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Title: La mandragore
Author: Lorrain, Jean
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "La mandragore" ***


by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
http://gallica.bnf.fr)



    Au lecteur.

    Ce livre électronique reproduit intégralement le texte
    original, et l’orthographe d’origine a été conservée. Une seule
    erreur typographique a été corrigée. Cette correction est
    indiquée à la fin du texte. Également, la ponctuation a fait
    l'objet de quelques corrections mineures.



                             JEAN LORRAIN

                            =La Mandragore=

             _Trente-trois Illustrations de Marcel Pille_

                              GRAVÉES PAR

                  DELOCHE, FLORIAN, LES DEUX FROMENT
                           ET JULIEN TINAYRE

                          [Logo de l'Éditeur:
                             ΚΤΙΙΜΑ ΕΣ ΑΕΙ
                                 E P]

                                 PARIS
                       ÉDOUARD PELLETAN, ÉDITEUR
                  _125, Boulevard Saint-Germain, 125_

                             M D CCC XCIX



  _EXEMPLAIRE_
  IMPRIMÉ POUR
  LE DÉPOT LÉGAL


                                            [Illustration: Grenouille]



     [Illustration: Moine lisant le manuscrit de _La Mandragore_]



                            =La Mandragore=



                      [Illustration: Frontispice]



                                =Conte=



[Illustration: L’on ne s’aborda plus dans les hauts vestibules qu’avec
des bouches cousues]


Quand on sut que la reine avait accouché d’une grenouille, ce fut une
consternation à la cour; les dames du palais en demeurèrent muettes et
l’on ne s’aborda plus dans les hauts vestibules qu’avec des bouches
cousues et des regards navrés qui en disaient long; le maître-mire,
qui avait procédé à cette belle opération, ne put prendre sur lui d’en
porter la nouvelle au roi; il gagna prestement la campagne par une
poterne des communs et ne reparut plus; quant à la reine, à la vue du
monstrillon issu de ses entrailles, elle était tombée en syncope.

[Illustration: Le maître-mire gagna prestement la campagne]

Quand elle en sortit, ce fut pour voir le roi à son chevet, le sourcil
froncé et plus effrayant dans son silence qu’au beau milieu de la mêlée
quand il écrasait, en tête de ses troupes, les mécréants enturbannés
d’Égypte et de Syrie, tous pillards, paillards et païens; son aspect
était si terrible que la pauvre reine faillit s’évanouir encore, mais
elle commanda à ses sens, vu qu’il y allait de son salut.

[Illustration: «Vous avez fait là un beau coup, madame...»]

--«Vous avez fait là un beau coup, madame, dit-il en la regardant
jusqu’au fond de l’âme; c’est la première fois qu’on voit des
grenouilles dans ma lignée; il faut que vous soyez ensorcelée, à moins
que vous n’ayez dormi d’un sommeil bien profond au bord de quelque
étang; en ce cas, il y va de la question pour tous les gardes du
château chargés de veiller sur votre personne, et aussi pour quelques
autres.»

Et il la tenailla, cette fois, d’un regard si cruel que la pauvre reine
défaillit tout à trac au milieu de son sang.

Ce que voyant, il sortit à pas lents de la chambre royale, trouvant
qu’il en avait assez dit.

Cinq ans auparavant, la reine lui avait donné un beau petit prince,
séduisant comme père et mère, car la reine Godelive était une des plus
merveilleuses créatures de ce temps et ils formaient, à eux deux, le
plus beau couple royal des monarchies régnantes. Aussi cette grenouille
à gros ventre et à cuisses grêles, survenant tout à coup au milieu de
la famille, jetait-elle un grand froid dans l’âme du roi Luitprand, et
bien heureuse dut s’estimer la reine d’avoir donné cinq ans auparavant
naissance à un si adorable dauphin. Ce fils, dont le roi raffolait,
était d’ailleurs vicieux comme un cheval borgne; il faisait l’effroi
de ses gouvernantes dont il engluait les cheveux avec de la poix, à
moins qu’il ne clouât sournoisement l’ourlet de leur robe au plancher;
il n’aimait que plaies et bosses, et son plus grand plaisir était de
crucifier des chauves-souris vivantes aux vantaux des portes ou bien
encore d’asseoir de pauvres petits singes au cul pelé sur les fourneaux
brûlants des cuisines.

[Illustration: Il faisait l’effroi de ses gouvernantes]

Cet enfant promettait déjà d’être un grand brûleur d’hérétiques plus
tard.

En faveur de ce charmant dauphin, le roi voulut bien pardonner à la
reine, mais il ordonna la mort immédiate de l’affreux monstrillon.

