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Title: Histoire amoureuse des Gaules suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle  (4/4)
Author: Bussy, Roger de Rabutin, comte de, 1618-1693
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Histoire amoureuse des Gaules suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle  (4/4)" ***


generously made available by the Bibliothèque nationale
de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)



    Note de transcription:

    Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été
    corrigées. D'autres corrections ont été apportées, dont la liste
    est donnée à la fin de ce volume.

    L'orthographe des noms propres dans la table alphabétique
    présente certaines différences avec le reste de l'ouvrage et est
    loin d'être cohérente (Bontems/Bontemps, Braguemont/Braquemont,
    Créqui/Créquy, Élizabeth/Elisabeth, La Vallière/La Valière,
    Levis/Lévis, Mancini/Manchini, Neuville/Neufville, etc.). Pour
    les noms propres nous suivons strictement l'original imprimé.

    Les notes de bas de page sont regroupées à la fin de chaque
    chapitre.

    Certaines abréviations en exposant dans l'original sont aisément
    lisibles, comme Mlle. D'autres moins courantes, par exemple pour
    Marquis ou sieur, sont indiquées sous la forme M{is} et s{r}
    respectivement.

    La table des matières est placée à la fin de l'ouvrage.



  HISTOIRE
  AMOUREUSE
  DES GAULES


  Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou.
  Caractères elzeviriens de la Librairie Daffis.



  HISTOIRE

  AMOUREUSE

  DES GAULES

  PAR BUSSY RABUTIN

  revue et annotée

  PAR M. PAUL BOITEAU

  _Suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle_

  recueillis et annotés

  PAR M. CH.-L. LIVET

  TOME IV


  [Illustration: Globus]


  PARIS
  PAUL DAFFIS, ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE
  DE LA BIBLIOTHÈQUE ELZEVIRIENNE
  7, rue Guénégaud

  M DCCC LXXVI



[Bandeau]

PRÉFACE.


Les trois pièces que renferme ce quatrième et dernier volume de petits
romans et pamphlets historico-satiriques du XVIIe siècle ne font point
partie du Recueil connu sous le titre d'Histoire amoureuse des Gaules;
nous les y avons ajoutées, pour des motifs que nous avons le devoir de
faire connoître ici.

D'abord, elles sont très-rares, et ce n'est pas sans difficulté que nous
avons pu nous procurer les textes que nous avons suivis. La première,
_le Grand Alcandre frustré_, a eu les honneurs d'une récente
réimpression, donnée à petit nombre par les soins de M. Paul Lacroix;
mais elle mérite d'être plus connue, sinon par les qualités d'un style
qui trahit une plume peu exercée, du moins par la finesse ingénieuse et
délicate des pensées, qui indique un homme de cour, et par l'intérêt
même que présente ce petit roman. Si les deux autres ont trouvé place à
la suite du _Grand Alcandre frustré_, ce n'est ni à leur style, ni
à l'intérêt qu'elles présentent qu'elles doivent d'entrer dans cette
collection; mais le titre en est très-familier aux bibliophiles, qui le
connoissent par les Catalogues, et qui nous auroient su mauvais gré de
ne pas en avoir reproduit le texte pour leur permettre d'en apprécier la
valeur. L'une a cependant un mérite sur lequel nous ne saurions trop
insister: c'est qu'elle est l'oeuvre d'un pamphlétaire admirablement
bien renseigné sur une des plus malheureuses périodes de notre histoire:
aussi nous sommes-nous appliqué, avec le plus grand soin, à faire
ressortir l'exactitude historique des faits consignés dans les _Amours
de Louis XIV et de Mlle du Tron_: nous espérons que nos notes, par leur
abondance et leur précision, dédommageront un peu le lecteur du
caractère insignifiant de l'ouvrage. Dans les _Entretiens_ qui composent
ce factum, tous les mots portent; il n'est pas une ligne qui n'ait pu
prêter, au temps où il parut, à de longs commentaires parmi les
courtisans ou les bourgeois, et provoquer quelque raillerie ou quelque
plainte. Ce sont ces commentaires, ces railleries, ces plaintes que nos
notes ont eu en vue de faire revivre.

Quant au _Tombeau des Amours de Louis le Grand_, ce libelle forme en
quelque sorte le couronnement de l'oeuvre; c'est un résumé, mal écrit,
mais assez complet, de l'histoire galante de la France sous le règne du
grand Roi: nous l'avons, à ce titre, reproduit d'autant plus volontiers
qu'il est très-rare et que s'il omet quelques faits, il en relève
quelques autres dont on chercherait vainement la place ailleurs.

Il nous reste à parler du problème historique que soulève l'étude du
_Grand Alcandre frustré_. On a dit:

    Jamais surintendant ne trouva de cruelle.

Moins heureux que Fouquet, Louis XIV rencontra-t-il une autre Madame de
Guercheville qui mérita son estime après avoir inspiré son amour,
comme la célèbre marquise dont la résistance à la passion du roi Henri
IV fut si célèbre en son temps? Si cette femme vertueuse a réellement
vécu, qui est-elle?

Voici, sans plus attendre, quelle est selon nous la solution de ce
problème: une femme a existé, qui a eu la réputation méritée par la
marquise de Guercheville; mais il n'est pas impossible que cette
réputation ait été usurpée.

Ce n'est pas sans de longues recherches que nous sommes arrivé à cette
conclusion, si insuffisante qu'elle puisse paroître. Nous prions qu'on
veuille bien revenir avec nous sur le chemin que nous avons dû suivre,
non sans nous égarer bien souvent, pour fournir une réponse aux
questions posées.

La femme vertueuse dont parle l'auteur seroit la comtesse de L...; son
rang, peut-être l'emploi de son mari lui permettoient d'être toujours à
la Cour, que le Roi fût à Versailles, à Saint-Germain ou à
Fontainebleau. Or, en dépouillant les Lettres de Mme de Sévigné, les
Mémoires de Saint-Simon, le Journal de Dangeau et les Etats de la
France, il est facile de relever tous les noms des personnages de
l'entourage du Roi faisant précéder du titre de comte un nom commençant
par l'initiale L. Nous avons fait cette revue; aucun des noms que nous
avons trouvés ne s'appliquoit à une femme réunissant à la fois toutes
les conditions exigées pour satisfaire aux termes du problème: celle-ci
étoit trop jeune, celle-là trop âgée; l'une s'étoit compromise avec
quelque galant; l'autre étoit, en 1672, dans une position effacée d'où
elle n'est jamais sortie.

Après toutes ces tentatives vaines pour arriver à la vérité, désespérant
de la découvrir nous-même, nous avons adressé, par la voix de
l'_Intermédiaire_, un appel à de mieux informés: on nous a répondu par
le nom de Mme de Ludres, chanoinesse de Poussay; mais celle-ci,
n'ayant pas de mari, n'était pas femme du comte de L...; elle ne
fut pas toujours cruelle; elle ne conserva pas toute sa vie l'affection
du Roi, et elle n'usa pas de son influence pour avancer sa famille. Une
telle réponse ne pouvoit que nous encourager à continuer nos recherches.

Mais, à notre grand déplaisir, après avoir épuisé toute la liste des
noms en L..., il nous fallut procéder par hypothèse, et supposer que
cette initiale avoit été choisie précisément pour dépister le lecteur.
Dès que le nom ne paroissoit pas en toutes lettres, ne pouvoit-on
penser, en effet, que l'auteur avoit pris toutes ses précautions pour
que même une initiale ne pût aider à découvrir ce qu'il vouloit cacher?

Nous donnons cette hypothèse: elle nous paroît plausible; mais nous
admettons qu'on la repousse.

Quoi qu'il en soit, nos recherches n'auront pas été infructueuses: si
nous n'avons trouvé aucune comtesse de L... ayant eu l'occasion de
résister aux tendresses de Louis XIV, nous avons du moins rencontré une
femme qui, à l'initiale près, réunit toutes les conditions que nous
étions en droit d'exiger, et cette femme est la princesse de Soubise.

Mme de Soubise était femme de François de Rohan, prince de Soubise,
capitaine-lieutenant des gendarmes de la garde ordinaire du Roi, qui
était le second fils, et fils très-pauvre, d'Hercule de Rohan, duc de
Montbazon. Veuf en août 1660 de Catherine de Lyonne, il épousa, le 17
avril 1663, Anne de Rohan-Chabot, «dame d'une vertu et d'un mérite
très-distingués», dit Moréri, qui ne prodigue pas les éloges dans ses
notices généalogiques. Née en 1648, Mme de Soubise avoit 24 ans à
l'époque où se passe notre petit roman, et avoit eu déjà trois des dix
enfants pour l'établissement desquels la bienveillance du Roi lui fut si
utile. Mme de Sévigné, après avoir constaté les inquiétudes que les
attentions du Roi pour la princesse causoient à Mme de Montespan,
montre la favorite promptement tranquillisée; elle nous apprend
aussi que Mme de Soubise, voulant échapper à la poursuite du Roi, se
crut obligée de quitter la Cour et de se réfugier à la campagne:
l'histoire de la comtesse de L... est toute semblable.

Mis ainsi sur la voie, nous nous sommes rappelé que Mme de Soubise avoit
trouvé grâce même devant un des pamphlétaires de l'_Histoire amoureuse_
(voy. t. III, p. 147); nous avons ensuite consulté Saint-Simon et
Dangeau. Dangeau ne nous apprend rien, sinon que, du temps où il
écrivoit son Journal, Mme de Soubise suivoit assidûment la Cour. Mais
Saint-Simon nous renseigne plus complètement; de tout ce qu'il dit de la
princesse, il ressort que Mme de Soubise fut en effet aimée du Roi,
qu'elle conserva toujours sur lui un crédit dont elle usa largement dans
l'intérêt de sa famille et d'elle-même, et qu'il ne fut porté aucune
attaque sérieuse à la réputation que lui ont faite tous ses
contemporains. Toutefois le duc ne pense pas que sa vertu ait été sans
tache: mais à qui a-t-il fait cet honneur de croire que les faveurs ne
s'obtenoient pas par des complaisances, dût-il, pour donner cours à sa
malignité, rompre en visière à l'opinion publique?

C'est pour concilier à la fois l'estime unanime des contemporains avec
la médisance de Saint-Simon que nous avons laissé place à un doute qui
n'existe pas d'ailleurs dans notre esprit, et que, tout en admettant que
la comtesse de L... peut être la princesse de Soubise, nous avons
réservé l'opinion de ceux qui, après Saint-Simon, voudroient conserver
des doutes sur sa vertu.

Ce n'est pas sans regret que nous avons fait cette part au doute; nous
aurions aimé placer au moins dans notre galerie une femme sûrement
honnête; mais l'histoire ne s'écrit pas avec le sentiment, et, si nous
n'avons pas trouvé un juste dans Israël, nous l'avons du moins
consciencieusement cherché.

Notre tâche est terminée. Le long travail auquel nous nous sommes
livré pour dégager la valeur historique d'une série d'ouvrages où les
esprits superficiels ne cherchoient que le scandale, nous a fait vivre
dans la familiarité de la Cour la plus brillante du monde; nous avons
découvert bien des misères sous son éclat menteur; mais ces vices
honteux qui déshonoroient l'entourage immédiat du Roi, mais cette
corruption générale des moeurs qui se dissimuloit mal sous la galante
courtoisie des manières en existeroient-ils moins parce qu'ils ne
seroient pas découverts? Et quand il n'y auroit pas d'autre conclusion à
tirer de cette étude, ne seroit-ce pas déjà un résultat précieux que de
pouvoir dire: le progrès de la morale a accompagné le progrès de
l'instruction et le développement du bien-être général? N'est-ce rien
que de pouvoir prouver, pièces en main, aux esprits chagrins,
_laudatores temporis acti_, que nous valons mieux que nos ancêtres?

Il nous reste un mot à ajouter. Nous désirons appeler particulièrement
l'attention sur la table qui termine ce quatrième volume. Tous les noms
cités dans l'ouvrage y figurent, et nous nous sommes appliqué à joindre
toujours aux noms de seigneurie les noms patronymiques et les prénoms.
Des difficultés matérielles ne nous ont pas permis de donner à ce
travail toute la perfection que nous aurions désiré; cependant, nous
espérons qu'il rendra quelques services même pour la lecture d'autres
ouvrages que les petits romans historiques de cette collection.

CH.-L. LIVET.



  LE GRAND
  ALCANDRE FRUSTRÉ
  OU LES
  DERNIERS EFFORTS DE L'AMOUR ET DE LA VERTU
  HISTOIRE GALANTE.



[Bandeau]

AVERTISSEMENT.


On ne dira pas de cette histoire ce qu'on a dit de plusieurs autres:
c'est toujours la même viande diversement assaisonnée. Le seul titre
fait voir d'abord que c'est une pièce nouvelle. Le grand Alcandre n'a
point eu jusques ici de maîtresse qui ne se soit rendue, s'il faut ainsi
dire, après la première sommation; au lieu que cette illustre comtesse,
dont on fait ici l'histoire, se défend avec une vertu tout-à-fait
héroïque, se tire adroitement de tous les piéges que l'Amour lui tend,
et, en étouffant une passion criminelle, elle gagne l'estime et
l'admiration de celui qui la vouloit déshonorer. Il est bien juste
qu'après avoir exposé aux yeux du public les fautes de celles qui
ont fait honte à leur sexe, on lui fasse part de la vertu de cette
Héroïne, qui en relève l'honneur, et que nous pouvons mettre au nombre
des femmes fortes, puisqu'elle a triomphé de tout ce que l'Amour a de
plus tendre, de plus fort, et de plus engageant. Tout ce qu'on peut dire
de la vérité de cette histoire, c'est qu'ayant été trouvée parmi les
papiers d'un homme de qualité[1] après sa mort, on la donne telle qu'on
nous l'a envoyée de Paris. Il auroit été à souhaiter que le nom de cette
illustre femme y eût été couché tout du long; mais il n'y avoit que la
lettre L...[2] dans le manuscrit, où l'on n'a voulu rien changer.


NOTES.

  [1] Le duc de La Feuillade (_note de l'édit. de 1719_).--Il était
  mort subitement dans la nuit du 18 au 19 septembre 1691, et non le
  12 mai 1697, comme on l'a dit dans une récente édition de cette
  «histoire».--Voy. Dangeau, t. III, pp. 400-402.

  [2] Voy. la Préface, en tête de ce vol.



[Bandeau]

LE GRAND

ALCANDRE FRUSTRÉ

OU LES

DERNIERS EFFORTS DE L'AMOUR ET DE LA VERTU

HISTOIRE GALANTE.


Tout le monde sait que Louis XIV, étant un jour en belle humeur, dit à
quelques-uns de ses courtisans, qu'il n'avoit trouvé dans toute sa Cour
que deux femmes chastes, et qui fussent fidèles à leurs maris[3]. Comme
les paroles des Rois sont regardées comme des oracles, personne n'osa
répliquer, ni en demander davantage; chacun se regarda, mais les mariés
baissèrent les yeux, craignant d'en apprendre plus qu'ils ne voudroient,
et que leurs épouses ne fussent pas ces deux chastes tourterelles, qui
avoient l'approbation de ce grand Monarque.

Là-dessus, le comte de Lauzun[4], qui n'y avoit point d'intérêt, parce
qu'il n'étoit pas marié, prit la parole et dit au Roi: «Sire, vous avez
été plus heureux que Salomon, d'avoir trouvé deux femmes chastes,
puisque ce prince, tout sage qu'il étoit, n'en a pu trouver une seule.»

Ces deux femmes, à ce qu'on a su depuis, étoient la Reine, et la
comtesse de L...[5], dont on va décrire les amours secrètes avec ce
monarque. Il avoit trop d'intérêt à croire à la fidélité de la Reine,
pour en douter tant soit peu, et véritablement c'étoit une princesse des
plus sages, et des plus vertueuses de son siècle, et le Roi son époux ne
faisoit que lui rendre la justice qui lui étoit due. Pour la comtesse,
l'intérêt de son amour auroit voulu, tout au contraire, qu'il eût pu
douter de sa fidélité pour le lien conjugal. Mais il n'avoit que trop de
raisons de la croire ferme là-dessus, et, si on peut le dire ainsi, une
invincible.

Il y avoit longtemps que ce prince brûloit pour elle; mais il n'y avoit
encore que ses yeux qui osassent le lui dire; il la regardoit
incessamment d'un air tendre et passionné; mais on ne répondoit point à
ses regards, et quoique la comtesse comprît assez ce que cela vouloit
dire, elle fit toujours semblant de n'entendre pas ce langage
mystérieux. Comme elle est naturellement modeste, les yeux du Roi, qui
la rencontroient toujours, la faisoient quelquefois rougir, et
cette rougeur, qui se répandoit sur ses joues, ne servoit qu'à relever
l'éclat de sa beauté, et qu'à augmenter le feu de ce prince qui n'étoit
déjà que trop amoureux. Ce monarque, qui étoit expérimenté dans l'art
d'aimer, voyoit bien que cette rougeur, qu'il remarquoit sur le visage
de sa maîtresse, ne lui présageoit rien de bon, et qu'elle étoit d'une
autre espèce que celle que l'Amour peint lui-même dans un coeur
enflammé, à l'approche de l'objet qu'il aime. Il voyoit, à travers ce
voile éclatant, toutes les marques de la pudeur, de la sagesse, de la
modestie et de la chasteté; mais il y remarquoit aussi une secrète
indignation d'une vertu offensée, qui se voit attaquée par des regards
criminels. Des présages si funestes à l'amour de ce grand Roi le
faisoient trembler quelquefois, tout intrépide qu'il est. Enfin, ne
pouvant plus renfermer un feu qui devenoit tous les jours plus violent,
par le soin qu'il prenoit de le cacher, il résolut de se découvrir au
duc de La Feuillade[6], espérant par là trouver du soulagement, et d'en
recevoir quelque conseil salutaire à son amour.--«Ne suis-je pas
malheureux, dit-il un jour à ce duc, d'aimer sans oser le dire, mais
d'aimer jusqu'à la fureur[7]?--Et qui vous empêche, Sire, de parler, lui
dit ce fidèle favori?--Le respect, l'amour, la crainte de déplaire à
l'objet aimé, lui dit alors ce monarque.--S'il n'y a que cela, lui
dit le duc, Sire, parlez, et parlez bientôt, je vous réponds que vous
serez écouté. Quelle est la dame qui ne s'estimât heureuse de donner des
chaînes au plus grand monarque du monde, et qui ne se fît un plaisir de
les soulager, et de les partager même? Avez-vous trouvé jusques ici
quelque chose qui osât vous résister: villes, châteaux, forteresses,
ennemis, tout se rend à vous, tout plie sous vos lois[8], et vous
craignez que le coeur d'une femme ose tenir contre un Roi toujours
victorieux?--Ah! qu'il y a bien de la différence! dit alors le
Roi.--Oui, sans doute il y en a, lui répliqua La Feuillade, et il n'est
pas besoin ici de tant de machines; vous n'avez qu'à vous montrer, vous
n'avez qu'à paroître, vous n'avez qu'à parler, vous n'avez qu'à dire
_j'aime_, et l'on répondra d'abord[9] à votre amour. Avouez-le, Sire,
ajouta-t-il, si vous avez rencontré peu de villes qui résistent, vous
avez encore moins trouvé de femmes cruelles.--Il est vrai, lui dit le
Roi, que je n'ai pas sujet de me plaindre de ma mauvaise fortune, et, en
amour aussi bien qu'en guerre, les bons succès ont répondu toujours à
mes espérances. Mais j'ai entrepris une conquête qui me paroît
impossible; cependant, je ne puis m'en désister, et si je n'en viens à
bout, je vois bien qu'il y va du repos de ma vie, et peut-être de
ma vie même.»

Le duc entendant parler ainsi le Roi, fut touché de son état, et ce
prince, qui l'avoit appelé pour lui faire confidence de son amour, lui
nomma l'objet qui l'avoit enflammé.--«J'avoue, Sire, lui dit alors le
duc de La Feuillade, que vous avez quelque sujet de vous défier du
succès de votre entreprise; cette dame est extrêmement fière, et d'une
vertu qui a quelque chose d'austère et de farouche; mais le temps et
l'amour viennent enfin à bout de tout, principalement lorsque tout cela
est soutenu par l'éclat d'une couronne, et d'une gloire comme la vôtre;
et quand l'amour ne regarderoit pas à toutes ces choses, vous avez outre
cela toutes les qualités du coeur et de l'esprit, et tout ce qu'il
faut pour se faire aimer.--Je veux que cela soit, dit le Roi, j'ose me
flatter que j'ai tout ce que tu dis là, mais je n'ose me flatter de
toucher une insensible.--Mais vous n'avez encore rien tenté, reprit le
duc, vous n'avez encore parlé que le langage des yeux; expliquez-vous
d'une autre manière, et vous verrez comment on y répondra.--Je ne le
vois déjà que trop, dit le Roi, et les yeux de cette cruelle, à qui les
miens ont déjà parlé mille fois, ne m'ont répondu que par un silence
froid, capable de glacer le coeur le plus enflammé, ou par des regards
terribles qui m'ont annoncé l'arrêt de ma mort.--Que savez-vous, Sire,
lui dit alors La Feuillade, si l'on ne veut pas vous rendre cette
conquête plus précieuse par la résistance, et si on ne se fait pas une
espèce de gloire et de vanité, de tenir quelque temps contre les
attaques d'un grand Roi, auquel jusqu'ici rien n'a résisté? C'est déjà
beaucoup, qu'on vous ait entendu; mais c'est encore plus qu'on vous
l'ait fait connaître; car pour le premier, il n'y a pas la moindre
difficulté, les dames entendent d'abord ce qu'on veut leur dire; mais
comme elles font semblant de ne l'entendre pas, peut-être par le plaisir
qu'elles ont de se le faire répéter souvent, elles ne veulent point
avouer qu'elles comprennent un langage qu'elles savent encore mieux que
nous. Ainsi puisque votre Majesté a déjà parlé, et qu'on lui a fait
connoître ce qu'elle vouloit dire, c'est déjà un assez grand avancement.
Mais il faut s'expliquer d'une autre manière, et les belles exigent de
nous qu'on mette tout en usage, avant que de faire la moindre avance;
elles sont comme ces gouverneurs de places, qui, ayant de l'honneur et
de la fidélité pour leur prince, ne veulent se rendre qu'à la dernière
extrémité, pour sauver au moins, en se rendant, cet honneur qui leur est
si cher, et pour ne perdre pas les bonnes grâces de leur maître. Il en
sera ici de même, et la conquête que votre Majesté entreprend ne se
pourra faire qu'à force de temps, de machines, de ruses et de
stratagêmes; mais enfin nous en viendrons à bout. C'est une femme fière,
qui se fait un point d'honneur de la fidélité qu'elle doit à son mari,
qui veut soutenir cet honneur à la pointe de l'épée, mais qui a résolu
pourtant de se rendre, quand elle aura fait tout ce que les gouverneurs
les plus braves ont accoutumé de faire pour la défense d'une place.»

Le Roi fut charmé d'entendre raisonner si bien le duc de La Feuillade,
qui n'étoit pas moins versé dans les matières d'amour, qu'il étoit
expert dans l'art militaire. Dès lors il ne songea plus qu'à faire sa
déclaration dans les formes, et qu'à se servir de tous les moyens que
l'amour peut suggérer, pour parvenir au but où tendent tous les amants.
Mais ce premier pas, qui semble si facile, et que ce prince ne comptoit
pour rien dans toutes ses autres amours, ne fut pas tout comme il avoit
cru. Ce n'est pas que l'occasion ne s'en présentât assez souvent; mais
la crainte le retenoit, et c'est peut-être la seule fois que ce monarque
a senti cette passion qui est inconnue aux grands courages. Vingt fois
il voulut ouvrir la bouche pour parler de son amour à cette comtesse, et
vingt fois sa langue fut comme retenue par un frein qu'il n'eut jamais
la force de rompre. Il rencontroit toujours les yeux et le front de
cette comtesse, où la vertu paroissoit armée de cette sévérité qui
imprime du respect aux plus grands monarques; et quand il la vouloit
jeter sur des matières de tendresse, pour parler ensuite de la sienne,
ce silence froid et austère qu'elle savoit si bien observer rompoit
tout-à-coup cet entretien, empêchoit le Roi de le poursuivre, et lui en
faisoit chercher un autre qui fût plus du goût de celle à qui il
craignoit toujours de déplaire.

C'est une chose qui est peut-être sans exemple, qu'un amant passionné,
et surtout un Roi, qui ose tout, ait trouvé tant d'occasions de déclarer
son amour, et en ait su si peu profiter. Mais comme j'ai dit, cette
comtesse les éludoit avec tant de dextérité, prenant son air grave et
sérieux, que le Roi ne savoit comment s'y prendre. Ce qu'il y a
d'admirable, c'est que, sans avoir recours à la fuite, qui est la
ressource ordinaire de celles qui veulent éviter de semblables
entretiens, elle n'affectoit pas de se dérober de la présence du Roi;
elle alloit son train ordinaire; que le Roi se trouvât ou ne se trouvât
pas dans les lieux où elle étoit, elle ne faisoit sa visite ni plus
courte ni plus longue qu'elle l'avoit résolu. Elle ne vouloit pas même
que le Roi crût qu'elle évitoit sa rencontre, de peur qu'il ne regardât
cette fuite comme une marque de sa foiblesse, ou de la crainte qu'elle
avoit de succomber à l'amour de ce grand Monarque. Il sembloit tout au
contraire qu'elle affectât de lui faire voir qu'elle avoit assez de
vertu pour résister à toutes ses vaines poursuites.

Enfin, elle vivoit avec lui de telle manière, que, quoiqu'il ne pût
jamais se satisfaire en lui parlant de ce qu'il avoit dans le coeur,
il n'avoit pas sujet de se plaindre d'elle. Tous ses discours étoient
sages, retenus, et même obligeants; elle louoit sur tout les vertus du
Roi d'une manière si engageante que ce prince ne pût jamais se résoudre
à lui donner une espèce de démenti, en lui parlant d'une chose qui
alloit contre son devoir. En sorte qu'au lieu d'une maîtresse que le Roi
croyoit trouver, il rencontroit une gouvernante, qui lui faisoit des
leçons de sagesse, d'honneur, de justice, de probité, et de toutes les
vertus; mais d'une manière dont il ne pouvoit s'offenser, puisque tout
cela étoit assaisonné par des louanges que le Roi se sentoit obligé
de soutenir.

Cet amant jugea bien par une telle conduite, qu'il n'iroit pas fort vite
dans ses amours, puisqu'il n'avoit pas encore fait le premier pas. Peu
s'en fallut qu'il ne se rebutât entièrement, et qu'il n'abandonnât le
dessein de cette conquête; il lui sembloit même quelquefois qu'il
n'étoit plus amoureux; mais son amour étoit comme ces fièvres
intermittentes, qui sont d'autant plus violentes dans leur accès,
qu'elles ont donné quelque relâche. Quand il se la représentoit avec cet
éclat, cette douceur, cette majesté, ces yeux brillants, son coeur
étoit tout de flamme. Mais quand il pensoit à cet air sévère, à cette
autorité de reine, à cette vertu constante, à cette pudeur
incorruptible, tout son amour se changeoit en estime, ou plutôt en
respect et en admiration. Quand il ne faisoit que la regarder, son
coeur étoit tout en feu; mais dès qu'il vouloit lui parler de son
amour, il se sentoit tout de glace. La beauté et la vertu de cette
comtesse, qui éclatoient également dans ses yeux, produisoient ces deux
effets contraires dans l'âme du Roi.

Cela sembloit tenir quelque chose du charme et de l'enchantement qu'un
amant comme le Roi, qui n'étoit pas novice dans ces matières, et qui
s'étoit signalé en tant d'occasions amoureuses, s'arrêtât ainsi tout
court, sans oser hasarder la première attaque, lui qui avoit si souvent
monté à la brèche avec une intrépidité digne d'un Mars. On parle d'un
certain nouement d'aiguillettes, qui arrête quelquefois les plus
hardis, qui refroidit les plus ardents, qui amollit les plus forts sur
le point de jouir de leurs amours et les en rend tout-à-fait incapables:
il arrivoit au Roi quelque chose de semblable toutes les fois qu'il
étoit sur le point de se déclarer à madame de L...; non pas qu'il fût au
cas dont nous venons de parler, il en étoit bien éloigné; mais il
éprouvoit le même charme à l'égard de sa langue; lorsqu'il vouloit
essayer d'expliquer ses sentiments et de parler de son amour, il sentoit
d'abord sa langue liée et son esprit comme perclus. Enfin il se trouvoit
dans le même état où étoit Didon, et que Virgile nous décrit si bien
dans le quatrième livre de son Enéïde; cette reine, qui n'aimoit pas
moins Enée que notre Roi aimoit la comtesse, n'avoit jamais la force ni
la hardiesse de le dire à ce prince Troyen. Dès qu'elle commençoit de
lui parler de son amour, sa voix mouroit dans sa bouche.

    _Incipit effari, mediaque in voce resistit;_

c'est-à-dire, suivant la traduction de M. de Segrais,

    Au milieu d'un discours, sa langue embarrassée
    Refuse sa parole à sa triste pensée.

Mais cette passion est trop violente pour pouvoir en demeurer là; Didon
s'expliqua enfin, et le Roi fit connoître ouvertement son amour à la
Comtesse. Il crut néanmoins qu'il ne devoit pas s'exposer lui-même aux
premiers transports de colère qu'il savoit bien qu'elle feroit éclater.
Il choisit le duc de La Feuillade, qu'il avoit déjà fait son confident,
pour essuyer pour lui cette tempête qu'il craignoit si fort. Il fit
même réflexion, qu'ayant une plus grande liberté d'esprit, il pourroit
représenter mille choses à la Comtesse, qui n'auroient pas été si bien
dans la bouche du Roi, et lui faire valoir tous les avantages qu'elle
pouvoit retirer de cette conquête, et pour elle et pour les siens.

Dans cette résolution, il mande le duc de La Feuillade, qui le vint
trouver dans le cabinet. Ce duc s'attendoit d'abord à quelque nouvelle
confidence, et que le Roi lui alloit apprendre quelques grands progrès
qu'il auroit déjà faits dans son amour. Mais il fut bien surpris quand
il apprit que Sa Majesté étoit encore aux mêmes termes où il étoit la
première fois qu'il lui fit cette confidence. Cela le surprit d'autant
plus qu'il savoit par lui-même que le Roi n'étoit pas si patient dans
ses amours, et moins encore timide quand il étoit question de se
déclarer. Il jugea d'abord que c'étoit une passion extraordinaire, qui
dureroit longtemps, et dont son maître auroit bien de la peine à
revenir. Il lui dit donc qu'il étoit en état d'exposer jusqu'à la
dernière goutte de son sang pour la satisfaction de Sa Majesté, et dans
cette affaire et dans toutes celles où il lui feroit l'honneur de
l'employer.--Le Roi lui répondit qu'il lui savoit bon gré de son zèle
pour son service, mais qu'il n'étoit pas question d'exposer son sang ni
sa vie; qu'il n'avoit besoin que de son adresse et de son esprit, et de
ce beau talent qu'il avoit pour gagner les coeurs des dames; qu'il le
prioit de mettre tout en usage pour lui gagner celui de la comtesse de
L..., remettant à sa prudence la manière dont il devoit s'y prendre
pour expliquer ses sentiments à cette fière personne; que, de peur de
l'effaroucher, il lui fît entendre que toute la grâce que le Roi
demandoit d'elle, étoit de souffrir qu'il lui parlât de sa passion;
qu'il aimeroit mieux mourir mille fois plutôt que d'avoir la moindre
pensée de la déshonorer, et qu'il ne se serviroit jamais de son autorité
pour lui faire aucune violence; qu'il bornoit tous ses désirs et toutes
ses prétentions à la voir, à l'aimer, et à lui parler quelquefois de son
amour.

Le duc reçut cette ambassade avec autant de plaisir que si elle se fût
adressée au plus grand prince de l'Europe. Il part comme un autre
Mercure, pour exécuter les ordres de son Jupiter; et certainement le Roi
ne pouvoit pas jeter les yeux sur une personne plus propre à s'acquitter
de ce difficile emploi, que l'étoit le duc de La Feuillade. Il avoit de
l'esprit, de la politesse, un grand usage du monde, une éloquence qui
lui étoit naturelle, et une bonne mine qui persuadoit déjà avant qu'il
ouvrît la bouche. Mais ce qui le rendoit plus propre à la commission que
le Roi lui avoit donnée, c'est qu'il avoit une grande expérience dans le
commerce des femmes; il en connoissoit le fort et le faible; il avoit eu
avec elles de bonnes fortunes et plusieurs galanteries; il avoit en un
mot toutes les qualités propres pour plaire au beau sexe. Il étoit civil
et entreprenant, insinuant et hardi, libéral, soumis, complaisant, mais
aussi vigilant, pressant, actif, et ne perdant jamais une occasion
favorable aux amants, qui est ce qu'on appelle l'heure du berger.

Cet ambassadeur, ayant reçu les instructions de son maître, prit congé
de Sa Majesté, et ne songea qu'à exécuter les ordres qu'il venoit de
recevoir. Comme il savoit, par une longue expérience, que le vrai moyen
de persuader étoit de prendre son temps, et que cela est surtout
nécessaire à l'égard des femmes, il tâcha de se servir heureusement de
cette circonstance. Il sut bientôt que la comtesse devoit être d'une
partie de plaisir dans une maison de campagne; et comme il étoit bien
reçu partout, et par son rang et par les qualités de son esprit, il ne
lui fut pas difficile d'être du nombre de ceux qui devoient composer
cette belle compagnie. Il y devoit avoir un grand nombre de messieurs et
de dames de la première qualité; mais comme la présence du comte de L...
auroit pu être un obstacle au dessein du duc, il fit connoître à Sa
Majesté, qu'il seroit nécessaire qu'il l'éloignât le jour de cette fête,
de peur que sa présence ne rompît toutes ses mesures. Le Roi, qui
n'avoit en tête que l'intérêt de son amour, trouva bientôt le moyen de
lever ce petit obstacle. Il résolut d'aller à la chasse le même jour que
la comtesse devoit aller à cette partie de plaisir, et il fit dire au
comte qu'il falloit qu'il l'y accompagnât. Quoiqu'il eût compté qu'il
seroit de la partie de sa femme, il ne se fit pas pourtant une grande
violence de suivre le Roi: c'est toujours un grand honneur à un
courtisan, que son maître le choisisse pour être le compagnon de ses
plaisirs; mais ce pauvre comte ne savoit pas que le même jour qu'il
assisteroit à la chasse du Roi, à la poursuite de quelque cerf, ce grand
Monarque avoit donné ordre à son grand veneur en fait d'amour, de
faire tous ses efforts pour faire tomber sa femme dans ses toiles. Enfin
il ignoroit, ce bon seigneur, qu'on travailloit à arborer sur sa tête
les armes de ces animaux connus, dont la chasse devoit faire le plaisir
du Roi.

Le jour venu pour cette double chasse, le comte de L... ne manqua pas de
se rendre en diligence auprès du Roi; et le duc de La Feuillade n'eut
garde de manquer à se trouver au lieu de l'assignation[10], où se devoit
trouver cette belle compagnie. Je ne décrirai ni la magnificence de
cette fête, ni ce qui se passa dans la chasse du Roi; je ne puis
pourtant passer sous silence une particularité qui me semble
remarquable, et qui étoit d'un mauvais préjugé pour ce prince, dans le
dessein de cette journée. C'est qu'ayant tiré deux fois sur un sanglier,
il le manqua, et ne lui fit aucun mal; et le comte de L... ayant tiré
après lui, le blessa du premier coup. Quoique le Roi ne soit pas
superstitieux, cela n'empêcha pas qu'il n'eût du chagrin de cette
aventure; cela ne lui étoit jamais arrivé, car il est fort adroit à
toutes sortes d'exercices, et particulièrement à la chasse; mais ce qui
augmentoit son chagrin, c'est que le comte de L... venoit de frapper du
premier coup la bête, qu'il avoit manquée jusques à deux fois; mais que
cela lui fût arrivé précisément le même jour, et peut-être à la même
heure que le duc de La Feuillade parloit de sa passion à la comtesse,
c'est ce qui achevoit de le désoler. «Cela m'avertit assez,
disoit-il en soi-même, que le duc ne sera point écouté, que toutes ses
paroles seront regardées comme du vent, et que tous les coups qu'il
portera pour moi à la comtesse, ne feront que blanchir[11]; au lieu que
le comte, qui a blessé la bête que j'ai failli toucher, ne manquera pas
ce soir de trouver sa femme, qui le recevra d'abord avec les mêmes
empressements et les mêmes marques de tendresse qu'elle lui a données
depuis leur mariage.» C'est ainsi que le Roi s'entretenoit, et il lui
tardoit que le jour fût fini, pour apprendre bientôt son bien ou son
mal.

Cependant le duc de La Feuillade prit le temps qu'il jugea le plus
propre pour entretenir la comtesse d'une affaire si chatouilleuse. Il
attendit qu'on eût dîné, qu'on eût pris le plaisir du jeu et de la
musique, et qu'on exécutât le dessein de prendre vers le soir le plaisir
de la promenade. C'étoit en effet le temps le plus propre à son dessein;
car, au lieu que, pendant la chaleur du jour, ils avoient été tous
ensemble occupés au jeu, lorsque le soleil commença de baisser, on alla
se promener dans un bois à haute futaie, où il y avoit plusieurs grandes
allées, diverses fontaines, plusieurs jets d'eau, des grottes, des
cabinets[12], des berceaux, des labyrinthes, et enfin tout ce qui
peut embellir un lieu champêtre.

Quand on fut entré dans le bois, les uns prirent une route, les autres
une autre, selon que le désir, le caprice, le hasard ou quelque dessein
prémédité les conduisoit. Le duc, qui avoit toujours le sien en tête,
conduisit si bien la chose, qu'il se trouva seul avec la comtesse; et
quand il se vit assez éloigné pour n'être entendu de personne, il
commença de louer les charmes de sa beauté et de son esprit et d'exalter
le bonheur du comte, qui possédoit une femme si accomplie.

Comme elle ne s'attendoit point à ce que le duc avoit à lui dire, elle
lui répondit sans façon comme font la plupart des femmes, quand on leur
fait de semblables compliments, qu'elle n'avoit point tous ces avantages
dont il la vouloit flatter; et que, quand cela seroit, on ne voyoit
guère de maris compter pour un grand bonheur celui d'avoir rencontré une
belle femme. Le duc qui, comme j'ai dit, savoit profiter de tout, voyant
qu'elle le mettoit, quoiqu'innocemment, en si beau chemin, ne manqua pas
de relever ce que la comtesse venoit de dire.--«Vous avez raison,
Madame, lui dit-il, de trouver que les maris ne rendent pas là-dessus
toute la justice qu'ils doivent au mérite de leurs épouses; il semble
que le mariage leur ait fait perdre toute leur beauté et tous leurs
agréments, ou qu'ils aient perdu eux-mêmes ce goût exquis que les autres
ont, et qu'ils soient devenus tout-à-fait insensibles.--Ce n'est point
cela, répondit la comtesse, qui vouloit réparer ce qu'elle avoit dit,
et qui savoit avec quel homme elle avoit à faire; mais c'est que les
maris, qui sont des autres nous-mêmes, nous disent sincèrement ce qu'ils
pensent des qualités qu'ils trouvent en nous. Ils ne les exagèrent ni ne
les atténuent, mais nous en parlent naturellement.--Croyez-moi, Madame,
répliqua le duc, ils font ce qu'ils peuvent pour les amoindrir; ce sont
des maîtres qui ne veulent pas louer leurs esclaves, ou plutôt des
gouverneurs qui veulent tenir dans la dépendance celles qui sont sous
leur conduite; ou, si vous voulez que je vous donne une plus noble idée
de l'autorité qu'ils exercent sur leurs femmes, je me servirai des
paroles d'un grand poète de notre temps, qui fait dire à sa Pauline dans
le Polyeucte,

    Tant qu'ils ne sont qu'amans, nous sommes souveraines,
    Et jusqu'à la conquête ils nous traitent en Reines;
    Mais après l'hyménée, ils sont Rois à leur tour.

--Qu'ils soient Rois tant qu'il vous plaira, répondit la comtesse, nous
ne sommes pas de simples sujettes; nous partageons avec eux cette
royauté.--Cela est vrai, Madame, répliqua le duc; mais vous n'avez plus
cet encens, ces hommages, ces respects, ni même ces marques d'amour et
de tendresse...--Ce que nous avons, dit-elle, est au moins plus sincère,
plus solide et plus durable.--Dites plutôt, Madame, dit le duc en
l'interrompant, que les empressements d'un amant ont toutes ces
qualités, parce que ce n'est pas le devoir, mais l'inclination qui les
produit. Rien n'oblige un autre homme à vous dire qu'il vous adore,
qu'il meurt d'amour. C'est le coeur qui parle, c'est l'amour
lui-même qui dicte ces paroles à l'amant. Mais un homme qui est lié à
une femme par le sacrement, se sent obligé à dire qu'il l'aime, quand
même il auroit de l'aversion. Tout ce qui est un effet du devoir nous
doit paroître suspect. Et c'est pour cela qu'on dit que les Rois ont
tant de peine à distinguer les vrais amis des flatteurs, parce que,
comme nous leur devons toutes choses, et qu'ils ont un pouvoir absolu
sur nous, ils ne sauroient jamais bien connoître si c'est la crainte, ou
si c'est l'amour qui nous fait agir.--Ce que vous dites là, reprit la
comtesse, fait contre vous; car comme l'affection qu'un Roi témoigne à
son sujet doit être la plus sincère de toutes, par la raison que vous
venez de voir, qu'il n'y a rien qui l'y oblige, celle de nos maris, qui
sont nos souverains, selon vous et selon Corneille que vous venez de
citer, doit être de la même espèce.--Nous voilà d'accord, Madame, reprit
le duc, et j'entre aussi bien que vous dans ce dernier sentiment. Oui,
plus la personne qui nous aime est au-dessus de nous, plus l'amour qu'il
nous témoigne doit être sincère et véritable, et plus nous lui en devons
être obligés. Après cela pourriez-vous douter, Madame, qu'un grand Roi,
qui est adoré de tous ses sujets, redouté par ses ennemis, et qui est
l'admiration de toutes les nations étrangères, n'ait pas pour vous les
derniers attachements, puisqu'il vous l'a témoigné de la manière du
monde la plus soumise et la plus respectueuse?--Et qui vous a dit,
reprit la comtesse, avec un air fier et froid, que le Roi a de
l'attachement pour moi?--Lui-même, Madame, me l'a dit, et ce grand
Monarque n'osant vous expliquer lui-même ses sentiments, m'a ordonné de
vous dire qu'il vous aime, ou plutôt qu'il vous adore; que si l'excès de
son amour l'a fait parler si souvent par ses soupirs et par ses regards,
le grand respect qu'il a pour vous ne lui a jamais permis de vous le
dire. Il m'a choisi pour vous porter cette parole, que vous êtes son
unique souveraine, qu'il ne veut recevoir la loi que de vous seule,
qu'il met à vos pieds son sceptre et sa couronne; que vous seule pouvez
décider de sa destinée, et que sa vie ou sa mort dépendent de la réponse
que je lui dois porter de votre part.--Je vous ai écouté sans vous
interrompre, lui dit cette sage comtesse, puisque vous m'avez dit que
vous parliez de la part du Roi, et qu'étant sujette, je suis obligée
d'écouter avec respect tout ce qui vient de la part du souverain; mais
le Roi sait-il que je suis mariée?--Oui, Madame, il le sait, répliqua le
duc; il sait ce que vous devez à votre époux, et ce que vous vous devez
à vous-même. Il veut bien que vous vous en souveniez; il veut bien
oublier lui-même qu'il est votre Roi; et il m'a commandé de vous dire
par exprès, qu'il ne se servira jamais de son autorité pour vous obliger
à rien qui puisse choquer votre devoir; qu'il ne vous demande d'autre
grâce que celle de vous voir, et de vous parler quelquefois de sa
passion; et qu'enfin, sans prétendre autre chose de vous que ce que je
viens de vous dire, et que la vertu la plus austère ne sauroit refuser à
un si grand Roi, vous pouvez disposer des premières charges de la
Cour en faveur de tous les vôtres; voyez, Madame, vous pouvez contenter
le Roi, faire votre fortune et celle de vos amis sans blesser votre
devoir.--Ce que vous venez de me dire, répartit la comtesse, mérite
d'être pesé»; et prenant dans ce moment un air grave et sérieux, comme
feroit une Reine qui répondroit à un ambassadeur:--«Vous direz au Roi
votre maître que je lui suis bien obligée de toutes les offres qu'il me
fait, que je me reconnois indigne d'un si grand honneur, et, pour lui
témoigner que je reçois comme je dois des propositions si avantageuses,
vous lui direz, s'il vous plaît, que j'en conférerai tantôt avec mon
mari qui y a le même intérêt, et sans lequel je ne puis rien faire. Vous
savez, ajouta-t-elle, avec un souris malicieux, que ce sont de petits
souverains dans leur famille; ce qui fait que je me sens obligée de lui
rendre compte de tout.--Vous savez trop bien le monde, répondit le duc,
pour faire cette bévue.--Je sais mon devoir, dit-elle, et ne vous mêlez
pas, je vous prie, de me l'apprendre. Vous avez fait votre commission,
cela suffit; allez en rendre compte au Roi, et lui rapportez ma
réponse.--Mais oserai-je, Madame, répliqua le duc, lui porter une
semblable parole?--Cela ne vous regarde point, dit la comtesse; un
ambassadeur n'est pas responsable du succès de son ambassade; comme il
n'agit que conformément aux ordres qu'il a reçus de son maître, il doit
aussi rapporter fidèlement les réponses qu'on lui donne.--Vous voulez
donc, Madame, que je dise au Roi...--Que je lui sais bon gré de
l'honneur qu'il me fait, lui dit-elle en l'interrompant; mais que
la chose étant de la dernière importance, il faut que je la communique
au comte mon époux.--Je vois bien, lui dit le duc, comme il vit que le
reste de la compagnie les alloit joindre, que vous avez trop d'esprit
pour moi, et trop de vertu pour le Roi.»

Cet amant attendoit le duc avec une extrême impatience. On peut
s'imaginer aisément de quelle manière il passa la nuit. Tantôt la
comtesse se présentoit à son imagination avec tous ses charmes, tantôt
il la voyoit avec cet air sévère dont la seule pensée le faisoit blêmir.
Quelquefois il se flattoit qu'il n'étoit pas haï de sa maîtresse, et que
ces manières réservées qu'elle affectoit avec lui n'étoient que des
mesures qu'elle vouloit prendre contre son coeur, dont elle sentoit la
faiblesse. Enfin l'habileté de son confident achevoit de le persuader
que sa négociation auroit un fort bon succès. Cependant le malheur qu'il
avoit eu à la chasse le jour précédent, lui étoit d'un mauvais présage
qui troubloit toutes ces douces pensées; et son esprit, diversement
agité, passa la plus longue de toutes les nuits, entre l'espérance et la
crainte.

L'heure du lever du Roi ne fut pas plus tôt venue, que le duc de La
Feuillade se rendit auprès de Sa Majesté, et ce prince amoureux,
impatient d'apprendre le succès[13] de son ambassade, congédia le plus
tôt qu'il put cette foule de courtisans, qui ne faisoit alors que
l'importuner[14]. Il ne se vit pas plus tôt seul avec son fidèle
confident, qu'il lui demanda des nouvelles de sa maîtresse, et le succès
de son entreprise. «Ne me flatte pas, lui dit-il précipitamment; je
suis las de tant languir, annonce-moi bientôt la vie ou la mort.--Je ne
vous annoncerai ni l'un ni l'autre, lui dit La Feuillade; je dirai
seulement au plus grand Roi du monde, ce qu'on rapporte d'Alexandre le
Grand, sur le point d'exécuter une entreprise très-difficile: qu'il
avoit trouvé un péril digne de lui. Je dis aussi la même chose à Votre
Majesté. En fait d'amour, vous n'avez trouvé jusques ici que des places
foibles, qui se sont rendues sans résistance, et qui vous ont d'abord
ouvert les portes; les plus cruelles se sont soumises à vous avec la
même facilité que les villes se rendoient au conquérant de l'Asie, ou,
pour faire la comparaison plus juste, avec le même succès qu'elles se
rendent à Votre Majesté. Mais voici une place forte où il faut employer
toutes les ruses et toutes les forces de l'amour; en un mot, Sire, c'est
une conquête digne de vous.»

Après cela, il raconta au Roi tout ce qui s'étoit passé, et insista
surtout sur la réponse malicieuse de cette cruelle:--«Mais, Sire,
ajouta-t-il, ne vous alarmez pas; j'en ai bien vu bien d'autres, qui
faisoient les fières comme la comtesse, et qui se sont mises à la
raison.--Mais que puis-je attendre d'une femme, lui répliqua le Roi, qui
n'aime que son mari, et qui m'oppose ce mari fâcheux quand on
l'entretient de mon amour? N'est-ce pas m'ôter absolument l'espérance;
ou, pour mieux dire, n'est-ce pas se moquer de moi, que de me faire dire
qu'il faut qu'elle en parle plutôt au comte son époux?--Je vous avoue,
répondit le duc, que sa réponse est tout-à-fait cavalière; mais, Sire,
puisqu'elle a besoin du secours de son mari pour se défendre de vos
poursuites, c'est une marque qu'elle ne se croit pas assez forte pour y
résister. Mais ne craignez pas qu'elle lui fasse une telle confidence,
dont peut-être elle seroit la première à se repentir. En un mot, je
crois que c'est un rempart qu'elle veut opposer à votre amour, et dont
elle veut appuyer cette foiblesse assez naturelle à celles de son sexe.

Le Roi voyoit bien que le duc vouloit adoucir autant qu'il pouvoit ce
qu'il y avoit de rude dans cette entreprise; et comme ce Monarque s'est
toujours fait un point d'honneur de réussir dans tout ce qu'il
entreprend, quelques difficultés qu'il y puisse rencontrer, celles qui
se présentoient dans son dessein amoureux ne firent que l'enflammer
davantage par la résistance. Il s'en expliqua ouvertement à son
confident; il lui dit que tous les rebuts, qu'il prévoyoit bien qu'il
avoit à essuyer, n'étoient pas capables de le guérir; que son mal
étoit désormais sans remède, et qu'il n'y avoit point de milieu à
prendre; qu'il mourroit de douleur, ou contenteroit son amour.

Pendant que le Roi s'entretenoit ainsi avec le duc de La Feuillade, la
comtesse s'entretenoit avec elle-même; elle se garda bien de faire ce
qu'elle avoit dit, et d'imiter la princesse de Clèves[15] dans une
conjoncture si délicate. Elle garda pour elle un secret si important, et
eut quelque chagrin que le Roi eût fait choix d'un confident. Ce n'est
pas qu'elle eût aucun dessein de correspondre à son amour; mais elle se
sentoit doublement offensée, et par la déclaration qui venoit de lui
être faite de sa part, et parce qu'il s'étoit servi d'un tiers dans une
affaire si chatouilleuse, et qu'elle auroit voulu cacher, par manière de
dire, à elle-même. Ce fut la cause peut-être qu'elle fit au Roi une
réponse si cavalière, pour lui faire comprendre qu'il devoit plus
ménager une femme de sa façon. Le Roi eut aussi la même pensée,
quoiqu'il ne le témoignât pas, et il ne songea qu'à réparer cette faute,
et à découvrir lui-même ses feux à celle qui les causoit.

Mais pour revenir à la comtesse, elle ne savoit, si elle devoit
s'affliger ou se réjouir: elle ne doutoit pas de l'amour du Roi; ses
yeux le lui avoient encore mieux dit que n'avoit fait le duc de La
Feuillade; cette pensée flattoit agréablement son orgueil; il n'est
point de femme qui s'offense d'être aimée; les plus chastes s'en
font honneur, quoiqu'elles ne le témoignent pas; elles regardent cela
comme un hommage qu'on rend à leur beauté. La comtesse étoit faite comme
les autres, elle étoit naturellement fière et superbe, et l'amour d'un
si grand prince s'accordoit assez avec sa vanité. D'un autre côté, elle
en craignoit de dangereuses suites, elle en appréhendoit l'éclat. Elle
savoit qu'il n'en est pas des Souverains comme des autres hommes; que
leurs passions ne sauroient longtemps être cachées; qu'on observe toutes
leurs démarches, et qu'eux-mêmes servent à se découvrir, parce qu'ayant
droit de commander, ils se croient dispensés de garder tant de mesures.
Comme elle étoit fort délicate du côté de l'honneur et de la réputation,
ces dernières pensées la troubloient beaucoup. Enfin elle résolut de
s'en tenir à sa manière d'agir ordinaire, qui étoit de ne rien affecter,
ni de chercher à voir le Roi, ni de tâcher à l'éviter, mais de le
laisser venir et d'observer toutes ses démarches. Il semble qu'elle
s'exposoit assez, et que le plus sûr pour une femme est de fuir les
occasions. Mais celle-ci avoit un fond de vertu sur lequel peut-être
elle ne devoit pas tant compter; elle ne craignoit rien de sa propre
foiblesse; elle redoutoit seulement les langues malignes et les
jugements téméraires du public; mais elle se flatta toujours qu'elle
dissiperoit assez tous ces nuages par l'éclat de son innocence.

Les choses étoient en ces termes, lorsque le Roi ne cherchoit qu'une
occasion favorable pour parler à la comtesse, et pour tâcher de la
persuader mieux que n'avoit fait le duc de La Feuillade. Cette
occasion s'offrit assez tôt, et la Cour étant obligée en ce temps-là
d'aller à Fontainebleau, où la Reine devoit accoucher du dernier enfant
qu'elle eut, et qui mourut peu de temps après, la comtesse de L... s'y
rendit aussi[16]. Un lieu si délicieux et si agréable fut la scène
de tous les événements que je vais décrire, où l'amour et la vertu
firent leurs derniers efforts.

Le Roi, qui veilloit toujours sur toutes les démarches de la comtesse,
savoit qu'elle aimoit à se promener souvent dans le bois, où ce
magnifique château est bâti; et, comme l'épaisseur des arbres empêche le
soleil d'y pénétrer, on peut s'y promener à toutes les heures du jour.
La comtesse, comme je viens de dire, prenoit souvent ce plaisir, et le
Roi trouvoit ce lieu plus charmant qu'il ne lui avoit jamais paru, et
parce qu'il servoit à entretenir la douce mélancolie où l'amour l'avoit
plongé, et parce qu'il savoit que sa chère comtesse en faisoit le lieu
de sa promenade.

Un jour qu'elle s'y promenoit, accompagnée seulement de ses femmes, le
Roi, qui le sut d'abord, ne manqua pas de s'y rendre par un autre
chemin, afin qu'il parût à la comtesse que leur rencontre n'étoit pas un
dessein prémédité de la part du Roi, mais un effet du hasard. Dès
qu'elle vit le Roi de loin, qui n'avoit que peu de gens à sa suite, elle
se prépara d'abord à soutenir un grand combat; elle rougit, elle pâlit,
elle trembla, sans savoir bien la cause de tous ces mouvements, que
la présence du Roi n'avoit pas accoutumé de lui causer auparavant. Ce
prince amoureux, qui soupiroit depuis longtemps après un tête à tête
avec la comtesse, fit connoître à ceux qui étoient à sa suite qu'il
vouloit l'entretenir en particulier pour une affaire qui la regardoit.
A ce signal chacun se retira, et les deux suivantes de la comtesse en
firent de même, quand elles virent approcher le Roi. Il ne l'eut pas
plus tôt abordée, et jugé qu'il ne pouvoit pas être entendu de personne,
qu'il lui dit d'un air passionné:--«Avouez, Madame, que ce lieu
solitaire est tout-à-fait propre pour entretenir les tristes pensées
d'un amant infortuné.--Comme je n'ai jamais éprouvé ces sortes
d'infortunes, lui dit la comtesse, je ne sais que vous en dire.--Si vous
l'ignorez par votre propre expérience, lui dit le Roi, vous devriez au
moins le savoir par celle que vous en faites faire aux autres.--Je ne
sais pas, répondit alors la comtesse, ce que les autres sentent pour
moi; mais s'il y en avoit quelqu'un qui fût dans l'état où vous dites,
il feroit fort bien, s'il me vouloit croire, de mettre son esprit en
repos, et de ne penser plus à moi.--Eh! peut-on s'empêcher de penser à
vous, répartit le Roi précipitamment, lorsqu'on a vu ces charmes que
vous ne sauriez cacher? Où peut-on avoir l'esprit en repos lorsqu'on
sait qu'on aime une inexorable?--Oui, sans doute on le peut, reprit la
comtesse, lorsqu'on veut écouter la justice et la raison.--Et quelle
justice, dit alors le Roi, nous défend d'aimer ce qui est
aimable?--Celle qu'on se doit à soi-même, et celle qu'on doit aux
autres, lui dit la comtesse.--Eh bien, Madame, répliqua le Roi, je vous
la rends cette justice en vous aimant comme je fais, puisque je ne vois
rien sous les cieux de si aimable que vous; et je me la rends à
moi-même, puisque j'ai un coeur sensible, et que la passion dont il
brûle m'est plus chère que ma vie. Ce qu'on vous a dit de ma part n'est
pas la centième partie de ce que je sens pour vous; croyez, Madame,
croyez, ajouta le Roi, que je me suis dit à moi-même tout ce que vous
pourriez me dire pour combattre ma passion; mais elle est plus forte que
tout ce qu'on pourroit lui opposer. Si quelque chose devoit la détruire,
ce seroient vos rigueurs; mais désabusez-vous, elles n'en viendront
jamais à bout; elles peuvent me faire mourir, mais elles ne sauroient
m'empêcher de vous aimer jusqu'au dernier soupir de ma vie.»

Le Roi prononça ces dernières paroles avec tant d'émotion et tant de
véhémence que la comtesse en parut touchée, et ne put s'empêcher de
laisser couler quelques larmes. Elle ne doutoit plus de l'amour du Roi;
ses regards, ses démarches, ses actions, et ce qu'elle venoit de voir et
d'entendre, lui faisoit assez connoître, que ce monarque aimoit jusqu'à
la fureur. Elle en fut fort affligée, et pour l'amour d'elle-même, et
peut-être même pour l'amour de son amant, qu'elle ne pouvoit pas
s'empêcher de plaindre. Quand elle se fut un peu rassurée, elle dit au
Roi:--«Sire, vous pouvez juger de la surprise où je suis, après ce que
je viens d'entendre de la bouche d'un grand Roi; et s'il est vrai
que votre état soit tel que vous venez de le dire, je puis bien vous
assurer que, s'il ne falloit que ma vie pour vous rendre heureux, je
suis prête à vous la sacrifier. Mais comme Votre Majesté prétend autre
chose, je veux qu'elle sache que je renoncerois à mille vies, si je les
avois, plutôt que d'abandonner ce qui m'est plus cher que la vie, et que
le repos de mon Roi.» Elle accompagna ces paroles d'un ton si ferme, que
le coeur du Roi en trembla, voyant qu'on ôtoit à son amour toute sorte
d'espérance. Ce qu'il y avoit ici de rare, c'est que l'un et l'autre
crurent ce qu'ils se disoient d'obligeant; mais ni l'un ni l'autre n'en
furent contents. La comtesse étoit persuadée que le Roi l'aimoit autant
qu'on le peut, mais cela ne faisoit que l'inquiéter. Le Roi, de son
côté, ne douta pas que la comtesse n'eût pitié de ses maux; quelques
larmes qu'il vit couler de ses beaux yeux en étoient des témoins
fidèles; il crut sans peine que la protestation qu'elle lui faisoit de
sacrifier sa vie pour son repos, partoit du fond de son coeur; mais
aussi il ne croyoit que trop ce qu'elle avoit ajouté, que son honneur
lui étoit plus cher que tout le reste, et c'est là où il ne trouvoit pas
son compte. Il dissimula néanmoins, et, suivant la méthode qu'il avoit
déjà marquée à son confident, il confirma à cette vertueuse comtesse ce
que le duc de La Feuillade lui avoit protesté de sa part: qu'il bornoit
tous ses désirs au seul plaisir de la voir, de l'aimer, et de lui parler
de son amour.--«Vous m'offrez votre vie, pour procurer mon repos, lui
dit ce prince amoureux; c'en est trop, généreuse comtesse; vous me
puniriez au lieu de m'obliger; je ne vous demande ni cette vie qui
m'est plus chère que la mienne, ni cet honneur qui vous est plus cher
que la vie, et que vous croyez être l'unique objet de mes prétentions;
je ne veux que vous voir, vous aimer, et vous le dire.--Eh! de quoi vous
peut servir cette vue? lui dit la comtesse; pourquoi voulez-vous
entretenir une passion dont vous n'espérez aucun fruit? A quoi bon un
entretien qui ne fera que troubler votre repos et me rendre
malheureuse?--Ah! que vous savez peu, Madame, lui dit le Roi, en la
regardant avec des yeux qui marquoient toute sa tendresse, que vous
savez peu ce qui se passe dans le coeur des vrais amants! Une parole,
un souris, un regard, la plus petite chose, un rien les contente,
lorsque ce rien vient de la part de leur maîtresse. Ne me demandez donc
plus quel fruit je prétends retirer de votre vue et de votre
conversation; et n'est-ce pas beaucoup pour un amant que de voir et
d'entretenir sa maîtresse?--Mais un amant en peut-il demeurer là? reprit
la comtesse. Ne sait-on pas qu'ils ne sont jamais satisfaits; que, quand
ils ont une chose, ils en veulent obtenir une autre? Au nom de Dieu,
Sire, ne me mettez pas, et ne vous mettez pas vous-même à une si cruelle
épreuve.--Ce que vous dites-là, dit le Roi, ne se voit que dans les
passions ordinaires, et quand on aime des beautés communes; mais vous ne
devez rien craindre de semblable; et quand vous le craindriez, et que je
serois assez téméraire pour prétendre quelque chose au-delà de ce que je
vous demande, n'êtes-vous pas toujours en droit de me la refuser,
et de m'interdire même la grâce que vous m'aurez accordée, de vous voir
et de vous parler de mon amour?»

La comtesse trouvoit cette proposition assez raisonnable; mais cela
n'empêchoit pas que l'exécution ne lui en parût difficile pour le Roi,
et l'essai périlleux pour elle. Cependant elle n'osoit trop le
témoigner, de peur que ce prince ne la soupçonnât de quelque foiblesse
dont il pourroit tirer avantage. Elle voulut donc lui laisser croire
qu'elle avoit assez de vertu pour se défendre de ses poursuites, quand
même il les voudroit pousser trop loin; mais elle prit un autre tour
pour détourner le Roi de ce dessein où il persistoit toujours. Elle dit
à ce monarque que, bien qu'elle pût s'assurer de sa discrétion, et
qu'elle ne craignît rien de sa propre vertu, elle avoit le monde à
ménager; qu'on ne manqueroit pas de mal interpréter les visites d'un
grand roi à une simple comtesse; que de quelque manière qu'il la vit, ou
chez elle ou ailleurs, on ne manqueroit pas de le remarquer et de faire
là-dessus des réflexions qui lui seroient désavantageuses; et qu'enfin
le Roi, venant à bout de toutes les dames qu'il entreprenoit, s'il en
falloit croire le bruit commun, elle se voyoit perdue de réputation, si
le Roi persistoit dans son dessein.--«Laissez parler le monde, lui dit
le Roi, croyez-vous vous mettre à couvert de la médisance, de quelque
manière que vous viviez? Les mauvaises langues n'épargnent personne; la
vertu même ne peut pas se garantir de leurs traits; ainsi ne ménageons
point un monde qui nous ménage si peu; faisons seulement notre
devoir et moquons-nous de tout le reste.»

La comtesse, qui voyoit que le Roi lui rabattoit tous ses coups, lui
opposa son dernier retranchement, et, reprenant les dernières paroles de
ce prince:--«Je conviens, dit-elle, de ce que vous venez de dire, qu'en
faisant son devoir on peut se moquer de tout. Mais le ferai-je mon
devoir, en écoutant des discours qui blessent le lien conjugal? Une
femme mariée peut-elle entendre une déclaration d'amour d'un autre que
de son mari? Que direz-vous, Sire, là-dessus, ajouta-t-elle en souriant,
si je vous prends pour mon casuiste, et pour le directeur de ma
conscience?--Je vous dirai, dit le Roi, que vous avez l'esprit trop fort
pour vous effaroucher de ce fantôme; que vous savez trop bien le monde,
pour vous faire un crime d'une chose si innocente. Il faut laisser ces
vaines terreurs, ajouta-t-il, aux plus petites bourgeoises; mais les
dames comme vous, qui ont l'esprit épuré par l'air de la Cour, ne
s'arrêtent pas à ces bagatelles.--Vous croyez bien pourtant, dit-elle,
que le comte mon époux, qui a respiré toute sa vie ce même air, en
jugeroit autrement si je le consultois là-dessus?--Je suis sûr, Madame,
répliqua le Roi, qu'il en jugeroit comme moi, quoique peut-être il ne
vous dît pas sa pensée, et la qualité de mari qui veut faire la cour à
sa femme, lui feroit tenir un autre langage.--Mais enfin, dit la
comtesse, quand le comte, mon époux, seroit un de ces maris commodes qui
laissent faire à leurs femmes tout ce qu'elles veulent, sans s'en mettre
en peine, ne dois-je compter pour rien la modestie de mon sexe, ma
propre vertu, ma pudeur et les mouvements de ma conscience, qui
répugnent à je ne sais quel commerce que vous demandez de moi, et qui ne
peut aboutir à rien de bon? Encore une fois, Sire, je vous le demande
pour dernière grâce, si vous avez quelque considération pour moi,
demandez-moi des choses plus raisonnables.--Et que vous puis-je demander
de plus raisonnable, dit alors le Roi, dans la triste situation où je me
trouve? Je brûle d'un feu qui me dévore, j'aime sans espérance, je
soupire, je meurs d'amour pour vous, et je ne vous demande que de vous
voir et de vous parler; et vous trouvez que ce que je vous demande est
déraisonnable? Peut-on vous demander moins? et la vertu la plus sévère
s'en pourroit-elle offenser?

La comtesse, qui vit que le Roi persistoit toujours dans le dessein de
la voir, ne voulut pas lui répliquer davantage, de peur de l'aigrir, et,
sans lui accorder sa demande, elle se contenta de cesser de lui
contredire; mais comme les amants prennent avantage de tout, le Roi ne
manqua pas d'expliquer en sa faveur le silence de la comtesse. C'est
ainsi qu'ils se séparèrent; le Roi continua sa promenade avec ceux qui
l'accompagnoient, et la comtesse reprit le chemin du château avec ses
deux femmes.

C'est une maxime certaine en fait d'amour que les femmes vont toujours
plus loin qu'elles ne pensent, et les hommes au contraire se flattent
d'avoir fait plus de chemin qu'ils n'ont fait en effet. Cela ne manqua
pas d'arriver au Roi et à la comtesse, après leur dernier
entretien. Ce monarque fut assez satisfait de sa maîtresse, et il ne
jugea plus cette conquête aussi difficile qu'il avoit cru au
commencement; au moins il ne la jugea pas impossible. La comtesse lui
parut assez traitable, et il ne remarqua pas en elle cette même sévérité
qui lui avoit fait tant de peur. Cependant cet amant se flattoit, et
l'heure d'aimer de la comtesse n'étoit pas encore venue. Mais aussi
cette vertueuse dame, qui n'y entendoit point de finesse, s'étoit plus
avancée qu'elle ne croyoit, ce qui fut la cause de l'erreur du Roi. Ils
reconnurent bientôt l'un et l'autre qu'ils s'étoient trompés, lui de
croire qu'on le regardoit favorablement; elle, de s'imaginer qu'elle
avoit soutenu jusques au bout sa première sévérité. Ce prince impatient,
et par l'excès de son amour et par la facilité qu'il avoit trouvée dans
toutes ses autres maîtresses, et parce qu'un roi se lasse bientôt
d'attendre, chercha une nouvelle occasion de voir la comtesse, et de
pousser plus loin les affaires.

Comme les principaux de la Cour avoient un appartement dans le grand et
magnifique palais de Fontainebleau, le comte de L... et la comtesse sa
femme y avoient aussi le leur. Cela fournissoit au Roi la commodité de
la voir, et fit naître l'occasion qu'il attendoit avec tant
d'impatience. Un jour que ce prince vit la porte de l'appartement de la
comtesse entr'ouverte, il eut la curiosité d'y regarder, et, ne voyant
personne, il entra comme à la dérobée. Il ne se fut pas plus tôt
approché d'un lit de repos qu'il y avoit dans cette chambre, qu'il vit
la comtesse tout endormie. C'étoit dans les plus grandes chaleurs
de l'été; et ses filles, voyant leur maîtresse qui reposoit, prirent ce
temps pour s'écarter un petit moment. Cette charmante personne étoit
étendue négligemment sur ce lit; elle étoit seule dans sa chambre, et on
auroit dit que tout cela s'étoit fait de concert, pour donner le moyen
au Roi de surprendre une place qu'il n'osoit attaquer ouvertement. Son
coeur fut agité de mille différentes pensées; il craignoit et il
désiroit tout à la fois. Il ne savoit s'il se contenteroit de regarder
sa maîtresse qui dormoit si tranquillement. Il ne savoit s'il ne devoit
lui dérober un baiser et profiter d'une occasion si favorable, qui
peut-être ne reviendroit jamais; d'un autre côté, il craignoit de
l'offenser, et que la comtesse venant à s'éveiller ne lui pardonnât
jamais cet attentat, et lui défendît absolument de la voir.

Il étoit dans cette cruelle incertitude, lorsque la gorge de cette belle
comtesse venant à se découvrir par quelque mouvement qu'elle fit en
dormant, acheva de le déterminer, et n'écoutant plus que l'excès de sa
passion, il posa ses mains sur ces deux boules de neige, et les baisa
trois ou quatre fois de sa bouche royale. La comtesse, qui sentit
d'abord cet attouchement dans une partie si délicate, s'éveilla en
sursaut et fit un grand cri; et voyant que c'étoit le Roi, et que ses
filles s'en étoient allées, elle crut qu'on l'avoit trahie, et qu'on
vouloit la prostituer à ce monarque. Cette pensée lui fit tant
d'horreur, qu'elle ne put s'empêcher de le témoigner:--«Allez, lui
dit-elle, monstre exécrable, ôtez-vous pour jamais de devant mes
yeux, ou faites-moi promptement mourir, puisqu'en vous parlant ainsi, je
suis criminelle de lèse-Majesté.»

Le Roi, qui vit bien la faute qu'il avoit faite, voulut essayer de
l'apaiser; mais elle ne lui donna pas le temps de parler, et, se
débarrassant des bras du Roi, elle gagna d'abord la porte, et laissa cet
amant plus mort que vif. Cependant le cri que la comtesse avoit fait
avoit été ouï de plusieurs personnes, et particulièrement du comte de
L... qui, reconnaissant la voix de sa femme, accourut en diligence pour
voir ce que cela pouvoit être. Il ne fut pas plus tôt à la porte de sa
chambre qu'il en vit sortir le Roi, et, ne voyant point sa femme, il ne
savoit que penser de cette aventure. Le Roi, qui ne douta pas que le
comte n'entrât dans des soupçons qui pourroient faire tort à la comtesse
et traverser son amour, aima mieux lui dire la chose comme elle étoit,
que de le laisser dans cette cruelle incertitude. Mais il n'eut garde de
lui parler de la passion qu'il avoit pour la comtesse. Il lui dit donc
sans façon:--«Comte, je vois que tu es en peine de ta femme, et que tu
veux savoir la cause de ce grand cri qu'elle a fait. Je te dirai que je
suis entré fortuitement dans sa chambre, et, la voyant endormie, j'ai
voulu lui donner un baiser, ce qui l'a fait lever en sursaut. Va, comte,
tu dois te féliciter d'avoir une femme si chatouilleuse; j'en connois
bien d'autres qui, au lieu de s'éveiller, se seroient d'abord
rendormies, ou en auroient fait le semblant.»

Le comte, qui se crut obligé de répondre galamment au Roi, lui dit:
«Sire, ma femme n'est pas d'une meilleure trempe que les autres, et si
elle eût su que c'étoit votre Majesté, infailliblement elle auroit fait
semblant de dormir; mais son sommeil l'a trompée, et l'a empêchée de
vous reconnoître quand elle a jeté ce grand cri.--Elle m'a fort bien
reconnu, reprit le Roi, et je t'assure que si ta femme est toujours si
franche, tu n'as pas sujet d'en être jaloux.»

La chose ne fut pas poussée plus loin; le Roi se retira dans son cabinet
et congédia le comte, qui n'eut pas le moindre soupçon de l'amour du
Roi, et la comtesse, revenue de sa frayeur, retourna dans son
appartement, après avoir bien grondé ses filles de ce qu'elles l'avoient
laissée toute seule.

Cependant le Roi, qui voyoit que cette affaire n'auroit point de suite
fâcheuse, puisque celui qui y avoit le plus d'intérêt la traitoit de
bagatelle, et qu'il espéroit de faire bientôt la paix avec la comtesse,
ne put s'empêcher de faire un couplet de chanson sur cette aventure, et,
quoiqu'elle se chantât en ce temps-là, on n'en a su le véritable sujet
que quelques années après. Quoique ces vers soient presque connus de
tout le monde, je ne laisserai pas de les rapporter ici:

    Jamais Iris ne me parut si belle,
    Que l'autre jour dans un profond sommeil;
    Sa cruauté sommeilloit avec elle,
    Et je baisai son teint blanc et vermeil,
            Quand, par malheur,
          Je vis à son réveil
          Réveiller sa rigueur.

Le comte ne vit pas plus tôt sa femme, qu'il lui fit mille railleries
sur ce qui venoit de lui arriver. Elle ne savoit d'abord comment y
répondre; elle ne traitoit point comme son mari cette affaire de
bagatelle; elle connoissoit le coeur du Roi et le motif qui le faisoit
agir ainsi; tout cela changeoit la nature de l'affaire; mais c'étoient
des mystères pour le comte. Sa femme le reconnut d'abord, quand elle vit
qu'il le prenoit sur un ton railleur. De sorte que, revenue de sa
première émotion, elle crut qu'elle devoit feindre, dissimuler son juste
ressentiment, et prendre le tour que son mari donneroit à cette
aventure. Il fallut pourtant qu'elle se fît une grande violence, la
liberté que le Roi s'étoit donnée, après les protestations qu'il lui
avoit faites, étoit une chose qu'elle ne pouvoit pas lui pardonner et
qui lui tenoit fort au coeur. Mais elle voyoit qu'il étoit pour elle
de la dernière importance de cacher à son mari une chose si délicate, et
qui auroit pu troubler le bonheur de leur mariage. Le voyant donc
heureusement prévenu par le discours que le Roi lui avoit tenu en
sortant de sa chambre, elle répondit comme elle devoit à toutes ses
railleries, et en femme qui entend son monde:--«Je vous trouve fort
plaisant, dit-elle au comte, de me railler d'une chose où vous avez pour
le moins autant d'intérêt que moi. Il falloit pour la rareté du fait que
je fisse toujours semblant de dormir, et que je laissasse pousser
l'affaire jusqu'au bout; vous auriez vu si les rieurs seroient de votre
côté.--Vous auriez agi en femme prudente, lui dit le comte, qui sait
accommoder ses plaisirs avec son honneur; car, ayant toujours dit
que vous étiez endormie, on n'avoit rien à vous reprocher; c'est la
volonté qui fait tout en ces affaires, et la vôtre n'y ayant point de
part, vous étiez innocente au jugement du monde.--Sans mentir, lui dit
la comtesse, vous me donnez là de belles leçons; il me prend envie d'en
profiter une autre fois.--Il n'est plus temps, Madame, lui dit le comte,
qui étoit toujours en humeur de railler; on sait déjà que vous êtes
extrêmement chatouilleuse, et que vous avez le dormir fort délicat, et
que le mouvement d'une mouche suffit pour vous éveiller. Et puis,
ajouta-t-il, qui osera désormais vous approcher, puisque vous ne pouvez
souffrir les caresses du Roi?--Voulez-vous que je vous dise ce qui en
est? répliqua la comtesse, qui vouloit plaisanter à son tour. Quand on
dort, on ne sait ce qu'on fait; mais si le Roi se fût présenté à moi
quand j'étois éveillée, peut-être que je n'aurois pas été si cruelle, et
que j'aurois mieux reçu ses caresses. Je vous prie, Monsieur le comte,
de lui en faire mes excuses.--Vous ferez cela mieux que moi, répondit le
comte, ou, pour mieux dire, il n'y a point ici d'excuse à faire. Que
savez-vous si le Roi trouveroit en vous les mêmes agréments quand vous
seriez éveillée, qu'il a pu y remarquer lorsque vous dormiez? vous savez
que ces sortes de choses dépendent entièrement du caprice; un certain
air négligé ravit quelquefois un coeur que toute la parure d'une dame
ne sauroit jamais attraper. Ainsi consolez-vous, vous avez manqué votre
coup; le Roi trouvoit alors de certains charmes en vous, qu'il n'y
remarquera plus; vous voilà déchue de vos prétentions, si tant est que
vous ayez aspiré à cette gloire, tant recherchée des dames, d'être la
maîtresse du Roi.»

La confiance que le comte avoit en la vertu de sa femme le faisoit
parler ainsi. Il avoit raison de s'y confier; mais s'il avoit su que le
Roi brûloit pour elle, et qu'elle en étoit bien informée, il n'auroit
pas eu tant d'assurance, connoissant, comme il faisoit, la fragilité du
sexe.

Cette petite aventure qui venoit d'arriver au Roi et à la comtesse,
servit d'entretien à la cour durant quelques jours; mais tout ce qui
s'en dit ne fit aucun tort à la vertu de cette dame, et personne ne
soupçonna que le Roi en fût amoureux. On crut seulement qu'il vouloit se
divertir, par l'occasion agréable qui s'offrit à lui, sans avoir d'autre
dessein. Il n'en étoit pas de même du duc de La Feuillade, qui savoit
l'attachement du Roi pour cette comtesse. Il n'ignoroit pas pourquoi le
Roi s'étoit ainsi émancipé; mais il regrettoit pour ce prince d'avoir si
mal réussi, et il blâmoit dans son coeur la cruauté de la dame. Le
lecteur peut bien juger qu'il y en avoit un assez grand nombre à la
cour, qui auroient voulu être à sa place, qui n'auroient pas eu tant de
honte qu'elle de se montrer en cet état aux yeux du Roi, ou qui, pour
cacher cette honte, auroient fait semblant de dormir.

Tandis que les Messieurs et les Dames s'entretenoient de cette affaire,
et que chacun en jugeoit selon son humeur, le Roi étoit fort inquiet,
et il ne savoit comment se raccommoder avec sa fière maîtresse. Au
fond, l'offense n'étoit pas d'une nature qui méritât une grande
punition, et qui dût si fort irriter le coeur d'une dame. Mais il
connoissoit l'humeur de la comtesse, et il craignoit toujours cette
vertu austère qu'il avoit remarquée en elle. Avant que de se déterminer
de quelle manière il devoit se comporter avec elle, il voulut la voir en
public, et tâcher de connoître dans ses yeux et par ses manières, quel
étoit l'état de son coeur. Il ne l'eut pas plus tôt vue, qu'il jugea
d'abord qu'elle n'étoit pas si irritée qu'elle lui avoit paru lorsqu'il
s'émancipa de la manière que j'ai déjà dit, et qu'elle dit au Roi ces
grosses injures. En effet sa pensée étoit, comme je l'ai remarqué, que
ses filles l'avoient trahie et l'avoient abandonnée pour la livrer aux
desseins du Roi, et ce fut la cause qu'elle ne put pas retenir son
ressentiment. Mais quand elle eut reconnu par les discours de ses
filles, qu'elles étoient innocentes d'une si noire trahison, et que ce
qui étoit arrivé étoit un effet du hasard, sa plus grande colère fut
amortie; et, dans son âme, elle ne pouvoit condamner la liberté d'un
amant qui trouvoit une occasion si favorable. Elle joignoit à cela les
paroles choquantes qu'elle avoit dites au Roi, et que ce monarque avoit
doucement avalées. Toutes ces confidences servoient à désarmer la
comtesse. Elle étoit dans cet état, quand le Roi la vit dans une
compagnie de dames; et, comme il est bon physionomiste, comme le sont
presque tous les amants, il connut d'abord ce qui se passoit dans le
coeur de sa maîtresse. Il la vit rougir, dès qu'elle aperçut le
Roi, puis baisser doucement les yeux par une espèce de honte, tourner
quelquefois la tête d'un autre côté, parler à bâtons rompus, paroître
distraite, inquiète, interdite; avec tout cela, il n'y remarqua rien
d'ennemi, et il jugea seulement que le souvenir de ce qui s'étoit passé
le jour précédent la déconcertoit un peu.

Ce fut la cause que le Roi se priva quelques jours de la voir, pour lui
donner le temps de se remettre. Mais ne pouvant vivre si longtemps sans
l'entretenir de quelque manière, il lui écrivit ce billet:

    «_Quelque envie que j'aie de vous parler, je n'ose pas
    l'entreprendre; les derniers discours que vous me tîntes sont si
    terribles pour moi, que je n'oserai jamais me présenter devant
    vous, si je n'en ai une permission signée de votre main, qui
    porte l'absolution de mon crime. Je l'appelle ainsi par rapport
    à vous; mais si vous consultez l'amour, si vous consultez votre
    miroir, au lieu de blâmer mon trop de hardiesse, vous louerez ma
    discrétion et ma retenue. Je veux bien pourtant soumettre mon
    jugement au vôtre, et je l'attends avec impatience afin de m'y
    conformer et de régler ma conduite là-dessus._»

La comtesse reçut ce billet, et y répondit ce peu de mots:

    «_On vous pardonne tout, parce que vous êtes Roi. Je récuse le
    tribunal de l'amour, c'est un petit étourdi qui ne juge que par
    caprice. Si vous me voulez voir, ne consultez plus un si méchant
    conseiller. Consultez plutôt la sagesse, la justice et la
    raison, et l'on vous écoutera._»

Quoique ce billet n'eût rien de tendre, le Roi parut en être satisfait,
et c'étoit assez que la comtesse lui permît encore de la voir, sauf à
lui à tenir les conditions où elle l'engageoit. Mais en amour, on promet
tout, et souvent on ne tient rien.

Le Roi se voyant ainsi rétabli dans les bonnes grâces de sa maîtresse,
ne songea qu'à pousser son premier dessein. Ce ne furent que bals, que
festins, que carrousels, que parties de chasse, pendant le séjour du Roi
à Fontainebleau; et tout cela se faisoit en faveur de la comtesse.
Quoiqu'elle n'eût aucun dessein de rien accorder au Roi, elle n'étoit
pas fâchée d'en être aimée; elle sentoit même que, si elle étoit capable
de quelque engagement, ce seroit plutôt pour le Roi que pour toute autre
personne; elle admiroit sa bonne mine, son port, et ces manières nobles
qui accompagnoient tout ce qu'il faisoit; elle trouvoit qu'il faisoit
tout en Roi, et ce dernier caractère étoit plus propre pour gagner une
dame qui étoit fière naturellement. Mais sa vertu lui étoit d'un grand
secours, qui arrêtoit le penchant qu'elle avoit pour le Monarque. Elle
l'aimoit peut-être autant qu'aucune de ses maîtresses, qui n'avoient
rien de réservé pour ce prince; et si le Roi eût pu voir son coeur, il
y auroit peut-être vu autant de tendresse qu'en pouvoit avoir la
Montespan et La Valière même. Mais, comme je viens de dire, sa vertu
étoit un frein qui retenoit ses désirs, et qui lui faisoit un crime
d'une tendresse qu'elle chérissoit dans le fond, et qu'elle ne put
jamais étouffer.

Combien de fois a-t-elle souhaité de n'avoir jamais vu le Roi! Elle
cherchoit en lui des défauts qu'elle pût haïr; mais elle n'y en trouvoit
pas; de quelque manière qu'elle regardât ce Monarque, elle le trouvoit
toujours charmant. Elle l'auroit voulu voir toujours, et elle ne
craignoit rien tant que sa vue. Il lui sembloit que toute sa vertu
l'abandonnoit quand elle voyoit paroître ce prince. «Pourquoi se
contraindre, disoit-elle quelquefois en elle-même? Suivons un penchant
si doux: serai-je la seule ennemie de mon contentement? Je suis adorée
de ce que j'aime; j'ai un mari commode[17]; ma réputation est si bien
établie que je n'ai rien à craindre de la médisance, et pourquoi donc ne
suivre pas une passion qui a tant de charmes pour moi?» Mais un moment
après, elle se reprenoit, et faisant réflexion sur les suites funestes
de ce fatal engagement: «Je serai, disoit-elle, l'une des maîtresses du
Roi; j'en suis aimée, j'en suis estimée aujourd'hui, et demain j'en
serai méprisée. Il se dégoûtera de moi comme il a fait des autres; et
quand cela ne seroit pas, pourrai-je me résoudre à vivre sans honneur
dans le monde, abandonnée de mon mari, méprisée de tous les honnêtes
gens, et travaillée d'un cruel remords qui me dévorera jour et nuit? Je
mourrai plutôt, ajoutoit-elle, avant que de tomber dans ce malheur.»

Le Roi qui ne pouvoit pas savoir ce qui se passoit dans son coeur, ne
croyoit pas être si avant dans ses bonnes grâces; il ne savoit pas
que la vertu de la comtesse étoit le seul ennemi qu'il avoit à
combattre; il ne songeoit qu'à s'en faire aimer, quoique cela fût fait
depuis longtemps; mais la comtesse appliquoit tous ses soins à le lui
cacher, et vivoit avec lui d'une manière extrêmement réservée.--«Ne me
direz-vous jamais, Madame, lui dit un jour le Roi qui la pressoit plus
qu'à l'ordinaire, de quelle manière je suis dans votre esprit? Est-ce
comme ami ou comme ennemi?--On ne traite pas les ennemis de la manière
qu'on vous traite, lui dit la comtesse d'un ton radouci.--Mais de quelle
manière me traitez-vous? lui dit le Roi; puis-je être content de toutes
ces marques extérieures de civilité qu'on rend à tout le monde?
Traitez-moi, je vous prie, avec moins de respect, et rendez-moi un peu
de cette tendresse dont mon coeur est rempli pour vous.--Je vous
rends, dit-elle, ce que je puis et ce que je dois, et je vous supplie de
ne m'en demander pas davantage.--Votre pouvoir est bien petit à ce que
je vois, lui dit cet amant; mais c'est votre rigueur qui le veut borner
ainsi, et vous vous faites un devoir à votre mode, et qui s'accommode
assez avec votre indifférence.--Je voudrois que cela fût, lui répliqua
la comtesse.--Eh! qu'est-ce donc, lui dit le Roi, qui vous fait vivre
avec moi d'une manière si réservée?--C'est que vous êtes le plus
redoutable de tous les hommes, lui dit alors la comtesse, témoin ce que
vous fîtes l'autre jour.--Il paroît bien, Madame, répliqua le Roi, que
je ne le suis pas beaucoup, et que vous l'êtes bien davantage, puisque
je n'ose vous attaquer que tout endormie, et encore est-ce en
tremblant! mais que je me soucie peu que vous me croyiez redoutable! je
ne songe qu'à me faire aimer, et non à me faire craindre.--L'un ne va
jamais sans l'autre, dit la comtesse, et vous en savez plus que moi sur
cette matière.--Eh! de quoi me sert toute ma science, dit alors le Roi,
si je n'ai pas pu encore vous l'apprendre ni vous obliger à m'aimer?--Je
voudrois employer la mienne à vous guérir et à vous mettre en repos, lui
répliqua la comtesse.--Pour guérir, lui dit le Roi, cela n'arrivera
jamais, et, pour me mettre en repos, il ne dépend que de vous.--Je vous
ai déjà dit, Sire, lui répliqua la comtesse, que s'il ne falloit que ma
vie, vous auriez ce que vous désirez; ne me reprochez donc plus que je
suis insensible, et croyez que je suis plus à plaindre que vous ne
pensez.»

Le Roi ne voulut pas la presser davantage de peur de l'irriter; et elle
se contenta de lui parler d'une manière ambiguë, et qu'on pouvoit
également appliquer ou aux sentiments tendres qu'elle avoit pour le Roi,
ou à l'importunité que lui causoit son amour.

Le lendemain de cette conversation, le Roi voulut se donner le plaisir
de la chasse, où un grand nombre de seigneurs et de dames devoient
accompagner Sa Majesté. Ce prince, qui avoit toujours son amour en tête,
communiqua un dessein qu'il avoit au duc de La Feuillade, qui devoit
aussi l'accompagner, afin qu'il employât toute son adresse à le faire
réussir. Le jour ne fut pas plus tôt venu que tout se disposa pour cette
chasse. On ne pouvoit rien voir de plus beau que cet équipage; tout
répondoit à l'ordre et à la magnificence du Roi. Les dames ressembloient
à de jeunes amazones, et les messieurs s'étoient ajustés d'une manière
qui avoit quelque chose de galant et de guerrier. Le Roi surtout se
distinguoit par dessus tous les autres, et, avec cette mine fière et cet
équipage de chasseur, on l'auroit pris pour un Mars ou pour un Apollon.
Il avoit toujours les yeux sur sa maîtresse, et il pensoit bien moins
aux bêtes qu'on alloit courre, qu'au coeur qu'il avoit dessein de
surprendre. On ne fut pas longtemps dans la forêt, que les chiens
lancèrent divers cerfs, et plusieurs autres bêtes fauves; les uns se
mirent à piquer[18] après les chiens, et les autres à se poster en
divers endroits, pour voir passer la bête.

Comme je n'ai pas dessein de décrire cette chasse, je dirai seulement
qu'il se fit tant de courses, tant de tours à droite et à gauche dans
ces vastes forêts de Fontainebleau, que la plupart de ceux qui formoient
cette partie de chasse furent dispersés en divers endroits. Le Roi ne
perdoit jamais de vue la comtesse, qu'il regardoit déjà comme sa proie,
et le duc de La Feuillade, qui conduisoit toute cette affaire, la fit
réussir selon les désirs du Roi. Il le fit avec tant d'adresse, en
plaçant les chasseurs dans de certains postes, et les dames en
d'autres, sous prétexte de donner à tous le plaisir de cette agréable
chasse, que le Roi se trouva, je ne sais comment, tout seul avec la
comtesse, dans le lieu le plus écarté du bois, sans qu'elle eût eu le
temps de s'apercevoir que ses compagnes l'avoient abandonnée, et que
tout le reste de cette illustre troupe couroit, ou plutôt voloit avec
une ardeur incroyable.

Qui pourroit décrire son étonnement de se trouver seule avec le Roi dans
un lieu désert et solitaire; ne voyant personne pour venir à son
secours, et n'ayant plus ni le son du cor, ni l'aboiement des chiens, ni
les cris des chasseurs? Le lieu où ils se trouvèrent étoit un vallon
couvert de deux petites montagnes, ombragé d'un grand nombre d'arbres à
haute futaie, au pied desquels couloit un ruisseau, dont le murmure
faisoit un bruit agréable. Cette situation fut cause qu'on perdit de vue
tous les chasseurs, et qu'on n'entendit plus ce bruit qui accompagne
ordinairement la chasse. Enfin il sembloit que Vénus et Diane s'étoient
donné le mot pour faire venir en ce lieu nos deux amants.

Toutes choses sembloient conspirer au bonheur du Roi, et il croyoit de
toucher à ce moment heureux après lequel il avoit tant soupiré,
lorsqu'il remarqua un changement considérable sur le visage de la
comtesse. Cette pauvre dame blêmit, trembla, et fut saisie d'une sueur
froide, comme si elle alloit rendre l'âme. Le Roi lui demanda si elle se
trouvoit mal, et elle lui ayant répondu que non, il comprit d'abord
quelle étoit la cause de ce changement. C'étoit comme une innocente
colombe qui se voit déjà entre les griffes d'un vautour. Elle fit
pourtant tout ce qu'elle put pour se remettre, pour ne donner pas à
penser au Roi qu'elle se défioit de lui, et qu'elle ne se croyoit pas en
sûreté. Elle fit donc un effort sur elle-même, et, après avoir loué la
beauté du lieu, elle dit qu'elle étoit surprise de ne voir personne, et
que, si Sa Majesté le trouvoit bon, ils monteroient sur une de ces
collines, pour découvrir de quel côté pouvoient être les
chasseurs.--«N'en soyez point en peine, Madame, lui dit le Roi, nous les
trouverons assez; délassons-nous cependant, et puisque vous trouvez ce
lieu agréable, nous ferons bien d'en considérer les beautés.»

En disant cela, il descendit promptement de cheval, et voulut aider la
comtesse pour en faire de même, à quoi elle s'opposa autant qu'elle put,
disant que ce n'étoit point la peine, et qu'elle verroit plus
commodément tous les lieux que le Roi vouloit lui faire voir, que si
elle étoit obligée de marcher.--«Eh! bien, nous nous reposerons, et nous
ferons reposer nos chevaux, dit le Roi.» Enfin il la pressa si fort de
descendre de cheval, qu'elle ne put plus s'en défendre; le Roi la prit
entre ses bras, et il ne pouvoit contenir sa joie, d'avoir en son
pouvoir ce qu'il aimoit le plus dans le monde.

Après avoir attaché lui-même les chevaux à un arbre, il prit la comtesse
par la main, et la fit asseoir sur un gazon extrêmement vert, tel que
les poètes nous le décrivent dans leurs fables, et qui sembloit n'avoir
jamais été foulé par les hommes, tant il étoit beau et riant.--«Avouez,
Madame, lui dit le Roi, que c'est un lieu bien charmant.--Je le
trouve comme vous, répliqua la comtesse, mais il y a quelque chose de
trop sombre et même d'affreux; cela vient sans doute de ce qu'il est si
peu habité.--Et quelle habitation plus belle, peut-on lui souhaiter, dit
alors le Roi, que celle de votre charmante personne? Il suffit que vous
y êtes pour rendre ce lieu le plus beau qui soit dans l'univers; et pour
moi, je renoncerois de bon coeur à toute la magnificence de ma cour
pour y passer toute ma vie auprès de vous.»

En disant cela, il prit une de ses belles mains qu'il serra
passionnément, et qu'il baisa plusieurs fois avec une tendresse extrême.
La comtesse n'eut pas la force de retirer sa main, soit que la crainte
se fût emparée de son coeur, soit qu'aimant véritablement le Roi, elle
ne crût pas lui devoir refuser cette petite faveur. Ce prince amoureux,
qui n'avoit pas dessein d'en demeurer là, et qui vouloit pousser plus
loin sa conquête, ne songea qu'à gagner toujours du terrain; il mit sa
main sur la gorge de la comtesse, et essaya de lui prendre quelques
baisers; mais elle le repoussa et lui dit d'un ton sévère:--«N'étoit-ce
que pour cela que vous m'arrêtiez ici? Je vous prie, Sire, remontons à
cheval, et tâchons de rejoindre notre compagnie.--Et où voulez-vous
aller, Madame? lui dit le Roi. Nous ne savons pas la route qu'ils ont
prise; au lieu d'aller où ils sont, nous prendrons peut-être un lieu
opposé; le plus sûr est de les attendre ici, et nous les verrons bientôt
paroître par quelque endroit.--Mais que dira-t-on de vous et de
moi, lui dit la comtesse, quand on saura que nous avons été tous deux
ensemble dans ce lieu désert, l'espace d'une heure?--Eh! il n'y a qu'un
moment que nous y sommes, lui dit cet amant passionné; il paroît bien
que vous ne vous plaisez guère avec moi. Et quand nous y serions deux
heures entières, que craignez-vous? la réputation de votre vertu vous
met à couvert de tout. Ne craignez rien, Madame, ne craignez rien de ce
côté-là; donnons-nous entiers à l'amour; tout nous y convie; personne ne
nous voit ici, et vous voyez un prince à vos pieds, prêt à expirer par
la violence de sa passion, si vous n'avez pitié de ses maux.--Ce n'est
pas pourtant ce que vous m'aviez promis, dit la comtesse, que vous
n'attenteriez jamais rien contre mon devoir.--Ah! cruelle, lui dit le
Roi, que vous connoissez peu les lois de l'amour? Est-ce à un esclave à
tenir ses promesses? Je ne suis plus à moi, je suis tout à vous, ma
chère comtesse; je me sens entraîné par une force irrésistible; je ne
suis plus maître de mes mouvements; je ne puis que vous aimer, je ne
puis que vous le dire, et je me sens mourir si vous ne prenez pitié d'un
malheureux.»

Le Roi accompagna ces paroles de plusieurs soupirs et de quelques
larmes, qui attendrirent le coeur de la comtesse. Elle aimoit ce
prince; mais elle ne pouvoit jamais se résoudre à lui abandonner ce
qu'elle avoit de plus cher au monde.--«Si un amour réciproque vous peut
contenter, lui dit cette sage comtesse, je vous ferai, Sire, une
déclaration que je ne vous ai jamais faite, et que rien ne seroit
capable de m'arracher, si elle n'étoit sincère; je vous aime, mon cher
prince, car je puis bien vous nommer ainsi, avec toute l'ardeur et toute
la tendresse dont une femme comme moi peut être capable; oui, je vous
aime autant qu'on peut aimer; mais je ne puis renoncer pour vous à
l'honneur, à la vertu, ni à aucune chose qui me puisse faire perdre
votre estime.»

Ces paroles de la comtesse ne firent qu'enflammer davantage le coeur
du Roi. Il venoit d'entendre de la bouche de sa maîtresse, qu'il en
étoit tendrement aimé; il n'est rien de si doux pour un amant passionné,
et ce prince ne pouvoit pas contenir sa joie.--«Mais seroit-il bien vrai
que vous m'aimassiez, dit-il à sa charmante comtesse, et que vous m'en
donniez si peu de marques! Non, quoique vous en veuilliez dire, vous
n'avez jamais senti les traits de l'amour.--Hélas! si je ne vous aimois,
lui répondit-elle avec un air languissant, je ne vous souffrirois pas
comme je vous souffre.--Eh! croyez-vous, Madame, lui dit le Roi, qu'un
coeur qui vous aime se puisse contenter de si peu de chose? Ah! que
vous aimez foiblement si vous en jugez ainsi!»

Alors ce prince, devenu plus hardi par la déclaration que la comtesse
venoit de lui faire, attacha sa bouche contre la sienne, et lui donna un
baiser dont elle ne put jamais se défendre; elle se laissoit entraîner
par un si doux charme; l'honneur ne battoit déjà que d'une aile; l'amour
commençoit d'avoir le dessus, et le Roi, profitant d'un temps si
précieux à l'amour, alloit se mettre en possession d'un bien qui
lui étoit plus cher alors que sa couronne, lorsque la comtesse, revenant
comme d'un profond assoupissement, et voyant qu'elle ne pouvoit plus
résister au Roi, fit semblant de consentir à tous ses désirs, et le pria
seulement de changer de place, disant qu'elle étoit incommodée dans
cette assiette.

Le Roi, qui voyoit qu'en procurant le plaisir de la comtesse, il ne
feroit qu'augmenter le sien, consentit sans peine à tout ce qu'elle
voulut. Ils changèrent d'abord de place, et la comtesse, prenant son
temps, saisit l'épée du Roi, qu'elle tira du fourreau, et recula trois
ou quatre pas en arrière. Le Roi qui crut qu'elle vouloit s'en servir
contre lui, s'alla jeter à ses pieds, et lui dit:--«Madame, si vous
demandez ma mort, me voici prêt à la recevoir de votre main.--Non, Sire,
lui dit la comtesse, ce n'est pas votre mort que je demande; ma main ne
vous fera jamais aucun mal, vous n'êtes point coupable. Mais c'est moi,
c'est moi que je veux punir de la foiblesse où je suis tombée par mon
malheur.»

En disant cela, elle alloit tourner la pointe de l'épée contre son
estomac, si le Roi ne l'eût empêchée.--«Qu'allez-vous faire, dit-il,
trop vertueuse comtesse? vous n'avez rien à vous reprocher; eh! pourquoi
voulez-vous vous punir d'un crime que vous n'avez point commis?--Il est
vrai, dit-elle, mais c'est pour m'empêcher de le commettre.»

Le Roi touché du triste état où il la voyoit, promit de ne la presser
plus; et en effet elle étoit plus propre alors à inspirer la
compassion que l'amour, et l'on voyoit dans ses yeux et sur son visage
toutes les marques d'un véritable désespoir. De sorte que le Roi, qui
l'aimoit plus que sa propre vie, et qui craignoit pour elle quelque
chose de funeste, lui redemanda son épée, la fit remonter à cheval, et,
après y être monté lui-même, ils sortirent de ce vallon, montèrent sur
une des deux collines, et découvrirent de loin leurs chasseurs qui
venoient de forcer un cerf. Ils étoient assez en peine de savoir où
pouvoit être le Roi, et il n'y avoit que le duc de La Feuillade qui
s'imaginât ce qui en étoit. Il ne les eut pas plus tôt joints, qu'il
leur dit qu'il s'étoit posté à un endroit avec la comtesse, où il
croyoit voir passer la bête, mais qu'il n'avoit pas eu tout le plaisir
qu'il s'étoit promis, ni la comtesse non plus, avec laquelle il avoit
espéré de le partager. Il n'y eut que le duc de La Feuillade, qui savoit
l'amour du Roi, qui comprit le sens caché de ces paroles. Et la
comtesse, qui vouloit bien qu'on l'entendît de la chasse, prit
incontinent la parole et dit qu'elle ne s'étoit jamais tant
ennuyée.--«Vous ne devez vous en prendre qu'à moi, lui dit ce prince,
car c'est moi qui vous ai conseillé de prendre ce méchant poste.--Je ne
m'en prends, dit-elle, qu'à ma mauvaise fortune, ou à cette maudite
bête, qui n'a pas voulu passer devant nous, et qui fuit, je crois,
devant Votre Majesté, comme tous vos autres ennemis.»

Quoiqu'elle n'eût pas grande envie de plaisanter, elle fit pourtant un
effort sur elle-même, pour cacher le désordre de son coeur, qui étoit
encore tout troublé de ce qui venoit de lui arriver. Ce fut ainsi
que se passa cette chasse, où le Roi n'obtint pas tout ce qu'il auroit
voulu, mais où il reconnut pourtant qu'il étoit plus aimé qu'il ne
s'étoit imaginé. Il ne pouvoit comprendre qu'une femme qui l'aimoit si
tendrement, qui l'avoit dit à lui-même, et qui en avoit donné des
marques plus certaines encore que ses paroles, pût se refuser un plaisir
qui est le tribut ordinaire de l'amour, et la fin que tous les amants se
proposent. Cela le passoit, et il étoit si peu accoutumé à voir de
semblables prodiges de vertu, qu'il ne pouvoit se lasser d'admirer celle
de la comtesse, quoique ce fût cette vertu qui seule étoit contraire à
son amour et s'opposoit à tous ses désirs.

