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Title: Fleurs sauvages - Poésies Author: Valois, Léonise Language: French As this book started as an ASCII text book there are no pictures available. *** Start of this LibraryBlog Digital Book "Fleurs sauvages - Poésies" *** Au lecteur Cette version électronique reproduit dans son intégralité le texte de la version originale. FLEURS SAUVAGES ATALA FLEURS SAUVAGES POÉSIES MONTRÉAL LIBRAIRIE BEAUCHEMIN LIMITÉE 79, rue Saint-Jacques Offrande _A mes amis._ Mes vers, vous les voulez, à vous donc je les donne Avec mon amitié, Et que votre indulgence, amis, me les pardonne S'ils vous font trop pitié. Faites leur bon accueil, ce sont d'humbles fleurettes A l'obscure valeur, Ecloses dans ce bois aux intimes cachettes Qui se nomme le cœur. Je leur aurais voulu plus de coquetterie Mais, je les vois trembler! Si vous ne trouviez pas leur grâce assez jolie Pour les en rassurer. Considérez un peu leur nature sauvage Et leur humilité, J'ose vous demander bon cœur et bon visage Pour leur timidité. Et si trop de rosée a couvert leur faiblesse D'un voile de regrets, Il leur faut bien porter le deuil de ma jeunesse Pour les yeux indiscrets. Elles n'aspirent point à ce succès de gloire Des parfums enivrants, A vous de découvrir ce qui rend méritoire, La fleur des bois, des champs. Mes vers, vous les voulez, à vous donc je les donne Avec mon amitié, Et que votre indulgence, amis, me les pardonne S'ils vous font trop pitié. Le Réveil[1] _A Antonio Pelletier._ Mon cœur est un oiseau meurtri Souffrant encor de sa blessure, En l'éveillant, il a gémi Puis s'est rappelé sa nature. Ses ailes ont perdu l'essor Et vers le ciel bleu qui le tente Il voudrait s'envoler encor Mais appréhende la descente. Ses notes n'ont plus cet accent Où vibrait sa vive tendresse, Il s'en rend compte et se repent D'avoir autant de hardiesse. Malgré tout, il voudrait chanter, Et dans l'effort de cette lutte Il ne parvient qu'à soupirer Le trouble auquel il est en butte. Ma muse ingrate ne veut plus Régler les cordes de ma lyre Et dans ce désordre confus Je vous fais part de mon martyre. [1] _Cette poésie a été écrite peu de temps après la mort de mon père._ Migration d'Oiseaux Petits oiseaux, cher peuple heureux, Qui dédaignez le terre-à-terre, Pourquoi vous faut-il d'autres cieux Avec un climat moins sévère? Vos gais trémolos sont si doux, Qu'on les croit un besoin pour l'âme; Si vous ne chantez plus pour nous, Il nous faudra d'autre dictame. Pourquoi partir quand on vous aime; Nos cœurs voudraient vous retenir; Pourquoi la nature elle-même Vous porte-t-elle à vous enfuir? Partez, partez, petits oiseaux, Ne retardez plus le voyage; Le vent a courbé les roseaux, Et l'hiver fera bientôt rage. Quand vous reviendrez au printemps, Vous aurez d'autres cantilènes, Si vous trouvez des changements Vous adoucirez d'autres peines. Car durant votre longue absence, Combien d'âmes s'envoleront! Dans un mystérieux silence, Que de bonheurs se flétriront! Et si le sort garde un sourire Pour certains favoris qu'il sert, A côté des cœurs en délire, Combien d'autres auront souffert! Partez, partez, cher peuple heureux, Sans trop regarder en arrière, Car votre chant toujours joyeux Deviendrait une plainte amère. Puis, vous nous reviendrez, sans doute, Avec plusieurs autres chansons, Que vous recueillerez en route Pour bercer nos illusions. Un Rêve _Pour le concours de Gaétane._ J'ai rêvé pour nous deux d'un éternel _printemps_ Avec un soleil d'or égayant la _colline_, Ou nous allons souvent lorsque le jour _s'incline_, Tout émus, contempler les déclins _éclatants_. Sur le riant plateau que le zénith _domine_, A l'ombre des vieux pins qui bravent les _autans_, Nous y ferions bâtir à l'épreuve du _temps_ Un asile au bonheur, à l'extase _divine!_ Nous verrions là des ans dénier l'heureux _cours_; Seul le babil des nids troublerait le _silence_ De ce très doux séjour borné dans sa _distance_. Des rosiers fleuriraient sans craindre les _retours_ Des âpres vents d'automne, et notre amour _immense_ Captif en cet Eden, rayonnerait... _toujours!_ L'Envol de Gabrielle _A Madame Chas. F. Lalonde._ Où va donc ce souffle d'amour, Souffle parfumé d'innocence, Quittant ce terrestre séjour Dans un mystérieux silence? Où va donc se perdre à jamais, Cette âme timide et légère, Ne laissant d'elle que regrets Dans le cœur brisé d'une mère? Ah! sous les voûtes éternelles, Dans ce lieu brillant de splendeur, Il se fit un déploiement d'ailes Les anges réclamaient leur sœur. Mais quand Dieu permit de cueillir Cette âme-sœur, fleur de mystère, A leur séraphique désir Répondit un sanglot sur terre. L'ange, de cet ordre chargé, Cherchant une âme, la plus belle, Dans sa prière a murmuré Le nom béni de _GABRIELLE_. Rayons, Papillons et Fleurs _A l'intention d'une jeune fille._ Les fleurs s'effraient des doux rayons Qui semblent