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Title: Petit histoire des grandes rois de Angleterre
Author: Chouinard, Ephrem
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "Petit histoire des grandes rois de Angleterre" ***


Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le
typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée
et n'a pas été harmonisée.

Les autres erreurs très apparentes (mots masculins en féminin et/ou le
contraire), sont voulues par l'auteur. Il paraît qu'il s'agit de
l'humour typiquement québécois.



    Petit Histoire des Grandes Rois
    de Angleterre



    PETIT HISTOIRE

    DES

    GRANDES ROIS

    DE

    ANGLETERRE

    PAR

    OUN COLONISTE DES PLUS VERIDIQUES


    Edition augmentée,
    agrandie et beaucoup additionnée


    [Logo]

    QUEBEC

    TYP. LAFLAMME & PROULX

    1910



AVERTISSEMENT


Il y a quelques années, un ami des Canadiens-français, feu M. le
docteur W.-H. Drummond, de Montréal, prenait plaisir à publier, de
temps à autre, dans les journaux de la métropole, des pièces rimées au
cours desquelles il prêtait à de nos compatriotes français un langage
formé d'un mélange d'expressions anglaises apprises, pour ainsi dire,
à la volée, et de tournures françaises d'une saveur de terroir des
plus prononcées. Ce rapprochement à la bonne franquette des deux
idiomes de notre pays amenait, va sans dire, des situations d'un
réalisme amusant, bien que parfois poussé à des limites
invraisemblables. Je n'en veux donner pour exemple que les quelques
vers suivants, que je tire du volume intitulé _The Habitant_, dans
lequel le poète anglais a réuni ses pièces:

    I read on de paper
    mos' ev'ry day all about Jubilee
    An' grande procession movin' along, an' across de sea,
    Dat's children of Queen Victoriaw comin' from far away
    For tole _Madame_ w'at dey think of her, an' wishin' her _bonne santé_.

    An' if anyman want to know _pourquoi les Canayens_ should be dere
    Wit' res of de worl' for shout Hooraw an' t'row hees cap on de air,
    Purty quick I will tole heem the reason w'y we feel lak' de oder do.
    For if I'm only poor _habitant_ I'm not on de _sapré fou_.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    So de sam' as two broder we settle down, leevin' dere han' in han',
    Knowin' each oder, we lak' each oder, de French an' de Englishman,
    For it's curi's t'ing on dis worl', I'm sure you see it agen an agen
    Dat offen de mos' worse _ennemi_, he's comin' de bes', bes' friend.

J'eus dans le temps,--c'était en 1897,--l'idée de répondre au badinage
du sympathique docteur en faisant, à mon tour, parler en français un
de nos compatriotes anglais; et c'est alors que parut dans certains
journaux de Québec et de Montréal une pièce que j'avais intitulée:
_Ode à Victoria Ire à l'occasion qu'elle joubile en Diamond_.
L'accueil bienveillant qui lui fut fait m'engagea, un peu plus tard, à
écrire la _Petit Histoire_ dont je me permets de présenter aujourd'hui
l'édition «augmentée, agrandie et beaucoup additionnée». Puisse-t-elle
être accueillie par nos compatriotes de langue anglaise avec le même
esprit de bienveillance que nous apportons encore nous-mêmes à la
lecture du livre humoristique de M. le docteur Drummond.

Nous vivons dans un pays où la connaissance des langues anglaise et
française est non seulement utile, mais d'une nécessité de tous les
instants. Chacun de nous sait bien--disons-le toujours!--s'exprimer
d'une manière passable dans sa langue maternelle; mais, lorsque nous
nous trouvons aux prises avec l'autre langue, celle qui nous est moins
familière, nous sommes plus ou moins portés à commettre des hérésies
ou d'amusants quiproquos qu'un peu de réflexion, suggérée peut-être
par la critique, pourrait nous faire éviter.

C'est sans doute dans cet esprit que le docteur Drummond a écrit ses
poèmes humoristiques, et c'est pareillement, que l'on veuille bien le
croire, sans plus de méchanceté que je mets ma _Petit Histoire_ sous
les yeux des lecteurs anglais. On réussit parfois à faire, au moyen
d'un simple badinage de bon aloi, ce que ne saurait accomplir une
démonstration sérieuse et compliquée.

    Ephrem CHOUINARD



AVANT-PROPOS


    Pour bien comprenner le Histoire
    De ce qu'on appelle les rois,
    Il faut fixer dans son mémoire
    Certains points au nombre de trois,
    Savoir: tout d'abord la première;
    Ensouite la numero deux;
    Puis, enfin, vienné le dernière
    Qui n'est pas la moindre d'entr'eux.
    La roi, qu'il soit mâle ou femelle,
    Est oun être qui vient d'En Haut,
    Et, par conséquent, tout en elle
    Doit être trouvé bonne et beau.
    C'est la premier point. La deuxième,
    Venant ensouite du premier,
    C'est que, pour oun roi vilain même,
    Chacun doit être coutumier
    D'aller se jeter dans le braise
    Pour y rester tant qu'il est cuit,
    Et se considérer fort aise
    De s'être fait griller pour lui.
    La troisième est beaucoup curieuse:
    C'est que la roi «can do no wrong»,
    Que ce soit dans le guerre affreuse
    Ou la simple jeu de _Ping-Pong_.
    Bien! En mettant dans votre tête
    Ces trois points dextrement trouvés,
    Vous ne jugerez rien de bête
    Dans les faits qui sont relevés,
    Sur la trône de Angleterre
    On vit si tant de grandes rois
    Qu'on ne savé plus comment faire
    Pour le dire assez bien des fois.
    Depouis la tout premier d'entr'elles
    Jousqu'à notre saige Edouard Sept,
    Tous nos monarques sontaient belles
    Et beaucoup grands, comme l'on sait.
    Dans les autres pays du monde
    Oh! l'on vit bien, de temps en temps,
    Certains rois de savoir profonde
    Ou possédant d'autres talents.
    Mais ce n'était point le coutume
    Et, je le dis en vérité,
    Trop souvent la royal costume
    Cachait le médiocrité.
    Bien, chez nous c'été différente;
    De rois savants et pleins d'honneur
    Nous avons eu souite charmante
    Et tout ce qui fut la meilleur.
    Quant aux monarques féminines,
    C'était aussi pareil toujiours,
    Et de plus vertueuses mines
    Jamais vit-on meilleur concours.
    Je ne dis pas que rois et reines
    N'eurent jamais de manquements,
    Ni que souvent par grandes haines
    Ils n'ont pas fait souffrir leurs gens.
    D'aucuns ont commis des sottises,
    Volé les biens de leurs voisins,
    Pillé les trésors des églises
    Et dans la sang trempé leurs mains.
    Quelques-uns ont battu leurs mères,
    Assassiné frères et soeurs;
    Mais, à part ces petits misères,
    Oh! c'était d'excellentes coeurs.
    Je veux vous en donner les preuves
    Par cette histoire en raccourci
    Que, dans ces vers tout à fait neuves,
    Je vais vous présenter ici.

[Décoration]



Race Saxonne



[Illustration]


EGBERT-LE-GRAND

(827-837)


    Oun roi sauvaige ou chef de bande
    Etait Egbert probablement,
    Et qu'il était d'oun vertu grande
    Nul n'affirmerait sous serment.
    Issu de le race saxonne,
    Il été la premier garçon
    Qui porta l'anglaise couronne
    D'oune indépendante façon.
    On ne sait pas de lui grand chose,
    Ni s'il fut bon, nul ou méchant;
    Et, peut-être pour cette cause,
    On le surnomme Egbert-le-Grand.
    Peut-être aussi cet nom splendide
    Lui vienné de ce qu'oun beau jour
    En France d'oun pas très rapide
    Il dut aller faire oun séjour;
    Et ce fut la roi Charlemagne
    Qui le reçut dans sa palais[1].
    Chacun sait que toujours on gagne
    A fréquenter les gens replets.
    Le puce qui pique oun princesse,
    Par exemple, il est plus heureux
    Qu'oun pauvre ciron en détresse,
    Dessus le peau d'oun miséreux.
    Charlemagne étant maggnifique,
    Egbert fit bien de frotter lui;
    Et c'est oun saige politique
    Qui soubsisté même aujourd'hui.
    Que d'êtres d'insiggnificance
    Atteignent la plus haut crédit,
    Pour avoir avec persistance
    Faisé la frottaige susdit!

  [1] Voir note à l'appendice.



    ETHELWOLF            836-858

    ETHELBALD            858-860

    ETHELBERT            860-866

    ETHELRED Ier         866-871


    Puis, pour trente ans le Angleterre
    Fut en guerre avec les Danois
    Qui les Anglais mettaient à terre
    Souvent et beaucoup à le fois.
    Cependant l'anglaise couronne
    Il ne fut pas foulée aux pieds,
    Mais retomba sur le personne
    De rois plus ou moins estropiés.
    Ethelwolf il vint après l'autre
    Dont nous avons parlé tantôt,
    Et fut si tant oun bon apôtre
    Que j'en veux dire oun petit mot.
    Qu'il nous suffise de comprendre
    Qu'oun beau jour, je ne sais trop quand,
    Du roi de France il devint gendre
    ...On s'imagine bien comment,
    Et que--la ciel le garde et sauve!--
    La beau-père de notre roi
    Il s'appelait Charles-le-Chauve
    ...On peut bien deviner pourquoi.
    Reprenant la fil de l'histoire,
    Plus tard Ethelwolf s'en alla
    Faire oun voyaige méritoire
    A Rome, et fut si long par-là
    Que, dans la cours de son absence,
    Ethelwald, son fils, vrai coquin,
    Avec le plus grande indécence
    Prit le couronne et le fit sien.
    Cet garçon, après deux années,
    Finit son règne, par bonheur,
    Et l'oun de ses frères puinées,
    Ethelbert, fut sa successeur.
    De cet-lui je dis peu de chose,
    Attendu que je n'en sais rien.
    D'Ethelred encore je n'ose
    Risquer oun mot en mal ou bien,
    Si ce n'est qu'il était la frère
    De la monarque précédent
    Et que, dit-on, il fut le père
    Du roi fameuse Alfred-le-Grand.



[Illustration]


ALFRED-LE-GRAND

(871-900)


    Dans la cours des règnes dernières
    Les Danois, peuple belliqueux,
    Causèrent beaucoup les misères
    Aux Saxons en allant chez eux.
    On se faisait la diable-à-quatre,
    Pillant et tuant tour à tour
    Et des moyens de se combattre
    Sans cesse cherchant, nuit et jour.
    Si tant qu'on ne pouvait connaître,
    A travers le confusion,
    Si la Danois était la maître
    Ou bien si c'était la Saxon.
    C'est alors que vint oun garçonne
    Qui portait la doux nom d'Alfred,
    Réclamer pour lui le couronne
    Transmis par son père Ethelred.
    Il battit à plate couture
    Ses très «troublesome» voisins
    Que certaines liens de nature
    Faisaient à peu près des cousins.
    Plus tard le famille danoise
    Il vainquit Alfred à son tour;
    Mais lui, prince habile et sournoise,
    En lui jouant oun fameux tour[2],
    Le chassa de sa territoire.
    Depuis, la Saxon conquérant
    Régna tranquille et plein de gloire
    Et mérita la nom de Grand,
    Si tant il fit au _people_ anglaise
    Du bien, du bien, toujiours du bien.
    Même, en passant, je suis fort aise
    De signaler comme étant sien
    L'institution trèsment bonne
    (En attendant mieux) du jury[3],
    Que l'on aime plus que personne
    Pourvu... que l'on n'y soit pas pris.
    Oh! ce fut oun fameux monarque
    Que cet mossieur Alfred-le-Grand,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il vogua toujours en avant.

  [2] Voir note à l'appendice.

  [3] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD Ier L'ANCIEN

(900-925)


    Cet Edouard s'appelé l'Ancienne
    Pour ne pas confusionner
    Avec oun autre qui s'amène,
    Plus loin, du nom d'Edouard Premier.
    Cet-lui qu'ici je vous mentionne
    Il était fils d'Alfred-le-Grand,
    Et sur son tête le couronne
    Il eut oun lustre flamboyant,
    Sinon autant que pour son père,
    Du moins, assez pour sa bonheur.
    Il pratiqua souvent le guerre
    --Car il était fin batailleur,--
    Et vainquit sa cousin germaine[4]
    Qui cherchait à le détrôner,
    Ainsi que d'autres qui, sans gêne,
    Voulaient sa pays gouverner.
    Puis, aimant d'oune amitié vive
    La roi de France, Charles Trois[5],
    Il lui donna son fille Ogive,
    Bonne et charmant tout à la fois.
    On dit aussi que cet bon prince,
    Pour les sciences très porté,
    Fonda--bienfait qui n'est pas mince,--
    La Cambridge université.

  [4] Voir note à l'appendice.

  [5] Voir note à l'appendice.



ATHELSTAN

(925-941)


    De cet-lui-là l'histoire nette
    Pouvé se dire en quelques mots;
    Mais nous n'avons de son binette
    Point de traits ni petits ni gros.
    Pour d'autres encor qui font suite
    J'ai le même embarrassement,
    N'ayant que leur seule conduite
    Pour les rappeler oun moment;
    Et j'en suis chagrin à l'extrême,
    Car quelques-uns, sans contredit,
    Furent de ces princes qu'on aime
    Parmi tant d'autres qu'on maudit.
    Athelstan était fils de l'autre
    Qui s'appelait Edouard Premier.
    Il vécut comme oun bon apôtre,
    De vertus étant coutumier,
    Et ne se mettant en colère
    Pour bien gouverner son maison
    Que lorsque l'on voulait lui faire
    Du tintouin sans bonne raison.
    Oh!... ce fut oun grande monarque,
    Sans doute, et beaucoup très pouissant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il... a dû filer en avant.