Ce fut aussi environ en ce temps-là que le Roi dit ces paroles, que j'ai
rapportées au commencement de cette Histoire, «qu'il n'y avoit que deux
femmes à la Cour qui fussent véritablement chastes, et pour lesquelles
il feroit serment qu'elles étoient fidèles à leurs maris.» C'étoit la
Reine, comme j'ai dit, et la comtesse de L..., qu'il venoit de mettre à
une si grande épreuve.

Cependant cette vertu, dont le Roi n'étoit que trop persuadé, ne fut pas
capable de refroidir son amour. S'il n'en eût pas été aimé, peut-être
qu'il auroit abandonné le dessein de cette conquête, qu'il auroit
regardée comme une chose impossible, ayant à combattre ces deux
redoutables ennemis, l'honneur et l'aversion de sa maîtresse. Mais,
ayant l'amour de son côté, il se flatta toujours de quelque espérance.
Il avoit vu cet honneur presqu'aux abois, et, sans ce moment fatal
qui fit faire quelque réflexion à la comtesse, il alloit être le plus
heureux de tous les amants. Enfin, on peut dire que l'amour du Roi
augmentoit par toutes ces difficultés, et que la gloire et l'ambition,
dont il est si fort touché, s'y mêloient en quelque sorte. Il se faisoit
une espèce d'honneur de triompher de la plus vertueuse dame de son
siècle; il se figuroit mille secrètes douceurs qu'il n'avoit jamais
goûtées avec ses autres maîtresses, et il se promettoit des plaisirs
infinis dans une jouissance qui lui auroit tant coûté.

Cela fait bien voir que les plaisirs des amants ne sont que dans
l'imagination, et que, selon que cette imagination agit, ces plaisirs
sont plus ou moins grands; et comme cette faculté de notre âme supplée
au défaut des sens, pour grossir les objets que les sens n'aperçoivent
pas, celle du Roi pouvoit agir dans toute son étendue par l'extrême
sévérité de sa maîtresse, et son imagination, lui représentant des
plaisirs que ses sens n'avoient jamais goûtés avec elle, les lui
figuroit beaucoup plus grands; et tout cela, comme j'ai dit, le rendoit
plus amoureux.

En ce temps-là, le Roi et la comtesse tombèrent malades presque en même
temps[19]. Le Roi fut attaqué d'une grosse fièvre, qui lui fut causée
par sa passion, et par la grande agitation qu'il s'étoit donnée le jour
de cette chasse; et la comtesse, de la frayeur qu'elle avoit eue,
du chagrin qu'elle avoit de s'être sitôt déclarée, et fâchée de sentir
dans son coeur une passion qui alloit contre son devoir. Toutes ces
choses jointes ensemble la firent tomber dans une maladie de langueur,
qu'on craignoit dégénérer en phthisie. La fièvre du Roi redoubla quand
il sut que la comtesse étoit malade. Et la comtesse, qui ne pouvoit haïr
le Roi, devint encore plus triste et plus abattue, dès qu'elle apprit
l'état de ce prince, dont la vie étoit en grand danger. Il ne se passoit
point de jour, que le Roi ne s'informât de la santé de la comtesse, et
cet empressement que le Roi faisoit paroître, fit ouvrir les yeux à
quelques-uns, et leur fit soupçonner avec raison qu'il avoit des
sentiments tendres pour cette dame.

La Montespan qui venoit de prendre les eaux de Bourbon[20], et qui
n'avoit pas vu le Roi depuis quelque temps, fut la première à s'en
apercevoir; et comme elle croyoit alors posséder seule le coeur du
Roi, car La Vallière avoit renoncé au monde, elle ne pouvoit pas se
consoler qu'une autre le lui voulût disputer. Mais ce qui la fâchoit
plus que tout, c'est que l'intérêt que le Roi témoignoit prendre à
la santé de Madame de L... ne lui faisoit que trop connoître qu'il en
étoit véritablement amoureux. Ce fut alors que toute sa jalousie se
réveilla, et qu'elle chercha mille moyens pour traverser ce nouvel
engagement, pour ruiner sa rivale, et pour la détruire dans l'esprit du
Roi ou dans celui de son mari, ou pour faire tous les deux ensemble;
mais elle ne fit ni l'un ni l'autre.

La première chose qu'elle fit, fut de tâcher de découvrir où elle en
étoit avec le Roi. Elle en fut bientôt instruite par un cas fortuit, qui
lui fit tomber entre les mains la réponse que la comtesse avoit faite à
son billet. Comme la Montespan avoit la liberté d'entrer à toutes les
heures du jour dans la chambre de ce prince, elle y fut un jour qu'il
reposoit, et comme cet amant pensoit toujours à sa nouvelle maîtresse,
il ne pouvoit se lasser de lire le billet qu'elle lui avoit écrit,
quoiqu'il ne fût pas aussi tendre qu'il l'auroit bien souhaité. Le jour
que la Montespan trouva le Roi qui dormoit, il avoit tenu ce billet
entre ses mains, et le sommeil l'ayant saisi, il l'avoit laissé tomber à
la ruelle de son lit.

Dès qu'elle vit ce papier par terre, elle le prit pour voir ce qu'il
contenoit, et elle comprit d'abord que le Roi aimoit la comtesse avec
toute l'ardeur d'un amant, et qu'il n'avoit encore obtenu d'elle aucune
faveur considérable. Elle se contenta d'avoir satisfait sa curiosité,
et, remettant le billet où elle l'avoit trouvé, elle sortit tout
doucement de la chambre pour n'interrompre pas le sommeil du Roi, et
alla penser aux moyens de ruiner une passion qui, selon toutes les
apparences, lui devoit faire perdre son grand crédit et les bonnes
grâces du Roi. Elle fit savoir au comte, par des voies indirectes, que
sa femme recevoit des lettres d'un amant qui n'étoit pas à mépriser, et
qu'elle, à son tour, lui en écrivoit de fort tendres.

Le comte méprisa d'abord cet avis, et, pour faire voir le peu de cas
qu'il en faisoit, il voulut le dire à sa femme, et s'en divertir avec
elle.--«Savez-vous, Madame, lui dit-il, qu'on me donne un rival, et un
rival qui n'est pas à mépriser?» La comtesse, qui ne comprit pas d'abord
ce qu'il vouloit dire, lui demanda s'il avoit quelque nouvelle
maîtresse.--«Ce n'est point cela, lui dit son mari, c'est vous-même qui
avez fait un amant.» La comtesse rougit un peu, et le comte attribua
cette rougeur à la pudeur de sa femme.--«Et quel est cet amant,
dit-elle, qu'on me donne?--On ne me l'a pas nommé, lui dit le comte,
mais on dit que c'est un amant aimé, qui vous a souvent écrit, et à qui
vous répondez d'une manière fort tendre; je ne vous croyois pas si
secrète dans vos amours.--Elles sont si secrètes, lui dit la comtesse,
que je n'en sais rien moi-même, et je vous promets que dès que cet amant
paroîtra, vous en serez averti. Mais, toute raillerie à part,
ajouta-t-elle, est-il bien vrai qu'on vous a fait un pareil rapport?--Il
est aussi vrai, lui dit le comte, comme il est vrai que je n'en crois
rien.»

Cela remit entièrement l'esprit de sa femme, qui s'étoit un peu alarmée;
et dès aussitôt que son mari l'eut quittée, elle brûla le billet
qu'elle avoit reçu du Roi, qui étoit la seule chose qui pouvoit la
convaincre de ce qu'on avoit tâché de faire croire au comte son époux;
et pour la réponse qu'elle avoit faite à ce prince, elle étoit conçue
avec tant de retenue et tant de sagesse, qu'elle ne craignoit pas que
son mari pût lui en faire une affaire. Ainsi l'esprit jaloux de la
Montespan n'avança rien de ce côté-là pour perdre sa rivale dans
l'esprit de son mari.

Elle attendoit que la santé du Roi fût un peu rétablie pour faire jouer
d'autres ressorts, qui pussent le dégoûter de l'amour de la comtesse.
Comme les maladies violentes ne sont pas de longue durée, celle du Roi,
qui étoit une fièvre ardente, le quitta après le huitième jour. La
Montespan le voyant déjà remis, et qu'il n'y avoit rien à craindre pour
sa santé, fit ses visites plus longues, et ne songea qu'à divertir ce
monarque, en lui apprenant tous les jours quelque nouvelle
galanterie.--«Eh! vous ne me dites rien de la comtesse de L..., dit le
Roi à la Montespan, d'un air qui marquoit qu'il prenoit beaucoup de part
à ce qui la regardoit. Est-ce qu'elle est sans intrigue? Est-ce qu'elle
manque de charmes? Est-ce enfin, comme on me l'a assuré, qu'elle est
aussi austère qu'une carmélite, et que sa vertu fait trembler tous ceux
qui osent l'approcher?»

La Montespan, qui attendoit à toute heure une semblable question de la
bouche du Roi, fut bien aise de le satisfaire là-dessus, ou, pour mieux
dire, de se satisfaire elle-même, en disant des choses de cette
comtesse, qui pourroient empêcher le Roi de penser plus à
elle.--«Sire, lui dit la Montespan, en affectant un air ingénu, ceux qui
la connoîtront bien ne se feront pas une grande violence de renoncer à
cette conquête, et ce ne sera pas sa vertu qui les en rebutera.--On dit
pourtant, répliqua le Roi, que jamais femme n'a été plus sévère que
celle-là.--Je ne sais pas, dit la Montespan, qui se plaint de sa
sévérité; mais je sais bien que la maxime des fausses prudes, qui ne
peuvent pas avoir des amants, est d'affecter une vertu austère, afin
qu'on ne dise pas d'elles dans le monde que c'est faute d'appas qu'on
les laisse là; mais c'est qu'elles sont plus chastes que tout le reste
des femmes.--Ce que vous dites là, reprit le Roi, est bon pour celles
qui sont sur le retour de l'âge, ou qui manquent de beauté, mais cela ne
se peut pas dire de la comtesse; elle est jeune et belle, elle a
l'esprit brillant et poli, et il y a peu de femmes à la Cour qui aient
autant de charmes qu'elle.--Je conviens de ce que vous dites, répondit
la Montespan, mais Votre Majesté me permettra de lui dire que c'est une
belle pomme qui est gâtée au dedans.--Expliquez-vous, je vous prie, dit
le Roi; est-ce qu'elle a des défauts cachés?--Je ne les ai pas vus,
reprit-elle; mais il y a une femme qui la sert depuis longtemps qui a
dit à l'une des miennes que sa maîtresse avoit des ulcères en divers
endroits de son corps; qu'il n'y avoit qu'elle seule, qui les lui
pansoit, et son mari, qui le sussent; et que lui-même en étoit si fort
dégoûté, que la plupart du temps il ne couchoit pas avec elle.--Je suis
surpris, repartit le Roi, de ce que vous m'apprenez. Cependant la
comtesse a un embonpoint le plus frais et le plus beau du monde, et un
teint des plus unis.--Et c'est cela même, dit la Montespan, qui produit
cet embonpoint que vous dites; au moins c'est ce que j'entends dire tous
les jours aux médecins, que toutes les mauvaises humeurs se jettent sur
ces endroits, et que c'est pour cela que tout le reste du corps est si
net et si poli.--Mais cela l'empêcheroit-il d'avoir des amants? dit
alors le Roi. Peuvent-ils deviner une chose qui ne paroît pas du
tout?--Je ne vous ai pas dit, Sire, répliqua la Montespan, que c'étoit
cette raison qui éloignoit les amants. Mais j'ai dit à Votre Majesté, si
elle y a pris garde, que c'est ce défaut, qui n'est que trop connu
d'elle-même, qui lui fait fuir souvent le grand monde et lui fait aimer
la retraite. Que lui serviroit après tout, ajouta-t-elle, de faire des
amants qu'elle n'oseroit rendre heureux, quelque envie qu'elle en eût?
ou si elle en venoit jusque-là, elle est assurée qu'ils se dégoûteroient
d'abord, et qu'elle les perdroit de la manière la plus honteuse pour des
personnes de notre sexe.--Elle fera donc bien de s'en tenir, dit le Roi,
à ce qu'on appelle la petite oie[21], et de ne laisser prendre à ses
amants que le dehors de la place.--Cela seroit bon, dit la
Montespan, si on pouvoit s'en tenir là; mais vous savez, Sire, qu'en
amour, on va plus loin qu'on ne pense.»

Après cela, cette malicieuse femme, qui vouloit se réjouir aux dépens de
sa rivale, dit que si son mari étoit jaloux, il n'avoit qu'à faire voir
sa femme toute nue, et qu'il ne devoit pas craindre qu'il lui arrivât
jamais ce qui arriva à cet ancien roi de Lydie. Le Roi, qui ne se pique
pas fort de lecture, pria la Montespan de lui raconter cette
histoire.--«La voici, dit-elle, Sire, en peu de mots, telle que je l'ai
lue dans Hérodote. Candaulès, qui étoit le nom de ce prince, avoit une
femme extrêmement belle, et, par une bizarrerie dont on ne sait pas la
cause, il la fit voir toute nue à Gigès son favori, qu'il avoit fait
cacher dans la chambre de la Reine.--C'étoit sans doute, dit le Roi,
pour lui faire voir que son corps étoit aussi beau que son visage.--Il
l'étoit en effet, dit la comtesse, et Gigès en devint amoureux; mais je
ne crois pas que le comte doive craindre rien de semblable, de ceux qui
verroient sa femme dans le même état.--Je n'aurai jamais cette
curiosité, dit le Roi, voulant dissimuler sa passion; mais je suis
fâché pourtant, pour l'amour de cette comtesse, que les apparences
soient si trompeuses, et que, sous un si beau dehors, il y ait des
choses si dégoûtantes.--Si Votre Majesté y prenoit la moindre part, je
serois bien fâchée, dit la Montespan, de vous avoir dit une chose qui
pût vous faire quelque chagrin. Mais en cas qu'il vous prît jamais envie
de l'aimer, ajouta-t-elle, avec un souris forcé, il est bon que votre
Majesté en soit avertie, de peur qu'elle n'allât trop avant, et qu'elle
ne voulût voir des choses qui ne lui feroient pas plaisir.--Je vous sais
gré de ce bon avis, lui dit le Roi, mais cela ne m'arrivera jamais.»

La Montespan ne fut pas plus tôt sortie, que le Roi fit de profondes
réflexions sur ce qu'elle lui avoit dit. C'est un terrible embarras pour
un amant qui aime une femme jusques à l'adoration, quand on lui vient
dire qu'elle a des défauts cachés. Le Roi ne remarquoit rien en la
comtesse qui ne l'assurât que c'étoit une beauté achevée. Sa gorge et
son visage démentoient déjà le discours de la Montespan, et s'il n'avoit
pas vu tout le reste, il en avoit assez vu, le jour de sa dernière
chasse, pour lui faire juger que tout ce qu'on venoit de lui dire
n'étoit qu'une calomnie. Il soupçonna même que la Montespan, ayant eu
quelque connaissance de l'inclination qu'il avoit pour la comtesse,
pourroit avoir inventé toute cette fable pour l'en dégoûter. Il savoit
qu'elle étoit fort audacieuse, et d'une humeur fort jalouse. Enfin, il
alla se ressouvenir que le même jour qu'il avoit laissé tomber le
billet de la comtesse, après qu'il se fut endormi, on lui dit que la
Montespan étoit entrée dans sa chambre, et qu'après avoir demeuré
quelque temps à la ruelle du lit, elle s'étoit retirée, de peur
d'éveiller le Roi. Faisant réflexion à toutes ces choses, il ne douta
point que tout ce que la Montespan venoit de lui dire ne fût de son
invention: de sorte que tous ses stratagêmes furent inutiles, et ne
firent aucun mal à sa rivale. Elle vécut toujours le mieux du monde avec
son mari qui n'eut pas le moindre soupçon de sa fidélité, et le Roi
l'aima plus que jamais.

Ce monarque ne pouvoit plus contenir son feu; les divers assauts qu'il
avoit donnés à sa maîtresse, et qui avoient toujours échoué, ne
servoient qu'à l'enflammer davantage, et à rendre ses désirs plus
violents. Ce beau fruit qu'il n'avoit goûté que du bout des lèvres, ne
faisoit qu'aiguiser, s'il faut ainsi dire, son appétit, et échauffer son
imagination. Enfin, il lui tardoit de savoir comment la comtesse étoit
faite, non pas pour s'éclairer de ce que la Montespan lui avoit dit,
mais pour apaiser l'ardeur de sa flamme. Quelque expert qu'il fût en
l'art d'aimer, il étoit au bout de sa science, et il ne savoit plus que
faire, après avoir manqué la plus belle occasion que l'amour puisse
offrir à un amant. Être seul avec sa maîtresse au milieu d'un bois,
apprendre de sa bouche qu'on est aimé, profiter d'un si doux aveu,
presser vivement la place, monter jusques à la brèche, et se voir
repousser à l'entrée: c'est ce qu'il ne pouvoit pas comprendre.--«Il
faut, disoit-il, ou que cette femme soit tout à fait insensible, ou
qu'elle ait une vertu plus qu'humaine. Mais puisque les charmes de
l'amour n'y peuvent rien, il faut se servir de quelque vieille ruse.
Cette femme se fait un crime de ce que l'amour a de plus doux; il faut
que l'hymen vienne ici à notre secours, et que nous nous servions du
même stratagême dont se servit Jupiter pour jouir de la chaste et belle
Alcmène. Puisqu'un amant, et un amant aimé, ne peut pas vaincre une
vertu si farouche, tâchons de nous transformer et de prendre la figure
du mari pour tromper une femme trop fidèle. Ce qui acheva de déterminer
le Roi à prendre un dessein si périlleux, fut une aventure singulière
qui venoit d'arriver depuis peu de jours, qui servit longtemps de
divertissement à la Cour, et dont le bruit se répandit assez loin.

Deux gentilshommes, à peu près du même âge et de même taille, avoient
épousé depuis quatre ans deux femmes bien faites, qu'ils aimoient
beaucoup et dont ils étoient tendrement aimés, mais dont ils n'avoient
eu aucun enfant. Comme ils avoient de grands biens et qu'ils craignoient
de ne laisser point de successeurs, il n'est rien qu'ils ne tentassent
pour rendre leurs femmes fécondes: remèdes, purgations, eaux minérales,
tout étoit mis en usage, et, parce que les médecins leur dirent qu'il
falloit réitérer ces remèdes à diverses fois, ces Messieurs ne
manquoient pas d'aller tous les ans avec leurs épouses aux eaux de
Bourbon[22]. Ils y furent cet été que le Roi étoit à Fontainebleau.
Comme le temps étoit fort beau, il y eut plus de foule qu'à l'ordinaire:
toutes les hôtelleries étoient remplies; et ces deux gentilshommes ne
purent trouver qu'une chambre, où il y avoit pourtant deux lits; cela
suffisoit pour eux et leurs femmes; car, pour leurs valets, ils
couchèrent où ils purent. S'étant donc mis en possession de leur
chambre, et ayant soupé en très-bonne compagnie, ils proposèrent à leurs
femmes d'aller prendre un peu le frais, et de jouir du plaisir de la
promenade. Mais elles dirent qu'elles étoient fatiguées du voyage, et
qu'étant obligées de se lever de bon matin pour prendre les eaux, elles
seroient bien aises de se délasser et de se coucher bientôt; mais que
pourtant ils ne se privassent pas eux-mêmes de ce plaisir. Ces bons
maris, qui ne vouloient point contraindre leurs femmes ni se contraindre
eux-mêmes, firent tout ce qu'elles voulurent; ils allèrent se promener;
ils virent là tout ce qu'il y avoit de beau monde de l'un et de l'autre
sexe, et ce temps leur parut si court qu'il étoit près de minuit quand
ils arrivèrent à leur logis. Leurs femmes étoient couchées il y avoit
deux heures; elles dormoient profondément, et leurs maris, de peur de
les éveiller, firent le moins de bruit qu'ils purent en se couchant; ils
se déshabillèrent, ils éteignirent eux-mêmes la chandelle, et chacun
d'eux se mit le plus doucement qu'il put au lit, où il croyoit de
trouver sa femme. On ne sait pas bien si leurs épouses n'avoient pas
bien distingué les lits qui avoient été arrêtés par leurs maris, ou si
ces Messieurs eux-mêmes, distraits par les différents objets qu'ils
avoient vus à la promenade, ou peut-être accablés de sommeil, prirent un
lit pour un autre; quoi qu'il en soit, car cela ne fait rien à
l'affaire, chacun de ces deux gentilshommes, au lieu de s'aller mettre
auprès de sa femme, s'alla coucher avec celle de son ami.

Ces quatre personnes passèrent ainsi toute la nuit, sans qu'aucune
d'elles s'aperçût de cet étrange quiproquo. On peut bien croire que ces
Messieurs, qui souhaitoient tant d'avoir des enfants, et qui étoient
allés là pour cette seule raison, ne passèrent pas toute la nuit sans
rien faire, et qu'ils travaillèrent de toute leur force à la propagation
de leur espèce. Leurs belles épouses, qui avoient le même désir, s'y
employèrent aussi avec affection et avec toute l'ardeur de leur sexe.
Enfin, le matin étant venu, on voit paroître le jour, on songe à se
lever, on tire le rideau, on se parle; mais qui pourroit exprimer la
surprise de ces deux femmes et de ces deux maris, à la vue d'une si
étrange métamorphose? Ils demeurent tout confus, ils sont tous quatre
muets et interdits, personne n'ose parler, aucun n'a la force
d'interroger son voisin ni de lui demander comment il a passé la nuit,
de peur d'en trop apprendre; chacun se flatte que son compagnon a dormi
toute la nuit; chacun se console d'avoir au moins tiré parti d'une
affaire si délicate et de n'être pas la dupe. Chacun savoit bien ce
qu'il avoit fait de son côté, mais il étoit en peine d'apprendre ce
qui s'étoit passé à l'autre bout de la chambre. Aucune de ces femmes
n'osoit regarder son mari, et encore moins celui qui venoit d'occuper sa
place, et les maris n'osoient pas regarder leurs femmes, de peur de voir
sur leur visage des marques trop certaines d'un affront irréparable. Il
se passa une scène muette qui exprima plusieurs passions différentes.
Enfin, il y en eut un plus impatient, qui, tirant brusquement sa femme
par le bras, lui dit tout en colère:--«Pourquoi vous allâtes-vous
coucher dans ce lit? Ne saviez-vous pas que c'étoit celui-ci que j'avois
arrêté pour nous deux?--J'avois cru, dit-elle, que c'étoit l'autre, et
je vous prie de ne pas me quereller pour une chose dont j'ai plus de
chagrin que vous, et dont je ne me consolerai de ma vie.--Tant pis,» lui
dit son mari, qui ne connut que trop, au langage de sa femme, ce qui
s'étoit passé entr'elle et son voisin; mais il n'étoit pas juste aussi
que les rieurs ne fussent que d'un côté. La femme de celui qui n'avoit
pas encore parlé, paroissant toute honteuse, donnoit assez à connoître
qu'elle n'étoit pas plus nette que sa voisine.--«Enfin, dit ce mari, qui
parut plus raisonnable, ce qui est fait est fait, et tous les hommes ne
le sauroient empêcher. Nous sommes à deux de jeu; nous avons fait, comme
on dit, troc de gentilhomme[23] sans nous demander de retour; laissons
passer doucement la chose; la volonté fait tout dans ces affaires;
c'est un pur effet du hasard; nous sommes assurés de la chasteté de nos
femmes; plaignons-les, et les consolons, au lieu de les porter au
désespoir. Que savons-nous si Dieu s'est voulu servir de ce moyen pour
nous donner un enfant à l'un et à l'autre, et si cela arrive, qu'y
a-t-il à faire qu'à compter de cette nuit? Et si nos femmes sont
enceintes, quand leur fruit sera mûr, et que le terme d'accoucher sera
venu, chacun prendra ce qui lui appartiendra; et ces enfants ne seront
pas moins à nous, que si nous les avions eus de nos propres femmes.» Il
y en eut une qui voulut répliquer, et qui dit que cela leur seroit bien
fâcheux qu'on leur arrachât un enfant qu'elles auroient nourri et porté
neuf mois dans leur sein, et qu'on leur en donnât un autre, où elles
n'auroient aucune part. On leur ferma la bouche, en leur disant que
c'étoit pour les punir de la bévue qu'elles avoient faite en changeant
de lit, qu'il falloit que la chose allât ainsi; que l'enfant qu'on leur
donneroit seroit celui de leur mari; que, puisque les hommes regardoient
souvent comme leurs des enfants qui n'appartenoient qu'à leurs femmes,
elles pouvoient bien une fois en recevoir un de la main de leurs maris,
et qu'elles auroient un avantage que les hommes n'avoient pas: c'est
qu'elles pourroient toujours distinguer leur propre enfant de celui
qu'on leur supposoit, et lui donner leur bien si elles le jugeoient à
propos. Un jugement si sage apaisa d'abord le tumulte; tout le monde se
tut, chacun fut content, et au bout de neuf mois ces deux femmes
accouchèrent chacune d'un garçon, qui donna bien de la joie à ces deux
familles.

Cette affaire ne put pas être si secrète qu'elle ne vînt à la
connaissance du monde, et le Roi, qui en avoit ouï parler, trouvoit cela
si plaisant qu'il souhaita plus d'une fois de tromper ainsi la comtesse,
puisqu'il n'en pouvoit pas jouir autrement. Il communiqua son dessein au
duc de La Feuillade. Le duc lui dit que cela étoit fort bien imaginé, et
qu'il ne falloit que songer aux moyens de l'exécuter.--«Tout ce que j'y
trouve, Sire, de fâcheux pour vous, c'est d'être obligé de faire le rôle
du mari pour jouir d'une maîtresse; et comme vous avez, sans doute,
toutes les délicatesses des amants, vous ne goûterez qu'imparfaitement
un plaisir qui ne s'adressera point à vous et qu'elle croira donner à
son mari.--Je sais tout cela, dit le Roi, mais il n'importe; il faut
tirer de l'amour tout ce qu'on peut; j'ai déjà le coeur de cette fière
comtesse, et elle ne veut pas m'accorder le reste; mais si je le puis
avoir une fois, j'aurai tout ce qu'un amant peut souhaiter, et enfin
elle pourra m'accorder de son bon gré ce que j'aurai une fois obtenu par
cette ruse. Il n'est donc question que d'exécuter un dessein qui peut
seul me rendre heureux.»

Cet habile confident dit au Roi qu'il alloit y travailler de ce pas;
qu'il savoit que le comte, comme la plupart des gens de qualité,
couchoit dans un lit séparé de sa femme, d'où il l'alloit trouver quand
il lui prenoit envie; il lui dit encore qu'il croyoit, à force d'argent,
gagner celui qui gardoit la porte de la chambre, et de l'obliger à
se défaire adroitement des autres domestiques, et d'introduire le Roi
vers les onze heures du soir à la chambre du comte de L... Et pour ce
qui est du comte, dont la présence étoit le plus grand obstacle, il
l'engageroit à une partie de jeu, où ils passeroient une bonne partie de
la nuit. Le Roi fut ravi de l'expédient que le duc lui proposoit, et il
lui sembloit déjà qu'il étoit entre deux draps avec sa chère comtesse.
Il lui commanda d'aller travailler promptement à ce dessein, et de venir
aussitôt la rendre réponse.

Dès que le Roi eut congédié le duc, il entra dans la chambre de la
Reine, où il trouva sa chère comtesse et plusieurs autres dames de la
première qualité. Il ne l'avoit pas vue, il y avoit quelques jours, et
il fut bien aise de voir qu'elle reprenoit son embonpoint. Son mal, dont
on craignoit de fâcheuses suites, étoit tout-à-fait guéri, et il ne lui
avoit laissé qu'une certaine langueur dans les yeux et sur son visage,
qui la rendoit plus aimable, et surtout au Roi, qui n'y voyoit plus, ce
lui sembloit, cette même sévérité qu'il avoit toujours si fort
redoutée.--«A ce que je vois, Madame, lui dit le Roi tout bas, nous
sommes tombés malades en même temps, et je sens qu'à mesure que vous
guérissez, ma santé reprend de nouvelles forces.--Si cela étoit comme
vous me le dites, je prendrois encore plus de soin de ma santé que je ne
fais, répliqua cette comtesse.--Si ma santé vous étoit chère, lui dit ce
prince, en tournant sa tête vers la fenêtre, afin qu'elle en fit autant,
et qu'ils pussent parler sans être entendus, vous me traiteriez un
peu plus doucement.--Et comment voudriez-vous qu'on vous traitât,
dit-elle?--Comme on doit traiter un homme qu'on veut conserver, et que
vos rigueurs font mourir, lui dit le Roi.--Quand on fait ce qu'on peut,
ajouta-t-elle, on n'en doit pas demander davantage.--Que le comte est
heureux, dit alors le Roi, puisque vous pouvez faire pour lui ce que
vous ne sauriez faire pour moi!--C'est un bonheur, Sire, lui dit-elle,
que vous ne voudriez pas acquérir à ce prix-là.--Non-seulement à ce
prix, si je le pouvois, lui dit ce prince passionné, mais au péril de
mille vies.--Eh bien! lui dit-elle, puisque cela ne se peut pas, il n'y
faut plus penser, et nous consoler, vous et moi.» Après cela, elle se
tourna du côté de la compagnie, et le Roi trouva ces dernières paroles
si obligeantes, qu'elles le rendirent content tout le reste du jour.

Le Roi sortit quelque temps après, et il rencontra bientôt le duc de La
Feuillade qui alloit trouver Sa Majesté pour lui rendre compte de sa
commission. Il lui dit d'abord que les choses alloient comme il auroit
pu le souhaiter; qu'il s'étoit assuré de ce domestique; que personne ne
paroîtroit que lui dans le temps qu'il lui avoit marqué, et que le Roi
pouvoit venir incognito, entrer dans la chambre du comte, et, quand il
le trouveroit à propos, dans celle de la comtesse; que, pour le comte,
ils devoient souper ensemble chez le prince de Marcillac[24], et qu'ils
avoient fait une partie de jeu, où il y auroit plusieurs
dames.--«Et comme je lui ai demandé si la comtesse son épouse en seroit,
il m'a répondu que non; que depuis sa maladie elle n'aimoit point à
veiller, mais se couchoit toujours à dix heures.--Cela va le mieux du
monde, dit le Roi; pour moi, je vais dire qu'on me laisse seul, et je me
déguiserai si bien, quand il sera nuit, que je sortirai sans qu'on s'en
aperçoive. Il n'y a que cent pas à faire pour être à l'appartement de la
comtesse.

Toutes choses étant ainsi disposées, le Roi se prépara à cette grande
expédition; il comptoit les heures et les minutes, et jamais jour ne lui
a paru si long. Enfin, la nuit vint, cette nuit tant désirée, et qui est
si favorable aux amants.

Quand les onze heures sonnèrent, qui étoit l'heure du signal, il sortit
de son cabinet en robe de chambre avec un simple gentilhomme qui
l'accompagnoit. Dès qu'il fut à la porte de l'appartement du comte, il
dit à ce gentilhomme de l'attendre, et de ne dire à personne où il
étoit, sous peine de la vie. Les courtisans étoient assez accoutumés à
voir faire au Roi de semblables équipées, qui marche en cela sur les
traces de son aïeul Henri le Grand. Le Roi ne paroît pas plus tôt, qu'il
rencontre un homme qui, sans lui dire «qui va là?» le fait entrer dans
la chambre du comte, comme si c'eût été son maître, et, sans s'informer
d'autre chose, ferme la porte après lui. Le Roi ne fut pas plus tôt
entré qu'il se reposa sur le lit du comte, et on auroit dit qu'il
vouloit imiter en toutes choses le mari de la comtesse. Il est vrai
qu'il ne s'amusa pas à dormir, mais il attendoit que le lièvre le fût,
afin de tirer à coup sûr et qu'il pût le prendre au gîte. Quand il jugea
que la comtesse pouvoit être endormie, il s'approcha tout doucement de
son lit, et, laissant sa robe de chambre, il se glissa dans les draps du
lit de sa maîtresse, sans qu'elle en sentît rien. Cet heureux amant,
voyant qu'il avoit si bien réussi jusques-là, commença de prendre avec
la comtesse toutes les privautés que prenoit le comte, dont il
représentoit alors le personnage; il voulut faire en tout le mari; mais
peut-être qu'il le voulut faire trop bien, comme dit La Fontaine, sur un
sujet semblable[25]. Il n'eut pas plus tôt pris sa place qu'il reconnut
d'abord que ce que la Montespan lui avoit dit de ces ulcères prétendus,
n'étoit qu'une calomnie; il trouva un corps net et uni comme le cristal,
et une peau la plus douce et la plus fine qu'il eût encore touchée.
Après avoir reconnu tous les endroits de la place, et sentant que la
comtesse étoit éveillée par le chatouillement que venoit de lui causer
ce prétendu mari, il se mit en état de pousser l'affaire jusques au
bout. La comtesse se tourna un peu de son côté, et, comme on ne s'amuse
pas à parler dans ces occasions, et qu'il ne lui seroit jamais venu en
pensée qu'autre que le comte la fût venu trouver dans son lit, elle ne
rejeta point du tout ses premières caresses; mais, les recevant
comme un doux fruit de leur mariage, elle y alloit répondre de son côté
comme une bonne et fidèle épouse; mais il arriva une chose qui troubla
les plaisirs qu'ils se préparoient de goûter. Comme elle avança un de
ses bras pour embrasser celui qu'elle avoit pris jusques-là pour son
mari, elle rencontra à l'endroit de ses reins une grosse verrue[26]
qu'elle n'avoit jamais trouvée sur le corps du comte, quoique sa main se
fût promenée mille fois en cet endroit. Cela la surprit un peu, non pas
qu'elle crût qu'un autre homme fût venu occuper sa place; mais cette
nouvelle verrue lui fit rompre un silence qu'elle avoit gardé
jusque-là.--«D'où vient, monsieur le comte, dit-elle, que vous avez là
cette verrue que je n'avois pas remarquée? Parlez, dit-elle, vous ne me
répondez point?» Ce silence parut suspect à la comtesse, et, voyant
qu'on ne lui répondoit que par des embrassements, elle fit un grand
effort pour se débarrasser de celui qui la tenoit; et, comme il la
venoit rejoindre:--«Si tu ne me laisses, dit-elle, qui que tu sois, je
t'arracherai les yeux, et je ferai venir mes gens.» Et, en disant cela,
elle lui donna un coup d'ongle entre l'oeil droit et la temple[27],
dont le Roi porta les marques qui parurent durant quelques jours,
et dont peu de gens savoient la cause.

Quand il vit que la comtesse alloit faire du bruit et appeler du monde,
il crut que le plus sûr étoit pour lui de se retirer et de sortir comme
il étoit entré. Le même homme qui lui avoit ouvert la porte en entrant,
la lui ouvrit quand il vit qu'il vouloit sortir; et il trouva son
gentilhomme qui l'attendoit, et qui l'accompagna jusques à l'entrée de
la chambre de la reine, que le Roi fut trouver au lit, et qui profita
sans doute de ce que ce prince avoit destiné pour la comtesse. Cette
dernière ne dormit guère le reste de la nuit. Elle étoit en peine
comment elle devoit se gouverner en cette rencontre. Elle ne douta point
que ce ne fût le Roi qui l'étoit venu trouver au lit, qui, n'ayant pu
jusqu'alors satisfaire son amour, s'étoit servi de ce dernier
stratagême. Son premier dessein fut d'abord d'appeler ses domestiques,
de leur dire qu'un homme étoit entré dans sa chambre, qu'elle vouloit
savoir absolument qui l'y avoit introduit, la chose n'ayant pu se faire
sans leur participation, et que, dès que le coupable lui seroit
connu, elle en vouloit faire un exemple. Un peu après elle considéra
l'éclat que cela feroit, les conséquences malignes que quelques-uns en
pourroient tirer pour ternir sa réputation, le chagrin, et peut-être les
soupçons qu'une affaire si délicate causeroit à son mari, et l'affront
que le Roi lui-même en alloit recevoir, quand la chose seroit divulguée;
enfin, plusieurs autres considérations de cette nature la déterminèrent
à laisser passer la chose, sans en parler à personne. Cette prudente
dame savoit encore, que la réputation de celles de son sexe est
extrêmement délicate, que le plus sûr pour elles est de conserver leur
honneur et de se défendre contre tous ceux qui l'attaquent, sans en
faire tant de bruit; que l'éclat est ce qui les perd dans l'esprit des
gens, lors même qu'elles sont les plus innocentes, et qu'enfin n'ayant
rien à se reprocher, elle ne craignoit les reproches de personne,
puisque celui qui l'étoit allé trouver au lit s'en étoit retourné comme
il étoit venu, et que ceux qui lui avoient prêté la main avoient pu
juger, par son prompt retour et par le bruit qu'elle avoit fait, du peu
de succès de son entreprise.

La comtesse donc, satisfaite de s'être bien défendue, ne voulut point
prôner sa victoire. Qui sait encore si l'Amour ne se mêla pas là-dedans,
et si la tendresse qu'elle ne pouvoit s'empêcher d'avoir pour le Roi, ne
l'empêcha pas aussi de publier une chose dont elle pourroit se repentir
un jour, n'étant pas assurée si elle n'auroit pas enfin pour ce prince
des sentiments plus humains? et, quoiqu'elle n'appuyât pas beaucoup
sur cette dernière considération, il est certain qu'elle y entra.

Le Roi, après cette honteuse retraite, perdit entièrement l'espérance de
gagner jamais une telle dame; il résolut même de n'y penser plus; mais
il ne savoit pas bien lui-même s'il seroit capable de tenir sa
résolution. L'image de tant de beautés qui étoient répandues sur le
corps de la comtesse, et dont ses yeux et même ses mains avoient été les
témoins, lui revenoit toujours dans l'esprit. Il ne put s'empêcher de
convoiter une chair si ferme et une peau si blanche et si délicate.--«Je
vois bien, ajouta-t-il en lui-même, que la Montespan craignoit la touche
d'un bijou si précieux, qu'elle vouloit me faire passer pour une
happelourde[28]. Mais je n'ai que trop vu l'effet de sa jalousie, qui
vouloit me dégoûter de la plus charmante beauté qui soit dans l'univers.
Oui, je n'ai que trop vu que la comtesse a le plus beau corps du monde,
et il vaudroit bien mieux pour mon repos avoir ajouté foi aux discours
de la Montespan, me dégoûter de cette dame, et n'y penser jamais. Mais
mon malheur a voulu que j'aie vu, et que j'aie touché moi-même des
beautés qui m'ont charmé et dont je n'ai pu me réjouir.»

C'est ainsi que le grand Alcandre entretenoit ses pensées. Après avoir
demeuré tout le reste de la nuit au lit de la reine[29], il s'en
retourna dans le sien, selon la coutume, qui étoit à la chambre
prochaine. L'heure de se lever étant venue, ceux que leur devoir
appeloit auprès du Roi ne manquèrent pas de s'y rendre, et
particulièrement le duc de La Feuillade, qui s'y trouva des premiers.
Dès que le Roi eut paru en robe de chambre[30], on remarqua d'abord
cette petite égratignure qu'il avoit au visage. Les courtisans se
regardèrent tous, pour se demander les uns aux autres la cause de ce
qu'ils voyoient; mais personne n'osa en parler au Roi. Ce monarque, qui
connut d'abord le sujet de leur étonnement, et qui avoit assez près de
lui le duc de La Feuillade, lui dit à l'oreille: «la belle a été
cruelle.» Ce mot fut entendu de quelques-uns des courtisans, et il fut
su à la cour et jusques dans les provinces; mais personne ne devina
quelle étoit cette cruelle qui avoit ainsi traité le Roi, et qui lui
faisoit porter des marques de sa rigueur. Il n'y eut que le duc de La
Feuillade qui comprît d'abord ce que c'étoit.

Après que ce prince fut habillé, il témoigna qu'il vouloit être seul une
demi-heure, et il ne retint auprès de lui que le duc de La
Feuillade.--«Eh bien! lui dit le grand Alcandre, tu vois que je porte
des marques de mon dernier combat.--A la bonne heure, Sire, lui dit le
duc, pourvu que vous ayez remporté la victoire; vous savez que l'Amour,
aussi bien que Mars, aime quelquefois à se baigner dans le sang.--Je
t'assure pourtant, dit le Roi, que ce n'est pas à l'Amour que je
dois me plaindre de celui qu'on m'a fait répandre cette nuit, et dont je
porte les marques.--Mais quoi, Sire, lui dit le duc, n'alliez-vous pas
comme ami vous présenter devant cette place? D'où vient qu'on vous a
traité comme un ennemi? Vous alliez trouver cette femme non pas comme
amant, mais comme mari; est-ce que les rigueurs s'étendent jusqu'à son
époux? Car je ne puis pas comprendre que, l'étant allé trouver la nuit,
elle ait pu vous reconnoître, ni vous prendre pour un autre que pour le
comte.--Il faut donc te dire ce qui en est,» répartit le Roi, et alors
il lui raconta comment il étoit entré dans la chambre de la comtesse; de
quelle manière il s'étoit glissé dans son lit pendant qu'elle dormoit;
comment, après s'être réveillée, elle avoit souffert quelques-unes de
ses caresses, le prenant toujours pour son mari. «Enfin, ajouta-t-il,
les affaires alloient jusque-là le mieux du monde; j'allois me rendre
maître d'une place qui m'a toujours résisté, lorsqu'une maudite verrue
que j'ai aux reins, sur laquelle elle porta fortuitement la main, éventa
la mine et me découvrit.--Quoi, si peu de chose, reprit le duc, la fit
entrer en soupçon?--Cela l'obligea à parler, lui dit le Roi, et à me
demander depuis quand j'avois cette marque sur le corps; et, voyant
qu'on ne lui répondoit point, elle ne douta plus qu'on ne l'eût trahie.
Elle sauta promptement du lit, elle me repoussa, et elle alloit appeler
ses gens. Enfin, au lieu qu'avant cela, elle étoit douce comme un
mouton, après qu'elle eut touché cette fatale verrue, ce ne fut
plus qu'une tigresse et une lionne, qui ne répondit à mes caresses qu'à
coups de griffes, et qui m'a mis en l'état où tu me vois. De sorte que,
voyant qu'il n'y avoit rien à gagner que de la honte pour moi, je me
retirai tout doucement.--Il faut avouer, dit alors le duc, qu'en amour
aussi bien qu'en toute autre chose, il y a de fatales conjectures.
Qu'une petite verrue qui n'est pas, peut-être, plus grosse que la tête
d'une épingle, arrête et fasse échouer un dessein si bien concerté[31]!
Je ne m'étonne plus, après cela, si la remore[32], qui n'est qu'un petit
poisson, arrête tout court les plus grands vaisseaux, puisque si peu de
chose s'oppose au bonheur du plus grand monarque du monde.--Mais il y a
cette différence, répondit le Roi, c'est que je portois avec moi cette
maudite remore qui a rompu tous mes projets amoureux, et a repoussé
tout-à-coup mon vaisseau, qui alloit entrer à pleines voiles dans le
port[33].--Permettez-moi de dire à Votre Majesté, répliqua le duc,
qu'elle ne devoit pas sitôt abandonner son entreprise, et qu'elle auroit
peut-être bien fait de se donner à connoître à la comtesse, pour
l'empêcher de faire du bruit. Que sait-on, ajouta le duc, si, dans la
pensée où elle étoit que ce fût quelqu'un de ses domestiques, qui,
profitant de l'absence du comte, avoit eu l'audace de se glisser dans
son lit, elle a paru si transportée de rage? Ces sortes d'attentats ne
sont pas sans exemple; l'Amour hasarde tout, et ce n'est que par un
pareil stratagême que cette espèce de gens peut réussir dans une
entreprise de cette nature, ayant affaire surtout à des femmes qui sont
de l'humeur de cette comtesse. Mais toute tigresse qu'elle est en fait
d'amour, elle auroit été douce comme un mouton si elle eût reconnu
d'abord que c'étoit Votre Majesté qui la tenoit embrassée.--Ah! que me
dis-tu, répliqua le grand Alcandre, veux-tu me désespérer? N'est-ce pas
assez, pour me faire mourir, d'avoir manqué la plus belle occasion où un
amant se puisse trouver? Faut-il que tu m'assassines de plus fort, en
voulant me persuader que c'est par ma faute que je suis tombé dans ce
malheur? Mais comment pouvois-je espérer de toucher cette insensible en
me faisant connoître? elle qui m'a toujours rebuté, elle qui a méprisé
mon sceptre et ma couronne, et ma vie même, que j'ai voulu lui sacrifier
pour tâcher de la fléchir? Non, non, je ne me flatte point là-dessus;
elle ne m'a reconnu que trop, et ce n'étoit que par la voie dont je me
suis servi que je pouvois venir à bout d'une femme qui n'est pas faite
comme les autres, et qui n'aime que son mari. En puis-je douter après
ces terribles paroles, «qui que tu sois, si tu ne me laisses, je
t'arracherai les yeux, et j'appellerai mes gens?» Tu vois que je porte
les marques de cette furie; et plût à Dieu qu'elle en eût le visage
comme elle en a le coeur! je ne serois pas si malheureux. Comment
peux-tu croire, après cela, qu'elle se seroit adoucie si je me fusse
fait connoître après en avoir été rebuté tant de fois? Je crois que ma
retraite fut sage, et que le meilleur parti que j'avois à prendre, étoit
de sortir sans bruit de la chambre de la comtesse, comme j'y étois
entré. Quel affront pour moi, de me voir assiégé d'une foule de pages et
de laquais, qui eussent été les témoins de ma honte! Tout Roi que je
suis, je n'aurois pas échappé aux railleries secrètes de mes
courtisans; tu sais, cher La Feuillade, combien je suis sensible à de
pareils coups. Je n'ai jamais pu les pardonner à Vardes[34] et à
Bussi[35], qui s'étoient émancipés jusque-là. Enfin, que veux-tu que je
te dise? ajouta ce monarque affligé; je tenois entre mes bras ce que
j'aime le plus dans le monde; je me croyois au comble de mes désirs, et
je ne sais quel malheur, que je traîne après moi, m'a fait échouer tout
d'un coup de la manière du monde la plus fatale; jamais monture plus
douce et plus maniable dans mes premières approches; mais je ne sais
quelle mouche lui fait prendre aux dents[36], la met en fureur contre
moi, et m'en laisse de tristes marques.--Il n'importe, Sire, dit le duc
au Roi, pour le consoler; il faut que V. M. tâche de remonter sur sa
bête.--[37] Voilà la deuxième fois que j'ai failli la prendre, dit le
Roi, et je ne vois que trop la vérité du présage que j'eus à la chasse
où étoit le comte, lorsque je manquai deux fois un sanglier. La comtesse
est ce sanglier que je n'ai pu blesser encore, et qui m'a mis dans
l'état où tu me vois. Pour moi, je crois, ajouta-t-il, que cette femme
n'est pas faite comme les autres, et si je ne l'avois pas bien maniée,
je croirois qu'elle n'est pas de chair, mais de quelque autre
matière.--Vous verrez, Sire, qu'elle ne sera pas toujours insensible,
lui dit le duc; assurez-vous que vos coups ne seront pas perdus,
ils feront leur effet tôt ou tard. Savez-vous, ajouta-t-il, que la main
d'un amant qui manie le corps de sa maîtresse, a un certain charme
secret qui éveille en elle de certaines idées dont elle ne peut se
défendre? Qu'elle fasse la farouche tant qu'elle voudra; cela lui
revient de temps en temps dans l'esprit; son imagination en est
doucement chatouillée, et l'on peut dire que c'est un germe qui doit
produire un fruit auquel l'amant ne s'attend pas. Enfin, l'attouchement
d'un homme amoureux envers une femme qu'il aime, est comme celui d'un
chien enragé, dont la seule écume produit la rage, quoique cela n'arrive
que plusieurs années après. Ainsi je ne doute pas que ce que la comtesse
a déjà senti de votre part, et lorsque vous la trouvâtes endormie la
première fois, et lorsque vous la poussâtes de si près, au vallon de la
forêt de Fontainebleau, et les privautés que vous avez eues avec elle la
nuit passée, je ne doute pas, dis-je, que tout cela ne soit un secret
poison dans son coeur, qui fera éclater enfin la fureur de l'amour.
N'en doutez point, Sire, je sais un peu comment les femmes sont faites.
Tenez-vous seulement à l'écart, faites un peu le froid avec elle, et
vous verrez qu'elle regrettera peut-être l'occasion qu'elle a perdue.
Les femmes négligent ce qu'elles peuvent avoir à toute heure, mais elles
font bien des pas pour retenir ce qu'elles craignent de perdre. La
comtesse compte sur vous comme sur une conquête assurée, et c'est pour
cela qu'elle diffère, autant qu'elle peut, à payer le tribut qu'on doit
à l'amour. Quand vous reculerez, elle s'avancera; et, faisant
réflexion alors aux plaisirs imparfaits qu'elle a goûtés avec vous, et
craignant de ne les retrouver plus, elle désirera que vous acheviez ce
qui n'est que commencé; et peut-être même qu'elle vous en prieroit si la
pudeur de son sexe ne la retenoit. Voilà, Sire, comment les femmes sont
faites, et vous en savez plus que moi sur ces matières.»

Le grand Alcandre fut ravi d'entendre raisonner le duc d'une manière qui
flattoit si fort sa passion. Il approuva son conseil, et, sans affecter
de fuir la comtesse, il ne témoigna plus pour elle les mêmes
empressements. Cette belle inhumaine ayant vu le Roi à la messe, fut
confirmée dans l'opinion qu'elle avoit, que c'étoit lui-même qui l'étoit
venu trouver au lit. Elle prit garde d'abord aux marques qu'il en
portoit sur son visage, et elle ne put voir sans quelque émotion ces
effets de sa cruauté. Son coeur sentit dans ce moment quelque chose de
plus tendre qu'à l'ordinaire; elle fut touchée de compassion pour cet
amant malheureux; et, faisant réflexion à toutes les basses démarches
que ce grand prince avoit faites, et qui ne pouvoient partir que d'un
coeur amoureux jusqu'à la folie, peu s'en fallut qu'elle n'eût quelque
espèce de honte d'avoir été si sévère en son endroit, dans un temps où
la cruauté, parmi les femmes du beau monde, étoit si peu à la mode. Elle
voyoit qu'elle avoit perdu la plus belle occasion du monde pour
accommoder son amour avec son devoir, en feignant de croire que celui
qui avoit pris la place de son époux étoit son époux lui-même. Mais
comme cette feinte ne la mettoit pas à couvert des reproches de sa
conscience, elle rejetoit cette pensée comme une dangereuse tentation,
et, sa vertu reprenant le dessus, elle se contenta de faire bon visage
au Roi, sans lui accorder rien de solide. Voilà quel étoit l'état de nos
deux amants: la comtesse, plus adoucie, étoit résolue de paroître moins
sévère; et Alcandre piqué de ressentiment, se voulut montrer plus froid
et plus réservé.

Quelques jours se passèrent de cette manière, pendant lesquels le Roi
parut de plus belle humeur, et plus magnifique qu'à son ordinaire. Mais
il vivoit avec la comtesse comme un homme tout-à-fait guéri de sa
passion, ou du moins comme un amant qui n'espère plus, qui a épuisé tous
ses soins et toute sa tendresse, et qui ne cherche que les plaisirs, les
jeux et les divertissements. Cependant, bien loin de témoigner le
moindre chagrin contre elle, il lui faisoit beaucoup de civilités, mais
de la nature de celles que tous les cavaliers rendent aux dames, et où
il ne paroissoit pas que l'amour eût la moindre part. Pas le moindre
mot, pas un seul regard qui marquât quelque tendresse; et le meilleur de
tout cela, c'est qu'il n'y avoit rien de forcé ni de contraint; tout
paroissoit naturel, et qui auroit vu le Roi agir de cette manière avec
la comtesse, ne l'auroit jamais jugé amoureux. Elle-même s'y trompa
toute la première, et elle crut effectivement que le Roi ne sentoit rien
pour elle, et qu'il étoit tout-à-fait guéri. Une façon d'agir si peu
attendue la surprit étrangement. Si elle eût trouvé le Roi chagrin, ou
qu'il eût été froid avec elle, elle s'en seroit consolée; mais un
procédé si civil et si tendre faillit la déconcerter.

Un jour qu'elle se trouva près de ce prince, elle voulut prendre un air
radouci et plus tendre qu'à l'ordinaire; le Roi, qui le vit fort bien,
fit semblant de n'y prendre pas garde, et d'avoir l'esprit ailleurs, et,
comme elle vouloit le rengager, elle le jeta insensiblement sur des
matières de galanterie, où le Roi répondit toujours fort à propos, sans
faire ni le doucereux ni le sévère.--«Pour moi, quand j'étois en état
d'avoir des amants, disoit-elle, je n'aimois pas qu'ils se rebutassent
d'abord comme plusieurs que je connois.--Vous aviez raison, Madame, lui
dit le Roi, d'être dans ce sentiment, et je trouve que n'est guère aimer
si l'on n'essuie toutes les rigueurs d'une maîtresse.--Il n'est pas
juste pourtant, ajoutoit-elle, qu'une maîtresse abuse de son pouvoir, et
exerce une autorité tyrannique sur ses amants.--Pourquoi non, Madame?
répondit le grand Alcandre; chacun peut user de ses droits; une
maîtresse ne doit rien à son amant, et c'est à lui à prendre parti
ailleurs, s'il n'est pas content.»

La comtesse entendant parler le Roi d'une manière si désintéressée, sur
une affaire où elle avoit cru qu'il avoit tant d'intérêt, ne pouvoit
cacher le dépit secret qu'elle en avoit dans le coeur.--«Les dames
vous sont bien obligées, dit-elle au Roi, de défendre si bien leurs
droits; et que je m'estimerois heureuse d'avoir un tel avocat!--Comme
vous n'avez aucun intérêt à ces sortes de disputes, mes soins vous
seroient fort inutiles, répondit le grand Alcandre.--On ne peut pas
savoir ce qui peut arriver, lui dit la comtesse.--Alors on y pensera,»
lui dit le Roi, et en disant cela, il alla joindre la Montespan, qui
traversoit la galerie pour entrer dans la chambre de la Reine.

Les dames, et surtout celles qui sont naturellement fières, ne
connoissent jamais bien qu'elles aiment un amant que lorsqu'elles
croient l'avoir perdu. C'est ce qu'éprouva la comtesse en cette
rencontre; cette fière personne, qui avoit reçu les hommages d'un grand
Roi sans en être fort émue, le fut beaucoup plus qu'on ne sauroit dire,
quand elle crut que cette conquête lui alloit échapper. Elle commença de
sentir le plaisir qu'il y avoit d'être aimée, lorsqu'elle ne l'étoit
plus, car elle le croyoit ainsi, et il lui arriva comme à ceux qui ne
connoissent le prix de la santé qu'après qu'ils l'ont perdue.

Le Roi, qui lisoit dans le coeur de la comtesse, étoit charmé d'avoir
suivi le conseil que son confident lui avoit donné, puisqu'il s'en
trouvoit si bien.--«Je vois bien, dit-il à ce duc, quand il se trouva
seul avec lui, qu'il en est de l'amour comme de la guerre, et que le
plus grand coup d'un habile capitaine est de savoir battre son ennemi en
retraite. C'est ce que je fais, cher La Feuillade, à l'endroit de la
comtesse, et je vois que j'ai plus avancé mes affaires en trois jours,
en tenant cette conduite, que je n'avois fait pendant six
mois.--Continuez seulement de cette manière, lui dit cet habile
confident; faites semblant de vous retirer devant cette fière ennemie;
laissez-lui gagner du terrain tant qu'elle voudra, et quand vous
aurez assez reculé, donnez-lui un coup fourré.» Cela fit rire le Roi,
qui lui répondit d'un air content: «Je me suis si bien trouvé de tes
conseils, que je les veux suivre aveuglément.»

La Reine ayant fait ses couches, la Cour s'en retourna à Versailles, et
le Roi résolut de faire la plus magnifique fête qu'on eût encore vue.
C'étoit au commencement de mai[38], qui est la saison de l'année la plus
belle et la plus riante, et où tout ce qu'on voit semble inviter à
l'amour. Cette fête dura neuf jours[39], pendant lesquels le Roi traita
plus de six cents personnes; le bal, la comédie, la musique, les
carrousels, les mascarades, rien n'y fut oublié. Je ne ferai pas la
description de toutes ces magnificences qu'on peut voir ailleurs; il
suffit de dire que tout cela se passa, non pas dans le château, qui
auroit été trop petit, mais dans ce beau parterre[40] qui est un
assemblage de bois, de fontaines, de viviers, d'allées, de grottes, et
de mille diversités qui surprennent agréablement la vue. On y avoit
tendu de hautes toiles, on y avoit fait un grand nombre de bâtiments de
bois, peints de diverses couleurs, et un nombre prodigieux de flambeaux
de cire blanche, qui suppléoient[41] à plus de quatre mille bougies,
rendoient les nuits plus belles et plus charmantes que les plus
beaux jours de l'année. Enfin, on peut dire que cette plaine étoit un
camp magnifique, où plusieurs palais enchantés parurent dans un moment.

Cette grande fête commença par divers ballets, où le Roi lui-même,
Messieurs les princes du sang, et plusieurs autres seigneurs parurent
sur les rangs. Les festins, la comédie et tous les autres
divertissements suivoient tour à tour, et alloient en augmentant. La
nuit même ne les faisoit pas cesser, ou pour mieux dire, il n'y avoit
pas de nuit, à cause du grand nombre de flambeaux qui éclairoient tous
les endroits du bois. On peut juger si cet agréable mélange de tant de
différentes personnes de l'un et l'autre sexe, ce grand concours de
monde, cette confusion du jour et de la nuit, cette liberté qu'inspirent
les plaisirs champêtres, et enfin cette joie qui accompagne les grandes
fêtes, et qui fait que grands et petits, hommes et femmes, se mêlent
sans distinction; on peut, dis-je, juger si ces charmants désordres
étoient propres pour les aventures et pour les mystères d'amour.

Le Roi qui ne songeoit qu'à se rencontrer seul avec la comtesse en
quelque lieu écarté du bois, fit naître diverses occasions, dont une lui
parut réussir enfin. Le troisième jour de cette fête, qui finit à
l'ordinaire par un magnifique festin, le Roi proposa une mascarade après
le souper, où chacun, tant hommes que femmes, pourroit se masquer à sa
fantaisie, se promener dans le bois ainsi déguisé, et faire cent petites
malices. La chose fut ainsi exécutée, chacun prit la figure qui lui plut
le plus; les uns se travestirent en bergers et en bergères, les
autres en guerriers et en amazones, d'autres en sauvages[42], et chacun
prit la forme qui lui convenoit le mieux, ou qu'il jugea la plus propre
à ses desseins. On n'a pas bien su quelle fut celle du grand Alcandre et
de la comtesse, mais on sait bien que cette dernière ne put pas se
déguiser si bien que son amant ne sût les habits et le masque qu'elle
devoit prendre. Il seroit trop long de dire tout ce qui se passa dans
cette belle mascarade. Chacun y joua son rôle à la faveur de la nuit, de
l'épaisseur des arbres, et du masque qu'il portoit sur le visage. Tout
cela rendoit aussi les dames plus hardies, et les disposoit à être plus
facilement trompées.

La Montespan ne manqua pas de se prévaloir d'une si belle occasion pour
jouer à sa rivale quelque mauvais tour, et pour la perdre de réputation,
si elle ne pouvoit la détruire dans le coeur du grand Alcandre. Elle
sut, par le moyen d'une fille de la comtesse, qu'elle avoit gagnée, de
quelle manière sa maîtresse se déguiseroit, et quel masque elle devoit
porter. Elle pria cette fille de lui en donner un semblable, ce qu'elle
fit; et la Montespan imita si bien la comtesse dans tous ses
ajustements, qu'il n'y a personne qui ne s'y fût trompé, car leur taille
étoit à peu près la même, et quand il y auroit eu quelque différence, le
déguisement empêchoit de la remarquer. Le dessein de cette malicieuse
femme étoit de se divertir comme tous les autres, et de voir si,
sous ce déguisement tout à fait conforme à celui de sa rivale, elle
pourroit tromper le Roi, et découvrir ainsi le secret de leur intrigue.
Mais ce qu'il y avoit de plus malin, c'est qu'elle espéroit par là de
décrier la comtesse, de la perdre dans l'esprit de son mari, en faisant
courir le bruit, sous cette fausse apparence, que sa femme avoit un
commerce secret avec le Roi, et qu'on les avoit trouvés ensemble la nuit
de cette mascarade.

Dans cette pensée, la Montespan, qui ne doutoit pas que le grand
Alcandre ne se fût informé exactement de quelle manière la comtesse
seroit habillée, fit tout ce qu'elle put pour joindre le Roi, et pour
tâcher de lui faire prendre le change. La chose ne lui fut pas
difficile, parmi cette confusion de masques qui passoient et repassoient
en divers endroits du bois. Comme chacun s'écartoit, les uns d'un côté,
les autres d'un autre, pour faire quelque bon tour, à la manière
ordinaire des masques, le hasard, ou, pour mieux dire, le dessein, fit
en sorte que le Roi se trouva seul avec la prétendue comtesse, dans un
endroit assez reculé, où il y avoit un petit cabinet et de longs siéges
de gazon en forme de lit de repos. Il n'y avoit dans cet endroit que
quelques bougies, dont le vent éteignit quelques-unes, et celles qui
restoient le furent par quelque masque qui vouloit favoriser ces deux
amants, et peut-être par le grand Alcandre lui-même. Quoi qu'il en soit,
les voilà tous deux dans une nuit sombre, abandonnés à la garde de
l'amour et sur leur bonne foi.

La Montespan, qui craignoit que le Roi ne l'eût tout à fait oubliée, fut
la première à parler et à lui dire:--«Avouez, Sire, que vous êtes bien
attrapé, et que mon masque vous a trompé; vous avez cru d'être avec une
autre, et le hasard a voulu que vous vous trouviez avec une personne
qu'apparemment vous ne cherchiez pas.» Ce discours étoit assez ambigu,
et on pouvoit l'appliquer à la comtesse; aussi le Roi ne douta point que
ce ne fût elle-même quand il vit son masque et ses habits; et quoique la
voix de celle qui lui parloit fût un peu différente de celle de la
comtesse, il crut que le masque qu'elle avoit sur le visage faisoit cet
effet. La prenant donc pour sa nouvelle maîtresse, il répondit à ce
qu'on venoit de lui dire:--«Le hasard est quelquefois plus sage que
nous, et puisqu'il m'a mené jusqu'ici, je veux bien m'abandonner
aveuglément à sa conduite, et si vous m'en croyez, vous en userez aussi
de même: profitons de cette belle occasion, ma chère comtesse.» En
disant cela, il porta un de ses bras sur le cou de sa maîtresse, la
serra fort amoureusement, et lui prit quelques baisers. La Montespan,
qui vit que le Roi donnoit de lui-même dans le panneau, voulut se donner
le plaisir d'une si agréable aventure; et pour mieux imiter la comtesse,
elle fit quelque temps la difficile. Le grand Alcandre, qui vouloit
absolument se satisfaire, lui dit:--«Madame, vous savez à quel point je
vous aime, une si longue résistance me va porter au désespoir; votre
vertu n'a que trop longtemps combattu, et j'attends aujourd'hui de vous
la fin de toutes mes peines.--Eh! je croyois que vous ne pensiez
plus à à moi, lui dit la fausse comtesse.--Et à qui penserois-je qu'à
vous? lui dit cet amant passionné; vous êtes mon coeur et ma vie; ne
me faites donc plus languir; je meurs si vous n'avez pitié de moi.»

La dame, à qui ce discours s'adressoit, rioit de tout son coeur,
entendant parler ainsi le Roi.--«Contentez-vous, lui dit-elle, d'avoir
un entretien secret avec moi.--Et de quoi me sert cet entretien, lui dit
le grand Alcandre, qu'à me rendre plus malheureux, si je ne puis
satisfaire mon amour? Encore un coup, ma chère comtesse, prenez pitié
d'un amant qui va expirer à vos pieds, si vous ne le soulagez
promptement. Que je sois heureux au moins dans ce moment; après cela,
faites-moi tout ce qu'il vous plaira; sacrifiez-moi, si vous voulez, à
votre ressentiment; je me figure avec vous des plaisirs infinis; ne me
les refusez pas, et s'il faut ensuite les payer de tout mon sang pour
satisfaire ce vain honneur que vous m'opposez toujours, je suis prêt à
le répandre.»

La dame, qui n'étoit pas une roche, et qui n'avoit pas accoutumé d'être
si cruelle au grand Alcandre, l'entendant parler d'une manière si
passionnée, s'imagina aussi elle-même des douceurs nouvelles, avec un
amant si tendre et si éperdu d'amour; et, quoique cela ne s'adressât
point à elle, mais à sa rivale, elle fut bien aise d'en profiter, et de
rappeler ces doux moments qu'elle avoit passés avec le Roi, la première
fois qu'elle en fut aimée. Cependant, pour mieux jouer le rôle de la
comtesse, elle se défendit autant qu'elle put. Quand le Roi vit
qu'elle commençoit de se rendre, il la pria d'ôter son masque; elle lui
répondit qu'elle ne sauroit y consentir, qu'il perdroit lui-même
beaucoup à cela, et que ce voile la rendoit plus hardie. Enfin, après
mille petites façons, qui faisoient enrager le grand Alcandre, elle se
laisse pencher doucement entre ses bras, et voulant toujours contrefaire
une femme qui n'a jamais connu d'autre homme que son mari, elle se
défend encore, mais foiblement; et imitant les derniers abois d'une
chasteté mourante, elle pousse un profond soupir, et tombe à demi-pâmée
dans les bras de son amant. Le grand Alcandre ne se sentant plus
lui-même, et transporté d'une joie extraordinaire de se voir, après tant
d'écueils et tant de naufrages, arrivé heureusement au port, se prépare
d'y entrer avec toute la force et toute l'ardeur de l'amant le plus
passionné; lorsque, par une funeste disgrâce, il se vit arrêté tout
court:

    Près de goûter mille délices,
    Ce triste et malheureux amant
    Vit changer son contentement
    En de très-rigoureux supplices.

Un trop grand excès d'amour, un transport de joie, trop de
précipitation, ou peut-être une trop longue attente, l'ardeur, le désir
de bien faire, la crainte d'échouer, une grande dissipation d'esprits,
et je ne sais quelle constellation maligne qui présidoit sur son amour,
troublèrent tellement le grand Alcandre, qu'il ne se connut plus
lui-même, et, sur le point de se voir le plus heureux de tous les
amants, il tomba dans la plus cruelle disgrâce qui puisse arriver
en amour. Enfin ce malheureux amant se trouva sans armes, lorsqu'il crut
que sa maîtresse n'étoit plus en état de lui résister.

La fausse comtesse, qui s'aperçut bien de son malheur, ne fit pas
semblant de le connoître, et revenant de son feint assoupissement, elle
dit au grand Alcandre:--«Nous nous arrêtons ici trop longtemps; que
pourra-t-on dire de nous?--Vous avez raison, Madame, lui répliqua-t-il,
nous ne faisons rien ici; mais on ne peut rien dire qui vous fasse tort,
quand on sauroit même ce qui s'est passé.»

Comme le grand Alcandre achevoit de parler, on vit venir du monde de
divers endroits, où ils se mêlèrent eux-mêmes, sans qu'on y prît garde;
après cela, chacun alla se reposer le reste de la nuit.

Qui pourroit représenter les inquiétudes où étoit le grand Alcandre,
après le malheur qui venoit de lui arriver? Il éprouva tout ce que le
déplaisir, la honte et le désespoir ont de plus cruel:--«Faut-il,
disoit-il, que ce moment favorable que j'avois tant désiré, soit le plus
fatal et le plus malheureux de ma vie? Que le seul moment où celle qui
m'a tant fait souffrir se vient jeter entre mes bras, me devienne
inutile par ma lâcheté! C'est un affront que je ne puis me pardonner à
moi-même. Toutes mes autres disgrâces n'étoient rien en comparaison de
cette dernière. Être rebuté par une maîtresse, c'est un malheur assez
ordinaire; mais se voir au comble de toutes les faveurs qu'on en peut
jamais espérer, et ne profiter pas d'un temps si précieux, je ne vois
rien qui puisse égaler un tel désastre.» Puis revenant à lui-même,
il disoit: «c'est pourtant quelque douceur, que cette cruelle se soit
enfin attendrie, et il n'a pas tenu à elle que je n'aie été le plus
heureux de tous les amants. Tentons encore la fortune; elle ne me sera
pas toujours contraire; celle que j'ai pu toucher, tout foible que j'ai
paru, ne sera pas peut-être insensible, quand j'aurai repris mes
forces.»

Dans cette pensée, il reposa quelques heures assez tranquillement, et
dès que l'heure de se lever fut venue, et qu'il eut pris tout ce qu'il
jugea lui être meilleur pour lui donner du courage et de la force, il se
rendit dans le bois. L'heure du matin fut employée à la promenade, et le
grand Alcandre, qui cherchoit partout la comtesse, ne l'eut pas plus tôt
aperçue que, se dérobant insensiblement du reste de la compagnie sur
quelque léger prétexte, il l'alla d'abord accoster. Quoique les dames
qui l'accompagnoient ne soupçonnassent pas que le Roi eût le moindre
attachement pour elle, voyant néanmoins qu'il lui adressoit toujours la
parole, et qu'il témoignoit la vouloir entretenir en particulier, elles
s'écartèrent par respect et les laissèrent seuls. Le grand Alcandre,
continuant sa promenade avec elle vers l'endroit du bois qui lui parut
le plus favorable à son dessein, l'entretint d'abord de choses
indifférentes; puis, étant entrés dans une autre allée, où ils ne virent
personne, ils se trouvèrent près d'une grotte, où le grand Alcandre dit
à la comtesse qu'il vouloit lui faire voir quelques raretés qu'elle
n'avoit pas peut-être remarquées; comme il ne songea qu'à profiter
de l'occasion, il ne s'amusa pas à parler à la comtesse de ce qui
s'étoit passé le jour précédent, et moins encore à lui en faire quelques
méchantes excuses; il ne vouloit pas réveiller de si fâcheuses idées, et
il songeoit à se justifier auprès d'elle d'une manière plus forte et
plus convaincante, bien plus par les effets que par les paroles.

Dans cette généreuse résolution, et se sentant une vigueur
extraordinaire, il embrassa sa maîtresse, et, sans lui donner le temps
de lui demander ce qu'il vouloit faire, il alloit se saisir d'un bien
qu'il avoit perdu, à ce qu'il croyoit, la nuit précédente par sa seule
faute, et qu'il prétendoit être dû à son amour. La comtesse, qui ne
savoit rien de tout cela, repoussa la main du Roi avec sa sévérité
ordinaire, et lui demanda fièrement qui l'avoit rendu si hardi. Le Roi,
qui crut qu'elle lui reprochoit sa faiblesse du jour précédent, lui
dit:--«Vous avez raison, Madame, de vouloir savoir de moi qui m'a rendu
si hardi, après la honteuse lâcheté où vous me vîtes tomber la nuit
passée.--Je ne sais de quoi vous me parlez, lui répliqua froidement la
comtesse.» Le Roi, qui crut toujours qu'elle vouloit dissimuler, et qui
se flattoit peut-être qu'elle le vouloit épargner, en faisant semblant
de ne se souvenir plus d'une chose qui le couvroit de honte:--«Je le
veux bien, Madame, lui dit-il, que nous oubliions le passé, pourvu que
vous me permettiez de profiter de ce moment favorable; ne vous opposez
donc plus à mes désirs; je suis prêt à vous donner des marques si fortes
de mon amour, qu'il ne tiendra plus qu'à vous que je ne sois le
plus heureux de tous les amants.--Je vous ai dit si souvent, lui
répliqua la comtesse, que j'ai pour vous toute l'estime et toute
l'affection que l'honneur me peut permettre; vous devez, ce me semble,
être content, et ne m'en demander pas davantage.--Il me semble pourtant,
lui dit cet amant passionné, que, la dernière fois que je vous ai vue en
masque, vous m'avez fait concevoir d'autres espérances; est-ce qu'en
reprenant vos habits ordinaires, vous avez repris cette cruauté qui me
fait mourir?--Je vous ai déjà dit, lui répliqua la comtesse, que je ne
sais de quoi vous me parlez; mais je veux bien vous apprendre que je
suis toujours la même, et que le masque peut bien déguiser mon visage,
mais non pas changer mon coeur; apparemment vous aurez pris quelque
autre pour moi.»

Le grand Alcandre, qui crut qu'elle se repentoit des avances qu'elle lui
avoit faites la nuit précédente, ne voulut pas la presser davantage, de
peur de l'aigrir, sachant que les femmes ne veulent jamais avouer leur
défaite. Il cessa donc de lui parler d'une chose qu'elle vouloit
désavouer, et il songea à faire naître une occasion semblable à celle
qu'il avoit perdue, et surtout à en profiter mieux qu'il n'avoit fait.

Il ne l'eut pas plus tôt quittée, qu'il forma le dessein de continuer la
mascarade dès qu'il feroit nuit, s'imaginant qu'à la faveur du masque et
des ténèbres, il trouveroit sa maîtresse dans les mêmes dispositions
pour lui, où il avoit cru la trouver la nuit précédente.--«Je vois bien,
disoit-il en soi-même, qu'un reste de pudeur ne permet pas à cette
comtesse de m'accorder pendant le jour ce qu'elle ne me refusera pas la
nuit, et ce que j'aurois déjà obtenu d'elle sans mon malheur. Peut-être,
ajouta-t-il, qu'elle craint un second affront, et que je tombe dans une
disgrâce semblable à celle qui m'est arrivée. Mais je prendrai si bien
mes mesures, qu'elle n'aura pas sujet de se plaindre de moi.»

Flatté de cette pensée, il donna les ordres nécessaires pour une seconde
mascarade. La plupart de ceux qui s'étoient masqués le jour précédent,
changèrent d'habit et de masque, soit qu'ils voulussent plaire au Roi
par cette diversité, soit qu'ils eussent quelqu'autre dessein. La
comtesse, qui n'en avoit aucun, et qui ne se déguisa que parce qu'elle
ne pouvoit pas s'en dispenser, n'y fit aucun changement, et parut avec
les mêmes habits. La Montespan, qui la vouloit encore imiter pour les
raisons que j'ai dites, sachant le dessein de la comtesse, par cette
même fille qui étoit à sa dévotion, ne changea rien non plus à son
ajustement; et voulant achever ce qu'elle avoit commencé, elle résolut
de s'écarter quand il feroit nuit, et de se rendre dans le même endroit
où le Roi l'avoit trouvée le jour précédent, lorsqu'il l'avoit prise
pour la comtesse, s'imaginant bien qu'il ne manqueroit pas d'y aller
lui-même, dans l'espérance d'y rencontrer celle qu'il cherchoit, et
parce que c'étoit un lieu tout-à-fait propre à son dessein.

Cependant elle fit avertir le comte, par des gens qui dépendoient
d'elle, de prendre garde à sa femme; qu'ils avoient remarqué la nuit
passée, qu'une dame, vêtue à peu près comme la comtesse, étoit
entrée dans un cabinet du bois assez écarté, avec un homme qu'ils ne
connoissoient point et qu'il pourroit bien être qu'ils continueroient le
même manége; que s'il le trouvoit bon, ils feroient garde en cet endroit
et l'iroient avertir de ce qu'ils auroient vu. Le comte leur répondit
qu'ils fissent comme ils voudroient, mais qu'il étoit assuré de la vertu
de sa femme.

Dès que nos masques se furent mis en campagne, la Montespan, ou la
fausse comtesse, se déroba de la foule, et alla toute seule dans ce
petit cabinet où elle avoit vu le Roi le jour précédent. Ce prince, qui
venoit de voir qu'une dame, habillée à peu près comme la comtesse,
prenoit ce chemin écarté, ne douta point que ce ne fût elle-même. Et
comme il étoit aussi en masque, il n'eut pas de peine à se tirer de la
foule, et à se rendre insensiblement vers le même endroit. Il n'y fut
pas plus tôt, qu'il crut d'y voir sa chère comtesse, assise sur le lit
de gazon qui étoit dans ce petit cabinet, et c'étoit aussi la même
personne qu'il y avoit vue la nuit précédente. Il l'aborda incontinent,
et ôtant son masque, il se donna à connoître.

La dame le reçut comme elle devoit; mais, sachant déjà par expérience
qu'un masque sur le visage déguise beaucoup la voix, elle pria le grand
Alcandre de l'excuser si elle ne levoit pas son masque, lui disant
qu'elle savoit bien le respect qu'elle devoit à Sa Majesté[43], mais
qu'elle ne voudroit pas pour rien au monde être reconnue seule avec
un homme dans cet endroit écarté. Le Roi, qui n'étoit que trop prévenu
de la délicatesse de la comtesse, pour ce qui regarde l'honneur et la
réputation, n'eut pas de peine à croire que la modestie et la honte
étoient la seule raison qui l'empêchoit de quitter son masque.--«Il
n'importe, lui dit cet amant, demeurez comme vous êtes, puisque vous le
trouvez bon, quoique je sois privé par là de la vue d'un objet si
charmant. Je suis choqué seulement de ce terme de respect dont vous
venez de vous servir; laissons là le respect, je vous en prie, et
donnez-moi quelques preuves de votre tendresse.»

En disant cela, il se mit à baiser sa gorge, puisqu'il n'en pouvoit pas
faire autant à son visage. Elle le repoussa quelque temps, plus par ses
gestes que par ses paroles, de peur de se découvrir. Enfin, après une
feinte résistance, elle lui accorda tout ce qu'il voulut; et cet amant
qui crut posséder une nouvelle conquête, goûta des douceurs qu'il
n'avoit point encore senties: ce qui fait voir qu'en amour, c'est
l'imagination qui fait tout. Il ne pouvoit se lasser de caresser sa
chère comtesse, et se croyant victorieux de cette fière beauté, il
voulut se dédommager de tout le temps qu'il avoit perdu.--«Il faut
avouer, disoit ce crédule amant, qu'il n'est rien de si doux qu'un
bonheur qui a coûté tant de soupirs et tant de peines!» Il trouvoit en
sa maîtresse mille nouveaux charmes; et cependant c'étoit cette
même Montespan dont il avoit joui tant de fois, dont il commençoit même
à se dégoûter, et qui lui donnoit pourtant mille nouveaux plaisirs sous
cette nouvelle forme. Cette feinte comtesse profita, comme elle devoit,
de l'ardeur excessive où étoit le Roi, et, quoique cela ne s'adressât
point directement à elle, elle le recevoit à bon compte; et si la
jalousie ne s'y fût mêlée, elle n'auroit jamais été si satisfaite de
l'amour du grand Alcandre. Au fond elle étoit jalouse d'elle-même, car
la comtesse n'étoit là qu'un fantôme; elle n'y étoit qu'en idée, et les
plaisirs qu'elle goûtoit avec le Roi étoient tout-à-fait réels. Aussi
voulant y répondre de son côté, elle l'embrassoit avec beaucoup de
tendresse, et lui faisoit entendre par ses regards, plutôt que par ses
paroles, qu'elle étoit aussi contente que son amant.

Après ces félicitations muettes qu'ils se faisoient l'un à l'autre de
leur commun bonheur, il fallut se séparer; un bruit importun, que ces
deux amants entendirent, troubla cette petite fête. La dame, qui ne
vouloit pas être découverte, sortit promptement de ce cabinet, et,
traversant l'allée qui le joignoit, vint par un autre chemin se joindre
à la compagnie.

Elle ne sortit pas pourtant si secrètement, que le comte de L..., mari
de la comtesse, ne s'en aperçut. Il alloit avec la comtesse sa femme,
vers ce même endroit, d'où on lui avoit dit qu'une femme, qui
ressembloit à la sienne, étoit sortie assez en désordre la nuit
précédente, ayant un homme avec elle. Il vit en effet que celle qui
venoit de sortir de ce cabinet de verdure avoit le port et la taille de
la comtesse, et portoit des habits tout-à-fait semblables. Cette vue le
frappa d'abord, non pas qu'il eût aucun soupçon de sa femme, qui ne
l'avoit point quitté, mais il crut qu'il y avoit quelque chose de
mystérieux dans cette ressemblance; et, tirant dans ce moment sa femme à
l'écart, il lui fit part de ce qu'il venoit de voir, et de l'avis qu'on
lui avoit donné quelques heures auparavant. Ils ne savoient l'un et
l'autre que penser de tout cela; mais cette conformité d'habillement
leur fit soupçonner quelque malice. Alors la comtesse se ressouvenant du
discours que le Roi lui avoit tenu le matin, ne douta point que ce
prince n'eût été dupé, et qu'il n'eût pris pour elle une autre qui lui
avoit été plus favorable, comme elle en pouvoit juger par les discours
que le Roi lui avoit tenus. Ce qu'elle trouvoit de fâcheux pour elle,
c'est qu'elle voyoit que, par une noire malice, on vouloit commettre sa
réputation dans le temps qu'on trompoit le Roi, et qu'on abusoit de sa
ressemblance pour la faire passer pour ce qu'elle n'étoit pas.

Voilà ce que la comtesse pensa de cette aventure; mais il étoit de sa
prudence de n'en rien dire à son mari, ne jugeant pas que cela fût
nécessaire. Elle lui dit seulement qu'il falloit tâcher de découvrir ce
mystère.--«Si nous savions, dit-elle, quel est l'homme qui étoit avec
cette femme, nous pourrions peut-être avoir un plus grand
éclaircissement.--Je ne sais que vous en dire, répartit le comte, mais
si j'ose vous dire ma pensée, je crois que c'est le Roi; j'ai
remarqué tantôt qu'il s'est écarté, et il alloit, ce me semble, vers
l'endroit d'où j'ai vu sortir cette femme, et je ne l'ai pas vu depuis.»

Le comte n'eut pas plus tôt achevé de dire ces paroles, que le Roi,
qu'on ne pouvoit méconnoître, parut, venant de ce même endroit, ce qui
acheva de les confirmer dans la pensée du comte. Si ce dernier fut
surpris quand il vit sortir de ce cabinet une femme qui ressembloit si
fort à la sienne, le grand Alcandre ne le fut pas moins, quand il vit sa
chère comtesse tête à tête avec un homme.--«Je ne me trompe pas,
disoit-il, c'est elle-même, c'est elle qui vient de me quitter, ce sont
les mêmes habits.» Il avoit raison en effet de la prendre pour la
comtesse; mais il se trompa quand il crut que c'étoit celle qui venoit
de lui donner tant de plaisir dans ce petit cabinet; elle étoit bien
loin de là; car la Montespan, de peur d'être découverte, alla
incontinent changer d'habit et de masque. Croyant donc que c'étoit la
même personne, il sentit d'abord quelques mouvements de jalousie. Mais
cette passion fit bientôt place à une autre. Le comte et la comtesse
s'étant donné à connoître au grand Alcandre, ce prince fut tout remis de
voir que c'étoit le mari de la comtesse, qu'il regarda d'abord comme un
rempart à ce qu'il craignoit, et à l'aventure secrète qu'il croyoit
avoir eue avec sa femme. Dans cette pensée, il se mit en humeur de
railler, et il dit agréablement au comte et à la comtesse,
qu'apparemment ils ne s'étoient pas déguisés pour chercher quelque bonne
fortune, puisqu'il les voyoit ensemble.--«Il est vrai, répondit le
comte, que ma femme n'a jamais voulu me quitter; je ne sais si elle
a cru que j'eusse quelque dessein amoureux qu'elle ait voulu empêcher.
Mais si de son côté elle avoit eu quelque intrigue, elle pouvoit bien
cacher son jeu; car je viens de voir passer une femme vêtue et masquée
comme elle, et je suis bien sûr que je m'y serois trompé, si je ne
l'avois eue près de moi.»

On ne sauroit exprimer la surprise et la confusion du grand Alcandre, à
l'ouïe de ces paroles; elles furent comme un coup de foudre, qui
accablèrent tout d'un coup ce pauvre amant, et le masque qu'il avoit sur
le visage lui rendit alors un bon office pour cacher le désordre où il
étoit. Revenant pourtant un peu après de sa première surprise, et ne
pouvant pas croire qu'il eût été trompé si grossièrement, il s'imagina
que le comte se pouvoit tromper lui-même, et que celle qu'il avoit près
de lui n'étoit pas sa femme; il lui tint quelques discours pour s'en
éclaircir, et comme elle ôta tout-à-fait son masque, il ne vit que trop
son malheur et la pièce qu'on lui avoit jouée. Il tâcha pourtant de
dissimuler son déplaisir, ou plutôt mille passions différentes qui
l'agitoient; et ayant dit au comte qu'il se vouloit donner le plaisir de
voir ce masque qui ressembloit si fort à sa femme, et essayer s'il s'y
tromperoit, d'abord l'ordre fut donné de les faire venir tous, et de les
faire passer en revue devant Sa Majesté. Mais la fausse comtesse ne
parut plus sous le même habit, et toute la recherche du Roi fut inutile.
Il n'osa pas en faire du bruit de peur de nuire à la réputation de la
comtesse, et de s'exposer lui-même à la raillerie secrète de sa
cour; il se contenta de dire, qu'il auroit été bien aise de satisfaire
sa curiosité là-dessus, mais que, puisque la personne qui avoit emprunté
la forme de la comtesse, n'osoit pas paroître devant elle, il n'en
falloit pas parler davantage. Après cela, tout le monde se retira pour
aller prendre quelque repos.

Il est facile de juger que le Roi n'en prit guère de toute la nuit. Il
étoit en peine de découvrir ce fantôme qui l'avoit trompé, et qui, sous
la vaine apparence de celle qui le faisoit mourir d'amour, l'avoit fait
jouir d'un bonheur imaginaire. Mais son plus grand chagrin étoit de ne
posséder pas la comtesse, comme il l'avoit cru, et d'être toujours à
recommencer avec elle.--«Quoi, dans le temps que je me croyois le plus
heureux de tous les amants, disoit-il en lui-même, je me trouve plus
malheureux que jamais, et je me laisse duper de la manière du monde la
plus honteuse! Mais duper par une femme, moi qui les ai tant
pratiquées!» Puis se fâchant contre soi-même: «C'est moi, disoit-il,
c'est moi qui ai été ma propre dupe, en donnant si aisément dans un
panneau qui flattoit ma passion pour la comtesse. Si je pouvois au moins
jouir de mon erreur, et être heureux en idée! mais tout conspire[44] ma
perte; et lorsque je me flatte d'avoir eu entre mes bras la plus
charmante beauté du monde, on me détrompe de la manière la plus cruelle.
Fut-il jamais un amant plus malheureux? L'amour m'offre les plus
belles occasions qu'un amant pourroit souhaiter pour jouir de sa
maîtresse; elles échouent toutes, ou par son adresse ou par mon malheur;
et lorsque je crois la tenir entre mes bras, je n'embrasse qu'un
fantôme. Au moins, ajoutoit-il, si je n'avois été trompé qu'une seule
fois, j'aurois quelque consolation! A la bonne heure que je n'eusse
point encore joui de la comtesse, pourvu que ce fût celle que je trouvai
si favorable le jour de la première mascarade, lorsque je fis paroître
tant de faiblesse. Mais pour mon malheur, elle n'a aucune part ni à
l'une ni à l'autre aventure. Ses rigueurs et sa fierté ordinaire ne me
l'ont que trop appris, et si j'ai eu quelques petites libertés auprès
d'elle, ce n'est pas de son consentement; c'est la force, c'est la
supercherie, c'est la forme trompeuse d'un mari qui me les a fait
obtenir.» De sorte que le grand Alcandre fut autant ingénieux à se
tourmenter, qu'il avoit été facile à se tromper lui-même et à flatter sa
passion.

Pour la comtesse, elle jugea bien qu'on la vouloit perdre de réputation,
et elle soupçonna la Montespan du déguisement dont elle se servit pour
tromper le Roi, et pour la faire passer pour une coquette. Elle crut
donc qu'elle ne devoit plus dissimuler à son mari la passion que le
grand Alcandre avoit pour elle et le dessein que la Montespan avoit de
la perdre; mais elle se garda bien de lui dire les mauvais pas où elle
s'étoit trouvée avec le Roi. Car, quoiqu'elle en fût sortie à son
honneur, ces sortes de choses ne sont pas bonnes à dire à un mari, qui
en pourroit tirer des conséquences fâcheuses. Elle se contenta de
le faire ressouvenir de ce qui arriva lorsque le Roi l'avoit trouvée
endormie, et de l'alarme qu'elle avoit eue, qu'il n'eût voulu attenter
quelque chose contre son honneur.--«Je m'en souviens fort bien, dit le
comte, et il me semble que j'entends encore ce grand cri que vous
fîtes.--Et moi je me souviens fort bien, lui dit la comtesse, de toutes
vos railleries que je ne trouvai point de saison; mais je vous les
pardonnai, parce que vous n'y entendiez point de finesse.»

Ensuite, elle pria le comte son mari de lui dire de quelle manière elle
devoit se conduire dans une affaire si délicate:--«Vous le savez mieux
que moi, lui répondit le comte.--Vous avez raison, dit-elle; je sais mon
devoir et je ne l'oublierai jamais; mais je voudrois que vous me dissiez
si je dois quitter la cour sur quelque autre prétexte, ou si je dois
éviter l'entretien du Roi, ou enfin de quelle manière je me dois
conduire.--A moins que vous ne craigniez de succomber à la tentation,
lui dit le comte en riant, je ne vois pas que vous deviez vous éloigner
de la cour.--Moi succomber, dit-elle en l'interrompant? non pas, quand
le Roi me donneroit sa couronne.--Eh bien! Madame, lui dit le comte,
vous n'avez pas de plus fort rempart que votre vertu, et je ne veux pas
d'autre garant de votre fidélité. Quelque passionné que soit le grand
Alcandre, il se retirera de lui-même quand il n'aura rien à espérer.»

Il est certain que ce prince n'étoit pas haï de la comtesse, et c'est ce
qui entretenoit son amour et ses espérances. On peut dire même que
cette dame, toute vertueuse qu'elle étoit, plaignoit ce monarque de
s'être engagé mal à propos dans une passion qu'elle ne pouvoit pas
soulager sans blesser l'honneur qui lui étoit plus cher que la vie.
Enfin cet orgueil, qui est assez naturel à toutes les belles, lui
faisoit trouver quelque douceur à être aimée du plus grand Roi du monde.
C'étoient les seules choses qu'elle avoit à se reprocher, et qui
l'avoient engagée dans de petites démarches dont le grand Alcandre
croyoit tirer un jour de grands avantages. Mais il est certain qu'à cela
près, elle fut toujours ferme dans son devoir, et qu'elle n'eut jamais
la moindre pensée de contenter une passion criminelle, comme étoit celle
du Roi.

Cependant, ce grand monarque se flattoit quelquefois de vaincre cette
invincible; et comme l'amour grossit les objets, il regardoit les
moindres honnêtetés de sa maîtresse comme les erres[45] d'une conquête
assurée. Prévenu de cette pensée, il voulut faire un dernier effort. Il
ne cherchoit que l'occasion d'un tête à tête avec sa maîtresse. Elle se
présenta bientôt, puisqu'au lieu de l'éviter, elle-même la fit naître,
dans le dessein qu'elle avoit de désabuser entièrement le Roi, et de lui
parler plus fortement qu'elle n'avoit fait des sentiments de son
coeur.

Le lendemain de cette mascarade, elle s'alla promener avec peu de
suite dans le bois de Versailles; et le Roi, qui la faisoit observer,
n'eut pas plus tôt su qu'elle y étoit, qu'il fit atteler un carrosse.
Dès qu'il eut joint celui de la comtesse, il lui fit dire qu'il la
vouloit entretenir en particulier; et elle, se faisant ouvrir la
portière, alla au-devant du Roi, qui étoit déjà descendu de son carrosse
pour l'aller joindre.

Après avoir marché quelques pas, ils entrèrent dans le premier cabinet
qu'ils rencontrèrent, et étant tous deux assis, le grand Alcandre dit à
la comtesse: «Je ne vois que trop, Madame, par votre conduite, que vous
aviez raison de me dire que je vous prenois pour une autre, lorsque
j'avois cru que vous aviez pour moi des sentiments favorables; mais si
mon attente a été vaine, voulez-vous qu'elle le soit toujours?--Je ne
sais pas, lui dit-elle, ce que vous prétendez de moi; mais je sais que
je n'ai rien fait espérer à Votre Majesté, dont elle ait lieu de se
plaindre. Vous ne demandiez qu'à m'entretenir, et à me parler de je ne
sais quelle passion que vous vous êtes mise dans la tête; je l'ai
souffert, je vous ai laissé parler, peut-être plus que je ne devois, et
je ne le vois que trop aujourd'hui, puisque vous avez conçu des
espérances que je n'ai jamais eu dessein de vous donner; mais enfin, je
n'éprouve que trop ce que j'avois toujours craint, et ce que je vous
avois dit à vous-même, que vous n'en demeuriez pas là.--Eh! où en
suis-je, Madame, lui dit cet amant désespéré? Quels progrès ai-je fait
dans votre coeur?--Je vous prie, lui dit-elle, ne rappelez point le
passé, et quoique je n'aie point de crimes à me reprocher, ne me
faites point rougir de mes foiblesses.--Vous appelez foiblesses, lui dit
le Roi, une insensibilité qui me tue. Que n'ai-je pas fait pour gagner
ce coeur que vous défendez si bien, et que ne ferois-je pas encore si
j'en pouvois venir à bout?--Sire, lui dit la comtesse, il ne faut pas
vous tourmenter pour une chose qui ne mérite pas le moindre de vos
soins; mais si, telle que je suis, vous pensez encore à moi, je veux
bien vous parler à coeur ouvert, et vous dire, Sire, que tout puissant
que vous êtes, vous ne l'êtes pas assez pour me faire commettre un
crime. J'ajouterai même, que tout aimable que vous me paroissez, par
mille belles qualités dont vous brillez, je n'oublierai jamais ce que je
me dois. Enfin, je vous ferai cette confession que je vous ai déjà
faite, que j'ai pour Votre Majesté tout le respect, toute l'estime, et
si je l'ose dire, toute la tendresse qu'une sujette peut avoir pour son
Roi; mais, avec tout cela, n'attendez rien de moi qui puisse faire honte
à mon sexe.»

Le grand Alcandre, entendant parler ainsi la comtesse, ne savoit plus
que lui répondre: «Mais quoi, Madame, lui dit-il, ne me
distinguerez-vous pas de tout le reste des hommes? N'aurez-vous aucun
égard à la passion d'un prince qui ne sauroit vivre sans vous, et qui
donneroit tout son royaume pour gagner un coeur comme le vôtre?--Je
vous distingue si bien, lui dit la comtesse, que je n'ai jamais
souffert, ni ne souffrirai jamais de personne ce que j'ai souffert de
vous; et je connois si bien le prix de votre affection, et les
témoignages de tant de bontés que vous avez pour moi, que s'il ne
falloit que ma vie, je suis prête à vous la sacrifier, pour vous marquer
ma reconnoissance. Mais, grand Roi, cessez d'attaquer mon honneur, qui
m'est plus cher que la vie, et puisque la gloire est le grand objet de
votre ambition, ne m'enviez pas cette heureuse conformité avec le plus
grand monarque du monde. Laissez-moi cet honneur qui est si cher à
toutes les belles âmes, que vous soutenez vous-même avec tant d'éclat,
et quelquefois au péril de votre vie. Souffrez qu'il tienne toujours la
première place dans mon coeur, et ne m'enviez pas le seul bien qui
peut me conserver votre estime, et un bien qu'on ne retrouve plus quand
on l'a perdu.»

Le Roi, vaincu par de si beaux sentiments, répondit à la comtesse: «Vous
avez des qualités qui me ravissent; c'est trop peu que de l'amour, vous
méritez d'être adorée; et désormais je suis plus épris de votre vertu
que je ne le suis de vos charmes.»

En disant cela, le Roi la prit par la main, la ramena lui-même dans son
carrosse, et, étant rentré dans le sien, il continua sa promenade.

Depuis ce temps-là, il n'a plus parlé d'amour à la comtesse, et lui a
donné, dans toutes les occasions, des marques de son estime.

Quand la Montespan le vit guéri de cette passion, elle lui apprit que
c'étoit elle qui l'avoit trompé jusqu'à deux fois pendant les nuits de
la mascarade; et, comme il ne pensoit plus à la comtesse, il pardonna à
la Montespan cette petite malice, et ne fit que s'en divertir avec elle.

Ce prince a dit depuis à ses plus chers confidents qu'il trouvoit
que la victoire que cette dame avoit remportée sur son amour, étoit
quelque chose de plus difficile que toutes les conquêtes d'Alexandre.

Il faut en effet qu'une femme ait un grand fonds de vertu, pour soutenir
les assauts qui furent livrés à cette pauvre comtesse, et dont elle
sortit toujours à son honneur. Elle eut à combattre la passion du Roi,
le doux penchant qu'elle avoit pour ce grand monarque, et tant
d'occasions périlleuses où les plus chastes succomberoient, et où
l'honneur a si souvent fait naufrage: de sorte que, surmonter tous ces
obstacles, comme a fait notre héroïne, est le plus grand effort de la
vertu d'une femme, et le plus beau triomphe que l'honneur ait remporté
sur l'amour.


NOTES.

  [3] Voy. la Préface.

  [4] Voy. _passim_ et à la table.

  [5] Voy. la Préface, en tête de ce vol.

  [6] Voy. t. II, pp. 74, 400, et à la table.--On connaît la
  fanatique adoration du duc de La Feuillade pour Louis XIV; quant à
  ses complaisances en fait d'amour, le Roi, qui avoit peu de
  sympathie pour lui, ne lui auroit pas fait l'honneur de les lui
  demander ou de les accepter.

  [7] Jusqu'à la folie.

  [8] Nous sommes en 1672, époque des dernières couches de la Reine,
  et jusque-là, en effet, les armes de Louis XIV n'avaient pas
  encore connu les revers qui devaient attrister la fin du
  règne.--Voy. plus loin, p. 31, note 16.

  [9] _D'abord_, immédiatement.

  [10] Rendez-vous.

  [11] Richelet traduit: «_Blanchir_, faire des efforts
  inutiles.»--Furetière dit: «_Blanchir_ se dit des coups de canon
  qui ne font qu'effleurer une muraille, et y laissent une marque
  blanche. En ce sens on dit au figuré de ceux... dont tous les
  efforts sont inutiles que tout ce qu'ils ont fait, tout ce qu'ils
  ont dit n'a fait que blanchir.»

  [12] Des cabinets de verdure.

  [13] Le texte dit: _sujet_.--_Succès_, issue, résultat.

  [14] Voici ce qui se passait au lever du Roi; nous traçons ce
  tableau en nous guidant sur l'_Etat de la France_ auquel nous
  avons emprunté tous les noms du _quartier_, du trimestre de
  janvier:--Le Roi s'éveille. Aussitôt M. de Chamarande, chevalier
  de Saint-Michel, qui, en sa qualité de valet de chambre, était
  couché sur un lit étendu à terre au pied de celui du Roi,
  s'approche de Sa Majesté pour lui présenter sa robe de chambre et
  lui donner de l'eau si elle en demande. Le Roi voulant s'habiller,
  un garçon de la chambre va avertir à la garde-robe pour faire
  apporter les habits dans la toilette.--Le Roy s'assied alors sur
  son fauteuil; le s{r} Roze, premier valet de garde-robe, qui a
  pris les chaussons dans le coffret, en donne un au premier valet
  de chambre qui prend la droite et le laisse à gauche pour habiller
  Sa Majesté. Un simple valet de garde-robe, le s{r} de Lissalde,
  leur présente alors le bas de soie qu'il a pris soin d'attacher au
  caleçon. Alors chacun d'eux aide de son côté à chausser et vêtir
  le Roi, s'il n'aime mieux le faire lui-même, ce qui arrive le plus
  souvent. Ensuite six des pages de la chambre attachés au service
  du gentilhomme de la chambre qui est en fonctions, non plus ce
  trimestre mais cette année, le duc de Saint-Aignan, ont le
  privilége de présenter les mules à Sa Majesté. Cela fait, le Roi
  prend son haut-de-chausses des mains d'un valet de garde-robe qui
  lui apporte premièrement des canons ou des petits bas s'il désire
  en porter: le canon est cet ornement de dentelle qui s'attache
  au-dessous du genou, au bas du haut-de-chausses; les petits bas ou
  bas à étrier sont des bas qui ne couvrent que la jambe, et
  s'arrêtent à la cheville. Le Roi met-il des souliers? le valet les
  lui noue; des bottes? le valet les lui présente ou les lui met;
  mais l'honneur de donner les éperons est réservé à M. Nicolas Le
  Febvre, sieur de Bournonville, écuyer de service.

  Voilà le Roi chaussé. Un valet de garde-robe tient la chemise du
  Roi et la présente d'abord à un prince du sang; en cas d'absence,
  au duc de Bouillon, grand chambellan, au duc de Saint-Aignan, l'un
  des quatre premiers gentilshommes, ou enfin à M. le marquis de
  Guitry de Chaumont, l'un des deux maîtres de la garde-robe. Le Roi
  ôte alors sa chemise de nuit et met celle qu'on lui donne. Les
  huissiers, qui sont entrés dans la chambre royale dès que Sa
  Majesté a eu pris sa robe de chambre, et qui se tiennent à la
  porte pour l'ouvrir ou la fermer, ce que nul autre ne peut faire,
  demandent alors au grand chambellan ou à celui des quatre premiers
  gentilshommes de la chambre qui est de service, quelles sont,
  parmi les personnes de condition présentes, celles qu'il peut
  faire entrer. Après cette première admission de gentilshommes
  favorisés, le maître de la garde-robe met au Roi son pourpoint,
  lui présente ses mouchoirs, ses gants, et enfin son manteau et son
  épée, s'il les veut prendre; s'il veut sortir sans épée
  ni manteau, l'épée est remise à l'écuyer, le manteau au
  porte-manteau; enfin s'il ne veut ni son épée ni son manteau, on
  les laisse à la garde-robe. C'est quand le Roi est habillé que
  l'huissier, le sieur de Rassé, par exemple, laisse entrer toute la
  noblesse à son choix, et selon le discernement qu'il fait des
  personnes plus ou moins qualifiées.