Quand la reine reprit ses esprits, ce fut pour apprendre l’horrible
sentence; elle l’accueillit d’un œil sec et sans trop de regrets, car
elle était orgueilleuse de la beauté des siens et de la sienne plus
encore, et sa vanité ulcérée ne pouvait se consoler d’avoir donné
le jour à un monstre. Elle s’endormit donc vers le couvre-feu assez
paisiblement, quand, au milieu de la nuit, elle fut réveillée par de
légers vagissements. Un enfant pleurait dans la pièce voisine et une
voix de vieille femme chantonnait une chanson de nourrice; la reine
sentit un vague pressentiment l’étreindre au cœur. Quoique encore bien
faible, elle trouva la force de se traîner hors de son lit dans la
haute pièce, entre ses femmes endormies, et de pousser la porte.

Au beau milieu d’une chambre très éclairée, la plus vieille des
sages-femmes qui l’avaient assistée, se tenait assise auprès d’un
berceau, tandis qu’aux murailles, des servantes sommeillaient
accroupies. Dans le berceau, sous un béguin de soie blanche fleurdelysé
de perles destiné à l’héritier royal, dormait, les yeux grands
ouverts,--des yeux énormes et somnambules,--la grenouille hallucinée;
ses deux petites pattes palmées tenaient sur sa poitrine un rameau de
buis vert.

[Illustration: La vieille sage-femme le balançait doucement]

La vieille sage-femme le balançait doucement du pied et chevrotait sur
un air très ancien ces mystérieuses paroles:

[Illustration: Ferrure, et grenouille sur une feuille]

    Les tiens te dédaignent
    Et tu meurs d’amour,
    Tes grands yeux qui saignent,
    Riront-ils un jour?

    Chacun te croit laide,
    Ma douce beauté,
    Qu’eût faite adorable
    Un peu de bonté.

    Ton œil rond qui pleure
    Les remplit d’effroi:
    La vie est un leurre
    Et le cœur a froid.

    Les tiens te dédaignent
    Et tu meurs d’amour,
    Tes grands yeux qui saignent,
    Riront-ils un jour?


[Illustration: Les ordres du roi avaient été exécutés à la lettre]

Et la grenouille avait ses prunelles d’or vernies de larmes!

La reine, qui la savait morte, poussa un grand cri et tomba raide.

Quand ses femmes accourues la rappelèrent à la vie, l’équivoque
vision avait disparu: il n’y avait dans la pièce à côté ni berceau ni
grenouille, les ordres du roi avaient été exécutés à la lettre, on
avait écrasé la tête du monstre entre deux pierres et on avait jeté sa
flasque dépouille dans les fossés du château.

La reine ne se remit jamais de ces couches; elle demeura désormais
étendue dans le clair-obscur de sa chambre, en proie à une étrange
langueur.

Il y eut désormais comme une invisible présence auprès d’elle; elle
ne pouvait plus rester seule, il fallait toujours dans sa chambre des
cires allumées et des suivantes en éveil; elles se relayaient d’heure
en heure, terrifiées et muettes, lentement envoûtées par l’obsédant
effarement de la reine; et tout le château était hanté de frôlements
funèbres et d’innommables rampements; un vent de folie y soufflait;
quelque chose d’affreux y rôdait né de l’angoisse hallucinée de
Godelive. Parfois, elle se levait toute droite de sa chaise en poussant
un grand cri, puis retombait, la sueur aux tempes, inerte; la nuit,
d’équivoques cauchemars la visitaient.

[Illustration: Tantôt elle se voyait répudiée par le roi et traversant
les rues désertes de la ville]

Tantôt elle se voyait répudiée par le roi et traversant à pas lents
les rues désertes de sa ville, seule, abandonnée de tous et tenant
par la main l’insidieuse grenouille déjà grande et vêtue comme une
petite princesse; car dans tous ses rêves la grenouille était toujours
là auprès d’elle et bien vivante, et dans ses rêves son horreur
pour le monstre diminuait de jour en jour: ses gros yeux cerclés
d’or avaient des prunelles si humaines, sa petite patte gluante et
fraîche s’accrochait si tendrement à sa main! D’autres fois, elle se
voyait transportée par des nuits sans lune et chaudes au milieu de
plaines sinistres, où ondulaient des herbes pâles au pied de hauts
gibets; alors un grand lévrier noir la suivait. Elle errait, pleine
d’inquiétude, sous les lourds madriers des potences, une pestilence de
charogne pesait dans l’atmosphère, et par la nuit sulfureuse rayée de
lueurs d’orage, des vertèbres phosphorescentes transparaissaient; la
grenouille s’était évanouie, et elle, reine exilée et déchue, rôdait,
comme une louve, au pied des bois de justice pour y surprendre et
déterrer l’effroyable racine qui croît au milieu des charniers: la
mandragore, la racine obscène et velue, dont les fibrilles affectent
la forme de membres grêles et tors écarquillés autour d’une tête de
gnome, si l’on peut appeler gnome un ventre ballonné au sexe infâme et
béant....