EDMOND I

(941-946)


    C'est oun frère du précédente,
    Mais il ne régna que cinq ans;
    Car, malgré qu'il fut très proudente,
    Oun assassin... le mit dedans.
    Le chose vous est bien égale,
    Mais il paraît que c'est cet roi
    Qui mit le peine capitale,
    En Angleterre, dans le loi.
    Bien! il eût fait oun grand monarque
    S'il avait vivé plus longtemps,
    Et... sous son oeil l'anglaise barque
    Eût bousculé les ouragans.



EDRED

(946-955)


    Edred était oun autre frère
    De cet-là que l'on vient de voir.
    Et pour neuf ans le Angleterre
    Sur sa trône il le fit asseoir.
    Et... ce fut oun grande monarque,
    --Là-dessus je dois insister,--
    Et, sous son oeil, l'anglaise barque
    Il... ne pouvé pas s'arrêter.



EDWY

(955-957)


    Il était fils d'Edmond Première
    Et ne fut roi que pour deux ans,
    En essuyant dans son carrière
    Les choses les plus déplaisants.
    Il s'attira, dit-on, le haine
    De ses barons et du clergé:
    Doublement lourd et cruel chaîne
    Qu'à son col il s'était forgé!
    Oun grand moitié de sa royaume
    Bientôt il perdit sans retour;
    Puis les malheurs sur cet pauvre homme
    Semblant s'acharner chaque jour,
    Pour je ne sais trop quel caprice
    Son femme du nom d'Elgiva
    Fut condamnée à la supplice,
    Et cette perte l'acheva.
    Bien! oun traitement de la sorte
    Il devait le toucher oun brin,
    Et c'est pour cela qu'il est morte,
    Bientôt après, dans la chagrin.



EDGARD, LE PACIFIQUE

(957-975)


    Edgard, surnommé Pacifique,
    (Probablement pour son douceur),
    D'Edwy, son frère impolitique,
    Devint alors la successeur;
    Et, comme il n'était pas de taille
    A faire mentir sa surnom,
    Il ne commetté le bataille
    Jamais sans excellent raison.
    D'abord, il s'en va dans l'Ecosse
    Livrer trois ou quatre combats,
    Puis chez les Irlandais, qu'il rosse
    Et met complètement à bas.
    Ensouite il faisé sa possible
    Pour sa peuple civiliser,
    _Well!_... ce qui dut être pénible
    Assez qu'il ne put s'amuser.
    On dit qu'oune Anglaise jolie
    Qui portait la nom d'Elfrida
    Le mit en si grande folie
    Que pour femme il la demanda.
    Mais le porteur de sa messaige,
    Ayant conçu même appétit,
    Trouva qu'il était beaucoup saige
    De garder le femme pour lui.
    Le roi fut en si grand colère
    A cet trompaige audacieux
    Qu'il poignarda le pauvre hère
    Et prit son veuve d'autant mieux.
    Dans cet événement tragique
    La monarque outragé, je crois,
    S'il n'eût pas été... Pacifique,
    Aurait occis l'autre deux fois.
    _Well! Well!_ Cet petit incidence
    Il n'est devant vous mentionné
    Que pour expliquer l'occurrence
    Pourquoi si tant fut malmené
    La roi suivant dans notre liste,
    Et pourquoi plus loin je vous dis
    Que, depuis cet temps, il existe
    Oun saint de plus au paradis.
    Edgard n'en fut pas moins monarque
    Très tendre et beaucoup avenant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il prit oun grand _sheer_ en avant.



EDOUARD II, LE MARTYR

(975-978)


    Après qu'Edgard fut mis en terre,
    Edouard, son fils, lui succéda;
    Mais il avait pour belle-mère
    La susmentionnée Elfrida
    Qui, voulant avoir sur la trône
    Sa propre fils plutôt qu'Edouard,
    Mena du dernier le personne
    Dans oun affreuse traquenard.
    Il partit un jour pour le chasse
    Et n'en revint que... décédé;
    D'Elfrida, dit-on, l'âme basse
    En avait ainsi décidé.
    Cet monarque si jeune et belle
    Au ciel mettait tout sa désir,
    Et c'est le raison pour laquelle
    Il est saint Edouard-le-Martyr



ETHELRED II

(978-1016)


    La fils de l'affreux belle-mère
    Alors régna trente-huit ans,
    Presque toujours étant en guerre
    Avec les danois habitants,
    Entre Suénon, roi danoise,
    Et lui, sans mesure ni frein
    Constamment on se cherchait noise
    A propos de tout et de rien.
    Si tant que la monarque anglaise
    De son trône un jour fut chassé,
    Et ne put reprendre son aise
    Qu'après que l'autre eut trépassé.
    Enfin, pour terminer l'affaire,
    De Suénon la successeur
    Ayant repris le Angleterre,
    Ethelred mourut de douleur.



Rois Saxons et rois Danois



[Illustration]


CANUT-LE-GRAND

(1016-1036)


    Tenez! voici la roi danoise
    Qui s'appelé Canut-le-Grand,
    Non pas qu'il fut long d'une toise,
    Mais oun roi vraiment conquérant.
    Il partagea d'abord la trône
    Avec la fils d'Ethelred Deux[6];
    Et, pour que l'anglaise couronne
    Restât longtemps sur ses cheveux,
    Il épousa même son veuve
    Et s'en fit comme oun paravent,
    Procédé qui n'été pas neuve,
    Mais réussit encor souvent.
    Si tant qu'il fit naître l'usaige
    Parmi les gens des deux pays
    D'entremêler par mariaige
    Et devenir de bons amis.
    Bien! si cet acte souveraine
    Est cause qu'aujourd'hui chez nous
    Nous avons le plus meilleur reine
    Et, certes, la plus beau de tous[8],
    Je te bénis de tout mon être,
    Canut, pour cette oeuvre important,
    Et suis prêt à le reconnaître,
    Tu mérites la nom de Grand.

  [6] Voir note à l'appendice.

  [8] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HAROLD I

(1036-1039)


    En mourant, la pouissant monarque
    A ses deux fils laissa ses droits,
    Canut ayant la Danemarke,
    Et l'autre, Harold, la trône anglois.
    Mais bientôt entre les deux frères
    S'éleva le dissension,
    Canut voulant avoir entières
    Les deux couronnes sur son front.
    Pauvre Harold fit tout diligence
    Pour résister à l'attentat;
    Mais la bon droit a maigre chance
    Auprès d'oun esprit scélérat.
    Il advint donc que les deux frères
    Etant près d'en venir aux mains,
    Harold mourut dans... les misères
    Et sans doute aussi les chagrins.



CANUT III ou HARDI-CANUT

(1039-1041)


    Oh! c'était oun méchant garçonne,
    Avare, hautain, fourbe et cruel,
    Ne respectant jamais personne,
    Ne craignant ni diable ni ciel.
    Si tant que point je ne regrette
    De n'avoir pas ici ses traits:
    D'oun tel animal le binette
    On aime bien mieux loin que près.
    Lorsque mourut Harold, son frère,
    Cet prince il était si content
    Que sur son corps il osa faire
    Comme oune danse d'habitant,
    Trépignant de joie indiscrète
    Et projetant partout dans l'air
    Des cris de sauvaige en goguette
    Ou de chacal à sa dessert.
    Trois ans plus tard il était morte
    A son tour et mis en lieu frais.
    Tant mieux! que la diable l'emporte,
    Et qu'on n'en parle plus jamais!



[Illustration]


EDOUARD-LE-CONFESSEUR

(1041-1066)


    Voulez-vous d'oun vrai grand monarque?
    Eh bien! cet-lui-là regardez!
    Sa règne il fit brillante marque
    Parmi ceux des rois décédés.
    Fils d'Ethelred dont tout à l'heure
    On a rappelé quelques faits,
    Il fit tout pour rendre meilleure
    Le grand nation des Anglais.
    Il était trèsment maggnifique,
    Tendre pour les déshérités,
    Et souvent d'oun mot pacifique
    Il tranchait maints difficultés.
    Il vécut toujours sans folie,
    Toujours du ciel favorisé,
    Et, quoiqu'il eût femme jolie,
    Il... fut plus tard canonisé.



HAROLD II

(1066-....)


    Beau-frère de la précédente,
    Cet-lui-ci ne fit que passer;
    Car Guillaume-la-Conquérante
    Bien vite il le fit trépasser.



Race Normande



[Illustration]


GUILLAUME I, LE BATARD, LE CONQUERANT

(1066-1087)


    L'oun des princes les plus guerrières
    Fut Guillaume la Conquérant,
    Qui cogna plus d'anglais derrières
    Que jamais roi danois ou franc.
    Son père était Robert-la-Diable,
    Et son mère probablement
    Etait quelque chose d'aimable,
    Comme l'on dit, à l'avenant.
    Dans tous les cas, on nous assure
    Qu'il était oun fils naturel,
    Ce qui rend la travail bien dure
    Pour trouver son mère réel.
    De la pays de Normandie
    Il était maître; mais, oun jour,
    Pour voir sa royaume agrandie
    Il médita quelque bon tour.
    Se dit-il, si de l'Angleterre
    La roi je pouvais devenir,
    Oh! mon gloire il serait si claire
    Que rien ne le pourrait ternir.
    Alors il leva des armées
    Et se rua sur les Anglais
    Dont les bandes, fort alarmées,
    Fuyaient comme des feux follets[9].
    Si tant qu'à la fin son pouissance
    Il était la maître de tout,
    Tandis que l'anglais suffisance
    Il était rendu presque à bout.
    Sur la trône monta Guillaume
    Qui s'y maintint plus de vingt ans.
    Oh! c'était oun très habile homme,
    Possédant beaucoup des talents.
    On dit qu'il fut cruel et fourbe
    Et quelque peu vindicatif;
    Mais, bah! pour gouverner le tourbe
    Ne faut-il pas être oun peu vif?...
    D'abord, il prit pour son usaige
    Les biens d'oun grand nombre de gens,
    Et composa son entouraige
    Presque uniquement de Normands.
    Puis il bâtit le Tour de Londre,
    Oun tas d'effroyables prisons
    Où, par le suite, on vit se fondre
    Tant de chefs d'illustres maisons.
    Pour finir, on en conte oun bonne
    Qui, tout d'abord insiggnifiant,
    Fait voir qu'aux alentours d'oun trône
    Tout il devient mirobolant.
    En sus de la vaste domaine
    Dont il avait le royauté,
    Guillaum possédait oun bedaine
    Encor plus plein de majesté.
    Ce qui fit dire au roi de France,
    Alors Philippe la Premier:
    --Cousin Guillaume a plus de panse
    Que jamais il n'eût de penser.--
    Cet mot mit Guillaume en colère,
    Si tant qu'en France traversé
    Dans la but de tout mettre à terre,
    Par oun archer il fut blessé,
    Et mourut dans le Normandie,
    Très lâchement abandonné
    Par ses trois fils--race jolie--
    Auxquels il avait tant donné.

  [9] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


GUILLAUME II, LE ROUX

(1087-1100)


    C'est oun des fils du grand Guillaume
    Qui, nous dit-on, en avait trois,
    Dont l'oun vécut comme oun pauvre homme,
    Et les autres devinrent rois.
    De la premier, Robert Courte-Heuse[10],
    Très peu de chose il faut conter,
    Sinon que, toujiours malchanceuse,
    Sur la trône il ne put monter.
    Quant à Guillaume, il fut peut-être
    Oun assez singulier garçon,
    Ayant parfois des goûts de traître,
    De cruel ou bien de fripon.
    Sa poil de le couleur carotte
    L'avait fait surnommé «le Roux»;
    Malheur à cet-lui qui s'y frotte
    Oun moment qu'il est en courroux!
    Si tant qu'il eut oun suffisance
    De plus ou moins laids compromis
    Et, pour bien dire, oune existence
    Veuf de toute espèce d'amis.
    Tout de même, il... fut oun monarque,
    Disons, très noble et complaisant;
    Et... vous savez, l'anglaise barque
    Sous son oeil marcha de l'avant.

  [10] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HENRI I, dit BEAUCLERC

(1100-1135)


    Bien! Voici Henri la Première,
    Troisième fils du Conquérant
    Et puis, par conséquent, la frère
    De la Guillaume précédent.
    C'est bien lui. Je vous le réplique
    Afin que, peut-être distrait,
    Pour cet-là d'oun singe d'Afrique
    Vous n'alliez prendre sa portrait.
    Comme il était beaucoup savante,
    On l'appelait Henri Beauclerc,
    Ce qui semble très impioudente,
    Puisqu'il n'était ni beau ni... clair.
    Il eut avec Robert, son frère,
    D'abord de sanglants démêlés
    Au cours de lesquels cet dernière
    Il fut toujiours des mieux volés.
    Pauvre Robert, nommé Courte-Heuse,
    Pourtant chef d'oun si grand maison,
    Tant de plus en plus malheureuse,
    Finit ses jours dans oun prison.
    Puis, de cet frère malhabile
    Ayant débarrassé son dos,
    Henri battit à Brenneville
    La roi français Louis le Gros.
    Comme on voit, c'est oun grand monarque
    Que cet premier des rois Henris,
    Et, monté sur l'anglaise barque,
    Il a dû prendre bien des ris.



[Illustration]


ETIENNE DE BLOIS

(1135-1154)[11]


    D'oun fille de la Conquérante
    La fils alors il usurpa.
    Usurper semble acte méchante;
    Mais nul remords ne l'occupa.
    Car, si pour toute autre personne
    C'est mal de voler oun chapon,
    Pour oun prince tâter oun trône
    Oh! c'est considéré très bon.
    Son acte est toujiours légitime
    Pourvu qu'il remporte son point,
    Et ne devient jamais oun crime
    Que lorsqu'il ne réussit point.
    Etienne donc, à le sourdine,
    La trône il prit sans barguigner,
    Au détriment de son cousine
    Mathilde qui devait régner.
    Fille du roi Henri Première
    Que je viens de vous présenter,
    Ce Mathilde était l'héritière
    Qui devait la sceptre porter.
    Bien! Etienne il est oun monarque
    Qu'il faut très beaucoup admirer,
    Puisque avec lui l'anglaise barque
    Il ne pouvé pas... chavirer.