  [15] Voy. le roman de Mme de La Fayette.

  [16] Ce passage détermine la date de cette histoire.--Louis-François,
  duc d'Anjou, né le 14 juin 1672, mourut le 4 novembre suivant.
  Mais si nous connaissons la date de ce petit roman, l'auteur en
  plaçant son récit à Fontainebleau nous permet de douter de sa
  véracité. En effet, pendant presque tout l'été de 1672, Louis XIV
  tint la campagne sur le Rhin; il assista au fameux passage du
  fleuve, dans les premiers jours de juillet; il quitta le camp de
  Boxtel le 26 juillet et rentra à Paris le 2, à Versailles le
  3 août.

  Pendant son voyage, dont la _Gazette de France_ a noté toutes les
  étapes, la Reine accoucha du jeune prince dont il est ici
  question; on écrivait de Saint-Germain-en-Laye le 17 juillet à la
  Gazette: ... «Le 13, la Reyne au sortir de ses dévotions en
  l'église des Récollets, commença de sentir quelques douleurs qui
  l'empeschèrent d'assister au Conseil; et, sur les dix heures du
  soir, ces douleurs l'ayant reprise, Sa Majesté se délivra
  heureusement, environ un quart d'heure après minuit, d'un
  très-beau prince, qui remplit ce lieu d'une joie extraordinaire.»
  Le sieur de Villaserre (_sic_, c'est-à-dire Colbert de Villacerf)
  fut chargé de porter la nouvelle au Roi, «de la part de la Reyne,
  qui n'en pouvoit envoyer une meilleure à Sa Majesté, en échange de
  celles qu'Elle luy mande tous les jours du champ de ses
  victoires.»

  La cour passa à Versailles le reste de l'été au milieu des fêtes.
  On lit dans la _Gazette_: «de Versailles, le 23 septembre:--La
  Cour continue de prendre ici les divertissemens de la saison,
  entre lesquels celui de la comédie a ses jours.--Le 17, la troupe
  du Roy y en représenta une des plus agréables, intitulée les
  _Femmes sçavantes_, et qui fut admirée d'un chacun. Le 20, les
  Italiens y jouèrent l'une de leurs pièces les plus comiques. Le
  21, la seule troupe royale continua ses représentations avec
  beaucoup d'applaudissement. Et l'on peut juger par là s'il y a
  quelque cour en toute l'Europe qui soit divertie de cette manière
  qui ne peut, aussi, convenir qu'à la grandeur de notre monarque,
  qui paroît en toutes choses.»

  L'année suivante, le Roi reprit la campagne sur le Rhin et la cour
  ne séjourna pas à Fontainebleau. Nous devions entrer dans ce long
  détail pour montrer combien le récit de l'auteur peut paraître
  suspect, puisque l'une des principales circonstances en est si
  évidemment fausse.

  [17] La conversation entre la comtesse et son mari, rapportée plus
  haut, permet en effet de le ranger parmi les maris commodes. Sous
  son enjouement percent quelques regrets.

  [18] Terme d'équitation. «Piquer, à l'égard des chevaux, c'est,
  dit Furetière, les manier avec les éperons ou le poinçon (sorte
  d'aiguillon dont on piquait la croupe des chevaux). Il faut bien
  _piquer_ pour aller de Paris à Rome en sept jours.»--On disait, et
  l'on dit encore, en faisant usage de ce mot, _piquer des deux_.

  [19] Le _Journal de la santé du Roi_ pour les années 1672, 1673,
  1674, ne parle que de ses maladies ordinaires d'estomac, de ses
  étourdissements et de ses vapeurs: maladies fréquentes et qui
  demandoient de grands soins.

  [20] Ce n'est pas en 1672, mais en 1676, que Mme de Montespan alla
  aux eaux de Bourbon. Le 8 avril, Mme de Sévigné annonce que la
  favorite va partir; le 1er mai, qu'elle est partie; le 15 mai,
  qu'elle est présentement à Bourbon; le 8 juin, qu'elle est partie
  de Moulins le jeudi pour aller, en suivant le cours de l'Allier et
  de la Loire, jusqu'à l'abbaye de Fontevrault, où sa soeur étoit
  abbesse.--Cet anachronisme, rapproché d'autres erreurs, est de
  nature à diminuer la confiance qu'on pourroit avoir en ce petit
  roman.

  [21] «_Petite oye_, dit Furetière, est ce qu'on retranche d'une oye
  pour la faire rôtir, comme les pieds, les bouts d'ailes, le cou, le
  foye, le gesier... _Petite oye_ se dit figurément des rubans et
  garnitures qui servent d'ornement à un habit, à un chapeau, etc...
  La petite oye consiste aux rubans pour garnir l'habit, le chapeau,
  le noeud d'épée, les bas, les gands, etc.--_Petite oye_ se dit, en
  matière d'amour, des menues faveurs qu'on peut obtenir d'une
  maîtresse dont on ne peut avoir la pleine jouissance, comme
  baisers, attouchements, etc.»--A la p. 111 du très-curieux roman
  intitulé _Araspe et Simandre_ (2 vol. très-petit in-8º, 1672), on
  lit: «tel craint de donner dans une étoffe trop chère, qui,
  ajustant avec beaucoup de rubans une bien moindre, ne laisse pas de
  se trouver agréablement vêtu; c'est ce qu'on appelle la _petite
  oye_; c'est ce que nous donnons quelquefois, et ce que (l'auteur
  est une femme) nous ne devrions jamais donner.»

  [22] Les eaux de Bourbon avoient alors une vogue qu'elles n'ont
  pas conservée depuis, bien que leurs effets n'aient pas changé. Le
  médecin Delorme y attirait une grande clientèle. Mme de Montespan
  y alla, comme nous l'avons vu plus haut, et c'est là que Lauzun,
  sorti de prison mais non encore admis à la Cour, alla lui
  présenter ses hommages et solliciter sa protection.

  [23] On appelle «troc de gentilhomme» celui qui se fait but à but,
  _troc_ pour _troc_, sans donner de l'argent de retour. (Furetière.)

  [24] Le prince de Marcillac dont il s'agit ici est le même que
  nous avons rencontré dans le 1er volume de ce recueil, et qui est
  devenu duc de La Rochefoucauld en 1680, à la mort de son père,
  François VI, qui lui-même avait porté le nom de Marcillac jusqu'en
  1650.

  [25] Est-ce dans le _Quiproquo_? Est-ce dans _Richard Minutolo_?
  On peut hésiter entre les deux.

  [26] Le _Journal de la Santé du Roi_ ne parle pas de cette
  malencontreuse verrue; mais bien qu'en 1672 «Sa Majesté ait joui
  d'une santé digne d'elle», il avoit eu cependant, à plusieurs
  reprises, soit sur la poitrine, soit sur d'autres parties du corps
  de nombreuses tumeurs et duretés squirreuses.

  [27] La _tempe_. Cette forme s'est conservée dans le patois
  normand (voy. le _glossaire_ de Du Bois); le glossaire genevois de
  Gaudy l'a également relevée. Furetière, Richelet n'admettent pas
  la forme _tempe_, aujourd'hui en usage.--Chapelain a dit, en
  parlant d'Agnès Sorel:

      Les glaces lui font voir un front grand et modeste
      Sur qui vers chaque _temple_, à bouillons séparés,
      Tombent les riches flots de ses cheveux dorés.

  Le Richelet de 1719 n'admet encore que _temple_; mais le
  dictionnaire de Trévoux de 1732 dit: «_tempe_, voyez _temple_.»

  [28] «_Happelourde_, faux diamant, ou toute pierre précieuse
  contrefaite, ou qui n'est pas arrivée à la perfection», dit
  Furetière. Le mot est pris ici dans son sens propre; on connoît
  son sens figuré.

  [29] On assure que le roi Louis XIV, voulant sauver les
  apparences, ne passa jamais une nuit sans aller coucher dans la
  chambre de la reine.

  [30] Voyez ci-dessus, p. 25, _note_ 14.

  [31] C'est la pensée de Pascal, sur le nez de Cléopâtre et le
  grain de sable de Cromwell.

  [32] Remora. Furetière conteste déjà l'opinion de Pline et de tous
  les anciens qui, après lui, attribuaient au remora la force
  d'arrêter un vaisseau dans sa course: «mais les modernes tiennent
  que c'est une fable.»

  [33] La 1re édition de ce petit roman, reproduite par M. Paul
  Lacroix, remplace le passage qui suit par un texte tout différent,
  que nous reproduisons ci-dessous:

  «--Je suis bien aise, répliqua le duc, que Votre Majesté soit en
  humeur de railler sur cette aventure, et si vous n'étiez pas mon
  roi, je dirois encore une plaisanterie qui m'est venue dans
  l'esprit sur le malheur qui vient de vous arriver.

  «Le Roi lui permit de dire tout ce qu'il voudroit, ne cherchant
  qu'à dissiper son chagrin.--Je ne puis penser à la fatalité de
  votre aventure, dit alors le duc, qu'il ne me souvienne de ce que
  j'ai ouï dire autrefois d'un certain Martin qui, ayant un âne
  noir, voulut faire une gageure qu'on n'y trouveroit pas un seul
  poil d'une autre couleur. Aussi étoit-il noir depuis les pieds
  jusques à la tête. Cependant il y eut un homme qui se présenta
  pour faire cette gageure. Il offrit de payer le prix de l'âne s'il
  n'y remarquoit aucun poil qui ne fût noir, et le maître de la bête
  s'engagea à la lui livrer s'il trouvoit un seul poil d'une autre
  couleur. La chose étant ainsi arrêtée entr'eux, il se trouva que
  la bête avoit un poil qui étoit grisâtre, mais si menu qu'il ne
  paroissoit que comme un point; ce qui fut cause que son maître la
  perdit, et de là est venu ce proverbe: _pour un point, Martin
  perdit son âne._ Et vous, Sire, pour quelque chose de semblable,
  vous avez perdu la comtesse, qui, sans cela, ne pouvoir pas vous
  échapper.

  «Le Roi ne fit que rire de cette plaisanterie, et dit
  qu'effectivement il ne s'étoit jamais aperçu de cette marque sur
  son corps. Cependant, ajouta-t-il, c'est ce qui m'a fait perdre la
  bête que je tenois sans cela. Voilà la deuxième fois....., etc.»

  [34] Voy. t. I, p. 272, et _passim_, à la table.

  [35] Voy. t. I, préface.

  [36] Nous dirions prendre le mors aux dents.

  [37] A partir de cette réplique du Roi, les deux textes se
  confondent.--Voy. p. 88, _note_ 33.

  [38] Erreur. Voir ci-dessus, page 31, note 16.

  [39] Nous sommes en 1672. Il s'agit évidemment des divertissements
  donnés à Versailles par le Roi à toute sa cour à cette époque. La
  relation qui en a été publiée répartit ces fêtes en six journées.

  [40] Furetière définit un parterre: «la partie d'un jardin
  découverte où on entre en sortant de la maison.»

  [41] Qui s'ajoutoit à plus de...

  [42] Voir sur ces costumes l'intéressant ouvrage de M. Ludovic
  Celler: _Les décors, les costumes et la mise en scène au XVIIe
  siècle_, 1 vol. in-12. Paris, Liepmannsohn et Dufour, 1869.

  [43] Du temps où les loups de velours noir étaient en usage, ils
  devaient tomber devant le Roi ou la Reine; à plus forte raison les
  masques.

  [44] Conspirer étoit alors employé comme verbe actif ou comme
  verbe neutre; on disoit également bien: _conspirer la mort de
  quelqu'un, conspirer à la fortune de quelqu'un et conspirer
  contre quelqu'un_. (Furetière.)

  [45] C'est-à-dire comme les arrhes, comme les gages d'une conquête
  assurée. Furetière donne _erres_ comme une forme corrompue de
  _arres_, mais il n'admet pas le mot _arres_. Richelet (1685) fait
  une différence entre _arres_ qui s'emploie au figuré, et _erres_
  qui s'emploie dans le sens propre.


[Cul-de-lampe]



  AMOURS
  DE LOUIS LE GRAND
  ET
  DE MADEMOISELLE DU TRON.



[Bandeau]

AMOURS

DE LOUIS LE GRAND

ET

DE MADEMOISELLE DU TRON[46].


_PRÉFACE DES ENTRETIENS._

  VÉNUS, _reine des amours_; CUPIDON _son fils, ayant jeté ses
  flèches et son flambeau par terre_.

VÉNUS.--Que fais-tu donc, mon fils, dans ce lieu solitaire, et quelle
est donc la cause de ton chagrin? La terre, l'air et l'onde se plaignent
de toi tous les jours: les élémens ne font que murmurer depuis que tu
n'animes plus le coeur des amans. La voix des oiseaux, le chant des
Syrènes, tout languit ici bas, et les eaux du beau séjour où tu es
coulent plus doucement, et disent, par leur muet langage, que toutes
choses périssent si tu ne les soutiens.

L'AMOUR, _en fureur_, _voulant rompre son arc et son flambeau_.--Ah!
Madame, je me désespère, et je ne veux plus servir le monde: je perds
courage depuis qu'un grand Héros, autrefois favori des Dieux, n'est plus
sensible à mes traits. C'est en vain que je frappe; son coeur
s'endurcit de plus en plus; et LOUIS LE GRAND[47], ce redoutable
vainqueur, qui triomphe si facilement de toutes les beautés du tendre
empire, semble avoir formé le dessein de ne plus aimer; j'en suis si
chagrin, que j'ai résolu de briser mes armes et d'éteindre mon flambeau
pour jamais.

VÉNUS.--Hélas! mon enfant, que veux-tu faire? que deviendra l'Univers?
C'est toi qui par tes soins empressés fournis de matière à tout ce qui
l'anime, et sans ton secours la nature seroit aux abois.

L'AMOUR.--Je me soucie peu d'elle, après l'affront que j'ai reçu ce
matin du Dieu des combats: Mars m'a reproché, d'un air peu agréable, que
ce monarque n'étoit plus occupé que des lauriers qu'il lui donnoit, et
que mon règne étoit achevé.

VÉNUS.--Mars n'a pas lieu présentement de parler si haut; mais en
vérité, mon fils, j'ai honte de tes foiblesses. Si le Roi n'aime plus, à
qui en est la faute? toi qui fais toutes choses, n'as-tu pu faire durer
sa passion pour toujours?

L'AMOUR.--Mes grandes occupations, Madame, en sont peut-être la cause:
Il est vrai que j'ai négligé la revue de son coeur, pour courir à des
conquêtes plus nouvelles, où l'on m'appelle incessamment.

VÉNUS.--Allez, mon enfant; Mars se raille de vous mal à propos. Le Roi
est plus sensible qu'il n'a jamais été. Mercure nous dit l'autre jour au
palais de Jupiter, que le prince est fortement occupé d'une passion
naissante qui le charme tendrement.

L'AMOUR.--Il est donc piqué? Ma foi, je ne croyois pas que mes traits
lui fussent encore si redoutables.

VÉNUS.--Quoi! l'amour ignore ce que l'amour fait? ah! l'étrange
surprise! je vois bien que toutes choses dégénèrent: c'est le vrai moyen
de faire périr la nature et l'univers, et de les ensevelir dans un
éternel silence.

L'AMOUR.--Ne craignez rien, aimable reine de Cythère, il ne tiendra qu'à
moi de le faire renaître; j'y vais travailler de ce pas avec des soins
assidus et dignes de vous. Calmez vos chagrins, et n'en doutez
aucunement; ma gloire y est intéressée.

VÉNUS, _baisant son fils_.--Adieu, mon cher fils; reprens promptement
tes flèches et ton flambeau, ne vois-tu pas que tout se ressent de ton
inquiétude, et que tu es l'âme et le soutien de toutes choses? vole donc
vite dans les airs: on t'attend au palais de LOUIS, pour un dessein
nouveau.


  AMOURS DE LOUIS LE GRAND
  ET
  DE MADEMOISELLE DU TRON.


_ENTRETIEN I._

  LE ROI[48], _Mademoiselle_ DU TRON[49], _la marquise de_
  MAINTENON[50], _Monsieur_ BONTEMS[51], _gouverneur de Versailles_,
  _étant tous dans le parc de Meudon_.

LE ROI, _la tête nue à Mlle du Tron_.--Hé bien, Mademoiselle, que
dites-vous de la nouvelle acquisition[52] que j'ai faite pour
monsieur le Dauphin?

Mlle DU TRON, _d'un ton précieux_.--Je dis, Sire, qu'elle est
incomparable et digne du choix de Votre Majesté.

LE ROI.--Voilà qui est fort obligeant, Mademoiselle; mais encore, n'en
dites-vous rien de plus? n'ai-je pas bien fait de changer Choisy pour
Meudon avec la marquise de Louvois[53], moyennant le prix que j'en ai
donné de retour?

Mlle DU TRON, _en riant_.--Admirablement, Sire; Choisy n'est point à
comparer aux beautés de Meudon, et je trouve que Votre Majesté a gagné à
cet échange, quoiqu'elle l'ait bien payé.

LE ROI, _la regardant d'un air gracieux_.--Vous plairez-vous,
Mademoiselle, dans cet agréable séjour?

Mlle DU TRON, _d'une manière tout engageante_.--Il n'y a pas lieu,
Sire, d'en douter; s'il m'appartenoit, j'aimerois passionnément un lieu
si rempli de charmes, où tout ne respire que le plaisir.

LE ROI.--Vous pouvez, ma belle, compter qu'il sera à vous, si je suis
assez heureux pour vous plaire.

Mlle DU TRON, _avec fierté_. Qui, moi, Sire? je n'ai pas assez de
mérite et de vanité pour aspirer à la conquête du plus grand Roi de
l'Univers.

LE ROI, _en lui baisant la main_.--Que ces douceurs sont charmantes,
Mademoiselle, et en même temps dangereuses pour le coeur d'un mortel!
vous joignez aux charmes que le ciel vous a donnés, un esprit tout
divin.

Mlle DU TRON.--Sire, Votre Majesté me raille agréablement; mais je
n'ose, par respect, lui dire que la sincérité est plus agréable et
embarrasse moins une fille comme moi, qui vient de province, que
ces délicatesses obligeantes et ces agrémens que suggère la politesse de
la cour.

LE ROI.--Je vous trouve, Mademoiselle, plus de grâces et plus de charmes
que n'en ont toutes celles de ma cour, que l'artifice seul soutient;
cette aimable innocence qui règne chez vous, fait ressentir un des plus
grands plaisirs de la vie.

Mlle DU TRON, _en rougissant_.--Ah! Sire, vous désarmez de tous
côtés, et je ne trouve plus d'armes pour me défendre; vous combattez si
bien tout ce que je dis à Votre Majesté, qu'il faut céder et se rendre.

LE ROI, _à M. Bontemps_.--En vérité, Monsieur, vous avez une aimable
nièce; elle a l'esprit aussi joli que le corps, et j'éprouve que tout ce
qu'elle dit va droit au coeur.

M. BONTEMPS.--Sire, ma nièce vous est infiniment redevable, et Votre
Majesté a de grandes bontés pour elle; qu'en dites-vous, Madame?

Mme DE MAINTENON, _d'une manière inquiète_.--Je ne m'étonne point,
Monsieur, de voir l'encens du Roi donné à mademoiselle du Tron; ce grand
monarque aime toutes les jolies femmes, et se fait un plaisir de le leur
faire connoître.

LE ROI, _l'interrompant_.--Il est vrai, Madame, que de tout ce qui est
au monde, c'est ce que je trouve de plus beau et de plus engageant; si
c'est un crime que d'aimer, tous les hommes en sont coupables, et seront
malheureux pour avoir suivi un chemin si doux.

M. BONTEMPS.--Sire, je crois, sans déguiser ma pensée, que c'est le
moindre de tous les crimes que celui de l'amour. Hé! qui peut justement
condamner un penchant que la nature donne à tout ce qui respire?

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, vous appuyez les inclinations du Roi
avec un peu trop de complaisance. Savez-vous que la flatterie est un
péché mortel, et qu'il ne faut jamais dire plus qu'on ne pense.

M. BONTEMPS.--Madame, je ne tais point mes sentiments, et j'ai toujours
cru que les péchés d'amour étoient bien pardonnables.

Mme DE MAINTENON.--Ce n'est pas ce que nos Révérends Pères Jésuites
disent; car ils comptent au rang des plus grands crimes la galanterie et
les amusements de Cour. Oui, ces Saints Pères disent que Dieu y est
offensé mortellement et que l'on se ferme par cette voie peu conforme à
la morale de Notre Seigneur, la porte du paradis.

M. BONTEMPS, _en riant_.--Quoi, Madame, croyez-vous entièrement toutes
les idées du péché que ces religieux nous donnent? Ah! croyez-moi, ces
bonnes âmes en font un nombre que l'on ne peut condamner avec justice,
et qu'en particulier ils approuvent eux-mêmes.

LE ROI, _en frappant sur l'épaule à M. Bontemps_.--Ma foi, Monsieur,
vous êtes admirable en conclusions, et vous avez raison; ces bons Pères
ne suivent pas toujours la morale qu'ils nous présentent[54].

M. BONTEMPS.--Sire, souvenez-vous que la chair est foible et sujette à
rebellion; la volonté peut être, mais.....

LE ROI.--Ce n'est pas ce que madame de Maintenon dit; la bonne
chrétienne veut que les sens obéissent à la volonté et à la raison, qui
sont les tyrans de l'homme; cette dernière ne conclut rien, quoiqu'elle
s'oppose à tout d'une manière sévère.

Mme DE MAINTENON.--Ah! mon illustre Prince, décidez-vous de la sorte
des facultés des créatures, qui rendront compte des biens qu'elles ont
reçus du Créateur, qui ne les a créées que pour sa gloire?

LE ROI, _riant, à M. Bontemps_.--Ne trouvez-vous pas, Monsieur, que
madame de Maintenon est extrêmement savante? Elle se perd avec un saint
plaisir dans la contemplation des mystères divins, qui la ravissent en
admiration.

Mme DE MAINTENON, _en soupirant_.--Hélas! mon cher Monarque, je
souhaiterois n'avoir plus aucuns sentimens pour la terre qui
m'éloignassent du ciel; mais la foiblesse humaine est si grande, que
l'on ne triomphe pas toujours de soi et de la pente naturelle qui vous
mène vers le vice.

LE ROI, _s'éclatant de rire_.--Oh, la belle âme! Oh, la divine personne,
qui est élevée jusques aux cieux par de saints et pieux transports, qui
la distinguent des autres femmes!

Mme DE MAINTENON, _quittant le Roi_.--Je vois bien qu'il faut céder à
Votre Majesté: mais, mon Prince, ne raillez pas davantage les
personnes qui font tous leurs efforts pour parvenir à l'Eternité.

LE ROI.--Très-volontiers, Madame; adieu, je vous la souhaite.


_ENTRETIEN II._

  _Monseigneur le_ DAUPHIN[55], _et la princesse_ DE CONTI[56].

MONSEIGNEUR.--Ne trouvez-vous pas, Madame, ce lieu tout charmant? Pour
moi j'y vois des beautés mille fois plus grandes qu'à Choisy,
particulièrement pour la chasse, qui est ce que j'aime le plus.

LA PRINCESSE DE CONTI.--Je ne sais, Monseigneur, quel plaisir vous
prenez dans un exercice si pénible et si peu profitable: la défaite de
vos ennemis vous seroit mille fois plus glorieuse que celle des bêtes, à
laquelle vous ne remporterez pas grands lauriers.

MONSEIGNEUR.--Je l'avoue, Madame, j'irois les combattre si l'on étoit
sûr des victoires; mais depuis que j'ai été sur le Rhin[57] à me
morfondre, où je n'ai eu nul avantage, la guerre ne me plait plus;
et je trouve beaucoup plus de charmes à courir des loups[58] que
j'arrête quand je veux. Dernièrement, dans la forêt de Saint-Germain mes
gens prirent deux louves qui peuploient ces bois de petits loups, et,
sans le malheur qui m'arriva, j'aurois pris le mâle: le maraut se sauva
dans une île où l'on ne put le trouver.

LA PRINCESSE DE CONTI.--Voilà qui est fâcheux, mon Prince; mais parlons
un peu du grand chemin que le Roi fait faire depuis Versailles jusqu'à
Meudon; qu'en dites-vous? La pieuse Maintenon n'en paroît pas trop
contente.

MONSEIGNEUR.--Parbleu, Madame, la vieille bigotte a bien d'autres choses
en tête que le chemin de Meudon! Depuis que le Roi a fait jouer les
comédiens à Trianon[59] pour la nièce du gouverneur de Versailles,
elle est devenue jalouse comme un diable.

LA PRINCESSE DE CONTI.--Ah! la vieille proscrite! l'amour
l'inquiète-t-il encore? mais je crois que le Roi ne sera jamais aimé de
mademoiselle du Tron, quoiqu'il fasse tout son possible pour parvenir à
cette conquête: la belle est prévenue d'un amant.

MONSEIGNEUR.--Qui est donc le galant de cette aimable fille?

LA PRINCESSE DE CONTI.--Monseigneur, c'est le duc de ***[60] qui en est
passionnément amoureux; et qu'elle aime plus que sa vie. Voilà une copie
d'une lettre en vers, qu'on prétend qu'elle lui a écrite, qui est la
plus tendre et la plus spirituelle du monde.

MONSEIGNEUR.--Voyons les beaux sentiments de mademoiselle du Tron.

LA PRINCESSE DE CONTI.--Ils sont délicats et fort tendres.

MONSEIGNEUR.--C'est ce que je demande.

(_La princesse de Conti lit:_)

    _Lettre en vers de mademoiselle du Tron au duc de *** à
    l'armée_[61].

    Ma vertu, cher amant, ne me pouvoit permettre
    Le funeste plaisir de t'écrire une lettre;
    Et malgré mon amour, mon devoir inhumain,
    M'a cent fois arraché la plume de la main.
    Mais quoi? le mal me presse, et si je l'ose dire,
    Il faut absolument ou mourir ou t'écrire.
    Dans cette extrémité, mon courage se rend;
    Et si je fais un mal, j'en évite un plus grand:
    Car enfin je veux vivre, et l'amour m'y convie
    Puisque tu reviendras me faire aimer la vie,
    Et que je ne sçaurois abandonner le jour,
    Sans quitter mon amant et perdre mon amour.
    Dis-moi donc, notre Roi veut-il, sans résistance,
    Sur tous ses ennemis exercer sa vengeance?
    Trouve-t-il tant d'attraits dans ces travaux guerriers?
    N'est-il pas encor las de cueillir des lauriers?
    Son bras victorieux, pendant une campagne,
    Fait plus qu'en soixante ans n'a pu faire l'Espagne.
    N'est-ce donc pas assez? veut-il que malgré moi,
    J'ose me repentir d'avoir un si grand Roi;
    Et que mon coeur, outré de dépit et de rage,
    Autant que les Anglois déteste son courage?
    Je regrette souvent le règne des Césars,
    Qui se plaisoient bien moins de vivre au Champ de Mars.
    Et, dans le grand désir de revoir ce que j'aime,
    Je fais presque des voeux contre la France même.
    Mais toi, mon cher amant, ne me déguise rien;
    La guerre te plaît-elle, et t'y trouves-tu bien?
    Défaire un escadron, forcer une muraille,
    Prendre une ville, un fort, gagner une bataille,
    Cela te charme-t-il? et ce funeste honneur
    Te plait-il aux dépens de tout notre bonheur?
    Aimes-tu les lauriers qui me coûtent des larmes?
    Ce qui fait tous mes maux a-t-il pour toi des charmes?
    Et quand tu fais trembler un peuple malheureux,
    Ne te souvient-il pas que je tremble plus qu'eux?
    Que malgré tous les maux que leur fait ton courage,
    Je suis plus misérable et perds bien davantage?
    Arrête donc, cruel, il ne t'est pas permis
    De me faire du mal plus qu'à tes ennemis.
    Hélas! je le sçay bien, tu n'as plus de tendresse,
    Tu ne me connois plus, la gloire est ta maîtresse:
    Elle occupe aujourd'hui ma place dans ton coeur
    Et je mérite moins qu'un fantôme d'honneur:
    Les blessures d'amour te semblent méprisables,
    Et celles du Dieu Mars te sont plus agréables.
    Autrefois tu jurois qu'il te seroit bien doux
    De pouvoir quelque jour mourir à mes genoux.
    Mais la guerre en trois mois t'a fait changer de stile;
    Tu ne veux plus mourir qu'aux pieds de quelque ville,
    Et le feu de l'amour qui t'a brûlé longtems,
    Cède à ce noble feu qui fait les conquérans.
    Tu te ris de mes yeux et de leur doux langage,
    Et crois qu'être amoureux ce n'est pas être sage.
    Ingrat! seroit-il vrai, ne m'abusé-je point?
    Serois-tu devenu tigre jusqu'à ce point?
    M'aurois-tu violé cette foi tant jurée?
    Ce feu, que je croyois d'éternelle durée,
    Seroit-il en trois mois étouffé dans ton sein?
    N'as-tu pu sans le perdre aller jusques au Rhin?
    Je pourrois bien courir sur la terre et sur l'onde,
    Et porter mon amour de l'un à l'autre monde,
    Sans qu'il se puisse éteindre ou bien qu'il s'altérât?
    Mais ai-je le malheur d'adorer un ingrat?
    Sans doute que tu crois que c'est une bassesse,
    Que d'être au Champ de Mars, songer à sa maîtresse,
    Et que d'y conserver de l'amour dans le coeur,
    Ce n'est pas le moyen d'acquérir de l'honneur:
    Ah! que tu connois mal le chemin de la gloire!
    Quoi? tous les conquérans dont nous parle l'histoire,
    Et dont on vante tant le courage et le bras,
    Ont-ils cessé d'aimer au milieu des combats?
    Regarde un Alexandre, un César, un Pompée:
    Ces grands hommes jamais ont-ils tiré l'épée,
    Sans songer qu'il falloit par mille beaux exploits
    Mériter la beauté qui leur donnoit des loix?
    Apprens donc que l'amour renverse des murailles,
    Ravage des Etats, remporte des batailles.
    Si dans le Champ de Mars tu veux être vainqueur,
    Tu te dois efforcer de mériter mon coeur.
    C'est l'unique moyen de gagner la victoire,
    Que de m'avoir toujours présente en ta mémoire.
    Mais pourquoi te donner ces conseils superflus?
    Mon triste coeur me dit que tu ne m'aimes plus,
    Qu'en vain de quelque espoir se flatte une insensée,
    Que Casal et Namur occupent ta pensée,
    Que, fatiguant sans cesse, et la nuit et le jour,
    Tu n'as guère de temps pour penser à l'amour;
    Et que, blessé peut-être, et mourant de foiblesse,
    Tu n'es point en état d'aimer une maîtresse;
    Que le sang et le meurtre ont changé ton esprit,
    Que ton coeur est de fer, que rien ne l'attendrit.
    Ah Ciel! qu'à m'affliger je suis ingénieuse,
    A m'entendre, on diroit que je crains d'être heureuse.
    Non, toutes ces raisons pour lui ne valent rien;
    Je ne crains point cela d'un coeur comme le tien;
    Et j'ai de ta constance une trop belle idée,
    Pour croire que déjà tu m'ayes oubliée.
    D'un feu trop violent j'eus soin de t'enflammer,
    Pour croire que déjà tu cesses de m'aimer.
    Il est certain moment où, seul devant la tente,
    Tu fais quelques soupirs pour ta fidèle amante;
    Et, malgré les appas que la guere a pour toi,
    Tu souhaites la paix peut-être autant que moi;
    Tu voudrois quelquefois aller comme un tonnerre
    Ravager la Hollande et terminer la guerre;
    Et le mortel regret d'avoir quitté mes yeux
    Contre les Hollandois te rend plus furieux.
    Rapporte donc à moi ta plus louable envie;
    Conserve bien tes jours pour conserver ma vie,
    Et, quoique ta valeur te porte à tout oser,
    Ne t'expose jamais de peur de m'exposer.

MONSEIGNEUR.--Il faut avouer, Madame, que voilà quelque chose de bien
écrit et de bien tendre. C'est en vain que le Roi tente d'attendrir un
coeur si pénétré de passion; elle n'aimera jamais Sa Majesté, quelque
protestation qu'elle lui en fasse.

LA PRINCESSE DE CONTI.--J'en doute fort; mais que deviendra notre
vieille dévote, si le Roi continue d'aimer cette belle fille?

MONSEIGNEUR.--Ma foi, Madame, je n'en sais rien; ses affaires sont en
mauvais état; n'en parlons pas, la voici avec son Maure qu'elle aime
beaucoup.


_ENTRETIEN III._

  _La marquise_ DE MAINTENON _et son Maure_.

LA M{ise} DE MAINTENON.--Page, va voir où est le Roi. Je suis en peine
de ce que Sa Majesté fait.

LE MAURE.--J'y cours sans différer d'un moment.

Mme DE MAINTENON, _après le retour du Maure_.--Hé bien que fait le
Prince? à quoi s'occupe-t-il?

LE MAURE.--Madame, il est dans un salon, avec le gouverneur de
Versailles et sa nièce.

Mme DE MAINTENON.--Hélas, mon enfant, ce n'est pas pour les beaux
yeux de M. Bontemps que ce grand Monarque a tant de complaisance; il a
une autre idée qui lui fait trouver ces moments agréables. Sexe
inconstant et volage, qui n'aime que les nouveautés; vieux pécheur[62],
est-ce encore à toi de sentir les appétits de la chair, qui es tout
ruiné et rendu incapable de satisfaire une jeune coquette comme est la
du Tron?

LE MAURE.--Madame, je ne saurois qu'y faire; mais le Roi est de fort
belle humeur.

Mme DE MAINTENON.--C'est ce qui me chagrine.--Maure, va dire à Sa
Majesté que je viens de recevoir une lettre de l'armée du maréchal
de Boufflers[63] qui se trouve fort embarrassé dans Namur à repousser
les ennemis.

LE MAURE.--Madame, je n'ose.

Mme DE MAINTENON.--Tu n'es qu'un animal; j'y vais moi-même.

LE MAURE _seul_.--Allez-y si vous voulez, vieille médaille; le Roi se
moquera de vous et aura raison.


_ENTRETIEN IV._

  LE ROI, _Madame_ DE MAINTENON, _et_ M. BONTEMPS.

Mme DE MAINTENON.--Sire, voici des nouvelles, mais non pas des
meilleures. Que dites-vous du mauvais état de nos affaires? Un exprès
est venu ce matin, qui m'a dit que Casal et Namur[64] sont assiégés par
les ennemis, et que nos généraux commencent à perdre courage.

LE ROI.--Parbleu, Madame, je n'y puis que faire; je suis si las de la
guerre que je voudrois n'y avoir jamais songé. Les inquiétudes d'amour
sont mille fois plus douces que celles de Mars, qui ne fait que des
impressions de sang et de carnage, qui ne donne point de repos; et, pour
être partout où l'on donne une bataille, cela n'est point de mon goût.

Mme DE MAINTENON.--C'est donc pour cela, Sire, que vous avez toujours
des retours de cette passion qui rejaillissent incessamment, quelques
prières que je fasse à saint Benoît[65] pour la continence de Votre
Majesté? O sang rebelle et désobéissant au Souverain: quand
triompherons-nous de vous?

M. BONTEMPS.--Madame, ces petits emportements sont pardonnables à notre
grand Monarque; c'est dans les bras de Vénus qu'il se délasse des
travaux de la guerre et des soins de son royaume, qui fatiguent Sa
Majesté nuit et jour.

Mme DE MAINTENON, _peu contente et montrant un chapelet_.--Monsieur,
ne flattons pas les Princes dans leurs défauts, par politique et par
intérêt. Voilà où mon Prince doit appliquer tous ses soins, à dire
souvent son chapelet et bien prier Dieu.

LE ROI, _d'un ton méprisant_.--Madame, cessez de me rompre la tête de
vos dévotions outrées. Allez seulement porter une chandelle de Saint-Cyr
à votre bon saint Hilaire, afin qu'il vous rende plus discrète.

(_Madame de Maintenon s'en va._)


_ENTRETIEN V._

  LE ROI _et Mademoiselle_ DU TRON, _seule au bord d'un bassin_.

LE ROI.--Que faites-vous ici, belle rêveuse? j'étois en peine de vous.

Mlle DU TRON.--Sire, j'admirois l'eau comme le principe de
toutes choses, suivant la pensée d'un philosophe[66].

LE ROI.--Quoi, Mademoiselle, vous suivez déjà les idées de ces grands
hommes à l'âge où vous êtes? Ah! défaites-vous de ces pensées obscures
et douteuses, qui ne font que fatiguer les personnes qui s'y
abandonnent.

Mlle DU TRON, _d'une manière précieuse_.--Sire, Votre Majesté saura
aussi que je ne m'embarrasse pas beaucoup des sentiments erronés des
philosophes; je n'en parle seulement qu'en passant, et pour me divertir.

LE ROI.--Vous faites très-bien, ma chère demoiselle, de ne vous pas
occuper l'esprit de ces fadaises qui n'ont rien de solide; l'Amour, ce
petit Dieu des coeurs, est quelque chose de bien plus doux.

Mlle DU TRON, _poussant un grand soupir_.--Ah! Sire, ce nom me fait
trembler. Dieux, qu'il est redoutable, cet amour que Votre Majesté
trouve si charmant!

LE ROI.--Hé! que vous a fait, Mademoiselle, ce pauvre enfant pour le
traiter de la sorte? Ce n'est pas l'amour qui fait peur aux belles comme
vous; car je sais que vous aimez, et peut-être de plus d'une manière.

Mlle DU TRON.--Votre Majesté, mon Prince, m'apprend qu'il y a
plusieurs amours; mais j'ai toujours cru qu'il n'y en avoit qu'un qui
soutenoit l'Univers.

LE ROI, _se passionnant_.--Il est vrai, ma charmante, c'est
justement celui-là que je souhaite qui vous puisse blesser. Aimez-moi
donc, si vous ne l'avez pas encore fait.

Mlle DU TRON.--Ah! Sire, je crains...

LE ROI.--Hé! que craignez-vous, Mademoiselle? ne suis-je pas Roi?

Mlle DU TRON.--Il est vrai, Sire; mais...

LE ROI.--Mais vous doutez, peut-être, si je vous aimerai; ah! quelle
injustice vous me faites, mon adorable! vous n'avez que trop de mérite
et de charmes pour rendre mon amour éternel.

Mlle DU TRON.--Ah! mon Prince, Votre Majesté ne doit pas être
surprise de cette foiblesse; l'on craint toujours ce que l'on ne veut
pas voir, et l'amour est toujours occupé de plusieurs passions.

LE ROI.--Enfin, ma belle, venons au fait: m'aimerez-vous, ou non? Si
vous le faites, vous sauverez la vie d'un prince qui va mourir à vos
pieds, et qui, sans ce charmant aveu, seroit le plus malheureux de tous
les hommes.

Mlle DU TRON, _en rougissant_.--Sire, qu'une déclaration tendre d'un
si grand prince embarrasse une personne comme moi! je veux tout, je
crains tout; mais hélas! je ne trouve point de force pour rien résoudre,
et je flotte toujours entre l'incertitude que mon coeur m'a fait
naître.....

LE ROI.--Bannissez cette incertitude, Mademoiselle, et me rendez
heureux.


_ENTRETIEN VI._

  LE ROI, _Mademoiselle_ DU TRON, _et Madame_ DE MAINTENON, _qui
  surprend le Roi aux pieds de cette belle, dans un cabinet[67]
  d'orangers_.

Mme DE MAINTENON.--Ah! ciel, que vois-je? le Roi qui ne s'est point
souillé depuis cinq ou six ans des plaisirs de la chair, et le voici aux
pieds d'une fille! Ah! Sire, je veux qu'un ange m'emporte, si vous ne
perdez la santé qui vous reste, par vos mouvements passionnés.

LE ROI, _faisant un signe de croix_.--Madame, je remarque que vous
extravaguez. Allez vous mettre au lit; vous êtes plus malade que vous ne
pensez. Mon bel ange aura soin de me guérir. Les blessures d'amour ne
sont pas dangereuses.

Mlle DU TRON.--Quelquefois, Sire, ce Dieu a renversé des murailles et
gagné de grandes victoires; et tout cela en faisant souffrir bien des
peines à ceux qui les défendoient[68].

Mme DE MAINTENON, _présentant un petit crucifix au Roi_.--Voilà,
Sire, la véritable pierre de touche; voilà quel doit être à présent
l'objet de votre adoration; c'est là où Votre Majesté doit attacher
toutes ses affections et toutes ses pensées, sans s'amuser à ternir sa
gloire aux pieds des créatures mortelles.

LE ROI, _en colère_.--Allez, Madame, aux petites maisons; l'on y en met
de moins folles que vous. Est-il saison de m'apporter un crucifix dans
le temps que je suis aux pieds d'un ange? Attendez du moins que j'aie
commerce avec quelque lutin, afin de l'exorciser par votre dévotion.

Mme DE MAINTENON.--Hélas! Sire, la conversation d'une fille est à
présent plus dangereuse pour Votre Majesté, que celle du plus méchant
lutin du monde[69]. M. Fagon[70], votre premier médecin, m'a
témoigné mille fois que l'exercice d'amour ne vous vaut rien, parce
qu'il ébranle et dissipe les forces naturelles de l'homme; cependant
Votre Majesté ne peut étouffer les désirs charnels qui renaissent
toujours. Brisez les chaînes du péché, et vous attachez entièrement à
votre salut.

LE ROI, _se radoucissant_.--Je le ferai, Madame; ce sont mes affaires,
qui ne vous regardent pas. Allez seulement vous reposer, cela fera du
bien à votre esprit, qui est en mauvais état.

(_Madame de Maintenon s'en va._)

LE ROI.--Parbleu, Mademoiselle, cette dame-là radote, de venir ainsi
troubler nos plaisirs. Que ne demeure-t-elle à Saint-Cyr[71], pour
donner le nécessaire à ses filles?

Mlle DU TRON.--Sire, il paroît bien à l'emportement de madame de
Maintenon qu'elle aime Votre Majesté, puisqu'elle prend tant de part
dans ses intérêts.

LE ROI.--Je ne puis pas bien démêler le motif qui la fait agir de
la sorte; mais je vous dirai, Mademoiselle, qu'un simple gentilhomme est
plus heureux que moi, parce qu'il peut faire ses affaires en secret.

Mlle DU TRON.--Je vous l'avoue, Sire.

Mme DE MAINTENON, _revenant_.--Sire, je viens dire à Votre Majesté,
que voici deux lettres que je viens de recevoir; l'une est du maréchal
de Boufflers, et l'autre m'a été donnée par M. Bontemps pour
mademoiselle du Tron: c'est une de ses tantes de Normandie qui lui mande
de venir promptement.

LE ROI, _d'un air de dépit_.--Et l'autre, Madame, que contient-elle?
Apparemment vous en savez aussi la substance?

Mme DE MAINTENON.--Non, Sire, je n'ai osé l'ouvrir; mais je crois que
le maréchal se plaint fort de ses soldats qui désertent à tout moment:
ce général en a perdu six mille dans Namur[72].

LE ROI.--Depuis un temps vous ne me dites rien que de désagréable.

Mlle DU TRON.--Sire, je prends congé de Votre Majesté.

LE ROI.--Où allez-vous, ma belle? demeurez, je vous prie.

Mlle DU TRON, _après avoir lu sa lettre_ [_la lettre de sa
tante_].--Sire, je viens de lire la lettre de ma tante qui me mande
absolument; Votre Majesté aura la bonté de me laisser aller.

LE ROI, _chagrin et trépignant du pied_.--Ah! fâcheux contre-temps, ne
cesserez vous point de me persécuter.


_ENTRETIEN VII._

  LE ROI, _et le_ PÈRE LA CHAISE[73], _son confesseur_.

LE ROI, _l'apercevant_.--Approchez, mon révérend Père, j'ai bien de la
joie de vous voir.

LE PÈRE LA CHAISE.--Ah! Sire, celle que je sens n'est pas exprimable. Il
y a plusieurs jours que je meurs d'envie d'entretenir Votre Majesté sur
quelques affaires qui me paroissent importantes.

LE ROI.--Parlez, mon révérend Père, qu'avez-vous à me dire d'important?

LE PÈRE LA CHAISE, _étant entré dans le cabinet du Roi_.--Sire, je
prends la liberté de dire à Votre Majesté, qu'étant il y a quelques
jours en prières, j'eus une vision qui m'étonna fort, et où je me
trouvai très-embarrassé. L'esprit qui me parla, me dit qu'il étoit l'âme
du père Bobinet[74] mon confesseur, que le conseil céleste avoit député
pour venir me dire combien les puissances souveraines des cieux étoient
fâchées contre Votre Majesté, qui met le clergé au rang des sujets
contribuables de son royaume, en les taxant comme les autres[75]. Ce qui
ne doit pas être, suivant la pensée d'un grand Saint, qui nous dit
que ceux qui servent à l'autel doivent être exempts de tous impôts et de
toutes taxes.

LE ROI, _fort pensif_.--Cela est-il bien véritable? Mais, mon Dieu, mon
révérend Père, ce n'est pas ma faute; si j'ai péché dans cette occasion,
ce n'est que par conseil. Messieurs de Pomponne[76], de Harlay[77], et
Pontchartrain[78], ne m'ont-ils pas porté à demander à mon clergé les
dix millions de don gratuit[79] qu'il m'a fourni pour soutenir la
guerre, qui, comme vous savez, est fort difficile à supporter[80]?

LE PÈRE LA CHAISE.--Je l'avoue, Sire; mais cependant on murmure fort à
la cour céleste de tout ce qui se passe en France et le père Bobinet dit
encore que saint Ignace prit la parole au nom de l'assemblée, et dit,
comme en colère, qu'il étoit impossible qu'un prince qui renverse le
service divin entrât en paradis.

LE ROI, _frappant de son chapeau sur la table_.--Parbleu, mon Père, je
n'y saurois que faire, quand tous les saints du Paradis y trouveroient à
redire, et que ce seroit un crime, j'y ai été forcé; ce n'est que pour
un bien qui est la gloire de mon Etat; et, quoique j'en aie donné les
ordres, ce ne peut être au plus à mon égard qu'un péché
philosophique[81], comme vous me l'avez dit mille fois.

LE PÈRE LA CHAISE.--Sire, ne vous emportez pas, nous tâcherons de
réconcilier Votre Majesté avec les puissances célestes, et de rendre
véniels tous les péchés qu'elle commettra par ignorance.

LE ROI.--Vous ferez bien, car je n'aime pas les querelles, et ne veux
pas être contredit dans mes actions. Tâchez donc, mon révérend Père, de
faire ma paix avec les saintes Intelligences, et de me bien mettre dans
leurs esprits; car autrement je craindrois fort qu'il me laissent
longtemps brûler en purgatoire pour se venger.

LE PÈRE LA CHAISE.--Ne vous alarmez point, Sire; je donnerai un bon
passe-port à Votre Majesté pour la rendre heureuse en l'autre vie;
d'ailleurs, ne doit-elle pas tout espérer de tant de belles actions
qu'elle a faites pendant son règne, et de toutes les âmes qu'elle a
converties par ses dragons[82], que nous appelons les gendarmes du ciel?

LE ROI.--Lorsque j'ai fait chasser les huguenots, qui ne vouloient pas
se convertir, j'ai suivi en cela les conseils que vous m'aviez donnés;
car vous savez que vous m'avez toujours dit que je ne pouvois faire une
plus belle pénitence de mes fautes passées, et acquérir plus sûrement le
Paradis, qu'en donnant tous mes soins pour l'extirpation de
l'hérésie[83], et en établissant la maison de Saint-Cyr[84].

LE PÈRE LA CHAISE.--Cela est vrai, Sire, et c'est aussi ce que l'on
considérera toujours comme les merveilles de votre règne. Ne doutez donc
pas que vous n'en receviez la récompense dans le ciel.

LE ROI.--Cela suffit; adieu donc, mon révérend Père; je me recommande à
vos bonnes prières et à celles des Saints Pères de votre société.


_ENTRETIEN VIII._

  _Madame_ DE MAINTENON _et Monsieur_ FAGON, _premier médecin du Roi_.

M. FAGON.--Madame, je suis votre très humble serviteur; comment vous
portez-vous?

Mme DE MAINTENON.--Je me porterois bien, Monsieur, si je n'avois
point de chagrin qui est, comme vous savez, un poison pour la santé.

M. FAGON.--Il est vrai, Madame, Hypocrates nous dit aussi, dans son
traité de médecine, que les personnes gaies sont rarement malades[85].

Mme DE MAINTENON.--Hé, comment, Monsieur, pouvoir rire? l'on a du
chagrin à tout moment.

M. FAGON.--Quel est donc le vôtre, Madame, ose-t-on vous le demander?

Mme DE MAINTENON, _poussant de gros soupirs_.--Oui bien, Monsieur,
c'est le Roi qui me le donne.

M. FAGON.--Quoi, Madame, un prince si bénin, si débonnaire pourroit vous
affliger?

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, le déplaisir que ce monarque me cause
est qu'il veut s'attacher de nouveau à une petite beauté qui lui donnera
bien à songer. Vous savez que l'exercice amoureux ne lui vaut rien
à l'âge où il est[86].

M. FAGON.--J'en conviens, Madame; l'amour rend l'homme foible et
chancelant quand il ne se conduit pas sagement; mais user un peu de
cette passion sobrement, n'est pas méchant pour la santé. Nous avons
même un de nos savants docteurs qui ordonne de temps en temps de se
servir de femmes et de vin pour se bien porter[87].

Mme DE MAINTENON.--De grâce, Monsieur, n'allez pas dire cela au Roi.
Ce prince, qui est naturellement sensible à l'amour, en profiteroit plus
que vous ne croiriez, et Sa Majesté se perdroit dans les combats de
Vénus.

M. FAGON, _riant_.--Est-il possible, Madame?

Mme DE MAINTENON, _branlant la tête_.--Il n'est que trop vrai,
Monsieur; je connois ce monarque, il pousse les choses jusques à
l'excès; et c'est son penchant que les femmes.

M. FAGON.--Quelle est donc la beauté, Madame, qui engage à présent le
Roi? je le croyois détaché de tout attachement charnel.

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, est-ce que vous ne le savez pas?

M. FAGON.--Non, Madame; qui est-ce qui me l'auroit dit?

Mme DE MAINTENON.--C'est la nièce de M. Bontemps notre gouverneur de
Versailles, qui a ravi la liberté de ce prince, pour l'avoir vue
une fois à l'Opéra.

M. FAGON.--Quoi, Mlle du Tron! qui auroit jamais dit que cette fille
avec son air précieux et languissant[88], auroit pris le coeur d'un si
grand prince?

Mme DE MAINTENON.--Cependant, c'est elle-même; le Roi en est si
charmé que, hors de sa présence, il ne peut trouver de repos.

M. FAGON.--Ah! Madame, je la plains: Il faut que ce prince fasse de
grands efforts pour contenter cette jeune amante, cela détruira
infailliblement sa santé.

Mme DE MAINTENON.--C'est ce que je dis aussi, Monsieur; je vous prie
instamment de vous servir de tout l'ascendant que vous avez sur ce
monarque, pour le détourner de cette amourette qui lui est si
désavantageuse pour le corps et pour l'esprit, qu'il n'est occupé que de
sa nouvelle passion.

M. FAGON.--Je ferai tout mon possible, Madame, pour persuader à ce
prince que sa santé y est intéressée; et comme Sa Majesté ajoute assez
de foi à ce que je lui dis, j'espère de réussir dans mon dessein.

Mme DE MAINTENON.--Dieu le veuille, Monsieur, pour mon repos. Il me
souvient que, quand vous dîtes au Roi dernièrement que l'air de Meudon
lui étoit meilleur que celui de Versailles, il a cru votre conseil,
puisque Sa Majesté y va une ou deux fois la semaine, et
particulièrement depuis qu'il a sa belle en tête.

M. FAGON.--Ne vous chagrinez point, Madame, de cette amourette: c'est un
feu volant qui passera comme les autres; il est trop ardent, à ce que
vous m'avez dit, pour être de durée.

Mme DE MAINTENON.--Cependant, Monsieur, je ne laisse pas d'en avoir
bien du chagrin.

M. FAGON.--Madame, vous avez trop de vertu et trop de politique pour ne
pas savoir vous contraindre; un peu de complaisance sied bien, et
principalement à la Cour où il s'en faut beaucoup servir.

Mme DE MAINTENON.--Rien de plus vrai, Monsieur, la feinte et la
dissimulation sont les qualités les plus nécessaires aux courtisans.

M. FAGON.--Madame, je prends congé de vous; voici le Roi qui vient, je
m'en vais au-devant.

Mme DE MAINTENON.--Adieu, Monsieur, n'oubliez pas de dire au Roi
qu'il prenne soin de sa personne.

M. FAGON, _prenant la main de Mme de Maintenon_.--Je n'y manquerai
pas, Madame, prenez du repos.

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, avant que je vous quitte, tâtez un peu
mon pouls.

M. FAGON, _lui prenant le bras_.--Il est un peu ému, mais ce ne sera
rien; et si cela continue, mon chirurgien[89] vous saignera par la veine
céphalique et basilique[90], ce qui vous guérira indubitablement;
je vous laisse, Madame.

Mme DE MAINTENON.--Je suis votre servante, Monsieur.


_ENTRETIEN IX._

  LE ROI, _et Monsieur_ FAGON.

LE ROI, _en souriant_.--Ah! Monsieur le médecin, comment vous
portez-vous depuis avant-hier?

M. FAGON.--Fort bien, Sire, comme un homme qui est toujours prêt à
servir Votre Majesté, avec la plus grande inclination du monde.

LE ROI, _lui prenant la main_.--Voilà qui est fort honnête, Monsieur,
comptez aussi sur mon amitié.

M. FAGON.--Sire, Votre Majesté me fait plus d'honneur que je ne mérite.

LE ROI.--Monsieur, point de compliments, asseyez-vous ici. Quelles
nouvelles m'apprendrez-vous?

M. FAGON.--Sire, je ne sais rien de nouveau, sinon, que je trouve
un grand changement en Votre Majesté.

LE ROI, _le regardant_.--Eh! que trouvez-vous en moi de changé? est-ce à
mon avantage ou à mon désavantage?

M. FAGON.--Non, Sire, c'est à votre avantage.

LE ROI, _en riant_.--Parlez donc, Monsieur le docteur, et vous
expliquez; qu'est-ce que vous remarquez en moi?

M. FAGON.--Une abondance de santé, Sire, causée par une joie qui se
répand sur toute votre personne royale.

LE ROI.--Bon, voilà qui va bien, Monsieur; je ne laisse pas cependant
d'avoir du chagrin de toutes les pertes que je fais cette année de tous
côtés.

M. FAGON.--C'est le sort de la guerre, Sire, qui a toujours été de la
sorte; l'amour récompense Votre Majesté de ses pertes, en lui faisant
faire des conquêtes dans son empire.

LE ROI, _d'un air agréable_.--Monsieur, je vois bien que vous êtes aussi
savant en amour qu'en médecine; mais, dites-moi un peu, je vous prie,
avez-vous des remèdes pour les coeurs des amants?

M. FAGON.--Oui, Sire, je les guéris à peu de frais.

LE ROI.--Ah! Monsieur, donnez-m'en un pour un prince qui souffre
beaucoup, qui vous en saura bien du gré.

M. FAGON.--Sire, je ne puis guérir personne si je ne le connois; mes
herbes n'ont point d'effet, si je ne vois et ne touche.

LE ROI, _en souriant_.--C'est moi, Monsieur, qui serai votre nouveau
malade; je vous prie, guérissez-moi donc promptement.

M. FAGON.--Votre Majesté, Sire, n'a pas besoin de mes remèdes, étant
maître de la beauté qui l'engage; mais je prends la liberté de lui dire,
qu'un grain ou deux d'amour de plus pris par excès, sont capables de lui
faire bien du mal, et même de lui affoiblir le reste du corps.

LE ROI.--Je vous entends, Monsieur; nous n'en prendrons pas plus qu'il
n'en faut pour se bien porter. Adieu, je vous quitte, voilà M. de
Pontchartrain.


_ENTRETIEN X._

  LE ROI, _et Monsieur_ DE PONTCHARTRAIN, _ministre d'Etat_.

LE ROI.--Eh bien, Monsieur, aurons-nous de l'argent?

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, en exécution de vos ordres, nous nous sommes
assemblés extraordinairement, pour tâcher de trouver à Votre Majesté les
sommes qu'elle demande, nous avons longtemps délibéré...

LE ROI.--Il ne falloit pas perdre tant de temps à délibérer, et passer
promptement aux effets pour remplir nos coffres.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Nous le souhaitons tous ardemment; mais...

LE ROI, _se fâchant_.--Mais, mais; ne vous ai-je pas dit que quand j'ai
commandé, je ne veux pas qu'on me contredise.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, je prends la liberté de remontrer à Votre
Majesté que l'on ne peut à présent aller si vite; la ville et la
campagne sont ruinées par les taxes, les impôts et les contributions;
vos peuples meurent de faim[91], et sont tellement accablés de misères,
qu'ils ont beaucoup plus besoin d'un prompt soulagement, que d'être
encore surchargés par de nouveaux impôts.

LE ROI.--Qu'ils fassent comme ils l'entendront; mais il faut bien qu'ils
payent ou qu'ils crèvent. Voilà qui est admirable! doivent-ils
travailler pour d'autres que pour moi qui suis leur Roi, et tous leurs
biens ne m'appartiennent-ils pas de droit, comme madame de Maintenon
et les bons Pères Jésuites me le représentent si souvent[92]! C'est
aussi le sentiment des principaux de ma Cour, qui disent que mes sujets
doivent s'estimer fort heureux que je leur laisse la vie et l'habit, que
je pourrois leur ôter si je voulois.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Il ne me convient pas, Sire, d'entrer dans cet
examen; cependant je prends la liberté de vous dire, qu'encore que Votre
Majesté soit toute puissante sur la terre, elle ne peut faire trouver de
l'argent où il n'y en a pas. Il n'y a que le Créateur de l'Univers qui
puisse faire un si grand miracle.

LE ROI.--Enfin, Monsieur, sans tant de raisons, faites ce que vous
pourrez et mettez tout en usage; mais il faut au plus tôt de l'argent,
tant pour mes dépenses ordinaires et extraordinaires, que pour celles de
la guerre[93] et de Marly[94], dont je ne prétends pas absolument [en]
rien retrancher.

M. DE PONTCHARTRAIN.--C'est à ces grands recouvrements que je travaille
aussi avec toute l'application possible; mais en vérité, Sire, nous
avons inventé tant de nouvelles affaires, que mon imagination en est
tarie[95], et il ne nous reste plus qu'une découverte à mettre en
oeuvre.

LE ROI.--Quelle est donc cette découverte?

M. DE PONTCHARTRAIN.--La voici: Messieurs d'Argouges et
Barbezieux[96], ministres d'Etat, ne pouvant plus mettre de taxes,
et voyant que les finances de Votre Majesté commencent à s'épuiser, M.
d'Argouges, toujours fertile en moyens, nous en proposa un nouveau, qui
est de mettre un impôt sur les vents; ce qui attireroit, dit-on, de
grandes sommes d'argent pour soutenir la guerre dans tout le royaume;
les mariniers, les bateliers, les meuniers et autres gens semblables, ne
pouvant se servir de cet élément sans payer la somme imposée.

LE ROI.--Cet avis me paroît assez bon, et n'est pas à négliger.

M. DE PONTCHARTRAIN.--L'on étendroit le règlement jusques sur les
apothicaires, qui par leurs remèdes tirent un gros profit des vents du
corps humain, et sur les médecins qui n'en tirent pas moins, et y
contribuent autant par leurs ordonnances.

LE ROI, _se frottant le front_.--Je consentirois avec joie, si cela se
pouvoit; mais chacun se révoltera d'abord contre ce nouvel impôt,
particulièrement les médecins et les apothicaires qui crieront comme des
diables.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, il suffit d'avoir votre consentement, nous
les réduirons comme les autres.

LE ROI.--Monsieur, je ne sais ce que je dois faire: mon confesseur m'a
rapporté que tous les saints du Paradis crient contre moi comme des
enragés d'avoir osé taxer le service divin[97].

M. DE PONTCHARTRAIN.--Cela se peut-il, Sire?

LE ROI.--Il n'y a rien de plus vrai, Monsieur; mais que le Père Bobinet,
confesseur du Père de la Chaise qui est mort depuis peu, a été député de
l'assemblée céleste pour m'en avertir.

M. DE PONTCHARTRAIN.--C'est cependant, Sire, le dernier moyen que nous
avons trouvé pour avoir de l'argent.

LE ROI.--Morbleu, Monsieur, je suis au désespoir de voir les côtes
de France bombardées par les Anglois et les Hollandois[98]. Je voudrois
n'avoir jamais vu Tourville[99] qui m'a conseillé de mener ma flotte
dans la Méditerranée: les alliés en ont bien su profiter et n'auroient
pas fait de même[100].

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, c'est un malheur, mais la chose est faite.

LE ROI.--Oui, de par tous les diables, mais je n'en suis pas mieux, et
mes forces s'affoiblissent toujours de plus en plus.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Rien n'est plus vrai, Sire; car les trois Etats de
Votre Majesté sont aux abois et n'en peuvent plus; le Clergé, le
Parlement et la Noblesse se sont saignés jusques à la dernière goutte de
leur sang, et je ne sais par quel nouvel impôt on pourra trouver de
l'argent.

LE ROI, _après avoir rêvé_.--Monsieur, il me semble qu'il seroit plus à
propos de taxer les heures que les vents, parce qu'elles font toujours
leur même révolution, et que chacun s'en sert généralement sans pouvoir
s'en passer, particulièrement l'heure du berger, qui est d'une nécessité
importante aux amants.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Mais, comment, Sire, connoître les heures
destinées à l'amour, à moins de taxer tous les jeunes gens.

LE ROI.--Monsieur, l'on ne sauroit manquer de comprendre au rôle de
cette taxe tous les vieux et les jeunes; car je puis vous assurer que
les vieillards aiment autant à se divertir que les autres.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Mais, Sire, Votre Majesté ne trouveroit-elle pas
bon d'y mettre les religieux et les abbés[101], qui font...

LE ROI.--Ah! ciel! Monsieur, vous n'y songez pas; il est vrai que les
abbés sont amis de la galanterie; mais les autres sont de saintes
âmes qui ne font que prier Dieu nuit et jour.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, M. de Pomponne proposa encore un autre
moyen, qui semble être une dépendance de celui que Votre Majesté veut
dire: c'est de taxer toutes les filles de joie[102] de votre royaume, et
ceux qui les entretiennent.

LE ROI, _en riant_.--Il faut donc qu'il se mette le premier en tête; car
je sais qu'il ne hait pas les femmes[103].

M. DE PONTCHARTRAIN.--Cela s'entend, Sire, c'est peut-être pour avoir le
plaisir de payer et vous marquer son zèle, que ce ministre a inventé ce
moyen qui n'est pas méchant.

LE ROI.--Cela est assez sujet à caution; mais quittons la raillerie, et
pour conclusion de cet entretien, faites fond, suivant le plan que
nous venons de faire, de me trouver au plus tôt de l'argent, et surtout
n'y manquez pas.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, j'y ferai de mon mieux.


_ENTRETIEN XI._

  LE ROI, _Monsieur_ DE CHANVALON[104], _archevêque de Paris_, _et son
  Page_.

LE PAGE.--Sire, M. l'Archevêque de Paris demande s'il n'incommodera
point Votre Majesté.

LE ROI.--Où est-il?

LE PAGE.--Sire, il est en bas où il attend vos ordres.

LE ROI.--Qu'on le fasse monter.

M. L'ARCHEVÊQUE, _en entrant_.--Sire, je vous demande pardon si
j'interromps Votre Majesté.

LE ROI, _le saluant_.--Ah! mon cousin, ne parlez pas de cela, je sens
une joie parfaite de vous voir. Page, donnez un siége.

_M. l'Archevêque s'assied sur un siége pliant[105]._

LE ROI.--Eh bien, mon cousin, comment vous portez-vous?

M. L'ARCHEVÊQUE.--Fort bien, Sire, au chagrin près.

LE ROI.--Comment un prélat comme vous peut-il avoir du chagrin? Vous
vivez plus content dans votre diocèse que moi dans mon Louvre.

M. L'ARCHEVÊQUE.--Sire, les apparences sont fort trompeuses, car la paix
et la tranquillité n'y règnent pas toujours.

LE ROI.--Quel est donc le sujet de votre inquiétude?

M. L'ARCHEVÊQUE.--Sire, c'est une dispute qui est survenue entre M.
l'Evêque de Noyon[106] et moi, qui a été fort loin, et qui nous
rendra ennemis pour la vie.

LE ROI.--Au sujet de quoi, mon cousin?

L'ARCHEVÊQUE.--Sire, c'est au sujet de l'abbé Quélus[107], qui fit
dernièrement son premier sermon aux grands Cordeliers[108]. Tout
l'auditoire parut content de lui, à la réserve de quelques personnes de
qualité de mes amis, qui trouvèrent à redire à plusieurs propositions
qu'il avança, condamnées par les conciles de Trente et de Vienne, et
tout-à-fait damnables, mais que cet Evêque trouva excellentes, qui sont
des sentiments nouveaux en matière de religion. Rome, jalouse de tout ce
qu'elle enseigne, ne peut souffrir une autre doctrine que la sienne.

LE ROI.--Eh! quels sont ces sentiments nouveaux?

L'ARCHEVÊQUE.--Sire, ce sont ceux du quiétisme[109], dont votre royaume
est rempli, tant parmi les religieux que parmi les prêtres, dont
j'ai été bien surpris. Ces hérétiques croient, et se sont fait une idée
de faire parvenir les âmes à la perfection pendant leur vie sans
pénitence, sans austérité, sans mortification; enseignant même que
l'homme se doit tenir dans l'indifférence pour ses péchés et dans
l'abandon; et qu'il ne faut pas même demander à Dieu aucune grâce du
ciel, ayant une assurance imaginaire que l'on possède Dieu en cette vie,
en lui-même et sans milieu.

LE ROI.--Voilà une doctrine bien pernicieuse, mon cousin; il faut y
apporter du remède.

M. L'ARCHEVÊQUE.--C'est à quoi je vais travailler, Sire, et faire
condamner les trois livres[110] qu'on a imprimés sur ce sujet.

LE ROI.--Vous ferez très-bien, et j'y donne ma voix avec beaucoup de
chaleur, pour le bien de mes peuples.

M. L'ARCHEVÊQUE.--Sire, ils auront une éternelle reconnoissance d'un si
grand bienfait, et je puis bien en porter parole pour eux à Votre
Majesté. Je prends congé d'Elle, de peur de lui être importun.

LE ROI.--Adieu, mon cousin, je vous souhaite une sainte prospérité dans
vos affaires. Prions votre bon ange qu'il vous conseille bien dans vos
entreprises.

M. L'ARCHEVÊQUE.--Je le souhaite, Sire, pour la plus grande gloire de
Dieu.

LE ROI, _en le quittant_.--Ah! le saint personnage, ah! le digne prélat,
et qu'il sera bien récompensé dans le ciel de toutes ses vertus.


_ENTRETIEN XII._

  _Madame_ DE MAINTENON, _son valet de chambre_, _et le sieur_
  BERNIER, _chirurgien du Roi_.

Mme DE MAINTENON, _au valet de chambre_.--Mon Dieu, La Fortune[111],
je n'en puis plus, j'ai des vapeurs qui me tuent et me montent à tout
moment: Va, je te prie, chercher le chirurgien du Roi, afin qu'il me
saigne.

LA FORTUNE.--Madame, c'est une chose assez surprenante qu'à l'âge où
vous êtes[112], les vapeurs vous incommodent si fort.

Mme DE MAINTENON.--Tu vois, mon enfant, j'en suis plus fatiguée que
jamais, comme si je n'avois que quinze ans.

LA FORTUNE.--Madame, c'est un mal de mère, que l'on a bien de la peine à
guérir surtout quand la matrice...

Mme DE MAINTENON.--Ne raisonne pas davantage, va où je te dis.

LA FORTUNE.--J'y cours, Madame.

Mme DE MAINTENON, _seule_.--Peut-on voir un impertinent pareil à ce
garçon? est-ce à un valet de parler de mal de femme, et de matrice? Oh!
siècle avancé où toutes choses sont prématurées! chacun raisonne de
tout, sans respect et sans distinction.

LA FORTUNE, _tout essoufflé_.--Madame, Monsieur Bernier[113] va venir
tout à l'heure, il m'a prié seulement de vous dire, que vous eussiez la
bonté d'attendre qu'il eût saigné la cavale du prince de Conti, qui
vient d'être blessée, et qu'il aime autant que lui-même.

Mme DE MAINTENON.--Le compliment est assez honnête; la belle
comparaison qu'il fait d'une cavale à moi! de quoi s'avise-t-il d'aller
saigner une cavale?

LA FORTUNE, _en riant_.--Madame, un chirurgien, un médecin et un
maréchal[114], ne mettent point de différence entre toutes les
bêtes et les animaux qu'ils pansent, pourvu qu'ils gagnent de l'argent.

Mme DE MAINTENON, _en colère_.--Va, tu n'es qu'un sot, La Fortune,
avec tous tes petits raisonnements; cours dire à Bernier qu'il vienne
promptement, que le Roi en a à faire.

LA FORTUNE, _bas_.--Peste soit de la vieille P...[115]; je voudrois
qu'il te mît la lancette si avant qu'elle n'en sortît jamais pour tes
péchés.

M. BERNIER, _arrivant_.--Ah! Madame, mille excuses de vous avoir tant
fait attendre; j'étois occupé au service du prince de Conty.

Mme DE MAINTENON, _d'un air fier_.--Vraiment vous lui rendez là un
beau service, de saigner sa cavale! c'est le fait d'un maréchal, mais
non pas le vôtre.

M. BERNIER.--Madame, c'est la plus jolie bête du monde, qu'il aime comme
sa vie, et je n'ai pu me dispenser de lui rendre un tel office.

Mme DE MAINTENON.--Je vois bien, Monsieur, que les gens de votre
trempe font tout pour de l'argent; mais quoi qu'il en soit, entrons en
matière. Je veux que vous me saigniez du pied à l'eau[116], pour
m'apaiser les vapeurs qui me montent incessamment, et qui me rendent
rouge comme vous me voyez.

M. BERNIER.--Le remède est admirable, Madame, pour se rafraîchir le
sang.

Mme DE MAINTENON.--Il faut que le Roi se fasse aussi saigner, car je
remarque que ce prince a le sang fort échauffé depuis qu'il...

M. BERNIER, _en riant_.--Il n'y a point de doute, Madame, les jolies
femmes incommodent toujours la santé des hommes, parce qu'ils font plus
que leurs forces.

Mme DE MAINTENON.--Hélas! mon cher Monsieur, le Roi se perdra.

M. BERNIER.--Madame, notre grand monarque reviendra de cette mort.

Mme DE MAINTENON.--Avec bien de la peine; à l'âge où il est, la
nature s'épuise.

M. BERNIER.--Madame, voilà ma lancette prête; vous plaît-il que je vous
saigne?

Mme DE MAINTENON.--Très-volontiers, Monsieur; tenez, voilà mon pied:
songez que je suis difficile à tirer du sang.

M. BERNIER.--Ne craignez rien, Madame, nous en viendrons à bout; tournez
seulement la tête, et ne vous mettez point en peine du reste.

Mme DE MAINTENON.--La Fortune, apportez un bassin et de l'eau.

LA FORTUNE.--Madame, en voilà.

M. BERNIER.--Madame, c'est fait.

Mme DE MAINTENON.--Quoi, Monsieur, si promptement, sans que je l'aie
presque senti? A la vérité, vous êtes un brave homme, et ce n'est pas
sans raison que le Roi vous aime.

M. BERNIER, _en faisant une profonde révérence_.--Madame, je suis votre
serviteur aussi bien qu'à Sa Majesté, qui a mille bontés pour moi,
sans que je les aie méritées.

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, sans compliment, prenez l'argent que
voici.

M. BERNIER _s'en défend_.--Vous vous raillez de votre valet, Madame; je
vous ai bien d'autres obligations, et je n'en ferai rien.

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, je vous prie, mettez ce louis d'or[117]
dans votre poche.

M. BERNIER.--Madame, c'est donc pour vous obéir; commandez à votre
très-humble serviteur quand il vous plaira.

Mme DE MAINTENON.--Cela suffit, Monsieur, adieu, je vous quitte.


_ENTRETIEN XIII._

  LE ROI _et Mademoiselle_ DU TRON.

LE ROI, _à genoux devant cette belle_.--Enfin, adorable mignonne,
l'amour que je sens pour vous n'est plus exprimable. Ah! quels
redoublements et quels transports inconnus vous me causez!

Mlle DU TRON.--Sire, Votre Majesté change de couleur.

LE ROI, _se pâmant_.--Ah! mon bel ange... ma divine... je n'en puis
plus... je me pâme.

(_Le Roi tombe évanoui._)

Mlle DU TRON, _lui prenant la main_.--Ah! Ciel, Sire, que vous
m'embarrassez par votre foiblesse; revenez, mon cher prince, de ce
triste état, ou je vais mourir moi-même.

_Le Roi toujours pâmé._

Mlle DU TRON, _lui baisant la bouche, continue_.--Mon illustre
monarque, que vous m'alarmez! vous me donnez de mortelles inquiétudes,
hélas! que dira madame de Maintenon si elle vous trouve en cet état? Que
deviendrai-je alors?

LE ROI, _revenant de son évanouissement, dit_:--Mon petit amour, ma
charmante, où ai-je été? que le paradis des amants est un séjour
délicieux, et quel plaisir de s'y perdre avec vous!

Mlle DU TRON, _soupirant_.--Que vous m'avez causé de peine, Sire, en
voyant Votre Majesté changée!

LE ROI, _lui baisant la main_.--Mon Dieu, ma chère demoiselle, que vous
êtes bonne de vous affliger pour un pauvre prince qui mérite si peu de
vous adorer, mais qui vous aime plus que sa vie.

Mlle DU TRON.--Sire, serois-je assez malheureuse pour vous avoir
causé cette foiblesse?

LE ROI.--Appelez-vous foiblesse, mon bel ange, la chose du monde qui me
rend le plus heureux? Non, non, j'en chéris la cause comme mon unique
bien.

Mlle DU TRON.--Mon auguste prince, ménagez donc la tendresse que vous
avez pour moi, de crainte que Votre Majesté ne devienne malade, ce qui
me mettroit au désespoir.

LE ROI.--Peut-on, Mademoiselle, se posséder, lorsqu'on est charmé de
vous? Vous inspirez aux personnes qui vous voient des sentiments
qu'elles n'ont jamais eus, et qu'un mortel ne peut exprimer.

Mlle DU TRON.--Mes charmes, Sire, sont donc bien extraordinaires,
puisque les mortels ne les peuvent connoître?

LE ROI.--Ah! qu'ils sont puissants! ah! qu'ils sont merveilleux, ma
divine beauté!

Mlle DU TRON.--Sire, Votre Majesté va retomber dans son
évanouissement, si elle y songe davantage.

LE ROI.--Non, non, Mademoiselle, je sens quelques forces qui viennent à
mon secours.

Mlle DU TRON.--Tant mieux, Sire, j'en suis ravie, et cela vient à
propos, car voici Madame de Maintenon qui paroît.

LE ROI.--Eh! où va cette vieille jalouse? Elle enrage de n'être plus
jeune, et de ne pouvoir charmer.

Mlle DU TRON.--Quoi! dans l'âge où elle est?

LE ROI.--Oui, sans doute, et la bonne dame est plus amoureuse que
jamais. Cachez-vous, mon soleil, pour un moment.

Mlle DU TRON.--Il le faut bien.


_ENTRETIEN XIV._

  LE ROI, _Mademoiselle_ DU TRON, _cachée_, _et Madame_ DE MAINTENON.

LE ROI, _la saluant_.--Où allez-vous donc, Madame, avec tant
d'empressement?

Mme DE MAINTENON.--Sire, j'appréhendois que Votre Majesté fût trop
longtemps seule; c'est pourquoi je viens l'entretenir.

LE ROI, _voulant la conduire_.--Madame, je vous quitte[118] de ces soins
obligeants; aujourd'hui j'ai des embarras en tête, qui demandent la
solitude. Un courrier m'a dit ce matin le pitoyable état où mes côtes
sont réduites, Saint-Malo, etc...[119] bombardés et réduits en cendres,
sont des choses bien sensibles pour un prince qui se voyoit il n'y
a pas longtemps maître des mers.

Mme DE MAINTENON.--Peut-être, Sire, que le dommage n'est pas si grand
que l'on croit, et que pour peu de chose on rétablira ce désordre.

LE ROI, _d'un ton chagrin_.--Parbleu, Madame, vous n'en savez rien; l'on
ne rétablira pas la ville de Saint-Malo pour cent mille écus.

Mme DE MAINTENON.--Enfin, Sire, ce sont des coups du ciel que l'on
n'a pu éviter, et il faut s'y résoudre.

LE ROI.--Je l'avoue, Madame; mais cela n'en est pas moins désagréable.

Mme DE MAINTENON.--Mon cher prince, il me semble que ce sont vos
péchés qui sont cause de ces châtiments si touchants; n'y
réfléchissez-vous point quelquefois?

LE ROI.--Ce n'est pas à vous, Madame, que j'en dois rendre compte;
l'homme est né pour pécher, et sans le péché la miséricorde de Dieu
seroit inconnue sur la terre.

Mme DE MAINTENON.--Il est vrai, Sire; mais Votre Majesté croit-elle
que Dieu autorise tous les plaisirs criminels que la corruption du
siècle ne fait passer que pour bagatelles et pour de simples
passe-temps? Elle devroit éviter avec soin tous les plaisirs inutiles,
qui sont de vrais obstacles au salut.

LE ROI.--Eh! quels sont ces plaisirs inutiles, Madame, que vous
condamnez de la sorte? La nature n'a rien fait en vain.

Mme DE MAINTENON.--C'est la galanterie, et ces amusements de Cour par
lesquels le Seigneur est offensé.

LE ROI, _en riant_.--Bon, n'est-ce que cela? pure bagatelle, Madame; ce
sont les actions les plus innocentes de l'homme que celles de l'amour,
et où il entre le moins de crime. N'est-ce pas la nature qui les a
formées elle-même? Est-il donc rien de plus injuste que de condamner un
penchant si doux et si universel?

Mme DE MAINTENON.--Je sais bien, Sire, que c'est celui qui vous
entraîne. Il faut donc se rendre, sans combattre davantage vos
sentiments. Mon Dieu, que Votre Majesté me paroît changée, depuis
qu'elle voit Mademoiselle du Tron!

LE ROI.--En quoi, Madame, me trouvez-vous si changé?

Mme DE MAINTENON.--En toutes manières.

LE ROI.--Mais encore, Madame?

Mme DE MAINTENON.--En votre personne royale, en vos sentiments.
Hélas! avant la vue fatale de cette syrène, Votre Majesté avoit un
langage bien plus édifiant!

LE ROI, _avec mépris_.--Vous êtes dans l'erreur, Madame; c'est la force
de votre dévotion qui vous inspire ces idées chagrines, qui ne viennent
que d'une bile noire qui se répand dans vos veines. Prenez médecine, si
vous m'en croyez, pour dissiper ces méchantes humeurs qui vous rendent
insupportables à vous-même.

Mme DE MAINTENON, _se fâchant_.--Sire, je mettrai en usage ce remède
que Votre Majesté me donne; et pour ne pas l'importuner davantage, je
prends congé d'Elle.

LE ROI.--Allez, Madame, vous ne sauriez mieux faire.

_Madame de Maintenon s'en va._

LE ROI, _seul_.--O ciel, que cette femme est insupportable avec son
esprit jaloux! Tout l'incommode, tout la chagrine, et rien ne lui plaît,
sinon l'encens que l'on lui donne. Mais quel moyen de dire toujours des
douceurs à une personne comme elle, de qui les appas sont usés et dans
la dernière décadence? Non, je ne le puis faire, mon penchant ne me le
peut permettre, et la présence d'une beauté naissante me fait renaître.
Il est des moments dans lesquels, sans ce secours innocent, la vie me
seroit à charge. La vieille dévote a beau prêcher la pénitence sur ce
sujet, je ne m'en puis passer.


_ENTRETIEN XV._

  LE ROI _et Mademoiselle_ DU TRON.

LE ROI, _en souriant_.--Eh bien! Mademoiselle, vous avez entendu le beau
sermon que Madame de Maintenon m'a fait; que dites-vous de son
éloquence?

Mlle DU TRON.--Sire, je dis que cette dame est infiniment savante, et
qu'elle a la plus belle rhétorique du monde.

LE ROI.--Il est vrai, Mademoiselle, elle est toute sublime.

Mlle DU TRON.--Elle est animée d'un si grand zèle, qu'elle persuade
facilement ce qu'elle dit, et rien ne touche plus que sa conversation.

LE ROI.--La vôtre, ma chère demoiselle, est bien d'un autre prix; elle a
pour moi des charmes qui ne se trouvent point ailleurs.

Mlle DU TRON.--Sire, Votre Majesté a trop de bonté pour moi, et je ne
mérite pas une préférence si avantageuse; mais je vois M. de
Pontchartrain qui monte l'escalier; apparemment ce ministre veut
entretenir Votre Majesté sur quelques affaires.

LE ROI, _chagrin_.--Cela se peut bien, Mademoiselle; mais, dieux! que
cet importun vient mal à propos interrompre mes plaisirs! Je suis plus à
plaindre que le plus chétif gentilhomme de mon royaume, n'ayant pas la
liberté d'entretenir ce que j'aime; cependant je vois bien qu'il faut
encore me résoudre à l'écouter.

Mlle DU TRON.--Sire, il ne demeurera peut-être pas longtemps.

LE ROI.--Hélas! je le souhaite, mais je connois trop ces messieurs; leur
conversation est toujours longue.


_ENTRETIEN XVI._

  LE ROI, _Mademoiselle_ DU TRON _et Monsieur_ DE PONTCHARTRAIN.

_Mademoiselle du Tron, à l'arrivée de ce ministre, se retire comme
auparavant pour le laisser seul avec le Roi._

M. DE PONTCHARTRAIN, _s'en apercevant, dit_:--Sire, j'interromps sans
doute Votre Majesté, étant occupée si agréablement.

LE ROI, _d'un air chagrin_.--Monsieur, vous êtes toujours le bien venu;
mais je ne suis pas présentement en humeur de vous entretenir.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, je m'en vais, plutôt que d'être incommode à
Votre Majesté.

LE ROI, _en le retenant_.--Demeurez, Monsieur, puisque vous voilà;
qu'avez-vous à me dire?

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, le sujet qui m'amène est celui des impôts
dont Votre Majesté m'a parlé l'autre jour.

LE ROI, _d'un air sévère_.--Eh bien, Monsieur, avancez; que voulez-vous
dire?

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, je viens vous représenter que l'impôt sur
les vents qui avoit été projeté, s'étant divulgué malgré moi dans Paris,
chacun murmure contre les ordres de Votre Majesté, et que le peuple
crie, et se mutine avant qu'on lui fasse du mal.

LE ROI.--Monsieur, je me moque du peuple et de ses cris. Il faut
soutenir la guerre à quelque prix que ce soit.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Je le sais bien, Sire; mais cependant on ne peut
fermer les oreilles à tout ce qui se dit.

LE ROI.--Eh bien, il faut laisser parler le monde et continuer d'agir.
Mais enfin avançons, quel est votre but?

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, c'est de vous communiquer un avis qui paroît
être utile à votre dessein: je l'ai trouvé écrit en un papier que
quelqu'un a mis dans mon cabinet sur ma table.

LE ROI.--Voyons-le au plus vite, je vous prie, car...

M. DE PONTCHARTRAIN.--Un fameux pilote expérimenté a fait une nouvelle
découverte d'une probette[120], qui fait connoître la force et les
relâchements des vents, et combien par chaque air de vent on peut faire
de lieues en une heure; ce qui nous est nécessaire pour mettre un impôt
sur cet élément.

LE ROI.--Eh bien, faites faire l'expérience de cet instrument; et s'il
se trouve bon et juste, on n'a qu'à s'en servir.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Auprès de ce papier j'en ai trouvé un autre, qui
vient, à ce qu'il me paroît, de quelque esprit satirique; il contient
des remontrances que les vents ont adressées à Votre Majesté; si Elle
n'y fait pas droit, elles pourront la divertir. Les voici.

LE ROI.--Voyons donc vite, car je suis sans cesse exposé à lire et
entendre bien des sottises.

_Le Roi lit:_

    TRÈS-HUMBLES REMONTRANCES DES VENTS ET DES ZÉPHIRS, AU ROI.

    Puissant et souverain Monarque, Nous, Éléments, habitants de
    l'air, enfants d'Éole notre Père, favoris des astres, nous
    soupirons et nous nous abaissons tranquillement devant Votre
    Majesté, pour lui faire connoître notre profond chagrin, et lui
    demander justice. Nous voyons avec un extrême regret que ses
    ministres nous veulent assujettir à un dur esclavage de
    maltôte[121], honteux pour notre franchise que nous avons reçue de
    la nature; comme elle nous a placés au plus éminent et au plus
    beau séjour qu'elle ait formé, nous ne pouvons souffrir de
    contrainte sur notre liberté. De plus, Sire, l'auteur souverain de
    la nature nous a créés pour le bien et la satisfaction des hommes,
    qui ne peuvent vivre sans nous. Quelle tyrannie ce seroit de nous
    voir sous le joug d'un impôt infâme qui arrêteroit notre course
    céleste et naturelle, en nous privant de nos avantages!
    Permettez-nous donc, grand Roi, de nous retirer de France sans
    être dragonnés, ni bombardés, et de nous réfugier dans des pays de
    paix où les puissances souveraines ne troublent point leurs sujets
    par aucune tyrannie, faute de quoi, nous déclarons à Votre Majesté
    que nous serons contraires à toutes ses flottes qu'elle mettra sur
    mer, et à tout ce qu'elle entreprendra sur les eaux. Nos chères
    Soeurs, même nos Zéphirs qui lui ont été si favorables, ont résolu
    de ne plus paroître dans ses palais, ni dans les belles solitudes
    qui font ses délices. Combien de fois, Sire, avez-vous loué notre
    agréable fraîcheur, étant aux pieds des beautés qui vous ont
    enchanté! Tous ces bienfaits sont oubliés aussi bien que ceux des
    Vents nos alliés, qui ont tant de fois favorisé vos armées
    navales. Souvenez-vous donc, illustre Prince, de toutes nos
    faveurs, et ne nous ôtez point notre liberté ordinaire, à faute de
    quoi, nous vous quittons tous pour n'être plus occupés qu'au
    service de l'Empereur[122], le grand Achille de ce siècle, qui
    fait respirer le repos et la paix dans l'île Britannique et dans
    les pays où il règne.

    _Signé_: LES VENTS ET LES ZÉPHIRS.

LE ROI, _en colère_.--Je me soucie fort peu de ces menaces et de leurs
impertinents auteurs; je ne veux avoir aucun égard pour les éléments,
ils m'ont trop peu favorisé dans cette dernière guerre.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Sire, vous savez que les vents ne sont pas la
cause que votre flotte est dans la Méditerranée; c'est la faute d'un
ingénieur du parti ennemi, qui a trahi Votre Majesté.

LE ROI.--Je l'avoue, Monsieur; mais cependant, malgré toutes ces
raisons, il nous faut de l'argent à quelque prix que ce soit.

M. DE PONTCHARTRAIN.--Je le sais fort bien, Sire, aussi vos ordres
passeront; c'est ce que nous avons arrêté dans notre conseil.

LE ROI.--Je vous en prie, Monsieur, et donnez-moi du repos, je vous
serai obligé. Adieu, jusqu'à une autre fois.

_M. de Pontchartrain s'en va._


_ENTRETIEN XVII._

  LE ROI _et Mademoiselle_ DU TRON, _qui sort du cabinet où elle
  s'étoit retirée_.

LE ROI.--Quel chagrin pour moi, ma belle demoiselle, de ne pouvoir jouir
de la liberté qui est si commune aux hommes! toujours fatigué
d'affaires, je me vois malgré moi privé de ce doux repos, de cette
innocente paix, qui fait tout le bonheur de la vie. Oh! je suis résolu
de ne voir plus personne que mon bel enfant, et je défendrai à mes pages
et à mes gardes de laisser entrer personne lorsque nous serons ensemble.

Mlle DU TRON.--Votre Majesté a raison, Sire; c'est une peine
effroyable que d'être sans cesse occupé du monde; il est des heures et
des moments où la solitude a bien des charmes pour les coeurs.

LE ROI, _se passionnant_.--Il est vrai, ma divine, particulièrement
quand on est avec vous, qui donnez des agréments aux déserts les plus
affreux.

Mlle DU TRON, _en riant_.--Sire, Votre Majesté est toujours galante.

LE ROI, _lui donnant un baiser_.--Qui ne le seroit avec vous, ma chère
demoiselle, qui inspirez les beaux sentiments?

Mlle DU TRON, _d'un air tendre_.--Mon illustre Monarque, que l'amour
a d'attraits pour des coeurs bien unis, et qu'il est difficile de
résister à ses coups charmants! Mon Dieu, que je sens de foible dans mon
âme, et que je me vois peu en état de les repousser. Ah! Sire, ayez
pitié de ma foiblesse!

LE ROI, _voulant profiter de ce moment favorable à sa passion, demeure
court, et dit auparavant_:--Oui, je la vais secourir, cette foiblesse si
ravissante, adorable beauté; mais que dis-je? des charmes si
extraordinaires ne me permettent plus d'avancer, et je sens mes forces
qui m'abandonnent. Hélas! faut-il pour mon malheur, que je me trouve
incapable de vous servir?

Mlle DU TRON, _rougissant_.--Sire, la course est trop pénible pour
Votre Majesté.

LE ROI, _confus, en l'embrassant_.--Mon petit amour, me pardonnez-vous
cette infortune? Hélas! la nature et le trop d'amour m'ont trahi dans le
même temps.

Mlle DU TRON.--Oui, oui, mon cher Prince, je n'y songe pas; c'est un
défaut commun aux amants sur le retour.

LE ROI.--Ah! que votre sincérité me plaît! il est vrai, Mademoiselle,
qu'à mon âge l'on n'est plus bon soldat d'amour. Ce Dieu qui est dans sa
vigueur, n'enrôle sous ses étendards que de jeunes personnes capables de
soutenir les batailles auxquelles il les expose; je veux, et je ne puis.
O désirs inutiles et qui ne finissent rien!

Mlle DU TRON.--Mon Prince, ne vous chagrinez pas; Votre Majesté sort
triomphante d'une attaque amoureuse.

LE ROI.--Que vous êtes bonne, Mademoiselle, d'excuser mes défauts!

Mlle DU TRON.--Sire, je suis obligée de vous quitter; Votre Majesté
aura, s'il lui plaît, la bonté de me le permettre.

LE ROI.--Où allez-vous, ma Déesse?

Mlle DU TRON.--Il faut que je sorte pour une chose indispensable.

LE ROI.--Je serois au désespoir de vous contraindre; mais, mon cher
coeur, revenez le plus tôt que vous pourrez si vous voulez me
retrouver en vie.

Mlle DU TRON.--C'est à quoi, Sire, je ne manquerai pas.

LE ROI, _en la quittant_.--Ah! qu'il est dur de se séparer de ce que
l'on aime.


_ENTRETIEN XVIII[123]._

  LE ROI, _le mareschal_ DE DURAS[124], _capitaine des Gardes du
  corps de Sa Majesté_, _Monsieur_ DE BRISSAC[125], _major des Gardes
  du corps_, _et_ DEUX PAGES _de la Chambre_.

LE ROI.--Monsieur, je vous prie de ne laisser entrer personne
aujourd'hui; j'ai mes raisons de n'être point visible.

M. DE DURAS.--Sire, il suffit que Votre Majesté l'ordonne.

LE ROI.--Oui, je le veux ainsi, Monsieur; vous m'obligerez.

M. DE BRISSAC, _à M. de Duras_.--Le Roi le commande, il faut suivre ses
ordres exactement.

UN PAGE DE LA CHAMBRE[126], _à M. de Brissac_.--Monsieur, voici le
carrosse de Son Altesse Royale Monsieur le Duc d'Orléans, qui vient au
château.

M. DE BRISSAC.--Dites que Sa Majesté n'est pas ici.

LE PAGE.--Eh! où dirai-je qu'elle est, si ce Prince le veut savoir
absolument?

M. DE DURAS.--Vous répondrez, Monsieur, que le Roi est monté à cheval,
mais que vous ne savez de quel côté Sa Majesté est allée.

LE PAGE.--Cela suffit.

L'AUTRE PAGE DE LA CHAMBRE, _riant, à M. de Duras_.--Monsieur, parce que
le Roi ne veut voir personne aujourd'huy, voici encore M. de Noyon, qui
vient rendre visite à Sa Majesté.

M. DE BRISSAC, _s'éclatant de rire_.--C'est toujours de pis en pis;
faites à tous ceux qui viendront le même compliment.


_ENTRETIEN XIX._

  _Monsieur le_ DUC D'ORLÉANS[127]; _Monsieur_ L'EVÊQUE DE
  NOYON[128] _et les deux_ PAGES DE LA CHAMBRE.

M. LE DUC D'ORLÉANS.--Messieurs, le Roi est-il en haut; peut-on lui
parler?

UN DES PAGES.--Non, Monsieur, Votre Altesse saura que Sa Majesté est
montée à cheval, mais nous ne savons où Elle est allée.

M. DE NOYON, _arrivant, dit tout haut, à l'autre Page_.--Monsieur,
peut-on voir le Roi?

L'AUTRE PAGE.--Non, Monseigneur, il est sorti à cheval.

M. LE DUC D'ORLÉANS, _à M. de Noyon_.--Il me paroît que nous ne sommes
pas plus heureux l'un que l'autre.

M. DE NOYON.--Hélas! tout de même; il faut que Votre Altesse Royale se
console aussi bien que moi; la fortune nous favorisera une autre fois
davantage.

M. LE DUC D'ORLÉANS.--Il faut l'espérer.

M. DE NOYON.--Messieurs, vous présenterez mes respects au Roi, et direz
à Sa Majesté que j'étois venu lui faire la révérence, et en même temps
l'entretenir de quelques affaires importantes.

LES PAGES.--Nous n'y manquerons pas, Monseigneur.

M. LE DUC D'ORLÉANS.--Vous lui direz aussi, je vous prie, que j'étois
venu pour avoir l'honneur de La saluer.

LES PAGES, _faisant une profonde révérence_.--C'est assez, mon Prince,
nous suivrons vos ordres.

M. LE DUC D'ORLÉANS, _à M. de Noyon_.--Allons, mon cousin, remontons en
carrosse.


_ENTRETIEN XX._

  LE ROI, _dans son cabinet, seul avec Mademoiselle_ DU TRON.

LE ROI.--Je viens, Mademoiselle, d'éviter un grand embarras par les
ordres que...

Mlle DU TRON.--Eh! quel est-il mon Prince?

LE ROI.--Celui des visites qui m'auroient sans doute accablé de
complimens; mais j'en suis délivré, grâce au Ciel.

Mlle DU TRON.--J'en suis ravie, Sire; quel chagrin de n'être point à
soi quand on le veut! En vérité, les personnes Royales sont exposées à
mille et mille inquiétudes qui les rongent à tout moment.

LE ROI, _en riant_.--On trouve le moyen de s'en défaire quand on le
veut, ma belle; il suffit de le vouloir.

Mlle DU TRON.--Je n'en doute pas, Sire, mais...

LE ROI, _en s'approchant d'elle_.--Où avez-vous donc été, Mademoiselle,
depuis que j'ai eu le chagrin de vous quitter?

Mlle DU TRON.--Sire, j'ai été prendre l'air dans le parc, où j'ai
goûté mille plaisirs.

LE ROI.--Quoi, Mademoiselle, toute seule en cet endroit solitaire?

Mlle DU TRON.--Oui, Sire, je l'aime passionnément, et j'en fais mes
délices; je ne trouve rien de si agréable que la rêverie.

LE ROI.--En amour, Mademoiselle, c'est quelque chose de charmant quand
deux coeurs sympathisent bien ensemble; de petites absences ont je ne
sais quoi de ravissant; serois-je bien le motif de votre rêverie?

Mlle DU TRON.--C'est quelque chose d'approchant, mon Prince.

LE ROI.--Parlez, belle mignonne, parlez, m'aimez-vous? suis-je assez
fortuné pour jouir d'un si grand bien?

Mlle DU TRON.--Mon Dieu, mon illustre Prince, qu'il est inutile de
vous le dire! un monarque comme vous, le plus aimable du monde, peut-il
en douter? Il ne faut avoir qu'un coeur et des yeux pour sentir
véritablement qu'on aime Votre Majesté, quand elle n'auroit ni sceptre
ni couronne; et l'amour se feroit un reproche sensible de ne pas faire
adorer un grand héros comme vous.

LE ROI.--Ah! Mademoiselle, que vous êtes honnête! et qui peut
reconnoître tant de bontés! mais hélas! que ne suis-je assez pénétrant
pour démêler l'amour d'avec la civilité! Ce mot «je vous aime», est fort
facile à prononcer; mais qu'il est difficile à remplir!

Mlle DU TRON.--Je l'avoue, Sire.

LE ROI.--Une véritable tendresse est hors de prix; mais l'on s'en pique
rarement aujourd'hui, où la politique et l'intérêt triomphent en tyrans
des coeurs mercenaires.

Mlle DU TRON, _rêveuse, ne répond rien_.

LE ROI _lui dit_.--Où en êtes-vous, belle rêveuse?

Mlle DU TRON, _en remuant la tête_.--Sire, j'en suis en l'île de
Tendresse[129], que j'ai trouvée remplie d'un nombre infini d'amants,
empressés, mais peu sincères.

LE ROI, _en riant_.--Vous n'éprouverez pas Mademoiselle, un pareil sort;
mais ce que vous dites dans le général n'est pas une fiction, la chose
est plus réelle que vous ne pensez.

Mlle DU TRON.--Je le sais fort bien, Sire, c'est aussi pour cela que
je le dis.

LE ROI.--Vos rêveries, Mademoiselle, sont si spirituelles, que je suis
curieux de reconnoître cet heureux endroit de mon parc, que vous me
marquez vous en avoir fait naître de si agréables.

Mlle DU TRON.--Sire, il est fort facile de satisfaire Votre Majesté,
il ne tiendra qu'à Elle d'en être bientôt le témoin oculaire;
d'ailleurs, le temps est fort beau pour la promenade.

LE ROI.--Cela est vrai, et nous nous en trouverons mieux de prendre un
peu l'air. Allons-y donc promptement.


_ENTRETIEN XXI._

  LE ROI, _Mademoiselle_ DU TRON, _Madame_ DE MAINTENON _et
  Monsieur_ FAGON.

_Le Roi entre dans le parc avec Mademoiselle du Tron; Madame de
Maintenon, l'apercevant, va au-devant de lui, suivie de M. Fagon, et
dit:_

Mme DE MAINTENON.--Quoi, Sire, toujours occupé avec les dames,
pendant que vos ennemis prennent et bombardent vos villes? Ah!
croyez-moi, Votre Majesté ne gagnera pas de batailles à Meudon, à
Versailles ni à Marly; il faut qu'elle fasse d'autres efforts pour
cueillir des lauriers cette campagne. Voyez les dépêches qu'un courrier
vient d'apporter, qui marquent que nos affaires sont en très-mauvais
état par mer et par terre.

LE ROI, _en colère et d'un ton fort haut_.--Parbleu, Madame, de quoi
vous mêlez-vous? Vous êtes toujours sur pied. Et de qui viennent ces
dépêches?

Mme DE MAINTENON.--Je ne sais pas bien encore, Sire; voici le paquet
que Votre Majesté aura la bonté d'ouvrir.

LE ROI _ouvre un paquet de lettres et dit_:--Voyons d'abord, en voici
une du maréchal de Boufflers[130]; l'autre, du duc de Villeroy[131]; et
cette dernière est du comte de Montal, qui m'envoie apparemment les
étendards et les drapeaux de la garnison de Dixmude[132]; la prise de
cette place est un coup d'adresse, auquel mes louis ont eu un peu de
part.

Mme DE MAINTENON _lit la première_.--Ah! Sire, le maréchal de
Boufflers n'est point content des alliés; il dit qu'il n'a jamais vu
pousser un siége avec tant de vigueur ni de courage.

LE ROI.--Ne me parlez plus de lui, Madame; ce n'est qu'un étourdi
d'avoir laissé prendre Namur, qui étoit une place imprenable depuis
qu'elle m'appartenoit.

Mme DE MAINTENON.--Sire, il ne faut pas jeter toute la faute sur le
Maréchal; il n'étoit pas le seul commandant dans la ville. Prenons
courage, nous avons encore le château.

LE ROI.--Ma foi, Madame, je n'estime plus une chose à demi partagée; je
veux tout ou rien; qu'en dites-vous, monsieur le Médecin?

M. FAGON.--A la vérité, Sire, les choses sont plus agréables quand on
les peut posséder entièrement.

LE ROI.--C'est aussi ma pensée; mais passons de la guerre à la médecine.
Dites-moi, je vous prie, d'où me viennent de grandes oppressions de
rate, et des palpitations continuelles que je sens?

M. FAGON.--Sire, Galien nous dit que les oppressions de rate viennent
d'une grande mélancolie, laquelle fait enfler cette partie interne par
les vapeurs qu'elle renvoie au coeur, qui la mettent en cet état.

LE ROI, _soupirant_.--Galien est sans doute un habile docteur; mais quel
remède donne-t-il contre ce mal?

M. FAGON.--Sire, ce savant ordonne contre tous les maux, et nous aussi,
tout ce qui leur est opposé. Par exemple, la joie est opposée à la
mélancolie qui fait son séjour dans la rate: pourquoi il la faut bannir
si l'on peut; et pour cet effet, on doit prendre dans la journée, deux
ou trois onces de joie bien préparées[133], qui dissipent la bile noire
que le chagrin fait naître.

Mme DE MAINTENON.--Voilà un remède souverain, Monsieur; ne
voyez-vous pas que Sa Majesté le met en usage?

M. FAGON, _regardant Mlle du Tron_.--Le remède est bon et agréable,
Madame, mais il faut craindre...

LE ROI.--Qu'y a-t-il, Monsieur, à redouter? le breuvage est si doux.

M. FAGON, _en riant_.--Il est vrai, Sire, si Votre Majesté le prend avec
modération, il ne lui fera point de mal; mais si elle passe la dose du
médicament, Elle est en risque.

