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Title: Feu de joie
Author: Aragon, Louis
Language: French
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Literature (online soon in an extended version,also linking
to free sources for education worldwide ... MOOC's,
educational materials,...) (Images generously made available
by the University of Iowa Libraries.)



LOUIS ARAGON

FEU DE JOIE

AVEC UN DESSIN DE PABLO PICASSO



PARIS

COLLECTION DE LITTÉRATURE

_AU SANS PAREIL_

37, AVENUS KLÉBER

1920


[Illustration par Picasso]



    PUR JEUDI


    Rues, campagnes, où courais-je? Les glaces
    me chassaient aux tournants vers d'autres
    mares.

    Les boulevards verts! Jadis, j'admirais sans
    baisser les paupières, mais le soleil n'est plus
    un hortensia.

    La victoria joue au char symbolique: Flore
    et cette fille aux lèvres pâles. Trop de luxe
    pour une prairie sans prétention: aux pavois,
    les drapeaux! toutes les amantes seront aux
    fenêtres. En mon honneur? Vous vous trompez.

    Le jour me pénètre. Que me veulent les miroirs
    blancs et ces femmes croisées? Mensonge
    ou jeu? Mon sang n'a pas cette couleur.

    Sur le bitume flambant de Mars, à perce-neiges!
    tout le monde a compris mon cœur.

    J'ai eu honte, j'ai eu honte, oh!



    SOIFS DE L'OUEST


    Dans ce bar dont la porte
    sans cesse bat au vent
    une affiche écarlate
    vante un autre savon
    Dansez dansez ma chère
          nous avons des banjos
    Oh
    qui me donnera seulement à mâcher
    les chewing-gums inutiles
    qui parfument très doucement
    l'haleine des filles des villes


    Épices dans l'alcool mesuré par les pailles
    et menthes sans raison barbouillant les liqueurs
    il est des amours sans douceurs
    dans les docks sans poissons où la barmaid
    défaille
    sous le fallacieux prétexte
    que je n'ai pas rasé ma barbe
    aux relents douteux d'un gin
    que son odorat devine
    d'un bar du Massachussets



    Au trente-troisième étage
    sous l'œil fixe des fenêtres
    arrête
    Mon cœur est dans le ciel et manque de vertu
    Mais les ascenseurs se suivent
    et ne se ressemblent pas
    Le groom nègre sourit tout bas
    pour ne pas salir ses dents blanches
    Ha si j'avais mon revolver
    pour interrompre la musique
    de la chanson polyphonique
    des cent machines à écrire


    Dans l'état de Michigan
    justement quatre-vingt-trois jours
    après la mort de quelqu'un
    trois joyeux garçons de velours
    dansèrent entre eux un quadrille
              avec le défunt
    comme font avec les filles
    les gens de la vieille Europe
    dans les quartiers mal famés
    Heureusement que leurs lèvres
    ignoraient les mots méchants
    car tous les trois étaient vierges
    comme on ne l'est pas longtemps



    CHAMBRE GARNIE


    A l'Hôtel de l'Univers et de l'Aveyron
    le Métropolitain passe par la fenêtre
    La fille aux-yeux-de-sol m'y rejoindra peut-être
    Mon cœur
         que lui dirons-nous quand nous la verrons
                 Compte les fleurs ma chère
                 compte les fleurs du mur
                 Mon cœur est en jachères
                 Attention
                 L'escalier est peu sûr
    Que n'es-tu la vachère
    qui mène les amants en Mésopotamie



    CHARLOT MYSTIQUE


    L'ascenseur descendait toujours à perdre
    haleine
    et l'escalier montait toujours
    Cette dame n'entend pas les discours
    elle est postiche
    Moi qui déjà songeais à lui parler d'amour
    Oh le commis
    si comique avec sa moustache et ses sourcils
    artificiels


    Il a crié quand je les ai tirés
    Étrange
    Qu'ai-je vu Cette noble étrangère
        Monsieur je ne suis pas une femme légère
    Hou la laide
        Par bonheur nous
        avons des valises en peau de porc
        à toute épreuve
    Celle-ci
        Vingt dollars
    Elle en contient mille
    C'est toujours le même système
    Pas de mesure
    ni de logique
                    mauvais thème