  [11] Voir note à l'appendice.



Plantagenets



[Illustration]


HENRI II

(1154-1189)


    C'été la fils de ce princesse
    Mathilde, dont on a conté
    Qu'Etienne avait avec prestesse
    Accaparé le royauté,
    Et la fruit de sa mariaige
    Avec Geoffroy Plantagenet,
    Non pas oun petit personnaige,
    Mais duc d'Anjou, pour parler net.
    Henri vivait avec son père
    En ressentant oun grand ennui
    De voir sa troue d'Angleterre
    Tenu si longtemps loin de lui;
    Et toujiours refoulant ses larmes
    Tant qu'il pouvait dans sa gosier,
    De le grand science des armes
    Il fit l'apprentissaige entier.
    Si tant qu'à cet jeu dangereuse
    Il se faisait fort remarquer
    Déjà comme oun lutteur fameuse,
    Lorsqu'Etienne vint à claquer.
    Enfin, Henri prit le couronne
    Dont si jeune il était sevré
    Et le trouva beaucoup très bonne
    Après qu'il s'en vit assuré.
    D'Eléonore de Guyenne,
    Que Louis Sept, étique époux,
    Venait d'abandonner sans peine[12],
    Il s'était mis à les genoux;
    Si tant qu'avec son héritance
    Il posséda, tout à le fois,
    Presque le moitié de le France
    Et sa propre pays anglois.
    Il fit très beaucoup des conquêtes,
    Avec ses voisins se battit
    Et gagna victoires complètes
    Autant qu'il en eut appétit.
    Mais, tout en paraissant gentille,
    Sa règne il fut bien attristé
    Par des querelles de famille
    A propos d'oun fils révolté.
    Cet fils--nommons-la tout de suite,--
    Etait Richard Coeur de Lion.
    Nons faut-il blâmer son conduite?...
    Tout la monde est d'avis que non.
    C'est encor Henri la Deuxième
    Qui de Becket versa la sang
    Ou fit verser, à l'autel même,
    Par quatre officiers de haut rang,
    Crime qui tant fâcha l'Eglise
    Que, pour rentrer dans sa giron,
    Il se fit fouetter en chemise
    Par plusieurs moines formant rond.
    Puis, de la pauvre Rosamonde
    La tant pathétique récit[13]
    Qu'il fait encor pleurer la monde....
    Enfin, tout dans cet règne-ci,
    Jusqu'à le mort du grand monarque,
    Il est vraiment très émouvant,
    Bien que toujiours... l'anglaise barque
    Il fît bonne route en avant.

  [12] Voir note à l'appendice.

  [13] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


RICHARD I, COEUR DE LION.

(1189-1199)


    En se révoltant de le sorte
    Richard fit mal, cela s'entend.
    Mais, pour moi, la diable m'emporte
    Si je n'en aurais fait autant[14].
    D'ailleurs, l'affaire est triste et noire,
    Dénotant des esprits pervers,
    Et les détails de ce histoire
    Ne pouvé pas s'écrire en vers.
    Quand la bonhomme il fut éteinte,
    Pauvre Richard il devint roi;
    Puis il s'en fut en Terre-Sainte
    Pour oun peu ranimer son foi.
    Là-bas il se couvrit de gloire,
    Tua des Turcs autant qu'il put,
    Courut de victoire en victoire
    Et jamais ne manqua son but.
    Peut-être encourt-il le censure
    Pour avoir eu des goûts trop vifs,
    Comme lorsqu'il fit, on assure,
    Egorger cinq mille captifs.
    Mais pendant que les Infidèles
    Sous le pesanteur de son bras
    Voyaient des milliers de chandelles
    Et s'effondraient par grandes tas[15],
    Richard il reçut d'Angleterre
    Oun avis que sa frère Jean
    --Cet-là qui s'appelait Sans Terre--
    Il s'était fait nommer régent.
    Richard, la coeur plein d'amertume,
    Vers chez lui partit vitement,
    Désirant, selon son coutume,
    Y sortir sa ressentiment.
    Mais, passant à travers l'Autriche
    Pour dans sa pays revenir,
    La duc, par oun procédé chiche[16],
    En prison le fit retenir.
    Bien! oun garçon de cet calibre
    Ne se retienné pas longtemps;
    Si tant que bientôt il fut libre
    Et prit son vol à travers champs.
    On dit que Blondel, la trouvère,
    Lequel suivait Coeur de Lion,
    En lui chantant d'oune voix claire
    Favorisa l'évasion.
    Bref, ayant repris son couronne,
    Encore il régna quelques ans,
    Jamais ne pliant à personne
    Et ferraillant de temps en temps[17].
    Car c'était oun fier batailleuse
    Que cet Richard Coeur de Lion.
    Il avait oun bras merveilleuse
    Qui tapait comme oun vrai pilon;
    Et quand du bout de son épée
    Il touchait Turc ou Moricaud,
    Cet dernière était tant coupée
    Qu'on n'en trouvait plus oun morceau.
    Oh!... c'était oun pouissant monarque,
    Très douce et tioujours complaisant,
    Et, sous son oeil, l'anglaise barque
    Il... dépassait presque le vent.

  [14] Voir note à l'appendice.

  [15] Voir note à l'appendice.

  [16] Voir note à l'appendice.

  [17] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


JEAN SANS-TERRE

(1199-1216)


    A le mort de Richard, son frère,
    Jean, qui l'avait déjà tenté,
    Put mettre sur son tête altière
    Le couronne tant convoité.
    C'était oun prince très hautaine,
    Menteur et beaucoup querelleur,
    Et dont le vie il fut très pleine
    De ce qui n'est pas la meilleur.
    On dit qu'il fut assez barbare
    Pour tuer sa frère Geoffroi;
    Mais, bah! oun tel fait n'est ni rare
    Ni condamnable chez oun roi.
    Enfin, lui-même il eut son heure
    Pour descendre dans la tombeau,
    Et... c'été le place meilleur
    Pour bien garder oun tel crapaud[18].

  [18] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HENRI III

(1216-1272)


    Henri Trois, fils de Jean Sans Terre,
    A peine à l'âge de neuf ans
    Il était roi de Angleterre
    Et des pays environnants.
    Il eut maints démêlés en France,
    Comme en avaient eu ses aïeux;
    Mais il paraît que son vaillance
    Il ne fut pas beaucoup chanceux.
    Louis Neuf, la pieux monarque,
    Au moment d'en venir aux mains,
    Lui dit un jour:--Petiot, rembarque
    Ou je te fais casser les reins.--
    Devant cet langaige énergique
    L'anglais monarque eut si tant peur
    Qu'on dit qu'il... avala son chique
    Pour se remettre oun peu la coeur.
    Est-ce cela qui, par le suite,
    Lui fit tout croire et tout oser?
    Je ne le sais; mais son conduite
    Nous amène à le supposer.
    Il fit le guerre à droite, à gauche,
    Et tant de coups voulut porter
    Que c'était comme le débauche
    D'oun gars qui ne peut s'arrêter.
    Saint Louis le battit à Saintes
    Et puis encore à Taillebourg;
    Si tant que d'entendre ses plaintes
    La ciel il dut devenir sourd.
    _All right!_ Plus tard il devint saige[19],
    Et c'est oun grand plaisir de voir
    Qu'il n'est pas morte de la raige
    Après tant d'efforts pour l'avoir.

  [19] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD I

(1272-1307)


    Dedans le grand famille anglaise
    Il est tant d'éléments divers
    Que, pour étudier son genèse,
    Parfois on est tout à l'envers.
    Ainsi l'on voit en autre paige
    Trois Edouard tour à tour passer.
    Bien! il faut la numérotaige
    Des Edouard tout recommencer.
    Cet-lui-là qu'ici je présente
    Il était de race normand;
    Mais le famille précédente
    Il était saxon... seulement,
    Vous avez compris, je l'espère,
    Sans que je fasse plus de frais;
    Sinon... c'été mieux de me taire,
    Car vous ne comprendrez jamais.
    Bien! cet nouvel Edouard Première
    Il était la fils d'Henri Trois,
    Et d'abord pour aider son père
    Il se battit plus d'oune fois.
    Ensouite, ayant pris le couronne,
    Il régna des plus saigement
    Et fut pour sa peuple oun garçonne
    Dont on peut faire compliment.
    Il battit Wallace en Ecosse
    Et s'en fit rosser à son tour,
    Puis lui fit prendre oun nouveau dose
    Et le mena droit à la Tour[20].
    Il conquit la pays de Galles,
    Et c'été depuis cet jour-là
    Que tous les héritiers royales
    «Princes de Galle» on appela.
    Edouard fit quelques injustices
    Et fut parfois fourbe et menteur;
    Mais ce sont là petits caprices
    Dont maints grands se font oun honneur.

  [20] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD II

(1307-1327)


    C'est la fils de la précédente
    Et je n'en dirai pas très long;
    Car il eut oun vie écoeurante,
    Si tant qu'il était polisson.
    Contre l'Ecosse faisant guerre,
    Il faillit y perdre ses os;
    Robert Bruce le mit à terre,
    Comme on dit, en criant: _Ciseaux!_
    Puis, retournant à les orgies
    Pour quoi pauvre Edouard semblait né,
    C'est dans la cours de ses folies
    Qu'il fut oun jour assassiné,
    De quel sauvaige, affreux manière,
    Certes, je ne vous dirai pas...
    Oh! non, ni pour or ni prière
    Je n'oserais... Quel triste cas!
    Non, je ne puis... Bien, c'est oun tige
    De fer qu'on fit rougir à blanc...
    Jamais je ne saurais, vous dis-je...
    On le tenait solidement,
    Et deux bandits... Fait désolante!...
    Nommés Mautravers et Gournay
    Lui poussèrent la fer brûlante...
    _Well!_... _Well!_... ailleurs que dans la nez.
    Ajoutons pour finir la thème,
    Le fait, non des moins singuliers,
    Qu'oun frère de la roi lui-même
    Etait la chef des meurtriers.



[Illustration]


EDOUARD III

(1327-1377)


    C'été la fils de cet dernière.
    A peine était-il couronné
    Que les meurtriers de son père
    Il chercha, comme oun fils bien né.
    Mais, fait bien triste et lamentable,
    De cet crime qu'il pleurait tant
    Son propre mère était coupable
    Avec Mortimer, son amant.
    Il fit du haut d'oune potence
    A cet dernier faire la saut,
    Et se contenta, par clémence,
    De mettre son mère au cachot.
    Dans oun cachot mettre son mère,
    Direz-vous, c'est agir en chien.
    _Just so_; mais.... point de commentaire:
    Ce qu'oun roi fait est toujiours bien.
    Edouard prit le terre écossaise
    Que son père il avait perdu;
    Puis, dans la royaume française
    Etant ensouite descendu
    Pour en disputer le couronne
    Au roi Philippe de Valois,
    Il faisé, lui-même en personne,
    Courber Calais dessous ses lois,
    Remportant le fameux victoire
    Sur cet prince, auprès de Crécy.
    Oun peu plus tard, la prince Noire,
    Son fils, très fort guerrier aussi,
    Gagna ce que depuis l'on nomme
    Le grand bataille de Poitiers,
    Où la roi Jean, pauvre bonhomme,
    Fut au nombre des prisonniers.
    Pourtant, Charles Cinq dit le Saige,
    Successeur de cet même Jean,
    Il fit baisser la caquetaige
    Du britannique conquérant.
    Depuis, cet dernier fut tranquille
    Et vécut pour beaucoup des ans,
    Sachant faire oun travail utile
    Chaque fois qu'il en était temps;
    Protégeant lettres et finance,
    Industrie, Ecole d'Oxford[21];
    Bâtissant la palais immense
    Qui s'appelle Château-Windsor,
    Et créant l'Ordre mirifique
    De la Jarretière, par quoi
    Cet-lui sur laquel il s'applique
    Devient presque égal à la roi.
    Enfin, il fut... oun grand monarque,
    Bon père et fils affectueux,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il naviguait toujiours très mieux.

  [21] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


RICHARD II

(1377-1399)


    Petit-fils du roi précédente
    Et fils du fameux Prince Noir,
    Cet Richard n'était pas méchante,
    Mais ni très bon, comme on va voir.
    Il se plaisait dans le mollesse,
    Ne songeant qu'à se bien nourrir,
    Et laissait tout dans le détresse
    Pour se livrer à la plaisir.
    Avec cela faible à l'extrême,
    Confiant tout à sa cousin
    Qui, très fier, gouvernait lui-même
    En méditant oun coup vilain.
    Oun jour, cet-lui-ci le fit prendre
    Et dans oun prison confiner,
    Où bientôt l'âme il lui fit rendre
    Pour pouvoir à son tour régner.
    Afin de comprenner le suite
    De l'histoire des rois anglais,
    Il faut sur la prince susdite
    Donner certains détails complets;
    Et c'été le meilleur des choses
    Qu'on pouvé faire pour, plus tard,
    Dessus le Guerre des Deux Roses
    Oun peu dissiper la brouillard.
    Lorsque Richard prit le couronne,
    Ayant à peine onze ans sonnés,
    On mit auprès de son personne
    Ses trois oncles, gens raisonnés
    Et pleins de bonne expérience,
    Pour former comme oun magister
    Ou, si l'on préfère, oun régence:
    C'était York, Lancastre et Gloster.
    _Well! Well!_ Maintenant si j'encastre
    Dans ma récit que la cousin
    Ci-haut était fils de Lancastre...
    Vous n'avez plus besoin de rien.