Mme DE MAINTENON.--Que je suis ravie, Monsieur, que vous avertissiez
mon cher monarque de son salut! A l'âge où il est, les efforts ne lui
valent rien, non plus que de certaines agitations d'idées et
d'imagination qui lui échauffent le cerveau.

M. FAGON.--Rien n'est plus sûr, Madame; toutes les émotions ébranlent le
corps et les parties sensibles qui se trouvent obligées de faire leur
devoir par rapport aux passions qui les excitent, et si l'homme n'est
bien fort, il succombe indubitablement.

Mlle DU TRON.--Quel langage parlez-vous donc, Monsieur? l'on ne peut
rien comprendre à votre discours.

Mme DE MAINTENON.--Mademoiselle, le style vous est peut-être inconnu;
mais cependant j'en doute fort.

Mlle DU TRON, _d'un air fier et dédaigneux_.--Je ne suis pas si
savante que vous, Madame; mais le temps m'apprendra ce que je dois
savoir.

LE ROI.--Si bien donc, Monsieur le Docteur, que pour se bien porter
il ne faut point voir de femmes? Et comment s'en passer? Sans elles la
vie est à charge, et nous devons au beau sexe les plus doux moments que
la nature a formés.

M. FAGON.--Cependant, Sire, ces doux moments en font quelquefois naître
de bien mauvais, et le tempérament foible et destitué de forces ne doit
se servir des femmes et du vin que très-peu, seulement pour lui réjouir
le coeur.

LE ROI, _en riant_.--Croyez-vous, Monsieur, que j'en use autrement?

M. FAGON.--Je ne sais, Sire, l'excès que Votre Majesté fait, mais l'un
et l'autre sont dangereux.

LE ROI, _lui prenant la main_.--Monsieur, reposez-vous sur ma conduite,
j'ai du ménagement dans mes passions.

Mme DE MAINTENON, _à demi bas_.--Pas trop.

LE ROI _continue_.--Je vous suis pourtant infiniment obligé de la part
que vous prenez à ma santé.

M. FAGON.--Sire, ce n'est pas, comme Votre Majesté le peut croire, un
autre motif qui me fait agir, que l'envie de voir régner plus longtemps
votre personne Royale, tant pour la satisfaction de ses peuples, que
pour la mienne; quel coup sensible ne seroit-ce point pour nous, si nous
avions le malheur de perdre un Roi si doux et si débonnaire?

Mme DE MAINTENON.--Ah! Sainte-Vierge qu'entends-je? Vous avez grand
tort, Monsieur, de nous faire un tombeau de douleurs avant le
temps. Hélas! que deviendrois-je, mon Sauveur, si la mort m'enlevoit mon
cher Prince?

LE ROI, _d'un air railleur_.--Calmez vos ennuis, Madame; eh! monsieur le
Médecin, je ne suis pas encore si près de la mort que vous pensez; il me
semble que je renais depuis quelque temps, je sens même augmenter ma
vigueur de moment en moment.

M. FAGON, _en riant_.--Sire, Votre Majesté en a besoin.

LE ROI.--Je vous entends, Monsieur, nous en viendrons à bout avec le
temps.

Mme DE MAINTENON.--Saint Ignace me puisse-t-il abandonner, si avant
qu'il soit un mois, Votre Majesté ne regrette la paix et la douceur
qu'elle goûtoit dans l'indifférence.

Mlle DU TRON, _au Roi_.--Que cette vieille dame est ridicule avec son
discours suranné, et ses expressions sanctifiées! Plût à Dieu que Saint
Ignace l'emportât d'ici, et qu'elle nous laissât en repos.

LE ROI _lui dit tout bas_.--Un peu de complaisance, Mademoiselle, je
vais bientôt la renvoyer dire son chapelet.

Mme DE MAINTENON.--Sire, Monsieur Erizzo[134], ambassadeur de Venise,
est arrivé à Versailles; il demande audience à Votre Majesté.

LE ROI.--Quelle diable de figure voulez-vous que je fasse, Madame, avec
cet envoyé? J'enrage de ce que les Turcs ont été défaits[135].

Mme DE MAINTENON.--Sire, il faut dissimuler, et lui faire connoître
que Votre Majesté prend beaucoup de part à la victoire que la République
a remportée sur les Turcs dans la Morée.

LE ROI.--Comment accorder ces paroles à son coeur?

Mme DE MAINTENON.--Mon Prince, il faut s'accommoder au temps.

LE ROI, _poussant un soupir_.--L'étrange politique! mais qui ne peut
dissimuler ne peut régner. Madame, qu'on fasse mes compliments à
l'Envoyé de Venise, et qu'on lui dise qu'en bref je lui donnerai
audience.

Mme DE MAINTENON.--L'on suivra vos ordres, Sire; mais quand Votre
Majesté viendra-t-elle à Versailles?

LE ROI, _d'une façon impatiente_.--Je verrai, Madame; allez seulement.

M. FAGON.--Sire, je prends la liberté d'accompagner, Madame.

LE ROI.--Vous ferez bien, de peur qu'elle ne s'amuse en chemin.

Mme DE MAINTENON.--Adieu, mon cher Monarque, conservez votre santé.

LE ROI.--Adieu, Madame, conservez votre esprit.


_ENTRETIEN XXII._

  LE ROI _et Mademoiselle_ DU TRON.

LE ROI.--La pauvre femme n'en peut plus, la jalousie l'étouffe, elle
croit que je suis mort, éloigné de ses yeux; mais de la mort dont
l'amour me menace, j'espère d'en revenir.

Mlle DU TRON.--Ah! mon Prince, qu'une tendresse aussi outrée est peu
agréable! il y entre du dépit, de l'envie, de l'intérêt, de la rage, et
enfin tout ce qui est de plus lâche, et de plus abominable. Le coeur
de cette dame est un labyrinthe fort obscur, qu'il est bien
difficile de pénétrer.

LE ROI, _souriant_.--Comme celui de toutes les dames, Mademoiselle, qui
sont cachées au dernier point.

Mlle DU TRON, _d'un ton sérieux_.--Votre Majesté, Sire, doit mettre
beaucoup de différence entre une femme et une femme, comme nous en
mettons entre un homme et un homme.

LE ROI.--Je l'avoue, Mademoiselle, elles ont plus de mérite les unes que
les autres, et sont beaucoup plus aimables; mais cependant il faut
demeurer d'accord que la feinte et la dissimulation sont toujours leur
partage.

Mlle DU TRON.--Je ne m'aperçois point de cela, Sire.

LE ROI.--Oh! que vous le savez pourtant bien, ma chère Demoiselle! vous
ne m'avez point encore fait un aveu tendre qui ait pu me contenter.

Mlle DU TRON.--Ah! qu'il seroit peu à propos, mon cher Prince, de
vous dire ce que vous pouvez faire naître! de grâce, que Votre Majesté
ne m'embarrasse pas davantage sur cet effet; je sens trop la...

LE ROI.--Et pourquoi, ma belle? expliquez-moi, je vous prie...

Mlle DU TRON.--Sire, je ne puis à présent; permettez que je me
retire.

LE ROI.--Adieu donc, charmante; vous voulez me quitter?

Mlle DU TRON.--Sire, un peu de repos pour rappeler mes esprits
étonnés.

LE ROI.--Ah Ciel! faut-il que le mien soit troublé par des doutes
si fâcheux, et si embarrassants!


_ENTRETIEN XXIII._

LE ROI, _dans son cabinet, rêveur et parlant seul_.--Ce n'est pas en
vain que je m'inquiète, cette beauté ne m'aimera jamais. Elle est
prévenue, à mon malheur, d'un autre objet qui la flatte, et qui
l'entretient jour et nuit d'autres idées plus agréables; mais que faire?
il est impossible de forcer les coeurs; peut-être que le temps m'en
rendra le maître. L'absence de cet heureux amant et mes soins assidus
pourront me procurer l'avantage auquel j'aspire. Ah! que la conquête
d'un coeur est souvent difficile à faire, surtout lorsque l'amour en a
disposé pour un autre! Il est vrai qu'elle a lieu de se plaindre de ma
foiblesse qui a si mal secondé mes désirs, et n'a pu répondre à son
attente. C'est un affront pour cette belle, qu'elle ne me pardonnera
jamais, quoiqu'elle n'ose me le témoigner, et je crains que son coeur
ne refuse de se donner à un Prince si peu capable de remplir ses devoirs
dans les occasions les plus importantes. Ah! qu'il est dur de sentir
tant d'amour, et de se trouver si peu en état d'en donner des marques
sensibles! Quelle honte n'en rejaillira-t-il point sur l'histoire de ma
vie, et à quelles railleries ne serai-je pas exposé si cette belle n'est
pas discrète? il faut tâcher de réparer au plus tôt cet affront; petit
Dieu des coeurs, viens à mon secours! hélas! pourquoi m'as-tu
cruellement abandonné? Falloit-il laisser si peu de force et de courage
à un Prince surnommé le Grand?


_ENTRETIEN XXIV._

  _Madame_ DE MAINTENON, _et Monsieur_ BONTEMS.

Mme DE MAINTENON, _venant d'écouter à la porte du cabinet_.--Monsieur, à
qui parle donc le Roi? qui est-ce qui est avec lui?

M. BONTEMS.--Ma foi, Madame, je n'en sais rien.

Mme DE MAINTENON.--Mais j'ai vu sortir votre nièce du cabinet.

M. BONTEMS.--Vous êtes donc plus savante que moi, car je puis assurer
que je n'en sais rien.

Mme DE MAINTENON.--Il faut avouer que vous avez grand tort de la
laisser davantage ici; elle trouble entièrement le repos de notre grand
Monarque.

M. BONTEMS.--Je ne saurois qu'y faire, car c'est par l'ordre du Roi
qu'elle demeure si longtemps à Versailles.

Mme DE MAINTENON.--O fatalité sans égale! quand elle parut à l'Opéra
et que ce Prince la vit, il en devint d'abord amoureux. Depuis ce triste
moment je ne fais que languir.

M. BONTEMS.--J'en suis bien fâché, Madame; si j'avois prévu ce malheur,
je ne l'aurois pas fait venir de Normandie. J'entre trop dans vos
intérêts pour pouvoir jamais vous déplaire, du moins volontairement, et
je suis au désespoir que sa présence vous chagrine.

Mme DE MAINTENON, _poussant deux ou trois gros soupirs_.--Ah! grands
Saints, qui connoissez mes pensées, vous n'ignorez pas que j'enrage
de la voir. De grâce, envoyez un de vos bons anges pour me consoler et
me soutenir dans mes douleurs.

M. BONTEMS.--Madame, ne vous chagrinez pas, c'est un amour qui passera;
l'infidélité du Roi ne détruira rien de vos affaires; ce Prince
retournera toujours à vous comme à son souverain bien.

Mme DE MAINTENON.--Dieu le veuille, Monsieur, c'est le voeu que je
fais tous les jours; mais hélas! que votre nièce est redoutable.

M. BONTEMS.--Ce n'est pas, Madame, par ses caresses, car rien n'est si
indifférent qu'elle, et jamais elle n'a fait d'amitié à personne qu'au
duc de[136]... son galant, qu'elle aime assez tendrement.

Mme DE MAINTENON.--Cependant, Monsieur, il faut vous avouer que je ne
la trouve pas déplaisante en ses manières; elle charme quand elle parle,
et le son de sa voix est incomparable; de plus, elle a beaucoup l'air de
Cour, ce qui est un grand avantage.

M. BONTEMS.--Il est vrai, Madame; avez-vous aussi remarqué ce souris
ravissant, qui l'embellit extrêmement?

Mme DE MAINTENON.--Oui, oui, Monsieur; ne me faites point son
portrait; elle n'est que trop peinte dans mon esprit, et vous voyez que
quelque tort qu'elle me fasse, je ne laisse pas de rendre justice à ses
bonnes qualités. Mais, pour revenir au Duc dont vous m'avez parlé,
qu'elle aime, le Roi peut-il s'accommoder d'un amour partagé, lui
qui est si délicat en tendresse?

M. BONTEMS.--Je ne sais, Madame, comme cela va, j'en ai du chagrin aussi
bien que ses tantes; et si elle nous avoit voulu croire, elle n'auroit
jamais écouté le Roi.

Mme DE MAINTENON.--Son motif est, Monsieur, que le Roi fera sa
fortune, et qu'il la mettra au rang de ses maîtresses, lesquelles à la
vérité il n'a pas payées d'ingratitude pour leurs bons services.

M. BONTEMS.--La pensée est plus intéressée et plus maligne que je ne
croyois. Quoi! ma nièce, à l'âge où elle est, use de politique aussi
fine! De bonne foi je ne l'aurois jamais cru. Eh! que deviendra donc son
pauvre amant? Il formera sans doute un ruisseau de larmes à ces tristes
nouvelles.

Mme DE MAINTENON.--Bon, le Duc s'en consolera, et l'épousera quand le
Roi en sera dégoûté.

M. BONTEMS.--Mais cependant, Madame, son front ne s'en trouvera pas
mieux.

Mme DE MAINTENON.--Hélas! Monsieur, comptez-vous cela pour quelque
chose? Dans le siècle où nous sommes, il n'y a point de familles
distinguées qui ne joignent, même avec plaisir, l'aigrette de Vulcain
aux armes que l'hymen leur donne, pourvu qu'elles y trouvent leur compte
du côté de la fortune. Bon, bon, l'on fait semblant d'ignorer ce que
l'on ne veut point connoître, sitôt qu'il nous apporte du bonheur.

M. BONTEMS.--En vérité, Madame, j'ai été fort heureux sur ce
chapitre; car j'ai l'imagination fort sensible à échauffer de ce
côté-là.

Mme DE MAINTENON.--Allez, allez, Monsieur, si votre sort avoit voulu
vous faire cornu, vous auriez porté votre charge aussi bien que les
autres; rendez-en grâces à votre étoile qui vous a préservé de ce
malheur, puisque vous l'appelez ainsi.

M. BONTEMS.--Quoi, Madame, vous n'estimez pas un malheur d'être cocu?

Mme DE MAINTENON.--Non, Monsieur; il y a tant d'honnêtes gens qui le
sont, que rien n'est plus à la mode. Combien avons-nous de princes, de
comtes et de ducs, qui ne se font pas un déshonneur de dire: ma mère fut
autrefois la maîtresse du Roi, ou celle du Dauphin, ou celle de
l'Empereur[137].

M. BONTEMS, _s'éclatant de rire_.--Sur ma foi, Madame, vous êtes
admirable en raisons convaincantes; les maris aux aigrettes n'ont qu'à
venir chez vous pour recevoir des consolations sur la démangeaison de
leur front; mais quant à moi, toute la plus belle rhétorique du monde ne
pourroit me persuader de bonheur de ce côté-là.

Mme DE MAINTENON.--Monsieur, changeons de thèse, et concluons
que mademoiselle du Tron ne se mariera jamais, ou bien elle fera son
époux de l'ordre des Chevaliers à la Crète[138].

M. BONTEMS.--Tant pis pour elle, Madame; je ne veux point me mêler des
affaires de Cour. Mais quittons la place, je vois venir monseigneur le
Dauphin avec madame la princesse de Conty.

Mme DE MAINTENON.--Mon Dieu, que je hais cette femme! Je vous prie,
Monsieur, de lui dire que je ne suis point à Meudon.

M. BONTEMS.--Je le ferai, Madame, si elle me le demande; mais de
l'humeur qu'elle est, vous savez qu'elle ne s'en souciera point du tout.

Mme DE MAINTENON.--Cela m'est fort indifférent; je me soucie aussi
peu d'elle qu'elle se soucie de moi. Adieu, je vous quitte; je la laisse
avec son Dauphin aller à la chasse entre deux toiles[139].

M. BONTEMS, _faisant un signe de croix_.--Ah! Madame, que dites-vous là?
la pauvre Princesse n'y pense pas.

Mme DE MAINTENON, _en riant_.--Je crois qu'elle n'y pense que quand
elle s'y trouve, ou quand la bête est dans ses filets.

M. BONTEMS.--Silence donc, Madame, s'il vous plaît, les voici.

_Madame de Maintenon se retire._


_ENTRETIEN XXV._

  _Monseigneur le_ DAUPHIN, _la Princesse_ DE CONTI, _et Monsieur_
  BONTEMS.

MONSEIGNEUR.--Ah! c'est vous, Monsieur Bontems, comment vous
portez-vous?

M. BONTEMS.--Monseigneur, comme le plus humble de vos serviteurs; votre
santé me paroît aussi très-parfaite.

MONSEIGNEUR.--Oui, Dieu merci, vous voyez un chasseur qui vient de
descendre de cheval.

M. BONTEMS.--Eh bien, mon Prince, la chasse a-t-elle été favorable?

MONSEIGNEUR.--Nous avons tué deux ou trois loups, ce qui nous est assez
rare dans la forêt de Saint-Germain, qui n'est pas bien féconde en ces
espèces d'animaux.

M. BONTEMS.--Parbleu, Monseigneur, voilà une belle victoire! diable,
deux ou trois loups? la prise n'est point méchante.

MONSEIGNEUR.--J'en suis assez content.

M. BONTEMS, _se tournant vers la Princesse de Conti_.--Et vous, Madame,
quelle est la chasse que Votre Altesse aime le plus?

LA PRINCESSE, _en riant_.--Monsieur, c'est celle des plats et des
verres.

M. BONTEMS.--Ma foi, Madame, c'est la plus douce, et celle qui fatigue
moins le corps.

MONSEIGNEUR.--Monsieur, le Roi est-il ici?

M. BONTEMS.--Oui, mon Prince, Sa Majesté est seule dans son cabinet.

MONSEIGNEUR, _à la Princesse_.--Madame, avançons, le Roi est sans
compagnie.

LA PRINCESSE.--Allez toujours devant, je vous suis dans un moment.


_ENTRETIEN XXVI._

  LE ROI _et_ MONSEIGNEUR.

LE ROI.--Vous voilà donc enfin arrivé; je vous attends depuis hier.
Comment vont les affaires à Versailles?

MONSEIGNEUR, _d'un air indifférent_.--Ma foi, je ne sais, Sire; Votre
Majesté pouvoit le demander au Gouverneur, qui vient de partir de
Meudon.

LE ROI.--Quoi, Bontems est ici! Il y est donc venu sans que je l'aie su?

MONSEIGNEUR.--Oui, sans doute, je viens de parler à lui.

LE ROI.--C'est que j'étois peut-être embarrassé quand il y est venu.

MONSEIGNEUR.--Cela se peut.

LE ROI.--Qui est donc avec vous, mon fils? êtes-vous seul au château?

MONSEIGNEUR.--Non, Sire, la princesse de Conty est avec moi.

LE ROI.--Où est-elle donc, qu'elle ne paroît point?

MONSEIGNEUR.--Sire, elle est dans l'antichambre, où elle regarde
quelques peintures de défunt Mignard[140], elle ne peut tarder à venir.


_ENTRETIEN XXVII._

  LE ROI, MONSEIGNEUR, _et la Princesse_ DE CONTI.

LA PRINCESSE, _entrant_.--Il faut avouer, Sire, que Mignard étoit un
habile peintre; il a peint ici Vénus qui pleure son Adonis[141] si au
naturel, qu'il n'y manque que la parole pour l'animer.

LE ROI.--Il est vrai, Madame, la Cour a beaucoup perdu par sa mort. Les
derniers portraits qu'il a faits des trois jeunes Princes du sang[142],
sont admirés de tout le monde.

LA PRINCESSE.--Particulièrement le duc de Bourgogne est si bien
représenté, qu'il ne lui manque que la parole.

LE ROI.--C'est un bel art que la peinture; mais qu'a fait la princesse
de Lislebonne[143] du petit portrait qu'elle avoit, qui venoit de
Mignard? C'est à la vérité un chef-d'oeuvre[144], où l'on voit Lucrèce
qui se perce le coeur d'un poignard après avoir perdu sa virginité,
que Sextus lui avoit enlevée en la violant.

LA PRINCESSE, _en riant_.--La pauvre fille étoit bien folle de se priver
de la vie pour un mal où il n'y avoit point de remède! Cette prude
farouche n'a rien emporté de sa violence, que le péché de se défaire
soi-même, lequel est criant devant Dieu. Ce n'étoit au plus qu'un
fantôme d'honneur qui lui fit commettre ce crime.

LE ROI.--Il est vrai, Madame; mais autrefois la vertu tenoit lieu de
tout chez les Romains; présentement les dames de ce pays sont plus
apprivoisées, et l'on trouve rarement chez elles des Lucrèces dont la
vertu fasse tant de bruit.

LA PRINCESSE.--Il en est de même parmi nous, Sire; je ne crois pas que
les femmes soient aujourd'hui moins sensibles à l'honneur, qu'elles
l'ont été du temps que les Dieux venoient se promener sur la terre, et
qu'ils avoient commerce avec elles.

MONSEIGNEUR.--C'est aussi ma pensée, Madame. Parbleu rien n'est si
difficile à trouver qu'une fille qui ait gardé la fleur de sa virginité.

LE ROI, _en riant_.--Eh! comment le savez-vous, Monsieur?

LA PRINCESSE.--Sire, la dernière aventure que le Prince a eue à Marly,
confirme ce qu'il dit. Le comte de Saint-Maure l'a trompé
plaisamment[145].

MONSEIGNEUR, _s'approchant de la Princesse_.--Ah! la méchante! elle va
découvrir le pot aux roses.

LE ROI.--Dites-moi donc, Madame, le tour qu'on lui a joué?

LA PRINCESSE, _regardant Monseigneur_.--Parlerai-je, mon cher?

MONSEIGNEUR, _en souriant_.--Tout comme il vous plaira, Madame, la chose
m'est indifférente à présent; je n'ai plus que faire de la provinciale
aux yeux charmants.

LA PRINCESSE, _malicieusement_.--Voilà comme on parle, quand on s'est
servi des dames.

MONSEIGNEUR.--Ma foi, Madame, la pauvre fille m'a très-peu servi; car
dès la première fois que je touchai son teton, je vis bien qu'elle
n'étoit pas pucelle.

LE ROI.--Il vous en faut des pucelles? je gage à coup sûr que ce comte
de Saint-Maure lui avoit assuré que jamais on n'avoit forcé ses lignes.

LA PRINCESSE.--Voilà justement l'affaire, Sire, et il s'est trouvé
que c'est la plus grande coquette du monde, qui n'a pas moins que six ou
sept galants à sa toilette.

LE ROI, _souriant_.--C'est assez pour en être contente; mais il me
semble, mon fils, qu'il seroit plus glorieux pour vous d'aller attaquer
quelque place considérable, ou d'aller secourir le siége de Namur, que
de vous amuser à ces galanteries.

MONSEIGNEUR.--Puis-je manquer, Sire, en suivant l'exemple qu'on me
donne? Quand Votre Majesté parle de la sorte, il me souvient d'une fable
que j'ai lue, où l'écrevisse d'Esope reprenoit sa fille de ce qu'elle
marchoit à reculons; mais cette fille plus avisée que sa mère, lui dit:
Ma mère, vous me l'avez appris de la sorte, et vous ne pouvez marcher
autrement, même sur la fin de votre vie; trouvez donc bon que je vous
imite.

LE ROI, _confus_.--Mon fils, vous avez raison de condamner mes actions à
l'âge où je suis; je défends ce que je fais; mais aussi considérez qu'il
y a bien plus de lauriers à cueillir pour un jeune prince comme vous,
que pour moi qui suis sur le retour.

MONSEIGNEUR.--Il est vrai, Sire; mais j'aurois eu aussi bien l'affront
de voir rendre cette place à mon nez, que le maréchal de Bouflers qui a
fait de son mieux pour la conserver.

LE ROI.--Je goûte vos raisons; hélas! nous avons tout perdu à la mort du
maréchal de Luxembourg[146]; ce général habile et consommé dans la
guerre, auroit tout mis en usage pour préserver cette place de la fureur
des ennemis, que l'on m'écrit s'être battus en diables.

MONSEIGNEUR.--Jamais siége n'a été poussé avec tant de violence.

LA PRINCESSE.--Avez-vous vu le prince d'Orange[147], Monseigneur? la
renommée le fait passer pour un grand capitaine, qui même ne craint
point la mort dans les plus grands périls.

MONSEIGNEUR.--Je l'ai vu plusieurs fois; c'est un prince fort généreux.

LE ROI.--Il ne l'est que trop pour nous, il seroit à souhaiter qu'il eût
moins de courage, aussi bien que le prince de Vaudemont[148], qui tient
toujours tête au duc de Villeroy.

MONSEIGNEUR.--Le dernier est vieux et n'a plus guère à vivre.

LA PRINCESSE.--Mon Dieu, que je voudrois bien que la guerre fût finie!
Il me semble que l'âge d'or reviendroit.

LE ROI.--Je ne ferai jamais la paix à mon désavantage, mes peuples en
dussent-ils crever.

LA PRINCESSE.--La résolution est cruelle, Sire.

LE ROI.--Je n'y saurois que faire, Madame; l'honneur du Roi marche à la
tête de toutes considérations politiques et chrétiennes.

LA PRINCESSE.--Du moins c'est le sentiment des Révérends Pères Jésuites.

LE ROI.--Je trouve que les raisons sont bonnes, et que sans elles les
Etats et les Royaumes périroient.

LA PRINCESSE.--Sire, ces saints Pères sont admirables en moyens.

LE ROI.--Qu'en dites-vous, Madame? ces dévots religieux sont le sel de
la terre.

LA PRINCESSE.--Sire, j'en croirai ce qu'il vous plaira.

LE ROI.--Madame, je vous quitte et vous laisse avec M. le Dauphin; voici
mademoiselle du Tron qui vient d'entrer dans cette chambre; j'ai à lui
parler.

LA PRINCESSE.--Il est juste, Sire, de lui céder la place, et nous nous
retirons pour ne vous pas être incommodes.


_ENTRETIEN XXVIII._

  LE ROI, _et Mademoiselle_ DU TRON.

LE ROI.--Eh bien, ma belle demoiselle, saurons-nous aujourd'hui les
véritables sentiments de votre coeur? qu'avez-vous résolu en faveur
d'un prince qui vous adore? faut-il vivre, faut-il mourir?

Mlle DU TRON, _en riant_.--Sire, il faut vivre; la vie d'un grand
monarque comme vous est si précieuse, que vous ne devez pas douter que
je ne contribue de tout mon possible à sa conservation.

LE ROI.--Cela est fort obligeant; vous voyez, ma belle, qu'elle ne
dépend plus que de vous; et si vous me refusez ce que je vous demande,
qui est la préférence de votre coeur, je suis le plus malheureux de
tous les hommes.

Mlle DU TRON.--Comme cette préférence est due au rang que tient Votre
Majesté, c'est si peu de chose pour elle, que je crois qu'elle ne s'en
inquiète pas beaucoup.

LE ROI.--Ah! quelle injustice vous me faites, ma chère demoiselle, de me
croire indifférent pour la plus grande de toutes les conquêtes!
Désabusez-vous, de grâce, d'une telle erreur, et croyez au contraire que
c'est cette heureuse préférence qui fera toute ma félicité, si vous
voulez bien me l'accorder. Oui, c'est un bien que j'estime infiniment. A
quel désespoir ne me réduirez-vous point si vous me refusez?
Prononcez-en donc au plus tôt l'arrêt; car je ne puis vivre plus
longtemps dans cette cruelle incertitude où vous m'avez laissé.

Mlle DU TRON.--Eh bien, Sire, puisque vous voulez que je croie que
votre déclaration est sincère, quelque sujet que j'aie de me défier de
mon peu de mérite, je consens d'y ajouter foi, et veux bien me
flatter que vous m'aimez; mais souffrez en même temps que je vous dise
que je ne donnerai mon coeur qu'avec de grandes précautions; il faut,
outre la sincérité, une longue persévérance pour l'obtenir
véritablement.

LE ROI.--Je sais fort bien, Mademoiselle, que plus un bien est précieux,
plus il doit se faire désirer longtemps; ce seroit une grande témérité
d'oser l'espérer entièrement du premier abord; mais aussi il est
certaines dispositions favorables, sans lesquelles un amant perd courage
dès sa première poursuite. Dites-moi donc ingénuement, mon bel ange,
sentez-vous quelque chose qui vous parle en ma faveur? Ne me déguisez
point la vérité.

Mlle DU TRON.--Hélas! Sire, qu'un pareil aveu coûte à faire à une
personne de mon humeur! est-il nécessaire de m'expliquer sur un secret
que je voudrois que l'on devinât? mes yeux, qui sont les interprètes de
mon coeur, ne vous ont-ils pas assez parlé? un prince aussi spirituel
comme vous, a dû dès le premier jour entendre leur langage à demi-mot.

LE ROI.--Le langage des yeux trompe si souvent, que l'on ne doit pas
toujours les croire, et il est très-facile de s'y méprendre! D'ailleurs,
Mademoiselle, je vous avoue que je ne suis pas assez pénétrant pour
pouvoir me flatter de bien développer leurs mystères. Faites donc, s'il
vous plaît, comme s'ils ne m'avoient rien dit; que votre bouche
m'explique, de grâce, ce qu'ils ne m'ont pas fait comprendre assez
clairement, et qui pourroit décider de mon repos.

Mlle DU TRON.--Souffrez, Sire, avant de vous satisfaire là-dessus,
que je vous interroge à mon tour, et vous demande s'il est bien vrai que
vous m'aimiez autant que vous le dites, si vous n'en aimez plus d'autre
que moi, et si vous avez cette noble résolution que je demande à mon
amant, qui est de m'être toujours fidèle? car malgré votre autorité
souveraine, j'ose vous déclarer que mon coeur ne se donnera
véritablement qu'à ce prix.

LE ROI, _l'embrassant_.--Hélas! ma belle enfant, pouvez-vous encore en
douter, et ne vous l'ai-je pas fait assez connoître? Douter de mon amour
pour vous et de ma persévérance, c'est douter de la lumière du soleil.
Oui, je vous aime et vous aimerai toute ma vie avec la plus forte
passion; l'expérience vous en convaincra à loisir, et s'il est
nécessaire de vous en faire des serments...

Mlle DU TRON, _en riant_.--Non, non. Sire, ne jurez point; j'aime
mieux vous croire de bonne foi, que de vous rendre parjure.

LE ROI.--Si vous consentez à mon bonheur, ma chère demoiselle, sans me
faire languir davantage, dites-moi donc aussi à votre tour que vous
m'aimez véritablement, et récompensez toujours mes feux d'une ardeur
réciproque.

Mlle DU TRON.--Je me pique, Sire, d'être judicieuse et reconnoissante
de ce que l'on a fait pour moi. Mais si Votre Majesté, par un principe
de délicatesse, ne peut souffrir le partage de mon coeur, il est juste
que je sois aussi jalouse du sien. Eh! qui me répondra que madame
de Maintenon ne le possède pas encore tout entier comme elle a fait
depuis longtemps? Si cela étoit par hasard, comme j'ai lieu de le
soupçonner, vous exigez beaucoup plus de moi que je ne puis espérer de
vous, et vous voyez bien que la partie ne seroit pas égale.

LE ROI.--Ah! de grâce, n'ayez aucun ombrage à son égard, et rendez plus
de justice à vos charmes; croyez qu'elle est morte dans mon coeur dès
le premier moment que je vous ai connue; je ne la souffre quelquefois
que par politique; parce qu'elle sait tous les secrets de mon Etat[149],
et m'a donné assez souvent de bons conseils.

Mlle DU TRON.--Sire, elle est fort heureuse que Votre Majesté en juge
si favorablement pour elle, car il est certain que le public en parle
tout autrement et ne regarde au contraire cette femme que comme le
fléau de la France, qui causera infailliblement sa ruine, si Votre
Majesté ne se garantit de ses artifices, et se laisse conduire plus
longtemps par ses dangereuses persuasions.

LE ROI.--Elle dit pourtant qu'elle ne travaille que pour le bien de mon
royaume, et semble aller au-devant de tous mes souhaits.

Mlle DU TRON.--Sire, sa politique est bien fine, elle a ses vues
particulières qui sont plus intéressées que Votre Majesté ne pense; mais
je n'en parle qu'en passant, et ce ne sont point mes affaires; je vous
dirai seulement que vous devez vous en défier, étant fort à craindre.
Pour revenir à notre sujet, il faut que vous demeuriez d'accord que
j'aurois eu peu de raison de vous avouer que vous possédez seul mon
coeur, si elle étoit encore maîtresse du vôtre.

LE ROI, _se passionnant_.--Votre délicatesse me charme. Non, ma chère
demoiselle, mon coeur est tout à vous, et elle n'y a plus aucune part;
cessez donc de vous alarmer sur de fausses apparences, et croyez que
vous seule me tiendrez toujours lieu de tout ce que j'ai de plus cher au
monde.

Mlle DU TRON.--Si vous ne me trompez point, mon cher prince, mon
coeur est à vous à ces conditions, et je répondrai de ma part à tous
les sentiments de tendresse que Votre Majesté aura pour moi; mais ne me
trompez pas.

LE ROI, _la baisant_.--Non, ma charmante demoiselle, j'en suis
incapable; que nos coeurs soient donc unis pour toujours, et
goûtons en paix tous les plaisirs d'un amour réciproque. Cet
éclaircissement me redonne la vie.

Mlle DU TRON.--Je n'ai pu le refuser à vos empressements et à la
bonne opinion que j'ai de votre constance. Mais Votre Majesté m'a
retenue ici plus longtemps que je ne pensois, et je n'ai pas fait
réflexion que l'on m'attend.

LE ROI.--Je ne vous arrêterai donc pas plus longtemps. Adieu, ma chère
enfant! Ah! qu'il nous sera doux d'aimer toujours de même.


NOTES.

  [46] Voir la Préface.

  [47] Louis le Grand. Le surnom de Grand fut donné pour la première
  fois à Louis XIV en 1672, après la campagne, célèbre par le
  passage du Rhin, dont il fut le prudent témoin. Le président Le
  Pelletier fit frapper une médaille avec ces mots: LUDOVICO MAGNO.

  [48] Louis XIV, né le 5 septembre 1638, avait alors 57 ans. Nous
  sommes, en effet, en 1695, ainsi que le prouvent plusieurs détails
  de ce récit, notamment la réception de l'ambassadeur vénitien
  Frizzo. Voyez ci-dessous.

  [49] Nous avons fait de longues recherches pour reconstituer la
  parenté qui aurait existé entre Mlle du Tron et M. Bontemps, son
  oncle. Le nobiliaire de La Chesnaie des Bois fait du célèbre valet
  de chambre du Roi le premier de sa race et ne lui donne ni frères
  ni soeurs: donc, aucune nièce de son côté. Il épousa Marguerite
  Bosc, soeur de Claude Bosc, chevalier, seigneur d'Ivry, conseiller
  du Roi en ses conseils, procureur général de Sa Majesté en sa Cour
  des aides, prévôt des marchands de la ville, prévôté et vicomté de
  Paris: de ce côté encore, aucun lien de parenté entre Bontemps et
  la famille du Tron.

  Mlle du Tron a-t-elle existé? Nous connaissons sous ce nom, mais
  avec l'orthographe du Tronc et du Troncq:

  1º Du Troncq, dont parle Dangeau (_Mémoires_, mardi 19 octobre
  1706): «Le Roi depuis quelques jours a fait brigadiers le comte de
  Melun et du Troncq, qui se sont signalés en Italie.»--Ce même du
  Troncq (Dangeau, 8 mars 1718), figure dans une liste de promotions
  au grade de maréchal de camp.

  2º N... du Tronc, femme de Savary, sieur de Saint Just, sur
  laquelle on trouve le couplet suivant dans le _Recueil de
  Maurepas_, t. XI, p. 325, année 1709:

      CHANSON sur l'air: _ne m'entendez-vous pas?_
      2e couplet.

      De Saint Just à Paris
      La Savary fait course
      Pour attraper la bourse
      Du beau Towienski;
      Mais Luxembourg l'a pris.

  Le beau Towienski était un polonais, alors de passage à Paris, qui
  avoit obtenu, d'après le chansonnier, les bonnes grâces de la
  duchesse de Luxembourg.

  S'il s'agit de Mlle du Tronc, aimée de Louis XIV, elle pouvoit
  avoir en 1709 de 30 à 31 ans, soit 16 à 17 ans en 1695.

  L'abbé de Choisy, dans son _Histoire de la comtesse des Barres_,
  raconte que, lorsqu'il alla sous son déguisement, s'établir dans
  le Berry, il acheta les glaces de la marquise du Tronc, morte dans
  son château, à trois ou quatre lieues de Bourges.

  [50] Sur Mme de Maintenon, voyez t. III, pages 65 etc.

  [51] Bontemps. Voy. ci-dessus, page 128, note 49. Premier valet de
  chambre ordinaire du Roi, servant par quartier, il prenoit le
  titre d'écuyer et de conseiller du Roi. Ce titre de conseiller du
  Roi, aussi prodigué que celui de maître d'hôtel, étoit purement
  honorifique: il en étoit de même du titre de valet de chambre, que
  prirent d'abord les tapissiers du Roi, et, après eux, jusqu'aux
  menuisiers du Roi. (Voy. les _Etats de la France_.)

  Alexandre Bontemps fut en outre secrétaire général des Suisses et
  des Grisons, gouverneur de la ville de Rennes, intendant des
  châteaux, parcs, domaines et dépendances de Versailles et de
  Marly. C'est à lui qu'est adressée, dans les termes les plus
  respectueux, la première lettre de Ch. Perrault (_OEuvres
  diverses_), qui lui demande une place pour son livre dans la
  Bibliothèque du palais de Versailles et surtout la fondation d'une
  Bibliothèque dans la ville.

  Alexandre Bontemps eut trois enfants, un fils aîné, Louis, qui eut
  encore plus de titres et dignités que son père; Alexandre-Nicolas,
  qui fut premier valet de chambre de la garde-robe; Marie-Madelaine
  qui épousa le riche Lambert de Thorigny, président en la Chambre
  des comptes, dont l'hôtel étoit et est encore un des plus riches
  de l'île St-Louis.--Voy. l'_Erratum_ à la fin de ce pamphlet.

  [52] Meudon.--«Mardi, 1er juin (1694).--Le matin, le Roi proposa à
  M. de Barbezieux l'échange de Choisy avec Meudon; il lui demanda
  pour combien Mme de Louvois avoit pris Meudon dans son partage. M.
  de Barbezieux lui dit qu'elle l'avoit pris pour 500,000 fr.; sur
  cela, le Roi dit qu'il lui donneroit 400,000 de retour et Choisy
  qu'il comptoit pour 100,000 fr., si cela accommodoit Mme de
  Louvois; ... qu'il vouloit qu'elle traitât avec lui comme avec un
  particulier et ne songeât qu'à ses intérêts.» (_Journal_ de
  Dangeau.) L'affaire se fit, et dès le vendredi suivant M. de
  Villacerf étoit choisi par le Roi et Mme de Louvois «pour régler
  le prix des tableaux, des statues et des glaces qui sont à Meudon
  et que Monseigneur voudra conserver.» (_Ibid._)--A partir de cette
  époque, le _Journal_ de Dangeau parle fréquemment des promenades
  du Roi à Meudon, et du séjour qu'y faisoit Monseigneur.

  [53] La marquise de Louvois, arrière-petite-fille du maréchal de
  Souvré, petite-nièce de Mme de Sablé, mourut en 1715: «Ce fut, dit
  Saint-Simon, une perte fort grande pour sa famille, pour ses amis
  et pour les pauvres. Elle avoit la plus grande mine du monde, la
  plus belle et la plus grande taille; une brune avec de la beauté;
  peu d'esprit, mais un sens qui demeura étouffé pendant son
  mariage, quoiqu'il ne se puisse rien ajouter à la considération
  que Louvois eut toujours pour elle.--Au lieu de tomber à la mort
  de ce ministre, elle se releva et sut s'attirer une véritable
  considération personnelle...» La suite de cet éloge, surtout dans
  Saint-Simon, donne la plus haute idée du mérite de Mme de Louvois,
  et de l'estime qu'avoient pour elle le Roi, la cour et la ville.

  [54] Voyez ci-dessous. Ce trait paraît tout anodin si l'on se
  reporte aux oeuvres des fondateurs ou des réformateurs d'ordres
  religieux; il paroîtra bien plus inoffensif encore si on le
  compare à tel passage du Théâtre italien que nous signalerons,
  pour montrer à quelle hardiesse de langage on étoit arrivé depuis
  l'époque où le Tartufe avoit été interdit. Nous en citerons un
  seul exemple, tiré du _Banqueroutier_, «comédie en 3 actes,
  représentée pour la première fois par les comédiens ordinaires du
  Roi dans leur hostel de Bourgogne, le 19e d'avril 1687.»

  «PERRILLET.--Ne t'aperçois-tu pas d'un certain jeune abbé qui
  vient fréquemment au logis, et que...

  «COLOMBINE.--Qui? l'abbé Goguette? ah! Monsieur, n'en prenez point
  d'ombrage... Je me connois un peu en gens. Premièrement, c'est un
  garçon de qualité qui a dix mille écus de rente en bons bénéfices,
  et qui est bien aise de manger son revenu avec quelque sorte
  d'éclat. Il voit tout ce qu'il y a de jolies femmes à Paris. Il
  joue gros jeu; son train est leste; il a une belle maison, des
  meubles magnifiques, et un cuisinier qui dame le pion au vôtre.
  Ha! le joli homme d'abbé que c'est! Je voudrois que Madame vous
  eût dit comme il fait bien les choses.

  «PERRILLET.--Ouf!... est-ce que ma femme sait cela?

  «COLOMBINE.--Bon, ils ne bougent d'ensemble... Rêvez-vous de
  croire que cet abbé soit amoureux parce qu'il fait de la dépense?
  Non moins que cela. C'est qu'il a de l'ambition: et, comme dans le
  monde on ne parvient à rien sans l'estime et l'approbation des
  femmes, il fait de son mieux pour les mettre de son parti. Il les
  promène, il les régale, aujourd'hui à l'Opéra, demain à la
  Comédie. De l'air qu'il s'y prend, c'est un drôle qui s'avancera
  en fort peu de temps et qui se va mettre dans une grande
  réputation.

  «PERRILLET.--Mais, Colombine, crois-tu qu'il ne se feroit pas
  autant de réputation en donnant une partie de son bien aux pauvres
  qu'en le mangeant avec les femmes?

  «COLOMBINE, _riant_.--Et d'où venez-vous, Monsieur? est-ce qu'on
  se fait abbé pour donner l'aumône? je pense que vous perdez
  l'esprit. N'est-ce pas une assez belle charité de faire vivre de
  pauvres diables de parfumeurs qui ne gagnent rien avec les femmes
  et qui mourroient de faim sans messieurs les abbés?»

  Cette cruelle satire est anonyme; elle n'en fut pas moins jouée à
  l'hôtel de Bourgogne, vingt ans après le Tartufe, qui eut tant de
  peine à paroître.

  [55] Monseigneur le Dauphin.--Cf. ci-dessous.--Voy. aussi
  t. III, p. 185.

  [56] La princesse de Conti.--Cf. ci-dessous.--Voy. aussi t. III,
  p. 163.

  [57] La campagne du Rhin à laquelle le Dauphin prit part fut celle
  de 1694. Le _Mercure galant_ de juin 1694 (pp. 338-348) donne un
  journal de la marche de M. le Dauphin en France... «Je donnerois
  des louanges à Monseigneur, si je croyois pouvoir faire des éloges
  dignes de ce prince. Ce qu'il fait dit plus que je ne pourrois
  dire. Toutes les fois que l'armée campe, ce prince ne vient point
  chez lui sans avoir examiné le camp et vu si les gardes sont bien
  posées. Il donne des ordres fort exacts à tous les officiers, et
  fait publier des bans pour empêcher le cavalier et le soldat de
  courir, c'est-à-dire d'aller en maraude... Quoi qu'il n'aime point
  le jeu, il joue pour faire plaisir à ceux qui aiment ce
  divertissement.»

  [58] Le goût du Dauphin pour la chasse et surtout pour la chasse
  aux loups étoit fort dispendieux; pour le satisfaire, il
  entretenoit depuis 1682 une meute de cent chiens et soixante
  chevaux; le personnel des chasses de la maison comprenoit six
  lieutenants ordinaires, à 1500 liv. d'appointements, payés sur la
  cassette par les mains du premier valet de chambre, un aumônier,
  quatre veneurs ou piqueurs, huit valets de limiers, six
  garde-laisse des levriers, à 1,000 liv. par an, huit valets de
  chien à 800 liv., un pourvoyeur de l'écurie des chevaux pour le
  loup: tout ce personnel servoit sous le commandement de M. le
  marquis d'Heudicourt, grand louvetier de France.

  [59] Le 20 juin, le Roi étoit à Trianon, et c'est là qu'il
  recevoit le serment du sieur de La Tresne, nommé premier président
  du parlement de Bordeaux. Entre cette date et celle du 26 octobre
  que nous avons indiquée plus haut (page 4, note 5), le Roi alla à
  Fontainebleau.

  [60] D'après la Gazette, quatre ducs étoient alors à l'armée du
  Rhin, dont les vers suivants prouvent qu'il est question ici: le
  duc de Bourbon, le duc de Roquelaure, le duc de Villeroy, le duc
  de Luxembourg.

  Le duc de Bourbon, né le 12 octobre 1668, marié le 24 juillet
  1685, à Mlle de Nantes, légitimée de France.

  Le duc de Villeroy étoit très-âgé; il était marié depuis 1662; son
  fils ne prit le titre de duc qu'en 1696.

  Le duc de Roquelaure, marié aussi, avait épousé, le 20 mai 1683,
  Marie-Louise de Laval-Montmorency.

  Le duc de Luxembourg, né le 18 février 1662, épousa, le 28 août
  1686, Marie-Thérèse d'Albert, fille aînée du duc de Chevreuse, qui
  mourut le 17 septembre 1694. Le duc étoit donc veuf à l'époque où
  se place ce récit; il se remaria le 15 février 1696, et épousa
  Mlle de Gillier de Clérembault.

  [61] A l'armée du Rhin, comme on le voit dans la pièce de vers qui
  suit:

      ... N'as-tu pu, sans le perdre, aller jusques au Rhin?
      ... Tu voudrois quelquefois aller, comme un tonnerre,
          Ravager la Hollande et terminer la guerre.

  [62] Le Roi, vieux pécheur tout ruiné, se seroit assez bien porté,
  d'après le _Journal de la Santé_, pendant l'année 1695; cependant
  on ne manque pas de signaler ses purgations habituelles et
  quelques attaques de goutte, qui l'obligeoient à «se chausser d'un
  soulier moucheté.»--Le portrait qu'on peut faire de lui à cette
  époque ne ressemble guère à celui qu'on a pu lire, t. II, page
  4.--Louis XIV tenoit de Henri IV et de Louis XIII cette odeur _sui
  generis_, qui faisoit dire au baron de Fæneste:--«Tenez, ye me
  devoutonne: vous sentirez.--Ho vertubieu! quel parfum.--Et les
  pieds de mesme.» En outre, on lui avoit arraché une grande partie
  de la mâchoire gauche, et il en étoit résulté une plaie d'où
  s'exhaloit au loin une odeur cadavérique nauséabonde; ses maux de
  tête et d'estomac l'avoient rendu fort taciturne et avoient
  assombri son humeur... Du brillant Louis XIV, quand on a lu le
  _Journal de la Santé du Roi_, il reste alors bien peu de chose.

  [63] Voici ce que dit, à ce sujet, la _Gazette de France_...--«De
  Dinant, le 5 septembre 1695: Le 30 du passé (août), à 11 heures du
  matin, les ennemis donnèrent un assaut général avec 15,000 hommes
  à la partie de la ville (de Namur) que les assiégés (commandés par
  Boufflers) occupoient au poste de la Cassote et au fort Guillaume.

  «Le 1er de ce mois, les alliés donnèrent un autre assaut général
  avec 20,000 hommes...; les brèches étoient si grandes qu'il
  pouvoit y monter un bataillon de front... Le carnage fut si grand
  qu'il n'y en a point eu de pareil en Europe depuis plus d'un
  siècle, puisque les ennemis eurent, dans cet assaut, 9,000 hommes
  tués ou blessés et les nôtres 3,000. Mais comme la garnison se
  trouva réduite à 5,000 hommes, dont il ne restoit que 2,300 en
  état de combattre, et que tous les ouvrages étoient presque
  entièrement renversés, on jugea à propos de capituler. Les
  articles furent arrêtés le 2 avec l'Electeur de Bavière. Ils
  contiennent en substance que la place seroit rendue le 5, en cas
  qu'elle ne fût pas secourue auparavant, et que la garnison
  sortiroit par la brèche, pour être conduite à Givet sous
  Charlemont, avec six pièces de canon, deux mortiers, armes et
  bagages, enseignes déployées, tambour battant, et toutes les
  autres conditions les plus honorables. La garnison est sortie
  aujourd'hui, mais le maréchal de Boufflers a été arrêté par ordre
  du prince d'Orange, au préjudice de la capitulation. Les ennemis
  ont demeuré soixante-sept jours devant la place, et on n'a jamais
  vu une plus courageuse défense.»

  «Du camp de Cambron le 10 septembre.»--Le maréchal de Boufflers
  fut transféré le 8 à Maëstricht; la ville lui fut donnée pour
  prison.

  --«De Versailles, le 9 septembre: Le Roi, pour tesmoigner de la
  satisfaction qu'il eut de ses services dans la vigoureuse défense
  de Namur, l'honora du titre de duc.»

  --Ce triste événement est resté complètement et sans doute
  volontairement ignoré de l'abbé de La Brizardière dans son
  «Histoire de Louis le Grand depuis le commencement de son règne
  jusques en 1710»; il n'en dit mot.

  [64] Nous avons dit, à la note précédente, comment s'étoit terminé
  le siége de Namur par les alliés, et la capitulation du maréchal
  de Boufflers. Quant à Casal, assiégé en 1629 par Gonzalve de
  Cordoue, délivré par les François, réassiégé en 1630, mais défendu
  avec succès par le marquis de Toiras, assiégé une troisième fois
  en 1640 par le marquis de Leganez et délivré par le comte
  d'Harcourt (Cadet la Perle), il fut pris en 1652 par les Espagnols
  et, depuis, rendu par eux au duc de Mantoue qui l'ouvrit aux
  troupes du roi Louis XIV en 1682. En 1694, le duc de Savoie, le
  prince Eugène et le marquis de Leganez en firent le blocus le 22
  août; au mois de novembre, malgré les conseils du marquis de
  Leganez, à qui cette conduite le rendit suspect, le duc de Savoie
  leva le blocus, effrayé par l'approche de l'armée de Catinat; un
  incident curieux se produisit pendant le siége: les ennemis
  voulurent faire sauter les magasins à poudre de la place au moyen
  d'un ressort d'horlogerie caché dans la crosse d'un pistolet.
  (_Mercure galant_, octobre 1694.) Le siége fut repris en avril
  1695. Trois mois après, en juillet, on lit dans le _Mercure
  galant_: «Sa Majesté vient d'ordonner à M. le marquis de Crenan,
  qui en étoit gouverneur, de remettre la place de Casal au duc de
  Mantoue, avec tous les droits souverains qui lui appartiennent, et
  de faire, pour cet effet, un traité avec M. le duc de Savoie et
  les généraux des alliés. Il est réglé par ce traité que la
  garnison en sera tirée aussitôt que la démolition tant de la ville
  que de la citadelle et du château sera achevée; que la garnison
  sera conduite en toute sûreté à Pignerol avec les provisions et
  les munitions et la quantité d'artillerie stipulée; qu'il sera
  permis aux François établis à Casal de sortir avec leurs effets.
  En conséquence de cette capitulation, les troupes du Roi et celles
  du duc de Savoie travaillent conjointement à ruiner les
  fortifications.»--Cf. _Gazette de France_ du 23 juillet 1695;
  lettre du 16 juillet.--Deux ans après, la fille du duc de Savoie,
  âgée de 12 ans et un jour, épousoit le duc de Bourgogne, fils du
  Dauphin (7 décembre 1697), âgé de quinze ans et demi.

  Il est intéressant de remarquer que, dans cette guerre, Catinat
  compta parmi ses adversaires un Simiane établi en Savoie, le
  marquis de Pianezza, qui, après une vie aventureuse, servit plus
  tard en France avec le titre de maréchal de camp.

  [65] Prière à saint Benoît.--Ni dans les livres de proverbes, ni
  dans l'_Apologie pour Hérodote_, où H. Estienne donne une assez
  longue énumération des attributions données à plusieurs saints,
  nous n'avons rien trouvé qui nous permette d'expliquer pourquoi
  l'auteur met en avant ici saint Benoît, et, un peu plus loin,
  saint Cyr et saint Hilaire.

  [66] Le philosophe Thalès prétendait que l'eau était l'origine de
  toutes choses.

  [67] _Cabinet._ Ce mot, dans le sens où il est pris ici, de petite
  enceinte d'arbres, est très-ancien dans la langue. On le trouve
  déjà dans Nicot: _Cabinet_ ou _Gabinet en jardin_, _suffugium_.

  [68] Le texte porte: _la_;--_les_ se rapporte à _murailles_.

  [69] C'est l'idée exprimée dans la fameuse lettre adressée à
  Fouquet par Mlle de Menneville, trouvée dans sa cassette et
  conservée à la Bibliothèque nationale parmi les papiers de Baluze:
  «Rien ne me peut consoler, lui disoit-elle, de ne vous avoir point
  vu, si ce n'est quand je songe que cela vous auroit pu faire
  mal.»--Chéruel, _Mém. sur Fouquet_, t. I, p. 480, _appendice_.

  [70] Fagon (Guy Crescent), né à Paris le 11 mai 1638, étoit fils
  d'un commissaire ordinaire des guerres et de Louise de La Brosse,
  fille de Guy de La Brosse, le célèbre médecin de Louis XIII. Reçu
  docteur en 1664, il fut chargé par Mme de Maintenon des soins à
  donner aux enfants du Roi et de Mme de Montespan. Médecin de la
  Dauphine en 1680 et de la reine quatre mois après, il devint en
  1683, après la mort de la reine, médecin des enfants de France. En
  1693, il fut nommé premier médecin du Roi Louis XIV, en
  remplacement de d'Aquin, alors exilé de la cour, peut-être par les
  intrigues jalouses de Fagon lui-même. Saint-Simon, ordinairement
  si sévère, lui est très-favorable. Fagon fut reçu membre de
  l'Académie des sciences en 1699. Il quitta la cour en 1715, à la
  mort de Louis XIV, et mourut le 11 mars 1718, dans le jardin du
  Roi, où il étoit né, auprès de son grand-père maternel.

  L'éditeur du _Journal de la Santé du Roi_ lui attribue à tort le
  volume intitulé: «les Admirables qualitez du Quinquina, confirmées
  par plusieurs expériences... etc. Paris, Martin Jouvenel, 1689,»
  in-12. Cet ouvrage, publié sans nom d'auteur, est précédé de
  plusieurs approbations de médecins de la Cour, et la première est
  celle de Fagon, qui, en retour, est cité plusieurs fois avec éloge
  par l'auteur anonyme.

  [71] La maison de St-Cyr, à cette époque (1695), comptoit neuf
  années d'existence, les lettres patentes pour sa fondation étant
  du mois de juin 1686.--C'est le 3 août suivant qu'eut lieu
  l'inauguration de la maison, en présence seulement de quelques
  dames de la Cour et de Mme de Maintenon. «Alors, dit M. Lavallée,
  commença pour elle un travail qu'elle a continué pendant toute sa
  vie avec un zèle égal à sa persévérance... Durant les premières
  années, elle fut obligée, à cause de l'ignorance et de
  l'inhabileté des jeunes religieuses, de remplir presque toutes les
  charges de la maison.» (_Mme de Maintenon et la maison royale de
  St-Cyr._)

  [72] Sur le siége de Namur et la capitulation du maréchal de
  Boufflers, voyez ci-dessus, p. 144, note 63, et p. 145, note 64.

  [73] Sur le Père de la Chaise, voy. t. III, p. 147.

  [74] Aucun des ouvrages biographiques ou satiriques consacrés au
  Père de la Chaise ne parle du Père Bobinet.

  [75] «Quoique les Papes se soient souvent opposés aux demandes que
  nos Princes ont faites au Clergé, celui-ci a, de lui-même, voulu
  contribuer à l'avantage public, et il n'y a plus aujourd'hui de
  difficultés, tout le corps de l'Eglise de France s'étant lui-même
  soumis à payer le dixième de ses revenus, sous le titre de décime,
  et de payer encore extraordinairement pour les neuf autres parts à
  proportion des besoins.--La répartition de ces deux espèces
  d'impositions est faite par les Prélats ecclésiastiques et autres
  ecclésiastiques de réputation, ce qui porteroit à croire qu'elle
  est toujours très-équitable; mais l'expérience y est contraire...
  L'autorité et le crédit du clergé n'ont pas permis de penser que
  cette taxe pût être imposée par les laïques; ainsi on l'a laissé
  se taxer lui-même. Cependant on voit communément qu'un bénéfice de
  100,000 liv. de rente paye 1,500 liv. pour toutes décimes et
  qu'une communauté de 30,000 liv. de revenu paye 6 à 7,000 liv. Les
  curés sont encore plus vexés que tous les autres par proportion.»
  (_Mém. de Boulainvilliers_, 6e _mém._, 1727, t. II, p. 201.)

  Dès la troisième année de la fatale guerre de 1688 à 1697 contre
  le prince d'Orange, le Roi avait dû écrire à l'archevêque de
  Paris: «Mon cousin..., comme j'ay esté informé qu'il y a beaucoup
  d'argenterie dans les églises au-delà de celle qui est nécessaire
  pour la décence du service divin, dont la valeur étant remise dans
  le commerce apporteroit un grand avantage à mes sujets, je vous
  fais cette lettre pour vous exhorter à examiner ce qu'il y a
  d'argenterie dans chaque église de votre diocèse..., vous assurant
  que vous ferez chose qui me sera fort agréable et fort utile au
  bien de mon Etat, d'ordonner qu'elle soit portée dans mes monnoies
  pour être converties en espèces d'or et d'argent, la valeur en
  être payée comptant sur le pied porté par ma déclaration du 14
  décembre dernier à ceux qui l'apporteront, et ce qui proviendra de
  ladite argenterie superflue être ensuite employé au profit des
  églises à laquelle ladite argenterie appartenoit.» (8 février
  1690.)--Le 16 février suivant, l'archevêque de Paris écrivoit au
  clergé tant régulier que séculier de son diocèse pour l'inviter à
  se conformer aux ordres du Roi; ce qui se faisoit dans le diocèse
  de Paris devait évidemment se faire dans tous les autres.--Voy. p.
  156, note 79.

  [76] M. de Pomponne. Voy. la table.

  [77] M. de Harlay. Voy. la table.

  [78] M. de Pontchartrain. La _Gazette de France_ de 1693 parle du
  sieur Phelipeaux de Pontchartrain qui, déjà conseiller au
  Parlement, est nommé secrétaire d'Etat en survivance de son père:
  il est le septième de son nom qui ait été revêtu d'une semblable
  charge (_Gazette_ du 26 décembre).--Il fut nommé chancelier et
  garde des sceaux de France le 5 septembre 1699.--Né le 29 mars
  1643, Louis Phelipeaux de Pontchartrain était fils de Louis
  Phelipeaux de Pontchartrain, président à la Chambre des comptes,
  et de Suzanne Talon. Mme de Sévigné, Saint-Simon, Dangeau, parlent
  de lui fréquemment.

  [79] Dix millions de don gratuit.--Voy. la note 75 de la page
  154.--L'assemblée du clergé s'ouvrit le 28 mai 1695. «Le 8 juin,
  le sieur Pussort, doyen du Conseil d'Etat, le sieur Le Peletier,
  le sieur d'Argouges, le sieur de Harlay et le sieur de
  Pontchartrain, ministres et secrétaires d'Etat, commissaires du
  Roi, allèrent à l'assemblée générale du clergé. Le sieur Pussort
  parla avec beaucoup de dignité et d'éloquence, et fit une
  proposition sur laquelle l'assemblée accorda tout d'une voix à Sa
  Majesté un don gratuit de dix millions.» (_Gazette de France_ du
  11 juin 1695.)--«Le grand objet d'une assemblée, c'est le don
  qu'on y fait au Roi; mais, comme avant qu'elle commence, ce don
  ordinairement est réglé entre le ministre, le futur président de
  cette assemblée et le receveur du clergé, il ne reste, quand elle
  se tient, qu'à en faire la répartition et qu'à trouver les moyens
  de payer promptement la somme que l'on a promise. Cette commission
  est la plus recherchée, parce qu'elle donne occasion de témoigner
  au Roi le zèle qu'on a pour son service.» (_Mém. de l'abbé Le
  Gendre_, Paris, Charpentier, 1863, in-8º p. 102.)--En 1690, le
  clergé à qui l'archevêque de Paris avoit fait espérer qu'on ne
  demanderoit aucun nouveau sacrifice en 1695, avoit accordé 12
  millions de don gratuit: on peut juger de la pression à laquelle
  il céda lorsqu'on lui demanda ces dix millions qui furent, dit la
  _Gazette_, accordés tout d'une voix. La stupeur, le chagrin furent
  d'autant plus grands que, lorsque parut, en janvier 1695, l'édit
  imposant une capitation dont personne ne seroit exempt et qui
  seroit levée tant que la guerre dureroit, l'archevêque avoit en
  quelque sorte racheté cet impôt en proposant un abonnement de
  quatre millions par an, supérieur de deux millions, d'après
  l'évêque d'Orléans, à ce que le Roi attendoit.--(Voy. les _Mém. de
  l'abbé Le Gendre_, p. 199.)

  [80] La guerre étoit fort difficile à soutenir en effet, et voici
  des chiffres qui le prouvent: «Si l'on suppose que la guerre du
  prince d'Orange, commencée en 1688 et terminée en 1697, a employé
  au service du Roi, pendant les neuf années qu'elle a duré tant sur
  mer que sur terre, six cent mille hommes qui auront coûté chacun
  quinze sols par jour en vivres, en solde, habits, armes, chevaux,
  équipages, vaisseaux, artillerie, le tout par proportion, depuis
  le général d'armée, jusqu'au dernier tambour et au mousse du
  vaisseau, la dépense de chaque année a monté à 164,250,000 liv.;
  mais le revenu ordinaire ne passoit pas 116,000,000.--Cela
  supposé, il fallut recouvrer de nouveaux fonds pour l'entretien de
  la dignité royale, les rentes, les gages et autres dépenses
  publiques. Cependant tout s'est fait; mais, pour en venir à bout,
  il fallut emprunter par des créations d'office, des aliénations,
  des constitutions de rentes et de nouvelles impositions sur le
  public déjà chargé des impositions ordinaires, et de plus par la
  capitation imposée en janvier 1695. Ainsi cette guerre a porté ces
  charges à près de 600,000,000 de liv. au-dessus des revenus
  ordinaires pendant les neuf années de guerre.--Il est vrai que ces
  grandes sommes ne sont pas entrées en entier dans le trésor... Si,
  par exemple, un traitant se charge d'un recouvrement de six
  millions de liv., il en retient un pour son profit et a de plus
  600,000 liv. pour les deux sols pour livre. Il y a encore les
  frais de recouvrement estimés à 20 pour cent; et enfin, quoique le
  recouvrement soit souvent assez facile, si le traitant veut payer
  à titre d'avance, il retire les intérêts à 10 pour cent: d'où il
  arrive que le Roi ne tire que quatre millions et demi de ce dont
  le peuple paye sept à huit millions de livres.» (6e _mém._ de
  Boulainvilliers, t. II, pp. 128-132.)

  Du reste, plus étoient grandes les charges imposées au pays, moins
  le trésor royal avoit de ressources. Le comte de Boulainvilliers
  (ibid., p. 153) nous en fournit la preuve. En 1688, les tailles
  étoient de 32,486,911 liv.; sur cette somme, le trésor a reçu
  29,929,240 liv.; en 1707, elles étoient de 36,755,985 liv.; sur
  cette somme, le trésor n'a reçu que 23,538,408 liv.--Ainsi, les
  tailles ayant augmenté de 4,269,074 liv., la recette, entre 1688
  et 1707, a diminué de 6,390,832.

  [81] «Le péché, en tant qu'il blesse la raison, est appelé
  _philosophique_; et, en tant qu'il offense Dieu, il est appelé
  _théologique_.» Un grand débat eut lieu dans le clergé à
  l'occasion de ce _péché philosophique_; il eut pour origine une
  thèse qu'un jésuite nommé Meunier, professeur au collége de Dijon,
  avoit fait soutenir en 1686, thèse conçue en ces termes: «Le péché
  philosophique, commis sans aucune connoissance de Dieu et sans
  aucune attention à lui, n'est point une offense à Dieu ni un péché
  mortel.»--La Société le désavoua; mais, en 1689, M. Arnaud la
  dénonça au pape, aux évêques, aux princes et aux magistrats comme
  une nouvelle hérésie; les poètes en firent des chansons, dont
  quelques-unes fort jolies, dit l'abbé Le Gendre, sur l'air du
  Noël: _Or, dites-nous, Marie_. Les enfants, les femmes, les
  laquais apprirent par coeur ces vaudevilles; on les fit chanter
  dans les rues. (_Mém. de l'abbé Le Gendre_, pp. 123-125.)

  [82] Le Roi, ayant en quelque sorte codifié, par l'édit de
  révocation de l'édit de Nantes, tous les autres édits
  antérieurement portés par lui et qui, d'année en année, rendoient
  plus difficile en France l'exercice de la religion protestante,
  compléta son oeuvre en envoyant, particulièrement dans les
  Cévennes, des missionnaires dont les prédications étoient
  soutenues par des dragons: «Nous envoyions dix, douze ou quinze
  dragons dans une maison qui y faisoient grosse chère jusqu'à ce
  que tous ceux de la maison se fussent convertis. Cette maison
  s'étant faite catholique, on alloit loger dans une autre, et
  partout c'étoit nouvelle aubaine.» (_Mém. de Vordac_, cités dans
  le _Bulletin du protestantisme françois_, 2e année, 1854, p.
  203.--_Ibid._, _passim_.)

  [83] L'hérésie détruite: deux médailles furent frappées à cette
  occasion; dans la première, la Religion couronne le Roi;
  l'inscription porte: _Ob vicies centena millia calvinianæ ecclesiæ
  revocata, 1685_; dans la seconde, la Religion foule aux pieds
  l'Hérésie. L'inscription porte: _Hæresis exstincta; edictum
  octobris 1685._

  [84] La maison de Saint-Cyr fut fondée en 1686. Voyez p. 152, note
  71.

  [85] Les Aphorismes d'Hippocrate ne disent rien de semblable; mais
  l'école de Salerne dit:

      Si vis incolumem, si vis te reddere sanum,
      Curas tolle graves.....

  [86] Le Roi avoit alors cinquante-sept ans.

  [87] L'école de Salerne a, dit-on, formulé ce précepte; mais nous
  l'avons vainement cherché dans son _Régime de santé_.

  [88] Il est à remarquer précisément que, excepté Mme de Montespan,
  toutes les maîtresses du Roi eurent cet air «précieux et
  languissant.»

  [89] «Chirurgica tota continui divisione, divisi unione et
  extractione alieni comprehenditur.» La chirurgie étoit donc un
  métier tout manuel, et, dans le serment que les chirurgiens
  prêtoient, ils s'engageoient à ordonner seulement «quæ spectant ad
  operationem chirurgiæ.» S'ils pratiquoient à Paris ou dans les
  faubourgs, ils ne pouvoient le faire qu'avec un médecin, maître ou
  licencié dans l'Université de Paris, ou approuvé par la Faculté.
  (_Decreta, ritus... saluberrimi medicorum parisiensium ordinis
  consuetudines._--Parisiis, Quillau, 1714, in-12, pp. 30 et 107.)

  [90] La veine _céphalique_ «est celle qu'on a coustume d'ouvrir
  pour les douleurs de teste, d'où son nom, du grec _kephali_,
  tête.--La veine _basilique_, ou _hépatique_, est une veine qui
  naît du rameau axillaire, va au milieu du pli du coude où elle se
  divise en deux rameaux.» (Furetière.)

  [91] Vos peuples meurent de faim.--«Si, en 1688, on se plaignoit
  que les paysans n'avoient point de lits pour se coucher,
  aujourd'hui plusieurs manquent de paille (1707).»--_Mém. de
  Boulainvilliers_, II, 152.--«On ne sçauroit compter combien il
  meurt de pauvres paysans à la porte des plus riches bénéficiers,
  sans secours spirituel ou temporel, faute d'un peu de nourriture
  ou du plus simple remède.» (_Ibid._, p. 126.)--«Le règne de Louis
  XIV,--despotique, bursal, très-long et par conséquent odieux,--a
  détruit l'abondance en tirant des sujets au-delà de leurs forces
  et en détruisant la consommation intérieure... il a pareillement
  détruit la confiance en découvrant un fonds de mauvaise intention
  et d'artifice dans les ministres, digne d'une éternelle
  exécration.» (_Ibid._, pp. 1, 8-9.)--«Les fortunes subites des
  financiers ont excité plusieurs marchands à quitter le
  commerce,... et une infinité d'autres à quitter l'agriculture...
  De là vient que tant de fabricants et de laboureurs ou fermiers
  ont été ruinés, que les terres sont incultes ou mal façonnées, et
  que les banqueroutes sont si fréquentes.» (_Ibid._, p.
  16-17.)--Les extraits qui précèdent nous dispensent de citer les
  passages si connus où La Bruyère, Vauban, etc., dépeignent la
  misère du peuple.--Cf. Vie de Mme de Miramion, pp. 320 et sq.

  [92] Dans ses _Mémoires_, Louis XIV, parlant des souverains, dit
  que «le Ciel les a faits dépositaires de la fortune publique.»
  (_Édition_ Dreyss, I, p. 177);--il ajoute (t. II, p. 230) que «les
  Rois sont nés pour posséder tout et commander à tout.»

  [93] La France soutenoit alors trois guerres, en Hollande, en
  Savoie et dans le Palatinat,--sans parler de ses guerres navales
  dans la Méditerranée, sur les côtes de France et dans les
  colonies.--Nous avons donné plus haut (p. 157, note 80) un aperçu
  des frais énormes de ces guerres.

  [94] Un mémoire de Marinier, commis des bâtiments du Roi, sous
  Colbert, Louvois et Mansart, et reproduit en appendice dans les
  Mém. de Saint-Simon (_Édition_ Hachette), nous donne l'état des
  dépenses faites par Louis XIV à Versailles, Saint-Germain, Marly,
  etc.--De 1679 à 1690 les dépenses pour Marly seul s'élevèrent à la
  somme totale de 4,501,279 liv. 12 s. 3 d., somme qu'il faut au
  moins quadrupler pour en avoir la valeur en monnoie actuelle.--A
  cette somme, il faut ajouter les frais d'une cascade en forme de
  rivière qui tomboit du haut de l'allée derrière le château: on
  estime, dit Marinier, qu'elle passe cent mille écus.

  [95] La liste serait longue de toutes les mesures prises pour
  augmenter les ressources du Trésor. Nous citerons les principales
  qui furent arrêtées dans les cinq dernières années, de 1690 à
  1695.

  1690.--_3 Janvier._--Déclaration du Roi: «... Pour mettre tout
  d'un coup dans le commerce une grande quantité de matières d'or et
  d'argent et la faire convertir en espèces à nos coins et armes,
  nous avons fait porter aux hostels de nos monnoyes une grande
  partie des ouvrages d'orfévrerie qui servoient d'ornements à nos
  palais (malheureusement, d'après l'abbé Le Gendre, ces ouvrages
  étoient dus au célèbre orfèvre Claude Ballin, dont on trouve la
  vie et le portrait dans les _Hommes illustres_ de Perrault); et,
  après avoir donné cet exemple à nos sujets, nous avons, par notre
  déclaration du 14e du mois de décembre dernier, deffendu à
  l'avenir la fabrication de toute sorte d'ouvrages d'argenterie de
  pur ornement, et nous avons ordonné que ceux de nos sujets qui
  auroient de ces ouvrages deffendus les porteroient aux hostels de
  nos monnoyes..., sans aucun profit pour nous, puisque nous leur
  faisons payer la matière desdits ouvrages d'argenterie deffendus à
  35 sols du marc de plus qu'elle n'est évaluée par les tarifs
  arrestez en nos cours des monnoyes. Nostre prévoyance et nos soins
  ont eu tant de succez que nous avons eu la satisfaction de voir
  que, depuis la publication de cette déclaration, nos sujets y
  obéissent avec tant de zèle et d'empressement qu'ils portent aux
  hostels de nos monnoyes, non-seulement les ouvrages d'argenterie
  deffendus, mais encore beaucoup de vaisselle plate (_plata_, esp.,
  argent) dont l'usage leur étoit permis...»

  1690.--_8 Février._--Lettre du Roy à Mgr l'Archevêque de Paris:
  «Mon cousin,... comme j'ay esté informé qu'il y a beaucoup
  d'argenterie dans les Eglises au-delà de celle qui est nécessaire
  pour la décence du service divin, dont la valeur estant remise
  dans le commerce apporteroit un grand avantage à mes sujets, je
  vous fais cette lettre pour vous exhorter à examiner ce qu'il y a
  d'argenterie dans chaque église de votre diocèse..., vous
  asseurant que vous ferez chose qui me sera fort agréable et fort
  utile au bien de mon Etat, d'ordonner qu'elle soit portée dans mes
  monnoyes pour estre converties en espèces d'or et d'argent, la
  valeur en estre payée comptant sur le pied porté dans ma
  déclaration du 14 décembre dernier...»--Semblable lettre dut être
  envoyée à tous les Evêques de France.

  1690.--_16 Février._--Lettre de l'Archevêque de Paris au Clergé
  tant régulier que séculier de son diocèse, pour l'inviter à se
  conformer aux ordres contenus dans la lettre royale du 8 février.

  1690.--_Février._--Edit du Roi portant création en titre d'office
  d'un premier président et de huit présidents au Grand Conseil, qui
  payeront «en nos revenus casuels la somme à laquelle sera taxée
  chaque charge...»

  1690.--_Novembre._--Edit du Roi portant création de deux
  présidents, seize conseillers et autres officiers au Parlement de
  Paris, Requêtes de l'Hôtel et Requêtes du Palais... «Les dépenses
  excessives que nous sommes obligez de faire pour faire garantir
  notre Royaume de la multitude des ennemis qui l'attaquent, nous
  engageant de suppléer par des fonds extraordinaires aux défauts de
  nos revenus, nous nous trouvons obligez, après les grandes
  aliénations que nous en avons fait, de recourir aux moyens dont on
  peut tirer des secours plus considérables avec moins de charge
  pour nos sujets et pour nos finances...

  »A ces causes..., nous avons fixé à 500,000 liv. au lieu de
  350,000 liv. le prix des charges de président, et celles de nos
  advocats généraux à 350,000 liv. au lieu de 300,000 liv.»--Les
  nouveaux titulaires payoient le droit annuel sur le prix de
  l'évaluation des offices. D'où ce résultat que «les plus hautes
  charges de l'Etat ne rapportent pas le denier quarante, et celles
  des finances vont à dix et quinze pour cent, sans les autres
  facilités qu'elles procurent.»--6e _Mém._ du comte de
  Boulainvilliers.

  1690.--_Décembre._--Edit du Roi portant création de deux
  présidents, quatre maîtres ordinaires, quatre correcteurs, quatre
  auditeurs et autres officiers en la chambre des comptes de
  Paris.--La charge de premier président est taxée à 550,000 liv. au
  lieu de 400,000 liv., celle de président, à 300,000 liv. au lieu
  de 200,000 liv., celle de procureur général à 300,000 liv. au lieu
  de 250,000 liv.

  1691.--_Mars._--Edit du Roi portant création de maîtres et gardes
  et de jurez syndics des corps des marchands et des arts et métiers
  dans toutes les villes du royaume. Les droicts de marc d'or
  desdits offices sont fixez pour la première classe à 30 liv.; pour
  la deuxième à 24 liv.; pour la troisième à 18 liv.; pour la
  quatrième à 12 liv. En outre, pour les droits de réception, selon
  la classe, 15 liv., 12 liv., 9 liv. et 5 liv.; plus, pour le droit
  royal rétabli en remplacement du droit domanial supprimé, les
  marchands et maîtres des corps et communautés payent 40 liv. pour
  la première classe, 30 liv. pour la deuxième, 20 liv. pour la
  troisième, 10 liv. pour la quatrième.

  1691.--_3 Mai._--«Les marchands bonnetiers se réunissent au bureau
  de la communauté, rue des Ecrivains, paroisse
  Saint-Jacques-la-Boucherie, pour délibérer sur les moyens de
  trouver les fonds de la somme [de 36,000 liv.] que la communauté
  doit offrir au Roi pour réunir au profit d'icelle les offices
  héréditaires de six maîtres et gardes de la communauté créés,
  ainsi que dans tous les autres corps et communautez des marchands
  et artisans des villes du royaume par l'édit du mois de
  mars...»--Il résulte d'un arrêt du Conseil du Roi en date du 8
  mai, que les bouchers, après avoir refusé d'abord, auroient fait
  leur soumission.

  1691.--_22 Mai._--Extrait des Registres du Conseil d'Etat: ... «Sa
  Majesté en son Conseil a ordonné et ordonne que la déclaration du
  14 novembre 1689 sera exécutée selon sa forme et teneur; en
  conséquence a fait et fait très-expresses inhibitions et défenses
  à tous ouvriers de luxe de dorer ou argenter des chandeliers à
  branches, girandoles, bras, chenets, grilles, brasiers, bordures
  de miroirs, balustres, bois de chaises, tables, bureaux, guéridons
  et autres semblables ouvrages...»

  1691.--_14 Août._--Déclaration du Roi... «Ceux qui ont acquis
  quelque domaine aliéné de bénéfices, communautez, colléges ou
  hôpitaux, à la charge d'en remplacer le prix en maisons ou
  héritages, seront tenus, à la réquisition des créanciers, d'en
  porter les deniers à nostre trésor royal, pour estre employez en
  acquisitions de rentes constituées sur l'hostel de nostre bonne
  ville de Paris...»

  1692.--_Janvier._--Edit du Roi portant création des charges de
  surintendant général des postes et relais de France et de grand
  maître des courriers... «A l'égard de tous les droits utiles,
  profits et revenus appartenant auxdites charges..., nous les avons
  unis et unissons à notre domaine pour estre reçus par nos
  receveurs avec nos autres revenus, chacun dans leur
  généralité.»--Cf. 6e _Mém._ de Boulainvilliers.

  1692.--_Février._--Edit du Roi portant création de lieutenants de
  S. M. dans toutes les provinces du royaume: «Si l'état florissant
  où nous conservons notre royaume au milieu de la plus grande
  guerre que la France ait jamais soutenue nous en a fait connoître
  les forces inépuisables, le zèle ardent et empressé avec lequel
  nos sujets et principalement notre noblesse sacrifient tous les
  jours leurs biens et leurs vies nous fait trouver en même temps
  notre puissance trop bornée, lorsque, voulant proportionner nos
  bienfaits à leurs services, nous voyons à regret que nous manquons
  de récompenses à mesure que les raisons d'en donner
  augmentent...»--Les lieutenants du Roi ne pourront être remplacés
  «sans que celuy auquel nous en aurons donné l'agrément n'ait
  actuellement remboursé les sommes que lesdits lieutenants auront
  financés en nos coffres...»

  1692.--_Février._--Edit du Roi portant création de 200 notaires
  royaux dans l'étendue du Parlement de Tournay, etc.

  1693.--_17 Mars._--Tarif des droits que le Roi en son conseil veut
  et ordonne être payez pour le controlle et enregistrement des
  titres et autres actes qui seront reçus à l'avenir dans toute
  l'étendue du royaume. Exemples: contrats de mariage, jusqu'à 500
  liv., dix sols;--de 500 à 1,000 liv., 20 sols;--de 1,000 à 5,000
  liv., 40 sols, etc.

  1693.--_8 Mars._--Tarif des droits qui seront payez par les juges
  ou officiers de justice des seigneurs qui ne se sont point fait
  recevoir ou qui n'ont point esté immatriculez aux greffes de nos
  cours ou juridictions. Exemple: les juges des duchés-pairies et
  autres justices seigneuriales qui ressortissent immédiatement au
  Parlement, chacun 150 liv.; procureurs desdits, 100 liv., etc.

  1693.--_16 Juin._--Tarif des droits que le Roi en son conseil veut
  estre payez à commencer du 1er juillet prochain par les
  communautez des marchands et artisans de la ville et faubourgs de
  Paris, pour avoir la faculté d'avoir chez eux des balances,
  romaines et fléaux de quelque poids que ce soit. Exemple: chacun
  des maîtres de la communauté des épiciers, apothicaires,
  grossiers, confiseurs, ciriers, 6 liv.;--merciers, grossiers,
  joailliers, 6 liv.;--bouchers, 10 liv.;--boulangers, 3 liv., etc.

  1695.--_Janvier._--On lit dans le MERCURE GALANT: «_Enfin_ la
  déclaration du Roi pour l'établissement de la capitation a esté
  publié. Il y avoit longtemps que cette publication étoit
  _souhaitée_, tant le zèle des sujets du Roi est grand pour
  contribuer à sa gloire et au bien de l'Etat: en sorte que les
  taxes ont paru fort modiques à plusieurs.»

  Comme complément de cette curieuse nouvelle, voici un extrait de
  la lettre (insérée au _Mercure galant_ de mars 1695) par laquelle
  les Etats de Languedoc sollicitent la faveur d'être soumis à la
  capitation: «L'Assemblée des Etats de Languedoc a toujours donné
  des marques de la passion qu'elle a eue pour le service du Roi et
  pour le bien du royaume, en supportant les impositions dont cette
  province est chargée; mais elle sent croître cette passion dans le
  coeur de ceux qui la composent, en ce temps où les ennemis de
  l'Etat se sont faussement persuadé que le zèle des sujets du Roi
  peut diminuer ou leurs forces s'épuiser, après le don gratuit de
  trois millions qu'elle vient de faire à S. M. et de plusieurs
  autres sommes considérables..., elle demande à Sa Majesté qu'il
  luy plaise de faire une subvention générale de capitation qui soit
  supportée par tous ses sujets, et demande que l'établissement en
  soit fait dans la province de Languedoc pendant la guerre...»

  1695.--_30 Avril._--Edit du Roi, registré au Parlement, portant
  aliénation de douze cent mille livres de rente au denier quatorze
  sur l'hôtel-de-ville de Paris.

  Nous pourrions multiplier ces extraits; ceux qui précèdent peuvent
  déjà donner l'idée des souffrances que l'état de guerre faisoit
  supporter au pays.

  [96] Messire François d'Argouges, conseiller d'Etat et du Conseil
  royal, ci-devant premier président du Parlement de Bretagne,
  mourut à Versailles le 16 de ce mois. (_Gazette de France_, 1695:
  de Versailles, le 19 août) [quelques jours avant la perte de
  Namur.]

  Louvois étant mort le 16 juillet 1691, à 51 ans, son troisième
  fils, le marquis de Barbezieux, fut nommé secrétaire d'Etat, et
  prêta serment le 19 août entre les mains du Roi pour la charge de
  chancelier et garde des sceaux qu'avoit son père, le 25 août 1693;
  le 12 novembre il épousoit Mlle de Crussol, fille du duc d'Usez et
  petite-fille de Montausier. Il mourut à Versailles le 5 janvier
  1701, épuisé par une vie de plaisirs, après une courte
  maladie.--Lorsqu'il succéda à son père, il avoit 23 ans,
  «d'ailleurs nulle expérience, et il eut ordre de ne rien faire
  dans l'exercice de sa charge que par l'avis de Chanlay, qui lui
  fut donné comme collègue et comme modérateur.» (_Mém._ de l'abbé
  Le Gendre, p. 136.)--Voy. sur les griefs du Roi contre lui,
  Saint-Simon, _édit._ Hachette en 13 vol. in-12, VIII, 457.

  [97] L'auteur veut sans doute parler du tarif imposé au Clergé le
  10 juin 1693 pour les droits à payer à l'occasion des mariages,
  sépultures, baptêmes, etc.--Voici, par exemple, l'article relatif
  aux mariages: bans, 30 sols; fiançailles, 40; célébration du
  mariage, 6 liv.; certificat de publication des bans, 5 liv.;
  honoraires de la messe de mariage, 30 sols; pour le vicaire, 30
  sols; pour le clerc des sacrements, 20 sols; la bénédiction du
  lit, tant pour celui qui la fait que pour le clerc qui l'assiste,
  30 sols, soit en totalité 20 liv., soit de 60 à 80 francs de notre
  monnoie.

  [98] Il y a peu de numéros de la _Gazette de France_ de cette
  époque où il ne soit parlé des incessantes incursions des Anglois
  sur nos côtes; mais nos nombreux corsaires leur faisoient bonne
  guerre, et ce que la _Gazette_ enregistre surtout ce sont nos
  succès.--Voy. les notes suiv.

  [99] Anne Hilarion de Constantin, comte de Tourville, célèbre par
  ses actions sur mer, fut fait lieutenant-général des armées du Roi
  et vice-amiral du Levant en 1689 (_Gaz. de France_). Souvent
  vainqueur des Anglois et des Hollandois, notamment en 1690
  (_Gazette_ du 27 juillet), il fut repoussé par les Anglois le 7
  juin 1692. Maréchal de France en 1693, il mourut à Paris dans la
  nuit du 7 au 8 mai 1701.

  [100] _Gazette de France_ du 19 mars 1695: «On a eu avis de
  Livourne que les vaisseaux du Roy _le Content_ et _le Trident_,
  commandez par le comte du Chalard et le sieur d'Aulnay, avoient
  esté attaquez par six vaisseaux de guerre anglois,» et contraints
  de se rendre après une résistance désespérée qui ne dura pas moins
  de deux jours.

  _Gazette_ du 2 juillet (Toulon, 19 juin) 1695.--«Les ennemis ne
  paroissent plus sur nos costes, et on a appris que leurs grands
  préparatifs et une flotte si nombreuse n'ont abouti jusqu'à
  présent qu'à transporter en sûreté quelques troupes en Catalogne.»

  _Gazette_ du 17 septembre (Marseille, 5 septembre) 1695.--«L'armée
  navale des alliez, après avoir jeté inutilement 2,500 bombes dans
  Palamos, partit le 27 du mois dernier et parut le 30 devant Toulon
  avec environ cent bastimens, parmy lesquels il y avoit 55
  vaisseaux de guerre ou frégates.»--A Toulon, à la Ciotat, à
  Marseille et dans les autres ports de la côte, le maréchal de
  Tourville, en Provence le comte de Grignan prirent toutes les
  mesures nécessaires pour empêcher le débarquement des ennemis qui,
  fort heureusement, furent éloignés par une tempête.

  [101] Voy. ci-dessus, p. 133, note 54.

  [102] Il n'étoit point question, à cette époque, de taxer les
  filles de joie, mais de les retirer du vice. C'est alors, en
  effet, que Mme de Combé, hollandoise de nation, fonda le Bon
  Pasteur, qui, après des commencements modestes, fut définitivement
  établi en 1698. Voy. Delamare, _Traité de la police_, I, 530 et
  suiv.

  [103] Ce qu'on reprochoit surtout à Pomponne c'étoit sa
  négligence; l'abbé Le Gendre dit qu'il «laissoit quelquefois des
  dépêches deux ou trois jours sans les ouvrir. On disoit encore
  qu'il faisoit part aux jansénistes de tous les secrets de l'Etat,
  qui étoient son conseil, et qu'il ne faisoit rien par lui-même.»
  Ce fut là la cause avouée de sa destitution, mais «la principale
  peut-être fut que son emploi faisoit envie à M. Colbert qui étoit
  bien aise de l'exercer sous le nom de son frère de Croissy, à qui
  il le fit tomber.» (_Mém._ de l'abbé Le Gendre, pp.
  137-138.)--Voir les _Mém._ de Louis XIV, édit. Dreyss.

  [104] Sur Harlay de Champvalon, archevêque de Paris, voy. la
  table.

  [105] Grande question que la question des siéges. Chez le Roi ou
  la Reine, les duchesses seules et les femmes d'ambassadeur avoient
  les honneurs du tabouret. Dans le monde, les femmes de qualité
  pouvoient avoir des fauteuils; mais une femme plus qualifiée,
  comme la duchesse de La Meilleraie, par exemple, lorsqu'elle étoit
  à Nantes dans le gouvernement de son mari, s'asseyoit volontiers
  sur le dossier de son fauteuil pour être plus élevée que les
  autres dames. On se rappelle la colère de la comtesse
  d'Escarbagnas contre Criquet, son laquais, qui, lorsqu'elle lui
  dit d'approcher un siége pour M. Thibaudier, apporte une
  chaise.--«Un pliant, petit animal,» lui dit-elle tout bas. M.
  Thibaudier n'est que conseiller. Voici un passage bien curieux
  tiré de _Polyandre_, histoire comique (1648), attribué à Ch.
  Sorel; il nous conduit au bal chez un riche financier: «... Force
  chaises et tabourets avoient esté mis partout. Les dames et les
  demoiselles les plus qualifiées estoient assises au premier rang,
  et il y avoit quelques femmes que la beauté et la jeunesse
  mettoient à l'égal des filles. Elles faisoient plus d'un demi
  cercle, qui laissoit de l'espace pour danser, et derrière il y
  avoit des dames plus âgées qui, par leurs ajustemens et leur
  contenance estudiée, témoignoient qu'elles prétendoient encore à
  la bonne mine et qu'elles ne pensoient point estre au rebut.
  Quelques hommes estoient assiz en confusion parmy elles, et vers
  la porte il y en avoit une grosse foule qui estoient debout. _Les
  plus galands_, refusans des chaises, _quoy qu'ils fussent gens de
  condition_, estendoient leurs manteaux par terre et s'alloient
  coucher aux pieds des belles dames, où ils se trouvoient encore
  trop honorez, et tantost les uns, tantost les autres estoient pris
  pour danser,» pp. 178-180.--Voy. l'_Introduction_ à notre édition
  du _Dict. des Prétieuses_, de Somaize (Bibl. elzev.), et la
  préface de notre ouvrage _Précieux et Précieuses_, 1 vol. in-8º.
  Paris, Didier.--Voy. aussi dans les _Mémoires_ de Louis XIV le
  refus d'une «chaire à dos» sollicitée par Monsieur, pour Madame,
  et les motifs de ce refus.

  [106] L'Evêque de Noyon étoit de la famille de Clermont-Tonnerre.
  Saint-Simon a fait connoître la vanité de ce prélat, qui couvroit
  de ses armoiries tous les murs de son évêché, qui étaloit à une
  place d'honneur un tableau généalogique où on le faisoit descendre
  en même temps des empereurs d'Orient et des empereurs d'Occident,
  etc. Il a raconté son admission, par ordre du Roi, à l'Académie
  françoise où un discours amphigourique et emphatiquement
  louangeur, malignement prononcé à sa réception par l'abbé de
  Caumartin, fit de lui la risée de la Cour. «M. de Paris ne
  l'aimoit point. Il y avoit longtemps qu'il avoit sur le coeur une
  humiliation qu'il en avoit essuyée; il n'étoit point encore duc et
  la Cour étoit à Saint-Germain, où il n'y avoit point de petites
  cours comme à Versailles. M. de Noyon, y entrant dans son
  carrosse, rencontra M. de Paris à pied; il s'écrie, M. de Paris va
  à lui et croit qu'il va mettre pied à terre; point du tout; il le
  prend de son carrosse par la main et le conduit ainsi en laisse
  jusqu'aux degrés, toujours parlant et complimentant l'archevêque,
  qui rageoit de tout son coeur. M. de Noyon, toujours sur le même
  ton, monta avec lui et fit si peu semblant de soupçonner d'avoir
  rien fait de mal à propos que M. de Paris n'osa en faire une
  affaire; mais il ne l'en sentit pas moins.» Premier grief; en
  voici un second: «Cet archevêque... s'étoit mis peu à peu
  au-dessus de faire aucune visite aux prélats, même les plus
  distingués, quoique tous allassent souvent chez lui. M. de Noyon
  s'en piqua et lui en parla fort intelligemment. C'étoient toujours
  des excuses. Voyant que ces excuses durèrent toujours, il en parla
  si bien au Roi qu'il l'engagea à ordonner à M. de Paris de l'aller
  voir. Ce dernier en fut d'autant plus mortifié qu'il n'osa plus y
  manquer aux occasions et aux arrivées.»--Un troisième grief, c'est
  que Monseigneur de Harlay avertit charitablement M. de Noyon du
  ridicule que le discours de l'abbé de Caumartin avoit jeté sur
  lui. Tous ces petits événements sont de l'année 1694, à la veille
  de l'Assemblée du Clergé. Quel nouveau conflit vit-on éclater dans
  l'Assemblée entre les deux prélats si hautains? Ni Dangeau, ni
  l'abbé Le Gendre n'en ont parlé; mais on les devine. Saint-Simon
  parlant des dégoûts qui assaillirent Monseigneur de Harlay dans
  ses dernières années, ajoute que «les chagrins de cette assemblée
  l'achevèrent.» Le 6 août, on le trouva mort, étendu sur un canapé
  dans sa maison de Conflans... «M. de Noyon eut son cordon bleu.»

  [107] L'abbé de Caylus, frère du chevalier de Caylus qui épousa
  Mlle de Villette, fille du cousin-germain de Mme de Maintenon. Il
  devint évêque d'Auxerre, après avoir été aumônier du Roi; il avoit
  refusé l'évêché de Toul.

  [108] Les Cordeliers dits du Grand Couvent avoient leur maison
  dans la rue de l'Observance, quartier du Luxembourg. Les
  Cordeliers de l'_Ave Maria_ avoient leur couvent, rue des Barres,
  quartier Saint-Paul, et les Cordeliers, sans épithète, rue de
  Lourcine, quartier de la place Maubert.

  [109] «La dispute du quiétisme est une de ces intempérances
  d'esprit et de ces subtilités théologiques qui n'auroient laissé
  aucune trace dans la mémoire des hommes sans le nom des deux
  illustres rivaux (Bossuet et Fénelon) qui combattirent.» (_Siècle
  de Louis XIV._)--Mme Guyon, la fondatrice illuminée de cette
  hérésie mort-née, s'étant mise, d'après le conseil de Fénelon,
  entre les mains de Bossuet, regardé comme un père de l'Eglise,
  l'Evêque de Meaux s'associa, pour l'examen de ses oeuvres,
  l'Evêque de Châlons, depuis cardinal de Noailles, et l'abbé
  Transon, supérieur de Saint-Sulpice. Ils s'assemblèrent
  secrètement à Issy. L'Archevêque de Paris, jaloux que d'autres que
  lui se portassent pour juger dans son diocèse, fit afficher une
  censure publique des livres qu'on examinoit. (_Ibid._)

  [110] Ces trois livres étaient les ouvrages de Mme Guyon et
  peut-être la _Guide spirituelle_ de Molinos.

  [111] Il étoit d'usage que les militaires et les valets prissent
  ainsi des noms de guerre. Nous avons sous les yeux un modèle du
  Registre journal du Directeur d'un hôpital militaire; la septième
  colonne est destinée aux «noms de fiefs des officiers et aux noms
  de guerre des soldats.» Nous y relevons les sobriquets de Va de
  bon coeur, la Joie, la Grandeur, Boitout, le Tapeur, la Valeur,
  Tope à tout, etc.

  [112] Mme de Maintenon, née en 1636 (voy. t. III) avoit alors 59
  ans.

  [113] Bernier, chirurgien, nous est inconnu. Il ne peut être
  question, en effet, du célèbre médecin voyageur, François Bernier;
  celui-ci étoit mort en 1688. Peut-être s'agit-il de Jean Bernier,
  auteur d'une Histoire de la Médecine et des Médecins (1688 et
  1693); mais il n'étoit pas chirurgien du Roi.

  [114] «On prend enfin ce mot _mareschal_ pour un médecin de
  chevaux..., et Nicot dit que ces mareschaux avoient soin des
  chevaux du Roy, à la manière des Empereurs romains qui tenoient un
  médecin pour leurs chevaux, qui, après, parvenoient à de plus
  grands emplois. Ainsi Virgile fut médecin des chevaux d'Auguste et
  puis son favory. Et M. Heroart fut médecin des chevaux du roy
  Louis XIII, et après il le fut du Roy mesme.»--(Borel, _Trésor des
  recherches et antiquités françoises_. In-4º, 1655.)

  [115] C'étoit le langage de la Reine parlant de Mme de Montespan:
  «Il lui échappoit souvent de dire: cette pute me fera mourir.»
  (Saint-Simon.)

  [116] Furetière admet la locution: «Saigner le pied en l'eau» et
  c'est ainsi sans doute qu'il faut lire.

  [117] Le louis d'or valoit alors 12 liv., soit 60 fr. de notre
  monnoie; ordinairement, le prix de la visite des médecins étoit
  d'un petit écu. Voy. le _Trio de la Médecine_, de l'abbé
  d'Aubignac. Les chirurgiens et les apothicaires étoient moins bien
  traités; cependant, quand maître François du Tertre faisoit au Roi
  une saignée au bras, il touchoit 300 liv., et 600 liv. pour une
  saignée au pied.

  [118] Je vous _quitte_, pour _je vous tiens quitte_. Le _Dict._ de
  Furetière donne ce sens qu'on ne trouve pas dans Richelet. Les
  lexiques de la langue de Corneille par M. Godefroy et par M.
  Marty-Laveaux ne le relèvent pas; mais le lexique de la langue de
  Mme de Sévigné (_Collect._ des Grands Ecrivains) en cite plusieurs
  exemples: «Je vous quitte de la peine de me répondre,» etc.

  [119] Saint-Malo étoit d'autant plus exposé qu'il étoit plus
  redoutable aux ennemis. On lit dans la _Gazette_: «de Paris le 12
  janvier 1692: «on a reçu avis que les armateurs, principalement
  ceux de Saint-Malo, continuoient d'amener incessamment un grand
  nombre de prises.

  «2 février.--Deux vaisseaux du Roi, l'un de 20; l'autre de 26
  pièces de canon, attaquèrent le 24 du mois dernier à la hauteur de
  Jersey deux anglois, l'un de 50 et l'autre de 60 pièces de canon:
  après six heures de combat ils les obligèrent à se retirer assez
  maltraitez.»

  Les années suivantes, Saint-Malo fut bombardé deux fois par les
  Anglois, le 26 novembre 1693 et le 14 juillet 1695. (Cunat,
  _Saint-Malo et ses marins_.) Le _Mercure galant_ (vol. de juillet)
  contient, de la p. 262 à la p. 275, un Journal du bombardement de
  Saint-Malo, avec des extraits de lettres sur le même sujet, de la
  page 275 à la page 280. A la fin de l'hiver précédent, les
  habitants qui se rappeloient le bombardement de 1693 et qui ne
  prévoyoient pas celui qu'ils devoient subir, sans en souffrir
  d'ailleurs, au mois de juillet suivant, avoient multiplié chez eux
  les divertissements; un ballet, _le Retour des plaisirs_, dont la
  musique avoit été faite par le maître de musique de la cathédrale,
  fut dansé; à la seconde entrée, un choeur de Malouins chantoit
  devant Neptune:

      Désormais sur ces bords vivons sans épouvante;
      Neptune a de l'Anglois repoussé la fureur.

  [120] Probette, boussole. Vieux mot que n'ont recueilli les
  dictionnaires ni de Nicot, ni de Cotgrave, ni de Monet, ni de
  Joubert, ni les dictionnaires flamand-françois de 1618 ou de 1634,
  ni le dictionn. françois-italien de 1648, etc.

  [121] «_Maletoulte_, c'est-à-dire extorsion, imposts
  extraordinaires, et _maltoutiers_ sont ceux qui lèvent ces
  imposts. Ce qui vient du mot _tollir_, c'est-à-dire oster. Ce nom
  fut donné à l'impost de 1296, selon M. Bignon sur Marculphe. D'où
  vient que _maletoste_, selon Ragneau, veut dire tout subside
  extraordinaire.» (Borel, _Thresor de Recherches_.)

  [122] L'Empereur d'Allemagne était alors Léopold Ier, qui succéda
  en 1657 à Ferdinand III, mourut en 1705 et laissa le trône à
  Joseph Ier.

  [123] Dans l'édit. que nous reproduisons, le texte suit, divisé
  par _Entretiens_; dans une édition postérieure, l'_Entretien_
  XVIII est précédé d'un nouveau titre et des mots «seconde partie»,
  qui ne semblent pas motivés.

  [124] Jacques-Henri de Durasfort, duc de Duras, chevalier des
  trois ordres du Roi, gouverneur de Besançon et du comté de
  Bourgogne, capitaine des gardes du corps, fut nommé maréchal de
  France le 30 juillet 1675. Il avoit épousé Marguerite Félice de
  Lévis Ventadour, dont il eut un fils. Sa terre de Duras en Guyenne
  avoit été, dès 1668, érigée en duché avec cette clause que, faute
  d'hoirs mâles, cette terre reprendroit son ancienne qualité et ne
  retourneroit pas à la Couronne. Les lettres ne furent vérifiées en
  parlement que le 1er mars 1689.--Son frère Guy de Durasfort, fut
  duc de Lorge et aussi maréchal de France. Des filles de ce
  dernier, l'une épousa le duc de Saint-Simon, l'auteur des
  _Mémoires_, l'autre le duc de Lauzun.

  [125] M. de Brissac, major des gardes du corps, chevalier de
  Saint-Louis depuis la fondation de l'ordre en avril 1693, étoit
  lieutenant-général depuis le mois de mars de la même année. Il
  étoit gouverneur de Guise. Saint-Simon fait de lui «un fort simple
  gentilhomme tout au plus, qui n'étoit ni ne se prétendoit rien
  moins que des Cossé... C'étoit de figure et d'effet une espèce de
  sanglier, qui faisoit trembler les quatre compagnies des gardes du
  corps, et compter avec lui les capitaines, tout grands seigneurs
  et généraux d'armée qu'ils étoient... Il s'étoit acquis toute la
  confiance du Roi par son inexorable exactitude... Avec tout
  l'extérieur d'un méchant homme, il n'étoit rien moins, mais
  serviable sans vouloir qu'on le sût.»--Voir à la suite dans
  Saint-Simon le récit du tour qu'il joua aux fausses dévotes de la
  Cour. Elles attendoient le Roi au Salut, toutes munies d'une
  petite bougie qui éclairoit leur livre pour elles, et leur visage
  pour le Roi. Brissac ayant dit tout haut aux gardes de se retirer,
  les bougies s'éteignirent et les dames quittèrent la chapelle. Le
  Roi arriva peu après, et rit beaucoup lorsqu'il apprit pourquoi
  l'église, ordinairement trop petite, étoit déserte ce soir-là.
  «Toutes ces femmes auroient voulu l'étrangler.»