    FUGUE


    Une joie éclate en trois
    temps mesuré de la lyre
    Une joie éclate au bois
    que je ne saurais pas dire
    Tournez têtes Tournez rires
    pour l'amour de qui
    pour l'amour de quoi

    pour l'amour de moi



    ACROBATE


    Bras en sang Gai comme les sainfoins
    L'hyperbole retombe Les mains

    Les oiseaux sont des nombres
    L'algèbre est dans les arbres
    C'est Rousseau qui peignit sur la portée du ciel
    cette musique à vocalises

    Cent _A Cent pour la vie_

    Qui tatoue
    Je fais la roue sur les remparts



    POUR DEMAIN *


    Vous que le printemps opéra
    Miracles ponctuez ma stance
    Mon esprit épris du départ
    dans un rayon soudain se perd
    perpétué par la cadence

    La Seine au soleil d'avril danse
    comme Cécile au premier bal
    ou plutôt roule des pépites
    vers les ponts de pierre ou les cri
    Charme sûr La ville est le val

    Les quais gais comme en carnaval
    vont au devant de la lumière
    Elle       visite les palais
    surgis selon ses jeux ou lois
    Moi je l'honore à ma manière

    La seule école buissonnière
    et non Silène m'enseigna
    cette ivresse couleur de lèvres
    et les roses du jour aux vitres
    comme des filles d'Opéra

    *_Appartient à M. Paul Valéry._



    MADAME TUSSAUD


    Cris muets Taffetas noirs Redingotes Crimes
    Tous les mannequins ont le même regard gris

    Mais ce lord a dansé dans un bouge à Paris
    Il a des dents d'or et des favoris
    sales


    Le Strand me suit de brouillard jaune dans les
    salles

    Les plastrons se marquant aux plia poussiéreux
    ces gentlemen se négligèrent Trop heureux
    d'assassiner une demi-mondaine
                                   Aux Indes
    ces officiers firent des fredaines
    Ils ont quitté leur morgue pour un mariage
    morganatique
                On peut s'amuser en voyage
    Si l'on ne salit pas ses escarpins vernis
    à l'étranger les meurtres restent impunis
    Je tuerais volontiers cette reine d'Écosse
    Qui regarde la France en récitant des vers

    Mais je troublerais le négoce



    SECOUSSE


      BROUF
            Fuite à jamais de l'amertume
    Les prés magnifiques volants peints de frais
    tournent
            champs qui chancellent
    Le point mort
    Ma tête tinte et tant de crécelles

    Mon cœur est en morceaux
                           le paysage en miettes

    Hop l'Univers verse
    Qui chavire L'autre ou moi
    L'autre émoi La naissance à cette solitude
    Je donne un nom meilleur aux merveilles du jour
    J'invente à nouveau le vent tape-joue
    le vent tapageur
    Le monde à bas je le bâtis plus beau
    Sept soleils de couleur griffent la campagne
    Au bout de mes cils tremble un prisme de larmes
    désormais Gouttes d'Eau

    On lit au poteau du chemin vicinal
    ROUTE INTERDITE AUX TERRASSIERS

    _Août 1918._



    ÉCLAIRAGE A PERTE DE VUE


    Je tiens ce nuage or et mauve au bout d'un jonc
    l'ombrelle ou l'oiselle ou la fleur
                                      La chevelure
    descend des cendres du soleil se décolore
    entre mes doigts

                    Le jour est gorge-de-pigeon
    Vite un miroir Participé-je à ce mirage
    Si le parasol change en paradis le sol
    jouons
          à l'ange
                    à la mésange
                               au passereau
    Mais elles qui vaincraient les grêles et l'orage
    mes ailes oublieront les bras et les travaux
    Plus léger que l'argent de l'air où je me love
    je file au ras des rets et m'évade du rêve

    La Nature se plie et sait ce que je vaux



    COUPLET DE L'AMANT D'OPÉRA


    L'amour tendre literie
    dont mon cœur est l'édredon
    trouble
    Si mollement mes membres
                  légèrement mes lèvres
    obliquement mes yeux
    pour de faux ciels
    que la chair et le linge
    ont une même odeur
    pour mon ardeur



    PARTI-PRIS


    Je danse au milieu des miracles
    Mille soleils peints sur le sol
    Mille amis Mille yeux ou monocles
    m'illuminent de leurs regards
    Pleurs du pétrole sur la route
    Sang perdu depuis les hangars

