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Title: Vingt-cinq poèmes
Author: Tzara, Tristan
Language: French
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at Free Literature (online soon in an extended version,also
linking to free sources for education worldwide ... MOOC's,
educational materials,...) (Images generously made available
by the University of Iowa Libraries.)



Tristan Tzara

Vingt-Cinq Poèmes,

Hans Arp

Dix gravures sur
bois

Collection Dada
Zurich

1918



[Illustration]



    LE GÉANT BLANC LÉPREUX DU PAYSAGE


    le sel se groupe en constellation
    d'oiseaux sur la tumeur de ouate

    dans ses poumons les astéries et
    les punaises se balancent
    les microbes se cristallisent en
    palmiers de muscles balançoires
    bonjour sans cigarette tzantzantza ganga
    bouzdouc zdouc nfoùnfa mbaah mbaah nfoùnfa
    macrocystis perifera embrasser les
    bateaux chirurgien des bateaux
    cicatrice humide propre
    paresse des lumières éclatantes
    les bateaux nfoùnfa nfoùnfa nfoùnfa
    je lui enfonce les cierges dans les
    oreilles gangànfah hélicon et
    boxeur sur le balcon le violon
    de l'hôtel en baobabs de flammes
    les flammes se développent en
    formation d'éponges

    les flammes sont des éponges ngànga et frappez
    les échelles montent comme le sang gangà
    les fougères vers les steppes de
    laine mon hazard vers les cascades
    les flammes éponges de verre les
    paillasses blessures paillasses
    les paillasses tombent wancanca
    aha bzdouc les papillons
    les ciseaux les ciseaux les ciseaux
    et les ombres
    les ciseaux et les nuages les ciseaux
    les navires
    le thermomètre regarde l'ultra-rouge
    gmbabàba
    berthe mon éducation ma queue
    est froide et monochromatique
    nfoua loua la
    les champignons oranges et la
    famille des sons au delà du tribord
    à l'origine à l'origine le triangle
    et l'arbre des voyageurs à l'origine

    mes cerveaux s'en vont vers l'hyperbole
    le caolin fourmille dans sa boîte crânienne
    dalibouli obok et tòmbo et tòmbo
    son ventre est une grosse caisse
    ici intervient le tambour major
    et la cliquette
    car il y a des zigzags sur son
    âme et beaucoup de rrrrrrrrrrrrrr
    ici le lecteur commence à crier
    il commence à crier commence à
    crier puis dans ce cri il y a des
    flûtes qui se multiplient--des corails
    le lecteur veut mourir peut-être
    ou danser et commence à crier
    il est mince idiot sale il ne comprend
    pas mes vers il crie
    il est borgne
    il y a des zigzags sur son âme
    et beaucoup de rrrrrrr
    nbaze baze baze regardez la tiare
    sousmarine qui se dénoue en algues d'or
    hozondrac trac
    nfoùnda nbabàba nfoùnda tata
    nbabàba



    MOUVEMENT


    gargarisme astronomique
    vibre vibre vibre vibre dans la
    gorge métallique des hauteurs
    ton âme est verte est météorologique empereur
    et mes oreilles sont des torches végétales

    écoute écoute écoute j'avale mbampou
    et ta bonne volonté
    prends danse entends viens tourne
    bois vire ouhou ouhou ouhou
    faucon faucon de tes propres
    images amères
    mel o mon ami tu me soulèves le
    matin à panama
    que je sois dieu sans importance
    ou colibri
    ou bien le phœtus de ma servante
    en souffrance
    ou bien tailleur explosion couleur
    loutre
    robe de cascade circulaire chevelure
    intérieure lettre qu'on reçoit
    à l'hôpital longue très longue lettre
    quand tu peignes consciencieusement
    tes intestins ta chevelure intérieure
    tu es pour moi insignifiant comme
    un faux-passeport
    les ramoneurs sons bleus à midi
    aboiement de ma dernière clarté
    se précipite dans le gouffre de
    médicaments verdis ma chère mon parapluie
    tes yeux sont clos les poumons aussi
    du jet-d'eau on entend le pipi
    les ramoneurs