  [126] Les pages de la Chambre appartenoient à de très-bonnes
  familles nobles du royaume; en échange des services qu'ils lui
  rendoient, le Roi se chargeoit de leur éducation et de leur
  avenir. Il a daigné leur consacrer une page de ses _Mémoires_. On
  lit dans l'_Etat de la France_ de 1669: «Le Roi entretient
  vingt-quatre pages de sa Chambre toute l'année, dont chacun des
  quatre premiers gentilshommes a six; et Sa Majesté leur entretient
  des maîtres sur tous les exercices convenables à des personnes de
  qualités. Les Pages entrent avec la garde-robe le matin et le soir
  dans la chambre du Roi pour donner les mules à Sa Majesté.»--En
  outre, la grande écurie avoit 55 pages, bien qu'il n'y eût de
  fonds que pour 19; ils avoient un gouverneur, un sous-gouverneur,
  un aumônier, un précepteur. On leur enseignoit les exercices de
  guerre, la carte (géographie), la musique, la danse; la petite
  écurie avoit 21 pages, dont deux à la vénerie, élevés dans les
  mêmes conditions.

  [127] Le duc d'Orléans, frère du Roi.

  [128] Sur l'évêque de Noyon, voyez ci-dessus, page 182, _note_
  106.

  [129] L'île de Tendresse appartient à la géographie des
  précieuses, comme ce pays de l'Amour-propre où La Rochefoucauld
  dit qu'il reste beaucoup de terres inconnues. Il existe un livre
  italien fort singulier, intitulé: «_della Geografia trasportata al
  morale_, del Padre Daniello Bartoli, della compagnia di Giesù.
  Milano, 1665.» 1 vol. in-18. L'auteur, dans les Iles Fortunées
  voit les espérances de Cour; dans les cataractes du Nil, le
  domaine des grands parleurs qui assourdissent ceux qui les
  écoutent; dans le mont Parnasse, la vie insensée de qui chante sur
  autrui et pleure sur soi-même, etc. Chaque pays est le sujet d'un
  long chapitre, bourré de citations et de préceptes moraux
  empruntés à toute l'antiquité.

  [130] Voyez ci-dessus, page 144, note 63.

  [131] Le maréchal de Villeroy avoit confié à M. de Montal la
  direction du siége de Dixmude. François de Neufville, duc de
  Villeroy et de Beaupreau, pair et maréchal de France, étoit fils
  de Nicolas, duc de Villeroy, aussi maréchal de France, et de
  Magdelaine de Créqui. Nommé chevalier des ordres en 1688, maréchal
  de France en 1693, il étoit alors commandant de l'armée de
  Flandres. Il dirigea en personne le bombardement de Bruxelles,
  malgré une armée de 25,000 hommes, et continua longtemps encore
  ses succès militaires, interrompus cependant en 1702, qu'il fut
  fait prisonnier à Crémone. Malgré la perte de la bataille de
  Ramilies, en 1706, il conserva la confiance du Roi, et fut nommé,
  en 1714, ministre d'Etat, chef du Conseil royal des finances;
  après la mort de Louis XIV, il fut nommé gouverneur du jeune roi
  Louis XV.

  [132] «En vous apprenant le siége de Dixmude, je vous apprends en
  même temps sa prise [après 36 heures de tranchée], dit le _Mercure
  galant_ de juillet 1695. M. de Blanchefort en apporta la nouvelle
  au Roi le 30 de ce mois. M. de Montal en a fait le siége... Après
  quelques contestations, le gouverneur consentit à se rendre
  prisonnier de guerre avec toute la garnison, montant environ à
  5,300 hommes... J'apprends en ce moment qu'aussitôt après la prise
  de Dixmude, Deinse ouvrit ses portes aux troupes du Roi, et qu'il
  y avoit dans la place cinq régiments faisant environ 2,500 hommes
  qui se sont rendus prisonniers de guerre.»

  [133] C'est ainsi que Citois, médecin de Richelieu, lui ordonnoit
  parfois de prendre deux ou trois drachmes de Bois-Robert: _Recipe
  Bois-Robert_.

  [134] Erizzo, ambassadeur de Venise, étoit reçu en audience le
  mardi, comme tous les ministres étrangers. Le 15 octobre 1695, la
  _Gazette de France_, d'accord avec Dangeau, rapporte que le Roi
  lui accorda le 5 du même mois une faveur sans précédent: il donna
  une audience à sa femme: «le Roi étoit debout auprès de sa table,
  dit Dangeau, et, dès qu'il vit l'ambassadrice, il avança deux ou
  trois pas à elle et la baisa; et après quelques compliments qu'ils
  se firent, toujours debout, l'ambassadrice se retira.»
  Saint-Simon, dans ses notes sur Dangeau, donne les règles
  d'étiquette ordinairement suivies dans des occasions analogues.

  Quatre jours après, le dimanche 9 octobre «le Roi tint sur les
  fonts de baptême la fille du sieur Erizzo. Sa Majesté la nomma
  Louise, Madame fut la marraine, et la cérémonie fut faite dans la
  chapelle du château par le cardinal de Bouillon, grand aumônier de
  France. Le Roi et la Reine d'Angleterre y assistèrent.» (_Gazette
  de France._)

  Erizzo ne se montra pas reconnoissant de ces faveurs répétées. Le
  jeudi 13 avril 1700, il arriva, dit Dangeau, un courrier de Rome
  envoyé par le cardinal d'Estrées, notre ambassadeur, pour rendre
  compte de ses démêlés avec Erizzo, qui continuoit à Rome contre
  lui les démêlés commencés en France; il avoit même fait un écrit
  très-offensant contre le cardinal d'Estrées dont le Roi approuvoit
  la conduite (Dangeau).

  [135] «_Mercredi, 27 juillet 1695._--On a eu nouvelle que les
  Vénitiens dans la Morée ont repoussé les Turcs...; l'ambassadeur
  en doit venir donner part au Roi mardi prochain.--_Lundi 19
  septembre_: Il court un bruit que les Vénitiens ont gagné un
  grand combat naval contre les Turcs dans les mers de Chio,
  qu'ils ont fait 6,000 prisonniers et entre autres l'amiral
  Turc: les nouvelles de ce pays-là méritent confirmation.»
  (Dangeau).--Dangeau ne dit rien des sentiments du Roi sur ce
  sujet; la _Gazette_ raconte les faits avec une indifférence
  marquée; il semble cependant qu'on peut lui reconnoître quelque
  partialité en faveur des Turcs.

  [136] Voyez page 138, note 60.

  [137] La duchesse de Chartres, Mme la duchesse (de Bourbon-Condé),
  et la princesse de Conti ajoutoient à leur nom _légitimée de
  France_. La princesse seule conserva cette addition, que les
  autres supprimèrent pour signer comme les princesses du sang. Elle
  ne perdoit point une occasion de faire sentir aux deux autres
  princesses qu'elle seule avoit une mère connue et nommée.
  (_Mémoires_ de Saint-Simon, 1696.)--Elle assista à la mort de Mme
  de La Valière, et obtint du Roi la permission d'en porter le
  deuil.

  [138] Portant l'aigrette des chevaliers du pays de Cornouailles.

  [139] Entre deux toiles, comme les braconniers qui font usage du
  drap de mort.--Entre deux draps.

  [140] La _Gazette de France_ du 4 juin 1695 dit: «Le 29 du mois
  dernier, le sieur Pierre Mignard, premier peintre du Roi, fameux
  par beaucoup d'excellents ouvrages, mourut en cette ville (Paris),
  âgé de 84 ans.»--Dangeau: «_Dimanche, 29 mai_: le bonhomme Mignard
  mourut à Paris; il avoit 84 ans; il étoit premier peintre du Roi,
  charge qui vaut 12,000 francs et des logements; les ouvrages qu'il
  faisoit présentement étoient les plus beaux qu'il eut faits de sa
  vie.»--La charge de premier peintre fut supprimée par Louis XIV;
  mais à sa mort, le Régent la rétablit en faveur de Coypel, honoré
  précédemment du titre de premier peintre de Monsieur.

  [141] Ce tableau ne figure pas dans la liste des tableaux de
  Mignard.

  [142] «Mignard ayant eu ordre alors de faire les portraits de la
  famille royale, peignit dans le même tableau Monseigneur, Madame
  la Dauphine et les trois princes leurs enfants... Il a été gravé
  avec ces vers de Santeul:

      Aspice venturos futura in sæcula Reges;
          Gallia, quondam orbis sentiet esse suos.

      Dans ces jeunes héros dont l'auguste naissance
          Promet cent miracles divers,
          Tu vois tes Rois, heureuse France,
      Et peut-être y vois-tu ceux de tout l'Univers.

      (_Vie de Mignard_, par l'abbé de Monville, Paris, 1730,
      in-12, p. 137.)

  [143] Voyez la table.

  [144] «Revenu à Avignon, Mignard y trouva Molière... Pendant le
  temps que Mignard y passa encore avec son frère, il fit une
  Lucrèce pour un conseiller au Parlement de Grenoble.» (_Vie de
  Mignard_, pp. 56-57.)--C'est sans doute ce tableau qui passa aux
  mains de Mme de Lislebonne.

  [145] Le comte de Sainte-Maure étoit en grande faveur auprès de
  Monseigneur qui, d'après Saint-Simon, lui donna un jour jusqu'à
  2,000 louis, à la prière de la princesse de Conty, pour payer ses
  dettes de jeu. Voy. t. III, p. 197.

  [146] Le maréchal de Luxembourg étoit mort le 4 janvier 1695, peu
  regretté du Roi, qui ne l'aimoit point, dit Saint-Simon, et qui
  lui refusa ce qu'il lui demanda à son lit de mort.

  [147] Les éloges donnés au prince d'Orange et au prince de
  Vaudemont, ennemis de la France, dénotent l'origine de ce libelle.

  Guillaume Henri de Nassau, prince d'Orange, fils de Guillaume,
  prince d'Orange, et de Marie d'Angleterre, laquelle étoit fille de
  Charles Ier et de Henriette Marie de France, se distingua dans
  toutes les guerres dirigées contre la France. Battu en 1672 à
  Charleroy par le comte de Montal, en 1674 à Senef par le prince de
  Condé, à Cassel en 1677 par Monsieur, en 1678 près de Mons, en
  1691 à Leuse, en 1692 à Steinkerque, en 1693 encore à Steinkerque,
  toujours par le maréchal de Luxembourg, il fut, à plusieurs
  reprises, forcé de lever des siéges entrepris contre nos armées.
  Il mourut le 19 mars 1703.

  [148] Charles Henri, légitimé de Lorraine, prince de Vaudemont, né
  en février 1649, étoit fils de Charles IV de Lorraine et de Mme de
  Cantecroix, frère aîné de Mme de Lislebonne, dont il a été parlé
  ailleurs. Il avoit épousé, le 27 avril 1669, Anne-Elisabeth de
  Lorraine d'Elbeuf.

  [149] Nous saisissons ici l'occasion de protester contre la
  prétendue influence que Mme de Maintenon auroit eue dans la
  conduite des affaires de l'État; sa situation auprès de Louis XIV,
  qui voulut toujours être maître absolu, auroit été impossible si
  elle eût voulu le diriger; les écrivains protestants eux-mêmes
  (_Bulletin de la Société du protestantisme_) reconnoissent
  aujourd'hui qu'elle n'eut aucune part à la révocation de l'Édit de
  Nantes, où l'on ne fit que codifier des édits et ordonnances dont
  beaucoup étoient antérieurs à son entrée à la Cour. Il suffit
  d'ailleurs de lire ses oeuvres pour arriver à cette conviction
  d'abord qu'elle n'étoit pas bigotte, ensuite qu'elle étoit à peine
  assez catholique pour n'être pas protestante. En effet, elle
  conseilloit à ses jeunes élèves de Saint-Louis de soulager leur
  mère dans les soins du ménage plutôt que d'aller à la messe,
  excepté le dimanche; ce jour-là même, elle les dispensoit,
  lorsqu'elles seroient dans leurs familles, d'assister aux vêpres:
  ce qui n'est pas d'une bigotte;--elle n'admettoit ni le culte de
  la Vierge ni le culte des Saints: et ceci rappelle plutôt sa
  première éducation, toute protestante, que les leçons du couvent.

  POST-SCRIPTUM.--La feuille qui contient les premières pages de la
  pièce qui précède étoit tirée, lorsqu'un mot, qui nous avoit
  échappé dans le _Journal_ de Dangeau, est venu nous apprendre
  qu'il existoit un abbé du Troncq, «neveu de Bontemps». La parenté
  de Mlle du Troncq avec Bontemps nous étoit ainsi révélée, et, bien
  que l'auteur du pamphlet soit le seul écrivain de l'époque qui ait
  parlé de la passion tardive du Roi pour cette jeune fille, nous y
  avons vu une preuve de plus qu'il étoit très-bien renseigné.
  L'amourette elle-même est peut-être fausse, peut-être vraie; en
  l'absence de renseignements qui confirment les dires du
  pamphlétaire, nous n'osons ni la nier ni l'affirmer; mais il est
  certain, et nos notes en font foi, que tous les détails groupés
  autour du sujet sont d'une rigoureuse exactitude.


FIN.



  LE
  TOMBEAU DES AMOURS
  DE LOUIS LE GRAND
  ET SES DERNIÈRES GALANTERIES.



[Bandeau]

LE

TOMBEAU DES AMOURS

DE LOUIS LE GRAND

ET SES DERNIÈRES GALANTERIES[150].


Depuis que la nature a fait naître l'amour, ce Dieu a toujours porté ses
traits par tout l'Univers. Il a foulé même à ses pieds les sceptres et
les couronnes, et tout ce qui respire le jour ressent son pouvoir,
jusqu'aux plus innocentes créatures. Les divinités n'ont point été
insensibles à cette charmante sympathie qui nous force d'aimer;
pourquoi seroit-on surpris qu'un grand Roi comme le nôtre ait fait
consister tout son bonheur dans la tendresse? L'amour est la plus noble
de toutes les passions, et sans lui la vie seroit fade et sans goût.

Mais il faut mettre une grande différence entre l'amour brutal et le
raisonnable. Le premier fait peur et n'est point aimable, n'étant
accompagné que du crime qui est affreux dans son être; au contraire,
l'amour honnête possède des charmes qui sont opposés aux manières du
premier, qui ne consiste qu'en mille petits soins empressés, et mille
services que l'on veut rendre à l'objet aimé. Il est vrai que les bornes
qui séparent l'un et l'autre sont un peu délicates, et qu'il faut
posséder l'indifférence, pour sa sûreté; cependant, nous voyons tous les
jours bien des personnes qui ont triomphé, par le secours de la vertu,
des forces de l'amour, et, quoique cet enfant soit souvent robuste, il
ne laisse pas d'être aimable quand la modestie l'accompagne, et l'on
peut lui donner l'encens qui suit avec justice:

_Est-il rien de si doux qu'une ardeur innocente qu'un rare mérite
fait naître dans nos âmes? Je ne vois point de bonheur à respirer le
jour, si de l'Univers on en bannissoit l'amour. Tous les plaisirs se
trouvent dans sa suite, et la vie sans aimer seroit un supplice[151]._

Les peintres n'ayant pu trouver des couleurs assez belles ni assez vives
pour faire des yeux au fils de Vénus, l'ont représenté aveugle; ce Dieu
auroit-il eu bonne grâce en faisant toutes les conquêtes qu'il a faites
sans voir? C'est une erreur un peu grossière, car quand l'Amour veut
s'emparer d'un coeur, il se sert toujours des yeux d'un bel objet,
pour en blesser un autre: ce qui ne seroit pas, si ce malicieux enfant
ne savoit très-bien que de tous les sens, les yeux sont les plus
susceptibles, parce qu'ils découvrent, les premiers, les redoutables
attraits des belles. Il faut donc raisonner en cet endroit
philosophiquement, et dire qu'un aveugle ne peut devenir savant quand il
est privé des facultés les plus nécessaires, comme la vue. L'on voit
aussi que ce conquérant est fort éloquent et grand rhétoricien,
puisqu'il confond les raisonnements les plus sublimes et les plus
solides. C'est donc avec raison qu'il faut défendre le tort que
l'on fait à ce pauvre enfant en lui tirant son plus bel ornement.

        Amour infortuné songe à tes intérêts;
    L'on ne sent plus pour toi l'honneur et les respects.
        Tout est perdu, si cela continue.
        Ramène-nous des siècles plus doux,
        Où l'on verra plus de retenue,
        Et qui dureront toujours.

La durée dans les choses du monde est presque impossible. On la souhaite
assez dans ses termes et ses expressions, et si nous avions un bien qui
sût une fois nous charmer sensiblement, nous ne voudrions jamais le
quitter. C'est pourquoi l'auteur de la nature a prévu cet attachement
comme criminel, et nous a donné toutes choses changeantes et variables
et de peu de durée.

Les philosophes sont fondés sur de bons principes, quand ils regardent
tout avec indifférence, et qu'ils n'aiment que le présent. Cependant,
parmi nous, ces sentiments sont condamnés, et l'on seroit mal instruit,
si l'on vouloit les suivre.

Laissons donc pour une autre fois ces idées, et voyons avec plaisir
toutes les galanteries de notre prince. Examinons-en le tour et la
délicatesse, et disons qu'il est le seul au monde qui a su aimer si
tendrement; mais présentement son coeur est rempli de sentiments pieux
qui ont banni la tendresse humaine de ses idées[152]. Ce qui
faisoit autrefois sa félicité, ne le charme plus que foiblement, et les
douceurs qui ont enchanté ce Monarque paroissent mourantes et sur leur
fin. Pendant qu'il languit, et que sa raison et ses transports sont de
retour, il faut faire la revue de ses amours, et voir le terrible
changement qui se trouve chez ce Prince, après avoir décrit les plus
doux moments de sa vie.

    L'on ne voit rien dans cet Univers,
        Qui soit constant et solide,
        Le sort des humains décide,
    Selon les sentiments divers.

Je reviens à l'ardente passion du Roi, et je laisse ma Muse pour une
autre fois; je veux suivre toutes les démarches qu'il a faites dans ses
amourettes, et dire que rien dans la vie ne l'a touché si sensiblement
que la possession d'une personne aimable. Mademoiselle de Manchini[153]
avec son air commun et sa petite taille, mais de l'esprit comme un ange,
a fait passer à ce Prince des heures charmantes[154]. Souvent madame de
Venelle[155] les surprenoit dans leurs conversations touchantes; mais il
faut dire à la vérité que leurs joies n'ont été qu'imparfaites. Notre
Prince l'auroit épousée, sans les oppositions du cardinal Mazarin[156]
qui étoit prié de la reine-mère, et qui lui fit promettre, un jour
qu'il souhaitoit d'elle des preuves de son amour[157], qu'il empêcheroit
la chose.--«Ce que je vous demande, lui disoit la Reine, n'est pas une
si grande assurance de votre passion que vous croyez. Car si le Roi
épouse votre nièce, de l'humeur que je lui connois, il ne manquera
jamais à la répudier et vous serez mal avec lui; ce qui [me] chagrinera
plus que le mariage, quoique mes desseins soient entièrement ruinés pour
la paix, si le Roi n'épouse pas la fille du Roi d'Espagne.»

Le cardinal trouva la pensée de la Reine admirable et lui promit tout
afin de posséder son coeur[158]. Cependant le Roi a marqué toujours
une aversion si extraordinaire pour le démariage[159], et il l'a déclaré
si souvent, qu'il donne bien lieu de croire qu'il ne se seroit pas voulu
servir de ce méchant usage. Notre sublime cardinal maria enfin sa nièce
au duc de Colonna[160], dans le dessein de faire mieux sa cour proche
de[161] la reine qui l'en remercia avec les manières les plus
tendres du monde. Notre jeune Monarque pleura et cria, se jeta aux pieds
du cardinal et l'appela son papa; mais hélas! il étoit destiné que les
deux amants se sépareroient. Cette amante affligée étant pressée de
partir, et montant en carrosse, dit fort spirituellement à son amant,
qu'elle voyoit dans une douleur accablante: «Vous pleurez, et vous êtes
Roi! pourtant je suis malheureuse et je pars dès ce moment!»

Le Roi pensa mourir de chagrin de la cruelle séparation de sa chère
mignonne; mais comme ce Prince étoit encore jeune, il se consola plus
facilement, et son coeur ne demeura pas longtemps dans la
tranquillité. Nous le verrons par la suite.

Quand Philippe IV, roi d'Espagne, fut mort[162], notre inconsolable
Monarque forma le dessein d'aller aux Pays-Bas, pour mettre la Reine son
épouse en possession des Etats qui lui appartenoient; Sa Majesté y entra
avec toute la magnificence qui pouvoit charmer les sens[163]. Elle étoit
précédée de deux compagnies de mousquetaires richement vêtus, et leurs
chapeaux garnis de plumes blanches, comme le reste des gardes du corps.
Notre illustre Prince étoit vêtu d'un habit en broderie d'or mêlé de
perles, avec un superbe bouquet de plumes incarnates et blanches,
attaché d'un coeur de diamants. Le Roi étoit monté sur un cheval dont
la marche fière et glorieuse faisoit bien connoître qu'il portoit
le plus puissant héros de l'Univers; un nombre infini de seigneurs et de
personnes distinguées accompagnèrent Sa Majesté dans son voyage.

Le Roi étant de retour ne demeura pas longtemps sans trouver un tendre
amusement. Mademoiselle de la Valière[164], fille de la maison de
Madame, par une sympathie inconnue s'est fait aimer passionnément de ce
Prince. La Valière qui n'étoit ni noble[165], ni belle, ni l'air fort
charmant[166], mais infiniment de l'esprit et du brillant dans tout ce
qu'elle disoit, ayant le coeur rempli de tendresse et de sincérité,
ces dernières qualités ont enchaîné le plus fier et le plus superbe
Prince de l'Europe sous ses lois, et lui ont fait dire souvent qu'il n'a
jamais aimé personne avec tant d'ardeur.

Il est vrai[167] qu'elle aima le Roi par inclination plus d'un an avant
qu'il la connût, et qu'elle disoit souvent en soupirant à une de ses
amies, qu'elle voudroit qu'il ne fût pas d'un rang si élevé, et que la
fortune l'eût fait naître berger. La raillerie que l'on en fit donna
l'envie à notre Monarque de connoître l'aimable bergère qui lui
souhaitoit au lieu de son sceptre une houlette. Et comme il est
naturel à un coeur généreux d'aimer ceux qui nous aiment, le Roi
l'aima dès ce premier moment, et lui dit un jour en riant: «Venez, ma
belle aux yeux doux, qui ne pouvez aimer qu'un prince.»

Ce n'est pas que sa personne lui plût; mais par reconnoissance, Sa
Majesté dit au comte de Guiche qu'il la vouloit marier à un marquis
qu'il lui nomma et qui étoit des amis du comte; ce qui lui fit répartir
au Roi que son ami aimoit les belles.--«Eh bien! dit le Roi, je sais
bien qu'elle n'est pas une incomparable beauté; mais je lui ferai assez
de bien pour la faire chérir.»

Quelque temps après, le Roi fut chez Madame qui étoit un peu indisposée,
et s'arrêta dans l'antichambre avec La Valière à laquelle il parla
longtemps. Ce prince demeura si charmé de son esprit et de ses manières
engageantes que sa reconnoissance devint amour. Mais comme ce prince
cherchoit l'occasion de lui dire tout ce qu'il sentoit pour elle, parce
qu'il en étoit pressé et qu'il y avoit déjà du temps qu'il languissoit
secrètement, il la trouva. Il lui auroit été bien facile s'il eût
considéré qu'il étoit Roi; mais la qualité d'amant lui paroissoit trop
charmante pour n'en pas suivre les lois. Ce fut à Versailles, dans le
parc, que le Roi se plaignit tendrement que depuis plus de trois mois sa
santé n'étoit pas bonne. Mlle de La Valière[168], en parut affligée,
et en marqua du chagrin, ce qui toucha le Roi sensiblement, et lui fit
dire:--«Hélas ma belle, je serai le plus fortuné de tous les
hommes, si vous me plaignez un peu, étant à vous comme je suis.»

La Valière rougit, et parut interdite en voyant le Roi, qu'elle aimoit,
à ses genoux, tout passionné. Elle se leva par respect, mais le Roi lui
prit la main et la baisa tendrement, en lui disant:--«Ma charmante! je
suis malheureux, puisque vous n'êtes pas sensible, et je suis à plaindre
en vous adorant comme je fais.»--«Non, Sire, répliqua-t-elle, je ne suis
point insensible à ce que vous sentez pour moi. Il y a longtemps, ajouta
cette aimable fille en poussant un soupir, que l'amour m'a fait
connoître secrètement que je devois aimer le plus parfait de tous les
Rois.»

Notre Monarque parut touché d'entendre un aveu si doux et si favorable à
son amour; mais la pluie qui survint en abondance rompit une
conversation si tendre. Le Roi, qui n'avoit pas encore toutes les
assurances qu'il vouloit du coeur de son adorable, lui envoya ce
billet[169].

    «Hélas! ma charmante enfant! si vous ne m'aimez en bref, il
    faudra que je meure. L'on cherche avec empressement ce qui me
    peut rendre rêveur comme je le suis; mais l'on ne pénètre pas
    que je vous aime plus que moi-même, et que vous me mettez au
    désespoir par vos manières cruelles. Ah! ma chère mignonne!
    changez de sentiments, et soyez plus sensible pour un prince
    qui ne respire la vie que pour vous.»

Quelque temps après ce billet, Sa Majesté, qui ne peut souffrir
l'absence de ce qu'il aime, alla voir sa belle chez Madame, que le comte
de Guiche entretenoit.

Les Demoiselles qui étoient avec La Valière se retirèrent par respect;
si bien que Sa Majesté demeura seule avec cette belle, et lui dit tout
ce qu'un amour tendre et violent peut faire dire à un homme qui a de
l'esprit et de la passion. Il l'assura mille fois que sa flamme seroit
éternelle et qu'il ne changeroit jamais.

Madame, qui apprit la conversation que le Roi avoit eue avec La Valière
étoit au désespoir[170]:--«Quoi, disoit-elle, préférer une petite
bourgeoise de Tours, laide et boiteuse, à une fille de Roi, faite comme
je suis![171]»

Elle en parla à Versailles aux deux Reines en femme vertueuse qui ne
vouloit pas servir de commode[172] aux amours du Roi. La Reine-Mère dit
qu'il en falloit parler à La Valière, ce qu'elles firent avec tant
d'aigreur que notre aimable bergère se résolut, dès ce triste moment, de
se mettre dans un couvent. Elle [y] demanda d'abord une chambre, où elle
pleura amèrement.

Il arriva en ce temps-là à Paris des ambassadeurs pour le Roi d'Espagne
qui étoient avec le Roi dans la salle où l'on les reçoit d'ordinaire
avec plusieurs personnes de qualité. Le duc de Saint-Aignan[173] dit au
marquis de Sourdis[174], assez bas: «La Valière est en religion.» Notre
Monarque, qui avoit entendu ce nom charmant qui avoit frappé ses
oreilles, tourna la tête tout ému et tout pâle, et demanda au duc ce
qu'il disoit, qui lui répartit que Mlle de La Valière étoit en
religion à Chaillot[175].

Par bonheur, les ambassadeurs étoient expédiés, car dans la douleur où
étoit le Roi il n'eût eu aucune considération. Il commanda qu'on lui fit
venir un carrosse, et sans l'attendre il monta aussitôt à cheval. La
Reine qui le vit partir lui dit qu'il n'étoit pas maître de lui.--«Ah!
reprit le Roi, si je ne le suis pas de moi, Madame, je le serai de ceux
qui me chagrinent.» En disant cela, il courut à toute bride à Chaillot,
où il demanda sa jolie mignonne qui vint à la grille, avec un air tout
pénétré de langueur et de tendresse.--«Ah! lui cria le Roi, de la porte,
ma charmante enfant, vous avez peu de soin de ceux qui vous aiment!»
Elle voulut répondre, mais les larmes l'en empêchèrent. Le Roi, l'ayant
embrassée tendrement, la pria de sortir promptement. Elle s'en défendit
d'une manière fort touchante, en racontant le méchant traitement de
Madame et des Reines. Notre amoureux prince lui dit qu'il étoit
Roi, et qu'il alloit y donner ordre.--«Enfin, répondit cette adorable,
en levant les yeux au Ciel, on est bien foible quand on aime, et je ne
me sens pas la force de vous résister.» Elle sortit et se mit dans le
carrosse que le Roi avoit fait amener. Sa Majesté lui proposa en chemin
de lui donner un hôtel et un train; mais cela lui parut trop éclatant;
elle l'en remercia fort civilement. Le Roi, en arrivant, dit à Madame
qu'il la prioit de considérer Mlle de La Valière comme une fille
qu'il aimoit plus que sa vie:--«Oui, répartit Madame, en souriant, je la
regarderai comme étant à vous.» Le Roi parut mépriser cette raillerie,
et continua ses visites avec plus d'attache qu'auparavant. Il lui envoya
continuellement des présents en la présence de Madame. Le Roi donna à La
Valière le palais Brion[176], qu'il alla lui-même voir meubler le plus
richement du monde, afin de la pouvoir entretenir sans témoins[177].

Ce prince tomba malade à Versailles, et pendant cette maladie il rêva
toujours à sa belle qui ne vouloit pas le voir, de crainte d'irriter son
mal; mais après qu'il n'y eut plus de danger à craindre, le duc de
Saint-Aignan, par l'ordre du Roi, l'alla quérir.--«Hélas! dit-elle, en
entrant, d'un air le plus tendre du monde, la fortune me redonne encore
mon cher prince.--Oui, mon incomparable, lui répartit le Roi, pour vous
aimer avec plus d'ardeur que jamais.» Il lui montra les vers[178]
qu'elle lui avoit donnés, qu'il portoit sur son coeur. En voici les
termes:

    Il est de fortes chaînes et des sympathies,
    Qui d'un charme inconnu nos âmes lient;
    Et nous attache tendrement à vous aimer,
    Par un revers secret qui ne se peut trouver.

Après la maladie du Roi[179], qui fut plus violente que longue, il n'y
eut point de femme à la Cour qui ne travaillât à lui donner de l'amour.
Madame de Chevreuse présenta à Sa Majesté madame de Luynes, qui étoit la
plus belle femme du monde, mais de peu d'esprit, la duchesse de Soubise,
la princesse Palatine, madame de Soissons; mais le Roi en fit confidence
à La Valière et n'en fit que rire avec elle[180]. Toutefois elle
n'en prenoit point de jalousie, ce qui fâcha notre amant et lui fit dire
à cette mignonne:--«Ah! Mademoiselle, vous avez peu d'amour.--J'en ai
plus que vous ne croyez, Sire, répliqua La Valière, et je me confie sur
la fidélité que vous m'avez jurée.» Mais le Roi ne se contenta pas de
ces paroles, et la chagrina pendant un mois. Elle souffrit avec
patience, mais un jour étant au bois de Vincennes, comme le Roi étoit
aux genoux de La Valière, elle le traita avec la dernière indifférence,
ce qui fâcha notre Monarque sensiblement. Le lendemain le Roi vit le
marquis de Bellefonds[181] à qui il dit qu'il étoit le plus heureux de
tous les hommes de n'aimer que la gloire.--«Ah! Sire, répartit le
Marquis, la gloire est plus difficile à servir qu'une maîtresse; je
voudrois que la nature m'eût donné un coeur plus sensible à l'amour.»
Le Roi soupira et ne lui répondit rien[182].

Au mois de septembre[183], l'on publia dans Paris la paix entre la
France et l'Angleterre, avec les cérémonies accoutumées, et les
états-généraux des Provinces-Unies faisoient la meilleure partie de ce
traité, de quoi leur ambassadeur à la Cour de France marqua beaucoup de
joie par un beau feu d'artifice qu'il fit tirer devant l'Hôtel-de-Ville.

La saison n'empêcha pas que le Roi ne se disposât pour se mettre en
possession de la Franche-Comté qui lui appartenoit[184]; et pour
cet effet Sa Majesté envoya le six de février le prince de Condé devant
la ville de Besançon, capitale de cette province[185]. Les habitants
témoignèrent d'abord qu'ils vouloient bien se soumettre à Sa Majesté, et
même la recevoir, mais comme dans une ville impériale[186]. Néanmoins
ils se rendirent simplement à l'obéissance du Roi.

Sa Majesté ayant quitté le marquis de Bellefonds[187], le jour suivant,
vit mademoiselle de la Mothe[188] qui étoit une beauté enjouée et fort
charmante, et beaucoup d'esprit, à qui il dit les choses les plus
galantes du monde. Ce prince soupira même plusieurs fois en disant
à cette belle qu'il l'aimoit, et qu'il n'avoit pas encore vu une
personne si jolie.

La maréchale de la Mothe[189] grondoit sa fille de ne pas répondre à la
passion du Roi; mais cette aimable enfant, qui avoit une secrète attache
pour monsieur de Richelieu, faisoit qu'elle voyoit sans plaisir la
tendresse du Roi, ce qui affligeoit notre Monarque, car il trouvoit
cette jeune beauté tout adorable.

Un jour[190] que toutes les amies de mademoiselle de la Mothe s'étoient
retirées, et que Sa Majesté étoit seule avec notre incomparable, le Roi
se jeta à ses genoux, et lui dit d'un air tout de feu qu'il étoit le
plus infortuné de tous les hommes d'aimer sans retour.--«Ah! je vois
bien, continua ce prince, ma belle, que vous ne sentez rien pour moi!»
La pudeur de cette jolie enfant l'empêcha de répondre au Roi qui la
quitta, et qui fut chez La Valière, où ce prince rêvoit et lisoit[191],
et sortoit quelquefois sans lui parler. Il n'y eut que monsieur de Bussy
qui lui dit que ce n'étoit qu'un dépit amoureux, et que ce Dieu
prendroit bientôt le soin de mettre d'accord nos illustres amants. Enfin
ce malade amoureux pria son confident d'aller trouver sa maîtresse et de
lui faire un fidèle rapport de ses peines.

Notre belle reçut le marquis avec une mélancolie touchante, et lui dit
que le caprice du Roi l'avoit affligée, et qu'elle n'étoit pas d'humeur
à lui demander pardon d'un mal qu'elle n'avoit point fait; que ce
n'étoit pas à cause qu'il étoit son prince qu'elle avoit pris le soin de
lui plaire, et que pour un autre, elle en auroit fait autant, si elle
l'avoit aimé[192]. Le duc de Saint-Aignan qui arriva rompit la
conversation, en présentant à cette charmante mignonne un sonnet que le
Roi avoit fait et qu'il lui envoyoit. En voici les expressions:

    A MON INCOMPARABLE.
    SONNET.

    Percé de mille coups par une main cruelle,
    Je suis au désespoir, car dans tout mon tourment,
    Je ne puis recevoir aucun soulagement,
    Que de celle qui rend ma blessure mortelle.

    Si le mal que me fait endurer cette belle,
    Souffroit que [je] la visse en homme indifférent,
    Que je serois heureux! mais mon coeur me dément,
    Et veut contre mon gré que je lui sois fidèle.

    Hélas jusques à quand, poussant votre fierté,
    Joindrez-vous le mépris avec la dureté?
    Si pour vous aimer trop, et si par complaisance,

    J'ai desservi [pour vous] tous mes meilleurs amis,
    Voulez-vous me haïr pour en tirer vengeance?
    Ah! vous puniriez trop le mal que j'ai commis.

Quand La Valière eut vu ces vers, qu'elle les eut baisés plusieurs fois,
comme venant de son prince, elle partit avec madame de Montausier[193]
pour faire visite au Roi, qui parut si charmé en voyant cette belle
qu'il lui demanda mille pardons, et l'embrassa passionnément; il lui dit
plusieurs fois: «Hélas! mon adorable! si vous n'avez pitié de moi, je
serai le plus misérable de tous les hommes. Que je vous aime, et que
vous aviez tort de me marquer de l'indifférence!» Cette visite se passa
avec toutes les expressions de tendresse que l'amour peut faire. Le
lendemain, Sa Majesté fut se promener dans les jardins de Saint-Cloud
avec La Valière, et madame d'Angoulême[194], où notre Monarque, qui
étoit de bonne humeur, parut le plus galant et le plus spirituel du
monde. La Valière, qui étoit dans une tristesse extrême, ne pouvoit
prendre grande part à l'enjouement du Roi qui lui demanda le sujet de sa
mélancolie.--«Quoi! mon cher prince, répartit notre incomparable,
croyez-vous que je n'appréhende pas que Votre Majesté ne se lasse de
m'aimer, en voyant comme je change tous les jours. Je ne trouve
plus en moi d'attraits assez puissants pour vous attacher un
moment.--Ah! lui répliqua le Roi, avec une passion extrême, ma belle
enfant! je ne trouverai jamais une personne si aimable que vous, et qui
possède un esprit si distingué. Ce sont ces divins appas qui ont su me
charmer, et qui font que, dans les déserts solitaires et sauvages, l'on
trouveroit des plaisirs charmants. Vous outragez un prince qui vous
adore, et qui fait voeu de vous aimer toute sa vie.»--«Hélas! mon
illustre prince, lui répondit La Valière, d'un air languissant, je n'ai
point de termes assez forts pour vous marquer les obligations infinies
que je vous ai. Je vous dirai sincèrement que ce n'est point l'éclat de
votre couronne, ni le brillant de votre sceptre qui vous a donné la
possession de mon coeur. Croyez, continua cette mignonne, en regardant
le Roi tendrement, que vous n'êtes que trop aimable, sans le secours des
trônes, et que les bornes de ma félicité seront celles de vous plaire.»

Le Roi[195] ayant embrassé les genoux de sa maîtresse fut avec elle chez
madame la Princesse[196], où il y avoit une bonne partie des dames
de la Cour, et un grand nombre de seigneurs. La duchesse de Mazarin[197]
y dit des choses de si bonne foi à M. de Roquelaure[198] que le prince
de Courtenay[199] qui en étoit amoureux en rougit. Le Roi s'en aperçut
qui se leva, en riant, d'auprès le prince de Conti, et dit à
mademoiselle de La Valière mille choses malicieuses touchant le sujet de
la duchesse.

Le jour suivant[200] madame de Créqui[201] alla trouver Madame, un jour
qu'elle lui avoit marqué pour leur partie de Saint-Cloud, où elles
parlèrent de leurs amours. La duchesse de Créqui soupiroit en secret
pour M. le cardinal Légat[202], et Madame pour le comte de Guiche[203].
Notre Monarque, quelque temps après faisant faire la revue à ses troupes
à Vincennes devant MM. les ambassadeurs d'Angleterre, vit passer le
carrosse de La Valière; il s'avança au galop et fut plus d'une heure la
tête nue à la portière; mais voyant passer ensuite le carrosse des
Reines, Sa Majesté leur fit une grande révérence, ce qui fâcha nos
princesses et les fit souvenir de la pièce que le Roi leur avoit faite à
Versailles, au retour de la chasse, comme il pleuvoit, ayant couvert de
son chapeau la tête de La Valière pendant qu'elle se mouilloit.

Madame au retour de Saint-Cloud[204], monta dans son cabinet, avec la
duchesse de Créqui, où elle lui montra plusieurs vers fort jolis que le
comte de Guiche faisoit, quand il ne la voyoit pas, et que sa Muse lui
inspiroit par le chemin, en venant à Saint-Cloud, avec son rival le
marquis.....

    DE LA SOLITUDE DES RIEUX.

          Quittons l'embarras de ces lieux,
    Où l'on ne goûte point de volupté solide;
          Marquis, malgré les envieux,
          Allons où notre amour nous guide.
          Retirons-nous dans ces forêts,
          Où notre divine Princesse
          Fait briller ses charmants attraits.
        Prévalons-nous du favorable accès
          De la bonté de Son Altesse.
          Notre amour, quoique téméraire,
    Y trouvera de quoi remplir tous ses souhaits,
        Et s'il se peut, de ce lieu solitaire,
          Cher ami ne sortons jamais.
    Loin du bruit importun du monde de la ville,
          Le coeur et les esprits contents,
          Dans un repos doux et tranquille,
        Nous goûterons des plaisirs fort charmants.
        Nos yeux seront satisfaits de la vue
    De cet objet qui fait notre souverain bien.
          Nos oreilles seront émues
          Des charmes de son entretien,
          Et nous louerons sans retenue
        De ses beaux yeux la force non connue,
          Qui lie ton coeur et le mien,
          Voit-on de bonheur préférable,
    Cher marquis, à celui de vivre sous les lois
          D'une personne tant aimable?
          Les biens des Princes et des Rois
          N'ont rien qui soit plus agréable.
          L'éclat de leur condition
          Ne nous fasse jamais d'envie,
          Et bornons notre ambition
          A l'aimer toute notre vie!

La mort de Madame[205] troubla tous les plaisirs de la Cour par un
triste deuil. Cependant notre Monarque ne laissoit pas d'être tous les
jours avec madame de Montespan[206], à qui il donnoit mille marques de
sa tendresse; mais, l'amour qui fait consister son unique félicité à
courir de belle en belle, prit le soin de présenter une autre conquête
au Roi; ce fut mademoiselle de Fontanges[207] jeune et belle, dont
toutes les manières étoient si engageantes que la plus indifférente
charmoit le coeur. Le Roi prenoit un plaisir extrême de l'entendre
parler, et se formoit des idées ravissantes du bonheur qu'il auroit s'il
étoit aimé de cette aimable mignonne, qu'il voyoit tous les jours chez
la Reine ou chez Madame, et plus il la regardoit et plus ce prince
en devenoit amoureux. Il fit confidence au duc de Saint-Aignan sur le
moyen d'entretenir seul la personne qui l'occupoit si tendrement. Le duc
fut ravi de l'amitié que son prince lui faisoit, et chercha avec
empressement l'occasion de lui faire voir mademoiselle de Fontanges, qui
devoit se trouver le lendemain aux Tuileries avec madame de Maure[208].

Notre Monarque, qui s'étoit mis ce jour-là convenablement, eut une
conversation particulière avec son aimable maîtresse, où ses regards lui
apprirent qu'il n'étoit pas éloigné du bien charmant qui l'attendoit. Ce
fut avec tant de modestie que cette incomparable dit au Roi qu'elle
n'étoit pas insensible à tout ce qu'il sentoit pour elle, qu'à la sortie
des Tuileries, le marquis de Louvois vint au-devant de Sa Majesté pour
lui communiquer quelque affaire. Notre passionné prince lui dit, en
parlant de mademoiselle de Fontanges, qu'il n'avoit jamais vu une fille
si fière et dont la vertu fût si grande. Le marquis répartit au Roi
qu'il croyoit qu'une fille avoit de la peine à conserver sa fierté avec
un prince comme lui.

Le jour suivant Sa Majesté donna tous les divertissements ordinaires à
toutes les dames de la Cour, où mademoiselle de Fontanges parut avec
tous ses charmes adorables. Le Roi, qui étoit le plus amoureux de tous
les hommes, fut toujours à ses pieds, d'un air à faire connoître
qu'il n'étoit plus à lui: ce qui donna beaucoup de jalousie à toutes nos
belles, qui croyoient mériter l'encens de notre Monarque. Le jour qui
suivit ce divertissement fut une partie de chasse, où notre adorable
étoit vêtue d'un juste-au-corps en broderie, et sa coiffure étoit faite
de plumes vertes qui lui tomboient sur le visage et qui lui donnoient un
air charmant. La crainte qu'avoit son amant qu'il n'arrivât quelque
malheur dans la course à cette aimable chasseresse, l'obligea de
demeurer toujours à côté d'elle. Après que l'on eut couru le cerf, Sa
Majesté descendit de cheval avec sa chère mignonne, et la mena promener
dans la sombreur[209] de la forêt, imitant les dieux champêtres qui
n'avoient point de lieu plus propre pour l'exercice de leur amour que
les antres et les bois.

L'on ne peut passer sous silence[210] l'action hardie des François dans
une sortie qu'ils firent sur les Turcs aussitôt qu'ils furent arrivés au
siége de Candie[211]. Quoique les assiégés fussent préparés à les
recevoir, en ayant été avertis par une sentinelle qui s'étoit jetée dans
le camp le jour précédent, les François néanmoins qui avoient à
leur tête le comte de Saint-Paul[212], les ducs de Château-Thierry[213]
et de Roannez[214], donnèrent avec tant de vigueur et de courage qu'ils
se rendirent maîtres de quatre redoutes de ces infidèles; ce qui ne
s'exécuta pas sans qu'il en coutât la vie à beaucoup des nôtres; mais
les ennemis connurent que s'ils avoient toujours eu à combattre notre
nation, ils n'auroient peut-être pas fait tant de progrès dans l'île de
Candie. Ce n'est pas que les Vénitiens ne se défendirent en braves gens;
mais il faut aussi convenir que le grand nombre des ennemis qui les
attaquoient ne leur donnoit pas la facilité de se défendre, comme ils
l'auroient souhaité. Les Turcs furent surpris de voir que trois cents
hommes, en quoi consistoient les François, en attaquoient plus de trois
mille avantageusement retranchés, et que même ils les forcèrent dans
leurs retranchements; mais leur nombre n'étoit pas suffisant pour faire
un progrès assez considérable, afin de remettre les affaires des
Vénitiens qui étoient en mauvais état. Le siége de Candie étoit
trop avancé, et les ennemis s'étoient rendus maîtres d'un trop grand
nombre de places pour espérer que, sans un très-puissant secours, on pût
empêcher qu'elle ne fût entièrement réduite sous leur puissance.

Revenons à mademoiselle de Fontanges que nous avons laissée dans la
forêt avec le Roi goûter à longs traits les plaisirs de la solitude.
L'on peut dire que notre prince n'a fait jamais paroître tant d'ardeur
et d'amour qu'il le fit ce jour à cette belle nymphe au retour de la
chasse. Mademoiselle de Fontanges qui tomba malade affligea le Roi et
toute la Cour sensiblement. Sa Majesté étoit dans une tristesse
inconcevable. Les douleurs de son amante l'agitoient mortellement. Il
craignoit toujours de perdre ce qui lui paroissoit le plus cher au
monde; et, quoique ce prince connût que ses maux ne seroient pas de
durée, il y parut néanmoins fort sensible, comme si le mal eût été
dangereux. Il ne la quitta point, agissant auprès d'elle comme le plus
passionné des amants. Les peines de cette belle mignonne le mirent dans
un abattement extraordinaire, et lui firent dire à la comtesse de
Maure[215] d'un air tout pénétré de douleur:--«Hélas, Madame, je
préférerois le bonheur de revoir en santé cette aimable enfant au prix
de ma couronne.» Le Roi disoit ces tendres paroles les larmes aux yeux.

Notre belle malade ayant connu l'amour violent de notre Monarque, le
regarda d'une manière languissante et lui dit en soupirant:--«Ah!
mon cher prince, pourquoi faut-il que les plaisirs soient accompagnés de
suites si fâcheuses? mais cependant j'en aimerai la cause tant que je
vivrai.» Ces termes si doux et si touchants, eurent tant de pouvoir sur
le coeur du Roi, qu'il se jeta sur le lit de sa charmante, et
l'embrassa tendrement, lui jurant que jamais il m'aimeroit d'autre
qu'elle, et que sa passion seroit éternelle. Mademoiselle de Fontanges
se trouvant mieux, reçut plusieurs visites; jamais reste de journée n'a
été si bien employé que fut celui-là, on y parla de nouvelles galantes,
et des pièces d'esprit qui étoient les plus jolies. Toutes les dames
firent tous leurs efforts pour divertir la maîtresse du Roi, qui les en
remercia avec des expressions fort engageantes. La duchesse de Créqui,
qui avoit été de la chasse, tira de sa poche des vers, et en fit la
lecture[216].

    Hélas! qu'il est bien vrai, que ce qu'on doit aimer,
    Aussitôt qu'on le voit, rien ne nous peut charmer,
    Et qu'un premier moment fait naître dans nos âmes
    Mille doux mouvements tous passionnés et tendres.

Notre Monarque prit ces vers des mains de la duchesse, quand elle les
eut lus, et les fit voir à sa belle, qui s'en fit une application fort
délicate, dans la première connoissance qu'elle avoit eue du Roi,
l'ayant aimé dès le précieux moment que Sa Majesté parut à ses
yeux.--«Ce jour si fortuné, disoit souvent cette aimable à notre
prince, est le plus beau de tous mes jours et le plus heureux, et la
charmante idée que je m'en fais me donne des plaisirs ravissants.»

Le cercle étant fini, chacun se retira chez soi, à la réserve de nos
illustres amants, qui ne s'appliquèrent plus qu'à passer agréablement le
temps, à se donner les témoignages les plus tendres et les plus sincères
de leurs amours[217]. L'on peut dire que le Roi n'en a jamais marqué
davantage que pour cette adorable mignonne. Il ne peut pas être plus
ardent, et le retour avec lequel cette aimable lui témoignoit le sien,
ne pouvoit pas être plus passionné. Elle le fit paroître, lorsqu'étant à
Paris, elle apprit de Saint-Germain que le Roi qui va souvent à la
chasse avoit couru grand danger dans la poursuite d'un sanglier, que son
cheval avoit été blessé par cette bête, et que sans une force et une
adresse distinguées, Sa Majesté auroit eu de la peine à se retirer du
péril. La nouvelle en fut apportée à mademoiselle de Fontanges par un
gentilhomme de madame la princesse d'Epinoy[218], qui étoit elle-même de
la partie. Notre incomparable en fut aussi touchée, comme si le mal lui
étoit arrivé. Elle tomba dans une tristesse accablante, qui lui dura
longtemps, car elle ne pouvoit effacer de son esprit une idée si fatale
et qui avoit fait tant de peur à son amour; mais ayant un peu rassuré sa
tendre frayeur, voici ce qu'elle écrivit à Sa Majesté:

    «_Je n'ai point, mon illustre prince, de termes assez
    pathétiques ni assez passionnés pour vous marquer mon
    inquiétude, et les tendres émotions qui agitent mon coeur. Je
    tremble encore quand je songe au malheur que mon cher prince a
    évité. Si vous m'aimez autant comme je le crois, vous avez
    beaucoup d'intérêt à conserver votre vie, puisque la mienne en
    dépend[219]._»

Le Roi lut ce billet avec des transports de plaisir qu'il seroit
difficile d'exprimer. Sa Majesté baisa mille fois ce joli billet, et ne
différa point à lui envoyer ce qui suit:

    «_Ah! qu'il est doux, ma mignonne, d'être aimé d'une personne
    aussi charmante que vous. Ne craignez pas, le danger est passé.
    Je ne veux plus présentement me conserver que pour vous seule.
    Je pars dans ce moment pour vous dire combien je vous aime.

    Ah! que le souvenir en est aimable, possédant un coeur aussi
    précieux que le vôtre._»

Notre invincible Monarque suivit de bien près cette lettre, et partit de
Versailles dans le dessein d'aller assurer sa jolie maîtresse de sa
passion ordinaire.--«Que je suis heureuse, mon aimable prince! lui dit
cette belle, en le voyant, d'un air le plus engageant du monde, de vous
voir de retour! Ah! que l'absence de ce qu'on aime est une chose
difficile à supporter!--Je le sais bien, ma chère, lui répondit le Roi,
en la serrant tendrement dans ses bras, que de tous les supplices les
plus cruels, l'éloignement de ce que l'on chérit est le plus sensible.»

Quand le Roi eut marqué à mademoiselle de Fontanges la joie qu'il avoit
de la revoir, ils partirent pour Versailles. Ce fut dans ces doux
moments, que cette charmante enfant obtint de notre Monarque la grâce
qui lui avoit inutilement été demandée par la bouche de plus d'un
prince. Il lui accorda une pension considérable en faveur d'une
demoiselle de ses amies, et l'abbaye de Chelles[220] dont sa soeur a
été pourvue, fut encore un effet de sa libéralité. Hélas! nous pouvons
bien dire que nous n'avons plus rien de cher, quand notre coeur n'est
plus à nous, et nous servir de la pensée d'Aristote qui dit que la
personne que nous aimons est un autre nous-même.

    Mon coeur a changé de séjour,
    Où je suis je ne crois pas être;
    Où l'on ne me voit point paroître,
    Je m'y trouve par mon amour[221].

Cette nouvelle abbesse fut bénite avec une magnificence extraordinaire.
Il ne manqua rien à la cérémonie, étant la soeur de la maîtresse du
Roi. Aussi fut-elle honorée d'un grand nombre d'évêques. Toute la Cour y
assista, et mademoiselle de Fontanges y parut avec tous les charmes
distingués qui lui attirent les regards de tous les spectateurs.

Comme les bois et la solitude assaisonnent souvent les plaisirs que l'on
trouveroit fades dans les grandes villes, notre Monarque ne passa pas
longtemps à Paris sans retourner à Versailles, séjour si rempli
d'enchantements et si propre à inspirer les passions. Toute la Cour
partit pour ce lieu ravissant et délicieux. Le Roi y renouvela tous les
divertissements qui avoient été interrompus par son absence. L'on fut à
la chasse tous les jours, et les dames qui accompagnent d'ordinaire Sa
Majesté dans cet exercice y parurent infatigables. La santé de la belle
mignonne de notre prince lui étoit trop chère, pour qu'il lui permît de
s'engager comme les autres dans la course. Elle en eut le plaisir, sans
se mettre au hasard, et vit de son carrosse tout ce qui pouvoit lui
donner quelque satisfaction. La chasse finie, Sa Majesté descendit de
cheval et prit place auprès de sa charmante et la conduisit dans son
appartement. Cette jolie chasseresse étoit dans la plus belle humeur du
monde. Elle dit mille galanteries à son amant sur le divertissement
qu'une de la troupe avoit donné en tombant de cheval. Le Roi rioit sans
retenue, particulièrement quand elle lui dit que cette chute devoit être
fort sensible à cette aimable Diane, ne s'étant pas pourvue de
caleçons[222]. Cela donna occasion à mademoiselle de Bonnifasse[223],
fille d'honneur de Madame[224] de dire qu'elle mourroit de chagrin
si ce malheur lui étoit arrivé.--«Je me réserve, continua-t-elle, pour
des plaisirs plus tranquilles et qui donnent moins de peine.» Madame qui
étoit présente, et qui aime passionnément la chasse, lui dit en la
regardant: «Je vois bien, ma chère, que les plaisirs de la chasse
troublent votre imagination.» Madame la Dauphine[225] fit changer la
conversation en parlant du bal que Sa Majesté devoit donner le
lendemain. Ce fut un des plus beaux de tous ceux qui ont jamais paru.
Tout y étoit charmant et magnifique. Le Roi y dansa avec son adresse
ordinaire. Mais ce qui surprit le plus, ce fut qu'il prit deux ou trois
fois une jeune demoiselle fort aimable et qui dansoit admirablement
bien. Sa Majesté ne put se défendre du mérite de cette demoiselle, et
lui dit plusieurs galanteries fort obligeantes, dont elle se tira avec
une modestie toute charmante. Le Roi soupira souvent auprès d'elle, et
lui dit[226] d'un air tendre et passionné, qu'il étoit malheureux
d'avoir le coeur si susceptible aux attraits des belles.--«Hélas!
Sire, répartit cette jolie personne, un Roi comme vous peut-il
soupirer?--Oui, Mademoiselle, répliqua notre prince, en la regardant
tendrement; l'amour ne met point de différence entre le sceptre et la
houlette. Un Roi languit aussi bien sous son empire qu'un berger. Ne
croyez pas, ma belle, continua ce prince, que c'est le pouvoir d'un
monarque qui fait son bonheur. Une douce sympathie qui lie nos coeurs
fait les délices des amours.»

Cet entretien qui commençoit à échauffer le Roi, fut rompu par
monseigneur le Dauphin qui s'approcha de Sa Majesté pour lui conférer de
quelque affaire.

Le lendemain notre Monarque fut au lever de son illustre maîtresse,
qu'il trouva dans une mélancolie touchante. Il lui marqua bien du
chagrin de la voir dans cet état, et lui demanda, d'une manière toute
passionnée, quel en étoit le sujet. «Ah! Sire, dit la belle, en
soupirant, si vous étiez moins aimable, on n'auroit pas tant de
tristesse!» Sa Majesté connut aussitôt que c'étoit la jalousie qui lui
donnoit cette langueur. Il n'en fut pas fâché, car ce prince veut être
aimé, quand il aime, et il n'y a rien qui l'engage si fortement que ces
sortes de craintes. Il apprit en même temps de cette jolie mignonne que
ce qui s'étoit passé au bal l'avoit affligée sensiblement, que c'étoit
la seule cause de sa douleur.--«Eh! quoi, ma belle enfant, répondit le
Roi, en se jetant à ses genoux, est-il possible que vous connoissiez si
mal les sentiments de mon coeur? Je vous aime mille fois plus que moi,
et vous outragez mon amour par vos injustes pensées.--Quel plaisir
charmant, répartit cette jolie enfant, n'ai-je point goûté, et
qu'il est doux d'entendre d'un prince si aimable des paroles si tendres
et si engageantes. Mais, hélas! qu'il est difficile de vous aimer sans
crainte et sans inquiétude. Non, je ne puis posséder un coeur d'un
prix aussi rare que le vôtre, sans en appréhender la perte.» Enfin après
des termes si touchants, notre amoureux Monarque embrassa cette
charmante, et lui jura une fidélité d'une étendue infinie, et qui seroit
toujours égale[227].

[228]Le Roi et toute la Cour partit de Saint-Germain au commencement du
mois de mai, pour le voyage de Flandre. Le dessein de Sa Majesté étoit
de visiter toutes les conquêtes qu'elle avoit faites les années
précédentes, et elle s'en retourna après avoir passé par Oudenarde,
Courtrai, Lille, Dunkerque et Graveline. La présence de Sa Majesté, qui
n'étoit pas attendue en ces endroits, alarma beaucoup ses ennemis; mais
leur crainte fut bientôt dissipée par l'assurance qu'il leur donna de ne
vouloir faire aucune entreprise contre eux. Madame qui avoit laissé la
Cour à Lille, en partit pour aller en Angleterre. Le désir que cette
princesse avoit de voir le Roi de la Grande-Bretagne, son frère, fut le
prétexte de son voyage. Il sembloit que Madame pressentoit qu'il n'y
avoit pas de temps à perdre pour donner à Charles second, son
frère, les dernières preuves de son amitié, puisqu'elle mourut peu de
mois après son retour de Londres en France.

Nous voyons ordinairement que les passions les plus violentes ne sont
pas toujours de longue durée, et qu'ayant leurs bornes, comme toutes les
autres choses du monde, il faut nécessairement les voir diminuer.
Cependant celle du Roi pour mademoiselle de Fontanges nous fait
connoître que le coeur de ce prince est au-dessus de la nature, et
qu'il peut donner des lois sans les suivre. Remarquons ses manières
tendres et empressées auprès de ce qu'il aime, et l'égalité qu'il fait
paroître dans son amour, qui est aussi ardent après une conversation
d'une journée, comme s'il ne faisoit que de naître. Il est vrai que
l'esprit et la beauté de cette aimable personne servent beaucoup à
soutenir les foiblesses de l'amour qui n'aime qu'à changer.

Le Roi ayant passé quelques semaines avec sa belle mignonne à lui donner
les dernières marques de sa tendresse, la laissa à Saint-Germain
respirer un peu la solitude. Cette charmante enfant se promenoit tous
les jours seule sous des allées de verdure, en faisant la revue de toute
la tendresse qu'elle sentoit pour le Roi; mais dans de certains moments,
son coeur paroissoit agité, et, quoique la passion de notre Monarque
eût pour elle mille attraits et mille charmes, cette jolie bergère ne
laissoit pas de regretter sa liberté et de faire entendre aux arbres
inanimés les vers qui suivent:

    Que je goûtois de bonheur dans l'indifférence,
    Et de tranquilles plaisirs dans mon innocence!
        Ce bien ne me sera-t-il point rendu?
          Dans ces lieux doux, tout est paisible;
          Hélas! que ne m'est-il possible
        D'y trouver le repos que j'ai perdu!

Après que notre belle solitaire eut goûté la douceur de sa rêverie, elle
retourna dans sa chambre, se trouvant fort abattue d'un grand mal de
tête et de coeur. Le Roi qui apprit l'indisposition de sa maîtresse,
revint promptement auprès d'elle, mais sa maladie parut si violente
qu'elle désola ce prince. La duchesse de Créqui[229] et la comtesse de
Maure[230] étoient jour et nuit occupées à rendre plusieurs services à
notre malade infortunée. Le Roi versoit des larmes continuelles et il
s'affligeoit mortellement dans la perte sensible qu'il alloit faire;
mais la mort qui n'écoute ni les soupirs ni les plaintes et qui suit
l'ordre qu'elle reçoit, ravit les plus charmantes délices de notre
prince d'entre ses bras[231].

Jamais coup n'a paru si rude que fut cette cruelle séparation. Sa
Majesté ne pouvoit se consoler en aucune manière, et l'aimable idée de
sa belle lui revenoit toujours dans l'esprit. Après les funérailles de
mademoiselle de Fontanges, qui furent magnifiques, et dans un grand
éclat à Saint-Denis[232], le Roi fut fort longtemps sans sortir et
même sans voir beaucoup de lumière, se voulant priver de la beauté du
jour et du soleil, comme si cet astre avoit contribué à la douleur qu'il
ressentoit.

Nous lisons dans l'histoire de France que Henry III, après la mort de la
princesse de Condé, passa trois jours et trois nuits enfermé dans une
chambre sans manger ni boire. Ce prince étoit si pénétré de ses peines
qu'il ne vouloit voir que des visages tristes et des lieux sombres. Il
portoit sur ses rubans de petites têtes de mort qu'il faisoit broder
exprès, et qui marquoient la mélancolie de son coeur.

Le Roi ayant perdu mademoiselle de Fontanges demeura quelque temps dans
un chagrin inconcevable; mais madame de Maintenon[233], qui a toujours
pris un soin singulier de la santé de notre Monarque, tâcha par la plus
belle morale du monde de lui faire connoître que tout passe dans cet
Univers, et que les plaisirs ne peuvent durer toujours; qu'il se trouve
même une variété perpétuelle dans les choses les plus solides, et que
les faux brillants qui accompagnent les honneurs de notre siècle ne sont
que des ombres qui se dissipent en un moment.--«Ah! Madame, s'écria le
Roi tout charmé d'un raisonnement si sublime, que je suis heureux de
trouver en vous des consolations qui adoucissent l'amertume où je suis!
Je bénis le jour fortuné auquel j'eus le bien de vous connoître, et
j'en rends grâces incessamment au Ciel.--Ah! Sire, répondit la marquise,
le souvenir charmant du précieux moment où j'ai eu le bonheur de vous
plaire m'est quelque chose de si doux que la seule idée fait tout le
plaisir de ma vie. J'ambitionnerai journellement à vous procurer quelque
satisfaction; c'est en quoi je fais consister ma plus grande
joie.--Madame, répartit notre prince, des offres si engageantes, venant
d'une personne comme vous, ne se refusent jamais: vos manières sont trop
aimables et trop spirituelles pour ne faire pas d'impression.--Hélas!
Sire, répliqua madame de Maintenon, que l'encens est d'une odeur
ravissante, quand il vient d'un prince comme vous! L'on se sent de la
vanité en respirant vos douceurs.» Le Roi alloit parler quand le duc
d'Orléans et le comte de Lauzun entrèrent qui firent changer de
conversation à nos illustres amants.

Comme la paix donnoit quelque relâche aux grands soins que notre
invincible Monarque prenoit de son Etat, Sa Majesté pour calmer ses
ennuis fit une partie de promenade avec la marquise de Maintenon, à
Chantilly[234] où toute la Cour se trouva avec une magnificence
surprenante. Le Roi étant allé sur le soir dans le jardin trouva un
berceau de feuillages orné de festons de fleurs qui rendoient ce lieu
charmant. Trente lustres y jetoient tant de clartés qu'elles
produisoient un véritable jour. Du milieu de ces agréables
feuillages sortoit un jet d'eau qui faisoit un murmure touchant. Après
que le souper fut servi, qui fut accompagné de voix et d'instruments,
les plus aimables du monde, le souper étant fini, on eut le
divertissement d'un beau feu d'artifice, qui termina tous les plaisirs
de cette belle journée. Le lendemain, Sa Majesté avec toutes les dames
furent sur la rivière dans de petits bateaux faits d'une politesse
extraordinaire, tirés par des dauphins et par des amours qui jetoient
des filets dans l'eau pour pêcher[235]. Les jours suivants furent
occupés à la promenade, à la chasse et à tout ce qui peut charmer les
sens.

Le Roi, qui employoit la plus considérable partie de son temps dans ce
qui pouvoit contribuer à sa gloire, ou à l'utilité de ses peuples, peu
de jours après ce régal, alla à Dunkerque[236] visiter les nouveaux
travaux qu'il y faisoit faire, et Sa Majesté vouloit être présente à
tous ces ouvrages, afin de les rendre parfaits, et aussi pour donner
courage à ceux qui y étoient employés. L'on peut dire sans hyperbole
qu'ils surpassent l'imagination, et que les fortifications de
Dunkerque[237] sont dignes de l'admiration du siècle présent et de
ceux qui sont à venir.

Le Roi, qui vouloit voir toutes les entreprises qui se faisoient, se mit
en marche, et le vingt-huit il détacha de son armée le vicomte de
Turenne avec trois mille chevaux pour aller investir Burich[238] dans le
temps que le prince de Condé assiégeoit Vezel, ce qui fut aussitôt
exécuté par l'un et par l'autre de ces lieutenants-généraux, avec toute
la diligence possible. Au retour de l'armée, Sa Majesté tomba malade
d'une fièvre lente qui lui dura longtemps. Les médecins disoient que
cette maladie ne pouvoit venir que de mélancolie.

Mademoiselle de La Valière, qui s'étoit retirée aux Carmélites par une
sage prévoyance, ayant pressenti, longtemps avant que le Roi la quittât,
qu'elle ne pouvoit plus plaire à Sa Majesté et que ses charmes
diminuoient de jour en jour, fut ravie[239] d'apprendre la mort de sa
rivale. Jamais nouvelle ne lui donna plus de plaisir que celle-là, et
quoique cette soeur dolente ne possédât plus le coeur de son amant,
elle ne pouvoit souffrir qu'avec une douleur mortelle, que le Roi en
aimât d'autres. La jalousie l'accompagnoit presque dans le fond de
son monastère, où elle avoit tout le temps de réfléchir sur tous les
heureux moments qu'elle avoit passés avec notre Monarque. Ces douces
pensées de plaisir nourrissoient l'amour et la tendresse qu'elle sentoit
pour son prince, qui, de son côté, ne songeoit à elle que fort
foiblement, ayant l'idée toute remplie de la belle personne que le sort
lui avoit tirée d'entre les bras. Madame de Montespan, que le Roi voyoit
encore quelquefois, ne reçut pas moins de joie[240] que La Valière du
malheur de mademoiselle de Fontanges, se trouvant en quelque façon
vengée du tort que l'amour lui avoit fait d'avoir mis une autre à sa
place.

Le Roi qui est clairvoyant sur toutes choses, vit très-bien la joie de
madame de Montespan. Ce prince lui en sut peu de gré, et lui dit comme
il étoit avec elle, dans son cabinet:--«Ah! Madame, je suis surpris du
peu de part que vous prenez à ce qui me touche. J'aurois cru avoir rendu
votre coeur plus sensible.--Hélas! Sire, répondit madame de Montespan,
d'un air tendre, ce n'est que pour avoir trop de sensibilité pour vous
que j'ai senti du plaisir de la mort de ma rivale. Vous savez qu'un
amour délicat est toujours suivi de jalousie, et que, quand on aime
tendrement, l'on ne peut souffrir de partage.--Il est vrai, Madame,
répliqua le Roi, que j'aime les femmes qui ont ce discernement; c'est le
véritable caractère d'un sincère amour. Mais vous savez que j'ai eu
toujours pour vous des sentiments distingués et suffisants, pour vous
faire ce qui pourroit me plaire.»

Madame de Montespan avoit envie de soutenir encore la conversation,
quand le Roi la quitta avec assez d'indifférence, ce qui l'affligea
sensiblement; car comme elle aime la gloire et l'éclat, la tendresse
d'un prince comme le nôtre faisoit le plus grand bonheur de sa vie.
Cette dame songea donc aux moyens de faire renaître la passion de son
amant, qui étoit mourante, et prête à jeter les derniers soupirs. Elle
employa pour cet effet tout ce que l'art a pu imaginer de plus aimable;
et comme la nature n'a point été avare à donner des beautés à cette
belle, il lui étoit facile de paroître charmante.

Un jour qu'elle attendoit Sa Majesté en déshabillé de couleur de rose,
et qu'elle étoit plus jolie qu'à son ordinaire, comme elle rêvoit
profondément dans sa chambre, et que ses yeux se baignoient de larmes,
le Roi arriva dans ce triste moment, et lui demanda pourquoi elle
pleuroit:--«Hélas! Sire, répartit cette belle affligée, je vous aimerai
toujours, et vous ne m'aimez plus. Ah! que mes sentiments sont opposés
aux vôtres! L'amour, de qui dépend toute ma félicité, que ne vous a-t-il
donné la tendresse que j'ai, ou que n'ai-je en partage toute
l'indifférence possible!» Cette passionnée amante disoit ces paroles
avec des manières si engageantes, qu'elle toucha le coeur du Roi, qui
lui dit en l'embrassant: «J'ai le coeur, Madame, tendre et constant,
et je veux vous aimer toujours; mais lorsque la raison condamne ma
tendresse, je dois entendre ce qu'elle me dit, et renoncer à l'amour qui
trahit mes vertus. Ma gloire a des appas qui triomphent de tout. Vous
saurez, Madame, qu'un engagement plus long qu'il ne peut être est
ordinairement suivi de la froideur.--Je ne le reconnois que trop, Sire,
interrompit madame de Montespan, en répandant un torrent de pleurs, que
votre coeur n'est plus que de glace pour moi. C'est en quoi j'accuse
souvent mon infortune, me trouvant la plus malheureuse de toutes celles
qui respirent le jour. Ah! qu'il est dangereux de vous connoître et
difficile de vous oublier!»

Le comte de Lauzun qui entra brusquement fit changer de discours à nos
amants. Notre Monarque demanda au comte d'où il venoit.--«Vous le savez,
Sire,» répondit Lauzun, en riant.--«Il est vrai, dit le Roi, que je sais
le lieu charmant où l'amour vous guide: comment se porte ma cousine[241]
depuis hier? Admirablement bien, Sire, répondit notre amoureux comte,
avec un transport de joie inconcevable, j'ai eu le bonheur
d'entretenir Son Altesse royale toute la matinée. C'est la plus adorable
princesse qui ait jamais été au monde. Ah! quel bonheur, continua le
comte de Lauzun, d'un air tout passionné, si un mortel avoit quelque
part à son souvenir! Ce seroit la plus grande félicité où il pourroit
aspirer.--Je vois bien, comte, dit notre Monarque en riant, que tu ne
serois pas fâché que ma cousine de Montpensier eût un peu de sensibilité
pour toi. Pousse ta fortune[242], je te promets de te servir
partout.--Ah! Sire, répartit le comte, avec un profond respect, je sais
trop ce que je dois à mon Roi pour avoir des pensées si hardies: je me
fais seulement une idée toute charmante du plaisir qu'un prince auroit
de posséder une personne aussi engageante que Mademoiselle, s'il étoit
né digne de Son Altesse royale.»

Le Roi qui se leva interrompit le comte qui fut avec Sa Majesté au
Louvre, et qui l'entretint longtemps sur plusieurs affaires différentes,
qui firent passer d'agréables moments à notre prince; et comme le comte
de Lauzun a l'esprit fort enjoué et fort galant il a le don de plaire au
Roi plus qu'aucune personne de la Cour. Pendant que Sa Majesté étoit
absente, madame de Montespan, ayant essuyé ses beaux yeux qui étoient
baignés de larmes, prit une plume et fit ces vers, où elle
reprochoit au Roi son changement. Les voici qui suivent:

    Quand vous commenciez à m'aimer,
    Vous ne pouviez pas me quitter,
    Sans vous faire une peine extrême.
    Le souvenir en fait ma gêne
    Et le sujet de mon tourment.
    Pourquoi m'aimer si tendrement?
    Vous savez très-bien comme on aime;
    Mais, hélas! êtes-vous le même?

Madame de Montespan ayant fini sa poésie, fut se promener au
Cours-la-Reine, où elle rencontra le Roi dans son carrosse, qui passa à
côté d'elle fort froidement et qui se contenta de lui faire une grande
révérence. Notre belle étoit dans ce moment au désespoir de voir
l'indifférence de son amant. Après avoir fait tout son possible, pour
allumer un feu qui vouloit absolument mourir, cette dame croyoit, après
la mort de mademoiselle de Fontanges que Sa Majesté reviendroit à elle;
mais hélas! que les femmes qui sont galantes se trompent fortement dans
ces sortes d'espérances! Quand une fois l'amour a été au comble de son
bonheur, cette passion diminue de moment en moment, et ne se fait plus
connoître. Il ne reste plus que la rage et le chagrin à ces belles
courtisanes de n'être plus aimées, et de dire souvent à leurs amants qui
rient d'elles: Vous m'aimiez autrefois et vous ne m'aimez plus. Ces
tristes idées me désolent le coeur. Ah! qu'il est bien plus généreux,
selon mon sentiment, de conserver toujours sa liberté, quand on le peut,
que de la mettre dans un péril si dangereux! Les hommes voluptueux
disent ordinairement que le printemps d'une beauté passe comme une fleur
qui ne revient jamais, et qu'il faut aimer dans un si bel âge. Ce sont
des discours que l'amour-propre leur inspire, et non la raison et la
vertu qui est quelquefois éloignée de leur coeur; mais demeurons
toujours dans les bornes de l'honnêteté, et ne nous laissons point
emporter au penchant rapide de nos inclinations. C'est le moyen le plus
sûr de ne se repentir jamais de rien, et de vivre à l'abri des
inquiétudes et des chagrins.

Revenons à notre Monarque, qui étoit dans une douleur extrême, et qui,
ne pouvant oublier mademoiselle de Fontanges, fut pour passer ses ennuis
deux ou trois jours de suite chez M. le duc d'Orléans où il trouva un
grand nombre de dames de qualité et presque toute la Cour, qui étoit
venue visiter Madame, qui avoit eu une légère indisposition.

Le Roi qui vit entrer le prince de Turenne[243] lui demanda, en
souriant, s'il n'aimeroit jamais, et si sa malice seroit toujours égale
pour les femmes, en se faisant aimer et puis se rire d'elles.--«Cette
manière ne me charmeroit point du tout, continua le Roi. Il faut de la
bonne foi avec les dames.--Ah! répartit la duchesse de Gersay[244] qui
étoit la plus belle personne du monde, qu'il est avantageux pour
notre sexe qu'un prince aussi aimable comme est le nôtre, prenne
généreusement le parti des pauvres femmes, que l'on outrage
sensiblement!--Madame, répondit le Roi, si elles étoient toutes faites
comme vous, il ne seroit pas besoin de les défendre; mais sans
raillerie, il me souvient que M. de Guise perdit entièrement sa
réputation auprès des femmes, pour des affaires de cette nature, et que,
quand il est mort, il n'eût pas trouvé une servante de la ville qui
l'eût voulu croire.--Mais, Sire, répliqua le prince de Turenne,
quelquefois l'on y est obligé par des motifs de conscience, et par les
conseils de son curé, qui dit assez souvent qu'il faut rompre les
attachements de la chair.--Ah! l'honnête homme, s'écria le Roi, en riant
de tout son coeur. Jamais il ne s'est vu une confidence si tendre et
qui mérite si bien la rémission de ses péchés; continuez toujours
de vivre dans ces nobles sentiments, vous aurez une augmentation de
gloire.»

Le prince fit une très-humble révérence à Sa Majesté, en la remerciant
de tout son encens; ce qui fut un sujet de plaisir à toute la compagnie.
Pendant le carnaval, toute la Cour travailla à faire diversion à la
mélancolie du Roi, qui paroissoit sans remède. La marquise de Maintenon,
qui savoit que Sa Majesté aimoit la conversation de la comtesse du
Lude[245], tâchoit par tous les moyens du monde de lui en procurer
le plaisir. Souvent que cette comtesse surprenoit le Roi dans sa
rêverie, madame de Maintenon les laissoit tête à tête moraliser. L'on
peut dire que c'étoit le fort de cette aimable femme, et qu'ayant
l'esprit aussi solide qu'elle l'avoit, rien n'étoit si charmant que de
l'entendre parler.

Un après-dîner, comme notre Monarque étoit seul avec elle, Sa Majesté
lui fit un portrait fidèle de son chagrin, et ne le lui déguisa
aucunement.--«Ah! Madame, s'écria ce prince, si vous saviez combien
la vie m'est importune, je ne fais rien qui ne me donne de la peine;
en de certains moments ma couronne m'est incommode.--Hélas! Sire,
répondit la comtesse du Lude, l'inégalité qui se trouve dans la
vie fait naître en nous ces divers mouvements. Ce qui nous plaît
aujourd'hui nous déplaît en peu de jours. Notre humeur changeante ne
sauroit se comprendre.--Cependant, Madame, dit le Roi, l'on donne tant
d'encens à la raison, à la prudence: de quoi nous servent ces chimères,
si elles n'arrêtent pas le cours de nos passions?--Ces idées, Sire,
répartit la comtesse, mettent mon esprit au désespoir; plus j'envisage
ces talents imaginaires, et moins j'aime à m'en souvenir. Ah! prudence
importune qui ne servez qu'à faire avancer les maux que nous devons
avoir! Si cette cruelle avoit quelque secret de détourner les infortunes
qui pendent sur nos têtes, nous devrions la chérir; mais hélas! rien
n'est si trompeur que son apparence.--Ce que vous dites, Madame,
répliqua le Roi, est divinement bien pensé, mais vous m'avouerez qu'il
faut obéir à l'Etre indépendant, qui nous a donné la vie et tous les
avantages de conduite, de raison et de prudence.--Je le sais, Sire, dit
la comtesse; c'est pourquoi j'envie souvent le sort des choses
inanimées, qui durent plus longtemps que nous, et qui ne ressentent
point mille remords qui nous rongent nuit et jour, et qui ne sont utiles
à rien.--Que diriez-vous donc, Madame, continua le Roi, de ceux qui
passent le plus beau de leur âge dans des soins continuels, et qui ne
sont quelquefois pas de grand usage? Nous voyons Platon attaché à
chercher des idées; Epicure attrapant des atômes, pour ensuite les
accrocher les uns aux autres et en faire un monde en petit; Thalès au
bord d'une fontaine admirant l'eau comme principe de toutes choses;
Socrate n'osant sortir de sa gravité, de crainte de ne passer plus pour
sage; enfin tous ces grands hommes ont pris mille gênes dans la vue de
s'immortaliser.--Ah! Sire, reprit la comtesse, il n'est pas besoin de
sortir de notre siècle pour connoître les folies des humains. Ne
voyons-nous pas tous les jours parmi nous des généraux, des capitaines
qui mettent leur vie au hasard pour une idée de gloire?--La guerre,
Madame, répartit le Roi, est quelque chose de plus grand et de plus
noble que mille autres attaches dont l'homme fait ses délices, et où il
met les plus doux moments de sa vie à les acquérir.--Cependant, Sire,
dit madame du Lude, l'esprit des mortels est borné, quelque soin qu'ils
donnent à la recherche, et quelque pénétrants qu'ils puissent être. L'on
ne sait rien à fond avec certitude. Nous apportons en naissant des
ténèbres qui rendent nos lumières peu brillantes.»

Notre Monarque prenoit un plaisir extrême d'entendre raisonner cette
aimable comtesse, quand le duc de La Feuillade[246] entra qui entretint
Sa Majesté longtemps. Le Roi ayant fait une profonde révérence à madame
du Lude, la quitta pour un moment, et revint aussitôt auprès
d'elle.--«Ah! Madame, lui dit ce prince en riant, une sympathie inconnue
m'entraîne vers vous. Je compte les heures qui me privent de votre
agréable présence [comme] perdues.--Ce que vous dites, Sire, répondit
notre belle, est quelque chose de bien glorieux pour moi. Rien n'est si
doux que l'encens d'un prince comme vous, qui connoît la valeur de ce
qu'il estime avec un discernement distingué.--Madame, si j'étois à
présent, lui répondit le Roi, encore assez heureux pour être aimé d'une
personne aussi engageante que vous, non pas de cet amour sensuel dont
j'ai fait mon bonheur autrefois, mais de celui qui ne consiste qu'en
esprit! Car je vous assure que ces plaisirs sont plus réels que ceux du
corps. J'en goûte tous les jours la différence, qui me fait
regretter mille moments que j'ai passés en bagatelles.--Il est vrai,
Sire, reprit madame du Lude, qu'après avoir fait le véritable
panégyrique de l'amour, l'on y remarque des défauts surprenants.
Qu'est-ce que cette passion, sinon un amas de peines qui ne se nourrit
que de craintes et de doutes? les plaisirs qui sont de peu de durée sont
toujours suivis d'amertumes sensibles; et l'amour, au comble de son
bonheur, comme toutes les autres choses, retourne à son néant.--Que vous
représentez justement, Madame, dit notre Monarque, le caractère de ce
Dieu! Le voilà sans ombres et sans voiles, et c'est de la manière qu'il
est plus charmant, car ses défauts ne sont point cachés.--Il est
pourtant bon, Sire, répondit notre aimable, de lui donner quelques
agréments, afin qu'il nous puisse plaire. Car quand on s'engage, si l'on
se faisoit une idée funeste d'un triste changement... Ah! Sire, continua
la comtesse, pardonnez un tendre souvenir, je ne puis oublier l'ardeur
violente que le comte d'Armagnac[247] avoit conçue pour moi, et quand je
fais la revue de toute sa passion et du changement que j'y vois, je dis:
c'est l'ouvrage d'un mortel. Il n'appartient qu'à l'homme à mettre en
usage ces foiblesses. Il y a quelque temps, comme j'étois chez moi à la
campagne, et que je rêvois solitairement dans le bois, je
considérois le peu de durée de l'aimable verdure de ce bocage, ayant
réfléchi solidement, je fis ce quatrain:

    Tout change, enfin, et le coeur le plus tendre
    Ne peut faire vivre sa passion toujours.
    L'on n'a point encor vu d'éternelles amours,
    Et le temps à venir ne doit pas en attendre.

--Vous faites, dit le Roi, d'une manière obligeante, la dixième Muse. Il
faut un mérite aussi charmant que le vôtre pour augmenter la beauté du
Parnasse. Apollon, ce Dieu des lumières, vous doit chérir uniquement,
puisque vous embellissez son rocher et ses fontaines; aussi Pégase vous
donne-t-il de son eau de cristal pour vous rafraîchir dans vos exercices
poétiques.--Je vous dirai, Sire, répondit la comtesse, que j'aime
passionnément la poésie. Je trouve que c'est le langage des dieux: voici
encore des vers que l'inconstance du comte d'Armagnac m'a fait faire:

    Taisez-vous, mes soupirs sensibles,
    Vous me causez de la douleur,
    Et mon coeur est trop susceptible
    Aux doux charmes de mon vainqueur.
    A quoi servent ces sentiments,
    Puisque l'ingrat est un volage?
    Quand on a perdu ses amants,
    Les soupirs doivent être sages.

--En vérité, Madame, interrompit le Roi, vous êtes toute divine, et
c'est un charme puissant de vous entendre parler. Un coeur peut-il se
défendre à des attraits si doux qui le demandent? Ah! je condamne
extrêmement le peu de discernement du comte d'Armagnac en vous ayant
quittée. Je sais que si vous l'aviez plus aimé, vous l'auriez
engagé davantage; car il veut qu'on l'aime tendrement, et celle qui
possède son coeur présentement est pour lui tout de feu.--Ah! Sire,
s'écria madame du Lude, que l'amour est difficile à contenter! cet
enfant crie toujours et n'est jamais content. J'ai marqué au comte
incessamment une tendresse égale; mais non pas de ces emportements qui
font perdre la raison.--C'est ce que nous demandons, Madame, dit Sa
Majesté, quand nous aimons. Nous ne pouvons souffrir des coeurs froids
qui raisonnent. Il faut aimer avec chaleur un amant, quand vous voulez
qu'il vous aime.»

Madame de Maintenon, qui entendit en entrant ce mot d'aimer, dit en
saluant le Roi:--«Sire, c'est en vain que vous vous défendez de l'amour,
car vous le mettez toujours sur le tapis.--Ah! Madame, répartit la
comtesse du Lude, l'on ne peut parler que de ce qui plaît. Quand les
conversations commencent à mourir, ce Dieu les ressuscite par son
enjouement.--Cette vivacité, Madame, répliqua la marquise, n'est plus du
règne de notre prince. Il a renoncé aux traits de l'amour, et son
coeur est à l'épreuve de ses coups.--Madame, lui dit en riant la
comtesse du Lude, quelques efforts que nous puissions faire, notre
résistance est vaine. Quand la nature nous a donné un coeur sensible,
il aime tout ce qu'il trouve aimable, tant qu'il a de la vie. Cependant,
Madame, reprit la marquise de Maintenon, les passions diminuent avec
l'âge. Ah! Madame, répliqua madame du Lude, nous revenons toujours à
notre principe qui est cet amour naturel. Les philosophes nous le
prouvent en nous faisant connoître que tous les êtres du monde doivent
retourner au lieu d'où ils ont pris leur origine. L'homme, qui est un
être fini, est composé de deux parties qui sont l'âme et le corps. Cette
première, son règne étant achevé, retourne au ciel qui est la source
d'où elle est venue, et le dernier va au sein de la terre d'où le
premier homme est né.--Vous passez donc, Madame, interrompit notre
prince, en regardant la comtesse du Lude, de la philosophie à la
théologie? Il faut avoir autant d'esprit que vous en avez pour soutenir
les thèses que vous avancez. Qu'il est glorieux, Madame, pour votre sexe
d'avoir des personnes qui se distinguent par leur génie! Un de nos
philosophes modernes donnoit en son temps des leçons aussi bien aux
femmes qu'aux hommes; mais le savoir que vous avez, la nature vous en a
fait un don en naissant.--Sire, répondit la comtesse, si j'avois assez
de foiblesse pour tirer de la vanité des douceurs coutumières que les
galants hommes disent ordinairement aux femmes, je me perdrois en
écoutant le joli panégyrique que vous faites de moi; mais je me connois
un peu. Si quelques lumières brillent en mon esprit, un nombre infini de
ténèbres en diminuent la beauté.»

Le Roi brûloit d'envie de pousser la conversation plus loin; mais des
affaires du Parlement qui furent apportées à Sa Majesté par M.
Talon[248], avocat-général, qui parla au Roi avec une éloquence
toute charmante pendant plus d'une heure, fit que le prince donna
audience à plusieurs autres, tout le reste du jour. Madame de Maintenon,
que le comte de Marsan[249] sollicitoit tous les jours pour mademoiselle
de Béthune[250] qui étoit à Saint-Cyr sous la domination de la marquise,
étoit journellement chez elle[251].

Ce comte étoit devenu éperdûment amoureux de mademoiselle de Béthune,
pour l'avoir vue un moment dans l'église de Saint-Cyr. Cette jeune
beauté se faisoit distinguer de toutes les autres, par un certain air
doux et languissant qui lui étoit naturel, et qui demandoit le coeur à
tout ce qu'elle faisoit. Il n'en falloit pas tant pour enflammer le plus
passionné de tous les hommes. Aussi dans ce premier moment, il fit
connoître à cette charmante fille, par un langage muet qui parloit dans
ses yeux, combien ses charmes avoient de pouvoir sur lui. Depuis ce jour
que le hasard avoit conduit le comte à l'abbaye de Saint-Cyr, comme il
retournoit de la chasse dans le dessein de remercier les Saints de
n'avoir point trouvé de malheur, il se vit pris, sans rien prendre dans
toute sa course. C'est ordinairement ce que fait Vénus dans ses
exercices. Elle fait quelquefois plus de conquêtes que Diane, quoique
ses armes soient bien différentes. Revenons au comte de Marsan qui se
voyoit obligé de garder de grandes mesures, dans toute la suite de son
amour. Madame de Maintenon le recevoit fort honnêtement et même avec
beaucoup de plaisir, dans la vue qu'il recherchoit en mariage
mademoiselle de Béthune, qui étoit de qualité et d'une maison
très-considérable. Le comte disoit mille douceurs à la marquise sur sa
vertu et sur sa conduite, afin d'obtenir les bonnes grâces, et d'avoir
un peu plus de liberté avec sa belle mignonne; ce que notre abbesse
remarquoit fort bien, ayant l'esprit aussi ouvert qu'elle l'a. C'est
pourquoi elle ne perdoit jamais de vue cette jeune fille, quand son
amant étoit présent, ce qui le désoloit entièrement, car il ne pouvoit
pas dire une parole que la marquise ne l'entendît. Une vie si misérable
dura quelque temps, mais comme l'amour est ingénieux, et que ce petit
Dieu découvre toujours quelque ruse à ses sujets, le comte de Marsan,
ennuyé de son martyre, pria une vieille tante qu'il avoit à Paris, et
qui étoit devenue dévote jusqu'à la fureur, et par cette raison grande
amie de madame de Maintenon (car elles alloient fort souvent ensemble à
Saint-Lazare de Jérusalem[252] faire leurs oraisons) de lui être
favorable dans son amour, et de permettre qu'il se trouvât quelquefois
chez elle avec mademoiselle de Béthune qu'il aimoit tendrement. Que la
sévérité de la marquise de Maintenon lui étoit insupportable! aussi
rendoit-elle toutes ses demoiselles comme des esclaves, qui sont privées
de la liberté humaine. Madame de La Roche[253] parut un peu surprise en
écoutant la proposition de son neveu.--«Quoi! dit-elle, Monsieur, vous
ne songez pas à ce que vous me dites? Ne savez-vous pas combien cette
dame a de haine et d'horreur pour les rendez-vous, et que, si elle
découvroit une fois votre intrigue galante, je serois perdue dans son
esprit, et elle maltraiteroit mademoiselle de Béthune comme la
dernière de toutes les filles? De plus, mon neveu, continua cette bonne
femme, vous avez un attachement qui n'est pas des plus honnêtes avec
madame de..... et qui ne plaît aucunement à tous vos amis. Retirez-vous
avec prudence de ce commerce criminel, et je ferai tout mon possible
pour vous procurer cette jolie mignonne.--Ce que vous dites, ma tante,
répondit le comte, est à peu près raisonnable; mais vous saurez que,
quand l'on a une fois donné son coeur, il est bien difficile de le
reprendre. Je vous avoue que j'aime la baronne de..., qui est la plus
belle femme de France, et qui mérite le mieux les adorations d'un galant
homme. Tant que cette adorable personne possèdera mon coeur, le
mariage me sera fort indifférent, mais non pas les galanteries.--Mon
neveu, répartit madame de La Roche, en riant, si vous aimez, autant que
vous voulez me le persuader, votre belle, vous devez lui être fidèle; ce
que vous n'êtes point, puisque vous cherchez les moyens d'en conter à
une autre.--Ah! ma tante, répliqua M. de Marsan, il ne faut point mettre
un ordre si régulier dans la conduite de la vie. L'amour se plaît dans
la variété et le changement. D'abord que cet enfant est attaché, il
meurt. C'est pourquoi, par un motif de charité qui est fort humain, l'on
doit lui donner la liberté de courir où il veut, afin de lui conserver
la vie.--Où avez-vous appris, Monsieur, dit la bonne tante, cette morale
admirable qui porte sa charité jusques à l'amour?--Ne savez-vous pas, ma
tante, répondit le comte malicieusement, que charité est
amour.--Oui, mon neveu, je le sais, mais ce n'est pas de cet amour qui
ne consiste qu'au bonheur de son prochain que vous entendez parler.--Ma
tante, répartit le comte de Marsan, en riant, je renferme dans les
bornes de la pitié ou de la compassion tous les besoins du genre humain.
Si j'aime une femme qui soit aimable et que je lui jure que je meurs
pour elle, et qu'elle soit d'assez bonne foi pour le croire, en voulant
bien soulager mes peines, n'est-ce pas vivre moralement, et d'une
manière exemplaire?--Mon neveu, interrompit la bonne femme, d'un air de
pédante, vous vous raillez de la piété et vous n'êtes qu'un indévot, qui
sacrifiez tout à vos plaisirs. Rompez votre pente criminelle et vous
attachez à la vertu et à la gloire, en faisant des actions dignes
d'elles.--Ah! ma chère tante, répliqua notre amoureux comte, en
l'embrassant, quand je combats les charmes de l'amour, je sens ses
douceurs qui triomphent de toutes mes forces, et c'est ma passion la
plus dominante.--C'est alors, Monsieur, dit madame de La Roche, qu'il
faut opposer à cette rapidité des remèdes salutaires, et résister
fortement au méchant penchant qui vous entraîne à votre perte. Nous
lisons que nos Saints n'ont pas été moins que nous sensibles à cette
foiblesse, et que saint Dominique, tout célèbre personnage qu'il étoit,
a souffert des peines cruelles pour résister aux convoitises de la
chair. Ce religieux père préparoit jour et nuit son corps rebelle afin
de le mortifier, et de tâcher de corriger les emportements de la
nature.»

Le comte de Marsan ne put s'empêcher de rire en écoutant les belles
instructions de sa bonne tante, qui lui marquoit avec le doigt tout ce
qu'elle disoit; mais, ayant bien moralisé, la conclusion de la prière
que le comte fit à sa chère tante fut de lui procurer le bonheur de voir
quelquefois chez elle mademoiselle de Béthune, ce que madame de La Roche
eut bien de la peine à lui accorder; mais comme elle aimoit son neveu
tendrement, elle se laissa persuader plus facilement, ce qui donna une
joie inexprimable à notre passionné amant, qui brûloit d'envie
d'entretenir un instant la charmante enfant qui l'occupoit si
agréablement. Il demanda donc à sa tante quel jour cette belle pourroit
venir chez elle, et qu'il y viendroit aussi.--«Ah! mon neveu, répartit
madame de La Roche, il faut user de grande précaution dans une affaire
si délicate. La marquise de Maintenon est la plus sévère de toutes les
femmes, comme je vous l'ai déjà dit, et a beaucoup de confiance en moi;
c'est pourquoi je serois au désespoir qu'elle sût que vous venez chez
moi souvent, car elle empêcheroit bientôt que mademoiselle de Béthune ne
me vînt voir.--Ah! dit le comte, j'en serois au désespoir; mais il faut
que je vous avoue, ma tante, que j'ai de la peine à souffrir qu'une
vieille ridicule comme cette femme-là occupe encore la terre. Elle
enrage de ce que les plaisirs l'ont quittée, et qu'elle n'est plus
capable d'en inspirer. C'est pourquoi elle s'oppose si fortement aux
galanteries de la jeunesse. Vous saurez, ma chère tante, que, quand on
est sur son retour et qu'on n'a plus de mérite pour charmer les
coeurs, l'on s'en fait un de paroître bigote, et c'est la
retraite ordinaire de toutes les femmes de la Cour.--Mon neveu, ne vous
emportez pas contre cette dame; c'est la plus modeste, et la plus sage
qui fût jamais.--Il faut bien qu'elle le soit malgré elle, répliqua
notre comte, car l'on n'en veut plus.»

Mademoiselle de Béthune, qui entra, surprit le comte qui auroit encore
dit plusieurs duretés contre la sévérité de la marquise de Maintenon;
mais la présence d'un objet si charmant rappela toute la douceur de ce
tendre galant, qui dit mille choses obligeantes à cette belle mignonne,
qui parut un peu embarrassée à répondre à toutes les galanteries du
comte.

Madame de La Roche, qui remarquoit bien que son neveu étoit fort
amoureux de cette jeune demoiselle, et que toute la morale dont elle
s'étoit servie n'avoit pu arrêter le torrent passionné de M. de Marsan,
trouva à propos de ne se rendre point incommode à la passion de son
neveu, et que tant qu'elle le verroit dans les bornes de l'honnêteté et
de la modestie, elle n'auroit rien à dire. Mais c'est une chose bien
difficile à observer que la retenue à un homme qui aime tendrement; il
auroit bien besoin d'une chaîne pour retenir son emportement. Ce ne sera
pas la raison qui triomphera de l'amour, au contraire, elle ne fera
qu'irriter cette passion avec tous ses vains raisonnements.

Laissons la raison, tout impuissante qu'elle est, et voyons présentement
nos amants qui goûtent à longs traits le plaisir de se voir le plus
souvent qu'il leur est possible, et qui trouvent le bonheur
incomparable, si le malheur avec son air effroyable, et qui s'oppose
toujours aux joies du monde, ne vient pas troubler leurs innocentes
caresses. Le comte de Marsan ne soupira pas longtemps aux pieds de
mademoiselle de Béthune sans faire une forte impression sur son coeur.
Cette jeune beauté, qui n'avoit pas encore aimé, s'attacha sans réserve
à chérir son amant, et lui donna toutes les preuves d'une véritable
amitié, ce qui toucha M. de Marsan sensiblement et lui fit oublier la
baronne de...., qui lui en marqua sa rage par tous les reproches
violents que la jalousie peut inspirer. Un jour, comme le comte étoit
couché au bord d'une fontaine, et qu'il attendoit mademoiselle de
Béthune qui devoit venir cette après-dîner chez madame de la Roche, on
lui apporta une lettre de la baronne de..... qu'il lut plusieurs fois,
en redisant ces mots qu'elle lui avoit écrits: «Ah! perfide, pourquoi
m'as-tu aimée si fortement, si tu ne voulois pas être fidèle?»

Des reproches si sensibles rendirent le comte tout rêveur, et qui le
conduisit[254] dans un petit bois qui étoit au bout du jardin. Notre
amoureux solitaire ayant fait quelques tours dans la forêt, s'arrêta
pour considérer les bêtes sauvages que la fortune a condamnées à vivre
dans ces lieux, et leur dit: «Ah! innocentes créatures, que votre
destinée est heureuse! les rochers et les affreuses retraites que vous
occupez, sont plus agréables que le commerce du monde.»

    Aimable et charmante verdure,
    Qui faites l'ombre de ces lieux,
    Et qui suivez de la Nature
    Le penchant doux, délicieux,
    Hélas! je viens dans ce bocage
    Vous prier couvrir mes ennuis;
    Quoique j'aime, on me croit volage;
    Mais vous savez ce que je suis.

Mademoiselle de Béthune, qui attendoit depuis longtemps M. de Marsan, se
promenoit tristement dans un parterre de fleurs quand il arriva. Le
comte ressentit une joie en voyant son aimable maîtresse, et lui dit
d'un air tendre: «Ah! mon adorable, je vous ai attendue ici plus de deux
heures, mais mon impatience m'a fait prendre l'air du bois.--Je crois,
Monsieur, répartit notre belle, que la sympathie se mêle de tout, quand
on aime, car j'avois aussi une grande envie de vous voir.--Mademoiselle,
répondit le comte, d'une manière toute passionnée, si l'amour pouvoit
vous rendre le coeur aussi sensible que moi, je ne serois plus à
plaindre; mais si mon mal augmente, et que vous ne soyez pas touchée de
mes peines, hélas! c'est fait de moi.--Prenez soin de vous-même,
Monsieur, dit la charmante en souriant, car ce seroit bien dommage qu'un
homme aussi joli que vous et aussi galant n'occupât plus l'agréable
séjour des mortels. L'on n'a jamais vu personne mourir d'amour, continua
cette incomparable, si ce n'est dans des histoires, où l'on souffre
mille maux imaginaires.--Cependant, Mademoiselle, répliqua M. de Marsan,
je sais que je vous aime réellement et sans imagination, et que tout ce
que je sens pour vous ne sont pas des maux en idée.--C'est
pourtant, Monsieur, dit mademoiselle de Béthune, où les biens et les
maux font leur demeure ordinaire. L'idée nous rappelle toujours ce qui
nous plaît et ce qui nous déplaît.»

La conversation de nos amants étant finie pour ce jour, le Roi, qui
étoit de retour du siége de Saint-Omer[255] avec M. le duc d'Orléans,
ces illustres personnes firent une partie de chasse à Saint-Cloud, où
toutes les belles de la Cour parurent en équipage de chasseresses et
vêtues comme Diane et ses Nymphes, suivies de plusieurs chiens qui
couroient dans la forêt les bêtes sauvages au milieu du bois. Sa Majesté
et les princes les plus galants attendoient ces charmantes cavalières,
déguisés comme le Dieu Pan et comme les Satyres, qui préparoient un
superbe festin à cette aimable troupe. Ce beau régal fut accompagné d'un
grand nombre d'instruments qui faisoient le plus bel effet du monde.

Le maréchal duc de La Feuillade[256] étoit assis au pied d'un ormeau,
qui copioit Orphée en jouant de la flûte douce, qu'il touchoit dans la
dernière perfection, et qui sembloit attirer autour de lui tous les
oiseaux et tous les animaux de ce bocage. Plusieurs voix toutes
charmantes répondoient à cet aimable solitaire.

L'on entendoit un écho fidèle qui répétoit souvent ces tendres paroles,
et qui prononçoit comme en soupirant:

        Que l'absence est cruelle
    A quiconque aime tendrement!
        Eloigné de sa belle,
    L'on ne peut vivre heureusement.