[Illustration: Et elle, reine exilée et déchue, rôdait comme une louve]

Et elle, Godelive, la reine répudiée du trône de Thuringe et la
fille des rois de Courlande, elle, la reine très catholique et très
chrétienne, errait à minuit dans ces solitudes, au milieu de ces mornes
plaines, et l’œil aiguisé, anxieuse, s’arrêtait au pied de chaque
potence où parfois quelque chose de tiède, comme une larme de cire,
mais étrangement puante, lui tombait sur la joue.... Et les hautes
herbes blêmes, blêmes comme des os de mort, bruissaient doucement
autour d’elle, si doucement qu’on eût dit des voix lointaines ou
quelque obscur vagissement.... Et des pieds de pendus se profilaient
déchiquetés et noirs au niveau de ses tempes; parfois un gros orteil
mou l’effleurait, l’odeur alors montait plus forte, et des battements
d’ailes l’accueillaient dans la nuit, d’oiseaux de proie effarés
qu’elle avait réveillés en passant.... Et Godelive continuait d’errer
au milieu du charnier et de ses pestilences, exténuée, défaillante
mais hallucinée par son idée fixe et ranimée de minute en minute par
l’affreux espoir qu’elle avait au cœur; et de sa main fébrile, elle
cherchait le lévrier noir qui marchait dans son ombre et se rassurait
en lui flattant les côtes; il était auprès d’elle, inquiet et flaireur,
attiré comme elle au pied des gibets par l’horrible odeur, et parfois
un bruit sourd de mâchoire avertissait la reine que le chien avait
trouvé, lui, ce qu’il cherchait.

[Illustration: Et de sa main fébrile, elle cherchait le lévrier noir]

Et elle, qui n’avait pas trouvé, poursuivait sa ronde d’agonie
sous la fétide rosée dégouttant des potences, au milieu des herbes
chuchoteuses, comme des plaintes d’enfant.

Et la reine, à travers l’oppression de son rêve, se souvenait, très
lucide, quels rites atroces la kabbale impose à qui veut s’emparer de
la racine magique: attacher un chien vivant à une des fibres de la
plante maudite et, tandis que l’animal garrotté se débat, déracinant à
chaque mouvement un peu de l’herbe convoitée, le guetter sournoisement
dans l’ombre pour, la mandragore à peine hors de terre, se précipiter
sur la bête haletante et l’étriper à coups de couteau. La vie de
l’animal égorgé passe alors dans la racine hideuse et l’anime du
souffle nécessaire aux promptes et sûres incantations.

[Illustration: Maintenant elle s’entourait de mages et de nécromans]

Et la reine s’éveillait, toute baignée de sueur froide, sachant
parfaitement pourquoi un lévrier noir la suivait.

Maintenant d’ailleurs, elle s’entourait de mages et de nécromans; un
invincible attrait la poussait vers les sciences occultes; on eût dit
qu’elle voulait se délivrer d’un charme, qu’elle avait hâte de rompre
le cercle étouffant d’un sort. Mais, loin de la guérir, toutes ces
consultations ténébreuses exaspéraient son mal; sa curiosité de savoir
s’aiguisait fiévreuse et morbide, et rien ne la satisfaisait plus; le
Mauvais, maintenant qu’elle s’était à demi donnée à lui, se refusait à
son désir, et la grenouille l’obsédait toujours.

[Illustration: Dans sa haute chambre toute tendue de vieilles
tapisseries]

Un autre cauchemar la tourmentait aussi: il lui semblait qu’elle
vivait, retirée depuis des années déjà, au milieu des bois, au fond
d’un mélancolique manoir; le peuple et le roi l’avaient oubliée et,
dans sa solitude fleurie d’aubépine en avril et de neige l’hiver, elle
menait une existence effacée et quasi heureuse en compagnie de la
grenouille attentionnée et tendre comme la plus douce des filles. Elle
avait fini par se faire à sa repoussante laideur. Dans sa haute chambre
toute tendue de vieilles tapisseries et quelque peu obscure, elle
vivait là, sans se plaindre, avec le monstre au regard presque humain,
toujours coquettement couronné de marguerites des prés et dont la
petite patte visqueuse avait pris à la longue des douceurs infinies; sa
honte d’avoir pu engendrer une si monstrueuse créature avec les années
s’était atténuée et, les jours de soleil, il lui arrivait d’aller se
promener avec la pauvre bête dans les prairies et d’y prendre parfois
plaisir.

Au cours d’une de ces radieuses promenades, comme elles s’étaient
engagées dans un bois tout neigeux de pommiers et d’amandiers en
fleurs, en débusquant dans une clairière, elles tombèrent toutes les
deux sur un cortège de femmes nobles et de paysannes se rendant toutes
en habits de fête à la chapelle d’un monastère voisin. C’étaient toutes
d’heureuses mères ou de fortunées aïeules conduisant leur progéniture
à la bénédiction du Seigneur; car toutes tenaient par la main quelque
joli enfant aux longs cheveux couronnés de roses; quelques-unes avaient
même, pendus après leurs robes, trois ou quatre marmots, filles ou
garçons au teint d’aurore, aux yeux rieurs.