[Illustration]


HENRI IV[22]

(1399-1413)


    C'est cet cousin dont tout à l'heure
    On a vu la premier exploit.
    Comme il disait: c'était son heure
    De régner; donc, c'était son droit.
    Quand oun gars a mis dans son tête
    Qu'il a cet curieuse attribut,
    Justice, honneur, rien ne l'arrête,
    Il faut qu'il atteigne son but;
    Et le chose est encor plus triste
    Quand on voit certains grandes gens
    Suivre l'ambitieux à la piste
    Pour appuyer ses errements.
    C'est bien là ce qui de Lancastre
    Fit le fortune de hasard,
    En précipitant la désastre
    De cet imbécile Richard.
    En tout cas, mossieu Henri Quatre
    Il ne fut pas des plus fameux.
    Tour à tour brutal et folâtre,
    Fourbe, cruel et vaniteux,
    Il fit si tant des injustices
    Et mécontenta tant de gens,
    Que tous, lassés de ses caprices,
    Le haïssaient sur tous les sens.
    Enfin, qu'il était oun roi piètre
    Tout la monde semble d'accord
    Et... se fait plaisir de connaître
    Qu'il est depuis longtemps bien mort.

  [22] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HENRI V

(1413-1422)


    Pour être la fils d'oun tel sire
    Que cet-lui-là nommé plus haut,
    Henri Cinq ne fut pas trop pire
    Et vécut assez comme il faut.
    Cependant il ne faut pas croire
    Qu'il était oun ange du ciel.
    Oh! non; les paiges de l'Histoire
    Ne nous apprené rien de tel.
    En France il continua le guerre
    Que son père avait entrepris[23],
    Et se donna grande misère
    Pour garder ce qu'il avait pris.
    A porter le français couronne
    Alors on avait appelé
    Charles Six, étrange personne
    Dont le tête il était fêlé.
    Son femme, Isabeau de Bavière
    Par oune infâme trahison[24]
    Elle livra le France entière
    A la monarque anglo-saxon.
    _Well! Well!_ nous verrons dans le suite
    Ce qu'il advint de tout cela
    Quand le France, bien mieux conduite,
    Encor grande se révéla...
    Mais, pour la présent, peu n'importe
    Ce qu'advint du monarque anglais:
    Il est très certain qu'il est morte...
    Après cela, rien je n'en sais.

  [23] Voir note à l'appendice.

  [24] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HENRI VI

(1422-1461)


    La fils du roi Henri Cinquième
    Il n'était vieil que de huit mois
    Quand il ceignit la diadème
    Anglais et français à le fois.
    Car, depuis quelque temps, le France
    Presque entier il était soumis,
    Et de l'anglaise dépendance
    Il n'était pas encor remis.
    Plus tard, levant son oriflamme,
    L'anglais monarque il put entrer
    Dans Paris même, à Notre-Dame,
    Et, pompeux, s'y faire sacrer...
    Bah! très souvent, par invective,
    Bien des gens s'en font faire autant
    Sans que leur pouvoir digestive
    S'en affecte la moindrement.
    Henri, d'oun race si tant fière,
    N'était pas oun génie extra;
    Peut-être en aurait-on pu faire
    Oun très honneste magistrat.
    Mais roi d'Angleterre et de France,
    Ah, fichtre! c'est oun dur métier,
    Exigeant plus la connaissance
    Que pour compolser oun dossier.
    N'importe! Il eut assez d'adresse
    --Et ce fut pour lui très heureux,--
    Qu'il put épouser oun princesse[25]
    Ayant de l'esprit pour les deux.
    Il voulut, tout d'abord, en France
    Garder ce qui lui fut donné;
    Mais des Anglais l'ancien pouissance
    Il devint tout ratatiné.
    C'est cet Henri dont les armées
    Partout répandant les terreurs,
    Furent si tant bien abîmées
    Par la _maiden_ de Vaucouleurs.
    Devant la bras si redoutable
    De la pieuse Jeanne Darc
    L'Anglais courait comme la diable
    Ou comme oun mouton dans oun parc.
    Peut-être courrait-il encore
    Si, dans oun guet-apens surpris
    Par des alliés de Bedfore,
    Pauvre Jeannot n'eût été pris
    Et remis aux mains exécrables
    D'oun gars... portant nom d'animal
    Que devant les gens respectables
    De mentionner il serait mal.
    Elle était oun fille très saige,
    Conduite par la doigt de Dieu;
    Mais cet gueux, triplement sauvaige,
    Il la fit périr dans la feu.
    Depuis cette aventure inique
    Jeanne il est partout admiré;
    Mais la tribunal tyrannique
    Qui l'a jugée est exécré.
    Notre Henri Six en Angleterre,
    A peu près dans la même temps,
    Il ne savé plus comment faire
    Pour répondre à les mécontents.
    Les maisons d'York et de Lancastre
    Alors commençaient à lutter,
    Et préparaient la grand désastre
    Qui tant de sang devait coûter;
    Car, parmi tous les affreux choses
    Qui désolèrent les humains,
    Je crois le Guerre des Deux Roses
    Il été l'oun des plus vilains.
    D'abord Henri, cet imbécile,
    Il se fit battre à Saint-Alban
    Par Warwick, capitaine habile
    Et quelque peu d'oun prétendant.
    Mais bientôt le reine lui-même
    Prenant parti pour son mari,
    Battit comme oun oeuf de carême
    Cet-là qui l'avait conquéri.
    L'an suivant, oun autre défaite
    Mit encor Henri Six à bas;
    Alors il dut, courbant le tête,
    Vers le prison tourner ses pas.
    Dans le Tour, pour six longs années
    Probablement qu'il s'ennuyait,
    Quand Warwick, maître-ès-destinées,
    A la trône il le renvoyait;
    Procédé bien étrange, en somme,
    Et si tant curieuse à la fois
    Que, depuis lors, Warwick on nomme
    «Faiseur et défaiseur de rois.»
    Enfin, par la prince Edouard Quatre,
    Oun fils de la Yorkais maison,
    Pauvre Henri se fit encor battre
    Et refourrer dans le prison
    Où, cinq ans plus tard... il est morte...
    Peut-être cet dernier malheur
    Peut s'expliquer de meilleur sorte
    Par... Edouard, la compétiteur.

  [25] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD IV

(1461-1483)


    Edouard, de le maison yorkaise,
    Etait oun fort joli garçon,
    Ce qui pour en être oun mauvaise
    N'est, certes, pas oune raison.
    Nous avons vu comment cet homme
    Il parvint à roi devenir;
    Bien! son histoire il est, en somme,
    Pas de très bonne souvenir.
    Toujiours il ne fit que batailles
    Même avec ses meilleurs amis,
    Multipliant impôts et tailles,
    Croyant que tout lui fût permis.
    De Lancastre, maison rivale,
    Il chercha la malheur en tout,
    Affectant sa pouvoir royale
    A le poursuivre jusqu'au bout.
    Mais ce n'est pas là tout encore
    Qu'il s'arrêta dans son chemin;
    Il eut comme oun soif qui dévore
    De répandre la sang humain.
    Il avait avec lui deux frères:
    L'un Clarence, et l'autre Richard,
    Cet-lui-ci des meilleurs guerrières,
    Et cet-lui-là fameux pochard.
    Un jour, au malheureux Clarence,
    Gardé par son ordre en prison,
    Edouard fit mettre en son présence
    Oun grand tonneau de vin, dit-on.
    Puis... on trouva le pauvre hère
    Noyé... du coup qu'il avala...
    Bien! on ne dit pas que son frère
    Il pleura beaucoup pour cela.
    Ayant emprisonné le femme
    De la défunt roi Henri Six,
    Edouard, le vengeance dans l'âme,
    Encore assassina son fils.
    On verra bientôt par le suite
    Que cet attentat odieux,
    Infâme et lâche il fut bien vite
    Rétribué jusqu'au plus creux.
    Au roi de France il chercha noise[26];
    Mais Louis Onze eut vite alors,
    Avec sa petit air sournoise,
    Mit la fougueux saxon dehors.
    Enfin, croyant voir son pouissance
    Montée au gré de ses désirs,
    Il se mit à faire bombance
    Et se jeta dans les plaisirs.
    Il mourut d'étrange manière,
    Et... je vous ferai remarquer
    Que sans doute Richard, son frère,
    Mieux qu'oun autre... peut l'expliquer.

  [26] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD V

(1488-....)


    C'est la fils de la précédente.
    Pauvre enfant! Son oncle Richard
    Voulut être nommé Régente
    Et le tenir sous sa regard...
    La prince--ô destinée amère!--
    Régna deux mois... dans oun prison
    Avec Richard, sa petit frère,
    Qu'on lui donna pour compaignon.
    Puis, sur les ordres du Régente,
    Cet criminel audacieux
    Que le soif de régner tourmente,
    A mort ils furent mis tous deux[27].

  [27] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


RICHARD III

(1483-1485)


    C'est lui, l'infâme meurtrière
    De son frère et de ses neveux,
    Qui, dans l'art triste de mal faire
    Surpassa toutes ses aïeux.
    Cet homme monté sur la trône
    Après s'être couvré de sang,
    Jamais dans les yeux de personne
    Ne fut autre qu'oun grand tyran.
    Il avait l'âme vile et noire,
    La coeur de vices saturé,
    Et dans la monde son mémoire
    Il fut toujiours très exécré.
    D'être reconnu pour oun diable
    C'est déjà beaucoup assez mal;
    Mais, vrai, c'est trop abominable
    Que d'être oun pareil animal.
    Bien! Ecoute, Richard, écoute!
    Vivant je t'aurais craint, bandit;
    Mais puisque ta mort ne fait doute,
    Je n'ai point peur: donc sois maudit!



Famille Tudor



[Illustration]


HENRI VII

(1485-1509)


    D'aucuns font le maison présente
    Remonter à... Confucius.
    Moi, je trouvé plus évidente
    Qu'il commence à... Tu dors, Brutus!
    (Vite, que la lecteur oublie
    Cet exécrable calembour!
    Autrement, ce petit folie
    Pourrait marquer ma dernier jour.)
    _Well, then!_ la premier de ce race
    Qui monta sur la trône anglais
    Il ne fut pas oun gars bonasse,
    Mais oun prince des plus discrets.
    Descendant d'Edouard la Troisième
    Par le branche Lancastrien,
    Son bon droit à la diadème
    N'était pas reconnu très bien.
    Richard, dans sa courroux amère,
    Disait que sa compétiteur
    Etait «bâtard de père et mère,
    Bien que ce fût sa seul malheur.»
    Bah! quand on veut manger du trône
    Et que son droit il est petit,
    Oun tel raison n'est pas si bonne
    Qu'il doive couper l'appétit.
    Notre homme à Richard fit le guerre,
    Le tua de son propre main[28],
    Puis bientôt sur son front altière
    Brilla la signe souverain.
    Du monde alors les grandes causes
    On approfondissait, oui-da!
    Et sous cet règne, entr'autres choses,
    Fut découvert la Canada.
    On dit qu'Henri Sept fut avare
    Et qu'il amassa de l'argent
    Assez pour remplir oune mare
    Ou fréter oun gros bâtiment.
    Hum!... En cet temps-là, je présume,
    De même qu'aujourd'hui chez nous,
    Du métal oun gros apostume
    Devait rencontrer tous les goûts;
    Et l'on peut bien se faire imaige
    Que la prince dont nous parlons
    Dut avoir, pour lui rendre hommaige,
    Nombre d'amis dans ses salons.
    Bien!... Disons qu'il fut oun monarque
    Prodigue... et beaucoup complaisant
    Et que sous lui l'anglaise barque
    Il marcha beaucoup en avant!

  [28] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


HENRI VIII

(1509-1547)


