un lieu de passage
important entre Quetta et la Perse méridionale.

De Kivach, malgré les tentatives de mon hôte pour me dissuader de mon
projet, je voulus faire l'ascension du Kouh-i-Taftan. Au bout de deux
jours, nous campions, à près de 2 000 mètres d'altitude, au petit
hameau de Ouaradji, et, le lendemain, je grimpais au sommet,
malheureusement sans Brazier Creagh, qui souffrait d'un ulcère au
pied. Les dernières heures de l'ascension furent raides et difficiles:
il fallut d'abord escalader de gros blocs de rochers, puis enfoncer,
pendant les trois cents derniers mètres, dans une couche épaisse de
cendre blanche qui, vue de loin, a fait croire que la montagne était
couverte de neiges persistantes. Nous n'atteignîmes le sommet qu'à
deux heures de l'après-midi, après huit heures de grimpade presque
continue. Le Kouh-i-Taftan se termine par deux cimes: celle du nord,
la plus haute, est connue sous le nom de _Ziarat-Kouh_, ou «mont du
Pèlerinage»; celle du sud, appelée _Mallar-Kouh_, ou «montagne Mère»
étant le volcan que nous désirions visiter.

Le cratère, d'où s'échappaient d'aveuglantes colonnes de fumée
sulfureuse, a deux ouvertures, chacune d'environ 3 mètres de
circonférence, et séparées à la surface par une distance de 1 mètre.
On ne voyait aucune coulée de lave récente, et l'on ne mentionne
aucune éruption. La vue qu'on avait du sommet était la plus belle que
j'aie jamais eue en Perse: tous les pics étaient clairement visibles,
dans un rayon de 100 milles.

Le volcan est connu, localement, sous le nom de _Kou-i-Chehel-Tan_, ou
«Montagne des Quarante Êtres», qui visitèrent, dit-on, le volcan, et
disparurent depuis lors: Taftan, ou _Daftan_, signifie «bouillant». La
même légende se raconte à Quetta, et elle est commune dans cette
partie de l'Asie. Pour autant que j'ai pu le savoir, les habitants de
la vallée ont adoré le volcan depuis les temps les plus reculés, et il
est probable qu'ils n'ont pensé que plus tard aux Quarante Êtres en
l'honneur desquels ils font maintenant des sacrifices. D'après mes
guides, ces gens s'appellent musulmans, mais ils ne savent rien des
croyances de leur religion.

Nous quittâmes notre camp le jour de l'an, et nous nous rendîmes au
village de Bazman, où nos bagages devaient nous rejoindre. La marche
fut pénible; notre guide nous avait abandonnés, et nous étions, nous
et nos bêtes, au bout de nos provisions.

Notre voyage nous avait montré que le Sarhad est aujourd'hui à peu
près inhabité, mais que l'eau y est abondante, et qu'un meilleur
gouvernement, ramenant la sécurité, en ferait sans peine un pays
prospère.

  (_À suivre._)     _Adapté de l'anglais par_ H. JACOTTET.

[Illustration: Bureau du télégraphe sur la côte du Makran.--D'après
une photographie.]

Droits de traduction et de reproduction réservés.



  TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.--29e LIV.      Nº 29.--22 Juillet 1905.

[Illustration: L'oasis de Djalsk qui s'étend sur 10 kilomètres carrés
est remplie de palmiers-dattiers et compte huit villages (page
342).--D'après une photographie.]



À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[3]

         [Note 3: _Suite. Voyez pages 301, 313 et 325._]

Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,

_Consul-général de S. M. Britannique au Khorassan._

     IV. -- Délimitation à la frontière perso-baloutche. -- De Kirman
     à la ville-frontière de Kouak. -- La Commission de délimitation.
     -- Question de préséance. -- L'oeuvre de la Commission. -- De
     Kouak à Kelat.


[Illustration: Femme parsi du Baloutchistan.--D'après une
photographie.]

J'étais à Kirman en décembre 1895. Depuis quelques mois, des
négociations s'étaient engagées avec le Gouvernement persan, au sujet
de la délimitation du tronçon de frontière mal défini qui va de
Kouh-i-Malik-Sia à Kouak; mais l'hiver avait commencé sans que l'on
fut arrivé à une solution définitive. Cependant, dans les derniers
jours de décembre, le commissaire persan Ali-Achraf Khan, qui portait
le titre d'_Ikticham-u-Nizara_, passa par Kirman, et, quelques jours
après son départ, on me télégraphiait de Téhéran ma nomination au
poste d'assistant-commissaire. Ma soeur, plutôt que de profiter d'une
offre que lui fit lady Durand de venir chez elle, préféra braver la
fatigue d'un voyage absolument dépourvu de confort.

Les préparatifs furent compliqués: le voyage était long, il fallait
prévoir des provisions de fourrage pour la route, des chameaux
supplémentaires prêts à le transporter, déterminer les points d'eau,
etc. En outre, nos domestiques étaient hostiles à l'idée de voyager
dans le Baloutchistan et avaient besoin de beaucoup d'encouragements.

Il faisait déjà très froid à Mahoun, notre première étape; à Hanaka,
où le caravansérail est à une altitude de près de 2 400 mètres, la
température était véritablement arctique. À Rain, sur le versant
méridional de la chaîne du Djoupar, le temps était heureusement moins
glacial. De Rain, nous longeâmes la rivière du Sardou, appelé ici
«rivière de Bam», et nous traversâmes le district de Tehroud. L'étape
suivante nous mena à Abarik; elle fut pénible, car nous eûmes à
traverser un terrain très accidenté. Quand nous fûmes descendus dans
la région chaude, nous nous trouvâmes las et incapables d'efforts.
Abarik, battu des vents, et Tehroud sont célèbres en Perse; dès vers
connus leur sont consacrés: «On dit au vent: Où est ta demeure? Il
répondit: Ma pauvre demeure est à Tehroud, mais je visite quelquefois
Abarik et Sarbistan.» Ce dernier village est situé sur la rive droite
de la rivière près de laquelle je fis halte, en 1894, au milieu d'une
violente tempête.

Une nouvelle marche, très monotone, le long du lit à sec de la
rivière, nous conduisit à Darzin. Ce village est fameux dans la
légende locale, comme l'endroit où Faramourz, fils de Rustem, fut
pendu par Bahman. On nous apprit que le nom véritable était
_Darzanan_, ce qui signifie «érection de potence». Pour montrer quels
changements se sont produits dans le pays depuis le XIIe siècle, il
suffit de citer ce passage d'Afzal-Kirman: «Nous nous assîmes sur le
toit du palais de Darzin, et nous vîmes le grand nombre des villages,
tout près de se toucher les uns les autres, et les arbres aux senteurs
parfumées. Zein-ed-Din, qui était avec nous, s'écria: On dit
généralement que le Fars est un grand et fertile pays, connu comme «la
moité du Monde». Je l'ai vu tout entier, et je jure que, dans tout le
Fars, je n'ai pas vu un endroit pareil.» Hélas! tout est bien changé,
et Darzin s'élève au milieu d'un désert affreux; cependant, on peut
déjà aujourd'hui constater quelques progrès: un des anciens _kanats_ a
été réparé, et l'on peut croire que l'étendue des cultures s'en
accroîtra beaucoup.

À Bam, nous trouvâmes un abri dans une maison nouvellement bâtie,
donnant sur un jardin ombragé de palmiers. Bam est, depuis les temps les
plus anciens, une ville célèbre en Perse; on trouve ses ruines à un
mille du fort actuel. Au temps de la conquête arabe, la ville, connue
sous le nom de _Nisa_, eut une grande importance, et Mansour-ed-Din en
fit la capitale de la province tout entière. Quelques années plus tard,
Abdoulla Amir fonda le Masdjid-i-Hazrat-Rasoul, qui s'élève dans les
faubourgs de la ville moderne. Bam a soutenu des sièges nombreux, et je
ne crois pas que, sauf une fois, à l'époque des Seldjoucides, où on
manqua la prendre en barrant la rivière, elle ait pu être réduite
autrement que par un blocus. La description qu'en donne Edrisi est fort
intéressante: «Bam est grande, commerçante et riche; on y cultive la
vigne et le palmier; beaucoup de villages en dépendent. Il y a un
château dont les fortifications sont réputées les meilleures de toutes
celles du Kirman; ses habitants se livrent au négoce et à l'industrie;
on y fabrique quantité de belles étoffes de coton, ce qui forme un objet
considérable d'exportation».

À l'époque moderne, la ville fut le théâtre de la tragédie qui termina
la lutte des Kadjars et des Zand, lorsque Loutf-Ali Khan, fuyant de
Kirman, fut bassement livré à son ennemi héréditaire par le
gouverneur. Une fois encore, au milieu du XIXe siècle, Bam fut assiégé
par des troupes mêlées d'Afghans et de Seistanis. Quand toutes les
munitions eurent été dépensées, et qu'il ne resta plus aucun espoir,
les femmes de Bam, conduites par Banou-Husein-Fatha, chauffèrent des
chaudrons d'eau bouillante et firent aux assaillants une réception si
chaude, qu'elles purent tenir jusqu'à ce que l'aide leur fût venue de
Kirman.

[Illustration: Carte pour suivre les délimitations de la frontière
Perso-Baloutche.]

Quelques années plus tard, Agha Khan s'empara du fort et y fut bloqué
pendant la plus grande partie de l'année, jusqu'à ce qu'une épidémie
eut éclaté parmi ses soldats, et qu'il se vit contraint de se retirer
aux Indes. C'est après cela qu'on commença la construction de la ville
moderne. Elle borde les deux côtés de la rivière, et je crois qu'elle
serait exposée aux inondations, dans les années de lourdes chutes de
neige.

Située à une altitude de 1 100 mètres environ, avec une population de
13 000 habitants, possédant un sol fertile et un climat également
favorable à la culture des palmiers et à celle de beaucoup de
productions des hautes terres, elle est le centre d'un riche district.
La chaleur de l'été y est tempérée par un vent frais du nord, les
villages montagneux de la chaîne du Djabal-Bariz sont tout près, et
l'importance de la ville est encore accrue par le fait qu'elle est, à
l'est de la Perse, le dernier centre commercial avant Quetta. Sa
principale richesse lui vient de ce qu'elle est la ville du henné,
presque toute cette précieuse plante tinctoriale étant produite dans
le district. Les garnisons du Baloutchistan sont composées
généralement de soldats venus de ce district, et le gouverneur en est
d'ordinaire un Bami.

[Illustration: Nous campâmes à Fahradj, sur la route de Kouak, dans
une palmeraie.--D'après une photographie.]

Un voyageur déclare que Bam ressemble à une ville indienne. C'est là
une remarque que je n'ai point faite. Peut-être, il y a trente ans,
époque de ce voyage, ne voyait-on pas de palmiers, et cette impression
s'expliquerait ainsi. Par invitation spéciale, nous visitâmes le
fameux fort, et nous constatâmes que l'ancienne ville était encore
debout, entourée d'une haute muraille et d'un fossé. Par trois
passages et une plate-forme, nous gagnâmes le sommet de la forteresse,
qui est la résidence du gouverneur. De là-haut, on jouit d'une vue
merveilleuse. Derrière nous, nos regards étaient attirés par le
Kouh-i-Hazar, avec son manteau de neige fraîchement tombée, et, de
chaque côté de la vallée, les montagnes se détachaient sur le ciel de
turquoise. Au sud, la chaîne du Chah-Soouaran n'était pas moins
brillante. Au-dessous de nous s'élevaient les bouquets de dattiers de
Bam, et nous pouvions suivre la rivière de Bam vers le nord-est: nous
voyions aussi indistinctement les taches vertes du Narmachir.

À 4 milles de Bam, une raide descente nous amena entre les deux
hameaux qui composent le village de Bora, dont le nom est, dit-on, une
corruption de _Beravat_. Il a une population de 5 000 habitants, et
exporte annuellement 120 000 livres de henné, outre des grains et des
dattes. Ce n'est pas, d'ailleurs, son seul titre à la réputation. On
raconte que, dans le voisinage, il existe une tribu d'hommes à queues:
il y en avait deux autrefois, les _Dumdar_ et les _Nartigi_; ces
derniers subsistent seuls. Mes lecteurs ignorent peut-être que, nous
autres Anglais, nous fûmes considérés autrefois comme dotés de cet
appendice caudal; de la même façon, tous les jeunes garçons chiites
sont convaincus que les Sunnites jouissent d'un avantage semblable.

À Vakilabad, où nous arrivâmes en longeant un joli cours d'eau
ombragé, nous avions atteint le district de Narmachir: ce mot est
peut-être la corruption de _Wariman-Chahs_, ou la ville de Wariman,
arrière-grand-père de Rustem. Avec ses gracieux tamaris et mimosas, le
pays semble une tranche détachée du Sind et est beaucoup plus chaud
que le district de Bam. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, il était en la
possession des Afghans, et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il retrouve
quelque prospérité.

Après Vakilabad, nous traversâmes un pays bien arrosé et couvert
d'arbres véritables, puis une jungle immense, d'où nous sortîmes
soudain pour entrer dans le désert; après quoi nous retrouvâmes la
jungle, au milieu de laquelle se trouve le village de Rigan. Il fait
quelque figure sur la carte, mais il ne consiste en réalité qu'en un
fort en pisé, occupé par une garnison de dix soldats, et sa population
ne dépasse pas deux cents âmes. À Rigan, nous trouvâmes un message
désespéré du commissaire persan, que nous avions presque rattrapé, et
qui nous suppliait de ralentir notre marche. Nous n'en tînmes aucun
compte.

Entre nous et Bampour s'étendaient 250 kilomètres du désert de Lout.
Mais comme une pluie abondante était tombée les deux jours précédents,
nous eûmes plus d'eau et de meilleure que ce n'est le cas pour les
voyageurs, en général, et nous fîmes cette traversée en neuf jours,
presque sans accroc.

À Gazak, aux deux tiers du chemin environ, nous fûmes surpris de voir
quelques tentes nomades et un bouquet de palmiers. Finalement, nous
atteignîmes la rivière de Bampour à Kouchgardan où j'avais déjà passé.
Là nous rencontrâmes un détachement de chameliers armés, et j'ai
rarement vu troupe d'aspect plus sauvage et plus irrégulière. Protégés
par cette escorte et par notre cavalerie de petits poneys, nous
atteignîmes Bampour, et, de là, Fahradj. À cet endroit, nous fûmes
reçus avec grande cérémonie; la garnison faisait la haie le long de la
route, et la musique jouait l'air national. Le commissaire persan
arriva peu après.

Nous louâmes ici trente chameaux baloutches, et il fut convenu que je
prendrais une avance d'un jour, pour être présent à la frontière quand
arriveraient les Persans. Les jours commençaient à être très chauds. À
Soran, un message du colonel Holdich m'apprit qu'il s'approchait du
Pandjgour et qu'il espérait atteindre la frontière au milieu de
février.

[Illustration: C'est à Kouak que les commissaires anglais et persans
s'étaient donné rendez-vous (page 341).--D'après une photographie.]

À Isfandak, nous trouvâmes un charmant bois de dattiers, une rivière
d'eau cristalline, mais point d'habitants. Le chef du village s'était
senti mal à l'aise à l'idée de rencontrer l'_Asad-u-Dola_, car il
avait été mêlé à divers pillages et à d'autres forfaits. En
conséquence, lui et ses villageois bivouaquaient dans la montagne,
attendant les événements, et, sans doute, accusant la Commission
d'être la cause de leur exil.

Nous étions maintenant sur la rive gauche de la rivière Mechked ou
_Mechkil_ (c'est la prononciation baloutche). On reconnaît, à son
large lit et à ses bords escarpés, que ce fut autrefois un puissant
cours d'eau, tandis qu'aujourd'hui, même à l'époque des crues, on le
passe facilement à gué après le premier flot. Cependant ce proverbe
doit avoir eu sa raison d'être: «Qui s'arrête dans le Mechked pour
attacher la courroie de ses souliers est perdu.» Les eaux de la
rivière sont bues par le désert, à l'est de Djalsk, et entretiennent
en partie des bosquets de dattiers.

Nous n'étions plus qu'à deux étapes de notre corps principal; un
messager venait, en effet, de nous annoncer que la Commission
britannique était arrivée. Nous fîmes halte au bord d'une mare qui
s'étendait dans le lit de la rivière, puis nous dépassâmes Kouak, nous
vîmes briller des lumières symétriquement disposées, et enfin nous
pûmes serrer la main de compatriotes, après un voyage de près de 1 000
kilomètres, accompli principalement à travers des déserts, dans des
conditions de confort très restreintes, ce qui constitue presque un
record pour une dame marchant avec une caravane.

Il peut être utile de donner ici quelques détails sur la Commission
des frontières perso-baloutches, ou, comme l'_Ikticham-u-Nizara_ la
qualifiait plus exactement, sur la Commission perso-kelat.

[Illustration: Le sanctuaire de Mahoun, notre première étape sur la
route de Kouak (page 337).--D'après une photographie.]

Il y a plus de trente ans, lorsqu'il était question d'une ligne
télégraphique allant aux Indes par le continent, ce pays perdu fut
exploré par sir Frederic Goldsmid, et le résultat final de son enquête
fut le tracé d'une ligne-frontière de Kouak à l'océan. Kouak,
considérée comme une puissante forteresse, était, à cette époque,
indépendante et le resta; au nord jusqu'au Seistan, le pays était
inexploré, et de souveraineté douteuse; on ne fit donc aucune démarche
pour fixer la frontière. La Perse avait la chance, à cette époque,
d'avoir un excellent gouverneur, dans la personne d'Ibrahim Khan. Il
fit de son mieux pour qu'on s'abstînt de tracer une frontière; mais,
n'ayant pas réussi, il s'empara de Kouak aussitôt que le commissaire
anglais fut parti. Cet acte ne fut pas reconnu par notre ministère des
Affaires étrangères; mais comme, pendant dix ans encore, nous ne
prîmes qu'un faible intérêt à notre protectorat sur Kelat, les
affaires restèrent en l'état.

Mais lorsque nous eûmes des troupes au Pandjgour, les razzias devenant
intolérables, nous suggérâmes à Sa Majesté Nassered-Din que la partie
encore flottante de la frontière fût fixée définitivement, en même
temps que nous résoudrions la question de Kouak. Il y eut à ce sujet
une copieuse correspondance; un instant, les négociations faillirent
être interrompues, le Chah ne se souciant guère de faire les frais
d'une Commission qui n'aurait pas pour effet d'augmenter ses revenus,
lorsque soudain Naoroz, khan de Kharan, occupa les palmeraies du
Mechkil, visitées tout récemment par l'_Asad-u-Dola_, qui avait
déclaré qu'elles appartenaient à la Perse. Quand la nouvelle arriva à
Kirman, le _Farman-Farma_ m'écrivit une lettre officielle, me
demandant de repousser ces envahisseurs du sol persan. Dans ma
réponse, je lui fis remarquer que de pareils incidents étaient
inévitables jusqu'à ce que la frontière fût fixée, et que, dans
l'intervalle, il m'était impossible d'agir. Une copie de cette
correspondance fut envoyée par le _Farman-Farma_, à Téhéran, et Sa
Majesté put se rendre compte des dangers de l'inaction. Elle consentit
donc promptement à la nomination d'une Commission qui se réunit à
Kouak, à la fin de février.

Notre Commission n'était pas très nombreuse: le chef en était le
colonel, aujourd'hui sir Thomas Holdich; les commissaires-assistants
étaient le capitaine A. C. Kemball et moi-même. Le lieutenant-colonel
R. Wahab dirigeait l'expédition topographique, et le lieutenant C. V.
Price commandait l'escorte, composée de deux compagnies de fusiliers
et de quelques _sowars_.