rechercher leur ombre, Et c'est la faute aux papillons Qui leur font un destin trop sombre. Pourtant, si les uns sont méchants Et les froissent par purs caprices, Les autres, toujours bienfaisants, Ne leur apportent que délices. Car si le papillon meurtrit La fleur sous sa feinte caresse, Le doux rayon toujours sourit A l'amour pur, à la tendresse. Es-tu rayon ou papillon? Es-tu lumière ou luciole? Toi, dont je veux savoir le nom Tant je redoute un dieu frivole. Papillon! fuis-moi, je te crains! Je me soustrais à ton empire, Je trouve tes charmes trop vains Pour leur accorder un sourire. Rayon! toi qui fais de velours Le rêve d'une _Sensitive_ A toi d'illuminer toujours Son Idéal... afin qu'il vive! Nos Petits Souvenirs Ils sont là, tout vivants, mes plus chers souvenirs, Ils sont là relégués au fond de leur demeure, Coffret aux vieux chiffons de regrets, de plaisirs, Qui font qu'en les voyant, l'on sourit ou l'on pleure. Reliques! doux trésors! que dites-vous tout bas A la femme qui songe et près de vous soupire? Des mots mystérieux qui ne s'expriment pas, Mais provoquent toujours une larme, un sourire. Vous dites qu'ici bas, tout se change en douleur, Que le plus beau rêve est une pure folie, Un mirage trompeur, et que de notre cœur Tombe l'illusion, même la plus chérie. Vous êtes là vivants, mes tendres souvenirs, Je veux vous contempler, pieux débris que j'aime, Vieux chiffons tout remplis de regrets, de plaisirs, En chacun, je retrouve une part de moi-même! A Botrel L'âme de ta patrie a pénétré notre âme, Et son cœur par tes chants a fait vibrer nos cœurs, O poète breton! De ton souffle de flamme S'échappent en rayons ses exquises senteurs. Tous déjà, nous l'aimions ce pays qui t'est cher, Avec sa lande verte et ses rudes montagnes, Ses granits tant vantés et son étrange mer Qui sanglote toujours le deuil de vos compagnes. Combien nous aimerons les contes des lits-clos, Les légendes des vieux de la côte bretonne, Nous aimerons bien plus ce fier peuple en sabots Que ta chanson nous dit avoir l'âme si bonne! Déjà, tu veux partir!--Avec profond regret Nous verrons s'éloigner de la France nouvelle Le barde très gaulois, la fileuse au rouet Dont le charme enchanteur rend ton œuvre plus belle. O ta douce Bretagne où l'on chante, où l'on prie! Il te tarde revoir le cher sol de Port-Blanc, Son clocher et ses rocs embellissant ta vie Avec les braves gens que ton cœur aime tant! Barde! j'évoque ainsi votre patrie absente, Pardonnez-moi tous deux, ô gentils troubadours, Car c'est bien elle enfin, que votre voix vibrante Chante en accents émus. Beau pays de velours! Mais tu verras Québec aux vieux murs lézardés, La ville aux souvenirs te semblera bretonne Peut-être, et si tu vas à la Côte Beaupré Sainte Anne te dira qu'elle est notre patronne. Trop tôt, vous partirez au pays de St-Yves Humer l'air des ajoncs! A "Ti-Chansonniou" Vous parviendront encor les parfums de nos rives Doux pinson et fauvette, amis, souvenez-vous! Le Don des Larmes "_Pleurer est doux, pleurer est bon souvent._" (Hugo). Madeleine, écrasée au pied du saint gibet, Frémissante, éperdue y versait en silence Des larmes de douleur. Ce langage muet Toucha le Divin Maître expirant de clémence. Son Ame en fut émue et trouva le secret De consoler les cœurs, ne trouvant d'espérance Qu'en Lui seul et sa Croix. O salutaire effet De la pitié d'un Dieu qui vit cette souffrance! Alors, se rappelant que la femme eut pour lot La faiblesse et les pleurs, Il bénit le sanglot, Il mit de la douceur dans ce vrai _don des larmes_. Et l'âme au ciel obscur s'éclaira du pardon, C'était après la pluie un effet de rayon, Tout cœur qui se déchire en savoure les charmes. Calendrier Le vieux calendrier a fait place au nouveau, Car de la nuit des temps naît une aube nouvelle, Et ses premiers rayons brillent sur le berceau De l'année au matin, qui veut paraître belle. Toi, dont le seul aspect porte à nous recueillir, Joli calendrier à la fine parure, Quel est donc ton secret? Et ces jours à venir Doivent-ils donc changer l'homme avec la nature? Les arbres au _printemps_ donneront leur feuillage, Dans les nids reverdis les oiseaux reviendront, Dans les bois, dans les prés, vibrera leur ramage, Insouciants comme eux, les _enfants chanteront_. A l'_été_, le soleil au ciel bleu qui rayonne Réchauffera la terre et les fleurs rougiront Sous cet ardent baiser; si la saison est bonne Pour tous les amoureux, _les belles souriront_. A l'_automne_ doré, se courberont les branches, Les feuilles en mourant des arbres tomberont, Le ciel sera plus gris, les nuits seront plus blanches, Et contemplant les fruits, _les mères songeront_. Puis quand viendra l'_hiver_, et sa neige éclatante, Le froid glacera tout, les ondes se tairont, Mais au fond des vieux cœurs une source brûlante Ne saurait refroidir, _les vieilles pleureront_. Noces d'Or. _Avec cadeau à des vieillards-amis._ Bénis les cœurs aimants qu'un nœud sacré resserre Au début de leur vie! Ils vont heureux sur terre Sous le regard de Dieu, l'un pour l'autre, un trésor! Et leur amour bien mûr rayonne aux Noces d'Or. Départ d'Ange _A Madame Théo. Bourdeau._ Il s'est levé pour vous un jour plein de souffrance Où vous avez pâli sous l'atroce douleur, Ce morne jour a fui vous ôtant l'espérance De ravir à la mort votre ange de bonheur. Que vous avez souffert de ce brusque départ! Du petit chérubin au regard si limpide, Qui de votre existence avait pris une part Et dont il reste hélas! un triste berceau vide! Un pur et saint espoir calme la peine amère Ces anges, Dieu les place en un heureux séjour, Pourquoi lui préférer notre monde éphémère Parsemé des chagrins qu'on cueille chaque jour? Ne regrettez donc plus sa présence si chère, Sur cette âme d'élite, ah! pourquoi tant pleurer? Heureux l'être innocent qui n'a vu que sa mère Et s'endort pour toujours sous son chaste baiser! Idéales Sympathies Un jour, le Rêve ailé planant dans le ciel bleu, Tout comme un libre oiseau qui dédaigne la terre, Songeait dans son envol au long regard de feu Des étoiles du soir se voilant de mystère. Le bonheur, pensait-il, doit se trouver ici, Dans ce stellaire Eden, d'où s'échappe la flamme, La clarté, la chaleur, le rayon adouci, Qui pénètre le cœur, émeut l'esprit et l'âme. Et dans l'immense éther où se déploient mes ailes, Dans ce vol aérien où flottent mes désirs, Le souffle de ma vie aux sphères éternelles Porte en hommage à Dieu mes chants et mes soupirs. Je ne descendrai plus dans ce pays des fleurs Où les papillons fous chagrinent tant les roses, Les perles de l'azur ne troublent pas les cœurs Et les rayons du ciel ont la pitié des choses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ainsi pensait le Rêve enivré de délices, Quand soudain de la terre, il monta des sanglots; Et ces bruits douloureux étaient sans artifices, L'amertume d'une âme en débordait à flots. Le Rêve n'y tint plus, et vers cette souffrance Il dirigea son vol. Quittant là l'idéal Et ses charmes divins, vers la voix il s'élance, Oubliant un moment le monde sidéral. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dans un buisson fleuri que longe un sentier vert Errait seule en pleurant la Douleur éperdue; Elle avait fui la foule et libre en ce désert Confiait aux échos sa peine contenue. La solitude est chère à qui voudrait pleurer; Les regards indiscrets intimident les larmes, Sur un frêle rameau que le vent fait trembler, Les gouttes de cristal ont tout l'attrait des charmes. La triste inconsolée, entière à son chagrin, Goûtait peu la nature et son gai paysage, Car pour elle les fleurs n'avaient plus de parfum Et les oiseaux des nids n'avaient plus de ramage. Seule, la brise tiède en caressant son front, Retrouvait dans son âme un écho de sa plainte, Et les feuilles tout bas mêlaient leurs doux frissons Aux émois violents dont elle était étreinte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Rêve sympathique à la pauvre Douleur, Survint en soupirant, la toucha de son aile, Un colloque expansif et de vibrante ardeur Les enivra d'amour et _LUI_ fut épris d'_ELLE_. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et, depuis lors, on voit dans toute solitude Que le Rêve exilé recherche tristement Une nymphe songeuse; Et sa morne attitude Dit que c'est la Douleur qui l'appelle et l'attend. Lis de Pâques _Au Dr et à Madame Camille Bernier._ Au doux jardin de vos amours, Deux beaux lis avaient pris racine, Deux lis du plus brillant velours Balançaient leur grâce câline. Vos soins délicats, caressants, Devaient garder vos chères plantes, Horticulteurs, zélés, aimants, Contre les rafales méchantes. Pour l'une, la brise glacée Hélas! rendit vos efforts vains; Et sa blancheur immaculée Craignit le contact des humains. Pour l'autre, un brasier effroyable En un consumant tourbillon, Fit en un jour inoubliable D'un beau lis, un lambeau sans nom... Dans un rayon d'aube pascale, Le souffle d'Adine monta, Et sa corolle virginale Sous vos chauds baisers se fana. Thérèse, la fleur de martyre, S'en alla parfumer les cieux A l'heure où le luth et la lyre Pour Pâques préparaient leurs jeux. Les célestes alleluias Ont donc des allegros étranges, Puisque les beaux lis d'ici-bas Se brisent aux accents des anges. Au pays des fleurs immortelles Vos lis pascals, toujours brillants, Verseront en faveurs nouvelles Leur parfum dans vos cœurs saignants. Paysage de Velours _A mes parents et amis de Vaudreuil._ Il est un coin charmant, à nul autre pareil, Qui produit sur mon cœur un effet de soleil, Quand mes regards ravis ont cette heureuse chance De l'aller contempler aux lieux de mon enfance. C'est une pointe fière au site merveilleux Qui voit luire à midi trois clochers glorieux, A ses pieds, un beau lac pleure, chante ou soupire, En déroulant ses flots vers le