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Title: Au clair de la dune Author: Hannon, Théo Language: French As this book started as an ASCII text book there are no pictures available. *** Start of this LibraryBlog Digital Book "Au clair de la dune" *** Au lecteur Cette version électronique reproduit dans son intégralité la version originale. L'orthographe a été conservée. La ponctuation n'a pas été modifiée hormis quelques corrections mineures. AU CLAIR DE LA DUNE THÉO HANNON AU CLAIR DE LA DUNE POÈMES _BRUXELLES_ OSCAR LAMBERTY, ÉDITEUR 70, Rue Veydt (Quartier Louise) 1909 [Illustration: HENRI THOMAS - La Muse.] _BONIMENT_ _Muse, O ma Muse ultra-moderne, Dans ton maillot de bain à jours, S'agit de n'être point baderne Et d'esquisser d'adroits bonjours... Or, faisant grave sa trombine, Ma Muse, aux hanches les deux poings, Emit, du seuil de sa cabine, Ce speech que j'approuve en tous points: «Benoît lecteur, lectrice gente, Malgré votre air plutôt moqueur, Sans vouloir fuir par la tangente, Cœur en bouche et la bouche en cœur, »Je vous présente ce volume Qui n'offre rien de doctoral, Coups de crayon ou coups de plume En simple honneur du littoral. »Folles balades sur la plage, Dans la brise, au long de la mer, Interviewant le coquillage Sous des ciels d'encre ou d'outremer. »L'album qu'ici je vous présente Est fait de soleil et de vent, De l'écume phosphorescente Et des soupirs du flot mouvant... »Si quelque quatrain te la coupe, Benoît lecteur, sois tolérant, Car je fis ces vers en tirant (Ah! l'exquis féminin) ma coupe.»_ I OSTENDE Ostende!... Ostende est la reine des plages, Elle commande à tout le littoral. Son sceptre est d'or et les plus beaux mirages Se font réels sur son sable idéal. Dispensatrice attirée et subtile De toute joie et des nobles plaisirs, Elle sait joindre à l'agrément l'utile Et satisfaire aux plus vastes désirs. Sur cet Eden que l'Europe patronne, Le succès fait flotter son étendard, Il veut tous les fleurons à sa couronne, Et rêva d'être d'Ostende--Centre d'Art. Or, pour lui faire une digne auréole, Rois de la brosse et rois de l'ébauchoir, Dieux de la science et Dieux de la parole, Rivalisaient d'art et de beau savoir. Ville de luxe, attirance profonde, Où la beauté brille en un cadre exquis, De ses flots verts sortit Vénus la Blonde Et tous les cœurs par elle sont conquis. Vraiment, Ostende est la Reine des Plages, Elle commande à tout le littoral. Son sceptre est d'or et les plus beaux mirages Se font réels sur son sable idéal! II L'ÉVENTAIL L'éventail flottant au côté Comme la dague moyen-âge, Quand, sous les regards de l'été, Vous irez par la blonde plage, Lorsqu'au bal dans le tourbillon Entraînant de la folle danse, Vos pantoufles de Cendrillon Vibreront, battront en cadence, O vous, la fleur des sables blancs Et la rose des bals brillants, Vous verrez l'éventail des fièvres, Ainsi qu'un papillon charmeur, Battre de l'aile sur vos lèvres Et baiser votre bouche en fleur! III GROS TEMPS Temps lugubre, ciel morne au front chargé de haine Où galope en maudit le nuage au flanc lourd Qui s'abat sur la mer sinistre, s'y déchaîne, Crève et mêle son onde aux ondes du flot sourd. Ni rires ni rayons: les plages sont désertes. Déjà l'essaim frileux des baigneuses s'enfuit, Les sables esseulés se tachent d'algues vertes Où brillaient les talons féminins au doux bruit. En grand courroux la mer hurle, mugit, se cabre, Conviant les flots noirs à la valse macabre Que cingle dans son vol l'aile des goëlands. Loin, bien loin, par delà la vague aux cris troublants, Comme au fond de mon cœur où vient sourdre une larme, Gronde confusément quelque canon d'alarme. IV EAU BÉNITE Or, donc on a béni la mer: Oh! les trois fois heureuses vagues... On nous purgea le flot amer A grand renfort d'oraisons vagues. On a béni sans doute aussi Du même coup, les estacades. Voilà, mesdames, Dieu merci! De quoi refroidir vos cascades... Mais cette bénédiction, De par ses vertus accomplies, Etendit-elle son onction Sur les soles et sur les plies? Peut-il, le goupillon sacré, Répandre ses grâces congrues Sur l'aiglefin, ventre nacré, Et sur les maussades morues? Du même élan sanctifiant La grande, l'immense cuvette, Avec le crabe édifiant Canonisa-t-il la crevette? Sut-il, enfin, le