Nous étions arrivés à Kouak, quatre jours après la Commission
britannique, et le commissaire persan était arrivé le jour suivant;
mais, sans notre promptitude, nous n'aurions pu terminer notre travail
pendant la saison froide. Même à ce moment, le soleil était beaucoup
trop brûlant, après dix heures, pour ne pas être dangereux, et le
temps clair, si nécessaire aux levés topographiques, ne dure que
jusqu'à la fin de mars et est suivi de six mois de brumes.

Le lendemain de notre arrivée, le commissaire persan et
l'_Asad-u-Dola_ arrivèrent, au milieu d'un grand éclat de trompettes,
et établirent leur camp de l'autre côté de la rivière. Aussitôt une
question délicate se posa: qui devait la première visite? Notre
opinion était que, puisque nous étions arrivés les premiers, c'étaient
les Persans; mais ceux-ci, en se fondant sur leur étiquette, faisaient
le raisonnement inverse. Le colonel Holdich, disaient-ils, n'était que
le délégué du vice-roi des Indes, tandis que le commissaire persan
représentait le roi des rois lui-même. Le débat aurait pu se prolonger
pendant des jours; il fut résolu par le fait que le commissaire persan
et le gouverneur du Baloutchistan m'avaient fait visite à Kirman et à
Fahradj; à plus forte raison, devaient-ils la même politesse à mon
supérieur.

Quand les Persans vinrent, nous leur rendîmes tous les honneurs
possibles. Mais nous n'eûmes ensemble qu'une très courte conversation,
et cela était dû, en partie, au fait que le persan de l'Inde et celui
de l'Iran sont deux langues entièrement différentes. On n'avait pas
assez tenu compte de cette différence aux Indes, de sorte que notre
interprète ou _monnchi_, qui recevait pour ses services un salaire
élevé, n'était pas même capable de traduire une lettre, et que toute
la tâche de l'interprétation retomba sur moi.

Le point de départ des travaux de la Commission fut sur le Mechkil, en
face de Kouak; un monticule artificiel fut dressé sur la rive gauche,
non sans une légère opposition. Mais pour l'emplacement du second
pilier, la discussion fut plus longue. Si ma soeur n'avait pas gravi
la colline sur laquelle nous dressâmes le tas de pierres, jamais le
gros gouverneur du Baloutchistan n'aurait consenti à faire cette
ascension. Une fois là-haut, après avoir repris haleine, il devint
revêche et déclara que nous lui enlevions un district précieux et
fertile; en réalité il avait bien 20 ares d'étendue. Le fait que les
limites avaient déjà été tracées à Téhéran ne comptait pas à ses yeux,
et nous laissâmes ses représentants le calmer.

L'infatigable colonel Wahab nous quitta ici afin de jalonner la chaîne
du Siahan, et nous lui suggérâmes l'idée de se faire accompagner par
Soliman Mirza, le représentant du _Farman-Farma_. Celui-ci n'y
consentit que de très mauvaise grâce. Il escalada pic après pic avec
son collègue anglais, qui se trouvait être un montagnard accompli.

Les deux Commissions se rendirent ensuite en deux étapes à Isfandak,
et de là à Djalsk, par le col de Bonsaz, au-dessous duquel nous
campâmes. Là, nous eûmes un nouvel incident, le commissaire persan
ayant fait dire qu'un pilier-frontière avait été élevé à l'ouest du
passage, et que cela excitait beaucoup les esprits. Nous nous
assurâmes qu'il n'y avait là qu'un signal pour la triangulation, et
nous exprimâmes notre regret d'avoir été soupçonnés d'un tel acte, ce
qui causa beaucoup de confusion chez les Persans.

[Illustration: Cour intérieure du sanctuaire de Mahoun.--D'après une
photographie.]

Les deux Commissions étaient composées des éléments les plus divers,
Anglais, Persans, Baloutches, soldats réguliers et irréguliers; nous
avions aussi beaucoup de chameaux, de mules et d'ânes et un troupeau
de moutons et de chèvres.

Nous séjournâmes à Djalsk une quinzaine, pendant laquelle on éleva les
bornes-frontières qui firent passer les palmeraies de Mechkil à Kelat,
ainsi qu'il avait été convenu à Téhéran. Le district situé plus au
nord n'était, en somme, qu'un désert, et le colonel Holdich suggéra,
pour éviter une nouvelle campagne d'hiver, l'idée d'accepter comme
frontière les chaînes courant au sud-est du Kouh-i-Malik-Sia, en se
contentant d'envoyer, pour les explorer, une colonne volante.

Le commissaire persan ayant accepté, il ne nous resta plus qu'à
décider de la souveraineté sur quelques bouquets de palmiers sans
importance. Comme j'en avais entendu parler dans le Sarhad, en 1893,
et que j'avais quelques notes sur la question, la besogne fut facile.

L'oasis de Djalsk est d'une étendue considérable, une dizaine de
kilomètres carrés. On y trouve partout des palmiers-dattiers, sous
lesquels poussent de l'orge, du froment, des lentilles, et l'on trouve
dans les jardins des grenadiers, des figuiers et de la vigne. Au
centre, se creuse une _nala_ marécageuse, pleine de roseaux, et dans
l'oasis sont dispersés huit villages importants. Un phénomène
remarquable, observé par le colonel Holdich, est que les palmeraies du
Mechkil, situées à une quarantaine de mètres à l'est, sont fécondées
par des sources venues de Djalsk et coulant souterrainement jusqu'au
bord du _hamoun_.

Il y a dans l'oasis un certain nombre d'édifices, couverts de dômes, et
construits de briques en pisé, dans lesquels se trouvent les tombes
d'une race de chefs disparue, connus sous le nom de _Maliks Keianiens_.
Mais c'est là une erreur: ces chefs sont, indubitablement, des membres
de la famille des Saffar, qui régna plus de cinq siècles sur le
Baloutchistan. Quelques-uns de ces mausolées ne contiennent qu'une
chambre; d'autres possèdent une antichambre; une troisième catégorie a
deux étages. On trouve des restes de briques, sous le dôme, et, par-ci
par-là, quelques grossiers dessins représentant des éléphants et des
paons; mais, au point de vue artistique, tout cela était d'un ordre très
inférieur.

[Illustration: Le Khan de Kelat et sa cour.--D'après une
photographie.]

Le jour de l'an persan (21 mars) survint, d'une façon malencontreuse,
juste avant que se terminât notre travail. Le commissaire britannique
voulut faire une visite à son collègue persan, en sa qualité de
représentant du chah; mais l'_Asad-u-Dola_ ayant dit: «Quelle est ma
place?» Nassoulla Khan se trouva de nouveau balancé entre nous deux,
et, comme il était inévitable, nous offensâmes le gouverneur du
Baloutchistan, en lui disant que le commissaire persan était, à nos
yeux, le représentant du chah, mais que, s'il le désirait, lui-même
aurait plus tard une visite. Ce fut malheureusement sans grand profit
que nous brandîmes ainsi le rameau d'olivier. Il était heureux que nos
travaux fussent si promptement terminés, car la brouille entre
l'_Asad-u-Dola_ et l'_Ihticham-u-Nizara_ allait augmentant tous les
jours. À la fin, le premier menaça de laisser le second sans vivres
dans le désert, s'il acceptait la demande du colonel Holdich, que le
Gouvernement persan fût responsable des incursions de la tribu des
_Yarahmadzai_. Ainsi les négociations étaient arrivées à une impasse.
Nous nous en tirâmes heureusement, en concluant un arrangement secret,
qui fut signé dans ma tente par les deux commissaires, et en ne
mentionnant, dans la réunion solennelle, que les différentes
bornes-frontières. L'_Asad-u-Dola_ triomphait, ignorant de notre ruse,
et j'affectai d'avoir l'air ennuyé.

Le jour avant notre séparation, on organisa des jeux athlétiques, qui,
commencés par une course de chameaux, allèrent convenablement
jusqu'aux exercices de lutte. Mais alors il se produisit des désordres
que nous eûmes beaucoup de peine à calmer. La foule envahit l'arène,
et se mit à maltraiter les champions malheureux, et pendant un moment,
on se battit à coups de bâton et de pierres. À la fin, le tumulte
s'apaisa, grâce à l'intervention du colonel Holdich.--Les Baloutches
avaient cru sérieusement que la guerre était déclarée, et ils
s'assemblaient en grand nombre, pour nous aider, disaient-ils.

Un incident assez amusant suivit: l'_Asad-u-Dola_ annonça son
intention de bâtonner tout le monde. En conséquence, mes tentes,
dressées un peu à l'écart du camp, furent envahies par tout le
régiment persan, qui venait y chercher asile. L'_Asad-u-Dola_ harangua
ses hommes, mais en vain, puis fit appel à mon assistance. Finalement,
sur la suggestion du colonel Holdich, on décida qu'on punirait le
principal délinquant de chaque parti.

[Illustration: Jardins du sanctuaire de Mahoun.--D'après une
photographie.]

Nous donnâmes un grand banquet pour célébrer le mémorable événement de
la fixation, opérée en un mois, de plus de 300 kilomètres de
frontières. Cela fait, plus que des volumes, l'éloge du plan adopté
par les commissaires en chef. À cette occasion, je mentionne un petit
épisode raconté dans le livre de ma soeur, _Through Persia on a Side
Saddle_: «Fat-Hadji Khan, l'interprète du commissaire persan, s'avança
vers nous, et se mit soudain à chanter le _Highland Laddie_, qu'il
avait appris, nous dit-il, d'une dame anglaise à laquelle il s'était
tendrement attaché durant son séjour à Londres».

Le lendemain, de bonne heure, nous partions de Kouak, après le plus
cordial des adieux. Ainsi se terminèrent les travaux de la Commission
des frontières perso-baloutches.

Nous avions à traverser, jusqu'à Quetta, le Baloutchistan britannique.
Ce pays jusqu'ici n'a pas eu d'historien, bien que les matériaux de
son histoire soient tout prêts. Géographiquement, sa partie
occidentale consiste, au nord, en un désert qui s'étend jusqu'au
Helmand, et, au centre et au sud, en vallées longues et étroites, se
dirigeant, avec la plus grande régularité, du nord-est au sud-ouest.
Plus à l'est on entre dans les montagnes baloutches, rameaux du
puissant Hindou-Kouch, et c'est sur le grand plateau qu'elle supporte
que sont situés Kelat et Quetta. Comme on peut le penser, le climat de
la partie occidentale du pays est à peu près le même que celui du
Baloutchistan persan, et l'on trouve à Pandjgour des dattes qui sont
parmi les meilleures du monde entier; mais entre Kelat et Quetta, le
froid est parfois intense, et je me rappelle que le colonel Wahab me
montra un endroit où son expédition avait été surprise par une
tempête. Dans l'obscurité, ils avaient posé leurs tentes à l'abri d'un
monticule, qui se trouva, le lendemain, être composé de boeufs achetés
par le commissariat et morts gelés. Les populations du Baloutchistan
britannique sont fort diverses. Le Kharan est peuplé de Nochirouanis
et de diverses races sujettes, le Pandjgour de Gichkis, le Kelat d'une
population mêlée de Brahouis, de Rinds, d'Afghans, d'esclaves Dehwar
et d'Hindous.

[Illustration: Dans la vallée de Kalagan, près de l'oasis de
Djalsk.--D'après une photographie.]

On ignore généralement que le premier représentant de la
Grande-Bretagne apparut à Pandjgour, il y a moins de vingt ans, dans
la personne de ce grand officier de frontières, sir Robert Sandeman.
Le Gouvernement des Indes, ne voulant pas faire une grosse dépense
inutile, commença par envoyer pendant plusieurs hivers un officier en
expédition dans le pays; mais les Baloutches n'attendaient que son
départ pour recommencer leurs querelles. En 1891, le major Muir, qui
rendait la justice à distance de sa garde, ordonna imprudemment
l'arrestation de Mir Chahdad, un brigand notoire. Il résista, avec ses
hommes; un domestique sans armes fut tué, et le major Muir lui-même
grièvement blessé, tandis que Chahdad réussissait à prendre la fuite.
Mais, inquiet de ma présence à Kirman, il finit par se soumettre à
Kemball, lorsque celui-ci fit son voyage de 1894 à 1895. Après cet
outrage, on maintint, pour un an ou deux, une petite garnison à
Pandjgour, mais elle fut retirée en 1896, le pays s'étant pacifié,
dans une certaine mesure, quoique, on le verra plus tard, la lutte
contre les restrictions que la civilisation apporte à la vie n'y fût
pas encore terminée.

À quelques kilomètres de Kouak, la monotonie du voyage fut
agréablement variée par l'apparition de deux ours, les premiers que
j'eusse vus dans le Baloutchistan; ils mirent en fuite Tumbull, qui
les avait rencontrés. Nous partîmes pour leur donner la chasse, mais
nous ne pûmes que les entrevoir. Les ours doivent être très rares dans
le pays, et je n'en ai vu des traces qu'une seule fois, outre
celle-ci.

Nous traversâmes le Mechkil, dont les flots, d'un pied de profondeur à
peine, étaient couleur de café, et nous entrâmes dans la vallée du
Rakchan. Elle est large et peu profonde, et s'étend vers
l'est-nord-est, sur 200 kilomètres. À la seconde étape, nous n'eûmes
que de l'eau salée, que les plus endurcis de nos soldats trouvaient
imbuvable, et nous regrettâmes fort un baril de bière que nous avions
donné à nos collègues persans. Notre farine, d'autre part, était
moisie et immangeable.

Le lendemain nous conduisit à Pandjgour, ou les «Cinq Tombes», ainsi
nommée de ses cinq chefs tués à l'époque de la conquête arabe. C'est
une charmante oasis, qui renferme quelques hameaux et des bois de
dattiers étendus, dont les fruits sont excellents. Cependant, le
district avait à ce moment une fâcheuse réputation; car, l'année
précédente, un _ghazi_ y avait attaqué, de sang-froid et de la façon
la plus perfide, le lieutenant Parker, qui commandait une section de
batterie de montagne. Le lâche assassin semblait désireux de montrer
l'allure de son cheval; il demanda à Parker de galoper devant lui, et
le poignarda dans le dos. Heureusement, il fut promptement capturé par
les canonniers, puis jugé et pendu, et son cadavre fut brûlé. Kemball
ayant fait fonction de juge, à cette occasion, il était très probable
qu'on chercherait à se venger de lui; c'est pourquoi on nous avait
interdit de sortir sans escorte, et nous avions pris la précaution
supplémentaire d'être toujours armés de fusils, qui imposaient aux
ghazis plus de respect que des revolvers.

Nous fîmes halte le dimanche de Pâques; le jour suivant nous
dépassâmes les tentes désertes, occupées jadis par des soldats
d'infanterie du même régiment que celui qui composait notre escorte.

Nous nous élevions constamment, comme le montraient nos baromètres
anéroïdes. Les marches étaient d'une monotonie intense, les jours
succédaient aux jours sans qu'on aperçût nulle part un signe de vie.
Cependant nous trouvions un certain intérêt à spéculer sur les causes
qui avaient fait fuir la population de cette vallée, dont les versants
étaient disposés en terrasses sur des milles, tandis que ça et là
s'élevaient des monticules bourrés de débris de poterie. Sans doute,
la guerre y avait été pour beaucoup, mais en outre, dans ce district
comme dans les districts voisins, un déboisement inexorable avait
amené une diminution dans la quantité de pluie tombée, tari les
sources, et finalement mis en fuite la population.

Cependant il est possible de se procurer de l'eau, et des puits
artésiens rendraient sans doute de grands services; mais ce qui me
frappa particulièrement, c'est que le pays par où nous passions était
excellent pour l'élève du chameau. Partout le sol était recouvert des
fourrés les plus épais, tandis que le climat rappelait celui de
différentes parties de l'Afghanistan. Les chameaux qui seraient élevés
là supporteraient le service au delà des frontières, ce qui n'est pas
le cas pour ceux élevés dans les plaines. Même dans la dernière guerre
afghane, la méconnaissance de cette question a causé, dit-on, la mort
de trente-six mille chameaux, et non seulement cette perte disloqua le
service des transports, mais elle occasionna encore les plus terribles
maladies. Mais, même si l'on adoptait de meilleures méthodes, il n'en
serait pas moins déplorable qu'on ne pût faire aucun usage de ce pays
désert, où nous ne vîmes pas signe de vie sur 320 kilomètres.

[Illustration: Oasis de Djalsk: des édifices en briques abritent les
tombes d'une race de chefs disparus (page 342).--D'après une
photographie.]

À Nagha Kelat, où nous restâmes deux jours, pour laisser reposer nos
chameaux, nous mîmes ce temps à profit pour voir les ruines immenses
qui s'y trouvent. Les plus intéressantes étaient celles des grands
réservoirs appelés, dans le Baloutchistan, _gorbasta_. Après cette
halte, nous arrivâmes bientôt dans le haut pays baloutche. Là, les
terres plates n'étaient qu'une masse de fleurs, et, grâce à la plus
grande altitude, il n'était plus nécessaire de marcher de nuit.

Vers la fin d'avril, nous atteignîmes Kelat, capitale du
Baloutchistan, qui se trouve à l'altitude considérable de 2 100
mètres. Un des grands souverains de cette province fut Nasir Khan, qui
accompagna Nadir Chah à Delhi. En revenant à Kelat, il trouva que les
procédés tyranniques de son frère avaient ruiné le pays, et que les
Hindous avaient fui en masse, pour sauver leurs biens; Nasir Khan tua
son frère, Hadji Mohammed Khan, et reçut de Nadir Chah, qui
évidemment approuvait ses actes, le titre de Beglerbagi. En quelques
années, il ramena la prospérité dans le Baloutchistan, et l'on
rapporte que de Pandjgour à Kasarkand tous les chefs se soumirent à
lui et lui payèrent tribut.

[Illustration: Indigènes de l'oasis de Pandjgour à l'est de Kouak
(page 345).--D'après une photographie.]

Quand Nadir Chah eut été assassiné, il s'opposa à Ahmed Chah, et
d'abord avec succès. Mais il fut ensuite défait et forcé de se retirer
à Kelat, où il fut de nouveau battu.

Après que deux assauts eurent été repoussés, la paix fut conclue, et
Nasir Khan s'engagea à fournir des troupes dès qu'on l'exigerait. En
échange, on le dispensa de payer le tribut.

Peu de temps après, il vint en aide à Ahmed Chah contre la Perse, et
se mit à la tête de ses Baloutches, dans une charge désespérée qui
décida du sort d'une bataille livrée près de Mechhed. Une autre fois,
à Tabas, il tailla en pièces l'armée persane dans une embuscade qu'il
avait préparée. Il revint chez lui en triomphe, son royaume s'étendit
jusqu'à Karatchi, et le Baloutchistan entra dans une période de
prospérité qu'il ne devait pas retrouver plus tard.

Kelat a une population de près de 50 000 habitants, qui varie, il est
vrai, selon les saisons: au milieu de l'hiver, la ville est à peu près
déserte. Ses bazars sont très médiocres, et l'on voit, de toutes
façons, que le peuple qui habite ici est très inférieur aux Persans
dans les arts de la civilisation. À ce qu'on m'apprit, sa forteresse
est principalement l'oeuvre de Nadir Chah. À l'époque de sa
construction, elle doit avoir été imprenable.

Il semble que ce soit aux Baloutches que nous devions le jeu,
aujourd'hui populaire, du _tent-pegging_, dans lequel un cavalier,
lancé au galop, doit enlever d'un coup de lance un piquet planté en
terre. Ce jeu est mentionné dans le voyage de Pottinger.