Tous ces plaisirs champêtres n'étoient point capables de faire renaître
la tendresse de notre monarque qui s'avançoit vers le tombeau, ne
pouvant reprendre ses premières forces. Le Roi devint jaune et ne rioit
plus comme à son ordinaire, ce qui attendrit le coeur de madame de
Maintenon, qui pressa un jour Sa Majesté, étant dans un tête à tête, de
lui découvrir toutes les routes les plus sensibles de son âme, car elle
étoit fort affligée du changement qui paroissoit en sa personne.--«Je
vous dirai, madame, lui répondit ce prince, que depuis quelques années,
je ne me connois pas moi-même. J'ai une profonde rêverie qui
m'entretient journellement et je trouve quelquefois la qualité de Roi
importune.--Ah! Sire, s'écria la marquise, d'où pourroient venir ces
sentiments inégaux qui chagrinent votre Majesté? C'est peut-être que
vous n'écoutez plus les douceurs de l'amour qui sont d'un grand secours
dans les inquiétudes de la vie. Souvent un tendre amusement nous rend
heureux et malheureux.--Aussi, madame, répartit le Roi en soupirant,
quand la mort nous retire ce que l'on aime, rien n'est au monde plus
insupportable que ces sortes de malheurs. Ah! répondit ce prince, je ne
sens plus mon coeur disposé à un nouvel engagement; même la
disposition de ma santé ne me parle plus que de retraite et de
pénitence, et cette inclination qui brûloit autrefois comme un feu à la
présence d'un bel objet, est bien présentement affoiblie.--Il faut
reprendre courage, Sire, répliqua madame de Maintenon, et l'amour
renouvelle toutes choses et redonne la vie à ce qui paroît inanimé.
Aimez encore une fois et vous revivrez. Vous savez le pouvoir que j'ai
sur plusieurs aimables jeunes filles. Si votre amour en trouve une digne
d'elle, il suffit qu'elle ait le bien de vous plaire.--Madame, répondit
le Roi en riant, je sais qu'il y a sous votre conduite de quoi occuper
ma tendresse; mais vous avez depuis peu reçu dans cette assemblée une
jolie enfant qui ne me déplairoit pas, et qui mérite bien les soupirs
d'un galant homme.--Il est vrai, Sire, je sais de quoi vous voulez
parler; c'est de mademoiselle de Grancey[257], qui est la plus jolie de
toutes celles qui sont à Saint-Cyr; outre qu'elle est très-bien née,
elle possède une douceur charmante dans tout ce qu'elle fait, qui la
fait aimer de tout le monde. Le marquis de Joyeuse et de Villars[258],
ses cousins, lui firent visite cette semaine et me prièrent avec toute
l'honnêteté qui se peut imaginer de l'aimer un peu. Je leur répartis en
souriant qu'il n'étoit pas besoin de le dire, que son mérite parloit
assez.--«Ah! madame, répondit le marquis de Joyeuse, nous n'en
attendions pas moins de votre civilité et de votre honnêteté; c'est
pourquoi ma cousine ne pouvoit jamais arriver à un degré plus heureux
que celui d'être sous une conduite si distinguée.» J'allois
répondre au marquis, quand j'en fus empêchée par les ordres de Votre
Majesté qui me prioit de venir à Versailles, et je vous puis assurer,
Sire, continua la marquise, que je conserve toujours pour cette aimable
mignonne beaucoup d'estime.--Et moi aussi, dit le Roi, depuis le premier
moment que je la vis à l'entrée de l'abbaye où j'étois en carrosse, et
je fis demander si vous étiez à Saint-Cyr. Cependant cette belle enfant
me parla avec une charmante modestie qui me toucha le coeur; mais
comme je commence à renoncer aux plaisirs des sens, j'en ai seulement
gardé l'idée.--Il n'y a pas, Sire, dit madame de Maintenon, bien loin de
l'idée au coeur; l'on peut facilement les unir ensemble.--J'entends
très-bien, madame, répliqua Sa Majesté, vos expressions; elles sont fort
sensibles; mais comment aimer les autres, quand l'on ne s'aime plus
soi-même?»

La marquise, qui voyoit qu'une conversation d'amourette chagrinoit Notre
Majesté, changea de discours et lui parla des affaires de la guerre, et
sur les ordres de son royaume, comme de pourvoir à la subsistance des
curés et des vicaires perpétuels[259], afin qu'ils n'eussent point
d'occasion légitime de ne point satisfaire à leur devoir. Le curé de
Saint-Lazare de Jérusalem, qui étoit aimé de madame de Maintenon
pardessus les autres, la sollicitoit tous les jours qu'elle priât Sa
Majesté d'augmenter sa pension, et, pour cet effet, ce prêtre rendoit
des visites familières à madame de Maintenon, et lui disoit incessamment
que le bien que l'on faisoit aux gens d'église n'étoit jamais perdu; que
cette charité nous attiroit un nombre infini de bénédictions, par les
prières de ces bonnes âmes. Ce curé ajouta encore d'une manière toute
dévote, qu'il faisoit toutes les nuits des oraisons de quatre ou de cinq
heures pour le Roi,--«et pour vous, madame, qui êtes le refuge des
pauvres prêtres affligés. Souvenez-vous de moi, s'il vous plaît, quand
vous serez avec Sa Majesté.» La marquise promit de servir le curé de
tout son possible, dans la vue qu'il diroit plusieurs messes pour la
rémission de ses péchés, ce qu'il fit avec tout le zèle dont son âme
étoit capable. Car l'on remarqua que ce bonhomme alloit plus matin
pendant quelque temps à sa paroisse qu'à l'ordinaire.

Quoique madame de Maintenon sollicitât notre Prince pour les affaires
d'Etat, elle ne laissoit pas de lui parler, dans de certains
intervalles, des charmes de mademoiselle de Grancey, à dessein de
réveiller sa passion et de le rendre plus enjoué, ce que le Roi essaya,
mais ce fut en vain; car ce Prince n'étoit plus propre pour la
galanterie. L'après-dîner que la marquise avoit laissé cette charmante
mignonne avec Sa Majesté à Trianon, jamais le Roi ne se trouva si
triste. Il soupira plusieurs fois en regardant cette belle, et mêla
incessamment un jeu de piquet qui étoit sur la table, à quoi
mademoiselle de Grancey lui dit en souriant: «Sire, Votre Majesté auroit
plus de plaisir si j'étois de la partie.--Je le veux, répondit ce
Monarque, ma belle enfant; mais vous perdrez, car j'ai assez la fortune
à mes gages.--Qu'importe, Sire, répondit notre aimable, en rougissant;
il me sera fort glorieux de vous être redevable.» Le Roi se trouva
embarrassé dans cette entrevue plus que jamais il n'a été; mais madame
de Maintenon, qui croyoit que la tendresse de son Prince avoit retrouvé
la vie, entra en souriant, et dit à mademoiselle de Grancey: «Eh bien!
ma mignonne, comment avez-vous passé le temps depuis mon absence?--Fort
bien, madame, répliqua-t-elle, je n'ai point trouvé de quoi m'ennuyer
aujourd'hui.--Ah! mademoiselle, répartit le Roi, vous avez bien de la
bonté, et vous êtes bien facile à excuser les défauts d'une personne qui
vous aime, mais qui n'est plus à lui comme autrefois.--A qui êtes-vous
donc, Sire? répartit la marquise; faites-moi la confidente de vos
souffrances; mademoiselle n'en sera pas jalouse, car elle a trop
d'esprit pour ne pas savoir qu'un Prince peut aimer tous les objets
qui sont aimables.» Sa Majesté se mit à rire avec notre mignonne de la
belle humeur de la marquise de Maintenon, qui tournoit toute chose en
galanterie, et qui disoit toujours mille équivoques sur la mélancolie de
son malade.

La conversation étant finie, le Roi ramena les dames à Saint-Cyr, où Sa
Majesté fut longtemps à visiter tous les parloirs et les réfectoires de
l'abbaye, qui sont d'une propreté admirable et qui répondent bien à la
générosité et la grandeur d'âme de celle qui en est la supérieure.

Le lendemain, mademoiselle de Grancey fit un fidèle récit de la
conversation qu'elle avoit eue avec le Roi, à madame de Maintenon, qui
demanda à cette belle jusqu'à la moindre circonstance, même les termes
dont il s'étoit servi pour lui marquer ce qu'il sentoit pour
elle.--«Quoi, madame, répondit notre jolie mignonne assez surprise,
est-ce que le Roi m'aime?--Oui, ma chère enfant, dit la marquise, je
sais que vous ne lui êtes pas indifférente, et qu'il ne tiendra qu'à
vous de faire son bonheur.--C'est ce que je ne sais point encore,
répartit mademoiselle de Grancey, car Sa Majesté ne m'a dit rien de
tendre, au contraire; elle ne m'a entretenue que de mode, que de cartes
et de mille autres choses à peu près de cette nature. Il est vrai que ce
Prince a trouvé mon habit fort propre[260] et qu'il me seyoit très-bien;
mais, hélas! n'avoit-il rien de plus doux à me dire, s'il m'aime un
peu?» Madame de Maintenon sourit de la pensée de son aimable disciple,
et lui répliqua: «Ah! ma mignonne, je ne connois plus le Roi; il
est devenu insensible à ce qui faisoit autrefois ses plus doux moments.
Un grand fond de piété, qui s'est emparé de son coeur, le rend
présentement tout de glace aux plaisirs des sens.--Je vous avoue,
répartit mademoiselle de Grancey, qu'une si grande froideur en un homme
n'est point agréable. L'on diroit dans cet état qu'il n'est point animé.
L'amour donne je ne sais quoi qui est aimable à tout ce qui respire le
jour.--Mais encore, ma belle, dit la marquise, dites-moi sincèrement si
notre Monarque vous a fait paroître tant d'indifférence?--Madame, Sa
Majesté ne m'a point surprise dans ses manières languissantes, puisque
la première fois que je l'ai vue, j'ai bien jugé que son amour se
mouroit et qu'il étoit temps de lui faire un tombeau.--Vous êtes bien
savante, ma bellotte, dit madame de Maintenon en riant, d'avoir si bien
pressenti la mort de la tendresse du Roi; je m'étois flattée que vous la
feriez renaître et que vos charmes auroient assez de force pour la
ressusciter.--En vérité, madame, répondit cette charmante, il est bien
difficile de redonner la vie à ce qui n'en a plus. Voici cependant des
vers que j'ai dits à Sa Majesté dans le dessein de la réveiller de son
assoupissement et de la divertir par cet imprévu.

        Dites-moi mon cher prince
        D'où vient votre air rêveur?
        Seroit-ce quelque feinte
        Dans votre illustre coeur?
    L'on sait que vous n'êtes pas insensible
    Aux doux attraits d'une aimable beauté,
    Et que, chez vous, il est du tout[261] visible
    Qu'on n'y sauroit trouver de dureté.

--Je ne savois pas, ma belle enfant, dit notre marquise, que vous étiez
poëte. C'est un exercice fort joli pour une jeune personne comme vous.
Il n'y a rien qui polisse davantage l'esprit et qui apprenne mieux les
manières du bel usage que la poésie, et qui donne une si grande
délicatesse en tout ce que nous faisons. Le Roi aime passionnément les
vers, quand ils sont bien tournés et fort tendres; c'est pourquoi, ma
mignonne, faites un sonnet fort juste et qui fasse connoître à Sa
Majesté adroitement que vous l'aimez, et que vous êtes fâchée qu'il n'y
réponde pas aussi tendrement que vous le voudriez. Il faut quelquefois
solliciter un coeur avant de s'en rendre le maître.--Ah! madame,
répartit mademoiselle de Grancey, que les ordres que vous me donnez sont
difficiles à exécuter! Je n'ai pas de penchant à faire des avances à mes
amants. Il n'y a rien de si peu à mon goût que ces sortes de
manières.--Il est vrai, mademoiselle, répondit madame de Maintenon,
quand on est faite comme vous êtes, il n'est pas besoin d'en faire; mais
il y a de la différence entre galant et galant. Être aimée, par exemple,
d'un Roi aussi charmant que le nôtre est une chose qui mérite bien un
peu de peine. Défaites-vous de cette fierté qui est si naturelle aux
jolies filles comme vous, et marquez un peu d'empressement à ce Prince.
C'est le moyen le plus sûr de lui plaire.--Madame, ne parlons plus de
cela, je vous en prie, dit la belle écolière, car je sens que mon
coeur ne s'accorde point avec les leçons que vous me donnez. Vous
savez que s'il n'est de la partie, tout ce que l'on entreprend n'est pas
bon.--Oui, ma mignonne, ce que vous dites est vrai, répliqua la
marquise; mais il faut tâcher de se rendre maître de ce coeur rebelle
et l'apprivoiser avec la raison, qui veut que vous fassiez quelque chose
pour votre fortune. Souvenez-vous, ma chère bellotte, que nous ne sommes
plus dans le temps où une fille croyoit avoir fait un crime irréparable
de songer à l'amour. L'on accommode à présent ce Dieu avec l'intérêt par
une aimable vicissitude.»

La marquise de Maintenon n'eut pas plus tôt achevé de donner ces jolies
instructions à mademoiselle de Grancey, qu'elle la mena au lever du Roi.
Cette charmante enfant étoit ce jour belle comme un ange, et dans un
certain air de négligé qui la rendoit tout adorable. Dès que notre
Prince la vit, il lui dit:--«Ah! mademoiselle, vous ferez aujourd'hui
bien des misérables. Votre présence est redoutable aux pauvres
humains.--Qui, moi? Sire, répartit cette incomparable, en riant, j'ai
pourtant le coeur fort sensible à la compassion et n'aime pas à voir
souffrir les affligés.--Vous voyez, Sire, interrompit madame de
Maintenon, que, parmi le grand nombre des qualités éminentes qui ont été
données à mademoiselle, elle possède encore la pitié et la charité, qui
sont de toutes les vertus les plus parfaites.--A la vérité, ma belle
mignonne, dit le Roi, en la regardant assez tendrement, des mouvements
si héroïques et si nobles sont fort rares dans la jeunesse où vous
êtes. D'ordinaire, dans l'âge tendre, l'on a peu de sentiments
raisonnables.--Ah! Sire, il ne faut pas tant donner d'encens à
mademoiselle, sans lui dire aussi ses petits défauts. Elle est cruelle à
ses amants jusqu'au dernier point, leur défendant l'usage des soupirs,
qui est leur ôter la vie. Car, qu'ils soient sincères ou non, les
galants de ce siècle ne marchent jamais sans cet ornement.»

Sa Majesté ne put s'empêcher de rire de la raillerie de la marquise, qui
dit encore plusieurs autres choses fort spirituelles sur le même sujet.
Toute la matinée se passa très-agréablement. Mademoiselle de Grancey,
qui chante parfaitement bien, dit des airs nouveaux fort tendres, que le
Roi trouva justes et bien proprement chantés.--«Mais, dit madame de
Maintenon, il ne manque rien à cette jolie enfant qu'un peu d'amour. Si
elle aimoit, elle seroit accomplie.--Le temps, répondit notre Monarque,
rendra à mademoiselle le coeur sensible. La nature n'a pas formé un
objet si charmant pour ne pas aimer.»

Le jour suivant, le prince de Condé et le marquis de Vannes[262] furent
longtemps avec Sa Majesté à conférer sur des affaires militaires. Le Roi
nomma plusieurs nouveaux officiers, tant de cavalerie que d'infanterie,
afin de remplir les places de tant de grands guerriers qui avoient
perdu la vie à la bataille de Senef[263], qui est un village situé dans
le Brabant.

Le prince de Vaudemont[264], qui avoit reçu quelque légère blessure,
s'étoit retiré dans le bois de Bufferay, quand la comtesse de
Souche[265], qui l'aimoit plus que sa vie, alla le trouver et lui pansa
toutes ses plaies avec des onguents qu'elle avoit faits exprès pour lui.
Jamais femme n'a tant aimé que celle-là, ce qui nous fait rejeter la
méchante opinion des hommes, qui disent généralement que le sexe féminin
est incapable d'un fort attachement. Mais revenons à notre passionnée
amante. Elle n'eut pas plus tôt appris le malheur du prince, son cher
amant, qu'elle tomba dans une foiblesse qui lui dura plus de trois
heures, avec des soupirs languissants, qui marquoient le triste état de
son âme affligée. Après le retour de cette pâmoison, elle embrassa
tendrement l'objet de son amour, le serrant avec ardeur entre ses bras,
et lui dit en tournant ses yeux vers le ciel:--«Ah! mon cher, je ne suis
revenue en ce monde que pour vous aimer plus que jamais. J'ai cru que la
mort vous avoit ravi; mais, hélas! si mon sort me sépare de vous un
moment, je ne veux plus vivre!»

La comtesse de Souche prononça ces paroles avec tant de tendresse et
avec un si grand torrent de larmes, qu'elle attendrit le coeur de son
amant si sensiblement qu'il pleura plus d'un après-dîner avec sa
maîtresse. L'on pouvoit dire dans ces moments, que l'amour n'étoit point
joli, puisqu'il avoit les yeux mouillés. Ce petit enfant pleure
quelquefois quand il n'est pas content. C'est pourquoi Vénus, sa mère,
le prend fort souvent sur ses genoux et le caresse afin de l'apaiser;
mais si on ne lui donne pas ce qu'il veut, ce Dieu folâtre crie plus que
jamais. Le prince de Vaudemont tâcha aussi de modérer les plaintes de sa
belle, en la baisant tendrement et lui disant qu'il ne vouloit plus
respirer le jour que pour elle, que sa reconnoissance étoit
inconcevable, et qu'il faudroit être né le plus ingrat et le plus lâche
de tous les hommes pour ne pas sentir une forte amitié et un tendre
amour pour elle.

Des paroles si touchantes charmèrent la comtesse et lui firent augmenter
ses caresses à son illustre galant, qui, de son côté, aimoit beaucoup ce
petit bavardage. Après que le prince de Vaudemont et sa maîtresse eurent
demeuré quelque temps à Senef, ils retournèrent à Paris. Le comte de
Souche, qui étoit extrêmement irrité contre sa femme, et qui lui faisoit
des reproches sensibles sur son infidélité, l'accabloit de menaces.
Quand la comtesse voulut se justifier par des feintes ordinaires aux
coquettes, elle lui dit que le voyage qu'elle avoit fait n'étoit
que pour lui, et qu'ayant été aussi bien blessé que le prince, l'amour
qu'elle avoit pour lui l'avoit obligée de partir au plus vite, et qu'il
devoit mieux juger de la solidité de son coeur, qu'elle lui avoit juré
une fidélité éternelle, ne voulant pas fausser sa foi pour une couronne;
que tout ce qu'elle avoit fait pour le prince n'étoit qu'à cause qu'il
étoit son ami, et même par un motif de charité.--«Ne croyez pas, mon
cher mari, ajouta cette dissimulée, que je préfère jamais le prince de
Vaudemont à vous. Je connois très-bien la différence qu'il y a entre
vous et lui. Vous appréhendez en vain que l'on n'ait pas assez de
tendresse pour vous. Vos charmes ont des forces suffisantes pour
conserver un coeur.»

Peut-on pousser plus loin une trahison que celle-là et amuser un
bonhomme plus adroitement? Le comte de Souche parut content après des
assurances si pathétiques et donna la liberté à sa femme de voir le
prince de Vaudemont, pourvu qu'il fût présent. Cette réserve chagrina
longtemps la comtesse, n'ayant pas le plaisir de dire à son amant les
sentiments de son coeur, ni de lui donner des preuves de son amour. Le
comte de Souche, qui aimoit extrêmement le prince, et qui ne pouvoit
vivre sans le voir, jouoit tous les jours à l'ombre[266] avec lui,
quoiqu'il perdît tout son argent. Un soir que nos généraux avoient
joué fort tard, et qu'ils avoient bu plus qu'à l'ordinaire, le comte de
Souche s'endormit et donna tout le loisir à nos amants de renouveler
leurs tendresses, sans que le bon mari en sût rien. La nuit, qui
paraissoit jalouse du bonheur de la comtesse, disparut et fit place à
l'aurore, qui vint dans son char toute riante, avec ses doigts de rose,
annoncer l'agréable venue du jour. Alors le comte de Souche, qui avoit
dormi sans se réveiller, parut tout surpris de se voir couché sur un lit
de repos sans sa femme. Il appela cette belle plusieurs fois, qui fit
comme si elle n'entendoit point, ce qui obligea le comte de monter à la
chambre et d'aller voir si elle étoit couchée; mais l'ayant trouvée dans
un profond sommeil, il la laissa dans ce repos charmant, se contentant
seulement d'admirer ses beaux yeux, qui étoient à demi fermés, et la
beauté de sa main qu'elle avoit jetée négligemment sur sa robe; après
les avoir baisées il se retira de crainte d'éveiller sa chère moitié.

Le prince de Vaudemont, qui connoissoit un peu la jalousie du comte,
s'étoit retiré chez lui rempli d'une joie inexprimable d'avoir eu le
temps assez favorable pour avoir goûté avec plaisir les douceurs de sa
tendresse. Ce prince repassoit encore ces charmantes idées quand il
entendit frapper à sa chambre. Il ne douta point que ce ne fût le comte
qui lui venoit demander à quelle heure il étoit sorti de sa maison; ce
qui arriva, car le comte de Souche questionna fortement le prince
sur tout ce qui s'étoit passé la nuit et il lui dit qu'il avoit été pris
d'un violent mal de tête. C'est pourquoi il s'étoit retiré chez lui de
bonne heure.--«Et ma femme, lui dit ce mari infortuné, où l'avez-vous
laissée?--Je l'ai conduite, répartit le prince d'un grand sérieux,
jusqu'à la porte de sa chambre, mais ce qu'elle a fait je ne le puis
dire.»

Le comte de Souche, n'étant pas fort content de la conversation du
prince de Vaudemont, retourna à sa maison faire plusieurs questions à
ses valets, mais ce fut en vain, car tous ceux qui étoient au logis
avoient dormi pendant que nos tendres amants s'étoient donné les
derniers témoignages de leur amour. La comtesse, s'étant levée, alla
trouver son mari à qui elle fit mille caresses, qui ne partoient point
de son coeur, mais qui étoient seulement apparentes. Le bonhomme s'en
contentoit, ne pouvant avoir mieux, et se croyant dans des moments le
plus heureux de tous les humains. L'apparence a quelquefois bien des
charmes, mais quand on l'examine de près tous les attraits diminuent:
voyons le comte de Souche qui vit le plus agréablement qu'il peut avec
sa femme, et qui se fait des plaisirs au milieu de ses peines.

Le printemps, qui commençoit à naître, inspira à notre comtesse le désir
d'aller à la campagne, afin de goûter à longs traits le délicieux
plaisir de la promenade. Les doux zéphirs ayant succédé aux rigueurs de
l'hiver rendoient toutes choses charmantes. Après que Mme de Souche
eût joui avec son illustre mari de ses aimables douceurs pendant
quelques semaines, elle se trouva ennuyée de posséder toujours les mêmes
objets. Le prince de Vaudemont lui écrivoit souvent, sans que le comte
le sut; c'est pourquoi cette belle solitaire lui manda son chagrin, et
le pria de venir incognito la divertir, ce que ce tendre amant fit le
plus tôt qu'il lui fut possible. Mais quand le prince fut arrivé dans le
village, la comtesse parut fort embarrassée où elle le pourroit loger
commodément, sans que son mari le pût savoir? Des pensées d'un si grand
poids occupèrent longtemps notre passionnée amante, qui trouva le moyen
de faire venir tous les jours son incomparable galant chez elle; cette
dame aimoit extrêmement la symphonie d'un clavecin et d'un tuorbe[267],
c'est pourquoi son mari lui avoit donné de ces jolis instruments pour
l'occuper agréablement; et comme elle ne les touchoit pas dans la
dernière perfection, elle avoit besoin d'un maître, ce que le comte lui
accorda avec plaisir. Il ne restoit donc plus qu'à le faire venir de
Paris. C'étoit M. Desnué[268] que l'on choisit pour le plus savant et
qui convenoit le mieux à l'âge et à la taille du prince de Vaudemont,
qui devoit jouer le personnage du maître de tuorbe, en copiant et
sa voix et ses manières, et étant travesti d'un habit d'un homme de ce
caractère. Par bonheur pour la comtesse, son époux avoit la vue fort
courte, c'est ce qui le rendoit plus défiant qu'un autre; et il falloit
même qu'il regardât les personnes de bien près pour les connoître. Le
jour étant venu que l'on devoit exercer les instruments, le comte de
Souche reçut M. Desnué fort civilement, et lui fit grande chère, ce qui
donna bien de la joie à la comtesse. L'on ne parla que d'instruments
pendant tout le dîner. Le prince de Vaudemont, afin de mieux contrefaire
le ton de sa voix, faisoit des grimaces effroyables qui firent rire
Mme de Souche de toute son âme. Quand l'on eut bien bu à la santé les
uns des autres, il fut question de commencer à jouer. Chacun prit sa
place dans un ordre fort régulier. Le comte de Souche se mit auprès de
M. Desnué, afin de le connoître, ce que le fin joueur de clavecin ne
trouva pas bon, et dit au comte fort sérieusement qu'il falloit qu'il
eut la liberté de mettre ses bras où il vouloit et qu'il ne pouvoit être
gêné en jouant. Le prince, qui se souvenoit très-peu des leçons qu'on
lui avoit apprises étant petit garçon, se trouva fort embarrassé pour
chanter quelque air.

Après avoir passé quelque temps à raccommoder ses cordes, qu'il rompoit
exprès, il pria la comtesse de jouer la première, ce qu'elle fit
aussitôt, et comme elle touchoit assez joliment ces instruments, le
prince déguisé n'eut pas bien de la peine à l'instruire. Le comte étoit
fort content de M. Desnué, qui faisoit tout son possible pour le
tromper, et qui profitoit tous les jours de la présence de sa belle,
sans cependant pouvoir bien l'entretenir seule; mais cet amoureux prince
se contentoit de la voir, en attendant l'occasion favorable de lui
pouvoir dire les tendres sentiments de son coeur. Mme de Souche
travailloit toujours à faire naître cette occasion après laquelle elle
soupiroit avec tant d'impatience, et qui lui paroissoit le plus grand
bien de sa vie, aimant plus qu'elle-même le prince de Vaudemont qui ne
languissoit pas moins que sa belle.

Un matin, comme l'on jouoit du tuorbe, le comte de Souche s'ennuya
d'entendre dire incessamment la même chose, ce que M. Desnué faisoit
dans le dessein de fatiguer son auditeur et de l'envoyer un peu prendre
l'air, ce que le comte fit. Après avoir plusieurs fois baillé, en
ouvrant la bouche de toute son étendue, il dit à sa chère femme qu'il
alloit faire un tour dans le bois, et que bientôt il reviendroit.--«Nous
serons encore plus d'une heure, monsieur, répliqua la comtesse, pour
accorder le dessus avec la basse. Si cela vous chagrine, vous avez du
temps à vous promener.»

Pendant que M. de Souche étoit dans la forêt, nos amants se disoient
tout ce que l'amour peut inspirer de plus tendre, et le prince ne
pouvant s'empêcher de rire de la plaisante figure qu'il faisoit, la
comtesse lui dit, en le regardant tendrement:--«Nous devons reprendre
nos instruments, car si notre jaloux revenoit, il nous trouveroit sans
occupation, ce qui ne feroit pas bon effet.--Je le veux, madame,
répartit le prince de Vaudemont, recommençons à jouer du tuorbe
afin que, quand le bonhomme viendra, il nous voie dans un grand
attachement.» La pluie qui tomboit, avoit contraint le prince de
retourner à sa maison plus vite qu'il ne vouloit. Cela attrista M.
Desnué, qui n'avoit pas envie de toucher le clavecin, et qui aimoit bien
mieux badiner avec sa belle; l'on marqua pourtant de la joie au comte,
quand on le vit, et même on lui dit qu'il avoit été bien longtemps
absent, ce qui lui fit plaisir, car il étoit bien aise qu'on le caressât
un peu.

Le lendemain, le comte de Souche, qui avoit vu courir plusieurs lièvres
dans le bois, fut avec ses chiens à l'affût tout le soir, ce qui plut
extrêmement au prince de Vaudemont, étant délivré de la présence
importune de celui qui le gênoit. La comtesse, qui étoit indisposée, se
retira dans son cabinet pour se reposer un peu. M. Desnué demanda à
Metillon, qui étoit la demoiselle de Mme de Souche, où étoit sa
maîtresse.--«Elle est, répliqua-t-elle, Monsieur, montée en haut, mais
je ne sais si Madame est dans la terrasse ou dans son cabinet.--Je m'en
vais voir,» répondit le prince déguisé, qui courut promptement chercher
son aimable écolière, qui dormoit à demi sur un petit lit de
Turquie[269], qui étoit fait de velours vert avec une campane[270]
d'or qui en faisoit l'ornement. Le prince, étant entré fort doucement de
crainte de l'éveiller, se mit dans une chaise à côté d'elle, en poussant
deux ou trois soupirs, qui éveillèrent la charmante enfant, qui ouvrit
ses bras à son cher amant, dans le dessein de l'embrasser, quand elle
entendit le comte de Souche en bas, qui revenoit de la chasse et qui
cherchoit sa femme pour lui faire voir sa prise.

Pendant que le comte alloit de chambre en chambre, le prince de
Vaudemont se cacha dans une grande armoire, qui étoit ordinairement dans
le cabinet, et que Mme de Souche ferma à clé. Son cher époux étant
entré avec elle, l'entretint du bon succès de sa chasse, et lui dit le
nombre de petits levrauts que Diane, sa fidèle chienne, avoit arrêtés. Il
fit le panégyrique de cette bête, le plus avantageux qu'il put. Cela
ennuyoit beaucoup la comtesse, qui savoit le chagrin où M. Desnué se
trouvoit, étant fortement retenu dans l'armoire qui le pressoit de tous
côtés, n'osant pas même respirer. Après que la comtesse se fut servie de
toute sa politique envers son mari, elle lui demanda fort civilement,
s'il vouloit venir souper.--«Oui, mon coeur, répondit M. de Souche,
car j'ai bien faim; mais dites-moi, je vous prie, où est M. Desnué, afin
que je lui fasse part de mes lièvres?--Je ne sais, Monsieur, répliqua la
comtesse, en contrefaisant l'innocente. Je crois qu'il se promène dans
le jardin en attendant le souper. Je le trouve si occupé de ses leçons,
qu'il ne fait que rêver.--Voilà la marque d'un bon maître, ma femme, dit
le comte, puisqu'il s'attache à ce qu'il fait. Je vais le chercher
sous ces feuillages.»

Mme de Souche courut en haut ouvrir l'armoire pour dégager le prince
de Vaudemont, pendant que son mari alloit voir dans le jardin s'il le
trouveroit; ce qui fut inutile au pauvre comte, car M. Desnué n'y avoit
pas été de la journée, ayant toujours demeuré proche de sa belle, à lui
faire voir toute la force de son amour.

Sitôt que le prince fut sorti de prison, il courut au devant du comte et
lui dit:--«Ah! Monsieur, j'étois bien en peine de vous, ne vous ayant
pas vu depuis le matin; avez-vous fait bonne partie à la
chasse?--Monsieur, répondit le comte de Souche, en lui prenant la main,
j'ai eu la fortune à mes gages, car tous les coups que j'ai tirés ont
réussi, de sorte que je suis fort content.--Ah! Monsieur, répondit le
prince de Vaudemont, en contrefaisant toujours sa voix enrouée, c'est le
plus grand plaisir du chasseur que la prise. Courir sans rien trouver
est un exercice bien triste, mais je crois qu'il y a du bonheur à la
chasse, comme au reste des choses du monde.»

Nos messieurs auroient encore continué leur conversation; mais un des
valets du comte lui vint dire que le souper étoit prêt, ce qui leur fit
quitter la promenade et se mettre à table, où l'on dit mille choses
galantes.

Après le souper l'on joua de la guitare et du tuorbe, où la comtesse,
qui chantoit fort bien, mêla sa voix toute charmante, et dit plusieurs
airs fort tendres que M. Desnué lui avoit appris et qu'elle trouvoit les
plus jolis du monde, parce qu'ils exprimoient les passions de son
coeur. Les voici comme elle les chanta:

    L'on dit que la colère
    Peut dégager un coeur,
    Mais ce n'est qu'une erreur,
    Et je sais le contraire.
    Aime-t-on tendrement?
    Ah! difficilement
    Peut-on fuir ce qu'on aime.
    Qui se fâche aisément
    Doit s'apaiser de même.

Le comte de Souche trouva tant de sincérité dans cet air qu'il pria sa
femme de le dire deux ou trois fois, ce qu'elle fit agréablement et dit
encore ce qui suit:

    Le Soleil, jaloux des plaisirs
        Qu'on goûte dans la plaine,
    Empêche que les doux zéphirs
        Ne soufflent leur haleine.
    Mais malgré toute sa chaleur,
        Je chercherai l'ombrage,
      Et j'aurai de la fraîcheur
        Au fond de ce bocage.

M. Desnué, qui prit la basse, chanta ces paroles avec le clavecin:

    Ah! que ce séjour est charmant
    Pour la demeure des amants!
    On goûte une joie parfaite
    Dans cette agréable retraite.

Le comte de Souche voulut prendre part à la charmante symphonie, et fit
ces vers impromptus:

        Mon Dieu! que vous avez d'appas!
    Le doux plaisir de vous ouïr chanter!
        Les dieux, s'ils étoient ici-bas,
        Seroient forcés de vous aimer.

Tout le soir se passa avec assez de délices, à la réserve de nos amants,
qui étoient observés du comte, et qui ne pouvoient rien se dire de
tendre que par le langage de leurs yeux, qui faisoient tous leurs
efforts à parler secrètement. Et comme M. de Souche avoit la vue fort
courte, le bonhomme ne pouvoit pas bien remarquer les mouvements
passionnés de ces interprètes muets, qui disent plus que l'éloquence la
plus polie.

Le comte de Souche, qui se défioit un peu que le maître aimoit son
écolière, mais cependant qui ne faisoit aucun jugement téméraire,
sachant bien que sa femme étoit tout aimable, et qu'il étoit impossible
de la voir sans sentir quelque chose de particulier pour elle, voulut
pourtant l'éprouver. Ce mari jaloux feignit d'aller à la chasse une
après-dîner qu'il faisoit un temps admirable, et, comme dans la forêt où
il couroit toujours des bêtes sauvages, il y avoit au milieu un endroit
ravissant pour la rêverie, à cause d'un ruisseau qui couloit
agréablement sous cet ombrage, c'étoit ordinairement le lieu le plus
charmant que la comtesse trouvoit et qu'elle appeloit ses délices, quand
elle forma le dessein, avec M. Desnué, d'aller se délasser l'esprit des
leçons qu'elle prenoit, dans ce bois solitaire, espérant que le comte
étoit bien loin, et qu'elle pourroit à loisir goûter à l'écart les
charmes de l'amour.

Tout cela étoit assez bien pris, si la jalousie n'avoit pas inspiré au
comte des soupçons, ce qui le fit cacher derrière les buissons les plus
épais, et pour entendre la conversation que Mme de Souche auroit avec
le maître déguisé, qui dit à la belle tout ce qu'un amour violent
est capable d'inspirer et de sentir. Notre belle, après un long
entretien qu'elle eut avec son galant, qui ne roula que sur les tendres
sentiments de son coeur et sur la constance de son amour, fit mille
caresses passionnées au prince de Vaudemont, qui paroissoit tout charmé
dans cet agréable moment, et qui dit à sa charmante maîtresse, d'un air
doux et sensible, que de tous les plaisirs de la vie, celui qui le
touchoit le plus étoit les aimables caresses d'une jolie femme; que même
cette qualité tenoit lieu de mérite à celle qui n'en avoit pas, et que
l'indifférence en aimant étoit quelque chose d'insupportable.--«Quoi,
mon cher, reprit la comtesse en souriant, peut-on aimer bien et avoir de
l'indifférence? Comment accommodez-vous le contraire de
l'amour?--Madame, répartit M. Desnué, il y a des femmes qui sont
dissimulées au dernier point, et qui aiment tendrement leur amant, et
qui seroient au désespoir de le leur faire connoître, soit par un motif
de honte ou par celui de la gloire, ce qui est la plus grande foiblesse
du monde; car il n'y a rien de si naturel que d'aimer, et même de toutes
les passions l'amour est le plus noble, étant l'âme de tout l'univers,
qui seroit inanimé sans ce dieu.--Il est vrai, mon cher, continua la
comtesse en l'embrassant, que les plus charmants plaisirs que la nature
a inventés sont ceux que l'on goûte en aimant. Ah! que la fin d'un
tendre amour laisse de vide dans la vie! et qu'un coeur vers la raison
fait un triste retour, quand il ne sent plus ces brûlants transports qui
l'animent!

Monsieur de Souche, qui avoit eu la patience d'écouter tout ce langage
amoureux, et qui souffroit mortellement, étant toujours sur le point de
percer son ennemi de mille coups, ne put s'empêcher de rompre une
conversation où sa gloire étoit offensée, et qui méritoit si bien de se
venger. Il courut donc, l'épée à la main, à sa femme, et lui dit,
furieux comme un lion: «Ah! perfide, tu mérites la mort; l'honneur me
vengera de ton infidélité et de ta trahison. Quoi, lâche! ton coeur
a-t-il pu former le dessein de trahir ton mari, qui t'a aimée au-delà de
ce que tu vaux!»

Le comte prononça toutes ces paroles avec une colère inconcevable, ce
qui fit fuir nos amants infortunés dans la forêt d'un côté et d'autre,
et le comte de Souche, qui ne pouvoit pas bien pénétrer, à cause des
lieux sombres du bois et de sa vue, où étoient les ennemis, retourna
chez lui donner ordre que jamais son infidèle épouse ne revînt à sa
maison, fit fermer toutes les portes du château, et passa quelque temps
fort tristement.

Pendant tout ce désordre, le prince de Vaudemont et la comtesse étoient
désespérés de leur malheur, qui étoit sans remède; car il n'y avoit pas
moyen d'appaiser le comte de Souche, irrité effroyablement, et qui ne
pouvoit pas même entendre prononcer le nom de sa femme, ne la regardant
plus que comme une scélérate, qui méritoit toute sa haine. Mais ce qui
consoloit un peu cette désolée étoit l'espérance qu'elle avoit que le
déguisement du prince en M. Desnué n'avoit pas été découvert; et que ce
rusé galant avoit toujours bien joué son rôle, que même le bonhomme
croira incessamment que c'est le maître de tuorbe qu'elle aime. Ces
idées donnèrent un peu de repos à notre belle, qui pria le prince de
Vaudemont d'aller faire sa cour auprès de son mari, ce qu'il trouva fort
difficile, et dit à Mme de Souche:--«Quoi, croyez-vous, ma chère, que
le comte ne m'ait pas reconnu dans le personnage que j'ai fait? Il est
trop fin pour n'avoir pas connu que c'étoit moi qui étois le maître de
clavecin.--Ah! mon aimable, perdez ces sentiments; mon mari n'auroit
point souffert cette feinte, s'il avoit eu la moindre connoissance de la
tromperie que nous lui avons faite, mais je ne puis m'en affliger
davantage; puisque c'est vous qui en êtes la cause.--Ah! mon adorable
enfant, dit le prince, en se jetant aux pieds de la comtesse, je suis au
désespoir de vous donner de la peine; mais je prétends reconnoître
toutes les bontés que vous avez eues pour moi en sacrifiant ma vie pour
votre soulagement. Faites fond sur ma tendresse, qui sera pour vous
éternelle.»

Des assurances si sensibles firent tomber un torrent de larmes des beaux
yeux de Mme de Souche, que son amant, qui n'étoit pas moins affligé,
prit la peine d'essuyer de son mouchoir, après l'avoir baisée mille
fois. La belle, toute languissante, dit au prince qu'elle ne vouloit
plus voir le monde, et qu'il falloit qu'elle se retirât dans un couvent,
le reste de ses jours. A quoi son cher amant ne put consentir qu'avec
une violence incroyable.--«Quoi, disoit ce tendre prince, perdre ce que
l'on a de plus cher au monde est la plus grande infortune qu'un
homme puisse recevoir. Oui, Madame, continua ce passionné galant, il n'y
a que la mort qui puisse effacer un si triste souvenir.--Ce que vous
dites est vrai, répondit la comtesse en soupirant, mais nous ne pouvons
pas nous opposer à notre destinée, qui suit les ordres reçus du premier
des êtres, sans nous demander si nous sommes contents de ce qu'elle
fait.--Il faut donc consentir à ses décrets aveuglément et sans
résistance, répliqua le prince de Vaudemont?--Oui, mon cher, nous y
devons obéir comme forcés. C'est pourquoi, si je dois finir mes jours
dans un monastère, vos efforts ne pourront l'empêcher.»

La comtesse, qui vouloit absolument se retirer dans une abbaye de
Sainte-Claire, qui étoit composée de femmes qui avoient des différends
dans le monde, dit adieu à son amant qu'elle laissa plus mort que
vivant, et qui lui promit pourtant qu'en son absence, il alloit
travailler à la bien remettre avec son époux afin de la pouvoir encore
revoir et de lui pouvoir dire qu'il l'aimeroit jusques au tombeau.

Ce fut les dernières paroles que nos tendres amants se dirent, après
s'être embrassés mille fois, qui furent accompagnées de tristes soupirs
et de pleurs capables d'attendrir un coeur de marbre et d'amollir les
rochers[271].

Le roi, depuis peu de jours, n'ayant plus rien à démêler avec le monde,
et voyant que la fortune commençoit à l'abandonner, en fit des
plaintes sensibles à son confesseur[272] et à la marquise de Maintenon,
comme à ses deux plus fidèles amis, à qui Sa Majesté confie tous ses
secrets et les fait dépositaires de ses plus chères pensées. Ce prince
leur dit, en des termes fort pathétiques, que la vie lui étoit un
supplice, depuis un espace de temps, et qu'il envioit le bonheur de ceux
qui passent leurs jours dans des monastères; qu'ils étoient exempts de
mille et mille chagrins qui travaillent les hommes, et qui leur rongent
l'esprit; que de toutes les conditions, celle des monarques et des
princes étoit la plus à plaindre; que l'éclat qui environnoit leur sort
n'étoit qu'imaginaire, et que le moindre berger goûtoit plus de douceurs
dans son petit état possible[273] que le plus grand des rois ne faisoit
dans tout son triomphe.

Des réflexions de cette nature étonnèrent extrêmement le révérend Père,
qui regarda la marquise de Maintenon en soupirant, et qui lui dit:
«--Madame, le coeur de notre monarque est tout abattu, ce qui me
surprend assez qu'un grand prince comme lui, qui a la foudre en main
pour renverser l'univers quand il voudra, puisse concevoir des idées si
tristes.» Le Père jésuite dit ces paroles avec chaleur, comme étant
intéressé à la conversation du Roi, qui a tant de bonté pour tous les
religieux, particulièrement pour les révérends Pères de la compagnie de
Jésus, qui font tout leur possible pour enlever la tendresse de ce
prince, en lui donnant continuellement de l'encens qui ne leur coûte
rien. Le Père Bon-Ange[274], grand ami de Mme de Maintenon, a fait
battre, il n'y a pas longtemps, plusieurs belles médailles où le Roi est
représenté en diverses figures, comme un Jupiter qui renverse le monde
avec sa foudre, ou bien comme Hercule qui triomphe de plusieurs nations
et même des fleuves. Achéloüs fils de Thétis, combat en vain pour
Déjanire, quoiqu'il soit métamorphosé en taureau qui est le plus furieux
de tous les animaux; Hercule lui arrache une de ses cornes. L'on voit,
d'un autre côté, le Roi dans les airs, comme un Apollon qui fait la
guerre à ses ennemis et qui leur perce le coeur de flèches. Toutes ces
charmantes devises ont été présentées à Sa Majesté dans la vue de
l'encourager à soutenir ses conquêtes. C'est le dessein jésuitique que
ces illustres Pères de l'Église forment tous les jours.

Pour revenir aux réflexions solides que notre Monarque fait, en ayant
bien voulu entretenir son confesseur, qui trouva bon de relever les
sentiments de ce prince, en lui faisant connoître par une morale toute
choisie, et digne de l'esprit de ces Messieurs, qu'il falloit qu'un
héros ne s'abattît jamais, quand même la fortune ne seroit plus son amie
et que le bonheur le fuiroit; et que les Rois étoient au-dessus de ces
chimères, et qu'une autre main régloit leur sort, que tout le reste des
hommes[275]; et qu'un Prince comme lui et né heureux, ayant toujours été
la terreur de toute l'Europe, il ne falloit pas écouter mille petits
sentiments qui s'élevoient dans le coeur par la sollicitation de la
chair, qui s'oppose incessamment à la juste raison, et qui est
quelquefois irraisonnable elle-même dans son désordre. Le Roi se sentit
le coeur fortifié et plus fort de courage, après de si sublimes
expressions, ce qui donna une joie inexprimable à madame de Maintenon,
et lui fit remercier le révérend Père en ces termes:--«Mon cher
conducteur, je sais que vous êtes la lumière du monde, et que sans votre
divin pouvoir nous ne pouvons rien faire, et que vous affermissez les
pas les plus glissants; c'est pourquoi je vous remets l'esprit du Roi
entre vos bras, qui est changeant comme le reste des humains; ce qu'il
veut aujourd'hui, demain ce Prince ne le veut plus. Je ne sais ce qui
fait cette inégalité chez lui.--Madame, répondit le Père, après avoir
bien rêvé, j'ai découvert, ou je me trompe, le principe des chagrins de
notre Monarque. Je crois qu'il est fâché de n'être plus sensible à
l'amour qui a été autrefois sa passion dominante; que, voyant que vous
lui présentez journellement des objets adorables, et qu'il ne
trouve plus rien chez lui qui réponde à ces offres charmantes, vous
l'irritez plutôt que de renouveler sa tendresse mourante. N'est-il pas
vrai, Madame, continua ce rusé Père, que ce que nous pouvons avoir
facilement nous rebute?--Mon père, répliqua la Marquise, vous approchez
un peu de ce qui chagrine le Roi; mais je sais que sa véritable peine
est le méchant état des affaires présentes. Sa Majesté ne voit point de
jour à trouver de l'argent pour fournir à la guerre, qui désole, comme
vous voyez, une partie du royaume de France. Les coffres du Roi sont
entièrement vides[276], et de l'humeur qu'est ce Prince, il fera comme
François Ier, c'est-à-dire que Sa Majesté se servira de sa dernière
pièce, comme fit son allié devant Pavie.--Madame, dit le jésuite, nous
avons fait tout notre possible pour l'Etat, et nous ne pouvons plus rien
donner du nôtre, ou bien nous serons réduits à la mendicité, qui est une
chose déplorable, que des religieux, qui se sont vus autrefois à leur
aise, soient aujourd'hui sur le petit pied.--Ce que vous dites est vrai,
mon cher père; mais quelquefois nous ne sommes pas nés pour être
tout-à-fait inutiles dans la vie. Notre Monarque a trouvé à propos de se
servir de vous, comme de lumière, dans les ténèbres et pour voir clair
en toutes ses entreprises.»

La conversation sérieuse auroit encore duré, si frère Antoine[277], qui
est un novice nouvellement reçu, et par malheur qui est devenu
amoureux d'une des demoiselles de madame de Maintenon, qui est une jolie
fille, jeune et fort engageante, ne fût entré, et n'eût rompu
l'entretien, en demandant d'un air tendre et plein de feu à la marquise,
comment se portoit mademoiselle Gisson[278], qui étoit depuis peu
malade, et si le remède qu'il lui avoit donné avoit bien réussi.--«En
vérité, mon frère, répondit madame de Maintenon, en riant, et qui ne se
doutoit point de l'amour de frère Antoine, l'on m'a dit ce matin que la
pauvre enfant étoit bien mal. Elle auroit peut-être besoin d'un
consolateur.--Madame, je m'y en vais, dit le frère passionné; je
tâcherai de la consoler le mieux qu'il me sera possible.»

Le frère étant entré dans la chambre de mademoiselle Gisson, s'approcha
de son lit et lui prit la main, pour demander d'une voix tendre si elle
dormoit bien.--«Non, mon frère, répondit la belle, je ne puis trouver de
repos. Je sens des inquiétudes mortelles.--Ah! mon aimable soeur,
répartit le frère Antoine, en lui baisant les mains tendrement, quels
pourroient être les troubles de votre coeur? faites-moi la grâce que
je sois votre confesseur; je vous pardonnerai bien des petits péchés qui
vous embarrassent et dont la présence vous fait peur.» Mademoiselle
Gisson parut toute surprise de la familiarité du frère jésuite. Cette
charmante enfant, qui avoit de l'esprit infiniment, connut d'abord que
c'étoit l'amour qui l'apprivoisoit, et que, si elle confessoit ses
péchés à un homme qui avoit le coeur si tendre, elle auroit facilement
la rémission de toutes les fautes qu'elle auroit commises, petites ou
grandes, ce qui est contre les ordres que la pénitence ordonne et les
mortifications de l'Eglise. Notre charmante dit au frère qu'elle ne se
sentoit pas encore assez bas ni assez foible, pour avoir besoin d'un
confesseur, que son mal commençoit un peu à diminuer.--«J'en suis ravi,
ma chère mignonne, répliqua le frère, en riant, car ce seroit dommage
qu'une jolie demoiselle comme vous ne fît plus l'ornement du
monde.»--Que je vous trouve obligeant, mon frère, dit cette
incomparable; vous me contez plus de douceurs que jamais l'on ne m'a
fait, et vous êtes trop galant pour le monastère. Vous avez très-mal
fait de renoncer au monde.--Hélas! ma belle enfant, ce n'est que la
rigueur de votre aimable sexe, répartit le frère, en soupirant, qui m'a
inspiré l'envie d'être religieux. Je n'ai aucune inclination au parti
que j'embrasse, mais le désespoir où je me suis trouvé en aimant
passionnément la plus cruelle qui ait jamais été sous le ciel, et la
plus adorable qui fût au monde, m'a fait jeter aveuglément, et sans
réflexion, aux Jésuites, trouvant toutes choses ennuyeuses, puisque je
ne pouvois pas me faire aimer de la jolie enfant qui me tenoit sous sa
loi. Ah! quel martyre, ma charmante, continua cet amoureux frère, quand
on n'a point de réciproque en amour!--Je vous plains extrêmement, mon
frère, répondit modestement mademoiselle Gisson, puisque ce n'est point
pour un véritable motif de piété que vous avez quitté les plaisirs
de la vie. Vous serez malheureux tout le reste de vos jours.»

Le frère Antoine vouloit comme embrasser la belle mignonne par un
transport de passion, quand la marquise de Maintenon entra, qui trouva
au frère jésuite les yeux tout remplis d'un beau feu, que sa tendresse
amoureuse lui faisoit naître et qui le rendoit tout brillant. Madame de
Maintenon lui en sut bon gré, croyant que cette vivacité venoit de la
force de sa dévotion.--«Eh bien! mon frère, combien avez-vous dit de
prières à notre malade.»--Madame, répondit le frère tout confus, j'en ai
dit autant que Mademoiselle en a voulu. Je finissois les litanies de la
Vierge, quand vous êtes entrée.--Je suis fâchée d'avoir interrompu une
si charmante dévotion, répartit la Marquise; mais vous pouvez continuer,
je serai un de vos auditeurs.»

Le frère, qui n'avoit point envie de dire des prières, et qui n'en
savoit peut-être pas beaucoup, aimant bien mieux lire quelque jolie
petite histoire amoureuse que ses matines, prit congé de notre abbesse,
en lui disant adroitement qu'il fît encore quelque autre visite à des
malades qui l'attendoient, et que comme le révérend père du Sort[279] ne
pouvoit plus sortir à cause de sa vieillesse, il falloit qu'il le
soulageât un peu.--«Vous avez des sentiments bien pieux et bien
charitables, mon frère, répondit madame de Maintenon; c'est un bon
commencement pour un jeune religieux. Je prierai Saint-Louis, notre
aimable patron, qu'il fortifie les bons mouvements de votre coeur.» Le
frère remercia la marquise par une inclination de tête en la quittant.

Mademoiselle Gisson, toute malade qu'elle étoit, eut peine à s'empêcher
de rire dans son lit, de l'hypocrisie de frère Antoine, qui trompoit si
finement madame de Maintenon, en l'amusant d'oraisons imaginaires; car
le rusé jésuite aimoit bien mieux donner l'encens à Vénus ou à Bacchus,
qu'aux autres saints et aux saintes, qui n'étoient, comme il le disoit à
ses amis, que dans l'imagination des simples.

Le lendemain, le Roi, pour charmer son chagrin, qui étoit insupportable,
fut à Saint-Cloud avec toute la Cour, où l'on donna un bal le plus
charmant qui se soit jamais vu. La duchesse de Chartres[280] n'avoit
point encore paru si aimable qu'elle le fut dans ce jour; aussi
emporta-t-elle le prix du bal, comme celle qui dansa du plus bel air, ce
qui réveilla un peu la tendresse mourante du Roi, et lui fit naître
l'envie de danser avec cette belle princesse, à qui Sa Majesté dit même
des douceurs paternelles, que la duchesse trouva fort bien pensées; à
quoi elle répondit d'un air enjoué qu'elle devoit à Sa Majesté la
lumière du jour:--«Il est vrai, mon illustre mignonne, dit le Roi
en riant, mais non pas votre mérite.--Ah! Sire, répondit la duchesse,
j'en sais bien faire la différence.»

Notre Monarque auroit peut-être encore raisonné avec cette charmante, si
madame de Maintenon, qui ne peut souffrir que le Roi caresse personne
(quoi qu'indifféremment ce Prince le fasse quelquefois pour passer de
méchants moments, ou pour faire diversion à l'embarras où Sa Majesté se
voit aujourd'hui), ne l'eût interrompu par une lettre qu'elle présenta à
Sa Majesté, du comte de Châteaurenaud[281], qui commandoit la flotte
françoise, où il marquoit toutes les merveilles qu'un des vaisseaux que
l'on appeloit l'_Entreprenant_ faisoit; ce qui donna un grand plaisir à
ce Prince, et lui inspira la plus belle humeur du monde.

L'on fut à la chasse le jour suivant. Mademoiselle de Bourbon[282], qui
est une des jolies cavalières qui aient jamais été, parut aussi
infatigable que les meilleurs cavaliers dans la force de leur course.
Elle fut toujours à la tête des chiens, en conduisant son cheval avec
une adresse admirable, ce qui la fit distinguer de toutes les autres
dames, et lui attira plusieurs louanges que cette charmante chasseresse
reçut modestement, particulièrement du marquis de Bordage[283], qui ne
l'avoit point abandonnée un moment, et qui étoit devenu passionnément
amoureux d'elle dans cette rencontre. Il est vrai qu'il est bien
difficile à un homme un peu délicat en mérite de conserver sa liberté en
la compagnie du sexe féminin, quand la nature a donné à ces aimables
conquérantes les dons de se faire aimer.

Nous lisons qu'un philosophe moderne ayant fait tous ses efforts pour ne
pas sentir la foiblesse de l'amour, fit une ferme résolution de ne voir
jamais de femmes, espérant par ce moyen que leurs charmes ne
troubleroient point son repos; mais étant un jour dans sa solitude
ordinaire, qui étoit comme un petit désert, où il n'entroit
personne, deux pigeons se caressoient tendrement sur un jeune arbrisseau
que la nature avoit fait naître dans ce lieu solitaire. L'amour prit
plaisir dans ce moment à faire considérer avec attachement à ce
philosophe rêveur toutes les petites manières innocentes et toutes
charmantes dont cette aimable colombine se servoit pour faire connoître
à son galant qu'elle l'aimoit. Ces tendres pensées lui inspirèrent
l'envie d'aimer le chef-d'oeuvre que Dieu a créé pour l'homme; c'est
de la manière qu'il en parle, après son retour d'indifférence, ayant
toujours regretté les précieux moments qu'il n'a pas employés à aimer
les jolies femmes.

Revenons au marquis du Bordage, qui ne pouvoit perdre l'idée charmante
de sa belle Diane, qui avoit pris sa liberté comme les autres conquêtes
qu'elle avoit faites. Ce passionné marquis ne pouvant trouver les moyens
de faire connoître à mademoiselle de Bourbon combien il languissoit pour
elle, lui écrivit ce qui suit dans la tablette que cette belle mignonne
avoit perdue en courant le cerf, dans le plus épais de la forêt, et que
ce tendre cavalier avoit trouvée à ses pieds; voici ce qu'il y grava en
la lui renvoyant:

    Rien ne me touche tant que mon incomparable.
    Je découvre en elle plusieurs charmes secrets,
        Et mille appas et mille attraits,
    Dont la douce force est pourtant inévitable.
        De la douceur, point de fierté,
        Un air qui n'est point affecté,
    Un port majestueux, un esprit agréable
    Qui range tous les coeurs sous son divin pouvoir,
    Et leur peut en l'aimant faire à tous concevoir
    Un bonheur sans égal et même inexprimable.

Mademoiselle de Bourbon fut toute surprise de voir dans sa tablette des
vers écrits d'une main inconnue et qui faisoient une partie de son
portrait, le marquis ne l'ayant pas voulu achever, afin d'avoir encore
un sujet une autre fois de la surprendre, ce qui lui étoit assez
difficile, car cette adorable perfection étoit fort réservée et ne
voyoit point le monde, étant très-souvent à la campagne, à un beau
château qui lui appartenoit, à deux lieues de Saint-Germain.

Le marquis se sentant éperdûment amoureux, et ne pouvant être assez
heureux pour jouir de la présence de son incomparable, prit les habits
de la jardinière, à qui il ressembloit beaucoup, et que depuis longtemps
il ménageoit pour ce dessein. Mademoiselle de Bourbon étoit accoutumée à
venir tous les matins cueillir des fleurs dans le jardin et à passer
quelques heures dans l'entretien rustique des paysannes qui venoient
cultiver les parterres du jardin. Le marquis déguisé s'étoit mis dans un
coin pour tirer de méchantes herbes qui gâtoient des jasmins et des
orangers, quand notre belle, qui aimoit passionnément ces petits
arbrisseaux, fut trouver celle qui les accommodoit dans une propreté
sans égale, et lui dit, en riant: «Ah! ma chère, que vous êtes propre au
jardinage! je n'ai point encore vu une personne si adroite que vous.»

Le marquis, qui se sentit le coeur ému de ces douceurs, lui répondit,
en copiant la paysanne, qu'elle se croyoit la plus fortunée de
toutes celles de son village, puisqu'elle avoit le bonheur de plaire à
une si illustre personne. Mademoiselle de Bourbon aperçut au langage de
cette fille de la différence au jargon ordinaire des bocagères. Elle lui
demanda, en la regardant fixement, d'où elle étoit, et si elle n'avoit
jamais été dans les villes. La jardinière parut si spirituelle à cette
charmante demoiselle, qu'elle entra en soupçon que ce ne fût quelqu'un
qui se fût déguisé pour lui parler. Ces pensées la firent retirer plus
tôt qu'elle n'auroit fait. Le marquis se voyant seul, et n'ayant pas
encore fait de grands progrès dans son amour, s'avisa d'écrire ces vers
sur l'écorce des arbres du jardin:

    Belle pour qui l'amour se déguise aujourd'hui,
    En voyant vos beaux yeux, je demeure ravi.
    Plusieurs me charment l'oeil, mais une au coeur me tire
    Des traits si forts, si doux, que doux est mon martyre.

Comme le marquis achevoit ces tendres paroles, les autres paysannes
l'appelèrent pour travailler dans les allées de verdure qui composoient
ce beau lieu.


NOTES.

  [150] A Cologne, chez P. Marteau, 1695. In-12 de 171 pp.

  Au frontispice, Louis XIV, l'air triste et soucieux, regarde un
  Amour étendu mort à ses pieds; à sa gauche, deux Amours; à sa
  droite, deux autres Amours s'empressent auprès de lui; une femme,
  coiffée d'une fontange, tient par la main les Amours de droite. A
  chaque extrémité du tombeau où gît l'Amour, un Amour tient son
  flambeau renversé.--Le titre est donc justifié; c'est bien le
  tombeau des Amours.

  Sur le devant du tombeau, on lit: «Hélas! notre règne est fini!»
  au bas de la gravure, ces quatre vers informes:

          Adieu, trop aimables amours
      Qui avez su me charmer si tendrement.
          Ah! je ne sens plus pour vous
      L'ardeur qui me touchoit si vivement.

  De la main droite du Roi se déroule une bande avec ces mots: «Il
  est incomparable.»

  [151] Ces lignes en italique ont la prétention d'être des vers de
  mesure inégale; ils valent ceux du frontispice. Voir page 242,
  note 150. Il faut lire sans doute:

      Est-il rien de si doux qu'une ardeur innocente
      Qu'un rare mérite fait naître dans nos âmes?
      Je ne vois nul bonheur à respirer le jour
          Si de l'univers on bannit l'amour.
          Tous les plaisirs se trouvent dans sa suite
          Et sans aimer la vie est un supplice.

  Voyez également ci-dessous; l'auteur a risqué d'autres vers aussi
  dépourvus de sens, de mesure et de rime que le sont ceux-ci.

  [152] Ce libelle a été publié en 1695.--C'est à peu près le temps
  où la pièce précédente place les amours du Roi avec Mlle du Tron.

  [153] Voy. t. II, pp. 1-24.

  [154] Les deux lignes qui précèdent et celles qui suivent jusqu'au
  dernier paragraphe de la p. 10 sont copiées sur la deuxième
  historiette du 2e volume de ce Recueil (pp 31-33).

  [155] Voy. t. II, p. 32.

  [156] Voy. t. II, pp. 10 et 21 (_notes_).

  [157] A cette époque (1659), la reine, née en 1601, avoit 58 ans;
  Mazarin, né en 1602, avoit 57 ans. Cf. t. I, p. 184.

  [158] Ce motif n'étoit point celui qui dirigeoit la généreuse
  conduite de Mazarin. Voy. t. II, p. 10 et 21 (_notes_).

  [159] Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnaire du temps, et n'a
  même jamais été admis par l'Académie françoise. Cependant on le
  rencontre à la même époque dans divers autres ouvrages.

  [160] Voy. t. II, p. 22.

  [161] A cette locution, comme à plusieurs autres et à l'ignorance
  déjà constatée des règles de notre versification, il est facile de
  voir que cet opuscule n'a pas été écrit par un françois. Voy. t.
  II, p. 7.

  [162] Le 15 septembre 1665.

  [163] Voyez sur cette campagne, Mlle de Montpensier, _Mémoires_,
  collection Michaud et Poujoulat, pp. 398-402, et _Mémoires de
  Louis XIV_, édition Dreyss, t. II.

  [164] Voy. t. II, _passim_; la campagne des Pays-Bas est de 1667;
  les amours de Louis XIV avec Mlle de La Valière commencèrent en
  1661.

  [165] Sur sa noblesse, voy. t. II, pp. 27 et 33.

  [166] Voy. t. II, p. 34.

  [167] Tout le passage qui suit, jusqu'à: «Mlle de La Valière en
  parut affligée» p. 249, est la reproduction à peu près exacte de
  ce qu'on lit au t. II, dans le _Palais-Royal_ ou _l'Histoire de
  Mlle de La Valière_.

  [168] A partir d'ici, le texte abrége le récit du t. II et en
  diffère sur des points peu importants, par exemple le billet de la
  p. 250.

  [169] Toujours les lois de la galanterie; toujours la pratique du
  Cyrus et de la Clélie. Bussy lui-même s'est conformé aux usages
  convenus et a inventé les billets, les petits vers et les
  conversations amoureuses en honneur dans les romans du temps.

  [170] Nous rentrons ici dans le texte du _Palais-Royal_, t. II, p.
  41 et suiv.

  [171] Sur l'amour de Madame pour le Roi, voy. t. II, p. 99.

  [172] Le dictionnaire de l'Académie françoise (5e édition) admet
  ce mot dans le sens où il est employé ici, c'est-à-dire de
  complaisante. Ni Richelet, ni Furetière dans leurs diverses
  éditions, ne l'ont enregistré.

  [173] Voy. t. II, p. 8.

  [174] Voy. t. II, p. 42.

  [175] Sur cette première retraite à Chaillot, voyez t. II, p. 42.

  [176] Le Palais Brion (et non Biron, comme on l'a imprimé par
  erreur, t. II, p. 44) étoit un lieu de plaisir où tantôt le Roi,
  tantôt le jeune duc d'Anjou son frère, donnoient fréquemment des
  dîners et des bals, dans les plus mauvais jours de la Fronde.
  Loret dans sa _Muze historique_ (1er vol.), décrit souvent des
  fêtes de ce genre, et certains incidents qu'il relève donnent une
  curieuse idée des moeurs du temps.

  [177] Ici l'auteur, pour abréger, passe quelques circonstances qui
  se lisent dans le _Palais-Royal_. T. II, p. 44.

  [178] Dans le _Palais-Royal_ ces prétendus vers sont remplacés par
  une lettre, t. II, p. 45.

  [179] Pour tout ce qui suit, voy. II, 47.

  [180] Dans son _Teatro gallico_ (Amst., 1691, 3 vol. in-4º, t. I,
  pp. 524-525), Gregorio Leti dit: «Tra le donne che odiavano il più
  nella corte La Valiera, vi erano la duchessa di Orleans e la
  contessa di Soissons»; parmi les dames de la Cour qui détestoient
  le plus La Valière, étoient la duchesse d'Orléans et la comtesse
  de Soissons.--Mais il ajoute: «Fù cosa miravigliosa che,
  nell'orditura di questa cabala si scontrasse che fossero senza
  parte alcuna la principessa Palatina, la duchessa di Soubize, e la
  signora di Luynes, che s'andava susurrando nella corte che
  ciascuna di queste havesse pretentione di poter colpire agli amori
  col Rè... ma potrebbe qui dirmi alcuno, e chi poteva sapere il
  segreto del cuore di queste Dame, e d'altre che aspirassero agli
  amori del Rè? Questo io non so,... ma un certo cavaliere in
  Parigi, che mi honorava di confidar meco molte memoriette, mi
  disse un giorno... che nel tempo che si erano incaloriti gli amori
  del Rè con La Valiera non vi era dama alcuna nella corte di
  qualche garbo e bellezza che non mostrasse gelosia visibile, e che
  lui stesso haveva inteso dire a molte «La Valiera è più fortunata
  di tutte noi.»--Ce fut une chose merveilleuse que, pendant que se
  tramoit cette cabale, la princesse Palatine, la duchesse de
  Soubise et madame de Luynes n'y prirent aucune part, bien qu'on
  murmurât dans la Cour que chacune d'elles eût des prétentions à
  l'amour du Roi. Mais qui pourroit me dire le secret du coeur de
  ces dames et des autres qui aspiroient à l'amour du Roi? Je ne
  sais, mais un gentilhomme de Paris qui m'honoroit de sa confiance
  et m'a fourni quelques petits mémoires me disoit que, au temps où
  les amours du Roi avec La Valière étoient dans toute leur ardeur,
  il n'y avoit à la Cour aucune dame de quelque élégance et de
  quelque beauté qui ne s'en montrât visiblement jalouse, et que
  lui-même avoit entendu dire à plusieurs: La Valière est plus
  heureuse que nous.»

  [181] Voy. t. II, p. 49.

  [182] Ici s'arrête l'emprunt fait au _Palais-Royal_, t. II, p. 49.
  Il reprend, après un passage visiblement interpolé, à ces mots:
  «Sa Majesté ayant quitté le marquis de Bellefonds, le jour suivant
  vit,... etc.»

  [183] Le traité dont il est question ici est évidemment le Traité
  de Breda, signé entre l'Angleterre, d'une part, la France, le
  Danemarck et la Hollande de l'autre. Le traité, dit le P.
  d'Avrigny, fut ratifié le 24 du mois d'août. Il portoit entre
  autres choses que les Etats-généraux envoyeroient des commissaires
  à Londres pour le règlement du commerce des Indes.

  Mais dès le mois de janvier 1668, l'Angleterre, la Suède et la
  Hollande, alarmées des conquêtes que le Roi de France faisoit en
  Flandre, signèrent un traité par lequel ils s'engageoient à
  fournir chacune 15,000 hommes pour la défense des Pays-Bas, que le
  Roi d'Espagne n'étoit pas en état de défendre... Les confédérés
  firent dire à Louis XIV qu'ils ne vouloient que la paix, mais
  qu'ils se déclareroient contre celui qui ne la voudroit pas avec
  eux. Le Roi répondit qu'il étoit près de la conclure pourvu qu'on
  lui cédât ses conquêtes. On s'assembla là-dessus à Aix-la-Chapelle,
  et, pendant qu'on négocioit, il entreprit la conquête de la
  Franche-Comté.

  [184] En 1668. Louis XIV revendiquoit la Franche-Comté au même
  titre que la Flandre, en vertu des droits de la reine, fille de
  Philippe III.

  [185] Le prince de Condé, que le marquis de Louvois vouloit, en
  quelque sorte, opposer à Turenne, dont la faveur lui donnoit de
  l'ombrage, prit Besançon en deux jours, malgré la saison (7
  février 1668).--Voy. _Mémoires_ du P. d'Avrigny.

  [186] La ville envoie vers Condé deux députés. Ceux-ci «se
  plaignent qu'on les attaque, étant comme ils sont ville impériale,
  en paix avec le Roy très-chrétien, aussi bien que tout l'Empire,
  et ne luy en ayant jamais donné le sujet; offrent ensuite de le
  recevoir, s'il vient, mais en cette qualité de ville impériale;
  passent enfin jusques à le choisir pour protecteur, aux mêmes
  conditions que Louis XI l'avoit été.» Le prince de Condé refuse,
  et la ville est obligée de se rendre: «ainsi le prince qui n'avoit
  paru devant cette place que le sixième février, y entra le
  lendemain septième au matin.» Pellisson, _Hist. de Louis XIV_,
  liv. V.

  [187] Il semble que les deux paragraphes précédents, étrangers au
  récit, aient été interpolés.

  [188] Voy. t. II, p. 49 (texte et notes), pour tout ce qui suit.
  Les deux textes ont cependant quelques légères différences.

  [189] _Mémoires de Montpensier_, 1662. «Le Roi se promenoit
  souvent pendant l'hiver avec la Reine: il avoit été avec elle deux
  ou trois fois à Saint-Germain et l'on disoit qu'il avoit regardé
  La Mothe-Houdancourt, une des filles de la Reine, et que La
  Valière en étoit jalouse. C'étoit la comtesse de Soissons qui
  conduisoit cette affaire, et la Reine haïssoit plus La Mothe que
  La Valière; elle eût eu plus de penchant à croire que le Roi en
  étoit amoureux qu'à voir qu'il l'étoit de l'autre.» Suit
  l'histoire des grilles posées aux fenêtres, et qui se retrouvent
  au matin dans la cour, du refus de Mlle de La Mothe qui auroit osé
  dire au Roi: «Je ne me soucie ni de vous ni de vos pendants
  d'oreilles, puisque vous ne voulez pas quitter La Valière.»--«Or,
  ajoute Mademoiselle, ceux qui voyoient le plus clair étoient
  persuadés que le Roi ne s'empressoit auprès de La Mothe que pour
  cacher la passion qu'il avoit pour La Valière.»

  [190] Le paragraphe suivant, jusqu'au milieu du paragraphe où l'on
  voit le Roi chez La Valière, rêvant et lisant, ne se retrouve pas
  dans le _Palais-Royal_.

  [191] Nous rentrons dans le texte du _Palais-Royal_, mais avec
  d'assez notables différences. Cf. t. II, p. 51-52.

  [192] Ce qui suit n'est pas dans le texte du _Palais-Royal_.

  [193] Voir t. II, p. 53, les notes et le texte. Ce qui suit en
  diffère notablement.

  [194] Voy. t. II, p. 73.

  [195] Le récit qui suit se retrouve t. II, pp. 87-88.

  [196] Claire-Clémence de Maillé Brézé, née en 1628, fille de
  Urbain de Maillé, marquis de Brézé, maréchal de France, etc., et
  de Nicole du Plessis de Richelieu, soeur puînée du cardinal.
  Mariée le 11 février 1641 à Louis de Bourbon, prince de Condé,
  elle mourut le 16 avril 1694. Les _Mémoires de Lenet_ parlent
  longuement de sa conduite politique pendant la Fronde; après cette
  bruyante époque, il est assez peu, mais assez mal parlé d'elle.

  [197] Voy. t. II, p. 69.

  [198] Voy. t. I, p. 163.

  [199] Le prince Louis-Charles de Courtenay avoit dû épouser
  Hortense Mancini. Fils du prince Louis de Courtenay et de
  Lucrèce-Chrétienne de Harlay, il étoit né en 1640. Après
  l'expédition de Gigery, il avoit suivi le Roi en Flandre et fut
  blessé à Douai (1667). Il épousa, le 9 janvier 1669, Marie de
  Lameth, de qui il eut un fils tué au siége de Mons, en 1691; puis,
  en secondes noces, Hélène de Besançon. Il mourut le 28 avril 1723,
  âgé de 83 ans.

  [200] Tout ce paragraphe encore est un hors d'oeuvre.

  [201] Voy. sur Mme de Créqui et le légat, t. II, p. 80.

  [202] Voy. t. II, p. 80.

  [203] Voy. t. II, p. 145 et suiv.: «_la Princesse, ou les amours
  de Madame._»

  [204] Encore un épisode étranger au récit principal.

  [205] Le 29 juin 1670, selon le P. Buffières, le 30 juin, suivant
  le P. d'Avrigny.--Voy. Floquet, _Études sur la vie de Bossuet_, t.
  III, p. 410, et une longue _note_ à la fin du 2e vol. des
  _Mémoires_ de Saint-Simon, édit. en 13 vol.

  [206] Voy. t. II, p. 359, l'histoire de Mme de Montespan.--De
  longues pages sur Mlle de La Valière; six lignes pour Mme de
  Montespan: on voit combien ce pamphlet laisse à dire.

  [207] Voy. t. III, p. 3, _le Passe-temps royal_ ou les amours de
  Mlle de Fontanges. On y retrouve tout ce qui suit; mais de
  nombreux passages ont été supprimés ici, pour abréger.

  [208] _Le Passe-temps royal_ dit: «avec madame D. L. M.»--Le nom
  de Mme de Maure, qui étoit morte à la fin d'avril 1663, est une
  preuve, qui s'ajoute à toutes les autres, de la négligence avec
  laquelle a été faite cette fade compilation.

  [209] Mot forgé par l'auteur et qui ne se trouve pas dans _le
  Passe-temps royal_, d'où ce récit est tiré.

  [210] Cet épisode, comme plusieurs des précédents, ne se rattache
  en aucune façon au récit.

  [211] Il ne s'agit pas encore ici de la grande expédition
  commandée par les ducs de Beaufort et de Navailles à la tête de
  plus de 5,500 François (25 juin 1669), mais d'une sorte de coup de
  main tenté par quelques gentilshommes, nommés ici, et qui, d'après
  les _Fastes de la maison de Bourbon_, abordèrent à Candie le 29
  avril 1668.

  [212] Le comte de Saint-Paul, fils de la célèbre duchesse de
  Longueville, la soeur du grand Condé. Né le 29 janvier 1649,
  Charles-Paris d'Orléans, duc de Longueville, comte de Saint-Paul,
  fut tué au passage du Rhin le 12 juin 1672.

  [213] Henri-Ignace de La Tour d'Auvergne, neuvième enfant de
  Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et de
  Eléonore-Fébronie de Bergh, neveu de Turenne. Il mourut le 20
  février 1675.

  [214] Les _Fastes de la maison de Bourbon_ le nomment comte de La
  Feuillade. En effet, le comte puis duc de La Feuillade avoit bien
  le duché de Roannez, que sa femme, Charlotte Gouffier lui avoit
  apporté en dot en avril 1667; mais Charlotte Gouffier tenoit ce
  duché de son frère Artus, qui en conserva le nom jusqu'à sa mort
  en 1696.

  [215] Voy. ci-dessus, p. 265, _note_.

  [216] Dans _le Passe-temps royal_, le nom de la duchesse de Créqui
  est remplacé par celui de la duchesse d'A. ou d'Arpajon, et les
  vers qui suivent par un énigme digne de ceux qui figurent dans les
  gaillardes poésies du capitaine Lasphrise.

  [217] Ici, nous rentrons dans le texte du _Passe-temps royal_,
  III, 49.

  [218] Voy. t. III, p. 49.

  [219] Le texte de ce billet et du suivant diffère de celui des
  billets écrits dans le même sens et dans les mêmes circonstances,
  et reproduits dans le _Passe-temps royal_.

  [220] Voy. t. II, p. 469.

  [221] Ces vers ne se trouvent pas dans le _Passe-temps royal_.

  [222] On connoît les stances de Voiture «sur une dame dont la jupe
  fut retroussée en versant dans un carosse à la campagne»; mais
  c'étoit à une époque antérieure. Loret raconte une aventure
  semblable et ne tarit pas en éloges sur les beautés qui furent
  alors dévoilées aux curieux.--C'est à Mlle de Longueville, sage et
  respectée, que Loret adressoit les _Lettres en vers_ de sa _Muze
  historique_.

  [223] Le _Passe-temps royal_ nomme cette fille d'honneur Mlle de
  Beauvais. Voy. t. III, p. 54.

  [224] La seconde madame, Charlotte-Elisabeth de Bavière, la
  princesse Palatine, mère du Régent: elle avoit épousé le duc
  d'Orléans, veuf de madame Henriette, le 16 décembre 1671.

  [225] Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, qui avoit épousé
  monseigneur le Dauphin, le 28 janvier 1680. Cette princesse étoit
  fille de Ferdinand-Marie, duc de Bavière, et de Adelaïde-Henriette
  de Savoie; elle mourut le 20 avril 1690.

  [226] Le dialogue qui suit manque dans le _Passe-temps royal_.

  [227] Le _Passe-temps royal_ arrête ici le récit des amours du Roi
  et de Mlle de Fontanges. Ce qui suit ne se retrouve pas dans les
  pamphlets de ce Recueil.

  [228] Encore une interpolation dans le texte. Au milieu des amours
  de Mlle de Fontanges (1680), l'auteur revient sur la campagne de
  Flandre (1667), dont nous avons déjà parlé.

  [229] Voy. t. II, p. 80.

  [230] Voy. ci-dessus, p. 265.

  [231] Voy. t. II, pp. 467 et suiv., t. III, p. 58.

  [232] «Le 28 du mois dernier, dit la _Gazette de France_ du 5
  juillet, Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de Fontanges,
  mourut à Port-Royal, au faubourg Saint-Jacques, après une longue
  maladie, âgée de 22 ans. Son corps a été enterré dans l'église de
  ce monastère, et son coeur a été porté en l'abbaye royale de
  Chelles, dont sa soeur est abbesse.»

  [233] Voy. t. III, pp. 65 et suiv.

  [234] La jouissance de la terre de Chantilly avoit été donnée par
  la reine Anne d'Autriche au prince de Condé; Louis XIV la lui
  abandonna, en toute propriété, en 1661.

  [235] Ces fêtes mythologiques, dans le goût de la fête donnée à
  Rambouillet à Cospeau, sont bien de ce temps où les femmes
  aimoient à se faire peindre en déesses, surtout en Dianes.--Voy.
  _Cospeau, évêque d'Aire, de Nantes et de Lisieux, sa vie et ses
  oeuvres_, par Ch.-L. Livet, 1 vol. in-12.

  [236] Les nouvelles fortifications de Dunkerque étoient achevées
  depuis le mois de mai 1671; le Roi, qui avoit visité la place le 2
  décembre 1662, quelques jours après la prise de possession qui est
  du 27 novembre, n'y retourna point l'année qui suivit la mort de
  Mlle de Fontanges.

  [237] Dunkerque put supporter, en 1694 et 1695, deux bombardements
  sans en trop souffrir. Les fortifications furent détruites en
  1712, à la suite du traité d'Utrecht.

  [238] On lit dans les _Fastes des rois de la maison de Bourbon_,
  sous la date du 3 juin 1672: «le Roy prend Orsay en trois jours;
  le vicomte de Turenne prend Buric en deux jours;» et sous la date
  du 4: «M. le Prince réduit Vesel en trois jours.»

  [239] Rien n'est plus faux que ce sentiment odieux prêté à Mlle de
  La Valière, qui, depuis son entrée au couvent, fit l'admiration de
  toute la Cour et de tout son couvent par son détachement sincère
  des choses du monde.

  [240] L'opinion publique alla même jusqu'à accuser Mme de
  Montespan d'avoir empoisonné sa rivale. Le Roi, craignant un
  scandale, défendit qu'on fît l'autopsie du corps de Mlle de
  Fontanges. Voy. sur cette affaire, sur les dépositions de la
  Filastre, témoin dans le procès de la Voisin, etc., _Mme de
  Montespan_, par P. Clément, 1 vol in-8º, Paris, Didier, pp.
  402-405.

  [241] Mlle de Montpensier. En cette année 1681, Lauzun quittoit
  Pignerol, où il avoit été enfermé dans le temps où Fouquet y étoit
  lui-même, et venoit prendre les eaux à Bourbon, où il rencontra
  Mme de Montespan. Il ne reparut devant le Roi qu'en 1682. Toute la
  conversation qui suit est imitée d'un passage analogue qu'on a pu
  lire au t. II, pp. 259 et suiv.

  [242] Ces mots «poussez votre fortune» sont prêtés à Mme de
  Montespan, dans _le Perroquet ou les Amours de Mademoiselle_.--Le
  Roi les répète, après Mme de Montespan. Voy. II, 261. Mais,
  d'après ce dernier libelle, c'est en 1670 que cet entretien auroit
  eu lieu.

  [243] Voy. t. III, pp. 194 et 489. Ce n'est certainement pas avec
  lui que le Roi peut avoir eu la conversation rappelée ici; et s'il
  s'agit du vicomte de Turenne, il étoit mort depuis le 27 juillet
  1675.

  [244] Il n'y avoit pas de duchesse de Gerzay, mais une marquise de
  Jarzé, de la famille de celui dont il a été parlé, t. I, p. 74. Le
  Jarzé dont il s'agit ici acheta en 1685 le régiment d'Hamilton au
  prix de 11,000 écus; en 1688 il eut le bras emporté à
  Philipsbourg; il conserva cependant son régiment jusqu'en 1691, et
  le vendit alors 40,000 francs au marquis de Montendre. En 1692, il
  voulut racheter le régiment de dragons de Barbezières au prix de
  80,000 francs: le Roi ne lui permit pas de reprendre du service,
  après l'avoir quitté. Nous le retrouvons le 18 avril 1708 nommé
  ambassadeur en Suisse et autorisé à ne se rendre à son poste qu'au
  mois de septembre; mais, dans l'intervalle, étant à son château de
  Jarzé en Anjou, il fit une chute si malheureuse qu'il fut hors
  d'état de s'acquitter de son emploi et dut donner sa démission.
  Son avarice y trouvoit son compte. Sa femme et sa mère se
  félicitoient fort, après qu'il eut quitté l'armée, de pouvoir le
  retenir en Anjou: peut-être ne furent-elles pas étrangères au
  parti qu'il prit de renoncer à son ambassade. Voyez Saint-Simon,
  Dangeau, Sévigné, etc.

  [245] Il s'agit de la deuxième femme du duc, Marguerite-Louise de
  Béthune, veuve du comte de Guiche, qu'il épousa le 6 février 1682.
  Celle-ci, qui s'étoit mariée pour la première fois le 23 janvier
  1658, avoit alors 37 ans. Mais, en 1704 (3 mars), Mme de Coulanges
  écrivoit à Mme de Grignan: «Nous avons eu la duchesse du Lude
  quatre jours ici. Cela devient ridicule d'être aussi belle qu'elle
  l'est; les années coulent sur elle comme l'eau sur la toile
  cirée.»--Saint-Simon dément ce qu'on dit ici du plaisir que
  trouvoit le Roi dans la conversation de la duchesse. Voici
  d'ailleurs le portrait qu'il trace d'elle:

  «La duchesse du Lude étoit soeur du duc de Sully, fille de la
  duchesse de Verneuil et petite-fille du chancelier Séguier. Elle
  avoit épousé en premières noces ce galant comte de Guiche, fils
  aîné du maréchal de Grammont, qui a fait en son temps tant de
  bruit dans le monde, et qui fit fort peu de cas d'elle et n'en eut
  pas d'enfants. Elle étoit encore fort belle (1696) et toujours
  sage, sans aucun esprit que celui que donne l'usage du grand monde
  et le désir de plaire à tout le monde, d'avoir des amis, des
  places, de la considération, et avoir été dame du palais de la
  Reine: elle eut de tout cela, parce que c'étoit la meilleure femme
  du monde, riche, et qui, dans tous les temps de sa vie, tint une
  bonne table et une bonne maison partout, et basse et rampante sous
  la moindre faveur, et faveur de toutes les sortes. Elle se remaria
  avec le duc du Lude par inclination réciproque... Elle demeura
  toujours attachée à la Cour, où sa bonne maison, sa politesse et
  sa bonté lui acquirent beaucoup d'amis, et où sans aucun besoin,
  elle faisoit par nature sa cour au ministre, et tout ce qui étoit
  en crédit, jusqu'aux valets. Le Roi n'avoit aucun goût pour elle,
  ni Mme de Maintenon; elle n'étoit presque jamais des Marlys, et ne
  participoit à aucune des distinctions que le Roi donnoit souvent à
  un petit nombre de dames.»

  Est-il besoin de dire maintenant que la conversation qui suit
  n'est ni vraie ni vraisemblable?

  [246] Voy. la table.

  [247] Louis de Lorraine, comte d'Armagnac, fils aîné du comte
  d'Harcourt «cadet la Perle,» l'ami du poète Saint-Amant. Il étoit
  frère du chevalier de Lorraine et du comte de Marsan. Né en 1641
  il mourut en 1718. Il avoit épousé Catherine de Neufville. La
  prétendue passion dont il est parlé ici n'est connue que par ce
  libelle.

  [248] Denis Talon, fils d'Omer Talon II et de Françoise Doujat,
  succéda à son père dans sa charge d'avocat-général au Parlement,
  en 1652. On lui attribue à tort, selon Moréri, le livre de
  l'_Autorité des Rois_ qui est de Rolland Le Vayer de Boutigny. Il
  avoit épousé Marie-Elisabeth-Angélique Favier du Boulay, dont il
  eut Omer Talon III, marquis du Boulay, qui quitta la robe, où sa
  famille s'étoit illustrée, pour l'épée. Denis Talon mourut en
  1698.

  [249] Charles de Lorraine, comte de Marsan, frère cadet du comte
  d'Armagnac (p. 294, _note_) et du chevalier de Lorraine, «qui
  n'avoit ni leur dignité ni leur maintien,» et dont ils ne
  faisoient aucun cas, dit Saint-Simon, étoit «un extrêmement petit
  homme, trapu, qui n'avoit que de la valeur, du monde, beaucoup de
  politesse et du jargon des femmes, aux dépens desquelles il vécut
  tant qu'il put... M. de Marsan étoit l'homme de la cour le plus
  bassement prostitué à la faveur et aux places, ministres,
  maîtresses, valets, et le plus lâchement avide à tirer de l'argent
  de toutes mains.» Il avoit épousé, le 22 décembre 1682, la
  marquise d'Albret, qui mourut sans enfants le 13 juin 1692, et, en
  secondes noces, Mme de Seignelay, soeur des Matignon (21 février
  1696), qui mourut en décembre 1699, lui laissant deux fils.

  [250] Les lettres-patentes pour la fondation de Saint-Cyr sont de
  juin 1686; c'est seulement du 30 juillet au 2 août de cette même
  année que les jeunes filles reçues précédemment à Noisy passèrent
  à Saint-Cyr, et le 3 août qu'eut lieu l'inauguration de la maison.
  Dans la liste, si complète, des demoiselles élevées à Saint-Louis,
  et donnée par M. Lavallée à la suite de son ouvrage _Mme de
  Maintenon et la maison royale de Saint-Cyr_, on ne trouve pas le
  nom de Mlle de Béthune.

  [251] L'auteur veut dire, et il l'explique plus loin, que: «le
  comte de Marsan, qui sollicitoit tous les jours Mme de Maintenon
  pour Mlle de Béthune..., étoit journellement chez elle,
  c'est-à-dire chez la marquise.»

  [252] L'église de Saint-Lazare étoit le seul bâtiment qui fût
  resté de l'ancien hôpital de Saint-Lazare, après que saint Vincent
  de Paul en eut pris possession.--Saint-Lazare est devenu une
  prison de femmes, rue du Faubourg-Saint-Denis.

  [253] Le comte de Marsan n'avoit pas de tante qui se nommât Mme de
  La Roche, ni du côté de son père ni du côté de sa mère.

  [254] Il faudroit évidemment: «et le conduisirent»; mais nous
  suivons fidèlement le texte.

  [255] Le siége de Saint-Omer, et la prise de la ville par
  Monsieur, frère du Roi, après 20 jours de tranchée, est du 20 mai
  1677. On voit quelle confusion dans les dates.

  [256] Le duc de La Feuillade avoit été fait maréchal de France en
  1675.

  [257] Aucune des demoiselles de Grancey ne figure sur les listes
  des demoiselles élevées à Saint-Cyr.

  [258] La famille de Grancey n'avoit aucune alliance qui pût faire
  du marquis de Joyeuse ou du marquis de Villars des cousins de
  mesdemoiselles de Grancey.

  [259] Quand les églises paroissiales ont été unies à des chapitres
  séculiers ou réguliers ou à d'autres bénéfices, les titulaires de
  ces bénéfices prennent le titre de curés primitifs. Les vicaires
  qui desservent les paroisses au lieu des curés primitifs doivent
  être perpétuels; par déclaration du Roi du 15 janvier 1731, les
  vicaires perpétuels ont le droit de prendre en tous actes la
  qualité de curés. (_Loix ecclés. de France_, par Louis
  d'Héricourt, 1 vol. in-fol., 1771, p. 420, col. 1.)--Les
  titulaires des bénéfices ne donnoient à leurs vicaires (ou curés)
  perpétuels qu'une pension aussi peu élevée que possible, et il y
  avoit, en effet, nécessité d'aviser: «Si l'on entroit, dit le
  comte de Boulainvilliers, dans le détail de la pauvreté du quart
  des curés du royaume, il se trouveroit qu'il n'y en a pas un qui
  ne soit mercenaire sordide, et qui n'ait une subsistance
  incomparablement moindre que les plus vils domestiques ne l'ont à
  Paris.» (6e _mém._)

  [260] Elégant.

  [261] Tout-à-fait.

  [262] Lisez: le marquis de Rannes, Nicolas d'Argouges,
  lieutenant-général des armées du Roi, colonel-général des dragons;
  il avoit épousé Charlotte de Bautru. Il fut tué en Allemagne en
  1678, laissant un fils qui exerça dans l'armée des emplois
  considérables.

  [263] Le 11 août 1674, le prince d'Orange fut défait, avec trois
  armées, à la bataille de Senef, par le prince de Condé. Notons
  toujours la même confusion dans les dates.

  [264] Voy. la table.--Charles-Henri de Lorraine, prince de
  Vaudemont, fils du duc Charles IV et de Mme de Cantecroix, sa
  femme de campagne, comme on l'appeloit, servoit contre
  nous.--C'est donc encore un nom mis au hasard.

  [265] Personnage imaginaire.

  [266] Le jeu de l'Hombre ne figure dans _la maison des jeux
  académiques_ de Lamarinière ni en 1654 ni en 1665. Mais
  l'_Académie universelle des jeux_ (1718) ne consacre pas à ce jeu
  moins de 65 pages, dont les huit dernières sont un glossaire des
  termes employés.--Hombre, dit-on, c'est le nom du jeu; il nous
  vient des Espagnols et tient beaucoup du flegme de la nation.--En
  esp., _hombre_ signifie _homme_.

  [267] Le teorbe ou plutôt tuorbe (en italien _tiurba_, du nom,
  dit-on, de l'inventeur), étoit une sorte de luth à deux manches.

  [268] Nous avons vainement cherché sur ce Desnué, qui cependant
  n'est pas inconnu, des renseignements dans l'état des musiciens de
  la chambre du Roi et de Monsieur, dans le Livre commode des
  adresses (1692) parmi les professeurs de musique, dans le Parnasse
  français de Titon du Tillet, dans le Dictionnaire biographique des
  musiciens, de Fétis, dans Saint-Simon et Dangeau, etc.

  [269] «Les Turcs n'ont point de lits, dit Furetière, mais
  seulement des matelas qu'ils étendent la nuit sur un sopha.» Vº
  _lit_.

  [270] «Crespine de fil d'or, ou d'argent ou de soie, qui se
  termine en petites houpes façonnées et qui représentent une cloche
  (_campana_). On en met aux pentes d'un lit, aux impériales de
  carosses et aux autres endroits où on veut mettre de riches
  crespines.»--Furetière, vº _campane_.

  [271] Le long épisode qu'on vient de lire ne se rattache en aucune
  façon ni à ce qui précède ni à ce qui suit.

  [272] Le P. de la Chaise.

  [273] Peut-être.

  [274] Il y avoit, à cette époque, un capucin nommé le P. Ange qui
  s'occupoit beaucoup de médecine. Mme de Sévigné en parle assez
  souvent. Il fut appelé auprès de Mme la Dauphine en 1690. On a
  bien publié une _Histoire du roy Louis le Grand par les médailles,
  emblèmes, devises, jetons_, etc., etc., dont la 2e édition,
  augmentée de 5 pl., est de 1693. Mais l'auteur est le P.
  Claude-François Ménétrier. Ce qu'on trouve le plus dans son
  ouvrage, c'est le Roi en Jupiter, en Apollon, en Hercule et en
  Soleil. Nous n'avons pas trouvé de fleuve Achéloüs.

  [275] C'est-à-dire: et qu'une main autre pour eux que pour le
  reste des hommes réglait leur sort.

  [276] Voir plus haut les _Amours de Louis XIV et de Mlle du Tron_.

  [277] Nom imaginaire, comme celui de Mlle Gisson, qui suit.

  [278] Voy. la note précédente.

  [279] Nom imaginaire.

  [280] Le nom de Mme de Chartres nous reporte au-delà de 1692,
  puisque c'est le 12 février de cette année que Philippe d'Orléans,
  duc de Chartres, fils du duc d'Orléans et neveu de Louis XIV,
  épousa mademoiselle de Blois, légitimée de France, fille du Roi et
  de Mme de Montespan, née en juin 1677.

  [281] François-Louis de Rousselet, comte de Châteaurenaud, étoit à
  cette époque un des quatre lieutenants-généraux des armées
  navales. En 1661, il étoit déjà enseigne de vaisseau; en 1672,
  chef d'escadre; grand'croix de l'ordre de Saint-Louis, à la
  création, il fut nommé maréchal de France en 1703, et mourut en
  1716. Il eut un fils qui fut capitaine de vaisseau et chevalier de
  Saint-Louis. Le dernier fait d'armes maritime que rapporte de lui
  la _Gazette_, entre 1687 et 1703, consiste dans la part qu'il
  prend à la défaite des flottes anglaise et hollandaise sur les
  côtes d'Angleterre (_Extraord._ du 27 juillet 1690).

  [282] Une des petites-filles du Grand Condé, née du prince
  Henri-Jules et d'Anne de Bavière, seconde fille d'Edouard de
  Bavière, prince palatin du Rhin et d'Anne de Gonzague; deux
  princesses portèrent ce nom: l'une étoit Marie-Thérèse, née en
  1666, mais qui étoit mariée à cette époque, puisqu'elle
  épousa, le 29 juin 1688, le prince de Conti; l'autre étoit
  Anne-Louise-Benedicte de Bourbon, née le 8 novembre 1676; le 19
  mars 1692 elle épousa le duc du Maine, un mois environ après le
  mariage de Mlle de Chartres.

  [283] Un marquis du Bordage fut tué à la prise de Philisbourg, par
  le Dauphin, octobre 1688: il commandoit un régiment que le Roi
  donna au duc du Maine, le futur époux de mademoiselle de Bourbon.
  (Voy. la note précédente.) Le fils obtint du Roi la promesse d'un
  régiment, et mille écus de pension. René de Montboucher, marquis
  du Bordage, ayant épousé en 1669 Elisabeth Goyon, héritière du
  marquis de La Moussaye, son fils étoit bien jeune vers 1690 ou
  1692, date approximative de ce pamphlet, pour oser porter si haut
  ses visées. Mais on sait combien peu de confiance mérite ce
  libelle.


FIN.



[Bandeau]

TABLE ALPHABÉTIQUE.


  Acigné (d'). Voy. Assigny.

  Aiguillon (duchesse d'), I, 71, 72, 89; II, 71.

  Albemale (duchesse d'), 2e femme de Milord Montaigu, I, 257, 258.

  Albert (Marie-Thérèse d'), fille aînée du duc de Chevreuse, 1re
  femme du duc de Luxembourg. Voyez Luxembourg (Marie-Thérèse
  d'Albert, femme du duc de).

  Albret (Jeanne d'), reine de Navarre, III, 130.

  Albret (César-Phoebus d'), baron de Pons et de Miossens, connu
  d'abord sous le nom de comte de Miossens, plus tard maréchal
  d'Albret, I, 39, 62, 185, 232, 233, 318; II, 271, 273.

  Albret (Madelaine de Guénégaud, maréchale d'), III, 126.

  Albret (François-Amanieu, chevalier d'), frère puîné du maréchal,
  I, 316, 318.

  Alcandre (le grand). Voy. Louis XIV.

  Alençon (mademoiselle d'), soeur [du 2e lit] de mademoiselle de
  Montpensier, II, 271.

  Alens (M. d'), III, 73.

  Alets (Louise de Rabutin, comtesse d'), fille de Bussy-Rabutin, I,
  XIII, XVI.

  Alexandre VII (le pape), II, 80.

  Alexis Mikhailowitch. Voy. Potemkim (Pierre), I, 137, 138.

  Alibert (d'), confident du président Cornuel, I, 89.

  Alluye (Charles d'Escoubleau de Sourdis, marquis d'), père de
  Paul. On l'appeloit marquis de Sourdis, I, 299. Voy. Sourdis.

  Alluye (François d'Escoubleau de Sourdis, marquis d'), frère aîné
  de Paul, I, 299 et suiv.

  Alluye (Paul d'Escoubleau, marquis d'), 2e fils de Charles, I,
  296, 301, 316.

  Alluye (Benigne de Meaux du Fouilloux, femme du marquis Paul d'),
  I, 76, 263, 291, 295, 296 et suiv.

  Alphonse VI, roi de Portugal, II, 201, 296; III, 126.

  Altovitte-Castellane (Marcelle d'), I, 35.

  Alvarez, joaillier, III, 414.

  Amably (Sibylle-Angélique d'), femme du comte de Comminges. Voy.
  Comminges (comtesse de).

  Ambleville (chevalier d'Albret, seigneur d'). Voy. Albret
  (François-Amanieu, chevalier d').

  Amboise (Clermont d'). Voy. Clermont (maison de).

  Amelot (Marie), femme du président de Nicolaï. Voy. Nicolaï
  (madame de).

  Andelot (Gaspard IV de Coligny, d'abord marquis d'), puis duc de
  Châtillon, après son frère aîné. Voy. Châtillon (duc de).

  Andoins, vicomtesse de Louvigny (Diane, dite _la belle Corisante_
  d'), femme de Philibert, comte de Gramont, aïeule de Philibert,
  chevalier d'Andoins, puis comte de Gramont, qui suit, I, 49.

  Andoins (Philibert, chevalier de Gramont, connu d'abord sous le
  nom d'). Voy. Gramont (le chevalier de), I, 49.

  Angennes (famille d'):
  ---- de Rambouillet. Voy. Rambouillet.
  ---- de Montlouet. Voy. Montlouet.
  ---- du Fargis. Voy. du Fargis.
  ---- de Maintenon. Voy. Maintenon.
  ---- de Rochefort de Salvert. Voy. Rochefort de Salvert.

  Angennes de Rambouillet (Julie-Lucine d'), marquise de Montausier.
  Voy. Montausier (marquise de).

  Angleterre (Henriette d'), _dite_ MADAME, femme de MONSIEUR, frère
  du roi Louis XIV. Voy. Orléans (Henriette d'Angleterre, femme de
  Philippe de France, duc d').

  Angoulême (Louis de Lorraine, duc de Joyeuse, puis duc d'), II,
  73, 74.

  Angoulême (Françoise-Marie de Valois, duchesse d'), II, 72, 73,
  74.

  Angoulême (Louis-Emmanuel de Valois, duc d'), II, 74.

  Angoulême (Henriette de La Guiche, femme de Louis-Emmanuel de
  Valois, duc d'), II, 74; IV, 260.

  Anjou (Philippe, duc d'), plus tard MONSIEUR, duc d'Orléans. Voy.
  Orléans (Philippe de France, duc d').

  Anjou (Louis-François, duc d'), dernier fils de Louis XIV et de
  Marie-Thérèse, IV, 31.

  Annat (le P.), confesseur du Roi, II, 61, 70.

  Anne d'Autriche, I, 75, 115 et suiv., 144, 175, 185, 214, 216,
  223, 226, 229, 254, 256, 262, 279, 289, 291, 297, 415; II, 9 et
  suiv., 32, 41 et suiv., 46, 49, 57, 60, 61, 104, 105, 106, 109,
  124, 147, 184, 201; III, 125, 126; IV, 245, 246, 251, 252, 263,
  280.

  Anne du Saint-Sacrement. Voy. Viole (Anne).

  Antin (Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin, duc d'), II, 374.

  Antin (Julie-Françoise de Crussol d'Usez, femme du duc d'), II,
  374.

  Antoine (Marie d'), femme de Louis de Cabre. Voy. Cabre (Marie
  d'Anthoine), femme de Louis de Cabre.

  Aquin (M. d'), médecin. Voy. Daquin.

  Archevêque de Bourges (Anne de Lévis-Ventadour), II, 72.

  Archiduc d'Autriche, II, 201.

  Arcy (René Martel, sieur de Fontaine-Martel, marquis d'), I, 325
  et suiv.

  Ardier de Beauregard (le président Paul), I, 206.

  Ardier de Beauregard (Louise Ollier, femme du président Paul), I,
  206.

  Ardier de Vineuil, frère du président Ardier. Voy. Vineuil.

  Ardier (Claude), femme de Gaspard I de Fieubet, trésorier
  d'Espagne. Voy. Fieubet.

  Ardier (Marie), femme de Gaspard II de Fieubet, chancelier de la
  reine Marie-Thérèse, I, 206.

  Argenteuil (N. Le Bascle, s{r} d'), I, 315.

  Argouges (François d'), conseiller d'État ordinaire, conseiller au
  Conseil royal des finances, IV, 156, 174, 175.

  Armagnac (maison d'), III, 253.

  Armagnac (comtesse d'), I, 218.

  Arnauld d'Antilly (Robert), II, 437.

  Arnaud (Isaac), intendant des finances, I, 410.

  Arnaud (Henri), évêque d'Angers, I, 294; III, 171.

  Arnaud (M. Barrin de la Galissonnière, veuve du président de La
  Barre, femme d'Isaac).

  Arnaud (Simon), marquis de Pomponne, II, 429, 437.

  Arnaud de Pomponne (Catherine L'Avocat, femme d'), II, 429.

  Arnoux (le P.), III, 71.

  Arpajeux (madame d'), pour d'Arpajon. Voy. Arpajon.

  Arpajon (Louis d'Arpajon, marquis de Séverac, créé, en 1650, duc
  d'), I, 147.

  Arpajon (Catherine-Henriette d'Harcourt-Beuvron, duchesse d'), I,
  9, 295; II, 72; III, 44; IV, 269.

  Arquien (Louison d'), II, 431, 432, 437, 442, 447; III, 223, 229,
  244, 261.

  Artagnan (Charles de Castelmar, seigneur d'), II, 398.