    Je saute ainsi d'un jour à l'autre
    rond polychrome et plus joli
    qu'un paillasson de tir ou l'àtre
    quand la flamme est couleur du vent
    Vie ô paisible automobile
    et le joyeux péril de courir au devant

    Je brûlerai du feu des phares



    VIE DE JEAN-BAPTISTE A***


    Une ombre au milieu du soleil dort
                          soleil d'or
                                      Jean-Bart
    dans l'avenue aux catalpas
                                Mais patience
    En ce temps je n'étais pas né
                                Le train repart
    Rosa la rose et ce goût d'encre ô mon enfance
                   Calculez Cos. α
                   en "fonction de

                     tg α/2

    Ma jeunesse Apéro qu'à peine ont aperçu
    les glaces d'un café lasses de tant de mouches
    Jeunesse et je n'ai pas baisé toutes les bouches

    Le premier arrivé au fond du corridor
    1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  MORT
    Une ombre au milieu du soleil dort c'est l'œil



    LE DÉLIRE DU FANTASSIN


    L'enfant fantôme fend de l'homme
    entre les piliers de pierre:
    2 π R, son tour de tête.
    (La tour monte, attention au ciel)
    Comme il mue, avec sa voix de rogomme
    il effraye à tort ou raison l'orfraie empaillée
    Qu'on ne voit pas à cause de la chaleur
                      à cause de la couleur
                      à cause de la douleur

    _Jamais la boule en buis ne pourra retomber
    Sur te bout de bois blanc du bilboquet_



    STATUE


    Volupté Déjeuner de soleil
      Je me meurs Salive Sommeil
                      Sonnez Matines
    Masque à chloroforme Amour
              je roule de tout mon long
    Abîme                                Au fond
          La descente de lit n'est pas morte
          Elle bouge en chantant très bas
          Panthère Panthère
    Mon corps n'en finitplus sous les rides des draps
    Un homme à la mer Encre
    A la dérive



    LA BELLE ITALIENNE


    _à Pablo Picasso._


    L'Azur et ses voiles
    Les bras de santé
    Crèmes estivales
    Sa grande beauté

    Mais qu'elle en impose
    A qui veut l'aimer
    (Parler de la mer
    Autrement qu'en prose)

    La plus idiote
    Avec son œil rond
    Luit intelligente
    Auprès de ce front

    O chère adorée
    Au soleil de plomb
    Ton regard d'aplomb
    Et ta chair dorée

    Quand on te décrit
    Toutes les chevilles
    Comme des salives
    Montent à l'esprit

    Dans ta chevelure
    Reflet du passé
    Tu gardes l'allure
    Du papier glacé

    Qu'amènent tes lèvres
    Les mots maux et fièvres

    Mais la voix dit Non
    Sur un ton de lave



    PIÈCE A GRAND SPECTACLE


    L'ami sans cœur ou le théâtre
    Adieu
          Celui qui est trop gai
    c'est-à-dire trop rouge
    pour vivre loin du feu des rampes
    De la salle
                ficelles pendantes
    Des coulisses
                on ne voit qu'un nuage doré
                                  machine-volante

    Le Régisseur croyait à l'amour d'André
    Les             trois               coups
        L'oiseau             s'envole
    On avait oublié de planter le décor
    Tintamarre
                 Le pantin verse des larmes de bois
                 Pour Prendre Congé

    LOUIS ARAGON

    _*Il revient saluer._



    PERSONNE PÂLE


    Malheureux comme les pierres
                  triste au possible
            l'homme maigre
    le pupitre à musique aurait voulu périr
    Quel froid Le vent me perce à l'endroit
    des feuilles
    des oreilles mortes
    Seul comment battre la semelle
    Sur quel pied danser toute la semaine
    Le silence à n'en plus finir
    Pour tromper l'hiver jamais un mot tendre
    L'ombre de l'àme de l'ami L'écriture
    Rien que l'adresse
                     Mon sang ne ferait qu'un tour
    Les sons se perdent dans l'espace
    comme des doigts gelés
    Plus rien
             qu'un patin abandonné sur la glace
    Le quidam
              On voit le jour au travers



    SANS MOT DIRE


            Soir de tilleul Été
            On parle bas aux portes
            Tout le monde écoute mes pas
            les coups de mon cœur sur l'asphalte