    Cet gros-là, c'est Henri Huitième,
    Prince savant, rempli de soin,
    Ami fidèle et charmant même
    Pourvu qu'on s'en tînt... assez loin.
    _To begin with_, il fit le guerre
    A Louis Douze des Français
    Pour je ne sais trop quelle affaire;
    Mais bientôt il conclut le paix
    En donnant à la vieil monarque
    Son soeur Marie en conjungo,
    Ce qui tioujours il fut la marque
    D'oun coeur valant oun vrai lingot.
    Ajoutons que cette Marie[29]
    Au bout d'oun an il était veuf,
    Et, par nouvelle épouserie,
    --Ce qui partout n'est rien de neuf,--
    Il devint, comme à l'ordinaire
    Et dans la délai consacré,
    Mère de celle qui fut mère
    De la pauvrette Jeanne Grey.
    Bien! De cet-lui-ci tout à l'heure
    On verra l'histoire attristant.
    Ne croyez pas qu'en son demeure
    Alors Henri resta content.
    En cet temps-là dessus le terre
    Régnaient trois rois grands à l'excès:
    C'était Henri dans l'Angleterre,
    François Premier chez les Français,
    Et puis l'empereur d'Allemaigne,
    Charles-Quint de sa petit nom,
    Qui pouvait en faisant campaigne
    Passer son vie, oh! tout du long;
    Tous trois de vaste intelligence,
    Se jurant oun accord bien doux
    Et, par mesure de proudence[30],
    S'épiant toujiours en-dessous...
    Mais passons! Car vouloir tout dire
    Sur cet _triplet_ intéressant
    Exigerait oun travail pire
    Que pour en calomnier cent.
    En poursuivant d'Henri l'histoire,
    De ses femmes il faut parler,
    Et c'est oun soujet, veuillez croire,
    Difficile à rafistoler.
    D'abord, Henri pour son compaigne
    Eut Catherine d'Aragon,
    Tante de Charles d'Allemaigne,
    Et de vertus vrai parangon.
    Pour je ne sais trop quel caprice
    Qu'ont parfois, dit-on, les grands rois,
    Après quinze ans de cet cilice
    Il voulut faire oun nouvel choix;
    Mais Clément Sept, pape très saige
    Et sur ces points beaucoup savant,
    Voulut que d'Henri la menaige
    Restât même qu'auparavant.
    Certes, ce n'était que justice
    Et prudence tout à la fois;
    Car je crois que le moindre indice
    De céder au monarque anglois
    Eût attiré sur la Saint-Père
    De Charles-Quint tout la courroux,
    Cet dernier ne se gênant guère
    De la faire éclater sur tous,
    N'ayant pas même eu d'hésitance,
    Six ans avant, comme l'on sait,
    De tenir longtemps en souffrance
    La même pape Clément Sept[31].
    De parler sur oun ton de maître
    Henri Huit très accoutumé,
    Il ne voulut pas se soumettre,
    Si tant il était allumé;
    Et c'est au cours de ce chicane
    Que cet épouseur enraigé
    A fonder l'Eglise anglicane
    Bientôt on vit tout engaigé.
    De la dame Anne de Boleyne
    Henri devint la tendre époux...
    Tendre!... il faut ici prendre haleine,
    Cet mot je la dis entre nous;
    Car tout se passa de telle sorte
    Qu'après trois ans de renouveau
    Pauvre Boleyne elle était morte,
    Morte par la main de la bourreau.
    Sans doute pour noyer son peine,
    Henri prit alors la Seymour,
    Car il n'avait point tant de haine
    Qu'au fond il n'avait de l'amour.
    Seymour étant mort de mort douce,
    Sans la bourreau ni ses atours,
    Notre homme en eut telle secousse
    Que, craignant beaucoup pour ses jours,
    Il choisit comme quatrième
    Anne Cleves, femme allemand
    Qu'il trouva, néanmoins, trop blême
    Pour répondre à sa sentiment.
    Alors, ramassant sa couraige,
    Il prit Kate Howard aussitôt,
    Qui le laissa dans la veuvaige,
    Etant morte sur oun billot.
    Enfin, pour montrer quel patience
    Il était dans sa coeur de roi,
    A Kate Parr, dans son clémence,
    Il permit de lui jurer foi.
    C'est tout... Sur cet aimant monarque
    La ciel enfin reprit ses droits;
    Trente-huit ans l'anglaise barque
    Avait navigué sous ses lois.
    De son femme ainsi que des grues
    Il n'avait eu que trois enfants:
    D'abord deux filles très bourrues,
    Puis oun fils des plus innocents.

  [29] Voir note à l'appendice.

  [30] Voir note à l'appendice.

  [31] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


EDOUARD VI

(1547-1553)


    C'est la fils qu'Henri la Huitième
    Il avait eu de la Seymour
    Et qui de porter diadème
    A dix ans vit venir son tour.
    Il était oun faible jeune homme,
    Malade, et, sans être oun nigaud,
    Pour bien gouverner oun royaume
    Possédant très peu la jingo.
    Il fut d'abord sous le tutelle
    De la frère de son maman,
    Qui fut renversé de l'échelle
    Par Dudley, oun autre manant.
    Cet-lui-ci, dès lors, prit son place
    Auprès du pauvre souffreteux
    Dont il gagna le bonne grâce
    En le cajolant de son mieux;
    Si tant que la prince mourante
    Fit testament en faveur... Bien!
    De Jeanne Grey, oun descendante
    Du famille lancastrien,
    Oubliant son propre lignée
    Très fâchée de cet curieux choix
    Et puis pas du tout résignée
    A perdre ainsi ses royaux droits.
    Enfin s'éteignit cet monarque
    A peine à l'âge de quinze ans;
    Oh! mais, sous lui... l'anglaise barque
    Il avait bravé bien des vents.



[Illustration]


JEANNE GREY

(1553-....)


    Nous avons, dans oun autre paige,
    Vu d'où venait ce Jeanne Grey,
    Fille d'oun beaucoup haut lignaige
    Puisqu'il descendait de Mary,
    Soeur du fameux Henri Huitième
    Et femme, pour oun court moment,
    Du roi français Louis Douzième.
    _Well! Well!_ Poursuivons maintenant!
    Jeanne était mignon et gentille,
    A peine âgée de dix-sept ans,
    Et, quoique de royal famille,
    Fuyait la trône tout le temps.
    Mais tant fit Dudley, son beau-père,
    Avec Guilford, son jeune époux[32],
    Qu'elle consentit, pour leur plaire,
    A régner. C'était, entre nous,
    De la part des deux imbéciles,
    Faire faire à cet jeune enfant
    Oun pas non des moins difficiles
    Et sûr d'avoir mauvais tournant.
    Pauvre Jeanne! Bien éphémère
    Fut sa règne. Sans hésiter
    Mary Tudor, affreux mégère,
    La fit vite décapiter.

   [32] Voir note à l'appendice.



    [Illustration]


    MARY TUDOR LA SANGLANTE

    (1553-1558)


    Mary Tudor était le fille
    D'Henri Huit par le premier lit.
    Elle était laide en vrai gorille,
    Avec oun teint de pissenlit.
    De son père la fanatisme
    Barbare, étroit, hautain et fol,
    Joint au dangereux royalisme
    De la parentaige espagnol,
    Fut, je crois, le pur héritaige
    Du virago Mary Tudor,
    Si tant il avait l'apanaige
    De tout ce qui fait la butor.
    Oun jour, Philippe Deux d'Espaigne[33]
    Il vint pour réclamer son main.
    Il l'obtint, mais sans son compaigne
    Voulut partir le lendemain.
    En apercevant cet visaige
    L'hidalgo, surpris, s'était dit:
    --_Caramba!_ vite la veuvaige,
    Autrement je suis déconfit.--
    Et, depuis lors, le pauvre reine
    Dut viver loin de son époux,
    Et, pour mieux consoler son peine,
    Fit éclater oun grand courroux.
    D'abord, elle voulut le tête
    De la pauvrette Jeanne Grey,
    Et puis, pour compléter le fête,
    Celle du jeune époux Dudley.
    Northumberland perdit le sienne,
    Ainsi que le fameux Cranmer[34];
    Suffolk subit le même peine
    Avec l'évêque Latimer.
    Puis partout se multiplièrent
    Les échafauds et les bûchers,
    Et les flots de sang qui coulèrent
    Auraient attendri les rochers.
    Enfin.... elle mourut--ô chance!--
    Sans avoir eu le moindre enfant,
    Et c'est là que le Providence
    Pour l'humanité fut clément.

  [33] Voir note à l'appendice.

  [34] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


ELISABETH[35]

(1558-1603)


    Lisbeth il fut oun très beau reine
    Avec oun grande nez pointu.
    Son mère était Anne Boleyne
    Qui lui légua tout son vertu.
    Bien! à propos du damoiselle,
    On eut d'abord difficulté
    Pour établir oun peu sur elle
    La point de légitimité;
    Car des femmes en mariaige,
    C'est comme du sel sur oun rôt:
    Point n'en faut faire oun gaspillaige,
    Mais éviter d'en mettre trop.
    Or, chose non controversée,
    Henri Huit pensait autrement
    Et toujiours plus qu'à la pincée
    Il usa de la condiment.
    Si tant que de Lisbeth la titre
    Il fut presque aussi débattu
    Et mis sur transparente vitre
    Que, plus tard, le fut son vertu.
    N'importe! Il monta sur la trône,
    Et je vous dirai certement
    Que jamais femme, homme ou personne
    Ne fut reine plus joliment.
    C'été pendant sa règne illustre
    Que la peuple anglais, jour et nuit,
    Commença de prendre la lustre
    Dont il reluit tant aujourd'hui;
    C'est dans cet règne que Shakspeare
    Il écrivit si trèsment bien
    Que pas oun autre n'a fait pire
    De si longtemps qu'il n'écrit rien.
    Mais parlons de Lisbeth lui-même,
    De qualités si bien nourri
    Que c'est oun curiouse problême
    De voir qu'il n'eut point de mari.
    Oh! oh! si d'oun chef de ménaige
    Il n'eut pour se faire oun portrait
    Que le seul pitoyable imaige
    D'Henri, son père, on comprendrait;
    Car, vraiment, la coeur la plus tendre
    Devient vite ratatiné
    Lorsque tout il lui fait entendre
    Qu'il est au billot destiné.
    Et n'allez pas vous faire idée
    Que Lisbeth manqua d'aspirants!
    Elle en fut même incommodée,
    Et parfois de très écoeurants.
    Nommons: Philippe, sa beau-frère,
    Féroce espagnol carcajou,
    Et cet gringalet légendaire
    Qui s'appelait la duc d'Anjou.
    Mais, si grand que fut la beau moine
    Qui cherchait à la contourner,
    Chacun dut manger son avoine
    Et bredouille s'en retourner.
    Et voilà! Des amis fidèles,
    En eut-elle? _Why! certainly_,
    Et pas des petits citronnelles;
    Songez donc: Essex et Dudley,
    Les deux _boys_ les plus maggnifiques
    Et plus adroitement docteurs
    Possédant toutes empiriques
    Pour soigner les grands maux de coeurs!
    Ce reine était d'humeur changeante,
    --C'est connu,--bonne à certain jour,
    Puis tout à coup si tant méchante
    Qu'on n'en pouvait faire le tour
    Ni même y venir assez proche
    Sans risquer d'accomplir oun saut
    Qui vous jetait comme oun vrai poche
    Tout en travers sur oun billot.
    Et souvent après que son ordre
    Il fut suivi jusqu'à la fin,
    Lisbeth tombait tout en désordre
    Si tant qu'il avait du chagrin.
    Oh! l'on vit fort bien cet prodige,
    Curieuse et beaucoup triste aussi,
    Lorsqu'Essex, perdant sa prestige,
    Sur la billot fut raccourci;
    Car, sitôt que la coup fut faite,
    --Ou, plutôt, qu'elle fut coupé,--
    Le reine, au fond de son retraite,
    A pleurer fut très occupé,
    Faisant oun si grande vacarme
    Avec si brûlante soupir
    Qu'on pensa de sonner l'alarme
    A tous les pompiers pour venir.
    Et puis, le façon très indigne
    Dont il traita Mary Stuart
    Fait qu'aujourd'hui chacun trépigne
    A cet _infamous_ traquenard.
    Non pas que le reine d'Ecosse
    Il fut l'ange que quelqu'un dit;
    Non, je crois que cet-ci fut rosse
    Oun peu trop fort pour sa crédit.
    Par exemple, sa ton hautaine...
    Sa manque de discrétion...
    Rizzio... hum!... Puis son grand haine
    Pour Darnley... oh!... Bothwell, hon! hon!...
    Ses menaces à le sourdine...
    Mais ce n'était pas suffisant
    Pour que Lisbeth à son cousine
    Fît subir pareil traitement.
    Aussi, dedans cette occurrence
    Lisbeth perdit de sa grand nom
    Et de sa plus noble héritance,
    Si tant qu'il fut là polisson.
    Et puis la monde avec tristesse
    Se dit, devant tels faits flagrants:
    Trop souvent que de petitesse
    Ne trouve-t-on pas chez les grands!...
    Oh! mais Lisbeth fut oun monarque,
    Malgré tout, très fort et savant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il en fit, des bonds en avant!

  [35] Voir note à l'appendice.



Maison des Stuarts



[Illustration]


JACQUES I

(1566-1625)


    Lisbeth, pas n'est besoin de dire,
    Il était morte sans enfants.
    Et c'est, pour oun trône, oun sort pire
    Que la trop plein de prétendants.
    Car, s'ils sont plusieurs à le file,
    On peut choisir et c'est très bien;
    Mais cet choix devient difficile
    Quand dessous le main on n'a rien.
    Donc, de princes le pénurie
    Il causait beaucoup des douleurs
    A la peuple tout ahurie
    De devoir en chercher ailleurs.
    Jadis des rois issus de France
    Sur la trône s'étaient assis;
    Mais ce n'était par complaisance,
    Car cet trône ils l'avaient conquis.
    Alors on chercha dans l'Irlande
    Parmi les grands du nation,
    Mais il paraît que dans le bande
    On ne put trouver rien de bon.
    Bien! Tout à coup la peuple anglaise
    Se dit: Oh! mais, que j'ai donc tort
    De tant chercher, quand à mon aise
    J'en puis trouver oun sans effort!
    Il se souvenait qu'en Ecosse
    Autrefois oun princesse anglais
    Etait allée en bel carrosse
    Pour devenir reine écossais.
    Et ce princesse il fut, de même,
    Grand'mère de Mary Stuart,
    Duquel la fils, Jacques Sixième,
    D'Ecosse il devint roi plus tard.
    Pour lors se dit la peuple anglaise:
    _Heavens!_ c'est cet-là qu'il nous faut.
    Qu'il vienne, et, pour le mettre à l'aise,
    Nos soins ne feront pas défaut.
    Il vint. Mais comme, en Angleterre,
    On croit toujours tout inventer,
    La nom de Jacques la première
    Au lieu de l'autre il dut porter.
    Bien! paraît-il, dans tout l'Histoire
    Il est malaisé de trouver
    Oun règne moins rempli de gloire,
    Mais, en même temps, d'en rêver
    Oun qui fût plus vraiment honnête.
    Quant à Jacques, nul autre roi
    Jamais ne reçut par le tête
    Tant d'éloges de bonne foi
    Ni tant de coups de la critique,
    De grands saluts, malins discours
    Ou fleurs de gai panégyrique.
    Sur lui le griffe et la velours,
    Alternant d'oun façon constante
    Dans leur flatterie ou courroux,
    Jamais l'oun ne fut plus cuisante,
    Ni l'autre d'oun contact plus doux.
    En somme, cet règne il fut bonne,
    Avec certains succès complets
    Et, comme toujiours, le couronne
    Eut de plus ou moins gais reflets.
    Doué de beaucoup d'énergie,
    Jacques bientôt sous ses efforts
    Il vit sa pouvoir élargie
    Dans la dedans comme au dehors.
    Il établit, comme oun bon père,
    Parmi ses soujets l'union,
    Et de l'Ecosse et l'Angleterre
    Il compléta le fusion.
    Il était oun prince savante
    Et souvent poussait la travers,
    Pour paraître encor plus charmante,
    Jusqu'à vouloir... faire des vers.
    Pourtant certains goûts despotiques
    Lui firent commettre des torts;
    Si tant que des rangs politiques
    Oun jour il fut presque dehors[36].
    C'est ainsi que--fait regrettable!--
    Il prépara la grand malheur
    Qui fit la sort si misérable
    De son fils et son successeur.
    N'importe! Il fut oun grand monarque,
    _Oh! yes_, et beaucoup très pouissant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il fit tioujours voile en avant.