  Artigny (Claude-Marie du Gast, fille d'Achille du Gast, seigneur
  d'Artigny et de Montgauger en Touraine et de Marie Le Coustelier;
  petite-fille d'Antoinette de Montmorency Fosseuse et du fameux
  marquis du Gast, dite mademoiselle d'), femme de Louis-Pierre
  Scipion de Grimoard de Beauvoir. Voy. Grimoard de Beauvoir
  (mademoiselle d'Artigny, femme de Louis-Pierre Scipion de).

  Aspremont (M. d'), I, 316.

  Asserac (M. d'), II, 72.

  Assigny (M. d'), ou d'Acigné, de la maison de Brissac, II, 340.

  Assigny ou d'Acigné (Anne-Marguerite d'), 2e femme du duc de
  Richelieu, I, 72.

  Astérie, surnom de madame de Montespan, III, 4 et suiv. Voy.
  Montespan (madame de).

  Athis (Pierre Viole, seigneur d'). Voy. Viole (Pierre).

  Attichy (Octavien Doni d'), baron, I, 170.

  Attichy (Valence de Marillac, baronne d'), I, 170.

  Attichy (Anne Doni d'), comtesse de Maure. Voy. Maure (comtesse
  de).

  Attigny (mademoiselle d'Artigny et non d'), II, 54.

  Aubery (Renée-Julie), femme de Louis II de la Tremouille, marquis
  de Noirmoutier. Voy. Noirmoutier (Renée-Julie Aubery, marquise
  de).

  Aubigné ou d'Aubigny (maison d'), I, 226.

  Aubigny ou Aubigné (maison d'), I, 226.

  Aubigné (Agrippa d'), I, 225; III, 67, 70, 71, 130.

  Aubigné (Suzanne de Lezay, femme d'Agrippa d'), III, 70.

  Aubigné (Constant d'), baron de Surimeau, et non Surineau, III, 67
  et suiv., 466.

  Aubigné (Anne Marchand, 1re femme de Constant d'), veuve du baron
  de Chatelaillon, III, 70.

  Aubigné (Jeanne de Cadillac, 2e femme de Constant d'), mère de
  madame de Maintenon, III, 70, 71, 72.

  Aubigné (Charles d'), frère de madame de Maintenon, III, 69.

  Aubigné (Françoise d'). Voy. Maintenon (madame de).

  Aubigny (Claude-Maur d'), évêque de Noyon, puis archev. de Rouen,
  I, 225.

  Aubigny (l'abbé d'), de la maison des Stuart, I, 225.

  Aubigny (Charles Bidault d'), I, 226.

  Aubigny (M. d'), [?], I, 225.

  Aubigny (mademoiselle de Keroualles, duchesse d'). Voy. Keroualles
  (mademoiselle de).

  Aubijoux (François-Jacques d'Amboise, comte d'), I, 62.

  Aubray (le lieutenant civil d'), III, 468.

  Aubusson de La Feuillade. Voy. La Feuillade.

  Aulnay (le comte d'), capitaine commandant le vaisseau _le
  Trident_, IV, 177.

  Aumale (mademoiselle d') et non mademoiselle de Nemours, III, 126.

  Aumont (hôtel d'), III, 384.

  Aumont (Antoine, duc et maréchal d'), II, 439.

  Aumont (Catherine Scarron de Vaures, femme d'Antoine, maréchal duc
  d'), II, 439; III, 126.

  Aumont (Louis-Marie-Victor, duc d'), II, 438, 439, 440, 441; III,
  363 et suiv., 458, 480, 484 et suiv., 499, 509.

  Aumont (Madelaine Fare Le Tellier, fille du chancelier, 1re femme
  de Louis-Marie-Victor, duc d'), II, 439; III, 363, 364, 365, 379.

  Aumont (Madeleine-Élizabeth Fare d'), femme du marquis de
  Beringhen. Voy. Beringhen (Madeleine-Élizabeth Fare d'Aumont,
  m{ise} de).

  Aumont (Françoise-Angélique de La Mothe-Houdancourt, 2e femme de
  Louis-Marie, duc d'), I, 46, 50, 83; II, 438, 440; III, 366 et
  suiv., 482 et suiv.

  Avaugour (François de Bretagne, comte de Vertus et de Goello,
  baron d'), I, 252.

  Avaugour (Claude de Bretagne, baron d'), I, 207.

  Avaugour (Marie de Bretagne d'), mariée à Hercule de
  Rohan-Guemené, duc de Montbazon. Voy. Montbazon (2e duchesse de).

  Avocat (L'). Voy. L'Avocat.


  Babou de La Bourdaisière (Françoise), mère du maréchal d'Estrées.
  Voy. Estrées.

  Bade (Louise-Christine de Savoie, femme de Ferdinand-Maximilien,
  marquis de Bade, _dite_ princesse de), II, 79.

  Bagneux (... Chapelier, sieur de), II, 286-333.

  Bagneux (N. de Chartrain, femme de M. de), II, 285-333.

  Bailleul (Nicolas de), président au Parlement de Paris, I, 253,
  411.

  Bailleul (Elisabeth de), fille du président, mariée à Charles
  Girard, sieur du Tillet. Voy. Tillet (madame du).

  Bailleul (Marie de), femme, 1º de François de Brichanteau, marquis
  de Nangis; 2º de Louis Chalon du Blé, marquis d'Uxelles. Voy.
  Uxelles (marquise d').

  Balzac (Jean-Louis Guez de), I, 207.

  Barbançon (mademoiselle de) femme du prince Ulric de Wurtemberg.
  Voy. Wurtemberg (Mlle de Barbançon, femme du prince de).

  Barbeaux (Basile Fouquet, abbé de). Voy. Fouquet (Basile).

  Barberin (le cardinal Antoine), II, 80.

  Barbezières (Françoise de), dame de La Bazinière. Voy. La
  Bazinière.

  Barbezières (mademoiselle de), II, 54, 158, 172.

  Barbezieux (Louis-François Le Tellier, marquis de), IV, 130, 173,
  175.

  Barbezieux (Catherine-Louise-Marie de Crussol, femme du marquis
  de), IV, 175.

  Barbier (qui a fait construire le Pont-Rouge ou Pont-Barbier), II,
  126.

  Barillon (Jean-Jacques de), président au Parlement, I, 294.

  Baron (Michel), acteur, I, 5, 298; II, 415-419.

  Bartet, secrétaire du Roi, I, 20, 147.

  Basque sauteur (le), II, 415, 416.

  Bassompierre (François II de), maréchal de France, I, 208.

  Bautru (Guillaume), comte de Serrant, I, 170; III, 475.

  Bautru (Nicolas), comte de Nogent. Voy. Nogent (Nicolas Bautru,
  comte de).

  Bautru (Charlotte), femme, 1º du marquis de Rannes, 2º de J.-B.
  Armand de Rohan, prince de Montauban. Voy. Montauban (Charlotte
  Bautru, princesse de).

  Bavière (Edouard de), comte palatin du Rhin, mari d'Anne de
  Gonzague, princesse palatine, I, 226; III, 430.

  Bavière (Anne de Gonzague, femme d'Edouard de), princesse
  palatine, I, 226 et suiv., 295; II, 47, 48; III, 430.

  Bavière (Ferdinand-Marie, duc de), III, 54; IV, 144, 274.

  Bavière (Adelaïde-Henriette de Savoie, femme de Ferdinand-Marie,
  duc de), III, 54; IV, 274.

  Bavière (Marie-Anne-Christine-Victoire de), femme du Dauphin. Voy.
  Dauphine (Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, madame la).

  Bazin (M. A.), I, 404.

  Beaudean (Marguerite de), femme de Charles, comte de Froulay. Voy.
  Froulay (Marguerite de Beaudean, comtesse de).

  Beauchasteau (François-Mathieu Chastelet de), I, 300.

  Beaufort (François de Vendôme, duc de), I, 54, 154, 168, 169, 202,
  208, 294; II, 353; IV, 266.

  Beaumanoir-Lavardin (famille de), II, 436.

  Beauvais (N. Bellier, baron de), I, 71.

  Beauvais (Catherine Bellier, dame de), dite Catau la Borgnesse, I,
  70, 71, 72, 74, 217, 227, 414, 415; II, 31, 51, 357.

  Beauvais (Jeanne-Baptiste de), marquise de Richelieu, fille de
  Catherine Bellier, dame de Beauvais, I, 66, 71, 72, 123; IV, 273.

  Beauvais (mademoiselle de), soeur de la marquise de Richelieu, I,
  71.

  Beauvais (François-Paul de la Cropte de), maréchal de camp, écuyer
  de Condé, I, 72.

  Beauvais (Uranie de la Cropte de), femme de Louis-Thomas de
  Savoie, comte de Soissons. Voy. Soissons (comtesse de).

  Beauvau le Rivau (famille tourangelle de), tige des Beauvau de
  Rivarennes et de Montgoyer, II, 34.

  Beauvau de Rivarennes et de Montgoyer (François de), III, 53.

  Beauvau (Louise de La Baume le Blanc, femme de François de), III,
  53.

  Beauvau (Gilles de), év. de Nantes, fils de Fr. de Beauvau, III,
  53.

  Bec-Crespin (René-François du), marquis de Vardes. Voy. Vardes.

  Bechameil (Louis de), marquis de Nointel, III, 321 et suiv.

  Bechilon (Samuel de), sieur d'Erlaut, III, 71.

  Béjart (Armande), femme de Molière, I, 65.

  Belesbat (l'abbé de), II, 356.

  Belin (Antoinette de Faudoas-Averton, femme de son cousin Emmanuel
  de Faudoas, comte de), III, 240.

  Bellay (famille du), II, 436.

  Bellefonds (Bernardin Gigault, maréchal de), I, 56; II, 49, 58;
  IV, 255, 257.

  Bellefonds (Madelaine Fouquet, femme du maréchal de), II, 58.

  Bellegarde (Roger de Saint-Larry, duc de), II, 115, 116; III, 465.

  Bellenave (Louise de), comtesse du Plessis, marquise de
  Clérambault. Voy. Clérambault (marquise de).

  Bellièvre (Pomponne de), président à mortier, I, 151.

  Benserade, I, 56, 57, 164, 169, 176, 177, 255, 293, 404; II, 79,
  352; III, 226.

  Béon (Bernard de), seigneur du Massés, I, 191.

  Bergh (Eléonore-Febronie de), femme du duc de Bouillon. Voy.
  Bouillon (Eléonore-Febronie de Bergh, femme de Frédéric-Auguste de
  La Tour d'Auvergne, duc de).

  Beringhen (Jacques-Louis, marquis de), III, 379.

  Beringhen (Madeleine-Elisabeth Fare d'Aumont, femme du marquis
  de), III, 379.

  Bernier (François), voyageur et philosophe, IV, 186.

  Bernier, chirurgien, IV, 186 et suiv.

  Bernières (François de), III, 352.

  Beroé, I, 225.

  Bertaut (un nommé), I, 205.

  Berthod (le P.), I, 228.

  Bertillac (M. de), père de Nicolas Jehannot de Bertillac, II,
  414-419.

  Bertillac (Nicolas Jehannot de), II, 413-419.

  Bertillac (Anne-Louise Habert de Montmort, femme de Nicolas
  Jehannot de), II, 413-419.

  Besançon (Hélène de), 2e femme de Louis-Charles, prince de
  Courtenay. Voy. Courtenay (Hélène de Besançon, 2e femme de
  Louis-Charles, prince de).

  Béthune (M. de), I, 315.

  Béthune Sully (Marguerite-Louise de), femme, 1º du comte de
  Guiche, 2º du duc du Lude. Voy. Guiche (comtesse de) et Lude
  (duchesse du).

  Béthune (Louis de), comte de Charrost. Voy. Charrost (Louis de
  Béthune, comte de).

  Béthune Charrost (Marie de), 1re femme du maréchal d'Estrées. Voy.
  Estrées (Marie de Béthune, 1re femme du maréchal d').

  Beuvron (famille d'Harcourt de), I, 7-10.

  Beuvron et ses frères, I, 36.

  Beuvron (Jacques II d'Harcourt, marquis de), [mari, non d'Anne Le
  Veneur, mais de Léonor Chabot de Saint-Gelais, comtesse de Cosnac,
  et père de la comtesse de Fiesque], I, 52.

  Beuvron (Anne Le Veneur, femme de François de Fiesque, non de
  Jacques II d'Harcourt de), belle-mère de Gilonne d'Harcourt,
  comtesse de Fiesque, I, 52. _Erratum._--La mère de madame de
  Fiesque n'était pas Anne Le Veneur, mais Léonor Chabot de
  Saint-Gelais, comtesse de Cosnac.

  Beuvron (François Ier d'Harcourt de), chevalier de l'Ordre, père
  du marquis François II, marquis de Beuvron, et marié à Renée
  d'Espinay St-Luc, dame d'Ectot ou Hectot, I, 7.

  Beuvron (Renée d'Espinay Saint-Luc, femme de François Ier, marquis
  de), I, 8.

  Beuvron (François II d'Harcourt, marquis de), marié, 1º à
  Catherine Le Tellier, 2º Angelique de Fabert, veuve de Charles
  Brûlart, marquis de Genlis, I, 5, 7, 15, 21, 146, 298; II, 187;
  III, 281 et suiv.

  Beuvron (Charles d'Harcourt, comte de), frère de François II,
  marquis de Beuvron, et mari de Lydie de Rochefort de Théobon, I,
  9.

  Beuvron (Lydie de Rochefort de Théobon, femme du comte Charles
  de), I, 146.

  Beuvron (Catherine-Henriette d'Harcourt de), 3e femme du duc
  d'Arpajon, fille de François Ier d'Harcourt, marquis de Beuvron et
  de Renée Saint-Luc, I, 9, 147.

  Bidault (Charles) d'Aubigny. Voy. Aubigny (Charles Bidault d').

  Bigot (Anne), 2e femme de Cornuel. Voy. Cornuel (Anne Bigot, femme
  de).

  Biran, duc de Roquelaure. Voy. Roquelaure.

  Biscaras (M. de), I, 231; II, 154.

  Blainville (Jean-Armand Colbert, marquis de), II, 100.

  Blainville (Gabrielle de Rochechouart, mademoiselle de Tonnay
  Charente, femme du fils de Colbert, marquis de Blainville), II,
  100.

  Blanchefort (Charles-François de Créquy, marquis de), IV, 211.

  Blé (Louis Chalon du), marquis d'Uxelles. Voy. Uxelles (marquis
  d').

  Blot, chansonnier, I, 295.

  Bobinet (le P.), IV, 154, 158, 176.

  Boesleau (comtesse de), I, 254.

  Boileau-Despréaux, I, 6.

  Bois-Dauphin (Philippe-Emmanuel de Laval, marquis de Sablé), I, 6.

  Boisfranc (Joachim Seiglière, sieur de), III, 449.

  Boisfranc (Marie-Madelaine-Louise de Seiglière de), femme de
  Bernard-François Potier, duc de Gêvres. Voy. Gesvres
  (Marie-Madelaine, duchesse de).

  Bois-Robert (François Le Metel, abbé de), I, 6, 16; III, 73; IV,
  212.

  Boissy (Arthur Gouffier, marquis de), I, 316; II, 74.

  Boligneux. Voy. Bouligneux.

  Bonifasse (mademoiselle), IV, 273.

  Bonne, duc de Lesdiguières (François de). Voy. Lesdiguières
  (François de Bonne, duc de).

  Bonne (Madelaine de), femme du maréchal de Créquy. Voy. Créquy
  (Madeleine de Bonne, femme du maréchal de).

  Bonnelle (Noël de Bullion, seigneur de), marquis de Gallardon,
  fils de Bullion le surintendant, I, 82, 83, 151, 208; III, 302.

  Bonnelle (Charlotte de Prie, fille du marquis de Toussy, femme de
  Noël de Bullion, seigneur de), I, 82, 91, 151, 265, 306; III, 302,
  303, 304, 337, 370, 375, 390 et suiv., 483.

  Bonneuil, Bonnoeil ou Bonoeil (Christophe-Auguste de Harlay,
  seigneur de), I, 294, 295.

  Bonneuil (Françoise-Charlotte de Thou, femme du précédent de), I,
  254, 293, 294, 295.

  Bonneuil (N... de Thou, demoiselle de), soeur de la précédente, I,
  295.

  Bonneville, fille au service de madame de Bagneux, II, 296 et
  suiv., _passim_.

  Bontems (Alexandre), un des quatre premiers valets de chambre de
  Louis XIV, II, 46, 265; IV, 128 et suiv., 162.

  Bontemps (Marguerite Bosc, femme d'Alexandre), IV, 128.

  Bontemps (Louis), fils aîné d'Alexandre Bontemps, IV, 129.

  Bontemps (Alexandre-Nicolas), 2e fils d'Alexandre, IV, 129.

  Bontemps (Marie-Madelaine), fille d'Alexandre Bontemps, femme de
  Lambert de Thorigny. Voy. Lambert de Thorigny (Marie-Madelaine
  Bontemps, femme de).

  Bordeaux ou Bourdeaux (Guillaume de), intendant des finances, I,
  182, 406.

  Bordeaux ou Bourdeaux (madame de), femme d'un intendant des
  finances, I, 182.

  Bordeaux ou Bourdeaux (Denise de), fille d'un intendant des
  finances, femme du président de Pommereuil. Voy. Pommereuil
  (madame de).

  Bordeaux ou Bourdeaux (madame de), mère de madame de
  Fontaine-Martel, I, 182.

  Bordeaux ou Bourdeaux (mademoiselle de), demoiselle de Châtillon,
  puis femme de Ricoux, I, 182, 183, 201, 211, 231, 237, 240, 241.

  Bosc (Claude), seigneur d'Ivry, IV, 128.

  Bosc (Marguerite), femme de Bontemps, premier valet de chambre de
  Louis XIV. Voyez Bontemps (Marguerite Bosc, femme d'Alexandre).

  Bossuet, I, 226; II, 421; III, 188; IV, 183, 184.

  Bossuet (Elisabeth), femme d'Armand de Bouthillier de Chavigny.
  Voy. Chavigny (Elisabeth Bossuet, femme d'Armand de).

  Du Bouchet (Jean), marquis de Sourches, comte de Montsoreau. Voy.
  Sourches (marquis de).

  Du Bouchet (Dominique), fils de Jean, marquis de Sourches. Voy.
  Sourches (Dominique de).

  Du Bouchet (Louis-François), marquis de Sourches. Voyez Sourches
  (Louis-François).

  Bouchu (? l'abbé), I, 191.

  Boufflers (Louis-François, chevalier, puis marquis, puis maréchal
  et duc de), IV, 144, 145, 153, 210, 230.

  Bouillé (Eléonore de), 1re femme de Henri de Daillon, comte, puis
  duc du Lude. Voy. Lude (Eléonore de Bouillé, comtesse, puis
  duchesse du).

  Bouillon (Godefroy Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de), III,
  194, 489, 490, 491; IV, 26, 267.

  Bouillon (Marie-Anne Mancini, femme de Godefroy Maurice de La Tour
  d'Auvergne, duc de), II, 23; III, 194, 489.

  Bouillon (Frédéric-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de), IV, 26,
  267.

  Bouillon (Eléonore-Fébronie de Bergh, femme de Frédéric-Maurice de
  La Tour d'Auvergne, duc de), IV, 267.

  Bouillon (Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne, cardinal de),
  IV, 216.

  Boulay-Favin (M. du), ou plutôt Favier du Boulay, I, 215.

  Bouligneux (Louis de La Palu, comte de), I, 242, 243.

  Bourbon (Louis de), fils de Louis XIV, II, 46.

  Bourbon (Marie-Anne de), fille de Louis XIV et de mademoiselle de
  La Valière, II, 46.

  Bourbon (Louise de), fille du comte de Soissons, 1e femme de Henri
  d'Orléans, duc de Longueville. Voy. Longueville.

  Bourbon-Condé (famille de). Voir Condé (famille de Bourbon-).

  Bourbon-Condé (Anne-Geneviève de), 2e femme de Henri d'Orléans,
  duc de Longueville. Voy. Longueville.

  Bourbon (Louis III, duc de), fils du prince de Condé, Henri-Jules,
  III, 472; IV, 138.

  Bourbon (Louise-Françoise, légitimée de France, _dite_
  mademoiselle de Nantes, femme du duc de), bru du prince
  Henri-Jules de Condé, III, 331, 472, 475; IV, 223.

  Bourdaloue (le P.), III, 58, 137, 143.

  Bourges (de), I, 89, 90.

  Bourgogne (le duc de), fils du Dauphin, IV, 146.

  Bournonville (Nicolas Le Febvre de), IV, 26.

  Boussu (madame de), duchesse de Guise. Voyez Guise (madame de
  Boussu, duchesse de).

  Boutard, I, 91.

  Bouthillier de Chavigny (Louise-Françoise), maréchale de
  Clérambault. Voy. Clérambault (maréchale de).

  Boutteville (François de Montmorency, comte de Luxe, seigneur de),
  I, 7, 49, 153, 215, 263; II, 187; III, 254.

  Boutteville (Elisabeth-Angélique, fille de Jean de Viennes, femme
  de François de Montmorency, seigneur de), I, 154, 155, 158, 191;
  II, 187.

  Boutteville (François-Henri de Montmorency), duc de
  Piney-Luxembourg, maréchal de Luxembourg. Voy. Luxembourg
  (maréchal de).

  Boutteville (Marie-Louise de Montmorency), femme de Dominique
  d'Estampes, marquis de Valençay. Voy. Valençay (duchesse de).

  Boutteville (Isabelle-Angélique de Montmorency), duchesse de
  Châtillon, puis de Mecklembourg. Voy. Chastillon (duchesse de).

  Boves (Charlotte de), 1re femme du maréchal de La Ferté, II, 403.

  Braguemont (Catherine du Tost, dame de), II, 46.

  Brancas (Georges de), 1er duc de Villars, II, 337.

  Brancas (Marie de), femme de son cousin Louis de Brancas, duc de
  Villars, II, 345.

  Brancas (Charles, comte de), fils de Georges de Brancas, I, 315;
  II, 337, 342 et suiv.

  Brancas (Suzanne Garnier, femme du comte Charles de), I, 274, 295;
  II, 337-358.

  Brancas (Françoise de), fille de Charles de Brancas et de Suzanne
  Garnier, II, 358.

  Bregy (Léonor de Flesselles, comte de), I, 253 et suiv.

  Bregy (Charlotte de Chazan, femme du comte de), I, 253 et suiv.,
  306; II, 72, 74.

  Bretagne (François de), baron d'Avaugour, comte de Vertus et de
  Goello. Voyez Avaugour (baron d').

  Bretagne (Claude de), baron d'Avaugour. Voy. Avaugour.

  Brézé (Urbain de Maillé, maréchal de), IV, 261.

  Brézé (Armand de Maillé), duc de Fronsac et de Caumont, marquis de
  Graville et de Brézé, comte de Beaufort en Vallée, etc., chef et
  surintendant général de la navigation en France, I, 58, 213; II,
  87.

  Brézé (Nicole du Plessis, femme du maréchal de), II, 87; IV, 261.

  Briçonnet de Lessay. Voy. Lessay (Briçonnet, seigneur de).

  Brienne (Antoine de Loménie de), sieur de la Ville-aux-Clercs, I,
  223.

  Brienne (Henri-Auguste de Loménie de), fils d'Antoine, sieur de la
  Ville-aux-Clercs, I, 223.

  Brienne la mère (Louise de Béon, fille de Bernard, seigneur du
  Massés, _dite_ madame de), femme d'Henri-Auguste de Brienne, I,
  191.

  Brienne (Henri-Louis de Loménie de), fils d'Henri-Auguste de
  Loménie de Brienne, I, 223.

  Brienne la jeune (Henriette Bouthillier de Chavigny, mariée au
  comte Henri-Louis de Brienne, _dite_ madame de), I, 191, 262.

  Brinvilliers (Marie-Marguerite de Dreux d'Aubray, marquise de),
  III, 468.

  Brion (François-Christophe de Levis, comte de) et plus tard duc de
  Damville, I, 158, 297 et suiv.

  Brion (?) ou Biron (madame de), I, 408, 409.

  Brion (le palais) et non Biron, II, 44; IV, 253.

  Briosne (Henri de Lorraine, comte de), III, 491.

  Brisac, avocat en parlement, II, 55.

  Brissac (famille de Cossé-), IV, 204.

  Brissac (François de Cossé, comte de), I, 141.

  Brissac (Louis de Cossé, duc de), I, 413.

  Brissac (Gabrielle-Louise de Saint-Simon, femme de Henri-Albert de
  Cossé, duc de Brissac, et bru du précédent de), I, 63, 64, 65,
  257.

  Brissac (Albert de Grillet de), major des gardes du corps, IV, 203
  et suiv.

  Bristol (George Kenelm Digby, comte de). Voy. Digby.

  Brouilly (Louis de), marquis de Piennes. Voy. Piennes (marquis
  de).

  Brûlart (Adam), tige de la famille de Sillery, I, 151.

  Brûlart de Sillery (le chancelier). Voy. Sillery (le chancelier
  Brûlart de).

  Buckingham (Georges, duc de), I, 116, 256.

  Bueil (Jacqueline de), comtesse de Moret, maîtresse de Henri IV,
  puis femme de René du Bec Crespin, marquis de Vardes. Voy. Vardes
  (René du Bec Crespin, marquis de).

  Bullion (Claude de), surintendant des finances, I, 83, 88, 89,
  151.

  Bullion (Noël de), seigneur de Bonnelle. Voy. Bonnelle.

  Bullion (Charles-Denys de), fils de Bullion-Bonnelle, III, 304.

  Bullion, marquis de Longchêne (François de), III, 302.

  Bullion, marquis de Longchêne (Catherine-Henriette de La Ferté,
  fille du maréchal, femme de François de), III, 302.

  Bussy (Henri d'Amboise, marquis de), II, 187.

  Bussy (Roger de Rabutin, comte de), I, V-XVI, 194, 277 et suiv.,
  286 et suiv., 301, 325 et suiv., 401, 408; II, 51, 88; III, 280;
  IV, 91, 250, 259.


  Cabre (Louis de), père du chevalier de Cabre, III, 414.

  Cabre (Marie d'Antoine, femme de Louis de), III, 414.

  Cabre (le chevalier Louis de), III, 414, 445.

  Cadaval (Nuño Alvarez Pereira de Mello, duc de), III, 491.

  Cadaval (Marie-Angélique-Henriette de Lorraine-Armagnac, femme du
  duc de), III, 491.

  Caderousse (Juste-Joseph-François de Cadart d'Ancezune de Tournon,
  duc de), II, 417; III, 370 et suiv.

  Caderousse (Claire-Bénédictine du Plessis-Guénégaud, 1e femme du
  duc de), III, 370, 371.

  Caderousse (Marie-Renée de Rambures, 2e femme de Juste-Joseph, duc
  de), III, 415, 416, 417, 495.

  Caderousse (Jacques-Louis d'Ancezune de Cadart de Tournon, duc
  de), fils du duc Juste-Joseph, III, 409.

  Caderousse (Madelaine d'Oraison, femme de Jacques-Louis, duc de),
  III, 409.

  Caderousse ou Caderoux (le chevalier de), I, 315.

  Cadet la Perle (Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, _dit_), IV,
  145.

  Cadillac (Pierre de), seigneur de Lalanne, III, 70.

  Cadillac (Louise de Montalembert, femme de Pierre de), III, 70.

  Cadillac (Jeanne de), 2e femme de Constant d'Aubigné. Voyez
  Aubigné (Jeanne de Cadillac, 2e femme de Constant d').

  Calvoisin (madame de), I, 248, 249.

  Cambiac, prêtre, I, 160, 191, 192, 193, 205, 216, 219 et suiv.

  Camboust (Marguerite de), veuve du duc de Puylaurens, femme de
  Henri de Lorraine-Armagnac. Voy. Lorraine (Marguerite de Camboust,
  femme de Henri de).

  Camus de Pontcarré (Pierre), I, 280.

  Canaples (Charles III de Créquy, sire de), puis duc de Créquy, I,
  316.

  Candale (Henri de Nogaret, de La Valette et de Foix, comte, puis
  duc de), frère aîné du duc d'Epernon, I, 147.

  Candale (Louis-Charles-Gaston de Nogaret et de Foix, duc de), fils
  du duc d'Epernon, I, 7, 11, 12, 13, 14, 15, 19, 20 et suiv., 30 et
  suiv., 37, 38, 62, 68, 75, 76, 147, 154, 231, 242, 271, 300, 318,
  405; III, 281.

  Canion (commandeur de), I, 315.

  Cantecroix (madame de), femme de Charles IV de Lorraine, III, 198;
  IV, 231.

  Caravage (Michel Ange Americhi ou Morigi, _dit_ le), I, 235.

  Carignan (le prince de), _dit_ le prince Thomas, II, 71.

  Carignan (Marie de Bourbon-Soissons, princesse de), II, 71.

  Carmain ou Cramail. Voy. Cramail.

  Cassagnet (Gabriel de), marquis de Tilladet. Voy. Tilladet
  (Gabriel de Cassagnet, marquis de).

  Castellane (un), I, 137.

  Castellane (Anne-Elisabeth de Rassan, marquise de, puis marquise
  de Ganges). Voy. Ganges (marquise de).

  Castelnau (Marie-Charlotte de), femme du comte de Louvigny, plus
  tard duc de Gramont, I, 136.

  Castelnau (Jacques, marquis et maréchal de), III, 348, 350, 465.

  Castelnau (Michel II de), III, 465.

  Castelnau (Louise-Marie Foucault, femme de Michel II de), III,
  465.

  Castelnau (Marie-Charlotte de), duchesse de Gramont. Voy. Gramont.

  Castiglione (Laurent-Onuphre Colonna de Gioëni, prince de). Voy.
  Colonna (Connétable).

  Castille (Pierre), I, 24.

  Castille-Villemareuil (M. de), intendant de la maison de Monsieur
  (Gaston d'Orléans), 1615, I, 25.

  Castille-Villemareuil (Marie-Madeleine de), 2e femme de Fouquet,
  I, 25.

  Castille (Jeannin de). Voy. Jeannin de Castille.

  Castle-Maine (Roger Pulner, comte de), I, 238.

  Catau-la-Borgnesse. Voyez Beauvais (madame de).

  Catelan (François), partisan, I, 89.

  Catinat (Nicolas, maréchal de), I, 296; IV, 145, 146.

  Caumartin (l'abbé Le Fèvre de), IV, 182.

  Caumesnil (Alexandre de Moreuil, marquis de), I, 316.

  Caumont La Force. Voy. La Force.

  Cavoie (Louis Oger, chevalier, puis marquis de), I, 69, 277; II,
  179.

  Cavoie (Louise-Philippe de Coëtlogon, femme de Louis Oger, comte
  de), II, 179.

  Caylus (Marthe-Marguerite de Villette, femme du marquis de), IV,
  183.

  Caylus (marquis de), IV, 183.

  Caylus (l'abbé de), IV, 183.

  Celoron (?), I, 90.

  Césy (Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret, femme de Philippe de
  Harlay, comte de), puis femme de François-René du Bec Crespin,
  marquis de Vardes. Voy. Vardes (Jacqueline de Bueil, femme de
  François-René du Bec Crespin, marquis de).

  Césy (Philippe de Harlay, comte de), I, 270.

  Chabot (Henri), duc de Rohan. Voyez Rohan (Henri Chabot, duc de).

  Chalais (Henri de Talleyrand, comte de), I, 24.

  Chalais (Charlotte Jeannin de Castille, d'abord comtesse de
  Charny, puis comtesse de), I, 24, 295, 303; II, 341.

  Challard (du), V. Duchallard.

  Chalon du Blé (Louis), marquis d'Uxelles. Voyez Uxelles (marquis
  d').

  Chamanieu (Loras de), III, 352.

  Chamarante (M. de), I, 291; IV, 26.--_Erratum_, lisez:

  Chamarande, non Chamarante (Clair Gilbert d'Ornayson, seigneur de),
  un des quatre premiers valets de chambre du Roi.

  Chambes (Marie-Geneviève de), comtesse de Montsoreau, femme de
  Louis-François, marquis de Sourches. Voy. Sourches.

  Chamlay (Jules-Louis Baulé, marquis de), IV, 175.

  Champlatreux (Molé de). Voy. Molé de Champlatreux.

  Champré (Catherine-Henry, femme, 1º de Ferrier, fils du ministre,
  2º du conseiller Menardeau, sieur de), I, 410.

  Chandenier (François de Rochechouart, marquis de), I, 75.

  Chanleu et non Clanleu (baron de), I, 180. [N. B. _Chanleu_ est le
  nom que lui donne la _Gazette de France_.]

  Chantereau (Louis Lefebvre-), procureur du cardinal Mazarin, I,
  278.

  Chapelain (Jean), de l'Académie française, I, 306; IV, 83.

  Chapelles (François de Rosmadec, comte des), II, 187; III, 254.

  Chappuzeau (Samuel), II, 30.

  Charles I, roi d'Angleterre, I, 218, 230; IV, 231.

  Charles II, roi d'Angleterre, I, 41, 42, 204, 226, 238, 240, 241,
  242, 257; II, 182, 200, 201, 213; IV, 276, 277.

  Charron (Marie), femme de J.-B. Colbert, II, 426.

  Charrost (Louis de Béthune, comte de), I, 75.

  Chartrain (Gilles de), II, 286.

  Chartrain (Jeanne de Créquy, femme de Gilles de), II, 286.

  Chartrain (M. de), fils de Gilles de Chartrain, II, 286.

  Chartres (Philippe, duc de), puis duc d'Orléans, I, 325.

  Chartres (Françoise-Marie, mademoiselle de Blois, femme de
  Philippe, duc de), fille de Louis XIV et de madame de Montespan,
  IV, 223.

  Chasteauneuf (M. de) ou Châteauneuf, Secrétaire d'Etat, garde des
  sceaux, etc., I, 144, 148, 149, 256, 407.

  Chasteau-Thierry ou Château-Thierry (Henri-Ignace de La Tour
  d'Auvergne, duc de), IV, 267.

  Chasteauvieux (M. de) ou Châteauvieux, I, 315.

  Chastillon ou Châtillon (Gaspard, comte de Coligny, puis duc et
  maréchal de), I, 155, 176, 210, 405.

  Chastillon ou Châtillon (Anne de Polignac, maréchale de), I, 176.

  Chastillon ou Châtillon (Gaspard IV de Coligny, marquis d'Andelot,
  puis duc de), après son frère aîné, I, 62, 154 et suiv., 176, 178,
  188, 208, 209, 403.

  Chastillon ou Châtillon (Henriette, fille aînée du maréchal de),
  mariée au comte de La Suze. Voy. La Suze (comtesse de).

  Chastillon ou Châtillon, (Elisabeth-Angélique de
  Montmorency-Boutteville, femme: 1º de Gaspard IV, duc de), puis 2º
  du prince de Wurtemberg, I, 41, 42, 135, 144, 153 et suiv., 156,
  157, 210, 266, 273, 276, 295, 413; II, 72, 187; III, 254. Voy.
  Wurtemberg.

  Chastillon ou Châtillon (Maurice de), comte de Coligny. Voy.
  Coligny (Maurice de Chastillon, comte de).

  Chastillon (François de), seigneur de Bois-Rogues, père de
  Claude-Elzéar de Chastillon, III, 253.

  Chastillon (Claude-Elzéar, chevalier de), III, 253.

  Chatelaillon (le baron de), III, 70.

  Chatelaillon (Anne Marchand, veuve du baron de), 1re femme de
  Constant d'Aubigné, III, 70.

  Chaulnes (Charles-Honoré d'Albert, duc de), II, 59, 75.

  Chaumont (Guy de), marquis de Guitry, IV, 26.

  Chaumont (Marie de Bailleul, femme de Jean de), soeur du président
  de Bailleul, I, 253.

  Chavannes (madame de), probablement bru du financier Nicolas
  Rambouillet, I, 254.

  Chavigny (Léon de Bouthillier, comte de), I, 191, 214, 223, 296;
  II, 346.

  Chavigny (Anne Phelippeaux, femme de Léon de), II, 346.

  Chavigny (Armand de Bouthillier de), seigneur de Pons, II, 346.

  Chavigny (Elisabeth Bossuet, femme d'Armand de Bouthillier de),
  II, 346.

  Chavigny (Louise-Françoise de Bouthillier de), femme du maréchal
  de Clérambault. Voy. Clérambault (maréchale de).

  Chelles (Jeanne de Scorrailles, abbesse de), II, 469; IV, 272.

  Chemerault (Geoffroy de Barbezières, comte de La Roche-), I, 294.

  Chemerault (mademoiselle de Barbezières de), nièce d'une première
  mademoiselle de Chemerault qui devint madame de La Bazinière, I,
  263, 293, 294, 295.

  Chenu, rentier de Paris, ami de Guy Patin, I, 90.

  Chevreuse (hôtel de), III, 499.

  Chevreuse (Claude de Lorraine, prince de Joinville, duc de), I,
  143, 145, 208.

  Chevreuse (Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de), femme, 1º de
  Charles d'Albert de Luynes, 2º de Claude de Lorraine, duc de
  Chevreuse, I, 42, 78, 143 et suiv., 193, 194, 197, 207, 409, 415;
  II, 47, 48, 71, 89; III, 506.

  Chevreuse (Charlotte-Marie de), fille de la duchesse et de son
  second mari Claude de Lorraine, I, 4, 145, 195; IV, 254.

  Chevreuse (Charles-Honoré d'Albert, duc de Luynes, de Chaulnes et
  de), dont une fille aînée épousa le prince de Tingry, III, 491.

  Chevreuse (Marie-Anne et non Marie-Thérèse d'Albert de), princesse
  de Tingry. Voyez Tingry (Marie-Thérèse d'Albert, femme de
  Charles-François-Frédéric de Montmorency, duc de Luxembourg,
  prince de).

  Chevreuse (Anne-Marie de), abbesse du Pont-aux-Dames, fille de la
  duchesse, I, 145.

  Chevreuse (un marquis de), III, 79 et suiv.

  Choisy (Jeanne-Olympe Hurault de l'Hôpital, comtesse de), I, 37,
  111, 112; II, 28, 75, 76.

  Choisy (François-Timoléon, abbé de), fils de la précédente, I, 37.

  Christine de France, femme de Victor-Amédée, duc de Savoie, II,
  29.

  Christine, reine de Suède, I, 53, 54, 254, 294.

  Chigi (Fabio), II, 80 et suiv., 90 et suiv., 99, 109, 312.

  Chison, médecin, II, 88, 89.

  Chiverny (Cécile-Elisabeth Hurault de), marquise de Monglas. Voy.
  Monglas (marquise de).

  Choiseul-Praslin (Isabelle de), femme de Henri du
  Plessis-Guénégaud. Voyez Plessis-Guénégaud (Isabelle de Choiseul
  Praslin, femme de Henri du Plessis-Guénégaud).

  Cinq-Mars (Henri de Coiffier, dit Ruzé, marquis de), I, 213, 293,
  294; II, 406; III, 348.

  Citois ou Sitois, médecin (M.), IV, 212.

  Clanleu (baron de). Voy. Chanleu (baron de).

  Clarendon (Anne Hyde de), duchesse d'Yorck. Voy. Yorck (duchesse
  d').

  Clément, accoucheur, II, 376, 377, 378, 379, 411.

  Clérambault (Philippe de Palluau, comte, puis maréchal de), I, 62,
  294, 295.

  Clérambault (Louise-Françoise Bouthillier de Chavigny, maréchale
  de), I, 295, 296.

  Clérambault (René Gillier, baron de Puygarreau, marquis de), I,
  76, 296, 406, 410.

  Clérambault (Louise de Bellenave, comtesse du Plessis, marquise
  de), I, 296.

  Clérambault (Marie-Gilonne de), fille de René de Puygarreau,
  marquis de Clérambault; 2e femme de Charles-François-Frédéric de
  Montmorency, duc de Piney-Luxembourg. Voy. Luxembourg
  (Marie-Gilonne Gillier de Clérembault, 2e femme du duc de).

  Clère (Charles de Fontaine-Martel, comte de), I, 325.

  Clermont (maison de), d'où sont sortis les Clermont d'Amboise,
  Clermont de Galerande, Clermont de Resnel, Clermont de St-Georges.
  I, 329.

  Clermont (de), I, 316.

  Clermont (François de Paule de), marquis de Monglas. Voy. Monglas
  (marquis de).

  Clermont-Tonnerre (Marie-Charlotte-Bonne-Thérèse de), femme du
  maréchal duc de Luxembourg. Voy. Luxembourg (duchesse de).

  Clermont Tonnerre (François, marquis de), I, 315.

  Clermont Tonnerre (François de), évêque de Noyon, fils du
  précédent, IV, 182, 205.

  Cleveland (duchesse de). Voy. Saint-Villiers (Barbe de).

  Coaquin (madame de). Voy. Coatquen (madame de).

  Coatquen (madame de), I, 187.

  Cochonnet, curé de Lasine (pseudonyme), III, 140.

  Coëtlogon (René-Hyacinthe, marquis de), II, 179.

  Coëtlogon (Louise-Philippe), femme de Louis Oger, comte de Cavoye,
  II, 179, 184.

  Coeuvres (François-Annibal, maréchal d'Estrées, marquis de). Voy.
  Estrées (maréchal d').

  Coeuvres (Antoine, marquis de), fils du maréchal d'Estrées, père
  de François-Annibal III, marquis de Coeuvres, II, 345.

  Coeuvres (François-Annibal III d'Estrées, marquis de), III, 218,
  258.

  Coeuvres (Madelaine de Lyonne, femme de François-Annibal
  d'Estrées, marquis de), petit-fils du maréchal, II, 405; III, 207,
  217, 218 et suiv., 246 et suiv.

  Colbert (Jean-Baptiste), I, 131, 255; II, 100, 373, 426; III, 47,
  153, 361, 362, 454; IV, 169, 179.

  Colbert (Marie Charron, femme de Jean-Baptiste), II, 426.

  Colbert (Antoine Martin), chevalier de Malte, dit le chevalier
  Colbert, II, 425, 426; III, 361, 362.

  Colbert (Louis), d'abord abbé de Bonport, puis
  capitaine-lieutenant de la 2e compagnie des mousquetaires à
  cheval, II, 398.

  Colbert (Jeanne-Marie), duchesse de Luynes. Voy. Luynes (duchesse
  de).

  Colbert de Villacerf (Edouard), IV, 31, 130.

  Coligny (François de Chastillon, amiral de), père du maréchal de
  Chastillon, I, 176.

  Coligny (Gaspard de), duc de Chastillon, après son frère aîné.
  Voy. Chastillon (Gaspard IV de).

  Coligny (Maurice, comte de), frère du duc de Chastillon, I, 188.

  Colombel (...), II, 46.

  Colonna de Gioëni (Laurent-Onuphre), connétable, prince de Paliano
  et de Castiglione, I, 285; II, 17, 33.

  Colonna (Marie Mancini, connétable), I, 219, 283 et suiv., 289;
  III, 29; IV, 245 et suiv.

  Combé (madame de), IV, 179.

  Comminges (maison de), I, 139.

  Comminges (Gaston-Jean-Baptiste, comte de), capitaine des gardes
  du Roi, I, 73, 139, 411.

  Comminges (Sybille-Angélique d'Amalby, femme du comte de), I, 411.

  Condé (Henri II de Bourbon), père du grand Condé, I, 189, 193,
  244; II, 440.

  Condé (Charlotte-Marguerite de Montmorency, princesse douairière
  de), femme de Henri de Bourbon-Condé, I, 157, 160, 189, 190.

  Condé (Louis II de Bourbon, prince de), _dit_ le grand Condé, I,
  VIII, IX; 31, 49, 52, 62, 68, 73, 75, 76, 130, 137, 144, 149, 154,
  155, 157 et suiv., 176, 179 et suiv., 186 et suiv., 195, 198 et
  suiv., 208 et suiv., 216 et suiv., 232, 239, 249 et suiv., 292,
  297, 298, 415, 416; II, 45, 72, 168, 201, 386, 400, 440; III, 429,
  474, 475; IV, 231, 257, 261, 267, 280.

  Condé (Claire-Clémence de Maillé, femme du prince Louis II de), I,
  240; II, 87, 340.

  Condé (Henri-Jules de Bourbon, prince de), fils du précédent, II,
  48, 201, 386; III, 198, 239, 429 et suiv., 474.

  Condé (Anne de Bavière, femme du prince Henri-Jules de), III, 198,
  430.

  Congis-Moret (M. de), I, 316.

  Conrart (Valentin), de l'Académie françoise, III, 171.

  Conti (Armand de Bourbon, prince de), I, 12, 31, 56, 68, 78, 145,
  148, 186 et suiv., 271, 283 et suiv., 401, 416; II, 88; III, 163,
  474.

  Conti (Anne-Marie Martinozzi, princesse de), femme du précédent,
  I, 195, 271; II, 71; III, 163, 474.

  Conti (Louis-Armand de Bourbon, prince de), fils d'Armand, III,
  163, 474, 475, 476; IV, 186, 187, 262.

  Conti (Marie-Anne, légitimée de France, femme de Louis-Armand de
  B., prince de), III, 163, 192, 196, 198, 203, 471, 474, 475; IV,
  136 et suiv., 224 et suiv.

  Conti (François-Louis de Bourbon, duc de La Roche-sur-Yon, puis
  prince de), III, 192.

  Cordoue (Gonzalve de), IV, 145.

  Corneille (Pierre), II, 215; III, 226; IV, 21, 22.

  Corneille (Thomas), III, 430.

  Cornouaille, prêtre, I, 6.

  Cornu (la), I, 182.

  Cornuel (famille), I, 84-96.

  Cornuel (Claude), intendant, contrôleur général des finances, puis
  Président de la Chambre des comptes, I, 87.

  Cornuel (Françoise Dadien, veuve de Gabriel de Machault, 2e femme
  de Claude), I, 87.

  Cornuel (Guillaume), trésorier de l'extraordinaire des guerres, I,
  87.

  Cornuel (Anne Bigot, seconde femme de Guillaume), I, 53, 300.

  Cornuel (Marguerite), fille de Guillaume Cornuel et de sa première
  femme, Marie Combefort, veuve de Le Gendre, I, 99, 100, 101, 102,
  103, 110, 232.

  Cosnac (Daniel de), archevêque d'Aix, I, 195; II, 27.

  Cospeau ou Cospean (Philippe), évêque d'Aire, puis de Nantes et
  enfin de Lisieux, I, 153; IV, 281.

  Cossé-Brissac (famille de), IV, 204.

  Cotin (l'abbé Charles), I, 168.

  Coulanges (Philippe-Emmanuel de), II, 266, 420.

  Coulanges (Marie-Angélique du Gué, femme de Philippe-Emmanuel de),
  I, 56.

  Coulon (Jean), conseiller au parlement, III, 504.

  Coulon (Mme), fille de Claude Cornuel, femme de Jean Coulon,
  conseiller au parlement, I, 87.

  Coulon (Marie), femme de Nicolas Bautru, comte de Nogent. Voyez
  Nogent (Marie Coulon, femme de Nicolas Bautru, comte de).

  Courtaumer (Jeanne de Caumont, femme du marquis de Saint-Simon-).
  Voy. Saint-Simon-Courtaumer (Jeanne de Caumont, marquise de).

  Courtenay (Louis, prince de), père de Louis-Charles, II, 88; III,
  404, 405; IV, 262.

  Courtenay (Louise-Chrétienne de Harlay, femme de Louis, prince
  de), II, 88; IV, 262.

  Courtenay (Louis-Charles, prince de), fils de Louis, II, 88; IV,
  262.

  Courtenay (Marie de Lameth, 1re femme de Louis-Charles, prince
  de), IV, 262.

  Courtenay (Hélène de Besançon, 2e femme de Louis-Charles, prince
  de), IV, 262.

  Courtilz (Gatien des), II, 398; III, 412.

  Cousin (M. Victor), I, 143.

  Coypel (Antoine), peintre, IV, 227.

  Craff (Mylord René) ou Crofts, I, 39 et suiv., 218, 219, 230 et
  suiv., 237, 275.

  Cramail, Cramailles ou Carmain (Adrien de Montluc, prince de
  Chabanais, puis comte de), I, 300.

  Cramail (Jeanne de Montluc, comtesse de), femme de Charles
  d'Escoubleau de Sourdis, marquis d'Alluye. Voyez Sourdis (Jeanne
  de).

  Crenan (Pierre de Perrien, marquis de), IV, 145.

  Créqui (Madelaine de Bonne, femme de Charles Ier, premier maréchal
  de), grand'mère de Charles III de Créqui, II, 404.

  Créqui (Madeleine de), fille de Charles Ier de Créqui, femme de
  Nicolas de Neufville, maréchal, duc de Villeroy. Voy. Villeroy
  (Madeleine de Créqui, femme de Nicolas de Neufville, maréchal, duc
  de).

  Créqui (Charles-François de Bonne de), duc de Lesdiguières, fils
  du premier maréchal de Créqui, III, 215.

  Créqui (Anne de La Magdelaine de Ragny, 2e femme de
  Charles-François de Bonne de), III, 215.

  Créqui (Charles II de), seigneur de Ramboval, II, 286.

  Créqui (Charles III, duc de), fils de Charles III de Créqui, frère
  aîné du 2e maréchal, I, 6; II, 80, 109, 271, 273, 394.

  Créqui (Armande de Saint-Gelais Lusignan de Lansac, femme de
  Charles III, duc de), II, 80 et suiv., 91 et suiv., 106, 109, 380;
  III, 401; IV, 262, 263, 269, 278.

  Créqui (Madelaine de), fille de Charles III de Créqui, princesse
  de Tarente. Voy. Tarente (Madelaine de Créqui, femme de
  Charles-Belgique-Hollande de la Trémouille, duc de Thouars, prince
  de).

  Créqui (François, marquis de Marines, 2e maréchal de), 4e fils de
  Charles II de Créqui, I, 62; II, 404; III, 215, 496, 499 et suiv.,
  508.

  Créqui (Catherine Rougé du Plessis-Bellière, femme du 2e maréchal
  de), III, 496.

  Créqui (François-Joseph, marquis de), fils aîné du 2e maréchal,
  III, 379, 495 et suiv., 508, 509.

  Créqui (Anne-Charlotte d'Aumont, femme du marquis François-Joseph
  de), III, 379, 496, 499 et suiv.

  Crevant (M. de), probablement un Crevant d'Humières, I, 315. Voy.
  Humières.

  Crofts (Mylord René) ou Craff. Voy. Craff.

  Croissy (Colbert de), IV, 179.

  Crussol (Catherine-Louise-Marie de), fille du duc d'Usez, femme du
  marquis de Barbezieux. Voy. Barbezieux (marquise de).

  Crussol (Julie-Françoise de), femme du duc d'Antin. Voy. Antin
  (duchesse d').

  Cusac (N... de Rotondis de Caheusac ou Cahusac, _dit_ de), frère
  de N... de Rotondis de Biscarras et du s{r} de Rotondis, II, 154.


  Dadien (Françoise), veuve de Gabriel de Machault, 2e femme de
  Claude Cornuel, I, 87.

  Daillon (Jean de). Voy. Lude (du).

  Dampierre (Marie Fourré de), I, 213.

  Daquin, médecin, III, 127, 128; IV, 151.

  Darcy. Voy. Arcy (d').

  Dauphin (Louis, fils de Louis XIV, _dit_ le 1er), II, 421 et
  suiv.; III, 54, 163, 177, 178, 182, 185 à 204, 471, 493 et suiv.;
  IV, 130, 136 et suiv., 224, 274, 275.

  Dauphine (Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, femme de
  Louis, dauphin de France, fils de Louis XIV), II, 465; III, 54,
  55, 186 et suiv., 471, 494 et suiv., 508; IV, 151, 274.

  Dauvet (Louise-Diane), femme de Jeannin de Castille, marquis de
  Montjeu. Voy. Jeannin de Castille, marquis de Montjeu
  (Louise-Diane Dauvet, femme de Gaspard).

  Deffita (M.). Voy. Effita (M. d').

  Delorme (Marion). Voyez Marion Delorme.

  Delorme (Charles), médecin, IV, 72.

  Deodatus, sobriquet de Louis XIV. Voy. Louis XIV.

  Descartes (René), III, 46.

  Deschiens (financier), II, 420.

  Deschiens (Marie-Angélique du Liscouet, femme d'Antoine-Arthur),
  II, 420.

  Desfonandrès, surnom de Desfougerais ou Desfougerets dans Molière.
  Voy. Desfougerais.

  Desfontaines (?), II, 109.

  Desfougerais ou Desfougerets, I, 198, 201.

  Deshoulières (Antoinette du Ligier de La Garde, madame), I, 58.

  Despréaux (Nicolas Boileau). Voy. Boileau.

  Digby (Georges Kenelm, lord), comte de Bristol, I, 204, 205, 218,
  221, 222 et suiv., 229 et suiv., 258.

  Digby (lady Anne, 2e fille de François, comte de Bedford, femme de
  lord), I, 218, 219.

  Digby (Anne), fille de Kenelm Digby et femme de Robert Spencer.
  Voy. Spencer (Robert), comte de Southerland.

  Dieudonné, surnom de Louis XIV, I, 218.

  Dognon (Louis de Foucault, comte du), maréchal de France. Voyez
  Foucault (le maréchal).

  Donna Anna, c'est-à-dire Anne d'Autriche. Voyez Anne d'Autriche.

  Douzenceau (Nicolas Viole). Voy. Viole (Nicolas).

  Dreux (Joachim de), conseiller au grand Conseil, III, 340.

  Dubois (Jacques), _dit_ Sylvius, II, 124.

  Duchallard, capitaine de vaisseau, commandant le _Content_, IV,
  177.

  Dumas (Alexandre), I, 143.

  Dubail, du Bail ou d'Ubail, III, 254.

  Du Mesnil (madame), III, 230 et suiv.

  Dumeter (le P.), III, 71.

  Dupré, marchand d'orviétan, II, 421.

  Dupré, joueur, III, 334, 336.

  Dupré (Madelon), courtisane, II, 448, 450, 451.

  Duras (Jacques-Henri de Durasfort, duc et maréchal de), IV, 203.

  Duras (Marguerite-Félice de Levis Ventadour, femme de
  Jacques-Henri, maréchal de), IV, 203.

  Durasfort (Jacques-Henri de), duc et maréchal de Duras. Voy. Duras
  (Jacques-Henri, duc et maréchal de).

  Durasfort (Guy de), duc et maréchal de Lorge. Voy. Lorge (Guy de
  Durasfort, duc et maréchal de).

  Durtal (comte de). Voy. La Roche-Guyon (Roger du Plessis, duc de),
  seigneur de Liancourt, comte de Durtal.

  Duryer, cabaretière à Saint-Cloud, I, 199; II, 416.

  Duval, valet de pied de la princesse de Condé, I, 240.

  Duverger (le P.), III, 73.


  Ecquevilly (Marie-Madelaine de Chambes de Montsoreau, femme de
  Louis-Anne Dauvet, comte d'), I, 199.

  Edouard de Bavière, comte Palatin du Rhin. Voy. Bavière (Edouard
  de), comte palatin.

  Effiat (Martin Ruzé, marquis d'), II, 406.

  Effiat (Isabelle Escoubleau de Sourdis, femme de Martin Ruzé,
  seigneur d'), II, 406.

  Effiat (Antoine Coiffier _dit_ Ruzé, marquis d'), neveu de Cinq
  Mars, premier écuyer de Monsieur, frère de Louis XIV, I, 8; II,
  406 à 413; III, 309, 312.

  Effita (M. d'), II, 140; III, 362.

  Elbène (Guy, comte d'), III, 440.

  Elbeuf (Charles III de Lorraine, prince d'Harcourt, puis duc d'),
  I, 139, 328; II, 346.

  Elbeuf (Anne-Elisabeth de Launoy, femme du précédent duc d'), II,
  79.

  Elbeuf (Marie-Marguerite-Ignace de Lorraine, soeur de Charles III,
  duc d'Elbeuf, _dite_ mademoiselle d'), I, 303.

  Elbeuf (Anne-Elisabeth de Lorraine d'), femme du prince de
  Vaudemont. Voy. Vaudemont (Anne-Elisabeth de Lorraine d'Elbeuf,
  femme de Charles-Henri, légitimé de Lorraine, prince de), IV, 231.

  Elisabeth (la reine) d'Angleterre, I, 228.

  Empereur d'Allemagne (Léopold I), II, 197, 200. Voy. aussi
  Ferdinand III.

  Enguien (le duc), fils du grand Condé, I, 149, 182. Voy. Condé
  (Henri-Jules, prince de).

  Epinoy (princesse d'). Voy. Espinoy (princesse d').

  Ep... ou Esp... [chercher Esp...]

  Erizzo, ambassadeur de Venise, IV, 128, 215. N. B. p. 128, lire
  Erizzo au lieu de Frizzo.

  Erizzo (... femme de M.), ambassadeur de Venise, IV, 215, 216.

  Erizzo (Louise), fille de l'ambassadeur de Venise, IV, 216.

  Erlaut (Samuel de Bechilon, sieur d'). Voy. Bechilon (Samuel de).

  Escoubleau de Sourdis. Voy. Sourdis.

  Esguilly-Vassé (René d'), I, 115. Voy. Vassé.

  Esmery (Particelli d'), I, 294.

  Espagny (Maximilien Gouffier, marquis d'), II, 351.

  Espagny (Honoré Gouffier, abbé de Valseri, _dit_ l'abbé d'), II,
  351.

  Espernon (hôtel d'), III, 499.

  Espernon (Bernard de Nogaret de La Valette et de Foix, duc d'), I,
  12, 30, 62; II, 131; III, 70, 71, 475.

  Espernon (Gabrielle-Angélique, fille légitimée d'Henri IV,
  duchesse d'), I, 12.

  Espernon (mademoiselle d'), fille du duc, soeur de Candale, I,
  147, 148.

  Espinay Saint-Luc (Renée d'), marquise de Beuvron, I, 8.

  Espinay Saint-Luc (Louis d'), comte d'Estelan ou Etelan. Voy.
  Estelan (comte d').

  Espinchal (Charles-Gaspard d'), I, 315.

  Espinoy (Jeanne-Pélagie de Rohan-Chabot, 2e femme d'Alexandre
  Guillaume de Melun, prince d'), III, 49; IV, 270.

  Espinoy (Thérèse de Lorraine, fille de François de Lorraine, comte
  de Lislebonne, femme de Louis et bru d'Alexandre-Guillaume de
  Melun, prince d'), III, 198.

  Este (Marie-Béatrix-Eléonore d'), reine d'Angleterre, 2e femme de
  Jacques II, IV, 216.

  Estelan (Louis d'Espinay Saint-Luc, comte d'), I, 8.

  Estève (le P.), jésuite prédicateur, I, 65.

  Estissac (François de la Rochefoucauld, 1er marquis d'), parrain
  de Mme de Maintenon, III.

  Estoublon (Jacques de Grille, marquis d'), I, 256.

  Estrades (Godefroy, comte d'), ambassadeur de France à Londres,
  II, 42, 72.

  Estrées (Antoine d'), père du maréchal, I, 244.

  Estrées (Françoise Babou de la Bourdaisière, femme d'Antoine d'),
  mère du maréchal d'Estrées, III, 252.

  Estrées (François-Annibal d'), marquis de Coeuvres, maréchal de
  France, frère de Gabrielle d'Estrées, I, 151, 244, 315; II, 354;
  III, 218, 251, 252, 350.

  Estrées (Marie de Béthune-Charrost, 1re femme du maréchal d'),
  III, 252.

  Estrées (Anne-Habert de Montmort, 2e femme du maréchal d'), III,
  252.

  Estrées (Gabrielle de Longueval, fille d'Achille de Manicamp, 3e
  femme du maréchal d'), I, 69, 151; III, 252, 253, 349, 350.

  Estrées (Jean, comte d'), 2e fils du maréchal François-Annibal
  d'Estrées, I, 244, 245.

  Estrées (César d'), d'abord évêque de Laon, puis cardinal, 3e fils
  de François-Annibal d'Estrées, I, 244, 245; II, 344, 345; III, 254
  et suiv.; IV, 216.

  Estrées (Gabrielle d'), 4e fille d'Antoine d'Estrées, I, 151, 294;
  III, 252.

  Estrées (Julienne-Hyppolyte d'), femme de Georges de Brancas,
  marquis, puis duc de Villars, 5e fille d'Antoine d'Estrées, I, 56;
  II, 345.

  Etampes de Valençay (Eléonor d'), archevêque de Reims, I, 220.

  Etampes de Valençay (Charlotte d'), madame de Puysieux. Voy.
  Puysieux (madame de).

  Etampes de Valençay (le cardinal Achille d'). Voy. Valençay (le
  cardinal Achille d'Etampes de).

  Eugène (le prince) de Savoie. Voy. Savoie (le prince Eugène de).

  Evrard (Perpète), peintre, III, 312.


  Fagon (Guy Crescent), médecin, III, 150; IV, 151, 161 et suiv.,
  210 et suiv.

  Fargis (famille d'Angennes du), III, 135.

  Fargues, frondeur, I, 65.

  Farsam (mademoiselle de Keroualle, comtesse de). Voy. Keroualles
  (mademoiselle de).

  Faure (le P. François), évêque d'Amiens, I, 228.

  Favin ou plutôt Favier (M. du Boulai-). Voy. Boulai-Favin (M. du).

  Félix, chirurgien, III, 150.

  Fénelon (François de Salignac de La Motte-), IV, 183, 184.

  Ferdinand III, empereur d'Allemagne, IV, 200.

  Ferrier (Jérémie), ministre protestant, I, 410; III, 137.

  Fervaques (Guillaume, seigneur de), maréchal de France, III, 230,
  238.

  Fervaques (le marquis de), fils de Noel Bullion, seigneur de
  Bonnelle, I, 83; III, 302 et suiv., 392 et suiv.

  Feuquières (Isaac de Pas, marquis de), I, 137.

  Feuquières (Anne-Louise de Gramont, femme d'Isaac de Pas, marquis
  de), I, 263.

  Feuquières de Salins (madame de), I, 100.

  Feydeau (Marie), femme de Timoléon de Daillon du Lude, gouverneur
  de Gaston d'Orléans. Voy. Lude (du).

  Fiennes (mademoiselle de Fruges, de la maison de Fiennes, femme de
  Henri Garnier, comte des Chapelles, dont elle ne porta jamais le
  nom, gardant celui de), I, 111, 112, 413; III, 310.

  Fiesque (Anne Le Veneur, comtesse de), mère de Charles-Léon et
  belle-mère de Gilonne d'Harcourt, I, 149, 403.

  Fiesque (Charles-Léon, comte de), I, 52, 121.

  Fiesque (Charles-Léon, comte de), III, 210, 306.

  Fiesque (Gilonne d'Harcourt, marquise de Piennes, puis comtesse
  de), _dite_ aussi la Reine Gillette, I, 9, 32, 49 et suiv., 70,
  83, 120, 121, 123, 130, 149, 265, 300, 328, 330, 414; II, 181;
  III, 210, 240, 306, 473.

  Fiesque (Jean-Louis-Marie, comte de), fils de Charles-Léon, comte
  de Fiesque, I, 52; III, 210 et suiv., 244 et suiv., 306 et suiv.

  Fiesque (François, chevalier de), I, 148.

  Fieubet (Gaspard I de), baron de Launac, trésorier de l'Epargne,
  père de Gaspard de Fieubet, chancelier de la reine Anne
  d'Autriche, I, 206.

  Fieubet (Claude Ardier, femme du trésorier de l'Epargne Gaspard I
  de), I, 206.

  Fieubet (Gaspard II de), chancelier de la reine Marie-Thérèse, I,
  206.

  Fieubet (Marie Ardier, femme de Gaspard II de), I, 206.

  Fieubet (Claude de), femme de Jeannin, I, 206.

  Filastre (la), IV, 283.

  Fleuri (marquis de), II, 350, 351.

  Florence, une des femmes de madame de Bagneux, II, 322 et suiv.

  Foix (Henri-François de Foix de Candale, duc de), II, 447, 448,
  450.

  Foix (Marie-Charlotte de Roquelaure, femme du duc de), II, 448,
  449, 450.

  Fontaine-Martel (marquis de), père du comte de Clère et du marquis
  d'Arcy, I, 325.

  Fontaine-Martel (N... de Bordeaux, femme du marquis de), I, 182.

  Fontanges (Marie-Angélique de Scorailles, duchesse de), I, 72,
  218; II, 459 et suiv.; III, 3 à 58, 66, 146, 175; IV, 264 à 272,
  276 à 283, 287, 288.

  Fontenay (M. de), I, 315.

  Forbin-Janson (Gaspard de), père du chevalier de Forbin, II, 397.

  Forbin-Janson (Claire de Libertat, femme de Gaspard, marquis de),
  II, 397.

  Forbin, marquis de Janson (Laurent de), gouverneur d'Antibes,
  frère aîné du chevalier, II, 397.

  Forbin (Melchior, chevalier de), I, 296; II, 397, 398.

  Forbin-Janson (le cardinal de), évêque de Beauvais, le plus jeune
  frère du chevalier, II, 397.

  Fosseuse (le chevalier de), II, 288-333.

  Fosseuse (mademoiselle de), fille d'honneur de la reine, II, 288.

  Foucault (Louis, comte du Dognon, maréchal), I, 213, 300, 412.

  Foucault (Marie Fourré et non Foussé de Dampierre, femme du
  maréchal), I, 213.

  Foucault (Louise-Marie), femme de Michel II de Castelnau. Voy.
  Castelnau (Louise-Marie Foucault, femme de Michel II de
  Castelnau).

  Fougeray (Claude de Sainte-Maure, seigneur du). Voy. Sainte-Maure
  (Claude de).

  Fouilleuse ou Fouilleux (M. de), I, 298.

  Fouilloux (Benigne de Meaux du), marquise d'Alluye. Voy. Alluye
  (Benigne de Meaux du Fouilloux, marquise d').

  Fouquet (Marie de Meaupou, femme de François), mère du
  surintendant et de l'abbé, I, 262; III, 125.

  Fouquet (Nicolas), surintendant des finances, I, IX, 25, 70, 145,
  148, 230 et suiv., 243; II, 47, 355, 356, 399; III, 496; IV, 151,
  285.

  Fouquet (Basile), abbé de Barbeaux et de Rigny, frère du
  surintendant, I, 65, 77, 142 et suiv., 205, 206, 216 et suiv.,
  230 et suiv., 265 et suiv., 405.

  Fourré [et non Foussé] de Dampierre. Voy. Foucault (maréchale).

  Foussé (Marie Fourré et non) de Dampierre, femme du maréchal
  Foucault, comte du Dognon. Voyez Foucault (maréchale).

  Fromenteau. Voy. La Vauguyon.

  François de Paule (Saint), III, 200.

  François II, duc de Bretagne, I, 252.

  Frontenac (Anne de La Grange, d'abord mademoiselle de Neuville,
  femme de Louis de Buade, comte de Palluau et de), I, 52.

  Froulay (le comte Charles de), I, 306, 316; II, 81.

  Froulay (Marguerite de Beaudean, femme de Charles, comte de), II,
  81.

  Froulay (Louis, comte de), fils de Charles de Froulay et
  Marguerite de Beaudean, II, 79, 81, 82.


  Gabrielle d'Estrées. Voyez Estrées (Gabrielle d').

  Galerande (Clermont de). Voy. Clermont (maison de).

  Galles (Charles, prince de), fils de Charles Ier, II, 200. Voy.
  Charles II.

  Ganges (Anne-Elisabeth de Rassan, veuve du marquis de Castellane,
  puis marquise de), I, 30, 35.

  Garnier (Mathieu), II, 337, 339.

  Garnier (le chevalier), II, 31, 50.

  Garnier (Suzanne), femme de Charles de Brancas. Voy. Brancas
  (Suzanne Garnier, madame de).

  Garnier (Françoise), femme de M. d'Oradour. Voy. Oradour (d').

  Garnier (Madelaine), femme de M. d'Orgères et ensuite de Molé de
  Champlatreux. Voy. Molé de Champlatreux et Orgères.

  Gassendi (Pierre), le philosophe, III, 46.

  Gaston d'Orléans, voy. Orléans (Gaston duc d').

  Gatien des Courtilz, Voy. Courtilz (Gatien des).

  Gendarme, garde du maréchal de Grancey, III, 233 et suiv.

  Gerniou, ou plutôt Jarnioux (François Henry, sieur de), I, 410.

  Gersay. Voy. Jarzay.

  Gesvres (Léon Potier, marquis, puis duc de), I, 75; III, 119.

  Gesvres (Bernard-François Potier, duc de), fils de Léon, III, 449.

  Gesvres (Marie-Madelaine-Louise de Seiglière de Boisfranc, femme
  de Bernard-François, duc de), III, 449, 450.

  Gillette (la Reine), nom _précieux_ de madame de Fiesque. Voyez
  Fiesque (comtesse de).

  Gillier de Puygarreau [et non Puygarrou], marquis de Clérambault
  (René). Voy. Clérambault (marquis de).

  Girard (Charles), seigneur du Tillet. Voy. Tillet (du).

  Giraud (Catherine), femme de Charles-François d'Angennes, marquis
  de Maintenon. Voy. Maintenon (Catherine Giraud, femme de
  Charles-François d'Angennes, marquis de Maintenon).

  Glay de la Cotardaie (Gabrielle), femme de Jean François, marquis
  de La Valière, II, 44, 45.

  Gobelin (l'abbé), III, 137.

  Godeau (Antoine), évêque de Vence et de Grasse, III, 171.

  Godet Desmarets (Paul), évêque de Chartres, III, 137.

  Goello (François de Bretagne, baron d'Avaugour, comte de Bretagne
  et de), I, 252.

  Gondran (Thomas Galant, sieur de Frierges et de), I, 318.

  Gondran (Charlotte Bigot, femme de Thomas Galant, sieur de
  Frierges et de), I, 318.

  Gondy (Paul de). Voyez Retz (cardinal de).

  Gondy de Retz (Paule-Marguerite-Françoise de), duchesse de
  Lesdiguières. Voy. Lesdiguières (duchesse de).

  Gontier (Jean-Baptiste), président en la chambre des comptes, II,
  473.

  Gonzague-Clèves (Charles de), duc de Nevers, I, 226.

  Gonzague (Marie de), femme de Jean Casimir, roi de Pologne, II,
  173.

  Gonzague (Anne de), femme d'Edouard de Bavière, prince palatin.
  Voy. Bavière (Anne de Gonzague, femme d'Edouard de).

  Gonzalve de Cordoue. Voy. Cordoue (Gonzalve de).

  Gordon ou Gourdon. Voy. Gourdon.

  Gouffier (Artus ou Arthur), marquis de Boissy. Voy. Boissy.

  Gouffier (Artus), duc de Roannez avant La Feuillade, II, 400, 401;
  IV, 267.

  Gouffier (Charlotte), duchesse de La Feuillade. Voy. La Feuillade.

  Goujon (Mathieu), sergent à verge, III, 71.

  Goulas (... de La Mothe, sieur de), I, 220.

  Gourdon (duc de), I, 297.

  Gourdon (Georges), marquis de Huntley, I, 296.

  Gourdon (John), I, 296.

  Gourdon (chevalier de), I, 296.

  Gourdon (mademoiselle de), I, 295 et suiv.

  Gourville (Jean Hérault de), I, 182, 215, 232, 271, 294.

  Gouville (Lucie de Cotentin de Tourville, femme de Michel
  d'Argouges, sieur de), I, 20, 154, 320.

  Grammont ou Gramont. Voy. Gramont.

  Gramont (Antoine II, comte de), I, 135.

  Gramont (Louise de Roquelaure, 1re femme de Antoine II, comte de),
  I, 135.

  Gramont (Claude de Montmorency-Boutteville, 2e femme de Antoine
  II, comte de), I, 135.

  Gramont (Suzanne-Charlotte de), femme de Henry Mitte de Miolans,
  marquis de Saint-Chaumont, fille de Antoine II, comte de Gramont.
  Voy. Saint-Chaumont (marquise de).

  Gramont (Philibert, chevalier, puis comte de), fils d'Antoine II,
  comte de Gramont et frère du maréchal Antoine III de Gramont et de
  la marquise de Saint-Chaumont,--d'abord connu sous le nom
  d'Andoins, I, 49 et suiv., 69, 149, 267, 293; II, 341.

  Gramont (Elisabeth Hamilton, femme de Philibert, chevalier, puis
  comte de), I, 50.

  Gramont (Antoine III, duc de), maréchal de France, I, 49, 62, 68,
  135 et suiv., 263; II, 35, 73, 79, 177, 178, 185, 375, 391; III,
  351.

  Gramont (Françoise-Marguerite du Plessis-Chivray, 1re femme du
  maréchal Antoine III de), I, 136, 245.

  Gramont (Armand de), comte de Guiche, fils aîné du maréchal
  Antoine III, duc de Gramont. Voy. Guiche (comte de).

  Gramont (Antoine-Charles, comte de Louvigny, puis duc de), fils
  d'Antoine III, duc de Gramont et frère du comte de Guiche et de la
  duchesse de Valentinois, I, 136; III, 348 et suiv.

  Gramont (Marie-Charlotte de Castelnau, duchesse de), femme
  d'Antoine-Charles, I, 136; III, 348, 350.

  Gramont (Catherine-Charlotte de), femme de Louis de Grimaldi, duc
  de Valentinois et prince de Monaco, fille d'Antoine III, duc de
  Gramont. Voy. Valentinois (duchesse de).

  Grancey (Pierre Rouxel de), père du maréchal, III, 230.

  Grancey (Charlotte de Hautemer, fille du maréchal de Fervaques,
  femme de Pierre, comte de), III, 230, 238.

  Grancey (Jacques III Rouxel, comte de), maréchal de France, I,
  151; III, 230 et suiv., 432.

  Grancey (Catherine de Mouchy, 1re femme de Jacques Rouxel,
  maréchal de), III, 230.

  Grancey (Charlotte de Mornay de Villarceaux, 2e femme de Jacques
  Rouxel, maréchal de), I, 113, 151; III, 230, 234.

  Grancey (Louise-Elisabeth, dite madame de), 16e enfant du maréchal
  Jacques III de Grancey, née de Charlotte de Mornay-Villarceaux, sa
  2e femme, III, 239, 432, 433.

  Grancey (Hardouin de), abbé de Rebec, etc., III, 433.

  Grandseigne (Diane de), femme de Gabriel, marquis de Mortemart.
  Voy. Mortemart (Diane de Granseigne, marquise de).

  Grignan (François Adhémar de Monteil, comte de), IV, 177.

  Grignan (Françoise-Marguerite de Sévigné, femme de
  François-Adhémar de Monteil, comte de), I, 141; III, 240.

  Grimaldi (Louis), prince de Monaco, duc de Valentinois. Voir
  Monaco et Valentinois.

  Grimaud (Marie de La Baume de Montrevel, femme d'Esprit Alard
  d'Esplan, marquis de), I, 412, 413.

  Grimoard de Beauvoir (Louis-Pierre Scipion de), père de Louis
  Scipion III de Grimoard de Beauvoir, comte du Roure, III, 186.

  Grimoard de Beauvoir (Claude-Marie du Gast, _dite_ mademoiselle
  d'Artigny, femme de Louis-Pierre Scipion), mère de Louis Scipion
  III de Grimoard de Beauvoir, comte du Roure, II, 91, 109; III,
  186.

  Grimoard de Beauvoir (Louis Scipion III de), comte du Roure. Voy.
  Roure (Louis Scipion III de Grimoard de Beauvoir, comte du).

  Guebriant (Renée du Bec Crespin, de Vardes, marquise de), I, 271.

  Guémené (Louis, prince de), fils du duc Hercule de Rohan-Guémené,
  duc de Montbazon, père de Charles de Rohan, duc de Montbazon qui
  épousa Jeanne de Schomberg, I, 207, 209; III, 505 et suiv.

  Guémené (Anne de Rohan, princesse de Guémené, cousine germaine et
  femme de Louis de Rohan, prince de), I, 232; III, 505.

  Guémené (Charles, prince de), fils de Charles de Rohan, duc de
  Montbazon et de Jeanne-Armande de Schomberg, et petit-fils de
  Louis VII de Guémené, III, 505, 506.

  Guémené. Voy. aussi: 1º Montauban, 2º Montbazon, 3º Rohan.

  Guénégaud (Henri du Plessis-). Voy. Plessis-Guénégaud (Henri du).

  Guénégaud, trésorier de l'Epargne (Gabriel de), frère d'Henri du
  Plessis-Guénégaud, secrétaire d'Etat, II, 414.

  Guercheville (marquisat de) Voy. La Roche-Guyon (duc de), I, 141.

  Guerchy (Marguerite du Regnier de Guerchy, _dite_ mademoiselle
  de), fille de Claude du Regnier, baron de Guerchy, et de Lucie de
  Brichanteau, I, 24, 155, 158, 403.

  Guiche (Armand de Gramont, comte de), I, 62 et suiv., 69, 70, 74,
  111, 136, 154, 232, 233, 263, 266 et suiv., 302, 313, 318, 321,
  339; II, 35, 36, 40, 61 et suiv., 73, 78, 79, 91, 92, 102, 145 et
  suiv., 391 et suiv., 400, 401; III, 351; IV, 249, 251, 262, 263.

  Guiche (Louise-Marguerite-Suzanne de Béthune, comtesse de), puis
  duchesse du Lude, I, 66, 295; II, 35, 78, 79. Voyez Lude
  (Marguerite-Louise de Béthune-Sully, veuve du comte de Guiche,
  puis duchesse du).

  Guillemette, surnom de madame de Maintenon, III, 76.

  Guilloire, secrétaire des commandements de mademoiselle de
  Montpensier, II, 266.

  Guise (Henri II de Lorraine), archevêque de Reims, puis duc de
  Guise, petit-fils de Henri I de Lorraine, duc de Guise le Balafré,
  I, 35, 155, 185, 188, 226, 228, 300, 403, 405; II, 93, 107.

  Guise (Honorée de Glimes de Grimberghe, veuve d'Albert Maximilien
  de Hennin, comte de Bossu ou Boussu, femme ou (par arrêt du
  parlement) maîtresse de Henri II de Lorraine, duc de), I, 300.

  Guise (Marie de Lorraine, _dite_ mademoiselle de), fille de
  Charles de Lorraine et soeur du duc Henri II, I, 415.

  Guise (Louis-Joseph de Lorraine, duc de), II, 271, 274.

  Guitaut (François de Pechpeyrou ou Puypeyrou-Comminges, comte de),
  père de Guillaume, qui suit, I, 152.

  Guitaut (Guillaume de Pechpeyrou ou Puypeyrou-Comminges, comte
  de), I, 73 et suiv., 95, 96, 152, 411, 414.

  Guitaut (Jeanne de La Grange, 1re femme de Guillaume de Pechpeyrou
  ou Puypeyrou, comte de), I, 73.

  Guitry (Guy de Chaumont, marquis de), II, 271, 273, 412, 458; IV,
  26.

  Guyon (Jeanne Bouvier de la Motte, madame), IV, 183, 184.


  Habert de Montmort (Anne), 2e femme du maréchal d'Estrées. Voy.
  Estrées (Anne Habert de Montmort, 2e femme du maréchal d').

  Habert de Montmort (Anne-Louise), femme de M. de Bertillac fils.
  Voy. Bertillac (madame de).

  Habert (Pierre), évêque de Cahors, I, 186.

  Hamilton (les), I, 296.

  Hamilton (Elisabeth), femme du chevalier, puis comte de Gramont,
  I, 50.

  Harcourt (d'), marquis de Beuvron. Voy. Beuvron (d'Harcourt,
  marquis de).

  Harcourt (Anne d'Ornano, femme de François de Lorraine, prince
  d'), mère de Alphonse-Henri-Charles qui suit, I, 408.

  Harcourt (Alphonse-Henri-Charles de Lorraine, prince d'), puis duc
  d'Elbeuf, I, 139.

  Harcourt (Marie-Louise-Christine Jeannin de Castille, dame de
  Moutiers, femme de Anne-Marie-Joseph de Lorraine, duc d'Harcourt,
  fils d'Alphonse-Henri-Charles, duc d'), I, 24.

  Harcourt (Henri de Lorraine, comte d'), _dit_ Cadet la Perle, IV,
  145.

  Harlay (Philippe de), comte de Césy. Voy. Césy (comte de).

  Harlay de Champvallon, (François), archevêque de Rouen, puis de
  Paris, I, 63, 64, 306; II, 266; III, 188; IV, 155 et suiv., 180 et
  suiv.

  Harlay (Lucrèce-Chrétienne de), femme du prince Louis de
  Courtenay. Voy. Courtenay (Louise-Chrétienne de Harlay, princesse
  de).

  Hautefort (famille d'), II, 420.

  Hautefort (Jacques-François, marquis d'), frère de la maréchale de
  Schomberg, I, 315.

  Hautefort (Marie d'), plus tard maréchale de Schomberg, I, 197.

  Hautefort (Surville, cadet d'). Voy. Surville.

  Hautemer (Charlotte de), femme de Pierre, comte de Grancey, fille
  du maréchal de Fervaques. Voy. Grancey (Charlotte de Hautemer,
  femme de Pierre, comte de).

  Hébert (madame), femme de chambre de Marie de Médicis, I, 253.

  Hecquetot (François de Beuvron d'), I, 199.

  Henri III, roi de France, IV, 279.

  Henri IV (le roi), I, 135, 189; II, 29, 61, 361; III, 70, 252,
  423; IV, 80, 143.

  Henri, légitimé de France, évêque de Metz, I, 294.

  Henriette de France, reine d'Angleterre, I, 257; II, 64, 70, 200;
  IV, 231.

  Henriette d'Angleterre, femme du duc d'Orléans, Voy. Orléans
  (Henriette, duchesse d').

  Henry (François), sieur de Gerniou ou mieux Jarnioux. Voy.
  Gerniou.

  Henry (Catherine), femme, 1º de Ferrier, fils du ministre
  protestant, 2º du conseiller Menardeau, sieur de Champré. Voy.
  Champré (madame de).

  Hercule (le P.), I, 12.

  Héroart (Jean), médecin de Louis XIII, IV, 187.

  Hérodote, IV, 69.

  Hervey (le chevalier), I, 258.

  Hervey (madame), soeur de lord Montaigu, I, 258.

  Hervieux (Laurent Arvio, _dit_ le chevalier d'Arvieux ou d'), III,
  369 et suiv.

  Heudicourt (Michel Sublet, marquis d'), grand louvetier, I, 185,
  212; IV, 137.

  Heudicourt (Bonne de Pons, femme de Sublet d'), I, 185, 217.

  Hippolyte (de Pommereuil), Voy. Pommereuil (Hippolyte de).

  Hocquetot ou Hecquetot. Voy. Hecquetot.

  Hocquincourt (Charles de Mouchy, maréchal, d'), I, 12, 68, 69,
  208, 234 et suiv., 242, 248 et suiv.

  Holland (comte de), I, 144.

  Hopital (? François de l'), I, 315.

  Humières (Louis Crevant III, marquis d'), père du 1er duc, Louis,
  maréchal d'Humières, II, 74.

  Humières (Isabeau Phelippeaux, femme de Louis Crevant III, marquis
  d'), mère du maréchal duc, II, 74, 75.

  Humières (Louis de Crevant, maréchal duc d'), I, 315, 316; II, 72,
  74.

  Humières (Louise-Antoinette-Thérèse de La Chatre, femme du
  maréchal duc d'), II, 72, 74, 75.

  Huntley (Georges Gourdon, marquis de). Voy. Gourdon (Georges).

  Hurault de Chiverny (Cécile-Elisabeth), marquise de Monglas. Voy.
  Monglas (marquise de).

  Hyacinthe (? Rigaud), peintre. Voy. Rigaud (Hyacinthe).

  Hyde de Clarendon (Anne), duchesse d'Yorck. Voy. Yorck (duchesse
  d').


  Innocent XI (le Pape), I, 281.

  Isigny (François de Brecey, seigneur d'), II, 340.

  Isle (N..., comte de l'), I, 326.

  Isle (N..., vicomte de l'), I, 326.

  Isle (N..., femme de N..., vicomte de l'), I, 326 et suiv., 410.

  Ivry (Claude Bosc, seigneur d'). Voy. Bosc (Claude), seigneur
  d'Ivry.

  Ivry (N... d'), I, 36, 39, 40.


  Jacques II, roi d'Angleterre, I, 283 et suiv.; IV, 216.

  Jacques II (Marie-Béatrix-Eléonore d'Este, 2e femme de), Voy. Este
  (Marie-Béatrix-Eléonore d'), reine d'Angleterre.

  Janin. Voyez Jeannin de Castille.

  Jars (François de Rochechouart, commandeur de Lagny-le-Sec, de
  l'ordre de Malte, _dit_ le commandeur de), I, 404.

  Jarzay (René du Plessis de la Roche-Pichemer, marquis de), I, 13,
  62, 74 et suiv., 115, 139, 154, 271; II, 106.

  Jarzay (Marie-Urbain-René du Plessis de la Roche-Pichemer, marquis
  de), fils de René, marquis de Jarzay, IV, 288.

  Jarzay (Anne-Thérèse de Goury, femme du précédent marquis de), II,
  106; IV, 288.

  Jean Casimir, roi de Pologne, II, 173, 174.

  Jeanne (la mère), carmélite, soeur du chancelier Seguier. Voyez
  Seguier (Jeanne).

  Jeannin (le président Pierre), I, 24, 148.

  Jeannin de Castille (Nicolas), trésorier de l'Epargne, I, 23, 24
  et suiv., 148, 149, 206, 274, 303, 404; II, 341, 414.

  Jeannin de Castille (Claude de Fieubet, femme de Nicolas), I, 206.

  Jeannin de Castille (Gaspard), marquis de Montjeu, fils de
  Nicolas, I, 149.

  Jeannin de Castille, marquise de Montjeu (Louise-Diane Dauvet des
  Marets, femme de Gaspard), I, 149.

  Jeannin (Nicolas II), petit-fils de Pierre Jeannin, II, 341, 342,
  353.

  Joyeuse (Louis de Lorraine, duc de), I, 404.

  Joyeuse (valet de chambre du Dauphin), III, 494.


  Keroualles (mademoiselle de), duchesse d'Aubigny, baronne de
  Petersfield, comtesse de Farsam, duchesse de Porstmouth, I, 226,
  238.


  La Barre (Jean de), président au Parlement, I, 410.

  La Barre (Marie Barin de la Galissonnière, veuve du président de),
  femme d'Isaac Arnauld. Voyez Arnauld (Marie Barin de la
  Galissonnière, femme d'Isaac).

  La Barte (Jean de) ou La Barthe, maréchal des logis des gendarmes
  du duc d'Épernon, I, 20.

  La Baume (Catherine de Bonne, comtesse de Tallart, M{ise} de), I,
  IX, 30.

  La Baume Le Blanc (famille de), II, 27.

  La Baume Le Blanc (Jean-Michel de), de La Valière, II, 28.

  La Baume Le Blanc (Laurent de), seigneur de La Valière. Voy. La
  Valière.

  La Baume Le Blanc (Guillaume de), de La Vallière, évêque de
  Nantes, III, 52, 53.

  La Baume Le Blanc (Louise), femme de François de Beauvau. Voy.
  Beauvau (Louise de La Baume Le Blanc, femme de François de).

  La Bazinière (Macé Bertrand, sieur de), I, 25, 293, 295; II, 415.

  La Bazinière (Françoise de Barbezières, dame de), I, 293.

  La Boulaye (Maximilien Eschalart, marquis de), I, 76.

  La Brie, laquais de madame de Brancas, II, 344, 345.

  La Brizardière (l'abbé de), IV, 144.

  La Brosse (Guy de), médecin, IV, 151.

  La Bruyère, (Jean de), IV, 168.

  La Caze (Jean-Jacques de Pons, marquis de), I, 185.

  La Chaise (le P.), III, 137, 139, 140, 141, 143, 144, 145, 146,
  147, 150, 159 et suiv., 188, 203; IV, 154 et suiv., 176.

  La Chapelle (? Christophe Jouvenel des Ursins, seigneur de), et,
  plus tard, marquis de Tresnel, I, 316.

  La Chatre (Louis, maréchal de), II, 459.

  La Chatre (Louise-Antoinette-Thérèse de), femme du maréchal duc
  d'Humières. Voyez Humières (Louise-Antoinette, duchesse d').

  La Chatre (Louise-Henriette de), femme de Claude Pot. Voyez Pot
  (Louise-Henriette de La Chatre, femme de Claude).

  La Cotardaie (Gabrielle Glay de), femme du marquis de La Valière.
  Voy. Glay de la Cotardaie (Gabrielle).

  La Fayette (Marie-Madelaine Pioche de La Vergne, comtesse de), I,
  4, 297; IV, 29.

  La Ferté (hôtel de), III, 312.

  La Ferté Saint-Nectaire ou Senneterre (Henri, maréchal de), I, 51;
  II, 403, 410, 420; III, 279 et suiv.

  La Ferté (Charlotte de Bauves ou plutôt Boves, 1re femme du
  maréchal duc de), II, 403.

  La Ferté (Madelaine d'Angennes de La Loupe, 2e femme du maréchal
  de), I, 5, 9, 83, 146, 274; II, 403 et suiv., 471; III, 210, 279 à
  341.

  La Ferté (Henri-François de Saint-Nectaire, duc de), fils du
  maréchal, II, 421, 424, 431, 440, 447 et suiv.; III, 338 et suiv.,
  368 et suiv., 468, 475.

  La Ferté (Marie-Isabelle-Gabrielle-Angélique, mademoiselle de
  Toucy, duchesse de), femme du précédent, bru du maréchal, I, 83;
  II, 421 et suiv.; III, 367 et suiv., 468, 477, 482.

  La Ferté (Catherine-Henriette de), femme de François de Bullion,
  marquis de Longchêne. Voy. Bullion, marquis de Longchêne
  (Catherine-Henriette de La Ferté, femme de François de).

  La Feuillade (François d'Aubusson de), I, 243, 244, 293, 325 et
  suiv.; II, 72, 74, 400, 401, 402, 468; III, 312; IV, 4, 7 et
  suiv., 35, 46, 52, 53, 60, 77, 79, 86 et suiv., 96, 267.

  La Feuillade (Charlotte Gouffier, femme de François d'Aubusson
  de), duchesse de Roannez, II, 74, 400; IV, 267.

  La Fontaine (Jean de), le fabuliste, I, 25, 258; IV, 81.

  La Force (Jacques Nompar de Caumont, duc de), III, 186, 202.

  La Force (Marie de Saint-Simon-Courtaumer, séparée du marquis de
  Langeais, remariée à Jacques Nompar de Caumont, duc de). Voy.
  Langeais (Marie de Saint-Simon Courtaumer, marquise de).

  La Force (Marie-Anne-Louise de Caumont), femme de Louis Scipion
  III de Grimoard, comte du Roure. Voy. Roure (Marie-Anne-Louise de
  Caumont La Force, femme de Louis-Scipion III, comte du).

  La Fosse (Mme de), I, 20.

  Lagarde (? Antoine-Escalin des Aimars, marquis de), III, 125.

  La Grange (M. de), intendant des troupes en Alsace, III, 441 et
  suiv.

  La Grange (Mme de), femme du précédent, III, 441 et suiv.

  La Grange (Jeanne de), femme de Guillaume de Peychpeyrou ou
  Puypeyrou, marquis de Guitaut. Voy. Guitaut.

  La Guiche (Henriette de), duchesse d'Angoulême. Voy. Angoulême
  (Henriette de La Guiche, duchesse d').

  La Guiche (Anne de), 2e fille de Philibert de la Guiche, grand
  maître de l'artillerie, femme du 1er maréchal de Schomberg. Voy.
  Schomberg (1er maréchal de), I, 209.

  La Guiche (Marie de), femme du duc de Ventadour, II, 55.

  La Loupe (famille d'Angennes de), III, 317.

  La Loupe (Mlle de). Voy. Olonne (Catherine-Henriette d'Angennes de
  La Loupe, comtesse d'), et La Ferté (Madelaine d'Angennes de la
  Loupe, maréchale de).

  La Magdelaine de Ragny (Anne), femme de François de Bonne, duc de
  Lesdiguières. Voy. Lesdiguières (Anne de La Magdelaine de Ragny,
  duchesse de).

  La Meilleraie (Charles de La Porte, duc et maréchal de), I, 164;
  III, 465.

  La Meilleraie (Marie de Cossé-Brissac, 2e femme du précédent,
  duchesse de), IV, 180.

  La Mesnardière (Jules Pillet de), I, 90, 92, 170.

  La Motte Argencourt (N..., fille de Pierre de Conty, seigneur de
  La Motte et d'Argencourt, et de Madelaine de Chaumont, _dite_ Mlle
  de), I, 218, 290 et suiv.; II, 30, 31, 49, 50.

  La Mothe-Houdancourt (Philippe, maréchal de), I, 292; II, 49; III,
  366, 368.

  La Mothe (Louise de Prie, Mlle de Toussy, maréchale de), I, 83,
  200, 292; II, 49, 50, 422, 424, 438; III, 240, 366, 368 et suiv.
  _passim_; IV, 257, 258.

  La Mothe-Houdancourt (Charlotte-Eléonore-Madelaine de), femme de
  Louis-Charles de Levis, duc de Ventadour. Voy. Ventadour
  (Charlotte-Eléonore-Madelaine, duchesse de).

  La Mothe-Houdancourt (Françoise-Angélique de), 2e femme de
  Louis-Marie-Victor, duc d'Aumont. Voy. Aumont.

  La Mothe-Houdancourt (Anne-Lucie de), nièce du maréchal, femme de
  M. de La Vieuville, I, 292.

  La Moussaye (Amaury Goyon, comte de), I, 187, 199.

  La Noue Bras de Fer (François de), II, 436.

  La Porte, valet de chambre de Louis XIV, I, 184.

  La Porte (Mlle de), femme du chevalier Garnier, II, 31, 50.

  La Rivière (Louis Barbier, abbé de), puis évêque de Langres, I,
  87, 91, 186.

  La Rivière (Antoine Barbier de), commissaire de l'artillerie en
  Champagne, I, 186.

  La Roche-Chemerault (Geoffroy de Barbezières, comte de). Voy.
  Chemerault (Geoffroy de Barbezières, sieur de).

  La Rochefoucauld (François VI, duc de), d'abord prince de
  Marsillac, I, 42 et suiv, 46, 62, 65, 75, 95, 99, 100 et suiv.,
  130, 150, 182, 188, 189, 196 et suiv., 213, 232, 233, 244, 245,
  252, 258, 267, 298, 416; II, 154, 457; IV, 79, 80.

  La Rochefoucauld (Andrée de Vivonne, femme de François VI de), II,
  457.

  La Rochefoucauld (François VII de), d'abord prince de Marsillac,
  II, 457; IV, 79, 80. Voy. aussi Marsillac (François VII de La R.,
  prince de).

  La Rochefoucauld (M. de), premier marquis d'Estissac. Voy.
  Estissac (François de La Rochefoucauld, premier M{is} d'), III,
  72.

  La Roche-Guyon (Henri-Roger, comte, puis en 1663 duc de), marquis
  de Liancourt et de Guercheville, comte de Durtal, I, 139, 140,
  141, 232, 233.

  La Roche-Guyon (Anne-Elisabeth de Lannoy, ou Lanoye, femme de
  Henri-Roger du Plessis-Liancourt, comte de), I, 58, 210, 271.

  La Roche-Guyon (Jeanne-Charlotte, Mlle de), I, 139, 140, 141.

  La Roche-Pozay (Diane de). Voy. Saint-Loup (Mme de).

  La Roche-sur-Yon (François-Louis de Bourbon, duc de), puis prince
  de Conti, après la mort de Louis-Armand de B., prince de Conti,
  son frère, III, 192, 474.

  La Roquette (Henri-Gabriel de Roquette, évêque d'Autun, nommé ici
  par erreur, l'abbé de), I, 189.

  La Suze (Henriette de Coligny-Chastillon, comtesse d'Adington,
  puis comtesse de), I, 320, 347, 405.

  La Tour-d'Auvergne (Frédéric-Maurice de), duc de Bouillon. Voy.
  Bouillon (Frédéric-Maurice de La Tour-d'Auvergne, duc de).

  La Tour-d'Auvergne (Henri-Ignace de), duc de Château-Thierry. Voy.
  Château-Thierry (Henri-Ignace de La Tour-d'Auvergne, duc de).

  La Tour-Roquelaure (N... de), I, 328.

  La Tremouille (Philippe de), père de François de la
  Tremouille-Noirmoutier, III, 334.

  La Tremouille-Noirmoutier. Voy. Noirmoutier.

  La Tremouille-Olonne. Voy. Olonne.

  La Tremouille-Royan. Voy. Royan.

  La Tremouille (Yolande-Julie de), M{ise} de Royan. Voy. Royan
  (M{ise} de).

  La Tresne (M. de), premier président au parlement de Bordeaux, IV,
  137, 138.

  La Valette (Louis de Nogaret, cardinal de), archevêque de
  Toulouse, frère du duc [Bernard] d'Epernon, I, 147, 191.

  La Valière (Laurent de la Baume le Blanc, seigneur de), II, 27.

  La Valière (Françoise Le Prévost, femme de Laurent de), II, 27,
  28, 34.

  La Valière (Gabrielle Glay de la Cotardaie, femme de Jean-Louis,
  marquis de). Voy. Glay de la Cotardaie (Gabrielle), II, 44, 45.

  La Valière (Louise-Françoise de La Baume le Blanc, duchesse de),
  I, 66, 185, 217, 271, 289, 292 et suiv., 301; II, 27 à 96, 99 et
  suiv., 115 et suiv., 139 et suiv., 145, 148, 151, 152, 167, 168,
  180 et suiv., 363, 365, 370 et suiv., 461; III, 8, 29, 52, 57, 66,
  186; IV, 63, 223, 248 et suiv., 258 à 263, 282, 283.

  La Valière (Jean-François de la Baume le Blanc, marquis de), II,
  28, 44.

  La Valière (Louis-César de la Baume le Blanc, duc de), III, 197.

  La Vauguyon (André de Betoulat, sieur de Fromenteau, comte de), I,
  70.

  La Vergne (Marie Pena, femme d'Aymar de), mère de Mme de La
  Fayette, I, 4.

  La Vergne (Mlle de), comtesse de La Fayette. Voy. La Fayette (Mlle
  de La Vergne, comtesse de).

  La Vienne, barbier étuviste, III, 225, 228, 229, 236, 240.

  La Vieuville (hôtel de), III, 499.

  La Vieuville (René-François, marquis de), I, 293, 300, 315.

  La Vieuville (Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt, femme du marquis
  de), nièce du maréchal de La Mothe-Houdancourt, I, 293.

  L'Avocat ou L'Advocat (Nicolas) de Sauveterre, II, 429.

  L'Avocat (Marguerite Rouillé, femme de Nicolas), II, 429.

  L'Avocat, maître des requêtes, fils de Nicolas L'Avocat, II, 429
  et suiv.; III, 446, 482.

  L'Avocat, maître des comptes, III, 480.

  L'Avocat (Catherine), femme d'Arnauld de Pomponne, II, 429.

  L'Avocat (N...), femme du marquis de Vins, II, 429.

  Le Camus (l'abbé Etienne), aumônier du roi Louis XIV, puis
  cardinal, I, 277 et suiv.

  Le Clerc de Lesseville. Voy. Lesseville (Le Clerc de).

  Le Coigneux (le président Jacques), I, 151.

  Le Febvre de Bournonville (Nicolas), IV, 26.

  Le Large (M.), médecin, II, 348.

  Le Page, sieur de Saint-Loup. Voy. Saint-Loup.

  Le Pelletier (le président Claude), et mieux Le Peletier, IV, 126.

  Le Pelletier (Michel), ministre, _dit_ aussi Le Peletier de Sousy,
  IV, 156.

  Le Petit (Claude) ou Petit, III, 227.

  Le Prevost (Jean), sieur de la Coutelaie, écuyer de la grande
  écurie, II, 28.

  Le Prévost (Françoise), femme de Laurent de La Valière, veuve de
  P. Bénard, seigneur de Rezay, II, 27, 28, 34.

  Le Tellier (Michel), chancelier de France, I, 47, 292; II, 22,
  131, 272, 390; III, 47, 364, 365.

  Le Tellier (François-Michel), marquis de Louvois. Voy. Louvois
  (François-Michel Le Tellier, marquis de).

  Le Tellier (Anne de Souvré, femme de Fr. Michel). Voy. Louvois
  (Anne de Souvré, marquise de).

  Le Tellier (Madelaine Fare), 1re femme de Louis-Marie-Victor, duc
  d'Aumont. Voy. Aumont (Madelaine, duchesse d').

  Le Tellier (Madelaine), femme de Gabriel, marquis de Tilladet.
  Voy. Tilladet (Gabriel de Cassagnet, marquis de).

  Le Tellier (Charles-Maurice), archevêque de Reims, II, 266; III,
  454 et suiv., 483 et suiv., 499 et suiv., 509.

  Le Vasseur, notaire, III, 213.

  Le Vasseur (N..., femme du notaire), III, 213.

  Le Veneur (Anne), femme de François de Fiesque, et non de Jacques
  II d'Harcourt de Beuvron. Voy. Beuvron.

  L..... (le comte de), mari de la comtesse de L..., aimée de Louis
  XIV, IV, 17, 18, 38, 40, 42 et suiv., 50, 65, 66, 77, 78, 80 et
  suiv., 108 à 122.

  L... (la comtesse de), aimée de Louis XIV, IV, 5 à 122.

  Laffemas (l'abbé N... de), I, 88.

  Laguille (le P.), III, 70, 72, 73, 117.

  Lalanne (Pierre de Cadillac, seigneur de). Voy. Cadillac (Pierre
  de).

  Laigues (Geoffroy, marquis de), I, 144, 145, 195, 409; II, 89, 90.

  Lambert de Thorigny (Nicolas), IV, 129, 130.

  Lambert de Thorigny (Marie-Madelaine Bontemps, femme de), IV, 129.

  Lameth (Marie de), 1re femme de Louis-Charles, prince de
  Courtenay. Voy. Courtenay (Marie de Lameth, femme de
  Louis-Charles, prince de).

  Lambert, commis de l'Epargne, I, 214, 215.

  Langeais (René de Cordouan, marquis de Langeay ou), I, 361; II,
  436, 437; III, 187, 224.

  Langeais (Marie de Saint-Simon-Courtaumer, 1re femme de René de
  Cordouan, marquis de), puis femme de Jacques Nompar de Caumont,
  duc de La Force, II, 436, 437; III, 186, 187, 202.

  Lannoy ou Lanoye (Anne-Elisabeth de), femme de Henri-Roger Du
  Plessis-Liancourt, comte de La Roche-Guyon. Voy. La Roche-Guyon
  (Mme de).