bénisseur, En son beau geste fait au moule, Bénir l'huître noble et sa sœur Plus démocratique, la moule? Quoi qu'il en soit, déjà le flot A venir vers lui nous invite: Nous allons former un bon lot De beaux diables dans l'eau bénite. V ÉVOHÉ! A nos âmes exténuées Juin vienne rendre la gaîté! Des cieux rendus à la clarté Qu'il chasse les troubles nuées. Juin promis, vengeur souriant, Vers nos ennuis guide ta marche, Comme la colombe de l'Arche, Porteur d'un rameau verdoyant. Aussi, toute tristesse enfuie, Les sables blonds sont repeuplés, Tout rit: plus de cœurs endeuillés! On remise le parapluie, L'amour, fuyant les entresols, Flirte, ô gué! sous les parasols! VI MER DES MORTS Ce soir, la mer semble un cimetière. Les cieux, Tristes comme ma joie, ont surbaissé leur arche Sous laquelle on dirait des corbillards en marche, Les grands nuages noirs roulant silencieux. Il fait plus sombre en moi que là-haut, et mes larmes Fêtent des corbillards bien plus mornes: mon cœur, Dans l'infini des spleens, revoit passer le chœur Des fantômes aimés et des primes alarmes... Mer lugubre et sans fond, tes abîmes discrets Gardent également d'innombrables secrets. Suaire que l'écume ourle de sa dentelle! Aussi, lorsque la lune, aux flots noirs ondulant, Sur l'immense tombeau pose son reflet blanc, On croit voir la couronne où se meurt l'immortelle. VII REVANCHES Pour sauver leur âme et leurs os De leurs spleens irrémédiables, Que d'autres s'en aillent aux eaux, Aux feux, aux monts... à tous les diables... Nous, mieux inspirés, ne quittons Point notre allègre capitale: En l'honneur des bénins piétons Sa grâce estivale s'étale. Ils sont partis, tous les gêneurs, O libératrices vacances, Seuls, noyés dans les promeneurs, Quelques intrus sans conséquences. La ville à nous seuls, c'est charmant, On est chez soi même au théâtre Où l'on ne compte plus, vraiment, Avec «le public idolâtre». Pendant que les bons exilés Rissolent dans quelque fournaise, Et, par les hôteliers volés, Bataillent contre la punaise. Nous, toujours dispos et bavards, Sous les draches rafraîchissantes, Nous passons sur les boulevards Des heures certes ravissantes. Là-bas ils vont sucer des eaux Qui couvent des œufs cholériques, Et, dans des verres à biseaux, Nous lampons des liqueurs féeriques. D'autres risquent de dérailler En cherchant au loin le mystère; D'ici nous pouvons les railler: A pied nous partons pour Cythère. D'autres, enfin, cœurs élargis, Pour s'amuser mieux, les infâmes, Laissèrent l'épouse au logis... C'est nous qui consolons leurs femmes. VIII MARINE SENTIMENTALE J'ai vu la mer, j'ai vu la mer immense et blonde Elle étalait sa nappe au large horizon gris Et l'on eut dit, là-bas, le firmament et l'onde, Deux lèvres de géant closes dans un souris. Au soleil emperlant son dos frangé, la vague S'en venait se rouler sur le sable étoilé De coquillages blancs où dort la plainte vague De quelque néréide à l'amour envolé. La mouette rayait, grise, le flot qui gronde... J'ai vu la mer, j'ai vu la mer immense et blonde Elle poussait vers moi son grand rugissement. Mais sa voix ne saurait étouffer dans mon âme L'inoubliable et doux et long bruissement Du chaud baiser d'adieu de sa lèvre de flamme. IX PIEUVRE A l'égal des beaux soirs qu'empourpre le soleil Votre chevelure flamboie: Votre front radieux et serein, c'est l'éveil De l'aurore en robe de soie. Votre bouche est semblable à quelque fleur de sang, Fleur qui consume, fleur qui glace. Votre bras, des lis frère en blancheur, est puissant Comme un serpent qui vous enlace. Dans votre rire ailé je bois l'oubli vainqueur... Ils rappellent, vos yeux, la mer profonde et brune, La morne mer des nuits sans lune. Et comme cette mer sombre et sans fond, mon cœur Entr'ouvre un autre abîme où mon œil en vain plonge Pour voir la pieuvre qui le ronge. X PROFANES Soit qu'elle orne, au matin, de dentelles les grèves, Soit qu'elle les argente à cette heure de rêves Où dans les cieux la lune a lui, La mer, la blonde mer, est la grande coquette Dont l'homme n'a jamais su faire la conquête, Cruelle, elle se rit de lui. Elle s'étend, l'été, câline et point méchante, Et sa vague au reflet de nacre vibre et chante, Berçant, avec un doux roulis, La barque où, confiant, sous la voilure grise, Le