  [36] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


CHARLES I

(1625-1649)


    La fils de Jacques la Première,
    Bien! il fut Charles la Premier[37].
    C'est oun chose beaucoup trop claire
    Pour que l'on prouvé le nier.
    Et puis, qu'il fit grand gaucherie
    En déplaisant à ses soujets,
    Ce n'est pas, non plus, menterie,
    Mais oun vérité des plus vrais.
    Oh! c'était oun charmant garçonne,
    On le dit et je le crois bien.
    Mais lorsqu'il monta sur la trône
    Savait-il quelque chose ou rien?...
    Ignorait-il que, pour oun prince,
    Gouverner bien c'est maîtriser,
    Et qu'avec oun pouvoir trop mince
    On se fait vite mépriser?
    Pourquoi, d'abord, contre l'Espaigne
    Et le France tout à le fois
    Fit-il le très vilain campaigne
    Où, _Hell!_ il se brûla les doigts?
    Pourquoi devint-il orgueilleuse
    Au point qu'il osa refuser
    Ce que sa peuple souffreteuse
    Il voulait tant lui proposer?
    Pourquoi fit-il, à droite, à gauche,
    Si grandes tas de mécontents
    Que c'était comme oune débauche
    De pleurs et de gémissements?
    Son Parlement il lui demande
    Quelque chose pour amoindrir
    Le misère qui se fait grande;
    Se rendra-t-il à cet désir?
    Oh! non. D'oun ton brusque et hautaine
    Il répond à la Parlement
    Que son demande il est trop vaine
    Pour qu'il s'en occupe oun moment[38].
    Qu'arriva-t-il?... On le devine.
    La Parlement, fâché très fort,
    Saisit la roi si tant mutine
    Et vite il vous le mit à mort[39].
    Pauvre Charles! Ton destinée
    Il fut bien amère, ma foi,
    Et ta règne mal terminée...
    Mais... est-ce de mon faute, à moi?

  [37] Voir note à l'appendice.

  [38] Voir notes à l'appendice.

  [39] Voir notes à l'appendice.



République



[Illustration]


OLIVIER CROMWELL, Protecteur

(1649-1658)


    De Charles la bras tyrannique
    Avait forcé beaucoup d'Anglais
    A s'en aller dans l'Amérique
    Chercher la bonheur et le paix.
    Bravant les rigueurs de le houle
    Ils s'en allaient, l'esprit bien noir,
    Et de ces émigrés le foule
    Il était pitoyaible à voir.
    Oun jour, l'ordre vint du monarque,
    Qu'oun tel exode inquiétait,
    D'arrêter tout navire ou barque
    En partance pour cet objet.
    C'est ainsi que fut empêchée
    La départ d'Olivier Cromwell,
    Oun Puritaine tout crachée.
    Les Puritaines?... Qu'est-ce?... _Well!_
    C'est oun drôle espèce d'apôtres
    Qui croient pouvoir se rendre purs
    En purifiant surtout les autres
    Envers lesquels ils sont très durs.
    Pauvre Charles! Comme il fut bête
    De vouloir garder cet garçon!
    Cromwell resta; mais dans son tête
    Eclata le rébellion.
    Alors comme représentante
    Au Parlement il fut porté
    Et, là, pour sa travail constante,
    Comme oun grand homme il fut compté.
    Bientôt son oeuvre il fut complète:
    La Parlement il conduisait
    Si tant qu'oun jour du roi le tête
    Sur oun échafaud il roulait.
    Cromwell triompha, maggnifique,
    Comme oun grande libérateur,
    Et de la nouveau république
    Il fut nommé la Protecteur.
    Pour neuf ans il garda cet titre
    Et, faut le dire à sa crédit,
    Oh! point il ne fut oun bélître,
    Mais grand homme, sans contredit.
    Sous lui notre chère Angleterre,
    Depuis longtemps très indigent,
    Il devint si beaucoup prospère
    Qu'on... ne peut pas dire comment.
    Cromwell ne fut pas oun monarque
    Dans la sens brutal de cet mot;
    Mais sous son oeil... l'anglaise barque
    Il marcha beaucoup comme il faut.



[Illustration]


RICHARD CROMWELL

(1658-....)


    Il est la fils du précédente,
    Et fut deuxième Protecteur;
    Mais des talents de sa parente
    Il avait bien peu le couleur.
    Le père il était très active,
    Brave soldat, parleur brillant;
    Mais la fils, loin d'être aussi vive,
    Il passait la temps en bâillant.
    Des ennemis du république
    Parfois il avait si tant peur
    Qu'il lui prenait comme oun colique
    Dont il sentait oun grand douleur.
    Aussi sa règne fut bien courte;
    Après six mois, triste, abattu,
    Il s'enfuyait comme oune tourte
    Ou comme oun chien qu'on a battu.
    La fils de Charles la Première,
    Tournant de sa pays autour,
    Il était près de le frontière
    Attendant l'heure du retour.



Restauration des Stuarts



[Illustration]


CHARLES II

(1660-1685)


    Bon! Voilà ces rois excellentes
    Qui nous reviennent de nouveau!
    Devant leurs plumaiges brillantes
    Cromwell avait fui comme oun veau,
    Et la prince Charles Deuxième
    Dans sa pays s'étant rendu
    Avait repris la diadème
    Que son père il avait perdu.
    Je voudrais bien dessus sa règne
    Pouvoir écrire oun compliment;
    Mais ma coeur de poète il saigne
    Pour rimer sur oun tel manant.
    Charles Deux fut la prototype
    Du roi sensuel et viveur,
    Cherchant partout le maggnifique
    Même à le prix de son honneur.
    Chez lui c'était comme oun rafale
    De freluquets et polissons,
    Et jamais dans le cour royale
    On n'avait vu tant de guenons.
    C'étaient tioujours fêtes brillantes,
    Promenades et bals masqués,
    Danses des plus mirobolantes
    Comme proupos des plus risqués.
    Les vins coulaient en vrais déluges
    Dans des festins de fins ragoûts,
    Où l'on mangeait comme des juges
    Et l'on buvait comme des trous.
    Les damoiselles mouchetées,
    Tout couverts de colifichets,
    Avec au col des brochetées
    De parures les plus coquets,
    Traînaient leurs riches mousselines
    Sur les parquets doux et luisants,
    Maintes galantes mascoulines
    Leur débitant des compliments.
    Puis, au son des clarionnettes,
    Violons, flûtes, tambourins,
    On se faisait mille courbettes
    A s'en donner des tours de reins,
    Tourbillonnant en rondes folles
    Dans oun frelassement joli,
    Le bouche plein de mots frivoles,
    La nez bourré de patchouli.
    Pardonnez à mon innocence
    De ne vous en dire plus long!...
    Qu'oun coeur bien né tioujours s'offense
    De tels discours, oh! c'est très bon.
    Encor si les torts de son père
    Charles Deux avait évités;
    Si des habitants d'Angleterre
    Les droits il avait respectés!...
    Mais, par oun acte impolitique
    S'aliénant la Parlement,
    Il voulut d'oun bras tyrannique
    Gouverner seul et violemment.
    Alors les cris et les murmures
    Ils s'élevèrent de partout[40],
    Et plusieurs cruelles mesures
    La roi prit pour les mettre à bout.
    Oh! oh! c'été vraiment oun chance,
    Pour la pauvre roi criminel,
    Que la peuple, en cette occurrence,
    N'eût plus son Olivier Cromwell!
    Il vécut. Mais ses torts nombreuses
    Tombèrent sur la roi suivant
    Qui, lors de ses jours malheureuses
    Avait assez des siens, pourtant.

  [40] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


JACQUES II

(1685-1689)


    Jacques Deux il était la frère
    De Charles Deux qu'on vient de voir;
    Et c'est affreux tout le misère
    Qu'il prit pour le couronne avoir.
    Par malheur, à le politique
    Il mêla le religion,
    Si tant que partout le critique
    Il s'attacha dessus son nom.
    Erreur difficile à comprendre,
    Qui de nos jours soubsiste encor
    Parmi cet-là qui veulent prendre
    «La sanctuaire pour décor...»
    Jacques d'abord, brave et tenace,
    Dans sa succès trop confiant,
    Pensa qu'au peuple en faisant face
    Il devrait rester triomphant.
    Aux premiers clameurs de le foule
    Il répondit par le rigueur;
    Mais, comme oun tonnerre qui roule,
    Les cris prirent plus de vigueur[41].
    Bientôt Jacques put reconnaître
    Que, même jusqu'en son maison,
    Contre sa trône et sa bien-être
    Se préparait le trahison.
    En effet, son fille Marie
    Avec Guillaume, son époux,
    Aux biens de le royauterie
    Ils faisaient déjà les yeux doux.
    Guillaume était prince d'Orange
    Et de Hollande oun stathouder,
    Ce qui ne veut pas dire oun ange,
    Mais oun garçon bougrement fier.
    Les Jacobites ou Papistes
    Etaient de Jacques les suivants;
    Et cet-là nommés Orangistes
    Etaient de Guillaume les gens.
    Bien! cet dernier à sa beau-père,
    D'auprès duquel il avait fui,
    Il fit oune terrible guerre
    Pour avoir le couronne à lui.
    A le rivière de le Boyne
    Leurs soldats s'étant rencontrés,
    Ils se chauffèrent tant le couenne
    Que beaucoup en furent grillés.
    Jacques s'y vit, l'excellent homme,
    Dépouillé de ce qu'il avait;
    Et sa gendre, la bon Guillaume,
    Eut la trône qu'il convoitait.
    Noble et caressante famille!
    De voir son père détrôné,
    Mary, dit-on,--excellent fille!--
    De rire était ratatiné.

  [41] Voir note à l'appendice.



Orange et Stuart



[Illustration]


GUILLAUME III ET MARIE II

(1689-1702)


    Très peu de chose il reste à dire
    De ces deux tourtereaux charmants.
    Ni l'oun ni l'autre ne fut pire
    Que rois et reines précédents.
    Guillaume il eut beaucoup à faire,
    En commençant, pour conserver
    La trône qu'à son cher beau-père
    On l'a vu tantôt enlever.
    Cet-ci dans la pays de France
    Avec ses gens s'étant rendu,
    Y cherchait encore oune chance
    De ravoir sa trône perdu.
    Mais cet espoir il était vaine.
    Guillaume avait beaucoup d'amis
    Dont pour Jacques le grande haine
    Jamais depouis ne s'est remis;
    Et lorsque Louis, Roi-Lumière,
    Signa la traité de Ryswick[42],
    De pauvre Jacques le prière
    Il fut oublié... _pretty quick_.
    Enfin, du pouvoir souveraine
    Guillaume jouit avec douceur;
    Mais bientôt il perdit son reine[43],
    Et ce lui fut oun grand douleur.
    Lui-même, si brave et si forte,
    Oun jour il tomba de cheval;
    Puisque de cet coup il est morte,
    C'est qu'il s'était fait oun grand mal.
    N'importe! il fut pouissant monarque,
    Très tendre et beaucoup complaisant;
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il fit oun grand saut en avant.

  [42] Voir note à l'appendice.

  [43] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


ANNE

(1702-1714)


    Anne elle était soeur de Marie,
    Et sur la trône fut douze ans.
    Elle était douce et bien jolie,
    Mais fanatique en même temps.
    Pour rendre son gloire immortelle
    Elle fit tout en sa pouvoir;
    Mais sa lustre la plus réelle
    Vint, je crois, comme l'on va voir.
    En effet, c'été sous ce reine
    Que vivé la fameux guerrier
    Mossieu Malbrouck, grand capitaine,
    D'oun appétit si carnassier.
    Malbrouck il fit le guerre en France
    Dont les soldats il écrasa;
    Et, pour vaincre, son diligence
    Bien rarement on surpassa[44].
    Bien! ce n'est pas tant sa couraige
    Qui lui valut sa grand renom,
    Mais de son gloire l'apanaige
    Il lui vint d'oun fameux chanson:
    «Mossieu Malbrouck s'en va-t-en guerre...»
    «Paige, quel nouvelle apportez?...»
    «Oh! mais... je l'ai vu mettre en terre...»
    «Par quatre biaux sous-officiers...»
    Et puis: «Madame à son tour monte
    «Bien plus haut qu'il peut pas monter...»
    Chanson que les Français, sans honte,
    Toujours ils ne font que chanter.
    Si tant que du grand capitaine
    Il ne reste plus aujourd'hui
    Que cet scandalouse refraine
    Qu'on a fait pour rire de lui.
    _Well! well!_ quant au reine lui-même,
    S'il ne fut pas de les plus grands,
    Il eut l'avantaige suprême
    De se faire aimer tout la temps,
    Dirigeant toute son pouissance
    A rendre heureux tous ses soujets.
    Si tant qu'après la long distance
    De deux siècles, la peuple anglais
    Ne parle pas de «_good queen Anne_»
    Sans beaucoup grand le bouche ouvrir
    Pour aussitôt oun vrai boucane
    De compliments laisser sortir.
    _Well, then!_ Anne fut oun monarque
    Dont on ne peut médire en rien;
    Car sous son oeil l'anglaise barque
    Il marcha tioujours... oh!... très bien.