    [Illustration]



    LA GRANDE COMPLAINTE
    DE MON
    OBSCURITÉ UN


    froid tourbillon zigzag de sang
    je suis sans âme cascade sans
    amis et sans talents seigneur
    je ne reçois pas régulièrement les
    lettres de ma mère
    qui doivent passer par la russie
    par la norvège et par l'angleterre
    les souvenirs en spirales rouges
    brûlent le cerveau sur les marches
    de l'amphithéâtre
    et comme une réclame lumineuse
    de mon âme, malheur jailli de
    la sphère
    tour de lumière la roue féconde
    des fourmis bleues
    nimbe sécheresse suraiguë des douleurs

    viens près de moi que la prière
    ne te gêne pas elle descend dans
    la terre comme les scaphandres
    qu'on inventera
    alors l'obscurité de fer en vin et
    sel changera
    simplicité paratonnerre de nos
    plantes prenez garde
    les paratonnerres qui se groupent
    en araignée
    ainsi je deviens la couronne d'un
    christ énorme
    pays sans forme arc voltaïque

    les aigles de neige viendront
    nourrir le rocher
    où l'argile profonde changera en lait
    et le lait troublera la nuit les
    chaînes sonneront
    la pluie composera des chaînes lourdes
    formera dans l'espace des roues
    des rayons
    le sceptre au milieu parmi les branches
    les vieux journaux les tapisseries
    un paralytique
    nimbe sécheresse
    roue féconde des fourmis bleues

    seigneur doigt d'or fourneau
    sphingerie
    pourquoi l'étrangler pourquoi
    après le coup de foudre la marche
    militaire éclatera
    mon désespoir tube en fer d'étain
    mais pourquoi pourquoi alors?
    ainsi ainsi toujours mais le chemin
    tu dois être ma pluie mon
    obscurité mon métal mon
    circuit ma pharmacie nu
    mai plânge nu mai plânge
    veux-tu



    LA GRANDE COMPLAINTE
    DE MON
    OBSCURITÉ DEUX


    regarde mes cheveux ont poussé
    les ressorts du cerveau sont des
    lézards jaunis qui se liquéfient
    parfois
    le pendu
    troué
    arbre
    le soldat
    dans les régions boueuses où
    les oiseaux se collent en silence
    chevalier astral
    tapisseries fanées
    acide qui ne brûle pas à la manière
    des panthères dans les cages
    le jet-d'eau s'échappe et monte
    vers les autres couleurs

    tremblements
    souffrance ma fille du rien bleu
    et lointain
    ma tête est vide corne une armoire d'hôtel
    dis-moi lentement les poissons
    des humbles tremblent et se cassent
    quand veux-tu partir
    le sable
    passe-port
    désir
    et le pont rompre à tierce résistance
    l'espace
    policiers
    l'empereur
    lourd
    sable
    quelle meuble quelle lampe inventer
    pour ton âme
    septembre de papier gaz
    dans l'imprimerie

    je t'aime les citrons qui gonflent
    sur la glace nous séparent ma
    mère mes veines le long du seigneur
    ma mère
    ma mère ma mère tu attends dans
    la neige amassée électricité
    fabuleux
    discipline
    les feuilles se group en constructions
    d'ailes nous tranquillisent
    sur une île et monte comme
    l'ordre des archanges

    feu blanc



    VERRE TRAVERSER PAISABLE


    la joie des lignes vent autour de
    toi calorifère de l'âme
    fumée vitesse fumée d'acier
    géographie des broderies en soie
    colonisée en floraison d'éponges
    la chanson cristallisée
    dans le
    vase du corps avec la fleur de
    fumée

    vibration du noir
    dans ton sang
    dans ton sang d'intelligence et de
    sagesse du soir
    un œil ridé bleu dans un verre clair
    je t'aime je t'aime
    une verticale descend dans ma
    fatigue qui ne m'illumine plus
    mon cœur emmitouflé dans un
    vieux journal
    tu peux le mordre: siffler
    partons
    les nuages rangés dans la fièvre
    des officiers
    les ponts déchirent ton pauvre
    corps est très grand voir ces
    ciseaux de voie lactée et découper
    le souvenir en formes vertes
    dans une direction toujours dans
    la même direction
    s'agrandissant toujours s'agrandissant