nautonier profane, au soleil qui le grise, Se croise les bras amollis. Mais parfois la sournoise en riant se courrouce Et lance à l'imprudent l'écume et l'algue rousse, Echevelant ses flots rageurs, Puis chasse en le sifflant ce nocher des dimanches Qui rame, haletant, et retroussant ses manches Au milieu des éclats vengeurs. XI HAUT DE FORME Les nuages là-haut rentrent leurs blancs moutons... Sous le ciel bleu la mer se pare de turquoises, Car c'est l'heure du bain, et les vagues, narquoises, Savonnent de leur mousse, ô baigneurs, vos mentons. La plage, où la coquille, en rose chapelure S'émiette, étend au loin sa nappe de blondeurs; Aux baisers du soleil, sans craindre sa brûlure, La dune nue étale en riant ses rondeurs. Tout à coup, devant moi, sur l'immense verrière Se profile un objet très laid, lourd, bête et noir: Tube, fourneau, tromblon, cheminée, éteignoir? Ou bien est-ce un basset planté sur son derrière?... C'était, sur le caillou d'un type aux traits replets, Le hideux chapeau buse avec tous ses reflets! XII PHOTOGRAPHES Juillet nous rissole à grands feux Et l'on fuit vers la mer avide En regrettant presque les feus Saints de glace... La Ville est vide. Déjà le long du littoral La foule rit, trempe, caquête, Depuis le baigneur doctoral Jusqu'à la baigneuse coquette. L'un encerclé comme un tonneau Dans le caleçon blanc et jaune, Gros et gras, velu comme un faune, Va, ballotté par la pleine eau. L'autre dûment déshabillée En son costume suggestif, Charme d'un galbe... apéritif La galerie émoustillée... Or, le photographe amateur A l'affût parmi les cabines, Et s'en pourléchant les babines, Opère en prompt escamoteur. Et son appareil plutôt leste A pris au vol plus d'un bras nu Dont le souvenir ingénu Dans les yeux et le cœur nous reste. XIII CHAISES MISS HELYETT Le long de la mer, devant l'onde Qui meurt en doux bruissement, Aux sables dorés pâlement Comme la nuque d'une blonde, Se suivent les chaises-abris, Niches d'osier gaîment gibbeuses Offrant leur ombre à nos galbeuses En mal de leur poudre de riz. Parfois des mères de famille Y tirent vaillamment l'aiguille, Un œil aux jeux du cher bébé... Lors, chaque chaise au dos bombé Pointant ces doigts roses, imite Le profil d'un Bernard l'Ermite. XIV MER FACHÉE La mer bâille. Ses flots très ennuyés font rage. La vague écume et siffle, échevelant dans l'air Comme un long coup de fouet, sa crinière d'orage, Fouet monstre qu'on croirait effilé d'un éclair. La mer est ce matin, bien sombre, bien austère. Elle a d'étranges voix et de fantasques cris Que, tremblante, redit sa vieille sœur, la terre, Et les échos au loin hurlent, endoloris.... Or, devant cette mer aux farouches fanfares, Je songe à vos yeux noirs, singuliers et profonds, Et terribles comme elle, à vos grands yeux bizarres Qui me tiennent noyé dans leurs gouffres sans fonds. XV LES MOUETTES Les mouettes aux ailes grises Tourbillonnent sur les flots bleus Et, plus légères que les brises, Déroulent leur vol onduleux, Les mouettes aux ailes grises. Je voudrais choisir l'une d'elles, Confidente de mes aveux, Pour l'envoyer à tire-d'ailes Au loin porter mes tendres vœux... Je voudrais choisir l'une d'elles... Je lui dirais: va près de celle Dont les yeux aux flammes d'acier Ont dans mon cœur, d'une étincelle, Allumé l'éternel brasier... Je lui dirais: va près de celle, Près de celle qui tient ma vie Dans un sourire, dans un pleur, Montre-lui ma force asservie Agonisant dans la douleur Loin de celle qui tient ma vie. O blanche messagère ailée, Dis-lui ma peine et mon ennui, Dis-lui que mon âme esseulée Referme son aile en la nuit, O blanche messagère ailée, En la nuit morne de l'absence Où, sevré du charme vainqueur De sa chère toute-puissance, Languit et trépasse mon cœur En la nuit morne de l'absence. XVI LA MER ENRHUMÉE La mer pince parfois des rhumes étonnants Et sinistres. La nuit, elle dort toute nue, Il est vrai, sous le grand ciel de suie, et la nue Crève, glaçant son ventre et ses seins frissonnants. Un catarrhe chronique en ses flots moutonnants Se déchaîne, s'essouffle et la vague éternue Avec un bruit rythmé de basse continue, Par vous repris en chœur, échos environnants. Elle tousse, elle éructe et renâcle, ô phtisie De géant, redoutable en son hypocrisie, Car