[Illustration: C’étaient toutes d’heureuses mères]

A la vue de ces femmes, le cœur de la reine se fendit, mais moins
de douleur que de honte; elle rougit de tout son être de la piteuse
grenouille enguirlandée qui sautelait sur ses pas; brusquement elle
l’attira contre elle et la couvrit de son manteau; son instinct la
dérobait aux regards. Une soudaine détresse l’avertit en même temps
d’un immense malheur; moitié par honte, moitié par épouvante, elle tint
quand même le manteau refermé sur elle. Quand le cortège eut passé,
la grenouille n’y était plus, mais une large tache de sang en souillait
la doublure: son incurable orgueil avait tué sa fille une seconde fois.

[Illustration: Quand le cortège eut passé, la grenouille n’y était
plus, mais une large tache de sang]

Et ce cauchemar attristait d’autant plus sa vie qu’il se mêlait
maintenant et bien étrangement à la réalité. Elle avait quitté la
cour et, quasi répudiée par le roi, à la fin alarmé d’une reine aux
grossesses bestiales et plus préoccupée de magie que de messe, elle
avait dû céder la place à une maîtresse moins périlleuse et plus jeune,
et, à demi condamnée par l’opinion du peuple et celle du clergé, elle
vivait désormais dans un petit fief royal situé à la frontière.

Elle y vieillit solitaire, visitée de loin en loin par son fils, le
joli enfant aux yeux déjà cruels, devenu maintenant jeune homme; il
vivait mal avec son père, conspirait sourdement et venait une ou deux
fois l’an passer vingt-quatre heures près de la reine exilée, moins par
respect filial que pour irriter la mauvaise humeur du roi; ces rares
entrevues entre le prince Rotterick et la reine Godelive avaient le don
d’exaspérer jusqu’à la mâle rage le vieux roi Luitprand.

La reine d’ailleurs s’était désaccoutumée de faire bon accueil à
un fils dont chaque visite avait été suivie du départ d’une de ses
suivantes, car ce prince Rotterick était aussi débauché que féroce; il
aimait le mal pour le mal, se plaisant à la souffrance des corps comme
à la douleur des âmes; il aimait surtout corrompre, et, servi par la
merveilleuse beauté qu’il tenait de sa mère, il s’attaquait lâchement,
sûr qu’il était de vaincre, à toutes les candeurs et toutes les pudeurs
qu’il rencontrait sur son chemin; à la cour, c’étaient les dames du
palais; à la ville, les filles de bourgeois; aux champs, les gardeuses
d’oies et les lavandières; chez sa mère c’étaient les suivantes.

[Illustration: Chez sa mère c’étaient les suivantes]

La reine Godelive avait vu s’en aller une à une les quelques filles
nobles demeurées fidèles à son malheur; grâce à ce fils elle en
était réduite à se faire servir par des filles de bûcherons qu’elle
décrassait tant bien que mal, quitte à les mettre sous clef et à
verrouiller le gynécée quand le prince Rotterick était signalé par le
guetteur. Le milan passé, la pauvre reine délivrait ses colombes et
reprenait ses aiguilles et son rouet au milieu de ses femmes un peu
désappointées.

Et c’était là sa vie, entre des manantes à l’imagination courte, à
la conversation absente, plus ou moins adroitement affublées de la
défroque de la maison royale, et de brusques irruptions de ce fils
rare comme beaux jours et malfaisant comme grêle, dont chaque visite
emplissait d’une bourrasque de menaces et de cris les vastes corridors,
comme feutrés de silence, de ce château d’oubli. Et la solitude de la
pauvre reine était grande.

Dans les premiers temps de son séjour, elle avait bien tenté de se
distraire en s’adonnant à des pratiques magiques, mais privée du
secours de ses astrologues ordinaires, bel et bien traqués et proscrits
par un royal édit, elle avait tâtonné dans la ténèbre et abouti, comme
résultat, à une personnelle expérience qui l’en avait guérie à tout
jamais.

[Illustration: Un soir de juin, une pauvresse équivoque]

Un soir de juin, une pauvresse équivoque s’était présentée à la poterne
du château et là, d’un air mystérieux, les yeux flambants sous sa
capuche, avait remis pour la reine un sac de grosse toile bizarrement
scellé. «Si l’objet lui déplaît, avait ajouté la mendiante, la reine
n’aura qu’à le faire remettre demain, à la nuit close, sur la troisième
marche du calvaire de Riffauges, au carrefour des trois routes. S’il
lui plaît au contraire et qu’elle le garde, c’est trois cents écus d’or
qu’il faudra mettre à la même place, à la même heure demain; mais en
tout cas, objet ou argent dans ce même sac scellé; le trésor se défend
lui-même.»

La reine avait gardé l’objet: c’était une sorte de racine fibreuse
et velue, affectant la forme d’un crapaud monstrueux ou d’un enfant
mort-né; elle avait en frémissant reconnu une mandragore, la mandragore
que de précédents songes lui avaient révélée. L’âme d’un mort habitait
cette racine, elle le savait de source certaine et connaissait tous les
rites prescrits pour cultiver cette âme et la développer.