    DROGUERIE--CONSCIENCE


    de la lampe d'un lys naîtra un
    si grand prince
    que les jets-d'eau agrandiront les usines
    et la sangsue se transformant en
    arbre de maladie
    je cherche la racine seigneur immobile
    seigneur immobile
    pourquoi alors oui tu apprendras
    viens en spirale vers la larme
    inutile

    perroquet humide
    cactus de lignite gonfle-toi entre
    les cornes de la vache noire
    le perroquet creuse la tour le
    mannequin saint

    dans le cœur il y a un enfant--une lampe
    le médecin déclare qu'il ne passera
    pas la nuit

    puis il s'en va en lignes courtes
    et aigues silence formation silencieuse

    quand le loup chassé se repose
    sur le blanc
    l'élu chasse ses enfermés
    montrant la flore issue de la mort
    qui sera cause
    et le cardinal de france apparaîtra
    les trois lys clarté fulgurale vertu
    électrique
    rouge long sec peignant poissons
    et lettres sous la couleur

    le géant le lépreux du paysage
    s'immobilise entre deux villes
    il a des ruisseaux cadence et les
    tortues des collines s'accumulent lourdement
    il crache du sable pétrit ses poumons
    de laine s'éclaircir
    l'âme et le rossignol tourbillonnent
    dans son rire--tournesol
    il veut cueillir l'arc-en-ciel mon
    cœur est une astérie de papier

    à missouri au brésil aux antilles
    si tu penses si tu es content lecteur
    tu deviens pour un instant
    transparent
    ton cerveau éponge transparente
    et danc cette transparence il y
    aura une autre transparence plus lointaine
    lointaine quand un animal nouveau
    bleuira dans cette transparence



    RETRAITE


    oiseaux enfance charrues vite
    auberges
    combat aux pyramides
    18 brumaire
    le chat le chat est sauvé
    entrée
    pleure
    valmy
    vive vire rouge
    pleures
    dans le trou trompette lent grelots
    pleure
    les mains gercées des arbres ordre
    pleure
    lui
    postes
    vers le blanc vers l'oiseau
    pleurons
    vous pleurez
    glisse

    tu portes clouées sur tes cicatrices
    des proverbes lunaires
    lune tannée déploie sur les horizons
    ton diaphragme
    lune œil tanné dans un liquide
    visqueux noir
    vibrations le sourd
    animaux lourds fuyant en cercles
    tangents
    de muscles goudron chaleur
    les tuyaux se courbent tressent
    les intestins
    bleu

    [Illustration]



    SAINTE


    formation marine pierreuse ascendance
    arborescente
    multiplication mon souvenir dans
    les guitares du trembles mon souvenir
    le caphre le clown le gnou
    enguirlandent l’engrenage
    l’ange se liquéfie dans un
    médicament et dissonances
    grimpent sur le paratonnerre
    devenir panthères navires engrenage
    arc-en-ciel qui les aspire
    les sons tous les sons et les sons
    imperceptibles et tous les sons
    se coagulent
    ma chère si tu as mal à cause
    des sons tu dois prendre une pilule
    concentration intérieure craquement
    ment des mots qui crèvent
    crépitent les décharges électriques
    des gymnotes l’eau qui se déchire
    quand les chevaux traversent les
    accouplements lacustres
    toutes les armoires craquent
    la guerre
    là-bas
    o le nouveau-né qui se transforme
    en pierre de granit qui
    devient trop dur et trop lourd pour
    sa mère le chant du lithotomiste
    broie la pierre dans la
    vessie il y enfonce des lilas et
    des journaux

    silence fleur de soufre
    fièvre typhoïde silence
    le cœur horloge microbes sable
    mandragore
    au vent tu l'agites comme la torche
    de mercure vers le nord
    l'herbe lézards pourris ô mon
    sommeil attraper les mouches caméléon
    astronomique
    ô mon sommeil d'aniline et de
    zoologie
    ta tête sectionnée pourrait siffler
    de belles couleurs
    jadis la nuit jardin chimique
    mettait les ordres de l'ambassadeur
    la lumière propre circulaire verdie
    dans le cœur des icônes
    quand tu marches dans l'eau les
    poissons multicolores se composent
    autour des pieds comme la fleur
    les rayons solaires de l'accouchement
    l'oniromancienne au cœur boréal
    la grande chandelle dans le puits
    les fruits les œufs et les jongleurs
    se rangent dans nos nuits
    autour du soleil gélatineux pour
    notre lumière qui est une maladie