parfois son chant doux monte, clair, vers le ciel. Et ce n'est certes pas un mal artificiel Où la quinteuse crache, en sa rage confuse, Ses monstrueux poumons, méduse par méduse. XVII PETITS TROUS PAS CHERS Par ces chaleurs caniculaires La ville devient un enfer Et court vers le chemin de fer En quête de glaces polaires. Les uns, les poumons aux abois, S'envolent en foule nombreuse Vers les nids de l'Ardenne ombreuse Goûter le charme de ses bois. Les autres, préférant les sables, S'embarquent joyeux vers la mer Et vont dans le flot dit amer Tremper leurs charmes périssables. Il est beaucoup d'autres que leurs Grandeurs attachent au rivage En un malencontreux servage Que rendent plus dur ces chaleurs. Ceux-là cherchent dans les banlieues Quelque recoin qui leur soit cher, Au fond d'un petit trou pas cher, Dans le rayon de quelques lieues... Là, bien économiquement, Leur femme et leur progéniture Font de la villégiature En chambre, par abonnement. Le jardinet, c'est leurs Ardennes, La mare vaut la mer pour eux, Sans Casino plein d'amoureux Le cœur fait la nique aux fredaines. Les époux n'y sont point marris... Dans leurs bureaux ils se surmènent Et tous les samedis s'amènent En chœur par le Tram des maris. [Illustration: AMÉDÉE LYNEN - Petits trous pas chers.] XVIII YEUX NOIRS Un sonnet sur vos yeux, Madame, c'est le diable... Car ne sont-ils pas noirs comme on le dépeint, lui? Mais dans votre prunelle un rayon grave a lui... Bref, vos yeux sont très noirs, c'est irrémédiable. Irais-je comparer ces deux mauvais sujets Aux larmes de la nuit, à des fleurs de bitume, A deux grains de café sans la moindre amertume, A des bijoux d'ébène ou des perles de jais? Quel maître joaillier sertit ces gemmes sombres Au creux de votre orbite où de magiques ombres Font plus blanche votre âme y venant prendre l'air? Dans l'océan, un soir, un dense soir d'orage, Satan a dû puiser le féerique cirage De ces diamants noirs au ténébreux éclair. XIX HEURE DU BAIN Sur le sable mouillé la lourde et large roue Crie: hop! hop! la cabine est à l'eau. Bras menus, Cous bruns et ronds vont luire au rayon qui tatoue... Et le chaud soleil mord cous ambrés et bras nus. Le torse cambre et craque au maillot qui frissonne, Le vent du nord halète et moule à plans osés Le contour lumineux qui se désemprisonne... Et l'immodeste brise applique des baisers. Agrafant des colliers aux gorges dédaigneuses, Le flot rieur flagelle et bat les souples flancs, Malgré vos cris mignards, ô poltronnes baigneuses... Et la vague, lascive, enlace les corps blancs. XX EN MER, EN MER! «En mer! en mer, en mer!... Une heure En mer!» Tels sont les appels fous Qu'au coin de l'estacade, vous Lance une voix qui rit et pleure. C'est le légendaire steamer Avec ses marins du dimanche, Qui vous initie à la mer En vous secouant dans la Manche. Azur, soleil, musique à bord, Flots rieurs: tout va bien, d'abord, Mais les faces se sont pâlies... On cherche à retenir d'un bond Le dîner par trop vagabond, Espoir des turbots et des plies! XXI VOUS ÊTES PARTIE... Vous êtes partie et la plage est morne, Et la mer se meurt sur le sable nu. Le ciel est en deuil... Seule, au soir venu, La lune moqueuse y pointe sa corne... Vous êtes partie, et tout est rancœur. Dans le ciel boudeur le soleil est pâle Et la dune froide aux reflets d'opale N'a plus ni chanson ni rire vainqueur. Vous êtes partie, il n'est plus de joie. Sur la plage sombre un crêpe s'étend Et la bise émet son râle attristant Où la brise avait des frous-frous de soie. Des filles de mer confident discret, Le clair coquillage, en cette pluie âcre, A tu les soupirs de son sein de nacre Et ne livre plus le tendre secret. Là-bas, où, du Nord, la voix désolée Pleure sur la grève âpre et sans écho, Saigne tristement un coquelicot: Tel mon cœur où s'ouvre une rouge plaie... Là-bas, sur la grève âpre et sans écho. XXII OFFERTOIRE Il était nuit. La mer en grand deuil célébrait La mort du jour. Le chœur des frigides ténèbres Descendait du ciel triste et noir qui s'éclairait D'étoiles, clous d'acier de ces dômes funèbres. Un vent morne courbait au loin les flots grandis; L'océan larmoyait des hymnes mortuaires, Orgue géant qui râle un lent _De Profondis_, Et la vague semblait agiter des suaires... La