Nasir Khan mourut en 1795, et ce fut pendant le règne de son
successeur que Pottinger visita le pays. Son successeur, Mahmoud Khan,
était un ivrogne. Il mourut en 1819, et fut remplacé par son fils
Mehrab Khan, sous le règne duquel le pays de Kelat entra en contact
avec le Gouvernement de l'Inde.

En 1838, lors de la première guerre d'Afghanistan, des officiers
britanniques furent envoyés à Kelat, afin d'assurer la coopération du
Khan, dont les territoires furent traversés dans la marche sur
Kandahar. On eut quelques soupçons de trahison, et, en novembre 1839,
une force britannique attaqua et prit d'assaut Kelat. Mehrab Khan fut
tué, et les papiers qu'on découvrit sur lui montrèrent qu'il était
innocent de toute déloyauté, mais qu'il était victime d'une intrigue.
Son successeur fut assassiné, quelques années plus tard, en même temps
que le représentant britannique, et l'on nomma chef un second Nasir
Khan, qui fut remplacé, en 1857, par Mir-Khoudahad Khan.

Sa carrière fut assez traversée. Pendant vingt ans, il fut en guerre
avec ses _sardars_. En 1877, le Gouvernement britannique fit l'achat
de Quetta, et, dans la guerre afghane qui suivit, Khoudahad rendit des
services avec ses milices. Plus tard ses actes provoquèrent du
mécontentement; comme il avait tué le vizir et sa famille d'une
manière assez atroce, il fut déposé, et les troupes britanniques
occupèrent de nouveau Kelat.

À cette occasion, le trésor immense qui fut saisi fut placé à intérêt,
et il est dépensé aujourd'hui pour toutes sortes d'améliorations. La
confiscation de ces caisses de roupies fit grand bruit en Perse, à
cette époque, et le Khan fut vivement plaint. Cette histoire me
rappelle un Arménien, qui se trouvait dans un consulat à l'époque des
massacres; il avait entendu, sans émotion apparente, raconter que ses
parents et amis avaient été massacrés. Un peu plus tard, d'autres
messages lui apprirent que le pacha avait saisi tout l'argent d'une
des victimes, et c'est alors, mais seulement alors, que mon ami
s'arracha les cheveux et se lamenta sur les calamités qui avaient
frappé sa nation.

Le fils de Khoudahad Khan, Mahmoud Khan, fut nommé pour lui succéder.
Il est maintenant khan de Kelat et beglerbegi du Baloutchistan.

Je reprends mon récit. Nous franchîmes un passage peu élevé dans les
montagnes, et nous arrivâmes en vue d'un fort, pittoresquement situé,
où les commissaires britanniques furent rejoints par le frère du Khan
et par quelques lanciers, récemment levés. Notre bivouac fut établi
près des bâtiments, d'aspect misérable, où réside l'agent politique;
mais nous n'avions pas de raisons de murmurer, car le jardin nous
fournit les premiers légumes que nous eussions goûtés depuis Djalsk,
où nous avions savouré un unique plat de lentilles. Nous étions de
nouveau sur la ligne du télégraphe, que nous avions quittée à Kharan,
et deux étapes plus loin, par delà la délicieuse vallée de Mastang,
nous atteignîmes la route de Kelat, en construction alors, et qui n'a
jamais été terminée.

À notre dernier campement, nous pûmes voir le chemin de fer, presque
complètement achevé, du passage de Bolan. Nos domestiques persans,
pour faire étalage de leurs connaissances, vinrent nous dire ce que
c'était. Nos chevaux se reposèrent sans plaisir dans ces
cantonnements, et prirent presque le mors aux dents en voyant d'abord
un wagonnet, puis la gare. Quant à nous, nous étions enchantés de ces
vertes avenues, et quand nous eûmes enfin atteint l'agence de Quetta,
nous nous sentîmes enclins à nous écrier, comme Sadi à Chiraz: «Ceci
est vraiment le paradis!»

L'aimable accueil de sir James Brown, sa jolie maison d'aspect
britannique, et toute pleine d'un luxe inaccoutumé, terminèrent
dignement ce voyage très réussi; et ma soeur put justement réclamer ce
titre, d'avoir été la première femme qui soit allée à cheval de la
Caspienne aux Indes, sur une distance de plus de 3 000 kilomètres.

  (_À suivre._)     _Adapté de l'anglais par_ H. JACOTTET.

[Illustration: Camp de la commission de délimitation sur la frontière
Perso-Baloutche.--D'après une photographie.]

Droits de traduction et de reproduction réservés.



  TOME XI, NOUVELLE SÉRIE.--30e LIV.       Nº 30.--29 Juillet 1905.

[Illustration: Campement de la commission des frontières
Perso-Baloutches.--D'après une photographie.]



À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE[4]

         [Note 4: _Suite. Voyez pages 301, 313, 325 et 337._]

Par le MAJOR PERCY MOLESWORTH SYKES,

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan._

     V. -- Le Seistan: son histoire. -- Le delta du Helmand. --
     Comparaison du Seistan et de l'Égypte. -- Excursions dans le
     Helmand. -- Retour par Yezd à Kirman.


[Illustration: Parsi de Yezd.--D'après une photographie.]

Une nouvelle campagne de délimitation était nécessaire pour compléter
l'oeuvre de la Commission anglo-persane, entre l'Afghanistan, le
Baloutchistan et la Perse. Le 2 janvier 1899, nous étions arrivés à
Robat-Kélat, tout près de l'angle sud-ouest de l'Afghanistan, et nous
allions entrer dans le Seistan. Sans recommencer le récit des travaux
de délimitation, je désire faire connaître un peu la géographie de ce
pays si mal étudié jusqu'à présent.

Dans le _Chah-Nanieh_, le Seistan est la patrie de la fameuse famille
de guerriers qui assit la dynastie keianienne sur le trône de Perse.
Son rejeton le plus brillant fut Rustem, dont les actions
incomparables forment le sujet de la grande épopée de Firdousi, et qui
est aujourd'hui encore, comme il y a mille ans, le héros national de
la Perse. Tout ce qu'on ne comprend pas lui est attribué; ainsi, par
exemple, les sculptures sassanides sur les rochers, à Persépolis.

À cette époque, le nom de Sagistan (c'était la forme de Seistan)
désignait le bas pays à l'ouest de Kandahar, le haut pays étant appelé
le Zaboulistan. Si l'on remonte à l'ancienne histoire de la Perse, on
trouve que les Sarangiens, mentionnés par Hérodote comme appartenant à
la 14e satrapie, occupaient le Seistan sous le règne de Darius. Les
historiens grecs, qui racontèrent les conquêtes d'Alexandre le Grand,
donnèrent le nom de Drangiane à ce qui est maintenant, en gros,
l'Afghanistan méridional. Le conquérant la traversa dans sa marche sur
la Bactriane, et son lieutenant Krateros y passa à son tour, en allant
de Karatchi en Karamanie. Mais le plus ancien voyageur qui ait visité
et décrit ces provinces, bien que très brièvement, est Isidore de
Charax.

Le temps des dynasties des Parthes et des Sassanides n'est marqué
dans la province par aucun événement notable, mais les conquérants
arabes sont peut-être responsables--ceci n'est pourtant qu'une
conjecture--de la destruction finale des très anciennes cités de
Keikobad et de Garchap, et de la fondation de villes arabes à leur
place.

Ce fut du Seistan que la dynastie Saffar sortit pour conquérir un
empire. La contrée est décrite par le grand voyageur Istakhri, qui
donne une description détaillée du Zaranj ou Zirra, province très
forte à cette époque.

En 1362, celui qui devait être le célèbre Timour envahit la province
en fugitif et s'empara de nombreux villages, mais il fut finalement
battu et dut se retirer sur le Makran. C'est dans cette campagne qu'il
reçut la blessure au pied qui lui valut le surnom de _lang_ ou «le
boiteux», Timour-Lang, Tamerlan. Il reparut, vingt et un ans plus
tard, mais en conquérant et en massacreur, et s'empara du Zirra, puis
de Zalidan, alors probablement la capitale de la province: la garnison
tout entière de la ville fut passée au fil de l'épée, et ses ruines
livrées aux chacals, qui l'habitent encore aujourd'hui. Pour compléter
la catastrophe, le grand barrage, alors connu sous le nom de
_Band-i-Rustem_, fut détruit par Timour, ou, si l'on accepte la
légende locale, par son fils Chah-Roukh.

Cette destruction changea totalement les conditions matérielles de la
province. Le Seistan, c'est-à-dire, en somme, le lac et le delta
formés par le Helmand et d'autres rivières, était, à une époque très
ancienne, un vaste lac. Les alluvions des rivières formèrent des
terres au nord du lac, mais cette partie du pays est maintenant
déserte, tandis que le Seistan habité a été formé par l'assèchement du
lac lui-même, en suite de la diminution du volume de la rivière et,
peut-être, du captage des eaux pour l'irrigation.

[Illustration: Une séance d'arpentage dans le Seistan.--D'après une
photographie.]

Évidemment, la marche d'Alexandre à travers ces pays, avec une grande
armée, tend à prouver que l'Asie n'était pas, à cette époque, aussi
aride qu'aujourd'hui. J'ai vu dans le Seistan des nalas desséchées,
dont les bords s'élèvent à plus de 60 mètres.

M. de Khamkoff a été particulièrement frappé du fait que la rivière de
Birjand, ou plutôt son lit desséché, est tracée en travers du Lout, ce
qui prouve que la chute des pluies était alors beaucoup plus
considérable. Actuellement, il n'atteint même pas le désert en temps
de crue.

Le Seistan d'aujourd'hui a de l'eau de trois côtés: le Helmand forme
sa frontière orientale, tandis qu'au nord et à l'ouest s'étend le
_hamoun_, la lagune dont je parlerai tout à l'heure. Au sud-est du
Seistan habité, se trouve le _Gand-i-Zirra_ ou «Trou de Zirra», dans
lequel les eaux de la lagune sont portées par le Chelag, un cours
d'eau de 350 mètres de largeur, avec des rives hautes de 15 mètres, là
où je le traversai. Le grand bassin lui-même a au moins 160 kilomètres
de longueur et 50 de largeur; il devait recevoir toute l'eau qu'on
trouve actuellement dans le lac, ou du moins tout l'excédent de ses
anciennes crues; sans cela, il serait impossible d'expliquer sa vaste
étendue. Quand le lac a beaucoup d'eau, le Chelag forme un fleuve
salé, qui coule parallèlement au Helmand, dont le séparent des dunes
de sable, mais dans une direction opposée. En général, il n'y a guère
plus qu'un marais dans la dépression la plus basse et même, au
printemps, les eaux ne couvrent pas le dixième de sa superficie.
D'après Istakhri, le Helmand ou Hilmend s'écoulait dans le lac Zirra.

Avant l'arrivée de Tamerlan, le Helmand était barré par le Band-i-Aok
ou Akoa. De ce barrage, partait le Roud-Hauzdar, un canal large et
profond, destiné à irriguer le district au sud du Seistan encore
habité aujourd'hui, et où l'on ne trouve plus que les débris de
grandes villes. La plus importante était Hauzdar, l'endroit où,
d'après la légende, le fils de Rustem, Faramurz, fut empalé par
Bahram.

[Illustration: Les commissaires persans de la délimitation des
frontières perso-baloutches.--D'après une photographie.]

La branche principale du delta coulait alors, au nord-nord-ouest, par
Chahristan et Zahidan. Mais lorsque, après la catastrophe de
l'invasion tartare, Chah-Roukh eut détruit le grand barrage, le
district du Hauzdar perdit son approvisionnement d'eau, et bien que le
Roud-Nasrou restât la rivière principale, un nouveau canal se forma
près du barrage moderne, entourant les trois collines de Sehkouha,
ville alors inhabitée, mais qui devait devenir la capitale du Seistan.

Pour autant que nous pouvons le savoir, il n'y eut pas de changement
important, jusqu'à ce que, il y a de cela une soixantaine d'années,
d'après Conolly, qui visita le pays peu après, les eaux renversèrent
le barrage moderne et s'unirent pour former un canal à l'ouest de
Nad-i-Ali. En conséquence, le Seistan fut laissé sans eau. Prises de
désespoir, toutes les classes de la population s'unirent pour
construire un barrage, mais la rivière s'en détourna. Plus tard, entre
1840 et 1850, on construisit le présent barrage et l'on creusa le
Madar-Ab, ce qui ne fut point une tâche facile.

Lorsque sir Frederic Goldsmid eut été désigné comme arbitre entre la
Perse et l'Afghanistan, il fixa la frontière à la rivière, dont le
cours n'avait pas changé. Mais il y a huit ans, sans doute par suite
du dépôt d'alluvions, elle se fraya un passage à l'ouest, et, à
l'époque de notre visite, la branche principale du Helmand coulait,
sous le nom de Roud-Perian, à l'est et parallèlement au Roud-Nasrou,
ayant détruit Djahanabad, Ibrahimabad et Djalalabad, le berceau de la
dynastie keianienne. On s'attend à ce que le fleuve, ne rencontrant
pas d'obstacles, reprenne son cours originaire, et, dès maintenant,
les Afghans peuvent justement se plaindre d'être laissés à sec, la
branche du Nad-i-Ali n'ayant que peu d'eau.

Pour en revenir à l'histoire, le pays fut gouverné, après Tamerlan,
par la tribu des Keianiens, qui prétend descendre de la famille royale
des Akhéménides. Son chef fut parfois indépendant, mais lorsque la
dynastie des Saffar fut à son zénith, il dut se soumettre et reconnut
naturellement la suzeraineté de la Perse.

Lorsque Ispahan eut été assiégée par les Afghans, Malik-Mahmoud, le
prince régnant, vint à la rescousse avec 10 000 soldats; mais les
envahisseurs lui ayant promis la possession du Khorassan, il laissa la
cité royale à son sort. Peu après, il fut pris à Mechhed par Nadir,
qui commençait à se pousser à la première place, et ses héritiers,
deux frères, soutinrent un siège de sept ans sur le Kouh-i-Khoya, mais
ils furent finalement réconciliés et soumis.

[Illustration: Le delta du Helmand.]

À la mort de Nadir Chah, le royaume d'Afghanistan fut fondé par Chah
Ahmed, qui possédait toute la Perse orientale, y compris le Kain et le
Seistan, provinces administrées de Hérat. La tribu des Keiani
disparaissait graduellement; à la fin du XVIIe siècle, la tribu des
Nahroui, du Baloutchistan, fut invitée à s'établir dans le Seistan,
pour faire contrepoids aux Chahrekis et aux Sarbandis.

Vers 1850, Ali Khan, le chef des Sarbandis, fit acte d'allégeance
envers la Perse, et reçut la main de la fille de Bahram-Marza, un
parent du chah. Mais il fut vaincu et tué par un de ses neveux,
Tadj-Mohammed. Celui-ci fut d'abord reconnu chef, mais ayant été
convoqué par le chah à Mechhed, il fut mis en prison, puis, échappa,
et mena dès lors une existence errante, qui se termina à Quetta.

Après cela, le Gouvernement persan prit graduellement possession du
Seistan et commença à occuper des forts de l'autre côté du Helmand.
Mais Chir-Ali, qui, dans l'intervalle, s'était affermi sur le trône
d'Afghanistan, était de force à s'opposer à ces tentatives
d'absorption. Pour éviter une guerre perso-afghane, le Gouvernement
britannique consentit à faire acte d'arbitre, conformément au traité
de Paris, et il envoya sur les lieux la mission du Seistan, dont le
voyage est raconté dans le volume _Eastern Persia_ du général
Goldsmid.

La situation était difficile; l'arbitre avait non pas à décider entre
des prétentions opposées, mais à fixer le véritable _statu quo_. Or,
l'émir de Kain s'imagina que le Gouvernement britannique essayait de
prendre le plus de territoire possible pour son Gouvernement--car en
Perse on regarde l'Afghanistan comme une province de l'empire des
Indes,--et comme le commissaire persan ne songeait qu'à battre
monnaie, il comprit qu'en le confirmant dans son idée, il avancerait
ses propres intérêts.

[Illustration: Sculptures sassanides de Persépolis (page
349).--D'après une photographie.]

Le général Goldsmid, voyant l'impossibilité de procéder à une enquête
complète, s'en revint à Téhéran et rendit sa décision, par laquelle,
comme je l'ai dit, le Helmand devint la frontière; et la Perse acquit
toute la partie capable de rapporter un revenu. Mais les deux parties
firent appel, et la décision fut suspendue.

On perdit un peu le Seistan de vue. Mais l'ouverture de la route
Quetta--Nouchki--Khorassan, qui fut l'un des résultats de la mission
des frontières perso-afghanes, ramena l'attention sur lui, et le
capitaine Webb Ware le visita, en 1897. Un vice-consul russe y fut
nommé, en automne 1898, et, à la même époque, je reçus l'ordre d'y
fonder un consulat britannique, et cela explique ma présence dans la
région.

Je reprends le récit de notre voyage. Nous arrivâmes à la colline
noire et basse de Kouh-i-Malik-Sia, qui n'a d'intérêt que d'être le
point où les empires de Grande-Bretagne et de Perse touchent à
l'Afghanistan.

[Illustration: Un gouverneur persan et son état-major.--D'après une
photographie.]

Je rencontrai Wood et son expédition à la station d'Hourmak, la
dernière où nous dussions trouver de l'eau fraîche jusqu'au Helmand.
Au delà, l'interminable succession de _nalas_ desséchées, où nous
avions marché pendant des jours nombreux, cessait brusquement, et nous
entrions dans une plaine unie, en apparence sans bornes, dont la vue
était tout à fait oppressante. Elle produisait sur nous un sentiment
tout semblable à celui qu'on éprouve en débarquant après un long
voyage sur mer.

Le lendemain, nous arrivions sur les bords de la Chelag, qui formait
de larges étangs d'eau salée, où s'ébattaient quelques canards.
Traversant en diagonale le lit large et profond de la rivière, nous
prîmes la rive gauche et nous aperçûmes les premières ruines. Nous
établîmes notre camp à Girdi-Chah, où je devais bientôt installer mon
poste, près des ruines de Ramroud, dont les maisons en pisé, depuis si
longtemps abandonnées, sont encore presque habitables. Girdi-Chah, le
seul endroit où l'on trouve de l'eau potable, à plusieurs milles à la
ronde, est un point de relâche nécessaire pour les caravanes venant de
Perse et d'Afghanistan. Mes _sowars_ y ont semé un peu de grain et
nettoyé les sources, de sorte que plus tard un village y pourra
naître, qui sera le plus grand bienfait pour les caravanes.

L'étape suivante nous fit traverser un terrain plein encore de villes
et de villages abandonnés. Nous passâmes par les ruines de Koundar et
de Hauzdar, et nous campâmes à Asak-Chah, où nous trouvâmes quelques
sources d'une eau médiocre, avec de grands troupeaux de moutons dans
le voisinage. Nous étions tout près du Seistan habité.

Chevauchant à travers une plaine de gazon, nous atteignîmes bientôt le
premier canal d'irrigation, qui a 4 mètres environ d'élévation, et une
cinquantaine de centimètres de profondeur. Nos chevaux, à la fin, se
sentirent heureux; ils burent avidement jusqu'à ce que, par humanité,
nous fûmes forcés de les éloigner. Longeant les falaises usées par les
eaux, nous entrâmes bientôt dans Varmal, un grand village, peuplé d'un
millier d'habitants. En arrivant à notre camp, nous eûmes la surprise
d'y trouver des sacs d'orge et de farine: nous étions de nouveau dans
un pays d'abondance.