    [Illustration]



    SAGE DANSE MARS


    la glace casse une lampe fuit
    et la trompette jaune est ton
    poumon et carré les dents de
    l'étoile timbre poste de jésus-fleurchemise
    la montre tournez
    tournez pierres du noir
    dans l'âme froide je suis seul
    et je le sais je suis seul et danse
    seigneur tu sais que je l'aime
    vert et mince car je l'aime grandes
    roues broyant l'or fort voilà celui
    qui gèle toujours
    marche sur les bouts de mes pieds
    vide tes yeux et mords l'étoile
    que j'ai posée entre tes dents
    siffle
    prince violon siffle blanc d'oiseaux



    SAGE DANSE DEUX


    accroissement d'un brouillard d'hélices imprévues
    arc voltaïque impassible visse
    les corridors échine des maisons
    et la fumée
    gradation du vent qui déchire le linge
    dans un tiroir la tabatière écorces
    d'oranges et des ficelles
    ô soupape de mon âme vidée
    la fiole liée au cou
    les trains se taisent tout d'un coup



    PÉLAMIDE


    a e ou o youyouyou i e ou o youyouyou
    drrrrrdrrrrdrrrrgrrrrgrrrrrgrrrrrrrr
    morceaux de durée verte voltigent
    dans ma chambre
    a e o i ii i e a ou ii ii ventre
    montre le centre je veux le prendre
    ambran bran bran et rendre
    centre des quatre
    b e n g  b o n g  b e n g  b a n g
    où vas-tu iiiiiiiiupft
    machiniste l'océan a o u ith
    a o u ith i o u ath a o uith o u a ith
    les vers luisants parmi nous
    parmi nos entrailles et nos directions
    mais le capitaine étudie les indications
    de la boussole
    et la concentration des couleurs
    devient folle
    cigogne litophanie il y a ma
    mémoire et l'ocarina dans la pharmacie
    sériciculture horizontale des bâtiments
    pélagoscopiques
    la folle du village couve des
    bouffons pour la cour royale
    l'hôpital devient canal
    et le canal devient violon
    sur le violon il y a un navire
    et sur le bâbord la reine est
    parmi les émigrants pour mexico



    LA GRANDE COMPLAINTE
    DE MON
    OBSCURITÉ TROIS


    chez nous les fleurs des pendules
    s'allument et les plumes encerclent
    la clarté
    le matin de soufre lointain les
    vaches lèchent les lys de sel
    mon fils
    mon fils

    traînons toujours par la couleur
    du monde
    qu'on dirait plus bleue que le
    métro et que l'astronomie
    nous sommes trop maigres
    nous n'avons pas de bouche
    nos jambes sont raides et s'entrechoquent
    nos visages n'ont pas de forme
    comme les étoiles
    cristaux points sans force feu
    brûlée la basilique
    folle: les zigzags craquent
    téléphone
    mordre les cordages se liquéfier
    l'arc
    grimper
    astrale
    la mémoire
    vers le nord par son fruit double
    comme la chair crue
    faim feu sang



    FROID JAUNE


    nous allons nuages parmi les
    esquimaux
    embellir la convalescence de nos
    pensées botaniques
    sous les crépuscules tordus
    ordure verdie vibrante
    blan

    j'ai rangé mes promesses confiserie
    hôtelier dans sa boutique
    paulownias définitives
    l'éloignement se déroule glacial
    et coupant comme une diligence
    éloignement pluvieux
    adolescent
    ailleurs sonore
    piéton fiévreux et pourri et
    rompu et broderies réparables
    je pensais à quelque chose de
    très scabreux
    calendrier automnal dans chaque arbre
    mon organe amoureux est bleu
    je suis mortel monsieur bleubleu

    et du cadavre monte un pays étrange
    monte monte vers les autres astronomies

    [Illustration]