point qui l'attire, Tel un poète aimant qui promène, rêveur, Un amour incompris qui torture son cœur. Et je vais tous les ans revoir la pointe-reine Dont la beauté m'émeut dans sa grandeur sereine. Un groupe de vieux pins, vainqueurs d'âpres autans, Dressent près du chemin leurs faîtes triomphants; De leurs rameaux émane un parfum balsamique Qui porté par le vent semble un encens mystique. On communie alors aux purs baisers du ciel Prodigués à la terre à ces banquets de miel, Et notre idéal monte en cet endroit de rêve; Plus haut que le ciel bleu doucement il s'élève, Au royal Créateur de ce lieu favori, L'âme adresse tout bas son plus tendre merci! Je voudrais vivre là, sous la douce caresse, D'une nature belle, heureuse enchanteresse, Qui calme nos douleurs en colorant nos jours Du vert de l'espérance aux effets de velours; Vivre son existence auprès des cœurs qu'on aime, Et non loin du clocher où sonna son baptême, Noyer tous ses soucis dans le grand lac profond Qui nous sourit, quand même, ayant sa lie au fond; Revivre ses bonheurs dans leurs rayons d'aurore, Loin du souffle méchant qui nous les décolore, Puis s'endormir un jour au doux chant des oiseaux Qui bercent leurs amours à l'ombre des rameaux, A l'heure où le soleil descend dans l'orbe rose Derrière les monts bleus quand s'endort toute chose Sur l'oreiller divin. Moi je trouve idéal Ce joli coin d'Eden: la Pointe Cavagnal! (Vaudreuil). Sur l'Eau Le blanc bateau voguait sur le fleuve royal, Gracieux comme un cygne, Sa coque si jolie au mouvement égal Bravait l'onde maligne. Vers l'horizon lointain, l'astre d'or avait fui, Jetant ses diaprures Sur les plaines, les monts à l'aspect infini, Dans toutes les ramures. La pénombre déjà, sur le flot en éveil Répandait son mystère, La nature semblait préparer son sommeil En disant sa prière. Dans l'abîme entr'ouvert, il me semblait entendre La Sirène du Mal, Ses appels séduisants, sa voix qui se fait tendre, Son triomphe final. Oui, le cœur sans appui roulant dans le noir gouffre Périrait sûrement, Si Dieu n'était pas là près de l'âme qui souffre Pour l'aider doucement. Puis je pensais encore: Et notre volonté, Quelle est donc sa faiblesse? Quand il s'agit de l'âme et de l'éternité Plus grande est sa détresse! O Dieu! délivrez-nous du péril qui fascine, De ses appâts trompeurs, Et sauvez du naufrage à votre voix divine Nos âmes et nos cœurs! A Deux A une amie, à l'occasion de son mariage. Les vainqueurs de la vie Sont ceux Qu'un _tendre_ chaînon lie A deux. Ils sont par sympathie Heureux, Leur amour est folie A deux. Car tout est ambroisie Pour eux, Leur bonheur s'édifie A deux. Point de mélancolie Chez eux, Quand on aime, on oublie A deux. Ils vont bravant l'envie Joyeux, Le monde, on s'en soucie, A deux. Un nid--chose chérie Par ceux Qui partagent la vie A deux. Et l'on trouve jolie Et mieux, La chambrette embellie A deux. L'âme à l'autre âme unie Doux nœud! Existence ravie, A deux. Cœur à cœur qui s'allie Tels vœux Sont une garantie A deux. O joie épanouie Aux lieux Où l'on Te remercie A deux. Lève ta main bénie Sur eux, Roi d'Amour, on t'en prie, A deux. Puis à l'heure infinie Des cieux, Tends une main amie Aux deux! Les "Voix Etranges" _Au Dr L. H. Roy, Lowell Mass._ Avant de t'en parler, j'ai voulu tout le lire Ce livre de mystère où s'épancha ton cœur, Et les touchants accords de ta vibrante lyre M'ont fait rêver de gloire au front de son auteur. Es-tu donc un oiseau? doux frère des mésanges, Vocalisant en l'air des sons mélodieux? Ton gosier se fait-il l'écho de "voix étranges", Qu'il glane en ton essor léger et gracieux? Et ta plume secoue un trésor d'harmonie Puisé dans le ciel bleu, dans l'onde ou le rayon, Aux lèvres de la nuit, de la lune pâlie, Quand descend sur les bois le silence profond. Avec toi, j'ai monté sur l'aile de la brise, Les étoiles d'argent m'ont doucement souri, Et je ne voyais plus la triste terre grise, Tant tu m'entraînais haut, dans ton envol hardi. Ecoute, m'as-tu dit, les voix de la nature, Voix de vague ou de vent, voix d'ombres dans la nuit, Voix de fleurs, voix de nids, voix de la créature, Voix de l'âme où s'entend la voix de Dieu, sans bruit. Veuillez ouïr la voix pleine de sympathie Qui vous dit: J'ai goûté. Vive la Poésie! La Voix des Pins _A l'intention de Mesdemoiselles E. et A. Bourbonnière._ Souvenir d'une villégiature à Dorion. Les vieux pins de l'île enchantée Ont fredonné bien des refrains, D'accord avec la gent ailée, D'accord avec les cœurs humains. Chantez, chantez, vieux pins! Notez bien nos tendresses, Avec des mots divins Chantez nos allégresses. Les vieux pins de l'île enchantée Ont répété les doux propos Des amoureux sous la feuillée, Les pins sont d'indiscrets échos. Parlez, parlez, vieux pins! Chantez-nous ce ramage, Pour les plus douces fins Livrez-nous leur langage. Les vieux pins de l'île enchantée Ont soupiré bien des