J'ai été très frappé par la ressemblance qu'il y a entre le Seistan et
l'Égypte, d'un côté, le Sarhad et la Palestine, de l'autre. Le Seistan
dépend tout à fait du Helmand, comme l'Égypte du Nil, et les deux
districts sont les greniers des tribus environnantes. De même, au
Sarhad comme en Palestine, la sécheresse rend le pays inhabitable; les
troupeaux de moutons et de chèvres meurent faute de nourriture. Quand,
dans le Sarhad, je m'enquérais d'une tribu absente, la réponse
invariable était: «Elle est allée au Seistan.»

Ainsi qu'Abraham et Jacob furent contraints de se rendre en Égypte
pour assurer l'existence à leurs familles, ainsi les nomades se
rassemblent dans le Seistan et aux alentours. Cependant les squelettes
que nous rencontrâmes nous prouvèrent que bien des vies s'étaient
perdues en route. Pour compléter la comparaison: de même que le
voyageur en Égypte traversait le désert arabe, partiellement en vue de
la Méditerranée, ainsi les bergers en proie à la famine poussent
péniblement à travers le désert jusqu'au Seistan, et voient le grand
_hamoun_ et le brillant Helmand qui, comme le Nil, garantit le berger
errant et ses troupeaux de la mort par la faim.

Notre première visite au lac nous montra une grande étendue d'eau,
tout à fait libre et couverte de myriades d'oiseaux sauvages. Ils
faisaient, en s'envolant, un bruit exactement semblable à celui de la
houle battant sur une côte rocheuse. Ils étaient hors de la portée de
nos fusils, et nous n'avions aucun bateau pour les atteindre.

Revenus au camp, nous y trouvâmes un fonctionnaire que le gouverneur
avait envoyé pour nous escorter jusqu'à sa résidence, Nasratabad.
Pendant la marche, plusieurs de nos chameaux tombèrent, avec leurs
charges, dans les canaux d'irrigation. Rien n'est pitoyable comme de
voir dans l'eau le pauvre «vaisseau du désert».

À 6 kilomètres de Nasratabad, nous fûmes rejoints par Mir-Masum Khan,
le gouverneur. Mais après quelques salutations et quelque musique,
comme c'était la nuit qui précède le Ramadan, on nous laissa dans
notre camp.

Le fort de Nasratabad, autrefois Nasirabad, a été construit par l'émir
de Kain, il y a une trentaine d'années, à l'époque où la Perse
s'établit dans le Seistan, à proximité immédiate de Husseinabad,
village important, peuplé de vingt mille âmes. Il consiste en un
espace clos, d'un peu plus de 50 hectares de superficie, entouré de
murs de 9 mètres de haut, et d'une épaisseur considérable, que des
tours surmontent, à des intervalles très rapprochés. Tout autour règne
un chemin couvert, percé de meurtrières, avec un fossé profond, qui
est quelquefois plein d'eau.

À l'intérieur, il y a de cinquante à cent boutiques, occupées
principalement par des soldats qui s'adonnent au commerce, durant leur
séjour dans le Seistan. On voit aussi, par-ci par-là, quelques petits
champs cultivés, et partout des ânes. À l'angle nord-ouest, se trouve
l'_Ark_, ou «réduit». Il a, autant que j'en puis juger, un profil
semblable à celui du fort, mais le sujet étant sans importance, je ne
fis aucune question, sûr que j'étais d'éveiller les soupçons, la plus
médiocre tour en pisé étant aussi jalousement gardée que le
Mont-Valérien.

[Illustration: La passe de Buzi.--D'après une photographie.]

La garnison de Nasratabad consiste en deux régiments, armés des
inutiles _djezail_, bien qu'il y ait à Birjand, si j'ai bien compris,
un approvisionnement de fusils Wernld. Les canonniers viennent de
Tabris, et sont plus considérés; ils profitent de cette considération
pour faire de l'usure et prêtent à 500 pour 100 _au minimum_.

Mir-Masum Khan, le gouverneur, est un jeune homme de dix-neuf ans,
auquel, à première vue, j'en donnai vingt-cinq, peut-être, en partie,
parce qu'il portait des lunettes bleues. Nous allâmes le voir le
lendemain de notre arrivée. Il est le fils d'Hichmat-oul-Moulk,
lui-même fils aîné de l'ancien émir, et il était gouverneur du
Seistan, depuis six ans, sous la direction d'un vizir. Il avait le
teint blême et l'air assez mal portant. Je le trouvai assez ignorant
et légèrement vaniteux, ayant été toute sa vie entouré de
courtisans. À ce moment, il était en délicatesse avec Hichmat
oul-Moulk, à cause de l'assassinat d'Abd-ou-Ouahab, son oncle, qui
avait eu lieu peu auparavant; il avait été invité à quitter le
Seistan, mais il s'y refusait. Il devait cependant se soumettre un peu
plus tard.

[Illustration: Les gypsies du sud-est persan.]

Après avoir passé quatre jours à Nasratabad, nous retournâmes à
Varmal, où j'avais rendez-vous avec la mission Webb Ware. Deux jours
après, elle nous quittait. Pour me distraire du sentiment de ma
solitude, je résolus d'aller visiter le Kouh-i-Khoya.

Le Kouh-i-Khoya, seule montagne du Seistan, a joué un grand rôle dans
la période héroïque de la Perse, dont ce pays fut le centre. C'est une
montagne basse, au sommet plat, que l'on appellerait sûrement «la
montagne de la Table», si les Persans avaient des tables.
Généralement, la montagne est plus ou moins une île. Pour y arriver,
nous dûmes naviguer dans des _toutin_, ou radeaux faits de roseaux,
qui ressemblent à des moitiés de cigares et qui se tiennent assez bien
en équilibre.

Le Kouh-i-Khoya, qui s'appelait aussi autrefois _Kouh-i-Zor_ ou
_Kouh-i-Rustem_, s'élève à 120 mètres au-dessus de la plaine, et n'est
accessible que par le sud et le sud-est. Il est rond comme une pomme,
avec un diamètre d'un kilomètre et demi environ, quoiqu'il ait
généralement sur les cartes une forme oblongue, avec son grand axe du
nord au sud. Nous abordâmes près des ruines de la ville de Kakkar,
bâtie sur la falaise, et très fortifiée. Une muraille extérieure est
flanquée de bastions et forme encore un ouvrage formidable. Une route
était construite autrefois sur le devant de la falaise, au sommet de
laquelle se trouve un autre ouvrage, appelé _Kouk_, véritable clef de
la position. Ce fut le théâtre du premier exploit de Rustem, lorsque,
n'étant qu'un jeune garçon, il s'empara du fort et tua le roi Kouk.
Plus loin, une gorge mène au sommet, que commande un petit fort. La
colline est principalement composée de basalte noir, et, par son
absolue stérilité et son manque d'eau, elle rappelle un peu l'île
d'Hormuz.

Toute la surface est creusée de fossés, restes de mines, citernes pour
l'eau des pluies, ou bien est couverte de tombeaux formés, soit de
blocs grossièrement assemblés, soit de dômes en pisé, soit de cairns
avec piliers.

À l'extrémité nord, se trouve le sanctuaire de Khoya-Galtoun, un dôme
de construction grossière, dans lequel le saint repose, sous une tombe
formée de briques séchées au soleil, et de 6 mètres de long. À
l'entrée, se trouvent deux poids en pierre. Quand quelqu'un adresse
une demande au Khoya, il doit s'endormir sur les degrés de la porte;
si sa prière est exaucée, il sera jeté à quelques mètres de distance
par une force surnaturelle; sans cela, rien n'est fait. À l'équinoxe
du printemps, des courses à pied ont lieu près du sanctuaire.

[Illustration: Sur la lagune du Helmand (page 354).--D'après une
photographie.]

Du Kouh-i-Khoya, je me décidai à gagner Band-i-Seistan sur le Helmand.
À Dolatabad, quartier général des Sarbandi, les environs avaient été
inondés, et le village transformé en île. Tous les villages du Seistan
sont bâtis sur des monticules de fumier, et en temps d'inondations,
ils forment autant d'îlots. Imaginez une collection de huttes en pisé
misérables, en forme de dômes, avec, devant la porte, un tas
d'immondices et un âne, et vous saisirez le type d'un village du
Seistan. On voit aussi des enclos à murs bas, avec des plants de
vignes, des mûriers et des grenadiers, mais ces arbres sont encore
tout jeunes, et le Seistan, à l'ouest du Helmand, est encore aussi
dépourvu d'arbres que lorsqu'il fut visité par Conolly.

De Dolatabad, nous arrivâmes à Sehkouha, dont les cartes font encore
la capitale du Seistan. Mais aujourd'hui sa population n'est pas même
de vingt mille habitants, y compris cinquante soldats. Au delà de
Sehkouha, nous eûmes à traverser le canal du Roud-Seistan, ce qui nous
prit la plus grande partie de la journée. À Khodja-Amad, il avait 40
mètres de largeur, et, sur certains points, près de 2 mètres de
profondeur.

Nous fîmes plus d'une visite au Helmand, l'_Etymander_ de la
géographie classique. C'est une belle rivière, paraissant aussi large
que la Tamise devant la Tour de Londres, et, après plusieurs mois de
voyage à travers les déserts, elle offrait une vue singulièrement
réconfortante.

[Illustration: Couple baloutche.--D'après une photographie.]

Le barrage du Band-i-Seistan paraît très peu solide. Mais sa force est
peut-être dans sa faiblesse, car on le répare facilement, tandis qu'un
barrage en pierres, construit à cet endroit, pourrait déterminer un
changement du cours de la rivière. À l'époque de la mission du
Seistan, voici quelles étaient ses dimensions: longueur totale 220
mètres, plus grande largeur 33 mètres, hauteur 5 mètres et demi. Au
moment de ma visite, sa largeur et sa hauteur avaient beaucoup
diminué, et quoique les eaux fussent basses, elles filtraient au
travers, ou passaient par-dessus. Le seul bois employé était celui du
tamaris; des pieux, d'une faible épaisseur, étaient plantés dans le
lit de la rivière, et de petites branches enroulées autour. Pour
consolider la construction, on ajoute des fascines, grossièrement
construites, qui sont détruites chaque année. Ainsi le Seistan est,
par le fait, dépourvu d'eau, lorsque les flots provenant de la fonte
des neiges des monts Berbers se sont écoulés, et il faut que des
milliers de villageois se mettent à la réparation du barrage.

On dit que le Helmand renferme une excellente espèce de poisson; mais
ceux que nous prîmes se trouvèrent être, pour la plupart, insipides.
Les rives du Madar-Ab (Mère des eaux), ainsi qu'on appelle ce canal,
sont couvertes d'une épaisse végétation de tamaris; c'est l'une des
rares jungles que j'aie vues en Perse.

Nous allâmes chasser dans les environs la bécassine et le canard. La
chasse ne fut point mauvaise, mais nous marchions constamment dans
l'eau, et c'était un travail pénible. Tout ce pays, couvert maintenant
de tamaris et de hauts roseaux, était cultivé, il n'y a que quelques
années.

C'est là que se trouvent les ruines de Chahristan, de Zahidan et
d'autres villes. Les plus intéressantes sont celles d'une tour,
construite en briques cuites, et d'environ 20 mètres de hauteur. Une
large brèche, sur la face sud, menace sa stabilité, et il est à
craindre qu'elle ne s'écroule bientôt. Cette tour, sur laquelle on lit
deux inscriptions koufiques, était évidemment un minaret appartenant à
une mosquée aujourd'hui ruinée.

Après être revenu passer quelques jours au camp de Nasratabad, j'en
repartis pour une nouvelle excursion, dans laquelle je me proposais de
visiter la lagune. Autour du village de Hadimi, habite, sur ses rives,
la tribu des Saiads, ou oiseleurs, qui m'intéressèrent, comme étant
peut-être une population aborigène. C'est du moins ce qu'ils disent,
et leur aspect semble pareillement l'indiquer. Près d'eux, mais s'en
distinguant absolument, sont les _Gaudars_, ou gardeurs de vaches,
dont les troupeaux paissent les jeunes roseaux dans la lagune. Les
vaches du Seistan sont, d'ailleurs, renommées.

Les Saiads, d'après leur dire, sont les seuls véritables Seistanis, et
cela est possible, car eux seuls peuvent avoir échappé en corps aux
hordes mongoles, en prenant des provisions à bord de leurs radeaux, et
en se cachant dans les herbes. La tribu compte environ quatre cents
familles. Leur principal commerce est celui des plumes dont on
rembourre les oreillers. Deux familles seulement ont pour métier la
pêche.

Les oiseaux sont pris au moyen de filets, qu'on amarre à des pieux, et
dans lesquels ils sont conduits par des avenues pratiquées dans les
roseaux; parfois aussi ces filets sont étendus sur des pieux plantés
dans l'eau libre.

Nous fîmes une excursion de chasse à bord d'un _toutin_. On nous mena
dans une série de lagunes qui s'ouvrent les unes sur les autres. Nous
tuâmes quelques canards et nous rencontrâmes un pécheur, qui s'en
revenait avec plus de vingt poissons, récemment péchés. Quelques-uns
pesaient de 3 à 4 livres et ressemblaient à des barbeaux.

Dans la soirée, nous vîmes des radeaux, poussés par de tout petits
garçons, n'ayant pas 3 pieds de haut, et rapportant à la maison les
roseaux nécessaires à la construction d'un autre bateau. L'oiseleur
qui nous guidait se trouvait être très communicatif. Il me raconta,
entre autres faits, que des passagers se rendaient à l'occasion par
cette route à Lach Djouvaïn, en territoire afghan, et que la traversée
du _hamoun_ exigeait vingt-quatre heures.

À Gazbar, notre prochaine étape, le lac était tout à fait libre de
roseaux, et sur les bancs de boue, on voyait de grands vols d'oies
sauvages, sur lesquelles nous tirions avec nos carabines, d'une
distance de 400 mètres. Chaque volée en abattait trois ou quatre.

Ayant appris que le canal appelé Roud-Perian grossissait, je me
décidai à le traverser sans plus tarder; sans cela, j'aurais dû
m'abstenir de visiter le district qui s'étend entre ce canal et le
vieil Helmand, et qui est connu sous le nom de _Mian-Kangi_.

Nous traversâmes Djalalabad, jadis propriété de la tribu des Keians,
mais aujourd'hui localité sans importance. Le nouveau cours de la
rivière a épargné le village, mais détruit toute la zone cultivée.
Nous visitâmes les ruines qui bordent le Roud-Nasrou. On trouve là des
débris de maisons construites en briques cuites, qui appartiennent
toutes à un type d'architecture plus élevé que les dômes de pisé
ordinaires aujourd'hui. Il est indubitable que Timour et Chah-Rouk
portèrent un coup durable à la civilisation persane, un coup qui a
changé le cours de l'histoire.

Une pluie abondante, qui nous avait menacés deux ou trois jours, nous
atteignit au moment où nous étions sur un sol argileux, à peu près
imperméable, et transforma notre camp en lac. Pendant tout un jour,
les chameaux furent empêchés d'avancer. Nous traversâmes quelques
canaux peu profonds, puis le cours d'eau principal, qui a environ 400
mètres de largeur et 120 centimètres de profondeur.

Nous abordâmes dans un marais de tamaris. Mais nous découvrîmes
bientôt que ce n'était qu'une île, au delà de laquelle coulait une
autre branche de la rivière; elle n'avait qu'une soixantaine de mètres
de largeur, mais elle était presque aussi profonde que la rivière
principale.

[Illustration: Vue de Yezd, par où nous passâmes pour rentrer à Kirman
(page 360).--D'après une photographie.]

Le pays de Mian-Kiangi (nom qui équivaut à celui de Mésopotamie) est
une jungle épaisse de tamaris, de quelque 20 mètres de hauteur, qui
s'étend entre le Roud-Perian et le Helmand; les villages s'y élèvent
dans des clairières. Le Helmand est, à cet endroit, très peu profond;
son lit était même presque à sec au moment où nous y passâmes. Il est
certain que la rivière, avant d'atteindre d'un cours lent le _hamoun_,
déposait ses alluvions le long de la masse des roseaux et des tamaris,
qu'elles ont progressivement recouverts, et maintenant tout ce qui
reste pour marquer la frontière est ce cours d'eau sec et
insignifiant, connu aujourd'hui sous le nom de _Roud-Achoukan_. De
l'autre côté, près de l'embouchure, se trouve une colline basse, le
_Tapa-i-Tilai_, ou mont d'Or, du sommet duquel on n'apercevait pas un
point d'eau; les yeux erraient à travers un sol desséché, couvert de
racines de roseaux. Quelques nomades de la tribu des Bouzi, qui sont
des Persans, habitent ce désert, qui s'étend jusqu'à Chakansour, et
abreuvent leurs troupeaux à quelques sources; sans cela la
tranquillité de la mort plane sur ce pays.

Les étapes suivantes devaient nous mener à Milak, point où le
Roud-Perian se divise en deux branches. À 3 kilomètres au sud-sud-est
de notre camp, nous rencontrâmes des ruines étendues, désignées sous
le nom de _Tackht-i-Poul_ ou «Plate-forme du pont». On nous montra
trois petites arches en briques cuites, qui étaient, nous dit-on, les
restes d'un pont jeté sur le Helmand, mais leurs petites dimensions
suffisaient à montrer l'absurdité de cette supposition.

[Illustration: La colonne de Nadir s'élève comme un phare dans le
désert.--D'après une photographie.]

À Siadak, le chef du village était récemment revenu de Quetta, où il
avait vu l'agent du gouverneur général. Son voyage lui avait été
profitable, car il se proposait de faire un autre voyage, dès qu'il
aurait assez de laine et de beurre clarifié, principal objet
d'exportation du Seistan.

Près de Milak, on est en vue du Nad-i-Ali, colline remarquable,
entourée de murs, de l'autre côté du vieux Helmand. Il s'y trouve une
garnison d'une centaine de réguliers de Caboul. L'ancienne ville est
située, dit-on, au sud. Deux autres collines, au sud, _Sufidak_ et
_Surkhdak_, sont actuellement sans occupants.

Le gouverneur du district, connu sous le titre d'_Akhoundzada_, réside
à Kala-Kang, au sud de Chakansour. On nous dit que la place où peuvent
se faire les plus belles découvertes de monnaies et de sceaux est
Amiran, un peu au sud du Nad-i-Ali.

Empêchés de marcher par la masse épaisse des tamaris, nous eûmes à
choisir pour route le Helmand, toujours très peu profond. Nous
entendîmes plus d'un récit sur la tyrannie afghane, très dure,
comparée à la domination persane. Du côté afghan, on ne cultive point
de melons, car ils seraient tous saisis par une soldatesque rapace;
même le thé et le sucre sont presque inconnus, et ne sont transportés
par contrebande qu'en petites quantités. Dans ces conditions, le
commerce est littéralement jugulé, et il n'y a pratiquement aucune
communication avec Kandahar.

Les écrivains venus d'Europe ou des Indes sont, en général, et à mon
humble avis, beaucoup trop sévères en jugeant de l'état de la Perse.
Pour ne parler que du Seistan, avant que le Gouvernement persan en
prît possession, la vie d'aucun voyageur n'était sûre, comme M.
Ferrier en témoigne dans ses _Caravan Journeys_. Or, déjà à l'époque
de la mission du Seistan, le changement était considérable: aucune
tentative de spoliation ou de violence n'avait été faite du côté
persan, et aujourd'hui, abstraction faite d'escarmouches de l'autre
côté de la frontière, le district est aussi sûr que la plupart des
pays d'Europe. Une immigration constante vient de l'Afghanistan, et
ainsi s'accroît la superficie cultivée du pays, qui a quadruplé sous
la domination du chah.

Nous eûmes ensuite à traverser, avec beaucoup de difficultés, le
Roud-Perian, grossi par des pluies récentes et devenu un torrent
écumeux de 300 mètres de largeur, dont peut-être 40 à 50 guéables; les
chevaux et les mules pouvaient passer à la nage; quant à nos chameaux,
débâtés et munis de six gourdes à la place de leurs charges, ils
étaient littéralement toués par deux hommes, assis, l'un à la tête et
l'autre à la queue.