    LE DOMPTEUR DE
    LIONS SE SOUVIENT


    regarde-moi et sois couleur
    plus tard
    ton rire mange soleil pour lièvres
    pour caméléons
    serre mon corps entre deux lignes
    larges que la famine soit lumière
    dors dors vois-tu nous sommes
    lourds antilope bleue sur glacier
    oreille dans les pierres belles
    frontières--entends la pierre
    vieux pêcheur froid grand sur
    lettre nouvelle apprendre les filles
    en fil de fer et sucre tournent
    longtemps les flacons sont grands
    comme les parasols blancs entends
    roule roule rouge
    aux colonies
    souvenir senteur de propre pharmacie
    vieille servante
    cheval vert et céréales
    corne crie
    flûte
    bagages ménageries obscures
    mords scie veux-tu
    horizontale voir



    PRINTEMPS

    _à h arp_


    placer l'enfant dans le vase au
    fond de minuit
    et la plaie
    une rose des vents avec tes doigts
    aux belles ongles
    le tonnerre dans des plumes voir
    une eau mauvaise coule des
    membres de l'antilope

    souffrir en bas avez-vous trouvé
    des vaches des oiseaux?
    la soif le fiel du paon dans la cage
    le roi en exil par la clarté du
    puits se momifie lentement
    dans le jardin de légumes
    semer des sauterelles brisées
    planter des cœurs de fourmis le
    brouillard de sel une lampe tire
    la queue sur le ciel
    les petits éclats de verreries dans
    le ventre des cerfs en fuite
    sur les points des branches noires
    courtes pour un cri

    [Illustration]



    AMER AILE SOIR


    par astronomique révolution nocturne
    tu m'as donné connaissance
    papier
    ami
    architecture
    suède
    attendre
    je téléphone ailes et tranquillité
    d'un instant de limite construire
    en colonnes de sel: des lampes
    de nuage neige et lampions de
    musique zigzag proportions anneaux
    monts de jaune jaune jaune
    jaune ô l'âme qui siffla la strophe
    du tuyau jauni en sueur d'encensoir
    la sœur du noir mémoire miroir
    les tubes craquent et s'élèvent
    et les crécelles éclatent séparant
    l'air en zigzag

    dans les poumons obscurs profondément
    le sommeil est rouge
    dur
    les grillages des squelettes lourds
    les eaux adorent la direction vers
    quelle aile d'ébène illuminée est-tu
    tu partie
    mère
    s'étioler
    traverse
    pourquoi
    sanglant

    roi
    origine
    chandelle
    mes pensées s'en vont--au pâturage
    les moutons--vers l'infini
    symétriquement
    domestique
    les colliers lourds de lumière
    noire
    maigre
    surface
    pierre



    SOLEIL NUIT


    son roi de glace et son nom descend
    et apparaît en mer dans le poisson
    le requin son corps
    gardien maritime
    naître
    voracité ouverte aux sons des
    lances et de la porte verte

    sois ma sœur en large marche
    de planète
    trop longtemps j'ai vu squelette
    les
    mannequins aux parapluies dans
    la mine blanche
    chaude

    et je dessine le pays et tes bijoux
    sont des yeux vivants
    la vache accoucha un grand œil
    vivant de douleur ou de fer
    au bord de la mer monte en
    spirale la sphère
    la tempête

    la vierge écrasa sa chair et mourut
    dans le désert
    le feu à l'intérieur de grosses
    pierres volcaniques
    son image et les fruits
    la pluie sera fleur de la famine
    de la sécheresse
    manteau imperméable de nos
    cœurs facilite-nous la fuite et
    l'embarcation du seigneur couvert
    de plantes