[Illustration: Enfermée dans un bocal de verre, la racine à forme
humaine]

Dieu ou plutôt l’enfer lui rendait peut-être ainsi la présence réelle
de la grenouille massacrée. Elle s’était donc livrée à la culture de
la mandragore. Enfermée dans un bocal de verre sombre, la racine à
forme humaine y flottait baignée dans un liquide sans nom; une tête de
mort ricanait auprès et un grand sablier retourné d’heure en heure y
versait le filet continu de son sable; après une semaine, l’huile du
liquide était devenue une sorte de boue rougeâtre couleur de sang. La
nuit, la reine se levait pour exposer le bocal aux rayons de la lune,
et le jour elle le gardait soigneusement loin de la clarté du soleil,
dans un réduit obscur dont elle portait toujours sur elle la clef.
Deux fois par semaine, d’étranges mendiants lui apportaient des herbes
cueillies dans la campagne, et de jour en jour la tête de la mandragore
s’arrondissait, comme des yeux se creusaient dans sa surface plane, et
de petites mains palmées palpitaient visiblement au bout de ses fibres
hideuses: le charme opérait.

[Illustration: Et sa bouche hideuse lui tétait un sein]

La nuit, la reine laissait la porte de sa chambre ouverte pour
l’écouter dormir, car, la nuit, la mandragore, pendant le jour inerte,
s’animait et ronflait comme un homme. Ce fut durant une de ces nuits
que la reine se débattit sous le plus effroyable cauchemar; elle rêva
qu’une grenouille invraisemblable, énorme, presque humaine de taille,
se tenait accroupie sur sa poitrine et l’étouffait lentement de son
poids; elle sentait ses palmes glacées posées sur ses épaules et le
froid de son ventre visqueux adhérent au sien. Le cauchemar dura des
heures; elle ne s’éveilla qu’à l’aurore, mais le réveil valait le
songe: la mandragore, toute gluante de son huile, s’était furtivement
esquivée de son bocal et, blottie contre elle, l’étreignait de ses bras
grêles, et sa bouche hideuse lui tétait un sein.

Elle n’avait fait qu’un cri et, terrifiée d’horreur, avait saisi par
un pied la racine membrue et l’avait jetée éperdument par la fenêtre;
elle était tombée en plein soleil dans l’eau miroitante des fossés. Le
soir même, un enfant de paysan y était retrouvé noyé, ses petites mains
liées dans la chevelure d’une racine inconnue dans le pays.

La reine, depuis lors, s’occupait de prières et jamais de magie. Ses
épreuves pourtant n’étaient pas près de finir.

[Illustration: Un soir d’hiver, des cris et des torches]

Un soir d’hiver, des cris et des torches, des rumeurs et des cliquetis
d’armes à la porte du manoir.... C’est le prince Rotterick. Il demande
le souper et le gîte pour lui et son escorte; mais, cette fois, son
audace dépasse toutes les bornes; il porte en croupe, derrière lui,
une ribaude dont la robe de brocart luit étrangement dans la nuit;
une ribaude, à moins que ce ne soit quelque fille enlevée et forcée,
quelque proie de luxure pour laquelle il réclame alcôve tiède et souper
fleuri. La reine, qui écoute son intendant lui rendre compte de la
visite, en est toute blême dans sa haute stalle; dehors, les chevaux
s’ébrouent et les cavaliers s’impatientent. La reine, immobile et
froide, ne peut se décider à donner l’ordre de lever la herse. «La
fille est blessée et mourante; elle a du sang partout, sur ses mains
et sa robe; c’est un cercueil et un suaire que demande le prince bien
plus que des draps et un lit.» La reine s’est levée toute droite, elle
a donné précipitamment les ordres, a descendu l’escalier du donjon,
le cœur en grande angoisse, et vient d’entrer dans la salle basse. Le
prince Rotterick y est déjà; ses gens casqués, masqués et gantés de
fer sont rangés le long de la muraille. Le prince s’incline légèrement
devant sa mère et, lui montrant un amas d’étoffes jeté en travers de
la table: «Je l’ai trouvée, dit-il, crucifiée à un arbre; elle est en
danger de mort; veuillez la secourir.»

[Illustration: Sur la table de chêne gît étendue la plus délicieuse
créature]

Sur la table de chêne gît étendue la plus délicieuse créature, une
blanche et grande jeune fille à l’épaisse crinière éparse, d’un noir
d’encre; ses bras, sa gorge et ses jambes sont nus; le brocart de
sa robe d’un vert glauque miroite et luit à la lueur des torches.
Immobile, les dents serrées, elle roule autour d’elle des regards
d’épouvante, elle tient entre ses doigts crispés des mèches de ses
cheveux dont elle essaie de couvrir sa gorge, mais les paumes de ses
deux tristes mains saignent, cruellement trouées, et la chair de ses
pieds nus saigne aussi, transpercée douloureusement.