regrets, Vibrant la note inconsolée Ils ont trahi de chers secrets. Pleurez, pleurez, vieux pins! Sympathiques aux grèves, Sanglotez nos chagrins, Le trépas de nos rêves. Les vieux pins de l'île enchantée Ont caressé bien des espoirs, Leur sainte prière embaumée A su ranimer les devoirs. Priez, priez, vieux pins! Modulez nos croyances, Dieu bénit les destins, Bercez nos espérances! Le Parfum de Grand Prix _Dédiée à Madeleine de "La Patrie"._ Dis, Madeleine aimante, est-ce l'acte si doux De verser sur le Christ de très purs aromates, Qui te valut à toi, pauvre cible à courroux, Le "regard" qui ravit tant d'âmes délicates? Quand ton vase en albâtre eut vidé sa richesse Sur la tête du Maître, en causant tant d'émoi, Fallait-il encor plus pour gagner sa tendresse? Etait-il suffisant ce tribut de ta foi? Au Rabboni d'amour, il fallait davantage Pour l'incliner vers toi. Pour l'oubli du passé Il fallait à Jésus un ravissant hommage, Ton repentir trouva le don d'un cœur brisé. Des flancs ouverts de l'urne un parfum d'un grand prix Monta comme un encens d'une douceur exquise Vers le plus grand des cœurs! Ton amour fut compris O femme! et par ces mots ta place fut conquise. "Beaucoup lui sera pardonné Parce qu'elle a beaucoup aimé". Sonnet _A "quelqu'un"._ Je ne suis qu'une oiselle à l'envol téméraire, J'ai connu les festins de soleil et de fleurs, Et si je prends ma part du zéphir littéraire, C'est qu'avec lui, je ris du sort, de ses rigueurs. Vous ne savez donc pas qu'il nous faut satisfaire Cette soif de divin qui dévore nos cœurs, Ce besoin d'idéal, nous ne pouvons le taire, Il vibre en notre voix, il éclate en nos pleurs! De l'aigle, vous avez l'étonnante envergure, Mais son œil qui saisit dans sa rapide allure Ce qui rend les oiseaux fiers et forts, l'avez-vous? Ma plume est un duvet, la vôtre est une armure, Si vous comprenez l'art de cette lyre pure Qu'est la Muse des Vers, que n'êtes-vous... plus doux? A la Reine du Printemps Tous les parfums de Mai mêlent leur odeur brève Aux effluves du Ciel qui nous font tressaillir, Vers ton trône d'azur notre regard s'élève, Douce Vierge royale, et te voit nous bénir. Laisse monter vers Toi notre mystique rêve, En ces jours de soleil, d'ardeur et de désir, Le renouveau du cœur, c'est la vernale sève Qui féconde notre âme et la fait refleurir. Les tempêtes ont fui devant ton bel empire, Ton suave regard et ton divin sourire Ont rejeuni la terre, ô Reine du Printemps! Tourne vers nous tes yeux, doux rayons de l'aurore! Pour vaincre de nos cœurs le froid qui règne encore Mère! à nous le baiser qui chasse tous les vents! Madame de Champlain (_Tricentenaire de Québec_). Lorsque ce fier marin d'héroïque mémoire, Samuel de Champlain, s'embarquait pour les mers, Et venait sur nos bords commencer notre histoire, Ne songeant qu'aux succès, ignorant les revers, Dans ce port de Honfleur qui marqua l'heure sainte D'un départ périlleux aux horizons nouveaux, Une femme, une enfant, exhalait dans sa plainte Le regret de ses jours les plus doux, les plus beaux. Et maintes fois depuis, dans ces grands ports de France, L'épouse de Champlain déversa sa douleur, En soupirant longtemps de sa désespérance A donner libre essor aux ailes de son cœur! Et lorsqu'enfin vaincu par la vive prière, Le cher explorateur se rendit aux raisons D'une âme généreuse, ardente auxiliaire, La France, d'une perle, enrichissait ses dons! Madame de Champlain, à son vœu fut fidèle, Et l'enfance sauvage, apprivoisée au bien, A travers la forêt, par des chants appris d'elle Rendit hommage à Dieu sur le sol canadien. Le Canada sourit à la Vertu féconde Qui venait sous son ciel prier à son berceau, Modeler dans ses plis l'âme du Nouveau Monde Lui promettre la vie au-delà du tombeau. Les fils des preux français, fiers de leurs origines, Au seul nom de Champlain tressaillent de plaisir, Filles du St-Laurent, fêtons nos héroïnes, A sa Compagne, offrons la fleur du Souvenir! La Tête et le Cœur Deux puissants souverains, depuis longtemps hostiles, Résolurent un duel. L'émoi fut général, Car les deux rois rivaux ayant prestige égal, Rêvaient la palme d'or pour leurs causes subtiles. Moi, dit la Tête fière, à mon appoint j'aurai Tous les traits lumineux des savants et des sages, Tous les actes d'éclat qui marquèrent les âges D'un sillon glorieux et par eux, je vaincrai! Et le Cœur aimant dit: Pour mon support, j'aurai Des mères tout le zèle et les soupirs des vierges, Le sang pur des martyrs et tombant sous les verges Une Chair adorable et par eux, je vaincrai! Les monarques luttaient, lorsqu'entre eux deux tomba Une femme éperdue et poussant dans sa chute Un long cri douloureux paralysant la lutte, Un cri doux et profond... et le Cœur l'emporta. _Envoi_ Pour vous, mon noble ami, qui trouvez l'équilibre Si facile à garder de la _tête_ et du _cœur_, Sachez que chez la femme, il est à son honneur Le triomphe du Roi qui si puissamment vibre! La mort du Poète _A la mémoire de Louis Fréchette._ Si les cœurs qui t'aimaient t'ont fait un lit de roses, Et consolé ton âme avec leurs dons de foi, Leur tendresse à ta gloire a prodigué ces choses D'espoirs et de regrets, dans un élan d'émoi. La Nation en deuil voit sur tes lèvres closes Expirer les doux chants de son poète-roi! La Nature en amie, avant que tu reposes Quand tu brisas ton aile, a sangloté sur toi.