  [44] Voir note à l'appendice.



Maison de Hanovre



[Illustration]


GEORGE I

(1714-1727)


    De la fameux Jacques Première
    Cet nouvel prince il descendait,
    Et seul protestant héritière
    De l'anglais trône il se trouvait.
    Il fut, dit-on, oun roi très saige,
    Cherchant la bien de ses soujets,
    Mais, fort malheureux en ménaige,
    Avalant beaucoup des regrets.
    D'oune intrigue basse et méchante
    Son femme oun jour il accusa[45],
    Et dans oun prison effrayante
    Trente deux ans il la laissa.
    Tout de même... il fut oun monarque
    Beaucoup très tendre et complaisant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il fila tioujours en avant.

  [45] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


GEORGE II

(1727-1760)


    Cet George il était fils de l'autre,
    Et c'était oun si bon enfant
    Qu'on en aurait fait oun apôtre
    Pour... tant qu'il était complaisant.
    Il guerroya contre le France
    Et plusieurs batailles perdit[46];
    Mais aussi, par bienheureux chance,
    Il en gagna,... sans contredit.
    Ainsi fit-il le grand conquête
    De la pays de Canada,
    Malgré qu'elle ne fut complète
    Que sous la roi qui succéda.
    Oh! ce fut oun pouissant monarque,
    Comme on voit, très entreprenant,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il marcha très loin en avant.

  [46] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


GEORGE III

(1760-1820)


    Petit-fils de George Deuxième,
    Cet-ci n'avait que vingt deux ans
    Lorsqu'il coiffa la diadème
    Qu'il devait garder si longtemps.
    Oh! ce fut oun très chanceux homme
    Qui faisait tout ce qu'il voulait;
    Et l'on peut ajouter, en somme,
    Qu'il en... voulait tant qu'il pouvait.
    Mais il ne faut pas que l'on pense
    Que tous ses voeux furent bénis,
    A moins qu'il ne songeât d'avance
    A... perdre les Etats-Unis.
    Car c'est alors que ce contrée,
    Au bruit de la canon grondant,
    Malgré l'Anglais fit son entrée
    Dans la régime indépendant.
    George ensouite eut oun règne heureuse,
    Ni trop sévère ni trop mou;
    Mais son tête un jour devint creuse
    Et, pour dix ans, il fut très fou...
    N'importe!... il fut un grand monarque,
    Fort bon et très... intelligent,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il marcha beaucoup en avant.



[Illustration]


GEORGE IV

(1820-1830)


    De la monarque précédente
    George Quatre il était la fils,
    Et pour longtemps il fut Régente,
    Son père étant fol comme dix.
    Enfin il monta sur la trône
    Et le garda deux fois cinq ans;
    Mais sur son tête le couronne
    N'éclata pas de feux brillants.
    Il fut adversaire implacable
    De l'empereur Napoléon,
    Et d'oun façon peu charitable
    Il traita cet _clever_ garçon.
    Contre le liberté d'écrire[47]
    Il avait de drôles travers;
    Et, s'il vivait, au lieu d'en rire,
    Il se choquerait de mes vers.
    Mais tout marche de telle sorte
    Que sans peur mes goûts je poursuis:
    Aujourd'hui George Quatre est morte,
    Tandis que, _by Jingo!_ je vis...
    N'importe! Qu'il fût malheureuse
    En formulant certains décrets,
    Et que d'oun main trop rigoureuse
    Il ait traité quelques soujets,
    N'empêche qu'il fut grand monarque,
    Et sous son oeil si tant chrétien
    Comment marcha l'anglaise barque...
    Oh! oh! vous le devinez bien.

  [47] Voir note à l'appendice.



[Illustration]


GUILLAUME IV

(1830-1837)


    De George Quatre il était frère
    Et, comme on vous l'a dit tantôt,
    George Trois il était son père
    Qui même avait plus d'oun marmot.
    Des deux bords de le politique
    Il fut comme oun explorateur:
    Tantôt libéral très pratique,
    Et tantôt franc conservateur.
    C'est ainsi que, chez nous encore,
    Certaines gars ont la talent
    De suiver constamment l'aurore
    De la prochain soleil levant.
    Mais... Guillaume il fut oun monarque
    Pour oun bâtiment bien lester,
    Et sous son oeil l'anglaise barque
    Il ne pouvait pas s'arrêter.



[Illustration]


VICTORIA I

(1837-1901)


    De Victoria le Première
    Tout ce qu'on peut dire est très bon.
    Elle fut reine, épouse et mère
    De toute le meilleur façon.
    Pour voir oun peu son origine
    On doit l'Histoire remonter,
    La meilleur moyen, j'imagine,
    De ne point s'en laisser conter.
    D'abord, pour commencer la thème,
    George Trois avait quatre fils.
    Mon franchise il serait le même
    S'il en avait eu trente-six.
    Mais, pour ce qu'il n'en eut que quatre,
    Je m'en tiens à cet numéro,
    Et je me ferais plutôt battre
    Que d'y joindre même oun zéro.
    George Quatre il fut la première,
    Guillaume Quatre la Second;
    Puis vint oun autre par-derrière
    Dont je ne souviens plus la nom.
    La duc de Kent il vint ensouite,
    Et son fille Victoria,
    Comme l'on a vu par le souite,
    Elle devint reine et... voilà!
    Victoria fut si tant bonne
    Et si tant se fit respecter,
    Que mon coeur de joie il frissonne
    Quand je me vois pour le chanter.
    Sa règne eut oun tel maggnitude
    Que, pour en bien suivre la cours
    Dans oune véridique étude,
    Les vers de huit pieds sont trop courts.
    Huit ou dix pieds, oh! saperlotte!
    C'été bon pour les rois communs;
    Même oun seul pied dans oun bon botte
    Conviendrait bien à quelques-uns.
    Mais pour oun reine qu'on admire
    Avec encor plus des raisons,
    Les grandes vers de Shakespeare
    Même ils ne seraient pas trop longs.
    _Well! well!_ quand ce reine admirable
    Fit sa _Diamond Jubilee_,
    Sur cet sujet tant respectable
    Oun grand hymne j'avais poli.
    C'était en vers alexandrines
    Beaucoup tendres et trèsment beaux
    Et, pour les rendre plus coquines,
    Coupés de petits vermisseaux.
    Or, comme ils renferment complète
    L'histoire de cet règne-là,
    Permettez qu'ici je répète
    Cet hymne comme le voilà!


   ODE A VICTORIA[48]

   A L'OCCASION QU'ELLE JOUBILE EN DIAMOND.

   Juin 1897.


    Je souis oun fils altier de le grande Angleterre
    De qui la fier drapeau partout dessus le terre
                Flotte dans le vent.
    Mon coeur, en cet moment que le Reine joubile,
    Il est piqué très fort comme par oun aigouile
                Et saute en avant.

    Je ne me senté pas oune grande poète
    Et je ne connaissé le française rimette
                Pas assez beaucoup;
    Mais d'oune si bel jour pour garder le mémoire
    De _Queen_ Victoria je veux chanter le gloire
                Encor pour oun coup.

    Les soixante ans ils sont restés loin en arrière
    Depouis que notre Reine entreprit le carrière
                Comme le voilà;
    Et le youmanité, dans cette longue règne,
    Il n'a jamais souffert et jamais il ne saigne
                A cause cela.

    _Our most gracious Queen_, en régnant de le sorte,
    Il était jeune encor pour de son oncle morte
                Prendre placement.
    Si tant belle il était que tout la monde admire
    Encor bien plus des fois qu'on ne peut pas le dire,
                Oh!... certainement.

    Son beauté maggnifique il était bien complète;
    De son joustice aussi chacun il faisait fête
                Partout au dehors.
    On en parlait si fort de Roussie en Bretaigne
    Que, pour aller le voir, sa cousin d'Allemaigne
                Eut le fièvre au corps.

    La prince il était beau, ni grande ou trop petite,
    Et devers son cousine il s'en alla bien vite
                Sans faire du bruit.
    Le reine il le trouva bien pour son convenance
    Et l'aima tant si fort en voyant son présence
                Qu'elle épousa lui.

    Peut-être l'on dira c'été pas mon affaire,
    Et quant à son privé c'été mieux de me taire
                Dans mes humbles chants.
    Mais ces petites mots innocentes, il semble,
    Expliqueront fort bien comment les deux ensemble
                Eurent tant d'enfants.

    N'importe! elle été là, grande reine et pouissante,
    Du nation anglaise emblême éblouissante
                Avec sceptre d'or;
    Et, soixante ans après, des bords de l'Amérique
    Jusques aux sables cuits du creux noir de l'Afrique
                Elle règne encor.

    Sous sa bienveillante oeil tous nos gens prospérousent.
    Les autres nations entr'elles se jalousent,
                Luttant pour l'honneur.
    Mais dans le Angleterre on vit en bons apôtres;
    On ne fait plus le guerre, on le fait faire aux autres,
                Oh! c'été meilleur.

    Le Angleterre il est toujours très richissime;
    C'été connu. Pour lors de s'exposer le frime
                Il aurait bien tort.
    Depuis trente ans, l'Anglaise il a mis dans son tête
    Qu'oun boulet de canon il fait moins le conquête
                Que des pièces d'or.

    Sous la sceptre si mol de notre Souveraine
    On connait bien l'amour, mais non jamais le haine
                Et ses vilains traits;
    Le paix règne partout dans cette vaste empire
    Sur lequel la soleil, si tant loin qu'il dévire,
                Ne s'endort jamais.

    Oh! c'est oun grande roi... Mais non, il faut écrire
    Reine; car ces deux mots ils ne voulé pas dire
                Ici _the same thing_.
    En français, voyez-vô, mêler la mascouline
    Sans d'excellents raisons avec le féminine,
                Ça serait _shocking_.

    De longtemps je sentais oun grand concoupiscence
    D'écrire pour mon reine, au jour de son naissance,
                Oun hymne poli.
    Voilà! Pardonnez-moâ, vous, mes frères anglaises,
    Si j'ai voulu chanter avec des vers françaises
                _Our Queen's Jubilee!_

  [48] Voir note à l'appendice.


    Pour ce que les alexandrines
    Sont vers difficiles beaucoup,
    Aux huit-pieds, qui sont moins mutines,
    Je reviens encor pour oun coup.
    Hélas! et c'été pour vous dire
    Que ce grand reine si charmant
    Que tout la monde encore admire
    Comme du temps de sa vivant;
    Reine si doux, femme si bonne,
    Si tant polie et vertueux
    Que dans son coeur chacun s'étonne
    Qu'il descendît de tels aïeux
    Dont on vient de lire l'histoire...
    Hélas! c'été pour dire, enfin,
    Que de son vie et de son gloire
    En pleurant on a vu le fin.
    Il est morte en grande monarque,
    Comme il l'avait été vivant;
    Et, ciel! ce que l'anglaise barque
    Dans son temps fila de l'avant!...



[Illustration]


EDOUARD VII

(1901-....)


    Avant la présent souveraine
    Ceux qu'on a vus ils étaient morts,
    Et l'on pouvait dire sans gêne
    S'ils ont été bons ou butors.
    Mais Edouard Sept il est en vie,
    Oh! très en vie à cet moment,
    Et, pour jamais qu'on ne l'oublie,
    J'ai mis son binette plus grand.
    Car si d'oun monarque bien morte
    On peut dire tout ce qu'on veut,
    Il est proudent que d'autre sorte
    On parle d'oun roi qui se meut.
    C'est ce que la peuple grenouille
    Un jour il apprit sous les eaux;
    Du moins, Esope il en bredouille
    Dans oun de ses beaux fabliaux.
    Car si vous mettez le critique
    Sous la nez d'oun prince vivant,
    Le chose tant beaucoup le pique
    Qu'il se fâche et saute en avant.
    Alors, sous le fureur royale
    L'improudent est vite perdu;
    On vous le lance comme oun balle
    Au bout d'oun cordeau de pendu.
    Tenez! en parlant de Sans-Terre
    J'ai dit qu'il était oun crapaud.
    Bien! si d'Edouard cet mot grossière
    J'allais souffler, gare à ma peau!
    D'oun bout à l'autre de la ville
    Ce ne serait que cris de mort;
    Chacun il se croirait utile
    En me faisant oun mauvais sort,
    Les grands de le magistrature
    Ils me _prononceraient_ oun gueux,
    Et même le cléricature
    Il ne me traiterait pas mieux.
    Oun animal de ce faconde,
    Dirait-on, il faut accrocher,
    Car vérité le plus profonde
    Parfois il faut savoir cacher.
    Et, quand du haut d'oune potence
    Mon corps il se balancerait,
    C'est à qui plus fort en cadence
    "_God save the King!_" il chanterait.
    Bien! Toute crainte je défie,
    Et je le fais en... défiant;
    Car jamais roi pendant son vie
    Ne fut plus qu'Edouard édifiant.
    _Dear, me!_ mon seule inquiétude
    Est--tenez cela pour compté!--
    De ne pouvoir en cette étude
    Rendre joustice à son bonté.
    Fils de Victoria Première,
    Grand reine que l'on pleure encor,
    Il est en tout son héritière
    Même jusque dans sa coeur d'or;
    Et, tandis qu'avec grand sagesse
    Sur sa peuple il règne aujourd'hui,
    Cet-ci de plus en plus engraisse,
    Devient rougeaud, brille et reluit.
    Si tant que point je ne redoute
    Pour la dit peuple aucun malheur,
    Excepté... peut-être la goutte,
    Très noble mal de haut seigneur,
    Et cet autre, l'apoplexie,
    Que ne connait point la quêteux.
    Et voilà comment j'apprécie
    Les bienfaits de cet règne heureux,
    _Oh, dear! oh, dear!_ D'Edouard vivante
    Pourquoi craindrais je de parler?
    Ce que je dis est mot courante,
    Et rien je ne puis dévoiler
    Qui ne soit oun parfait hommaige
    A le bonté de notre Roi,
    A son savoir, à sa couraige,
    A sa... _Well! Well!_... à sa tout, quoi!
    _Don't fear!_ Edouard est oun monarque
    Qui savé gouverner très bien,
    Et... sous son oeil l'anglaise barque
    Oh, tenez!... je ne dis plus rien.