[Illustration: A la place même où une femme avait souffert s’étalait
une grenouille]

Toute la nuit, la reine la passa auprès de l’inconnue. Elle avait lavé
et bandé ses plaies, installé ce pauvre corps meurtri dans son propre
lit, et la blessée, les yeux tout grands ouverts, l’avait regardée
sans mot dire, sans un remerciement. Toute la nuit, la crucifiée de la
forêt la passa dans une attitude inquiétante et bizarre, repliée sur
elle-même, moins étendue qu’accroupie au milieu des courtines, et pas
une plainte, pas un sanglot ne s’exhalait de cette face tragique, et
la reine finissait par avoir peur de cette muette dont les prunelles
cerclées d’or se dilataient énormes, invraisemblablement lumineuses
dans la chambre à peine éclairée; au-dessous, la promenade incessante
du prince remplissait la nuit d’un bruit montant de pas. Des images
affreuses se dressaient devant Godelive du fond de la tapisserie:
c’étaient les personnages mêmes de haute lisse, damoiseaux corsetés
de cuirasses et dames en hennins, mais déformés et ramenés tous à des
types de batraciens; et la reine se sentait sombrer dans la folie,
rouler dans le vertige. Vers les quatre heures du matin, pourtant, elle
s’endormit.

Quand elle se réveilla, il faisait grand jour, les rayons d’un rose
soleil d’hiver, incendiant le vitrail, baignaient d’une clarté d’ambre
le grand lit à colonnes où reposait l’inconnue; mais à la place même
où une femme avait souffert toute la nuit s’étalait une grenouille
énorme, une grenouille presque humaine et d’autant plus monstrueuse, et
cette grenouille était la jeune fille, car elle avait ses quatre pattes
délicatement bandées de linge et, sous les paupières membraneuses de
la bête, la reine reconnaissait les paupières cerclées d’or qui deux
heures avant la terrorisaient, prunelles maintenant singulièrement
attendries. Elle reconnaissait enfin la grenouille de ses rêves, celle
qui l’obsédait et qu’elle regrettait à travers tout le long cauchemar
de sa vie. Au même instant, le prince heurtait à la porte et demandait
à être introduit.

La grenouille ensanglantée attachait sur la reine deux grands yeux
suppliants, un tremblement d’effroi la secouait toute, et la reine, à
travers la porte, ayant fait réponse au prince d’aller l’attendre en
bas dans la salle d’armes, Rotterick y descendit en grommelant.

[Illustration: Là, devant tous les gens du prince assemblés]

Là, devant tous les gens du prince assemblés et tous les servants du
château,--quand la reine, remémorant toute l’histoire de sa vie, eut
raconté et ses couches affreuses et les douloureux cauchemars de ses
nuits, ceux de ses relevailles et ceux de son exil jusqu’à la sinistre
et récente épreuve de la mandragore, comme tous gardaient le silence en
proie à l’horreur, et que Rotterick, écumant de luxure, s’impatientait
et ricanait, la reine, ayant fait à tous signe de la suivre, remontait
à sa chambre, en ouvrait la porte grande et conduisait le prince auprès
du lit.

Et Rotterick, étant entré, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête,
une sueur lourde perler à ses tempes; et Rotterick avait peur de
comprendre, car il avait reconnu, lui aussi, la grenouille: il l’avait
poursuivie et traquée à cheval; et par dérision et férocité, une fois
la bête prise, c’était lui-même qui l’avait crucifiée à ce tronc de
bouleau où le monstre martyr saignait depuis un an.

Et, dans la pourpre rouillée de la forêt d’Octobre, il revoyait le
geste et l’inutile élan du monstre, quand parmi la fougère et la ronce,
il l’avait fait cerner par ses chiens. Les rabatteurs avertis avaient
pu, cette fois, entraîner la bête loin des étangs et, forcée par la
meute, la grenouille saignante tentait vainement de grimper à un tronc
d’arbre, quand, pareil à une trombe, Rotterick avait débouché dans la
clairière, à la tête des siens.

[Illustration: Alors Rotterick l’avait fait saisir par ses hommes]

Son alezan s’était arrêté net, et les bassets et les danois eux-mêmes
n’osaient approcher, les babines retroussées sur les crocs, flaireurs
et hésitant à mordre: la bête fluide et verte leur répugnait.

Alors Rotterick l’avait fait saisir par ses hommes, étaler, pantelante,
le long du bouleau et, tandis que les piqueurs donnaient du cor, il
l’avait clouée lui-même à l’arbre avec quatre flèches de son carquois
fichées dans l’écorce, le sang et les larmes.