[2] Tes accents se sont tus, mais ta sublime lyre Aura son noble écho dans nos cœurs en délire Aux heures de triomphe, aux jours d'adversité. Du grand sommeil tu dors! mais ton esprit demeure Bien vivant dans ton œuvre, et ne crains pas qu'il meure; Ton nom brille au soleil de l'Immortalité! [2] _On se rappelle que M. Fréchette a été trouvé sous une averse, foudroyé par le mal dont il est mort._ Les Ombres 1er Novembre. _Dédiée à ma mère._ Ombres! que nous voyons errer dans la demeure Où jadis vous goûtiez le doux bonheur d'aimer, Revenez, revenez, en ces jours où l'on pleure, Ecouter nos propos à _l'ombre du foyer_. Ombres! que nous voyons flotter dans les ténèbres, Les soirs où tout se tait, quand le vent seul gémit, Revenez, revenez, et dans vos chants funèbres, Dites-nous vos secrets, à _l'ombre de la nuit_. Ombres! que nous voyons planer sur nos misères, Nos ennuis, nos chagrins, nos regrets, nos douleurs, Revenez, revenez, nos pleurs sont des prières, Car l'oubli ne croît point à _l'ombre de nos cœurs_. Ombres! que nous voyons s'agiter et se plaindre A travers les cyprès, je reconnais vos voix! Revenez, revenez, qu'auriez-vous donc à craindre Chers hôtes de la tombe à _l'ombre de la Croix_? Ombres! que nous aimons, vous revenez sur terre Réclamer de nos cœurs un tribut immortel, Montez, montez, dès lors, vers le Dieu de Lumière Vivre une éternité à _l'ombre du beau Ciel_! Compensation Lorsque le Créateur, de son geste sublime, Eût tiré du néant la Nature et son Roi Il dit "Faisons la Reine" et que nul sombre abîme Ne les sépare point; c'est ma vivante loi. Dès lors, Il verse aux _Uns_, puis Il prodigue aux _Unes_ Les charmes et les dons qui les feront s'aimer D'un amour mutuel; mais Il rendit communes Leurs peines avant tout, les priant de s'aider. Il façonna les cœurs, inventa la parole, Sourit à leur penchant et comprit leur amour, Puis voulut consacrer par un double symbole Leurs meilleurs sentiments, nés dès le premier jour. Et pour mieux compenser la Force et la Faiblesse, Pour se moquer du _Diable_ et de sa lâcheté, Fit aux futurs vaincus un don plein de tendresse Aux femmes la Douceur, aux hommes la Bonté! Les Lettres Peut-on jamais savoir ce que vaut une lettre, Comment apprécier ses mystérieux plis? Tous les mignons péchés qu'elles ont fait commettre Quand s'exalte parfois la folle du logis. On peut bien en parler, puisque c'est chose sûre, Pour deux lettres d'affaire, il en est dix d'amour Que la poste promène en sa tournée obscure, Billets écrits la nuit, billets livrés le jour. Les grands esprits virils font fi des douces choses, "Time is money" d'abord... Que leur calcul est froid! Les chiffres épineux, valent-ils bien les roses Qu'on sème au vent léger, sans trop savoir pourquoi? On dit si bien qu'on aime, on croit pouvoir l'écrire, Si l'âme des affaires est vraiment le secret, Tous les secrets de l'âme, ah! pourquoi donc les dire? Mais le cœur est si fou qu'on le voudrait muet. Le délicieux refrain de la Vieille Romance Est écrit sur nos fronts, est écrit dans nos yeux, Son décalque en principe est de divine essence, Buriné dans nos cœurs par l'Artiste des Cieux! Les Ruines (à _Madame Chas W. Duckett_) _Souvenir d'une excursion à Rigaud._ Nous longions un chemin, non loin de la montagne, En savourant à deux l'air pur de la campagne, Nous avions cru tout voir du village charmant Et nous nous en allions, sans regret, en causant; Nous discutions nos goûts sur nos fleurs favorites, Tu cueillais les muguets et moi les marguerites, Nous parlions du passé, de nos chers souvenirs, De notre enfance heureuse et de ses doux plaisirs; Et notre intimité faisait cause commune De mes soucis présents, de ta bonne fortune, Nous devisions aussi sur le grand mot "_Bonheur_" Qui sert à définir les mystères du cœur. Nous pressâmes le pas--la chaleur était grande-- Des ruines! m'écriai-je, et nulle autre demande Ne t'allât supplier; nos goûts s'étaient compris, Nous gravîmes la côte, et les agneaux surpris Fuyaient le vert sentier pour bondir dans la plaine, Nous pardonnant ainsi d'envahir leur domaine. De l'antique château, les vieux murs sont debout, Un air de vétusté se répand sur le tout, Et l'encens du silence émanant de ces pierres Se mêle aux bruits confus qui semblent des prières. Les marronniers en fleurs ont gardé le cachet Des amoureux propos échangés en secret, Et ces rameaux noués sont toujours les symboles Des tendres cœurs épris se