Cela nous prit tout un jour d'accomplir ce passage, et nous revînmes à
Nasratabad, en passant à travers les ruines de Zahidan, au milieu
d'une tempête qui remuait fort désagréablement des colonnes de sable.

Le temps était devenu chaud, 35 degrés à l'ombre à midi, et nous
commencions à subir la peste des mouches et des moustiques. Le 1er
avril, nous rencontrâmes le premier serpent, ce héraut du printemps,
et nous nous trouvâmes très heureux de quitter le Seistan pour la
province plus élevée de Kain, par où nous devions revenir à Yezd et à
Kirman.

Mes deux excursions m'avaient fait voir le Seistan tout entier, et je
puis en parler avec quelque connaissance de cause. Il se divise, comme
je l'ai montré, en deux parties, la région sans arbres et la jungle.
Dans toutes les deux, le sol est semblable, et il paraît consister
généralement en une argile légère. Dans quelques régions, on trouve
des kilomètres carrés de collines de sable, qui pourraient, il est
vrai, être cultivées. Autour de Nasratabad, la terre est salée et
percée de trous innombrables. On trouve en particulier de nombreux
étangs, peu profonds, qui doivent être d'excellents bouillons de
culture pour les moustiques et les microbes. De fait, sans le vent de
cent vingt jours que l'on appelle le _Bad-i-Sad-u-Bist-Ruz_, le
Seistan serait à peine habitable. Ce vent providentiel souffle d'avril
à juin sur le district; il est chaud et désagréable, mais il emporte
l'atmosphère de malaria. Quand il tombe, la masse des habitants, qui
me parut être une race maladive, souffre terriblement de la fièvre.
Cependant si l'on prend les précautions nécessaires, le climat du
Seistan, malgré les températures de 45 degrés sous la tente, en été,
peut se comparer favorablement avec celui de diverses régions du
Bengale, et ses brèves périodes de temps froid sont aussi hygiéniques
qu'on peut le désirer.

Lord Curzon, dans son livre sur _la Perse_, traite complètement la
question du Seistan, au point de vue politique. Je me borne à en
parler au point de vue géographique. On a déjà remarqué que c'était
une petite Égypte, un grenier pour les tribus avoisinantes. Ce
caractère est encore accentué par la situation du pays, à mi-chemin
entre le territoire russe et le golfe Persique, avec une population
très clairsemée des deux côtés; c'est aussi le seul district cultivé
entre Quetta et la province de Kirman. D'autre part, le Seistan
cultivable, avec une population qui ne compte guère que 100 000
habitants, y compris environ 7 000 nomades, ne consiste, au fond, que
dans le delta du Helmand. Je ne crois pas que les grandes quantités
d'eau, qui se perdent actuellement, puissent être utilisées par une
autre puissance que celle qui tient aujourd'hui le cours supérieur de
cette rivière, et la zone de culture, dans des conditions aussi
étroitement limitées, ne peut pas s'étendre beaucoup[5].

_Adapté de l'anglais par_ H. JACOTTET.

         [Note 5: Ici se termine le récit que le major Percy
         Molesworth Sykes a consacré à la Perse orientale dans
         l'ouvrage si documenté qu'il a publié à Londres (1902) sous
         le titre suivant: _Ten Thousand Miles in Persia_. L'autorité
         de l'écrivain qui a voué son existence à un pays dans lequel,
         depuis de nombreuses années, il représente le Gouvernement de
         la Grande-Bretagne, en fait un travail géographique et
         historique de tout premier ordre. C'est une des publications
         les plus intéressantes à consulter sur l'état actuel de la
         Perse.

                                             NOTA DE LA RÉDACTION.]

[Illustration: Mosquée de Yezd.--D'après une photographie.]

Droits de traduction et de reproduction réservés.


       *       *       *       *       *


TABLE DES GRAVURES ET CARTES


L'ÉTÉ AU KACHMIR

Par _Mme F. MICHEL_


  En «rickshaw» sur la route du mont Abou.
    (D'après une photographie.)                                      1

  L'éléphant du touriste à Djaïpour.                                 1

  Petit sanctuaire latéral dans l'un des temples djaïns du mont Abou.
    (D'après une photographie.)                                      2

  Pont de cordes sur le Djhilam, près de Garhi. (Dessin de Massias,
    d'après une photographie.)                                       3

  Les «Karévas» ou plateaux alluviaux formés par les érosions du
    Djhilam. (D'après une photographie.)                             4

  «Ekkas» et «Tongas» sur la route du Kachmir: vue prise au relais
    de Rampour. (D'après une photographie Jadu Kissen, à Delhi.)     5

  Le vieux fort Sikh et les gorges du Djhilam à Ouri. (D'après une
    photographie.)                                                   6

  Shèr-Garhi ou la «Maison du Lion», palais du Mahârâdja à Srînagar.
    (Photographie Bourne et Sheperd, à Calcutta.)                    7

  L'entrée du Tchinar-Bâgh, ou Bois des Platanes, au-dessus de
    Srînagar; au premier plan une «dounga», au fond le sommet du
    Takht-i-Souleiman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)          7

  Ruines du temple de Brankoutri. (D'après une photographie.)        8

  Types de Pandis ou Brahmanes Kachmirs. (Photographie Jadu Kissen,
    à Delhi.)                                                        9

  Le quai de la Résidence; au fond, le sommet du Takht-i-Souleiman.
    (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)                            10

  La porte du Kachmir et la sortie du Djhilam à Baramoula.
    (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)                            11

  Nos tentes à Lahore. (D'après une photographie.)                  12

  «Dounga» ou bateau de passagers au Kachmir. (Photographie Bourne
    et Shepherd, à Calcutta.)                                       13

  Vichnou porté par Garouda, idole vénérée près du temple de
    Vidja-Broer (hauteur 1m 40.)                                    13

  Enfants de bateliers jouant à cache-cache dans le creux d'un
    vieux platane. (D'après une photographie.)                      14

  Batelières du Kachmir décortiquant du riz, près d'une rangée de
    peupliers. (Photographie Bourne et Shepherd, à Calcutta.)       15

  Campement près de Palhallan: tentes et doungas. (D'après une
    photographie.)                                                  16

  Troisième pont de Srînagar et mosquée de Shah Hamadan; au fond,
    le fort de Hari-Paryat. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)    17

  Le temple inondé de Pandrethan. (D'après une photographie.)       18

  Femme musulmane du Kachmir. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)  19

  Pandit Narayan assis sur le seuil du temple de Narasthân.
    (D'après une photographie.)                                     20

  Pont et bourg de Vidjabroer. (Photographie Jadu Kissen, à
    Delhi.)                                                         21

  Ziarat de Cheik Nasr-oud-Din, à Vidjabroer. (D'après une
    photographie.)                                                  22

  Le temple de Panyech: à gauche, un brahmane; à droite, un
    musulman. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)                  23

  Temple hindou moderne à Vidjabroer. (D'après une photographie.)   24

  Brahmanes en visite au Naga ou source sacrée de Valtongou.
    (D'après une photographie.)                                     25

  Gargouille ancienne, de style hindou, dans le mur d'une mosquée,
    à Houtamourou, près de Bhavan.                                  25

  Temple ruiné, à Khotair. (D'après une photographie.)              26

  Naga ou source sacrée de Kothair. (D'après une photographie.)     27

  Ver-Nâg: le bungalow au-dessus de la source. (D'après une
    photographie.)                                                  28

  Temple rustique de Voutanâr. (D'après une photographie.)          29

  Autel du temple de Voutanâr et accessoires du culte. (D'après une
    photographie.)                                                  30

  Noce musulmane, à Rozlou: les musiciens et le fiancé. (D'après
    une photographie.)                                              31

  Sacrifice bhramanique, à Bhavan. (D'après une photographie.)      31

  Intérieur de temple de Martand: le repos des coolies employés au
    déblaiement. (D'après une photographie.)                        32

  Ruines de Martand: façade postérieure et vue latérale du temple.
    (D'après des photographies.)                                    33

  Place du campement sous les platanes, à Bhavan. (D'après une
    photographie.)                                                  34

  La Ziarat de Zaïn-oud-Din, à Eichmakam. (Photographie Bourne et
    Shepherd, à Calcutta.)                                          35

  Naga ou source sacrée de Brar, entre Bhavan et Eichmakar.
    (D'après une photographie.)                                     36

  Maisons de bois, à Palgâm. (Photographie Bourne et Shepherd, à
    Calcutta.)                                                      37

  Palanquin et porteurs.                                            37

  Ganech-Bal sur le Lidar: le village hindou et la roche
    miraculeuse. (D'après une photographie.)                        38

  Le massif du Kolahoi et la bifurcation de la vallée du Lidar
    au-dessus de Palgâm, vue prise de Ganeth-Bal. (Photographie
    Jadu Kissen, à Delhi.)                                          39

  Vallée d'Amarnâth: vue prise de la grotte. (D'après une
    photographie.)                                                  40

  Pondjtarni et le camp des pèlerins: au fond, la passe du
    Mahâgounas. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)                41

  Cascade sortant de dessous un pont de neige entre Tannin et
    Zodji-Pâl. (D'après une photographie.)                          42

  Le Koh-i-Nour et les glaciers au-dessus du lac Çecra-Nag.
    (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)                            43

  Grotte d'Amarnâth. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)           43

  Astan-Marg: la prairie et les bouleaux. (D'après une
    photographie.)                                                  44

  Campement de Goudjars à Astan-Marg. (D'après une photographie.)   45

  Le bain des pèlerins à Amarnath. (D'après une photographie.)      46

  Pèlerins d'Amarnâth: le Sâdhou de Patiala; par derrière, des
    brahmanes, et à droite, des musulmans du Kachmir. (D'après une
    photographie.)                                                  47

  Mosquée de village au Kachmir. (D'après une photographie.)        48

  Brodeurs Kachmiris sur toile. (Photographie Bourne et Shepherd,
    à Calcutta.)                                                    49

  Mendiant musulman. (D'après une photographie.)                    49

  Le Brahma Sâr et le camp des pèlerins au pied de l'Haramouk.
    (D'après une photographie.)                                     50

  Lac Gangâbal au pied du massif de l'Haramouk. (Photographie Jadu
    Kissen, à Delhi.)                                               51

  Le Noun-Kôl, au pied de l'Haramouk, et le bain des pèlerins.
    (D'après une photographie.)                                     52

  Femmes musulmanes du Kachmir avec leurs «houkas» (pipes) et leur
    «hangri» (chaufferette). (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)   53

  Temples ruinés à Vangâth. (D'après une photographie.)             54

  «Mêla» ou foire religieuse à Hazarat-Bal. (En haut, photographie
    par l'auteur; en bas, photographie Jadu Kissen, à Delhi.)       55

  La villa de Cheik Safai-Bagh, au sud du lac de Srînagar. (D'après
    une photographie.)                                              56

  Nishat-Bâgh et le bord oriental du lac de Srînagar. (Photographie
    Jadu Kissen, à Delhi.)                                          57

  Le canal de Mar à Sridagar. (Photographie Jadu Kissen, à Delhi.)  58

  La mosquée de Shah Hamadan à Srînagar (rive droite). (Photographie
    Jadu Kissen, à Delhi.)                                          59

  Spécimens de l'art du Kachmir. (D'après une photographie.)        60


SOUVENIRS DE LA COTE D'IVOIRE

Par _le docteur LAMY_

_Médecin-major des troupes coloniales_.


  La barre de Grand-Bassam nécessite un grand déploiement de force
    pour la mise à l'eau d'une pirogue. (D'après une photographie.) 61

  Le féminisme à Adokoï: un médecin concurrent de l'auteur.
    (D'après une photographie.)                                     61

  «Travail et Maternité» ou «Comment vivent les femmes de
    Petit-Alépé». (D'après une photographie.)                       62

  À Motéso: soins maternels. (D'après une photographie.)            63

  Installation de notre campement dans une clairière débroussaillée.
    (D'après une photographie.)                                     64

  Environs de Grand-Alépé: des hangars dans une palmeraie, et une
    douzaine de grands mortiers destinés à la préparation de l'huile
    de palme. (D'après une photographie.)                           65

  Dans le sentier étroit, montant, il faut marcher en file indienne.
    (D'après une photographie.)                                     66

  Nous utilisons le fût renversé d'un arbre pour traverser la Mé.
    (D'après une photographie.)                                     67

  La popote dans un admirable champ de bananiers. (D'après une
    photographie.)                                                  68

  Indigènes coupant un acajou. (D'après une photographie.)          69

  La côte d'Ivoire.--Le pays Attié.                                 70

  Ce fut un sauve-qui-peut général quand je braquai sur les
    indigènes mon appareil photographique. (Dessin de J. Lavée,
    d'après une photographie.)                                      71

  La rue principale de Grand-Alépé. (D'après une photographie.)     72

  Les Trois Graces de Mopé (pays Attié). (D'après une
    photographie.)                                                  73

  Femme du pays Attié portant son enfant en groupe. (D'après une
    photographie.)                                                  73

  Une clairière près de Mopé. (D'après une photographie.)           74

  La garnison de Mopé se porte à notre rencontre. (D'après une
    photographie.)                                                  75

  Femme de Mopé fabriquant son savon à base d'huile de palme et de
    cendres de peaux de bananes. (D'après une photographie.)        76

  Danse exécutée aux funérailles du prince héritier de Mopé.
    (D'après une photographie.)                                     77

  Toilette et embaumement du défunt. (D'après une photographie.)    78

  Jeune femme et jeune fille de Mopé. (D'après une photographie.)   79

  Route, dans la forêt tropicale, de Malamalasso à Daboissué.
    (D'après une photographie.)                                     80

  Benié Coamé, roi de Bettié et autres lieux, entouré de ses femmes
    et de ses hauts dignitaires. (D'après une photographie.)        81

  Chute du Mala-Mala, affluent du Comoé, à Malamalasso. (D'après
    une photographie.)                                              82

  La vallée du Comoé à Malamalasso. (D'après une photographie.)     83

  Tam-tam de guerre à Mopé. (D'après une photographie.)             84

  Piroguiers de la côte d'Ivoire pagayant. (D'après une
    photographie.)                                                  85

  Allou, le boy du docteur Lamy. (D'après une photographie.)        85

  La forêt tropicale à la côte d'Ivoire. (D'après une
    photographie.)                                                  86

  Le débitage des arbres. (D'après une photographie.)               87

  Les lianes sur la rive du Comoé. (D'après une photographie.)      88

  Les occupations les plus fréquentes au village: discussions et
    farniente Attié. (D'après une photographie.)                    89

  Un incendie à Grand-Bassam. (D'après une photographie.)           90

  La danse indigène est caractérisée par des poses et des gestes
    qui rappellent une pantomime. (D'après une photographie.)       91

  Une inondation à Grand-Bassam. (D'après une photographie.)        92

  Un campement sanitaire à Abidjean. (D'après une photographie.)    93

  Une rue de Jackville, sur le golfe de Guinée. (D'après une
    photographie.)                                                  94

  Grand-Bassam: cases détruites après une épidémie de fièvre jaune.
    (D'après une photographie.)                                     95

  Grand-Bassam: le boulevard Treich-Laplène. (D'après une
    photographie.)                                                  96


L'ÎLE D'ELBE

Par _M. PAUL GRUYER_


  L'île d'Elbe se découpe sur l'horizon, abrupte, montagneuse et
    violâtre.                                                       97

  Une jeune fille elboise, au regard énergique, à la peau d'une
    blancheur de lait et aux beaux cheveux noirs.                   97

  Les rues de Porto-Ferraio sont toutes un escalier (page 100).     98

  Porto-Ferraio: à l'entrée du port, une vieille tour génoise,
    trapue, bizarre de forme, se mire dans les flots.               99

  Porto-Ferraio: la porte de terre, par laquelle sortait Napoléon
    pour se rendre à sa maison de campagne de San Martino.         100

  Porto-Ferraio: la porte de mer, où aborda Napoléon.              101

  La «teste» de Napoléon (page 100).                               102

  Porto-Ferraio s'échelonne avec ses toits plats et ses façades
    scintillantes de clarté (page 99).                             103

  Porto-Ferraio: les remparts découpent sur le ciel d'un bleu
    sombre leur profil anguleux (page 99).                         103

  La façade extérieure du «Palais» des Mulini où habitait Napoléon
    à Porto-Ferraio (page 101).                                    104

  Le jardin impérial et la terrasse de la maison des Mulini
    (page 102).                                                    105

  La Via Napoleone, qui monte au «Palais» des Mulini.              106

  La salle du conseil à Porto-Ferraio, avec le portrait de la
    dernière grande-duchesse de Toscane et celui de Napoléon,
    d'après le tableau de Gérard.                                  107

  La grande salle des Mulini aujourd'hui abandonnée, avec ses
    volets clos et les peintures décoratives qu'y fit faire
    l'empereur (page 101).                                         107

  Une paysanne elboise avec son vaste chapeau qui la protège du
    soleil.                                                        108

  Les mille mètres du Monte Capanna et de son voisin, le Monte
    Giove, dévalent dans les flots de toute leur hauteur.          109

  Un enfant elbois.                                                109

  Marciana Alta et ses ruelles étroites.                           110

  Marciana Marina avec ses maisons rangées autour du rivage et
    ses embarcations tirées sur la grève.                          111

  Les châtaigniers dans le brouillard, sur le faite du Monte
    Giove.                                                         112

  ... Et voici au-dessus de moi Marciana Alta surgir des nuées
    (page 111).                                                    113

  La «Seda di Napoleone» sur le Monte Giove où l'empereur
    s'asseyait pour découvrir la Corse.                            114

  La blanche chapelle de Monserrat au centre d'un amphithéâtre de
    rochers est entourée de sveltes cyprès (page 117).             115

  Voici Rio Montagne dont les maisons régulières et cubiques ont
    l'air de dominos empilés... (page 118).                        115

  J'aperçois Poggio, un autre village perdu aussi dans les nuées.  116

  Une des trois chambres de l'ermitage.                            117

  L'ermitage du Marciana où l'empereur reçut la visite de la
    comtesse Walewska, le 3 Septembre 1814.                        117

  Le petit port de Porto-Longone dominé par la vieille citadelle
    espagnole (page 117).                                          118

  La maison de Madame Mère à Marciana Alta.--«Bastia, signor!»--La
    chapelle de la Madone sur le Monte Giove.                      119

  Le coucher du soleil sur le Monte Giove.                         120

  Porto-Ferraio et son golfe vus des jardins de San Martino.       121

  L'arrivée de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du
    temps.)                                                        121

  Le drapeau de Napoléon roi de l'île d'Elbe: fond blanc, bande
    orangé-rouge et trois abeilles jadis dorées.                   122

  La salle de bains de San Martino a conservé sa baignoire de
    pierre.                                                        123

  La chambre de Napoléon à San Martino.                            123

  La cour de Napoléon à l'île d'Elbe. (D'après une caricature du
    temps.)                                                        124

  Une femme du village de Marciana Alta.                           125

  Le plafond de San Martino et les deux colombes symboliques
    représentant Napoléon et Marie-Louise.                         126

  San Martino rappelle par son aspect une de ces maisonnettes à
    la Jean-Jacques Rousseau, agrestes et paisibles (page 123).    126

  Rideau du théâtre de Porto-Ferraio représentant Napoléon sous la
    figure d'Apollon gardant ses troupeaux chez Admète.            127

  La salle égyptienne de San Martino est demeurée intacte avec ses
    peintures murales et son bassin à sec.                         127

  Broderies de soie du couvre-lit et du baldaquin du lit de Napoléon
    aux Mulini, dont on a fait le trône épiscopal de l'évêque
    d'Ajaccio.                                                     128

  La signorina Squarci dans la robe de satin blanc que son aïeule
    portait à la cour des Mulini.                                  129

  Éventail de Pauline Borghèse, en ivoire sculpté, envoyé en
    souvenir d'elle à la signora Traditi, femme du maire de
    Porto-Ferraio.                                                 130

  Le lit de Madame Mère, qu'elle s'était fait envoyer de Paris à
    l'île d'Elbe.                                                  130

  Le vieil aveugle Soldani, fils d'un soldat de Waterloo,
    chauffait, à un petit brasero de terre jaune, ses mains
    osseuses.                                                      131

  L'entrée du goulet de Porto-Ferraio par où sortit la flottille
    impériale, le 26 février 1815.                                 132


D'ALEXANDRETTE AU COUDE DE L'EUPHRATE

Par _M. VICTOR CHAPOT_

_membre de l'École française d'Athènes_.