EPILOGUE


    Dans la pays de Angleterre
    Oh! tout il été trèsment beau;
    Et tout il été si nouveau
    Dans la pays de Angleterre,
    Qu'on a beau dire la contraire
    Même en criant comme oune veau,
    Dans la pays de Angleterre
    Oh! tout il été trèsment beau.

    D'oun bout de cet pays à l'autre
    Ce n'est que palais, que jardins
    D'où sont exclus tous les gredins,
    D'un bout de cet pays à l'autre.
    C'est mon avis, sinon le vôtre,
    Et cet-là de gens beaucoup fins:
    D'oun bout de cet pays à l'autre
    Ce n'est que palais, que jardins.

    Le grand nation qui l'habite
    Il été la plus grand de tous.
    Oh! chacun sait ça comme nous,
    Le grand nation qui l'habite
    Il été loin d'être... petite.
    Si tant qu'à la fin, savez-vous,
    Le grand nation qui l'habite
    Il été la plus grand de tous.

    C'été surtout par son richesse
    Qu'il compté la plus de valeur.
    Quand plus qu'oun autre il est meilleur
    C'été surtout par son richesse;
    Car... tout la monde il le confesse
    Et c'été bien connu, d'ailleur,
    C'été surtout par son richesse
    Qu'il compté la plus de valeur.

    A cause de son grand pouissance
    Beaucoup de peuples sont heureux;
    Tandis que d'autres sont... peureux
    A cause de son grand pouissance.
    Si tant que, par son alliance,
    --Quand ils ne pouvé faire mieux--
    A cause de son grand pouissance
    Beaucoup de peuples sont heureux.

    Il ne courtisé pas le guerre
    Quand il pouvé faire autrement;
    Et, comme noble amousement,
    Il ne courtisé pas le guerre.
    Pourvu... qu'il fasse son affaire
    Et que d'autres soient en avant,
    Il ne courtisé pas le guerre
    Quand il pouvé faire autrement.

    Parmi les sauvaiges d'Afrique
    Il sait se faire redouter,
    Et sa nom il fait respecter
    Parmi les sauvaiges d'Afrique.
    Là ses ordres sont sans réplique,
    Et... s'il faut vous le répéter,
    Parmi les sauvaiges d'Afrique
    Il sait se faire redouter.

    Avec la peuple civilise
    Oh! bien, il été très proudent,
    Et tioujours très condescendant
    Avec la peuple civilise.
    Pendant longtemps il... _temporise_;
    Mais si l'autre montre le dent,
    Avec la peuple civilise
    Oh! bien, il été très proudent.

    Douce Albion! Chère patrie!
    Je t'aime autant que je le peux
    Jusqu'en mon âme le plus creux.
    Douce Albion! Chère patrie!
    Je ne fais pas de menterie
    Dans l'expression de mes feux:
    Douce Albion! Chère patrie!...
    Je t'aime autant... que je le peux!

[Décoration]


FIN



NOTES


  [1] --A la suite d'une querelle avec les siens, Egbert dut se
  réfugier en France, où il séjourna pendant quelque temps à la
  cour de Charlemagne.

  [2] --Alfred s'était introduit dans le camp danois, déguisé en
  barde.

  [3] --Alfred protégea les arts, la navigation et le commerce, et
  fonda l'institution du jury.

  [4] --Ethelwald.

  [5] --Charles III dit le Simple. Ce roi ayant été pris par le
  comte de Vermandois, Ogive s'enfuit en Angleterre, à la cour de
  son frère Athelstan et y fit élever son fils Louis, ce qui valut
  à ce prince le surnom d'Outre-Mer.

  --Elgiva était parente d'Edwy, et celui-ci l'avait épousée malgré
  les canons de l'Eglise. Elle lui fut enlevée et périt dans les
  supplices.

  --Saint Dunstan, alors archevêque de Cantorbery, fut le principal
  conseiller d'Edgard.

  [6] --Edmond II succéda à son père. Son intrépidité et sa force
  l'avaient fait surnommer _Côte de fer_ (_Iron-side_). Il fut
  assassiné en 1017, et laissa Canut seul maître de l'Angleterre.

(La note 7 n'existe pas).

  [8] --On sait que notre Très Gracieuse Souveraine, la reine
  Alexandra, est fille de Christian IX, roi du Danemark.

  [9] --Guillaume le Conquérant vainquit Harold II à la fameuse
  bataille d'Hastings.

  [10] --On l'appelait _Courte-Heuse_ parce que, dit-on, il avait
  les jambes très courtes.

  [11] --Etienne de Blois prit la couronne, au détriment de sa
  cousine Mathilde, fille d'Henri I. Il eut pour femme l'héritière
  des comtes de Boulogne.

  [12] --Répudiée par Louis VII dit le Jeune. Eléonore valut à
  Henri II la possession de la Guyenne, du Poitou, du Périgord, du
  Saintonge, de l'Auvergne, de l'Angoumois et du Limousin.

  [13] --Rosemonde, maîtresse de Henri II, était fille de Lord
  Clifford. Voulant la garantir des jalouses entreprises
  d'Eléonore, sa femme, Henri fit construire pour elle à Woodstock
  un asile mystérieux avec une espèce de labyrinthe; elle y mit au
  jour deux enfants, Richard Longue Epée, et Geoffroy qui devint
  archevêque d'York.

  [14] --Son père Henri II lui avait bel et bien enlevé sa promise,
  Alice, fille de Louis VII, roi de France.

  [15] --Il remporta à Asor une brillante victoire contre 100,000
  musulmans.

  [16] --Le duc d'Autriche, que Richard avait outragé au siège de
  St-Jean-d'Acre.

  [17] --Richard Coeur-de-Lion battit Philippe Auguste à
  Fréteval.

  [18] --En 1215, à la suite d'une révolte des barons anglais, Jean
  Sans Terre fut forcé de signer la Grande Charte, qui est la base
  des libertés anglaises.

  [19] --Henri III fut contraint de confirmer la Grande Charte.

  [20] --Wallace fut décapité à Tower-Hill.

  [21] --Edouard III favorisa l'université d'Oxford. En souvenir de
  la victoire de Crécy, où il avait donné pour mot d'ordre le mot
  _Garter_ (jarretière), Edouard III établit l'Ordre de la
  Jarretière. Suivant une tradition généralement répandue, la
  comtesse de Salisbury, qui était aimée du roi, ayant laissé
  tomber dans un bal une jarretière, Edouard la releva; et comme
  son empressement donnait à rire aux courtiers, il s'écria: _Honi
  soit qui mal y pense!_ ajoutant que tel qui riait s'estimerait
  heureux d'en porter une semblable; peu après il créa le nouvel
  ordre. Le costume et les insignes des chevaliers de cet ordre
  sont: une _jarretière_ de velours bleu sur laquelle est brodée,
  en argent, la devise _Honi soit qui mal y pense!_ un _manteau_ en
  velours bleu; un _chaperon_ et un _justaucorps_ de velours
  cramoisi, un chapeau de velours noir, un collier d'or, un _ruban_
  bleu porté en sautoir de gauche à droite, auquel est suspendue
  une médaille d'or portant l'effigie de S. George.

    (Bouillet.)

  [22] --La couronne revenait, de droit, à Roger Mortimer,
  petit-fils du duc de Clarence, deuxième fils d'Edouard III. C'est
  cette usurpation qui prépara la funeste guerre des Deux Roses.

  [23] --Henri V remporta la bataille d'Azincourt, où l'armée de
  Charles VI fut taillée en pièces.

  [24] --Isabeau de Bavière signa le traité de Troyes, qui faisait
  passer la couronne sur la tête d'Henri V.

  [25] --Marguerite d'Anjou. Elle prit bientôt un empire absolu sur
  Henri VI et gouverna pour lui.

  [26] --Edouard IV envahit la France pour soutenir Charles le
  Téméraire contre Louis XI.

  [27] --Sur l'ordre de Richard, Tyrrel se rendit à la Tour et
  étouffa les deux enfants sous des matelas et des oreillers.

  [28] --Richard fut vaincu par le comte de Richmond (plus tard
  Henri VII) à la bataille de Bosworth, près de Nottingham, où il
  perdit la vie avec le trône.

  [29] --Marie d'Angleterre épousa alors le duc de Suffolk, qui
  l'avait suivie en France comme ambassadeur.

  [30] --Entr'autres occasions, à l'entrevue du Camp du Drap d'Or,
  en Flandre.

  [31] --Clément VII, _Jules de Médicis_, assiégé dans Rome par
  l'armée de l'empereur, sous le commandement de Charles de
  Bourbon, fut détenu sept mois et ne put se sauver qu'à la faveur
  d'un déguisement.

  [32] --Guilford Dudley, fils de l'autre Dudley, duc de
  Northumberland.

  [33] --Philippe II était fils de Charles-Quint.

  [34] --Cranmer, archevêque de Cantorbery, avait prononcé le
  divorce d'Henri VIII d'avec Catherine d'Aragon. Marie Tudor le
  fit périr sur le bûcher, en 1556. Latimer, évêque de Worcester,
  fut aussi brûlé vif à Oxford.

  [35] --C'est sous le règne d'Elisabeth qu'eut lieu, en France, le
  Massacre de la Saint-Barthelémy.

  [36] --C'est alors qu'eut lieu l'attentat connu sous le nom de
  Conspiration des Poudres, qui faillit faire périr le roi avec le
  Parlement tout entier.

  [37] --Charles I était marié à Henriette de France, fille d'Henri
  IV et de Marie de Médicis.

  [38] --Charles I renvoya successivement quatre parlements qui lui
  refusaient des subsides pour continuer ses guerres extravagantes.
  C'est contre lui que les Ecossais rédigèrent le fameux _Covenant
  Act_, par lequel ils s'engageaient à défendre le protestantisme
  jusqu'à la mort.

  [39] --Charles I fut décapité à Whitehall.

  [40] --C'est sous Charles II que se formèrent les deux partis
  politiques connus sous les noms de _Whigs_ et _Tories_.
  L'incendie de Londres, en 1666, consuma 30,000 maisons.

  [41] --Sous Jacques II eut lieu, en France, la Révocation de
  l'Edit de Nantes, ce qui n'était pas beaucoup de nature à aider
  le monarque anglais dans ses luttes de religion.

  [42] --Par le traité de Ryswick, Louis XIV rendit à l'Espagne ce
  qu'il lui avait enlevé et reconnut Guillaume III pour roi
  d'Angleterre.

  [43] --Marie II mourut de la petite vérole en 1695.

  [44] --Le fameux duc de Marlborough, ancêtre des Churchill de nos
  jours, avait fait son apprentissage des armes sous Condé et
  Turenne. En 1704, il envahit la Bavière, battit l'électeur à
  Shellenberg, incendia 300 villes de ses Etats, écrasa le général
  français Tallart et l'électeur de Bavière à Blenheim. Il défit
  Villeroi à Ramillies en 1706, Vendôme à Oudenarde en 1708, et le
  maréchal de Villars à Malplaquet en 1709.

  [45] --Sophie de Nell.

  [46] --George II fut battu à Fontenoy par le maréchal de Saxe, et
  ailleurs encore. Il eut à soutenir, en Ecosse, une guerre contre
  le Prétendant Charles-Edouard, petit-fils de Jacques II. George
  II fonda le British Museum.

  [47] --George IV rendit de nombreuses lois contre la liberté de
  la presse.

  [48] --Cette pièce a été publiée dans divers journaux de Québec
  et de Montréal.



TABLE DES MATIÈRES


                                                 PAGES

    Avertissement de l'auteur                        7

    Avant-propos                                    11

    Egbert-le-Grand                                 17

    Ethelwolf, Ethelbald, Ethelbert, Ethelred       19

    Alfred-le-Grand                                 21

    Edouard I, l'Ancien                             23

    Athelstan                                       25

    Edmond I                                        26

    Edred                                           26

    Edwy                                            27

    Edgard, le Pacifique                            28

    Edouard II, le Martyr                           30

    Ethelred II                                     31

    Canut-le-Grand                                  35

    Harold I                                        37

    Canut III ou Hardi-Canut                        38

    Edouard-le-Confesseur                           39

    Harold II                                       40

    Guillaume-le-Conquérant                         43

    Guillaume II, le Roux                           46

    Henri I, Beauclerc                              48

    Etienne de Blois                                50

    Henri II                                        54

    Richard I, Coeur-de-Lion                        57

    Jean Sans-Terre                                 60

    Henri III                                       61

    Edouard I, (race normande)                      63

    Edouard II                                      65

    Edouard III                                     67

    Richard II                                      70

    Henri IV                                        72

    Henri V                                         74

    Henri VI                                        76

    Edouard IV                                      80

    Edouard V                                       82

    Richard III                                     83

    Henri VII                                       87

    Henri VIII                                      89

    Edouard VI                                      94

    Jeanne Grey                                     96

    Marie I, Tudor                                  98

    Elisabeth                                      100

    Jacques I                                      107

    Charles I                                      111

    Olivier Cromwell                               115

    Richard Cromwell                               117

    Charles II                                     121

    Jacques II                                     124

    Guillaume III et Marie II                      129

    Anne                                           131

    George I                                       135

    George II                                      136

    George III                                     137

    George IV                                      139

    Guillaume IV                                   141

    Victoria I                                     142

    Ode à Victoria I                               144

    Edouard VII                                    148

    Epilogue                                       152

    Notes                                          155





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