[Illustration: Il tirait son épée et, avec un rire sauvage, la lançait
à travers la haute pièce]

Et c’était cette bête ensorcelée qu’il poursuivait aujourd’hui de
son désir infâme, c’était cette princesse de marécage que convoitait
sa luxure; il était de race maudite comme elle, comme elle sûrement
envoûté par un horrible charme, puisqu’ils étaient tous deux sortis des
mêmes entrailles, issus du même sang. Enveloppant alors du même regard
haineux la grenouille et sa mère, il tirait son épée et, avec un rire
sauvage, la lançait à travers la haute pièce sur le monstre saignant.
La reine, avec un grand cri, s’était jetée au-devant du lit. L’épée
traversait la chambre comme une lueur et allait s’engouffrer dans la
haute verrière qui volait en éclats; mais, en passant, le glaive avait
touché la reine à l’épaule, et Godelive s’affaissait au pied du lit
royal, sa robe teinte de sang.

Tous les assistants, éperdus d’horreur, avaient fui; le prince, un
moment demeuré seul devant ces deux corps pantelants, poussait tout à
coup un grand cri et, tournoyant sur lui-même, allait butter du front
contre la muraille, tâtonnait effaré, trouvait enfin la porte: il avait
disparu.

[Illustration: Par le vitrail éventré, la neige du dehors pénétrait]

Le château était maintenant désert, une panique l’avait vidé; et sous
le cintre des poternes et sous la voûte des porches, laissés béants
sur la campagne, la neige, qui depuis le matin floconnait, muette
et lente, s’amoncelait aux rinceaux des colonnettes de pierre, aux
figures en relief des chapiteaux de piliers; dans la haute chambre déjà
crépusculaire les deux corps gisaient à l’abandon, mais tous les deux
vivaient. Par le vitrail éventré, la neige du dehors pénétrait dans la
pièce, veloutant d’un duvet les courtines de soie toutes brillantes
d’éclats de verre; et sous la fraîcheur de la neige la reine évanouie
se ranimait peu à peu. Une petite main glacée serrait convulsivement
la sienne et, dans la chambre obscure, où de l’ombre se tassait, la
reine sentait peu à peu tiédir entre ses doigts crispés la petite main
froide qui les serrait, la reine sentait pénétrer en elle une exquise
douceur, mais elle gardait ses yeux clos et demeurait nonchalamment
affaissée, et à cause de sa blessure, dont elle craignait de réveiller
la souffrance, et à cause de cette petite main à l’humaine chaleur.

Et cela dura des heures ou des siècles, quand d’étranges petites
voix lointaines,--non, plutôt étouffées,--la tirèrent doucement de
sa torpeur; et ces voix disaient: «La princesse Ranaïde va mourir».
Et d’autres répondaient: «La reine Godelive est-elle pardonnée?» Et
les voix reprenaient: «Le sang lave le sang. La souffrance absout,
la douleur purifie. La neige est un doux linceul». Puis d’autres
voix, comme sorties de l’épaisseur des murs, disaient dans un étrange
colloque, les unes après les autres: «C’est ainsi que l’orgueil d’une
race s’expie. Le ciel hait les superbes. Le cœur des grands est dur.
La pitié fleurit chez les humbles. Trop d’arrogance enfante les
monstres; mais la neige est un doux linceul». Et, comme en un refrain,
toutes les voix reprenaient: «La princesse Ranaïde va mourir». Et dans
la nuit de ses paupières la reine sommeillante revoyait toute sa vie,
comprenait maintenant le sens de ses cauchemars; c’est la vie même
qu’elle eût vécue et menée avec sa fille. Si elle avait su la défendre
au berceau contre la mort, quels crimes et quels malheurs n’eût-elle
pas évités! Mais des frôlements d’ailes vibraient doucement au-dessus
de sa tête, des odeurs d’encens flottaient enivrantes, la caresse d’une
petite main réchauffait la sienne, et la reine ne regrettait presque
plus le passé.

[Illustration: On était à la veille de Noël]

Tout à coup des sons de cloches chantèrent dans la nuit, un flocon
de neige plus gros vint se poser sur son visage, et la reine ouvrit
les yeux en se rappelant soudain qu’on était à la veille de Noël;
elle regarda curieusement autour d’elle. La chambre était violemment
éclairée; c’étaient partout des cierges et des cierges, et tous étaient
tenus par des loups, des renards, jusqu’à des taupes et des belettes,
toutes bêtes des forêts curieusement rangées autour d’elle. Çà et là,
dans leurs rangs, une silhouette se dressait, de berger ou de bûcheron
frileusement encapuchonné, et bêtes et gens marmottaient des prières,
et la reine ne s’en étonna pas, sachant que les bêtes parlaient la nuit
de Noël. Sur le lit, la délicieuse créature de la veille, la blanche
princesse Ranaïde agonisait, le sourire aux lèvres; la tapisserie
tendue à la muraille représentait maintenant la Nativité du Christ; par
la porte ouverte, d’autres animaux arrivaient toujours.

La reine Godelive sentit deux larmes mouiller ses yeux secs; une petite
main les essuya doucement; une voix d’enfant chuchota: «Ma mère!»

On trouva le lendemain les deux femmes mortes.