  Dans une sorte de cirque se dressent les pans de muraille du
    Ksar-el-Benat (page 142). (D'après une photographie.)          133

  Le canal de Séleucie est, par endroits, un tunnel (page 140).    133

  Vers le coude de l'Euphrate: la pensée de relever les traces de
    vie antique a dicté l'itinéraire.                              134

  L'Antioche moderne: de l'ancienne Antioche il ne reste que
    l'enceinte, aux flancs du Silpios (page 137).                  135

  Les rues d'Antioche sont étroites et tortueuses; parfois, au
    milieu, se creuse en fossé. (D'après une photographie.)        136

  Le tout-Antioche inonde les promenades. (D'après une
    photographie.)                                                 137

  Les crêtes des collines sont couronnées de chapelles ruinées
    (page 142).                                                    138

  Alep est une ville militaire. (D'après une photographie.)        139

  La citadelle d'Alep se détache des quartiers qui l'avoisinent
    (page 143). (D'après une photographie.)                        139

  Les parois du canal de Séleucie s'élèvent jusqu'à 40 mètres.
    (D'après une photographie.)                                    140

  Les tombeaux de Séleucie s'étageaient sur le Kasios. (D'après
    une photographie.)                                             141

  À Alep une seule mosquée peut presque passer pour une oeuvre
    d'art. (D'après une photographie.)                             142

  Tout alentour d'Alep la campagne est déserte. (D'après une
    photographie.)                                                 143

  Le Kasr-el-Benat, ancien couvent fortifié.                       144

  Balkis éveille, de loin et de haut, l'idée d'une taupinière
    (page 147). (D'après une photographie.)                        145

  Stèle Hittite. L'artiste n'a exécuté qu'un premier ravalement
    (page 148).                                                    145

  Église arménienne de Nisib; le plan en est masqué au dehors.
    (D'après une photographie.)                                    146

  Tell-Erfat est peuplé d'Yazides; on le reconnaît à la forme des
    habitations. (D'après une photographie.)                       147

  La rive droite de l'Euphrate était couverte de stations romaines
    et byzantines. (D'après une photographie.)                     148

  Biredjik vu de la citadelle: la plaine s'allonge indéfiniment
    (page 148). (D'après une photographie.)                        149

  Sérésat: village mixte d'Yazides et de Bédouins (page 146).
    (D'après une photographie.)                                    150

  Les Tcherkesses diffèrent des autres musulmans; sur leur personne,
    pas de haillons (page 152). (D'après une photographie.)        151

  Ras-el-Aïn. Deux jours se passent, mélancoliques, en négociations
    (page 155). (D'après une photographie.)                        152

  J'ai laissé ma tente hors les murs devant Orfa. (D'après une
    photographie.)                                                 153

  Environs d'Orfa: les vignes, basses, courent sur le sol. (D'après
    une photographie.)                                             154

  Vue générale d'Orfa. (D'après une photographie.)                 155

  Porte arabe à Rakka (page 152). (D'après une photographie.)      156

  Passage de l'Euphrate: les chevaux apeurés sont portés dans le
    bac à force de bras (page 159). (D'après une photographie.)    157

  Bédouin. (D'après une photographie.)                             157

  Citadelle d'Orfa: deux puissantes colonnes sont restées debout.
    (D'après une photographie.)                                    158

  Orfa: mosquée Ibrahim-Djami; les promeneurs flânent dans la cour
    et devant la piscine (page 157). (D'après une photographie.)   159

  Pont byzantin et arabe (page 159). (D'après une photographie.)   160

  Mausolée d'Alif, orné d'une frise de têtes sculptées (page 160).
    (D'après une photographie.)                                    161

  Mausolée de Théodoret, selon la légende, près de Cyrrhus.
    (D'après une photographie.)                                    162

  Kara-Moughara: au sommet se voit une grotte taillée (page 165).
    (D'après une photographie.)                                    163

  L'Euphrate en amont de Roum-Kaleh; sur la falaise campait un petit
    corps de légionnaires romains (page 160). (D'après une
    photographie.)                                                 163

  Trappe de Checkhlé: un grand édifice en pierres a remplacé les
    premières habitations (page 166).                              164

  Trappe de Checkhlé: la chapelle (page 166). (D'après une
    photographie.)                                                 165

  Père Maronite (page 168). (D'après une photographie.)            166

  Acbès est situé au fond d'un grand cirque montagneux (page 166).
    (D'après une photographie.)                                    167

  Trappe de Checkhlé: premières habitations des trappistes
    (page 166). (D'après une photographie.)                        168


LA FRANCE AUX NOUVELLES-HÉBRIDES

Par _M. RAYMOND BEL_


  Indigènes hébridais de l'île de Spiritu-Santo. (D'après une
    photographie.)                                                 169

  Le petit personnel d'un colon de Malli-Colo. (D'après une
    photographie.)                                                 169

  Le quai de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté. (D'après
    une photographie.)                                             170

  Une case de l'île de Spiritu-Santo et ses habitants. (D'après
    une photographie.)                                             171

  Le port de Franceville ou Port-Vila, dans l'île Vaté, présente
    une rade magnifique. (D'après une photographie.)               172

  C'est à Port-Vila ou Franceville, dans l'île Vaté, que la France
    a un résident. (D'après une photographie.)                     173

  Dieux indigènes ou Tabous. (D'après une photographie.)           174

  Les indigènes hébridais de l'île Mallicolo ont un costume et
    une physionomie moins sauvages que ceux de l'île Pentecôte.
    (D'après des photographies.)                                   175

  Pirogues de l'île Vao. (D'après une photographie.)               176

  Indigènes employés au service d'un bateau. (D'après une
    photographie.)                                                 177

  Un sous-bois dans l'île de Spiritu-Santo. (D'après une
    photographie.)                                                 178

  Un banquet de Français à Port-Vila (Franceville). (D'après
    une photographie.)                                             179

  La colonie française de Port-Vila (Franceville). (D'après
    une photographie.)                                             179

  La rivière de Luganville. (D'après une photographie.)            180


LA RUSSIE, RACE COLONISATRICE

Par _M. ALBERT THOMAS_


  Les enfants russes, aux grosses joues pales, devant l'isba
    (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         181

  La reine des cloches «Tsar Kolokol» (page 180). (D'après une
    photographie de M. Thiébeaux.)                                 181

  Les chariots de transport que l'on rencontre en longues files
    dans les rues de Moscou (page 183).                            182

  Les paysannes en pèlerinage arrivées enfin à Moscou, la cité
    sainte (page 182). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)  183

  Une chapelle où les passants entrent adorer les icônes
    (page 183). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         184

  La porte du Sauveur que nul ne peut franchir sans se découvrir
    (page 185). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        185

  Une porte du Kreml (page 185). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    186

  Les moines du couvent de Saint-Serge, un des couvents qui
    entourent la cité sainte (page 185). (D'après une photographie
    de M. J. Cahen.)                                               187

  Deux villes dans le Kreml: celle du XVe siècle, celle d'Ivan,
    et la ville moderne, que symbolise ici le petit palais
    (page 190).                                                    188

  Le mur d'enceinte du Kreml, avec ses créneaux, ses tours aux
    toits aigus (page 183). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    189

  Tout près de l'Assomption, les deux églises-soeurs se dressent:
    les Saints-Archanges et l'Annonciation (page 186). (D'après une
    photographie de M. Thiébeaux.)                                 189

  À l'extrémité de la place Rouge, Saint-Basile dresse le fouillis
    de ses clochers (page 184). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    190

  Du haut de l'Ivan Véliki, la ville immense se découvre (page 190).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)                    191

  Un des isvotchiks qui nous mènent grand train à travers les rues
    de Moscou (page 182).                                          192

  Il fait bon errer parmi la foule pittoresque des marchés moscovites,
    entre les petits marchands, artisans ou paysans qui apportent là
    leurs produits (page 195). (D'après une photographie de M. J.
    Cahen.)                                                        193

  L'isvotchik a revêtu son long manteau bleu (page 194). (D'après
    une photographie de M. J. Cahen.)                              193

  Itinéraire de Moscou à Tomsk.                                    194

  À côté d'une épicerie, une des petites boutiques où l'on vend le
    kvass, le cidre russe (page 195). (D'après une photographie de
    M. J. Cahen.)                                                  195

  Et des Tatars offraient des étoffes étalées sur leurs bras
    (page 195). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         196

  Patients, résignés, les cochers attendent sous le soleil de midi
    (page 194). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         197

  Une cour du quartier ouvrier, avec l'icône protectrice (page 196).
    (D'après une photographie de M. J. Cahen.)                     198

  Sur le flanc de la colline de Nijni, au pied de la route qui
    relie la vieille ville à la nouvelle, la citadelle au marché
    (page 204). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         199

  Le marché étincelait dans son fouillis (page 195). (D'après une
    photographie de M. J. Cahen.)                                  200

  Déjà la grande industrie pénètre: on rencontre à Moscou des
    ouvriers modernes (page 195). (D'après une photographie.)      201

  Sur l'Oka, un large pont de bois barrait les eaux (page 204).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)                    202

  Dans le quartier ouvrier, les familles s'entassent, à tous les
    étages, autour de grandes cours (page 196). (D'après une
    photographie de M. J. Cahen.)                                  203

  Le char funèbre était blanc et doré (page 194). (D'après une
    photographie.)                                                 204

  À Nijni, toutes les races se rencontrent, Grands-Russiens, Tatars,
    Tcherkesses (page 208). (D'après une photographie de M. J.
    Cahen.)                                                        205

  Une femme tatare de Kazan dans l'enveloppement de son grand châle
    (page 214). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        205

  Nous avons traversé le grand pont qui mène à la foire (page 205).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)                    206

  Au dehors, la vie de chaque jour s'étalait, pêle-mêle, à
    l'orientale (page 207). (D'après une photographie de M. J.
    Cahen.)                                                        207

  Les galeries couvertes, devant les boutiques de Nijni (page 206).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)                    208

  Dans les rues, les petits marchands étaient innombrables
    (page 207). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         209

  Dans une rue, c'étaient des coffres de toutes dimensions, peints
    de couleurs vives (page 206). (D'après une photographie de M.
    J. Cahen.)                                                     210

  Près de l'asile, nous sommes allés au marché aux cloches
   (page 208). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)          211

  Plus loin, sous un abri, des balances gigantesques étaient pendues
    (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         211

  Dans une autre rue, les charrons avaient accumulé leurs roues
    (page 206). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)         212

  Paysannes russes, de celles qu'on rencontre aux petits marchés
    des débarcadères ou des stations (page 215). (D'après une
    photographie de M. J. Cahen.)                                  213

  Le Kreml de Kazan. C'est là que sont les églises et les
    administrations (page 214). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    214

  Sur la berge, des tarantass étaient rangées (page 216). (D'après
    une photographie de M. Thiébeaux.)                             215

  Partout sur la Volga d'immenses paquebots et des remorqueurs
    (page 213). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        216

  À presque toutes les gares il se forme spontanément un petit
    marché (page 222). (D'après une photographie de M. J. Cahen.)  217

  Dans la plaine (page 221). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    217

  Un petit fumoir, vitré de tous côtés, termine le train
    (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        218

  Les émigrants étaient là, pêle-mêle, parmi leurs misérables
    bagages (page 226). (D'après une photographie de M. J.
    Cahen.)                                                        219

  Les petits garçons du wagon-restaurant s'approvisionnent
    (page 218). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        220

  Émigrants prenant leur maigre repas pendant l'arrêt de leur train
    (page 228). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine)           221

  L'ameublement du wagon-restaurant était simple, avec un bel air
    d'aisance (page 218). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine) 222

  Les gendarmes qui assurent la police des gares du Transsibérien.
    (Photographie de M. Thiébeaux.)                                223

  L'église, près de la gare de Tchéliabinsk, ne diffère des isbas
    neuves que par son clocheton (page 225). (Photographie extraite
    du «Guide du Transsibérien».)                                  224

  Un train de constructeurs était remisé là, avec son wagon-chapelle
    (page 225). (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.)          225

  Vue De Stretensk: la gare est sur la rive gauche, la ville sur
    la rive droite. (Photographie de M. A. N. de Koulomzine.)      226

  Un point d'émigration (page 228). (Photographie de M. A. N. de
    Koulomzine.)                                                   227

  Enfants d'émigrants (page 228). (D'après une photographie de M.
    Thiébeaux.)                                                    228

  Un petit marché dans une gare du Transsibérien. (Photographie de
    M. Legras.)                                                    229

  La cloche luisait, immobile, sous un petit toit isolé (page 230).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)                    229

  Nous sommes passés près d'une église à clochetons verts (page 230).
    (Photographie de M. Thiébeaux.)                                230

  Tomsk a groupé dans la vallée ses maisons grises et ses toits
    verts (page 230). (Photographie de M. Brocherel.)              231

  Après la débâcle de la Tome, près de Tomsk (page 230). (D'après
    une photographie de M. Legras.)                                232

  Le chef de police demande quelques explications sur les passeports
    (page 232). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        233

  La cathédrale de la Trinité à Tomsk (page 238). (Photographie
    extraite du «Guide du Transsibérien».)                         234

  Tomsk: en revenant de l'église (page 234). (D'après une
    photographie de M. Thiébeaux.)                                 235

  Tomsk n'était encore qu'un campement, sur la route de l'émigration
    (page 231). (D'après une photographie.)                        236

  Une rue de Tomsk, définie seulement par les maisons qui la bordent
    (page 231). (Photographie de M. Brocherel.)                    237

  Les cliniques de l'Université de Tomsk (page 238). (Photographie
    extraite du «Guide du Transsibérien».)                         238

  Les longs bâtiments blancs où s'abrite l'Université (page 237).
    (Photographie extraite du «Guide du Transsibérien».)           239

  La voiture de l'icône stationnait parfois (page 230). (D'après une
    photographie de M. Thiébeaux.)                                 240

  Flâneurs à la gare de Petropavlosk (page 242). (D'après une
    photographie de M. Legras.)                                    241

  Dans les vallées de l'Oural, habitent encore des Bachkirs
    (page 245). (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)        241

  Un taillis de bouleaux entourait une petite mare. (D'après une
    photographie.)                                                 242

  Les rivières roulaient une eau claire (page 244). (D'après une
    photographie.)                                                 243

  La ligne suit la vallée des rivières (page 243). (D'après une
    photographie de M. Thiébeaux.)                                 244

  Comme toute l'activité commerciale semble frêle en face des eaux
    puissantes de la Volga! (page 248.) (D'après une photographie
    de M. G. Cahen.)                                               245

  Bachkirs sculpteurs. (D'après une photographie de M. Paul
    Labbé.)                                                        246

  À la gare de Tchéliabinsk, toujours des émigrants (page 242).
    (D'après une photographie de M. J. Legras.)                    247

  Une bonne d'enfants, avec son costume traditionnel (page 251).
    (D'après une photographie de M. G. Cahen.)                     248

  Joie naïve de vivre, et mélancolie.--un petit marché du sud
    (page 250). (D'après une photographie de M. G. Cahen.)         249

  Un russe dans son vêtement d'hiver (page 249). (D'après une
    photographie de M. G. Cahen.)                                  250

  Dans tous les villages russes, une activité humble, pauvre de
    moyens.--Marchands de poteries (page 248). (D'après une
    photographie de M. G. Cahen.)                                  251

  Là, au passage, un Kirghize sur son petit cheval (page 242).
    (D'après une photographie de M. Thiébeaux.)         252


LUGANO, LA VILLE DES FRESQUES

Par _M. GERSPACH_


  Lugano: les quais offrent aux touristes une merveilleuse
    promenade. (Photographie Alinari.)                             253

  Porte de la cathédrale Saint-Laurent de Lugano (page 256).
    (Photographie Alinari.)                                        253

  Le lac de Lugano dont les deux bras enserrent le promontoire de
    San Salvatore. (D'après une photographie.)                     254

  La ville de Lugano descend en amphithéâtre jusqu'aux rives de son
    lac. (Photographie Alinari.)                                   255

  Lugano: faubourg de Castagnola. (D'après une photographie.)      256

  La cathédrale de Saint-Laurent: sa façade est décorée de figures
    de prophètes et de médaillons d'apôtres (page 256).
    (Photographie Alinari.)                                        257

  Saint-Roch: détail de la fresque de Luini à Sainte-Marie-des-Anges
    (Photographie Alinari.)                                        258

  La passion: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges
    (page 260). (Photographie Alinari)                             259

  Saint Sébastien: détail de la grande fresque de Luini à
    Sainte-Marie-des-Anges. (Photographie Alinari.)                260

  La madone, l'enfant Jésus et Saint Jean, par Luini, église
    Sainte-Marie-des-Anges (page 260). (Photographie Alinari.)     261

  La Scène: fresque de Luini à l'église Sainte-Marie-des-Anges
    (page 260).                                                    262

  Lugano: le quai et le faubourg Paradiso.
    (Photographie Alinari.)                                        263

  Lac de Lugano: viaduc du chemin de fer du Saint-Gothard.
    (D'après une photographie.)                                    264


SHANGHAÏ, LA MÉTROPOLE CHINOISE

Par _M. ÉMILE DESCHAMPS_


  Les quais sont animés par la population grouillante des Chinois
    (page 266). (D'après une photographie.)                        265

  Acteurs du théâtre chinois. (D'après une photographie.)          265

  Plan de Shanghaï.                                                266

  Shanghaï est sillonnée de canaux qui, à marée basse, montrent
    une boue noire et mal odorante. (Photographie de Mlle Hélène
    de Harven.)                                                    267

  Panorama de Shanghaï. (D'après une photographie.)                268

  Dans la ville chinoise, les «camelots» sont nombreux, qui débitent
    en plein vent des marchandises ou des légendes extraordinaires.
    (D'après une photographie.)                                    269

  Le poste de l'Ouest, un des quatre postes où s'abrite la milice
    de la Concession française (page 272). (D'après une
    photographie.)                                                 270

  La population ordinaire qui grouille dans les rues de la ville
    chinoise de Shanghaï (page 268).                               271

  Les coolies conducteurs de brouettes attendent nonchalamment
    l'arrivée du client (page 266). (Photographies de Mlle H. de
    Harven.)                                                       271

  Une maison de thé dans la cité chinoise. (D'après une
    photographie.)                                                 272

  Les brouettes, qui transportent marchandises ou indigènes, ne
    peuvent circuler que dans les larges avenues des concessions
    (page 270). (D'après une photographie.)                        273

  La prison de Shanghaï se présente sous l'aspect d'une grande cage,
    à forts barreaux de fer. (D'après une photographie.)           274

  Le parvis des temples dans la cité est toujours un lieu de
    réunion très fréquenté. (D'après une photographie.)            275