lune, triomphante et ronde, arda soudain. Or, son disque flottant sur la mer incertaine, Des grands oiseaux de nuit le funéraire essaim S'en vint à très longs cris baiser cette patène. XXIII ROBES CLAIRES Sur la digue ou le sable nu, Dans l'envol des longues voilettes, Ces dames vont trottant menu En leurs transparentes toilettes. L'œil à l'aise suit les contours Sous l'étoffe qui les dessine Et dans ces rayonnants atours Mieux encore la belle assassine. Elle sourit dans l'air vermeil... Les cœurs sortent de leur sommeil Et ne sont plus du tout polaires. Complices des cieux en émoi, Qui pourra compter, dites-moi, Vos prouesses, ô robes claires. XXIV JALOUX Eh! oui, jaloux! Je suis jaloux Ce que l'on peut appeler comme Une kyrielle de loups, Mais ce n'est certes pas d'un homme. Car je suis jaloux de la mer, De la vaste mer amoureuse Dont le flot, qu'on prétend amer, Possède une âme langoureuse... A l'ombre des cabines, près De l'eau verte qui te flagelle, Et plus morose qu'un cyprès Sous le vent du Nord qui me gèle, O ma baigneuse, j'admirais Ton corps si beau dans son costume, Que le flot où tu te mirais, Croyant à la Vénus posthume, Vint lécher, lui, le flot altier, Tes pieds que tu recroquevilles, Et river, galant bijoutier, De clairs anneaux à tes chevilles. Ensuite, à ton mollet cambré, Voulant nouer sa jarretière, Il trama sur le derme ambré Un maillot pour la cuisse entière. Prodiguant son baiser salin, Et sans pitié de mes tortures, Toujours montant, le flot câlin, Te mit aux hanches des ceintures. Or, soudain, commença l'assaut De ta poitrine demi-nue; La vague écumante, d'un saut, Bondit de la croupe charnue Et resta surprise devant Le flot de ta gorge qu'azure Un fin réseau; lors, me bravant, L'audacieuse prit mesure Pour un corset.... Tes seins jaseurs Interrompirent leurs harangues En voyant ces étranges sœurs Les darder de leurs mille langues. Plus indiscrète qu'un amant, La vague aux lesbiennes ivresses, T'enveloppait étonnamment De ses infécondes caresses. Puis enfin, la mer t'engloutit Enamourée, âpre, béante, Te roulant, pâmée, en son lit D'un baiser de Sapho géante. XXV RINÇADES D'ŒIL Le Nord souffle, et pas dans ses doigts, Il fait son sculpteur sur la digue Et de chefs-d'œuvre il est prodigue... Allons, mon cœur, fais ce que dois! En bon régaleur de prunelles, Ce Nord, le moins discret des vents, Nous offre maints tableaux vivants Dont les beautés sont éternelles. Or, ces dames ne savent pas Comment protéger leurs appas: Deux mains, c'est trop peu, les pauvrettes, Car du Nord le souffle suspect Trousse et retrousse sans respect... Et nous nous rinçons les mirettes. [Illustration: F.-M. MELCHERS - Rinçades d'œil.] XXVI PLEINS BATTUS «La saison de Machin-sur-Chose bat son plein.» _Les Journaux._ Voici s'exaspérant l'exode Des prisonniers de nos cités Par les vacances excités. Gratte ton luth, pauvre rapsode! Au doux coin qu'un rêve estompa, Que chacun désormais prétende: Les uns se salent vers Ostende, Les autres se ferrent à Spa. Avec véhémente allégresse Dans quelque petit trou pas cher, D'autres s'en vont durcir leur chair Où fondre leur excès de graisse. Emportant chien, bonne, poupart, Le citadin quitte son _home_; L'époux avec l'épouse part, La femme file avec son homme. Les chemins de fer sont lestés De la foule cosmopolite Des voyageurs moins attristés Que feu les coursiers d'Hippolyte, Lors, secoué par le wagon, On vole vers l'éden paisible... Déjà monsieur est moins bougon, Madame n'est plus irascible. Le train a beau siffler, moqueur, Les bienheureux touristes roulent Vers un nouveau printemps du cœur Où les soucis d'hier s'écroulent... Puis, devant la mer, le mari: «Que d'eau.» Sa bourgeoise étonnée Mais nature, pousse ce cri: «Dieu, quelle belle savonnée!!» XXVII MOLLETS Mollet vu n'est pas perdu,--dit, Sans commettre de bévue, Un proverbe guère inédit. Exagérons-en donc la vue! Accours à mon aide, grand vent, Et tous deux mettons-nous aux trousses De ces belles que trop souvent D'un souffle indiscret tu retrousses... Deux par deux, nerveux ou replets, Dans les bas à jours, les mollets Vont cambrant leurs rondeurs jumelles. Et le long de ces mâts précieux On grimpe, on grimpe vers les cieux... Au rire moqueur des semelles! XXVIII MANTEAU ROUGE J'aime en