[Cul-de-lampe: Le tombeau de la reine et de sa fille]



                                =Table
                                  des
                               Gravures=



[Illustration: En-tête de la Table des gravures.--Hérauts d’armes]


    Moine lisant le manuscrit de _La Mandragore_               III
      _Gravure en trois couleurs de M. E. Froment fils._

    FRONTISPICE                                                  3
      _Gravure en quatre couleurs de M. E. Froment fils._

    L’on ne s’aborda plus dans les hauts vestibules
      qu’avec des bouches cousues                                9
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    LETTRE ORNÉE.--Nourrice tenant une grenouille                9
      _Gravure en trois couleurs de M. E. Froment fils._

    Le maître-mire gagna prestement la campagne                 10
      _Gravure de M. Deloche._

    «Vous avez fait là un beau coup, madame...»                 11
      _Gravure de M. Deloche._

    Il faisait l’effroi de ses gouvernantes                     13
      _Gravure de M. E. Florian._

    La vieille sage-femme le balançait doucement                15
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Ferrure, et grenouille sur une feuille                      16
      _Gravure en trois couleurs de M. E. Froment fils._

    Les ordres du roi avaient été exécutés à la lettre          17
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    Tantôt elle se voyait répudiée par le roi et traversant
    les rues désertes de la ville                               19
      _Gravure hors texte de M. Froment père._

    Et elle, reine exilée et déchue, rôdait comme une louve     22
      _Gravure de M. Froment père._

    Et de sa main fébrile, elle cherchait le lévrier noir       23
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Maintenant elle s’entourait de mages et de nécromans        25
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    Dans sa haute chambre toute tendue de vieilles
      tapisseries                                               27
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    C’étaient toutes d’heureuses mères                          28
      _Gravure hors texte de M. Deloche._

    Quand le cortège eut passé, la grenouille n’y était
      plus, mais une large tache de sang                        31
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    Chez sa mère c’étaient les suivantes                        33
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Un soir de juin, une pauvresse équivoque                    35
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Enfermée dans un bocal de verre, la racine à forme
      humaine                                                   37
      _Gravure de M. Deloche._

    Et sa bouche hideuse lui tétait un sein                     38
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Un soir d’hiver, des cris et des torches                    41
      _Gravure hors texte de M. Julien Tinayre._

    Sur la table de chêne gît étendue la plus délicieuse
      créature                                                  43
      _Gravure de M. E. Florian._

    A la place même où une femme avait souffert s’étalait
      une grenouille                                            45
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    Là, devant tous les gens du prince assemblés                47
      _Gravure de M. Deloche._

    Alors Rotterick l’avait fait saisir par ses hommes          49
      _Gravure de M. E. Froment fils._

    Il tirait son épée et, avec un rire sauvage, la lançait
      à travers la haute pièce                                  50
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    Par le vitrail éventré, la neige du dehors pénétrait        52
      _Gravure de M. Deloche._

    On était à la veille de Noël                                55
      _Gravure de M. Deloche._

    CUL-DE-LAMPE.--Le tombeau de la reine et de sa fille        56
      _Gravure de M. Julien Tinayre._

    EN-TÊTE DE LA TABLE DES GRAVURES.--Hérauts d’armes          59
      _Gravure en trois couleurs de M. E. Froment fils._

    CUL-DE-LAMPE.--Nain dans des rinceaux emportant le
      manuscrit de _La Mandragore_                              62
      _Gravure en deux couleurs de M. E. Froment fils._

Les lettres et faux-titres décorés ont été gravés par M. E. Froment
fils.


           [Cul-de-lampe.--Nain dans des rinceaux emportant
                   le manuscrit de _La Mandragore_]



_Cette édition--tirée à 153 exemplaires numérotés à la presse,
en chiffres arabes[*], et 40 exemplaires de présent, en chiffres
romains--a été achevée d’imprimer le 10 mai 1899, sur les presses à
bras de Lahure, M. Ouivet étant prote des machines et MM. Marpon et
Dupont pressiers._

_L’Éditeur déclare rigoureusement exacts les chiffres de tirage énoncés
ci-dessus, dont chaque exemplaire a été revêtu d’une remarque de sa
main, certifiant son authenticité._

_Les bois des gravures ont été distribués aux premiers souscripteurs
des exemplaires sur grand papier, sauf un destiné au_ Musée des Arts
Décoratifs.


  * Se répartissant ainsi:

  23 exemplaires in-4º dont 2 sur Whatman, 15 sur Japon ancien et 6
  sur grand vélin d’Arches.

  Et 130 exemplaires in-8º raisin, dont 20 sur Chine et 110 sur
  vélin du Marais filigrané ΚΤHΜΑ ΕΣ ΑΕΙ.

  Il a été tiré en outre:

  12 collections sur Chine d’épreuves monochromes, et 16
  collections d’épreuves d’artiste, dont 6 sur Japon ancien et 10
  sur Chine.


       *       *       *       *       *


    Correction.

    A la page 59 (Table des gravures) «E. Froment fils» a été remplacé
    par «M. E. Froment fils» (_Gravure en quatre couleurs de M. E.
    Froment fils_).





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