  Les murs de la cité chinoise, du côté de la Concession française.
    (D'après une photographie.)                                    276

  La navigation des sampans sur le Ouang-Pô. (D'après une
    photographie.)                                                 277

  Aiguille de la pagode de Long-Hoa. (D'après une photographie.)   277

  Rickshaws et brouettes sillonnent les ponts du Yang King-Pang.
    (D'après une photographie.)                                    278

  Dans Broadway, les boutiques alternent avec des magasins de belle
    apparence (page 282).                                          279

  Les jeunes Chinois flânent au soleil dans leur Cité.
    (Photographies de Mlle H. de Harven.)                          279

  Sur les quais du Yang-King-Pang s'élèvent des bâtiments, banques
    ou clubs, qui n'ont rien de chinois. (D'après une
    photographie.)                                                 280

  Le quai de la Concession française présente, à toute heure du
    jour, la plus grande animation. (D'après une photographie.)    281

  Hong-Hoa: pavillon qui surmonte l'entrée de la pagode. (D'après
    une photographie.)                                             282

  «L'omnibus du pauvre» (wheel-barrow ou brouette) fait du deux à
    l'heure et coûte quelques centimes seulement. (D'après une
    photographie.)                                                 283

  Une station de brouettes sur le Yang-King-Pang. (D'après une
    photographie.)                                                 284

  Les barques s'entre-croisent et se choquent devant le quai
    chinois de Tou-Ka-Dou. (D'après une photographie.)             285

  Chinoises de Shanghaï. (D'après une photographie.)               286

  Village chinois aux environs de Shanghaï. (D'après une
    photographie.)                                                 287

  Le charnier des enfants trouvés (page 280). (D'après une
    photographie.)                                                 288


L'ÉDUCATION DES NÈGRES AUX ÉTATS-UNIS

Par _M. BARGY_


  L'école maternelle de Hampton accueille et occupe les négrillons
    des deux sexes. (D'après une photographie.)                    289

  Institut Hampton: cours de travail manuel. (D'après une
    photographie.)                                                 289

  Booker T. Washington, le leader de l'éducation des nègres aux
    États-Unis, fondateur de l'école de Tuskegee, en costume
    universitaire. (D'après une photographie.)                     290

  Institut Hampton: le cours de maçonnerie. (D'après une
    photographie.)                                                 291

  Institut Hampton: le cours de laiterie. (D'après une
    photographie.)                                                 292

  Institut Hampton: le cours d'électricité. (D'après une
    photographie.)                                                 293

  Institut Hampton: le cours de menuiserie. (D'après une
    photographie.)                                                 294

  Le salut au drapeau exécuté par les négrillons de l'Institut
    Hampton. (D'après une photographie.)                           295

  Institut Hampton: le cours de chimie. (D'après une
    photographie.)                                                 296

  Le basket ball dans les jardins de l'Institut Hampton. (D'après
    une photographie.)                                             297

  Institut Hampton: le cours de cosmographie. (D'après une
    photographie.)                                                 298

  Institut Hampton: le cours de botanique. (D'après une
    photographie.)                                                 299

  Institut Hampton: le cours de mécanique. (D'après une
    photographie.)                                                 300


À TRAVERS LA PERSE ORIENTALE

Par _le Major PERCY MOLESWORTH SYKES_

_Consul général de S. M. Britannique au Khorassan._


  Une foule curieuse nous attendait sur les places de Mechhed.
    (D'après une photographie.)                                    301

  Un poney persan et sa charge ordinaire. (D'après une
    photographie.)                                                 301

  Le plateau de l'Iran. Carte pour suivre le voyage de l'auteur,
    d'Astrabad à Kirman.                                           302

  Les femmes persanes s'enveloppent la tête et le corps d'amples
    étoffes. (D'après une photographie.)                           303

  Paysage du Khorassan: un sol rocailleux et ravagé, une rivière
    presque à sec; au fond, des constructions à l'aspect de fortins.
    (D'après une photographie.)                                    304

  Le sanctuaire de Mechhed est parmi les plus riches et les plus
    visités de l'Asie. (D'après une photographie.)                 305

  La cour principale du sanctuaire de Mechhed. (D'après une
    photographie.)                                                 306

  Enfants nomades de la Perse orientale. (D'après une
    photographie.)                                                 307

  Jeunes filles kurdes des bords de la mer Caspienne. (D'après une
    photographie.)                                                 308

  Les préparatifs d'un campement dans le désert de Lout. (D'après
    une photographie.)                                             309

  Le désert de Lout n'est surpassé, en aridité, par aucun autre de
    l'Asie. (D'après une photographie.)                            310

  Avant d'arriver à Kirman, nous avions à traverser la chaîne de
    Kouhpaia. (D'après une photographie.)                          311

  Rien n'égale la désolation du désert de Lout. (D'après une
    photographie.)                                                 312

  La communauté Zoroastrienne de Kirman vint, en chemin, nous
    souhaiter la bienvenue. (D'après une photographie.)            313

  Un marchand de Kirman. (D'après une photographie.)               313

  Le «dôme de Djabalia», ruine des environs de Kirman, ancien
    sanctuaire ou ancien tombeau. (D'après une photographie.)      314

  À Kirman: le jardin qui est loué par le Consulat, se trouve à un
    mille au delà des remparts. (D'après une photographie.)        315

  Une avenue dans la partie ouest de Kirman. (D'après une
    photographie.)                                                 316

  Les gardes indigènes du Consulat anglais de Kirman. (D'après une
    photographie.)                                                 317

  La plus ancienne mosquée de Kirman est celle dite Masdjid-i-Malik.
   (D'après une photographie.)                                     318

  Membres des cheikhis, secte qui en compte 7 000 dans la province
    de Kirman. (D'après une photographie.)                         319

  La Masdjid Djami, construite en 1349, une des quatre-vingt-dix
    mosquées de Kirman. (D'après une photographie.)                320

  Dans la partie ouest de Kirman se trouve le Bagh-i-Zirisf,
    terrain de plaisance occupé par des jardins. (D'après une
    photographie.)                                                 321

  Les environs de Kirman comptent quelques maisons de thé. (D'après
    une photographie.)                                             322

  Une «tour de la mort», où les Zoroastriens exposent les cadavres.
    (D'après une photographie.)                                    323

  Le fort dit Kala-i-Dukhtar ou fort de la Vierge, aux portes de
    Kirman. (D'après une photographie.)                            324

  Le «Farma Farma». (D'après une photographie.)                    325

  Indigènes du bourg d'Aptar, Baloutchistan. (D'après une
    photographie.)                                                 325

  Carte du Makran.                                                 326

  Baloutches de Pip, village de deux cents maisons groupées autour
    d'un fort. (D'après une photographie.)                         327

  Des forts abandonnés rappellent l'ancienne puissance du
    Baloutchistan. (D'après une photographie.)                     328

  Chameliers brahmanes du Baloutchistan. (D'après une
    photographie.)                                                 329

  La passe de Fanoch, faisant communiquer la vallée du même nom et
    la vallée de Lachar. (D'après une photographie.)               330

  Musiciens ambulants du Baloutchistan. (D'après une
    photographie.)                                                 331

  Une halte dans les montagnes du Makran. (D'après une
    photographie.)                                                 332

  Baloutches du district de Sarhad. (D'après une photographie.)    333

  Un fortin sur les frontières du Baloutchistan. (D'après une
    photographie.)                                                 334

  Dans les montagnes du Makran: À des collines d'argile succèdent
    de rugueuses chaînes calcaires. (D'après une photographie.)    335

  Bureau du télégraphe sur la côte du Makran. (D'après une
    photographie.)                                                 336

  L'oasis de Djalsk, qui s'étend sur 10 kilomètres carrés, est
    remplie de palmiers-dattiers, et compte huit villages.
    (D'après une photographie.)                                    337

  Femme Parsi du Baloutchistan. (D'après une photographie.)        337

  Carte pour suivre les délimitations de la frontière
    perso-baloutche.                                               338

  Nous campâmes à Fahradj, sur la route de Kouak, dans une
    palmeraie. (D'après une photographie.)                         339

  C'est à Kouak que les commissaires anglais et persans s'étaient
    donné rendez-vous. (D'après une photographie.)                 340

  Le sanctuaire de Mahoun, notre première étape sur la route de
    Kouak. (D'après une photographie.)                             341

  Cour intérieure du sanctuaire de Mahoun. (D'après une
    photographie.)                                                 342

  Le khan de Kélat et sa cour. (D'après une photographie.)         343

  Jardins du sanctuaire de Mahoun. (D'après une photographie.)     344

  Dans la vallée de Kalagan, près de l'oasis de Djalsk. (D'après
    une photographie.)                                             345

  Oasis de Djalsk: Des édifices en briques abritent les tombes
    d'une race de chefs disparue. (D'après une photographie.)      346

  Indigènes de l'oasis de Pandjgour, à l'est de Kouak. (D'après
    une photographie.)                                             347

  Camp de la commission de délimitation sur la frontière
    perso-baloutche. (D'après une photographie.)                   348

  Campement de la commission des frontières perso-baloutches.
    (D'après une photographie.)                                    349

  Parsi de Yezd. (D'après une photographie.)                       349

  Une séance d'arpentage dans le Seistan. (D'après une
    photographie.)                                                 350

  Les commissaires persans de la délimitation des frontières
    perso-baloutches. (D'après une photographie.)                  351

  Le delta du Helmand.                                             352

  Sculptures sassanides de Persépolis. (D'après une photographie.) 352

  Un gouverneur persan et son état-major. (D'après une
    photographie.)                                                 353

  La passe de Buzi. (D'après une photographie.)                    354

  Le Gypsies du sud-est persan.                                    355

  Sur la lagune du Helmand. (D'après une photographie.)            356

  Couple baloutche. (D'après une photographie.)                    357

  Vue de Yezd, par où nous passâmes pour rentrer à Kirman. (D'après
    une photographie.)                                             358

  La colonne de Nadir s'élève comme un phare dans le désert.
    (D'après une photographie.)                                    359

  Mosquée de Yezd. (D'après une photographie.)                     360


AUX RUINES D'ANGKOR

Par _M. le Vicomte De MIRAMON-FARGUES_


  Entre le sanctuaire et la seconde enceinte qui abrite sous ses
    voûtes un peuple de divinités de pierre.... (D'après une
    photographie.)                                                 361

  Emblème décoratif (art khmer). (D'après une photographie.)       361

  Porte d'entrée de la cité royale d'Angkor-Tom, dans la forêt.
    (D'après une photographie.)                                    362

  Ce grand village, c'est Siem-Réap, capitale de la province.
    (D'après une photographie)                                     363

  Une chaussée de pierre s'avance au milieu des étangs. (D'après
    une photographie.)                                             364

  Par des escaliers invraisemblablement raides, on gravit la
    montagne sacrée. (D'après une photographie.)                   365

  Colonnades et galeries couvertes de bas-reliefs. (D'après une
    photographie.)                                                 366

  La plus grande des deux enceintes mesure 2 kilomètres de tour;
    c'est un long cloître. (D'après une photographie.)             367

  Trois dômes hérissent superbement la masse formidable du temple
    d'Angkor-Wat. (D'après une photographie.)                      367

  Bas-relief du temple d'Angkor. (D'après une photographie.)       368

  La forêt a envahi le second étage d'un palais khmer. (D'après
    une photographie.)                                             369

  Le gouverneur réquisitionne pour nous des charrettes à boeufs.
    (D'après une photographie.)                                    370

  La jonque du deuxième roi, qui a, l'an dernier, succédé à Norodom.
    (D'après une photographie.)                                    371

  Le palais du roi, à Oudong-la-Superbe. (D'après une
    photographie.)                                                 371

  Sculptures de l'art khmer. (D'après une photographie.)           372


EN ROUMANIE

Par _M. Th. HEBBELYNCK_


  La petite ville de Petrozeny n'est guère originale; elle a, de
    plus, un aspect malpropre. (D'après une photographie.)         373

  Paysan des environs de Petrozeny et son fils. (D'après une
    photographie.)                                                 373

  Carte de Roumanie pour suivre l'itinéraire de l'auteur.          374

  Vendeuses au marché de Targu-Jiul. (D'après une photographie.)   375

  La nouvelle route de Valachie traverse les Carpathes et aboutit
    à Targu-Jiul. (D'après une photographie.)                      376

  C'est aux environs d'Arad que pour la première fois nous voyons
    des buffles domestiques. (D'après une photographie.)           377

  Montagnard roumain endimanché. (Cliché Anerlich.)                378

  Derrière une haie de bois blanc s'élève l'habitation modeste.
    (D'après une photographie.)                                    379

  Nous croisons des paysans roumains. (D'après une photographie.)  379

  Costume national de gala, roumain. (Cliché Cavallar.)            380

  Dans les vicissitudes de leur triste existence, les tziganes ont
    conservé leur type et leurs moeurs. (Photographie Anerlich.)   381

  Un rencontre près de Padavag d'immenses troupeaux de boeufs.
    (D'après une photographie.)                                    382

  Les femmes de Targu-Jiul ont des traits rudes et sévères, sous
    le linge blanc. (D'après une photographie.)                    383

  En Roumanie, on ne voyage qu'en victoria. (D'après une
    photographie.)                                                 384

  Dans la vallée de l'Olt, les «castrinza» des femmes sont
    décorées de paillettes multicolores.                           385

  Dans le village de Slanic. (D'après une photographie.)           385

  Roumaine du défilé de la Tour-Rouge. (D'après une photographie.) 386

  La petite ville d'Horezu est charmante et animée. (D'après une
    photographie.)                                                 387

  La perle de Curtea, c'est cette superbe église blanche,
    scintillante sous ses coupoles dorées. (D'après une
    photographie.)                                                 388

  Une ferme près du monastère de Bistritza. (D'après une
    photographie.)                                                 389

  Entrée de l'église de Curtea. (D'après une photographie.)        390

  Les religieuses du monastère d'Horezu portent le même costume
    que les moines. (D'après une photographie.)                    391

  Devant l'entrée de l'église se dresse le baptistère de Curtea.
    (D'après une photographie.)                                    392

  Au marché de Campolung. (D'après une photographie.)              393

  L'excursion du défilé de Dimboviciora est le complément obligé
    d'un séjour à Campolung. (D'après une photographie.)           394

  Dans le défilé de Dimboviciora. (D'après des photographies.)     395

  Dans les jardins du monastère de Curtea.                         396

  Sinaïa: le château royal, Castel Pelés, sur la montagne du même
    nom. (D'après une photographie.)                               397

  Un enfant des Carpathes. (D'après une photographie.)             397

  Une fabrique de ciment groupe autour d'elle le village de Campina.
    (D'après une photographie.)                                    398

  Vue intérieure des mines de sel de Slanic. (D'après une
    photographie.)                                                 399

  Entre Campina et Sinaïa la route de voiture est des plus
    poétiques. (D'après une photographie.)                         400

  Un coin de Campina. (D'après une photographie.)                  401

  Les villas de Sinaïa. (D'après une photographie.)                402

  Vues de Bucarest: le boulevard Coltei. -- L'église du Spiritou
    Nou. -- Les constructions nouvelles du boulevard Coltei. --
    L'église métropolitaine.--L'Université.--Le palais Stourdza.
    -- Un vieux couvent. -- (D'après des photographies.)           403

  Le monastère de Sinaïa se dresse derrière les villas et les
    hôtels de la ville. (D'après une photographie.)                404

  Une des deux cours intérieures du monastère de Sinaïa. (D'après
    une photographie.)                                             405

  Une demeure princière de Sinaïa. (D'après une photographie.)     406

  Busteni (les villas, l'église), but d'excursion pour les habitants
    de Sinaïa. (D'après une photographie.)                         407

  Slanic: un wagon de sel. (D'après une photographie.)             408


CROQUIS HOLLANDAIS

Par _M. Lud. GEORGES HAMÖN_

_Photographies de l'auteur._


  À la kermesse.                                                   409

  Ces anciens, pour la plupart, ont une maigreur de bon aloi.      409

  Des «boerin» bien prises en leurs justins marchent en roulant,
    un joug sur les épaules.                                       410

  Par intervalles une femme sort avec des seaux; elle lave sa
    demeure de haut en bas.                                        410

  Emplettes familiales.                                            411

  Les ménagères sont là, également calmes, lentes, avec leurs
    grosses jupes.                                                 411

  Jeune métayère de Middelburg.                                    412

  Middelburg: le faubourg qui prend le chemin du marché conduit
    à un pont.                                                     412

  Une mère, songeuse, promenait son petit garçon.                  413

  Une famille hollandaise au marché de Middelburg.                 414

  Le marché de Middelburg: considérations sur la grosseur des
    betteraves.                                                    415

  Des groupes d'anciens en culottes courtes, chapeaux marmites.    416

  Un septuagénaire appuyé sur son petit-fils me sourit
    bonassement.                                                   417

  Roux en le décor roux, l'éclusier fumait sa pipe.                417

  Le village de Zoutelande.                                        418

  Les grandes voitures en forme de nacelle, recouvertes de bâches
    blanches.                                                      419

  Aussi comme on l'aime, ce home.                                  420

  Les filles de l'hôtelier de Wemeldingen.                         421

  Il se campe près de son cheval.                                  421

  Je rencontre à l'orée du village un couple minuscule.            422

  La campagne hollandaise.                                         423

  Environs de Westkapelle: deux femmes reviennent du «molen».      423

  Par tous les sentiers, des marmots se juchèrent.                 424

  Le père Kick symbolisait les générations des Néerlandais
    défunts.                                                       425

  Wemeldingen: un moulin colossal domine les digues.               426

  L'une entonna une chanson.                                       427

  Les moutons broutent avec ardeur le long des canaux.             428

  Famille hollandaise en voyage.                                   429

  Ah! les moulins; leur nombre déroute l'esprit.                   429

  Les chariots enfoncés dans les champs marécageux sont enlevés
    par de forts chevaux.                                          430

  La digue de Westkapelle.                                         431

  Les écluses ouvertes.                                            432

  Les petits garçons rôdent par bandes, à grand bruit de sabots
    sonores....                                                    433

  Jeune mère à Marken.                                             433

  Volendam, sur les bords du Zuiderzee, est le rendez-vous des
    peintres de tous les pays.                                     434

  Avec leurs figures rondes, épanouies de contentement, les petites
    filles de Volendam font plaisir à voir.                        435

  Aux jours de lessive, les linges multicolores flottent partout.  436

  Les jeunes filles de Volendam sont coiffées du casque en dentelle,
    à forme de «salade» renversée.                                 437

  Deux pêcheurs accroupis au soleil, à Volendam.                   438

  Une lessive consciencieuse.                                      439

  Il y a des couples d'enfants ravissants, d'un type expressif.    440

  Les femmes de Volendam sont moins claquemurées en leur logis.    441

  Vêtu d'un pantalon démesuré, le pêcheur de Volendam a une allure
    personnelle.                                                   442

  Un commencement d'idylle à Marken.                               443

  Les petites filles sont charmantes.                              444


ABYDOS

dans les temps anciens et dans les temps modernes

Par _M. E. AMELINEAU_


  Le lac sacré d'Osiris, situé au sud-est de son temple, qui a été
    détruit. (D'après une photographie.)                           445

  Séti Ier présentant des offrandes de pain, légumes, etc. (D'après
    une photographie.)                                             445

  Une rue d'Abydos. (D'après une photographie.)                    446

  Maison d'Abydos habitée par l'auteur, pendant les trois premières
    années. (D'après une photographie.)                            447

  Le prêtre-roi rendant hommage à Séti Ier (chambre annexe de la
    deuxième salle d'Osiris). (D'après une photographie.)          448

  Thot présentant le signe de la vie aux narines du roi Séti Ier
    (chambre annexe de la deuxième salle d'Osiris). (D'après une
    photographie.)                                                 449