la plage blonde et vierge où se devine Ta pantoufle de Cendrillon, Voir ton manteau qui semble, à la brise marine, L'aile en feu d'un grand papillon. Lorsque de loin, rêvant, je te contemple au faîte De la dune au folâtre écho, Je crois voir éclater dans l'air bleu, l'œil en fête, Quelque idéal coquelicot. Par les sables nacrés, quand le matin les dore, Et que ton manteau rouge y flotte, je crois voir L'éveil empourpré de l'aurore. Mais au long de la mer si tu passes, le soir, Fière, étrange, et drapée en l'ardente oriflamme, C'est l'Astre au couchant dans sa flamme. XXIX TRAIN DES MARIS L'air au loin s'obscurcit d'un nuage safran. Dans son ombre s'avance, ainsi qu'un dieu d'Olympe, Le train des samedis où seul Saint-Joseph grimpe. Vague, un grand cliquetis de bois vient en courant. Comme un coup de canif aigre et perçant, ce merle De métal, le sifflet, a retenti, railleur, Puis sous le blond soleil brillent, hauts en couleur Jaune, les cuivres neufs que la vapeur emperle. Le coursier mugissant s'arrête enfin, fourbu. De «dame seule» point: des gens, menton barbu, Qui roulent quatre à quatre et se pendent, énormes, Au cou de leurs moitiés fidèles... Ce sont eux: Cannes à bec de corne et gibus haut de formes... Lors se prit à souffler un vent, terreur des bœufs. [Illustration: FÉLICIEN ROPS.] XXX CITRONS L'étal resplendissait aux flambes du matin. Les rougets surchauffés reflétaient leurs cinabres Au ventre des turbots en robe de satin, Et les saumons d'argent avaient l'éclat des sabres. Sur le marbre laiteux les cabillauds camards S'allongeaient, lourds voisins de l'ablette irisée; Dans leur justaucorps pourpre éclataient les homards Près de l'algue où bâillait l'huître vert-de-grisée. Mais les citrons surtout me charmaient: fruits joyeux Crevant comme un sein dur le fin papier soyeux... Leur parfum m'est plus doux que le parfum des fraises, Et longtemps j'aimerai leurs contours séduisants, Car devant les citrons effilés et luisants Je rêve aux tétins d'or pâle des Japonaises. XXXI COQUILLAGES Elle avait, ce soir-là, des tons de vieille estampe La plage, sous l'alme vitrail. Soudain tu ramassas, pour en baiser ta tempe, Un coquillage de corail. Que te murmurait-il en sa langue vermeille? Etait-il tendre ou bien moqueur, Tandis qu'il appliquait sa bouche à ton oreille, Cherchant un écho dans ton cœur? Quels étaient ses soupirs, coquillage des fièvres De ta joue en fleur approché, Et quel était l'aveu qu'il guettait sur tes lèvres, Vers ton clair visage penché? Il te disait qu'en moi tes yeux, tes yeux étranges, Tes grands yeux aux reflets d'acier, Qui couvent les éclairs sous leurs mobiles franges, Avaient allumé leur brasier. Que mes veines roulaient un étrange incendie Dans tout mon être qui flambait, Et qu'au mal auquel rien, hélas! ne remédie, Mon cœur embrasé succombait. J'aurais donné ma part de ciel pour qu'à ta bouche L'âpre soif qui me dévorait Put s'étancher en un baiser long et farouche, Baiser béni qui me tuerait... Mais déjà tes doigts ont laissé choir sur la plage Le coquillage trop discret, Et tu continuas ta course, âme volage, Sans avoir connu mon secret. XXXII GAMME CHROMATIQUE Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do! De la forêt au vert portique Où l'amour ne fait plus dodo Monte la gamme chromatique! Ré, mi, fa, sol, la, si, do, ré! C'est que le soleil vient d'éclore Par ce joli matin doré Qu'un doux reflet d'azur colore. Mi, fa, sol, la, si, do, ré, mi! Ils sont enfuis, les jours moroses. Salut à ce bel astre ami Qui paraît couronné de roses! Fa, sol, la, si, do, ré, mi, fa, sol! A nous les étoffes légères Et le chatoyant parasol, Et la fougère, et les bergères!... La, si, do, ré, mi, fa, sol, la! On part en villégiature: Partout on court adorer la Régénératrice nature! Si, do, ré, mi, fa, sol, la, si, do! Sans regret on quitte les villes Où le spleen s'en va _crescendo_, On rêve joyeux vaudevilles. Et l'on se rit des malheureux Qui, s'occupant de politique, Pérorent en Chambres, pour eux La seule gamme chromatique! XXXIII FILLETTES D'ÈVE Pour EDGAR CHAHINE. Voyez les passer sur la digue En jupes courtes, mollets nus, Semant les rires ingénus Dont leur jeune bouche est prodigue. Elles affirment,--négation De leurs petites âmes blanches, Déjà de