liant sans paroles. Tout nous parle sans voix! Seul le babil des nids, En cet endroit désert confond son gazouillis Aux ondes du ruisseau qui, près de là, murmure Un air dans l'hymne doux de la grande nature. Et notre esprit songeur peuple de souvenirs Ce lieu tout saturé des plus riants plaisirs. Vous réveillez la mort, âmes douces des choses! Au soleil de la vie, en des apothéoses, Les âmes des aïeux viennent se ranimer, Les cœurs vibrent encor du doux bonheur d'aimer! Et notre rêve ému, sous l'effet de ces charmes, Croit voir tous leurs regrets se noyer dans leurs larmes! C'était déjà le soir--Nous songeons au départ, Tout le déclin du jour se dessine avec art A l'horizon vermeil. Par toute la colline, Tout être fait mystère et doucement s'incline..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je t'offre ce camée où j'ai mis de mon cœur, Ne vas pas t'attrister de sa morne couleur Car son relief est fait sur fond de sympathie Et je ne l'ai sculpté qu'à ta demande amie. Chante! Si le doute en ton âme a jeté son poison, S'il distille en ton cœur sa fièvre consumante, Combats en ton esprit l'étreinte du frisson, Et bois à forte dose un lait d'espoir et chante! Si le doute en ton âme est devenu volcan, Si de ton cœur jaillit une lave brûlante, Arrache ton esprit au soufre suffocant, Etouffe ton chagrin sous cette cendre et chante! Si le doute en ton âme est un affreux cancer, Qui va prendre en ton cœur sa racine souffrante, Défends à ton esprit d'éterniser... l'enfer, Assourdis ta douleur, trompe ton mal, et chante! Le Prêtre _A mon frère l'abbé H. Valois._ J'ai le profond respect du grand mot _Sacerdoce_, Je m'incline à ces mots: "Le Verbe s'est fait chair". Ils contiennent la paix, la lumière et la force, Sont le symbole pur d'un Credo ferme et clair. Le Prêtre! on le vénère; en toi je le contemple, Lorsque devenu Christ, tu parais à l'autel, Mais je prie et j'ai peur pour le héros du temple, Il doit être _divin_ pour nous ouvrir le Ciel. Que tu sois l'_âme ardente_ au noble sacrifice, Puisque l'âme d'un prêtre en lui prend sa valeur, C'est être moins indigne en buvant au Calice Et d'un sang généreux, tu rempliras ton cœur. Que tu sois l'_esprit juste_, éclairant de sa flamme Les esprits recherchant la route du devoir; Sois le soldat du Bien; tu sais le prix d'une âme, Fais que ta voix l'arrache au Mal, au Désespoir. Que tu sois le _cœur bon_ qui soulage et console, Que de secrets jetés en ce profond tombeau! Il est si bon d'entendre une sainte parole Qui pardonne et relève en un geste si beau! Sois béni dans ton œuvre, et qu'elle soit féconde, Le Christ a dit: "C'est Moi qui suis la _Vérité_," La _Voie_, aussi la _Vie_, et Nautoniers du Monde, Vous avez la clef d'or de notre Eternité! Les Midinettes Midi! c'est l'Angelus qui sonne, Les abeilles ont sursauté, Saisissant le temps qu'on leur donne, Un cher moment de liberté! Les voyez-vous s'envoler toutes, Le pas agile et gracieux, Enfiler dans les grandes routes, Le nez au vent et l'air joyeux? Les midinettes sont gentilles, La ruche n'est pas sans attrait, Sont de laborieuses filles, Celles dont je fais le portrait. Elles ont un joli sourire, La mine douce aux bons passants, Qui d'elles n'oseraient médire Ni de leurs petits airs vaillants. Par désagréable aventure, Si d'aucuns se font trop humains, Fort impassible est leur figure A tous ces honnêtes "trottins." Petites sœurs, chères abeilles! A vous le soleil du Bon Dieu, Qui met sur vos lèvres vermeilles De quoi vous contenter de peu. Des chansons pleines d'allégresse, Des propos badins et rieurs, Des rayons pour votre jeunesse, Des amours pour vos tendres cœurs. Midinettes! vives abeilles! Butinez donc! et sans regret, Donnez le miel de vos corbeilles Sans en attendre le bienfait. Si la chance vous favorise, Aimez bien ceux qui vous sont bons, Si devant vous, on les méprise, Défendez-les!.... sur tous les tons! Marguerite (_Page d'album_) _A ma petite amie, Marguerite Bélanger._ Fleur de grâce et d'amour, touchante en ton mystère, Petite reine blanche en qui brille un cœur d'or, En ton charme secret repose une prière Où tous les cœurs ardents vont chercher un trésor. Le trésor d'un amour qui n'a rien d'éphémère, "Il m'aime, un peu, beaucoup" mais je veux plus encor, "Passionnément" Non, c'est mieux que l'on espère "A la folie" alors, ce n'est pas assez fort. "Au mariage" donc. Soit, mais en la matière, Il faut, petite amie, être toujours d'accord, "Point du tout" n'est hélas qu'une réponse amère Il faut la supprimer, l'autre est vraiment le port! Le Trait-d'union cordial _A mes amis anglais._ Au combat de Québec qui nous prit à la France, Wolfe et Montcalm là, s'admiraient, Leur sang fut répandu dans la même espérance, Pour même sol, leurs cœurs battaient. Le vainqueur, le vaincu, eurent même courage Et montrèrent même valeur, Leur gloire fut la même, et même témoignage Leur