  Le dieu Thot purifiant le roi Séti Ier (chambre annexe de la
    deuxième salle d'Osiris, mur sud). (D'après une photographie.) 450

  Vue intérieure du temple de Ramsès II. (D'après une
    photographie.)                                                 451

  Perspective de la seconde salle hypostyle du temple de Séti Ier.
    (D'après une photographie.)                                    451

  Temple de Séti Ier, mur est, pris du mur nord. Salle due à
    Ramsès II. (D'après une photographie.)                         452

  Temple de Séti Ier, mur est, montrant des scènes diverses du
    culte. (D'après une photographie.)                             453

  Table des rois Séti Ier et Ramsès II, faisant des offrandes aux
    rois leurs prédécesseurs. (D'après une photographie.)          454

  Vue générale du temple de Séti Ier, prise de l'entrée. (D'après
    une photographie.)                                             455

  Procession des victimes amenées au sacrifice (temple de
    Ramsès II). (D'après une photographie.)                        456


VOYAGE DU PRINCE SCIPION BORGHÈSE AUX MONTS CÉLESTES

Par _M. JULES BROCHEREL_


  Le bazar de Tackhent s'étale dans un quartier vieux et fétide.
    (D'après une photographie.)                                    457

  Un Kozaque de Djarghess. (D'après une photographie.)             457

  Itinéraire de Tachkent à Prjevalsk.                              458

  Les marchands de pain de Prjevalsk. (D'après une photographie.)  459

  Un des trente-deux quartiers du bazar de Tachkent. (D'après une
    photographie.)                                                 460

  Un contrefort montagneux borde la rive droite du «tchou».
    (D'après une photographie.)                                    461

  Le bazar de Prjevalsk, principale étape des caravaniers de
    Viernyi et de Kachgar. (D'après une photographie.)             462

  Couple russe de Prjevalsk. (D'après une photographie.)           463

  Arrivée d'une caravane à Prjevalsk. (D'après une photographie.)  464

  Le chef des Kirghizes et sa petite famille. (D'après une
    photographie.)                                                 465

  Notre djighite, sorte de garde et de policier. (D'après une
    photographie.)                                                 466

  Le monument de Prjevalsky, à Prjevalsk. (D'après une
    photographie.)                                                 467

  Des têtes humaines, grossièrement sculptées, monuments funéraires
    des Nestoriens... (D'après une photographie.)                  467

  Enfants kozaques sur des boeufs. (D'après une photographie.)     468

  Un de nos campements dans la montagne. (D'après une
    photographie.)                                                 469

  Montée du col de Tomghent. (D'après une photographie.)           469

  Dans la vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.)         470

  Itinéraire du voyage aux Monts Célestes.                         470

  La carabine de Zurbriggen intriguait fort les indigènes. (D'après
    une photographie.)                                             471

  Au sud du col s'élevait une blanche pyramide de glace. (D'après
    une photographie.)                                             472

  La vallée de Kizil-Tao. (D'après une photographie.)              473

  Le col de Karaguer, vallée de Tomghent. (D'après une
    photographie.)                                                 474

  Sur le col de Tomghent. (D'après une photographie.)              475

  J'étais enchanté des aptitudes alpinistes de nos coursiers.
    (D'après une photographie.)                                    475

  Le plateau de Saridjass, peu tourmenté, est pourvu d'une herbe
    suffisante pour les chevaux. (D'après une photographie.)       476

  Nous passons à gué le Kizil-Sou. (D'après des photographies.)    477

  Panorama du massif du Khan-Tengri. (D'après une photographie.)   478

  Entrée de la vallée de Kachkateur. (D'après une photographie.)   479

  Nous baptisâmes Kachkateur-Tao, la pointe de 4 250 mètres que
    nous avions escaladée. (D'après une photographie.)             479

  La vallée de Tomghent. (D'après une photographie.)               480

  Des Kirghizes d'Oustchiar étaient venus à notre rencontre.
    (D'après une photographie.)                                    481

  Kirghize joueur de flûte. (D'après une photographie.)            481

  Le massif du Kizil-Tao. (D'après une photographie.)              482

  Région des Monts Célestes.                                       482

  Les Kirghizes mènent au village une vie peu occupée. (D'après
    une photographie.)                                             483

  Notre petite troupe s'aventure audacieusement sur la pente
    glacée. (D'après une photographie.)                            484

  Vallée supérieure d'Inghiltchik. (D'après une photographie.)     485

  Vallée de Kaende: l'eau d'un lac s'écoulait au milieu d'une
    prairie émaillée de fleurs. (D'après une photographie.)        486

  Les femmes kirghizes d'Oustchiar se rangèrent, avec leurs
    enfants, sur notre passage. (D'après une photographie.)        487

  Le chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.)                488

  Nous saluâmes la vallée de Kaende comme un coin de la terre des
    Alpes. (D'après une photographie.)                             489

  Femmes mariées de la vallée de Kaende, avec leur progéniture.
    (D'après une photographie.)                                    490

  L'élément mâle de la colonie vint tout l'après-midi voisiner
    dans notre campement. (D'après une photographie.)              491

  Un «aoul» kirghize.                                              492

  Yeux bridés, pommettes saillantes, nez épaté, les femmes de
    Kaende sont de vilaines Kirghizes. (D'après une photographie.) 493

  Enfant kirghize. (D'après une photographie.)                     493

  Kirghize dressant un aigle. (D'après une photographie.)          494

  Itinéraire du voyage aux Monts Célestes.                         494

  Nous rencontrâmes sur la route d'Oustchiar un berger et son
    troupeau. (D'après une photographie.)                          495

  Je photographiai les Kirghizes de Kaende, qui s'étaient, pour
    nous recevoir, assemblés sur une éminence. (D'après une
    photographie.)                                                 496

  Le glacier de Kaende. (D'après une photographie.)                497

  L'aiguille d'Oustchiar vue de Kaende.                            498

  Notre cabane au pied de l'aiguille d'Oustchiar. (D'après des
    photographies.)                                                498

  Kirghizes de Kaende. (D'après une photographie.)                 499

  Le pic de Kaende s'élève à 6 000 mètres. (D'après une
    photographie.)                                                 500

  La fille du chirtaï (chef) de Kaende, fiancée au kaltchè de la
    vallée d'Irtach. (D'après une photographie.)                   501

  Le kaltchè (chef) de la vallée d'Irtach, l'heureux fiancé de
    la fille du chirtaï de Kaende. (D'après une photographie.)     502

  Le glacier de Kaende.                                            503

  Cheval kirghize au repos sur les flancs du Kaende. (D'après
    des photographies.)                                            503

  Retour des champs. (D'après une photographie.)                   504

  Femmes kirghizes de la vallée d'Irtach. (D'après une
    photographie.)                                                 505

  Un chef de district dans la vallée d'Irtach. (D'après une
    photographie.)                                                 505

  Le pic du Kara-tach, vu d'Irtach, prend vaguement l'aspect d'une
    pyramide. (D'après une photographie.)                          506

  Les caravaniers passent leur vie dans les Monts Célestes,
    emmenant leur famille avec leurs marchandises. (D'après une
    photographie.)                                                 507

  La vallée de Zououka, par où transitent les caravaniers de Viernyi
    à Kachgar. (D'après une photographie.)                         508

  Le massif du Djoukoutchiak; au pied, le dangereux col du même nom,
    fréquenté par les nomades qui se rendent à Prjevalsk. (D'après
    une photographie.)                                             509

  Le chaos des pics dans le Kara-Tao. (D'après une photographie.)  510

  Étalon kirghize de la vallée d'Irtach et son cavalier. (D'après
    une photographie.)                                             511

  Véhicule kirghize employé dans la vallée d'Irtach. (D'après une
    photographie.)                                                 511

  Les roches plissées des environs de Slifkina, sur la route de
    Prjevalsk. (D'après une photographie.)                         512

  Campement kirghize, près de Slifkina. (D'après une
    photographie.)                                                 513

  Femme kirghize tannant une peau. (D'après une photographie.)     514

  Les glaciers du Djoukoutchiak-Tao. (D'après une photographie.)   515

  Tombeau kirghize. (D'après une photographie.)                    516


L'ARCHIPEL DES FEROÉ

Par _Mlle ANNA SEE_


  «L'espoir des Feroé» se rendant à l'école. (D'après une
    photographie.)                                                 517

  Les enfants transportent la tourbe dans des hottes en bois.
    (D'après une photographie.)                                    517

  Thorshavn apparut, construite en amphithéâtre au fond d'un petit
    golfe.                                                         518

  Les fermiers de Kirkeboe en habits de fête. (D'après une
    photographie.)                                                 519

  Les poneys feroïens et leurs caisses à transporter la tourbe.
    (D'après une photographie.)                                    520

  Les dénicheurs d'oiseaux se suspendent à des cordes armées d'un
    crampon. (D'après une photographie.)                           521

  Des îlots isolés, des falaises de basalte ruinées par le heurt
    des vagues. (D'après des photographies.)                       522

  On pousse vers la plage les cadavres des dauphins, qui ont
    environ 6 mètres. (D'après une photographie.)                  523

  Les femmes feroïennes préparent la laine.... (D'après une
    photographie.)                                                 524

  On sale les morues. (D'après une photographie.)                  525

  Feroïen en costume de travail. (D'après une photographie.)       526

  Les femmes portent une robe en flanelle tissée avec la laine
    qu'elles ont cardée et filée. (D'après une photographie.)      527

  Déjà mélancolique!... (D'après une photographie.)                528


PONDICHÉRY

chef-lieu de l'Inde française

Par _M. G. VERSCHUUR_


  Groupe de Brahmanes électeurs français. (D'après une
    photographie.)                                                 529

  Musicien indien de Pondichéry. (D'après une photographie.)       529

  Les enfants ont une bonne petite figure et un costume peu
    compliqué. (D'après une photographie.)                         530

  La visite du marché est toujours une distraction utile pour le
    voyageur. (D'après une photographie.)                          531

  Indienne en costume de fête. (D'après une photographie.)         532

  Groupe de Brahmanes français. (D'après une photographie.)        533

  La pagode de Villenour, à quelques kilomètres de Pondichéry.
    (D'après une photographie.)                                    534

  Intérieur de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.) 535

  La Fontaine aux Bayadères. (D'après une photographie.)           536

  Plusieurs rues de Pondichéry sont larges et bien bâties.
    (D'après une photographie.)                                    537

  Étang de la pagode de Villenour. (D'après une photographie.)     538

  Brahmanes français attendant la clientèle dans un bazar.
    (D'après une photographie.)                                    539

  La statue de Dupleix à Pondichéry. (D'après une photographie.)   540


UNE PEUPLADE MALGACHE

LES TANALA DE L'IKONGO

Par _M. le Lieutenant ARDANT DU PICQ_


  Les populations souhaitent la bienvenue à l'étranger. (D'après
    une photographie.)                                             541

  Femme d'Ankarimbelo. (D'après une photographie.)                 541

  Carte du pays des Tanala.                                        542

  Les femmes tanala sont sveltes, élancées. (D'après une
    photographie.)                                                 543

  Panorama de Fort-Carnot. (D'après une photographie.)             544

  Groupe de Tanala dans la campagne de Milakisihy. (D'après une
    photographie.)                                                 545

  Un partisan tanala tirant à la cible à Fort-Carnot. (D'après
    une photographie.)                                             546

  Enfants tanala. (D'après une photographie.)                      547

  Les hommes, tous armés de la hache. (D'après une photographie.)  548

  Les cercueils sont faits d'un tronc d'arbre creusé, et recouverts
    d'un drap. (D'après une photographie.)                         549

  Le battage du riz. (D'après une photographie.)                   550

  Une halte de partisans dans la forêt. (D'après une
    photographie.)                                                 551

  Femmes des environs de Fort-Carnot. (D'après une photographie.)  552

  Les Tanala au repos perdent toute leur élégance naturelle.
    (D'après une photographie.)                                    553

  Une jeune beauté tanala. (D'après une photographie.)             553

  Le Tanala, maniant une sagaie, a le geste élégant et souple.
    (D'après une photographie.)                                    554

  Le chant du «e manenina», à Iaborano. (D'après une
    photographie.)                                                 555

  La rue principale à Sahasinaka. (D'après une photographie.)      556

  La danse est exécutée par des hommes, quelquefois par des femmes.
    (D'après une photographie.)                                    557

  Un danseur botomaro. (D'après une photographie.)                 558

  La danse, chez les Tanala, est expressive au plus haut degré.
    (D'après des photographies.)                                   559

  Tapant à coups redoublés sur un long bambou, les Tanala en tirent
    une musique étrange. (D'après une photographie.)               560

  Femmes tanala tissant un lamba. (D'après une photographie.)      561

  Le village et le fort de Sahasinaka s'élèvent sur les hauteurs
    qui bordent le Faraony. (D'après une photographie.)            562

  Un détachement d'infanterie coloniale traverse le Rienana.
    (D'après une photographie.)                                    563

  Profil et face de femmes tanala. (D'après une photographie.)     564


LA RÉGION DU BOU HEDMA

(sud tunisien)

Par _M. Ch. MAUMENÉ_


  Les murailles de Sfax, véritable décor d'opéra.... (D'après une
    photographie.)                                                 565

  Salem, le domestique arabe de l'auteur. (D'après une
    photographie.)                                                 565

  Carte de la région du Bou Hedma (sud tunisien).                  566

  Les sources chaudes de l'oued Hadedj sont sulfureuses. (D'après
    une photographie.)                                             567

  L'oued Hadedj, d'aspect si charmant, est un bourbier qui sue la
    fièvre. (D'après une photographie.)                            568

  Le cirque du Bou Hedma. (D'après une photographie.)              569

  L'oued Hadedj sort d'une étroite crevasse de la montagne.
    (D'après une photographie.)                                    570

  Manoubia est une petite paysanne d'une douzaine d'années.
    (D'après une photographie.)                                    571

  Un puits dans le défilé de Touninn. (D'après une photographie.)  571

  Le ksar de Sakket abrite les Ouled bou Saad Sédentaires, qui
    cultivent oliviers et figuiers. (D'après une photographie.)    572

  De temps en temps la forêt de gommiers se révèle par un arbre.
    (D'après une photographie.)                                    573

  Le village de Mech; dans l'arrière-plan, le Bou Hedma. (D'après
    une photographie.)                                             574

  Le Khrangat Touninn (défile de Touninn), que traverse le chemin
    de Bir Saad à Sakket. (D'après une photographie.)              575

  Le puits de Bordj Saad. (D'après une photographie.)              576


DE TOLÈDE À GRENADE

Par _Mme JANE DIEULAFOY_


  Après avoir croisé des boeufs superbes.... (D'après une
    photographie.)                                                 577

  Femme castillane. (D'après une photographie.)                    577

  On chemine à travers l'inextricable réseau des ruelles
    silencieuses. (D après une photographie.)                      578

  La rue du Commerce, à Tolède. (D'après une photographie.)        579

  Un représentant de la foule innombrable des mendiants de Tolède.
    (D'après une photographie.)                                    580

  Dans des rues tortueuses s'ouvrent les entrées monumentales
    d'anciens palais, tel que celui de la Sainte Hermandad.
    (Photographie Lacoste, à Madrid.)                              581

  Porte du vieux palais de Tolède. (D'après une photographie.)     582

  Fière et isolée comme un arc de triomphe, s'élève la merveilleuse
    Puerta del Sol. (Photographie Lacoste, à Madrid.)              583

  Détail de sculpture mudejar dans le Transito. (D'après une
    photographie.)                                                 584

  Ancienne sinagogue connue sous le nom de Santa Maria la Blanca.
    (Photographie Lacoste, à Madrid.)                              585

  Madrilène. (D'après une photographie.)                           586

  La porte de Visagra, construction massive remontant à l'époque
    de Charles Quint. (Photographie Lacoste, à Madrid.)            587

  Tympan mudejar. (D'après une photographie.)                      588

  Des familles d'ouvriers ont établi leurs demeures près de
    murailles solides. (D'après une photographie.)                 589

  Castillane et Sévillane. (D'après une photographie.)             589

  Isabelle de Portugal, par le Titien (Musée du Prado).
    (Photographie Lacoste, à Madrid.)                              590

  Le palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.)        591

  Statue polychrome du prophète Élie, dans l'église de Santo Tomé
    (auteur inconnu). (D'après une photographie.)                  592

  Porte du palais de Pierre le Cruel. (D'après une photographie.)  593

  Portrait d'homme, par le Greco. (Photographie Hauser y Menet,
    à Madrid.)                                                     594

  La cathédrale de Tolède.                                         595

  Enterrement du comte d'Orgaz, par le Greco (église Santo Tomé).
    (D'après une photographie.)                                    596

  Le couvent de Santo Tomé conserve une tour en forme de minaret.
    (D'après une photographie.)                                    597

  Les évêques Mendoza et Ximénès. (D'après une photographie.)      598

  Salon de la prieure, au couvent de San Juan de la Penitencia.
    (D'après une photographie.)                                    599

  Prise de Melilla (cathédrale de Tolède). (D'après une
    photographie.)                                                 600

  C'est dans cette pauvre demeure que vécut Cervantès pendant son
    séjour à Tolède. (D'après une photographie.)                   601

  Saint François d'Assise, par Alonzo Cano, cathédrale de Tolède.  601

  Porte des Lions. (Photographie Lacoste, à Madrid.)               602

  Le cloître de San Juan de los Reyes apparaît comme le morceau le
    plus précieux et le plus fleuri de l'architecture gothique
    espagnole. (Photographie Lacoste, à Madrid.)                   603

  Ornements d'église, à Madrid. (D'après une photographie.)        604

  Porte due au ciseau de Berruguete, dans le cloître de la
    cathédrale de Tolède. (Photographie Lacoste, à Madrid.)        605

  Une torea. (D'après une photographie.)                           606

  Vue intérieure de l'église de San Juan de Los Reyes.
    (Photographie Lacoste, à Madrid.)                              607

  Une rue de Tolède. (D'après une photographie.)                   608

  Porte de l'hôpital de Santa Cruz. (Photographie Lacoste,
    à Madrid.)                                                     609

  Sur les bords du Tage. (Photographie Lacoste, à Madrid.)         610

  Escalier de l'hôpital de Santa Cruz. (D'après une photographie.) 611

  Détail du plafond de la cathédrale. (D'après une photographie)   612

  Pont Saint-Martin à Tolède. (D'après une photographie.)          613

  Guitariste castillane. (D'après une photographie.)               613

  La «Casa consistorial», hôtel de ville. (D'après une
    photographie.)                                                 614

  Le «patio» des Templiers. (D'après une photographie.)            615

  Jeune femme de Cordoue avec la mantille en chenille légère.
    (D'après une photographie.)                                    616

  Un coin de la Mosquée de Cordoue. (Photographie Lacoste,
    à Madrid.)                                                     617

  Chapelle de San Fernando, de style mudejar, élevée au
    centre de la Mosquée de Cordoue. (D'après une photographie.)   618

  La mosquée qui fait la célébrité de Cordoue, avec ses dix-neuf
    galeries hypostyles, orientées vers la Mecque. (Photographie
    Lacoste, à Madrid.)                                            619

  Détail de la chapelle de San Fernando. (D'après une
    photographie.)                                                 620

  Vue extérieure de la Mosquée de Cordoue, avec l'église
    catholique élevée en 1523, malgré les protestations des
    Cordouans. (D'après une photographie.)                         621

  Statue de Gonzalve de Cordoue. (D'après une photographie.)       622

  Statue de doña Maria Manrique, femme de Gonzalve de Cordoue.
    (D'après une photographie.)                                    623

  Détail d'une porte de la mosquée. (D'après une photographie.)    624





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