            Ma douleur ne vous regarde pas

            Œillère de la nuit Nudité
            Le chemin qui mène à la mer
            me conduit au fond de moi-même
            A deux doigts de ma perte

            _Polypiers de la souffrance_
            _Algues Coraux Mes seuls amis_

    Dans l'ombre on ne saurait voir l'objet de mes
    plaintes
    Une trop noire perfidie
                          L'INTRIGUE (Air connu]
             Cette racine est souveraine

           GUÉRIT TOUTE AFFECTION



    PIERRE FENDRE


              Jours d'hivers Copeaux
              Mon ami les yeux rouges
              Suit l'enterrement Glace
              Je suis jaloux du mort

    Les gens tombent comme des mouches
    On me dit tout bas que j'ai tort
    Soleil bleu Lèvres gercées Peur
    Je parcours les rues sans penser à mal
    avec l'image du poète et l'ombre du trappeur

    On m'offre des fêtes
                         des oranges
    Mes dents Frissons Fièvre Idée fixe
    Tous les braseros à la foire à la ferraille
    Il ne me reste plus qu'à mourir de froid
    en public



    LEVER


    _à Pierre Reverdy._


    Exténué de nuit
                   Rompu par le sommeil
              Comment ouvrir les yeux
    Réveil-matin
    Le corps fuit dans les draps mystérieux du rêve
    Toute la fatigue du monde
               Le regret du roman de l'ombre

    Le songe
    où je mordais Pastèque interrompue
             Mille raisons de faire le sourd
    La pendule annonce le jour d'une voix blanche
    Deuil d'enfant paresser encore
            Lycéen j'avais le dimanche
          comme un ballon dans les deux mains
            Le jour du cirque et des amis
    Les amis
            Des pommes des pèches
            sous leurs casquettes genre anglais
    Mollets nus et nos lavalières
    Au printemps
            On voit des lavoirs sur la Seine
              des baleines couleur de nuée
    L'hiver
            On souffle en l'air Buée
            A qui en fera le plus
    Pivoine de Mars Camarades
            Vos cache-nez volent au vent
                           par élégance.
    L'âge ingrat sortes de mascarades
                Drôles de voix hors des faux-cols
    On rit trop fort pour être gais
    Je me sens gauche rouge Craintes
    Mes manches courtes

    Toutes les femmes sont trop peintes
    et portent des jupons trop propres
    CHAMBRES GARNIES
                    Quand y va-t-on
             HOTEL MEUBLÉ
    Boutonné jusqu'au menton
          J'essaierai à la mi-careme
    Aux vacances de Pâques
            on balance encore
    Les jours semblent longs et si pâles
    Il vaut mieux attendre l'été
    les grandes chaleurs
           la paille des granges
    le pré libre et large
                      au bout de l'année scolaire
    la campagne en marge du temps
    les costumes de toile clairs
    On me donnerait dix-sept ans
    Avec mon canotier
                           mon auréole
    Elle tombe et roule
    sur le plancher des stations balnéaires
    Le sable qu'on boit dans la brise
                Eau-de-vie à paillettes d'or
    La saison me grise
                     Mais surtout
    Ce qui va droit au cœur
                    Ce qui parle
                    La mer
    La perfidie amcre des marées
    Les cheveux longs du flot Les algues
    s'enroulent au bras du nageur
                    Parfois la vague
    Musique du sol et de l'eau
                    me soulève comme une plume
                                       En haut
                    L'écume danse le soleil
    Alors
         l'émoi me prend par la taille
    Descente à pic
                   Jusqu'à l'orteil
    un frisson court Oiseau des îles
    Le désir me perd par les membres
                    Tout retourne à son élément
                    Mensonge
    Ici le dormeur fait gémir le sommier
    Les cartes brouillées
                    Les cartes d'images
    Dans le Hall de la galerie des Machines les
    mains fardées pour l'amour les mannequins passent
    d'un air prétentieux comme pendant un
    steeple-chase Les pianos de l'Æolian Company
    assurent le succès de la fête Les mendiants
    apportent tout leur or pour assister au spectacle
    On a dépensé sans compter et personne ne
    songe plus au lendemain Personne excepté
    l'ibis lumineux suspendu par erreur au plafond
    en guise de lustre
    La lumière tombe d'aplomb sur les paupières
    Dans la chambre nue à dessein
    DEBOUT
           L'ombre recule et le dissin du papier
    sur les murs
    se met à grimacer des visages bourgeois
    La vie
           le repas froid commence
    Le plus dur            les pieds sur les planches
    et la glace renvoie une figure longue
    Un miracle d'éponge et de bleu de lessive
    La cuvette et le jour
                          Ellipse
    qu'on ferme d'une main malhabile
    Les objets de toilette
    Je ne sais plus leur noms
    trop tendres à mes lèvres
    Le pot à eau si lourd
                         La houppe charmante
    Le prestige inouï de l'alcool de menthe
    Le souffle odorant de l'amour
    Le miroir ce matin me résume le monde
    Pièce ébauchée
                   Le regard monte
    et suit le geste des bras qui s'achève en linge
    en pitié
           Mon portrait me fixe et dit Songe
           sans en mourir au gagne-pain
           au travail tout le long du jour
    L'habitude
    Le pli pris
    L'habit gris
    Servitude
            Une fois par hasard
            regarde le soleil en face
    Fais crouler les murs les devoirs
    Que sais-tu si j'envie être libre et sans place
    simple reflet peint sur le verre
                                    Donc écris
                                    A l'étude
                                    Faux Latude
                                    Et souris