  Lansac (Gille de Saint-Gelais, marquis de), I, 315.

  Lansac (Françoise de Souvré, femme de Gille de Saint-Gelais,
  marquis de), I, 292.

  Lansac (Marie-Madelaine de Saint-Gelais, fille du marquis de),
  femme de Vassé. Voy. Vassé (marquise de).

  Largille, I, 316.

  Lasphrise (le capitaine), IV, 269.

  Lauzun (Antoine Nompar de Caumont, marquis de Puyguilhem, comte
  puis duc de), I, 65, 67, 130, 132 et suiv., 164; II, 35, 36, 72,
  73, 197 à 282, 364 à 400, 458, 459, 471 et suiv.; III, 9, 125,
  320; IV, 6, 73, 203, 280, 285, 286.

  Lauzun (François, chevalier de), frère du duc, I, 135, 138.

  Lauzun (Geneviève Marie de Durfort de Lorge, femme du duc de), IV,
  203.

  Laval (Urbain de), marquis de Lezay, II, 426.

  Laval (Françoise de Sesmaisons, femme d'Urbain de), II, 426.

  Laval-Montmorency (Marie-Louise de), femme du duc de Roquelaure.
  Voy. Roquelaure (Marie-Louise de Montmorency, duchesse de).

  Lebrun (Charles), peintre, III, 20, 384.

  Leclerc du Tremblay (Marie), femme de Louis d'Angennes, marquis de
  Maintenon. Voy. Maintenon (Marie Leclerc du Tremblay, femme de
  Louis d'Angennes de Rochefort de Salvert, marquis de).

  Leganez (le marquis de), IV, 145.

  Legendre (Marguerite Combefort, veuve de), 1re femme de Guillaume
  Cornuel, I, 87.

  Legendre (Mlle), fille de la 1re femme de Guillaume Cornuel, I,
  87.

  Lenclos (Ninon de). Voy. Ninon.

  Lenet (Pierre), conseiller d'Etat, I, 189, 214.

  Lenoncourt (Madelaine de), 1re femme de Hercule de Rohan-Guemené,
  duc de Montbazon. Voy. Montbazon (1re duchesse de).

  Lenox (François-Marie Stuart, duc de Richmont et de), I, 238.

  Léopold 1er, empereur d'Allemagne, IV, 200.

  Lescalopier (Balthazar), président au parlement, I, 186, 315.

  Lescalopier (Charlotte Germain, femme du président), I, 186, 315.

  Lescuier (Claude), femme de Laurent Limosin, II, 46.

  Lesdiguières (François de Bonne, 1er duc de), I, 406; III, 262.

  Lesdiguières (Anne de La Magdelaine de Ragny, 2e femme de François
  de Bonne, duc de), I, 271, 406; III, 238.

  Lesdiguières (Charles-Nicolas de Bonne de), marquis de Ragny. Voy.
  Ragny (Charles-Nicolas, marquis de).

  Lesdiguières (François-Emmanuel de Bonne de Créqui, duc de), et
  d'abord comte de Sault, II, 404, 405, 431; III, 188, 207, 208, 215
  et suiv.

  Lesdiguières (Paule-Marguerite-Françoise de Gondi de Retz, femme
  de François-Emmanuel de Bonne de Créqui, duc de), II, 404; III,
  188, 215.

  Lesparre (Louis de Madaillan de), marquis de Montataire, comte de
  Manicamp, I, 151.

  Lessay (Guillaume Briçonnet, seigneur de), III, 254.

  Lesseville (Mlles Le Clerc de), I, 149.

  Lethington, anglais, I, 296.

  Leuville (René Olivier, marquis de), I, 315.

  Levis-Charlus (famille de), II, 420.

  Lezay (Suzanne de), femme d'Agrippa d'Aubigné. Voy. Aubigné
  (Suzanne de Lezay, femme d'Agrippa d').

  Liancourt (Roger du Plessis, duc de). Voy. La Roche-Guyon.

  Libertat (Claire de), 2e femme de Gaspard, marquis de
  Forbin-Janson. Voy. Forbin-Janson (marquise de).

  Lignerac (famille Robert de), II, 420.

  Lignerac (N... Robert, chevalier de), II, 451; III, 340.

  Lignerac (N... Robert, abbé de), II, 420, 447, 451.

  Ligny (? Philippe de), conseiller au parlement, I, 315.

  Limoges (Charles-François de Rochechouart, marquis de Bellenave,
  appelé comte de), I, 77.

  Limosin (Laurent), sergent à verge, II, 46.

  Liscouet (Guillaume du), père du chevalier, II, 420.

  Liscouet (Marie Talhouet, femme de Guillaume du), II, 420.

  Liscouet (Philippe-Armand, vicomte de Planches, chevalier du), II,
  420.

  Liscouet (Marie-Angélique du), femme du financier Antoine-Arthur
  Deschiens, II, 420.

  Lislebonne (François-Marie de Lorraine, comte de), III, 198.

  Lislebonne (Anne, légitimée de Lorraine, 2e femme de
  François-Marie, comte de), III, 198; IV, 228.

  Lissalde (le sieur de), valet de garde-robe de Louis XIV, IV, 26.

  Longchêne (François de Bullion, marquis de), III, 302.

  Longueil de Maisons (René), premier président de la cour des
  Aides, président à mortier au Parlement de Paris, II, 41.

  Longueil (Renée-Marie de), femme de M. de Rohan (Louis), II, 41.

  Longueval-Manicamp (Gabrielle de), 3e femme du maréchal d'Estrées.
  Voy. Estrées (Gabrielle de Longueval-Manicamp, 3e femme du
  maréchal d'), III, 252.

  Longueville (hôtel de), III, 499.

  Longueville (Henri II d'Orléans duc de), I, 9, 168, 184, 186 et
  suiv.; II, 402 à 420.

  Longueville (Louise de Bourbon, fille du comte de Soissons, 1re
  femme de Henri d'Orléans, duc de), I, 184.

  Longueville (Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, 2e femme de Henri
  d'Orléans, duc de), I, 75, 168, 184, 187 et suiv., 194, 202, 252,
  415, 416; II, 197, 198, 402; IV, 267.

  Longueville (Charles-Paris, d'abord comte de Saint-Paul, puis duc
  de), II, 197, 198, 201, 219, 223, 248, 402; III, 226, 229, 305 et
  suiv., 434, 465. Voy. aussi Saint-Paul (Charles-Paris
  d'Orléans-Longueville, comte de).

  Longueville (Louis-Charles d'Orléans, chevalier de), fils naturel
  de Charles-Paris d'Orléans-Longueville et de la maréchale de La
  Ferté, II, 411, 413, 414; III, 330, 331.

  Longueville (Marie d'Orléans de Longueville, _dite_ Mlle de), qui
  devint duchesse de Nemours, IV, 273.

  Loret (Jean), auteur de la _Muze historique_, II, 123, 132, 146;
  III, 121, 122; IV, 253, 273.

  Lorge (Guy de Durasfort, duc et maréchal de), IV, 203.

  Lorge (Gabrielle de Durasfort, fille du maréchal duc de), femme du
  duc de Saint-Simon. Voy. Saint-Simon (Gabrielle de Durasfort de
  Lorge, femme du duc de).

  Lorge (Geneviève-Marie de Durasfort, fille du maréchal duc de),
  femme du duc de Lauzun. Voy. Lauzun (Geneviève-Marie de Durasfort
  de Lorge, femme du duc de).

  Lorraine (François II, duc de), I, 290.

  Lorraine (Marguerite de), femme de Gaston d'Orléans, fille de
  François II de Lorraine. Voy. Orléans (Marguerite de Lorraine,
  duchesse d').

  Lorraine (Louis de), duc de Joyeuse, puis duc d'Angoulême, II, 73,
  74.

  Lorraine (Nicolas-François, duc de), oncle du prince Charles IV,
  II, 201.

  Lorraine (Charles IV duc de), I, 144, 160; II, 201, 382; III, 198;
  IV, 231.

  Lorraine (Henri de), chef de la maison d'Armagnac (qui épousa
  Marguerite de Camboust), III, 253.

  Lorraine-Armagnac (Marguerite de Camboust, femme de Henri de),
  III, 253.

  Lorraine (Philippe, chevalier de), fils de Henri de Lorraine,
  comte d'Armagnac, I, 113, 271; II, 363, 364, 370; III, 253.

  Lorraine (Louis de), comte d'Armagnac, grand écuyer, III, 491,
  492.

  Lorraine, comte d'Armagnac (Catherine de Neufville-Villeroy, femme
  de Louis de), III, 491.

  Lorraine (Henri de), comte de Briosne, fils de Louis de
  Lorraine-Armagnac et de Catherine de Neuville-Villeroy. Voy.
  Briosne (Henri de Lorraine, comte de).

  Lorraine-Armagnac (Marie-Angélique-Henriette de), duchesse de
  Cadaval. Voy. Cadaval (duchesse de).

  Lorraine (Mlle d'Orléans, duchesse de), fille de Gaston, II, 28;
  III, 240, 433.

  Lorraine (Charles-Henri, légitimé de), prince de Vaudemont. Voy.
  Vaudemont (Charles-Henri, légitimé de Lorraine, prince de).

  Louis XI, III, 200, 356.

  Louis XIII, I, 68, 115, 143, 175; III, 423; IV, 143, 151.

  Louis XIV, ou le grand Alcandre ou _Deodatus_, I, VIII, 216 et
  suiv., 226, 254, 255, 289 et suiv., 292, 310, 415; II, 1 à 25, 27
  à 96, 99 à 111, 147 et suiv., 206, 219, 225, 228 et suiv.,
  _passim_, 344, 352, 357, 361-473; III, 3 à 58, 66, 126 et suiv.,
  157 à 180, 185 et suiv., 209, 210, 211, 226, 279, 298, 320, 321,
  345, 346, 347, 358, 364, 365, 378, 391, 423, 452, 453, 467, 489,
  498 et suiv., 508, 509; IV, 5 à 122, 125 et suiv., 204, 215, 216,
  241, 245 et suiv., 257.

  Louis, Dauphin de France. Voy. Dauphin.

  Louis, fils de Laurent Limosin, et peut-être Louis de Bourbon, II,
  46.

  Louis XV, IV, 211.

  Louise de la Miséricorde, nom de Mme de la Valière au couvent des
  Carmélites. Voy. La Valière (Mlle de).

  Louison d'Arquien. Voy. Arquien (Louison d').

  Louvigny (Antoine-Charles de Gramont, comte de), plus tard comte
  de Guiche, puis duc de Gramont, I, 68, 136; II, 78, 173.

  Louvigny (Marie-Charlotte de Castelnau, comtesse de), puis
  comtesse de Guiche, et enfin duchesse de Gramont, I, 68.

  Louvois (François-Michel Le Tellier, marquis de), I, 292; II,
  72-74, 266, 273, 344, 390, 391, 397, 398, 438, 439, 462, 463; III,
  16, 150, 358, 359, 363, 454, 488, 501 et suiv.; IV, 169, 175, 257,
  265.

  Louvois (Anne de Souvré, marquise de), I, 292; II, 72-74; IV, 130.

  Lude (Jean de Daillon du), tige de la famille, I, 320.

  Lude (François de Daillon, comte du), gouverneur de Gaston
  d'Orléans, I, 320.

  Lude (Marie Feydeau, femme de François Daillon du), I, 320.

  Lude (Henri de Daillon, comte, puis duc du), I, 65, 304, 306, 320
  et suiv., 408; II, 390; III, 448, 449.

  Lude (Eléonore de Bouillé, 1re femme de Henri de Daillon, comte
  du), I, 321; III, 449.

  Lude (Marguerite-Louise-Suzanne de Béthune-Sully, veuve du comte
  de Guiche, 2e femme de Henri de Daillon, comte du), I, 321; III,
  449. Voy. aussi Guiche (Marguerite-Louise-Suzanne de
  Béthune-Sully, femme du comte de).

  Lude (Charlotte-Marie de Daillon du), marquise puis duchesse de
  Roquelaure. Voy. Roquelaure (duchesse de), II, 72.

  Ludres (Marie-Elisabeth de), chanoinesse de Poussay, I, 217; III,
  13, 29.

  Luisa de Guzman, reine de Portugal, II, 296.

  Lully (Jean-Baptiste), II, 352.

  Luxembourg (François-Henri de Montmorency, maréchal de), mort en
  1695, et non en 1655, I, 135, 153, 154, 156; II, 186, 187, 188;
  III, 189, 254; IV, 230, 231.

  Luxembourg (Madelaine-Charlotte-Bonne-Thérèse de Clermont
  Tonnerre, et non Catherine de Clermont Tallard, femme du maréchal
  de), II, 187; III, 254.

  Luxembourg (Charles-François-Frédéric de Montmorency, d'abord
  appelé prince de Tingry, puis duc de), fils du maréchal de
  Luxembourg, I, 296; IV, 138.

  Luxembourg (Marie-Thérèse d'Albert, fille aînée du duc de
  Chevreuse, 1re femme du précédent duc de), IV, 138.

  Luxembourg (Marie Gilonne de Gillier de Clérambault, 2e femme du
  précédent duc de), IV, 129, 138.

  Luxembourg (le chevalier de), frère du prince de Tingry, et qui en
  prit le nom à la mort de celui-ci. Voy. Tingry (Christian-Louis,
  chevalier de Luxembourg, puis prince de), à la mort de son frère.

  Luynes (hôtel de), III, 499.

  Luynes (Charles d'Albert, duc et connétable de), I, 116, 143; II,
  47.

  Luynes (Louis-Charles d'Albert, duc de), de Chevreuse et de
  Chaulnes, II, 47.

  Luynes (Anne de Rohan-Montbazon, 2e femme de Louis-Charles
  d'Albert, duc de), I, 209.

  Luynes (Charles-Honoré d'Albert, duc de), II, 47.

  Luynes (Jeanne-Marie Colbert, femme de Charles-Honoré d'Albert,
  duc de), II, 47, 48, 72; IV, 254, 255.

  Lyonne (Hugues de), ministre, II, 272, 415, 471; III, 47, 210,
  217, 230, 263 et suiv.

  Lyonne (Paule Payen, femme de Hugues de), III, 210 et suiv.; 279
  et suiv.

  Lyonne (Madelaine de), femme de François Annibal d'Estrées,
  marquis de Coeuvres, II, 405.


  Machault (M. de), conseiller à la Cour des Aides, I, 87.

  Maçon, joaillier, III, 414.

  Madaillan de Lesparre (Louis de), marquis de Montataire, comte de
  Manicamp. Voy. Lesparre.

  Madame (princesse palatine), I, 112.

  Madame (Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, _dite_), I,
  65, 67, 138, 144, 150.

  Mademoiselle de Montpensier. Voy. Montpensier (Mlle de).

  Magdelaine de Ragny (Anne de La), femme de François de Bonne, duc
  de Lesdiguières. Voy. Lesdiguières (Anne de La Magdelaine de
  Ragny, duchesse de).

  Maignelay (Antoinette de), dame de Cholet, maîtresse de François
  II, duc de Bretagne, I, 252.

  Maignelois. Voy. Maignelay.

  Maillé (Urbain de), maréchal de Brézé. V. Brézé (maréchal de).

  Maillé (Claire-Clémence de), princesse de Condé. Voy. Condé
  (Claire-Clémence de Maillé, femme de Louis II, princesse de).

  Maine (Louis-Auguste de Bourbon, duc du), fils de Louis XIV et de
  Mme de Montespan, II, 378, 471; III, 130, 134, 189, 331, 472.

  Maine (Louise-Bénédictine de Bourbon-Condé, femme de Louis-Auguste
  de Bourbon, duc du), III, 198.

  Maintenon (famille d'Angennes de), III, 135.

  Maintenon (Louis d'Angennes de Rochefort de Salvert, marquis de),
  baron de Meslay, père de Charles-François, III, 135.

  Maintenon (Marie Leclerc du Tremblay, femme de Louis d'Angennes de
  Rochefort-Salvert, marquis de), III, 135.

  Maintenon (Charles-François d'Angennes, marquis de), fils des
  précédents, III, 135.

  Maintenon (Françoise d'Aubigné, veuve de Scarron, marquise de), I,
  10, 40, 72, 146, 305, 306, 314; II, 412, 465; III, 61 et suiv.,
  157 à 177, 190, 193 et suiv., 466, 470, 474; IV, 120 et suiv.,
  210 et suiv., 256, 279, 283.

  Maistre (Joseph de), I, 217.

  Malebranche (le P. Nicolas), III, 47.

  Malherbe (François), I, 115.

  Malicorne (M. de), écuyer du duc de Guise, I, 185, 405.

  Mallet (?.....), I, 316.

  Mancini (Hieronyme Mazarini, femme de Michel Laurent), soeur du
  cardinal Mazarin, I, 283 et suiv.

  Mancini (Hortense), duchesse de Mazarin. Voy. Mazarin (Hortense
  Mancini, femme de Armand-Charles de la Porte de la Meilleraye, duc
  de).

  Mancini (Olympe), femme d'Eugène-Maurice de Savoie, comte de
  Soissons. Voy. Soissons (Olympe Mancini, comtesse de).

  Mancini (Laure-Victoire), femme de Louis de Vendôme, duc de
  Mercoeur. Voy. Mercoeur (Laure Mancini, duchesse de).

  Mancini (Marianne). Voy. Bouillon (Marie-Anne ou Marianne Mancini,
  femme de Godefroy-Maurice, duc de).

  Mancini (Marie), connétable Colonna, I, 31, 217; II, 1 à 25, 31,
  48. Voy. en outre: Colonna (Marie Mancini, connétable).

  Mancini (Alphonse), mort à 14 ans, I, 284, 285.

  Mancini (Philippe de), duc de Nevers et de Donzy. Voy. Nevers (duc
  de).

  Manicamp (famille et terre de), I, 151.

  Manicamp (comte de). Voy. Lesparre (Louis de Madaillan de).

  Manicamp (Achille de Longueval, seigneur de), maréchal de camp,
  père de Bernard de Manicamp, I, 68; III, 252.

  Manicamp (Bernard de Longueval, marquis de), fils d'Achille de
  Manicamp, I, 13, 63 et suiv. _passim_, 79, 80, 81, 82, 124 et
  suiv., 137, 277 et suiv., 301; II, 146 et suiv.; III, 253, 348 et
  suiv.

  Manicamp (Gabrielle de Longueval, fille d'Achille de), 3e femme du
  maréchal d'Estrées, I, 151; II, 146.

  Manicamp (... de Longueval, demoiselle de), religieuse, I, 69.

  Manneville (Louis de), seigneur d'Auzonville, de la maison de
  Roncherolles, I, 301; IV, 151.

  Manneville (Catherine de), fille du précédent et de Suzanne de
  Séricourt, I, 295, 297 et suiv.

  Mansart (François), architecte, III, 384; IV, 169.

  Mantoue (Ferdinand-Charles de Gonzague IV, duc de), IV, 146.

  Mar (comte de), I, 296.

  Marans (Françoise de Montallais, comtesse de), I, 264.

  Marchand (Anne), 1re femme de Constant d'Aubigné. Voy. Aubigné
  (Anne Marchand, femme de Constant d').

  Marcillac. Voy. Marsillac.

  Maré (Joseph Rouxel, comte de), III, 240.

  Maré (Marie-Louise Rouxel de Grancey, femme de Joseph Rouxel,
  comte de), III, 240, 426 et suiv.

  Marginor (?) I, 316.

  Marie, entrepreneur du Pont-Marie, III, 360.

  Marie de Médicis, II, 154.

  Marie d'Angleterre, femme de Guillaume, prince d'Orange. Voy.
  Orange (Marie d'Angleterre, femme de Guillaume, prince d').

  Marie-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne, femme de Louis XIV,
  II, 16, 24, 29, 32, 43, 49, 53, 57, 58, 60, 61, 65, 70, 71, 77,
  90, 102, 105, 107, 109, 111, 153, 219, 222, 229, 237, 239, 244,
  265, 268; III, 13, 14, 185; IV, 6, 8, 31, 61, 78, 85, 151, 252,
  258, 263, 264.

  Marillac (Louis, maréchal de), I, 170.

  Marillac (Valence de), baronne d'Attichy. Voy. Attichy (baronne
  d').

  Marsillac (François VI de La Rochefoucauld, prince de), puis, à
  partir de 1650, duc de La Rochefoucauld. Voy. La Rochefoucauld.

  Marsillac (François VII de La Rochefoucauld, prince de), II, 457,
  458, 460, 461, 462, 467; IV, 79, 80. Voy. aussi La Rochefoucauld
  (François VII de).

  Marion Delorme (Marie de Lou, demoiselle de l'Orme, _dite_), I,
  51.

  Marinier, commis de Colbert, IV, 169.

  Martinozzi (Anne-Marie), qui devint princesse de Conti. Voy. Conti
  (Anne-Marie Martinozzi, princesse de).

  Mastas ou Matha (Charles de Bourdeilles, comte de). Voy. Matha.

  Matha ou Mastas (Charles de Bourdeilles, comte de), I, 188; II,
  341, 348.

  Matignon (famille de), I, 147.

  Maubuisson (Catherine-Angélique, abbesse de), fille naturelle
  d'Henri d'Orléans, duc de Longueville, I, 184, 185.

  Maulevrier (Charles-Robert de La Marche, comte de), I, 316.

  Mauny (Charlotte Brûlart, marquise et non comtesse de), III, 251.

  Maure (Louis de Rochechouart, fils de Gaspard, frère de Gabriel de
  Rochechouart, comte de), I, 170, 199; II, 100.

  Maure (Anne Doni d'Attichy, comtesse de), I, 170, 171, 172; II,
  100, 102, 103; IV, 265, 268, 278.

  Mazarin (le cardinal), I, VIII, 31, 55, 58, 69, 74, 75, 116, 137,
  141, 143, 147, 179, 180, 183 et suiv., 203, 204, 212, 217, 226,
  231, 233, 240, 248, 255, 256, 262, 263, 278, 279 et suiv., 291,
  298, 320; II, 3 et suiv., 29, 31, 32, 147, 154, 187, 200; III,
  478; IV, 245.

  Mazarin (Armand-Charles de la Porte de la Meilleraie, duc de), II,
  69; III, 465.

  Mazarin (Hortense Mancini, duchesse de), femme du précédent, I,
  37, 238, 257, 284 et suiv.; II, 3; IV, 80, 262.

  Meaux du Fouilloux (Bénigne de), marquise d'Alluye. Voy. Alluye
  (Benigne de Meaux du Fouilloux, marquise d').

  Meckelbourg ou Mecklembourg-Schwerin (Christian-Louis, duc de), I,
  157, 158, 264; III, 472.

  Mecklembourg (Isabelle-Angélique de Montmorency-Boutteville, veuve
  du duc de Châtillon, puis duchesse de). Voy. Châtillon (duchesse
  de).

  Medavy (... de Rouxel de), I, 315.

  Meilhan (Sénac de). Voy. Senac de Meilhan.

  Melun (le comte de), IV, 128.

  Melun (Alexandre-Guillaume de), prince d'Epinay. Voy. Epinay.

  Menage (Gilles), I, 306, 323.

  Menandor, nom patronymique de la maison de Gramont, I, 139.

  Ménardeau, sieur de Champré (Henri). I, 410. Voy. aussi Champré
  (Ménardeau, sieur de).

  Meneville (Mlle de). Voy. Manneville.

  Mercoeur (Louis de Vendôme, duc de), I, 54, 68, 151; II, 354; III,
  197.

  Mercoeur (Laure-Victoire Mancini, duchesse de), I, 54, 283 et
  suiv.; III, 197.

  Méré (César Brossin, chevalier de), III, 74, 352.

  Mérille (le docteur), précepteur du grand Condé, I, 32, 37.

  Meslay (Louis d'Angennes de Rochefort de Salvert, marquis de
  Maintenon, baron de). Voy. Maintenon (Louis d'Angennes de
  Rochefort de Salvert, marquis de).

  Mesmes (Marie de la Vallée-Fossez, marquise de), belle-mère du
  comte, puis duc de Vivonne, 2e femme du président Henry de Mesmes,
  sieur de Roissy, I, 286.

  Mesmes (Antoinette-Louise de), femme de Louis-Victor de
  Rochechouart, comte puis duc de Vivonne. Voy. Vivonne (comtesse
  de).

  Métézeau (Clément), architecte, III, 499.

  Meunier (le P.), jésuite, IV, 158.

  Mignard (Pierre), peintre, III, 312, 499; IV, 226 et suiv.

  Mignard (la), courtisane, III, 229.

  Miossens, maréchal d'Albret. Voy. Albret (maréchal d').

  Miossens (François-Amanieu d'Albret, frère du maréchal d'Albret,
  comte de), I, 185, 188; III, 73.

  Miossens (Elisabeth de Pons du Bourg, femme de François-Amanieu
  d'Albret, comte de), I, 185.

  Miossens, bâtard d'Albret, I, 75.

  Modène (Alphonse d'Este IV, duc de), I, 283 et suiv.

  Modène (Laure Martinozzi, duchesse de), I, 283 et suiv.

  Modène (Marie-Béatrix de), fille du duc et de Mlle Martinozzi,
  femme de Jacques II, roi d'Angleterre, I, 283 et suiv.

  Molé de Champlatreux (le président Jean-Louis), I, 231.

  Molé de Champlatreux (Madelaine Garnier, femme de), II, 337.

  Molière (Jean-Baptiste Poquelin), I, 65, 134, 193, 198, 312; III,
  226; IV, 31, 32, 228.

  Molière (Armande-Grésinde-Claire-Elisabeth Béjart, femme de), I,
  65, 134.

  Molina (la señora), II, 62, 63, 68, 167.

  Monaco (Louis Grimaldi, prince de), duc de Valentinois, II, 73.

  Monaco (Catherine-Charlotte de Gramont, duchesse de), I, 134, 136,
  138, 217; II, 78, 365 à 370.

  Monglas. Voy. Montglas.

  Monnerot, partisan, II, 349.

  Monsieur (Philippe de France, _dit_), duc d'Anjou. Voy. Orléans
  (Philippe de France, duc d'Anjou, puis duc d').

  Montaigu (Edme, lord), I, 256 et suiv.

  Montaigu (M. de), fils de mylord Montaigu, I, 256 et suiv.

  Montal (Charles de Montsaunin, comte du ou de), IV, 210, 211, 231.

  Montalais (N... de Bérard, d{lle} de) ou Montalet, II, 54, 151,
  152, 153, 155, 158, 161, 162, 163, 164, 165, 166, 172, 174, 175,
  176.

  Montalembert (Louise de), femme de P. de Cadillac, seigneur de
  Lalanne. Voy. Cadillac (Louise de Montalembert, femme de Pierre
  de).

  Montandré (Dubosc, s{r} de), I, 271.

  Montataire (Louis de Madaillan de Lesparre, marquis de), comte de
  Manicamp, I, 151.

  Montauban (J.-B. Armand de Rohan, prince de), III, 504, 505, 506.
  Voy aussi: 1º Guémené; 2º Montbazon; 3º Rohan.

  Montauban (Charlotte Bautru, veuve du marquis de Rannes, femme de
  Jean-Baptiste-Armand de Rohan, prince de), III, 504, 507, 508.

  Montausier (Charles de Sainte-Maure, marquis, puis duc de), I,
  413; II, 53, 271, 272, 273, 374, 421; III, 197.

  Montausier (Julie-Lucine d'Angennes de Rambouillet, marquise, puis
  duchesse de), I, 136, 413; II, 53, 60, 75 à 79, 83, 84, 379, 381;
  IV, 260.

  Montbazon. Voy. aussi: 1º Guémené; 2º Montauban; 3º Rohan.

  Montbazon (Hercule de Rohan, duc de), I, 143, 145, 207 et suiv.;
  II, 47; III, 146.

  Montbazon (Madeleine de Lenoncourt, 1re femme de Hercule de
  Rohan-Guémené; duc de), I, 207.

  Montbazon (Marie de Bretagne d'Avaugour, 2e femme d'Hercule de
  Rohan-Guémené, duc de), I, 78, 188, 207 et suiv., 235, 252; III,
  146.

  Montbazon (Louis VII de Rohan, prince de Guémené, duc de), II, 33,
  34, 41.

  Montbazon (Charles de Rohan, prince de Guémené, duc de), père du
  prince de Montauban, fils de Louis VII de Guémené, III, 504, 505.

  Montbazon (Jeanne-Armande de Schomberg, fille du premier maréchal
  de ce nom et d'Anne de la Guiche, femme de Charles de Rohan,
  prince de Guémené, duc de), I, 209; III, 504, 505.

  Montbazon (Mlle de), fille d'Hercule et de Marie de Lenoncourt,
  mariée au duc de Chevreuse. Voy. Chevreuse, et aj.: I, 209, 295.

  Montbazon (Mlle de), fille d'Hercule et de Marie d'Avaugour, I,
  209.

  Montbeliard (George, prince de Wirtemberg, baron de). Voy.
  Wirtemberg.

  Montenac (N... de), I, 20.

  Montespan (Henri-Louis de Pardaillan de Gondrin, marquis de), II,
  362, 363, 374; III, 465, 467.

  Montespan (Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, femme
  de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, marquis de), dite aussi
  _Astérie_, _Quanto_, etc., I, 47, 217, 285; II, 36, 74, 100, 161,
  169, 260, 261, 361 à 396, 411, 455 et suiv.; III, 4 et suiv., 20,
  29, 66, 126 et suiv., 158 à 177, 423, 467, 470, 472; IV, 63 et
  suiv., 71, 73, 81, 85, 99 à 122, 151, 163, 187, 264, 283 et suiv.

  Monteval (M. de), I, 316.

  Montglas (François de Paule de Clermont, marquis de), I, 328.

  Montglas (Cécile-Elisabeth Hurault de Chiverny, marquise de), I,
  VIII, 68, 182, 304, 306, 316, 320.

  Montjeu (marquisat de), I, 148.

  Montjeu ou Montdejeu (Nicolas-Jeannin de Castille, marquis de), I,
  24. Voy. Jeannin de Castille (Nicolas).--_Nota._ A la note de la
  p. 24, § 4, effacer la citation de Loret, qui ne parle pas du
  marquis de Montjeu dans la lettre citée.

  Montjeu (Anne Dauvet des Marets, femme de Jeannin de Castille,
  marquis de), I, 149.

  Montjeu (Mlle de), fille de Jeannin de Castille, marquis de
  Montjeu, I, 148.

  Montlouet (famille d'Angennes de), III, 135.

  Montluc (famille de), II, 407.

  Montluc (Henri d'Escoubleau, marquis de), frère du marquis
  d'Alluye, I, 301.

  Montluc (Jeanne de), comtesse de Carmain ou Cramail. Voy. Sourdis
  (Jeanne de).

  Montmorency (Henri de), père de Mme de Ventadour (femme d'Anne de
  Levis-Ventadour) et de la princesse de Condé, femme d'Henri de
  Bourbon, père du grand Condé, II, 440.

  Montmorency (Marguerite de), femme d'Anne de Levis, duc de
  Ventadour. Voy. Ventadour (Marguerite de Montmorency, duchesse
  de).

  Montmorency (Henri II, duc de), I, 115, 305, 315.

  Montmorency-Boutteville (Isabelle-Angélique de), duchesse de
  Châtillon, puis de Mecklembourg et non de Wurtemberg, comme il a
  été dit vº Chastillon (duchesse de).

  Montmorency (François-Henri de), qui épousa Madelaine-Claire de
  Clermont-Luxembourg, III, 491.

  Montmorency (Madelaine-Claire de Clermont-Luxembourg, femme de
  François-Henri de), III, 491.

  Montmorency-Laval (Marie-Louise de), femme du duc de Roquelaure.
  Voy. Roquelaure (Marie-Louise de Laval-Montmorency, duchesse de).

  Montmorillon (N. de), I, 306.

  Montmoron (Charles de Sévigné, comte de), conseiller au parlement
  de Rennes, I, 408.

  Montmort (Anne Habert de), veuve du maréchal de Thémines, femme de
  François-Annibal d'Estrées, maréchal de France. Voy. Estrées
  (maréchale d').

  Monmouth (le duc de), I, 41.

  Montpensier (Marie-Louise d'Orléans, duchesse de), I, 4, 5, 52,
  100, 130 et suiv., 160, 215, 221, 238, 290, 295, 328, 329; II, 28,
  102, 103, 168, 197 à 282, 361, 373, 378, 381 à 400, 471 et suiv.;
  IV, 286.

  Montrésor (Claude de Bourdeilles, comte de), I, 315, 415.

  Montrevel (Ferdinand de la Baume, comte de), I, 20.

  Montsoreau (Bernard, comte de), I, 212.

  Montsoreau (Marie-Geneviève de Chambes, comtesse de), femme de
  Louis-François, marquis de Sourches. Voy. Sourches.

  Montsoreau (Jean du Bouchet, marquis de Sourches, comte de), I,
  212.

  Moreil (M. de), I, 316.

  Moret (Jacqueline de Bueil, comtesse de), femme de René II du
  Bec-Crespin, marquis de Vardes. Voy. Vardes (René II du
  Bec-Crespin, marquis de).

  Moret (Antoine de Bourbon, comte de), fils naturel de Jacqueline
  de Bueil et de Henri IV, I, 146, 270; II, 61.

  Mornay (famille de), branche d'Ambleville et Villarceaux, I, 151.

  Mornay (Louis de), marquis de Villarceaux. Voy. Villarceaux.

  Mornay-Villarceaux (Charlotte de), 2e femme du maréchal de
  Grancey. Voy. Grancey (Charlotte de Mornay, 2e femme du maréchal
  de).

  Mortecelle (la présidente de), I, 254.

  Mortemart (Gabriel de Rochechouart, duc de), I, 170; II, 74, 362.

  Mortemart (Diane de Grandseigne, femme de Gabriel de Rochechouart,
  marquis de), II, 362.

  Mortemart (Françoise-Athénaïs de Rochechouart, Mlle de). Voy.
  Montespan (marquise de).

  Morus (le pasteur Alexandre), II, 30.

  Motteville (Françoise Bertaut, femme du président de), I, 263.

  Mouy ou Movy (Mme de), I, 78, 207.

  Mouchette, chevau-léger, I, 214.

  Mouchy (Catherine de), soeur du maréchal d'Hocquincourt, 1re femme
  du maréchal de Grancey. Voy. Grancey (Catherine de Mouchy, 1re
  femme du maréchal de).

  Moyset, neveu du partisan Catelan, I, 89.

  Munster (Christophe-Bernard van Galen, prince-évêque de), I, 77.


  Nangis (François de Brichanteau, marquis de), I, 406.

  Nangis (Marie de Bailleul, marquise de), puis marquise d'Uxelles.
  Voy. Uxelles (marquise d').

  Nantes (Mlle de), femme du duc de Bourbon. Voy. Bourbon (duchesse
  de), et ajoutez: IV, 138.

  Napoléon Ier, I, 305.

  Nardy (l'abbé), II, 348.

  Nassau (Guillaume-Henri de), prince d'Orange. Voy. Orange
  (Guillaume-Henri de Nassau, prince d').

  Navailles (Philippe de Montault-Bénac, marquis, puis, en 1658, duc
  de), I, 62, 226; II, 59, 63, 168; IV, 266.

  Navailles (Suzanne de Beaudean de Neuillant, duchesse de), I, 226,
  292, 403; II, 59, 168; III, 117.

  Navailles (Diane de), 2e femme de René de Cordouan, marquis de
  Langeais, II, 436, 437.

  Navarret (la Petit, femme de), I, 89.

  Nelguin (Mme), I, 238.

  Nemours (Henri II de Savoie, duc de), I, 56, 75, 160 et suiv., 166
  et suiv., 172, 175, 181, 188, 192 et suiv., 202 et suiv., 210 et
  suiv., 216, 416.

  Nemours (Mlle d'Aumale et non Mlle de), III, 126.

  Nemours (Marie d'Orléans-Longueville, duchesse de), I, 160, 168.

  Nerestang (Achille, marquis de), III, 352.

  Neubourg (Philippe-Guillaume de Bavière, duc de), II, 201.

  Neubourg (Anne de), femme de François Poussart, marquis du Vigean.
  Voy. Vigean (du).

  Neuillant (Françoise Tiraqueau, comtesse de), III, 72, 117.

  Neuillant (Suzanne de Beaudean, Mlle de), duchesse de Navailles,
  Voy. Navailles.

  Nevelet (Marie), femme de Jean II du Bouchet, marquis de Sourches,
  I, 212.

  Nevers (Charles de Gonzague-Clèves, duc de). Voy. Gonzague-Clèves
  (Charles de), duc de Nevers.

  Nevers (Philippe de Mancini, duc de), I, 277 et suiv.

  Nevers (Diane-Gabrielle de Damas de Thianges, femme de Philippe de
  Mancini, duc de), I, 283 et suiv.

  Nicolaï (Antoine de), président de la cour des comptes, I, 270.

  Nicolaï (Marie Amelot, femme du président Antoine de), I, 270.

  Ninon de Lenclos, I, 16, 40, 47, 62, 75, 155, 200, 271, 295, 312
  et suiv.

  Noailles (Anne, comte, puis premier duc de), II, 465; III, 58.

  Noailles (Louise Boyer, femme d'Anne, duc de), I, 295; II, 465.

  Noailles (Anne-Jules, comte d'Ayen, puis duc de), fils aîné des
  précédents, II, 465.

  Noailles (Marguerite-Thérèse de Rouillé, veuve du marquis
  Jean-François de), 3e femme du duc de Richelieu, I, 72.

  Noailles (Louis-Antoine, cardinal de), IV, 184.

  Nogent (Nicolas Bautru, comte de), III, 392, 504.

  Nogent (Marie Coulon, femme de Nicolas Bautru, comte de), III,
  504. Voy. Bautru.

  Nogent (Armand de Bautru, comte de), beau-frère de Lauzun, II,
  412; III, 322.

  Nogent (Diane-Charlotte de Caumont, soeur de Lauzun, femme
  d'Armand de Bautru, comte de), II, 222, 248, 320, 381, 388; III,
  322, 392.

  Nointel (Louis de Bechameil, marquis de). Voy. Bechameil (Louis
  de).

  Noirmoutier (Louis II de la Trémouille, marquis, puis duc de), I,
  144; III, 334.

  Noirmoutier, (Renée-Julie Aubery, femme de Louis II de La
  Trémouille, marquis de), III, 334, 336.

  Northumberland (Anne Wriothesley, comtesse de), I, 257.

  Nouveau (Catherine de Gérard, femme de Jérôme de), I, 24.

  Novion (Nicolas Pothier, sieur de), premier président au
  parlement, I, 25, 148.


  Ogier (François), I, 207.

  Oignon (le comte d'). Voy. Foucault (le maréchal), comte du
  Dognon.

  Ollier (Louise), femme du président Ardier. Voy. Ardier.

  Olonne (Louis de la Trémouille, comte d'), I, 6, 38, 78, 274; II,
  350, 353; III, 296 et suiv.

  Olonne (Catherine-Henriette d'Angennes de La Loupe, comtesse d'),
  I, 4, 5, 69 et suiv., 146, 149, 232, 233, 243, 265 et suiv., 414;
  II, 169, 403; III, 280 et suiv., 393 et suiv., 472.

  Olympe (Mme), III, 97. Voir p. 76: «une dame d'un château voisin.»

  Oradour (Georges de Bermondet, baron d'), II, 337.

  Oradour (Françoise Garnier, femme de M. d'), II, 337.

  Oraison (marquis d'), III, 409.

  Oraison (Madeleine d'), femme de Jacques-Louis, duc de Caderousse.
  Voy. Caderousse.

  Orange (Guillaume de Nassau, prince d'), père de Guillaume-Henri,
  IV, 231.

  Orange (Guillaume-Henri de Nassau, prince d'), IV, 144, 155, 157,
  231.

  Orgères (Madelaine Garnier, veuve d'), II, 337.

  Orléans (Gaston de France, duc d'), I, 12, 54, 75, 180, 185, 186,
  193, 208, 263, 290, 300, 303, 329, 404.

  Orléans (Marguerite de Lorraine, femme de Gaston d'), I, 290.

  Orléans (Mlle d'), duchesse de Lorraine. Voy. Lorraine (Mlle
  d'Orléans, duchesse de).

  Orléans (Philippe de France, duc d'Anjou, puis duc d'), dit
  _Monsieur_, I, 63, 64, 65, 111, 112 et suiv., 227, 264, 289, 297;
  II, 42, 61, 99, 102, 147 et suiv., 201, 219, 236, 248, 262, 265,
  268, 363, 364, 370, 386 391; III, 9, 239, 240, 253, 309, 432, 474;
  IV, 205, 231, 253, 274, 280, 288.

  Orléans (Henriette d'Angleterre, 1re femme de Philippe, duc d'),
  _dite_ Madame, I, 65, 67, 138, 144, 150, 217, 263, 271, 297; II,
  28, 36, 40, 41, 42, 43, 57, 61 et suiv., 78 et suiv., 92 et suiv.,
  99 et suiv., 145 et suiv., 219, 261, 391, 455; III, 13, 432; IV,
  251, 253, 262 et suiv., 276.

  Orléans (Elisabeth-Charlotte de Bavière, comtesse palatine du
  Rhin, 2e femme de Philippe d'Orléans), _dite_ Madame, I, 296; III,
  13, 14, 16, 54.--N. B. A la p. 54, t. III, lire ce nom, au lieu
  de Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière; IV, 216, 274, 288.

  Orléans (Marie-Louise d'), reine d'Espagne, III, 432, 433.

  Orléans (Philippe d'), régent de France, IV, 227, 274.

  Orval (François de Béthune, comte d'), I, 315.

  Osereux (Nicolas Viole, seigneur d'). Voy. Viole (Nicolas).

  Outrelaise (Mlle Magdeleine d'), [parente de Fiesque], I, 300.


  Paget (Jacques), maître des requêtes, I, 16, 17, 18, 19, 21, 28,
  274; II, 349.

  Paget (Anne Gelée, femme de Jacques), I, 16.

  Palatin (Edouard de Bavière, prince). Voy. Bavière (Edouard de),
  prince palatin.

  Palatine (Anne de Gonzague-Clèves, princesse). Voy. Bavière (Anne
  de Gonzague, femme d'Edouard de), princesse palatine. Ajoutez: IV,
  254, 255.

  Palatine (princesse), _dite_ Madame. Voy. Orléans
  (Charlotte-Elisabeth de Bavière, 2e femme de Philippe, duc d').

  Palluau, maréchal de Clérambault. Voy. Clérambault (maréchal de).

  Pamphilio (Gerolamo), III, 48.

  Pardaillan de Gondrin (Roger-Hector de), père de Henri-Louis de
  Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan, II, 362.

  Pardaillan de Gondrin (Marie-Christine Zamet, femme de
  Roger-Hector de), II, 362.

  Pardaillan de Gondrin (Henri-Louis de), marquis de Montespan. Voy.
  Montespan (marquis de).

  Pardaillan de Gondrin, (Louis-Antoine de), duc d'Antin, fils de
  Henri-Louis de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan. Voy.
  Antin (duc d').

  Parthenay (Charlotte de), dame de Genouillé, femme de Jean-Jacques
  de Pons, marquis de La Caze, I, 185.

  Pascal, père de Blaise, I, 89.

  Pascal (Blaise), I, 95; IV, 88.

  Pegelin, et Pegevin, pour Puiguilhem. Voy. Lauzun.

  Peguilhem. Voy. Lauzun.

  Peguilin. Voy. Lauzun.

  Perrault (Charles), IV, 129.

  Perrier (François), peintre, III, 312.

  Perrot (Marthe), 1re femme de Claude Cornuel, I, 87.

  Persan (Henri de Vaudetar, baron de), I, 295.

  Petersfield (Mlle de Keroualles, baronne de). Voy. Keroualles
  (Mlle de).

  Petit (Claude) ou Le Petit, Voy. Le Petit (Claude).

  Petit (la), belle-soeur du partisan Catelan, femme de Navarret, I,
  89.

  Phelippeaux (Louis), de Pontchartrain, père de Louis II; mari de
  Suzanne Talon, IV, 156.

  Phelippeaux de Pontchartrain (Suzanne Talon, femme de Louis I de),
  IV, 156.

  Phelippeaux (Anne), femme de Léon Le Bouthillier de Chavigny. Voy.
  Chavigny (Anne Phelippeaux, femme de Léon de).

  Phelippeaux (Isabeau), femme du marquis d'Humières, mère du
  maréchal duc d'Humières. Voy. Humières (Isabeau Phelippeaux,
  marquise d').

  Phelippeaux de la Vrillière (Marie), femme de Jean-Claude de
  Rochechouart. Voy. Rochechouart (Marie Phelippeaux, femme de
  Jean-Claude de), II, 100.

  Philippe III, roi d'Espagne, IV, 257.

  Philippe IV, roi d'Espagne, I, 62; IV, 246, 247.

  Pianezza (Charles de Simiane, marquis de), IV, 146.

  Piennes (Louis de Brouilly, marquis de), I, 52; II, 72.

  Piennes (marquise de). Voy. Fiesque (comtesse de).

  Pilou (Anne Baudesson, femme de Jean), I, 20.

  Pimentel (Antonio), ambassadeur d'Espagne, II, 29.

  Pisieux (Mme de). Voy. Puysieux.

  Plas (Aimée-Eléonore de), femme de Rigaud de Scorailles, comte de
  Roussille, II, 459.

  Plessis (Louise de Bellenave, comtesse du), marquise de
  Clérambault. Voy. Clérambault (marquise de).

  Plessis-Bellière (Jacques de Rougé, sieur du), III, 496.

  Plessis-Bellière (Suzanne de Bruc, femme de Jacques de Rougé,
  sieur du), II, 356; III, 496.

  Plessis-Chivray (Henri du), I, 245.

  Plessis-Chivray (Françoise-Marguerite du), femme du maréchal de
  Grammont, II, 35.

  Plessis-Guénégaud (Henri du), III, 371.

  Plessis-Guénégaud (Isabelle de Choiseul-Praslin, femme d'Henri
  du), III, 371.

  Plessis-Guénégaud (Claire-Bénédictine du), femme du duc de
  Caderousse. Voy. Caderousse (Claire-Bénédictine du
  Plessis-Guénégaud, femme du duc de).

  Plessis-Liancourt (du). Voy. La Roche-Guyon (duc de).

  Plessis (du), valet de chambre du duc d'Aumont, III, 487.

  Polignac (Anne de), maréchale de Châtillon, I, 176.

  Polignac (Jacqueline du Roure, 3e femme de Louis-Armand de), mère
  du suivant, III, 503, 504.

  Polignac (Sidoine-Apollinaire-Gaspard-Scipion, marquis de), III,
  503, 504, 507, 508.

  Polignac (Marie-Armande de Rambures, femme du précédent marquis
  de), III, 495 et suiv., 508, 509.

  Polignac (Antoinette de), fille de Louis-Armand de Polignac et de
  sa première femme, Suzanne des Serpens de Gondras, III, 503.

  Pommereuil (François de), présid{t} au Grand-Conseil, I, 328, 406.

  Pommereuil (Denise de Bordeaux, femme du président de), I, 306,
  406.

  Pommereuil (Hippolyte, fils du président de), I, 328.

  Pomponne (Simon Arnauld, marquis de). Voy. Arnauld (Simon),
  marquis de Pomponne, et ajoutez: IV, 156, 179.

  Pons (Jean-Jacques de), marquis de La Caze, I, 185.

  Pons (Judith de), fille de Jean-Jacques, marquis de La Caze, et de
  Charlotte de Parthenay, I, 185.

  Pons (marquis de), II, 380.

  Pons du Bourg (Elisabeth de), femme de François-Amanieu d'Albret,
  comte de Miossens. Voy. Miossens.

  Pons (Anne Poussart du Vigean, veuve de François-Amanieu d'Albret,
  sire de), remariée au duc de Richelieu, I, 71, 72, 295, 403, 405,
  406.

  Pons (Bonne Poussart du Vigean de), femme de Sublet d'Heudicourt,
  soeur cadette d'Anne de Pons, duchesse de Richelieu. Voy.
  Heudicourt.

  Pons (Mlle de) [aimée du duc de Guise], II, 93, 107.

  Pons (Armand de Bouthillier de Chavigny, seigneur de). Voy.
  Chavigny (Armand de Bouthillier de).

  Pontcarré (Pierre Camus de). Voy. Camus de Pontcarré (Pierre).

  Pontchartrain (Louis Phelippeaux de), ministre, en 1695, IV, 156,
  167 et suiv., 196.

  Pont-de-Courlay (René de Vignerot, sieur du), I, 71.

  Pont-de-Courlay (Françoise du Plessis de Richelieu, femme de René
  de Vignerot, sieur du), I, 71.

  Porstmouth (Mlle de Keroualles, duchesse de). Voy. Keroualles (M.
  de).

  Pot (Claude), seigneur de Rhodes, II, 74.

  Pot (Anne-Louise-Henriette de La Châtre, femme de Claude), II, 74.

  Potemkin (Pierre), I, 137, 138.

  Potier (Bernard-François), duc de Gesvres. Voy. Gesvres
  (Bernard-François Potier, duc de).

  Pradel (Abraham du), I, 321.

  Précy (Mme de), I, 319, 326 et suiv, 404.

  Princesse (madame la). Voy. Condé (princesse de).

  Prud'homme, barbier-étuviste, III, 225, 226.

  Puisieux, Voy. Puysieux.

  Pulner (Roger), comte de Castle-Maine. Voy. Castle-Maine.

  Pussort (Henri), conseiller d'Etat, IV, 156.

  Puygarreau (René Gillier de), sieur de Clérembault. Voy.
  Clérembault (René Gillier de Puygarreau, sieur de).

  Puylaurens (Antoine de Laage, marquis, puis duc de), III, 253.

  Puysieux (Pierre Brûlart, marquis de Sillery, vicomte de), I, 43,
  220.

  Puysieux (Charlotte d'Etampes de Valençay, femme de Pierre
  Brûlart, vicomte de), I, 220, 221, 223 et suiv., 258, 407; II,
  197.


  _Quanto_, surnom de Mme de Montespan. Voy. Montespan (Mme de).

  Quentine, femme de chambre de Mme d'Olonne, I, 17, 124, 127.

  Quervalle (Mlle de). Voy. Keroualles (Mlle de).

  Quillet (l'abbé Claude), I, 183.

  Quinault (Philippe), III, 226.

  Quintin (Suzanne de Montgommery, comtesse de), II, 420.


  Rabutin, page de la princesse de Condé, I, 240.

  Rabutin (Louise de). Voy. Alets (comtesse d').

  Rabutin (Roger de), comte de Bussy. Voy. Bussy (Roger de Rabutin,
  comte de).

  Racan (Honoré de Bueil, marquis de), I, 8.

  Racine (Jean), I, 298.

  Ragny (Anne de La Magdelaine de), duchesse de Lesdiguières. Voy.
  Lesdiguières (Anne de la Magdelaine de Ragny, 2e femme de François
  de Bonne de Créqui, duc de).

  Ragny (Charles-Nicolas de Bonne de Lesdiguières, marquis de), III,
  238.

  Raguenet (l'abbé François), I, 187.

  Rambouillet (hôtel de), I, 40, 136, 144, 320; III, 499.

  Rambouillet (famille d'Angennes de), III, 135.

  Rambouillet (Charles d'Angennes, marquis de), I, 244.

  Rambouillet (Catherine de Vivonne-Pisani, femme de Charles
  d'Angennes, marquis de), III, 121.

  Rambouillet (Julie-Lucine d'Angennes de), marquise de Montausier.
  Voy. Montausier (marquise de).

  Rambouillet (Angélique-Claire d'Angennes, Mlle de), depuis
  comtesse de Grignan, I, 328.

  Rambures (René, marquis de), III, 392.

  Rambures (Marie Bautru, femme de René, marquis de), belle-mère du
  duc de Caderousse, II, 417; III, 392 et suiv., _passim_.

  Rambures (Marie-Renée de), 2e femme du duc de Caderousse. Voy.
  Caderousse (Marie-Renée de Rambures, 2e femme du duc de).

  Rambures (Mlle de), Mme de Polignac. Voy. Polignac (Marie-Armande
  de Rambures, femme de Sidoine-Apollinaire-Gaspard-Scipion de).

  Ramsay (François de), I, 187.

  Rancé (Armand Jean de Bouthillier, abbé de), I, 209.

  Rannes (Nicolas d'Angennes, marquis de), III, 504, 505.

  Rannes (Charlotte Bautru, femme de Nicolas d'Angennes, marquis
  de), puis princesse de Montauban. Voy. Montauban (Charlotte
  Bautru, duchesse de).

  Rassan (Anne-Elisabeth de), marquise de Castellane, puis marquise
  de Ganges. Voy. Ganges (marquise de).

  Rassé (le sieur de), un des huissiers de Louis XIV, IV, 27.

  Ravelot (Henriette-Catherine de Gramont, femme d'Alexandre de
  Canonville, marquis de Raffetot et non), I, 136.

  Relabbé (M. de), II, 352.

  Renard (le jardin de), aux Tuileries, I, 76, 154; II, 4, 5.

  Renaudot (Théophraste), II, 134.

  Resnel (Clermont de). Voy. Clermont (maison de).

  Retz (Paul de Gondi, coadjuteur de Paris, cardinal de), I, 144,
  145, 166, 182, 193 et suiv., 226, 231, 306, 320, 406, 413; II,
  404; III, 215.

  Rezay (Pierre Bénard, seigneur de), conseiller au parlement, II,
  28.

  Richelieu (Armand du Plessis, cardinal de), I, 58, 83, 88, 136,
  144, 293; II, 50, 51, 341, 380; IV, 212.

  Richelieu (Françoise du Plessis), soeur du cardinal, femme de René
  de Vignerot, sieur du Pont-de-Courlay. Voy. Pont-de-Courlay.

  Richelieu (J.-B. Amador de Vignerot du Plessis, marquis de), I,
  71, 290, 291; II, 50.

  Richelieu (Jeanne-Baptiste de Beauvais, marquise de), II, 51.

  Richelieu (Armand-Jean de Vignerod du Plessis, duc de), I, 58; II,
  380, 381.

  Richelieu (Anne de Pons, fille de François Poussart, sieur de Fors
  ou Faure, marquis du Vigean, veuve de François Amanieu d'Albret,
  sire de Pons, marquis de Marennes, puis femme d'Armand du Plessis,
  duc de), I, 71, 155, 158, 184, 185, 200; II, 51, 380.

  Richelieu (Anne-Marguerite d'Acigné, 2e femme du duc de), I, 72.

  Richelieu (Marguerite-Thérèse de Rouillé, veuve du marquis de
  Noailles, 3e femme du duc de), I, 72.

  Richmont (François-Marie Stuart, duc de), I, 225, 238.

  Richou (l'abbé), I, 328.

  Richou ou Richoux, I, 182.

  Ricousse ou Ricoux, mari de Mlle Bordeaux, I, 182, 201, 205, 241
  et suiv.

  Ricoux (N... Bordeaux, femme de). Voy. Bordeaux ou Bourdeaux (Mlle
  de), femme de Ricoux.

  Rigaud (Hyacinthe), III, 312.

  Rigny (Basile Fouquet, abbé de). Voy. Fouquet (Basile).

  Riom (M. de), neveu de Lauzun, I, 133.

  Roannez (duché de), II, 400, 401.

  Roannez (duc de). Voy. La Feuillade et Gouffier (Artus).

  Robert (Louis), président en la Cour des comptes, III, 467.

  Robinet (Charles), _dit_ du Laurens, I, 227.

  Rochechouart (Jean-Claude de), II, 100.

  Rochechouart (René de), père de Gaspard de Rochechouart, II, 100.

  Rochechouart (Gaspard de), père de Gabriel de Rochechouart, II,
  100.

  Rochechouart (Gabriel de), père de Mme de Montespan, II, 100.

  Rochechouart (Françoise-Athénaïs de), femme de Henri-Louis de
  Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan. Voy. Montespan
  (marquise de).

  Rochechouart (Marie-Madeleine-Gabrielle de), abbesse de
  Fontevrault, III, 10.

  Rochefort de Salvert (famille d'Angennes de), III, 135.

  Rochefort de Salvert (Louis d'Angennes de), marquis de Maintenon.
  Voy. Maintenon (Louis d'Angennes de Rochefort de Salvert, marquis
  de).

  Rochefort (Henri-Louis d'Aloigny, marquis de), III, 363.

  Rohan. Voy. aussi: 1º Guemené, 2º Montauban, 3º Montbazon.

  Rohan (Marguerite de Béthune-Sully, femme du duc Henri II de) I,
  75, 252.

  Rohan (Henri Chabot, seigneur de Saint-Aulaye et de Montlieu, mari
  de Marguerite, duchesse de Rohan, et, par suite, duc de
  Rohan-Chabot), I, 49; II, 47; III, 146.

  Rohan (Marguerite, duchesse de), femme de Henri Chabot, II, 47;
  III, 146.

  Rohan-Guemené (Hercule de), duc de Montbazon. Voy. Montbazon (duc
  de).

  Rohan (Marie de), femme de Charles d'Albert de Luynes, puis
  duchesse de Chevreuse. Voy. Chevreuse (duchesse de).

  Rohan-Chabot (Louis, duc de), fils de Henri Chabot et de
  Marguerite de Rohan, I, 270.

  Rohan-Chabot (Marie-Elisabeth du Bec-Crespin, fille du marquis de
  Vardes, duchesse de), I, 270.

  Rohan (Tancrède de), I, 31, 147; II, 47.

  Rohan (Louis, chevalier de), grand veneur de France, fils de Louis
  VII de Rohan-Guemené, duc de Montbazon, I, 209; II, 41, 464; III,
  506.

  Rohan (Renée-Marie de Longueil, femme de Louis, chevalier de
  Rohan, dit monsieur de). Voy. Longueil (Renée-Marie de).

  Rohan-Montauban. Voy. Montauban.

  Roquelaure (Antoine, baron de), maréchal de France, I, 163.

  Roquelaure (Gaston-Jean-Baptiste, marquis de Biran, duc à brevet
  de), fils du Maréchal, I, 68, 163, 164, 165, 179, 289, 407; II,
  71, 88, 100, 106, 107, 425, 426, 431, 447, 448 et suiv.; III, 238,
  363 et suiv.

  Roquelaure (Marie-Louise de Laval, duchesse de), femme de
  Gaston-Jean-Baptiste-Antoine, marquis de Biran, puis duc de
  Roquelaure, I, 165, 217; II, 426, 448; III, 451, 461; IV, 138.

  Roquelaure (Antoine, chevalier de), I, 153, 163, 164.

  Roquelaure (Gaston-Jean-Baptiste-Antoine, marquis de Biran, puis
  duc de), fils de Gaston Jean-Baptiste, I, 165, 166; II, 425; III,
  353 et suiv.; IV, 138, 262. Voy. Biran.

  Roquelaure (Charlotte-Marie de Daillon du Lude, marquise, puis
  duchesse de), I, 111, 112, 165, 321; II, 72, 448; III, 420.

  Roquelaure (M. de la Tour-). Voy. La Tour-Roquelaure.

  Roquette (l'abbé Gabriel de), plus tard évêque d'Autun, I, 12.

  Rosmadec (Sébastien de), II, 469.

  Rosmadec (Catherine-Gasparde de Scorailles, femme de Sébastien
  de), II, 469.

  Rosny (Marie-Antoinette Servien, marquise de), I, 254.

  Rotondis (M. de), II, 154.

  Rou (Jean), II, 437; III, 227.

  Rougé (Catherine de), femme du maréchal de Créqui. Voy. Créqui
  (Catherine de Rougé, maréchale de).

  Rouillé (Marguerite-Thérèse de), veuve du marquis de Noailles, 3e
  femme du duc de Richelieu. Voy. Richelieu (Marguerite-Thérèse de
  Rouillé, duchesse de). Voy. aussi II, 429, Rouillé (Marguerite,
  femme de Nicolas L'Avocat).

  Roucy ou Roussy (François de Roye de La Rochefoucauld, comte de),
  III, 366 et suiv., 426 et suiv., 461, 476.

  Roure (Louis-Scipion III de Grimoard de Beauvoir, comte du),
  marquis de Grisac, etc., III, 186, 187.

  Roure (Marie-Anne-Louise de Caumont La Force, femme de Louis
  Scipion, marquis du), III, 185 à 204.

  Roussille (Rigaud de Scorailles, comte de), père de Mlle de
  Fontanges, II, 459.

  Roussille (Aimée-Eléonore de Plas, femme de Jean Rigaud de
  Scorailles, comte de), II, 459.

  Roussillon (Nicolas de Changi, comte de), I, 315.

  Rouville (François, comte et non marquis de), I, 51, 91, 208, 315,
  316.

  Rouxel (Guillaume), père du comte de Maré et du maréchal de
  Grancey, III, 240.

  Rouxel de Grancey. Voy. Grancey (Rouxel de).

  Rouxel de Maré. Voy. Maré (Rouxel de).

  Royan (François de la Tremouille, marquis de), plus tard comte
  d'Olonne, I, 274; III, 334, [frère de Louis, comte d'Olonne]. Voy.
  ce nom.

  Royan (César-Joseph de la Trémouille, chevalier de), frère de
  Louis, comte d'Olonne, III, 334, 335.

  Royan (Yolande-Julie de La Tremouille, femme de François de La
  Tremouille, marquis de), III, 334, 335, 336.

  Russell (... Wriothesley, lady), I, 257.


  Saint-Aignan, I, XIII; II, 8, 9, 10, 17, 19, 24, 28, 40, 42, 43,
  45, 51 et suiv., 83, 84, 111; III, 14, 15, 18, 20, 21, 30, 41; IV,
  26, 252, 254, 259, 265.

  Saint-Chamans (famille de Lignerac-), II, 420.

  Saint-Charles (le P. Alexandre de), III, 158.

  Saint-Chaumont (Henry Mitte de Miolans, marquis de), I, 135.

  Saint-Chaumont (Suzanne-Charlotte de Gramont, femme de Henry Mitte
  de Miolans, marquis de), fille d'Antoine II, comte de Gramont, I,
  135, 263, 295.

  Sainte-Maure (Charles de), marquis de Montausier. Voy. Montausier
  (marquis de).

  Sainte-Maure (Claude de), seigneur du Fougeray, III, 197.

  Sainte-Maure (Honoré, comte de), III, 197.

  Saint-Evremont (Charles-Marguerite de Saint-Denys de), I, 6, 37,
  225; II, 73.

  Saint-Faron (Pierre de Bullion, abbé de), I, 306.

  Saint-Gelais (Marie-Madelaine de), fille du marquis de Lansac,
  femme du marquis de Vassé. Voy. Vassé (marquise de).

  Saint-Georges (Clermont de), Voy. Clermont (maison de).

  Saint-Géran (Jean-François de La Guiche, seigneur de), II, 55.

  Saint-Germain-Beaupré (Henri Foucault, marquis de), I, 300.

  Saint-Germain-Beaupré (Agnès de Bailleul, marquise de), I, 300,
  412.

  Saint-Hermine (... de Villette, mariée à M. de), III, 69, 119.

  Saint-Hilaire (Mlle de), actrice, II, 159.

  Saint-Just (Savary, sieur de). Voy. Savary, sieur de Saint-Just.

  Saint-Lary (maison de), III, 465.

  Saint-Loup (Le Page, financier, sieur de), I, 405.

  Saint-Loup (Mlle de La Roche-Pozay, femme de Le Page, sieur de),
  I, 11, 147, 300, 405.

  Saint-Maigrin. Voy. Saint-Mesgrin.

  Saint-Mars (M. de), gouverneur de la citadelle de Pignerolles. II,
  398.

  Saint-Mesgrin (Jacques de Stuart de Caussade, marquis de), I, 240.

  Saint-Mesgrin (Marie de Stuart de Caussade, Mlle de), I, 75, 403,
  404.

  Saint-Paul (Charles-Paris d'Orléans-Longueville, comte de), IV,
  267. Voy. Longueville (Charles-Paris, d'abord comte de Saint-Paul,
  puis duc de).

  Saint-Remy (Françoise Le Prévost, veuve de Laurent de La Baume Le
  Blanc, seigneur de La Valière). Voy. Le Prévost (Françoise), femme
  du sieur de La Valière.

  Saint-Sacrement (Anne du). Voy. Viole (Anne).

  Saint-Simon (Claude, duc de), I, 271, 315; IV, 203.

  Saint-Simon (Louise de Crussol, veuve d'Antoine de Budos, marquis
  de Portes, femme de Charles, marquis de), belle-soeur et
  belle-mère du duc Claude de Saint-Simon, I, 254.

  Saint-Simon, M{is} de Courtaumer (Claude-Antoine de), III, 202.

  Saint-Simon-Courtaumer (Marie de), séparée du marquis de Langeais,
  femme de Jacques Nompar de Caumont, duc de La Force. Voy. Langeais
  et La Force (Marie de Saint-Simon Courtaumer, séparée du marquis
  de Langeais, femme de Jacques Nompar de Caumont, duc de).

  Saint-Simon (Gabrielle de Durfort de Lorge, femme du duc de), IV,
  203.

  Sainte-Maure (le comte de), IV, 229.

  Saint-Villiers (Barbe de), femme de Roger Pulner, comte de
  Castlemaine, puis comtesse de Southampton et duchesse de
  Cleveland, I, 238.

  Sablé (Madeleine de Souvré, marquise de), I, 171; II, 102; IV,
  130.

  Sablé (Louis-François Servien, fils d'Abel, marquis de), III, 230
  et suiv.

  Sacrement (Anne du Saint-). Voy. Viole (Anne).

  Salins (N..., femme de Garnier de), belle-soeur de Suzanne
  Garnier, comtesse de Brancas, I, 232.

  Sallé (Jacques), maître des Comptes, III, 446.

  Sallé (Jeanne Le Meusnier, femme de Jacques), III, 446, 447.

  Salm (Charles-Théodore-Othon, prince de), II, 48.

  Sarrazin ou Sarrasin (Jean-François), I, 139.

  Saucourt (marquis de). Voy. Soyecourt (marquis de).

  Sault (François-Emmanuel de Bonne de Créqui, duc de Lesdiguières,
  et d'abord comte de). Voy. Lesdiguières (François-Emmanuel de
  Bonne de Créqui, duc de).

  Sault (Paule-Marguerite-Françoise de Gondi de Retz, femme de
  François-Emmanuel de Bonne de Créqui, comte de, puis duc de
  Lesdiguières).--Voy. Lesdiguières (Paule-Marguerite-Françoise de
  Gondi de Retz, femme de François-Emmanuel de Bonne de Créqui,
  d'abord c{te} de Sault, puis duc de).

  Sautour (Charlotte, fille de madame de Cézy, de la maison de
  Harlay, mariée à François des Essarts, sieur de), I, 91.

  Savary (Pierre-Philémond), sieur de Saint-Just et de
  Boutervilliers, grand-maître des eaux et forêts de Normandie, IV,
  128.

  Savary, sieur de Saint-Just (Angélique Le Cordier du Tronc, femme
  de), IV, 128. et suiv. Voy. Tron (Angélique Le Cordier du).

  Savignac (Sylvestre de Crugy, comte de Marcillac, devenu s{r} de
  Savignac par son mariage avec Marie-Anne de Benevant, dame de), I,
  315.

  Savoie (Christine de France, duchesse de). Voy. Christine de
  France, duchesse de Savoie.

  Savoie (Charles-Amédée de), frère de Henri II de Savoie, duc de
  Nemours, I, 168; II, 201.

  Savoie (la princesse Marguerite de), II, 29.

  Savoie (le prince Eugène de). Voy. Eugène (le prince), IV, 145,
  146.

  Savoie (Adélaïde-Henriette de), femme de Ferdinand-Marie, duc de
  Bavière. Voy. Bavière (Adélaïde-Henriette de Savoie, femme de
  Ferdinand-Marie, duc de), IV, 274.

  Savoie (Victor-Amédée-François II, duc de), IV, 145, 146.

  Scarron de Vaures (Catherine), femme d'Antoine, maréchal duc
  d'Aumont, II, 439.

  Scarron (Paul), le poète, I, 58; III, 73, 117, 118 et suiv., 169,
  171 et suiv.

  Scarron (Françoise d'Aubigné, femme de). Voy. Maintenon (Mme de).

  Scarron (Céleste), soeur du poète, III, 121.

  Scarron (N...), femme non avouée du duc de Tresmes, III, 119.

  Schomberg (Henri, comte de Nanteuil, 1er maréchal de), I, 209.

  Schomberg (Anne de La Guiche, femme du 1er maréchal de), I, 209.

  Schomberg (Jeanne-Armande de), fille du 1er maréchal de ce nom et
  d'Anne de La Guiche, femme de Charles de Rohan, prince de Guéméné,
  duc de Montbazon, fils du duc de Montbazon et de Marie de
  Lenoncourt. Voyez Montbazon (Jeanne-Armande de Schomberg, femme de
  Charles de Rohan, prince de Guéméné, duc de).

  Schomberg (Jeanne de), ép. séparée de François de Cossé, comte de
  Brissac, remariée à Roger du Plessis-Liancourt, duc de La
  Roche-Guyon, marquis de Liancourt et de Guercheville, I, 141.

  Schomberg (Charles, duc d'Hallewin, maréchal de), I, 140, 404.

  Sciroeste (Mlle), I, 151.

  Scorrailles (Rigaud de), comte de Roussille, père de Mlle de
  Fontanges, II, 459.

  Scorrailles (Catherine-Gasparde de), femme de Sébastien de
  Rosmadec. Voy. Rosmadec (Catherine-Gasparde de).

  Scorrailles (Marie-Angélique de), Mlle de Fontanges; Voy.
  Fontanges.

  Scorrailles (Jeanne de), abbesse de Chelles. II, 469; III, 52.

  Scorrailles (Louis-Léger de), abbé de Valloire, II, 469.

  Scudéry (Mlle Magdeleine de), I, 290; II, 135.

  Segrais (Louis-Renaud de), I, 131, 328; II, 266.

  Seguier (Charlotte), femme de Maximilien-François de Béthune, duc
  de Sully, II, 183.

  Seguier (le chancelier Pierre), I, 89, 256, 315; II, 183; III, 47.

  Seguier (la R. M. Jeanne), religieuse carmélite, soeur du
  chancelier, I, 256.

  Seguier (Marie), 1re femme de Louis-Charles d'Albert, duc de
  Luynes, II, 47.

  Seiglière (Joachim), sieur de Boisfranc. Voy. Boisfranc (Joachim
  Seiglière, sieur de).

  Sénac de Meilhan, I, 227.

  Serignan (M. de), III, 177.

  Servien (famille), III, 47.

  Servien (Abel), III, 230.

  Sesmaisons (Françoise de), femme d'Urbain de Laval, marquis de
  Lezay.

  Sévigné (Henri, marquis de), I, 312 et suiv., 408.

  Sévigné (Marie de Rabutin-Chantal, femme de Henri, marquis de), I,
  73, 152, 187, 304, 325, 408; II, 266.

  Sévigné de Montmoron (Charles de). Voy. Montmoron.

  Sévigny (Le Picard, marquis de), III, 352.

  Sezanne (Louis-François d'Harcourt de Beuvron, comte de), fils de
  François d'Harcourt, marquis de Beuvron et d'Angélique Fabert,
  veuve de Charles Brûlart, marquis de Genlis, I, 7.

  Sillery (Nicolas Brûlart, marquis de), garde des sceaux,
  chancelier de France, I, 43, 150, 220, 232, 233.

  Sillery (Louis Roger Brûlart, marquis de), I, 39, 43, 44, 45.

  Sillery (Marie-Charlotte, fille de François V de La Rochefoucault,
  femme de Louis Roger Brûlart, marquis de).

  Sillery (Fabien Brûlart de), évêque de Soissons, 6e fils du
  marquis Louis Brûlart de Sillery et de Marie-Charlotte de La
  Rochefoucauld, I, 44.

  Sillery (le chancelier et non le chevalier), I, 43. Voy. Sillery
  (Nicolas Brûlart, marquis de).

  Sillery (Achille Brûlart, _dit_ le chevalier de), chevalier de
  Malte, aide de camp de Turenne, 5e fils du marquis Louis Roger de
  Sillery, I, 44.

  Sillery (Mlle de), une des quatre filles du marquis Louis Roger
  Brûlart de Sillery, I, 44.

  Simiane (Charles de), marquis de Pianezza, IV, 146.

  Soissons (hôtel de), II, 293.

  Soissons (Eugène-Maurice de Savoie, comte de), I, 208, 226; II,
  71, 168, 182.

  Soissons (Olympe Mancini, femme d'Eugène-Maurice de Savoie, comte
  de), I, 66, 226, 263, 283 et suiv., 292, 301; II, 47, 48, 52, 55,
  71, 104, 145, 148, 154, 161, 166, 168, 174, 180; IV, 254, 255,
  258.

  Soissons (Louis-Thomas de Savoie, comte de), fils d'Eugène-Maurice
  et d'Olympe Mancini, I, 73.

  Soissons (Uranie de la Cropte de Beauvais, femme de Louis-Thomas
  de Savoie, comte de), I, 72, 73; III, 54.

  Solas (le chevalier de), III, 352.

  Somon (?), I, 316.

  Sorel (Charles), IV, 181.

  Soubise (François de Rohan, prince de), 2e fils d'Hercule de
  Montbazon, I, 91; II, 72, 74; III, 146.

  Soubise (Anne de Rohan-Chabot, princesse de Soubise, femme de
  François de Rohan, prince de Soubise), I, 217; II, 47, 48, 72, 74;
  III, 146, 147; IV, 254, 255.--Voy. _la Préface_.

  Souches (M. de), capitaine des gardes suisses de Gaston d'Orléans,
  I, 212.

  Sourches (Jean du Bouchet, marquis de), comte de Montsoreau, grand
  prévôt de France, I, 212, 259, 260.

  Sourches (Marie Nevelet, femme de Jean du Bouchet, marquis de), I,
  212.

  Sourches (Dominique du Bouchet, fils aîné de Jean, marquis de), I,
  212.

  Sourches (Louis-François du Bouchet, marquis de), 2e fils de Jean
  du Bouchet, marquis de Sourches, I, 212.

  Sourches (Marie-Geneviève de Chambes, femme de Louis-François,
  marquis de), I, 212.

  Sourdis (famille de), II, 407.

  Sourdis (François d'Escoubleau, cardinal de), III, 475.

  Sourdis (Isabelle Escoubleau de), femme de Martin Ruzé, marquis
  d'Effiat, II, 406.

  Sourdis (Charles d'Escoubleau, marquis de), gouverneur d'Orléans,
  I, 91, 323; II, 42, 80, 103; IV, 252.

  Sourdis (Jeanne de Montluc et de Foix, comtesse de Carmain ou
  Cramail, princesse de Chabannois, femme de Charles, marquis de),
  I, 91, 322, 323, 404.

  Sourdis (Paul d'Escoubleau de), marquis d'Alluye, fils de Charles,
  marquis de Sourdis, I, 299.

  Sourdis (?) (Mme de), I, 404. N. B. Au lieu de Sourdis, il faut
  lire Précy, Mme de Sourdis (Jeanne de Montluc) étant morte âgée en
  1657, et celui de ses fils qui porte le nom de Sourdis, François,
  n'étant pas encore marié à l'époque où fut écrit ce pamphlet.

  Southampton (comtesse de). Voy. Saint-Villiers (Barbe de).

  Souvré (Gilles, maréchal de), IV, 130.

  Souvré (Anne de), maréchale d'Humières. Voy. Humières (Anne de
  Souvré, maréchale d').

  Souvré (commandeur Jacques de), I, 62.

  Soyecourt (Maximilien de Belleforière, marquis de), I, 63, 318,
  361; II, 40, 41, 464; III, 508.

  Spencer (Robert), I, 219.

  Spencer (Anne Digby, femme de Robert), I, 219.

  Spinchal (M. de). Voy. Espinchal.

  Stuart (Françoise-Thérèse), femme de Charles Stuart, duc de
  Richemont et de Lenox, I, 238.

  Stuart (l'abbé d'Aubigny, de la maison des), I, 225.

  Suard (N... Panckoucke, Mme), III, 73.

  Sully (Maximilien-François de Béthune, duc de), II, 183.

  Sully (Charlotte Seguier, femme de Maximilien-François de Béthune,
  duc de), II, 183.

  Sully (Marguerite de Béthune-), duchesse de Rohan, I, 75.

  Sunderland (comte de), I, 258.

  Surville (Charles-Louis d'Hautefort, marquis de), I, 316.

  Surville, cadet d'Hautefort, (Anne-Louise-Julie de Crevant
  d'Humières, veuve du marquis de Vassé, vidame du Mans, femme du
  marquis de), I, 316.


  Talhouet (Marie de), femme de Guillaume du Liscouet, II, 420.

  Tallard (Maison de Clermont-). Voy. Clermont-Tallard.

  Tallard (Roger d'Hostun, comte de), père du maréchal, III, 228.

  Tallard (Catherine de Bonne, femme de Roger, comte de), III, 228.

  Tallard (Camille d'Hostun, comte de Haston, marquis de la Baume,
  comte, puis maréchal de), III, 228, 229, 244, 261, 330, 352, 426
  et suiv.

  Talon (Suzanne), femme de Louis Phelippeaux de Pont-Chartrain, IV,
  156.

  Tambonneau (Michel), président de la chambre des comptes, II, 72,
  73.

  Tancrède de Rohan Voy. Rohan (Tancrède de).

  Tardieu (le lieutenant criminel), III, 362.

  Tarente (Charles-Belgique-Hollande de la Trémouille, prince de),
  II, 80.

  Tarente (Madeleine de Créqui, femme de Charles-Belgique-Hollande
  de la Trémouille, prince de), II, 80.

  Tarneau (... de), avocat au grand Conseil, II, 30.

  Tarneau (Elisabeth de), II, 30.

  Tartre (François du), chirurgien de Louis XIV, IV, 189.

  Tavannes (Jacques de Saulx, comte de), I, 415.

  Termes (César-Auguste de Saint-Lary, baron et marquis de), frère
  du duc de Bellegarde, III, 465.

  Termes (Roger de Pardaillan de Gondrin, marquis de), I, 315; III,
  466 et suiv.

  Tessé (René de Froulay, maréchal de), II, 81.

  Théobon (Lydie de Rochefort), fille du marquis de Théobon, femme
  de Charles d'Harcourt, comte de Beuvron. Voy. Beuvron.

  Thémines (Anne-Habert de Montmort, femme du maréchal de), puis, en
  secondes noces, du maréchal d'Estrées. Voy. Estrées (maréchal d').

  Thianges (Gabrielle de Rochechouart-Mortemart, femme de
  Claude-Léonor de Damas, marquis de), II, 74, 412; III, 126, 322.

  Thiboust, I, 316.

  Thomas (le prince de Carignan, _dit_ le prince) Voy. Carignan.

  Thoré (Michel Particelli, sieur de), président, I, 306.

  Thorigny (Jacques de Matignon, comte de), II, 187.

  Thorigny (Lambert de). Voy. Lambert de Thorigny.

  Tilladet (Gabriel de Cassagnet, marquis de); II, 438; III, 348.

  Tilladet (Madelaine Le Tellier, femme de Gabriel de Cassagnet,
  marquis de), II, 438; III, 348.

  Tilladet (Jean-Baptiste de Cassagnet, marquis de), fils de
  Gabriel, II, 131 et suiv., 438, 439, 440, 441; III, 367, 368.

  Tilladet (Gabriel II de Cassagnet, chevalier de), frère du marquis
  Jean-Baptiste, III, 348 et suiv., 461, 477 et suiv.

  Tillet (Jean Girard, seigneur du), I, 411.

  Tillet (Elisabeth Bailleul, femme de Jean Girard, seigneur du), I,
  411.

  Tingry (Charles-François-Frédéric de Montmorency-Luxembourg,
  prince de), III, 491. Voy. aussi Luxembourg
  (Charles-François-Frédéric de Montmorency-).

  Tingry, (Marie-Thérèse d'Albert de Chevreuse, femme de
  Charles-François-Frédéric de Montmorency-Luxembourg, prince de),
  III, 491. Voy. aussi Luxembourg (Marie-Thérèse d'Albert, femme de
  Charles-François-Frédéric de Montmorency-).

  Tingry (Christian-Louis, chevalier de Luxembourg, puis, à la mort
  de son frère aîné, prince de), III, 491.

  Tiraqueau (Françoise), comtesse de Neuillant. Voy. Neuillant
  (Françoise Tiraqueau, comtesse de).

  Tonnay-Charente (Gabrielle de Rochechouart, Mlle de), qui épousa
  le marquis de Blainville, II, 100, 102, 103, 105. Voy. Blainville.

  Tost (Catherine du), dame de Braquemont, femme de chambre d'Anne
  d'Autriche. Voy. Braquemont (Catherine du Tost, dame de).

  Toulouse (Louis-Alexandre de Bourbon, comte de), I, 303; III, 189.

  Tours (Mlle de), III, 331.

  Tourville (Anne-Hilarion de Constantin, comte de), IV, 177.

  Tourville (Lucie de la Rochefoucauld, femme de César de
  Constantin, comte de Fismes et de), I, 189.

  Toussy (Louis de Prie, marquis de), III, 368.

  Toussy (Françoise de Saint-Gelais Lusignan, femme de Louis de
  Prie, marquis de), III, 368.

  Toussy (Françoise-Angélique de la Mothe-Houdancourt, _dite_ Mlle
  de), 2e femme du duc d'Aumont. Voy. Aumont (Françoise-Angélique de
  La Mothe, 2e femme du duc d').

  Toussy (Charlotte de Prie, fille du marquis de), femme de Noël
  Bullion, seigneur de Bonnelle. Voy. ce nom.

  Toussy (Louise de Prie, Mlle de), maréchale de la
  Mothe-Houdancourt. Voy. La Mothe-Houdancourt.

  Towienski, polonais, IV, 129.

  Transon (l'abbé), supérieur de Saint-Sulpice, IV, 184.

  Tremouille (Charles-Belgique-Hollande de La), prince de Tarente.
  Voy. Tarente (prince de).

  Tresmes (René Potier, duc de), III, 119, 303.

  Tresmes (Anne-Madelaine Potier, Mlle de), I, 315.

  Tréville (Henri-Joseph de Deyre, comte de Troisville ou), I, 300.

  Tronc (Nicolas Le Cordier, s{r} du), premier président de la
  chambre des comptes de Rouen, a, de sa 2e femme Marie Bontemps: 1º
  le marquis du Tronc, 2º l'abbé du Tronc, 3º Marie-Angélique,
  d{lle} du Tronc (appelée ici du Tron), IV, 125, 244.

  Tron (Marie-Angélique Le Cordier du Tronc, _dite_ Mlle du), qui
  épousa, en 1696, Pierre-Philémond Savary, s{r} de Saint-Just. Voy.
  ce nom. IV, 125 et suiv., 244.

  Tron, Tronc ou Troncq (Louis Le Cordier, marquis du), brigadier,
  puis maréchal de camp, IV, 128.

  Tron, Tronc ou Troncq (Nicolas-Alexandre Le Cordier, abbé du), IV,
  128, 238.

  Tronc (la marquise du), IV, 128, 129.

  N. B. Rectifier, à l'aide des indications qui précèdent les notes
  des pp. 125, 244, t. IV, relatives à la famille du Tronc.

  Tubeuf (Charles), I, 89; II, 415.

  Turenne (Henri de la Tour-d'Auvergne, vicomte de), I, VIII, 39,
  79, 187; II, 201; III, 489, 471; IV, 257, 267, 282, 288.

  Turenne (Louis-Charles de La Tour de Bouillon, prince de), fils du
  duc de Bouillon et de Marie-Anne Mancini, III, 194, 489 et suiv.;
  IV, 288.

  Turenne (Anne-Geneviève de Levis-Ventadour, femme du prince de),
  III, 489.


  Ursins (Anne-Marie de la Trémouille, princesse des), I, 225.

  Usez (Emmanuel de Crussol, duc d'), IV, 175.

  Uxelles (Louis Chalon du Blé, marquis d'), I, 406.

  Uxelles (Marie de Bailleul, veuve du marquis de Nangis, marquise
  d'), I, 406, 412; II, 413; III, 322.


  Valençay (Charlotte d'Etampes de), femme de M. de Puysieux. Voy.
  Puysieux (Mme de).

  Valençay (Eléonor d'Etampes de), archevêque de Reims, I, 220.

  Valençay (le cardinal Achille d'Etampes de), I, 220.

  Valençay (Marie-Louise de Montmorency-Bouteville, duchesse de), I,
  156, 158.

  Valentinois (Louis Grimaldi, prince de Monaco, duc de).

  Valentinois (Catherine-Charlotte de Gramont, femme de Louis de
  Grimaldi, prince de Monaco et duc de), I, 67, 68, 134; II, 72, 73.
  Voir Monaco, de.

  Valentinois (Antoine Grimaldi, duc de), III, 491.

  Valentinois (Marie de Lorraine-Armagnac, femme d'Antoine, duc de),
  III, 491.

  Valloire (Louis-Léger de Scorrailles, abbé de), II, 469.

  Vallot, médecin, III, 127.

  Vandeuil (Louis de), comte de Crocq, II, 287.

  Vandeuil (Mme de), II, 287, 289, 328, 329, 330.

  Vandeuil (François de), seigneur d'Etelfay, fils de Louis de
  Vandeuil, II, 287.

  Vandeuil (Alexandre de), seigneur de Forcy, neveu de Louis de
  Vandeuil, II, 287.

  Vandeuil (Timoléon de), seigneur de Condé, [neveu de Louis de
  Vandeuil], II, 287.

  Vandy (Jean d'Aspremont, marquis de), I, 316.

  Vandy (Catherine de), I, 92, 290.

  Vanel (Jean), auteur des _Galanteries des Rois de France_, I, 30.

  Vardes (René II du Bec Crespin, marquis de), père de François, I,
  270.

  Vardes (Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret, femme du marquis
  René II de), I, 270.

  Vardes (René-François du Bec-Crespin, marquis de), I, 47, 62, 65,
  66, 139, 165, 231, 270 et suiv., 315; II, 51, 52, 56, 61 et suiv.,
  72, 79, 145, 148, 166, 168; IV, 91.

  Vardes (Catherine Nicolaï, femme de François du Bec-Crespin,
  marquis de), I, 270.

  Vardes (Marie-Elisabeth du Bec-Crespin, Mlle de), femme de Louis
  de Rohan-Chabot, fille de René-François. Voy. Rohan-Chabot
  (Marie-Elisabeth du Bec-Crespin, duchesse de).

  Vassé (Henri-François, marquis de), I, 78, 315, 316.

  Vassé (Marie-Madelaine de Saint-Gelais, fille du marquis de
  Lansac, marquise de), I, 315.

  Vassé (Louis-Alexandre, comte de), fils de François, I, 316.

  Vassé (Anne-Louise de Crevant d'Humières, femme du comte
  Louis-Alexandre de), I, 316.

  Vassé (René de), sieur d'Esguilly, I, 115.

  Vauban (Sébastien Le Prestre de), IV, 168.

  Vaudemont (Charles-Henri, prince de), légitimé de Lorraine, IV,
  231.

  Vaudemont (Anne-Elisabeth de Lorraine d'Elbeuf, femme de
  Charles-Henri, légitimé de Lorraine, prince de), IV, 231.

  Vaux (un nommé de), I, 249.

  Vendôme (hôtel de), II, 353.

  Vendôme (Alexandre de Bourbon, grand prieur de), I, 283.

  Vendôme (Louis de), duc de Mercoeur, Voy. Mercoeur (Louis de
  Vendôme, duc de).

  Vendôme (Louis-Joseph, duc de), fils du duc de Mercoeur et de
  Laure Mancini, III, 197.

  Vendôme (Philippe de), chevalier de Malte, frère de Louis-Joseph,
  III, 178-182.

  Venelle (Mme de), II, 23, 32; IV, 245.

  Ventadour (Anne de Levis, duc de), grand-père du duc
  Louis-Charles, II, 440.

  Ventadour (Marguerite de Montmorency, femme d'Anne de Lévis, duc
  de), II, 440.

  Ventadour (Charles de Levis, marquis d'Annonai, puis duc de), II,
  55, 422.

  Ventadour (Marie de La Guiche, femme de Charles de Levis, duc de),
  II, 55, 72, 422.

  Ventadour (Louis-Charles de Levis, duc de), fils de Charles, I,
  158, 293; II, 422, 438, 439, 440, 441, 447; III, 194, 367 et
  suiv., 477 et suiv.

  Ventadour (Charlotte-Eléonore-Madelaine de La Mothe-Houdancourt,
  duchesse de), femme de Louis-Charles, I, 83, 293; II, 438, 440,
  452 et suiv., 470; III, 194, 367 et suiv., 477 et suiv.

  Ventadour (Anne-Geneviève de Levis, dem{lle} de), femme du prince
  Godefroy-Maurice de Turenne. Voy. Turenne (Anne-Geneviève de
  Levis-Ventadour, princesse de).

  Ventadour (Marguerite-Félice de Lévis), femme du maréchal duc de
  Duras. Voy. Duras (Marguerite-Félice de Levis-Ventadour, femme du
  maréchal duc de).

  Vermandois (Louis de Bourbon, comte de), II, 76; III, 189.

  Vernet (Antoinette d'Albert, fille d'Honoré d'Albert, duc de
  Luynes, soeur de Charles de Luynes et femme de Barthélemy, sieur
  du), I, 116.

  Verneuil (Henriette de Balzac d'Entraigues, marquise de), I, 143.

  Vertus (François de Bretagne, comte de) et de Goello, baron
  d'Avaugour. Voy. Avaugour (baron d').

  Vertus (Catherine-Françoise de Bretagne d'Avaugour, Mlle de), I,
  252; II, 197.

  Vexin (Louis-César, comte de), 2e fils de Louis XIV et de Mme de
  Montespan, II, 411; III, 189, 331.

  Vienne (? Henri de), comte Commarin, I, 315.

  Vienne (Elisabeth-Angélique de), femme de François de
  Montmorency-Bouteville, II, 187.

  Vieux-Pont (... femme de Jean de), sieur de Compans, I, 254.

  Vigean (François Poussart, baron du), I, 71, 155, 185.

  Vigean (Anne de Neubourg, femme de François Poussart, sire de
  Pons, baron du), I, 71, 184.

  Vigean (marquis de Fors du), [père d'Anne Poussart, duchesse de
  Richelieu], II, 380.

  Vigean (Anne Poussart, D{lle} de Pons et du), femme de François
  d'Albret, sire de Pons, comte de Marennes, puis d'Armand-Jean du
  Plessis, duc de Richelieu. Voy. Richelieu (duchesse de).

  Vignacourt (Simon de), I, 235.

  Vignacourt (Aloph ou Olaf de), I, 235.

  Vignacourt (Adrien de), I, 235.

  Vignacourt d'Orvillé, I, 235.

  Villacerf (Colbert de). Voy. Colbert de Villacerf.

  Villarceaux (famille des Mornay d'Ambleville et de), I, 151.

  Villarceaux, (Pierre de Mornay de), I, 151.

  Villarceaux (Anne-Olivier de Leuville, femme de Pierre de Mornay
  de), I, 151.

  Villarceaux (Louis, marquis de Mornay de), fils aîné de Pierre, I,
  40, 62, 151, 315.

  Villarceaux (Claude de Mornay de), 2e fils de Pierre, I, 151.

  Villarceaux (René de Mornay de), abbé de Saint-Quentin de Beauvais
  (_dit_ l'abbé de), 3e fils de Pierre, I, 37, 39, 40.

  Villarceaux (Madeleine de Mornay de), abbesse de Gif, 1re fille de
  Pierre, I, 151.

  Villarceaux (Charlotte de Mornay de), 2e fille de Pierre, femme de
  Jacques Rouxel, maréchal de Grancey, I, 151.

  Villars (Georges de Brancas, 1er duc de), II, 337, 343.

  Villars (Georges de Brancas, marquis, puis duc de), I, 56, 76,
  151; II, 337, 343.

  Villars (Julienne-Hippolyte d'Estrées, marquise, puis duchesse
  de), I, 56.

  Villars (Louis de Brancas, duc de), II, 345.

  Villars (Pierre, marquis de), d'une autre famille que Georges de
  Brancas, I, 56.

  Villars (Marie Gigault de Bellefonds, femme de Pierre, marquis
  de), I, 55, 56, 57.

  Villars (Henri de), archevêque de Vienne, frère puîné de Pierre,
  I, 280.

  Ville (Viole de La). Voy. Viole de la Ville.

  Villefranche (le baron de), II, 296 et suiv.

  Villequier (Louis d'Aumont, marquis de), fils aîné de
  Louis-Marie-Victor, duc d'Aumont, III, 379, 484, 485 et suiv.,
  499.

  Villequier (Madelaine-Fare Le Tellier, femme de
  Louis-Marie-Victor, duc d'Aumont, et d'abord marquis de), fille du
  chancelier Le Tellier, soeur de Louvois, II, 390. Voy. Aumont.

  Villeroy (famille de), I, 147.

  Villeroi (Nicolas de Neufville, marquis, puis duc et maréchal de),
  I, 64, 134; III, 491; IV, 210.

  Villeroy (Madeleine de Créqui, femme de Nicolas de Neuville,
  maréchal duc de), IV, 210.

  Villeroy (Françoise ou Catherine de), l'une des deux filles du
  maréchal de Villeroy, I, 295.

  Villeroy (François de Neufville, duc de), IV, 138, 210, 211.

  Villette (M. de), III, 119, 120.

  Villette-Murçay (Mme de), III, 69, 73, 75.

  Villette (Marthe-Marguerite de), femme du marquis de Caylus. Voy.
  Caylus (Marthe-Marguerite de Villette, femme du marquis de).

  Vincent de Paul (saint), I, 166.

  Vineuil (Louis Ardier, sieur de), I, 78, 90, 120 et suiv., 132,
  164, 205, 206, 210, 216, 245 et suiv., 267, 268 et suiv.

  Vinnes (Mme de), II, 72, 74.

  Vins (N... l'Avocat, femme de Jean de la Garde d'Agoult, marquis
  de), II, 429.

  Viole (Pierre), seigneur d'Athis, I, 213, 214.

  Viole de la Ville, I, 214.

  Viole (Nicolas, président) ou Viole Douzenceau, seigneur
  d'Osereux, I, 213 et suiv.

  Viole (Anne) ou Anne du Saint-Sacrement, I, 213, 214.

  Viole (Claude de Chambon? de la Vallée, femme de Nicolas), I, 215.

  Virgile, IV, 186.

  Vitry (Lucrèce-Marie Bouhier, femme du maréchal de), I, 253.

  Vitry (François-Marie de l'Hôpital, duc de), I, 403; II, 74.

  Vitry (Marie-Louise-Elisabeth Pot, duchesse de), II, 72, 73, 74.

  Vivonne (Louis-Victor de Rochechouart, comte puis duc de), I, 47,
  277 et suiv., 301, 304, 320; II, 72, 74.

  Vivonne (Antoinette-Louise de Mesmes, comtesse, puis duchesse de),
  I, 285, 286; II, 72, 74, 75.

  Vivonne (Andrée de), femme de François VI de La Rochefoucauld, II,
  457.

  Voisin (Catherine Deshayes, femme d'Antoine Montvoisin, connue
  sous le nom de la), IV, 283.

  Voiture (Vincent), I, 115, 139, 144, 158, 189, 190, 296; IV, 273.

  Voltaire (François Arouet de), I, 312.

  Vordac (de), IV, 160.


  Waldeck (Georges-Frédéric, comte de), III, 189.

  Walters (Lucy), I, 41.

  Wignacourt. Voy. Vignacourt.

  Wriothesley (Elisabeth, et non Anne), comtesse de Northumberland.
  Voy. Northumberland (c{tesse} de).

  Wriothesley (Anne), lady Russell. Voy. Russell (lady).

  Wirtemberg ou Wurtemberg (le prince Ulric de), 3e fils de
  Jean-Frédéric de Wirtemberg le Magnifique, de la branche dite de
  Stuttgard, I, 210.

  Wirtemberg ou Wurtemberg (Isabelle d'Aremberg, fille d'Albert,
  prince de Barbançon, veuve du comte d'Hochstrate, 2e femme d'Ulric
  de), I, 210, 405.

  Wirtemberg ou Wurtemberg (George, prince de), baron de
  Montbéliard, I, 210.

  Wirtemberg ou Wurtemberg.--_Erratum._ Lisez ce nom au lieu de
  Mecklembourg au mot Chastillon (Elisabeth-Angélique de
  Montmorency-Boutteville, duchesse de).

  Wirtemberg ou Wurtemberg (Anne de Coligny-Chatillon, fille cadette
  du maréchal, femme de George de), I, 78, 207 et suiv.

  Witt (Jean de), II, 189, 190.


  Yorck (duc d'), plus tard Jacques II, roi d'Angleterre, I, 257.

  Yorck (Anne Hyde de Clarendon, duchesse d'), I, 257.


  Zamet (Marie-Christine), femme de Roger-Hector de Pardaillan de
  Gondrin, mère du marquis de Montespan, II, 362.

  Zamet (Sebastien), II, 362; III, 262.



TABLE DES MATIÈRES.


                                                                Pages.

    Préface.                                                         v

    Le Grand Alcandre frustré
      ou les derniers efforts de l'amour et de la vertu
      Histoire galante.

          Avertissement.                                             3

          Le Grand Alcandre frustré
            ou les derniers efforts de l'amour et de la vertu
            Histoire galante.                                        5

    Amours de Louis le Grand et de Mademoiselle du Tron.

          Préface des entretiens.                                  125

          Amours de Louis le Grand et de Mademoiselle du Tron.     128

    Le tombeau des amours de Louis le Grand et ses dernières
      galanteries.                                                 241

    Table alphabétique.                                            349


FIN DE LA TABLE.


Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou.



    Corrections:

    p. ix: voy. t. III, p. 47       corr.: voy. t. III, p. 147
    Note 233: p. 61 et suiv.        corr.: p. 65 et suiv.
    Note 244: jusqu'en 1671         corr.: jusqu'en 1691

    Dans la Table alphabétique:

    Arnaud (M. Barrin de la Galissonnière)
        N. Barrin                   corr.: M. Barrin
    Artagnan (Charles de Castelmar d')
        I, 398                      corr.: II, 398
    Aubigné (Charles d')
        III, 60                     corr.: III, 69
    Aumont (Françoise-Angélique de la Mothe Houdancourt)
        III, 336                    corr.: III, 366
    Boisfranc (Joachim Seiglière)
        449                         corr.: III, 449
    Boissy (Arthur Gouffier)
        II, 174                     corr.: II, 74
    Bontems (Alexandre)
        IV, 228 et suiv.            corr.: IV, 128 et suiv.
    Cambiac, prêtre
        I, 161                      corr.: I, 160
    Cavoie (Louis Oger)
        179                         corr.: II, 179
    Geloron                         corr.: Celoron
    Dauphin (Louis, fils de Louis XIV)
        54, 163...                  corr.: III, 54, 163...
    Espernon (Bernard de Nogaret)
        I, 12, 31                   corr.: I, 12, 30
    Estrées (Françoise Babou de la Bourdaisière)
        III, 250                    corr.: III, 252
    Estrées (Gabrielle de Longueval)
        III, 252, 253, 348, 349     corr.: III, 252, 253, 349, 350
    Gouffier (Artus)
        II, 400, 301                corr.: II, 400, 401
    Grancey (Charlotte de Mornay de Villarceaux)
        I, 113, 151; 230, 234       corr.: I, 113, 151; III, 230, 234
    Grancey (Louise-Elisabeth, dite madame de)
        Vilceaux                    corr.: Villarceaux
    Harcourt (Marie-Louise-Christine Jeannin de Castille)
        I, 34                       corr.: I, 24
    Jacques II
        IV, 215                     corr.: IV, 216
    La Fayette
        IV, 27                      corr.: IV, 29
    La Feuillade (François d'Aubusson de)
        IV, 1                       corr.: IV, 4
    La Porte, valet de chambre de Louis XIV
        I, 134                      corr.: I, 184
    La Rivière (Louis Barbier, abbé de)
        I, 47                       corr.: I, 87
    Longueville (Anne-Geneviève de Bourbon-Condé)
        (I,) 177 et suiv.           corr.: (I,) 187 et suiv.
    Lorraine (Charles IV duc de)
        I, 44, 160                  corr.: I, 144, 160
    Lorraine (Philippe, chevalier de)
        I, 7, 271                   corr.: I, 113, 271
    Ludres (Marie-Elisabeth de)
        II, 217                     corr.: I, 217
    Mazarin (Armand-Charles de la Porte de la Meilleraie)
        II, 69, 465                 corr.: II, 69; III, 465
    Mignard (Pierre)
        III, 212, 499               corr.: III, 312, 499
    Montespan (Françoise-Athénaïs de Rochechouart)
        (I,) 275                    corr.: (I,) 285;
        II, 162                     corr.: II, 161;
    Nangis (François de Brichanteau)
        I, 408                      corr.: I, 406
    Ninon de Lenclos
        I, 6                        corr.: I, 16
    Nogent (Diane-Charlotte de Caumont)
        II, 222, 248, 320,          corr.: II, 222, 248, 320, 381, 388;
        322, 381, 388, 390                 III, 322, 392
    Richmont (François-Marie Stuart)
        225, 258                    corr.: I, 225, 238
    Ricousse ou Ricoux
        (I,) 251                    corr.: (I,) 241
    Rochechouart (Marie-Madeleine-Gabrielle de)
        III, 63                     corr.: III, 10
    Roquelaure (Marie-Louise de Laval)
        II, 426, 448; 451, 461      corr.:  II, 426, 448; III, 451, 461
    Roquelaure (Antoine)
        I, 163, 154, 164            corr.: I, 153, 163, 164
    Roquelaure (Gaston-Jean-Baptiste-Antoine)
        II, 425, 353 et suiv.       corr.: II, 425; III, 353 et suiv.
    Savoie (Adélaïde-Henriette de)
        IV, 294                     corr.: IV, 274
    Scarron de Vaures (Catherine)
        II, 449                     corr.: II, 439
    Sévigné (Marie de Rabutin-Chantal)
        (I,) 345                    corr.: (I,) 325
    Somon
        I, 306                      corr.: I, 316.
    Sourdis (Isabelle Escoubleau de)
        II, 408                     corr.: II, 406
    Talhouet (Marie de)
        II, 428                     corr.: II, 420
    Tavannes (Jacques de Saulx)
        I, 415                      corr.: I, 154
    Turenne (Henri de la Tour d'Auvergne)
        (I,) 197                    corr.: (I,) 187
    Vendôme (Philippe de)
        II, 178-182                 corr.: III, 178-182
    Vitry (Marie-Louise-Elisabeth Pot)
        72, 73, 74                  corr.: II, 72, 73, 74





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