    MOI TOUCHE-MOI
    TOUCHE-MOI SEULEMENT


    tu fumes la pipe amère dans la
    nuit mes dents sont plus blancs
    étoile dans le coffre-fort remue
    vivement digère sur la pierre feu
    jaune mon frère
    gymnastique dans l'autre chambre
    tuyaux tuyaux arrangez-vous
    verticale coupée
    interrompre
    mécanisme drrrrr rrrrrrrr barres
    écartées
    ébranlement des rayons perce-nous
    trouves le chemin de la cité
    nos racines nos bouts de cigarettes
    allumées fixées en tout
    petits champignons dans le cerveau
    humide
    bateau rouge accroché au-dessus
    de l'eau
    tu ne peux pas dormir à côté de moi
    je suis tramway quelque-part va-et-vient
    dans l'amour
    le bruit dans la gorge des grands
    chats en métal vide
    mes veines sont couvertes de
    bracelets
    mordues

    dans mon corps des masses obscures
    coussins qui gonflent
    sur l'eau d'amertume verdi est
    le cœur
    l'explosion
    sans savoir comment ni pourquoi
    serrées courtes
    montrent le chemin
    d'un coup
    pourrir en or de pierre grande
    dense



    DANSE CAOUTCHOUC VERRE


    maladie obscurité fleurir en allumettes
    dans nos organismes geler

    moi touche-moi
    touche-moi seulement
    escargot monte sur axe pays blanc

    vent veut
    incolore
    veut veut
    trembles
    veut
    qui qui oui veut

    monsieur
    tzacatzac
    parasol
    casse casse
    glace glisse
    monsieur

    monsieur
    noix d'encre fait un bruit la fleur-timbre-poste



    PAYS VOIR BLANC

    _à maya chrusecz_


    les ors des 10 heures ont brisé
    la mort
    brûlé la fenêtre en argile et or
    séparer le bon de l'eau dans des
    carrés de cuir
    et le poisson alerte fixé avec une
    épingle

    cuire des yeux d'or d'insecte
    je suis la mauvaise vibration de
    la chaleur
    dans les battements du cœur strié

    les os sont aussi des cuillères
    pour ton âme
    mais nous voulons reconstruire
    vert sonore sous porcelaine
    dort dans le crâne

    et poursuis les petits hommes
    dans leur voyelle
    coupe-les par le train le long de
    la sonnerie
    et poursuis les petits hommes
    dans leur voyelle
    le petit feu dans le calice
    et poursuis les petits hommes
    dans leur voyelle
    poursuis les petits les petits
    hommes dans leur voyelle



    SAUT BLANC CRISTAL

    à m ianco


    sur un clou
    machine à coudre décomposée en hauteur
    déranger les morceaux du noir
    voir jaune couler
    ton cœur est un œil dans la boîte
    de caoutchouc
    coller à un collier d'yeux
    coller des timbres-postes sur tes
    yeux

    partir chevaux norvège serrer
    bijoux vers tourner sèche
    veux-tu? pleure
    lèche le chemin qui monte vers
    la voix

    abraham pousse dans le cirque
    tabac dans ses os fermente
    abraham pousse dans le cirque
    pisse dans les os
    le chevaux tournent ont des
    lampes électriques au lieu des têtes
    grimpe grimpe grimpe grimpe
    archevêque bleu tu es un violon
    en fer
    et glousse glousse
    vert
    chiffres



    PETITE VILLE EN SIBÉRIE


    une lumière bleue qui nous tient
    ensemble aplatis sur le plafond
    c'est comme toujours mon camarade
    comme une étiquette des portes
    infernales collées sur un flacon
    de médecine
    c'est la maison calme mon ami
    tremble
    et puis la danse lourde courbée
    offre la vieillesse sautillant d'heure
    en heure sur le cadran
    le collier intact des lampes de
    locomotives coupées descend
    quelquefois parmi nous
    et se dégonfle tu nommes cela
    silence boire toits en fer-blanc
    lueur de boîte de hareng et mon
    cœur décent sur des maisons
    basses plus basses plus hautes
    plus basses sur lesquelles je
    veux galoper et frotter la main
    contre la table dure aux miettes
    de pain dormir oh oui si l'on
    pouvait seulement
    le train de nouveau le veau
    spectacle de la tour du beau je
    reste sur le banc
    qu'importe le veau le beau le
    journal ce qui va suivre il fait
    froid j'attends parles plus haut
    des cœurs et des yeux roulent
    dans ma bouche
    e n  m a r c h e
    et des petits enfants dans le sang
    [est-ce l'ange? je parle de celui qui
    s'approche]
    courons plus vite encore
    toujours partout nous resterons
    entre des fenêtres noires