la gorge et des hanches Par bizarre auto-suggestion. En abandon de leurs poupées, Elles vont, mieux qu'elles nippées, Galvanisant les vieux enfants Qui clopinent dans leurs sillages Et rêvent à des coquillages Inconnus aux flots triomphants. [Illustration: EDGAR CHAHINE - Fillettes d'Ève.] XXXIV GRAINS DE BEAUTÉ Dans la nuit parfumée et tiède des cheveux Qui voilent ton beau front, tes yeux font deux étoiles, Deux étoiles d'amour sidéral, et mes vœux Seraient de voir vers eux mon cœur enfler ses voiles. Mon cœur embarquerait d'ineffables plaisirs. Or, ta bouche est une autre étoile, étoile rouge, Vers laquelle, non moins rouges, vont mes désirs. O cette bouche, étoile idéale et qui bouge! Mon âme se sent fondre à ses rayonnements. Mais je préfère encore à ces fiers diamants, Feux sombres du regard ou feux pourpres des lèvres, Ta gorge constellant sa blanche nudité De sept points très mignons et noirs, grains de beauté, Evoquant la Grande-Ourse,--ô Grande-Ourse des fièvres! XXXV BAINS NOCTURNES Lorsque, rougissant comme une neuve épousée, Le soleil dans la mer s'est caché, l'alme nuit Envahit et la dune et la plage apaisée... Le flot d'encre succède au flot d'encre, sans bruit. C'est l'heure originale où les femmes de chambre Et les femmes de feux, économiquement, Vont offrir à la mer leur ivoire et leur ambre... Or, le flot cajoleur les reçoit galamment. La vague prête aux chairs de sa phosphorescence: Ombres chinoises d'un bol de punch émergeant! Au ras de l'océan c'est une effervescence De cuisses, de mollets emmaillotés d'argent! XXXVI GRAND VENT Madame, il fait grand vent, et, le grand vent, je l'aime. Le ciel d'un bleu limpide évoque le Midi. La mer hausse la voix, le flot désattiédi Se roule plus bruyant sur le sable plus blême. Dans la brise en rumeur la mouette élargit Les cercles de son vol qui s'élève ou qui rampe, Et les drapeaux, heureux de souffleter leur hampe, Claquent dans le vent qui par les tuiles mugit. Ce vent, grand retrousseur de filles, sur la digue S'amuse... Son haleine indiscrète en soufflant Plaque l'étoffe et moule et torse et rable et flanc. Il moule, et lors devient sculpteur, sculpteur prodigue, Il moule, et nous pouvons nous payer, éblouis, Des Tanagra de chair--et vivants--un louis! XXXVII MER TUEUSE La mer ne s'abandonne, en ses jeux redoutables, Qu'à ses fils de la côte, aux marins véritables, Le visage et le cœur également bronzés; Ces amants aux bras forts, à la rude tendresse, Et pour qui, cependant, elle n'a ni caresses, Ni sourires, ni doux baisers. Ce sont eux qu'elle prend, avide d'hécatombes, Pour servir de pâture à ses béantes tombes. La marâtre en son sein berce bien plus de morts Que n'en couve la terre en ses sombres entrailles. O pauvres mariniers dormant sans funérailles Au cœur des flots veufs de remords! Qu'ils aillent arborant, les cieux, l'azur ou l'encre, Le pêcheur, chaque jour en chantant, lève l'ancre. Stoïque, il va livrer sa vie à l'océan: Gage d'un peu de pain pour les siens, ô misère! Il va, brave, et se sent sur l'onde qui l'enserre Guetté par l'horrible néant. Au sommet de la dune, ayant vu passer l'heure, La femme--ses enfants à genoux--prie et pleure L'homme fatalement marqué pour le trépas. Elle réclame au moins son cadavre... Et, macabre, La vague semble rire à sa plainte, et se cabre Féroce,--et ne le lui rend pas. [Illustration: CHARLES MICHEL - Grand vent.] XXXVIII VOILES DE PLAGE Ce sont les claires oriflammes Que sur les chignons plante Eros, Battant comme ailes d'albatros, Tirebouchonnant, blanches flammes! Sous la brise, en flots onduleux, Ils montent comme des fumées S'évaporant dans les airs bleus, Encens des nuques parfumées. Ramenées sur le visage, ils Ont les mystères puérils Des brumes dont le soir se voile. La plage est le couvent des cœurs Où ces dames prennent, en chœurs, Paradoxalement le voile! XXXIX FRUITS DE LA MER Ma poissonnière est non moins fraîche Que les fruits nacrés de la mer Qu'elle détaille... Rien d'amer Dans tout son être, et rien de rêche. Il faut la voir, le vendredi, Jour de Vénus et de marée, Trôner, pimpante, chamarrée, Au comptoir de persil verdi. Sa main plus rose que l'ouïe Des goujons au reflet changeant, Sert les poissons d'or et d'argent A sa clientèle éblouie. Il faut la