découvrit un même cœur! Les Français, les Anglais, dans même apothéose, Associèrent leurs deux noms, Firent mêmes honneurs pour même noble cause, Pour eux confondirent leurs dons. Il faut bien convenir qu'une race vaut l'autre Sous le soleil du Canada, Le sang de notre héros valait celui du vôtre, Un même idéal le versa. Mains saxonnes et mains latines se croisèrent Depuis, dans un geste loyal, Lèvres françaises, lèvres anglaises, marquèrent Le trait-d'union cordial. La Coquette On dit que Madame est coquette, Est-ce donc là si grand défaut? "Pas si complexe est ma toilette, Je n'en mets pas plus qu'il en faut." La camériste qui l'habille Suffit à peine à ses besoins, Elle en suinte la pauvre fille Et s'évertue aux petits soins. Brigitte, j'en suis à ma robe, Il me faut mon chapeau fleuri, Celui sur lequel se dérobe Un "coq" que l'on dit si joli! Je veux ma plus riche ceinture, Avec mon collet de satin Couvert d'une fine guipure, Vite! apporte aussi mon écrin. Choisis ma broche de topaze, Toutes mes bagues à mes doigts! Et fais un joli nœud de gaze Comme tu le fais chaque fois. Mouille mes cils de liqueur d'ombre, Mets sur ma peau du rouge fin, Mon regard en sera plus sombre, Sur ma lèvre, un peu de carmin. Tiens mon écharpe de dentelle, Allons! mon collier de corail, Je ne trouve plus mon ombrelle, Qu'as-tu fait de mon éventail? Il me faut aussi ma sacoche, Mets du parfum, le plus discret, Dans mon mouchoir, là, dans ma poche, Ah! j'oubliais mon bracelet! Ainsi, suis-je assez élégante? Pourtant, j'aimerais mon manchon, Mais, ce serait mode charmante Le porter en toute saison! Madame ne tient plus en place, Elle est sûre de son effet, Jetant un coup d'œil sur la glace, Sourit au fidèle reflet. C'est une idole en sa chapelle Et digne de tous les encens Et pour qu'on la trouve plus belle Elle y consacre tout son temps. Et c'est ainsi que la coquette Parvient chaque jour tristement A cet âge où l'on _se regrette_ Et qu'elle atteint en soupirant.[3] [3] _L'auteur demande pardon pour cette boutade, à toutes celles qui se reconnaîtront dans ce portrait._ Caresses _A mes nièces et neveux._ Dans cette œuvre où j'ai mis le meilleur de moi-même, Comment ne pas parler de vous, petits que j'aime. Par tous ceux qui jamais n'ont appris à bercer, Chers anges, bruns et blonds, laissez-vous caresser! Donnez-nous à baiser vos pures lèvres roses Où va s'évanouir la tristesse des choses. Dans vos grands yeux sereins, laissez plonger nos yeux, Afin qu'on y retrouve une trace des cieux. Laissez nos doigts errer dans vos boucles soyeuses Pendant qu'on vous contemple, âmes délicieuses! Riez, chantez, sautez, ô mes tendres mignons, Tandis que brille encor, la candeur sur vos fronts. Trop tôt, nous apparaît le passé de la vie Jouissez de votre aurore et sans qu'on vous l'envie. Chéris! soyez heureux du bonheur qu'on vous donne, Si plus tard vous n'aviez que celui qui pardonne! Et quand les jours mauvais vous auront vu pleurer, Que vos Mamans soient là pour toujours consoler. Aviation (_Impromptu_) Mon Ame, à ton tour, prends tes ailes Et monte au pays des oiseaux, Crois aux vérités éternelles, Tes élans en seront plus beaux. Que la foi guide ta nacelle, Crois pouvoir atteindre les cieux, Espère en Dieu, noble Immortelle, Et tu n'en voleras que mieux. O mon Ame! aime, ah! surtout aime! Ce que Dieu fit de grand, de beau, Aime en Lui l'Idéal suprême, Vole au but! monte encor plus haut! Profession de foi _A Monsieur le Professeur R. du Roure._ Je veux être moi-même, et je suis canadienne! Je suis fière du sang de l'aïeul maternel, Vieux soldat à l'ardeur napoléonienne Et du nom des _Valois_, c'est un legs paternel. Ces choses vous diront mon orgueil de la France De ses mots rayonnant "d'azur et de cristal" Mais au fond de mon cœur, j'aime de préférence Mon pays vert ou blanc, j'y suis née... est-ce un mal? Si de Châteaubriand, l'âme sonore et tendre En vous trouve un écho, notre beau Canada Vous saurez l'admirer, mieux encor, le défendre! Vous comprendrez mon cœur, je me nomme ATALA. ATALA _un nom purement canadien_. TABLE DES MATIÈRES Pages Offrande 7 Réveil 9 Migration d'oiseaux 10 Un rêve 12 L'Envol de Gabrielle 13 Rayons, papillons et fleurs 14 Nos petits Souvenirs 15 A Botrel 16 Le don des larmes 18 Calendrier 19 Noces d'or 20 Départ d'ange 21 Idéales sympathies 22 Lis de Pâques 25 Paysage de velours 27 Sur l'eau 29 A deux 31 Les "Voix étranges" 34 La Voix des pins 35 Le parfum de grand prix 37 Sonnet 38 A la Reine du Printemps 39 Madame de Champlain 40 La Tête et le Cœur 41 La Mort du poète 42 Les Ombres 43 Compensation 44 Les lettres 45 Les ruines 47 Chante! 49 Le Prêtre 50 Les Midinettes 52 Marguerite 54 Le trait-d'union cordial 55 La Coquette 57 Caresses 60 Aviation 61 Profession de foi 62 *** End of this LibraryBlog Digital Book "Fleurs sauvages - Poésies" *** Copyright 2023 LibraryBlog. All rights reserved.