    [Illustration]



    GARE


    danse crie casse
    roule j'attends sur le banc
    tout-de-même quoi? les nerfs sont
    silences
    d'instants coupés

    lis tranquillement
    virages
    le journal
    regarde qui passe?

    je ne sais pas
    si je suis tout seul
    la lumière écoute mais de quel
    côté et pourquoi

    le vol d'un oiseau qui brûle
    est ma force virile sous la coupole
    je cherche asile au fond flamboyant
    volant du rubis

    j'ai donné mon âme
    à la pierre blanche
    dieu sans réclame
    précis et sage

    ordre en amitié
    dire: la douleur du feu
    a noirci mes yeux
    et je les ai jetés dans la cascade

    partir
    vois mon visage
    dans le cercle du soir ou dans
    la valise
    ou dans la cage neige

    je pars ce soir
    l'étincelle pleure
    dans mon lit dans l'usine
    hurlent les chiens et les jaguars

    as-tu aussi donné ton âme
    à la pierre bracelet
    saltimbanque au crâne oblong
    mon frère monte

    je fus honnête
    sœur infini
    fini pour cette
    nuit

    cœurs des pharmacies plantes
    s'ouvrent aux lueurs sphéroïdales
    et les liqueurs de la religion
    c'est vrai
    les lions et les clowns



    [Illustration]



    INSTANT NOTE FRÈRE


    rien ne monte rien ne descend
    aucun mouvement latéral
    il se lève
    rien ne bouge ni l'être ni le non-être
    ni l'idée ni le prisonnier enchaîné
    ni le tramway
    il n'entend rien autre que lui
    ne comprend rien autre que les
    chaises la pierre le froid l'eau--connaît
    connaît passe à travers la matière dure
    n'ayant plus besoin d'yeux il les
    jette dans la rue
    dernier éclat du sang dans les
    ténèbres
    dernier salut
    il arrache sa langue--flamme
    transpercée par une étoile
    tranquillisée
    automne morte comme une feuille
    de palmier rouge

    et réabsorbe ce qu'il a nié et
    dissolu le projette dans l'autre
    hémisphère seconde saison de
    l'existence
    comme les ongles et les cheveux
    croissent et retournent



    REMARQUES


    femme étrange à double masque
    courve blanche d'une danse obscène
    viens près de moi seul accord
    de membres las
    opinions sans importance spéciale
    bleu équivoque sang d'ébène
    et le pourboire

    cache ton désir
    devant la mort à huit heures vingt
    si je pouvais recommencer la
    nuit ce matin
    dieci soldi: voilà
    mon âme

    tu n'auras point ce soir
    le dernier raffinement de ma
    virilité
    depuis longtemps j'ai surpassé
    l'industrie mensongère
    où tu traînes en ce moment ton
    être de soleil putride

    ainsi je passe tu passes comme
    la mère l'enfant
    lentement plus vite lentement
    un après l'autre ou tous ensemble
    œil de souteneur en or d'éternité
    timide
    disparaît
    cloche d'un sentiment du rastaqouère
    reine sage-femme
    et c'est tout-à-fait dépourvu d'intérêt


    [Illustration]



    Il a été tiré
    de cet ouvrage
    dix exemplaires sur hollande
    numérotés de un à dix
    et signés par les auteurs

    Ces poèmes
    écrits entre mil neuf cent quinze
    et mil neuf cent dix-huit
    ont été achevé d'imprimer
    chez j heuberger à zurich
    le vingt juin mil neuf cent dix-huit
    pour la collection dada zurich
    zeltweg quatre vingt-trois

    Du même auteur:
    la première aventure céleste de
    mr antipyrine
    avec des bois gravés et coloriés
    par m janco





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