voir aller, venir, Dans sa boutique fabuleuse Où la pêche miraculeuse Semble étaler son souvenir. Pour lui plaire, sa marchandise Adoucit ses bouquets salins, Les homards deviennent câlins Les moules se font friandise. Rivales des beaux harengs-saurs, Près des turbots tout ronds aux teintes Blafardes de lunes éteintes, Les carpes allument leurs ors. Les saumons aux mines paternes, Voisins des caviars rancis, Comme des amoureux transis Ouvrent de grands yeux ronds et ternes. Sur les hauts rayons consacrés, L'enfilade des coquillages En vain combat les maquillages De son oreille aux feux nacrés. A ses pieds les crabes oranges Frôlés du bas de son jupon, Semblent des monstres du Japon Fondus dans des bronzes étranges. Les maquereaux, poissons... de cœur Exagérant leurs dos infâmes Dont raffolent certaines femmes, La contemplent d'un air moqueur. Les piments aux lueurs de forge Dans les bocaux de cornichons, Tirent la langue à ses nichons Que jalousent les airs de gorge Des citrons effilés et mûrs... Son derme offre de plus beaux lustres Que les boites--aux noms illustres-- Des conserves luisant aux murs. Rousse, en effet, ses chairs prônées Se pailletent à l'infini Des lenticelles d'or bruni Qu'on aime aux truites saumonées. A son rire victorieux Les rougets rougissent, bégueules, Et les cabillauds ont des gueules Béates de michets sérieux... Telle Vénus sortant de l'onde Dut voir une cour de poissons Pâmée en d'étranges frissons Autour de sa majesté blonde! XL P. P. C. Déjà le colchique d'automne Allume de mauve les prés, Les horizons se font pourprés Sous le ciel bas et monotone. L'humide Septembre, perclus, S'en va trépasser dans ses brumes Au glas rauque de ses élus, Les noirs catarrhes et les rhumes! Les nuits fraîchissent... Dans les bois Les arbres, s'en devenant chauves, Pleuvent leurs feuilles bientôt fauves Sur l'été maussade aux abois. L'aube emperle, chaque matin, La plaine où le lièvre en goguette Boit la rosée, hume le thym, Sans souci du chasseur qui guette! L'automne en commençant son bail Nous promet de nouvelles fêtes... Le sorbier suspend sur nos têtes Ses pendeloques de corail. L'hirondelle vers d'autres rives Fuit, cherchant des cieux moins voilés, Et voici revenir les grives Ivres des beaux raisins volés. C'est aussi la saison des huîtres... Le Train jaune n'opère plus: Monsieur réclame en ses épîtres Madame aux regrets superflus. Les cabines sont sans mystère: Plus ne sonne l'heure du bain. La plage se fait solitaire Et le crabe est son Chérubin! Fin de saison!... Rentrent _at home_ Les villégiatureurs frileux Qui s'enfuient, ô soleil fantôme, Soufflant dans leurs pauvres doigts bleus... Accompagnons-les, ma Musette, Quittons le flot, vraiment amer, Après la suprême risette A ton héroïne, la Mer! INDEX DES MATIÈRES Pages BONIMENT 5 I. _Ostende_ 7 II. _L'Éventail_ 9 III. _Gros temps_ 11 IV. _Eau bénite_ 13 V. _Évohé!_ 15 VI. _Mer des Morts_ 17 VII. _Revanches_ 19 VIII. _Marine sentimentale_ 22 IX. _Pieuvre_ 24 X. _Profanes_ 26 XI. _Haut de forme_ 28 XII. _Photographes_ 30 XIII. _Chaises Miss Helyett_ 32 XIV. _Mer fâchée_ 34 XV. _Les Mouettes_ 36 XVI. _La Mer enrhumée_ 38 XVII. _Petits trous pas chers_ 40 XVIII. _Yeux noirs_ 43 XIX. _Heure du bain_ 45 XX. _En mer, en mer!_ 47 XXI. _Vous êtes partie..._ 49 XXII. _Offertoire_ 51 XXIII. _Robes claires_ 53 XXIV. _Jaloux_ 55 XXV. _Rinçades d'œil_ 58 XXVI. _Pleins battus_ 60 XXVII. _Mollets_ 63 XXVIII. _Manteau rouge_ 65 XXIX. _Train des Maris_ 67 XXX. _Citrons_ 69 XXXI. _Coquillages_ 71 XXXII. _Gamme chromatique_ 73 XXXIII. _Fillettes d'Ève_ 75 XXXIV. _Grains de beauté_ 77 XXXV. _Bains nocturnes_ 79 XXXVI. _Grand vent_ 81 XXXVII. _Mer tueuse_ 83 XXXVIII. _Voiles de plage_ 85 XXXIX. _Fruits de la mer_ 87 XL. _P. P. C._ 91 INDEX DES GRAVURES HENRY CASSIERS.--_Au Clair de la Dune_ (couverture). EDGAR CHAHINE.--_Fillettes d'Ève._ AMÉDÉE LYNEN.--_Petits trous pas chers._ F.-M. MELCHERS.--_Rinçades d'œil._ CHARLES MICHEL.--_Grand vent._ FÉLICIEN ROPS.--_Train des Maris._ LOUIS THOMAS.--_La Muse._ DES PRESSES D'OSCAR LAMBERTY EDITEUR 70, RUE VEYDT (QUARTIER LOUISE) BRUXELLES ACHEVÉ D'IMPRIMER LE 6 JUILLET 1909 *** End of this LibraryBlog Digital Book "Au clair de la dune" *** Copyright 2023 LibraryBlog. All rights reserved.