                                    que les châles
                                    les yeux morts
                                    les fards pâles


                                    et les corps
                                    n'appartiennent
                                    qu'aux riches
    Le tapis déchire par endroits
    Le plafond trop voisin
    Que la vie est étroite
            Tout de même j'en ai assez
    Sortira-t-on                    Je suis à bout
    Casser cet univers sur le genou ployé
    Bois sec dont on ferait des flammes singulières
    Ah taper sur la table à midi
    que le vin se renverse
    qu'il submerge
    les hommes à la mâchoire carrée
    marteaux pilons
    Alors se lèveront les poneys
    les jeunes gens
    en bande par la main par les villes
    en promenade
    pour chanter
    à bride abattue à gorge déployée
    comme un drapeau
    la beauté la seule vertu
    qui tende encore ses mains pures



    CASINO DES LUMIÈRES CRUES


    Un soir des plages à la mode on joue un air
    Qui fait prendre aux petits chevaux un train
                                        [d'enfer
    Et la fille se pâme et murmure Weber
    Moi je prononce Wèbre et regarde la mer



    PROGRAMME


                  Au rendez-vous des assassins
                  Le sang et la peinture fraîche
    Odeur du froid
            On tue au dessert
    Les bougies n'agiront pas assez
    Nous aurons évidemment besoin de nos petits
    outils
    Le chef se masque
    Velours des abstractions
    Monsieur va sans doute au bal de l'Opéra
    Tous les crimes se passent à La Muette
    Et cœtera
    Ils ne voient que l'argent à gagner Opossum
    Ma bande réunit les plus grands noms de France
          Bouquets de fleurs Abus de confiance
    J'entraîne Paris dans mon déshonneur Course
                   Coup de Bourse
    La perspective réjouit le cœur des complices
    Machine infernale au sein d'un coquelicot
    Ils ne s'enrichiront plus longtemps C'est à leur
    tour
    Étoile en journal des carreaux cassés
    Je connais les points faibles des vilebrequins
    mes camarades
    On arrive à ses fins par la délation sans yeux
    Le poison Bière mousseuse
    Ou la trahison
    Celui-ci Pâture du cheval de bois
    Je le livre à la police
    Les autres se frottent les mains
    Vous ne perdez rien pour attendre
    Il y aura des sinistres sur mer cette nuit
    Des attentats Des préoccupations
    Sur les descentes de lit la mort coule en lacs
    rouges

    Encore deux amis avant d'arriver à mon frère
    Il me regarde en souriant et je lui montre aussi
    les dents
             Lequel étranglera l'autre
    La main dans la main

    Tirerons-nous au sort le nom de la victime
    L'agression noeud coulant
    Celui qui parlait trépasse
    Le meurtrier se relève et dit
                     Suicide
                   Fin du monde
    Enroulement des drapeaux coquillages
    Le flot ne rend pas ses vaisseaux
    Secrets de goudron Torches
    Fruit percé de treus Sifflet de plomb
    Je rends le massacre inutile et renie
    le passé vert et blanc pour le plaisir
    Je mets au concoure l'anarchie
    dans toutes les librairies et gares





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